• ON NE DISSOUT PAS UN SOULEVEMENT #Composition
    https://bascules.blog/2024/02/03/on-ne-dissout-pas-un-soulevement-composition

    COMPOSITION #Composition, nous préférons ce mot aux métaphores militaires : « alliances », « front ». Celles-ci évoquent des unions utilitaristes où chaque fraction reste campée sur sa position. La « composition », c’est bien plus qu’une jonction éphémère contre un ennemi commun qui tient lieu de figure unificatrice. Les luttes sociales actuelles sont réglées par le rythme de […]

    #Les_Soulèvements_de_la_Terre #Blue_Monk #Edouard_Glissant #On_ne_dissout_pas_un_soulèvement


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  • L’#Europe et la fabrique de l’étranger

    Les discours sur l’ « #européanité » illustrent la prégnance d’une conception identitaire de la construction de l’Union, de ses #frontières, et de ceux qu’elle entend assimiler ou, au contraire, exclure au nom de la protection de ses #valeurs particulières.

    Longtemps absente de la vie démocratique de l’#Union_européenne (#UE), la question identitaire s’y est durablement installée depuis les années 2000. Si la volonté d’affirmer officiellement ce que « nous, Européens » sommes authentiquement n’est pas nouvelle, elle concernait jusqu’alors surtout – à l’instar de la Déclaration sur l’identité européenne de 1973 – les relations extérieures et la place de la « Communauté européenne » au sein du système international. À présent, elle renvoie à une quête d’« Européanité » (« Europeanness »), c’est-à-dire la recherche et la manifestation des #trait_identitaires (héritages, valeurs, mœurs, etc.) tenus, à tort ou à raison, pour caractéristiques de ce que signifie être « Européens ». Cette quête est largement tournée vers l’intérieur : elle concerne le rapport de « nous, Européens » à « nous-mêmes » ainsi que le rapport de « nous » aux « autres », ces étrangers et étrangères qui viennent et s’installent « chez nous ».

    C’est sous cet aspect identitaire qu’est le plus fréquemment et vivement discuté ce que l’on nomme la « #crise_des_réfugiés » et la « #crise_migratoire »

    L’enjeu qui ferait de l’#accueil des exilés et de l’#intégration des migrants une « #crise » concerne, en effet, l’attitude que les Européens devraient adopter à l’égard de celles et ceux qui leur sont « #étrangers » à double titre : en tant qu’individus ne disposant pas de la #citoyenneté de l’Union, mais également en tant que personnes vues comme les dépositaires d’une #altérité_identitaire les situant à l’extérieur du « #nous » – au moins à leur arrivée.

    D’un point de vue politique, le traitement que l’Union européenne réserve aux étrangères et étrangers se donne à voir dans le vaste ensemble de #discours, #décisions et #dispositifs régissant l’#accès_au_territoire, l’accueil et le #séjour de ces derniers, en particulier les accords communautaires et agences européennes dévolus à « une gestion efficace des flux migratoires » ainsi que les #politiques_publiques en matière d’immigration, d’intégration et de #naturalisation qui restent du ressort de ses États membres.

    Fortement guidées par des considérations identitaires dont la logique est de différencier entre « nous » et « eux », de telles politiques soulèvent une interrogation sur leurs dynamiques d’exclusion des « #autres » ; cependant, elles sont aussi à examiner au regard de l’#homogénéisation induite, en retour, sur le « nous ». C’est ce double questionnement que je propose de mener ici.

    En quête d’« Européanité » : affirmer la frontière entre « nous » et « eux »

    La question de savoir s’il est souhaitable et nécessaire que les contours de l’UE en tant que #communauté_politique soient tracés suivant des #lignes_identitaires donne lieu à une opposition philosophique très tranchée entre les partisans d’une défense sans faille de « l’#identité_européenne » et ceux qui plaident, à l’inverse, pour une « #indéfinition » résolue de l’Europe. Loin d’être purement théorique, cette opposition se rejoue sur le plan politique, sous une forme tout aussi dichotomique, dans le débat sur le traitement des étrangers.

    Les enjeux pratiques soulevés par la volonté de définir et sécuriser « notre » commune « Européanité » ont été au cœur de la controverse publique qu’a suscitée, en septembre 2019, l’annonce faite par #Ursula_von_der_Leyen de la nomination d’un commissaire à la « #Protection_du_mode_de_vie_européen », mission requalifiée – face aux critiques – en « #Promotion_de_notre_mode_de_vie_européen ». Dans ce portefeuille, on trouve plusieurs finalités d’action publique dont l’association même n’a pas manqué de soulever de vives inquiétudes, en dépit de la requalification opérée : à l’affirmation publique d’un « #mode_de_vie » spécifiquement « nôtre », lui-même corrélé à la défense de « l’#État_de_droit », « de l’#égalité, de la #tolérance et de la #justice_sociale », se trouvent conjoints la gestion de « #frontières_solides », de l’asile et la migration ainsi que la #sécurité, le tout placé sous l’objectif explicite de « protéger nos citoyens et nos valeurs ».

    Politiquement, cette « priorité » pour la période 2019-2024 s’inscrit dans la droite ligne des appels déjà anciens à doter l’Union d’un « supplément d’âme
     » ou à lui « donner sa chair » pour qu’elle advienne enfin en tant que « #communauté_de_valeurs ». De tels appels à un surcroît de substance spirituelle et morale à l’appui d’un projet européen qui se devrait d’être à la fois « politique et culturel » visaient et visent encore à répondre à certains problèmes pendants de la construction européenne, depuis le déficit de #légitimité_démocratique de l’UE, si discuté lors de la séquence constitutionnelle de 2005, jusqu’au défaut de stabilité culminant dans la crainte d’une désintégration européenne, rendue tangible en 2020 par le Brexit.

    Précisément, c’est de la #crise_existentielle de l’Europe que s’autorisent les positions intellectuelles qui, poussant la quête d’« Européanité » bien au-delà des objectifs politiques évoqués ci-dessus, la déclinent dans un registre résolument civilisationnel et défensif. Le geste philosophique consiste, en l’espèce, à appliquer à l’UE une approche « communautarienne », c’est-à-dire à faire entièrement reposer l’UE, comme ensemble de règles, de normes et d’institutions juridiques et politiques, sur une « #communauté_morale » façonnée par des visions du bien et du monde spécifiques à un groupe culturel. Une fois complétée par une rhétorique de « l’#enracinement » desdites « #valeurs_européennes » dans un patrimoine historique (et religieux) particulier, la promotion de « notre mode de vie européen » peut dès lors être orientée vers l’éloge de ce qui « nous » singularise à l’égard d’« autres », de « ces mérites qui nous distinguent » et que nous devons être fiers d’avoir diffusés au monde entier.

    À travers l’affirmation de « notre » commune « Européanité », ce n’est pas seulement la reconnaissance de « l’#exception_européenne » qui est recherchée ; à suivre celles et ceux qui portent cette entreprise, le but n’est autre que la survie. Selon #Chantal_Delsol, « il en va de l’existence même de l’Europe qui, si elle n’ose pas s’identifier ni nommer ses caractères, finit par se diluer dans le rien. » Par cette #identification européenne, des frontières sont tracées. Superposant Europe historique et Europe politique, Alain Besançon les énonce ainsi : « l’Europe s’arrête là où elle s’arrêtait au XVIIe siècle, c’est-à-dire quand elle rencontre une autre civilisation, un régime d’une autre nature et une religion qui ne veut pas d’elle. »

    Cette façon de délimiter un « #nous_européen » est à l’exact opposé de la conception de la frontière présente chez les partisans d’une « indéfinition » et d’une « désappropriation » de l’Europe. De ce côté-ci de l’échiquier philosophique, l’enjeu est au contraire de penser « un au-delà de l’identité ou de l’identification de l’Europe », étant entendu que le seul « crédit » que l’on puisse « encore accorder » à l’Europe serait « celui de désigner un espace de circulation symbolique excédant l’ordre de l’identification subjective et, plus encore, celui de la #crispation_identitaire ». Au lieu de chercher à « circonscri[re] l’identité en traçant une frontière stricte entre “ce qui est européen” et “ce qui ne l’est pas, ne peut pas l’être ou ne doit pas l’être” », il s’agit, comme le propose #Marc_Crépon, de valoriser la « #composition » avec les « #altérités » internes et externes. Animé par cette « #multiplicité_d’Europes », le principe, thématisé par #Etienne_Balibar, d’une « Europe comme #Borderland », où les frontières se superposent et se déplacent sans cesse, est d’aller vers ce qui est au-delà d’elle-même, vers ce qui l’excède toujours.

    Tout autre est néanmoins la dynamique impulsée, depuis une vingtaine d’années, par les politiques européennes d’#asile et d’immigration.

    La gouvernance européenne des étrangers : l’intégration conditionnée par les « valeurs communes »

    La question du traitement public des étrangers connaît, sur le plan des politiques publiques mises en œuvre par les États membres de l’UE, une forme d’européanisation. Celle-ci est discutée dans les recherches en sciences sociales sous le nom de « #tournant_civique ». Le terme de « tournant » renvoie au fait qu’à partir des années 2000, plusieurs pays européens, dont certains étaient considérés comme observant jusque-là une approche plus ou moins multiculturaliste (tels que le Royaume-Uni ou les Pays-Bas), ont développé des politiques de plus en plus « robustes » en ce qui concerne la sélection des personnes autorisées à séjourner durablement sur leur territoire et à intégrer la communauté nationale, notamment par voie de naturalisation. Quant au qualificatif de « civique », il marque le fait que soient ajoutés aux #conditions_matérielles (ressources, logement, etc.) des critères de sélection des « désirables » – et, donc, de détection des « indésirables » – qui étendent les exigences relatives à une « #bonne_citoyenneté » aux conduites et valeurs personnelles. Moyennant son #intervention_morale, voire disciplinaire, l’État se borne à inculquer à l’étranger les traits de caractère propices à la réussite de son intégration, charge à lui de démontrer qu’il conforme ses convictions et comportements, y compris dans sa vie privée, aux « valeurs » de la société d’accueil. Cette approche, centrée sur un critère de #compatibilité_identitaire, fait peser la responsabilité de l’#inclusion (ou de l’#exclusion) sur les personnes étrangères, et non sur les institutions publiques : si elles échouent à leur assimilation « éthique » au terme de leur « #parcours_d’intégration », et a fortiori si elles s’y refusent, alors elles sont considérées comme se plaçant elles-mêmes en situation d’être exclues.

    Les termes de « tournant » comme de « civique » sont à complexifier : le premier car, pour certains pays comme la France, les dispositifs en question manifestent peu de nouveauté, et certainement pas une rupture, par rapport aux politiques antérieures, et le second parce que le caractère « civique » de ces mesures et dispositifs d’intégration est nettement moins évident que leur orientation morale et culturelle, en un mot, identitaire.

    En l’occurrence, c’est bien plutôt la notion d’intégration « éthique », telle que la définit #Jürgen_Habermas, qui s’avère ici pertinente pour qualifier ces politiques : « éthique » est, selon lui, une conception de l’intégration fondée sur la stabilisation d’un consensus d’arrière-plan sur des « valeurs » morales et culturelles ainsi que sur le maintien, sinon la sécurisation, de l’identité et du mode de vie majoritaires qui en sont issus. Cette conception se distingue de l’intégration « politique » qui est fondée sur l’observance par toutes et tous des normes juridico-politiques et des principes constitutionnels de l’État de droit démocratique. Tandis que l’intégration « éthique » requiert des étrangers qu’ils adhèrent aux « valeurs » particulières du groupe majoritaire, l’intégration « politique » leur demande de se conformer aux lois et d’observer les règles de la participation et de la délibération démocratiques.

