• Charlie Nash à propos de la vidéo extrêmement bizarre de la correspondante de CNN qui « découvre » un prisonnier qui n’avait pas encore été libéré d’une prison syrienne :
    https://x.com/CharlieNash/status/1867070374623707166

    Taking a look at the extremely bizarre video of CNN correspondent Clarissa Ward supposedly rescuing a Syrian prisoner, and the huge number of questions it raises:

    In the video, Ward and CNN are led by an armed “guard”. A member of the new Islamist regime, he takes CNN on a tour through the complex

    They soon stumble upon a locked cell - in a prison which has been completely emptied, the prisoners freed.

    “The guard makes us turn the camera off while he shoots the lock off the cell door,” Ward reports.

    Viewers do not get to see the “guard” opening the door
    After a fade to black, we see Ward and the camera crew enter the cell. From what we can see, the cell is clean. There is no waste. Only a blanket, which Ward repeatedly calls out to to see if anyone is underneath

    Receiving no response, the guard lifts the blanket, revealing a man who quickly gets up and raises his hands in the air. He looks healthy, his clothes clean, hair and nails trimmed. He says he has been in the cell for three months, without food/water for four days

    Presumably, the man did not hear the guard shooting the lock off his door, or the camera crew calling out to him from a few feet away. But he appears to be in remarkably good condition. He is quickly on his feet and in conversation. He can hear the guard and the CNN crew

    They escort the man outside, but instead of taking him straight to a hospital or doctor - the logical thing to do with a man who has been in a windowless cell for three months, without food & water for four days - they sit him in a chair and interview him

    Asked by Anderson Cooper what is known “about this man and how he ended up in the prison,” Ward admits, “Well, we don’t know that much because you can see from the report, Anderson, that he’s in a deep state of shock.”

    Ward admits she knows nothing about the man or if his statements are true. Everything in the report is taken at face value, from the guard opening the door (they were not allowed to film) to the prisoner’s claims

    C’est assez invraisemblable ces falsifications : les conditions de détention et la torture dans les prisons du régime syrien, c’est connu et documenté, très sérieusement, depuis des années, et là on a une journaliste de CNN qui participe à une mise en scène ridiculement transparente (on dirait une séance photo de BHL…). Et ce faisant, ouvre la porte à la remise en doute de tout ce qui était pourtant établi de manière sérieuse depuis des années…

    • La libération de la prison de Sednaya a d’ailleurs donné lieu à des manipulations (affirmation qu’il y avait 150 000 détenus, ainsi que des passages secrets et des sous-sols non documentés, etc.). Au point que les Casques blancs ont dû émettre un communiqué contredisant les rumeurs et demandant à cesser de les diffuser :
      https://whitehelmets.org/node/1691

      The search did not uncover any unopened or hidden areas within the facility. […]

      The operation involved five teams, including two K9 (trained police dog) units. The teams inspected all entrances, exits, ventilation shafts, sewage systems, water pipes, electrical wiring, and surveillance camera cables. Despite these extensive efforts, no hidden or sealed areas were identified.

      […]

      We urge social media users to be mindful of the widespread misinformation and rumors circulating about prisons and detainees. Please exercise caution when receiving or sharing such information online to respect the victims’ families and avoid causing unnecessary psychological distress.

      Alors même que les conditions de détention dans les prisons syriennes ont déjà été documentées et que la réalité devrait suffire, au lieu de monter des falsifications.

      –---

      J’ai bien conscience qu’il y a aussi beaucoup de manipulations dans l’autre sens, mais ce que je souligne ici, c’est le fait que ces manipulations-là n’ont pas de sens alors qu’elles sont censées soutenir des faits qui, eux, sont déjà avérés, ce qui est, à tout le moins, totalement con.

    • Oui, outre l’effacement total de la différence entre le vrai et le faux (et comme tu dis, ici elle doit être persuadée que mentir pour illustrer un mouvement plus généralement vrai, ce n’est pas vraiment mentir, sa falsification est sans doute un moment du vrai), je pense qu’il y a une volonté de mise en scène dans laquelle la journaliste est elle-même actrice de l’événement.

      Dans le genre, j’ai un vague souvenir de quelqu’un qui avait prétendu « sauver un bébé syrien » en le ramenant dans ses bagages. C’était BHL ? Un·e journaliste ? Ça ne me revient pas.

      Dans une moindre mesure, ça me fait penser aux journalistes météo, aux États-Unis, qui se font un devoir d’être au milieu de la rue pendant une tempête pour montrer que, eux aussi, sont des acteurs du coup de vent.

      https://www.youtube.com/watch?v=beSJ7EWfO0U

      Par contre, je ne regarde jamais les journaux télévisés, alors je ne saurais pas dire si cette tendance à se mettre en scène en tant qu’acteur·ice de l’événement (même sans totalement falsifier), c’est généralisé, si désormais le ou la journaliste se met assez systématiquement en vedette de son propre sujet, ou si ça reste relativement marginal.

    • Dans l’abattoir humain d’Assad
      https://lesjours.fr/obsessions/syrie-prisons
      Le régime syrien est tombé, ses prisons s’ouvrent.
      https://seenthis.net/messages/1087758

      L’activiste Mazen Al-Hamada avait témoigné face caméra des tortures subies en détention. Son corps a été retrouvé ce lundi à Saidnaya

      Dans un pays où les services de renseignement ont été formés par le bras droit d’Adolf #Eichmann, #Aloïs_Brunner, qui s’était vu accorder l’asile en 1954 en échange de conseils sur les techniques d’interrogatoire des #nazis, le régime a aussi mis en place une « politique d’extermination » à #Saidnaya, selon Amnesty.

      Merci @arno j’avais plus qu’à moitié gobé la video de #CNN

    • Did CNN Fabricate the Story of “Freeing a Prisoner from a Secret Jail”?
      https://verify-sy.com/en/details/10562/Did-CNN-Fabricate-the-Story-of--Freeing-a-Prisoner-from-a-Secret-Jail--

      The Verify-Sy team searched public records for the name “Adel Gharbal” to verify the circumstances and duration of his detention but found no results. Gharbal, who claimed to hail from Homs and whose dialect supported this claim, prompted further inquiries in the city. The team discovered that his real name is “Salama Mohammad Salama,” a revelation that brought shocking details to light. Salama, known as “Abu Hamza,” is a first lieutenant in Syrian Air Force Intelligence, notorious for his activities in Homs. Residents of the Al-Bayyada neighborhood identified him as frequently stationed at a checkpoint in the area’s western entrance, infamous for its abuses.

      Abu Hamza reportedly managed several security checkpoints in Homs and was involved in theft, extortion, and coercing residents into becoming informants. According to locals, his recent incarceration—lasting less than a month—was due to a dispute over profit-sharing from extorted funds with a higher-ranking officer. This led to his detention in one of Damascus’s cells, as per neighborhood sources.

      Despite his seemingly innocent and composed demeanor in the CNN report, Salama has a grim history. He participated in military operations on several fronts in Homs in 2014, killed civilians, and was responsible for detaining and torturing numerous young men in the city without cause or on fabricated charges. Many were targeted simply for refusing to pay bribes, rejecting cooperation, or even for arbitrary reasons like their appearance. These details were corroborated by families of victims and former detainees who spoke with Verify-Sy.

  • Marc Bloch, historien et résistant, va entrer au Panthéon, annonce Emmanuel Macron
    https://www.lemonde.fr/politique/article/2024/11/23/marc-bloch-historien-et-resistant-va-entrer-au-pantheon-annonce-emmanuel-mac

    Resté en France malgré la répression qui s’abattait sur les juifs, Marc Bloch s’engage dans la Résistance en 1943, dont il devient un des chefs pour la région lyonnaise. « Marc Bloch ne désespéra jamais du ressort de notre peuple, certain que le courage n’est pas une affaire de carrière ou de caste », a résumé le chef de l’Etat. Il est arrêté le 8 mars 1944 à Lyon, emprisonné et torturé à la prison de Montluc, et fusillé le 16 juin avec 29 de ses camarades.

    Dans une lettre au président de la République, dont l’AFP a obtenu copie, la famille demande, au regard de son engagement, que « l’extrême droite, dans toutes ses formes, soit exclue de toute participation à la cérémonie » d’entrée au Panthéon. « L’œuvre de ce patriote convaincu est profondément antinationaliste, construite contre le roman national et la réduction de l’histoire française aux frontières nationales », écrivent sa petite-fille Suzette Bloch et son arrière-petit-fils Matis Bloch, au nom des ayants droit. _[voir : https://blogs.mediapart.fr/laurent-mauduit/blog/231124/pantheonisation-les-conditions-posees-par-la-famille-de-marc-bloch]_

    Macron n’est pas soralien, il cause pas depuis le même endroit. En même temps, il a fort bien retenu la méthode.

    #confusionnisme

    • Laissez Marc Bloch tranquille, M. Sarkozy, par Suzette Bloch et Nicolas Offenstadt, 28 novembre 2009
      https://www.lemonde.fr/idees/article/2009/11/28/laissez-marc-bloch-tranquille-m-sarkozy-par-suzette-bloch-nicolas-offenstadt

      Pour l’historien, la France c’était l’ouverture.

      Petite-fille de Marc Bloch et historien médiéviste, nous avons décidé de joindre nos voix pour dire stop à l’utilisation abusive de l’historien, de l’intellectuel, du résistant Marc Bloch par le président de la République, Nicolas Sarkozy - et ceux qui l’entourent - pour habiller leurs discours idéologiques
      Un jour, moi, Suzette Bloch, j’ai demandé à mon père : "Mais comment as-tu fait pour avoir le courage physique de résister à l’occupant ?" Il m’a répondu : "Tu sais, quand tu es agressé, tu ripostes, c’est comme un réflexe, tu ne te poses même pas la question." Mon père s’appelait Louis Bloch. Il était modeste. Ses hauts faits de résistant contre les nazis et leurs auxiliaires français, je les ai appris par le récit d’autres. J’aurais pu poser la question à mon grand-père. Mais je ne l’ai pas connu. Il a été fusillé. Le 16 juin 1944. Il est tombé sous les balles allemandes. Le soir, dans un champ. A Saint-Didier-de-Formans (Ain). Il était lui aussi dans la Résistance. Il s’appelait Marc Bloch. J’aurais pu poser la question à ma grand-mère. Mais je ne l’ai pas connue. Elle est morte le 2 juillet 1944. A Lyon. De douleur, de privations, sans nouvelles de son mari, de ses fils, Etienne, Louis et Daniel, tous engagés dans l’armée de l’ombre. Elle s’appelait Simonne.

      Marc, Simonne, Louis m’ont laissé une mémoire, la mémoire d’une famille qui a érigé la liberté d’esprit au rang de première des valeurs humaines. Aujourd’hui, je suis indignée. Au point où j’en arrive à surmonter la timidité que j’ai aussi reçue en héritage. Pour dire « Assez ! ».

      Le 12 novembre à La-Chapelle-en-Vercors, dans la Drôme, le président de la République a prononcé un discours destiné à apporter sa "contribution" au débat qu’il a lancé sur l’"identité nationale", une notion qui ne s’impose en rien et qui peut servir les pires desseins idéologiques. Il en a appelé à mon grand-père à l’appui de son hymne à la France repliée, chrétienne et éternelle. "Honneur", « patrie », « fierté d’être français », « identité nationale française », "héritier de la chrétienté" : ces termes sont légion dans ce discours où le chef de l’Etat prétend décrire ce que doit être sa France, cautionnée par le "plus grand historien".

      A plusieurs reprises, pendant la campagne présidentielle, il avait cru bon de citer L’Etrange Défaite, ce retour réflexif sur 1940, écrit par l’historien, qui avait été aussi combattant. Mais là, trop, c’est trop. Je suis révulsée. Pourquoi ce besoin de recourir à Marc Bloch pour se vêtir de ses qualités d’homme irréprochable. Peut-être parce qu’il faut rendre noble et acceptable un débat qui sert à la fois de courtes visées électorales et un projet idéologique de retour au « national », sans rapport aucun avec les engagements et la vision du monde, savant et citoyen, de Marc Bloch.

      Je refuse que mon grand-père soit utilisé pour célébrer la patrie selon Nicolas Sarkozy, qui joue de la peur de « l’Autre ». « L’étranger » ? « L’immigré » ? Toujours sommé de se justifier, forcément marginalisé par un débat centré sur l’"identité nationale", pourchassé quant il n’est pas « en règle », obligé de se cacher, de cacher ses enfants ou de travailler aux sinistres conditions du travail au noir. Quels sont ces "renoncements" qui menacent la patrie ? Toute cette phraséologie n’a rien à voir avec Marc Bloch, qui s’est battu dans un tout autre contexte contre de vrais ennemis des libertés.

      "Je suis, je m’en flatte, un bon citoyen du monde et le moins chauvin des hommes. Historien, je sais tout ce que contenait de vérité le cri fameux de Karl Marx : « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! »", écrivait aussi le médiéviste dans L’Etrange Défaite, soucieux d’articuler son intense patriotisme et de plus larges horizons.

      Non, moi, sa petite-fille, je ne veux pas que Marc Bloch soit instrumentalisé par Nicolas Sarkozy. Il n’aurait pas approuvé cette idéologie nationaliste malsaine. Je demande au président de laisser la pensée de mon grand-père à l’étude, à la critique, aux historiens, ainsi qu’à tous les lecteurs de ses oeuvres.
      L’historien coauteur de ces lignes doit dire, avec bien d’autres, que le fameux passage cité à plusieurs reprises par le président et ses proches, et encore à La Chapelle-en-Vercors, pour faire croire que l’histoire de France s’adopte comme un tout, comme un animal de compagnie, est un détournement bien abusif. Voici la phrase exacte : "Il est deux catégories de Français qui ne comprendront jamais l’histoire de France, ceux qui refusent de vibrer au souvenir du sacre de Reims ; ceux qui lisent sans émotion le récit de la fête de la Fédération."

      Lorsqu’on remet cette phrase dans son contexte, on comprend qu’elle sert avant tout à dénoncer l’étroitesse d’esprit du patronat des années 1930, incapable de saisir l’élan des luttes ouvrières, et en particulier de celles de 1936. "Dans le Front populaire", ajoute Bloch - le vrai, celui des foules, non des politiciens -, il revivait "quelque chose de l’atmosphère du Champ de Mars, au grand soleil du 14 juillet 1790." Surtout, Marc Bloch dénonce ici l’incapacité des élites à bâtir de grands moments de rassemblement autour des idéaux démocratiques, face à ceux des régimes fascistes. Les spécialistes de Marc Bloch invitent à la prudence dans l’usage de la phrase, déjà formulée pendant la Grande Guerre. Ils en ont proposé de multiples lectures, insistant sur ce double contexte de guerre. A l’évidence, ce genre de discours d’union sacrée est un lieu commun pendant un conflit et mérite d’être entendu dans ce contexte.

      Comme d’habitude, le président sort des mots et des icônes de leurs contextes et de leurs engagements pour les peindre aux couleurs du jour, les plus nationales en l’occurrence, oubliant l’époque qui les a produits, empêchant toute compréhension des enjeux du temps. Comme le note l’historien Gérard Noiriel, "alors que Nicolas Sarkozy n’a cessé de stigmatiser la pensée critique comme une menace sur l’identité nationale, Marc Bloch l’a, au contraire, toujours encouragée".

