• L’#Europe et la fabrique de l’étranger

    Les discours sur l’ « #européanité » illustrent la prégnance d’une conception identitaire de la construction de l’Union, de ses #frontières, et de ceux qu’elle entend assimiler ou, au contraire, exclure au nom de la protection de ses #valeurs particulières.

    Longtemps absente de la vie démocratique de l’#Union_européenne (#UE), la question identitaire s’y est durablement installée depuis les années 2000. Si la volonté d’affirmer officiellement ce que « nous, Européens » sommes authentiquement n’est pas nouvelle, elle concernait jusqu’alors surtout – à l’instar de la Déclaration sur l’identité européenne de 1973 – les relations extérieures et la place de la « Communauté européenne » au sein du système international. À présent, elle renvoie à une quête d’« Européanité » (« Europeanness »), c’est-à-dire la recherche et la manifestation des #trait_identitaires (héritages, valeurs, mœurs, etc.) tenus, à tort ou à raison, pour caractéristiques de ce que signifie être « Européens ». Cette quête est largement tournée vers l’intérieur : elle concerne le rapport de « nous, Européens » à « nous-mêmes » ainsi que le rapport de « nous » aux « autres », ces étrangers et étrangères qui viennent et s’installent « chez nous ».

    C’est sous cet aspect identitaire qu’est le plus fréquemment et vivement discuté ce que l’on nomme la « #crise_des_réfugiés » et la « #crise_migratoire »

    L’enjeu qui ferait de l’#accueil des exilés et de l’#intégration des migrants une « #crise » concerne, en effet, l’attitude que les Européens devraient adopter à l’égard de celles et ceux qui leur sont « #étrangers » à double titre : en tant qu’individus ne disposant pas de la #citoyenneté de l’Union, mais également en tant que personnes vues comme les dépositaires d’une #altérité_identitaire les situant à l’extérieur du « #nous » – au moins à leur arrivée.

    D’un point de vue politique, le traitement que l’Union européenne réserve aux étrangères et étrangers se donne à voir dans le vaste ensemble de #discours, #décisions et #dispositifs régissant l’#accès_au_territoire, l’accueil et le #séjour de ces derniers, en particulier les accords communautaires et agences européennes dévolus à « une gestion efficace des flux migratoires » ainsi que les #politiques_publiques en matière d’immigration, d’intégration et de #naturalisation qui restent du ressort de ses États membres.

    Fortement guidées par des considérations identitaires dont la logique est de différencier entre « nous » et « eux », de telles politiques soulèvent une interrogation sur leurs dynamiques d’exclusion des « #autres » ; cependant, elles sont aussi à examiner au regard de l’#homogénéisation induite, en retour, sur le « nous ». C’est ce double questionnement que je propose de mener ici.

    En quête d’« Européanité » : affirmer la frontière entre « nous » et « eux »

    La question de savoir s’il est souhaitable et nécessaire que les contours de l’UE en tant que #communauté_politique soient tracés suivant des #lignes_identitaires donne lieu à une opposition philosophique très tranchée entre les partisans d’une défense sans faille de « l’#identité_européenne » et ceux qui plaident, à l’inverse, pour une « #indéfinition » résolue de l’Europe. Loin d’être purement théorique, cette opposition se rejoue sur le plan politique, sous une forme tout aussi dichotomique, dans le débat sur le traitement des étrangers.

    Les enjeux pratiques soulevés par la volonté de définir et sécuriser « notre » commune « Européanité » ont été au cœur de la controverse publique qu’a suscitée, en septembre 2019, l’annonce faite par #Ursula_von_der_Leyen de la nomination d’un commissaire à la « #Protection_du_mode_de_vie_européen », mission requalifiée – face aux critiques – en « #Promotion_de_notre_mode_de_vie_européen ». Dans ce portefeuille, on trouve plusieurs finalités d’action publique dont l’association même n’a pas manqué de soulever de vives inquiétudes, en dépit de la requalification opérée : à l’affirmation publique d’un « #mode_de_vie » spécifiquement « nôtre », lui-même corrélé à la défense de « l’#État_de_droit », « de l’#égalité, de la #tolérance et de la #justice_sociale », se trouvent conjoints la gestion de « #frontières_solides », de l’asile et la migration ainsi que la #sécurité, le tout placé sous l’objectif explicite de « protéger nos citoyens et nos valeurs ».

    Politiquement, cette « priorité » pour la période 2019-2024 s’inscrit dans la droite ligne des appels déjà anciens à doter l’Union d’un « supplément d’âme
     » ou à lui « donner sa chair » pour qu’elle advienne enfin en tant que « #communauté_de_valeurs ». De tels appels à un surcroît de substance spirituelle et morale à l’appui d’un projet européen qui se devrait d’être à la fois « politique et culturel » visaient et visent encore à répondre à certains problèmes pendants de la construction européenne, depuis le déficit de #légitimité_démocratique de l’UE, si discuté lors de la séquence constitutionnelle de 2005, jusqu’au défaut de stabilité culminant dans la crainte d’une désintégration européenne, rendue tangible en 2020 par le Brexit.

    Précisément, c’est de la #crise_existentielle de l’Europe que s’autorisent les positions intellectuelles qui, poussant la quête d’« Européanité » bien au-delà des objectifs politiques évoqués ci-dessus, la déclinent dans un registre résolument civilisationnel et défensif. Le geste philosophique consiste, en l’espèce, à appliquer à l’UE une approche « communautarienne », c’est-à-dire à faire entièrement reposer l’UE, comme ensemble de règles, de normes et d’institutions juridiques et politiques, sur une « #communauté_morale » façonnée par des visions du bien et du monde spécifiques à un groupe culturel. Une fois complétée par une rhétorique de « l’#enracinement » desdites « #valeurs_européennes » dans un patrimoine historique (et religieux) particulier, la promotion de « notre mode de vie européen » peut dès lors être orientée vers l’éloge de ce qui « nous » singularise à l’égard d’« autres », de « ces mérites qui nous distinguent » et que nous devons être fiers d’avoir diffusés au monde entier.

    À travers l’affirmation de « notre » commune « Européanité », ce n’est pas seulement la reconnaissance de « l’#exception_européenne » qui est recherchée ; à suivre celles et ceux qui portent cette entreprise, le but n’est autre que la survie. Selon #Chantal_Delsol, « il en va de l’existence même de l’Europe qui, si elle n’ose pas s’identifier ni nommer ses caractères, finit par se diluer dans le rien. » Par cette #identification européenne, des frontières sont tracées. Superposant Europe historique et Europe politique, Alain Besançon les énonce ainsi : « l’Europe s’arrête là où elle s’arrêtait au XVIIe siècle, c’est-à-dire quand elle rencontre une autre civilisation, un régime d’une autre nature et une religion qui ne veut pas d’elle. »

    Cette façon de délimiter un « #nous_européen » est à l’exact opposé de la conception de la frontière présente chez les partisans d’une « indéfinition » et d’une « désappropriation » de l’Europe. De ce côté-ci de l’échiquier philosophique, l’enjeu est au contraire de penser « un au-delà de l’identité ou de l’identification de l’Europe », étant entendu que le seul « crédit » que l’on puisse « encore accorder » à l’Europe serait « celui de désigner un espace de circulation symbolique excédant l’ordre de l’identification subjective et, plus encore, celui de la #crispation_identitaire ». Au lieu de chercher à « circonscri[re] l’identité en traçant une frontière stricte entre “ce qui est européen” et “ce qui ne l’est pas, ne peut pas l’être ou ne doit pas l’être” », il s’agit, comme le propose #Marc_Crépon, de valoriser la « #composition » avec les « #altérités » internes et externes. Animé par cette « #multiplicité_d’Europes », le principe, thématisé par #Etienne_Balibar, d’une « Europe comme #Borderland », où les frontières se superposent et se déplacent sans cesse, est d’aller vers ce qui est au-delà d’elle-même, vers ce qui l’excède toujours.