    Or, les politiques d’immigration, d’intégration et de naturalisation actuellement développées en Europe sont bel et bien sous-tendues par cette conception « éthique » de l’intégration. Elles conditionnent l’accès au « nous » à l’adhésion à un socle de « valeurs » officiellement déclarées comme étant déjà « communes ». Pour reprendre un exemple français, cette approche ressort de la manière dont sont conçus et mis en œuvre les « #contrats_d’intégration » (depuis le #Contrat_d’accueil_et_d’intégration rendu obligatoire en 2006 jusqu’à l’actuel #Contrat_d’intégration_républicaine) qui scellent l’engagement de l’étranger souhaitant s’installer durablement en France à faire siennes les « #valeurs_de_la_République » et à les « respecter » à travers ses agissements. On retrouve la même approche s’agissant de la naturalisation, la « #condition_d’assimilation » propre à cette politique donnant lieu à des pratiques administratives d’enquête et de vérification quant à la profondeur et la sincérité de l’adhésion des étrangers auxdites « valeurs communes », la #laïcité et l’#égalité_femmes-hommes étant les deux « valeurs » systématiquement mises en avant. L’étude de ces pratiques, notamment les « #entretiens_d’assimilation », et de la jurisprudence en la matière montre qu’elles ciblent tout particulièrement les personnes de religion et/ou de culture musulmanes – ou perçues comme telles – en tant qu’elles sont d’emblée associées à des « valeurs » non seulement différentes, mais opposées aux « nôtres ».

    Portées par un discours d’affrontement entre « systèmes de valeurs » qui n’est pas sans rappeler le « #choc_des_civilisations » thématisé par #Samuel_Huntington, ces politiques, censées « intégrer », concourent pourtant à radicaliser l’altérité « éthique » de l’étranger ou de l’étrangère : elles construisent la figure d’un « autre » appartenant – ou suspecté d’appartenir – à un système de « valeurs » qui s’écarterait à tel point du « nôtre » que son inclusion dans le « nous » réclamerait, de notre part, une vigilance spéciale pour préserver notre #identité_collective et, de sa part, une mise en conformité de son #identité_personnelle avec « nos valeurs », telles qu’elles s’incarneraient dans « notre mode de vie ».

    Exclusion des « autres » et homogénéisation du « nous » : les risques d’une « #Europe_des_valeurs »

    Le recours aux « valeurs communes », pour définir les « autres » et les conditions de leur entrée dans le « nous », n’est pas spécifique aux politiques migratoires des États nationaux. L’UE, dont on a vu qu’elle tenait à s’affirmer en tant que « communauté morale », a substitué en 2009 au terme de « #principes » celui de « valeurs ». Dès lors, le respect de la dignité humaine et des droits de l’homme, la liberté, la démocratie, l’égalité, l’État de droit sont érigés en « valeurs » sur lesquelles « l’Union est fondée » (art. 2 du Traité sur l’Union européenne) et revêtent un caractère obligatoire pour tout État souhaitant devenir et rester membre de l’UE (art. 49 sur les conditions d’adhésion et art. 7 sur les sanctions).

    Reste-t-on ici dans le périmètre d’une « intégration politique », au sens où la définit Habermas, ou franchit-on le cap d’une « intégration éthique » qui donnerait au projet de l’UE – celui d’une intégration toujours plus étroite entre les États, les peuples et les citoyens européens, selon la formule des traités – une portée résolument identitaire, en en faisant un instrument pour sauvegarder la « #civilisation_européenne » face à d’« autres » qui la menaceraient ? La seconde hypothèse n’a certes rien de problématique aux yeux des partisans de la quête d’« Européanité », pour qui le projet européen n’a de sens que s’il est tout entier tourné vers la défense de la « substance » identitaire de la « civilisation européenne ».

    En revanche, le passage à une « intégration éthique », tel que le suggère l’exhortation à s’en remettre à une « Europe des valeurs » plutôt que des droits ou de la citoyenneté, comporte des risques importants pour celles et ceux qui souhaitent maintenir l’Union dans le giron d’une « intégration politique », fondée sur le respect prioritaire des principes démocratiques, de l’État de droit et des libertés fondamentales. D’où également les craintes que concourt à attiser l’association explicite des « valeurs de l’Union » à un « mode de vie » à préserver de ses « autres éthiques ». Deux risques principaux semblent, à cet égard, devoir être mentionnés.

    En premier lieu, le risque d’exclusion des « autres » est intensifié par la généralisation de politiques imposant un critère de #compatibilité_identitaire à celles et ceux que leur altérité « éthique », réelle ou supposée, concourt à placer à l’extérieur d’une « communauté de valeurs » enracinée dans des traditions particulières, notamment religieuses. Fondé sur ces bases identitaires, le traitement des étrangers en Europe manifesterait, selon #Etienne_Tassin, l’autocontradiction d’une Union se prévalant « de la raison philosophique, de l’esprit d’universalité, de la culture humaniste, du règne des droits de l’homme, du souci pour le monde dans l’ouverture aux autres », mais échouant lamentablement à son « test cosmopolitique et démocratique ». Loin de représenter un simple « dommage collatéral » des politiques migratoires de l’UE, les processus d’exclusion touchant les étrangers constitueraient, d’après lui, « leur centre ». Même position de la part d’Étienne Balibar qui n’hésite pas à dénoncer le « statut d’#apartheid » affectant « l’immigration “extracommunautaire” », signifiant par là l’« isolement postcolonial des populations “autochtones” et des populations “allogènes” » ainsi que la construction d’une catégorie d’« étrangers plus qu’étrangers » traités comme « radicalement “autres”, dissemblables et inassimilables ».

    Le second risque que fait courir la valorisation d’un « nous » européen désireux de préserver son intégrité « éthique », touche au respect du #pluralisme. Si l’exclusion des « autres » entre assez clairement en tension avec les « valeurs » proclamées par l’Union, les tendances à l’homogénéisation résultant de l’affirmation d’un consensus fort sur des valeurs déclarées comme étant « toujours déjà » communes aux Européens ne sont pas moins susceptibles de contredire le sens – à la fois la signification et l’orientation – du projet européen. Pris au sérieux, le respect du pluralisme implique que soit tolérée et même reconnue une diversité légitime de « valeurs », de visions du bien et du monde, dans les limites fixées par l’égale liberté et les droits fondamentaux. Ce « fait du pluralisme raisonnable », avec les désaccords « éthiques » incontournables qui l’animent, est le « résultat normal » d’un exercice du pouvoir respectant les libertés individuelles. Avec son insistance sur le partage de convictions morales s’incarnant dans un mode de vie culturel, « l’Europe des valeurs » risque de produire une « substantialisation rampante » du « nous » européen, et d’entériner « la prédominance d’une culture majoritaire qui abuse d’un pouvoir de définition historiquement acquis pour définir à elle seule, selon ses propres critères, ce qui doit être considéré comme la culture politique obligatoire de la société pluraliste ».

    Soumis aux attentes de reproduction d’une identité aux frontières « éthiques », le projet européen est, en fin de compte, dévié de sa trajectoire, en ce qui concerne aussi bien l’inclusion des « autres » que la possibilité d’un « nous » qui puisse s’unir « dans la diversité ».

    https://laviedesidees.fr/L-Europe-et-la-fabrique-de-l-etranger
    #identité #altérité #intégration_éthique #intégration_politique #religion #islam

    • Politique de l’exclusion

      Notion aussi usitée que contestée, souvent réduite à sa dimension socio-économique, l’exclusion occupe pourtant une place centrale dans l’histoire de la politique moderne. Les universitaires réunis autour de cette question abordent la dimension constituante de l’exclusion en faisant dialoguer leurs disciplines (droit, histoire, science politique, sociologie). Remontant à la naissance de la citoyenneté moderne, leurs analyses retracent l’invention de l’espace civique, avec ses frontières, ses marges et ses zones d’exclusion, jusqu’à l’élaboration actuelle d’un corpus de valeurs européennes, et l’émergence de nouvelles mobilisations contre les injustices redessinant les frontières du politique.

      Tout en discutant des usages du concept d’exclusion en tenant compte des apports critiques, ce livre explore la manière dont la notion éclaire les dilemmes et les complexités contemporaines du rapport à l’autre. Il entend ainsi dévoiler l’envers de l’ordre civique, en révélant la permanence d’une gouvernementalité par l’exclusion.

      https://www.puf.com/politique-de-lexclusion

      #livre

  • Jacques Loussier, parce que pour moi quand j’étais un petit gars qui apprenait la musique ça a été celui qui m’a montré qu’il n’y avait pas de frontières dans les musiques (et les écoles de musique c’était du lourd à ce moment là...). Il y avait le disque à la maison et je me le suis mouliné grave :
    https://www.arte.tv/fr/videos/107204-000-A/swinging-bach-jacques-loussier
    Le doc est pas terrible. Le choix de ses « continuateurs » est plus que discutable à mon sens.
    J’ai réécouté les albums « play Bach » après et la chair de poule est revenue direct.

    #musique #improvisation #jazz #composition

  • Après la quantité, au tour de la qualité des aliments d’écoper Daniel Blanchette Pelletier - Radio Canada

    Un aliment que vous achetez souvent ne goûte plus comme avant ?
    Sa consistance a changé ?
    Saviez-vous que des entreprises modifient subtilement la recette ou les ingrédients de leurs produits pour réduire les coûts de production ? Incursion dans le monde de la déqualiflation.

    Contrairement à la réduflation, qui modifie la quantité d’un produit, la déqualiflation intervient plutôt sur sa qualité, note la nutritionniste Andréanne Martin, au risque de nuire à la santé de ses consommateurs.


    Déqualiflation n. f. ■ Contraction des mots « qualité » et « inflation », précédée du préfixe « dé » soulignant l’état inverse. Pratique commerciale visant à réduire la qualité d’un produit ou d’un service sans impact significatif sur le prix. Connue sous l’expression skimpflation, en anglais.

    E.D. Smith, par exemple, a modifié la recette de sa garniture pour tarte à la citrouille.

    L’huile végétale était auparavant au troisième rang de la liste des ingrédients. Elle occupe maintenant la sixième place et l’eau est désormais le troisième ingrédient en plus grande quantité dans le mélange à tarte.

    L’apport calorique est ainsi réduit, possiblement au détriment du goût et de la texture, suggère Andréanne Martin.

    Ce changement aurait pu passer inaperçu sans la vigilance des consommateurs qui ont remarqué l’état plus liquide du produit et ont inspecté son étiquette.

    « Allez lire de quoi sont faites les calories que vous mangez, insiste la nutritionniste. Même pour un produit qu’on achète régulièrement, par automatisme, ça vaut la peine d’aller lire si quelque chose a été modifié dans la recette. »

    E.D. Smith, Kraft et Quaker font partie des nombreuses marques à avoir ajusté leurs recettes au cours des dernières années.

    Au fil des ans, la recette de la célèbre tartinade Cheez Whiz a aussi changé à plusieurs reprises. Le fromage a notamment été devancé au premier rang des ingrédients par des substances laitières modifiées.

    Kraft avait répondu à l’époque que la proportion des ingrédients de son produit variait au fil des ans « en fonction de leur coût ou de leur disponibilité ».
    Les substances laitières modifiées sont d’ailleurs monnaie courante, tout comme le substitut de fromage, une imitation à base d’huile de palme moins coûteuse
    que le vrai fromage.
    « Ce qu’on voit aussi beaucoup dans l’industrie présentement, c’est l’utilisation d’huiles plus abordables, comme l’huile de carthame, l’huile de soya, l’huile de maïs et l’huile de tournesol », ajoute Andréanne Martin.

    Quaker a aussi remplacé le chocolat au lait de certaines de ses barres tendres par un « enrobage chocolaté » fabriqué à partir d’huile de palme. Résultat : le taux de gras saturés par barre a augmenté de 40 % et l’apport en protéines a été réduit de moitié.

    « Ça peut causer du tort à la santé des consommateurs, déplore la nutritionniste. Mais tout dépend de la qualité de l’aliment qui est utilisé pour faire la substitution. »
    « Ça réduit l’apport nutritif et la quantité de vitamines et de minéraux qu’on est capable d’aller chercher en tant que consommateur. »
     Andréanne Martin, nutritionniste

    Des gras de moins bonne qualité ou trop riches en oméga-6 peuvent, par exemple, avoir des effets inflammatoires sur le système digestif.

    « En modifiant les ingrédients ainsi, on affecte vraiment la santé globale du consommateur, mais en même temps, il est libre ou non d’acheter ces produits, à condition qu’il soit au courant des changements », résume-t-elle.

    Ni Winland Foods (E.D. Smith) ni PepsiCo (Quaker) n’ont répondu à nos demandes d’information.

    À l’insu des papilles gustatives ?
    De nombreux internautes nous ont écrit pour nous signaler que leurs barres tendres ou leur crème glacée préférées avaient changé de goût ou que leur soupe en conserve était plus liquide qu’auparavant. Même le savon à vaisselle leur apparaissait maintenant dilué.