      Suzette Bloch est Journaliste, petite-fille de Marc Bloch
      Nicolas Offenstadtest Maître de conférences en histoire à l’université Paris-I, auteur de "L’Histoire bling-bling", Stock

      #histoire #pensée_critique

    • « Les héritiers intellectuels de Marc Bloch dérangent, qu’ils écrivent sur le réchauffement climatique, la colonisation ou les violences de genre »
      CHRONIQUE, Pierre-Cyrille Hautcœur, Economiste
      https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/12/11/les-heritiers-intellectuels-de-marc-bloch-derangent-qu-ils-ecrivent-sur-le-r

      L’annonce de la panthéonisation de l’historien par Emmanuel Macron doit faire prendre conscience de l’importance de l’indépendance des chercheurs et de leurs travaux, souligne l’économiste Pierre-Cyrille Hautcœur, dans sa chronique.

      L’entrée de Marc Bloch au Panthéon est sans doute l’une des brillantes diversions dont le président de la République a le secret. Elle peut cependant nous aider à comprendre pourquoi la #recherche_universitaire est tant remise en cause. Historien, professeur des universités, mais aussi ancien combattant et résistant, Marc Bloch est devenu respectable. Il fut pourtant en son temps un perturbateur du savoir historique établi et un critique aigu de la société de l’entre-deux-guerres et de ses hypocrisies paresseuses.

      Comme universitaire, Marc Bloch découvre en 1919 à l’université de Strasbourg (son premier poste universitaire après quelques années de lycée avant-guerre) les pratiques de recherche de l’université allemande (en avance sur la française alors), en particulier le séminaire et la confrontation systématique aux publications nouvelles comme aux innovations méthodologiques. Influencé par la sociologie et l’économie, il pense l’histoire comme une intervention intellectuelle dans le monde, non comme l’accumulation de connaissances sur le passé. Après en avoir tiré toutes les conséquences, il crée en 1929 avec Lucien Febvre une revue nouvelle, les Annales d’histoire économique et sociale, qui appelle à une rupture avec les pratiques ordinaires de l’histoire et à l’engagement d’un dialogue permanent avec les autres sciences, naturelles comme sociales, pour répondre aux questions du présent.

      L’influence des Annales, prolongée après la guerre par la création de la sixième section de l’Ecole pratique des hautes études (aujourd’hui l’EHESS), n’a pas d’équivalent dans la recherche historique à l’échelle mondiale. Quand il écrit L’Etrange Défaite, au lendemain de la débâcle, Marc Bloch s’appuie sur son savoir d’historien, sur sa pratique comparatiste et sur son expérience militaire pour, par exemple, démontrer impitoyablement en quoi et pourquoi l’état-major français a été incapable intellectuellement de remettre en cause ses doctrines forgées durant la Grande Guerre.

      Multiples assauts

      Ces savoirs nouveaux sont souvent dérangeants, et L’Etrange Défaite ne pouvait pas être publiée sous Vichy. Aujourd’hui, les héritiers #intellectuels de Marc Bloch dérangent aussi, qu’ils écrivent sur le réchauffement climatique, l’impact des pollutions sur la santé, la colonisation ou les violences de genre. Et ceux qu’ils dérangent dans leurs certitudes et dans leurs acquis ont largement les moyens de contester ou de marginaliser ces savoirs.

      C’est pourquoi l’indépendance des chercheurs et des universitaires est garantie par la Constitution et devrait être un sujet de vigilance des gouvernements. Elle subit actuellement de multiples assauts, dont certains viennent de l’intérieur même des institutions républicaines. La première attaque conteste l’engagement social et politique des chercheurs, comme s’il n’était pas nécessaire à la pertinence de leur recherche aujourd’hui, et comme s’il affectait la qualité de la connaissance scientifique. C’est oublier que celle-ci ne peut pas s’apprécier à l’échelle d’un travail individuel, mais seulement à celle du débat savant, impitoyable envers l’erreur.

      Une deuxième remise en cause, plus insidieuse et bureaucratique, absorbe le temps de recherche dans d’innombrables tâches à l’utilité réduite. La troisième, plus radicale, remet en cause la nécessité de la recherche pour l’enseignement universitaire, alors qu’elle est la condition d’un enseignement actualisé. La réduction des budgets des universités (constante en termes de dépense par étudiant depuis le début des années 2010) amène à remplacer les enseignants-chercheurs par des vacataires ou des enseignants non chercheurs. Elle expose les étudiants à des enseignants sans expérience ou sans pratique de la recherche, alors que leur demande d’actualisation des savoirs est immense et que leur efficacité sociale postérieure en dépend.

      Mais il y a une raison contre laquelle Marc Bloch n’a pu nous prémunir : les élites françaises ont, dans leurs grandes écoles, été si peu exposées à la recherche qu’elles n’imaginent pas que celle-ci puisse leur manquer et manquer au pays. Puisse cette panthéonisation les faire changer d’avis.

      Pierre-Cyrille Hautcœur est directeur d’études à l’EHESS (Ecole d’économie de Paris).

      #grandes_écoles #élites_françaises

  • ★ Ⓐ Le libertarien / proprietarien et des médias aux ordres - Le Café Anarchiste

    Il y a des acteurs politiciens ou journalistes qui utilisent des mots sans considération pour leur signification. En ce moment, les médias sont obnubilés par un politicien argentin propriétarien antisystème qui se présente aux élections avec des termes “anarco” ou “libertario”. Si les médias savaient faire leur travail de journalistes, ils sauraient que le terme libertario, dans ce cas, signifie “libertarien” (lorsqu’il s’agit de libéraux de la droite extrême) et non libertaire. Ne pas faire ce travail d’analyse basique c’est travailler pour la confusion organisé par la classe des riches. On sait que la propriété c’est le vol. Pour ceux-là, la pratique de la propriété, donc du vol, est une habitude et une norme. Pour eux un mot est une marchandise, donc ça se vole, ça se manipule. Le terme propriétarien (plutôt que libertarien) leur conviendrait pourtant bien mieux, on les définit ainsi dans cet article (...)

    #escroquerie #confusionnisme #libertarien #libertarianisme #extrêmedroite #capitalisme #étatisme
    ★ Ⓐ #anarchisme #anticapitalisme #antiétatisme

    https://le-cafe-anarchiste.info/le-libertarien-et-les-perroquets-idiots

  • Dieudonno-soralisme, paternalisme vert et philo franchouillarde (mais pas seulement)
    Affaire Médine : la gauche est dans le déni face à l’antisémitisme, par Marylin Maeso – Libération
    https://www.liberation.fr/idees-et-debats/tribunes/affaire-medine-la-gauche-est-dans-le-deni-face-a-lantisemitisme-par-maryl

    La polémique autour de l’invitation du rappeur aux journées d’été d’Europe Ecologie-les Verts, après la publication d’un tweet antisémite, met en lumière les difficultés de la gauche, selon la philosophe et essayiste.

    Invitée sur France Inter à quelques jours des Journées d’été des écologistes, la secrétaire nationale du parti EE-LV, Marine Tondelier, a abordé la polémique suscitée par l’invitation du rappeur #Médine dans ce cadre. Elle a tenu à souligner la gravité de l’#antisémitisme en distinguant deux manifestations : il y a d’abord, explique-t-elle, l’antisémitisme conscient, revendiqué, théorisé. Mais il existe aussi une autre forme d’antisémitisme, insidieuse et parfois naïve.

    Le fait que Médine chante « l’antisémitisme est un cancer » (RER D, 2008), mais fasse sur Twitter (rebaptisé X), il y a peu, un jeu de mots nauséabond autour du nom de Rachel Khan (« resKHanpée ») tout en niant en bloc le moindre sous-entendu antisémite illustre, selon la conseillère municipale, cette seconde forme d’antisémitisme, et montre que le rappeur a encore du chemin à parcourir, ce qu’elle l’engage à faire le 24 août.

    « La solidarité avec le peuple palestinien »

    Si la lucidité de Marine Tondelier est à saluer, on se permettra d’ajouter qu’elle ne croit pas si bien dire. Car cet antisémitisme refoulé s’insinue à gauche, nourri par un déni sans cesse renouvelé. Un déni contre lequel Europe Ecologie-les Verts, bien qu’il soit, comme elle l’a rappelé, le seul parti à s’être doté d’un groupe de travail sur l’antisémitisme, n’est pas immunisé. Quand la porte-parole du groupe Ecologiste à l’Assemblée nationale, Eva Sas, a résumé en ces termes, au mois d’avril, la journée d’étude EE-LV sur l’antisémitisme en France : « Je revendique notre droit à défendre les droits du peuple palestinien, tout en étant pleinement engagés dans la lutte contre l’antisémitisme. »

    Se rendait-elle compte du sous-entendu que charriaient ses paroles ? Le même qui a poussé la députée LFI Ersilia Soudais à inaugurer l’action du groupe de travail sur l’antisémitisme à l’Assemblée par une réunion sur « la lutte contre l’antisémitisme et la solidarité avec le peuple palestinien » : impossible d’évoquer les discriminations que subissent les Français juifs sans immédiatement faire référence à un conflit étranger, comme on adjoint un bémol pour anticiper d’éventuels soupçons. Comment ne pas s’inquiéter de ce renvoi systématique des Français juifs au conflit israélo-palestinien ? Quelle autre lutte progressiste est ainsi conditionnée ?

    « Jugez-moi sur mes actes »

    Que peut-on légitimement reprocher à Médine ? Ce qu’on reproche à un grand nombre de personnalités publiques : d’avoir la remise en question difficile. Quand Libération l’interrogeait, en 2018 [https://www.liberation.fr/checknews/2018/06/12/le-rappeur-medine-est-il-ambassadeur-de-l-association-havre-de-savoir_165 ], sur ses rapports avec l’association Havre de Savoir, connue notamment pour avoir offert une tribune à des prédicateurs antisémites, homophobes et misogynes, Médine a menti en affirmant n’avoir jamais été son ambassadeur, tandis qu’une vidéo circulait où il revendiquait le contraire. Ses soutiens dénoncent une cabale injuste, certifiant qu’il a changé depuis.

    Mais qui évolue sans reconnaître ses erreurs ? « Jugez-moi sur mes actes », rétorque-t-il, faisant valoir ses engagements associatifs contre les discriminations. Les paroles, pourtant, peuvent nuire autant que les actes. Ce n’est pas à un rappeur virtuose qu’on apprendra le pouvoir des mots, et l’impact des insinuations.

    Dire (en le regrettant) que la quenelle qu’il fit en 2014 en soutien à Dieudonné était un geste « antisystème », en dépit du fait que sa signification antisémite était difficile à ignorer venant d’un humoriste qui fustigeait dans une vidéo de 2009 un monde tombé aux mains du « puissant lobby des youpins sionistes », c’est un peu court. Revendiquer une « démarche de chercheur » pour justifier sa présence à une conférence du militant complotiste et antisémite #Kémi_Séba pour qui il avait accepté d’assurer une première partie, c’est un peu comme si on félicitait Eric Naulleau d’avoir fait avancer la recherche sur les discriminations en cosignant avec Alain Soral un livre où ce dernier déverse sans retenue ses lubies complotistes, homophobes et antisémites. Quand Médine aura fini de jouer avec l’euphémisme, peut-être sera-t-il encore temps d’appeler les choses par leur nom.

    #Médine #gauchoantifa_washing #Dieudonné #Alain_Soral #EELV #LFI #socialisme_des_imbéciles

    • haussez les épaules, pincez-vous le nez, détournez les yeux, voici une version revue de mon post précédent

      Force est de constater que, de toute part, et pas exclusivement sur le covid, le faux est un moment du vrai.

      Le déni de l’antisémitisme est chez certains chevillé au corps. Par habitude, par électoralisme, par conviction, l’antisémitisme (qui se doit d’être masqué pour ne pas tomber sous le coup de la loi, sauf lorsque l’on s’appelle Darmanin et alibi, cf. les parcours de Dieudonné et Soral, rendus forts difficiles) est toléré ou approuvé.

      Oui, en qualifiant Médine de "déchet" sur les RS, Khan a dit de la merde (déshumanisante). Mais ce qui passe de manière spectaculaire et en contrebande dans la blaguounette "resKHANpée" ne saurait être dénié.

      Une "blague" qui en cache une autre...

      Suite au bad buzz (par ici les pépettes), on a vite trouvé des experts de l’inculcation de la surdité volontaire. Le LFI David Guiraud entend "resCApée" dans "resKHANpée" et un pacson de politiciens, et pas que, font et feront comme lui. Tranquille, il a pourtant substitué à la syllabe centrale "KHAN" un "ca" ou un "kha", éludant quoi ? le N car, si on le prononce, on retombe sur ce truc dont "les juifs" nous bassinent, un camp !
      Ah non, non, c’est pas ça ! mais pas du tout ! notre chanteur est engagé mais parfois maladroit (c’est le peuple vous savez), ou bien il dit des choses qui ne veulent rien dire (c’est un artiste), mais il est des nôtres.
      Un autre, photographe de presse et antifa, ne lit pas non plus ce N (comme Nation, voir l’entretien sur RFI cité plus bas), et explique que le fils de M. est appelé Khan (en fait Gengis…), qu’en famille, ça blague tout le temps là-dessus, comme si il lisait « rescanepé ». Bref, il n’y a pas de N, il n’y a pas de blague, il n’y a pas de camps.

      Pourtant, l’acte premier d’un chanteur "contestataire", c’est soit d’improviser, soit d’écrire (ne se dit-il pas "amoureux de la langue" ? https://musique.rfi.fr/rap/20220527-lidentite-francaise-selon-medine ). Dans ce cas, nous avons affaire à des textes écrits. Mais ces textes, au delà de ce qui les flatte (Qué s’appelerio aujourd’hui "biais de confirmation" semble-t-il), nos gauches n’y portent pas attention.

      Partout à gauche et chez les antifas, on se focalise sur le fait que Médine est attaqué par les fafs, les laicards, etc.. C’est bien ce qui prouve que, non ? Ça ne peut être que par racisme qu’on s’en prend à "un arabe", un "représentant des quartiers" (ô fiction adorée).
      On s’est opportunément trouvé une (petite) vedette pour se faire mousser comme alliés des quartiers, perméables et ouvert au public rap (ça me rappelle le "chébran" utilisé par Mitterrand), ça fait du monde ça, hein ! Et hop ! tous ensemble sous la bannière de l’antifacisme et de la lutte contre le régime. Et qui y regarde de plus près ? Ben c’est un allié objectif de la réaction et du racisme. Qu’est-ce que ça pourrait être d’autre ? Bullshit.

      Car il se trouve que si M. a pu dénoncer l’antisémitisme des autres - dont celui des quartiers, à l’époque où il en était, de Havre de savoir - sans évoquer sa propre position, ce chanteur a, bien après la quenelle, distillé des tropes antisémites.
      Ainsi - fallait l’inventer ! - cet « Étoile de David sur une machette rwandaise », (Porteur saint 2017). La recette est connue, on s’appuie sur un fait : Israël a fourni des armes et soutenu diplomatiquement ce génocide ( Le génocide rwandais et la politique israélienne, Yaïr Auron https://www.cairn.info/revue-d-histoire-de-la-shoah-2009-1-page-225.htm ), et, avec l’appât, le poisson avale l’hameçon. Et hop ! il est ferré. (nb : si il a de la chance, se bat pour décrocher et réussit, il s’échappe !).