    Tout autre est néanmoins la dynamique impulsée, depuis une vingtaine d’années, par les politiques européennes d’#asile et d’immigration.

    La gouvernance européenne des étrangers : l’intégration conditionnée par les « valeurs communes »

    La question du traitement public des étrangers connaît, sur le plan des politiques publiques mises en œuvre par les États membres de l’UE, une forme d’européanisation. Celle-ci est discutée dans les recherches en sciences sociales sous le nom de « #tournant_civique ». Le terme de « tournant » renvoie au fait qu’à partir des années 2000, plusieurs pays européens, dont certains étaient considérés comme observant jusque-là une approche plus ou moins multiculturaliste (tels que le Royaume-Uni ou les Pays-Bas), ont développé des politiques de plus en plus « robustes » en ce qui concerne la sélection des personnes autorisées à séjourner durablement sur leur territoire et à intégrer la communauté nationale, notamment par voie de naturalisation. Quant au qualificatif de « civique », il marque le fait que soient ajoutés aux #conditions_matérielles (ressources, logement, etc.) des critères de sélection des « désirables » – et, donc, de détection des « indésirables » – qui étendent les exigences relatives à une « #bonne_citoyenneté » aux conduites et valeurs personnelles. Moyennant son #intervention_morale, voire disciplinaire, l’État se borne à inculquer à l’étranger les traits de caractère propices à la réussite de son intégration, charge à lui de démontrer qu’il conforme ses convictions et comportements, y compris dans sa vie privée, aux « valeurs » de la société d’accueil. Cette approche, centrée sur un critère de #compatibilité_identitaire, fait peser la responsabilité de l’#inclusion (ou de l’#exclusion) sur les personnes étrangères, et non sur les institutions publiques : si elles échouent à leur assimilation « éthique » au terme de leur « #parcours_d’intégration », et a fortiori si elles s’y refusent, alors elles sont considérées comme se plaçant elles-mêmes en situation d’être exclues.

    Les termes de « tournant » comme de « civique » sont à complexifier : le premier car, pour certains pays comme la France, les dispositifs en question manifestent peu de nouveauté, et certainement pas une rupture, par rapport aux politiques antérieures, et le second parce que le caractère « civique » de ces mesures et dispositifs d’intégration est nettement moins évident que leur orientation morale et culturelle, en un mot, identitaire.

    En l’occurrence, c’est bien plutôt la notion d’intégration « éthique », telle que la définit #Jürgen_Habermas, qui s’avère ici pertinente pour qualifier ces politiques : « éthique » est, selon lui, une conception de l’intégration fondée sur la stabilisation d’un consensus d’arrière-plan sur des « valeurs » morales et culturelles ainsi que sur le maintien, sinon la sécurisation, de l’identité et du mode de vie majoritaires qui en sont issus. Cette conception se distingue de l’intégration « politique » qui est fondée sur l’observance par toutes et tous des normes juridico-politiques et des principes constitutionnels de l’État de droit démocratique. Tandis que l’intégration « éthique » requiert des étrangers qu’ils adhèrent aux « valeurs » particulières du groupe majoritaire, l’intégration « politique » leur demande de se conformer aux lois et d’observer les règles de la participation et de la délibération démocratiques.

    Or, les politiques d’immigration, d’intégration et de naturalisation actuellement développées en Europe sont bel et bien sous-tendues par cette conception « éthique » de l’intégration. Elles conditionnent l’accès au « nous » à l’adhésion à un socle de « valeurs » officiellement déclarées comme étant déjà « communes ». Pour reprendre un exemple français, cette approche ressort de la manière dont sont conçus et mis en œuvre les « #contrats_d’intégration » (depuis le #Contrat_d’accueil_et_d’intégration rendu obligatoire en 2006 jusqu’à l’actuel #Contrat_d’intégration_républicaine) qui scellent l’engagement de l’étranger souhaitant s’installer durablement en France à faire siennes les « #valeurs_de_la_République » et à les « respecter » à travers ses agissements. On retrouve la même approche s’agissant de la naturalisation, la « #condition_d’assimilation » propre à cette politique donnant lieu à des pratiques administratives d’enquête et de vérification quant à la profondeur et la sincérité de l’adhésion des étrangers auxdites « valeurs communes », la #laïcité et l’#égalité_femmes-hommes étant les deux « valeurs » systématiquement mises en avant. L’étude de ces pratiques, notamment les « #entretiens_d’assimilation », et de la jurisprudence en la matière montre qu’elles ciblent tout particulièrement les personnes de religion et/ou de culture musulmanes – ou perçues comme telles – en tant qu’elles sont d’emblée associées à des « valeurs » non seulement différentes, mais opposées aux « nôtres ».

    Portées par un discours d’affrontement entre « systèmes de valeurs » qui n’est pas sans rappeler le « #choc_des_civilisations » thématisé par #Samuel_Huntington, ces politiques, censées « intégrer », concourent pourtant à radicaliser l’altérité « éthique » de l’étranger ou de l’étrangère : elles construisent la figure d’un « autre » appartenant – ou suspecté d’appartenir – à un système de « valeurs » qui s’écarterait à tel point du « nôtre » que son inclusion dans le « nous » réclamerait, de notre part, une vigilance spéciale pour préserver notre #identité_collective et, de sa part, une mise en conformité de son #identité_personnelle avec « nos valeurs », telles qu’elles s’incarneraient dans « notre mode de vie ».

    Exclusion des « autres » et homogénéisation du « nous » : les risques d’une « #Europe_des_valeurs »

    Le recours aux « valeurs communes », pour définir les « autres » et les conditions de leur entrée dans le « nous », n’est pas spécifique aux politiques migratoires des États nationaux. L’UE, dont on a vu qu’elle tenait à s’affirmer en tant que « communauté morale », a substitué en 2009 au terme de « #principes » celui de « valeurs ». Dès lors, le respect de la dignité humaine et des droits de l’homme, la liberté, la démocratie, l’égalité, l’État de droit sont érigés en « valeurs » sur lesquelles « l’Union est fondée » (art. 2 du Traité sur l’Union européenne) et revêtent un caractère obligatoire pour tout État souhaitant devenir et rester membre de l’UE (art. 49 sur les conditions d’adhésion et art. 7 sur les sanctions).

    Reste-t-on ici dans le périmètre d’une « intégration politique », au sens où la définit Habermas, ou franchit-on le cap d’une « intégration éthique » qui donnerait au projet de l’UE – celui d’une intégration toujours plus étroite entre les États, les peuples et les citoyens européens, selon la formule des traités – une portée résolument identitaire, en en faisant un instrument pour sauvegarder la « #civilisation_européenne » face à d’« autres » qui la menaceraient ? La seconde hypothèse n’a certes rien de problématique aux yeux des partisans de la quête d’« Européanité », pour qui le projet européen n’a de sens que s’il est tout entier tourné vers la défense de la « substance » identitaire de la « civilisation européenne ».

    En revanche, le passage à une « intégration éthique », tel que le suggère l’exhortation à s’en remettre à une « Europe des valeurs » plutôt que des droits ou de la citoyenneté, comporte des risques importants pour celles et ceux qui souhaitent maintenir l’Union dans le giron d’une « intégration politique », fondée sur le respect prioritaire des principes démocratiques, de l’État de droit et des libertés fondamentales. D’où également les craintes que concourt à attiser l’association explicite des « valeurs de l’Union » à un « mode de vie » à préserver de ses « autres éthiques ». Deux risques principaux semblent, à cet égard, devoir être mentionnés.