    Ces impressions sont toutefois difficiles à vérifier.

    À moins de consulter régulièrement les étiquettes, de les conserver et de les comparer, ces changements laissent peu de traces. https://ici.radio-canada.ca/info/2023/reduflation/produits-epicerie-aliments-encadrement-surveillance-donnees-impact-

    La liste des ingrédients qui figurent sur l’emballage d’un produit est affichée par ordre décroissant de poids, mais leur proportion, ou quantité exacte, n’est pas indiquée.

    Ainsi, la recette d’un produit pourrait être modifiée sans impact sur la liste des ingrédients s’ils demeurent les mêmes et si leur proportion maintient le même ordre d’affichage.

    Les changements à apporter au tableau de la valeur nutritive pourraient également être minimes, d’autant plus que l’Agence canadienne d’inspection des aliments tolère une marge d’erreur de 20 %, justifiée entre autres par « la variabilité naturelle des vitamines et minéraux présents dans les aliments ».

    « Pour moi, ça n’a aucun sens », affirme la docteure en nutrition Isabelle Huot.

    « Une entreprise pourrait ne pas changer son étiquette pour épargner sur l’emballage : "Je ne peux pas la réimprimer, parce que ça va me coûter trop cher." »
    -- Isabelle Huot, docteure en nutrition

    Les lois et règlements sur les aliments et leur salubrité contraignent toutefois les entreprises à modifier leurs étiquettes si un changement dans la recette affecte leur exactitude ou « la véracité de la représentation de la composition du produit alimentaire », précise l’Agence canadienne d’inspection des aliments par courriel.

    L’introduction d’un allergène, à déclaration obligatoire, en serait un exemple.

    Les recettes des manufacturiers, et les modifications qu’ils y apportent, restent sinon à leur seule discrétion.

    L’identité numérique des produits
    Règle générale, « si le produit conserve le même volume ou poids, ils n’ont pas à informer personne qu’ils ont substitué un ingrédient », affirme Jordan LeBel, spécialisé en marketing alimentaire.

    Contrairement à la réduflation, un changement apporté à une recette n’en fait pas nécessairement un nouveau produit non plus aux yeux de GS1 Canada, un organisme qui supervise l’attribution du code à barres.

    Cette série de symboles est accolée à la majorité des produits vendus au Canada pour qu’ils soient lus par les lecteurs optiques des commerces. La pratique n’est pas obligatoire, mais fortement recommandée pour le roulement de la chaîne logistique.


    Les produits intègrent alors une base de données où sont colligées leurs informations, notamment une photo, le format et la liste des ingrédients. Ces données sont utilisées par les détaillants pour leurs circulaires ou les épiceries en ligne.

    La majorité des aliments vendus en épicerie sont dotés d’un code à barres, une identité numérique qui est gérée entre l’organisme GS1 Canada, les manufacturiers et les détaillants.

    Chaque fois qu’un produit subit un changement de quantité, la fiche doit être mise à jour et un nouveau code à barres lui est attribué.

    Ce n’est pas systématiquement le cas avec la liste des ingrédients.

    « Toute modification de la formulation [requiert un nouveau code à barres] si elle affecte les informations réglementaires déclarées sur l’emballage du produit et si le propriétaire de la marque souhaite que le consommateur ou le partenaire commercial remarque la différence, peut-on lire sur le site Internet de GS1 Canada. Les deux conditions doivent être remplies pour que l’attribution soit requise. »

    Tant que le changement apporté aux ingrédients n’implique pas un allergène, par exemple, ou qu’il n’a pas d’impact sur la quantité ou le poids du produit, il n’a donc pas à être signalé.

    Les informations détenues par GS1 Canada pourraient-elles permettre de répertorier les cas de réduflation ?
    Non. Sa base de données est constamment mise à jour, mais l’historique n’est pas conservé : les nouveaux produits remplacent donc les anciens. Il s’agit en plus d’informations privilégiées, entre manufacturiers et détaillants, auxquelles ni le public ni même le gouvernement n’ont accès.

    Dans sa mesure de l’inflation, Statistique Canada porte aussi attention à la déqualiflation, puisque la variation dans la qualité d’un produit peut influencer sa valeur, même si son prix, lui, est resté stable.

    Des ajustements sont faits pour que l’indice des prix à la consommation prenne en compte ces changements, sauf en ce qui a trait aux produits vendus à l’épicerie.

    « Nous n’avons aucun suivi de la déqualiflation pour les aliments », confirme l’agence fédérale. Il n’est pas facile de suivre la qualité des ingrédients qui entrent dans la fabrication des aliments vendus en magasin. »

    « Lorsque les ingrédients restent les mêmes, mais que leurs concentrations respectives changent, affectant la qualité globale du produit, nous n’avons pas l’information nécessaire pour repérer ce type de changement, poursuit-on. Il n’est pas possible pour nous de faire des ajustements de prix afin de refléter des changements dans la qualité ou les quantités utilisées des divers ingrédients des aliments. »

    Réduire plutôt que changer
    Les entreprises qui ont recours à la réduflation pour réduire leurs coûts répondent généralement qu’il s’agit d’un compromis https://ici.radio-canada.ca/info/2023/reduflation/entreprises-transparence-emballages-lois pour ne pas « amoindrir la qualité du produit ».

    Les experts estiment d’ailleurs que la déqualiflation est parfois pire que la réduction des formats, puisqu’elle implique généralement des ingrédients de moins bonne qualité ou vient diluer un produit.

    Des raisons de santé publique pourraient toutefois justifier un changement dans la formulation d’un produit, notamment pour réduire l’apport calorique ou encore diminuer la quantité de sucre, de sel ou de gras.

    « On a des bijoux qui peuvent apparaître sur les tablettes des supermarchés avec les substitutions alimentaires, estime la nutritionniste Andréanne Martin, justement parce qu’il y a une sensibilisation pour améliorer la qualité d’un produit », ou encore son empreinte sociale ou environnementale.


    Coca-Cola et Mars, notamment, ont parfois changé le format de leurs produits pour répondre à un engagement de réduire leur teneur en sucre, plutôt que d’en modifier la recette.

    Mais la réduflation apparaît parfois comme la « solution facile ».

    C’est le cas, par exemple, avec les barres de chocolat et les boissons gazeuses. Plutôt que de modifier les recettes – et de risquer d’altérer le goût – on réduit parfois leur format.

    « C’est sûr que si on diminue le format, on diminue le nombre de calories », convient Maryse Côté-Hamel, qui se spécialise en sciences de la consommation.

    « Est-ce qu’on fait ça pour aider le consommateur ? Est-ce une façon de justifier une réduction de format ou simplement de maintenir son image ? Ce sont des questions à poser. »
     Maryse Côté-Hamel, Université Laval

    « De plus en plus de produits vont se positionner avec le nombre de calories, poursuit l’experte. Mais, souvent, ce n’est pas un changement dans la recette, juste une diminution de format. »

    Quand des recettes mettent au jour la réduflation
    Pour déceler des cas plus anciens de réduflation, des internautes qui ont contribué à notre collecte de données se sont aussi tournés vers de vieux livres de recettes.
    Vous pourrez le constater en consultant notre base de données (que vous pouvez aussi continuer à alimenter en remplissant le formulaire ci-dessous).

    2023 Crème Campbell’s : Actuel 515 Avant 540 Réduction -4,6 %
    2023 Crème Nutrinor : Actuel 473 Avant 500 Réduction -5,4%
    2023 Pates alimentaires Barilla : Actuel 410 Avant 454 Réduction -9,7 %
    2023 Croquettes pour chiens Acana : Actuel 14,5 Kg Avant 17 Kg Réduction - 14,7 %
    . . . . .
    Consultez l’ensemble des produits : https://ici.radio-canada.ca/info/2023/reduflation/base-donnees-produits-aliments-epicerie-formats-taxes

    « Il y a des produits qui sont des ingrédients dans des recettes et qui voyagent dans le temps », rappelle le professeur Jordan LeBel, qui a aussi un passé de chef cuisinier.

    C’est le cas de la tasse de crème (250 ml) et de la livre de margarine (454 g) dont les contenants sont passés au fil des ans à 237 ml et à 427 g.

    Devant la disparition de ces formats « traditionnels », on gagne maintenant à spécifier des quantités exactes dans les recettes plutôt qu’à faire référence à une boîte de tomates en dés ou de lait condensé, par exemple.

    « Quand la boîte de crème de champignons qu’on demande dans une casserole passe de 450 ml à 435 ml ou encore à 400 ml, ça vient jouer dans la consistance de la recette », renchérit Jordan LeBel.

    « La réduflation a des conséquences auxquelles on ne réfléchit pas nécessairement. »
    -- Jordan LeBel, Université Concordia

    « Ça pose des problèmes pratico-pratiques », appuie Sylvie De Bellefeuille, d’Option consommateurs.

    Si la réduflation vient parfois avec l’argument de réduction du gaspillage alimentaire, en mettant en marché de plus petites portions pour les consommateurs seuls ou les familles réduites, l’effet inverse peut aussi en résulter, rappelle l’avocate.

    « Pour une recette qui demande une tasse de crème, il faut maintenant acheter deux contenants », argumente-t-elle, au risque de gaspiller le restant du deuxième.

    #Ersatz #inflation #alimentation #alimentations #Santé #diminution #achats_alimentaires #consommation #format #composition

    Source https://ici.radio-canada.ca/info/2023/reduflation/base-donnees-produits-aliments-epicerie-formats-taxes

    • Pour que les courageux journalistes des médias français parlent de cette escroquerie, attendre les articles de Que Choisir, 60 Millions de consommateurs.
      Pour l’instant, au Canada, les échotiers se contentent d’inventer de nouveaux mots, pour cette pratique vieille comme la fabrication de la nourriture industrielle.

      déqualiflation  : Déqualification de la composition
      réduflation  : Réduction de format

  • Rente foncière et mixité contre droit à la ville
    https://metropolitiques.eu/Le-projet-de-renovation-du-quartier-de-la.html

    Le projet de rénovation du quartier de la Butte-Rouge, à #Châtenay-Malabry, suscite diverses mobilisations, visant à préserver le patrimoine et la vocation sociale de la #cité-jardin. Azadeh Akrami-Castanon pointe les hésitations de l’État et l’insuffisance des politiques de logement à l’échelle régionale. Le quartier de la Butte-Rouge, cité-jardin située à Châtenay-Malabry (92), comporte environ 4 300 logements « très sociaux ». Ce modèle emblématique de l’urbanisme social de l’entre-deux-guerres est reconnu #Essais

    / cité-jardin, #logement_social, #démolition, #rénovation_urbaine, Châtenay-Malabry

    https://metropolitiques.eu/IMG/pdf/met-akrami-castanon.pdf

  • Arrêté préventivement lors d’une des tentatives de manifestation au soir des élections, il est mis en cause pour... détention d’un limonadier.

