• L’#écologie_municipale, ou la ville face à son histoire

    Les verts élus dans les grandes #villes doivent faire un #choix : se focaliser sur la qualité de vie de leurs administrés au risque de renforcer la #fracture entre #centres urbains et #périphéries, ou au contraire renouer avec les #territoires_fantômes que les #métropoles consomment et consument.

    Après le succès des candidatures et alliances écologistes dans certaines des plus grandes villes de France dimanche, une chose a très peu retenu l’attention des commentateurs politiques. C’est le paradoxe, au moins en apparence, d’une #métropolisation de l’écologie politique – le fait que les valeurs vertes semblent trouver dans les grands centres urbains leur principal lieu d’élection. Au lieu de s’interroger sur les motivations et les idéaux des personnes qui peuplent ces villes pour essayer d’y lire l’avenir, peut-être faut-il alors renverser la perspective et regarder l’objet même que constitue la #ville, sa réalité indissociablement écologique et politique.

    Au regard de l’#histoire, cette #urbanisation des #valeurs_vertes ne va pas du tout de soi. La ville a souvent été définie, en Europe au moins, par l’enveloppe protectrice des remparts qui tenait à distance les ennemis humains et non humains (animaux, maladies), et qui matérialisait la différence entre l’espace de la cité et son pourtour agraire et sauvage. En rassemblant les fonctions politiques, symboliques, sacerdotales, les villes engendrent des formes de socialité qui ont fasciné les grands penseurs de la modernisation. Saint-Simon, par exemple, voyait dans la commune médiévale italienne l’origine du développement matériel et moral propre à la #modernité. Durkheim, plus tard, faisait de la ville le prototype du milieu fait par et pour l’humain, le seul espace où pouvait se concrétiser le projet d’#autonomie.

    Aspirations urbaines

    Mais les villes sont également devenues, avec le processus d’#industrialisation, de gigantesques métabolismes matériels. L’explosion démographique des métropoles industrielles au XIXe siècle va de pair avec la concentration du travail, de l’énergie, et plus largement des flux de matière qui irriguent l’économie globale. Au cœur des transformations de la vie sociale, la ville est aussi au cœur de ses transformations matérielles : elle aspire d’immenses quantités de ressources, pour les relancer ensuite dans le commerce sous forme de marchandises. En laissant au passage les corps épuisés des travailleurs et des travailleuses, ainsi que des montagnes de déchets visibles ou invisibles, résidus non valorisés du processus productif.

    Ainsi la ville irradie le monde moderne de son prestige symbolique et culturel, mais elle tend aussi à déchirer le tissu des circularités écologiques. L’un ne va pas sans l’autre. Chaque ville, par définition, est tributaire de circuits d’approvisionnement qui alimentent ses fonctions productives, ou simplement qui la nourrissent et la débarrassent des contraintes spatiales. Chaque ville est entourée d’une périphérie fantôme qui l’accompagne comme son ombre, et qui est faite des #banlieues où vivent les exclus du #rêve_métropolitain, des champs cultivés et des sous-sols exploités. Chaque urbain mobilise malgré lui un espace où il ne vit pas, mais dont il vit.

    L’une des sources de la #sensibilité_écologique contemporaine se trouve justement dans la critique de l’avant-garde urbaine. Dans l’Angleterre victorienne, William Morris ou John Ruskin retournent à la #campagne pour démontrer qu’une relation organique au #sol est susceptible de régénérer la civilisation, sans pour autant compromettre les idéaux d’émancipation. Mais ils luttaient contre une tendance historique dont l’extraordinaire inertie a rapidement provoqué la disqualification de ces expériences. Surtout pour le #mouvement_ouvrier, qui avait en quelque sorte besoin des formes spécifiquement urbaines d’#aliénation pour construire la #solidarité_sociale en réponse.

    Si l’on replace dans cette séquence d’événements le phénomène d’urbanisation des attentes écologiques actuelles alors il y a de quoi s’interroger sur l’avenir. Deux trajectoires possibles peuvent s’esquisser, qui ont cela d’intéressant qu’elles sont à la fois absolument irréconciliables sur un plan idéologique et matériel, et quasiment impossibles à distinguer l’une de l’autre dans le discours des nouveaux édiles de la cité verte.

    Faire atterrir le #métabolisme_urbain

    D’un côté, on trouve le scénario d’une consolidation des #inégalités_sociales et spatiales à partir des valeurs vertes. Pour le dire de façon schématique, les grands pôles urbains poussent la #désindustrialisation jusqu’à son terme en éliminant les dernières nuisances et toxicités propres à la #ville_productive : elles se dotent de parcs, limitent les transports internes et créent des #aménités_paysagères (comme la réouverture de la Bièvre à Paris). C’est ce que la sociologie appelle la #gentrification_verte, dont #San_Francisco est le prototype parfois mis en avant par les prétendants écologistes aux grandes mairies. Au nom d’une amélioration difficilement critiquable de la qualité de vie, la ville des #parcs et #jardins, des boutiques bio, des #mobilités_douces et des loyers élevés court le risque d’accroître le #fossé qui la sépare des périphéries proches et lointaines, condamnées à supporter le #coût_écologique et social de ce mode de développement. #Paris est de ce point de vue caractéristique, puisque l’artifice administratif qui tient la commune à l’écart de sa banlieue est matérialisé par la plus spectaculaire infrastructure inégalitaire du pays, à savoir le #boulevard_périphérique.

    Mais si le vert peut conduire à consolider la #frontière entre l’intérieur et l’extérieur, et donc à faire de la qualité de vie un bien symbolique inégalement distribué, il peut aussi proposer de l’abolir – ou du moins de l’adoucir. Une réflexion s’est en effet engagée dans certaines municipalités sur le pacte qui lie les centres-villes aux espaces fantômes qu’elles consomment et consument. La #renégociation de la #complémentarité entre #ville et #campagne par la construction de #circuits_courts et de qualité, l’investissement dans des infrastructures de #transport_collectif sobres et égalitaires, le blocage de l’#artificialisation_des_sols et des grands projets immobiliers, tout cela peut contribuer à faire atterrir le #métabolisme_urbain. L’équation est évidemment très difficile à résoudre, car l’autorité municipale ne dispose pas entre ses mains de tous les leviers de décision. Mais il s’agit là d’un mouvement tout à fait singulier au regard de l’histoire, dans la mesure où il ne contribue plus à accroître la concentration du capital matériel et symbolique à l’intérieur de la cité par des dispositifs de #clôture et de #distinction, mais au contraire à alléger son emprise sur les #flux_écologiques.

    Le défi auquel font face les nouvelles villes vertes, ou qui prétendent l’être, peut donc se résumer assez simplement. Sont-elles en train de se confiner dans un espace déconnecté de son milieu au bénéfice d’une population qui fermera les yeux sur le sort de ses voisins, ou ont-elles engagé un processus de #décloisonnement_social et écologique ? L’enjeu est important pour notre avenir politique, car dans un cas on risque le divorce entre les aspirations vertes des centres-villes et la voix des différentes périphéries, des #ronds-points, des lointains extractifs, alors que dans l’autre, une fenêtre s’ouvre pour que convergent les intérêts de différents groupes sociaux dans leur recherche d’un #milieu_commun.

    https://www.liberation.fr/debats/2020/06/30/l-ecologie-municipale-ou-la-ville-face-a-son-histoire_1792880

    #verts #élections_municipales #France #inégalités_spatiales #mobilité_douce #coût_social ##décloisonnement_écologique

    via @isskein
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  • Programmes scolaires verts, éco-délégués dans les classes : le « colibri » Blanquer se paie un « affichage » vert recyclé
    https://www.marianne.net/societe/programmes-scolaires-verts-eco-delegues-dans-les-classes-le-colibri-blanqu

    Vert tout le temps, vert partout. L’urgence climatique occupe la une, remplit les rues et permet même à Greta Thunberg, égérie écologiste, de s’essayer à la voile. Alors, pour cette vieille institution qu’est l’Éducation nationale, il fallait se mettre à la page. D’autant que ces derniers mois, chaque vendredi, les lycées ont été désertés par ses élèves « en grève », pressés de rejoindre les fameuses « marches pour le climat ». La conférence de presse de rentrée du ministère, donnée ce mardi 27 août, était la parfaite occasion pour frapper fort.

    Belle pub pour les masculinistes du mouvement colibris qui peu se confondre avec la doctrine catholique de la manif pour tous dont Blanquer est proche.

    « Il ne faudrait pas exalter l’égalité. Je plaide plutôt pour une complémentarité : que la femme soit la femme, que l’homme soit l’homme et que l’amour les réunisse. »Pierre Rahbi

    https://www.monde-diplomatique.fr/2018/08/MALET/58981

    J’en profite aussi pour souligner le fait que Greta Thunberg est traité d’égérie par le journaliste de Marianne, ce qui est une insulte qu’on réserve aux femmes (il n’y a pas d’égérons). Greta Thunberg est militante, lanceuse d’alerte, porte parole... mais pas égérie !

    #néo-réactionnaires #complémentarité #colibris #écologie_mon_cul #sexisme #catholicisme #propagande

  • « Abus sexuel », antiféminisme, les recettes d’un ordre
    https://joellepalmieri.wordpress.com/2019/03/08/abus-sexuel-antifeminisme-les-recettes-dun-ordre

    Actualité oblige… on a beaucoup lu ou entendu la terminologie « abus sexuel ». En tête d’affiche, le « sommet exceptionnel sur les abus sexuels sur mineurs », organisé au Vatican du 21 au 24 février 2019. Que signifie cette expression ? D’un point de vue linguistique, « abus » signifie mauvais usage. Associé à « sexuel » l’expression consacre l’idée qu’il y aurait un bon usage de la sexualité chez les enfants et un mauvais. L’Église catholique a donc décidé de s’attaquer à ce mauvais usage, occultant par voie de conséquence la question de la sexualité supposée des enfants. Ensuite, le mot « abus » reste flou, ne désigne pas précisément des faits qui sont criminels. Il les minimise et les nie. Pourtant il s’agit de pédophilie et non de pratique sexuelle, un crime aussi grave que les viols des religieuses, « révélés » dans la foulée. L’emploi de ce terme cache alors un abus de pouvoir : la relation des prêtres et autres ecclésiastiques (des hommes) avec les enfants et avec les nonnes (des femmes) est basée sur une relation de confiance ou d’autorité, qui pose la question du consentement1.

    Enfin, cette expression s’affiche au sein d’un ordre caractérisé par la hiérarchie, le sexisme endémique, la culture du silence, l’imperméabilité. Comme dans les autres ordres – médical, juridique, politique… –, l’impunité des violences sexuelles règne. Elles y sont non nommées, considérées normales, faisant partie de la fonction de ses membres. La parole de la victime (femme, enfant) y est systématiquement remise en cause alors que le criminel (homme) reste majoritairement impuni, protégé par des lois nationales ou propres2. Ces lois sont des retranscriptions ou le terreau de la vulgate populaire, qui nie par lâcheté, par peur, par ignorance ou par volonté (initier sexuellement), les violences exercées sur mineurs et qui entérinent l’appropriation sociale du corps des femmes3.

