Michel Wieviorka pour le NYT
Opinion | There Really Is a French Exception - The New York Times
▻https://www.nytimes.com/2019/03/15/opinion/macron-gilets-jaunes-debate.html
But will the government rise to the occasion created by the Gilets jaunes movement?
[…]
But it’s worth noting that the government hardly set up any meetings or direct exchanges with the Gilets jaunes as such. Instead of reaching out to them, Mr. Macron preferred to engage with local officials or other ordinary citizens.
Nor has the great debate spawned any real representatives among the Gilets jaunes — a vacuum that makes concrete negotiations difficult. The movement’s very nature contributed to this, of course, since time and again the Gilets jaunes themselves pushed back against any attempt to structure or formalize their efforts. For a brief moment there seemed to be an impulse to create a political party from the movement or at least let emerge some official spokespeople. But that no longer seems remotely possible.
Mr. Macron, even when faced with the breakdown of the political system itself, has continued to tackle problems from the top down and without resorting to intermediaries. Instead of moving away from this vertical approach, he has exploited it. His only credible political opponents now are parties at the extremes, on the far left (Jean-Luc Mélenchon and La France Insoumise) and the far right (Marine Le Pen and le Rassemblement National). According to polls, the president’s party is leading the race for the European elections.
Was all this a strategic calculation? Quite probably. In any event, the situation today is a far cry from auguring the renewal of this democratic system. The most that has emerged so far is a handful of proposals from civil society — for example, the program for a greener economy jointly put forward by Nicolas Hulot, a former environment minister, and Laurent Berger, the head of France’s leading (and reformist) union, the Confédération française démocratique du travail (the French Democratic Confederation of Labor).
France, unlike other countries, has been fortunate enough to experience a popular upheaval that has raised serious economic, social and institutional questions. Elsewhere — in Britain, the United States, Italy, Poland, Hungary — the discontent immediately lapsed into populism, nationalism or withdrawal. But if the French government doesn’t adequately address the legitimate, or at least reasonable, concerns of the Gilets jaunes, it runs the risk of pushing them, as well as other French people, toward the pitfalls France has avoided so far.
]]>France’s class wars, by Serge Halimi & Pierre Rimbert (Le Monde diplomatique - English edition, February 2019)
▻https://mondediplo.com/2019/02/02gilets-jaunes-class-war
In times when social groups crystallise and there is undisguised class struggle, everyone has to choose sides. The centre ground disappears. And even the most liberal, educated and distinguished people drop any pretence of peaceful coexistence. Fear robs them of their composure.
[...]
During the Paris Commune in 1871, there was a similar transformation of thought among intellectuals and artists, some of whom had been fair-weather progressives. The poet Leconte de Lisle was infuriated by ‘this league of all the underclass, all the useless people, all the envious, the murderers, the thieves.’ Gustave #Flaubert thought that ‘the first remedy should be to end universal suffrage, the disgrace of the human mind.’ Émile #Zola, reassured by the punishment that had resulted in 20,000 deaths and almost 40,000 arrests, thought it offered a moral for the working class: ‘The bloodbath they have just experienced was perhaps a horrible necessity to calm some of their fevers’
#peur #gilets_jaunes « #libéral » #France
]]>Histoire Du Cinema D’Animation - 01.La Machine D’Emile Reynaud Et Les Premieres Bandes Animées - YouTube
▻https://www.youtube.com/watch?v=iAxtzF2ZHpM
Histoire Du Cinema D’Animation
Une langue pendouille démesurément à la vue d’une fille... Un héros tombe en s’aplatissant comme une crêpe avant de jaillir, regonflé à bloc... Un château flotte dans le ciel... Des crapauds se transforment en princes charmants... L’univers sans limite du cinéma d’animation a peuplé notre imaginaire d’une impressionnante galerie de vedettes irréelles.
Si Walt Disney apporte la preuve de sa viabilité économique et exploite au maximum toutes les possibilités du dessin animé, les créateurs à travers le monde se placent tous face à son hégémonisme et son style fait de lignes courbes et de scénarii aseptisés. Certains inventent de véritables œuvres de second degré comme Tex Avery à la même époque chez Warner. D’autres utilisent un style plus pointu, plus carré, et des décors minimalistes en créant par exemple la Panthère Rose. D’autres enfin décident d’évoquer drogue, sexe et violence, de s’adresser à un autre public, au moment où la bande dessinée pour adultes apparaît.
