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  • Les références françaises des suprématistes blancs américains, dans le New Yorker en 2017 : The French Origins of “You Will Not Replace Us”
    https://www.newyorker.com/magazine/2017/12/04/the-french-origins-of-you-will-not-replace-us

    Spencer said that “clearly racialist” writers such as Benoist and Faye were “central influences” on his own thinking as an identitarian. He first discovered the work of Nouvelle Droite figures in the pages of Telos, an American journal of political theory. Most identitarians have a less scholarly bent. In 2002, a right-wing French insurrectionary, Maxime Brunerie, shot at President Jacques Chirac as he rode down the Champs-Élysées; the political group that Brunerie was affiliated with, Unité Radicale, became known as part of the identitaire movement. In 2004, a group known as the Bloc Identitaire became notorious for distributing soup containing pork to the homeless, in order to exclude Muslims and Jews. It was the sort of puerile joke now associated with alt-right pranksters in America such as Milo Yiannopoulos.

    Copycat groups began emerging across Europe. In 2009, a Swedish former mining executive, Daniel Friberg, founded, in Denmark, the publishing house Arktos, which is now the world’s largest distributor of far- and alt-right literature. The son of highly educated, left-leaning parents, Friberg grew up in a wealthy suburb of Gothenburg. He embraced right-wing thought after attending a diverse high school, which he described as overrun with crime. In 2016, he told the Daily Beast, “I had been taught to think multiculturalism was great, until I experienced it.”

    Few European nations have changed as drastically or as quickly as Sweden. Since 1960, it has added one and a half million immigrants to its population, which is currently just under ten million; a nationalist party, the Sweden Democrats, has become the country’s main opposition group. During this period, Friberg began to devour books on European identity—specifically, those of Benoist and Faye, whose key works impressed him as much as they impressed Richard Spencer. When Friberg launched Arktos, he acquired the rights to books by Benoist and Faye and had them translated into Swedish and English. Spencer told me that Arktos “was a very important development” in the international popularization of far-right identitarian thought.

  • Le non-renouvellement des élites françaises contribue à leur détestation (Olivier Galland / Telos, Slate.fr, 17.02.2019)
    https://www.slate.fr/story/173334/elites-reproduction-mobilite-sociale-grandes-ecoles-assemblee-haute-fonction-p

    En fait, ce #processus_sélectif se construit tout au long de la #scolarité et souvent très tôt, par des #stratégies_familiales permettant de choisir les bons établissements, les lycées d’élite dont chaque grande capitale régionale est pourvue. Ces stratégies ne sont évidemment pas aléatoirement distribuées, et les familles qui ont une longue connaissance des arcanes du système scolaire peuvent les mettre en place bien plus efficacement que les autres. À résultats équivalents, les familles modestes ont par ailleurs, par un processus bien connu d’auto-sélection, des ambitions moins élevées et ne visent que rarement ces établissements d’élite.
    L’animosité si forte à l’égard des #élites tient sans doute pour une part à ce sentiment confus que le monde des élites économiques, politiques et administratives n’est en France que faiblement irrigué par des nouveaux membres issus de #classes_sociales qui n’y avaient jusque-là que faiblement accès. Ce sentiment peut alors en favoriser un autre : celui que ces élites forment une caste jalouse de ses #privilèges et décidée à les perpétuer.
    Combattre l’anti-élitisme qui s’exprime souvent de façon si virulente en France devrait conduire à réformer le processus de sélection des élites pour réduire son caractère #héréditaire. Mais la tâche n’est pas simple. D’une part, elle dépend des élites politiques, dont une bonne part bénéficie du système actuel. D’autre part, il faut bien reconnaître que ce système, pour être socialement injuste, n’en est pas moins performant : la France forme par ses grandes écoles d’excellents ingénieurs et hauts cadres administratifs.
    […]
    Mais il existe au moins deux autres problèmes importants qui entretiennent le #ressentiment : celui du manque de #renouvellement et de #diversité des élites politiques et celui de l’opacité qui entoure les carrières politiques ou administratives, supposée masquer des avantages indus.
    […]
    Un autre problème de taille concerne la #haute_fonction_publique, les 600 hauts fonctionnaires dont la nomination s’effectue en Conseil des ministres […]. Ces personnes bénéficient de #rémunérations élevées, souvent très supérieures à celle du président de la République, mais –aussi invraisemblable que cela puisse paraître– qui restent secrètes ! Cette #opacité est choquante, car il s’agit d’argent public dont les citoyennes et citoyens devraient pouvoir connaître à quoi il est employé et s’il l’est utilement.