      Dans ce "étoile de David", on dira que l’on entend Israël. C’est mentir et c’est se mentir à soi-même. Il s’agit tout autant de "les israéliens", "les juifs", français (puisque Maeso y tient tant...), ou pas, croyants, ou pas. Un bel amalgame où tous (on ne sait QUI) sont visés.

      Tour de passe-passe.
      Cette chanson qui renvoie dos-à-dos les extrémismes religieux cite deux génocides. L’un commis par des bouddhistes à l’encontre des Rohingyas. L’autre, par des Hutus à l’encontre des Tutsis, avec l’appui principal de la France, et, secondairement, d’Israël. Si il fallait évoquer un appui décisif, c’est celui de la France ! Ce n’est pas le cas. Que vient faire là cette "étoile de David" ? Substituer aux auteurs leurs complices. Troublant, pour ne pas dire trouble. Faut-il alors penser que l’image condense quelque chose comme une "France enjuivée" ? On en saura rien. Libre à chacun de se faire son idée, ou plutôt de prêter à la formule un sens qui lui préexistait (voir Israël comme une tête de pont de "l’occident" est d’ailleurs une bonne approximation, et puis, ensuite, ça glisse de Israël, c’est les israéliens, puis à Israël c’est "les juifs")

      "Quand vous entendez dire du mal des juifs, dressez l’oreille, on parle de vous"

      Ce chanteur tient par ailleurs des propos abjects que personne n’a relevé. Invité à parler rap à l’ENS en 2017, il évoque par deux fois une « arme de combat », la « technique du bambou », dont il semble attribuer l’utilisation au FLN Vietnamien (n’oublions pas que nous sommes entre anti-impérialistes, hein), ici, peu après 30 mn :
      http://savoirs.ens.fr/expose.php?id=3114
      Sauf que cette "arme de guerre" est en fait une technique de torture, une technique d’exécution lente. Et qu’il ne semble pas (?) qu’elle ait été employée durant la guerre de libération du Vietnam
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Torture_au_bambou
      À la tribune comme dans ce public d’étudiants et d’amateurs de rap, on dirait que ça passe crème. Puissance de l’amour.

      Ce chanteur qui se revendique de "l’éducation populaire" (sic) peut aussi écrire un "J’pisse sur les pédérastes de pétainistes" (Généric, Médinefrance 2022). On devrait étudier ça à l’école. Sûr que ça contribuerait à mettre en cause la domination masculine et l’homophobie, voire à réviser l’histoire du pétainisme (dont depuis l’autre côté de la scène, on nous a dit que le chef avait "sauvé des juifs"...).
      Bref, semant la confusion, notre chanteur engagé renouvelle le virilisme dieudonno-soralien. Sans oublier de se fendre par la suite de déclarations amicales pour les LGBT... (on se souviendra que par deux fois déjà Dieudonné à demandé pardon aux juifs, les vrais hein, pas les "faux").

      Et ces oscillations (...), ne dérangent pas révolutionnaires, écolos, degauche et je ne sais qui encore ? Un tel manque de scrupule est tout simplement honteux. En manière de contestation, on refuse de lire, d’entendre, insensible à tout... détail. Fausse contestation, contestation falsifiée.

      Et si cela ne durait pas, si cette cécité se voyait réparée par un décillement salvateur, si cet illettrisme cultivé cédait le pas à une réappropriation de l’activité de lecture - ce que j’espère, mais ne vois pas venir - faudrait-il par avance se résigner à ce qu’une autre personnalité, un autre hochet régressif vienne offrir une nouvelle occasion de jouir d’une telle communauté... gazeuse ? Je le crains, car cette gauche n’en a fini ni avec sa part dieudonno_soralienne, ni avec l’antisémitisme.

      #confusionnisme #gauche #gauches

    • il y a 5 mois, j’écrivais à propos de la grève à Gonfreville

      Médine est sur le blocage ! autant dire que côté « jeunesse » et féminisme de la lutte [Adèle Haenel était également sur le piquet], ça va pas être easy à gouverner.

      https://seenthis.net/messages/995780#message995856
      depuis, il avait ma sympathie, bien que par ailleurs je ne sache rien de lui si ce n’est que les fafs et la droite s’en prenaient à lui. puis, des camarades ont attiré mon attention sur des trucs pas clairs du tout. et qui ne relevaient pas seulement du passé (oui, on rêverait qu’à l’instar du Michaux, il passe de l’extrême droite à un ailleurs assez proche pour qu’un voisinage soit possible, mais...).
      j’ai donc cherché à en savoir davantage sur ce chanteur (textes, entretiens), et relevé quelques propos qui n’allaient pas sans soucis, loin de là. ce dont je rends partiellement compte ici.
      cinq mois plus tard, des journées d’été EELV à celles de LFI, de la Fête de l’Huma à l’Olympia, on assiste à l’avènement de cette carrière « anti-système ». et, ne serait-ce qu’en souvenir de cette petite fraction de l’ultra gauche qui fut négationniste, ne serait-ce que prenant en compte l’empreinte laissée depuis par le dieudonno-soralisme, c’est bien le moins de se rappeler que l’amitié ou quoi que ce soit de sérieux implique une exigence, ce qui, entre autre chose, fait que, selon la formule bien connue, les ennemis de nos ennemis ne sont pas forcément nos amis...
      souvenons-nous. en 2008, après bien des alertes sérieuses depuis 2005 (?), Dieudonné s’est finalement totalement démasqué en invitant Faurisson sur la scène du Zénith. mais il aura fallut des années à bon nombres de gens qui avaient envie de se faire manipuler pour le lâcher. et d’autres sont restés dieudo-soraliens. quitte à apprécier qui ajoute des touches prolo, gaucho, arabe et variétés ?

      #show_bizz #fallace #spectacle

    • c’est tout schuss pour la droite raciste, Édouard Philippe https://www.lefigaro.fr/flash-actu/edouard-philippe-muscle-son-discours-sur-l-immigration-20230605 n’ira pas dire le mot de bienvenue prévu aux journées d’été de EELV dans « sa » ville du Havre.

      La venue de Médine chez EELV et LFI continue de déchirer la gauche
      https://www.mediapart.fr/journal/politique/220823/la-venue-de-medine-chez-eelv-et-lfi-continue-de-dechirer-la-gauche

      Milo Lévy-Bruhl, bon connaisseur des textes de Médine, reste réservé sur la réception de la polémique à gauche. « D’un côté, il ne faut pas faire des procès anachroniques : le Médine que je critique n’est pas le Médine d’aujourd’hui, qui en outre fait face à des attaques scandaleuses qui sont de l’islamophobie pure », dit-il. Mais il s’indigne que la gauche en vienne à considérer qu’il n’y a « que de l’instrumentalisation de l’antisémitisme par la droite, comme le fait toujours LFI », prévient-il, soulignant « l’énorme silence de la gauche depuis vingt ans sur l’antisémitisme ».

      Il rappelle en effet la proximité passée de Médine avec la « dissidence » [une proximité bien plus longue avec les Frères musulmans, ce dont seul un faf est autorisé à parler, ndc] et estime que « le retour de Médine sur cette période est très timide », alors que jusqu’en 2014, il faisait des références élogieuses à Dieudonné, des quenelles, et avait fait la première partie d’une conférence de Kemi Seba.
      D’où sa circonspection face à son invitation en star des universités d’été d’EELV et de LFI : [ en adoptant un point de vue de normand, un chouille à l’ouest, et pas mal au centre, je dirais qu’] « Il est totalement légitime par plein d’aspects : après tant de paternalisme et de misérabilisme de la gauche vis-à-vis des populations racisées et des #quartiers_populaires [qui sont, c’est bien connu, le fief de Médine, auquel il convient donc de rendre hommage, n’en déplaise aux athées, aux mécréants, et à nombre de musulmans], son invitation symbolise la fin d’une certaine période de l’#antiracisme politique , et c’est une bonne chose [puisque l’on passe des pubs Dior de Harlem Désir, ou de l’admiration de Bouteldja les blancs et moi pour Soral, à Georges Brassens, Renaud et pis même Victor Hugo (regardez la pochette, c’est le gars du plus gros enterrement qui ait jamais eu lieu dans le pays !) façon Médine, yes !]. Mais le risque, c’est que tant qu’il ne clarifie pas son rapport à son propre passé, elle signifie aussi une indifférence [et là, je reste archi-poli hein]_de la gauche à la question de l’antisémitisme. »

      Ironiquement, sur le morceau « Global », où Médine faisait l’inventaire de ses erreurs, il disait : « Faut que j’arrête de jouer au cyberactiviste / En leur répondant sur le Web j’donne de la force à mes ennemis. » [alors que lorsque j’écris "pédérastes pétainistes" dans une chanson récente, parle d’arme de guerre" à propos de la torture à des gauchiasses naïfs, ou raconte que le génocide des Tutsis s’est fait à coups de machettes à "étoile de David", ça passe crème, personne n’écoute, ne lit, sauf ceux que ça branche, et des pisse froids qu’aiment pas "les arabes", c’est bien connu.]_

      #politique #marketing

    • Rentrée, les gauches rendues inaudibles par la polémique Médine et leurs divisions
      https://www.lemonde.fr/politique/article/2023/08/23/pour-leur-rentree-des-gauches-rendues-inaudibles-par-la-polemique-medine-et-

      le groupe de travail contre l’antisémitisme [d’EELV] débattra à huis clos au Havre avec le rappeur.

      A la différence des Verts, les « insoumis » sont prompts à fermer le ban sur cette polémique. L’épineux sujet de l’antisémitisme à gauche, LFI le balaie et le considère comme une instrumentalisation par l’extrême droite.

      #rouge_brun

      edit pour les « justifications » reprises ici
      https://seenthis.net/messages/1014567#message1014572
      https://seenthis.net/messages/1014362
      https://seenthis.net/messages/1013817

    • Notre astre de la punch line : "Je lutte contre l’antisémitisme (...) depuis vingt ans"
      « On me traite d’antisémite et cela me broie » : le Havrais Médine répond à la polémique
      https://www.paris-normandie.fr/id442162/article/2023-08-22/me-traite-dantisemite-et-cela-me-broie-le-havrais-medine-repond-la-p

      Alors pourquoi ce tweet qualifié de nauséabond sur Rachel Khan ?

      « C’est une réponse à quelqu’un qui m’attaque en me traitant de déchet à trier, en lien avec les universités d’été. Je réponds en parlant de Rachel Khan qui vient du hip-hop, reçoit des compliments sur son livre de Marine Le Pen. Mon tweet parlait de ça, c’est une maladresse avec le mot rescapé ["ResKHANpé" dans le texte] qui ne prenait pas en compte la charge historique. Je ne savais pas qu’elle avait une histoire familiale liée à la Shoah. Ma propre famille utilise ce mot « khan » avec la même orthographe, c’est un sobriquet familial depuis cinq ans. J’appelle ma famille la « Khan family » [ah, c’est pas la KA family ?] parce que mon dernier fils s’appelle Gengis en référence à Gengis Khan (figure mongole).

      On se fédère autour de ce terme qui a une #sonorité poétique. Je m’excuse aussitôt de la maladresse auprès de la personne et auprès de ceux qui ont pu être heurtés par ce jeu de mots. Des excuses inaudibles. Je lutte contre l’antisémitisme , poison que l’on doit combattre, depuis vingt ans [depuis qu’une sardine bouche le port de Marseille, en fait]. On me taxe d’antisémite et cela me broie. Si ce tweet avait été antisémite, il aurait été attaqué depuis longtemps. »

      Vous traînez pourtant une réputation sulfureuse et on vous prête un certain nombre de prises de position… [euh...]

      (...) J’ai fait des erreurs, ma parole a dépassé ma pensée, des prises de position ont été des impasses idéologiques mais [c’était avant 2003 ?] je m’en suis toujours amendé. J’ai toujours fait marche arrière quand je me trompais. C’est salvateur pour le public qui me suit. Et je regrette certaines choses. »

      Comme le geste de la quenelle ?

      « Oui quand je croyais que la quenelle de Dieudonné était de la liberté d’expression [édulcoration ++, l’euphémisation en vigueur la présentait comme un "geste antisystème"]. Alors que c’était un signe de ralliement antisémite qui a fini par être récupéré [ah bon, quelle histoire étrange, on nous parle de récupération de la contestation, comme dans le topo gauchiste 70’s] on [qui ? !] lui a donné un autre sens. Il est trop tard quand on s’en rend compte. Dieudonné a toujours été très ambigu sur ce sujet [moi pas, d’ailleurs je n’ai appris l’existence du show avec Faurisson qu’ne 2015, je crois] . Quand je m’excuse, que je regrette, moi on ne m’entend pas [mais parfois on écoute et te lit avec attention]. D’autres personnes, comme des politiques, qui font des erreurs, on les entend [dire qu’ils assument]. Moi qui suis d’un certain univers culturel, l’excuse ne m’est pas autorisée. Je traîne un certain nombre de boulets. »

      Comme celle de l’homophobie liée à une vidéo où vous évoquez le mot « tarlouze » ?

      « Cela date de 2007. Je parle des standards d’acceptabilité dans la sphère publique, je ne parle pas d’homosexualité. Il y a une erreur de langage de qui n’est pas acceptable. On oublie mes prises de position courageuses de 2012 sur le mariage pour tous au moment où la plupart des politiques se drapent dans une moralité en disant qu’ils ont toujours été pour cette disposition. Je fais une vidéo dès 2012 (« Petit délire ») en disant que le mariage homosexuel ne doit pas être soumis à la discrimination. Que fait-on de mes prises de positions sur les discriminations sur les personnes racisées, les juifs [où ?], les musulmans, les féministes, les LGBTQ+ [et les pédérastes pétainistes, en 2022]. On cherche [ou on découvre] une maladresse ancienne [ou actuelle] pour me disqualifier, discréditer la gauche à travers moi [alors que j’en commet publiquement une tous les trimestres]. C’est de l’#anti-racisme_de_salon. »

    • Le cas Médine " illustre la dérive constante d’une certaine [de la] gauche face à l’antisémitisme en France », comme le confirme l’ensemble des réponses faites ici, entre déni des faits, sauf à dire que les mots comptent pour rien) et désinformation (la preuve que Médine a changé : il "lutte contre l’antisémitisme depuis 20 ans" sic), circonvolutions distractives (tout sur le contexte, la droite, les arabes, tout ça, tout ça, rien sur lui-même) et indifférence. Staline n’a pas travesti l’antisémitisme soviétique en "antisionisme" pour rien.
      https://seenthis.net/messages/1013817
      https://seenthis.net/messages/1014362
      https://seenthis.net/messages/1014567

      #rangerunanimentlamerdesousletapis

    • Il semblerait qu’une partie de mon message t’as échappé :

      https://seenthis.net/messages/1014567#message1014654

      Suite à la provocation méprisante et raciste d’une personnalité proche des sphères du pouvoir visant Médine, ce dernier a fourni une réponse qui me semble, sans guère d’ambiguïté, racistes et antisémites. LFI a décidé de maintenir le cap derrière son icône alors que (si j’ai bien compris) une partie d’EELV s’en dissocie.