Durant ces vingt épisodes, nous découvrirons les différentes techniques, les différentes écoles, les différents pays, et les principaux protagonistes de cette histoire, de Félix le Chat, première vedette de dessin animé, à Shrek qui réussit à supplanter la domination des studios Disney ; de Winsor McCay, le dessinateur de Little Nemo, à Osamu Tezuka, l’inventeur du manga au Japon ; de Walt Disney, précurseur, premier à réaliser un dessin animé parlant en technicolor à Paul Grimault, qui tenta tant bien que mal à créer un studio en Europe.
Nous retrouverons les différentes formes de cinéma d’animation à travers le monde, du dessin traditionnel à la plasticine de Wallace et Gromit, en passant par les marionnettes tchèques, le papier découpé cher à Michel Ocelot et les images générées par ordinateur.
Nous décrirons l’écart technologique entre les Etats Unis et le reste du monde qui se fit jour dès l’invention du cinéma d’animation, l’importance croissante de la télévision dans la production de ces images et les diverses révolutions technologiques, jusqu’à la plus récente des images de synthèse qui ouvre de nouveaux horizons et donne au cinéma d’animation à nouveau l’avantage.
1 La machine d’Emile Reynaud et les premières bandes animées
2 Naissance d’une industrie aux Etats-Unis : Félix le chat, première star
3 L’invention de Mickey
4 L’alternative à Disney : Les frères Fleischer
5 La révolution de « Blanche Neige et les sept nains »
6 Les studios contre attaquent : Tex Avery et Warner
7 Sécession chez Disney : Stephen Busostow et Mister Magoo
8 Les musiques de dessins animés : Carl Stalling et Scott Bradley
9 Paul Grimault et la tentative d’un studio en France
10 Au Japon, Osamu Tezuka invente le manga
11 L’influence de la télévision : Hanna Barbera
12 Les artistes du cinéma d’animation expérimental et Norman Mac Laren
13 De Jrni Trnka à Tim Burton, les marionnettes tchèques traversent l’Atlantique
14 Les premiers longs métrages d’animation pour adultes en Europe
15 De la pâte à modeler à Wallace et Gromit
16 Hayao Miyazaki, la contre-offensive face à Disney et aux studios japonais
17 De « Tron » à « la Belle et la Bête », les débuts des images de synthèse
18 Le renouveau du dessin animé francophone
19 La nouvelle télévision et les mauvais garçons du dessin animé anglophone
]]>Edouard Philippe, impliqué dans le pillage de l’uranium du Niger par Areva et (...) - Observatoire du nucléaire
►http://www.observatoire-du-nucleaire.org/spip.php?article330
L’Observatoire du nucléaire dénonce la nomination au poste de premier ministre de M. Edouard Philippe qui n’est en rien le personnage « modéré » que la communication macronienne tente de mettre en scène. Bien au contraire, M. Philippe a les mains très sales, ou plutôt… radioactives. En effet, lorsqu’il travaillait pour la multinationale atomique Areva, il a participé à de sombres manœuvres dans les coulisses uranifères de la Françafrique.
.
En octobre 2007, Edouard Philippe est nommé directeur de la communication et directeur des affaires publiques d’Areva. Son activité principale est alors de s’assurer de la collaboration de parlementaires acquis au lobby de l’atome. Il est ainsi en contact rapprochés avec Marc Vampa, député de l’Eure et président du groupe d’amitié France-Niger à l’Assemblée Nationale (*).
]]>Voyage dans l’Amérique en guerre (2/4) : « Thank you for your service »
▻http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2017/01/04/voyage-dans-l-amerique-en-guerre-2-4-thank-you-for-your-service_5057751_3222
Au nom de la lutte contre le djihadisme, le 11-Septembre a précipité les Etats-Unis dans quinze années de combats. Deuxième volet de notre reportage sur le culte des vétérans.
Les vétérans sont à la fois au cœur de l’Amérique post-11-Septembre et un peu, comme toujours, les incompris de l’Histoire. Contrairement aux soldats revenus du Vietnam, accusés d’avoir mené une sale guerre colonialiste et mal accueillis par une génération contestataire, ceux des guerres d’Afghanistan et d’Irak sont formidablement bien reçus et célébrés au retour à la maison. Eux-mêmes s’en moquent parfois, entre eux. La politique n’entre pas en ligne de compte dans leur statut d’icônes. Le 11-Septembre est passé par là. L’unité de la nation prime sur tout. Même les Américains opposés à l’invasion de l’Irak, qui sont aujourd’hui une forte majorité, vont dire « Thank you for your service » à un vétéran.