    La différence entre l’ordre de l’Église et les autres se manifeste notamment par la contradiction qui l’habite. Chez les catholiques, les membres font vœu de chasteté, bannissent l’avortement, s’opposent à la « théorie du genre », rejettent toute sexualité contre nature – c’est-à-dire qui n’a pas vocation à « l’enfantement » –, glorifient « la femme comme mère, porteuse d’enfants », alors que le contraire se vit en son sein. Aujourd’hui, la dialectique visant à « protéger les victimes » mise en exergue par le Vatican, obère la responsabilité des auteurs des crimes. En parallèle, elle perpétue une stratégie d’inversion des concepts féministes4.

    Le fond de l’entreprise reste effectivement familialiste : à travers tout ce bruit, il est question de promouvoir le mariage entre homme et femme, de protéger l’idée de famille. De plus, il s’agit de reconduire l’idéologie antiféministe portée de longue date par l’Église. Des déclarations récentes du pape François ont été évoquées : « Inviter une femme à parler, ce n’est pas entrer dans le mode d’un féminisme ecclésiastique, car au final, tout féminisme finit par être un machisme avec une jupe ». Par ces mots, le chef de l’Église catholique s’inscrit en digne héritier de Jean-Paul II qui faisait en 1995 la « promotion d’un féminisme chrétien ». Cette appropriation opportuniste du féminisme n’est pas nouvelle. Elle a pour but de le dissoudre. Nés au début du XXe siècle, les fondements du féminisme chrétien peuvent s’expliquer ainsi : « la collaboration de la femme aux questions d’intérêt commun se présente à elle sous un aspect sévère et son activité extérieure est motivée, non par des raisons puériles ou de mesquines rivalités de sexe et des théories déclamatoires sur l’égalité de l’homme et de la femme ; mais elle est justifiée par le fait que la fonction sociale de la femme différant par certains côtés de celle de l’homme, elle seule peut savoir dans quel sens elle doit la développer, la perfectionner et introduire dans sa propre vie ce progrès que la vie publique communique à la vie privée »5. Cette idéologie entend mettre en lumière le rôle de « la femme »6dans le processus de restauration de l’image de l’Église catholique, en tant qu’individu ayant des qualités propres. François de souligner : « elle est celle qui porte, la mère de la communauté ». Cette vision reprend presque mot pour mot les termes des textes (la bible) qui célèbrent la différence entre les sexes tout en excluant l’idée qu’il y ait inégalités.

    Or, il existe bien, dans la bible, une relation hiérarchisée entre les deux sexes. Dans le texte « 1 Timothée 2:1-15, verset 11 », Saint-Paul écrit : « Que la femme écoute l’instruction en silence, avec une entière soumission ». L’« homme » et « la femme » ne jouent pas les mêmes rôles « dans l’église et dans le couple », l’homme étant chargé de l’autorité, et la femme de l’enfantement et du soin de la famille. C’est ainsi par exemple que l’ordination des femmes est interdite. Dans le verset 12, il est écrit : « Je ne permets pas à la femme d’enseigner, ni de prendre de l’autorité sur l’homme ; mais elle doit demeurer dans le silence ». L’apôtre limite ce que « la femme » peut faire dans l’église : se taire et obéir.

    L’actualité n’est pas révolutionnaire. Certes, elle met en lumière des faits jusqu’ici passés sous silence et impunis, mais elle permet également aux juges autoproclamés de ces faits (des hommes) de continuer à dispenser la parole paternaliste : ils se placent en protecteurs désintéressés de leurs membres (femmes, enfants), ayant autorité naturelle à les guider, car ces membres seraient en demande, en situation de mineurs civiques. De la même manière, les femmes se retrouvent placées au rang de victimes ou d’actrices immobiles, ayant besoin d’encadrement technique, d’assistance, de soutien, parce que plus employées à la maternité ou au devoir d’accompagnement de l’autorité. Leurs savoirs propres ne sont pas pris en compte. Les femmes n’ont pas droit à la parole et à ce titre restent des « subalternes »7.

    Tant de rigueur dans la minorisation des violences sexuelles perpétrées par des hommes, d’ignorance de la parole des enfants, d’acharnement à garder les femmes dans leur rôle social de mère, d’épouse ou d’auxiliaire de la hiérarchie religieuse, me fait mesurer, en cette Journée internationale des femmes, l’ampleur des luttes restant à mener pour renverser le patriarcat.

    Joelle Palmieri, 8 mars 2019

    #violences_sexuelles #langage #culture_du_viol #pedocrimilalité #pedoviol #consentement #catholicisme #viol #déni #antiféminisme #complémentarité #domination_masculine #domination_adulte

    • L’Institut Sapiens est un organisme à but non lucratif dont l’objectif est de peser sur le débat économique et social.

      Il se veut le premier représentant d’une #think_tech modernisant radicalement l’approche des #think_tanks traditionnels. Il souhaite innover par ses méthodes, son ancrage territorial et la diversité des intervenants qu’il mobilise, afin de mieux penser les enjeux vertigineux du siècle.

      Sa vocation est triple :

      – Décrypter — l’Association aide à la prise de recul face à l’actualité afin d’être capable d’en comprendre les grandes questions. L’Institut Sapiens sera un centre de réflexion de pointe sur les grands enjeux économiques contemporains.

      – Décloisonner et faire dialoguer — l’Association veut mettre en relation des mondes professionnels trop souvent séparés : Universitaires, membres de la sphère publique, praticiens de l’entreprise ou simples citoyens, ils doivent pouvoir se rencontrer pour réfléchir et dialoguer. Afin d’être réellement représentatifs de toutes les compétences et expériences, les groupes de travail associent systématiquement des personnes d’horizons professionnels divers (de l’ouvrier au dirigeant de société cotée) et peu important leur lieu de vie (Métropole, DOM-COM).

      – Former — Le XXIe siècle est le siècle de l’information ; il doit devenir pour l’individu celui du savoir. Comprendre le monde implique une capacité à faire un retour sur notre histoire, à connaître le mouvement millénaire des idées, à posséder ces Humanités dont l’importance est plus grande que jamais. Parce qu’il veut faire accéder à une compréhension du monde, l’Institut Sapiens se fixe aussi pour objectif de promouvoir cette culture générale sans laquelle demain plus personne ne pourra comprendre son environnement ou même y jouer un rôle.

      *Ses fondateurs sont #Olivier_Babeau, #Laurent_Alexandre et #Dominique_Calmels*.

    • 1. S’il ne voit pas l’intérêt de dresser les riches contre les pauvres, c’est peut-être parce que c’est l’inverse qui se passe ?
      2. On ne dresse pas les riches, on les éduque. On ne dresse pas les pauvres, on les aplatit.
      3. Pour se dresser contre quelque chose il faut avoir un motif je pense. Pour les riches, en macronnie, je ne vois pas.

  • La chasse

    Nord : 27 ans de prison pour un trentenaire qui violait des étudiantes à Lille
    >Faits divers|Le Parisien avec AFP| 22 juin 2018, 0h01 |0
    Franck Berton, l’avocat d’Erwan Gouget, avait demandé l’acquittement de son client. AFP/Denis Charlet
    Lors de son réquisitoire, l’avocat général avait décrit un « braconnier en maraude ».

    « Un braconnier en maraude » qui cherchait ses « proies » étudiantes : Erwan Gouget, 30 ans, a été condamné à 27 ans de réclusion criminelle jeudi par la cour d’assises du Nord pour trois viols et quatre tentatives en 2011 et 2012 à Lille.

    Cet ancien pâtissier, déjà condamné pour viol en 2008, est accusé d’avoir agi suivant un mode opératoire précis : muni de gants, d’un couteau et d’un pied-de-biche, il suivait les étudiantes rentrant de soirée, notamment à leur domicile.

    L’avocat général, Luc Frémiot, avait requis jeudi matin 25 années de réclusion criminelle assorties de la peine de sûreté maximale. Lors de son réquisitoire, il avait décrit un « prédateur » qui, la nuit, agit comme un « braconnier en maraude » cherchant sa « proie » sur son « terrain de chasse ». « Vous êtes dangereux ! », a-t-il lancé à l’accusé qui, impassible, ne le lâchait pas des yeux. La Voix du Nord précise que l’avocat général a réclamé une injonction de soins.
    Son ancien codétenu l’accuse de tortures

    « Vos près de deux heures de réquisitoire ne permettent pas d’établir des certitudes », a répliqué lors de sa plaidoirie l’avocat de l’accusé, Me Frank Berton. « Une bonne décision ne se prend pas dans la peur. Pour juger un homme, il faut écouter ni la colère, ni le poids des larmes », a lancé aux jurés Me Berton avant de leur demander d’acquitter son client.

    « J’aimerais ajouter, après tout ce qui a été dit, que je n’ai pas commis les faits qui me sont reprochés et que je suis innocent », a déclaré l’accusé, avant que les jurés ne se retirent pour décider de son sort.

    Interpellé en juillet 2012 par la BAC à Lille après un refus d’obtempérer, Gouget détenait dans sa voiture un couteau, un pied-de-biche et plusieurs paires de gants.

    Il a été reconnu formellement par la plupart des victimes, mais depuis le début de l’enquête, il a nié l’intégralité des faits, affirmant que son ancien codétenu pourrait être l’auteur de certains faits. Celui-ci a livré mardi à la barre un récit d’horreur, détaillant toutes les tortures que Gouget lui aurait fait subir pour obtenir des courriers d’aveux.

    Condamné en 2008 pour viol, en 2012 on l’attrape à nouveau. Ca vaut le coup de violé, c’est pas cher.
    Je garde ce fait divers pour le vocabulaire du chasseur et #virilo-carnisme
    Le viol c’est comme un bon steak, un petit plaisir de l’homme et puis il y a pas mort d’homme comme dirait je sais plus qui, on va pas encombré les prisons avec de bons chasseurs bien de chez nous qui ne s’attaquent qu’à leurs proies naturelles, les biches, les gazelles, les chiennes et j’en passe.
    #chasse #proie #prédateur #culture_du_viol #essentialisme #complémentarité

    • Le braconnier a le même but que le chasseur, sauf que la tuerie de ce dernier est inscrit dans la loi. A suivre le raisonnement de l’avocat général, il existe des espaces où le viol est légal. Arg

    • C’est l’occasion de rappeler que dans l’évangile Jesus acceptait avec complaisance de se faire laver les pieds avec des cheveux de femmes.
      https://www.universdelabible.net/lire-la-segond-21-en-ligne/luc/7.36-8.3
      Voici la fin de la parabole de la femme serpillière :

      Ensuite, Jésus alla de ville en ville et de village en village. Il prêchait et annonçait la bonne nouvelle du royaume de Dieu. Les douze l’accompagnaient, avec quelques femmes qui avaient été guéries d’esprits mauvais et de maladies : Marie, dite de Magdala, dont étaient sortis sept démons,
      Jeanne, femme de Chuza l’intendant d’Hérode, Susanne et beaucoup d’autres, qui le servaient en l’assistant de leurs biens.