      À la limite, peut importe la position : que ce soit pour marquer sa différence ou pour s’en différencier, ce qui compte c’est qu’on en parle. Ça peut paraître cynique, mais c’est la logique fondamentale de la com. Une fois qu’on est engagé, il est difficile de s’en dégager. Et c’est parfois dans la douleur, en tordant plus ou moins la réalité, comme semble le faire actuellement LFI, pour convaincre que Médine est un gars vraiment tout à fait sympathique.

      Ce qui pose problème, au-delà de ces péripéties stratégiques douteuses d’appareils politique, c’est le fait que les sous-entendus ou les propos ouvertement antisémites (passés) de Médine soient populaires.

      De mon point de vue, cela me semblait un peu court de ne m’en tenir qu’à constater le propos raciste de Médine et le fait que LFI ne s’en dissocie pas. J’ai donc changé la focale. Peut-être est-ce cela que tu désignes comme « circonvolutions distractives » ?

      Quant à la « gauche », ça fait bien longtemps que je considère qu’elle ne représente pas un enjeu essentiel pour changer ce monde.

    • @Pr_Logos
      https://twitter.com/Pr_Logos/status/1696488192118263844

      Tout ce passe comme si l’intégralité des figures de la gauche institutionnelle et syndicale avait décidé de démontrer en cette rentrée qu’elle est perclue de tares, du soralisme antisémite au poutinisme, du complotisme vaccinal à la haine des arabes.
      Dans un moment de bascule, au sortir de six mois de réveil du mouvement social - de la République démocratique et sociale - ça fait l’effet d’une balle de LBD dans le dos.

    • @poubelleenosier
      https://twitter.com/poubelleenosier/status/1696253690322018774

      Lignes de crêtes accuse des anti autoritaires qui ont critiqué l’afa-pb pour leur invitation au chanteur dont tout le monde parle (le sardou de gauche) de piocher dans les cibles du ministère de l’intérieur. Ce post fb supprimé le montre : en 2018 on croisait à beauvau aussi ldc

    • @cabou lorsque je dis "la gauche" (mais aussi "les révolutionnaires") ce que je vise c’est une démission intellectuelle et politique quasi (?) générale de ce côté. comme le montre compris un post de Lignes de crêtes (supprimé https://seenthis.net/messages/1014151#message1014973 et remplacé par l’affichage d’une solidarité avec Médine).

      Les propos antisémites passés et actuels de Médine sont-ils populaires ? je ne sais pas. le type pleure depuis des années déjà pour ne pas avoir eu le disque d’or dont il estime qu’il lui revient. et c’est la gauche, sous couvert d’#antifascisme et d’#antiracisme qui lui fournit le marchepied dont sa carrière a besoin.

      que l’antisémitisme, bourgeois et populaire, existe est une autre question, d’ailleurs bien renouvelée depuis la guerre des 6 jours (« les Juifs, un peuple sûr de lui-même et dominateur », De Gaulle), l’existence (et la politique) d’Israël étant utilisée(s) pour que l’antisémitisme ne pose plus question, soit défendu sous couvert d’antisionisme comme le faisait déjà Staline dans les années 50, ou instrumentalisé, comme le font les droites (jusqu’à génération identitaire...).

      je n’ai pas envie de revenir sur la manière dont, du coté populaire, il s’agit d’un socialisme des imbéciles et d’un anti-impérialisme des imbéciles (quoi que l’on sache par ailleurs du rôle de "tête de pont de l’Occident" joué par Israël) défendu au nom de "nouveaux damnés de la terre" (depuis les luttes de décolonisation et le tiers-mondisme qui les ont accompagné). les israéliens ce n’est pas tout à fait Israel ("je meurs sans haine en moi pour le peuple allemand, disait l’autre), et "les juifs" c’est vraiment too much.

      En revanche, je persiste à penser qu’un minimum d’intelligence politique laisserait moins de place à un tel prurit barbare. Or du côté des militants en tout genre, derrière tel ou tel semblant de mise en cause, "vas-y Médine [fait comme Dieudonné, really ?], excuse-toi !", c’est bien d’une forme d’encouragement que l’on fait preuve. Débile, et dangereux. (mes deux centimes que ça n’arrangera pas le sort fait ici aux arabes et aux noirs, contrairement à l’hypothèse officielle adoptée partout à gauche, pour mieux jouer des cartes de boutiquiers, grand ou petits).

    • Concernant Médine : ni islamophobie, ni complaisance avec l’antisémitisme - Juives et Juifs Révolutionnaires

      https://juivesetjuifsrevolutionnaires.wordpress.com/2023/08/31/concernant-medine-ni-islamophobie-ni-complaisance-avec-lantisemitisme

      Suite à ces accusations, Médine a reconnu sur Mediapart le 22 août « avoir été trompé à un moment donné » sur le sens de la quenelle et avoir fait « une vraie erreur », celle de ne pas s’en être suffisamment désolidarisé. De certains qui avaient critiqué son attitude à l’époque, il dit maintenant « Ils avaient raison sur l’impasse idéologique où je me trouvais à ce moment là. Je leur ai dit et je me suis excusé d’avoir eu une attitude réactionnaire à l’époque. » Si le rappeur lui même semble avoir moins de difficultés à situer le problème que certain·es de ses avocat·es à gauche, notamment issu·es de LFI, ce début d’autocritique reste limité : deux jours plus tard, il déclare à l’Humanité « en vingt années de carrière, il n’y a jamais eu un soupçon crédible d’antisémitisme me concernant ». Au niveau de ses défenseurs, c’est souvent pire puisqu’on en vient à retirer purement et simplement l’antisémitisme de l’équation. Ainsi, Jean-Luc Mélenchon, dont il est vrai qu’on attend peu sur le sujet, twittait « C’est un plaisir de recevoir Médine aux Amfis 2023. La victime de racisme, c’est lui ». On notera (encore) son sens de la formule.

      Nous estimons pour notre part nécessaire qu’un travail de retour critique soit mené sur le sujet de la part de tout celles et ceux qui se sont compromis avec les discours kemistes ou dieudo-soraliens, y compris donc Médine. Cependant, il ne nous semble pas que de cette polémique puisse déboucher une avancée sur ce plan, notamment du fait du paternalisme, de l’opportunisme et de la reprise de discours islamophobe d’une grande partie des réactions. Nous estimons quant à nous que le combat contre l’antisémitisme ne peut se faire en adoptant un discours islamophobe ou en prenant la forme d’une injonction adressée uniquement aux membres de la minorité musulmane. Réciproquement, la lutte contre l’islamophobie ne peut ignorer la question de l’antisémitisme et donc passer ces discours et ces compromissions sous silence.

  • ★ L’étincelle révolutionnaire de l’activisme climatique ? - GLJD Le Libertaire

    Les climatosceptiques y vont de leur couplet. Regardez l’été pourri que l’on a eu au-dessus de la Loire. Même si les canicules en Rhône-Alpes vont bon train aujourd’hui. Ils ressortent les vieilles archives de l’été 1911 où durant deux mois la population française a suffoqué avec un bilan très lourd de 40 000 décès notamment des enfants en bas âge.
    Le RN s’engouffre dans la brèche sans toutefois remettre en cause l’origine anthropique du réchauffement climatique ; le consensus scientifique est passé par là. Mais il lui reste des marges de manœuvre. C’est un parti qui concurrence le PC de Roussel et inversement. Il ne faut pas emmerder les Français et il faut arrêter l’écologie punitive. Il faudrait une écologie de bon sens et le tour est joué. Il faudrait aller vers les jours heureux et stopper tout ce qui est pessimiste et alarmiste. Voilà les recettes magiques des politiciens du terroir. Car l PC tout comme LFI aimeraient bien s’implanter dans le monde rural tandis que Marine Le Pen entend, elle, cliver les citadins avec son électorat rural et rurbain. On égratigne au passage Sandrine Rousseau et ses propos sur le barbecue et on se fait les défenseurs du consommer Français et des coutumes françaises ; les thématiques identitaires ne sont jamais loin à l’extrême droite. Chez certains communistes non plus (...)

    🛑 💥🌍 #écologie #environnement #climat #productivisme #consumérisme #croissancisme #dérèglementclimatique... #dénialisme #climatosceptique... #capitalisme #RN #confusionnisme #Roussel... #greenwashing...
    #Anticapitalisme #antiproductivisme #décroissance #anarchisme

    ⏩ Lire l’article complet...

    ▶️ https://le-libertaire.net/letincelle-revolutionnaire-de-lactivisme-climatique

  • Du #fascisme en France
    https://www.lemondemoderne.media/du-fascisme-en-france

    La tendance visant à installer un régime autoritaire est plus qu’évidente, avec les nombreuses censures des opposants, la violence de la répression contre les mouvements sociaux, et le pouvoir d’un seul sur un parti fantôme de figurants soumis à son autorité.

    Concernant l’attitude violente, les mauvaises pratiques de management et les nombreuses démissions pour harcèlement, sont légions au sein de la macronie. Dernier drame en date, un employé de l’Élysée, remercié à 50 ans après 23 ans de bons et loyaux services, s’est jeté sous un RER et demeure aujourd’hui dans un état critique. J’avais d’ailleurs alerté dès 2019 sur ce président de la violence qui n’a pas sa place en République.

    Il suffit donc de se référer à la définition officielle du fascisme pour se rendre compte que le macronisme est bien un fascisme au sens de sa définition politique.

    Il n’est plus nécessaire de se cacher derrière des pudeurs de gazelles pour nommer le mal qui défigure et torture la société française, toute négation serait simplement une condamnation de notre pays à la nuit.

    « L’ordre, l’ordre, l’ordre », a donc remplacé « liberté, égalité, fraternité ». Macron est un autocrate, qui a trahi son rôle de garant des institutions, pour en devenir le fossoyeur. Il assume sans vergogne ce rôle, en revendiquant l’autorité comme seule forme de ciment de la société française violentée par ses politiques de fracturation.

    • Ah ben ça n’a pas trainé !
      La « modération » ou la « censure » a encore frappé sur Seenthis ! :)))
      Mais il vaut mieux citer un article vide du bienveillant et de l’illustre Libé réservé aux abonnés que balancer des qualificatifs trop faciles de complotiste ou de rouge-brun pour nous faire comprendre qu’il faut éviter ici de référencer des articles du Monde Moderne...

    • @marielle Blablabla, un jour tu regarderas « qui parle » avant de crier à la « censure » (lol) et autres ouin ouin ?
      Tu manges vraiment à tous les rateliers…

      https://www.lignes-de-cretes.org/la-start-up-nation-insoumise-itineraire-rouge-brun-dun-patron-de-l

      Mais peu importe la source : quelqu’un qui décide de parler régulièrement sur Sud Radio ou Boulevard Voltaire, est-il quelqu’un a écouter avec complaisance, sans distanciation ?

      Non.
      Ou alors c’est qu’on a un soucis des seuils et curseurs où « tracer des lignes », comme disait Valérie Gérard.

    • on est pas sur l’oiseau mort. ce serait pas mal de s’essayer à minimum de justesse dans le propos, voire de précision. pour ma part, je reste souvent brouillon et vague, d’éventuelles remarques formulées par d’autres me sont fréquemment utiles, c’est aussi pour cela que je suis là.

      il n’y a là, ni « modération » ni « censure » [edit même avec des «  » pour faire passer la malveillance façon cool et distant] mais un nécessaire et bien minimal complément d’info, une démarche contributive absolument légitime qui fait tout le sel d’un site coopératif où la multiplicité des points de vue, centres d’intérêt, connaissances, permet de tabler sur une forme d’intelligence collective (nous n’en finirons jamais de lutter contre la bêtise).

      un point (pré)Godwin sur l’avant 1933 en Allemagne puisqu’il a été question des SA ici il y a peu, je t’invite @marielle à consulter cette notice https://fr.wikipedia.org/wiki/Nuit_des_Longs_Couteaux avec en arrière plan le souvenir non seulement de la défaite militaire de l’Allemagne (obviously) mais de la défaite des conseils. https://fr.wikipedia.org/wiki/Conseils_d%27ouvriers_et_de_soldats en politique, la défaite, l’impuissance et la confusion ne sont pas que des manques, elles constituent le terreau de prises d’initiatives dont la maturation et la portée peuvent être inouïes.

      ce n’est qu’une analogie, mais nous existons davantage mal que bien dans une ambiance d’impuissance (à un niveau jamais égalé : crise écologique globale du capitalocène) et de défaites (l’affaissement des luttes victorieuses contre le colonialisme, les révolution arabes, les gilets jaunes, les mobilisations sociales, la droitisation/fascisation planétaire), une situation qui nous embarque et où l’on se retrouve vite noyé dans l’eau tiède de la « liberté d’expression » (de n’importe quoi). bon, la métaphore file pas, elle coule, puisque l’on se débat aussi dans les eaux glacées du calcul égoïste pendant que, grenouilles, nous attendons plus ou moins comateux de bouillir dans l’eau néolibérale et néofasciste qui progressivement chauffe.

      l’écueil nationaliste (un certain « commun ») conduit au naufrage. en France, disons depuis Chevenement, l’incapacité de la gauche à être autre chose que gouvernante et la débilité d’un anti-impérialisme campiste qui ruine toute perspective internationaliste ont permis à un #souverainisme composite de prendre ses aises, d’accoucher du laïcisme, de rappels à l’ordre divers (Roussel), d’un consensus xénophobe (actif ou passif) dans la classe politique (voir Ruffin qui a foot lorsqu’il s’agit d’Adama Traoré). poison.

      on disait autrefois « tout ce qui bouge n’est pas rouge », il en est de même dans la sphère des « idées » (susceptibles de devoir des forces matérielles), théories, prises de position, analyses, et de leur circulation (voir les cas Agamben, Stiegler et tant d’autres, dont, auparavant, les dirigeants maos ou trotskistes passés de la révolution à la gestion du capitaliste).

      donc oui, ce n’est pas seulement à cheval donné on ne regarde pas les dents mais aussi le vers est-il dans le fruit ?

      les oukases contre la recherche de la vérité sont non seulement contre révolutionnaires (et on peut ne pas s’en soucier) mais contre productifs.

      @rastapopoulos, #merci !

    • Tu manges vraiment à tous les rateliers…

      Non mais je rêve : on parle du fascisme et de la nature du macronisme dans cet article et ça ne mérite pas d’être référencé sous prétexte qu’Alexis Poulin s’exprime sur Sud Radio au même titre que Françoise Degois auquel vous accordez plus de crédit peut-être !
      De la distanciation je sais en faire preuve. Et je n’ai pas besoin de votre morale à deux balles et de votre jugement de bourgeois bien-pensants.
      Cet article je l’ai lu attentivement justement avant de le sélectionner car je m’attendais à ce genre de réaction de votre part.
      Et je n’ai pas été déçue ; j’attends plutôt des commentaires sur le fonds de l’article qui a également retenu l’attention de notre chère @monolecte. Voilà !