« Il existe un sentiment de culpabilité collective sur la manière dont furent traités les soldats au retour du Vietnam. Aujourd’hui, il y a un respect presque excessif », témoigne John Nagl, un ex-lieutenant-colonel qui a dirigé le Center for a New American Security, un temps le think tank le plus influent de Washington sur les questions de stratégie militaire. Attablé dans un relais de chasse non loin de l’université d’Haverford, dans la région de Philadelphie (Pennsylvanie), où il enseigne, Nagl témoigne que « quiconque a porté un uniforme au cours des quinze dernières années vous racontera qu’au restaurant ou au café on lui annonce, au moment de payer l’addition, qu’un inconnu a déjà réglé la note. C’est ça l’Amérique ! ».
Les vétérans sont fiers de cet accueil, même s’ils le trouvent souvent décalé par rapport à leur expérience sur le terrain. Rares sont ceux qui contestent la célébration permanente dont les militaires font l’objet. Perry O’Brien est de ceux-là, un des trente objecteurs de conscience que compte l’armée en moyenne par an. Lui a demandé à rompre son contrat, à son retour d’Afghanistan, « pour des raisons morales ».
Un tank réformé, à Mountain Home (Idaho), le 24 septembre 2016.
A New York où il vit, O’Brien s’est engagé au sein des Vets Against the War (« Vétérans contre la guerre »), devenus cette année les Vets Against Hate (« Vétérans contre la haine »), puis les Vets Against Trump (« Vétérans contre Trump »). « L’Amérique est bizarre. D’un côté, elle célèbre ses soldats et leurs batailles, alors que la guerre est un truc vraiment lointain et abstrait. D’un autre côté, les gens ont tendance à oublier que, si Obama a été élu après Bush, c’était essentiellement parce qu’il était contre la guerre et promettait de ramener les troupes à la maison, commente O’Brien. Pour ma part, je crois que nous n’avons fait qu’augmenter les menaces pour notre sécurité nationale. Ces guerres, ces occupations de pays étrangers, ont créé les conditions qui font que nous avons aujourd’hui davantage d’ennemis. » O’Brien s’est attelé à l’écriture d’un roman sur la guerre.
« IL EXISTE UN SENTIMENT DE CULPABILITÉ COLLECTIVE SUR LA MANIÈRE DONT FURENT TRAITÉS LES SOLDATS AU RETOUR DU VIETNAM. AUJOURD’HUI, IL Y A UN RESPECT PRESQUE EXCESSIF », TÉMOIGNE JOHN NAGL, UN EX-LIEUTENANT-COLONEL
Si la société américaine ne connaît de la guerre que ces hommes en uniforme, souvent muets sur leur vie en Afghanistan et en Irak, et les films hollywoodiens, souvent irréels, certains commencent à se rendre compte de ce qu’ont vécu leurs concitoyens envoyés au bout du monde avec un fusil. Cette prise de conscience passe notamment par des livres, et par les lectures publiques et discussions accompagnant ces parutions. Comme ce fut le cas après le Vietnam avec une admirable littérature de guerre, certains vétérans ont commencé à raconter leur histoire, que ce soit sous la forme d’un récit documentaire ou d’une fiction. Deux hommes ont notamment écrit des livres qui ont touché les Américains au cœur : Phil Klay, avec Redeployment (Fin de mission, Gallmeister, 2015), et, avant lui, Kevin Powers, avec Yellow Birds (Stock, 2013).
Une littérature de guerre
Phil Klay boit des bières au comptoir de Shorty’s, dans le quartier de Hell’s Kitchen, à New York, en attendant d’aller assister au forum présidentiel entre Hillary Clinton et Donald Trump, une discussion publique consacrée aux affaires stratégiques et organisée à bord de l’Intrepid, le porte-avions amarré à Manhattan devenu Musée de la mer, de l’air et de l’espace.
De gauche à droite et de haut en bas : Phil Klay, auteur de « Fin de mission », à New York, le 12 octobre ; l’ex-colonel Stuart Bradin, à Arlington (Virginie), le 21 septembre ; l’ex-lieutenant-colonel John Nagl, à Philadelphie (Pennsylvanie), le 16 septembre ; Kevin Powers, auteur de « The Yellow Birds », en Virginie, le 17 septembre.
