company:verney carron

  • L’État et les violences policières : « Une machine de guerre qui n’a ni remords, ni états d’âme, et où tous les coups sont permis »
    https://reporterre.net/L-Etat-et-les-violences-policieres-Une-machine-de-guerre-qui-n-a-ni-remo

    Documenter les violences policières et juridiques : mercredi 20 mars, témoins, experts, journalistes, juristes ont fait ce travail essentiel dans une réunion publique à Paris. Soulignant la gravité de la rupture autoritaire qui est en train de se produire.
    Paris, reportage

    La grande salle de la Bourse du travail, à Paris, était pleine mercredi 20 mars au soir pour la présentation des premières conclusions de la « commission d’enquête » sur la répression, la violence policière, la loi anti-manifestations, organisée à l’appel d’organisations syndicales [1]. Trois heures durant, les « enquêteurs » — le président et cofondateur de Mediapart Edwy Plenel, l’avocate et membre du syndicat des avocats de France (Saf) Judith Krivine et le journaliste à Radio France Antoine Chao — ont orchestré les prises de parole de nombreux témoins sur trois thèmes : les blessés en manifestation, les politiques répressives et les perspectives.

    Ian B., membre du collectif Désarmons-les !, a ouvert la soirée avec le bilan provisoire établi par le collectif — 170 blessés graves depuis le début de la mobilisation des Gilets jaunes, en novembre 2018. Le collectif, qui émane de l’Assemblée des blessé.e.s constituée en novembre 2014 à Montreuil à la suite de la mort de Rémi Fraisse, s’est donné pour mission d’accompagner les personnes blessées et leurs familles dans leur parcours judiciaire et leur reconstruction psychologique, et d’informer sur le maintien de l’ordre en France — notamment les armes utilisées. « C’est une réalité à laquelle on ne s’attendait pas : on a recensé autant de blessés en trois mois que pendant les vingt années précédentes », a souligné Ian B.

    Le bilan du journaliste David Dufresne, diffusé sur son fil Twitter et Mediapart, précise le tableau : un décès — celui de Zineb Redouane, 80 ans, touchée au visage par une grenade lacrymogène alors qu’elle fermait ses volets, le 2 décembre à Marseille —, 222 blessés à la tête, 22 éborgnés et cinq mains arrachées. Depuis décembre, le journaliste indépendant interpelle le ministère de l’Intérieur sur les blessures causées par les armes de la police et les exactions commises par les forces de l’ordre, par la formule devenue rituelle « allo @Place_Beauvau — c’est pour un signalement ». « Pendant plus d’un mois, j’ai travaillé seul. Au début régnait un grand silence médiatique, qui a contribué au déni politique. Cette semaine, on a encore pu entendre le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, déplorer que les lanceurs de balle de défense [LBD 40] n’avaient pas été suffisamment sortis. C’est faux, un jeune homme a perdu son œil près du Fouquet’s le 16 mars et personne n’en a parlé. »

    Laurent Thines, neurochirurgien et chef de service au CHRU de Besançon, a lancé en janvier une pétition demandant « un moratoire sur l’utilisation des armes dites moins létales ». Tout en faisant défiler des images insoutenables de mâchoires déchiquetées, de mains arrachées et d’orbites énucléées, il a alerté sur les dégâts causés par les armes de force intermédiaire — LBD 40, grenades lacrymogènes instantanées GLI-F4, grenades de désencerclement — sur les corps humains. « Un projectile de LBD 40 lancé à plus de 90 mètres par seconde, soit 324 kilomètres par heure, a une force d’impact de 200 joules. C’est comme si on vous lâchait un parpaing de 20 kilos d’une hauteur d’un mètre sur le visage ou la tête ! » Devant la radio d’un Gilet jaune s’étant pris un tir de LBD dans la tempe, il a dénoncé une blessure similaire à celles causées par des accidents de voiture ou des coups de batte de base-ball : « Le crâne est enfoncé et, pire de mon point de vue de neurochirurgien, le cerveau en dessous est abîmé. Or, le cerveau, on n’en a qu’un seul et une fois qu’il est abîmé, on ne s’en remet jamais vraiment. Celles et ceux qui ont un proche qui a fait un accident vasculaire cérébral le savent. »

    « C’est une volonté d’entraver le droit de manifester écrite noir sur blanc »

    Pour protester contre la fabrication et la commercialisation de ces armes, Ian B. a relayé un appel à bloquer les usines de fabrication de ces armes à partir du vendredi 29 mars : le siège social d’Alsetex à Muret (Haute-Garonne) et son usine à Mazères (Ariège), la fabrique de Flash-Balls et de grenades de désencerclement Verney Carron à Saint-Étienne (Loire), la fabrique de grenades lacrymogènes Nobel à Pont-de-Buis-lès-Quimerch (Finistère), etc.

    Ces blessures s’inscrivent dans un contexte de politiques répressives, ont observé et analysé les témoins du débat suivant. Globalement, « les gouvernements qui se succèdent privent les salariés de leurs droits et leur rendent l’accès au juge plus difficile, ce qui rend les recours de plus en plus décourageants. Bientôt, ils ne pourront plus recourir qu’à la violence pour se faire entendre, comme le montre très bien le film En guerre de Stéphane Brizé », a alerté Mme Krivine.

    En parallèle, la répression des mouvements sociaux s’intensifie. Christian Mouhanna, sociologue et directeur du Centre de recherche sociologique sur le droit et les institutions pénales (Cesdip), observe une « fuite en avant répressive », que les gouvernements successifs tentent de justifier en faisant un « amalgame entre populations de banlieues assimilées à des terroristes et manifestants ». Cette stratégie, amorcée par la loi sur la sécurité quotidienne de novembre 2001, s’est poursuivie pendant les manifestations pour le climat de fin 2015 et celles contre la loi Travail de 2016. En outre, « on assiste à une remise en cause du maintien de l’ordre à la française qui consistait à créer des troupes spécialisées pour tendre vers le zéro mort et le moins de blessés possible », signale le sociologue, en pointant la présence récente en manifestation de la brigade anticriminalité (BAC), « la plus bêtement répressive », et sa militarisation.