    • Je ne sais même pas qui est « Françoise Degois », et je ne vois absolument pas le rapport de pourquoi tu « pop » un nom random comme ça, sans rapport avec rien… wtf l’argument

      « Tout ce qui bouge n’est pas rouge » comme le rappel colporteur plus haut, mais on peut en faire une autre : « tout ce qui insulte de bourge n’est pas rouge » non plus haha…

      (il est vrai que mon flux public de seens postés et étoilés montre sans ambiguités des préoccupations bourgeoises et bien pensantes 😅 qu’est-ce qu’il faut pas lire…)

    • Le rapport c’est que Françoise Degois qu’on ne peut qualifier ni de complotiste ni de rouge-brune intervient aussi sur Sud Radio.
      C’est une socio-démocrate ex conseillère de Ségolène Royal.
      Je n’ai pas lu Valérie Gérard mais je connais l’essayiste Françoise Degois, par la fondation de son blog « Nos Lendemains » et aussi par la qualité de ses éditos sur son compte twitter (en provenance de Sud Radio ou LCI) que je n’écoute pas par ailleurs car je ne suis pas dupe...
      https://seenthis.net/messages/1011642

    • tu regardes le sale doigt sud radio et surtout tu voudrais que l’on se braque dessus, non merci. ta lune Poulin, ce vieux cheval de droite, ce chroniqueur sur Boulev@rd Voltaire, ses copinages avec V.A., son biz, ses buzzs et son idéologie, tu ne veux rien en savoir ou ça te parait ok ?

      La télé insoumise qui a brassé des rouges-bruns, des conspis, des chouaristes (avant que Chouard lui-même vienne y tenir des propos négationnistes), des frexiteurs, des pro-Assad, des souverainistes ! Et Poulin a intégré la vase dès la toute première émission et a vécu la grande époque de le Média, avant la crise Lancelin / Chikirou, cette époque bénie où tout le marigot rouge-brun des amis de la France Insoumise était uni et heureux, se délectait de nier les preuves des crimes d’Assad, d’inviter Jean Frédéric Poisson et Djordje Kuzmanivic, et d’interviewer Asselineau. Une interview menée par Alexis Poulin lui-même !

      C’est avec ce passage et son émission sur l’Europe que Alexis Poulin se prend de passion pour lui-même à la télévision. A partir de là il n’aura de cesse d’essayer d’intégrer les plateaux des télés. Sur le 28 minutes d’Arte en commençant par la tranche d’été. Puis via les plateaux et télés d’extrême droite ou surfant la vague réactionnaire : C-NEWS, Sud Radio pour parler “Laïcité” et bien évidemment, Russia Today. Et c’est ainsi que, de selfie avec Laurence Ferrari sur CNEWS, en opportunité de la tranche d’été du 28 minutes, et en resservant le discours souverainisto-rouge-brun appris grâce à le Média sur les ondes de Sud Radio, la société Monsieur Alexis Poulin fait fructifier son capital médiatique et devient “le journaliste Alexis Poulin, spécialisé dans les questions de politique internationale et invité régulier des plateaux d’Arte, de France 24, de France Info, de BFM TV, CNews, RCF et Sud Radio.” (ainsi qu’il est présenté ici).

      Cette histoire est aussi, bien entendu, celle de la percée du discours souverainiste et du recyclage des stars rouge-brunes ou simplement brunes. L’histoire d’Alexis Poulin est quelque part sur la même échelle que l’histoire de Zemmour sur C NEWS ou de Taddei sur Russia Today.

      https://www.lignes-de-cretes.org/la-start-up-nation-insoumise-itineraire-rouge-brun-dun-patron-de-l

    • Et c’est reparti ! En finir par continuer à jeter le discrédit sur toute la Fi la seule force de Gauche de rupture à pouvoir affronter ce qui vient avec l’aide de certains tout de même (NPA tendance claire, ContreAttaque, certains écolos...)

      Bravo les gars ! Il est temps de prendre des vacances et d’arrêter le fameux Blablabla ...

    • les rouges bruns n’existent pas puisque Djordje Kuzmanivic n’a jamais été viré de LFI.

      « la définition officielle du fascisme » est dans le Larousse :-) et il faudrait lire ce texte sans intérêt qui ramasse des bribes prises de ci de là pour « contester » un régime inféodé aux puissances étrangères et à la finance (suivez mon regard) au nom de la démocratie en se gargarisant du mot « français » écrit par un affairiste de sa petite personne. ce n’est pas sérieux.

    • Le directeur de Publication de Lignes-de-crêtes que vous citez souvent, Antoine Grégoire ( La Veille ) et le témoignage de Marie Peltier, historienne et spécialiste du complotisme, victime de harcèlement :
      https://twitter.com/Marie_Peltier/status/1535983031672004609

      Suite au podcast sur mon expérience d’emprise & vu le nombre de retours reçus : c’est j’espère la seule et dernière fois que j’exprimerai ceci. Au sujet du « collectif » Lignes de Crêtes et du harcèlement que je vis de la part de Antoine (Antonin) Grégoire depuis maintenant 3 ans

      « Face à un pervers manipulateur, la seule réaction est le mur le plus complet »

      https://mariepeltier.org/blog/article/militantisme-et-emprise-sectaire-sortir-du-silence
      C’est en tout cas ce qui m’a dévastée : réaliser que des personnes que j’admirais de tout mon cœur, en qui j’avais une confiance d’enfant, que je pensais les plus intègres et les plus cohérentes, étaient en réalité des impostures. Que tout n’était que posture précisément, et malveillance de surcroit.

      Marie Peltier, L’ère du complotisme : La maladie d’une société fracturée

      Quelqu’un qui harcèle sa collaboratrice pendant trois ans, est-il quelqu’un à lire avec complaisance, sans distanciation ?

      Non.

    • Merci @sombre j’aime guère Corcuff et ce Marlière là

      La notion [de confusionisme] sert à décrire, non un état, mais un processus ou une dynamique de recoupements de récits issus de traditions politiques différentes, souvent antagoniques. Et c’est dans ce clair-obscur discursif que surgissent des monstres idéologiques.

      m’avait échappé, alors même que la pandémie a radicalement relancé cette dynamique, et pour longtemps je le crains.

      @marielle il suffit de connaître des contributeurs de Lignes de crêtes pour ne pas leur accorder une confiance aveugle (litote). nombreux sont d’ailleurs les militants dont je me tiens à distance au vu des sordides rapports de pouvoir qu’ils cultivent. ça n’implique pas de ne faire aucun usage d’aspects tout à fait excellents de leur taf.

      quelque soient les nombreux désaccords fondamentaux avec LFI, je juge également l’arbre à ses fruits. ainsi cette organisation a-t-elle été dans l’ensemble correcte, malgré ses divisions internes sur ces enjeux, lorsqu’elle a refusé de manifester avec la police, souligné le racisme dont sont victimes les « musulmans », refusé de condamner les violences (des manifestants) à Sainte Soline. bien sûr, il s’agit pour une part de réalisme électoral (moissonner mieux du vote jeunes, des quartiers, prolos, répondre elle aussi à la contrainte subie par EELV d’avoir à suivre le mouvement écologiste réel, ...). autant de cas où je préfère le réalisme politique de LFI à son idéologie.

      l’unanimisme, ce n’est pas la fabrication attentive et patiente d’un accord, d’un consensus, dans les différences voire les contradictions, c’est un mensonge (et ça se voit). la politique c’est la division. ta manière, @marielle de jouer la forteresse assiégée ("vous vous en prenez à LFI, comme la drouate quoi"), a priori, pour préserver un minimum de confiance, justement, je ne peut la voir que comme une tactique stérilisante et malheureuse pour éviter de répondre aux questions posées sur le chauvinisme, le nationalisme et le confusionnisme (Poulin et son évitement constant de l’étranger - à coups de rabâchage du mot « français »- sauf sous la forme de la sujétion nationale, par ex.)

    • si, si, c’est bien ça :-)
      mais l’assemblage du logo de Renaissance en mode drapeau nazi, des jeunes du SNU, de l’air fourbe d’EM qu’on croirait sorti d’une caricature antisémite couplé avec l’invocation des méfaits des puissances de l’argent du nom de l’image, ça fait un peu trop pour moi

    • Inspection de l’image (menu contextuel avec Firefox)

      lemondemoderne.media/wp-content/uploads/2023/07/FRAIS-BANCAIRES-LARNAQUE-CONTINUE66.png

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  • Cartographie de l’écologie d’extrême-droite et réactionnaire
    FLED – Twitter
    https://twitter.com/Eco_Decoloniale/status/1667221356922978322

    En collaboration avec @daphne_dsch journaliste chez @Politis_fr, nous avons réalisé une cartographie de certains partis politiques, mouvements, organisations et personnalités qui abordent l’écologie avec une perspective d’extrême droite ou réactionnaire.

    via @cdb_77

    • Ce qui nous amène à une autre inversion ici, quand on se demande ce que des féministes radicales font dans une liste dénonçant l’écologie réactionnaire : il s’agit de prétendre que les féministes radicales, qui refusent que le fait d’être nées femelles les contraignent aux stéréotypes genrés imposés aux femelles humaines, sont en fait les véritables essentialistes. (Alors que les gens qui prétendent qu’il faut changer de sexe pour se conformer à l’idée stéréotypée qu’on se fait des genres, ne seraient pas du tout essentialistes.)

      Et évidemment, on va ainsi tirer des traits pour relier les radfems et des militantes lesbiennes (rebaptisées TERF, des fois qu’il existe un mouvement organisé de féministes qui se qualifient elles-mêmes de TERF, avec un logo associé), à la Manif pour tous qui, elle, soutient justement les rôles stéréotypés/religieux des mâles et des femelles dans la société.

      On pourrait aussi dans ce tableau s’attaquer aux personnes qui luttent contre la négrophobie (qui refusent que leur identité soit réduite à la couleur de leur peau) et les accuser de racisme parce qu’elles prétendent qu’elles subissent la négrophobie justement à cause de la couleur de leur peau (quel affreux essentialisme), et surtout parce qu’elles n’acceptent pas l’idée que se blanchir la peau serait un acte progressiste de lutte contre la négrophobie. Dans cette logique, je ne serais pas loin de penser que la généralisation du terme « TERF », balancé comme une évidence, est du même tonneau que le terme « racisme anti-blanc ».

    • @arno c’est complexe et on peut s’y perdre un peu (notamment en perdant la possibilité de se questionner sur le transgenrisme et ses attaques contre les féministes au risque d’être catalogué·e transphobe) , parce qu’il y a aussi (d’après mes plus jeunes sources familiales) des radfems qui rallient les fachos par transphobie commune et publient dans les torchons comme V.A …
      #sidération #on_fait_quoi_alors

    • De même, les traits du genre grosbloc vers grosbloc comme Deep Green Resistance <-> Décroissance, font croire qu’il y a alors un lien entre les sous-trucs qui sont à l’intérieur de ses blocs. Or dans « Décroissance » ya… que des trucs de fachos + Pierre Rahbi, et dans l’autre… PMO et Floraisons et Nicolas Casaux n’ont jamais eu de lien avec Krisis, Pierre Rahbi etc, bien au contraire… donc ces liens n’ont aucun sens.

      Càd qu’au lieu de critiquer tels groupes pour les idées précises qu’ils ont (ça pourrait, pourquoi pas), ils font juste des liens avec d’autres groupes pourris qui n’ont aucun rapport.

      Comme si Floraisons critiquaient des trucs qu’illes considèrent essentialistes et anti-féministes pour les mêmes raisons que Thais d’Escufon et la Manif pour tous (comme le dit arno c’est au contraire pour des manières de voir le monde totalement inverse !)

    • Des radfems historiques comme Dworkin et Mackinon ont noué des alliances avec la droite chrétienne américaine, pour lutter contre la pornographie. Elles ont aussi, avec d’autres, participé à des paniques morales colossales, qui ont foutu des milliers de gens innocents en prison.

      Pas facile a entendre, mais comme toutes les grandes institutions, le féminisme a du sang sur les mains.

      Ca me semble important de ne pas escamoter ces liens avec la droite ou l’extrême droite, hier comme aujourd’hui. Je me répète un peu, mais c’est ici même que j’ai contracté une vision presqu’angelique de ces mouvements, porté généralement par des hommes d’ailleurs, comme le traducteur de Dworkin, qui publie ici, martin je ne sais plus comment.

      Par contre c’est vrai qu’en mode carte c’est un peu ultralight pour un écheveau pareil. Et peut-être que les alliances d’aujourd’hui ne sont pas exactement directes. C’est pas très précis là.

    • Ne pas escamoter des glissements et les personnes qui se livrent au confusionnisme, je veux bien (m’enfin je pense qu’il est déjà assez difficile d’échapper aux polémiques autour de Moutot et Stern par exemple). Par contre ces cartes qui systématiquement font dans la culpabilité par association pour résumer radfem à « TERF » et extrême-droite, non, et plus généralement cette façon de placer les féministes radicales comme cibles privilégiées de gens qui se prétendent progressistes, franchement beurk. Surtout si au final pour une partie de la jeunesse désormais, on passe joyeusement de « This machine kills fascists » à « This machine kills TERFs ». (Même topo, mais plus discret parce que sans doute moins facile à faire gober, le lobbying intense contre les femmes et associations « abolitionnistes », requalifiées « putophobes ».)

      On joue au même genre de simplifications à base de culpabilité par association, et d’inversions assez systématiques, pour provoquer la méfiance pavlovienne à l’encontre des mouvements anti-racistes qui n’entrent pas dans les bonnes cases, les mouvements dénonçant l’islamophobie sont d’excellentes cibles pour en prendre plein la gueule, les antifas, les écolos radicaux, etc. et évidemment les pro-Palestinien·nes subissent ce genre de méthodes de manière continue et massive : antisioniste devient antisémite de manière automatique, et partisan de l’apartheid israélien serait le véritable progressisme.

    • @tintin, stp, parler d’institution pour le féminisme, avec du sang sur les mains, qui plus est, et surtout pour Dworkin, c’est je l’espère, une bad blague hein.
      Et je me suis déjà moquée ici de tes assertions contre les radfems https://seenthis.net/messages/1005668#message1005790
      Quitte à se répéter, voila ma réponse

      Curieux comment les féministes radicales sont devenues en quelques années l’ennemi public N°1
      Je pense que le changement climatique elles n’y sont pas pour rien, mais ce n’est que mon point de vue, je peux me tromper.

    • On remarque que certains groupuscules sont très isolés des autres.
      Que l’autoritarisme et la méritocratie est une caractéristique commune.

      C’est chaud de se rendre compte qu’on peut partager des idées avec certains, sans pour autant embrasser le reste.
      – baisse de la démographie
      – liberté et aide publique aux systèmes agricoles indépendants

    • Le seul sang que les féministes ont sur les mains, c’est celui de leurs menstruations et de leurs IVGs.

      Le sang des personnes trans c’est les proxénètes, les pornographes et les putiers qui le verse, pas les féministes.

      Pour ce qui est du rappochement de Stern avec l’ED (Moutot n’est pas une radfem, mais une liberale à mon avis) c’est les consequences des années de harcelement mais aussi liée à l’histoire de Stern, qui etait femen au depart, un mouvement assez proche de l’ED ukrainnienne. Mais en face le mouvement transactiviste est un mouvement masculiniste violent qui appel à la mort des féministes (terf au bucher, une balle une terf qui étaient légion samedi pour les prides) afin de legaliser le proxenetisme et la mise sous hormone cancerigènes à vie de personnes qui souffrent de troubles mentaux liés aux discriminations misogynes et/ou homophobes qu’illes ont subit.