« Il est vrai que, contrairement à ce qui s’est passé au retour du Vietnam, les gens nous remercient d’avoir servi, et que même ceux qui étaient opposés à la guerre d’Irak respectent le choix que nous avons fait de nous engager… Le problème est que la société est totalement déconnectée de la guerre, et que les soldats ne racontent pas la vérité à leurs parents et amis. Les gens n’ont que deux images du vétéran : le gamin paumé qui revient traumatisé et le Navy SEAL qui écrit ses mémoires de super-héros-tueur-de-djihadistes. La figure du vétéran doit être celle d’une victime ou d’un héros, constate l’ex-sous-lieutenant Klay. Or la vaste majorité des vétérans ne se reconnaissent pas dans ces clichés. Leur expérience de la guerre est différente… »
« LE PROBLÈME EST QUE LA SOCIÉTÉ EST TOTALEMENT DÉCONNECTÉE DE LA GUERRE, ET QUE LES SOLDATS NE RACONTENT PAS LA VÉRITÉ À LEURS PARENTS ET AMIS », COMMENTE L’ÉCRIVAIN PHIL KLAY
« Le retour est un truc compliqué…, raconte lui aussi Kevin Powers. Ta mère te demande : “Es-tu OK ?” Et toi tu réponds : “Oui.” Alors que non, je n’étais pas “OK” du tout. J’étais simplement plus “OK” que beaucoup de camarades, je n’étais ni blessé ni mentalement dérangé. Mais j’étais effrayé tout le temps, je percevais des dangers. J’étais en colère. Et puis, même si je savais très bien que cette guerre d’Irak était une connerie, tu quittes le champ de bataille avec le sentiment que rien n’est fini, avec la culpabilité d’être à la maison pendant que d’autres soldats sont encore là-bas. »
Powers s’apprête à baptiser ses jumeaux le lendemain. Des parents arrivent dans sa maison d’Henrico, près de Richmond (Virginie). Yellow Birds a changé sa vie, comme Redeployment celle de Klay. Outre son statut d’écrivain reconnu et sa nouvelle vie consacrée à la littérature et à la poésie, il constate que les Américains qu’il rencontre commencent à comprendre que la guerre n’est pas ce qu’ils imaginaient. « Pour résumer, on passe de “Merci pour votre service” à “Putain, on n’aurait jamais dû vous envoyer là-bas !”. Les gens me demandent si on a changé l’Irak en mieux, et je raconte les villes en ruine, les centaines de milliers de civils tués. »
Kevin Powers travaille, dans la cave de sa maison où quelques souvenirs de guerre sont éparpillés, à un autre livre sur les Etats-Unis et la violence. « Mon prochain roman portera sur les conséquences pour la société de la guerre de Sécession. Sur le sens du combat et du sacrifice. Et sur cette attirance incroyable qu’a l’espèce humaine pour la violence. » Non loin de chez lui, dans ce coin de Virginie, d’anciens champs de bataille portent encore les stigmates de la guerre la plus terrible, la plus meurtrière, de l’histoire des Etats-Unis.
Une garde prétorienne
La société américaine entretient un rapport complexe avec la guerre. Depuis la fin de la guerre du Vietnam, il n’y a plus de conscription. Un lien avec la nation a été rompu. Le pays est désormais commandé, d’un point de vue militaire, par une élite d’officiers issus de familles où tout le monde ou presque s’engage sous le drapeau. Une garde prétorienne de l’Amérique, accompagnée d’une troupe issue du bas de l’échelle sociale, de soldats venus des milieux populaires et des migrations récentes, qui s’engagent davantage pour un salaire ou pour payer leurs frais de scolarité que pour une cause.
Un soldat et sa fille, à Arlington (Virginie), le 21 septembre 2016.
Donc, même si le 11-Septembre a provoqué, par réflexe patriotique, une vague d’engagements volontaires sans précédent, la société reste très éloignée des communautés très spécifiques qui composent les forces armées. Les Américains se sentent également très éloignés des débats sur l’état du monde et les menaces, sur la doctrine militaire et les combats à mener. La majorité d’entre eux fait confiance aux hommes en armes pour protéger le pays. Sans se poser de questions.
Dans cette garde prétorienne, quinze ans de « guerre au terrorisme » décrétée par Bush au lendemain du 11-Septembre ont permis à des officiers de se distinguer. Une génération de types éduqués et malins, dont peu d’ailleurs avaient l’expérience du feu, a remplacé la génération du Vietnam, marquée par la défaite, et celle de la guerre froide, ankylosée dans une vision conventionnelle de la guerre.