    Anne-Sophie Wallach, secrétaire nationale du Syndicat de la magistrature, dénonce de son côté une instrumentalisation du droit « non plus pour punir les personnes qui ont commis des délits, mais à des fins de maintien de l’ordre ». « Le 8 décembre, pour plus de 900 placements en garde à vue, on a eu plus de 500 classements sans suite, faute d’éléments contre les personnes », a-t-elle dit. Derrière ces interpellations massives, le délit de participation à un groupement ayant l’intention de commettre des violences, introduit dans le droit en 2010 pour lutter contre les « bandes » des quartiers populaires — « une qualification floue, en tout cas extensive, qui permet le placement en garde à vue car ce délit est passible d’emprisonnement ». Autre levier, la réquisition particulière, « qui permet aux forces de l’ordre de relever l’identité dans les gares, au niveau des péages, sans recourir aux critères classiques ». Enfin, la magistrate dénonce les pressions exercées sur la justice notamment par la garde des Sceaux : « Le 8 décembre, la ministre s’est rendue à la permanence du parquet de Paris, où les magistrats reçoivent les appels concernant les gardes à vue, pour annoncer que la fermeté était de mise. Ces pressions ne sont pas acceptables. Pourtant, elles sont confortées par le procureur de Paris, qui a livré comme instruction aux magistrats de permanence les week-ends de mobilisation, ne lever les gardes à vue que le samedi soir ou le dimanche matin, même en cas de classement sans suite. C’est une volonté d’entraver le droit de manifester écrite noir sur blanc ! »

    « Le pouvoir est violent, mutile et continue de tuer. Mais nous pouvons renverser ensemble cette machine de guerre »

    Les militants sont nombreux à avoir fait les frais de ces politiques. Parmi eux, le secrétaire départemental de SUD PTT, Gaël Quirante, qui a dénoncé 13 interventions policières dans son centre postal et quatre convocations au commissariat pour violation de domicile, contre des postiers grévistes en Île-de-France. Dans la salle, un Gilet jaune a raconté la répression policière contre la première « Nuit jaune », le 26 janvier place de la République à Paris : « Jusqu’à 19 h, l’ambiance était très festive. Puis, sans crier gare, la police a inondé la place de lacrymos et a chargé pour nous pousser contre les canons à eau. On n’avait nulle part où aller, on s’est pris des gaz, c’était très violent. »

    Les perspectives pour les mobilisations ont été abordées en troisième partie de soirée. « Le gouvernement s’apprête à interdire la lutte par ce qu’il appelle la “loi anti-casseurs”, mais qu’au syndicat nous appelons la “loi anti-manifestants” », a averti Laurence Roques, présidente du SAF. La proposition de loi, déposée à l’origine par le sénateur Les Républicains Bruno Retailleau, est d’abord tombée aux oubliettes avant d’être ressuscitée par le gouvernement, qui a manœuvré pour la faire adopter le 12 mars, malgré des réticences jusque dans la majorité. « Toute personne pourra faire l’objet d’une interdiction a priori de manifester, dès lors que son comportement laisse entendre qu’il peut causer un trouble à l’ordre public, a expliqué l’avocate. Seul un juge administratif des référés pourra invalider cette décision, mais la manifestation sera finie avant même qu’il ait le temps de statuer. » Autres mesures liberticides aux yeux de Me Roques, le délit de dissimulation du visage — « la loi ne précise pas si des lunettes de soleil ou un foulard constituent des dissimulations » — et le fichage de personnes qui ont troublé l’ordre public ou « exprimé leur opinion » — « une mesure qui va à l’encontre de la loi de 1978, qui interdit le fichage pour opinion politique ou action syndicale ».

    Sophie Chapelle, journaliste à Bastamag, s’est inquiétée de dix années de régression du droit de manifester, à raison d’une nouvelle loi sécuritaire tous les deux ans : « La loi de programmation militaire de 2013, qui étend la possibilité de surveillance au-delà du contrôle judiciaire, la loi de 2015 sur le renseignement, celle de 2016 contre le crime organisé, qui intègre des mesures de l’état d’urgence, et la loi sur la sécurité intérieure et le terrorisme de 2017, qui autorise la mise en place de périmètres de protection avec fouille systématique. » « La loi anti-manifestants a été adoptée le 12 mars ; de nouvelles mobilisations ont eu lieu le 16, et le 18, le Premier ministre, Édouard Philippe, n’a fait que des déclarations sécuritaires et annoncé un renforcement du maintien de l’ordre », déplore-t-elle.

    Assa Traoré, dont le frère est mort en juillet 2016 sur le sol de la gendarmerie de Persan (Val-d’Oise), a fustigé un « État antidémocratique, répressif, violent, une machine de guerre qui n’a ni ni remords, ni états d’âme, où tous les coups sont permis ». « Le pouvoir est violent, mutile et continue de tuer. Mais nous pouvons renverser ensemble cette machine de guerre », a-t-elle assuré.

    Que faire à présent, au-delà de l’information toujours essentielle sur la brutalité croissante de l’État, et alors que, comme l’a rappelé Edwy Plenel, « le droit de manifester est un droit fondamental » ? L’idée d’une Coordination nationale contre la répression a été avancée.

    Une réunion aura lieu cet après-midi jeudi 21 mars à l’Assemblée nationale, réunissant représentants de partis de gauche et d’organisations préoccupées par les droits de l’Homme, pour répondre collectivement aux « attaques contre les libertés publiques », indique à Reporterre la députée France insoumise Mathilde Panot.