    Et maintenant il faut des limonadiers ! – Les Fleurs Arctiques
    https://lesfleursarctiques.noblogs.org/?p=2339

    Le 24 avril dernier, à l’occasion de la manifestation pour l’annonce des résultats du second tour dont l’un des rendez-vous était appelé à Châtelet, comme on pouvait s’y attendre, un dispositif policier gargantuesque a été mis en place. CRS, civils, BAC, une foule de RG disséminés entre les touristes commandant leurs glaces, et la spectaculaire BRAV en cortège de motos prêtes à tomber sur n’importe quel passant qui pourrait avoir l’air de ne pas être ravi de l’élection de Macron, sillonnaient le quartier dans une chorégraphie visiblement faite pour impressionner et décourager les contestataires, ce qu’ils ont tenté de faire avec la bonne vieille méthode des contrôles préventifs, dispersés, autour du lieu de rendez-vous. C’est ainsi que plusieurs personnes se sont faites contrôler et certaines interpeller, avant que quoi que soit ne puisse avoir commencé. Si nous écrivons ce petit texte, ce n’est pas pour alerter autour de conséquences judiciaires importantes que ces arrestations n’ont évidemment (au dernières nouvelles) pas eues (ce n’est d’ailleurs pas vraiment leur but), mais plutôt parce que les contrôles préventifs et les procédures courtes (le plus souvent, compositions ou ordonnances pénales, rappels à la loi, parfois des comparutions immédiates) auxquels ils aboutissent pourraient finir par devenir relativement efficaces pour limiter les possibilités offensives, et puis aussi parce que le dossier du compagnon qui a été pris dans cette aventure comporte tellement de perles policières qu’il serait dommage de ne pas en rendre compte.
    G. a donc été contrôlé par un policier de type BRAV, c’est à dire malin, alerte et perspicace, qui, sans doute grâce à sa formation, n’a pas été dupe en découvrant ce que G. avait sur lui : un limonadier. De cette perspicacité inénarrable qui circule entre gardiens de la paix, on en veut pour preuve le PV d’ambiance où un de ses collègues affirme avoir vu « un drapeau anarchiste rouge ». Notons déjà qu’il savait ce qu’était un limonadier, respect ! Pour la plupart d’entre nous, c’était un arbre à limonade. Pour le commun des mortels, expliquons donc : un limonadier est un objet très très peu contondant multi-usage, muni d’une lame de 1,5 cm et d’un bout de métal tordu et piquant. Un ouvre-boîte, un décapsuleur et un tire bouchon, donc. Monsieur DELABRAV, pas con, ne s’y méprend pas : il est en présence d’une tentative de port d’arme de catégorie D. Prêt à prendre des initiatives, ponctuel et assidu, il prévient derechef sa hiérarchie, et, prenant son courage à deux mains, lance une procédure sur ce délit. G. se retrouve donc avec comme chef d’inculpation « tentative de port d’arme de catégorie D, en l’espèce un limonadier ». Après avoir mobilisé nos équipes de traduction, puisque nous ne parlons pas le porc, ça donne ça : G. est envoyé au commissariat pour y être gardé à vue afin qu’une enquête soit diligentée sur le fait qu’il aurait eu l’intention de vouloir transporter un décapsuleur.

    #justice #police #composition_pénale #rappel_à_la_loi #ordonnance_pénale #arrestation_préventive

  • Sur l’opéraïsme italien (1) : la composition de classe revisitée
    http://www.revue-ouvrage.org/sur-loperaisme-italien-1

    Les 16 et 17 novembre 1984 sont réuni·e·s à l’Université du Québec à Montréal (UQAM) des intellectuel·le·s et militant·e·s lié·e·s de plus ou moins près à l’opéraïsme et à l’autonomie italienne, parmi lesquel·le·s Mariarosa Dalla Costa1, Sergio Bologna, Félix Guattari, Harry Cleaver, Franco « Bifo » Berardi et plus encore. Organisé par les sociologues Marie-Blanche Tahon et André Corten, qui peuvent compter sur l’aide du militant Franco Piperno alors en exil au Canada, le « colloque de Montréal » rassemble des interventions extérieures au mouvement sur les pratiques et les théories opéraïstes, ainsi que les liens possibles entre l’autonomie italienne et le contexte politique du Québec, mais il constitue surtout un espace de réflexion (auto)critique interne au mouvement. La contribution du militant #Yann_Moulier-Boutang au colloque cherche, en ce sens, à comprendre l’échec de l’autonomie italienne pour mieux reformuler son projet révolutionnaire. Comme nous le verrons, il rejoint la perspective de Toni Negri, qui affirme, dans une lettre écrite pour ce colloque, que le principal enjeu qui guette tout mouvement autonome futur est de trouver « comment être la catastrophe en la construisant, comment être la totalité sans l’être, comment être le contraire destructeur de la totalité capitaliste et étatique sans en subir l’homologie. »

    Nous publions ici une version légèrement modifiée de l’allocution de Moulier-Boutang, parue originellement sous le titre « L’opéraïsme italien : organisation/représentation/idéologie ou la composition de classe revisitée ». Le fondateur des revues (post)opéraïstes Matériaux pour l’intervention, Camarades et Multitudes y présente le contexte particulier au sein duquel se déploie et s’échoue ce mouvement, ainsi que les principales interprétations de cet échec par les deux opéraïsmes à la base l’autonomie italienne : la tendance communiste à la Tronti et la tendance autonome à la Negri. Dans les deux cas, le principal écueil de l’opéraïsme est, selon Moulier-Boutang, de permettre une composition de classe dans et contre le capitalisme sans toutefois arriver à conserver et augmenter ce mouvement dehors et pour. C’est dans cette optique d’une dialectique entre la destruction de l’ancien et la création du nouveau que Moulier-Boutang nous invite à réfléchir à une composition de classe qui ne fait pas l’économie d’une idéologie révolutionnaire positive.

    Ce texte est la première partie d’une série de deux textes « sur l’opéraïsme italien » de Moulier-Boutang. Dans la seconde partie, à paraître sur Ouvrage dans les prochaines semaines, il revient sur cette intervention théorique, qu’il met en contexte et complète par une réflexion critique sur la gauche contemporaine et l’utilité du concept de « composition de classe » pour penser et transformer la situation actuelle.

    Sur l’opéraïsme italien (2) : au-delà du mythe de l’unité de la classe
    http://www.revue-ouvrage.org/sur-loperaisme-italien-2

    Entre 1978 et 1989, l’extrême-gauche qu’on nommait « extra-parlementaire » en Italie connaissait son déclin, dans un contexte un peu plus dramatique que le reste de l’Europe, puisque les questions de lutte armée finirent par prendre une dimension impossible à esquiver. On appela cela les « années de plomb ». Or, on retrouvait en fait, partout en Europe occidentale, les mêmes questions à des degrés divers d’acuité et de pertinence : celle du référent au communisme (le socialisme soviétique, chinois, cubain ou autres choses ?) ; celle de l’organisation politique de la classe ouvrière (dans les partis communistes ou ailleurs ? sous une forme léniniste ou autres choses ?) ; celle du rôle de la politique volontaire par rapport aux mouvements spontanés de la classe ouvrière (l’avant-garde, les points de liaison, le parasitisme et le superflu).

    Il n’est ni partiel ni partial de dire que, après la vague de mai 1968 et ses différentes répliques, le « gauchisme », au sens le plus large, mit entre dix et vingt ans, soit de 1968 à 1988, à être battu en se divisant lui-même de plus en plus ou en sombrant dans des formes spectaculaires, mais peu efficaces et presque autophages, de terrorisme. L’opéraïsme, qui avait bien plus fière allure théorique et politique que les versions classiques du marxisme trotskiste ou maoïste, le tiers-mondisme ou l’anarchisme, n’échappa pas à ce sort commun. Alors, dira-t-on, pourquoi s’intéresser encore à ce passé qui a passé irrémédiablement ? Il y a deux raisons, qui sont, à mon sens, étroitement reliées.

    La défaite de l’extrême-gauche italienne avait commencée dès 1977 et culminée avec l’enlèvement et l’assassinat d’Aldo Moro, puis la réaction de l’État italien le 7 avril 1979 et l’emprisonnement massif de militant·e·s de l’autonomie ouvrière pour finalement s’achever, en décembre 1980, avec l’échec de la grève de la FIAT et la reddition de la colonne des Brigades Rouges. Or, si cette défaite s’est concrétisée en 1979-80, une décennie plus tard, en 1989-90, c’est le socialisme réellement existant – ou réalisé, comme disaient les Italien·ne·s – qui s’est effondré avec la chute du mur de Berlin et le démantèlement de l’URSS. Dès 1978, la fin du maoïsme avait débuté en Chine et, si le socialisme à la chinoise continuait d’être revendiqué par le Petit Timonier Deng Xiaoping, c’était plutôt une énorme ouverture à l’économie de marché capitaliste qui s’opérait. La révolution néolibérale du thatchérisme et du reaganisme n’étaient qu’un appendice de la re-mondialisation autour de la Chine – la première mondialisation de la seconde colonisation européenne ayant été interrompue brutalement par la Grande Guerre de 1914-1918.

    #opéraïsme #composition_de_classe

  • Dans les recoins de la double page (Paged.js à la maison, saison 2) | Polylogue
    https://polylogue.org/apres-la-page-la-double-page

    XML est très intéressant, mais s’articule avec des outils d’écriture (traitement de texte, notamment). Or on ne peut faire abstraction de l’aspiration à sortir des traitements de texte, de la multiplication d’outils alternatifs. Inspiré par le html et aussi par les langages de balisage léger, comme Markdown (qui permet de constituer une structure simple de html standard sans avoir à subir visuellement le code, et a été créé pour faciliter l’écriture, ce qu’on appelle le flow, d’un blogueur), je me suis demandé si on ne pourrait pas utiliser le flux html + css pour faire le livre, mais également, pour proposer des modalités d’écriture et d’inclusion de l’auteur et du designer dans un processus éditorial.

    Il ne s’agit pas d’automatiser la mise en page, c’est un point sur lequel j’insiste, car les flux html + css ont tendance à faire fantasmer certains éditeurs qui se disent qu’ils vont pouvoir automatiser d’avantage, voire se passer de compositeur. À eux je souhaite bonne chance, surtout s’ils sont un minimum exigeants sur la qualité de composition. Non, c’est une autre manière de composer, tout comme markdown offre une autre manière d’écrire que Word, l’idée restant de fournir au compositeur une palette suffisamment complète pour lui permettre de bien travailler. Les gens, leurs savoir-faire ont toute leur place, et il s’agit plutôt de leur proposer une palette alternative suffisamment complète pour qu’ils et elles puissent s’exprimer.

  • Alexandre Astier, la musique avant tout - YouTube
    https://www.youtube.com/watch?v=1gxIMDLHdDo

    Musicien et compositeur de formation, Alexandre Astier intègre la musique dans chacun de ses projets, que ce soit série, one-man-show ou film. Depuis 2005 et sa série télédiffusée « Kaamelott », il voit sa côté de popularité croître, quel que soit le projet dont il s’empare. Mais pour lui, la musique est primordiale : « J’ai toujours composé la musique de ce que je faisais. Je pense même que je me suis servi de ce que je faisais comme prétexte à composer de la musique systématiquement. »

  • #Mobilscope

    La ville à toute heure !
    Les habitants d’une ville ne sont pas immobiles : leurs déplacements quotidiens occasionnent des modifications dans l’organisation sociale et spatiale des villes.

    Le Mobiliscope est un outil de #géovisualisation qui donne à voir l’évolution de la population présente dans les villes françaises et canadiennes au cours des 24 heures de la journée. Il permet ainsi d’étudier les changements de #composition_sociale des #quartiers au fil des heures.


    https://mobiliscope.parisgeo.cnrs.fr/fr
    #mobilité #villes #urban_matter #cartographie #mobilité_urbaine #déplacements #géographie_urbaine #France #mobilité_quotidienne
    ping @reka @visionscarto

  • Ouvrage | Autonomie, reconnaissance, mouvement, Angela Mitropoulos
    http://www.revue-ouvrage.org/autonomie-reconnaissance-mouvement

    Ce texte est pour moi la trace écrite de discussions et, dans une certaine mesure, d’un débat. Il a été rédigé durant les années qui ont suivi les manifestations et les évasions du centre de détention pour personnes migrantes de Woomera en 2002. Quelque mille personnes s’étaient alors rendues à la prison située dans une ville désertique et isolée du sud de l’Australie — un lieu où des détenu·e·s manifestaient sans cesse, localisé sur des terres autochtones, près d’une installation militaire américano-australienne et d’un terrain d’essai de missiles nucléaires — pour y établir un camp de protestation pendant environ quatre jours. Alors que des détenu·e·s manifestaient sur le toit d’un des bâtiments, nous avons ouvert un chemin pour les rejoindre, des clôtures ont été abattues, des barreaux ont été écartés de force, puis un certain nombre de personnes se sont échappées, ont été cachées dans le camp au moment où la police installait des barrages routiers, et enfin des démarches ont été entreprises pour obtenir leur libération. La manifestation de Woomera étaient une action décentralisée qui respectait la diversité de tactiques et qui n’étaient pas le résultat d’une décision émanant du camp dans son ensemble — une manifestation non souveraine qui cherchait à être conséquente dans un contexte où la représentation et la décision politiques sont généralement réservées aux personnes détenant la citoyenneté, mais aussi une tactique qui échappait à la surveillance policière. Ce texte reflète cet esprit dans l’accent mis sur l’aléatoire et dans la critique de la politique de représentation qui reproduit tacitement le nationalisme au sein de la gauche, même dans le contexte des protestations autour de l’immigration. Il questionne la façon dont les citoyen·ne·s (et les universitaires) simulent ou revendiquent le leadership de mouvements dont ils et elles ne font pas partie et dans lesquels ils et elles n’ont aucun intérêt matériel — ce faisant, ce texte tend à reconnecter la conception conventionnelle des mouvements à leur dimension physique plutôt qu’à la métaphysique du politique.