    En premier lieu, le risque d’exclusion des « autres » est intensifié par la généralisation de politiques imposant un critère de #compatibilité_identitaire à celles et ceux que leur altérité « éthique », réelle ou supposée, concourt à placer à l’extérieur d’une « communauté de valeurs » enracinée dans des traditions particulières, notamment religieuses. Fondé sur ces bases identitaires, le traitement des étrangers en Europe manifesterait, selon #Etienne_Tassin, l’autocontradiction d’une Union se prévalant « de la raison philosophique, de l’esprit d’universalité, de la culture humaniste, du règne des droits de l’homme, du souci pour le monde dans l’ouverture aux autres », mais échouant lamentablement à son « test cosmopolitique et démocratique ». Loin de représenter un simple « dommage collatéral » des politiques migratoires de l’UE, les processus d’exclusion touchant les étrangers constitueraient, d’après lui, « leur centre ». Même position de la part d’Étienne Balibar qui n’hésite pas à dénoncer le « statut d’#apartheid » affectant « l’immigration “extracommunautaire” », signifiant par là l’« isolement postcolonial des populations “autochtones” et des populations “allogènes” » ainsi que la construction d’une catégorie d’« étrangers plus qu’étrangers » traités comme « radicalement “autres”, dissemblables et inassimilables ».

    Le second risque que fait courir la valorisation d’un « nous » européen désireux de préserver son intégrité « éthique », touche au respect du #pluralisme. Si l’exclusion des « autres » entre assez clairement en tension avec les « valeurs » proclamées par l’Union, les tendances à l’homogénéisation résultant de l’affirmation d’un consensus fort sur des valeurs déclarées comme étant « toujours déjà » communes aux Européens ne sont pas moins susceptibles de contredire le sens – à la fois la signification et l’orientation – du projet européen. Pris au sérieux, le respect du pluralisme implique que soit tolérée et même reconnue une diversité légitime de « valeurs », de visions du bien et du monde, dans les limites fixées par l’égale liberté et les droits fondamentaux. Ce « fait du pluralisme raisonnable », avec les désaccords « éthiques » incontournables qui l’animent, est le « résultat normal » d’un exercice du pouvoir respectant les libertés individuelles. Avec son insistance sur le partage de convictions morales s’incarnant dans un mode de vie culturel, « l’Europe des valeurs » risque de produire une « substantialisation rampante » du « nous » européen, et d’entériner « la prédominance d’une culture majoritaire qui abuse d’un pouvoir de définition historiquement acquis pour définir à elle seule, selon ses propres critères, ce qui doit être considéré comme la culture politique obligatoire de la société pluraliste ».

    Soumis aux attentes de reproduction d’une identité aux frontières « éthiques », le projet européen est, en fin de compte, dévié de sa trajectoire, en ce qui concerne aussi bien l’inclusion des « autres » que la possibilité d’un « nous » qui puisse s’unir « dans la diversité ».

    https://laviedesidees.fr/L-Europe-et-la-fabrique-de-l-etranger
    #identité #altérité #intégration_éthique #intégration_politique #religion #islam

    • Politique de l’exclusion

      Notion aussi usitée que contestée, souvent réduite à sa dimension socio-économique, l’exclusion occupe pourtant une place centrale dans l’histoire de la politique moderne. Les universitaires réunis autour de cette question abordent la dimension constituante de l’exclusion en faisant dialoguer leurs disciplines (droit, histoire, science politique, sociologie). Remontant à la naissance de la citoyenneté moderne, leurs analyses retracent l’invention de l’espace civique, avec ses frontières, ses marges et ses zones d’exclusion, jusqu’à l’élaboration actuelle d’un corpus de valeurs européennes, et l’émergence de nouvelles mobilisations contre les injustices redessinant les frontières du politique.

      Tout en discutant des usages du concept d’exclusion en tenant compte des apports critiques, ce livre explore la manière dont la notion éclaire les dilemmes et les complexités contemporaines du rapport à l’autre. Il entend ainsi dévoiler l’envers de l’ordre civique, en révélant la permanence d’une gouvernementalité par l’exclusion.

      https://www.puf.com/politique-de-lexclusion

      #livre

  • Antoine Math : « En matière de droit des étrangers, les digues ont sauté » | Alternatives Economiques
    https://www.alternatives-economiques.fr/antoine-math-matiere-de-droit-etrangers-digues-ont-saute/00108578

    En pleine discussion sur le projet de #loi_immigration, le Sénat a non seulement supprimé l’aide médicale d’Etat (#AME) pour les #étrangers extra-européens mais adopté le 8 novembre deux amendements qui leur imposent cinq ans de « présence stable et régulière » en France pour percevoir l’allocation personnalisée au logement et les allocations familiales, mais aussi la prestation de compensation du handicap et le droit au logement opposable.

    L’économiste Antoine Math, chercheur à l’Institut de recherches économiques et sociales (Ires) et spécialiste des politiques sociales, revient sur ces décisions « qui viennent de très loin »...

    #droit_des_étrangers #droits_sociaux #APL #allocations_familiales#PCH #Dalo

    • Depuis des années, que ce soit dans les programmes des partis de droite et d’extrême droite ou dans certaines politiques publiques, notamment imposées à Mayotte et en Guyane, de telles mesures sont promues. Elles viennent de très loin, et dans le climat actuel d’#extrême-droitisation qui va bien au-delà des partis appartenant à ce spectre de l’échiquier politique, cela ne m’étonne pas qu’elles rencontrent un franc succès.
      Un détour par l’histoire n’est pas inutile. Pendant longtemps, il y avait une #condition_de_nationalité pour l’accès à certaines prestations sociales non contributives. Il fallait être Français ou Européen ou ressortissant d’un pays ayant signé telle ou telle convention avec la France. Les étrangers étaient ainsi exclus du minimum vieillesse, du minimum invalidité et de l’allocation aux adultes handicapés jusqu’en 1998.
      Pendant les années 1980, le Front national, aujourd’hui Rassemblement national, défendait ce qu’il appelait « la préférence nationale ». C’était sa mesure phare.

      [...]

      Une autre condition est rapidement venue combler l’impossibilité de la condition de nationalité pour restreindre l’accès des étrangers à certaines prestations. C’est la condition d’#antériorité_de_titre_de_séjour autorisant à travailler.
      Attention ! Ce n’est pas la condition d’ancienneté de présence ou de résidence, dite aussi de résidence stable, qui existe par exemple en matière de protection maladie, assurance maladie ou d’Aide médicale d’Etat. Elle est beaucoup plus restrictive.
      C’est une arme de guerre massive contre les étrangers. Elle ne permet pas d’exclure tous les étrangers comme le ferait la condition de nationalité jugée contraire à la Constitution et aux normes internationales, mais elle s’en approche par ses effets, en excluant une proportion d’autant plus importante que l’antériorité exigée est longue.
      Mais même lorsqu’on remplit en pratique cette condition draconienne, faire valoir ses droits n’a rien d’évident. Pour deux raisons. D’abord, il faut pouvoir le prouver. Or lorsqu’on renouvelle son titre de séjour, on rend l’ancien. Il faut donc être très prudent, avoir fait des scans ou des photocopies de ces titres de séjour précédents sur cinq, dix ou quinze ans, et ne pas les avoir perdus.
      Ensuite, lors des renouvellements de titres, il arrive fréquemment qu’il y ait une rupture de la continuité, parfois de quelques jours seulement, souvent du fait des préfectures qui tardent à fixer un rendez-vous ou délivrer le bon document.
      Du strict point de vue du droit, cela remet les compteurs à zéro. Les administrations sociales ne font pas toujours preuve de bienveillance à cet égard. L’étranger se trouve alors irrémédiablement pénalisé.
      Avec ces amendements, on s’oriente vers l’exclusion de nombreuses personnes étrangères résidant régulièrement en France.