    #violences_policières #répression

  • Appel national à bloquer les usines d’armements du 29 au 31 mars

    Les assemblées de blessé.es et les collectifs militant pour le desarmement de la police organisent fin mars un week end de blocage de l’usine Alsetex dans la Sarthe où sont fabriqué les grenades et munitions du maintien de l’ordre français. Nous invitons à bloquer toutes les autres usines d’armements qui se situent dans votre région ces mêmes jours.
    ACAB

    DU 29 AU 31 MARS 2019, POUR TOU-TES NOS BLESSÉ-ES !
    BLOQUONS L’USINE ALSETEX ET TOUTES LES USINES D’ ARMEMENT !

    Action à l’initiative de blessé-es, de leurs proches, de leurs soutiens et de collectifs contre les violences d’État.

    Dans le cadre du maintien de l’ordre en métropole et dans les territoires d’outre-mer, l’État français a recours à un arsenal militaire sans commune mesure avec celui utilisé par ses voisins européens. Il est le seul à utiliser des grenades et un des rares à tirer sur la foule avec des balles de gomme.

    Cette usage légitime de la violence était jusqu’alors réservé aux quartiers populaires et aux mouvements de révolte. L’histoire de l’après-guerre est rythmée par une violence systémique qui nous a amené à faire le constat suivant : sur les 20 dernières années, les forces de l’ordre françaises ont mutilé en moyenne 2 à 3 personnes par an et en ont tué en moyenne 15 chaque année.

    Mais depuis le mois de novembre 2018, face à l’ampleur et la spontanéité du soulèvement des Gilets Jaunes, la violence de l’État à l’égard des manifestations s’est considérablement durcie, faisant naître une prise de conscience collective des violences policières. Trois mois de révolte intense ont démontré, par une hécatombe sans précédent, que le facteur principal déterminant la violence d’État, c’est le caractère potentiellement révolutionnaire d’un mouvement de révolte.

    Pourtant, sans être partie prenante du mouvement, Zineb Redouane a été tuée à Marseille, visée à sa fenêtre du quatrième étage par une grenade lacrymogène tirée en plein visage.

    Également, trois personnes ont été éborgnées par des tirs de LBD à la Réunion dans les deux premières semaines de la révolte, suivies de 17 autres en métropole, dont 2 lycéens de 15 et 16 ans et 1 collégien de 14 ans.

    Cinq personnes se sont fait arracher une main par des grenades GLI F4 à Paris, Tours et Bordeaux.

    Plusieurs centaines d’autres ont été grièvement blessées, dont les deux tiers à la tête.

    Et malgré ce carnage, aucun mot, aucun regret, aucune excuse de la part des autorités. Au contraire, la répression se fait chaque jour plus féroce et le ministre de l’intérieur, au comble du cynisme, explique à des enfants dans une mise en scène télévisée comment tirer au LBD.

    Le maintien de l’ordre protège l’État et non le peuple, il est à la fois un placement politiquement rentable pour le pouvoir, apeuré par sa chute possible, et un commerce juteux.

    L’État français se vante en la matière d’un savoir faire et d’une doctrine développés dans les anciennes colonies et sur les territoires d’outre-mer, et inspirées depuis les années 1980-90 par les théories sécuritaires et logiques commerciales agressives des idéologues au service du complexe militaro-industriel étasunien (hypothèse de la vitre brisée, brigades antigang et d’intervention en civil, armes sublétales, militarisation de la police).

    La France achète et utilise des armes chimiques (proscrites par les conventions internationales sur les terrains de guerre) : les grenades lacrymogènes.

    La France achète, vend et utilise des armes de guerre : les grenades GLI F4, les grenades de désencerclement...

    La France achète et utilise des munitions qui mutilent : les cartouches à destination des Lanceurs de balles de défense de 40 et 44 mm (Flash Ball SuperPro et SuperPro2, LBD 40, Kann 44, Riot Penn Arms).

    L’État français offre des milliards d’euros à sa police et aux marchands de mort, tandis que son système de santé est en faillite, que son système social est en faillite, que son système éducatif est en faillite, que son système de transports sert à nous taxer alors qu’il devrait être gratuit (pour le peuple et pour l’environnement) et que les grandes entreprises qui servent l’État refusent de payer des impôts, d’augmenter les salaires et de baisser le temps de travail, et cela alors même que le chômage bat des records.

    Les augmentations d’impôts contre lesquelles nous nous battons servent à payer les armes qui répriment nos révoltes, alors il est temps de frapper là où le bât blesse.

    Bloquer le complexe militaro-industriel français, c’est bloquer l’économie de mort de ce système.

    POUR ZINEB REDOUANE, POUR LES BLESSE-ES, POUR TOU-TES CELLES ET CEUX MORTES DE S’ETRE REVOLTE-ES, DU 29 AU 31 MARS 2019, BLOQUONS L’USINE ALSETEX.

    ET POUR TOU-TES CELLES ET CEUX QUI NE POURRONS VENIR DANS LA SARTHE, NOUS APPELONS A BLOQUER TOUS LES SITES SUIVANTS :

    ALSETEX / GROUPE ETIENNE LACROIX - Siege Social et laboratoire - 6 Boulevard Joffrery - 31605 Muret
    Usine de fabrication - route de Gaudies - 09270 Mazeres

    VERNEY CARRON : fabrique pistolets Flash-ball, grenades de désencerclement - 54 Boulevard Thiers, 42002 Saint-Étienne

    NOBEL : fabrique grenades lacrymogènes - 5 Rue du Squiriou, 29590 Pont-de-Buis-lès-Quimerch

    SAPL : fabrique grenades de désencerclement, gazeuses, matériels de maintien de l’ordre – La Ferté Fresnet, Le Biot, 61550 La Ferté-en-Ouche

    REDCORE : fabrique lanceurs de balles de défense, grenades de désencerclement - Technellys Bât C - 165 rue de la Montagne du Salut, 56600 Lanester

    BGM : distributeur des lanceurs de 40 mm (LBD40 et lanceurs multicoups Penn Arms) - 15, Route de Meaux, Le Bois-Fleuri, 77410 Claye-Souilly