      Luc ne donne pas le nombre de femmes, il s’en fout, mais il prend la peine de mentionner le nombre de démons que peut contenir une femme. Ça c’est important !!! Le texte est très claire sur le fait que Jesus accepte les femmes uniquement pour le servir et leur piquer leurs fric.

      #catholicisme #servitude #religions_piège_à_cons #misogynie #complémentarité (car dans la tradition catho la femme servante est le complément de l’homme son maître).

    • @mad_meg

      Le texte est très claire sur le fait que Jesus accepte les femmes uniquement pour le servir et leur piquer leurs fric.

      il est clair là-dessus où ?
      Sinon, merci pour le tag religions_piège_à_cons, c’est toujours sympa de se faire insulter gratuitement comme ça en passant, sous un texte qu’on partage.

    • C’est dit ici ; « et beaucoup d’autres, qui le servaient en l’assistant de leurs biens. »
      Elle le servait pas en l’assistant de leur intelligence, de leur savoir, de leur qualitées oratoire, mais seulement de leurs biens et c’est dit juste après qu’une femme ai servie de paillasson avec ses cheveux.

      Pour le piège à cons je reconnais que le jeu de mot est pas très bon, c’etait pas pour traité les nonnes de connes mais pour dire que les personnes avec un con sont piégées dans cette religion, mais je me rend compte que c’est cis-sexiste. Ca reflète quant même l’idée que je me fait des religions ce qui est différent des croyant·es. La religion ca désigne le systhème politique, les croyants ce sont les individus pris dans ce systhème. Je suis solidaire des croyantes en tant que femmes (même avec Christine Boutin si on l’attaquait de manière sexiste ou si elle voulait devenir papesse) et je prend leur parti aussi bien pour le droit à porter un voile si c’est leur croyance, ou leurs trucs de religion à base de frigos, chaussettes ou je sais pas ce que les dieux ont pu inventé, du moment que ca entrave pas les autres.

      Je comprend à ta réaction que tu es catholique. J’avoue que je suis déstabilisée car ceci me semble contradictoire d’être catholique (ou croyante d’autres religions) et féministe. On m’a dit que ca existait mais j’ai jamais eu l’occasion d’en rencontrer. Je serais tenté de te demandé comment ca fonctionne mais je pense que c’est probablement trop personnel et que mon anticléricalisme viscéral t’a bien assez énervée comme ca.

      Bonne soirée à toi

    • Dans ton commentaire on sent tellement de condescendance pour les personnes qui ont la foi que bon, inutile de mettre tant de mots. Ce que tu exprimes n’est pas de l’anticléricalisme mais c’est par ce mot que tu résumes ta position pour assumer tes propos je suppose. « Être piégée dans une religion » comme tu dis, c’est un concept qui n’a rien à voir avec l’anticléricalisme, tout comme « les individus pris dans ce système ».
      Je ne suis pas piégée dans une religion, j’ai une foi qui me donne de la force dans mes combats et ta solidarité je m’en tape si elle est accompagnée de la position de celle qui suppose que je suis aliénée. J’ai suffisamment de ressources pour pouvoir compter sur des gens qui respectent ma liberté de penser.

      Enfin, on peut être féministe et femme de ménage, on peut être féministe et prostituée, on peut être féministe et nonne, on peut être féministe et porter le foulard, on peut être féministe et chef d’entreprise, on peut être féministe et ………
      Mais on ne peut pas être féministe et penser que le féminisme ne concerne que les athées parce que le féminisme avant toute chose c’est de considérer que chaque femme a un libre arbitre et fait les choix qu’elle estime lui convenir pour mener la vie de la manière dont elle l’entend : en croyant en Dieu ou en n’y croyant pas.
      C’est quand même un postulat de base.

    • Je conteste pas la liberté aux femmes de faire ces trucs de croyance mais j’ai ma liberté de dire ce que j’en pense.
      On peu être féministe et raciste, féministe et homophobe, féministe et donner son argent et son temps à une organisation voué au viol d’enfants... On peu être féministe et macroniste, féministe et tout et n’importe quoi. Je le sais bien et j’en dit ce que j’en pense. Droit que tu me conteste alors que je conteste pas le tien de croire tes trucs cathos.

    • Non, on ne peut absolument pas être féministe et raciste ni féministe et homophobe, et dans cette organisation dont tu parles non plus.
      Je ne te conteste par ailleurs aucun droit, c’est toi qui viens vers moi pour me demander de t’expliquer comme je peux être féministe et croyante, alors que ton positionnement ne me donne aucune envie d’échanger avec toi sur ce sujet.

  • Jeanne Favret-Saada, l’irréligieuse

    http://www.lemonde.fr/livres/article/2017/10/26/jeanne-favret-saada-l-irreligieuse_5206072_3260.html

    L’anthropologue a signé en 1977 un grand livre sur la sorcellerie en Mayenne. Elle s’intéresse désormais aux questions de blasphème et aux «  cabales dévotes  » dans le monde contemporain. Son nouvel essai en témoigne

    Une jeune agrégée de philosophie vite passée du côté des sciences sociales (qu’elle enseigna au début des années 1960 à l’université d’Alger, où elle succédait à Pierre Bourdieu) : le parcours de Jeanne Favret-Saada aurait pu être parfaitement rectiligne. Quand on s’étonne qu’elle n’ait pas soutenu de thèse et n’ait pas cherché dans quelque territoire inconnu l’initiation attendue de tout anthropologue, elle répond en souriant qu’en Mai 68, elle avait fait sa propre révolution.

    Nommée à Nanterre, la voici qui décide de choisir pour terrain d’exploration… la France : « Il fallait être là… » L’un de ses étudiants, pion dans un lycée de Laval, lui parle de l’atmosphère de violence qui régnait alors dans le bocage mayennais. En 1969, elle décide d’y mener une enquête sur la sorcellerie : « J’ai toujours abordé le social par sa mise en crise, confie-t-elle. Je suis arrivée sur place le jour de la Toussaint, et j’ai été saisie par l’atmosphère qui y régnait : toute une région célébrait la mort. »

    D’emblée, elle se heurte au silence : la sorcellerie, comme n’importe quelle superstition, ce sont les autres qui en sont victimes… Pour cette ethnographe formée à une stricte neutralité, impossible toutefois de s’en tenir à un rôle d’observatrice. C’est que, en sorcellerie, la parole ne se limite jamais à informer : elle est directement action, et action violente, devant entraîner la mort. Une fascinante révolution méthodologique survient alors, à la faveur d’un quiproquo : un jour, des paysans prennent la chercheuse pour une désensorceleuse ; la voici embarquée dans un incroyable « procès de parole », dont elle tirera Les Mots, la mort, les sorts (Gallimard, 1977), devenu un classique de l’anthropologie.

    Ces émotions individuelles ou collectives, un terrain d’études privilégié

    Affronter la part de violence qu’impliquent les rapports sociaux, c’est bien ce qui définit l’approche de Favret-Saada, dont la présence est pourtant faite d’écoute, de douceur, de retenue. Pour elle, qui a également exercé en tant que psychanalyste pendant près de vingt ans, ces émotions individuelles ou collectives que nous ignorons, parce que nous n’y voyons que superstitions ou bigoterie, sont un terrain privilégié.

    Rien d’étonnant donc à ce que, en 1989, Jeanne Favret-Saada ait choisi de consacrer un séminaire aux accusations de blasphème, premier jalon de l’essai qu’elle publie aujourd’hui : Les Sensibilités religieuses blessées. Longtemps, ses collègues jugeront son nouvel objet de recherche aux marges de la discipline, comme si les cabales religieuses récentes provenaient d’un monde encore plus éloigné que celui de la sorcellerie.

    « En octobre 1988, je logeais au-dessus du cinéma Espace Saint-Michel, à Paris, auquel des intégristes ont mis le feu pour protester contre La Dernière Tentation du Christ, de Scorsese. Très peu après, à Londres, c’était l’affaire Rushdie. J’ai immédiatement pensé : “Ces crises sont notre avenir pour longtemps.” J’ai donc enquêté sur ces deux affaires, à Paris et à Londres puis, en 2005, au Danemark, sur les visages de Mahomet publiés dans Jyllands-Posten. » Mais l’essai qu’elle en tire deux ans plus tard (Comment produire une crise mondiale avec douze petits dessins, Les Prairies ordinaires, 2007 ; rééd. Fayard, 2015) ne rencontre pas l’écho mérité. Idem pour Jeux d’ombres sur la scène de l’ONU ­ (L’Olivier, 2010), où elle détaille les manœuvres par lesquelles, à la fin des années 1990, l’Organisation de la conférence islamique (OCI) a opposé l’idée de « diffamation des religions » à la déclaration des droits de l’homme.

    Jeanne Favret-Saada se heurte alors à un déni paradoxal : la sorcellerie paraissait assez « exotique » pour éveiller notre curiosité ; mais sur l’activisme de groupes dévots que nous côtoyons sans les voir, nous préférons les discours sensationnalistes. « C’est pourtant une tâche de l’anthropologie : montrer des catégories de gens que nos préjugés nous ont rendus invisibles. Il existe parmi nous des croyants révulsés par le pluralisme des sociétés sécularisées, et certains parmi eux sont prêts à se mobiliser. Or nous les traitons comme des fantômes du Moyen Age. »

    Cabales chrétiennes

    Croyait-on, en effet, que le blasphème relevait des livres d’histoire ? Jeanne Favret-Saada montre qu’il n’en est rien. Son enquête a pour point d’arrivée les crises spectaculaires survenues dans le monde musulman depuis la parution, en 1988, des Versets sataniques, de Salman Rushdie (Christian Bourgois, 1989).

    Mais l’essentiel de sa démonstration porte sur une série de cabales chrétiennes que l’on croyait déjà bien connaître, de La Religieuse, de Jacques Rivette (1966), jusqu’à La Dernière Tentation du Christ, de Martin Scorsese. « Les musulmans ont hérité d’une stratégie mise en place depuis plus de vingt ans par des activistes chrétiens afin d’adapter l’accusation de blasphème à nos sociétés pluralistes, dit-elle. Car les dévots ont peu à peu compris qu’il ne fallait plus se présenter comme la majorité morale, mais au contraire comme une minorité discriminée, autrement dit retourner les droits de l’homme et l’antiracisme (qu’ils exècrent) à leur profit en se présentant comme des victimes, heurtées dans leur sensibilité religieuse. »

    Les attaques lancées contre Je vous salue Marie (version moderne de l’histoire de la Vierge, par Jean-Luc Godard), en 1985, en offrent un exemple. Comme Mgr Lefebvre peu de temps avant lui, Bernard Antony, figure du Front national, avait fustigé un « racisme antifrançais et antichrétien », et exploité la loi Pleven de 1972 qui sanctionnait l’hostilité envers un individu ou un groupe en raison de ses origines religieuses, ethniques ou raciales.

    Mais la réception du film de ­Godard montra également que les lignes commençaient à bouger : si les intégristes fustigèrent le film, le public catholique, lui, s’enthousiasma, et l’épiscopat se montra prudemment favorable. Ironie supplémentaire : c’est la presse de gauche qui éreinta Je vous salue Marie, que le cinéaste finit par retirer des écrans italiens lorsque Jean Paul II déclara que le film blessait les « sentiments religieux des croyants ». Ultime victoire des « croisés » : si le président du tribunal de grande instance de Paris, Pierre Drai, rejeta la demande d’interdiction du film, il introduisit néanmoins un droit au « respect des croyances », véritable cheval de Troie des cabales dévotes.

