Entretien avec Françoise Vergès | Radio Informal
http://www.rybn.org/radioinformal/antivirus
À propos d’inégalités invisibilisées, de normalité du confinement, de vulnérabilités et de racisme, de solidarité et d’auto-organisation comme contre-pouvoir, d’intersectionalité des luttes, de la métaphore du bateau négrier. Durée : 57 min. Source : Pi-node
www.rybn.org/radioinformal/antivirus/audio/ANTIVIRUS18-FrancoiseVerges.mp3
]]>Les confinés, ce sont les plus mobiles !
Le confinement spatial est aussi une question de #frontières. Les confinés sont ceux qui, même immobiles, « ont accès ». Pouvoir se confiner relève du même processus que pouvoir traverser une frontière légalement, il faut appartenir au cercle restreint des « acteurs » de la globalisation.
Depuis que le virus Covid-19 a été identifié, le repli spatial a constitué une préconisation politique essentielle. Ce qui est recommandé sous le terme désormais consacré de distance sociale, c’est le maintien d’une distance minimale entre les personnes, bien géographique celle-là. Et la mettre en œuvre suppose une forme de maîtrise sur nos conditions de vie, sur notre habiter. Confiner, c’est placer entre des limites. Cela implique que le contour que l’on érige à la périphérie de soi-même, entoure un centre, stable lui ! En filigrane de cette politique, on voit s’esquisser une pensée politique de l’espace très classique, tout à fait en décalage avec l’analyse des mobilités contemporaines.
Ne sont véritablement confiné·es aujourd’hui que celles et ceux qui ont un logement suffisamment grand pour permettre au nombre de personnes qui y vivent de ne pas trop en sortir. En avoir deux, qu’on soit des enfants en résidence alternée ou des couples non-concubins, c’est déjà se trouver hors de ce cadre normatif… Cette logique de sédentarité extrême se présente désormais comme une marginalité spatiale positive, car choisie. Ne sont donc concernés ni les sans-logis, ni les entassés. Notamment celles et ceux qui subissent, en prison ou en centre de rétention administrative, une assignation de mise l’écart de la société qui prend effet dans des lieux enclos où le confinement est paradoxalement impossible : les densités trop fortes s’y traduisent dans les faits par une promiscuité délétère.
Ceux qui ont « accès »
Le confinement dont il s’agit n’a rien d’un enfermement ! Et ce, malgré le sentiment croissant de frustration de celles et ceux qui l’appliquent depuis un mois en se privant de l’accès à la multiplicité des lieux habituellement fréquentés. A y regarder de plus près, ne sont finalement concernés que celles et ceux qui peuvent vivre entre quatre murs parce qu’ils le font de manière tout à fait connectée ! Pouvoir, depuis chez soi, conserver des ressources régulières, c’est travailler à distance, être retraité ou encore indemnisé pour un chômage partiel ou permanent, un arrêt maladie. On continue alors d’être relié à un système marchand, lui-même relayé par un complexe bancaire qui nous « donne accès ». Et place les personnes concernées en situation de continuer à consommer à distance (faire ses courses le moins loin possible du domicile, se faire livrer, etc.).
Certes, certains biens et services, notamment immatériels, sont désormais inaccessibles : soins du corps, pratiques de sociabilité, offre culturelle. Et l’avalanche d’ouverture de contenus en ligne dans ces domaines ne compense pas ce qui fait leur force habituelle, l’intensité des liens que ces secteurs stimulent. Mais ce mode « dégradé » reste un luxe, la carapace électronique qui garantit la faisabilité de notre enfermement apparent. Toute cette insertion économique se produit dans un processus d’invisibilisation des liens, produit par le système capitaliste qui les financiarise. Qu’il est facile de commander sur une grande plateforme en ligne sans penser aux employés qui travaillent dans ses entrepôts, livrent, déploient matériellement les réseaux sur lesquels repose notre approvisionnement !
Informalisés et autres illégalisés
Les confiné·es sont donc celles et ceux qui, même immobiles, « ont accès ». A l’extrémité inverse du spectre social, les non-productifs, les « informalisés » et autres « illégalisés », celles et ceux qui ne peuvent plus vendre leur travail manuel et physique (ménage, construction), qui ne sont pas pris en charge par les systèmes de santé, et tous ceux qui ont du mal à se relier au monde libéral. On peut aussi assister à des bascules rapides : l’étudiant·e issu·e d’un milieu modeste, qui n’a pas d’ordinateur ou de bonne connexion internet chez lui, parfois confiné·e dans une chambre minuscule où il·elle est désormais privé de la restauration à bas prix du Crous, peut tout à fait décrocher de la dynamique vertueuse que ses efforts lui avaient permis d’intégrer, éjecté du monde mobile auquel il aspirait.
Paradoxalement, celles et ceux qui peuvent aujourd’hui se confiner dans de bonnes conditions sont très exactement les personnes qui avaient accès à la liberté de mouvement dans le monde d’avant. Ce sont des personnes qui disposent d’un degré d’autonomie globale leur permettant de choisir les interactions qui les mondialisent : en d’autres termes. Ce sont précisément celles et ceux qui disposaient d’un niveau de « #frontiérité » élevé, pour reprendre une expression que j’ai forgée avec Frédéric Giraut pour qualifier nos capacités inégales à traverser les frontières.
Pouvoir se confiner relève du même processus que pouvoir traverser une frontière légalement : il s’agit de deux modalités de l’appartenance au cercle restreint des « acteurs » de la globalisation. Ce sont deux faces de l’« inclusion différentielle » (Sandro Mezzadra) qui régit désormais le corps social. Loin de l’égalité démocratique, l’attribution des droits politiques, notamment l’accès à une citoyenneté pleine et entière, semble dépendre de cette aptitude à pouvoir démontrer de l’utilité individuelle dans la mondialisation. Gommer opportunément de nos radars le fait que ceux qui produisent à bas coût des jeans ou des téléphones, du coton ou des minerais, actent tout autant cette économie inter-reliée que les élites mondialisées. Ne pas voir l’écheveau des liens complexes de notre système monde dont le Covid-19 est le symptôme, ne pas considérer pas la matérialité des biens qui sont derrière les liens électroniques sur lesquels repose notre confinement, c’est faire l’autruche.