    MSA : fabrique matériels de maintien de l’ordre (casques, boucliers…) - ZI Sud, 01400 Chatillon sur Chalaronne

    PROTECOP : fabrique matériels de maintien de l’ordre - 2194 Route de Thiberville, 27300 Bernay

    RIVOLIER : commercialise et importe les armements étrangers en France - Z.I. Les Collonges, 42173 Saint-Just-Saint-Rambert

    SECURITE TIR EQUIPEMENT : commercialise et importe les armements étrangers et français destinés au maintien de l’ordre - 477, Chemin de l’Avenir, 13300 Salon de Provence

    CENTRE D’EXPERTISE ET D’APPUI LOGISTIQUE : test et homologation des armes destinées au maintien de l’ordre – 168 rue de Versailles, 78150 Le Chesnay

    BANC NATIONAL D’EPREUVE ET D’HOMOLOGATION : test et homologation des armes destinées au maintien de l’ordre – ZI Molina Nord, 5 rue de Méons, 42002 Saint Etienne

    ETABLISSEMENT LOGISTIQUE DE LA POLICE : ZI Buxerolles, 1 rue Faraday, 87000 Limoges

    NOBEL : siège social – 57 rue Pierre Charron, 75008 Paris : fabrique les système de mise à feu des grenades lacrymogène

    BRÜGER & THOMET : fabrique les lanceurs de balles de défense de 40 mm – Tempelstrasse 6, CH-3608 Thun

    PRECISION : même si les événements venaient à être supprimés des réseaux sociaux (pressions des autorités), les rassemblements seront maintenus dans tous les cas. A chacun-e de s’organiser localement pour parvenir jusqu’aux sites, pour s’y rassembler selon les modalités qui lui conviendront et pour prendre ses précautions pour que tout se passe au mieux pour lui/elle. Pour info, les sites de fabrication sont classés SEVESO, c’est à dire avec un haut niveau de sécurité.

    Prévoyez de partir de chez vous 40 minutes à l’avance et de vous garer à 30 minutes à pieds du lieu de rassemblement s’il devait être difficile de se rendre en voiture sur place ou de s’y garer. Organisez vous pour ne pas garer votre véhicule sur le bas-côté de la chaussée, mais sur des chemins vicinaux où le stationnement ne gêne pas. Si les sites devaient être inaccessibles, nous invitons à bloquer les axes qui y mènent ou à se rassembler sur la place principale du village ou de la ville la plus proche.

  • #Saint-Etienne : Vous étiez filmé·e·s, vous serez bientôt écouté·e·s attaque.noblogs - 15 Février 2019
    https://attaque.noblogs.org/post/2019/02/15/saint-etienne-vous-etiez-filme%c2%b7e%c2%b7s-vous-serez-bientot-ecoute%c2%b7e%c2%b7s/#more-24472

    Saint Etienne Metropole et Serenicity, une filiale du marchand de mort Verney Carron, sont heureux de vous annoncer l’installation prochaine de micros dans le quartier Beaubrun Tarentaize.

    
Une expérimentation grandeur nature de la Smart City.

    Cela va permettre d’appeler directement les pompiers s’il y a un accident sur la route, et ainsi la mamie du 3e n’aura plus à composer le 18. Quelle révolution !
    
Ce n’est pas pour fliquer, c’est pour améliorer nos vies. Nous rendre joyeux en quelque sorte. On pourra même enregistrer le chant des oiseaux, enfin s’il en reste encore…

    



    La Smart City, quel merveilleux filon pour ces villes à la recherche d’un développement économique infini et ces startuppers en mal de reconnaissance.
    La ville va être intelligente, car nous sommes trop cons. Alors il y a des gens bien intentionnés qui ont tout prévu pour nous rendre la vie facile et heureuse.
    
Eduquer ces pauvres qui gaspillent l’eau et l’électricité, en les équipant de mouchards. Imposer le numérique dans notre quotidien, en le rendant incontournable.

    En attendant le tram, tu te reposais sur un vulgaire banc en bois. Maintenant tu poses ton cul sur un siège design connecté. Merci la smart city, merci la vie.

    La Smart City est un vrai projet politique.
    Le déploiement massif des technologies numériques permet d’asservir et contrôler davantage la population.
    C’est aussi extraire des matières premières rares, polluer la Terre et consommer toujours plus d’énergie.

    Réprimer nos libertés et détruire davantage la nature, voilà le vrai visage de la ville numérique.

    Sainté Smart city, non merci !


    .
    .
    L’Essor / jeudi 7 février 2019

    En mars, le quartier Tarentaize-Beaubrun-Couriot sera équipé d’une vingtaine de micros destinés à détecter les sons liés à des accidents, incivilités ou actes de vandalisme et d’alerter les secours. Il s’agit d’une expérimentation de six mois menée par la start-up stéphanoise Serenicity.

    Un cri, une détonation, une tôle froissée, un pare-chocs embouti… Une vingtaine de micros seront installés dès le mois de mars dans le quartier Tarentaize-Beaubrun-Couriot afin de détecter ces bruits inhabituels. Des « oreilles » qui permettront d’orienter les caméras de vidéosurveillance en conséquence et de donner l’alerte aux services de secours. Il s’agit d’une expérimentation nommée Soft, l’acronyme de Saint-Étienne observatoire des fréquences du territoire, qui consiste à détecter des anormalités sur l’espace public et qui permet d’accélérer l’intervention des secours. Les capteurs développés par le leader mondial Analog Devices « ne capteront pas les conversations des passants ».