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    En 1964, Mario Tronti mettait de l’avant une analyse de l’autonomie de la classe ouvrière à laquelle serait associée — pas toujours avec justesse — l’intégralité d’une période en Italie et de ses milieux politiques radicaux. Son raisonnement allait à peu près comme suit : alors que les capitalistes ont nécessairement besoin de s’équiper des appareils d’État pour s’engager dans la lutte des classes, les luttes de la classe ouvrière, elles, peuvent se passer de toutes formes de représentation, et ce, à tous les niveaux. Dans Lénine en Angleterre, Tronti rejettent les allégations selon lesquelles il y aurait « nécessité de la médiation ouvrière », insistant, au contraire, sur le fait que l’État correspondrait plutôt à la subjectivité capitaliste en tant que telle1. Autrement dit : la subjectivation du capital passe autant par les lois que par les besoins pris en charge par le droit et l’État, tandis que les luttes de la classe ouvrière sont indéterminées, sans pour autant être aléatoires.

    De plus, pour Tronti, « le commencement c’est la lutte de la classe ouvrière. Au stade du capital social avancé, le développement capitaliste est subordonné aux luttes ouvrières, vient après elles ; il doit leur faire correspondre jusqu’au mécanisme politique qu’est la production elle-même. » À titre d’exemple, Tronti affirmait que l’unification d’un marché global avait été imposée au capital par l’unité des mouvements de la classe ouvrière à l’échelle mondiale. Il qualifiera plus tard cette unité de « stratégie du refus »2. Contrairement à ce qu’en pensait l’orthodoxie socialiste, ce n’est pas la fin de la lutte des classes que Tronti entrevoyait dans le rejet du travail, dans la non-coopération généralisée et dans la désertion des formes traditionnelles de représentation de la classe ouvrière (comme les syndicats et les partis) qui caractérisaient les années 1960 en Europe et ailleurs, mais plutôt une stratégie différente. Rétrospectivement et en se référant aux discussions théoriques qui se déroulaient en français à la même époque, Franco Berardi décrivait cette perspective comme « l’émancipation vis-à-vis du concept hégélien de sujet ». Selon lui, l’innovation de Potere Operaio et d’Autonomia dans leur analyse de la composition de classe résidait dans une compréhension renouvelée de la classe, considérée non plus comme un « concept ontologique, mais plutôt comme un vecteur »3. Ainsi, il n’existerait pas d’organisation ou de forme de lutte qui, par essence, serait valable pour tous les contextes, mais plutôt des mouvements et des compositions.
    Plus récemment et au-delà des frontières de l’Europe, le thème de l’autonomie est devenu un élément central dans les discussions à propos de la migration, de la défense des frontières et du capital global. Dans ce contexte, on en est venu — parce que la conjoncture de la « mondialisation » s’imposait dans les débats — à produire une analyse stratégique accordant une plus grande importance aux mouvements de population qu’à ceux du capital4. Alors que les mouvements de protestation dit « anti-mondialisation » commençaient à prendre de l’ampleur à la fin des années 1990, les débats portant sur l’analyse de la « mondialisation » s’intensifiaient eux aussi. À partir de 1999, une perspective s’est imposée — à la fois sous-entendue et diffusée par la désignation des manifestations anti-sommet en tant que campagnes « anti-mondialisation » — sous une perspective selon laquelle « l’unification » du marché mondial se faisait aux dépens des États-nations, ceux-ci considérés comme la condition nécessaire à la défense (et/ou à la représentation) de la classe ouvrière contre le capital. En fait, pour être plus précise, le concept de classe était depuis longtemps relégué à l’arrière-plan ou redéfini à travers celui de « peuple » de sorte que l’on opposait les États-nations au capital global dans un geste tout aussi amnésique sur le plan historique qu’intenable sur le plan analytique.

    En d’autres termes, c’est un raisonnement contraire à celui de Tronti qui a primé, c’est-à-dire que le récit socialiste démocratique conventionnel a prévalu à la fois comme condition et comme résultat de la médiation de ces mouvements de contestations rassemblés en une campagne essentiellement homogène dans sa composition. Et les enjeux qu’une telle médiation soulevait et leurs répercussions n’étaient pas du tout hypothétiques. De Fabel van de Illegaal, une organisation antiraciste néerlandaise, a été parmi les premières à sonner l’alarme quant à la présence de groupes nationalistes et, dans certains cas, de groupes et de tendances explicitement xénophobes gravitant autour des manifestations anti-sommet5. Aux États-Unis, Pat Buchanan et Ralph Nader, dans une alliance indéfectible, ont mobilisé des piles de papier, de photocopieurs et de télécopieurs à Seattle pour les manifestations contre l’Organisation mondiale du commerce en 1999, pendant qu’ATTAC se concentrait sur les mouvements de capitaux et à faire du lobbying pour la mise en place de la taxe Tobin au niveau européen. Mais si aux États-Unis et en Europe, cela a rendu visible la distance habituelle entre les lobbyistes et les manifestant·e·s, distance qui correspond aussi à une différence de positions vis-à-vis de l’État, c’est en 2000 que la démarcation a été nettement tracée lorsque des émeutes ont éclaté et que des évasions massives se sont produites en Australie dans les camps d’internement de personnes migrantes quelques jours avant les manifestations contre le Forum économique mondial qui se tenait à Melbourne6.

    Ainsi, contre les appels répétés à l’unité et à la médiation et pour préserver le potentiel politiquement créatif des désaccords irréconciliables, l’un des aspects de la réponse radicale à la configuration nationaliste des manifestations anticapitalistes a été de plaider en faveur de la décentralisation organisationnelle des manifestations anti-sommet. L’autre aspect a été d’insister sur le fait que, historiquement, la mondialisation du travail a précédé la mondialisation de la finance et du commerce. Ceci pourrait expliquer les circonstances, en apparence paradoxales, qui ont conduit, à partir de 1989, à la déréglementation des flux de capitaux et des échanges commerciaux tout en raffermissant la réglementation des mouvements de population. Dans un cas, il s’agissait de stratégies de rattrapage et dans l’autre, de contrôler et de gérer la circulation des biens et des personnes. Pour affirmer que la déterritorialisation se situait du côté du capital, ce qui sous-entend que la territorialisation se situe du côté ouvrier, il a donc fallu ignorer toute l’histoire des luttes contre les enclosures, tout en acceptant un raisonnement en faveur de leur renforcement.

    La fuite des capitaux reposent toujours sur l’organisation de marchés séparés et segmentés. Autrement dit, et pour faire écho à la proposition initiale de Tronti : l’unification globale du capital — la « mondialisation » — s’est imposée au capital par un large refus et par la fuite massive de personnes. Cette fuite s’est concrétisée non seulement dans la désertion de l’usine et des syndicats, que Potere Operaio a cherché à analyser dans ses écrits, mais également dans l’exode simultanée des populations de ce qui est communément désigné comme le « Tiers-monde » ; l’exportation autour du globe des poorhouses et des workhouses de l’Europe des XVIIIe et XIXe siècles étant la véritable signification de la partition en « premier », « second » et « tiers » monde. Les tentatives de restructuration mondiale de la finance et du commerce à la fin du XXe siècle, de même que les régimes frontaliers post-1989 introduits aux États-Unis, en Australie, en Europe et au Canada, sont postérieurs aux mouvements de population de la « périphérie » vers le « centre ». Cela ne veut pas dire qu’il n’existait pas de marché mondial auparavant, ce qui serait aussi absurde que l’idée selon laquelle le marché global n’aurait pas toujours été un système inter-national. Il convient plutôt de noter que ce qu’on a plus récemment appelé la « mondialisation » ne peut s’expliquer qu’en tenant compte de l’histoire récente des mouvements de population qui tentaient d’échapper aux conditions spécifiques d’exploitation mises en place dans l’après-Deuxième Guerre mondiale. En bref, ces conditions sont les suivantes : un système de production fordiste dépourvu des salaires relativement plus élevés qui accompagnaient le modèle à ses débuts et la montée des nationalismes du « Tiers-monde » qui, dans les moments les moins violents, fonctionnaient de plus en plus comme des bantoustans. Il convient de noter que c’est précisément l’échec de cette tentative de contrôler les mouvements de population — afin d’assurer la partition du monde en espaces d’exception et en espaces de normes qui constituaient autrefois la distinction entre le « Premier » et le « Tiers monde » — qui, plus récemment, a précipité le recours à une guerre mondiale qui semble permanente.

    En fait, lorsqu’il est question de migration, la notion d’autonomie renferme à la fois une proposition théorique et une perspective politique. Premièrement, elle sous-entend la perspective politico-stratégique selon laquelle les mouvements de population précèdent ceux du capital de même que les politiques de l’État qui confèrent au capital sa subjectivité, tel que souligné plus haut. Elle insiste également sur le fait que la migration est en soi une stratégie — une stratégie entreprise à l’intérieur et à l’encontre des espaces exigus des économies politiques mondiales du travail, du genre et du désir, entre autres7. S’inscrivant dans cette approche, et faisant écho aux travaux antérieurs de Sergio Bologna sur la composition de classe, Yann Moulier-Boutang a noté qu’il ne suffit pas de « regarder seulement la pointe de l’iceberg : les formes institutionnalisées, ou la parole du peuple, la manière dont ils parlent, en supposant que, dès qu’ils ne disent rien, ils n’agissent pas. » Il est importe également de tenir compte « des silences, des refus et de la fuite comme quelque chose d’actif »

    #Angela_Mitropoulos #autonomie #personnes_migrantes #personne_non-migrante #autonomie_de_la_migration #frontières_du_politique #État #Woomera #Tiers-monde #mondialisation #population #capital #nationalisme #composition_de_classe #travail_cognitif #Mario_Tronti #léninisme #matérialisme_aléatoire #représentation

  • Autour du #gaz_lacrymo...

    ... sa #composition et ses #effets...

    Après un rapide coup d’œil sur Wikipédia https://fr.wikipedia.org/wiki/Gaz_lacrymog%C3%A8ne et sur le site de la société Welkit https://www.welkit.fr/collections/bombe-lacrymogene, principale société qui fournit les forces de l’ordre en France, on apprend que le seul composé autorisé est aujourd’hui le 2-chlorobenzilidène malonitrile, cette bébête : https://en.wikipedia.org/wiki/CS_gas.

    Pour comprendre à quel point une molécule est toxique, en tant que chimistes, nous avons des fiches appelées les « fiches de données sécurité » (FDS). En première page, elles indiquent les dangers associés au produit, sa classification ainsi que les précautions à prendre en cas de contact.
    => Ici, voici la FDS de référence de la molécule seule :
    https://www.chemblink.com/MSDS/MSDSFiles/2698-41-1_Sigma-Aldrich.pdf
    => Et, ici, une FDS de la même molécule emballée sous forme de bombe lacrymo des forces de l’ordre :
    http://sds.chemtel.net/webclients/safariland/finished_goods/Defense%20Technology%206172%20-%20Skat%20Shell%2040%20mm%20Multiple%20P

    Ces fiches sont éloquentes quant au danger réel de ce composé. Quand la molécule rentre en contact de l’eau, elle se désagrège en produisant deux molécules, un dérivé benzénique 2-chlorobenzaldehyde et un binitrile. Le binitrile se décompose lui-même en ammoniac et en bi-acide carboxylique (qui ressemble au vinaigre), les deux non dangereux. A priori, il n’y a pas de production de cyanure. Le vrai problème de ce composé, c’est qu’en se décomposant, il enlève de l’eau à nos yeux et c’est précisément ça qui peut les brûler jusque la nécrose.

    FDS du dérivé benzénique :
    https://www.sigmaaldrich.com/MSDS/MSDS/DisplayMSDSPage.do?country=FR&language=fr&productNumber=124974&brand=A
    => Corrosif

    FDS du binitrile :
    http://www.t3db.ca/system/msds/attachments/000/000/815/original/T3D1704.pdf?1413587579
    => Corrosif et toxique.