      merci @sombre

  • Les combats pour l’émancipation des femmes et le mouvement ouvrier | #conferenceLO #archiveLO (13 février 2016)

    https://www.lutte-ouvriere.org/publications/brochures/les-combats-pour-lemancipation-des-femmes-et-le-mouvement-ouvrier-65

    Sommaire :

    – L’oppression des femmes  une conséquence de l’apparition de la #propriété_privée
    – La participation des femmes du peuple à la #Révolution_française
    – Le #Code_civil_de_Napoléon  : un arsenal contre les femmes
    – La réaction n’étouffe pas la voix de celles et ceux qui veulent l’égalité
    – Pendant la #révolution_de_1830, des prolétaires hommes et femmes se battent pour le droit au travail
    – Pour les héritières du #saint-simonisme, la lutte des femmes est jumelle de celle des prolétaires
    – Le #Manifeste_du_Parti_communiste de #Marx et #Engels contre la propriété des femmes
    – Pendant la #révolution_de_1848, les femmes luttent pour le droit au travail et élisent leurs délégués à la Commission du Luxembourg
    – Le mouvement ouvrier face à la revendication du droit au travail pour les femmes
    – La #Commune_de_Paris, premier État dirigé par des ouvriers et des ouvrières
    – L’Union des femmes crée un embryon d’organisation ouvrière de la production
    – Le mouvement socialiste marxiste : un contre-pouvoir qui se construit en intégrant des militantes dans ses rangs
    – La jeunesse d’une ouvrière devenue dirigeante socialiste  : #Adelheid_Popp
    – Les #préjugés sexistes ou corporatistes divisent les forces de la classe ouvrière
    – L’exemple d’une grève à Nancy...
    – ... Un contre-exemple, à Méru, quand la classe ouvrière surmonte les divisions
    – Les organisations féministes bourgeoises... pour les droits des femmes, mais dans le cadre limité de la société capitaliste
    – En #Grande-Bretagne, les #suffragettes utilisent la violence pour briser l’étau qui réprime leurs revendications
    – La #Révolution_russe débute lors de la #Journée_internationale_des_femmes le 8 mars 1917
    – Le pouvoir bolchevique réalise ce pour quoi se battent les #féministes en Europe et aux États-Unis
    – L’échec de la #révolution_mondiale et la stalinisation de l’Internationale  : les idées de la bourgeoisie pénètrent les partis ouvriers | #stalinisme
    – Le #PCF et sa volonté d’intégrer la société bourgeoise
    – La renaissance du #mouvement_féministe dans les années 1960-1970  : en dehors des organisations réformistes du mouvement ouvrier
    – La situation des #femmes à l’heure où les forces réactionnaires sont à l’offensive
    – Dans les pays riches aussi, la #condition_des_femmes paie son tribut à la réaction
    – Pour la fin de l’#oppression_des_femmes, comme pour la libération de l’ensemble de la société, il est vital que renaisse le #mouvement_ouvrier

    #capitalisme #marxisme #sexisme

  • Quelle est cette nouvelle réforme de l’assurance-chômage ?
    https://www.frustrationmagazine.fr/quelle-est-cette-nouvelle-reforme-de-lassurance-chomage

    “C’est une réforme de bon sens” nous dit François Lenglet, l’économiste à lunettes, face à Yves Calvi sur RTL. Les deux bonshommes se marrent en parlant de la réduction d’un quart de la durée d’indemnisation des chômeurs lors d’une “période verte”, où le chômage serait faible et la vie plus facile. Cette réforme est tellement […]

  • Féministe visionnaire au siècle des Lumières, Louise Dupin sort de l’ombre - Paris (75000)
    https://www.lejdc.fr/paris-75000/actualites/feministe-visionnaire-au-siecle-des-lumieres-louise-dupin-sort-de-l-ombre_1417

    Dans la veine de Diderot et d’Alembert, Louise Dupin, femme savante du XVIIIe siècle, a rédigé une encyclopédie de la condition féminine, restée lettre morte. Près de trois siècles plus tard, les écrits de cette féministe révolutionnaire ressurgissent d’outre-tombe.

    « Elle a choisi de ne pas occuper dans la république des lettres la place qu’elle méritait. » L’hommage de George Sand, née Aurore Dupin, s’adresse à son arrière-grand-mère par alliance, Louise Dupin, féministe avant l’heure, née un siècle avant elle, en 1706.

    Drôle de paradoxe pour cette intellectuelle, fille d’une actrice et d’un grand banquier, que de défendre la cause des femmes, l’égalité avec les hommes, jusqu’à travailler durant dix ans sur une encyclopédie pour finalement renoncer à la publier.
    Renaissance

    Le XVIIIe siècle, ses Lumières et son universalisme n’étaient-ils donc pas suffisamment éveillés pour reconnaître comme l’une des leurs celle qui accueillit en son salon parisien de l’île Saint-Louis tous les grands esprits du siècle ? – Marivaux, Montesquieu, Voltaire pour ne citer qu’eux. Et qui avait comme secrétaire particulier un dénommé Jean-Jacques Rousseau ? À moins, comme le suggère Frédéric Marty, que la parution d’un ouvrage aussi subversif n’ait pu altérer sa position sociale éminente et lui causer trop de tort. Ce qui revient au même.

    C’est en visitant le musée consacré au philosophe, à Montmorency, que le professeur de français à Jouy-le-Moutier, non loin de là dans le Val-d’Oise, tombe sur un fonds de manuscrits de « L’ouvrage des femmes » de Louise Dupin. « Les manuscrits sont restés aux mains des héritiers pendant quasiment deux siècles. Ils ont été dispersés aux enchères dans les années 1950, aux États-Unis, en France, en Suisse et chez des particuliers. »
    Sur tous les continents

    Il décide de faire de cette découverte l’objet de sa thèse, et s’envole, grâce à une bourse d’étude, à Genève et au Texas. Aujourd’hui, Frédéric Marty s’apprête à ressusciter cette histoire générale des femmes, qui s’intéresse à leur condition à travers les âges et sur tous les continents. Dans quelques jours paraîtra une introduction à cette encyclopédie, qu’il a établie et annotée.

    « La pensée de Louise Dupin est héritière d’une histoire du féminisme séculaire », relate l’auteur, depuis Christine de Pizan, la première femme de lettres de langue française ayant vécu de sa plume, jusqu’au XVIIe siècle avec les Précieuses consacrées par Molière. « Son maître à penser est le philosophe cartésien François Poullain de la Barre, auteur en 1673 d’un ouvrage qui défend l’égalité des sexes. L’originalité de Louise Dupin, c’est son ambition encyclopédique, ethnologique, sociologique, historique, qui l’inscrit dans le siècle des Lumières. »

    Puissance guerrière

    Que dit-elle précisément ? « Elle appartient à un courant féministe minoritaire qui affirme une stricte égalité entre les deux sexes alors que les Précieuses défendent la supériorité des femmes, notamment par la sensibilité et l’imagination. »
    Les récits de voyageurs et d’historiens du monde qu’elle dissèque avec Rousseau apportent de l’eau à son moulin.

    Louise Dupin part de l’idée que les hommes et les femmes étaient égaux dans les premières sociétés, que les femmes à la Préhistoire avait un rôle prépondérant, ce que l’archéologie confirme aujourd’hui. Et que petit à petit, les hommes ont pris le dessus, notamment à travers la guerre.

    « Elle montre qu’à Byzance, les impératrices détenaient un pouvoir important, et regrette que les historiens ne cessent de minorer le poids des reines de France, notamment chez les Mérovingiens », ajoute Frédéric Marty.
    Favorable au divorce

    Pour rétablir cette égalité, Louise Dupin propose une réforme politique. Elle dénonce la loi salique instituée en France, « une invention du Moyen-Âge pour évincer les femmes du pouvoir ».