    « Nous n’enregistrons rien. La Cnil (Commission nationale de l’informatique et des libertés) a validé le fait que nous détectons seulement la signature acoustique », rassure Fabrice Koszyk. Il est l’un des six associés dans la start-up Serenicity, une société créée en juin 2018 et présidée par le fabricant d’armes et spécialiste de la sécurité stéphanois, Guillaume Verney-Carron. « J’ai croisé la route de G. Verney-Carron dans le cadre de sa démarche de safe city. Nous avons participé à un groupe de travail autour d’applications mobiles et puis nous avons développé une partie “sécurité de la smart city” », ajoute l’entrepreneur. « Notre volonté est de rendre plus efficient l’existant et de rendre moins intrusive la vidéo protection avec des personnes qui contrôlent les écrans. Le but est d’intégrer notre technologie aux systèmes existants au sein des collectivités », ajoute t-on chez Serenicity. Les éléments collectés seront, selon la start-up stéphanoise, la propriété de la collectivité avec laquelle ils travaillent.

    Du côté de la start-up comme de la Métropole, on se défend de développer un système uniquement sécuritaire et à Fabrice Koszyk, de compléter : « Grâce aux sons collectés, peut-être qu’un jour nous serons en mesure de mener un recensement des chants des oiseaux par exemple. C’est aussi ça, la big data ». Non loin de rappeler le Big Brother d’Orwell et la maîtrise absolue, ces micros ne sont que le début d’une longue série de projets numériques co-financés par l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (ANRU) dans le cadre du Programme d’investissement d’avenir ville et territoires durables et solidaires qui dote Saint-Étienne Métropole de 2,2M€ pour développer le concept de « ville connectée ». « Le projet de Serenicity, qui nécessite dans un premier temps dans les 150 000 € entre dans ce projet global », explique Jean-Pierre Berger, conseiller de Saint-Étienne Métropole et président d’Épures, l’agence d’urbanisme de la région stéphanoise.

    Commande à distance de l’éclairage public, internet des objets, gestion raisonnée des consommation d’eau des foyers… Autant de projets qui devraient prochainement voir le jour. « Nous nous sommes rapprochés de bailleurs sociaux. Nous comptons sur eux afin de convaincre les habitants des quartiers en difficulté de participer à nos panels. Par exemple, comme avec Serenicity, nous envisageons un partenariat avec Suez pour comprendre la consommation d’eau des foyers et les accompagner dans l’économie des ressources », ajoute l’élu. Jean-Noël Cornut, conseiller municipal délégué à la cité numérique et aux systèmes d’Information et de télécommunications complète : « Les habitants contribueront à la collecte de données utiles à une gestion plus écologique de leur quartier via notamment des applications mobiles tel que “MobiliSÉ”, qui permet aux Stéphanois d’envoyer des images et des informations concernant des travaux ou des incivilités en ville ».

    Serenicity développe un service de cyber-pompiers du numérique. « Est-ce que je sais vraiment si mon adresse mail n’est pas utilisée dans le dark ou deep Web ? ». Ces cyber-pompiers seront à même de répondre à cette question du grand public durant la biennale du Design. « Nous avons déposé un brevet sur la partie acquisition de ces informations », ajoute Fabrice Koszyk. Un concept qui s’appelle Sdis pour Service de défense d’informations et de sécurisation du numérique.

    #smart_city #surveillance #ville_intelligente #smart_cities #nécrotechnologies #smartcity #villes #smart-cities #serenicity #Sdis #cyber-pompiers #start-up

  • « Gilets jaunes » : Un niveau jamais atteint de violences policières | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/france/040119/gilets-jaunes-le-gouvernement-est-determine-en-finir

    Un niveau jamais atteint de violences policières

    L’usage de la force comme le niveau, jamais atteint jusqu’alors, des violences policières sont parfaitement assumés par le pouvoir. Selon les chiffres officiels, 1 407 manifestants ont été blessés, dont 46 grièvement, de la mi-novembre à la mi-décembre. 717 policiers, gendarmes et pompiers ont aussi souffert de violences durant cette période. Des dizaines de personnes ont été gravement blessées, mutilées parfois, par des tirs de flashball (ou LBD40) et de grenades GLI-F4 contenant de l’explosif.

    Dans un rapport publié le 17 décembre, Amnesty International dénonce une telle escalade de violence et « de nombreux cas de recours excessifs à la force par des policiers ».

    « Les forces de l’ordre ont utilisé des flashball, des grenades de désencerclement et des gaz lacrymogènes contre des manifestants majoritairement pacifiques », ajoute l’ONG, qui demande des « enquêtes indépendantes, impartiales et efficaces ». Amnesty avait déjà enquêté, en 2017 et en 2015, sur les nombreuses restrictions apportées au droit de manifester et sur l’augmentation de violences policières. « L’application de l’état d’urgence et un usage disproportionné de la force ont restreint ce droit fondamental de manière préoccupante dans ce pays », notait l’organisation.

    capture-d-e-cran-2019-01-04-a-17-54-53
    Une autre association, l’ACAT (Association chrétienne contre la torture et la peine de mort), a rappelé qu’elle alertait depuis 2017 « les autorités françaises sur la dangerosité des armes dont elle se dote et sur le caractère contre-productif et possiblement contraire au droit international du recours à ces armes ». « Notre police est surarmée. Ces armes sont-elles vraiment adaptées au maintien de l’ordre lors de manifestations ? Sont-elles indispensables ? »

    À l’occasion des manifestations des gilets jaunes, l’association a rappelé ses recommandations et publié le catalogue des armes aujourd’hui utilisées en maintien de l’ordre (à voir ici) :

    la création d’un organe d’enquête indépendant ;
    l’interdiction des lanceurs de balles de défense ;
    la publication annuelle de chiffres relatifs à l’usage de la force par les policiers et gendarmes : sur les utilisations d’armes, les sanctions disciplinaires pour des faits de violences et le nombre de personnes blessées ou tuées dans le cadre d’opérations de police ou de gendarmerie.