Les confinés, c’est-à-dire les plus « frontiérisés », se trouvent être aussi les êtres humains qui ont la plus forte empreinte écologique ! Sortir du confinement ne se fera pas en réouvrant les frontières, mais en re-visibilisant les liens. L’analyse fine des inégalités territoriales du monde mobile qui a produit la crise du Covid-19 constitue une étape essentielle pour poser les bases de la justice sociale nécessaire pour imaginer l’« après ».
▻https://www.liberation.fr/debats/2020/04/27/les-confines-ce-sont-les-plus-mobiles_1786544
#confinement #mobilité #immobilité #globalisation #mondialisation #inclusion_différentielle #Mezzadra #Sandro_Mezzadra #repli_spatial #distance_sociale #distance_spatiale #sédentarité #marginalité #assignation #SDF #détention #détention_administrative #prisons #sans-abrisme #rétention #promiscuité #enfermement #télétravail #connectivité #internet #enfermement_apparent #confinés #non-confinés #espace #liberté_de_mouvement #liberté_de_circulation #autonomie #im/mobilité #hyper-mobilité #immobilité
Tribune de #Anne-Laure_Amilhat-Szary (@mobileborders)
L’urgence sanitaire COVID 19 ne peut aboutir sans un SURSAUT NATIONAL et la MOBILISATION LOCALE contre les exclusions dans le logement #Confinésdehors STOP ! #ConfinésExpulsésALaRue STOP ! #MoratoireDesLoyersPourConfinésAuxRevenusAmputés "clauses résolutoires" en crise COVID ? STOP ! ▻https://t.co/xwPoM0Fxxc
▻https://twitter.com/benfilippi/status/1253368813611028480/photo/1
Milan, épicentre de la pandémie de Covid-19. #Minuit c’est l’heure où les invisibles deviennent visibles. Le métro désert, à part quelques dizaines de jeunes et de moins jeunes livreurs qui rentrent chez eux. C’est ça, le confinement à deux vitesses. C’est ça, le #digital_labor.
Avec ce commentaire de Alexis Kauffmann :
Incroyable image ! Les rats dans les caves qui nourrissent les chats qui chantent au balcon.
]]>🚨 GRAND APPEL🚨 A CHACUN.E POUR APPORTER DE L’EAU POTABLE A CEUX QUI SONT #ConfinésDehors !!!!!
▻https://www.facebook.com/permalink.php?story_fbid=1403361799864588&id=598228360377940&__tn__=K-R
👉 Il reste plein d’exilés #ConfinésDehors, notamment le long du #CanalSaintDenis
👉 Nos dernières maraudes nous ont fait découvrir que LES ROBINETS D’EAU POTABLE AUX ALENTOURS SONT MAINTENANT INACCESSIBLES OU ONT ÉTÉ FERMÉS : FAUTE D’ALTERNATIVE, ⚠️ LES EXILES BOIVENT DÉSORMAIS L’EAU VERDÂTRE DU CANAL (cf. post ▻https://www.facebook.com/permalink.php?story_fbid=1402114506655984&id=598228360377940&__tn__=K-R, qui a suscité beaucoup de réactions).
👉Nous allons interpeller les pouvoirs publics mais LA SITUATION EST URGENTE ⚠️.
👉Nous ne voulons pas céder au désespoir, nous nous réjouissons de voir déjà que la mobilisation citoyenne est possible, même en temps de crise sanitaire, et nous proposons un pas de plus.
🚨 Nous en appelons donc A TOUTES LES BONNES VOLONTÉS pour aller, TOUS LES JOURS, distribuer de l’eau (bouteilles, bonbonnes, bidons) aux exilés le long du canal. 🚨
Nous avons en mémoire l’énorme campagne que nous avions dû faire pendant la canicule en 2018 quand la ville de Paris avait coupé tous les points d’eau autour des campements (des centaines de personnes, des familles, des femmes enceintes, des bébés) : c’était magnifique ! Le grand appel citoyen avait bien marché !
Dans le campement récent d’#Aubervilliers, les élus avaient refusé de faire installer l’eau. On en est au même point !
Les quelques bouteilles que nos maraudes apporteraient un jour ne suffiraient pas. IL FAUT UNE GRANDE MOBILISATION.
📣🙋 Faites tourner ce message par téléphone, par mail, par vos fenêtres...
📣 NOUS SOMMES TOUS DES VOISINS, proches ou lointains, de ces exilés #ConfinésDehors au bord du canal Saint-Denis.
📣 Reliez ceux qui peuvent acheter de l’eau et ceux qui peuvent la transporter. On peut y aider, faire passer des messages, mettre en relation.
On ne laissera pas aux #ConfinésDehors s’empoisonner à l’eau du canal sous le prétexte de nous protéger du #Covid19 : on peut aller les aider !!! Mais n’oublions pas de respecter les consignes sanitaires et légales :
⚠️ Autorisation de déplacement dérogatoire (personnes vulnérables).
⚠️ Masques, gants et gestes-barrières.
⚠️ Éviter de le faire en groupe (limiter les contacts).
⚠️ Si vous êtes une personne vulnérable, âgée ou que vous présentez des pathologies, si vous avez le moindre signe (même bénin) de rhume, grippe, etc. : ⛔️ N’Y ALLEZ PAS !
Ci-dessous, un plan de la section du canal concernée. Visez les ponts (sous l’avenue Victor-Hugo et la rue du Landy à #Aubervilliers, sous l’avenue Anatole-France à #SaintDenis).
❤️ Merci à tous et à chacun.e pour votre solidarité.🙏 On lâche rien ! Envoyez nous des MP pour nous partager ce que vous avez pu faire ! On donnera de la visibilité à votre action, à notre action, à la belle solidarité dont nous sommes capables, tous ensemble.