      Comment être écolo et recommander des transitions hormonales ? J’ai des copines queer, ecolo, ati-vax qui se soigneraient le cancer avec de la camomille et qui se font des soirée testo avec leur pote trans.
      Comment être contre les violences sexuelles et promouvoir le proxenetisme ? L’auto-entreprenariat de son humiliation sexuel sur onlyfan n’est pas differente du systhème traditionnel de la maison close, sauf pour des macronnards convaincus.
      Comment être féministe et prétendre que les femmes s’auto-identifient à leur genre ? Le genre n’est pas une question d’auto-identifdication, les femmes ne s’auto-identifient pas à ce qui est le mécanisme de leur oppression. On ne s’auto-identifie pas plus à son genre qu’on le fait à ses races, ses classes, ses handicapes, son age...

      Le transactivisme n’est pas un mouvement de gauche, au mieux c’est du libéralisme identitaire qui s’auto-identifie de gauche mais à mon avis c’est un mouvement réactionnaire qui détruit méticuleusement tous les aquis des féministes de ces dernières décennies (et pas seulement les aquis féministes, mais ceux de tous les groupes vulnérables, mineurs, homos, personnes racisées, classes sociales défavorisées (le passing est un privilège bourgeois))....

      #inversion_patriarcale #fauxminisme #allié

    • Réaction de Nicolas Casaux :
      https://www.partage-le.com/2023/06/09/politis-la-gauche-technologiste-et-la-chasse-aux-heretiques-par-nicolas-

      Autre imbécilité, Deschamps écrit elle-même que, contrairement à la collapsologie, DGR n’a pas de lien avec « les communautés survivalistes » d’extrême droite, mais relie néanmoins DGR et lesdites « communautés survivalistes » dans sa glorieuse cartographie de « l’écologie d’extrême droite ou réactionnaire ».

      On pourrait continuer longtemps à lister les mensonges et autres absurdités nous concernant dans le torchon de Deschamps/Politis. En fin de compte, ce qui est terriblement dommage, c’est qu’analyser la récupération de l’écologie par des idéologies autoritaires, par l’extrême droite, par diverses sortes de réactionnaires, est effectivement un travail important. Mais avec ce lamentable dossier, Politis n’y contribue pas du tout. Au contraire, il propage un confusionnisme pathétique. On note d’ailleurs que le survivaliste Piero San Giorgio est oublié de la cartographie de l’écologie d’extrême droite de Politis, alors que son concept de B.A.D. (Base d’autonomie durable) a été inventé par Serge Ayoub, un militant d’extrême droite proche des individus qui ont tué Clément Méric. Enfin bref, un travail calamiteux.

    • Combien est détestable la fasciste et sempiternelle phrase « les extrêmes se rejoignent ». Il faudrait faire une cartographie de celleux qui la prononcent à longueur de temps.

      À cet égard, l’extrême gauche et l’extrême droite, la gauche et la droite en géné­ral, se rejoignent lar­ge­ment. Poli­tis rejoint Éric Zem­mour et Marine Le Pen. Tous sou­haitent conser­ver l’es­sen­tiel de la civi­li­sa­tion techno-industrielle.

      Et donc pour cette fois, c’est Cazaux qi-ui te la mouline à sa sauce, argument zéro, grosse fatigue revient.
      #dichotomistes_du_milieu #proverbistes_de_mes_deux

      Et sur le lien donné, pour des personnes qui critiquent la tech et te mettent près de 50 scripts wordpress consorts et google, avec impossibilité de ne pas te faire sniffer tes infos car il y a un blocage sur TOR.

      https://www.partage-le.com/.well-known/captcha/?r=%2F2023%2F06%2F09%2Fpolitis-la-gauche-technologiste-et-la-chasse-aux-

      Our system thinks you might be a robot!
      We’re really sorry about this, but it’s getting harder and harder to tell the difference between humans and bots these days.

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  • Philippe Descola, Bruno Latour et Ramsès II - La Hutte des Classes
    http://www.lahuttedesclasses.net/2022/11/philippe-descola-bruno-latour-et-ramses.html

    (...) j’avais souligné à quel point les positions philosophiques de l’anthropologue Philippe Descola, tout en se gardant de l’assumer trop clairement, ouvraient la porte à un relativisme dévastateur. Et je tentais de montrer que la manière dont il abordait sa classification des «  ontologies  » (le terme lui-même est tout sauf innocent) suggérerait qu’il n’est pas de représentation du monde plus juste, ou plus fidèle, qu’une autre. Il suffit d’un peu de logique pour comprendre que cette position revient à affirmer que la réalité elle-même n’existe pas indépendamment de l’idée qu’on s’en fait – même si, une fois encore, P. Descola se gardait bien de tirer cette conclusion explicitement.

    Or, ce pas avait été franchi sans ambages par son collègue et ami Bruno Latour, qui vient de décéder et qui était considéré depuis longtemps comme un intellectuel majeur par de nombreux chercheurs en sciences sociales (je crois nos collègues des sciences expérimentales globalement beaucoup moins sensibles à sa rhétorique, pour des raisons assez évidentes).

    Parmi les nombreux écrits de B. Latour, il en est un qui possède le mérite d’être bref, relativement simple, et de permettre à tout un chacun de juger des fruits que porte son arbre. Il s’agit d’un article paru en 1998 dans La Recherche, sous le titre «  Jusqu’où faut-il mener l’histoire des découvertes scientifiques  ?  », où l’auteur explique en substance que Ramsès II n’a pas pu mourir de la tuberculose étant donné que le bacille n’a été découvert par Koch qu’au 19e siècle. Je renvoie tous ceux, incrédules, qui pensent que j’invente, que je caricature ou que je déforme ses propos, à l’article en question, en y relevant notamment ce passage  :

    Avant Koch, le bacille n’a pas de réelle existence. Avant Pasteur, la bière ne fermente pas encore grâce à la Saccharomyces cerevisiae. (...) Affirmer, sans autre forme de procès, que Pharaon est mort de la tuberculose découverte en 1882, revient à commettre le péché cardinal de l’historien, celui de l’anachronisme .

    (...) on peut, et on doit, tout autant s’interroger sur les raisons qui font que des positions aussi manifestement absurdes exercent une fascination sur une large fraction du monde intellectuel. Tout comme pour la religion, la persistance (ou la résurgence) d’idées aberrantes ou réfutées depuis longtemps ne peut s’expliquer que par des causes étrangères à leur force de conviction propre  : ces idées satisfont un besoin, et possèdent une fonction sociale.

    #Philippe_Descola #Bruno_Latour #relativisme_généralisé #idéalisme_philosophique

    • Citons le texte de Latour, qui, de mon point de vue, ne dit rien de bien méchant.

      Jusqu’où faut-il mener l’histoire des découvertes scientifiques ?
      https://books.openedition.org/pressesmines/170

      On peut croire que Ramsès II crachait déjà des bacilles de Koch en postillonnant contre Moïse ; on ne peut le savoir avec certitude qu’en le faisant venir au Val de Grâce.

      C’est ce que le journaliste de Paris-Match a si bien compris : 3 000 ans plus tard, « nos savants » rendent enfin Ramsès II malade et mort d’une maladie découverte en 1882 et diagnostiquée en 1976.

      L’an – 1000 se compose, par exemple, d’un Pharaon mort de cause inconnue, et, à partir de l’année 1976, d’un Pharaon mort de cause parfaitement connue. Toutes les années – 1000 produites « à partir » de 1976 vont comporter ce trait nouveau : un Ramsès II dont la bouche était remplie de bacilles de Koch.

      L’an – 1000, solidement ancré, grâce au Val de Grâce, dans la médecine moderne, comprend dorénavant et jusqu’à preuve du contraire, un bacille qui causa la mort de son plus célèbre Pharaon.

    • Je crois qu’elle sert – et là est la clé de son succès – précisément à ne servir à rien. Son utilité consiste à permettre à qui l’endosse de se perdre dans les infinies circonvolutions et dans les faux-semblants d’une prétendue profondeur, sans jamais l’engager à quelque confrontation que ce soit avec le réel. Elle sert, par essence, à prendre des poses.

    • Ramsès II à Paris :

      Sa momie, gravement endommagée par des parasites, avait besoin d’une sérieuse restauration. Les savants français ont été choisis pour en être les maîtres d’œuvre.

      Où l’on voit que « Bruno » ne voyait que ce qu’il voulait voir, puisque ce n’est pas la tuberculose qui amenait le pharaon à Paris mais une exposition et des parasites.

      Donc @lyco, tout comme il fait dire à James des choses qu’il ne dit pas, Nono le sacro-saint, fait dire à Paris Match des choses qu’il ne dit pas et tous les graphiques du monde n’y changeront rien, dans le passé ou le présent, quel que soit le moment de la découverte (ou redécouverte donc) de ses raccourcis expéditifs ravageurs.

      Ce ne serait pas bien méchant, si certains milieux, notamment artistiques et culturels, ne lisaient pas de travers en plus, ses idées ou leurs succédanés pour achever une dépolitisation encore plus grande de ces espaces sociaux, et finir par mettre sur le même plan des chamans et des laboratoires d’analyses médicales. Ou dire que les virus ne sont qu’une question de point de vue.

      https://www.lhistoire.fr/rams%C3%A8s-ii-%C3%A0-paris

    • mais aussi sans doute @supergeante qu’il a récemment remis en cause son relativisme généralisé en raison d’un contexte de catastrophe écologique. en venir, par exemple, à évoquer Schmitt pour ne défendre la nécessité de ne pas rester neutre dans un polythéisme des valeurs où le climatonégationnisme (comme le déni de la pandémie) aurait non seulement une existence mais une légitimité.

      le souci, pour s’en tenir à un pragmatisme des effets, c’est que la réception fait l’oeuvre (d’où l’utilité du papier de Jeanpierre), et que des artistes aux académiques, des journalistes aux révolutionnaires (LM et d’autres), ça baigne dans un brouet de confusion qui crée des conflits superflus et nuisibles au lieu d’orienter une écologie politique consistante (cf. encore, le déni de la pandémie, entre autres).

    • Y’a beaucoup de choses à redire sur Latour, c’est dommage d’aller l’asticoter sur Ramses (j’étais sûr que c’était déjà sorti sur ST, mais j’ai dû rêver). Pour moi ça se résume à : Un événement datant de -1000 a été écrit de plusieurs façons depuis ; en 1976 on a fait une découverte importante sur cet événement qui ne nous fera plus l’écrire de la même façon ; cette découverte ne doit pas pour autant justifier de tout réécrire rétrospectivement, au risque d’aplatir l’histoire et d’en faire perdre la dimension sédimentaire. Ca me semble assez banal comme propos.

      Quand il dit : Grâce à la science moderne on sait maintenant avec certitude que Ramsès 2 est mort de la tuberculose, le gars conclut : Latour ne tient aucun compte des faits, il se fout de la réalité. Je comprends pas…

      Alors y’a cette phrase citée qui vient du début du texte de Latour :

      Affirmer, sans autre forme de procès, que Pharaon est mort de la tuberculose découverte en 1882, revient à commettre le péché cardinal de l’historien, celui de l’anachronisme.

      L’important là-dedans c’est « sans autre forme de procès ». Bien sûr que les petits gènes du bacille de Koch n’ont pas attendu Koch pour avoir une existence matérielle. Ce serait en effet stupide de dire le contraire (et c’est pour ça que personne ne dit le contraire – vaut toujours mieux partir du principe que personne n’est stupide). Mais Latour rejette cette idée que l’action des scientifiques ne consiste qu’à lever le voile sur une réalité déjà là à côté de nous. Pas parce qu’il n’y a rien à côté de nous, mais parce que les scientifiques ne lèvent pas de voile – ils produisent des faits. Et c’est bien plus compliqué. (C’est d’ailleurs parce qu’il sait que c’est plus compliqué qu’il met en valeur la découverte scientifique faite au val de grâce - c’est aussi pour ça qu’il ne discute pas les faits scientifiques, qu’il fait confiance à l’institution et qu’il prône le recours positif à l’argument d’autorité, etc.) Et ces faits ont une histoire, etc.

      Bref, je vois pas où ça peut se résumer à « tout se vaut » ou « tout n’est qu’une question de point de vue ».

      Par contre je sais que sur seenthis y’a plein de critiques intéressantes de Latour (le Latour écolo dernière période), par exemple ce très bon texte de LM (j’arrange pas mon cas) : https://seenthis.net/messages/699971

      ... où d’autres, de Frédéric Neyrat ou Andréas Malm :
      https://seenthis.net/messages/492604
      https://seenthis.net/messages/772354

    • De même qu’il n’y a de visible qu’indexé à un point de vue, il n’y a de vrai qu’ancré dans des épreuves et dans les réseaux qui le soutiennent : il n’y a de vérité que conjonctive.

      Nous touchons ici au cœur du malentendu que Bruno Latour a suscité au cours de sa carrière, à savoir son « relativisme ». On le lui a reproché au point de le faire passer pour un mystificateur. Pourtant, loin de s’en défendre, il revendiquait ce relativisme – « le contraire est l’absolutisme », avait-il pour habitude de rétorquer. Le quiproquo était parfait : lui et ses détracteurs ne s’accordaient pas même sur la signification du terme « relativisme ».

      #Dominique_Linhardt, « No Sociology ! »
      https://revuepragmata.wordpress.com/les-numeros/6-2023

  • Contre l’imposture et le pseudo-rationalisme | Cairn.info
    https://www.cairn.info/revue-zilsel-2020-2-page-15.htm

    Rien ne distingue en soi un énoncé scientifique d’un autre qui ne l’est pas ; ce n’est pas plus le statut de l’énonciateur qui confère un caractère scientifique à son énoncé. Ce qui établit la scientificité, ce sont les normes de probation scientifiques, qui ont une histoire et présentent de légères variations selon les domaines, composant une géographie disciplinaire. La véridiction savante repose sur la recension de faits objectivables, publiés avec leur appareil probatoire (données, graphiques, raisonnements, développement en métalangage mathématique, etc.), avec une bibliographie établissant l’état de l’art sur le sujet. Elle suppose l’absence de conflits d’intérêts, ou leur explicitation, quand ils ne sont pas de nature à fausser l’objectivité. Elle passe par la disputatio des résultats obtenus avec les pairs, c’est-à-dire avec les autres scientifiques ayant produit un travail savant dans un sujet connexe : il n’y a de vérité scientifique que comme visée collective, jamais comme dévoilement individuel d’une vérité préexistante.

    […]

    Le pseudo-rationalisme se nourrit ainsi de la frustration de cadres supérieurs qui conjuguent un attrait pour la science et un éloignement prolongé vis-à-vis de sa pratique : la formation professionnelle des Grandes Écoles ne les a jamais confrontés qu’à des problèmes qui admettent des solutions calculatoires préétablies. Il témoigne de l’héritage délétère du système napoléonien, fondé sur le concours, qui n’a jamais réussi à se réformer pour se rapprocher du système humboldtien, fondé sur la science.

    […]

    Pourtant, de la méthode scientifique, telle que je l’ai définie plus haut, il ne reste presque rien hormis la reproduction objectivée et raisonnée de phénomènes présentés comme paranormaux. En particulier, toute la dimension collective du travail de véridiction scientifique s’en trouve évacuée. La zététique prétend au contraire transposer la méthode scientifique à l’échelle de l’individu comme mode d’appréhension de son environnement quotidien, le doute méthodique et l’exercice du raisonnement étant supposés lui permettre de réfuter des croyances par leur seul exercice. Comparé au rationalisme, c’est non seulement l’institution scientifique qui est congédiée au profit du seul doute, mais aussi la responsabilité du savant dans le développement technoscientifique.