    Ce que notre « modernité » nous cache

    « Dans le christianisme, note Favret-Saada, le blasphème comme “traitement indu” infligé à une entité sacrée relève du juge religieux. Aujourd’hui, c’est un dévot (ou un groupe de dévots) qui porte ce jugement, mais devant l’opinion publique et une justice démocratique. Là encore, il existe une scène de parole, qui déclenche un dispositif contraignant tous les autres acteurs sociaux à prendre position, souvent malgré eux. » En particulier la hiérarchie catholique, adroitement mobilisée lors de l’affaire de La Religieuse mais beaucoup plus réticente par la suite, sous l’effet de l’aggiornamento post-Vatican II. Toute l’ironie de telles affaires est qu’aucun des cinéastes attaqués n’entendait tenir un propos antichrétien ou même anticlérical.

    De la sorcellerie aux dévots contemporains, Jeanne Favret-Saada est allée toujours plus loin dans son implication. Discrète comme elle, son œuvre est essentielle parce qu’elle fait apparaître ce que notre « modernité » nous cache. L’anthropologie n’y est plus simple observation, mais intervention. « Les Sensibilités religieuses blessées est un livre politique, oui, c’est vrai, conclut-elle, mais en tant que tout chercheur est engagé dans le parti de la liberté d’expression. »

    Si l’accusation de blasphème est devenue incompatible avec la liberté d’expression, les coalitions dévotes, chrétiennes depuis les années 1960, puis musulmanes à partir de la fin des années 1980, n’en sont pas moins parvenues à imposer l’idée que certaines œuvres blessaient les « sensibilités religieuses ».

    Il y a plus de vingt ans de cela, Jeanne Favret-Saada avait consacré un séminaire à la plus célèbre histoire de censure au cinéma : celle qui concerna le film que Jacques Rivette avait tiré, en 1966, de La ­Religieuse, de Diderot (1796). A l’époque toutefois, elle était guidée par l’historien Emile Poulat. Lequel (aveuglement ou respect d’une sorte d’omerta ?) avait formellement écarté l’hypothèse d’un complot décidé au plus haut niveau. Depuis, l’accès à plusieurs fonds d’archives a prouvé que, sans l’intervention secrète du cardinal Feltin auprès du président de Gaulle, jamais les quelques « croisés » à la manœuvre ne seraient parvenus à faire interdire un film – au demeurant fort respectueux – avant même son tournage…

    L’essai de Jeanne Favret-Saada prend lui-même une dimension épique lorsqu’il est question des mobilisations – dont l’ampleur stupéfie – contre La Dernière Tentation du Christ, de Martin Scorcese, de 1983 jusqu’à la sortie du film en France en 1988. Trois univers s’y heurtent violemment : les dévots, dont l’image rétrograde masque l’extrême détermination ; les autorités ecclésiastiques, prises entre l’activisme de ces minorités et l’adaptation au monde contemporain ; enfin le monde de la culture, à des années-lumière de religieux qui lui paraissent, à chaque affaire, venir droit du Moyen Age, et dont il sous-estime dès lors l’influence.

    • Car les dévots ont peu à peu compris qu’il ne fallait plus se présenter comme la majorité morale, mais au contraire comme une minorité discriminée, autrement dit retourner les droits de l’homme et l’antiracisme (qu’ils exècrent) à leur profit en se présentant comme des victimes, heurtées dans leur sensibilité religieuse.

      Même technique pour les #masculinistes qui se font passé pour des victimes. Sois disant victimes des divorces, victimes de ne plus pouvoir « séduire » ou de prétendue « misère sexuelle » et « enfants dans le dos ». Ils sont souvent religieux mais pas toujours.

    • Sur les nouvelles méthodes des militant·e·s religieux voire aussi ceci :
      La croisade « anti-genre », du Vatican aux Manifs pour tous - entretien avec Sara Garbagnoli et Massimo Prearo
      http://feministesentousgenres.blogs.nouvelobs.com/archive/2017/10/03/la-croisade-anti-genre-du-vatican-aux-manifs-pour-tous-entre-607259.html

      Nous nous inscrivons dans le sillage des recherches qui sont menées dans de nombreux pays depuis le début des années 2010 sur ces mobilisations. David Paternotte et Roman Kuhar ont dirigé un ouvrage collectif, Anti-gender Campaigns in Europe, qui vient d’être publié [5] et qui, très bonne nouvelle, sera bientôt traduit en français. En analysant quinze cas nationaux différents, ce livre constitue un formidable outil pour comprendre ce qui est en train de se passer dans un nombre toujours croissant de pays. Les répertoires d’actions de ces militant-e-s traversent les frontières, circulent et s’hybrident, grâce à l’implication d’organismes supranationaux tels le World Congress of Families ou à travers des échanges plus informels entre groupes conservateurs ou traditionalistes de différents pays. Il s’agit, en fait, d’un vaste mouvement réactionnaire transnational qui utilise une rhétorique élaborée par le Vatican dès le milieu des années 1990. Il la décline selon des spécificités liées aux histoires nationales, avec l’appui des réseaux de l’activisme anti-avortement, des mouvements ecclésiastiques, des groupes d’extrême-droite locaux. L’opposition au « gender » constitue une « colle symbolique », pour reprendre l’expression de Andrea Peto, Eszter Kováts et Maari Põim [6], qui permet à différents groupes et acteurs conservateurs, d’extrême droite, traditionalistes ou populistes, de collaborer, malgré leurs différences, voire leurs antagonismes. Il faut, donc, que l’analyse prenne toujours en compte, et en même temps, la dimension transnationale de ces mouvements et leurs spécificités nationales.

      Massimo Prearo : Dans notre livre, nous mettons en évidence comment, par exemple, la reconnaissance des études de genre dans l’université française a empêché, dans une certaine mesure, les « anti-genre » d’utiliser la rhétorique du « gender » comme ovni provenant des campus nord-américains. La circulation de la notion de genre, déjà présente en France, a entravé en quelque sorte l’usage déformé qu’en font les « anti-genre », même si, dans le débat public, on voit bien comment on continue à parler de « la théorie du genre » sans questionner la provenance de cette expression. En Italie, la présence fragile et la faible reconnaissance des études de genre ainsi que l’hégémonie du courant féministe différentialiste, au contraire, a permis une réelle « contamination » de la part des mouvements « anti-genre » du discours public. Tout le monde, y compris la grande partie des militant-e-s LGBTQI, d’ailleurs, adoptent les expressions (vides de sens) « le gender » (en anglais) ou « ideologia gender ».

      Le Vatican n’est pas seulement misogyne, mais, malgré ce qu’il dit, foncièrement antiféministe. Le dispositif discursif « anti-genre » vise au premier chef les féministes (anti-essentialistes) que le Vatican rebaptise – à travers une stratégie, encore une fois, d’étiquetage déformant – les « féministes du gender ». Il leur oppose un « nouveau féminisme » censé célébrer les vertus de « la différence sexuelle ». Il faut dire aussi que, au-delà du fait que le genre est une arme qui dénaturalise, le Vatican s’en prend à cette notion parce qu’elle n’est pas seulement un concept qui, avec ses différentes définitions, renvoie à diverses théories sur la nature sociale des groupes de sexe et, plus généralement, à un champ d’études. Le genre est aussi une catégorie mobilisée par le droit, l’administration, les instances politiques. Le Vatican a donc tenté de faire d’une pierre plusieurs coups. Cibler le genre – comme concept, comme théorie, comme champ, comme catégorie politique – est bien pratique car ça permet d’atteindre beaucoup de monde. Cela dit, l’opposition du Vatican au genre ne se caractérise pas seulement par sa précocité et par sa force, mais aussi par le type de riposte mis en place. Le Vatican s’oppose au concept de genre en créant un pseudo-concept, qu’il fabrique à travers des techniques de déformation et des mésusages conceptuels sous la forme d’un répertoire d’étiquettes telles que « la-théorie-du-genre », « idéologie du genre » ou « le gender », contre lesquelles il mène une bataille acharnée. Cet étiquetage a trois fonctions politiques principales : construire un ennemi unique et épouvantable, fédérer un front de mobilisation, en permettant de nouvelles connexions entre différents groupes conservateurs, et créer une vague de panique morale autour d’une prétendue « colonisation idéologique » dont les premières victimes seraient les enfants, mais aussi les habitant-e-s des pays anciennement colonisés. La référence notamment aux pays d’Afrique qui seraient à nouveaux « colonisé-e-s », cette fois de manière sournoise par « le lobby gay », revient constamment dans le discours des « anti-genre ». Il n’est pas anodin que le Quatrième Rapport annuel de la doctrine sociale de l’Église ait été consacré à la question de ce que le Vatican appelle « la colonisation de la nature humaine ». Il est intéressant de voir comment, tout en mobilisant la notion de « colonisation » contre ses adversaires, le Vatican s’inscrit dans la vaste cohorte des défenseurs d’une « théorie positive de la colonisation ». Dans ce texte, on lit que : « L’idéologie du gender est un nouveau colonialisme de l’Occident sur le reste du monde. Parmi beaucoup d’aspects négatifs, l’ancienne colonisation en a eu aussi d’héroïques (sic !). Elle était animée par un désir d’exporter quelque chose de significatif (re-sic !), tandis que cette nouvelle colonisation occidentale n’est que l’exportation du néant ». Il ne faut pas beaucoup de lignes aux rédacteurs de cet ouvrage pour exprimer, à la fois, leur sexisme, leur homophobie, leur transphobie et leur racisme.

      Cette métamorphose a notamment été élaborée tout au long du pontificat de Jean-Paul II (1978-2005) et se caractérise par un changement de référence : de la soumission des femmes aux hommes, on passe à l’égalité dans la différence et à la #complémentarité entre les sexes.

      La notion de « nationalisme sexuel » a été théorisée, sous l’impulsion des études intersectionnelles et post-coloniales, pour nommer les articulations, les imbrications entre le processus de construction de l’« identité nationale » d’un pays et l’élaboration d’une norme sexuée et sexuelle pensée comme « naturelle », « normale », légitime au sein d’un tel contexte. Ce processus s’accompagne d’une racisation contextuelle des groupes exclus de cette norme nationale. Une telle notion nous a paru utile pour montrer comment le discours « anti-genre » du Vatican est porteur d’une forme bien spécifique de nationalisme sexuel qui combine l’exclusion des couples et des familles LGBTQI et celle des personnes musulmanes.

      Ce « nationalisme sexuel » se trouve sous les appellation de « séduction à la française » ( beaucoup utilisé pendant l’affaire DSK et réactualisé par les misogynes actuels) ou « gauloiserie » (le mot gauloiserie viens d’une collection d’almanach porno du XVIIIeme ), la prétendue « courtoisie » et « galanterie » mis en opposition à un « puritanisme anglo-saxon » ou le machisme des « garçons arabes ».

