• Débat : Peut-on « séparer la femme de l’artiste » ? (Aurore Turbiau, The Conversation, 05.03.2020)
    https://theconversation.com/debat-peut-on-separer-la-femme-de-lartiste-132926

    Cet article voudrait avancer un autre élément de réponse. Si l’on ne cherche pas particulièrement à « séparer la #femme de l’#artiste », c’est peut-être parce que c’est impossible : en tant que « femme » une écrivaine écrit dans des conditions matérielles précises, qui déterminent en partie l’œuvre qu’elle produit ; en tant que « femme » en plus, il y a des chances qu’elle soit lue et reçue de manière particulière, d’une façon différente des œuvres produites par des hommes. Dans ce sens, les femmes qui créent sont toujours autant « artistes » que « femmes », et de manière inséparable (comme leurs collègues masculins sont aussi à peu près inséparablement « artistes » et « #hommes »).
    […]
    Virginia Woolf a été l’une des premières écrivaines occidentales à le dire et à être vraiment entendue (quoique tardivement) : créer, quand on est une femme, en raison précisément des conditions de vie et tâches sociales liées au sort des femmes dans la #société, ça ne peut pas avoir le même sens que créer, quand on est un homme.
    […]
    Ce que Benoîte Groult dit en somme, c’est que quand l’artiste est une femme, non seulement elle a eu un accès plus difficile à la #création, mais qu’en plus l’on voit toujours la femme en elle avant l’artiste. Cela conditionne absolument la manière dont on juge à la fois la personne et l’œuvre, inséparablement.
    […]
    Et aujourd’hui ? Apparemment, les choses n’ont pas tellement changé : la #condition_sociale des « femmes » continue probablement de les empêcher de créer et d’être jugées comme de vraies « artistes » – sans quoi comment expliquer leur étrange absence des prix littéraires ou des manuels scolaires ? Le « #plafond_de_verre » persiste en littérature, les prescripteurs restent des hommes et les femmes restent moins lues, quoiqu’elles soient nombreuses à créer. Femmes avant tout : artistes minorées.
    […]
    […] l’autonomisation du champ littéraire. Elle a participé à déterminer toute une série de grands partages dans l’#histoire_de_l’art et de la littérature :
    – l’idée qu’on doit séparer l’homme de l’artiste,
    – l’idée que la création est l’œuvre d’un individu (d’un homme, généralement), comme jaillie de nulle part, diamant pur,
    – l’idée que toutes les formes d’art ne se valent pas – certaines étant plus « pures » et de plus grande valeur que d’autres –,
    – l’idée qu’il doit être possible de faire un « art pour l’art » qui soit à lui même son propre but et qui puisse se lire et s’apprécier comme langage parfaitement beau et détaché du réel,
    – l’idée au contraire que les écritures « engagées », aux prises avec le réel de la société qu’elle décrivent, interrogent ou dénoncent, sont en quelque sorte de l’art de moindre qualité – impur.
    […]
    Le slogan « il faut séparer l’homme de l’artiste » cache en fait un double standard et un mécanisme de #domination sociale : aux femmes on ne cède que difficilement la place d’artiste – on n’utilise pas cette phrase pour elles parce qu’elles sont matériellement dominées, même dans leur carrière d’artiste, tout au long de leur vie –, les artistes masculins quant à eux sont autorisés à oublier leur identité, rôle social et responsabilités d’« hommes », puisqu’ils sont « artistes ».

  • Communiqué #intersyndical du 27 avril 2016
    Saccage des locaux de la #CNT à Lille : le syndicalisme n’est pas criminel !
    Saccage des locaux de la CNT à Lille : le syndicalisme n’est pas criminel !
    Les organisation syndicales CNT, CNT-SO et SOLIDAIRES condamnent avec fermeté le saccage par les forces de police du #local_syndical de l’union locale des syndicats CNT de #Lille le mercredi 20 avril suite à la manifestation organisée pour le retrait de #Loi_Travail.

    Elles rappellent que les locaux des organisations syndicales constituent bien des lieux qui appartiennent à des travailleurs exerçant leur liberté démocratique à défendre leur #condition_sociale. Ainsi la dégradation de matériel syndical, tout comme la consultation par la #police de la documentation interne et confidentielle du syndicat, constituent une entrave extrêmement grave au droit des travailleurs à exercer leurs #libertés_syndicales.

    Il ne fait aucun doute que cette intervention violente de la police nationale dans des locaux syndicaux s’inscrit dans la longue liste des actes visant ces derniers mois à criminaliser les organisation syndicales et le mouvement social : violences policières et interpellations de manifestants pacifiques, poursuites et condamnations de syndicalistes dont les Goodyear de la CGT et Fouad Harjane de la CNT, pression à l’encontre de la CGT qui dénonçait via une affiche les violences de la police lors des manifestations...

    Les organisations signataires de ce communiqué exigent du gouvernement qu’il cesse immédiatement toute #criminalisation du mouvement social et syndical et qu’il mette un terme à la #répression violente des cortèges manifestants.

    Finalement, elles réaffirment leur détermination infaillible, et cela malgré toutes les tentatives d’intimidation policières ou judiciaires, à lutter pour la défense des travailleurs, ainsi qu’à obtenir le retrait total de la Loi Travail.

    Confédération nationale du travail
    Confédération Nationale des Travailleurs – Solidarité Ouvrière
    Union Syndicale Solidaires
    http://www.cnt-f.org/inquietudes-de-la-cnt-suite-au-saccage-de-ses-locaux-syndicaux-a-lille.html