    Sur le plan juridique, elle est favorable au divorce, plaide pour un mariage à durée déterminée, renouvelable. Plus généralement, elle milite pour une réforme des mentalités : une éducation similaire pour les garçons et les filles, qui « profitera à l’humanité tout entière ».

    Elle considère aussi que « le langage, le genre des mots sont vecteurs d’inégalité » et que l’image de la femme en pleurs renvoyée par le théâtre est discriminatoire, « de nature à inférioriser les femmes », détaille Frédéric Marty.

    Louise Dupin avait pensé à tout. Y compris aux enfants pour qu’ils puissent porter le nom de leur mère. Certes, il fallait, pour cela, que la maman soit plus âgée que le papa, chose rarissime à l’époque. Mais c’était un premier pas vers une loi finalement adoptée en 2022…

    « Louise Dupin, Des femmes. Observations du préjugé commun sur la différence des sexes » (édition de Frédéric Marty). Classiques Garnier (à paraître le 28 septembre).
    « Des femmes. Discours préliminaire » de Louise Dupin. Petite bibliothèque Payot, « Classiques » (à paraître le 31 août).

  • Vendée. Précarisés, les étudiants affluent à la distribution alimentaire de l’Université de La Roche-sur-Yon | Le Journal du Pays Yonnais
    https://actu.fr/societe/coronavirus/vendee-precarises-les-etudiants-affluent-a-la-distribution-alimentaire-de-l-uni

    Par Pierre-Alexandre Aubry Publié le 21 Jan 21 à 18:02

    Une distribution alimentaire a eu lieu, jeudi 21 janvier 2021, dans un local du campus universitaire de La Roche-sur-Yon.

    L’objectif : répondre aux besoins des étudiants, de plus en plus en difficulté, en pleine crise sanitaire liée à l’épidémie de Covid-19.
    Une initiative étudiante

    Face à cette précarité, ce sont six étudiants de la licence Information-Communication qui ont décidé de mener ce projet de distribution alimentaire.

    Face à la crise #Covid_19 aujourd’hui, une centaine d’étudiants etaient présents pour la 1re distribution alimentaire organisée par d’autres étudiants de l’université de La Roche-Sur-Yon.@UnivNantes #Vendee pic.twitter.com/Wm0jZNEBhQ

    — Pierre-Alex Aubry (@PAAubry) January 21, 2021

    Un projet tutoré qui se met en place sous la responsabilité de leur enseignant, Olivier Ertzscheid. « A la base, le but est de monter une épicerie solidaire », explique-t-il. Mais la situation actuelle et la précarité de certains étudiants les ont poussés à accélérer les choses.

    "L’idée, c’est de monter une distribution alimentaire régulière pour les étudiants, qui sont de plus en plus dans la fragilité".
    Olivier Ertzscheid
    Enseignant-Université La Roche-sur-Yon

    Pour répondre aux besoins des étudiants, ces six jeunes et leur tuteur ont décidé de proposer des colis de denrées alimentaires, grâce à l’aide de la Banque alimentaire de La Roche-sur-Yon.
    « Les étudiants sont complètement sous l’eau »

    Et les besoins des étudiants sont grands. Pour preuve : ils sont une centaine à s’être inscrits, via un formulaire en ligne, pour venir récupérer leur colis, jeudi 21 janvier.

    "C’est désolant de voir que les étudiants sont complètement sous l’eau. C’est alarmant sur la réalité de la vie étudiante".
    Olivier Ertzscheid

    Un sac de denrées alimentaires a été remis à chaque étudiants inscrit.
    Un sac de denrées alimentaires a été remis à chaque étudiants inscrit. (©Journal du Pays yonnais)

    Chaque colis contient des denrées alimentaires de base. « Pour le moment, il n’y a que du sec. Mais nous pourrons bientôt distribuer des produits frais, car nous allons installer des frigos », précise l’enseignant yonnais.

    Des produits d’hygiène sont également mis à la disposition des étudiants : dentifrice, serviettes hygiéniques, savons ou même des masques et du gel hydroalcoolique.

    Flora, Julie et Jeanne reviendront à la prochaine distribution. pic.twitter.com/qzcLPSd0LP

    — Pierre-Alex Aubry (@PAAubry) January 21, 2021

    Nouvelle distribution le 11 février

    « Merci de faire ça. Merci beaucoup, c’est super ! », lance une étudiante à ses camarades.

    De leurs côtés, Jeanne, Julie et Flora trouvent l’initiative intéressante :

    "Le fait que ce soit un projet mené par des étudiants, c’est bien. Ils nous comprennent et comprennent ce qu’on vit. C’est aussi le moyen de garder le lien en voyant d’autres étudiants."
    Jeanne, Julie et Flora
    Etudiantes à La Roche-sur-Yon

    La prochaine distribution aura lieu le 11 février, avec des produits frais en plus, grâce à l’aide supplémentaire des Restos du Cœur de Vendée.

    Quant à l’épicerie solidaire, elle devrait voir le jour à la rentrée 2021, et sera destinée à tous les étudiants qui le souhaitent, pas uniquement ceux de l’Université. D’autres associations y participeront et les récoltes du jardin partagé de l’Université y seront proposées.

    #Etudiants #Condition_vie #Olivier_Ertzscheid #Université #Précarité

  • ‘There are 100 people sharing 1 bathroom’: What it’s like being a refugee during the COVID-19 pandemic - Global News

    Many of the approximately 25 million refugees worldwide are facing a double crisis: on top of fleeing war-torn countries, they’re now facing scarce basic necessities, like soap and clean water, to fend off COVID-19.
    More than two million of these refugees live in camps, many of which are overcrowded. Residents are without the luxury of social distancing and without any infrastructure to help them isolate from those who are ill. But organizations like the UN’s refugee agency (UNHCR) have been trying to keep the novel coronavirus from spreading within these communities.

    #Covid-19#Moyen-Orient#Monde#Réfugiés#Camp#Pandemie#Quarantaine#condition_de_vie#migrant#migration

    https://globalnews.ca/news/6863269/coronavirus-refugee-pandemic

  • Afroféminisme (France)

    – Ait Ben Lmadani, Fatima  et Moujoud, Nasima, « Peut-on faire de l’#intersectionnalité sans les ex-colonisé-e-s ? » https://www.cairn.info/revue-mouvements-2012-4-page-11.htm#re22no22
    – Dooh Bunyah, Lydie (entretien avec), « La condition des #femmes_noires en #France » http://www.hommes-et-migrations.fr/docannexe/file/1213/dossier_1257_dossier_1257_81_89.pdf
    – Gay, Amandine, préface à Ne suis-je pas une femme ? de bell hooks
    – Maiga, Aïssa (dir.), Noire n’est pas mon métier
    – MWASI (collectif) - Afrofem
    – Thiam, Awa - La Parole aux négresses

    Race et société (France)

    – Bouteldja, Houria et Khiari, Sadri, Nous sommes les indigènes de la République
    – Cukierman, Leïla, Dambury, Gerty et Vergès, Françoise (dir.), Décolonisons les arts
    – Diallo, Rokhaya et Sombié, Brigitte, Afro !
    – Fanon, Frantz, Peau noire, masque blanc
    – Fanon, Frantz, Les damnés de la terre
    – Keaton, T. D., Sharpley-Whiting, T. D., Stovall, T., Black France / France noire : The History and Politics of Blackness
    – Ndiaye, Pap, La #Condition_noire. Essai sur une minorité française
    – Vergès, Françoise, « ’Le Nègre n’est pas. Pas plus que le Blanc’. Frantz Fanon, esclavage, race et racisme. » https://www.cairn.info/revue-actuel-marx-2005-2-page-45.htm
    – Vergès, Françoise, « Les troubles de la mémoire. #Traite_négrière, #esclavage et écriture de l’#histoire » https://journals.openedition.org/etudesafricaines/15110#quotation
    Wieviorka, Michel, « #Racisme, #racialisation et #ethnicisation en France » https://www.persee.fr/doc/homig_1142-852x_1996_num_1195_1_2609