A la tête de cette bande d’officiers aussi à l’aise dans les symposiums de théorie militaire que sur une ligne de front, rois aussi, comme le veut l’époque, de la communication, on trouve notamment l’ex-commandant emblématique des opérations spéciales Stanley McChrystal et trois généraux qui ont dirigé le Commandement central (Centcom), l’état-major responsable des guerres d’Afghanistan et d’Irak : James Mattis – qui s’apprête à devenir le secrétaire à la défense du gouvernement Trump –, John Allen, et le plus célèbre de tous, l’icône d’une génération, David Petraeus.
Au mémorial de la guerre du Vietnam, à Washington, le 19 septembre 2016.
C’est sous l’impulsion de ce général, qui a mené son bataillon à la conquête de Mossoul lors de l’invasion de l’Irak, que l’armée américaine a revu sa doctrine de fond en comble. « Le chef d’état-major m’a dit : “Bouscule l’armée, Dave !” Alors, c’est ce que j’ai fait, se souvient David Petraeus. On a brassé des idées et écrit très vite, en un an, une nouvelle doctrine. Et comme nous contrôlions aussi les écoles militaires et les entraînements, nous avons imposé cette vision. »
SOUS L’IMPULSION DU GÉNÉRAL PETRAEUS, L’ARMÉE AMÉRICAINE A REVU SA DOCTRINE DE FOND EN COMBLE
M. Petraeus a rédigé le manuel 3-24 de l’armée, Counterinsurgency (« contre-insurrection »), conçu avec une poignée d’officiers et un brillant théoricien de la guerre non conventionnelle, le capitaine australien David Kilcullen, en 2006. L’idée principale est que, pour combattre efficacement des insurgés, il faut s’allier la population. Le général Petraeus obtient alors, à son retour en tant que commandant à Bagdad, le seul véritable succès de quinze années d’aventures militaires américaines : en s’appuyant sur les tribus sunnites, il met temporairement fin à la guérilla et coupe la tête d’Al-Qaida en Irak.
Si le manuel guide encore aujourd’hui la stratégie américaine sur le champ de bataille, on ne peut toutefois pas dire que Kilcullen, qui expliquait à l’époque que « la contre-guérilla, c’est 20 % de militaire et 80 % d’activités non combattantes », ait été entendu.
« Cela aurait bien sûr été formidable de tuer Ben Laden à Tora Bora, mais je crois que la guerre aurait tout de même continué. D’autres auraient poursuivi ses activités terroristes, pense David Petraeus. Et puis, bon, nous ne l’avons pas tué, et il était hors de question d’envoyer des troupes le traquer au Pakistan. Voilà la réalité. Et nous, militaires, nous agissons en fonction de la réalité. »
La guerre aurait-elle pris une telle tournure régionale, voire planétaire, même sans l’invasion de l’Irak ? David Petraeus assume. « Je ne peux pas répondre à cette question. J’ai eu l’honneur de commander nos troupes en Irak, et j’ai dû écrire tant et tant de lettres de condoléances aux mères et pères de nos hommes et femmes en uniforme… »
Le culte des forces spéciales
Depuis la révolution militaire introduite par le 11-Septembre et par la « doctrine Petraeus », le culte des forces spéciales a atteint son apogée aux Etats-Unis. L’ex-colonel Stuart Bradin dirige, à Tampa (Floride), la première fondation qui leur est consacrée, la Global SOF Foundation. Il croit qu’« avant le 11-Septembre, nous vivions dans le déni que la guerre, depuis la Corée et le Vietnam, avait changé de nature. Elle est devenue asymétrique et non conventionnelle. La précision – les armes de précision – est le plus grand changement dans l’art de la guerre depuis Napoléon ».