    Les ONG ne sont pas seules à s’inquiéter de la violence disproportionnée des forces de l’ordre. Le Défenseur des droits, autorité indépendante présidée par Jacques Toubon, a choisi d’ouvrir plusieurs enquêtes sur des cas de violences (en particulier les interpellations de lycéens à Mantes-la-Jolie en décembre). L’autorité rappelle, elle aussi, qu’elle demande depuis 2017 :

    le retrait des lanceurs de balles de défense de la dotation des forces chargées du maintien de l’ordre au cours des manifestations ;
    la réalisation d’une expertise sur les armes dites de force intermédiaire, notamment la GLI-F4, visant à mieux encadrer leur usage ;
    le renforcement de la communication et du dialogue dans la gestion de l’ordre public, avant et pendant le déroulement des manifestations ;
    la conduite d’une étude sur la mise en œuvre en France de la doctrine dite de la « désescalade de la violence ».

    L’arme qui suscite les plus vives critiques est le LDB40, qui a succédé en 2015 au Flash-Ball. Interrogé par Le Parisien, son fabricant Jean-Verney Carron reconnaît que cette arme tire des balles en caoutchouc « d’un calibre de 40 mm… c’est beaucoup plus dangereux que le Flash-ball. C’est un calibre de guerre ». Sur de courtes distances, le risque existe de traumatismes graves, voire de décès dans des cas exceptionnels.

    Car le fameux maintien de l’ordre « à la française » est de plus en plus critiqué. « Il est largement perçu comme contre-productif. Bien loin d’apaiser les tensions et de maintenir l’ordre, le recours conséquent à la force publique génère une escalade de la violence. Une autre approche, basée sur le dialogue et la désescalade, se développe chez nos voisins européens », note Aline Daillère, l’une des responsables de l’ACAT (texte à lire ici).

    Dès le mois de mai 2016, deux des meilleurs spécialistes universitaires des stratégies de maintien de l’ordre, Fabien Jobard et Olivier Fillieule, notaient « le splendide isolement » de la France. « En Allemagne, en Suède, en Suisse, l’interaction entre police et manifestants se distingue par la maîtrise et le dialogue. La police française résiste aux nouveaux modèles de maintien de l’ordre, articulés autour de la notion de désescalade », écrivent-ils dans ce texte.

    Autre spécialiste de la police et du maintien de l’ordre, Laurent Mucchielli, directeur de recherche au CNRS, notait récemment que dans le contexte du mouvement des gilets jaunes, « la moindre des choses semble d’essayer d’apaiser la colère plutôt que de l’exacerber ». « Le pouvoir politique, ajoute-t-il, serait bien avisé de donner à ses forces de maintien de l’ordre les mêmes consignes claires de retenue et de stratégie de désescalade que celles qu’il a manifestement données aux forces locales de police et de gendarmerie par le biais des préfectures. »

    Le journaliste David Dufresne, auteur du livre Maintien de l’ordre, tient depuis le 4 décembre une chronique méticuleuse de ces violences policières sur Twitter et sur Seenthis. Les vidéos, témoignages et situations décrites sont accablantes pour le pouvoir et le ministre de l’intérieur, qui n’a à aucun moment rappelé aux forces de sécurité les règles basiques de déontologie, d’engagement et de proportionnalité des réponses.

    Les « factieux », selon Castaner, les « insurrectionnels », selon Griveaux, mettent aujourd’hui en tête de leurs revendications le respect du droit de manifester, l’arrêt des violences et de l’impunité policière. « La répression que vous menez sans aucune retenue sur l’ensemble des lanceurs d’alerte et des citoyens de ce pays est une déclaration de guerre sans cesse renouvelée », écrivent les auteurs des « vœux » au chef de l’État. L’escalade est en route. Le gouvernement le sait et mise à nouveau sur cette stratégie du pire pour tenter d’en finir avec les gilets jaunes.

    #maintien_de_l'ordre

  • Manifestants blessés : le fabricant du «Flash-Ball» parle du LBD40: « C’est un calibre de guerre » - Le Parisien
    http://www.leparisien.fr/faits-divers/manifestants-blesses-le-fabricant-du-flash-ball-plaide-non-coupable-09-12

    Remplacé par une arme plus précise… mais plus puissante

    En 2015, la police des polices, l’IGPN, a jugé l’usage des Flash-Ball dépassé, et préconisé son retrait progressif de l’équipement des policiers. A la place, les forces de police ont été encouragées à se munir de LBD40
    #Maintien_de_L'ordre
    Le LBD40, comme le Flash-Ball, est une arme de quatrième catégorie. Mais contrairement au second, il est utilisé pour les longues distances. Il a été mis au point en 2008 par la police après les émeutes de Villiers-le-Bel en novembre 2007, au cours desquelles des armes à feu avaient été utilisées pour la première fois contre les policiers.

    « La balle est d’un calibre de 40 mm… c’est beaucoup plus dangereux que le Flash-ball. C’est un calibre de guerre », avance Jean-Verney Carron. Sur de courtes distances, le risque de traumatismes graves existe, voire de décès dans des cas exceptionnels.

    #Maintien_de_L'ordre

    • @colporteur : c’est largement un portfolio, voilà le texte :

      Les gueules cassées du Flash-Ball Près de trente gilets jaunes ont eu le visage meurtri par des tirs non-réglementaires. Entre traumatisme et incompréhension, ils essaient de se reconstruire.

      23 déc. 2018 - par Paul Conge / Photos : T.Biju-Duval et P.C

      David court comme si le diable était à ses trousses. Les Champs-Elysées ne sont plus qu’un enfer de gaz et de déflagrations ce 1er décembre. Le trentenaire en gilet jaune zigzague à l’aveugle, loin de cette « guerre », et le voilà rue Paul-Valéry, nez-à-nez avec des CRS. Il prend la main de Laure, sa compagne, ils avancent vers eux en douceur et les bras en l’air. David, formel : « Il n’y a pas eu de sommation. » Juste ce bruit sourd, cette cartouche tirée à toute vitesse, cet uppercut foudroyant dans sa bouche. David s’écroule, Laure crie, David crache du sang et quatre de ses dents.