      D’un côté, une telle réussite tient aux déguisements de ce discours : il s’affiche comme séculier, scientifique et même féministe, alors qu’il est religieux, doctrinaire et contre-révolutionnaire. De l’autre, il s’étaye sur le sens commun et la croyance en la naturalité de la différence et dans la complémentarité entre les sexes, que cette rhétorique ravive et sur laquelle elle se fonde.

  • Le Vatican et la croisade « anti-genre » : prêcher l’inégalité par d’autres moyens - Les mots sont importants (lmsi.net)
    http://lmsi.net/Le-Vatican-et-la-croisade-anti

    La « guerre au gender » ne date pas de la Manif pour tous. Ou plutôt la manière bien particulière dont la Manif pour tous s’est opposée à l’ouverture du mariage aux couples de même sexe est l’héritage d’une plus longue histoire. Dans son livre La loi de la parenté, l’historienne Camille Robcis propose une généalogie savante du dogme de la « différence des sexes », façonné par des universitaires comme Françoise Hériter et Irène Théry à partir de penseurs structuralistes. Pour combattre la loi Taubira, la Manif pour tous a défendu la « différence des sexes » contre le « genre » - s’attaquant, à travers le genre, au dévoilement d’un système construit, organisant la hiérarchie entre les hommes et les femmes. Dans La croisade « anti-genre », Sara Garbagnoli et Massimo Prearo reviennent sur le rôle joué par le Vatican des années plus tôt. Pour contrer les avancées politiques et scientifiques du « genre », plusieurs papes vont s’efforcer de légitimer autrement la hiérarchie – en premier lieu à travers l’idée de #complémentarité entre les hommes et les femmes. La première partie de l’ouvrage, rédigée par Sara Garbagnoli, revient sur cette réélaboration idéologique qui, sous couvert de valorisation des femmes, permet de les maintenir dans la subordination.

  • Le Vatican et la croisade « anti-genre » : prêcher l’inégalité par d’autres moyens - Les mots sont importants (lmsi.net)
    http://lmsi.net/Le-Vatican-et-la-croisade-anti

    La « guerre au gender » ne date pas de la Manif pour tous. Ou plutôt la manière bien particulière dont la Manif pour tous s’est opposée à l’ouverture du mariage aux couples de même sexe est l’héritage d’une plus longue histoire. Dans son livre La loi de la #parenté, l’historienne Camille Robcis propose une généalogie savante du dogme de la « différence des sexes », façonné par des universitaires comme Françoise Hériter et Irène Théry à partir de penseurs structuralistes. Pour combattre la loi Taubira, la Manif pour tous a défendu la « différence des sexes » contre le « genre » - s’attaquant, à travers le genre, au dévoilement d’un système construit, organisant la #hiérarchie entre les hommes et les femmes. Dans La croisade « anti-genre », Sara Garbagnoli et Massimo Prearo reviennent sur le rôle joué par le Vatican des années plus tôt. Pour contrer les avancées politiques et scientifiques du « genre », plusieurs papes vont s’efforcer de légitimer autrement la hiérarchie – en premier lieu à travers l’idée de complémentarité entre les hommes et les femmes. La première partie de l’ouvrage, rédigée par Sara Garbagnoli, revient sur cette réélaboration idéologique qui, sous couvert de valorisation des #femmes, permet de les maintenir dans la subordination.

    #sexisme #religion

  • Les Inrocks - « Dernier tango à Paris » : Bertolucci reconnaît avoir planifié le viol de la comédienne Maria Schneider
    http://www.lesinrocks.com/2016/12/04/cinema/dernier-tango-a-paris-bertolucci-reconnait-organise-viol-de-comedienne-m

    L’actrice américaine Jessica Chastain a réagi à cette nouvelle en s’indignant profondément : « Pour tous ceux qui adorent ce film, vous regardez une jeune femme de 19 ans en train de se faire violer par un vieil homme de 48 ans. Le réalisateur a planifié ce viol.Cela me rend malade. »

    #culture_du_viol

    • in light of what is happening with bernardo bertolucci and marlon brando i wanted to remind people that alejandro jodorowsky (most famous for making the holy mountain) directed himself as the lead in el topo, a movie where his character rapes a woman and it was not simulated. in his book he describes finding out that actress mara lorenzio had extreme difficulties with mental health including past institutionalizations and was dependent on drugs before deciding to cast her. he then describes how on one day of the shoot he got her to exert herself until she was weak and then he rolled the camera and, in his own words, “I really…I really…I really raped her. And she screamed”.

      he tried to backpedal later in the exact same way that bertolucci has, saying that because she knew there would be a rape scene in the movie the act itself was consensual. jodorowsky is still seen as a cinematic god to many and has suffered no fallout despite the fact that his book revealing all of this came out almost nine years ago. we cannot accept that. we cannot let men off the hook for brutalizing and taking advantage of women in the name of their art.

      http://spankjonze.tumblr.com/post/154094743568/in-light-of-what-is-happening-with-bernardo

      #grand_homme #domination_masculine

    • Il me semble qu’il y a là un vrai problème de représentation. Est-ce qu’une scène de viol est indispensable ? C’est étonnant pour moi de voir que dans le dernier film d’Asghar Farhadi, le Client , dont le thème central est donc le viol du personnage féminin principal, ce soit précisément la seule chose que l’on ne voit pas, et, croyez-moi, le film ne manque pas de force.

      Il y a une vraie complaisance sur cette question de la représentation. Un autre exemple, pas un article de presse à propos de la prostitution sans une illustration qui est systématiquement du côté du racolage. Et quand on en fait la remarque les photographes répondent de façon systématique qu’il faut bien... Ben en fait non, il me semble justement que si on doit photographier la prostitution on peut très bien faire quelque chose comme ça :

      Et tout de suite nettement moins glamour

    • Pour Jodorowsky à chaque fois que je tombe sur des propos de lui il prend la peine de valoriser et normaliser le viol, les agressions sexuels, les rapport de domination sur les femmes. Par exemple à la fin du docu sur Dune, il dit de mémoire « une histoire c’est comme une mariée, il faut la violer le soir des noces sinon Ca n’est pas aussi bon. »

      Ici il déclare « une actrice, si elle couche avec son metteur en scène, c’est mieux pour l’art ! »
      http://www.francetvinfo.fr/replay-radio/tout-et-son-contraire/alejandro-jodorowsky-une-actrice-si-elle-couche-avec-son-metteur-en-sce

      Cette phrase me laisse songeuse sur le nombre de viols et d’agressions contre ses actrices qu’à du commetre cet homme.

      Il se rapproche aussi des grands hommes du cinéma misogyne comme Refn parcequ’entre ennemis déclaré des femmes on se reconnais et on fraternise http://www.telerama.fr/cinema/alejandro-jodorowsky-et-nicolas-winding-refn,59630.php

      J’imagine qu’on peu defendre Jodorowsky en prétendant qu’il cherche le scandal, mais ces phrases ne font pas scandal en patriarchie, elles servent juste à la posture pseudo rebel de ce mec, et elles sont l’expression de l’autorisation de maltraitance contre les dominees que le patriarcat donne aux « grands hommes ». Dans le docu sur Dune on peu voire aussi à quel point ce mec utilise les autres, jusqu’à son fils qu’il déscolarise pour ses lubies artistiques. Mais j’ai toujours eu à faire a des reactions de compréhension vis a vis de cet homme. « Jodorowsky il est comme ça » et c’est tout. Puisque l’art pondu par les grands hommes est au dessus de tout, surtout au dessus des femmes et des enfants. Et je rappel que ces propos misogyne et pro viol sont tenus lors d’interview et pas dans ses films.

      Ça lui arrive aussi de collaborer avec sa compagne et de tenir des propos essentialistes sur les femmes, les hommes et leur complémentarité. Je remarque qu’ici encor il collabore avec une femme avec qui il couche.

      A. J. : Dans les thèmes, l’exposition évoque aussi la relation entre l’homme et la femme. On fait une expérience que le monde a perdu : la relation complémentaire dans une œuvre, d’un homme et une femme.

      http://laregledujeu.org/2014/06/10/17190/entretien-croise-alejandro-jodorowsky-et-pascale-montandon-
      #complementarité mon cul. A voire la photo du couple on peu admirer que sa vieillesse et la jeunesse de sa partenaire doit faire partie de leur « complémentarité » et si elle a une beauté complémentaire de la laideur du bonhomme, ainsi que la notoriété de l’un face à celle de l’autre, je me demande lequel a l’intelligence complémentaire de la stupidité de l’autre.

      Et puis Jodorowsky aime bien la psychanalyse version Freud, il y trouvè son bonheur de patriarche et de grand homme. Ca le « guerie d’être soi » comme il dit ici :
      http://www.psychologies.com/Therapies/Toutes-les-therapies/Therapeutes/Interviews/Alexandro-Jodorowsky-Guerir-c-est-etre-soi

    • C’est en lien avec la phrase de Monique Wittig « Les lesbiennes ne sont pas des femmes » qui m’avait laissé dans l’expectative la première fois que je l’avais entendu. Les femmes qui ne sont pas sexuellement attractive pour les hommes cis-hétéros ne sont pas des femmes et la liste est longue - les vieilles, les grosses, les laides, les trop jeunes quant le mec est pas pedosexuel, les trop indépendantes et trop sure d’elles ne font pas beaucoup bander non plus, c’est pourquoi les hommes affectionnent les femmes plus jeunes qu’eux avec un salaire inférieur et tout ca.

      Et pour la question de l’amourrrrr, perso j’adore mon chat, et j’adore les patates et c’est pas pour autant que je vais traiter les patates comme mes égales.

      Un phallosophe comme Deleuze ne s’y trompe pas quant il parle de femmes et de chemisiers dans « D comme Désir »

      Vous pouvez dire, je désire une femme, je désire faire tel voyage, je désire ceci, cela. Et nous, on disait une chose très simple, vous ne désirez jamais quelqu’un ou quelque chose, vous désirez toujours un ensemble. Ce n’est pas compliqué. Et notre question, c’était, quelle est la nature des rapports entre des éléments, pour qu’il y ait désir, pour qu’ils deviennent désirables. Je vais dire, je ne désire pas une femme, j’ai honte de dire des choses comme ça, c’est Proust qui l’a dit, et c’est beau chez Proust, je ne désire pas une femme, je désire aussi un paysage qui est enveloppé dans cette femme, un paysage qu’au besoin je ne connais pas et que je pressens et tant que je n’aurai pas déroulé le paysage qu’elle enveloppe, je ne serai pas content, c’est à dire que mon désir ne sera pas abouti, mon désir restera insatisfait. Là, je prends un ensemble à deux termes, femme-paysage. Mais c’est tout à fait autre chose, quand une femme désire une robe, tel chemisier, c’est évident qu’elle ne désire pas telle robe, telle chemisier dans l’abstrait, elle le désire dans tout un contexte de vie à elle qu’elle va organiser, elle le désire non seulement en rapport avec un paysage mais avec des gens qui sont ses amis, ou avec des gens qui ne sont pas ses amis, ou avec sa profession etc. Je ne désire jamais quelque chose de tout seul.