    […]

    Plus récemment, Michael Shermer, fondateur et président de la Skeptics Society, et rédacteur en chef de la revue Skeptic, fondamentaliste chrétien devenu « libertarien », a écrit que Mussolini et Hitler étaient les représentants de la gauche italienne et allemande des années 1920, puis ceci, qui témoigne du degré de finesse analytique de cette communauté : « Good to remember that Nazi = National Socialism. Not far right but far left. » On peut conclure a minima que le bréviaire du doute méthodique et des biais cognitifs n’immunise pas contre la falsification historique, et ne saurait remplacer ni la fréquentation de livres d’histoire ni une solide culture en sciences humaines. Cependant, il convient de s’interroger sur la permanence d’une porosité de la communauté pseudo-rationaliste au confusionnisme politique.

    […]

    La seconde caractéristique des pseudo-rationalistes est de substituer la « vulgarisation » à la publication scientifique. […] Il s’agirait donc de substituer l’exercice du doute et de la raison individuelle au régime collectif de véridiction scientifique. Wikipedia qui privilégie ordinairement les sources secondaires (quotidiens, rapports d’agences gouvernementales, etc.) sur les sources proprement scientifiques, a peut-être contribué à façonner le vocabulaire des plus jeunes des pseudo-rationalistes, qui ne cessent de se revendiquer du « consensus » contre le « cherry-picking » – termes inusités dans la recherche scientifique. À supposer qu’il y ait une crise du journalisme scientifique, liée au double impératif de rendre compte de l’« actualité » et de capter l’attention, l’éthique minimale consisterait à promouvoir les références à la littérature scientifique primaire. S’il faut prêter attention à ces polémiques, c’est plutôt comme symptôme d’un mal réel plus profond : l’abandon graduel de l’éducation du plus grand nombre au raisonnement et à la science.

    (signalé dans un com par @colporteur mais méritait un seen dédié)

    #Bruno_Andreotti #raison #rationalisme #science #scientificité #épistémologie #méthode_scientifique #extrême-droite #confusionnisme #marxisme_culturel

  • Les éditions Ovadia, maison d’édition indépendante située à Nice, publie les ouvrages de Baptiste Rappin, universitaire qui s’est spécialisé dans la critique philosophique du management et de la cybernétique. Jusque là, tout va bien.
    Or les éditions Ovadia, dirigées par Frédéric Ovadia, soutiennent la chaire Smart City de l’université de côte d’Azur. Frédéric Ovadia lui-même est intervenu dans leur colloque de décembre 2018. Les éditions Ovadia publient également René Chiche, mais bon, ça c’est une autre histoire. Quand on regarde de plus près les liens de B. Rappin avec la Nouvelle Droite, on comprend tout de suite mieux mais je n’aurais jamais imaginé que l’on puisse à la fois critiquer l’emprise technologique et en même temps publier dans une maison d’édition qui la soutient. Je publie cette information car c’est à mon avis un bon moyen de démystifier ces prises de positions opportunistes qui visent seulement à brouiller les pistes et attirer toujours plus d’égarés dans les mailles de leur réseau politique nauséabond. https://philosophiedelasmartcity.fr #smart-city#cybernétique#nouvelle-droite#rappin#ovadia

  • Sur le Covid, le gouvernement a ouvert un boulevard aux complotistes, Christian Lehman

    On était en droit d’attendre du ministère de la Santé une information honnête, respectueuse des données scientifiques, ne passant pas sous silence les failles, les erreurs d’une gestion forcément complexe.

    La nature a horreur du vide. Voilà des mois que la communication ministérielle sur le covid oscille entre le grotesque, l’inutile et le franchement mensonger. Je passerai rapidement sur le fiasco des masques, pour rappeler qu’il fallut près de dix-huit mois avant de voir reconnue du bout des lèvres la contamination aérienne par aérosolisation. L’an dernier à la même époque, les effets indésirables post-vaccination, souvent minimes mais réels (fièvre, fatigue, courbatures, maux de tête) étaient niés. Ainsi cette affiche officielle d’un sosie de Pierre Niney sur un pédalo, partagée sur son compte Twitter par Olivier Véran le 9 juillet 2021 : « Si vous ressentez des courbatures après le vaccin, pas d’inquiétude, c’est que vous avez trop pédalé. »

    Dans le même temps, aucune information officielle n’était donnée sur l’existence de très rares myocardites post-vaccinales survenant dans les cinq jours après la seconde dose chez les garçons adolescents. Plus récemment encore, le 5 juillet 2022, le ministère des Solidarités et de la Santé publiait le tweet suivant : « #COVID19 /Pour vous protéger et protéger vos proches, lavez-vous les mains régulièrement : Utilisez du savon ou une solution hydroalcoolique. Pendant 30 secondes. Ensemble, restons prudents. » Comme l’avait énoncé le 24 juin l’éphémère porte-parole du gouvernement Olivia Grégoire : « Se laver les mains ça demeure une mesure d’hygiène indispensable pour tous les virus respiratoires. »

    Dans ce contexte ou l’incompétence le dispute au cynisme, un communiqué de presse en date du 24 juinhttps://twitter.com/Santegouv_alt/status/1540363905108779009 , d’allure officielle, annonçait la création du ministère Santé & Solidarités Déserté (un compte parodique sur Twitter https://twitter.com/Santegouv_alt) : « L’Etat, à défaut d’informer, désinforme. Il est urgent qu’une communication factuelle prenne le relais. c’est l’unique possibilité d’agir positivement sur l’adhésion de la population aux mesures de prévention, à la protection de la santé de tous les citoyens et citoyennes, sur la résilience communautaire et la cohésion sociale. » Avec un logo rappelant celui du ministère, le compte parodique @Santegouv_alt commençait à aligner…. des conseils de bon sens. « #COVID19 /Puisqu’il faut tout reprendre à zéro : Savez-vous qui est fragile dans cette foule ? Nous non plus. Pour que chacun et chacune soit protégé, en milieu clos, dans les foules, portons un masque. »

    Le 28 juin, alors qu’Elisabeth Borne réunissait préfets et directeurs d’Autorités régionales de la Santé (sans masque, mais avec de petits flacons de solutions hydroalcooliques) pour faire un point sur la situation sanitaire, le compte ironisait : « Bonjour Elisabeth Borne. Des erreurs se sont (encore) glissées dans votre com : le gel hydroalcoolique est inefficace contre #COVID19. Pour vous protéger contre le virus : préférez l’extérieur. Aérez les espaces clos. Portez un masque FFP2. Stoppez la désinformation. »

    Quand, le 1er juillet, le compte du gouvernement exhortait à nouveau à se laver les mains, la réponse cinglait : « Bonjour. Nous avons bien compris que vous vous laviez les mains de la situation. Demander à la population de faire de même en faisant croire à un geste barrière efficace est une honte. #COVIDisAirborne et vous le savez. Le matraquage de ce geste barrière quasiment inutile laisse penser à la population qu’elle se protège correctement. Qu’elle a un geste citoyen. Qu’elle participe à la lutte contre l’épidémie. C’est tout simplement de la désinformation. » La nature a horreur du vide, ai-je écrit en préambule. Ainsi, quand le compte parodique publia, le 3 juillet, sa première affiche sur les gestes barrière - « Le virus se propage et reste dans l’air. Ni le gel hydroalcoolique, ni les plexiglas n’empêchent de l’inhaler. Pour que chacun et chacune soit protégé, adoptons les bons gestes : masques, aération, mesure du CO2 »- de nombreux internautes crurent à une communication gouvernementale… et saluèrent le changement de ton, avant de réaliser, comme l’écrivit l’un d’entre eux, de constater : « Un site satirique 100 fois meilleur en prévention que l’original, comment on en arrive là ? »

    Seigneur du château

    Le constat était aussi glaçant que pathétique : « Dire qu’ils payent des bureaux de consultants des millions alors qu’un twittos anonyme en slip derrière son PC fait mieux qu’eux. » L’irruption de ce compte parodique torpillant sans effort le flot d’informations officielles tronquées m’a rappelé la fameuse diatribe de Roselyne Bachelot moquant les médecins envoyés au front sans moyens de protection : « On attend que le directeur de cabinet du préfet ou de l’ARS vienne avec une petite charrette porter des masques ? Qu’est-ce que c’est que ce pays infantilisé ? Il faut quand même se prendre un peu en main. C’est ça la leçon qu’il faut tirer. Tant qu’on attendra tout du seigneur du château, on est mal ! » A l’époque, j’avais prévu que nous arriverions un jour dans la situation actuelle, et pas seulement sur le plan sanitaire, avec une population lassée d’attendre du seigneur du château un minimum de considération et de protection.

    Devant l’absence de politique de santé publique, confrontés quotidiennement à des éléments de langage creux et criminels « Vivre avec le virus », « Masquer les fragiles », des citoyens en viennent à prendre les rênes d’une communication d’autodéfense sanitaire. Si ces initiatives sont utiles et salutaires, elles disent toute la faillite de la communication du gouvernement. Depuis mars 2020, les mensonges gouvernementaux ont permis à quelques gourous autoproclamés d’installer leur emprise sur des citoyens rétifs à un président qui les avait « traités » à coups de LBD et de lacrymogènes et soudain essayait le cosplay de protecteur du peuple.

    Canaux parallèles

    On était en droit d’attendre du ministère de la Santé une information honnête, respectueuse des données scientifiques, ne passant pas sous silence les failles, les erreurs d’une gestion forcément complexe. En son absence, un boulevard a été ouvert aux complotistes. Et ceux qui prônent la protection de la population sont aujourd’hui à leur tour amenés à inventer des canaux parallèles de diffusion d’information sur les mesures de protection. Le 4 juillet, jour de sa nomination, François Braun, le nouveau ministre de la Santé, annonçait : « Le message c’est la responsabilité. La responsabilité des Français. Ça fait deux ans et demi qu’on a le Covid, je pense que les gens ont compris les messages, ils savent, nos concitoyens, que quand ils sont dans les lieux clos, dans des moyens de transport, et bien c’est plus prudent de mettre le masque, c’est prudent pour soi, c’est surtout prudent pour les autres, donc c’est ça le message principal. » Cette prise de parole avait le mérite de rappeler une mesure de prévention efficace, qui nous changeait agréablement du lavage de mains, mais semblait encore empreinte du déni gouvernemental face à la tâche qui restait encore à accomplir.

    Non, les gens n’ont pas compris les messages, parce que les messages n’ont cessé de se contredire et n’ont souvent servi qu’à entériner et légitimer des décisions politiques dont le rapport à la réalité scientifique est bien souvent à géométrie variable. Non, les Français ne savent pas qu’il est prudent de porter un masque dans les lieux clos puisque depuis six mois le ministre de la Santé précédent et le gouvernement n’ont eu de cesse de rappeler que le port du masque en lieu clos ne se justifiait plus. Tout reste à faire.

    https://www.liberation.fr/societe/sante/sur-le-covid-le-gouvernement-a-ouvert-un-boulevard-aux-complotistes-20220

    #autodéfense_sanitaire #prévention #aérosol #masques #aération

  • [infokiosques.net] - Tout ce qui fume n’est pas feu
    https://infokiosques.net/spip.php?article1913

    Écrit en pleine "crise" du covid19, ce texte aborde la question du complotisme et du rapport que nos milieux (anti-autoritaires/libertaires/autonomes) entretiennent avec ce système de pensée.

    Sommaire :
    1. Confusionnisme, complotisme et conspirationnisme, tentative de définitions
    2. Quelques théories conspirationnistes qui ont influencé l’Histoire
    3. Deux grands récits conspirationnistes mainstream actuels : QAnon et le « grand remplacement »
    4. New-Age, « santé alternative », fascisme, clics et fric
    5. Face aux complotismes, refuser le rôle de procureur ?
    6. Ne pas laisser de place au complotisme dans nos luttes et nos milieux
    Pour poursuivre, quelques ressources…

    #gauche #émancipation #complotisme #confusionnisme #covid #new_age

    • À propos de l’accusation de mépris de classe, d’une part il apparaît difficile d’affirmer que les complotistes seraient si largement des prolétaires. Les CSP+ ne sont pas en reste lorsqu’il s’agit de diffuser des théories complotistes comme le montrent les exemples cités au fil du texte [15]. Les propagandistes savent très bien quels discours ilselles produisent, quels actes ilselles encouragent. D’autre part, le mépris de classe se place justement dans le fait de croire qu’il n’y a parmi les conspis que des classes populaires et laborieuses sans repère politique et saisissant tout ce qui est à leur portée pour critiquer et attaquer les pouvoirs. En sorte, un retour à l’idée d’un lumpenproletariat intrinsèquement contre-révolutionnaire. Cela participe à dépolitiser leurs actions. Je pense qu’au contraire, bien que la dépolitisation et le manque de culture politique jouent dans leur succès, certainement qu’une bonne part de leurs adeptes savent à quoi ilselles adhèrent. J’ai du mal à imaginer qu’en 2021 on puisse sans le vouloir valider des discours racistes, antisémites, LGBTIphobe, etc. Pourtant c’est ce qui arrive à certaines personnes [16]. Notre rôle devrait alors être, au lieu d’avoir une sorte de complaisance avec ces théories et ceux qui y adhèrent, de lutter encore et toujours pour défendre et diffuser nos idées, ce qui demande de ne pas reprendre la rhétorique et les expressions diffusées par les complotistes mais au contraire de repolitiser le réel et nos discours.

      […]

      Pour autant, et comme on l’a vu auparavant le complotisme est un mode de pensée politique à part entière. Rejeter ce terme parce que nos ennemi⋅es l’utilisent c’est ajouter à la confusion en nous privant d’un mot pour décrire et comprendre un courant politique contemporain actif. De plus il est bien malheureux d’utiliser comme dans « Au procès des complotistes, nous ne soutiendrons pas les procureurs » la technique rhétorique consistant à s’auto-assigner pour empêcher les critiques : « ah mais si je dis ça on va dire que je suis complotiste ! » Technique qui se trouve être justement utilisée jusqu’à plus soif par les complotistes et au passage, par l’extrême-droite : « on ne peut plus rien dire ! On va dire que je suis un fasciste si je dis ça ! Ce n’est pas être raciste de dire ça ! ». Rien d’étonnant si l’on voit les liens existants entre complotismes et extrêmes-droites.

  • Est-ce qu’il reste encore UN⋅E artiste qui ne soit pas pourri par le confusionnisme ? Et plus encore dans le milieu du rap… Qui comprend ce que veut dire le consensus scientifique ? Qui peut critiquer le gouvernement ET les anti-sanitaire ? Qui raconte pas n’imp sur les traitements et les vaccins ? Qui utilise pas la technique du mille-feuille en mélangeant plein de trucs avérés sur le gouvernement ou bigpharma pour faire passer des débilités sur les connaissances en épidémio et sur le virus ? Est-ce qu’il en reste bordel ?

    Je sais pas ce qu’en pense @mad_meg mais perso pour avoir des connaissances ou suivre des gens dans le monde de la musique et du cirque, j’ai l’impression que c’est une majorité qui s’est complètement perdue, suite à leur vie bouleversée.