      Pendant qu’il est sonné, David a quelques flashs : l’air épouvanté d’un pompier à la vue du trou dans sa lèvre, la spatule en bois qu’une infirmière glisse dans sa bouche, la « soucoupe de lumière » du bloc opératoire à l’hôpital Saint-Joseph... « J’ai cru que j’allais y rester », remet-il.

      Quinze jours d’ITT plus tard — le médecin lui en a prescrit 45 — David se terre maintenant dans son salon carrelé, à Bouafle (Yvelines), un gros sparadrap sur la lèvre pour cacher le trou. Ce tailleur de pierre à la gueule d’ange ignorait tout des armes à feu. Il sait à présent que son visage a été buriné par une cartouche en caoutchouc propulsée à 330km/h par un lanceur de balle de défense (LBD, ex-Flash-Ball). « C’était un tir pour blesser, de la violence gratuite », estime cet Yvelinois de 31 ans accro à sa moto.

      26 blessés au visage
      Os de la mâchoire éjectés, multiples fractures, gencive arrachée, sinus défoncés, de même que les dents, « de la canine à la première molaire »... « J’ai l’impression de ne plus avoir de mâchoire », dit le jeune gilet jaune, en cherchant ses organes disparus avec sa langue. On lui a un peu rafistolé la lèvre, mais il en manque un morceau. Sous morphine, codéine et antidépresseurs, il attend ses futures opérations, ainsi qu’une greffe d’os, qu’on lui extraira de la hanche. Mais il a toutes les chances de rester défiguré à vie.

      David
      Opposant pas très farouche à la loi CPE en 2006, David était venu défiler à Paris pour montrer à sa petite-amie « ce que c’est une manif ». Et par solidarité : « Je suis intérimaire. Les chantiers sont super loin. Les impôts nous saignent. On se sent tous concernés. »

      Avant qu’il ne fasse les frais de ce tir non-réglementaire. Car les cartouches de LBD 40 ne sont en aucun cas censées percuter le visage. La notice d’utilisation enjoint bien au contraire à viser « sous les épaules ». Pourtant, beaucoup de balafres similaires ont été relayées sur les réseaux sociaux. Thomas, 20 ans, de Nîmes, a eu la joue déchiquetée. Maxime, 40 ans, d’Avignon, a eu la mâchoire fracturée. Fiorina, 20 ans, d’Amiens, a perdu un œil... Selon le décompte d’Explicite, parmi les centaines de blessés, au moins 26 ont eu le visage touché.

      LBD 40, plus dangereux que le Flash-Ball
      « Le visage agit comme un pare-choc de voiture, il se casse pour protéger la boîte crânienne », relève Ludovic Bénichou, chef du service de chirurgie maxillo-faciale de l’hôpital Saint-Joseph, où furent hospitalisées plusieurs des victimes du LBD 40. « Quand le projectile est lancé à haute vélocité, il emmagasine une forte énergie cinétique, absorbée ensuite par l’impact, ce qui fait des dégâts : la maxillaire peut partir en miettes, l’orbite peut casser, il y a des pertes de tissus... Quand ça atteint la bouche, ça emporte pas mal de dents. »

      « Le LBD40 fait évidemment plus de dégâts »
      Le chirurgien poursuit : « Pour les soigner, on utilise la traumatologie faciale, qui a été inventée pendant la Première Guerre mondiale pour réparer les ’gueules cassées’ » - ces « poilus » dont le visage a été massacré par les balles allemandes. Chirurgie reconstructrice, chirurgie esthétique, greffes osseuses... « Au bout, ce ne sera pas comme s’il n’y avait rien eu, mais ça améliore les choses », poursuit le médecin.

      Comment expliquer un telle quantité de blessés au visage ? Par deux phénomènes au moins. D’abord, le remplacement progressif du Flash-Ball par des lanceurs de balles de défense 40mm, ou « LBD 40 » dans le jargon. « Le LBD 40, plus précis, fait évidemment plus de dégâts, puisque la cartouche est plus fine », note Guillaume Verney-Carron, directeur général de l’entreprise qui fabrique le Flash-Ball.

      D’autre part, un glissement dans la doctrine du maintien de l’ordre : « Avant, le Flash-Ball était utilisé pour se sortir d’une situation délicate, embraye le directeur. Maintenant, on en a changé la doctrine d’emploi : le LBD 40 est utilisé à toutes les sauces, et à plus grande distance. » Ainsi, rien que sur la journée du 1er décembre, quelque 776 cartouches de LBD 40 ont été tirées, preuve de leur utilisation massive.

      Réveils en sursaut et libido à zéro
      « Cette arme ne devrait pas exister. J’en vois pas l’intérêt. Les policiers ont des matraques et ils savent très bien s’en servir », s’agace David qui souhaite désormais leur disparition de l’arsenal de la police. « C’est du maintien de l’ordre, pas la guerre ! » Comme certains blessés militaires, David se réveille en sursaut de ses cauchemars, la nuit, persuadé d’avoir entendu des bruits de déflagration.

      Il y a d’autres séquelles post-traumatiques. Sa libido est à zéro, il a perdu 10 kilos, il ne peut plus se moucher et prend pour seul repas des boissons protéinées. Devant une glace, il n’accepte pas son visage déformé. « On m’a enlevé une partie de moi-même, énonce David en fondant en larmes. J’ai failli prendre ma moto et me foutre en l’air. » Son visage se clôt : « Ce tir a détruit beaucoup. Des années de ma vie. Je veux qu’on me rende ma mâchoire. »

      Le monde à travers le trou de la serrure
      Les traumatisés, tels des animaux blessés, se terrent dans leur tanière. Ainsi, Jérôme, éborgné par un tir de LBD 40, le 24 novembre dernier, ne quitte plus trop la pénombre de l’appartement familial de Chartres (Eure-et-Loire). « Je supporte mal la lumière », confie-t-il, un bandeau de pirate sur l’œil gauche. Alors le salon est tristounet à quelques jours de Noël, stores baissés de moitié et lampadaires tournés vers les murs.