]]>Pour sortir du #confinement, un plan d’urgence anticapitaliste
Par bien des aspects, la #crise_sanitaire en cours est un révélateur de l’incapacité du #capitalisme européen à résoudre les grands problèmes de l’humanité. L’#Italie, la #France et l’#Espagne sont les pays où le virus frappe le plus fort car le #système_sanitaire a été ravagé par les politiques austéritaires depuis au moins une décennie. En France, ce sont 69.000 lits qui ont été supprimés à l’hôpital entre 2003 et 2017, 4.000 en 2018. Par souci d’économie, les réserves stratégiques de masques et de respirateurs ont été supprimées (près d’un milliard de masques dans les années 2000 - supprimé par Xavier Bertrand en 2011). Toujours par souci d’économie, la recherche publique sur les coronavirus n’a pas été soutenue et un temps précieux a été perdu dans la possibilité de trouver des traitements efficaces. La rigueur budgétaire et la recherche du profit sont les principaux responsables de la situation dans laquelle nous nous trouvons.
Confinement ou immunité collective ?
Face à la pandémie, les gouvernements hésitent entre deux solutions. La première, minoritaire, défendue par les gouvernement britanniques et néerlandais est l’acquisition d’une immunité de groupe. Cette immunité à l’avantage d’éviter les nouvelles épidémies. Selon les connaissances que nous avons du virus (R0 ~ 2.5), cela nécessite que 60% de la population entre en contact avec le virus et en soit immunisée. Ce processus est très bien décrit par le groupe de modélisation de l’équipe ETE (Laboratoire MIVEGEC, CNRS, IRD, Université de Montpellier) (▻http://alizon.ouvaton.org/Rapport2_Immunisation.html). Une fois ce taux atteint, la population dans son ensemble (y compris les personnes non immunisées) est protégée contre une nouvelle épidémie.
Cependant, sans mesure de contrôle, les projections montrent qu’entre 81 et 89% de la population pourrait être infectée. Soit entre 20% et 30% de plus que le seuil pour atteindre l’immunité collective. Cela représente potentiellement 20 millions de personnes infectées en plus dans un pays comme la France.
Nous ne connaissons pas précisément le taux de létalité du virus. Les chiffres dont nous disposons sont tous biaisés, et a priori largement surestimés, par l’absence de tests systématiques dans la population. Plus on dépiste, plus on détecte des personnes contaminées présentant peu ou pas de symptômes, plus ce taux est bas. Mais aussi bas soit ce taux, lorsqu’il est multiplié par des dizaines de millions de personnes, les morts se compteraient très probablement en centaines de milliers. Par ailleurs, l’austérité budgétaire et l’affaiblissement des systèmes de santé doivent être intégrés dans l’équation. La létalité du Covid-19 est visiblement provoquée par un choc cytokinique qui nécessite une prise en charge en soin intensifs avec respirateurs. Plus la pénurie de respirateurs est grande, plus la mortalité est haute, plus les équipes médicales doivent choisir qui maintenir en vie et qui sacrifier par manque de moyens. C’est sûrement ce qui explique les taux de mortalité très élevés par rapport à d’autres pays en Italie, en Espagne et dans une moindre mesure en France (bien que cela pourrait s’aggraver au pic de l’épidémie) qui sont mal équipés en nombre de lits en « soins aigus ».
Dans la plupart des pays, ces chiffres ne sont pas assumables par les gouvernements en place. Et ce sont ces projections qui ont poussé partout le pouvoir à confiner les populations malgré la crise économique majeure et les conséquences sociales dramatiques que cela entraine.
En effet, la distanciation sociale permet de ralentir la progression du virus, d’aplatir le pic, et donc de diminuer l’afflux de malades en détresse à l’hôpital. Ce processus est décrit de façon très intuitive dans le Washington Post (►https://www.washingtonpost.com/graphics/2020/world/corona-simulator). La distanciation sociale peut recourir à plusieurs mécanismes, de la fermeture des écoles jusqu’au confinement total. L’étude publiée le 16 mars par l’Imperial College COVID-19 Response Team (►https://www.imperial.ac.uk/media/imperial-college/medicine/sph/ide/gida-fellowships/Imperial-College-COVID19-NPI-modelling-16-03-2020.pdf) réalise des projections du nombre de lits occupés en soins intensifs en fonction de plusieurs scénarios de confinements. Si cette étude est forcément incomplète, notamment car les courbes dépendent du moment où les mesures sont mises en œuvre, cela nous montre que les mesures de confinement, dans le cas où aucun traitement ne serait trouvé, devraient s’étaler jusqu’à la fin de l’année 2021 pour que la population atteigne les 60% d’immunisés. Dans le cas contraire, tout relâchement du confinement pourrait correspondre à un nouveau développement incontrôlé de l’épidémie dans la population.
Mais comment imaginer que la situation que nous vivons depuis une semaine en France se poursuivent pendant des mois ? Ce n’est tenable ni économiquement, ni socialement. Ce n’est pas le propos de cet article (pour cela voir le texte de Mimosa Effe : ►https://npa2009.org/idees/societe/le-confinement-la-destruction-du-lien-social-et-ses-consequences), mais le #confinement_de_classe que nous vivons actuellement doit s’arrêter. Toute vie sociale est stoppée alors qu’il faut continuer à travailler. Même si nous arrêtions toutes les productions non indispensables, ce serait tout de même des millions de travailleurs.euses qui devraient continuer à faire tourner l’hôpital, l’électricité, l’eau, le traitement des ordures ou l’alimentation – mais aussi tous les autres métiers qui permettent à ces secteurs de fonctionner ! Et cela dans un contexte d’atomisation total de notre camp avec tous les reculs sociaux et l’Etat policier total qui vont avec. A cela s’ajoute les dégâts psychologiques, les violences domestiques faites aux femmes ou la situation criminelle que sont en train de vivre les migrant.e.s, les prisonniers.ères et les sans-abris.