Stuart Bradin est heureux de constater qu’« aujourd’hui, 80 % des opérations militaires américaines dans le monde sont des opérations spéciales ». Le contingent de guerriers d’élite est monté à 70 000 hommes. « On a coutume de dire que le monde des opérations spéciales a été multiplié, depuis le 11-Septembre, par 2, 3 et 4 : 2 fois le nombre de soldats, 3 fois le budget, 4 fois le nombre d’opérations. De toute façon, il n’y a pas le choix : la guerre conventionnelle, c’est fini. Il faut des opérations spéciales, et s’appuyer sur les armées locales. A elles de faire le travail… En Afghanistan, les forces spéciales avaient fini la guerre en décembre 2001. Pourquoi ensuite y avoir déployé des forces conventionnelles ? Cela n’avait aucun sens. Je crois que l’une des raisons est que nous avions des généraux qui se prenaient pour Eisenhower ou Patton et y voyaient un moyen d’être promus. »
« LA GUERRE CONVENTIONNELLE, C’EST FINI. IL FAUT DES OPÉRATIONS SPÉCIALES, ET S’APPUYER SUR LES ARMÉES LOCALES. A ELLES DE FAIRE LE TRAVAIL… », ANALYSE L’EX-COLONEL STUART BRADIN
Bradin ne jure que par ces hommes d’action de l’ombre. Selon lui, eux seuls peuvent gagner le combat contre les djihadistes. A leur retour, ils sont aussi les vétérans qui sont les plus recherchés par le monde de l’entreprise : « On retrouve beaucoup des nôtres à Wall Street et dans la Silicon Valley », rapporte-t-il fièrement. Les soldats d’élite peuplent aussi désormais, dès qu’ils quittent le service actif, les conférences, les médias, les réseaux sociaux. Afficher le label « special ops » est un formidable passe-partout dans l’Amérique post-11-Septembre et, parmi les forces spéciales, celui de « Navy SEAL Team Six » équivaut, depuis la mort de Ben Laden, à une couronne en or.
Cette reconnaissance absolue n’est pas pour déplaire à Dick Couch. Le romancier et professeur à l’Académie navale a vécu toute sa vie avec les Navy SEAL. Célèbre pour avoir, à la tête du peloton Navy SEAL Team One, libéré des soldats prisonniers derrière les lignes ennemies au Vietnam, il a ensuite dirigé les opérations paramilitaires navales de la CIA et, à cetitre, puisé dans le contingent des Navy SEAL pour les missions les plus délicates. Il s’inspire désormais de cette expertise unique pour écrire des romans d’action à la Tom Clancy.
Dick Couch donne ses rendez-vous au Sawtooth Club de Ketchum (Idaho), dans la Sun Valley. Il est impossible d’arriver à Ketchum et d’entamer une conversation sur la guerre sans évoquer d’abord « papa » Hemingway, qui y a fini sa vie en se suicidant avec son fusil favori devant la porte de sa maison. Au bout de la rue principale, au cimetière, une tombe au nom d’Ernest Miller Hemingway est recouverte de crayons et de bouteilles vides. La plume et l’alcool, pour résumer la vie de l’écrivain aventurier.
Pour Dick Couch, l’Amérique est embarquée dans une « guerre sans fin ». « Depuis le 11-Septembre, nos soldats des opérations spéciales ont été présents, à des titres variés et pas forcément uniquement pour des combats, dans une soixantaine de pays. Or nous avons de plus en plus d’ennemis, donc c’est sans fin. Notre rôle, à nous special ops, est de tuer des types. On ôte des vies. Je ne veux pas savoir combien de gens nous avons tués depuis quinze ans, mais c’est énorme… Et ça va durer encore très longtemps. »
L’ex-Navy SEAL, qui considère que « Petraeus et McChrystal sont deux des meilleurs leaders de l’histoire de l’Amérique », en veut beaucoup au premier d’avoir eu une fin de carrière au parfum de scandale. Il a été forcé de démissionner de la direction de la CIA – où le président Obama l’avait nommé après qu’il eut quitté l’armée avec les honneurs – pour avoir communiqué par mails des informations classées secrètes à Paula Broadwell, sa biographe et amante. « Petraeus nous a laissés tomber, nous les militaires. Il était le premier d’entre nous depuis Eisenhower qui aurait pu devenir un jour président des Etats-Unis. »
A Boise (Idaho), le 23 septembre 2016.
]]>Chronique - Lemon Twigs « Do Hollywood » - Lille La Nuit.com
▻http://www.lillelanuit.com/le-mag/chroniques/lemon-twigs-do-hollywood
Imaginez l’affaire : deux gamins fous furieux de musique aux commandes du Grand Huit, d’un roller coaster musical qui couvrirait, à chacun de ses loopings tête en bas pris à fond la caisse, une large partie de l’histoire de la pop. Les Twigs sont des freluquets surdoués ayant réussi à assimiler toute l’histoire du grand livre, aidé par un papa musicien professionnel quoique discret, fan de l’album Ram de Paul McCartney. On peut imaginer pire école en matière d’écriture mélodique. On parie d’ailleurs que l’oeuvre de McCa sera réévaluée quand on aura fini de chipoter pour savoir qui était le cerveau musical des Beatles.