      Jérôme
      Il faut le voir, ce costaud au crâne rasé, ancien agent de sécurité, les 40 ans marqués, qui s’est petit à petit replié sur lui-même. « Il a changé, s’attriste son épouse en voyant son regard viser le sol. Avant c’était un ’bonhomme’, comme on dit. Maintenant, il est fragilisé, son visage n’est plus éclairé, ses épaules sont rentrées... »

      « Une des seules choses que j’aimais chez moi, c’était mon regard »
      Cet ancien maître-chien était à la recherche de sa femme sur les Champs-Elysées lorsque c’est arrivé : « Ça a juste fait boum dans ma tempe ». Cette cartouche fatale a chamboulé sa vie. « J’ai l’impression de regarder le monde par le trou de la serrure », déplore âprement Jérôme. Son champ de vision s’est rétréci comme peau de chagrin. Le drame pour cet homme qui adorait piloter sa vieille Audi GT 80 et les séries de science-fiction. Aujourd’hui commercial, il n’est pas sûr d’oser affronter le regard des clients. Dans la rue, il est reluqué. « Le regard des gens n’est pas évident », souffle cet ancien parachutiste.

      Jérome et son épouse
      Pour Jérôme, qui jure qu’il n’était pas hostile, cette blessure est une énième injustice et un énième couperet. Lui qui, déjà, vilipendait ce monde « dominé par une poignée d’individus milliardaires », quand lui devait se résoudre « à prendre des crédits à la consommation pour payer les loyers en retard ». Pour que ses filles puissent se nourrir, « des fois, je ne mangeais rien pendant trois jours », dit-il. Et les fins de mois sont toujours aussi ric-rac.

      Maintenant, il souffre de terribles maux de tête, et le traumatisme l’a rendu plus anxieux. « J’ai peur qu’il m’arrive le moindre truc à l’autre œil, et que je devienne aveugle. Quand je me regarde, je me sens diminué. Je me suis jamais trouvé très beau.. mais une des seules choses que j’aimais chez moi, c’était mon regard. C’est celui de mon oncle », dit-il. Une larme s’échappe soudain de son œil de pirate, dernier signe de vie qui émanera de cet organe mort.

      Un mauvais tir ?
      Jérôme, entraîné aux armes quand il était militaire, ne croit pas à l’erreur de tir : « Je pense qu’il a visé la tête intentionnellement. Certains y prennent presque du plaisir. » Avocat de flics, maître Laurent-Franck Lienard n’est pas tendre à ce sujet avec ses clients : « Lorsqu’ils disposent d’armes intermédiaires, [les policiers] ne sentent pas la même inhibition et montrent une tendance très nette à y recourir, y compris lorsque la situation ne le justifie pas. (…) On ne compte plus les usages de cette arme en dehors de tout cadre légal, pour ’faire du bruit’, ’faire courir les jeunes’ ou ’se faire plaisir’… des notions bien éloignées de l’action policière ! »

      « Comme à la chasse, vous pouvez faire un mauvais tir », nuance le fabriquant du Flash-Ball. Habilitée au LBD 40, une source policière lui emboîte le pas : « On n’est pas tireurs d’élite et ça n’est pas une arme de précision. C’est comme à la boxe : ne pas viser la tête, ne pas viser la colonne… On fait toujours, toujours, au mieux. Mais on n’est pas infaillible. Ça dépend si la personne court, de la distance, des conditions climatiques, s’il y a du vent... »

      « Comme à la chasse, vous pouvez faire un mauvais tir »
      Seul hic, beaucoup de ces gueules cassées ne présentaient aucun danger immédiat. Des vidéos partagées sur les réseaux sociaux montrent au contraire des personnes pacifiques percutées de plein fouet par des tirs de LBD. Sollicitée, la place Beauvau n’a pas donné suite à nos demandes.

      « Tout ça alors qu’on défendait des droits... », conclut Jérôme. « Je ne regrette pas malgré tout. Je ne regrette rien, parce qu’il y a eu une prise de conscience collective... et je souhaite du plus profond de mon être qu’il se passe quelque chose. Je suis content d’avoir participé à ça, même si je l’ai payé très cher. »

    • Dans une interview à #Chasse_Passion de septembre, Guillaume Verney Caron pleure pour être soutenu par la france dans la fabrication d’armes à tuer des humains.

      Interview Guillaume Verney-Carron au sujet du VCD10
      https://www.youtube.com/watch?v=GLKmCoNyH4M

      Jamais mieux servi que par soi même, il écrit des articles à sa gloire dans la tribune.


      https://acteursdeleconomie.latribune.fr/debats/opinion/2016-09-16/la-fin-du-famas-pour-l-armee-francaise-et-maintenant-qu

      Le Famas, produit à Saint-Etienne et qui équipait depuis 1979 l’armée française sera bientôt remplacé par un modèle allemand HK 416. Son fabricant Heckler und Koch ayant remporté l’appel d’offres de l’Etat. Le sentiment d’amertume passé, Guillaume Verney-Carron, directeur général de l’entreprise stéphanoise éponyme, qui avait postulé pour maintenir la production de l’arme française sur son territoire historique, lance un appel pour que la filière française puisse continuer à vivre, et qu’elle retrouve ses lettres de noblesse.

      A quoi travaillent les lobbys de chasse à l’assemblée nationale ?

      #industrie_de_l'armement

    • La violence est une tradition française à préserver

      Verney Carron
      Verney-Carron Security. Since back in 1650, and then again the watershed year 1820, the family-run business has demonstrated wisdom, intelligence and level-headedness needed to navigate the transition from expert craftsmanship to cutting-edge, avant-garde industrial expertise, enabling us to carve out a position as trade-leading pace-setter.
      [Search domain www.verney-carron-security.com/en/] https://www.verney-carron-security.com/en