      Les hommes désirent les femmes exactement comme ils désirent un chemisier et les femmes désirent seulement les chemisiers et les robes. Elles n’ont pas accès dans l’imaginaire de ce phallosophe à l’objectivation d’un homme par leur désir. Il n’y a pas d’homme-paysage et il n’y a pas de symétrie dans le désir car les femmes sont des paysages et non des êtres humains à part entière. Par contre ce phallosophe ne voie aucune difference entre une femme et un chemisier, du point de vue d’un homme, pour lui c’est le même désir « d’ensemble ».

    • Les phallosophes parlent aussi de #catharsis. Ils disent que le spectacle des violences leur purifie l’ame. En fait la catharsis est une grosse arnaque inventé par des patriarches d’une culture esclavagiste, misogyne et adoratrice de dieux violeurs. D’Aristote à Freud un long human centripède de misogyne se sont refilé le concept.

      L’art occidental ne s’adresse qu’aux hommes. Il est fait par et pour les hommes (blanc, riches, lettrés, dominants...) et si il y a une catharsis elle n’est proposé qu’aux hommes. L’Art n’a rien à dire aux femmes à part « sois belle et tait toi » ce qui est très peu cathartique. Pourtant les hommes avec toute la catharsis qu’ils ont à disposition, j’ai pas remarqué que ca les a rendu moins violent, que ca sublimait leur passion ou ce genre de trucs. Au contraire. Et les femmes, qui catharsisent si peu ne sont pourtant pas devenu plus violentes pour autant.

      Du coup c’est une grosse arnaque la catharsis. C’est le spectacle de la domination pour apprendre aux dominants comment il faut faire.
      Par exemple un film comme deap troat, que les hommes ont adoré, qu’on dit « culte » et qui est le film d’une femme réellement agressée, violée, brutalisée. A été suivi d’une forte augmentation des violences par partenaire contre les femmes et un grand nombre de femmes conduites aux urgences médicales suite à cette pratique dangereuse.

      Les soirs de foot, ou les mecs sont sensé par le sport avoir aussi l’âme élévé. En guise d’élévation il y a une augmentation statistique des violences faites aux femmes par conjoint.

      Le visionnage de porno a aussi des effets sur l’augmentation des violences sexuelles contre les filles et les femmes, augmentation du recours à la prostitution et cela surtout chez les jeunes hommes.

      Si je parle de sport ou de pornographie c’est parceque comme dans le dernier tango à Paris, il ne s’agit pas de simulé un viol, ou de simulé une pénétration sexuelle ou de simuler le fait de frapper un ballon. Ca doit avoir un nom (mais c’est proche de la télé réalité, snuff movies, happy slapping) mais l’idée commune c’est que ce n’est pas de la comédie ni de la simulation. Le fait que ca soit de la vrai violence ca plait au dominant, mais comme le dominant est hypocrite et qu’il veut toujours se faire passer pour un nice guy, il ne va pas dire qu’il aime bien regarder des tuto de dominant. Il dira qu’il en a besoin pour s’élever (comme si il était pas deja assez haut) et le grand artiste est celui qui sais faire un bel enrobage de légitimation abstraite qui va permettre aux dominants de jouir en paix de leur position d’oppresseur.

    • En lisant le témoignage de Uma Thurman dénonçant les violences sexuelles qu’elle a subit de la part de Weinstein et les violences physiques et psychologique que Tarantino lui a infligé.
      Il y a un élément qui m’a fait pensé à cette discussion

      Thurman also alleges that Tarantino undertook some of the violent stunts from Kill Bill himself. She said that he was the one “spitting in her face in the scene where Michael Madsen is seen on screen doing it and choking her with a chain in the scene where a teenager named Gogo is on screen doing it.”

      https://www.themarysue.com/uma-thurman-weinstein-tarantino

    • Oui j’avais pas pris la peine de le précisé.
      Pour l’étranglement j’avais l’impression d’avoir déjà entendu ca :

      In Inglourious Basterds, the Inglourious Basterds recruit spy/German film star Bridget von Hammersmark, played by Diane Kruger, to infiltrate a movie premiere in an attempt to kill Hitler and other top Nazi officials, and thus give birth to the Tarantino Universe. SS officer Hans Landa discovers her as a spy, lures her into a private room, and chokes her to death.

      However, Quentin Tarantino was unimpressed with choking scenes in other movies, in that actors are rarely in any considerable danger while shooting them, and convinced Kruger to be strangled for real in order to get the scene just right. Fearing that actor Christoph Waltz would choke her too much or too little, Tarantino decided to take matters into his own hands. Literally, his own hands.

      In this interview, Tarantino tells us, “What I said to her was, I’m gonna just strangle you, alright? Full on, I’m gonna cut off your air, for just a little bit of time. We’re gonna see the reaction in your face and I’m gonna yell cut.” Kruger went “Yep, that sounds like a reasonable thing a director would ask of me” and let Tarantino sit on top of her and choke her to the point of unconsciousness.

      OK, at this point we seriously have to question if Tarantino wrote this entire movie to justify choking a beautiful woman while dressed as a Nazi, because the entire budget was probably still cheaper than hiring one of those high-end Hollywood hookers. Fortunately for Kruger, they got the shot in one take and that’s the one that appears in the movie. Tarantino then reportedly gave the crew 15 minutes and had to take a long bathroom break.

      http://www.cracked.com/article_20589_6-amazing-performances-by-actors-who-werent-acting-part-2.htm

    • “Personally,” Thurman said, “it has taken me 47 years to stop calling people who are mean to you ‘in love’ with you. It took a long time, because I think that as little girls we are conditioned to believe that cruelty and love somehow have a connection and that is like the sort of era that we need to evolve out of.”

      sortir de la #culture_du_viol c’est juste terrible quand tout concourt à persuader une femme de trouver normal que l’amour soit mélangé à la violence, l’oblige à accepter de se mettre gravement en danger. Son témoignage est bouleversant, on sent bien qu’il a pas faillit la tuer, il a voulu la tuer, le film était fini, ils n’avaient plus besoin d’elle …

      But at least I had some say, you know?” She says she didn’t feel disempowered by any of it. Until the crash.

    • Ca aurais ajouter de la médiatisation à son film. Dans mes recherches sur la misogynie de Tarantino la plus part des articles prennent un ton gogunard. Tarantino ajoutant lui même qu’il a du partir 15 minutes aux toilettes. Ca m’a fait pensé à une figurine collector le représentant qui s’appel « Violeur N°1 » :

      Cervulle analyse également la manière dont l’ironie et la réflexivité de Tarantino « lui ont permis de se jouer des critiques qui lui furent adressées et de déjouer les attaques à son encontre »[24]. Un exemple qu’il prend pour illustrer cela est la figurine « Rapist N°1 » à l’effigie du réalisateur. Cette figurine représente le soldat interprété par Tarantino dans Planète Terreur (le film de Robert Rodriguez constituant un diptyque avec Boulevard de la mort), qui tentait de violer l’héroïne avant de se faire transpercer les yeux. Comme l’analyse Cervulle, cette scène du film (et la figurine qui lui correspond) parodient les analyses des féministes qui accusent certaines représentations (et donc certains réalisateurs) de contribuer à la perpétuation des violences masculines sur les femmes. Au lieu de prendre ces critiques au sérieux, Tarantino préfère les tourner en dérision en incarnant un violeur agressant l’une des actrices (dont il met en scène le meurtre violent dans Boulevard de la mort). Par ce geste, c’est comme si le réalisateur riait au nez des critiques féministes en revendiquant (sur un mode réflexif et ironique) son statut de « réalisateur-violeur » (c’est-à-dire de réalisateur complice de l’objectification/oppression des femmes), de ce rire décomplexé de l’homme content de ses privilèges, qui n’a strictement aucune envie de commencer à les mettre un tant soit peu en question.

    • « Un des plus grands regrets, plus que de ma carrière, de ma vie »

      Dans une interview au webzine Deadline, le réalisateur répond indirectement à l’actrice. « Je suis coupable. Coupable de l’avoir mise dans cette voiture mais pas de la façon dont les gens le décrivent. » Le réalisateur, qui n’a pas rencontré la journaliste du New York Times ayant recueilli l’interview d’Uma Thurman et n’a donc pas pu exprimer sa version des faits, la donne ici. Il explique que, à la demande de Thurman, il est allé chercher dans les archives la bande de l’accident, qu’il n’a pas volontairement dissimulée pour éviter que l’actrice porte plainte. « Je savais qu’ils [la production, ndlr] ne l’auraient pas laissé voir cette bande, mais je ne pensais pas qu’elle croyait que j’étais de leur côté », explique le réalisateur. Tarantino veut s’extraire des considérations sur l’éventualité de poursuites judiciaires et dit se réjouir d’avoir pu lui apporter les images tant d’années après. « Cela pourra l’aider à se représenter ce qui s’est passé. Je ne sais pas ce qui a provoqué cette sortie de route. Uma non plus. […] Je me disais : si je retrouve la bande et si elle la diffuse, un expert en accident pourra déterminer ce qui s’est exactement passé. » Il explique que, pour lui, la route sur laquelle l’actrice conduisait à près de 60 km/h ne présentait pas de difficultés. Il n’a pas forcé l’actrice à conduire, il lui a juste proposé. Elle lui a fait confiance et est montée dans la voiture. Il regrette amèrement l’avoir laissé partir seule : « Un des plus grands regrets, plus que de ma carrière, de ma vie. »

      Tarantino s’est aussi défendu d’avoir eu un comportement déplacé à propos du crachat. « Vous avez déjà vu des films où quelqu’un crache au visage de quelqu’un d’autre ? » demande le réalisateur. « Plein de fois », répond le journaliste de Deadline. Tarantino reprend : « Et bien, c’était exactement ça. Une scène où quelqu’un crache au visage de quelqu’un d’autre. Je peux vous expliquer exactement pourquoi je l’ai fait, mais je ne vois pas où est le problème ? […] Je présume que si le plan avait montré Michael Madsen cracher sur son visage, cela n’aurait pas causé de soucis. Mais ce n’était pas le plan. Le plan était : Michael Madsen a du jus de chique dans la bouche. Et il en crache une partie. On raccorde sur le visage de Uma, sur le sol, qui reçoit le crachat. Evidemment que c’est moi qui ai craché. Qui auriez-vous voulu que ce soit ? Un technicien ? » S’ensuit une description du crachat que Tarantino voulait et qu’il était à ses dires le seul à pouvoir réaliser en peu de prises, pour éviter de mettre son actrice mal à l’aise.
      Eventuel territoire de non-droit sur les plateaux de tournage

      Quant à l’utilisation d’une chaîne pour la scène d’étranglement, ce serait une suggestion de Uma Thurman elle-même. Le réalisateur explique : « Je peux toujours jouer l’étranglement, mais si vous voulez que j’aie le visage tout rouge et que les larmes me montent aux yeux, alors il faut vraiment m’étouffer. » Uma Thurman l’aurait même incité. Et Tarantino a d’ailleurs repris cette idée dans Inglourious Basterds, sur la personne de Diane Kruger. Ces descriptions interrogent sur les relations de confiance entre metteur en scène et acteurs (celles entre Thurman et Tarantino furent rompues après l’accident), ou sur la délimitation d’un éventuel territoire de non-droit au sein des plateaux de tournage. « Ce que j’aimerais faire, avec ta permission, c’est juste… t’étrangler, avec mes mains, pour un gros plan. Je le ferai pendant trente secondes, et j’arrêterai. Si nous devons recommencer une seconde fois, nous le ferons. Et après, ce sera tout. » Voici comment Tarantino décrit la façon dont il a présenté les choses à Kruger. Une actrice est-elle en mesure de refuser, et de priver le réalisateur de son gros plan plus vrai que nature, sans imaginer de possibles conséquences pour sa carrière ? L’affaire Weinstein relance aussi ce genre d’interrogations.