    Bref, tous ces composés modernes sont effectivement TRÈS DANGEREUX. Ils sont considérés par l’ONU d’ailleurs comme des armes chimiques, dont l’utilisation est donc interdite dans un cadre militaire. Cela me parait extrêmement scandaleux qu’elles soient utilisées par la police sur des civils. Il en existe en fait des substituts, comme le premier gaz utilisé au début du XXe siècle, à partir de composés appelés les « bromures d’acyles » ou « anhydrides d’acides », avec le même effet mais beaucoup moins dangereux pour les humains (par exemple, les anhydrides, c’est ce qu’il y a dans les oignons).

    CONCLUSION : Le 2-chlorobenzilidène malonitrile présent dans les grenades et bombes lacrymogènes aujourd’hui en France est à la fois corrosif, toxique, et allergisant. Il peut entraîner des lésions graves comme des brûlures au deuxième degré ou des nécroses des yeux.
    Je conseille fortement l’équipement suivant à toute personne en manifestation :
    - Toujours avoir un masque de ski ou, mieux, de piscine dans le sac à dos à mettre immédiatement sur la figure en présence de bombes lacrymo.
    - Avoir toujours sur soi une écharpe, chiffon ou n’importe quoi ainsi qu’une bouteille d’eau. En cas de bombe lacrymo, mouillez votre foulard et mettez-le devant la bouche pour respirer au travers : le foulard va capter une grande partie du gaz et vos poumons prendront moins cher.
    - Une bouteille d’eau et ou un stock de sérum physiologique pour se rincer abondamment les yeux en cas d’exposition. C’est le plus important !
    - NE PAS METTRE DE LENTILLES DE CONTACT !

    –-> reçu par mail via une mailing list, texte rédigé par une doctorante en chimie.

    #gaz_lacrymogène

  • Enquête ouvrière et composition de classe - Plate forme d’enquêtes militantes
    http://www.platenqmil.com/blog/2019/11/27/enquete-ouvriere-et-composition-de-classe

    Cet article a été rédigé par le collectif londonien Notes from Below pour thématiser leur approche concernant la pratique de l’enquête ouvrière [worker’s inquiry]. En s’appuyant sur les analyses du concept de « composition sociale » de Seth Wheeler et Jessica Thorne, l’article vise à mettre à jour et à rafraîchir l’attirail opéraiste classique basé autour du couple conceptuel « composition technique »/« composition politique ». Par-delà l’intérêt intrinsèque d’une telle démarche, nous traduisons aujourd’hui ce texte car il nous paraît fournir des outils théoriques importants pour lire les luttes actuellement en cours en France, lesquelles - dans leur pluralité et diversité - sont en train de mettre sur le devant de la scène la question de la reproduction sociale : des GJ à la grève contre la réforme des retraites, en passant par la mobilisation lycéenne et étudiante ou par les marches pour le climat et contre les violences sexuelles et sexistes.

    #Enquête_ouvrière #composition-de-classe

  • #bruno_amable
    (1) Les #gilets_jaunes sont avant tout en #mouvement - Libération
    https://www.liberation.fr/debats/2019/02/04/les-gilets-jaunes-sont-avant-tout-en-mouvement_1707375

    Le mouvement des gilets jaunes est difficile à cerner en raison de son mode de coordination, plus que « d’organisation », particulier : pas de leaders reconnus ou même autoproclamés, décentralisation, horizontalité etc.

    Y parvenir est un enjeu de #sciences_sociales mais aussi une question politique : quelles conséquences peut-on attendre d’une contestation sociale de cette ampleur ?

    La #composition_sociologique semble relativement simple à établir si on ne cherche pas une trop grande précision : classes populaires et moyennes, personnes actives, revenus plutôt modestes, situations de précarité…

    On apprend dans l’une d’elles (1) que 60 % des sondés qui soutiennent les gilets jaunes pensent que le #capitalisme devrait être réformé en profondeur alors que ce n’est le cas que de 35 % des personnes opposées à ce mouvement.

    85 % des personnes soutenant les gilets jaunes estiment que « l’#économie actuelle profite aux patrons aux dépens de ceux qui travaillent » ; 50 % tout de même des opposants aux gilets jaunes ont exactement la même opinion. Mais les deux groupes n’en tirent pas nécessairement les mêmes conclusions. 51 % des personnes soutenant « tout à fait » les gilets jaunes pensent qu’il faut prendre aux riches pour donner aux pauvres ; seulement 7 % de ceux qui ne les soutiennent « pas du tout » les suivent dans cette voie.

    Quant au « libéralisme culturel », les résultats de l’enquête sont conformes à la sociologie des soutiens des gilets jaunes. L’attitude vis-à-vis de l’immigration est à peine moins favorable que la moyenne des Français.

    chiffres :

    Le baromètre de la confiance politique, Cevipof, vague 10, janvier 2019 et « Les gilets jaunes ou le retour de la lutte des classes », Luc Rouban.

  • À #Montpellier ce matin, charge de CRS et gaz lacrymogène contre nos enfants :
    https://www.midilibre.fr/2018/12/06/lycees-bloques-au-lycee-georges-clemenceau-la-cdi-charge-les-eleves,500276

    Au lycée Clemenceau, la situation est très tendue. Policiers et motards bloquent l’avenue. La compagnie départementale d’intervention a chargé. Des gaz lacrymogènes ont été répandus.

    (Je dis « nos enfants » par généralité, mes enfants à moi ne sont pas encore lycéen·nes. Mais j’aimerais bien que, quand il·les le seront, il·les ne seront pas éborgné·es pour avoir participé à une manifestation.)

    • Alors que Macron « appelle à l’aide face au risque de violence » (titre de Une de L’Immonde sur le net), la mobilisation lycéenne a deux défauts, elle est une extension potententiellement incontrôlable de la #composition des luttes en cours et est en mesure de réduire drastiquement la xénophobie (latente ou explicite) d’une part de la dynamique en cours. Donc niet.

      Yvelines : 146 interpellations devant un lycée de Mantes-la-Jolie après des incidents (police) #AFP

      via @paris

      En frapper un pour en terroriser mille (et ses parents avec), telle est la politique du gouvernement avant ce samedi 8 décembre. Pas sûr que ça marche.
      #enfance #lycéens #police

    • Ce qui fait dire à @Mélusine sur l’oiseau bleu :

      Je comprends pas pourquoi les lycéens blessés ne sont pas un scandale national, pourquoi tout le monde ne fait pas sa une dessus et pourquoi ce n’est pas le sujet principal de conversation partout.

    • Le premier ministre a eu des mots ciselés au sujet de ce qu’ils attendaient de tous, en parlant à l’Assemblée : de ne pas en rajouter au risque d’être tenus comptables de ce qui arrive. En off, je pense que les menaces sont beaucoup plus franches et décomplexées. Il y a quelques articles sur la façon dont les médias traditionnels ne relaient que le strict minimum de ce qu’il se passe.
      https://www.arretsurimages.net/articles/a-la-tele-deux-regimes-pour-les-videos-de-violences

      Interviewé dans le cadre d’un sujet sur le maintien de l’ordre pour le 20H de France 2, ce mercredi 5 décembre, le journaliste David Dufresne a constaté que ses propos critiques ""sont passés à la trappe", « explique-t-il à ASI.  »""Pendant l’interview, j’ai expliqué que la tradition française du maintien de l’ordre, établie en gros après mai 68 et qui consiste à dissuader, à tenir à distance les manifestants, semblait avoir volé en éclats ces 15 derniers jours, avec les Gilets jaunes comme avec les lycéens. Il y a une militarisation de la pratique, qui débouche sur de graves blessures (voir ici ou ici). Mais ils n’ont gardé que mon propos sur les casseurs qui ne sont pas nécessairement des casseurs professionnels mais aussi des Gilets jaunes en colère. Et quand je leur ai demandé pourquoi ils ne passaient pas les vidéos de violences policières dans les JT, on m’a répondu par un silence poli ." Poli, et révélateur.

    • JM Blanquer, à tous les professeurs de collèges et lycées :

      Mesdames et messieurs les Professeurs,
      Notre pays est confronté à une situation exceptionnelle.
      Au cours des jours derniers et dans certains de nos territoires, des violences particulièrement intenses sont apparues dans des cortèges composés en partie de lycéens.
      Dans ce contexte, la protection des personnes et la sécurité des établissements doivent être notre première priorité.
      C’est pourquoi, au regard du degré de violence qui émaille certaines manifestations, il est indispensable d’appeler à la sérénité, au calme et au respect des personnes et des biens. C’est une exigence démocratique au cœur de notre école.
      Dans ces circonstances, j’en appelle à la responsabilité de chacun et à un discours de sérénité adressé aux élèves. Ce message a également vocation à être partagé avec les familles pour qu’elles soient pleinement conscientes des risques que courent leurs enfants en se joignant à des attroupements qui ne sont ni organisés ni encadrés. Appeler des élèves à se mêler aux désordres urbains revient à leur faire courir un danger grave.
      Pour faire face à cette situation, vous pouvez compter sur l’institution tout entière et en particulier sur les équipes de direction, qui sont à vos côtés pour protéger les élèves et l’ensemble des personnels.
      Nous avons confiance dans l’avenir de notre jeunesse. Je vous remercie donc de contribuer à l’apaisement dont nos lycéens ont besoin pour se construire et réussir.
      En transmettant connaissances et valeurs à tous les élèves, les professeurs sont au cœur de la République. Aussi, je tiens à vous assurer de mon profond soutien pour l’accomplissement de votre mission.
      Avec toute ma confiance,
      Jean-Michel BLANQUER

      J’espère qu’il a également envoyé un appel à la sérénité et au calme aux forces de l’ordre.

    • Violences sur lycéens : les tirs de flashball font de nombreux blessés - Rapports de Force
      https://rapportsdeforce.fr/classes-en-lutte/violences-sur-lyceens-les-tirs-de-flashball-font-de-nombreux-blesses

      Sur les ondes de France-info, le ministre Jean-Michel Blanquer a évoqué ce matin un mouvement « d’une violence jamais vue », indiquant que quatre lycéens « se sont blessés assez grièvement », dédouanant ainsi l’action des forces de police. Depuis vendredi 30 novembre, plusieurs dizaines de milliers de jeunes descendent dans la rue contre la politique du gouvernement en matière d’éducation. Le nombre de jeunes blessés par des tirs de flashball est particulièrement élevé.

    • Blanquer s’appuie sur un fait réel pour servir son mensonge, il y a au moins un (ou une) lycéen(e) qui a été brulé par un retour de flamme (info vue je ne sais plus où), mais les blessés, mutilés dus à la police sont bien plus nombreux, mais les images de l’ arrestations de 147 lycéens à Mantes-la-Jolie, à genoux mains sur la tête montrent à l’envie, sans même aller chercher celles des très nombreux actes de répression violentes et ultra violentes des lycéens qui ont été diffusées hors des mass media que les policiers ont bien compris à quel point ce régime aux abois est prêt à aller, avec la menace d’interventions de blindés de la gendarmerie à Paris ce samedi, qui fait suite à la présence de snipper(s ?) samedi dernier dans un dispositif ou même la « prestigieuse » BRI était mobilisée :
      https://twitter.com/Obs_Violences/status/1070768467907919872

    • Warning signs...

      Une chose est sûre, l’« acte IV » du mouvement des « gilets jaunes » peut être un tournant si Paris s’embrase à nouveau. « S’il y a dix morts ce week-end, il n’est pas sûr qu’on puisse garder le ministre de l’Intérieur » , glisse un proche du chef de l’État. La perspective d’un remaniement nettement plus large commence à circuler de façon insistante. Au point de changer de premier ministre ? « Dans le meilleur des cas, il faudra un nouveau gouvernement avant les élections européennes. Dans le pire, avant Noël », lâche un macroniste du premier cercle.

      http://www.lefigaro.fr/politique/2018/12/05/01002-20181205ARTFIG00383-gilets-jaunes-macron-annule-la-hausse-des-taxes-e

      La #menace a pris corps contre les lycéens, mutilables à merci, et la voilà plus explicite encore au détour d’un bla bla politique...

    • Ce matin, j’ai été insulté, poussé, frappé, gazé. J’ai dû, avec mes collègues, former une chaîne humaine pour protéger les #élèves de mon #lycée, en panique et complètement déboussolés. Contre qui ?
      La Police Nationale.