Nous l’avons vu, le confinement est d’abord imposé par la faillite de notre système de santé et l’impréparation au risque de pandémie qui sont dues à l’austérité imposée par les gouvernements successifs en France et en Europe. Dans la forme qu’il prend, généralisé dans la vie sociale mais pas au travail, de classe, policier, il est la solution que les capitalistes pensent avoir trouvé pour limiter la casse et maintenir au maximum leur place dans la concurrence internationale. Mais la gestion capitaliste de cette épidémie est marquée par l’impossibilité de planifier une quelconque sortie de crise. Un gouvernement anticapitaliste, au service de la population, motivé par la santé plutôt que par les profits, pourrait mettre en place une toute autre politique.
Existe-t-il une troisième voie ? De toute urgence prendre des mesures anticapitalistes pour sortir du confinement !
Il ne s’agit pas ici de dire que le confinement pourrait être levé du jour au lendemain. Nous l’avons vu, étant donné les conditions d’impréparation des gouvernements et la dégradation des capacités de l’hôpital public à supporter une telle épidémie, le confinement était la seule solution pour éviter une mortalité élevée. En ce sens, toutes les initiatives syndicales ou de travailleurs.euses pour stopper le travail - et se protéger - dans les productions non-essentielles sont fondamentales. Le slogan « nos vies valent plus que leurs profits » prend ici tout son sens. Il est également fondamental de dénoncer le gouvernement qui nous explique qu’il faut renforcer le confinement mais continuer à travailler, bien au-delà des secteurs essentiels à la lutte contre l’épidémie. Pénicaud, Macron, Philippe sont plus préoccupé.e.s par le maintien des profits que par notre santé. Les scandaleuses mesures contre le droit du travail, les 35h, nos congés, articulées au renforcement de l’Etat policier, ont été prise au moment où la sidération était la plus haute dans la population.
Mais il est indispensable maintenant de déterminer quelles sont les conditions qui permettraient d’envisager la levée du confinement à très court terme :
– Il faut de tout urgence pratiquer le dépistage de masse. D’ailleurs, entre les lignes, le Ministre Olivier Veran reconnait lors de sa dernière conférence de presse (▻https://www.youtube.com/watch?v=wpGjmCkLDHs) que le confinement ne pourra être levé que lorsqu’il sera possible d’effectuer plus de dépistages revenant sur la communication gouvernementale qui affirmait que le dépistage n’était plus un outil en phase 3. Le dépistage de masse permet de n’isoler que les malades et leur entourage. Il permet également une prise en charge précoce des patients considérés comme « à risque » et ainsi de diminuer la létalité du virus. Le problème, c’est que le fournisseur n’arrive pas à suivre la demande en kit de dépistage (▻https://www.thermofisher.com/order/catalog/product/11732088#/11732088). Il faut donc de toute urgence organiser la production de kits de dépistages en réquisitionnant les entreprises du secteur et en passant outre les brevets.
– De toute urgence également, il faut injecter des moyens dans la santé et l’hôpital public pour augmenter les capacités de prise en charge des patients en détresse respiratoire. C’est l’inverse des politiques menées jusqu’alors qui font fonctionner l’hôpital comme une entreprise, en flux tendu, incapable de s’adapter à des situations d’urgence. Pour l’instant, le gouvernement a débloqué 2 milliards d’euros pour l’hôpital. Dans le même temps, il injecte 43 milliards dans l’économie et garantit 350 milliards d’euros aux entreprises privées !
– Pour augmenter le nombre de lits en soins intensifs et protéger celles et ceux qui travaillent il faut réorganiser en profondeur l’appareil industriel pour planifier les productions utiles à résoudre la crise sanitaire : masques, respirateurs, oxygène… En ce sens, il faut soutenir l’action de la CGT qui demande la réouverture et la nationalisation de Luxfer, seule usine d’Europe à produire des bouteilles d’oxygène médical fermées. C’est un bon exemple qui pourrait se poser pour d’autres productions.
Enfin, l’attention est captée à une échelle assez large sur la mise en place d’un traitement. Le plus prometteur, la chloroquine (ou son dérive l’hydroxy chloroquine) est testée dans plusieurs pays et de nombreux services hospitaliers, y compris en France, ont commencé à l’utiliser sur des malades. Ce médicament semble réduire la charge virale et la durée du portage du virus. Si ce traitement s’avère efficace, la question de la nationalisation de l’industrie pharmaceutique va devenir compréhensible à une échelle très large.C’est peut-être la peur de cette évidence qui motive les grands groupes du secteur à anticiper en proposant de fournir ce traitement gratuitement, que ce soit #Sanofi (▻https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/coronavirus/coronavirus-sanofi-pret-a-offrir-aux-autorites-francaises-des-millions-) ou #Novartis (▻https://www.lefigaro.fr/flash-eco/coronavirus-novartis-offre-130-millions-de-doses-de-chloroquine-20200320) !
Ainsi, nous pouvons affirmer que le confinement aurait pu être largement réduit, voire évité, en généralisant les dépistages, en développant les capacités d’accueil de l’hôpital public et en accélérant les tests sur des traitements antiviraux.
Ce plan d’urgence n’est possible à court terme que si l’on s’affronte au capitalisme. Il faut reprendre le contrôle, sans indemnité ni rachat, sur l’appareil productif, notamment dans le domaine de la santé, des protections pour les salariés, de l’industrie pharmaceutique et biochimique.
Macron et son gouvernement, LR et le PS avant lui, portent une lourde responsabilité dans la situation actuelle. L’heure de solder les comptes arrivent. Les réponses anticapitalistes pourraient alors apparaître comme une solution à une échelle inédite jusqu’alors. Pour cela, sans attendre la fin du confinement, il nous faut renforcer les réseaux de solidarité, les réseaux militants pour recommencer à agir dans la situation.