    Black Feminism (États-Unis)

    – Davis, Angela, Femmes, #race et #classe
    – hooks, bell, Ne suis-je pas une femme ? Femmes noires et féminisme
    – Lorde, Audre, Sister Outsider

    Podcasts

    – « Des Black Studies en Europe ? », La Fabrique de l’Histoire, France Culture
    – Kiffe ta Race, Rokhaya Diallo et Grace Ly
    – Épisode 6 : Amandine Gay, La Poudre, Lauren Bastide

    –---

    Et elle ajoute :
    – Le Triangle et l’Hexagone de Maboula Soumahoro paru le 6 février
    – NoirEs sous surveillance. Esclavage, répression, violence d’État au Canada de Robyn Maynard
    – Afro-communautaire. Appartenir à nous-mêmes de Fania Noël-Thomassaint

    –-> compilation de Zoé Jourdain, reçue via mail

    #liste #compilation #ressources_pédagogiques #afro-féminisme #black_feminism #féminisme #féminismes

    ping @cede @karine4

  • Débat : Peut-on « séparer la femme de l’artiste » ? (Aurore Turbiau, The Conversation, 05.03.2020)
    https://theconversation.com/debat-peut-on-separer-la-femme-de-lartiste-132926

    Cet article voudrait avancer un autre élément de réponse. Si l’on ne cherche pas particulièrement à « séparer la #femme de l’#artiste », c’est peut-être parce que c’est impossible : en tant que « femme » une écrivaine écrit dans des conditions matérielles précises, qui déterminent en partie l’œuvre qu’elle produit ; en tant que « femme » en plus, il y a des chances qu’elle soit lue et reçue de manière particulière, d’une façon différente des œuvres produites par des hommes. Dans ce sens, les femmes qui créent sont toujours autant « artistes » que « femmes », et de manière inséparable (comme leurs collègues masculins sont aussi à peu près inséparablement « artistes » et « #hommes »).
    […]
    Virginia Woolf a été l’une des premières écrivaines occidentales à le dire et à être vraiment entendue (quoique tardivement) : créer, quand on est une femme, en raison précisément des conditions de vie et tâches sociales liées au sort des femmes dans la #société, ça ne peut pas avoir le même sens que créer, quand on est un homme.
    […]
    Ce que Benoîte Groult dit en somme, c’est que quand l’artiste est une femme, non seulement elle a eu un accès plus difficile à la #création, mais qu’en plus l’on voit toujours la femme en elle avant l’artiste. Cela conditionne absolument la manière dont on juge à la fois la personne et l’œuvre, inséparablement.
    […]
    Et aujourd’hui ? Apparemment, les choses n’ont pas tellement changé : la #condition_sociale des « femmes » continue probablement de les empêcher de créer et d’être jugées comme de vraies « artistes » – sans quoi comment expliquer leur étrange absence des prix littéraires ou des manuels scolaires ? Le « #plafond_de_verre » persiste en littérature, les prescripteurs restent des hommes et les femmes restent moins lues, quoiqu’elles soient nombreuses à créer. Femmes avant tout : artistes minorées.
    […]
    […] l’autonomisation du champ littéraire. Elle a participé à déterminer toute une série de grands partages dans l’#histoire_de_l’art et de la littérature :
    – l’idée qu’on doit séparer l’homme de l’artiste,
    – l’idée que la création est l’œuvre d’un individu (d’un homme, généralement), comme jaillie de nulle part, diamant pur,
    – l’idée que toutes les formes d’art ne se valent pas – certaines étant plus « pures » et de plus grande valeur que d’autres –,
    – l’idée qu’il doit être possible de faire un « art pour l’art » qui soit à lui même son propre but et qui puisse se lire et s’apprécier comme langage parfaitement beau et détaché du réel,
    – l’idée au contraire que les écritures « engagées », aux prises avec le réel de la société qu’elle décrivent, interrogent ou dénoncent, sont en quelque sorte de l’art de moindre qualité – impur.
    […]
    Le slogan « il faut séparer l’homme de l’artiste » cache en fait un double standard et un mécanisme de #domination sociale : aux femmes on ne cède que difficilement la place d’artiste – on n’utilise pas cette phrase pour elles parce qu’elles sont matériellement dominées, même dans leur carrière d’artiste, tout au long de leur vie –, les artistes masculins quant à eux sont autorisés à oublier leur identité, rôle social et responsabilités d’« hommes », puisqu’ils sont « artistes ».

  • A Montpellier, la police face à son « management brutal »
    https://www.mediapart.fr/journal/france/090919/montpellier-la-police-face-son-management-brutal

    Quatre mois sont passés depuis le suicide de la capitaine Élisabeth Gabet sur son lieu de travail, à Montpellier. Le syndicat Unité SGP Police-Force ouvrière pointe des dysfonctionnements dans le management du personnel.

    #France #condition_de_travail,_Police,_Montpellier,_suicide

  • Les migrations contribuent-elles à améliorer la condition des femmes au pays d’origine ?

    Ce 9e numéro de #De_facto mobilise des chercheurs en #économie_du_développement pour apprécier les conséquences des migrations sur la #condition_des_femmes dans les #pays_d’origine. Sandrine Mesplé-Somps et Idrissa Diabaté montrent que les émigrées qui rentrent au Mali depuis la Côte d’Ivoire contribuent à faire reculer l’#excision (http://icmigrations.fr/2019/07/01/defacto-9-001). À l’opposé, Simone Bertoli constate que les Égyptiens ayant séjourné dans les #pays_du_Golfe en reviennent avec une vision plus conservatrice du #rôle_des_femmes (http://icmigrations.fr/2019/07/01/defacto-9-003). Jason Gagnon compare migrations féminines et migrations masculines à l’échelle des grandes régions du monde et montre que les femmes migrent aussi dans l’espoir de s’émanciper (http://icmigrations.fr/2019/07/01/defacto-9-004). Au #Sénégal, où nous emmène Sylvie Lambert, les #migrations_matrimoniales des femmes peuvent leur permettre d’améliorer leur #bien-être et de gagner en #autonomie (http://icmigrations.fr/2019/07/01/defacto-9-002).

    http://icmigrations.fr/defacto-009
    #femmes #migrations #asile #réfugiés #développement #Golfe #émancipation #Egypte #Mali

  • #Masculins, est-ce ainsi que les #hommes se vivent

    Interroger le genre : « C’est quoi un garçon ? »

    C’est quoi, être un homme ? Ici, nous nous interrogeons sur ce qu’est un #garçon, « l’Autre », dont on perçoit la différence biologique et l’étrange ressemblance.

    https://www.franceculture.fr/emissions/lsd-la-serie-documentaire/masculins-est-ce-ainsi-que-les-hommes-se-vivent-14-interroger-le-genre


    –---------

    Combattre les #héros, construction-déconstruction de la #virilité

    Du vir latin à l’andrea grec, comment les #valeurs_masculines demandées (la #force_physique, le #courage guerrier, la #puissance sexuelle) ont-elles traversé l’#histoire viriliste, de l’Antiquité à nos jours ?

    https://www.franceculture.fr/emissions/lsd-la-serie-documentaire/masculins-est-ce-ainsi-que-les-hommes-se-vivent-24-combattre-les-heros

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    Eduquer les fils, l’#apprentissage du masculin