      Qui provoquait les étudiants en passant, fenêtre ouverte : « Retourne chez toi ». « Nique ta mère », « T’es le prochain » en imitant une mitraillette.
      Qui frappaient sur leurs boucliers, comme s’ils étaient les spartiates des temps modernes.

      Qui ont percuté avec leur véhicule un élève et notre proviseur-adjointe.
      Qui ont embarqué trois élèves « #pour_l'exemple ».
      Qui ont tiré au #flashball/lacrymo sans aucune sommation ni raison, et qui ont blessé un jeune au bras.

      Ce soir, je découvre les images des autres bahuts en France.
      La même chose. Partout.

      Je suis fatigué et écœuré.
      #StopViolences appellent les députés de la majorité ? Mais reprenez le contrôle de vos forces de l’ordre, qu’elles arrêtent leur violence !

      On commémore aujourd’hui les 32 ans de la mort de #MalikOussekine : n’avons-nous donc rien appris de ces tristes évènements ?

      https://twitter.com/YohOmbriel/status/1070772788640796672

    • C’est #apocalyptique, au sens premier de dévoilement, révélation.

      Révélation, au premier rang, de la #médiocrité du chef de bande ayant perdu les pédales – même les quelques macroniens qui restent encore en ont bien pris conscience – absolument pas à la hauteur de l’événement. Médiocrité des sbires, à la recherche de victimes expiatoires, prêts à tout pour ne pas être dans la fournée des sacrifiés.

      Remake néo-libéral de La Chute ?

      Le roi est nu.

      Les commanditaires s’aperçoivent que la brillante cavale sur laquelle ils ont misé n’est qu’un tocard. Faudra-t-il aussi sacrifier la marionnette pour essayer de sauver ce qui peut encore l’être ? L’absence de rechange ne laisse plus beaucoup d’autre sortie envisageable que la fuite en avant dans un renforcement de l’autoritarisme, un durcissement de la répression et la mobilisation de tout l’arsenal mis en place pour « lutter contre le terrorisme ». Mais QUI pour mener tout ça ?

    • Cette image, et les 700 gardes à vues de lycéens, c’est un cocktail molotov balancé au milieu d’une situation sociale qui est déjà un baril d’essence à très haut indice d’octane. Dans moins de 3 jours le gouvernement va se retrouver non plus avec 200 mais avec 2000 lycées bloqués


      https://twitter.com/GaspardGlanz/status/1070813554184470528

      La #vidéo ici (entre autres) :
      https://twitter.com/T_Bouhafs/status/1070775086137966592

      Un tweet de l’AFP (compte AFP factuel) qui confirme la véracité des images :

      Vous êtes nombreux à nous interroger sur la véracité de ses images. Elles ont bien été tournées aujourd’hui après des incidents près du #lycée #Saint-Exupéry à #Mantes-la-Jolie, en région parisienne

      https://twitter.com/AfpFactuel/status/1070781218734661632

      #violences_policières

    • Les images des gamins à genoux, il semble assez clair que c’est filmé par un CRS, ou au moins que les CRS ne sont absolument pas gênés d’être filmés à ce moment. L’aspect « démonstration de force » est donc évident et totalement assumé.

    • Ma fille est en seconde dans un lycée à Toulouse, où la situation s’est tendue brutalement mardi. En cause : la réaction des flics aux petits blocages du lundi.

      En gros, ce qui était prévu, c’est manif et blocage des lycées lundi puis retour à la normale : il y a beaucoup d’évaluations et d’examens en ce moment, les gamins sont quand même un peu investis dans leurs études → d’ailleurs, s’ils ne l’étaient pas, la vétusté du lycée (pas franchement rénové depuis sa construction en 1963), les classes de 35, Parcoursup et les frais d’inscription multipliés par 10 ou 15, ils s’en battraient les steaks.

      Bref, les lundi, une partie des élèves du lycée décident de bloquer l’entrée et direct, ils sont font gazés par les CRS. Il y en avait tellement que ça a envahi toute la cité scolaire (2000 élèves, quand même), incommodant tous ceux qui avaient choisi de suivre les cours qui continuaient à l’intérieur.

      C’est à cause de cela que la mouvement a été reconduit le lendemain, avec décision de durcir le blocus. Le lycée de ma fille est celui des quartiers. Le lundi, celui qui a craqué et mis la zone, c’est le lycée à côté, du bon côté de la rocade, plutôt neuf et très bien équipé où vont les gosses des classes moyennes. Les gamins ont envahis les rues autour et du coup, le préfet a demandé à la compagnie de transport de la ville de tout arrêter, partout. Le prétexte était la sécurité, mais j’ai bien vu sur les réseaux que ça a surtout servi à énerver la population contre ses propres gamins.

    • @monolecte Oui, je me dis ça aussi : à nouveau le choix du début de la chronologie est très marquant. Médiatiquement, les images de répression contre les jeunes semblent débuter avec les « débordements » et les voitures brûlées (ce qui, de fait, justifierait qu’on éborgne et qu’on gaze des enfants). Alors que pour les jeunes, il est assez évident que ça démarre au moins une ou deux journées plus tôt avec les gardes à vue scandaleuses de plus de 24 heures (j’ai vu mentionné 36 heures) de lycéens au motif qu’ils avaient graffé « Macron démission » sur le panneau d’affichage du lycée.

    • Un jour de plus dans la révolution citoyenne | Jean-Luc Mélenchon
      https://melenchon.fr/2018/12/07/un-jour-de-plus-dans-la-revolution-citoyenne

      À l’image des gilets jaunes, elle est fondamentalement populaire. Les lycées professionnels et les établissements des régions urbaines isolées sont en première ligne. Est-ce pour cela que la répression est si violente ? la caste des donneurs d’ordres n’a pas ses gosses dans ces établissements.

    • @biggrizzly Oui, c’est assez frappant, cette omniprésence des arguments à la Pandraud (« si les jeunes faisaient pas les cons, les flics ne seraient pas obligés de leur dessouder la gueule à grands coups matraques »).

      Ou : les fachos comme dernier rempart de la Macronie… :-))

    • @arno j’arrête pas de poster mes commentaires avant de les avoir rédigé en entier → pour revenir à la ligne sur FB, il faut faire maj+retour, alors qu’ici, ça poste !

      Bref, tout le monde a pu voir Toulouse qui brûle le mardi alors que personne n’a trop rapporté le crime originel qui a été la répression systématique des lycéens dès le départ, alors qu’il ne se passait rien. Autrement dit : on aurait voulu chauffer les esprits qu’on ne se s’y serait pas pris autrement !.

      Le mardi, l’ambiance était haineuse sur Toulouse. J’ai remarqué aussi que les gens de droite et/ou fachos étaient très présents sur les fils infos. Beaucoup proposaient de faire mal aux gosses, voire de les jeter dans la Garonne… vous voyez l’ambiance.
      Ma fille a eu le temps d’arriver à la Cité de l’espace où elle avait sortie pédagogique toute la journée, mais en fait personne n’en a profité, partout, tout le monde était collé sur les portables à se demander comment ça allait finir.

      Ce qui est remarquable, c’est que ce sont les lycées plutôt nantis qui sont partis violemment. Le plus remarquable étant celui de Blagnac, bien sûr, où rien ne s’était passé la veille.

      Les médias ont une sorte de syndrome de Néron : les images ont rapidement fait le tour du monde. Du coup, les gamins qui ont créé des groupes d’organisation du bordel sur Snapchat et Instagram s’énervaient partout.

      Sur les réseaux, l’incident de Blagnac a suscité les envolés de ceux qui souhaiteraient coller le problème sur les jeunes basanés de banlieue… du genre : « un lycée de banlieue brûle à Toulouse, suivez mon regard… ».

      Comme les agences de presse du monde entier venaient faire leurs courses sur les réseaux, j’ai passé pas mal de temps à répondre à ce genre d’insinuations en rappelant que ce lycée est dans le fief d’Airbus, qu’il est plutôt récent et très très bien doté, qu’il accueille les gosses des ingénieurs et autres classes moyennes sup de la région, voire même de l’étranger tant il est bien classé. C’est limite une vitrine.

      Bref, ça a été le bordel, mais en grande part parce que la préfecture voulait la fermeture totale du réseau, paralysant la ville, même pour les lignes qui n’étaient sur aucun point chaud.

      Le mardi soir, il y a eu le discours tout pourri du ministre (à la limite, s’il avait dit : « allez vous faire foutre ! », ça serait pieux passé), et sur les réseaux, les gosses, là, voulaient clairement en découdre. On a profité de l’accalmie du mercredi pour rapatrier la gosse (à sa demande). Faut savoir que depuis lundi matin, nous subissons aussi une grève SNCF qui fait qu’au lieu d’être à 3 heures de transports, notre fille est plutôt à 5. Elle savait ce qui était prévu pour son lycée le jeudi et on en a déduit qu’il allait fermer dans la journée… ce qui a été le cas. Le retour de flammes, il semble que c’était là.

      Sinon, hier, il y a eu une très belle convergence des lycéens et des étudiants à la fac du Mirail (Jean-Jaurès) : 3000 participants à l’AG, qui a été dissoute avant le vote. En effet, un groupe de lycéens qui souhaitaient quitter le quartier Saint-Cyprien où les manifs sont traditionnellement contenues, se faisait méchamment repousser au niveau du Pont neuf, c’est à dire à l’endroit qui marque l’entrée dans la ville bourgeoise et les centres du pouvoir réel de Toulouse. Là aussi, la cartographie serait très éclairante. Ils sont partis 3000, ils sont arrivés 1500 en renfort sur la zone d’affrontement.

      Là, j’ai moins d’infos, mais à priori, les CRS ont utilisé la méthode normale pour renvoyer les manifestants vers la périphérie : envoi de lacrymos, recul des manifestants, avancée des murs de boucliers sur le boulevard et les rues adjacente, visualisation, re lacrymos. Pas top, mais évite le contact, au moins.

      L’autre truc remarquable, c’est que les quartiers ne bougent pas.
      Voilà.

    • Le moment de vérité est double :
      • les macroniens sont-ils bien les héritiers des versaillais ?
      • les méthodes de maintien de l’ordre et de communication « à l’israélienne » vont-elles être appliquées par nos médias et nos forces de l’ordre, sans sourciller ?

      J’entends :
      • Vont-ils assumer les morts et les blessés, au nom de l’application à tout prix de leur programme politique minoritaire ?
      • Vont-ils assumer d’appliquer une répression et une communication « à la façon » dont les manifestations récentes à Gaza ont été réprimées et relatées ?

    • Ça marche vachement bien leur truc. Mardi ils évacuent le seul point de fixation de Montpellier (le rond-point des Prés d’Arènes), où régnait une ambiance bonne enfant, à l’écart du centre-ville ; ensuite les gaz lacrymogènes contre les lycéens qui avaient brûlé des poubelles (ouh là là…). Hier, interpellation d’une dizaine de 13-17 ans, toujours en garde à vue apparemment aujourd’hui.

      Gros succès de la répression : aujourd’hui un lycée de plus en grève. À l’instant, fermeture du Polygone (le grand centre commercial du centre-ville) par crainte de « remontées » des lycéens, et les gros bistrots de la Comédie en train de ranger leurs terrasses. La course à pied dans le centre de demain matin annulée.

      Tout ça dans une ville où, grosso modo, il n’y a pas eu aucun débordement (en dehors de quelques poubelles martyrisées).

      Grosse ambiance festive, dites-donc.

    • À Montreuil, ma cousine vient de se faire incendier sa voiture par les lycéens voisins. (ping @philippe_de_jonckheere …)

      Près de chez moi, XIVè près de Denfert-Rochereau, on se prépare à l’état de siège : la bibliothèque vient d’annoncer une fermeture exceptionnelle (ainsi que 16 autres bibliothèques municipales), les commerçants voient comment sécuriser leurs vitrines (je ne suis pas dans un des grands axes) le plus simple étant de rester fermés.

    • On m’indique qu’à Nantes, toutes les poubelles à proximité d’un lycée ont été prises pour faire un feu...
      Les bourgeois prennent la version des autorités à la lettre : il y a des casseurs, et les casseurs dilapident nos impôts, et la Police nous défend. Et ceux qui se font défigurer l’ont mérité, la preuve y-a nos poubelles qui sont volées.