▻https://npa2009.org/idees/sante/pour-sortir-du-confinement-un-plan-durgence-anticapitaliste
#anticapitalisme #anti-capitalisme #austérité #hôpitaux #lits #masques #réserves_stratégiques #stock #respirateurs #recherche #rigueur_budgétaire #immunité_collective #immunité_de_groupe #létalité #taux_de_létalité #tests #dépistage #choc_cytokinique #distanciation_sociale #flattening_the_curve #aplatir_la_courbe #vie_sociale #travail #atomisation #Etat_policier #impréparation #troisième_voie #droit_du_travail #dépistage_de_masse #soins_intensifs #industrie #nationalisation #Luxfer #chloroquine #industrie_pharmaceutique #responsabilité
ping @simplicissimus @fil @reka
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Citation sélectionnée pour @davduf :
Le confinement de classe que nous vivons actuellement doit s’arrêter. Toute vie sociale est stoppée alors qu’il faut continuer à travailler. Même si nous arrêtions toutes les productions non indispensables, ce serait tout de même des millions de travailleurs.euses qui devraient continuer à faire tourner l’hôpital, l’électricité, l’eau, le traitement des ordures ou l’alimentation – mais aussi tous les autres métiers qui permettent à ces secteurs de fonctionner ! Et cela dans un contexte d’atomisation total de notre camp avec tous les reculs sociaux et l’Etat policier total qui vont avec. A cela s’ajoute les dégâts psychologiques, les violences domestiques faites aux femmes ou la situation criminelle que sont en train de vivre les migrant.e.s, les prisonniers.ères et les sans-abris.
#Que_faire ?
L’État doit agir avant que le pire advienne. Des milliers de vies sont en jeu. Il faut cesser de mentir. Les #solutions sont connues. Il faut prendre les bonnes #décisions. Maintenant, toute de suite : des #tests, des #masques et des #lits.
Je suis devant mon écran en ce 21 mars, 6ème jour de confinement, le 2ème jour d’un printemps qu’on a oublié. Il est 15h. Il pleut. 100 messages tombent chaque heure sur mon ordinateur. Je n’arrive plus à les lire. J’essaie de répondre aux urgences, mais je ne sais plus quelles sont les #urgences. Il n’y a que des urgences. Les nouvelles, les analyses et les projections, toutes plus catastrophiques les unes que les autres, tombent comme des obus dans un champ de bataille. Je signe des pétitions, je participe à la rédaction d’appels, je me nourris de l’illusion d’avoir peut-être sauvé des vies en faisant voter un avis de CHSCT, j’alerte dans tous les sens et je ne sais plus où est le sens. Je m’arrête un instant, je respire, je ferme les yeux.
Je revois le visage de la jeune caissière du supermarché, où je suis allé faire les provisions du confiné. C’était hier. J’étais masqué, presque seul à porter le sésame. Un peu honteux avec mon vieux FFP2 de gilet jaune, au milieu de petits vieux sans masques, d’enfants sans masque et de jeunes caissières sans masque. Ou alors avec un bout de tissus bricolé qu’elles portaient depuis des heures et dans lequel elles transpiraient. J’ai dit à la jeune caissière sans masque qu’elle devait porter un masque ou faire valoir son #droit_de_retrait. Elle m’a dit qu’elle n’avait pas de droit de retrait parce qu’elle avait droit à un masque par jour, un masque en tissu qu’elle ne supportait plus. Alors, en regardant ces jeunes visages et ces jeunes vies sans protection que le virus s’apprêtait à couronner, je me suis dit ceci : les salauds qui ont contraint des milliers de #caissières et d’#ouvriers à travailler sans aucune #protection, au #risque de leur santé et de leur vie, vont devoir payer. Payer très cher. Pas tout de suite parce qu’il y a des priorités, mais ils vont payer. Nous n’oublierons pas. Oui, me dis-je, je vais écrire un billet sur le #capitalisme_de_crise et la #guerre_sociale qui conduit à toujours sacrifier les plus pauvres, les travailleurs et les travailleuses auxquelles on va donner une #prime de la honte en échange de leur sacrifice pour le capitalisme mondialisé et les quelques pourritures couronnées qui nous gouvernent. Le « #En_même_temps » du #confinement et de l’#injonction_à_travailler. Le « En même temps » de Macron n’est plus seulement une #imposture permanente : il devient un #crime. Oui, me dis-je, il faut dénoncer ça pour empêcher le crime de masse qui se déroule sous nos yeux.
Je rouvre les yeux. Une notification de ma messagerie cryptée me réveille de mon cauchemar. Je prends mon téléphone et lit les messages. On débat d’un projet d’action en extérieur avec un objectif noble. Il s’agit de #sauver_des_vies. Et pour sauver des vies il faut enfreindre le confinement. Une majorité s’oppose à toute prise de risque. Au nom des personnels de santé, pour les personnels de santé, par respect pour leur demande, pour leurs vies. On propose des pancartes aux fenêtres et des chants contre Macron, tous ensemble à 20h : « On est là ! Même si Macron ne le veut pas, nous on est là ! ». Je leur écris que j’écris un billet sur « Nous », les #confinés_en_colère, les confinés déter. Ceux que Macron enferme dans une prison un jour et à laquelle il met le feu le lendemain. C’était mon projet de billet d’avant-hier, quand Macron annonce à l’Institut Pasteur les 5 milliards pour la recherche. Je me dis alors : « Ouah, on a gagné la suspension des retraites, et là on va gagner le combat pour le refinancement de la recherche ». Las, ce n’est pas 5 milliards tout de suite pour le PLFR, c’est 5 milliards sur 10 ans et dans le cadre de la #LPPR, dont Macron reparle explicitement à l’occasion de son annonce. Le projet de loi était suspendu. Il le ressort au moment où il suspend la démocratie. Je reprends mes notes de jeudi soir :
Macron annonce la suspension de toutes les réformes en cours ;
Le peuple, conscient de l’intérêt général, consent au confinement et à la suspension provisoire de la #démocratie pour sauver le maximum de vies ;
Et Macron réactive les #réformes au moment même il suspend la démocratie et annonce une attaque majeure contre le #droit_du_travail et les #acquis_sociaux (#35_heures et #congés).