    Dans la famille, à l’école, dans la société, comment s’opère la transmission autour de la masculinité ?

    https://www.franceculture.fr/emissions/lsd-la-serie-documentaire/masculins-est-ce-ainsi-que-les-hommes-se-vivent-34-lenigme-du-masculin


    #éducation

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    Etre un homme, masculinités plurielles

    Après la révolution féministe, des hommes « ordinaires » dévoilent avec générosité une parole intime sur leur #condition_masculine.

    https://www.franceculture.fr/emissions/lsd-la-serie-documentaire/masculins-est-ce-ainsi-que-les-hommes-se-vivent-44-etre-un-homme-mascu


    #pluralité

    #masculinité #masculin

  • Actuel Moyen Âge - Être une femme libre au Moyen Âge (Élodie Pinel, Nonfiction.fr)
    https://www.nonfiction.fr/article-9608-actuel-moyen-age-etre-une-femme-libre-au-moyen-age.htm

    De Wonderwoman au cinéma jusqu’à Simone de Beauvoir au programme de l’agrégation, l’image de la #femme indépendante semble être le propre de notre modernité, avec le #MoyenÂge pour repoussoir ?
    […]
    À cette image simpliste, de l’évolution de la #condition_féminine, il convient d’apporter quelques nuances. […] Au-delà de ces comparaisons, que signifie, au Moyen Âge, d’être une femme indépendante ? L’#indépendance matérielle a-t-elle jamais été possible ? A-t-elle permis une indépendance sentimentale et intellectuelle ?
    Pour le comprendre, regardons du côté de deux groupes de femmes. D’abord celui des #trobairtiz, ensuite celui des #béguines. Leur point commun est le #discours_amoureux, un discours fervent, ardent – l’on dirait aujourd’hui : décomplexé. Celui de femmes libérées ou #libres, selon les cas.

  • It’s Time to Make Human-Chimp Hybrids - Issue 58: Self
    http://nautil.us/issue/58/self/its-time-to-make-human_chimp-hybrids

    It is a bit of a stretch, but by no means impossible or even unlikely that a hybrid or a chimera combining a human being and a chimpanzee could be produced in a laboratory. After all, human and chimp (or bonobo) share, by most estimates, roughly 99 percent of their nuclear DNA. Granted this 1 percent difference presumably involves some key alleles, the new gene-editing tool CRISPR offers the prospect (for some, the nightmare) of adding and deleting targeted genes as desired. As a result, it is not unreasonable to foresee the possibility—eventually, perhaps, the likelihood—of producing “humanzees” or “chimphumans.” Such an individual would not be an exact equal-parts-of-each combination, but would be neither human nor chimp: rather, something in between. If that prospect isn’t shocking (...)

  • Cette virilité qui fait du mal aux hommes - Le Temps
    https://www.letemps.ch/societe/2017/09/23/cette-virilite-mal-aux-hommes

    Par encore lu, mais je signale ici, c’est assez rare de voir aborder ce sujet.

    C’est un ado qui traîne chez lui, seul, s’ausculte dans le miroir, engloutit des cochonneries, joue à « Call of Duty »… et se rembrunit. Il garde longtemps sa tête sous l’eau dans un bain, rédige un SMS : « Pote, c’est bizarre, mais je me sens super mal. Je ne sais pas quoi faire. Tout irait mieux si… » qu’il efface aussitôt, avant de chercher sur Google « idées suicidaires ». S’affiche alors un message de prévention : « Tu n’es pas seul à ressentir cela. C’est dur d’en parler. Tu peux le faire avec nous. »

    Produit par l’association britannique Manchild, ce spot est l’une des nombreuses campagnes enjoignant les hommes à montrer leurs faiblesses, alors qu’en Grande-Bretagne le suicide est la première cause de mortalité masculine avant 34 ans. En Australie, le suicide est également la cause principale de décès des hommes de 15 à 44 ans.

    #virilité #faiblesse

    • J’ai pas encore lu non plus mais le suicide des hommes est un des sujet central des masculinistes, et les féministes en particulier canadiennes, y ont beaucoup répondu. Si les hommes se suicide plus c’est qu’ils utilisent des moyens plus efficaces que les femmes en raison de leur plus grand accès aux armes.
      #masculinisme #suicide

      le suicide est la première cause de mortalité masculine avant 34 ans.

      la première cause de mortalité féminine à cet age est le meurtre par conjoint ou ex-conjoint.

      edit après lecture le texte est plutot bien. Si le sujet t’interesse je croi que @tintin a réuni pas mal de littérature sur le sujet sur seenthis. et il y a les tag #condition_masculine et #contraception_masculine

    • Il me semblait que le texte aborde aussi une autre question qui me semble importante : comment les hommes peuvent-ils échapper à l’obligation de virilité, de machisme, etc... dans un contexte social où la pression inverse est très puissante, et précoce, je le vois hélas tous les jours dans les familles de copains de mon fils... Ça va pas être simple.

  • Des intérimaires toujours plus précaires, Le Monde économie, Catherine Quignon, 17.10.2017

    L’intérim est de moins en moins un tremplin vers un emploi stable. Les syndicats dénoncent des recours abusifs aux travailleurs intérimaires, les premières variables d’ajustement des entreprises.

    Lors du retour très commenté d’Emmanuel Macron sur le site de Whirlpool à Amiens, le 3 octobre, (http://lemonde.fr/politique/article/2017/10/03/emmanuel-macron-de-retour-a-amiens-aupres-des-salaries-de-whirlpool_5195290_) le président de la République a été interpellé par le député de La France insoumise François Ruffin sur le sort des intérimaires. Si la reprise du site par un industriel picard devrait permettre, à terme, de sauver l’emploi de 277 salariés de Whirlpool, les intérimaires – qui ne sont pas moins de 250 – sont exclus du plan de sauvegarde de l’emploi (PSE).

    En effet, même s’ils travaillent depuis plusieurs années dans la même entreprise, les intérimaires n’entrent pas en compte dans les procédures de reclassement dont bénéficient les salariés en interne en cas de PSE. Leurs indemnités de fin de mission sont également sans commune mesure avec les « gros chèques » (indemnités extralégales) que touchent parfois les salariés sur le départ.

    Plus précaire, leur statut est censé être un tremplin vers un poste stable, mais c’est de moins en moins le cas : seuls 8 % de salariés en intérim en mars 2015 étaient en contrat à durée indéterminé (CDI) un an après, selon l’Observatoire de l’intérim et du recrutement (http://observatoire-interim-recrutement.fr/connaitre-les-interimaires/#section-1_1). Ils étaient 16 % en 2011. Dans les faits, « les intérimaires peuvent enchaîner des missions pour la même entreprise pendant des mois, voire des années », s’insurge André Fadda, de la branche intérim de la CGT.

    Réservé aux intérimaires enchaînant des missions régulières, le CDI intérimaire reste marginal : il concernait seulement 15 300 signatures fin février 2017, selon le dernier baromètre de Prism’Emploi. Une paille en comparaison des 698 000 intérimaires recensés en juillet 2017 par le ministère du travail. Au deuxième trimestre 2017, l’emploi intérimaire est en effet reparti à la hausse dans l’industrie et il est en forte croissance dans le tertiaire (http://dares.travail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/2017-068.pdf).

    En théorie, la loi interdit de recourir à un intérimaire sur un poste stable. En pratique, les syndicats dénoncent le recours abusif aux emplois précaires. « Les pouvoirs publics ferment les yeux », s’insurge André Fadda. Les entreprises plébiscitent ce statut : « sur le site de PSA à Sochaux, il y a aujourd’hui plus d’intérimaires non qualifiés que de CDI qui sont recrutés », affirme Franck Plain, délégué CGT.