      Quentin Tarantino estime enfin, après l’indignation générale que l’interview a suscitée, qu’Uma Thurman ne cherche pas à l’impliquer outre mesure et qu’il ne se sent pas blessé. Il prépare un film sur l’assassinat de Sharon Tate par les membres de la Manson Family. Il est au centre d’une nouvelle polémique sur Twitter, après qu’une interview de 2003 où il estimait que Roman Polanski « n’avait pas violé » Samantha Geimer, 13 ans à l’époque, a été exhumée.

    • La cérémonie des Césars de 2020 illustre bien mon idée que l’art sert de tutoriel et de caution aux hommes pour violenter les femmes, les enfants et tout ce qu’ils veulent. La catharsis dans le cinéma français consiste à faire fermer leur gueule aux victimes de viol. C’est la fonction politique du « J’accuse » primé plusieurs fois cette année et plébiscité par le publique français dans les salles. L’intégrité physique des femmes et des filles n’est rien face au droit des hommes à sodomiser des enfants de 13 ans du moment qu’ils en ont le mérite (par leur sexe, leur race, leur classe, et leur aptitude à légitimé les violences masculines).
      Ainsi le césar du meilleur réalisateurs de viols de 2020 fut décerné à Polanski.

      Le talent c’est de faire fantasmé les dominants et les déculpabiliser. Le génie est toujours accordé au masculin car le géni par son statu divin, est au dessus du droit humain (ce qui est impossible aux femmes et aux filles qui sont au dessous du droit humain). Un géni ca peut violer des enfants, tout lui est permis, ce qui est interdit c’est de leur en faire le reproche.
      #mérite #talent #génie #culture_du_viol #violophilie #césar #cinéma

  • Histoire des #femmes du #Pérou et de la région andine
    http://theses.ulaval.ca/archimede/fichiers/24272/ch04.html

    Karen Powers Vieira (2000) et Irene Silverblatt (1990 : 3, 36) expliquent qu’avant la #colonisation, le système #inca andin était basé sur la #complémentarité et le parallélisme : les femmes et les hommes de la société opéraient dans deux sphères autonomes, valorisées de manière relativement équivalente. Chacun des groupes disposait de sa propre organisation politique et religieuse. Ce parallélisme assurait aux femmes et aux hommes des droits égaux quant à la #propriété terrienne. Les filles héritaient de leur mère ; les fils, de leur père.

    Sur le plan politique, les reines étaient à la tête d’un réseau politique qui connectait toutes les femmes de l’empire (SILVERBLATT, 1990 : 90). La Coya, sœur et épouse de l’Inca, chapeautait la hiérarchie politique des femmes, qui existait en parallèle à celle des hommes (SILVERBLATT, 1990 : 11). Les deux systèmes se rejoignaient au sommet : au plus haut niveau, les positions importantes, dont celles de l’Inca et de ses conseillers, étaient presque toujours réservées à des hommes. Cependant, les épouses des dirigeants influents bénéficiaient aussi de prérogatives politiques substantielles. De plus, avant d’intégrer l’empire inca, certaines ethnies de la côte du Pérou et de l’Équateur étaient dirigées par des femmes. Lorsque l’empire en question a conquis ces peuples, leurs dirigeantes ont été intégrées au système inca en vigueur et elles ont maintenu leur position élevée dans la hiérarchie (ROTSWOROWSKI, 1992 : 34-35 et POWERS VIEIRA, 2000). Ainsi, quelques femmes occupaient aussi des postes officiels importants.

    Sur le plan de la religion, les femmes étaient considérées les filles de la lune [32] et les hommes, les fils du soleil. Les femmes avaient leurs déesses, leurs cérémonies et leurs prêtresses ; les hommes avaient les leurs. Les dieux avaient à la fois les caractéristiques associées à la masculinité et à la féminité, ainsi qu’une version corporelle des deux sexes. La confession, de même que la guérison, était une fonction autant masculine que féminine (SILVERBLATT, 1990 : 31-40). Le mariage était l’union de pairs égaux dans une visée d’équilibre et d’harmonie. La polygynie était pratiquée par les hommes politiques importants et les mariages entre les ethnies servaient des fonctions politiques. Au sein du peuple, la monogamie était pratiquée (POWERS VIEIRA, 2000).

    Chez les Incas, la notion de travail renvoyait au bien-être de la communauté en général. Les tâches étaient divisées en fonction de l’âge et du sexe. Les femmes s’occupaient des semences, du tissage, de la nourriture et du soin des enfants ; les hommes travaillaient la terre et assuraient la défense ; les récoltes se faisaient par tous. La gestion était pensée de manière globale. Par exemple, on envoyait des agriculteurs cultiver les terres éloignées pour produire des denrées auxquelles les sociétés andines n’avaient autrement pas accès. Cela permettait d’offrir une variété étendue d’aliments nutritifs sur une vaste région (POWERS VIEIRA, 2000 et SILVERBLATT, 1990 : 3).

    Cette vision de la société inca telle que décrite par Karen Powers Vieira, Irene Silverblatt et María Rotsworowski apparaît un peu idéalisée, phénomène qui s’explique en partie par la quête d’identité qu’occasionne un processus de la colonisation. Cependant, chez les Incas, la collectivité était très importante et le système, hautement hiérarchisé, cherchait toujours la complémentarité entre les hommes et les femmes. Chacun des groupes avait son espace politique et religieux, ces deux espaces étaient d’ailleurs fortement reliés.
    3.1.2 Colonisation

    Les institutions coloniales ont contribué à rompre les alliances qui soutenaient l’organisation socio-économique précolombienne. Le cadre idéologique de ces institutions incarnait une vision de l’univers étrangère aux autochtones. Pour les Espagnols, la nature et l’humanité se définissaient en fonction de leur valeur marchande. Leur manière de concevoir les relations entre la nature et la société, entre les groupes sociaux et entre l’homme et la femme a bouleversé le cadre de référence des peuples andins (SILVERBLATT, 1990 : 81).

    Le processus de colonisation a complètement bouleversé la représentation des femmes. Premièrement, la colonisation a mis un terme à leur rôle politique : elles ont été écartées du groupe inca qui s’est vu attribuer des fonctions au sein du gouvernement colonial. Deuxièmement, elles ne pouvaient plus occuper de fonctions religieuses et leur accès à l’éducation a été restreint. Troisièmement, la loi espagnole ne reconnaissait pas la femme comme l’égale de l’homme [33] . Pendant un certain temps, les femmes ont continué à jouer un rôle politique important dans la sphère informelle, mais il s’est progressivement estompé. L’évangélisation et l’imposition du nouveau système ont ainsi détruit la société des Incas, auparavant basée sur les principes de complémentarité, de réciprocité et de redistribution (SILVERBLATT, 1990 : 90).

    La colonisation a contribué à l’intensification progressive d’un système patriarcal où seuls les hommes avaient l’autorité dans les affaires religieuses et politiques, au sein de la famille et du ménage. Selon Powers Vieira, un changement dans la conception des rapports sociaux de sexe est survenu dès la fin du XVI e siècle, alors que la descendance patrilinéaire et la résidence patrilocale ont fortement désavantagé les femmes. De plus en plus, les hommes ont accaparé du pouvoir au sein de l’Église catholique, de l’État, de la communauté et du ménage :

    By the end of the sixteenth century, patriarchal notions of male dominance in the affairs of church, state, community and household not only governed colonial laws but had seeped into gender relations inside Andean communities. The official elimination of gender parallel political and religious organizations deprived indigenous women of autonomy and gave way to a system in which they were forced to depend on men to represent them both on earth and in the supernatural world (POWERS VIEIRA, 2000).

    #patriarcat #sexisme #histoire #droit_foncier

  • Fifty Shades of Abuse | Le cinéma est politique
    http://www.lecinemaestpolitique.fr/forums/topic/fifty-shades-of-abuse/#post-28945

    Mais enlevons le sexe de l’équation pour quelques minutes. Parce qu’en regardant ce film, j’ai été complètement terrassée parce que j’ai vu. Et par ce que des millions de femmes ont accepté comme étant une relation à laquelle aspirer.
    Christian rencontre Ana. Il est immédiatement obsédé par elle. Il trouve l’endroit où elle travaille, et s’y pointe sans prévenir. Il localise son téléphone une nuit et la confronte dans la rue. Il s’introduit même dans sa maison et l’effraie en rentrant dans sa chambre, alors qu’elle est seule.
    Quand ils commencent à sortir ensemble, il se met immédiatement dans une position de contrôle total. Il joue avec ses émotions et la désoriente, par exemple en l’embrassant tendrement, puis en la repoussant. Il refuse de partager son lit avec elle après qu’ils aient couché ensemble. Après à peine quelques jours, elle est déjà en larmes à cause de la manière dont il la traite. Elle se retrouve à regarder d’un œil envieux les couples qui ont l’air heureux et qui se montrent affectionnés l’un envers l’autre.
    Il lui achète un ordinateur pour qu’il puisse la contacter quand il veut. Il vend sa voiture et lui en achète une autre, qu’il a choisie, tout ça sans le lui demander. Il lui dit qu’elle n’a pas le droit de parler à qui que ce soit de ce qui se passe entre eux deux sous peine de voir leur relation s’arrêter. Il l’isole clairement de ses amis et de sa famille.
    Il choisit les vêtements qu’elle porte, le médecin qu’elle voit, le contraceptif qu’elle prend, la nourriture qu’elle mange. Elle n’a pas le droit de trop boire. Il lui dit que c’est son travail de lui plaire, et que si elle ne le rend pas heureux selon ses critères exacts, leur histoire est terminée.
    Quand il découvre qu’elle a prévu un voyage chez sa mère, dans un autre état, il est furieux. Il la jette par-dessus son épaule et hurle “TU ES A MOI. RIEN QU’A MOI. TU COMPRENDS ?”

