• Ornithorynque #232 | Les Chroniques de l’Ornithorynque
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    Un peu partout traînaient des magazines en ruines d’avoir été trop lus et tout un fatras de jouets pour tous les âges. Certains avaient appartenu à ma sœur ou à moi. Ils terminaient chaque soir dans un grand coffre à jouets en bois où deux frangins s’amusèrent un jour à un jeu qui n’a pas dû passer loin de leur coûter leur héritage. Un des mômes était couché dans le coffre, l’autre lui rabattait le couvercle dessus. Ils se bidonnaient comme des couillons pendant qu’un petit étang se formait doucement aux pieds de leur maman en larmes.

    Interloqué, mon père demanda de quoi il retournait. Entre deux sanglots, la dame lui expliqua que ses deux gosses jouaient à Mémé dans le cercueil. La chère vieille dame était morte une semaine plus tôt et à quatre ou cinq ans, ils avaient une vision plus distanciée de l’évènement que sa fille.

    J’ai gardé le plus beau pour la chute :

    Comme son nom l’indique, le Comparateur de roupettes sert à vous mesurer le volume des canouilles, principalement au cours de leur évolution à la puberté. Si tout se passe bien, cette dernière se traduit chez le garçon par l’apparition de trois poils ridicules sur la lèvre supérieure, d’une insolence qui mérite des baffes et d’une tendance à ricaner bêtement en regardant les filles.

    #comparateur-de-roupettes le tag qui manquait sur Seenthis !

    • Mon beau-frère a designé un objet similaire, mais pour un projet très sérieux, faudrait que je retrouve la photo.
      Il s’agit d’un porte-clé avec une multitude de prothèses de roupettes de toutes tailles, permettant de choisir la bonne taille de sa prothèse. Le commanditaire du projet était un fabricant de prothèses de testicules...
      On rit, mais le sujet n’est pas drôle :-)

    • Je m’exprime ici en pensant à quelqu’un qui tomberait sur cette page après avoir appris qu’il lui fallait aussi passer sur le billard pour une #orchidectomie (et que j’invite à ne pas hésiter à me contacter en privé s’il le souhaite).

      Opéré d’un #cancer au testicule (gauche) il y a 4 ans et demi, j’ai maintenant une couille en silicone ; un copain qui a subi la même opération n’a pas eu cette option. Quand le chirurgien t’en parle, de toute façon, tu as du mal à réfléchir, puisque toute ta pensée est concentrée sur le choc du diagnostic, et la question de la survie. Mais dans les brumes de souvenir de ce moment, je me rappelle que le médecin m’avait montré les différents « modèles » et tailles des prothèses.

      Quoi qu’il en soit : ni moi ni cet ami (semble-t-il) n’avons à nous plaindre de ce côté-là. Lui, à qui on n’avait pas proposé de prothèse, n’a pas jugé indispensable de se faire réopérer pour s’en faire poser une par la suite. De mon côté, j’avais eu une sorte de réflexion contradictoire, entre le fait d’"assumer la maladie" d’une part, et celui de « ne pas se laisser dicter sa future vie sexuelle par elle », de l’autre. Indécidable. (En passant, pour ce qui est d’"assumer", je suis servi, avec les cicatrices laissées par les opérations chirurgicales complémentaires qu’il a fallu me faire pour éliminer les métastases de l’abdomen et du poumon.)

      Au final, de toute façon, l’espèce de tunnel cauchemardesque qu’est l’épreuve de la #chimiothérapie m’a fait relativiser tout le reste.

      ☀ ☀ ☀

      Une amie opérée du sein m’a expliqué que, pour les #femmes, la question est posée de manière beaucoup plus problématique, avec des conséquences financières et sanitaires bien plus élevées. Son chirurgien lui avait fortement suggéré (ce qui signifie, vu ton état psychique à ce moment-là, qui souvent ne permet pas de réfléchir correctement, quasiment imposé) de non seulement faire une « reconstruction » du sein (je pense que dans ce cas il faut éviter de parler de « réparation »), mais d’en profiter en plus (on n’est plus à 2000 euros près, hein…) pour faire refaire l’autre sein !

      Et bien que féministe radicale et engagée LGBT, elle s’était surprise à se trouver influencée par ce discours, à hésiter, à contempler l’idée… La « normalité » s’impose donc avec force, et au détriment éventuel de la santé de la patiente ; car, si elle avait donné suite à la proposition, cela aurait pu accroître le risque de récidive !

      La pression n’émane pas que du chirurgien : une autre amie encore, qui avait refusé ladite reconstruction, et se trouve donc avec une poitrine « plate », se voit aujourd’hui régulièrement ramenée à la question, par exemple au restaurant ("par ici messieurs… euh… dames… messieurs—…") ; ce qui me fait aussi penser à cette histoire de piscine et de maillot (http://seenthis.net/messages/77189).