    Les condamnations pour abus restent rares

    Les condamnations pour abus restent rares : difficile de prouver l’existence d’un emploi durable quand plusieurs salariés se succèdent au même poste ; surtout, les intérimaires portent rarement plainte, espérant être réembauchés un jour. Mais elles existent : en mars, le tribunal correctionnel de Créteil a condamné Sanofi pour abus de recours au travail intérimaire. L’inspection du travail avait répertorié 1 782 contrats de mission en 2010 et 1 853 en 2011, ainsi que 600 infractions au code du travail, rapporte la CGT. En octobre 2016, la société Cordon Electronics, qui employait en permanence 60 % de ses effectifs en intérim selon L’Humanité, a également été condamnée par la cour d’appel de Bordeaux (https://www.humanite.fr/l-abus-dinterim-epingle-par-la-justice-617179).

    « Les CDD et les intérimaires sont les premières variables d’ajustement dans les entreprises », souligne André Fadda. Le non-renouvellement de leur contrat fait rarement les gros titres de la presse. Pourtant, les « charrettes » d’intérimaires peuvent être massives.

    Alors qu’Airbus a annoncé fin 2016 la suppression de plus d’un millier de postes en Europe, chez Airbus Helicopters, « on est passé de 1 000 à 350 intérimaires en quelques mois » , affirme Rémy Bazzali, représentant CGT, dans le quotidien La Marseillaise. A Carquefou, au sein de l’entreprise NOV-BLM, qui comptait jusqu’à 200 intérimaires au plus fort de son activité, tous se sont vus remerciés avant la mise en place d’un plan social, dénonce dans une brochure le syndicat FO.

    Contrats à la semaine

    André Fadda déplore aussi des contrats de plus en plus précaires : « sur les chantiers navals à Saint-Nazaire, quand l’activité a repris à la fin des années 2000, les intérimaires se sont vu proposer à la semaine ou à la journée, alors qu’avant c’était plutôt des contrats de 5 ou 6 mois », raconte le délégué syndical. De fait, au quatrième trimestre 2016, les missions en intérim duraient en moyenne 1,9 semaine, selon le ministère du travail.
    http://dares.travail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/2017-027.pdf

    « Cette précarité empêche les intérimaires de faire des projets d’avenir », déplore le syndicaliste. Reste à voir si la taxation des contrats courts, au programme du gouvernement, permettra de limiter les abus.

    L’exploitation vue d’en bas, Le Monde, 25.11.2016, Anne Rodier

    Patrice Thibaudeaux livre un témoignage rigoureux et détaillé, sous la forme d’un journal de bord du travail de nuit dans une usine de métallurgie.

    S’il est de bon ton d’affirmer que « les classes sociales, c’est du passé », la condition ouvrière, elle, appartient bien au présent. Patrice Thibaudeaux en livre un témoignage rigoureux et détaillé, sous forme de journal de bord du travail de nuit dans une usine de métallurgie. Patrice Thibaudeaux y est intérimaire, comme plusieurs de ses collègues. Chaque jour à 6 heures, au retour de l’usine, il raconte sa nuit en quelques lignes. Parce que « la différence des classes commence par le langage », un lexique présente en fin d’ouvrage le vocabulaire des travailleurs de cette usine.

    Dans ce récit, la condition ouvrière prend vie comme dans un vieux roman classique : le travail très physique, parfois jusqu’à « l’abrutissement », les rapports entre ouvriers, tantôt cordiaux et solidaires tantôt agressifs, selon l’humeur et les conditions de travail du moment ; l’ambiance souvent tendue à cause de la fatigue, la violence, l’alcool et la drogue ; et les relations avec les « chefs », les « contremaîtres » et les « huiles de bureau », ceux qu’ils surnomment les « guignols en cravate ».

    Quant à Bob, Germain, Joseph, Maumo, Davy et les autres de ses compagnons, il en esquisse de brefs portraits, leur âge, leurs caractéristiques. Ils viennent presque tous d’un milieu ouvrier, certains de l’Assistance publique. Ils sont parfois paysans le jour et ouvrier la nuit. Mais pour l’auteur, ce qui explique le mieux leurs comportements, c’est leur passé.

    Les « négriers de l’intérim »

    Son témoignage poignant distribue les coups de griffe à la communication d’entreprise qui s’emballe sur les mesures de sécurité et donne des leçons, « comme si les gars prenaient plaisir à enfreindre les règles », comme s’il n’y avait pas d’impératifs de rentabilité ». Ils sont tellement loin de la réalité : « régulièrement des types se font écraser un doigt, se blessent avec un fil de fer », écrit-il.

    Puis vient le tour des « négriers de l’intérim », qui oublient de payer des heures, parfois une nuit entière, plus quelques primes, qui interrompent les contrats l’avant-veille d’un jour férié pour éviter de le payer. Et bien sûr celui d’un encadrement tatillon qui distribue les mises à pied « pour délit de cigarette ». Les ouvriers ne sont pas épargnés : ni ceux qui arrivent « avec un coup dans le nez », ni ceux qui « hurlent des vulgarités », etc..

    Le moral est souvent assez bas, plombé par un sentiment d’impuissance lié à la précarité de l’emploi. La résistance physique ou morale créent parfois des dynamiques de solidarité, mais pour Patrice, la seule issue est « la lutte des classes », car écrit-il : « tout, absolument tout (ou presque), découle d’elle ».

    Après cette longue épreuve qui a marqué l’année 2012, l’auteur passera une licence d’histoire en cours du soir et par correspondance qui lui permettra de faire un autre travail et d’en finir avec l’usine, provisoirement.

    « L’usine nuit et jour, journal d’un intérimaire », de Patrice Thibaudeaux. Editions Plein chant, 222 pages, 12 euros.

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    • PSA : colère des intérimaires de Sochaux et de Rennes qui dénonce une inégalité de traitement
      http://www.boursorama.com/actualites/psa-colere-des-interimaires-de-sochaux-et-de-rennes-qui-denonce-une-ineg

      Les intérimaires multiplient les débrayages depuis deux semaines, selon la CGT.

      Si les intérimaires des sites de Rennes et de Sochaux ont gagné moins d’argent que prévu, c’est parce qu’ils ont effectué moins d’heures supplémentaires en septembre, selon la direction. Le groupe automobile PSA a « formellement » démenti mardi 24 octobre toute différence de traitement et de rémunération entre ses salariés, après des accusations portées par la CGT intérim et -fait rare- des débrayages d’intérimaires.

      PSA précise qu’à Rennes, salariés et intérimaires ont réalisé « moins d’heures supplémentaires en septembre » que les mois précédents, en raison notamment de problèmes d’approvisionnement. Cette situation a eu « un impact négatif de 200 euros » sur la paie des intérimaires, payés au « réel » alors que les salariés de PSA ont un système de compteur temps annuel qui permet de « lisser la rémunération », a expliqué le porte-parole.

      « 1.367 EUROS PERÇUS CONTRE 1.850 EUROS ANNONCÉS »

      Le constructeur dément également que les pauses ne soient pas rémunérées pour les intérimaires et les tenues de travail non nettoyées ou remplacées, comme l’affirme la CGT dans un communiqué.

      D’après la CGT Sochaux, des intérimaires des équipe de VSD (vendredi, samedi, dimanche) n’ont perçu « qu’environ 1.367 euros nets au lieu des 1.850 euros nets annoncés par PSA et les agences d’intérim ».

      D’après le syndicat CGT intérim, une centaine d’intérimaires au total ont débrayé au cours des deux dernières semaines dans les usines PSA de Rennes et Sochaux pour dénoncer une « dégradation de leurs conditions de travail » et « le non-respect de l’égalité de traitement entre salariés à statut et salariés intérimaires », notamment en matière de rémunération.