Question : #inconscience, #indécence ou #obscénité ? Pourquoi fait-il ça ? Est-il fou ? Je réfléchis un peu. Je repense au bonhomme, à ce "cas Macron" comme il y a un " cas Schreber". Il n’aura donc pas tenu plus de trois jours, le président. Il ne lui aura fallu que trois jours après le début du confinement pour retrouver son penchant le plus naturel à la #provocation_narcissique, au pied de nez bravache, à la vacherie anti-sociale. « Vous me voyez là, sans masque au milieu d’un labo, en train de faire la morale aux français confinés et annoncer tout de go que 5 milliards sont dégagés dans la cadre de la LLPR ». La LPPR qui mettait le feu aux poudres de l’université il y a deux semaines, le 5 mars exactement, quand l’université s’est arrêtée !
Le confinement et tous ces #morts - passés, présents et à venir - sont une grande souffrance pour notre pays. Les #sacrifices sont et seront immenses. Chacun en a conscience. Et voilà un président, portant une #responsabilité insigne dans la gestion calamiteuse de la crise, qui passe son temps non seulement à rabrouer son peuple, mais aussi à narguer celles et ceux qui ont consenti au confinement et à la suspension de la démocratie. Celles et ceux qui ont consenti à sacrifier leur lutte et à mettre entre parenthèse le mouvement social. Et voilà encore que ce président met à profit cette suspension de nos libertés pour poursuivre la destruction des derniers acquis sociaux !
Il faut que Macron fasse bien attention : le #consentement est là parce que le peuple est responsable, mais si le peuple consent ce jour, il consent avec une immense #colère contre l’indécence et l’obscénité de celui qui le nargue du haut d’un pouvoir qu’il usurpe et avilit. Ce président ne mérite plus aucun respect. Les #Gilets_jaunes ont inventé une chanson juste qui lui colle à la peau et ne le lâchera jamais : « #Macron_nous_fait_la_guerre ». Aujourd’hui il fait la guerre à un peuple confiné. Je me permets quelques analogies. Avec la relance de la LPPR le président-roi prenait plaisir à gifler un enfant dont il venait de lier les mains. Avec les 35 heures et les congés, ce ne sont plus des gifles qu’il assène, mais des coups de poing. Comment nomme-t-on un pays dans lequel on torture les citoyens emprisonnés ? Comment nomme-t-on un pays dans lequel on interdit aux manifestants de se protéger ? Comment nomme-t-on un pays dont la police éborgne et mutile ? Comment nomme-ton un pays où on empêche les malades de se protéger, par imprévoyance coupable et choix politiques irresponsables ? Que doivent faire des élus et les membres d’un gouvernement qui ont menti au peuple pour masquer leurs erreurs, leurs #fautes et leur #incompétence ?
Macron a aujourd’hui une seule responsabilité, avant de quitter le pouvoir ou avant qu’il ne lui soit repris : sauver des vies. C’est tout ce qu’on attend de lui. C’est sa responsabilité et celle de son gouvernement, sa dernière responsabilité. Pour en finir avec toutes les #fautes, les #erreurs, les #mensonges, l’#incurie, les #atermoiements, l’#irresponsabilité_collective, aujourd’hui partout dénoncés, pour que le scandale d’Etat des masques, des tests et des lits finisse, pour sauver des milliers de vies, Macron et son gouvernement ont trois décisions à prendre. Elles sont simples : commander un milliard de masques tout de suite et les faire mettre en production par tous les moyens. Tester massivement la population pour que l’on sache qui est contaminé et qui doit par conséquent protéger autrui. Enfin construire dans les 2 semaines qui viennent au moins trois #hôpitaux_provisoires pour accueillir chacun 1000 malades. Les Chinois l’ont fait. Nous avons les moyens de le faire aussi. C’est ainsi qu’on sauvera des vies. Les 30 lits de l’Armée à Mulhouse nous font pleurer. Vous êtes obscènes jusque dans la communication et le ballet de vos avions. Vous n’avez rien compris. Vous avez laissé le Haut-Rhin contaminer le Bas-Rhin et la Franche-Comté pendant deux semaines alors que tout le monde vous mettait en garde contre ces décisions criminelles. Vous devrez répondre un jour de cela, et de bien d’autres choses. Alors aujourd’hui, si vous ne prenez pas ces trois décisions - les masques, les tests et les 3000 lits - vous aurez ajouté à l’indécence et à l’incompétence un véritable #crime_contre_l’humanité. Les morts vous regardent déjà au fond des yeux.
▻https://blogs.mediapart.fr/pascal-maillard/blog/210320/que-faire
#dépistage #coronavirus
« Nous, les #ouvriers, on nous dit : “Allez travailler !” alors que les #cadres travaillent depuis chez eux »
Dans de nombreux secteurs, l’inquiétude des personnels est palpable. Le gouvernement surveille de près le climat social.
Face à la pandémie liée au coronavirus, la colère gronde chez les salariés maintenus en poste, faute de pouvoir télétravailler. Et la peur tétanise de nombreux employés des secteurs jugés « essentiels . PSA a fermé tous ses sites de production européens. Renault a suspendu la production de ses douze usines en France. Les manufactures Chanel sont à l’arrêt. « Alors, pourquoi pas nous ? », s’agace un manutentionnaire, Jean-Christophe Leroy, élu CGT de La Redoute. A Wattrelos (Nord), une trentaine des 50 salariés de l’entreprise de vente à distance ont alerté la société, mardi 17 mars, lors d’un débrayage au sein de ce site qui expédie ses colis. Malgré la réduction des effectifs, la fermeture des vestiaires pour éviter la promiscuité et la distribution de gants, « il est aberrant de nous fairetravailler pour expédier des tee-shirts », juge M. Leroy.