Les deux zigotos filent à toute allure d’un bout à l’autre du disque, exactement calé sur ce moment aussi délicieux qu’excitant où l’on hurle et qui survient quand les wagonnets du grand huit montent très lentement la pente la plus raide avant qu’on lâche tout, dans un espace soudainement vertigineux. Il faut les voir sur scène, comme à Amoeba, sur YouTube, en train de jouer à fond, l’un singeant clairement Keith Moon aux drums, drapé dans la salopette de Pete Townshend, c’est étourdissant et totalement bluffant. Inspiration mélodique, maîtrise des variations de tempo, tout y est.
Les frères d’Addario ont dressé une sorte de cartographie arpégée et chromatique de tout ce qui s’est fait de bien, en pop plutôt qu’en rock, et du haut de leurs 37 ans, mais à eux deux, ils roulent à tombeau ouvert. On convoque Scott Walker et ses ballades imparables, les Kinks de la très grande époque, celle de Something else ou de Village green preservation society, tout en dentelles anglaises millésimées, la musique baroque et ses cavalcades épiques, l’obsession Beatles, présente partout chez des jeunes gens nourris au dessin animé Yellow Submarine. On roule vite, très vite, au risque de quelques moments difficiles dans les virages pop sucrés pour digérer le copieux gâteau. Ils ont tout le temps d’apprendre à trier plus sévèrement. Ce serait assez peu fair-play de dire qu’il y a ici trop d’idées tant ça fuse, ça explose en pyrotechnie multicolore, de belles bleues en belles rouges, avec un aplomb fantastique, comme à certaines heures d’XTC, le groupe le plus sous-estimé d’Angleterre.
On reste pantois devant la sûreté vocale générale, les chœurs qui ruissellent, les arrangements savants et millimétriques, cette pop baroque qui mixe les sixties et les délires d’un savant fou comme Ariel Pink, sur le très cartoonesque Haroomata par exemple, ce côté chewing gum rose bonbon et coupe de cheveux digne des footballeurs des années 70, la célèbre mullet. Bowie et McCa, tiens donc, y ont cédé. Trop de références ? Ce serait quand même manquer sérieusement de respect à la teneur de l’écriture, d’autant qu’ils savent tomber la veste des arrangements trop soyeux pour dénuder une chanson jusqu’aux limites de son essence sur How lucky I am. Le plus fantastique premier album de la décennie ? Ce n’est qu’une formule, mais quel plaisir d’écouter un disque aussi jeune et joyeusement barré, un peu foutraque et terriblement talentueux.
Le 2 avril, vous ne pouvez pas aller aux soixante ans de tonton, vous avez Grand Mix. Vous pourrez même dire que vous avez Piscine, les musées sont gratuits le premier dimanche du mois. C’est totalement vain mais vous pourrez dire que vous y étiez.
]]>Le grand écart spatial de l’Inde
par Frédéric Landy
▻https://echogeo.revues.org/14279
Le voyageur européen qui atterrit à l’aéroport international de Delhi a directement accès, par des couloirs climatisés, au métro aérien qui le relie à la ville. Une fouille rapide des bagages et des passagers filtre l’accès à la station. Une rame apparaîtra rapidement, moderne, spacieuse et silencieuse. La ligne devient souterraine en arrivant dans le centre de l’agglomération. Arrivé à la station New Delhi, que notre voyageur prenne en correspondance la Yellow Line : s’il part vers le sud, le premier arrêt est Chandni Chowk, le centre d’affaires de Connaught Place. Mais qu’il choisisse le nord : le premier arrêt sera Chawri Bazaar. Notre voyageur descendra alors du wagon, prendra les escalators qui silencieusement le monteront à l’air libre. Au cours de son ascension, à mesure que le carré de lumière s’élargira au-dessus de sa tête, les bruits de la rue lui parviendront, étouffés d’abord, puis beaucoup plus sonores. Des odeurs inconnues l’interrogeront. Et puis soudain, à l’air libre, ce sera l’émergence dans une autre Inde. Celle des vendeurs de rue, des cycle rickshaws (cyclopousses), de la vieille ville musulmane aux densités de population extrêmes, de l’habitat dégradé, d’un marché urbain extrêmement dynamique où la richesse est souvent masquée aux étrangers. Notre voyageur aura changé de planète et d’époque, pour ainsi dire : à l’aéroport international comme dans le métro, il se trouvait dans un prolongement de pays du Nord ; le voici au Sud. Il se trouvait dans l’Inde du XXIe siècle, le voici dans celle du XXe, celle de la pauvreté, du commerce informel, de pratiques urbaines et économiques qui ne correspondent pas au modèle des world-class cities. Notre voyageur ne verra pas au premier abord les changements qui ont pourtant affecté ce vieux centre, qu’il considèrera – à tort – comme frappé d’immobilisme. Il sera en revanche étonné - à juste titre – par les contrastes sociaux, culturels, économiques, spatiaux entre ce monde de l’aéroport ou du métro qu’il vient de quitter, et celui de Old Delhi.