  • Les Gilets jaunes : une scène télévisuelle - #Telos
    https://www.telos-eu.com/fr/politique-francaise-et-internationale/les-gilets-jaunes-une-scene-televisuelle.html

    Haro sur Facebook ? Cette désignation du rôle des réseaux sociaux dans le mouvement des Gilets jaunes relève d’une courte vue. Beaucoup d’événements et de thèmes débattus au sein de Facebook n’impriment pas l’agenda des télévisions, tant il est vrai que pour qu’un sujet embrase l’espace public, il lui faut le relais des chaînes d’information. Ce sont elles qui, par leur puissance, « anoblissent » une cause, la popularisent, la martèlent et l’installent au cœur de l’espace public. Notons que les Gilets jaunes ont déroulé la trame idéale pour un feuilleton télévisuel au pays des Lumières, celle d’un conflit entre des militants qui se gargarisent d’incarner le peuple, d’une part, et le gouvernement, de l’autre. Et ils ont utilisé un ingrédient-clef des feuilletons : le rendez-vous hebdomadaire avec les manifestations du samedi. Dès lors, à partir du samedi noir du 1er décembre, le suspens n’a cessé de rebondir : la semaine prochaine, quelle séquence vont offrir les Gilets jaunes ? Eric Drouet, leader historique qui jouit d’une certaine autorité sur le mouvement, effectue via Skype des « live » suivis par quelques milliers de supporters pour concevoir le spectacle du samedi suivant. Conscient des ficelles pour capter l’attention, il introduit du suspens : approcher le plus près l’Elysée ? Bloquer le périphérique ? Investir le château de Versailles ? Envahir les Galeries Lafayette ? L’imagination des apprentis scénaristes est mise à contribution.

    • Comme les Indignés en 2011 ou Nuit debout en 2016, le mouvement des Gilets Jaunes obéit à un agencement quasiment ritualisé.

      Point un, dans le cyberspace : quelques braises allumées sur les réseaux sociaux, qui, pour des raisons qu’il est parfois difficile d’expliquer, induisent une circulation virale – l’étude des contagions virales autour de meme échappe souvent à une explication évidente, car elles peuvent fleurir sur ce qui apparaît à première vue comme un non événement, voire un gag.

      (c’est moi qui met en italique, on n’est pas loin de la fake news…)

  • Gilets jaunes : une rupture culturelle autant que territoriale - Telos
    https://www.telos-eu.com/fr/societe/gilets-jaunes-une-rupture-culturelle-autant-que-te.html

    […] ce mouvement apparaît comme l’expression d’une rupture consommée depuis plusieurs décennies entre deux visions du monde contemporain et deux systèmes de motivations et d’aspirations, issues de deux expériences de la vie en société dans notre pays, étrangères et imperméables l’une à l’autre.

    La première vision, celle d’un monde social que l’on peut schématiquement dire dominant, appréhende son rapport à l’espace et au temps selon un large spectre et selon un imaginaire de l’équilibrage à l’échelle macroscopique (région, nation, voire Europe ou planète). Cette vision se veut surplombante et clairvoyante, elle est #presbyte : elle regarde au loin, en privilégiant la métropolisation dans la mondialisation et en concevant les politiques publiques en termes de compétitivité de l’appareil productif ou d’attractivité des territoires pour les investisseurs.

    À l’inverse la deuxième vision, plus populaire, se focalise sur l’échelle spatiale et temporelle de la proximité. Son appréhension du réel est empirique, individualiste et utilitariste, elle pourra être dite #myope, mais elle a sa logique propre, ses paramètres et ces critères de validation qui relèvent de la quotidienneté.
    […]
    Philippe Genestier
    Architecte-urbaniste en chef de l’Etat, professeur à l’ENTP, chercheur au Laboratoire Environnement, Ville, Société (CNRS)