Le président délégué du Medef s’alarme déjà d’un « changement d’attitude brutal » des salariés, depuis l’adoption de mesures de confinement mardi. Car « de nombreux salariés ont demandé à ce que leurs employeurs prennent des mesures d’activité partielle sans quoi ils exerceraient un droit de retrait », a déclaré Patrick Martin mercredi, à l’Agence France-Presse (AFP), se disant « très préoccupé » par la situation.
Fronde chez Amazon
Chez Amazon, la fronde menace. Alors que le site de vente en ligne connaît un regain d’activité depuis la fermeture des magasins non alimentaires, samedi 14 mars, « les consignes contre le coronavirus ne sont pas respectées », assure Gaël Begot, élu CGT au sein de l’entrepôt du groupe américain, situé à Lauwin-Planque (Nord). Depuis mardi, des salariés Amazon s’y mobilisent contre les conditions de sécurité jugées insuffisantes et mal appliquées. Deux autres sites, à Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire) et Montélimar (Drôme), sont aussi concernés, souligne Julien Vincent, délégué général CFDT Amazon. Plus d’une centaine d’employés ont exercé leur droit de retra it, estimant que le coronavirus les met en danger sur leur lieu de travail, selon la CFDT. SUD-Solidaires à Saran et la CGT à Lauwin-Planque l’envisagent aussi.
A Strasbourg, dans l’usine Punch Powerglide (ex-General Motors), qui fabrique des boîtes de vitesse, les élus du personnel ont croisé le fer avant d’obtenir le chômage partiel. « Deux de nos collègues, infectés, ont été hospitalisés », rapport Julien Laurent (CFDT). D’après lui, des « mesures de confinement de la fonderie » ont été réclamées par les salariés, car un ouvrier de cette unité est tombé malade. En vain. « Révoltés » par l’attitude de leur employeur et inquiets pour la santé du personnel, les élus du comité social et économique de l’entreprise ont exigé l’arrêt de l’activité, mardi. Toujours en vain. Mercredi matin, aux aurores, « tous les gens sont sortis et ont fait jouer leur droit de retrait &raq uo ;, raconte M. Laurent. Leur initiative a alors porté ses fruits : Punch Powerglide va passer en chômage partiel durant quatre semaines.
Chez Valeo, la CFDT espère obtenir « la fermeture provisoire des sites de production », confie un élu, Ivan Estlimbaum, selon lequel dans toutes les usines de l’équipementier auto les distances de sécurité sur les chaînesd’assemblage ne sont pas respectées. Et les gants et gels hydroalcooliques manquent.
Ces équipements font aussi défaut dans les agences bancaires qui, elles, resteront ouvertes au public. Les banques ayant le statut d’opérateur d’importance vitale (OIV), leurs activités sont considérées comme indispensables pour la population qui doit conserver l’accès à son argent. « Compte tenu du statut OIV, les salariés qui se sentent en danger sur leur lieu de travail ne peuvent pas exercer leur droit de retrait », souligne Frédéric Guyonnet, le président national du syndicat SNB-CFE-CGC, pour qui l’angoisse est palpable.
Sentiment d’injustice
Or, partout, gants, masques et bidons de gel hydroalcoolique font défaut. Et ce manque d’équipements alimente un fort sentiment d’injustice. Y a-t-il deux poids deux mesures dans une même entreprise ?, s’interrogent les ouvriers. « Nous, les ouvriers, on nous dit : "Alleztravailler !", s’agace M. Leroy, élu CGT à Wattrelos, alors que les cadres travaillent depuis chez eux. »
« La protection des travailleurs en activité [est] un gros point noir », a résumé Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT, sur France Inter, mercredi 18 mars. « Il y a des insuffisances », a-t-il relevé, plaidant pour que ceux qui poursuivent leurs activités soient équipés « de manière rapide. »
A défaut, l’exercice du droit de retrait il est ouvert à tout salarié si la situation de travail présente un danger grave et imminent pourrait vite prendre de l’ampleur, y compris au sein d’entreprises dites essentielles. Parce que La Poste a pris des mesures « insuffisantes pour protéger leur santé », selon le syndicat SUD-PTT, des préposés y ont eu recours dans des bureaux de poste de Loire-Atlantique, mais aussi à Grenoble. Des agents de la SNCF l’ont aussi exercé, reconnaît la société.
Face à ce phénomène, le gouvernement table sur l’instauration de l’état d’urgence sanitaire pour maintenir l’activité dans les entreprises « de secteurs particulièrement nécessaires à la sécurité de la nation ou à la continuité de la vie économique et sociale », selon le texte du projet de loi discuté, mercredi 18 mars après-midi, en conseil des ministres. Objectif : éviter un arrêt complet de l’économie tricolore, alors que la France s’impose des mesures de confinement pour lutter contre l’épidémie due au coronavirus.
Quelques heures avant la discussion du projet, Bruno Le Maire, ministre de l’économie, avaitinvité « tous les salariés des entreprises encore ouvertes et des activités indispensables au bon fonctionnement du pays (nettoyage, traitement des eaux, industrie agroalimentaire, grande distribution) à se rendre sur leur lieu de travail .
Jeudi 19 mars, c’est Elisabeth Borne, ministre de la transition écologique et solidaire, qui a publié une lettre ouverte aux agents et salariés de l’énergie, des transports, de l’eau et des déchets, dans laquelle elle loue leur « rôle fondamental pour la vie de la nation .
Cette reconnaissance sera-t-elle suffisante, alors que les salariés du secteur de traitement des déchets commencent aussi à se mobiliser ? En Seine-Saint-Denis, chez Otus, filiale de Veolia, certains camions-poubelles sont restés au garage, mercredi 18 mars. Dix-huit éboueurs ont exercé leur droit de retrait, rapporte Abdelkader Dif, représentant du personnel CGT. En cause, entre autres : un nombre insuffisant de flacons de gel hydroalcoolique. « Quatorze pour 130 salariés. Nous travaillons par équipes de trois, ça ne fait même pas un gel par équipe ! »
Caissières, manutentionnaires...