]]>Le corps ruptile de Bruce Lee
▻http://www.laviedesidees.fr/Le-corps-ruptile-de-Bruce-Lee.html
A propos du #livre de Bernard Benoliel, Opération Dragon de Robert Clouse. Bruce Lee, l’homme cinéma, (Yellow Now, Côté films, N° 17. 2011, 128 p.)
Une monographie rend justice à Bruce Lee, créateur de son propre mythe, et dont la courte vie se confond avec une lutte anticoloniale menée par les images, en parallèle avec une investigation organique et psychique de haute lignée.
#décolonisation par le kung fu ? #arts_martiaux via @la_vie_des_idees merci @prac_6.
Or, Bruce Lee, dont on ne s’est pas selon Bernard Benoliel jusqu’à présent suffisamment avisé qu’il était un vrai cinéaste et le véritable auteur de la poignée de films, réputés futiles, qu’il a tournés avant sa disparition énigmatique à 32 ans, précédant sa gloire posthume, a poussé ce principe jusqu’à ses dernières conséquences : cherchant à exister dans un plan qui travaille à l’annuler, dans un univers cinématographique dominé par le racisme hollywoodien qui ne concevait pas de placer un Chinois en tête d’affiche, il répliqua au refoulement par un défoulement tel qu’il va jusqu’à y faire exploser en images son corps – un corps « ruptile », dit Benoliel, empruntant le terme à la botanique. Il désigne un organisme qui éclate tout seul par le gonflement et le déchirement de ses parties internes. Ce phénomène a pour particularité d’être irréversible : la ruptilité de Bruce Lee se distingue en cela de l’élasticité chaplinienne et passe du côté du tragique.
12月16日のツイート
▻http://twilog.org/ChikuwaQ/date-141216
Papier is out! paper.li/ChikuwaQ/13277… Stories via @Raindance @asiaimages @Gadabarthes posted at 09:17:00
Top story: The Sony Hack and the Yellow Press www.nytimes.com/2014/12/15/opi…, see more tweetedtimes.com/ChikuwaQ?s=tnp posted at 07:44:41
]]>Yellow Jacket : une coque qui transforme votre iPhone en taser en cas d’agression
▻http://www.creapills.com/idee/yellow-jacket-une-coque-qui-transforme-votre-iphone-en-taser-en-cas-d-agr
Chaque année plus d’1,3 million d’américains sont victimes d’agressions dans la rue ou à domicile. Devant ce chiffre qui augmente, certains américains n’hésitent pas à redoubler de créativité pour imaginer des solutions de self-défense. Parmi eux, Seth Froom qui a co-fondé la startup Yellow Jacket qui fabrique des coques d’iPhones très particulières qui intègrent un taser.
Yellow Jackets désigne une sorte d’abeille présente en Amérique du Nord et c’est la sensation d’une grosse piqûre que vous allez ressentir si on utilise cette « arme » contre vous. La coque qui contient le taser cache aussi une seconde batterie qui permettra à votre téléphone de tenir une journée supplémentaire et protègera votre téléphone en cas de chute. Pour voir un exemple d’utilisation de l’arme sur une personne réelle, regardez cette vidéo dans laquelle Sean Simone, le CEO de la startup, électrocute deux journalistes.....
▻http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=HFlZbk4PfIw
]]>Giya Kancheli - Yellow Leaves (Qviteli potlebi)
►http://www.youtube.com/watch?v=3aSH_DJNAeA
« kviteli potlebi tan miakvs kars
da akris pipkebad shens sakhlis kars.
gedzakhi, aravin ara mtsems khmas,
kviteli potlebi sichumes hgavs.
da maints kviteli potlebis mtsams.
kviteli potlebi sichumes hgavs. »
L’auteur du poème est Petre Bagration-Gruzinski.
traduction :
Les feuilles jaunes sont emportées par le vent
Et verse comme les cristaux de neige sur les portes de ta maison.
Je t’appelle, personne ne répond,
Les feuilles jaunes ressemblent au silence.
Et malgré tout je crois aux feuilles jaunes.
Les feuilles jaunes ressemblent au silence.
très triste et sentimental, n’est-ce pas ?
]]>