    A ce moment-là, Christian contrôle complètement Ana. Il décide des moments où ils se voient, de l’affection qu’ils se montrent, à qui Ana parle et avec qui elle passe du temps. Ses amis et sa famille peuvent dire qu’elle est malheureuse.
    Mais par-dessus tout, Ana est désorientée. Quand elle veut communiquer avec Christian, elle ne sait pas si elle va le trouver réceptif, ou froid comme de la glace. Il est inconstant, et dans son désespoir de retrouver les quelques moments où il est gentil avec elle, cette inconstance garde Ana sous le contrôle. Elle a l’air de penser que si elle reste, si elle continue d’essayer, elle trouvera comment le rendre heureux, et il arrêtera de la traiter aussi mal.
    Ana est clairement au cœur d’une relation émotionnellement abusive.
    Maintenant, prenez tout ça, et rajoutez du sexe BDSM. Ensuite, prenez toutes les conditions que Christian a imposées à Ana, le contexte de leur “contrat officiel BDSM” qu’il lui a fait signer.
    C’est comme ça que ce film rend la violence domestique acceptable. C’est de la violence émotionnelle, déguisée en “contrat de sexe coquin”. C’est de la #violence_domestique, déguisée en fantasme sexy.

    #fifty_shades

    • J’avais commencé ce bouquin il y a peu de temps. J’ai tenu la moitié du premier tome avant de le rendre à sa propriétaire. Si on passe sur l’absence de qualité d’écriture, les scènes de cul aussi pitoyables qu’une blague salace à propos d’une banane, il reste un « petit guide de l’emprise » et une apologie de la violence psychique.
      J’avais l’impression de réentendre les discours des femmes victimes de violences avec qui j’ai travaillé qui se terminaient hélas trop souvent par « mais il m’aime... ».
      Bon, je pourrais écrire 3 pages sur pourquoi ce livre m’a autant énervé, mais je vais m’arrêter là... :)

      #culture_du_viol
      #a_gerber

    • Je viens de finir le premier tome. Au début — mièvre, mal écrit, agaçant — j’avais envie de le jeter. Puis j’ai trouvé intéressante cette description, du point de vue féminin, de la progression d’une relation pour le moins ambigüe, description assez précise sur les questionnements intérieurs, les atermoiements et l’emprise qui s’installe. Si l’héroïne est certes (sexuellement ET amoureusement) inexpérimentée, elle n’est pas une oie blanche et oppose de saines questions et réactions.

      Effectivement non, il ne s’agit pas d’un roman SM ni même érotique. Ce livre est un portrait, celui d’un « maniaque du contrôle » qualifié comme tel, tout puissant, possessif, harceleur, qui souffle le chaud et le froid, bref manipulateur. L’auteure le dit elle-même : « Cette histoire de domination-soumission n’est qu’une diversion par rapport à son problème fondamental » avant de faire rompre son héroïne.

      Je ne sais pas comment le film retranscrit le livre, mais je n’ai aucune envie de le voir, après les retours vaguement séduits qui m’en ont été faits.

    • Je viens d’aller voir la bande-annonce (méga bof, bourrée de gadgets masculins : chemise, cravate, voiture, avion… filmés comme dans les spots publicitaires) et j’ai hurlé d’horreur en y lisant la mention « pour la Saint Valentin », intercalée à 2 reprises. Comment peut-on penser un seul instant offrir telle histoire pour la Saint Valentin ? Mais au secours !

      #50shades #vomir

    • Je n’ai ni vu le film ni lu le livre mais, abstraction faite de la qualité de la chose et du marketing autour de tout ça (le problème fondamental est peut-être dans ces 2 éléments ?), est-ce que l’une des œuvres fait réellement l’apologie de ce mode de relations ? Si c’est le cas alors oui ça me semble tout à fait condamnable. Si ce n’est pas le cas, je ne vois pas où est le problème de raconter l’histoire d’un maniaque et de sa victime, heureusement que la littérature et le cinéma ne se cantonnent pas à raconter des histoires d’égalité et d’amour parfait.

    • Personellement il est hors de question que je lise ce livre. Je ne peut donc pas répondre a ta question @alexcorp. Par contre le battage médiatique, la manière dont la sortie du film est associé à la saint Valentin, les différentes critiques qui font l’impasse sur les maltraitance et ne gardent qu l’aspect érotique et l’apologie du BDSM ou des considérations misogynes sur le « mom porn » indique qu’il y a un problème grave autour de ce livre-film. Comme il y en avait deja un avec Twilight dont est derivé 50shade of Gray et qui était deja une apologie de la violence conjugale, et des comportements d’un homme pervers-narcissique. La press fait comme si c’était une romance mievre mal écrite et le marketing montre que le personnage de Gray est un model puisque on propose des vetements d’hommes et autres accessoires pour que les hommes s’inspire de lui pour faire craquer les femmes qui ont ete si nombreuses a fantasmer. Le livre n’est pas non plus considèrer comme un drame psychologique « le portrait d’un PN » mais comme un livre érotique pour femmes « vous allez adorer vous faire traiter comme une merde » comme c’est deja le cas pour Twilight qui ciblait les adolescentes pour leur apprendre à aimer les hommes dominateurs et sadiques qui ne font pas exprès c’est dans leurs nature et c’est eux qui souffre le plus les pauvres choux...

      Le résultat c’est Ca
      http://sous-les-jupes-des-filles.tumblr.com/image/111211502999

    • La différence, je crois que dans le jeu, l’un des partenaires (la femme...) est « d’accord » pour être abusée, parce que c’est complètement normal d’être abusé pour une femme... Du coup, quand tu te rends compte que c’est la même chose, l’abus et le jeu, que ça relève de la même iniquité, t’es vraiment comme une conne, tu ne peux pas te plaindre d’un choix que tu as fait... Idem pour les tâches domestiques : ce n’est pas parce qu’un couple se « met d’accord » sur leur organisation que c’est équitable.
      Je ne sais pas si ça répond à la question. Le blog « une heure de peine » avait fait un excellent post là-dessus, je peux peut-être le retrouver.

    • Purain, j’ai fini par trouver : http://uneheuredepeine.blogspot.fr/2014/04/la-strategie-du-mauvais-eleve.html

      « L’argument de Kauffmann est donc le suivant : ce sont dans les interactions au sein du couple que se reproduisent les inégalités domestiques, au travers des arrangements apparemment libres, mais en fait inégaux, entre les conjoints. Un résultat très proche avait déjà été mis à jour aux Etats-Unis dans l’ouvrage The Second Shift (1989) de Arlie Hochschild : au travers de l’étude approfondie de plusieurs couples, l’auteure mettait en avant, de la même façon, les stratégies mises en œuvre par les hommes et les femmes pour négocier, rarement de façon très égale, les tâches domestiques. »

      Bon, ça parle des tâches domestiques, mais j’ai l’impression que ça procède du même embistrouillage... Et finalement, c’est un argument machiste qui revient souvent : « les femmes sont les premières à participer au machisme ! »

    • ne fais pas à autrui ce que tu n’aimerais pas qu’on te fît

      Beau principe à première vue mais malheureusement bien compliqué : si quelqu’un te demande de lui faire quelque chose que tu n’aimerais pas qu’on te fasse, faut-il le faire ? Et si tu attends de quelqu’un qu’il te fasse ce que lui ou elle n’aimerait pas qu’on lui fasse, que fais tu ? Bref, on en revient à la morale et à la subjectivité de chacun.

    • Le #sexisme ne fonctionne pas de la même façon que les deux autres grands systèmes inégalitaires que sont le #racisme et le #capitalisme ; ces deux derniers fonctionnement sur la #subordination des uns aux autres. Dans le racisme, le ou les groupes racialisés sont subordonnés au groupe qui racialise. Dans l’Amérique esclavagiste, les noirs sont subordonnés aux blancs face à qui ils ont des devoirs et des obligations. Dans le capitalisme, les prolétaires sont subordonnés à ceux détenant les moyens de production.
      Dans le sexisme, les femmes sont subordonnées aux hommes mais se rajoute une donnée inédite ; la #complémentarité. On part ainsi du principe qu’hommes et femmes sont complémentaires car intrinsèquement différents. Ainsi une femme a telle qualité et n’a pas l’homme et vice versa.

    • Bien vu, et bien résumé. L’inféodation sous couvert de complémentarité est vraiment pernicieuse. Dans cette complémentarité, il y a bien une distinction destinée à préserver le privilège masculin, celui de la virilité.

      Combien de femmes vont faire la lessive, non pas parce qu’elles se considèrent inférieures à leur mari, mais parce que le fait d’être mariée à un homme qui accepterait de faire la lessive les dévaloriserait ?
      Elles seraient dévalorisées, non pas parce qu’elle seraient considérées comme de mauvaises épouses, mais parce que leurs maris passeraient alors pour des époux faiblards, pas assez virils, et il n’est pas valorisant pour une femme d’être marié à un « faiblard »...

  • Pourquoi je suis passée au livre numérique
    http://blog.monolecte.fr/post/2014/03/21/pourquoi-je-suis-passee-au-livre-numerique

    J’ai tellement lu qu’à moment donné, je me suis dit que je n’allais pas faire entrer un livre de plus dans la maison. J’ai gardé l’amour du beau papier, du parfum de l’encre, de ce genre de choses, même si…Lire la suite →

    #Bibliofil #consommation #culture #Logiciels_libres #marchand #technologie

  • Le Manifeste des Antigones : le mouvement qui se veut #apolitique et donc qui pue bien du cul avec quelques notions pas piquées des hannetons comme « prôner la féminité pour les femmes » (que c’est original !) « la femme accomplie », la différence naturelle des femmes réaffirmée, la #complémentarité plutôt que l’égalité (une notion qui fait que debout dans la cuisine est très complémentaire de vautré devant la télé sur le canapé du salon), la « nature féminine », rien que ça ! et un poignant appel à l’amour qui nous prend pas pour la moitié d’une quiche !
    Bonne lecture à tous, vous allez adorer.

    http://antigones.fr/2013/06/le-manifeste-des-antigones

    Nous, Antigones, prônons la féminité pour les femmes : c’est notre nature cohérente et profonde. L’affirmer est le premier pas afin d’enrichir la société du meilleur de nous-même.
    Dans un monde où règne l’individualisme, beaucoup ne peuvent se réaliser pleinement. Or, chacune d’entre nous porte en elle la promesse de devenir une femme accomplie et engagée. Les Antigones proposent une voie pour y parvenir. Les femmes ont une sensibilité différente, une volonté différente, des moyens d’actions différents de ceux des hommes. Ces différences sont une richesse à cultiver et cette altérité est féconde sur tous les plans.
    C’est pourquoi, nous construisons notre démarche sur la complémentarité des sexes. Décidément, non, la femme n’est pas un homme comme les autres.
    Nous, Antigones, privilégions la légitimité sur la légalité. Si des lois écrites par des hommes outrepassent les lois naturelles – c’est-à-dire les normes non écrites qui sont le socle de l’expérience humaine – nous avons le devoir de nous rebeller. Nous ne laisserons pas enterrer la common decency, le bon sens et la dignité qui devraient présider aux lois et aux évolutions de notre société.
    Nous, Antigones, prônons les libertés. Dans ce monde atomisé, où les individus n’ont presque plus que des rapports marchands, nous voulons porter une parole libératrice. Notre démarche se veut fondamentalement émancipatrice.
    Notre nature féminine, constructive et tournée vers la vie, nous pousse à vouloir tisser le lien social, essentiel à la liberté et à la solidarité.
    Comme l’a écrit Albert Camus « Il n’y a que l’amour qui nous rende à nous-mêmes. »

    #masculinisme #conservatisme #antiféminisme