  • ÊTRE SUR ZONE… Par Alèssi Dell’Umbria
    https://lundi.am/ETRE-SUR-ZONE-Par-Alessi-Dell-Umbria

    Au sein du mouvement contre le projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes, des perceptions extrêmes se sont toujours opposées. Elles se retrouvaient sur la ZAD même. Ce ne fut pas toujours facile de les combiner mais enfin le mouvement a tiré sa force de cette composition, qui lui a permis de s’exprimer sur des modes variés, depuis le blocage du périphérique jusqu’à des recours juridiques en passant par des journées portes ouvertes et par l’émeute pure et simple. Du tirage et des désaccords, il y en eut (...)

  • Zad will survive - Des habitant.e.s des lieux suivants : le Moulin de Rohanne, la Rolandière, les 100 noms, la Hulotte, Saint-Jean du Tertre, les Fosses noires, la Baraka et Nantes réunis dans le CMDO (Conseil Pour le Maintien des Occupations), Zone A Défendre
    https://zad.nadir.org/spip.php?article5141

    Ne pas laisser la victoire…

    Il n’y aura pas d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes », disions-nous souvent, pour démontrer notre entêtement, pour en faire une prophétie. Le 17 janvier, cet énoncé a été inscrit en lettres capitales dans un pays entier. C’est maintenant une phrase toute bête, mais qui signe un fait historique d’une ampleur inégalée ces 40 dernières années : la première grande victoire politique de toute une génération. Il aura fallu remonter à la lutte des paysans du Larzac pour lui trouver un équivalent, tant notre présent en est avare. Et c’est un mauvais comparant, puisqu’ici, c’est contre une succession de gouvernements hostiles que nous l’avons emporté, sans qu’aucun candidat n’inscrive l’abandon dans son programme. Sans excès de pacifisme, également, ce que n’ont pas manqué de souligner les chroniqueurs s’en référant au statut emblématique de zone de « non-droit » de la zad et à sa défense acharnée en 2012. Il serait erroné de croire que seules les pierres et les barricades ont permis de gagner. Pourtant c’est bien leur usage qui a rendu la décision d’abandon à la fois aussi impérieuse et aussi dure à avaler pour Macron. « Céder la zad aux radicaux », voilà ce que les éditorialistes ont reproché au Président, occultant le fait qu’un mouvement de lutte dans son entier ait bataillé un demi-siècle durant en usant de toutes les formes de résistance légales ou illégales. Pour éviter l’humiliation, l’État a donc monté une pièce de théâtre un peu branlante : une médiation, d’abord, puis une foule de réunions avec les élus locaux, et enfin le mime d’une expulsion avortée, pour faire oublier ses menaces, ses renoncements, ses reniements, pour étouffer le « oui » vainqueur à la consultation de 2016, bref le caractère scandaleux d’une telle déculottée. Malgré tous ces efforts, la victoire scintille au milieu des ordures médiatiques et politiciennes. Elle n’a eu à dire que deux petits mots : « Et toc ! »

    Ce que ces mots font de bien dans une époque où tout nous porte à croire qu’il est vain de se battre, chacun peut le sentir. Leur insolence est proportionnelle à la pression constante pesant sur le bocage depuis presque une décennie, ou au sein des manifestations de rue dans les villes de France. Le 17 janvier, des messages nous sont parvenus de toute l’Europe, tant l’expérience de la zad est emblématique, du fait de sa durée, de sa consistance, de sa capacité d’agrégation et de son audace. Mais ce qui nous toucha plus encore, ce furent les accolades que nous donnèrent les anciens sous le hangar de la Vacherit, celles et ceux qui avaient gagné au Pellerin, au Carnet, à Plogoff et qui levaient leurs verres au retour de cette saine peur des notables de ne plus pouvoir mener leurs grands projets dans ce pays.

    ...au bord de la route

    Pourtant, il n’est pas simple de gagner. D’autant que dans une volonté de revanche quasi unanime, journalistes, élus et entrepreneurs s’accordaient à dire que si l’État devait abandonner ce projet d’aéroport, il fallait au moins que cela permette dans la foulée de se débarrasser des « zadistes ». Il s’agissait alors d’appuyer sur ce qui aurait pu enfin isoler les occupants illégaux de leurs voisins, de leurs camarades paysans, naturalistes et syndicalistes. Ainsi, la Préfecture nous a-t-elle enjoints de démonter tout ce qui obstruait la D281, sous peine d’une intervention policière immédiate dont le périmètre demeurait délibérément flou. Les gardes mobiles étaient stationnés dans les environs, contrôlant les véhicules dans les bourgs jouxtant la zad. Cette injonction avait des accents pour le moins cocasses, puisque c’est la même Préfecture, en 2013, qui avait fermé cet axe, rouvert immédiatement par le mouvement. Mais cette route n’est pas simplement un axe, c’est un symbole. Chargé de notre histoire avec ses fameuses chicanes à la fois poétiques et chaotiques, ses dessins meulés dans le goudron, ses ronces qui regagnent sur le bitume, ses usages improbables... et les désaccords qu’elle engendrait cycliquement entre nous. Car si elle était ouverte à la circulation, elle n’était pas toujours facile à emprunter, notamment pour les paysans qui peinaient parfois à y faire passer leurs machines agricoles. Elle générait également angoisses et rancœurs de la part de nombre de nos voisins, du fait de comportements parfois hostiles de certains barricadiers, et beaucoup se sont résignés à ne plus l’emprunter. Une fois l’abandon prononcé, il devenait impossible de continuer à défendre avec force les chicanes de la route alors que les villageois se prononçaient pour son ouverture totale et qu’une partie très importante du mouvement estimait ce geste nécessaire afin d’être en position de maintenir une lutte pour l’avenir de la zad. L’État a donc tenté de jouer sur ce point de discorde pour ne pas totalement perdre la face. Nous étions alors nombreux à nous dire que si nous ne rouvrions pas la route, l’intervention promise était fort probable. Elle aurait offert au gouvernement le récit dont il rêvait : les fameux « 50 radicaux » dont la presse faisait ses choux gras, à côté des barricades, coupés du reste du mouvement qui refusait de s’engager à ce sujet. Cela aurait pu ensuite servir de tremplin à des arrestations ou à l’expulsion de certains habitats. Dans les jours qui ont suivi l’abandon, le déblayage de la D281 est devenu le point nodal autour duquel se jouerait l’éclatement définitif du mouvement ou la possibilité de le voir croître et perdurer au-delà du 17 janvier. Devait-on prendre le risque de tout perdre - l’expérience de la zad, une défense unie des lieux occupés, un avenir commun avec les autres composantes – pour un symbole ? Nous avons en assemblée décidé que non, sans possibilité pour cette fois de parvenir à un consensus. Certains ont très mal pris cette résolution, et il a fallu de longues discussions, tournant souvent à la franche engueulade, pour finalement démonter les deux cabanes construites sur la route. L’une d’elles est en reconstruction dans un champ bordant la D281. Mais les tensions autour de la route et des travaux de réfection subsistent.

    Il importe pourtant pour l’avenir immédiat que ce démontage ait été l’occasion de renouveler une promesse solennelle prononcée par toutes les composantes : si nous étions à nouveau en danger imminent d’expulsion, tous s’engagent à venir rebarricader les routes qui mènent à la zad.

    #stratégie #composition #luttes #zad

  • « Années de plomb » ou décennie de subversion ?, par Serge Quadruppani
    https://www.monde-diplomatique.fr/2017/06/QUADRUPPANI/57578 #st

    Écrit par le romancier et poète Nanni Ballestrini et par Primo Moroni, dont la librairie milanaise fut un haut lieu du militantisme extraparlementaire, publié une première fois en 1988, l’ouvrage La Horde d’or a une histoire aussi mouvementée que son sujet. Remanié et complété en 1997 par Sergio Bianchi, auteur et éditeur, avec l’aide d’une douzaine de contributeurs qui ont presque tous pris part à la « grande vague révolutionnaire et créative, politique et existentielle » des années 1960-1970, il paraît pour la première fois en français.

    http://zinc.mondediplo.net/messages/68842 via Le Monde diplomatique

  • Classes et confessionnalisme au #Liban
    http://revueperiode.net/classes-et-confessionnalisme-au-liban

    Les luttes confessionnelles constituent l’un des axes centraux de la vie politique au Liban. Comment rendre compte de cette forme d’antagonisme en termes marxistes ? Fawwaz Traboulsi propose ici une reconstruction théorique qui fait un sort aux conception économicistes – pour lesquelles les #confessions appartiendraient à une dimension purement idéologique (de l’ordre de la superstructure) tandis que les classes existeraient par elles mêmes. Pour Traboulsi, à l’inverse, le défi posé par les confessions, leurs luttes, est précisément de comprendre en quoi ces conflits sont constitutifs de la formation des classes sociales au (...)

    #Uncategorized #composition_de_classe

  • Classes moyennes, la fausse majorité d’une société de contrôle.

    « Une nouvelle mystification monte : les classes moyennes n’auront qu’une ombre de pouvoir, que des miettes de richesse, mais c’est autour d’elles que s’organise le scénario. Leurs valeurs, leur culture l’emportent ou semblent l’emporter parce que supérieures à celles de la classe ouvrière » La vie quotidienne dans le monde moderne, Henri Lefebvre, 1968.

    Viens d’entendre un responsable politique à la radio déclarer que la suppression de la prime pour l’emploi (PPE) au profit de la création de la prime d’activité va léser plus d’un million de membres de la classe moyenne.

    Or cette "classe moyenne" là, elle est pauvre, non pas au sens statistique ou misérabiliste, mais concrètement, en tout cas pour ceux qui vivent dans des villes capitales, métropoles, etc, aux loyers chers( au dessus du SMIC mensuel, il est rare qu’un isolé puisse obtenir un bout d’APL).
    En effet, pour avoir droit à la PPE en 2015 le revenu fiscal de référence du foyer en 2014 ne devait pas dépasser 16 251 € pour les célibataires, soit 1350€/mois, tandis qu’en 2012 le revenu médian était de 19 740 euros annuels, soit 1645€/mois. Mieux encore le PIB (y a pas mieux que cet indicateur fordien...) par tête est ici de 35 000€/an, soit 2900 euros mensuels par habitant.

    C’est dans un tel contexte (je reviens pas sur l’explosion des inégalités, ou sur l’individualisation des salaires et des revenus opérée sous gvts PS durant les années 80 et 90...), que tout est fait pour que qui dispose d’un SMIC mensuel (plus ou moins amélioré) jalouse qui ne se loue pas à un patron tout en "bénéficiant" de 450€/mois (RSA) et d’éventuels droits aussi "connexes" qu’indispensables (APL, CMU, transports).

    La haine de classe aura été remplacée par une haine de proximité, dirigé vers le plus proche. Nul besoin de complot pour cela (même si experts, journalistes, politiques font leur job pour imposer des représentations falsifiées), comme a pu en témoigner la fin des mouvements de #chômeurs et #précaires des années 90.
    Après la forte mobilisation de l’hiver 1997/98 qui fut suivie d’une fin de non recevoir du gvt Jospin (et de multiples évacuations policières de lieux occupés) on a vu des batailles de légitimité politique internes aux mouvements en question qui reposaient peu ou prou, désorientation aidant, sur l’évaluation des revenus des uns et des autres, nombre de ceux dépendants des minima n’hésitant pas à disqualifier jusqu’aux chômeurs indemnisés par les Assedic (considérés comme trop bien servis pour être honnêtes, ou ignorants des "vraies réalités de la précarité")...

    L’activité commune permettait, non sans heurts et débats virulents, un processus de #composition_politique parmi des forces sociales redoutablement hétérogènes. La défaite a décomposé tout cela. Et sauf à quelques moments depuis (lutte des recalculés de l’Unedic, contre les "réformes" des retraites, de l’intermittence), aucune force collective n’a pu faire barrage à ce prolongement de l’atomisation capitaliste (chacun entrepreneur de soi et la #concurrence pour tous).

    Un énoncé tel que "nous sommes les 99%", aussi faux que "les classes moyennes sont partout", car oui, avec la généralisation du salariat (avec ou sans fiche de paie), la lutte de classe passe à l’intérieur du salariat, a au moins le mérite de dire que les minorités politiques sont la majorité.

    #décomposition_politique #reflux #repli