Des employés de la Blanchisserie blésoise, près de Blois, envisagent eux aussi d’avoir recours à ce droit, assure Eric Gondy, secrétaire général Force ouvrière du Loir-et-Cher. Dans ce site industriel où, de jour comme de nuit, 180 opérateurs lavent le linge d’hôpitaux franciliens, « nous avons du gel, des gants, mais pas de masques », déplore l’un d’entre eux en évoquant « les chariots de draps souillés, parfois gorgés de sang et d’excréments » qui y sont triés. « On sait tous qu’il faut continuer de traiter le linge pour ne pas paralyser les hôpitaux, mais on ne veut pas y laisser notre peau », explique ce dernier.
Qu’en sera-t-il dans les secteurs de la grande distribution, de ses fournisseurs et de ses transporteurs ? Le président de l’Association nationale des industries alimentaires (ANIA), Richard Girardot, a mis en garde mercredi contre d’éventuelles difficultés logistiques de nature à perturber le fonctionnement des magasins. Le gouvernement y surveille de près le climat social. « Il n’y a pas de problème d’approvisionnement aujourd’hui (...), mais il commence à y avoir une tension dans un certain nombre de supermarchés,de commerces, en matière de salariés », a reconnu le ministre des finances, Bruno Le Maire, à l’issue du conseil des ministres, mercredi soir.
Le gouvernement multiplie les gestes d’encouragement aux caissières, employés et manutentionnaires qui travaillent dans les grandes surfaces. Mercredi, le ministre de l’agriculture, Didier Guillaume, et M. Le Maire ont diffusé dans la matinée un message « d’encouragement et de reconnaissance » aux salariés du secteur, saluant leur « sens des responsabilités » qui permet « d’assurer aux Français qu’ils pourront se nourrir sainement et sans privation . « Nous comptons sur vous », ont fait valoir les deux ministres en promettant qu’ « en retour, l’Etat sera à [leurs] côtés pour traverser cette période difficile .
En première ligne
Car, partout en France, en magasin, à l’entrée, derrière la caisse, en réserve ou lors des livraisons, les employés des supermarchés sont en première ligne. La foule se presse en magasins depuis plusieurs jours, accroissant les risques de propagation du virus. « Les employés sont très angoissés, mais ils viennent quand même », rapporteLaurence Gilardo, déléguée syndicale FO du Groupe Casino. Lundi 16 mars, Carrefour avait enregistré moins de 10 % d’absentéisme dans ses effectifs. Ont-ils toujours le choix ? « Certains magasins Leclerc mettent la pression sur les salariés pour qu’ils ne se mettent pas en arrêt pour s’occuper de leurs enfants », a dénoncé le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger.
Dans le secteur du transport, ce taux d’absentéisme ne cesse de croître. « Nous sommes un peu plus inquiets qu’hier [mardi] », déclare Alexis Degouy, délégué général de l’Union des entreprises transport et logistique de France. Est-ce aussi un effet collatéral de l’indemnisation élargie du chômage partiel ? A l’en croire, « c’est une très bonne mesure pour les salariés, mais elle fonctionne aussi comme une incitation à rester à la maison .
Alors que l’épidémie de coronavirus prend de l’ampleur, le gouvernement surveille de près le climat social, notamment dans le secteur de la grande distribution alimentaire où de nombreux salariés hésitent à se rendre au travail.
▻https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/03/19/coronavirus-la-colere-gagne-les-salaries-contraints-de-travailler-par-leurs-
#inégalités #coronavirus #confinement #confinés #non-confinés #classes_sociales #coronavirus #épidémie
Il y a donc désormais les confiné.e.s et les non-confiné.e.s qui assurent leur vie quotidienne des premiers...
« Il y a donc désormais les confiné.e.s et les non-confiné.e.s qui assurent leur vie quotidienne des premiers – qui apportent les denrées aux boutiques, qui rangent sur les étagères, nettoient, tiennent la caisse, les éboueurs, les postier.e.s, les livreurs (j’en ai vu 3 déjà depuis ce matin), les conductrices/conducteurs de transport, les femmes de ménage des hôtels et les serveuses/serveurs des hôtels (qui restent ouverts et assurent un room service), et tant d’autres. Classe, genre, âge, racialisation, santé traversent les deux groupes mais les non-confiné.e.s sont les plus exposé.e.s. Dans les éléments du confinement, il y a celles/ceux qui vivent dans 12m2 et celles/ceux dans 150m2, qui peuvent se faire livrer ou pas, qui ont de quoi s’abonner à des tas de sites de streaming ou pas, qui ont un grand débit pour assurer les cours à la maison ou pas, qui peuvent aider les enfants à faire les leçons ou pas, qui ont un ordinateur et une imprimante ou pas, qui sont totalement isolées ou pas, qui ont des papiers ou pas, qui sont financièrement à l’aise ou pas, les femmes et enfants qui vivent avec des compagnons violents, les femmes seules avec des enfants, bref, des milliers et milliers de situations noyées sous le discours d’#union_nationale dans un pays où les #inégalités, les violences d’état, le #racisme et le #sexisme organisent la #vie_sociale depuis des années. Les actes de #solidarité, nombreux, qui s’organisent et sont formidables ne doivent pas remplacer les responsabilités de l’état. (Je parle là de la #vie_quotidienne, pas du personnel médical et de toutes les personnes qui assurent la vie d’un hôpital – donc aussi celles/ceux qui nettoient, gardent, font l’administration…- évidemment très exposé).
Le confinement est rendu possible grâce à toutes ces personnes invisibilisées et bien trop souvent mal payées et exploitées. »
Texte publié le 17 mars 2020 sur la page « Faire lien en vivant le confinement » de l’association grenobloise Modus Operandi :
▻https://www.modop.org/se-relier/#17mars
#confinement #violence #non-confinés #confinés #travail #classes_sociales #invisibilité #invisibilisation #exploitation
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