    Comme de fait les artistes sont pas des métiers indispensables à la société capitaliste (en tant que travail capitaliste, càd que si d’un coup on arrête tous les concerts, on peut continuer de vivre, de manger, d’habiter, de se soigner, et même de produire de l’art, ce qui n’est pas le cas si les agriculteurs ou les médecins s’arrêtent là entièrement), la vie de plein de gens (artistes et tous ceux qui en dépendent, salles, sons, lumières, roadies, etc) a été totalement bouleversée, leur manière de vivre au quotidien s’est écroulée, et du coup ça a complètement niqué la tête de beaucoup à priori (ou bien… c’est juste que désormais on le voit parce ce qu’ils annoncent leurs idées publiquement, alors qu’avant ils gardaient ça pour eux ?)

    En tout cas j’ai de plus en plus de mal à citer des artistes qui racontent pas des conneries monumentales sur la crise actuelle (tout en le mélangeant, je le répète, à des vérités facile à prouver sur les conneries du gouvernement ou sur l’écologie ou le capitalisme, etc : c’est juste le problème du confusionnisme, c’est mixé avec pas que des conneries et donc ça embrouille).

    https://www.facebook.com/AKHENATON.OFFICIEL/posts/475243533957593

    TRIBUNE LIBRE D’AKHENATON
    LE MAÎTRE ET SES PERROQUETS
    Aujourd’hui, honnêtement, je pourrais me taire, je pourrais me cacher et espérer sortir de cette crise en n’ayant choqué ou déplu à personne, priant que je puisse enfin recommencer à vivre normalement et gagner ma vie… Mais non…

    Et tous ceux et celles qui s’étonnent de mes positions clivantes en se disant « fans » du groupe IAM, vous avez sûrement du vous arrêter à « je danse le mia » mais vous ne semblez pas connaître les positions que nous défendons dans de nombreux textes depuis 30 ans.

    Si mon obsession était de gagner plus d’argent, je serais un perroquet, un bon gros perroquet docile qui répète et imite sans connaître le sens des mots, la voix de son maître. Amis journalistes, docteurs, chercheurs, artistes et citoyens, c’est dans les temps difficiles qu’on affirme ses positions, qu’on prend des risques, ce n’est pas lorsque tout est fini qu’on distille des « Je le savais mais je ne pouvais rien dire ».

    A titre personnel, professionnellement parlant, je n’ai rien à gagner en prenant position, en tant que père, ami et mari, je ne peux pas me taire, c’est une question d’honneur, de bon sens, d’honnêteté et de cohérence avec 30 ans de textes.

    Ce qui m’a motivé à clarifier mes positions une bonne fois pour toutes, c’est la tribune du professeur Grimaldi dans le JDD, qui pense que les non-vaccinés doivent être responsables et signer une attestation de refus de prise en charge en réanimation en cas d’infection due au COVID19.
    Vous êtes docteur monsieur Grimaldi ? Vraiment ? Vous avez prêté serment ? Vous vous rendez compte de ce que vous dites ? Vous êtes diabétologue c’est bien ça ? C’est comme si des personnes qui font du sport et mangent sainement demandaient bêtement à la partie non héréditaire de vos patients qui est diabétique de signer une attestation de non prise en charge en réanimation, car ils ne veulent pas que des gens qui ont mangé et bu de la « merde » prennent leur place en cas de saturation du service. Ce serait au minimum stupide, au maximum criminel.

    Et puisqu’on y est, allez, une attestation à la caisse du bar-tabac pour les fumeurs (150.000 décès en France en 2 ans), une attestation électronique pour ceux qui dépassent 50 km/h en ville, une attestation à la caisse des fast-foods, une attestation pour ceux qui boivent de l’alcool à la maison, en soirée ou au restaurant, lors de vos repas entre collègues (100.000 décès dus à l’alcool en France en 2 ans), une attestation pour les gens inactifs…
    Puisque je suis contribuable, selon votre logique, je peux y prétendre et allons-y, construisons une société où chacun édicte ses propres règles et ses propres lois. Ce n’est pas possible, on va droit dans le mur. Le bon vieux mur du con.

    Il ne faut pas se méprendre, tous ces néo-solidaires qui boivent et recrachent les paroles de monsieur Grimaldi s’en sont toujours foutu des autres, ils ont juste peur de souffrir et de mourir. Le plus gênant ce sont les journalistes qui reprennent ces idées comme des perroquets en banalisant l’extrémisme et la brutalité de ces propos et commandent même des sondages sur le sujet. C’est-à-dire que chacun d’entre nous peut alors désigner la pathologie qui nous dérange et rendre ces malades responsables du naufrage de l’hôpital.
    Monsieur Grimaldi, vous avez, comme une partie du personnel soignant, malheureusement utilisé cette pandémie comme un tremplin terrifiant pour vos revendications légitimes.

    La Peur…. La voilà la pire des pandémies mondiales.

    L’hôpital public est en souffrance depuis une vingtaine d’années, et les conditions de travail du personnel sont très difficiles. L’ATIH (agence technique des informations hospitalières, agence d’état) a publié son rapport 2020 : https://www.atih.sante.fr/.../aah_2020_analyse_covid.pdf pages 2 et 3.
    Quel est le pourcentage de fréquentation hospitalière pour les patients Covid-19 malgré toutes les déprogrammations ? 2 % !! Et 5 % en soins critiques !!

    Je ne minimise absolument pas la maladie, la mortalité est élevée en 2020 mais la réaction d’une partie du milieu hospitalier et médiatique a été démesurée, et les politiques et leurs amis industriels se sont engagés dans la brèche, en occident puis dans le monde entier.

    Pratique, les personnes que vous devriez viser et qui ont étrillé notre système de santé peuvent, grâce à vous, s’acheter un costume de sauveur plein de générosité. Gros, visible, pas de gants, pas grave, personne ne dit rien.

    Monsieur, j’écris cette lettre pas en tant qu’artiste mais en tant que citoyen, du moins en tant qu’excitoyen si l’on en croit Emmanuel Macron.
    Et le plus gros problème est bien là… Depuis le début, les média ont respecté leur logique éprouvée depuis 2001, peur, slogans, peur pour plus de recettes publicitaires ... Ils ne sont plus le quatrième pouvoir depuis longtemps, ils sont LE pouvoir donc ce n’est pas étonnant qu’ils soient la propriété de quelques personnes. L’élection de Trump, la pression de Poutine, de la Chine, de l’Inde et pour finir les week-ends des gilets jaunes ont effrayé profondément les régimes occidentaux, leurs vassaux et surtout le nôtre.

    Malheureusement, la pandémie a été un outil politique pour contrer le phénomène insurrectionnel et qu’a fait le gouvernement français ? Il a choisi de copier les stratégies de désinformation de leurs opposants de l’extrême-droite (surtout Américaine) pour contrer ses adversaires. Et comme cela est née la version du trumpisme bobo-facho made in France, la gauche timide est passée du rose au brun, mensonges irréels répétés, faux chiffres, concitoyens d’outre-mer traités de prêtres vaudous, fausses promesses, fausses nouvelles, vidéos effacées, comptes de réseaux sociaux bloqués, le Monde Diplomatique a d’ailleurs traité le sujet dans un très bon article consacré à notre pays et qui s’intitule « la Chine Occidentale ».
    Tout cela sous le nez de tas de nouveaux fact-checkers qui checkent uniquement ce qui convient à leurs patrons. Ils disent certaines vérités mais ils ne sortent pas des clous, ils vendent parfois notre société en tranches pour garder leur salaire. Ils pourraient par exemple, faire du vrai journalisme d’investigation en enquêtant sur la raison pour laquelle Gilead a obtenu le 25 juin 2020 une autorisation de mise sur le marché conditionnelle de la part de l’agence européenne des médicaments pour le Remdesivir, un médicament coûteux et déclaré inutile par l’OMS quelques mois plus tard.
    La plus grosse erreur dans cette crise a été d’empêcher les médecins généralistes de soigner leurs patients (comme ils l’ont fait entre octobre 2019 car le virus apparemment est présent sur notre territoire depuis ce mois-là et mars 2020), je pense qu’on aurait et qu’on éviterait encore certains décès, surtout qu’il existe un bon nombre de traitements efficaces avec des études sérieuses qui le prouvent. Rien ne remplace les soins de contact, certainement pas les mathématiciens de l’épidémie. En fait, nous faisons face à une crise écologique et sociale due à notre mode de vie qui risque d’engendrer d’autres pandémies à l’avenir, il faut arrêter les bla-bla, il faut agir et vite.

    Alors pour éviter les critiques, le gouvernement, leurs perroquets et une partie du législatif dégainent leur arme absolue : celui qui n’est pas de leur avis est un complotiste, un irresponsable et un sympathisant néo-nazi. Pratique, on met dans un sac unique des gens raisonnables et d’autres moins fréquentables et on secoue, ça permet d’annihiler le débat, comme dans un bon vieux régime autoritaire. Et puis ça permet aux comploteurs de faire croire que leurs manœuvres n’existent pas, qu’ils sont pleins d’empathie et soucieux de nos vies…. Tu parles….

    Personnellement, j’ai le sentiment d’être coincé entre néo-nazis et nazis nouveaux. Pour couronner le tout, j’ai assisté à des tribunaux télévisés ou des « philosophes », des anciens de la télé-réalité ou des consultants santé de chaines d’info ont dénigré des grands docteurs, moqué des psychologues et même des chercheurs et professeurs mondialement reconnus sur le sujet. Est-ce qu’on voit ça avec d’autres métiers ? Jamais, sauf ceux liés au football peut-être… Les grandes émotions engendrent aussi les grandes impostures.

    Les Françaises et Français doivent comprendre une fois pour toute qu’une bonne moitié des métiers de la santé est corrompue par une industrie pharmaceutique qui brasse des milliards d’euros et de dollars. La recherche de nouveaux médicaments, dont les vaccins, est financée en partie par de l’argent public, le médicament une fois commercialisé est vendu aux états qui l’achètent avec…de l’argent public !!!!! On vend un produit aux personnes qui ont financé une partie de sa conception. Quel business model !!! Le rêve capitaliste ultime !

    J’ai donc une question importante, il est maintenant reconnu que le vaccin n’empêche pas la contamination, ni d’être contaminé, il limite apparemment pendant une courte période le risque de forme grave, donc pourquoi, puisque vous êtes si gentils, on ne peut pas se vacciner avec du Sinopharm (vaccin classique à virus inactivé) qui a selon certaines études internationales de meilleurs résultats que nos vaccins sur les risques d’hospitalisation ?
    Une autre : pourquoi les pays les plus vaccinés enregistrent-ils les taux de décès liés au Covid-19 les plus élevés ? Pourquoi la Suède avec une couverture vaccinale de 71% qui n’a pas appliqué beaucoup de mesures restrictives (masques, confinement) et que nos journaux appelaient « le mauvais élève de l’Europe » s’en sort beaucoup mieux que nous à ce jour en terme de mortalité ?? Pourquoi vous renvoyez chez eux les soignants négatifs qui refusent de se faire vacciner alors que selon vos dires l’hôpital est débordé et dans un même temps, vous demandez aux soignants vaccinés positifs asymptomatiques de venir quand même travailler au contact des patients ?

    C’est scientifique ça ? Une dernière ? Pourquoi les variants dominants sont tous apparus dans des pays soit avec une couverture vaccinale importante, soit avec une industrialisation forte, soit les deux ?

    Je me rappelle les mots de messieurs Véran et Castex pour inciter à la vaccination : « le seul moyen de se débarrasser de ce virus, c’est la vaccination ». Eh non… désolé doc… Comme en 1889 lors de l’épidémie de la « grippe russe » qui était en fait un coronavirus (toujours présent de nos jours) et qui est devenu un rhume en 1893 (source : https://www.vidal.fr/.../26269-pandemie-degrippe-russe... ), le Covid-19 va un jour (Dieu sait quand) probablement devenir très contagieux et peu dangereux, ce serait l’évolution naturelle d’un virus ARN. Vous nous épargnerez donc ce jour-là, si vous êtes toujours en poste, le mensonge « c’est grâce à ce vaccin ». Non c’est grâce à la Vie, à l’évolution, à l’immunité naturelle…

    Je le dis et le répète encore une fois pour ceux qui ne comprennent que ce qui épouse leurs préjugés, je ne suis pas ANTI-VAX et lorsque le vaccin à virus inactivé Valneva (Franco-autrichien) arrivera sur le marché en Avril 2022, qui lui a dû passer toutes les étapes pour obtenir une AMM, je réviserai peut-être MA position, seul, comme un grand. Une précision importante, la couverture vaccinale est importante en France, il ne faut surtout pas croire que cela est un plébiscite, une bonne partie des personnes vaccinées l’ont fait pour le boulot, pour pouvoir voyager, pour sortir, pour être libres et non pas parce qu’ils sont d’accord avec la stratégie sanitaire du gouvernement. Vous allez au-devant de grandes désillusions.

    « On peut discuter de tout sauf des chiffres », c’est bien ça qu’affirmait votre spot publicitaire ? L’agence Reuters (équivalent américain de l’AFP qui a repris leur analyse mot pour mot) dit : « Vous ne pouvez pas affirmer que les accidents de 2021 soient dus aux vaccins anti-covid car le VAERS (qui a été crée en 1990 et qui est un observatoire des accidents liés à la vaccination aux USA (tous vaccins confondus) et OpenVAERS qui est un outil qui traduit sous forme de graphiques les résultats du VAERS) répertorie les accidents liés à tous les vaccins confondus et que ces accidents sont signalés par les citoyens eux-mêmes sur la plateforme. » (Source : https://openvaers.com/covid-data/mortality).

    Ils ont raison dans l’absolu. Mais eux et nous savons qu’un seul type de vaccin a inondé le marché occidental en 2021 et que tous les rapports ne peuvent être faux. Le CDC a répertorié 9 décès liés aux vaccins anti-covid aux USA, ça voudrait dire que 21 881 rapports sont des faux, sans compter les personnes qui ne prennent pas la peine de signaler quoique ce soit. Ils jouent avec les mots. Ils jouent avec les maux.

    Alors, je ne vois pas des complots partout mais le roi des complots a un nom : Le Business.

    Et quand Pfizer rachète, le 16 décembre 2021, Arena une firme de cannabis thérapeutique et que le 1 er janvier 2022 on interdit de vendre des fleurs de CBD en France, je me dis que le hasard fait bien leurs choses quand même. Ou alors quand ce gouvernement essaie d’interdire les huiles essentielles en vente libre, quel est le but ? Gros, visible, pas de gants, pas grave, personne ne dit rien.

    Monsieur Macron, j’ai bien noté que vous avez choisi de nous « emmerder », soit, nous sommes un groupe avec des personnes vaccinées et d’autres non, on vit très bien ensemble, on s’entraide et on s’aime. La société française devrait être ainsi. Nous sommes quatre dans l’équipe d’IAM à avoir perdu un de nos parents depuis un an et demi, personne n’a le monopole de la peine, mais tout le monde ici a du bon sens et utilise la raison, selon la situation et les convictions dans le respect des autres.

    Ce qu’il se passe pour la plupart d’entre nous, c’est deux ans avec très peu de revenus, sans aide, dans l’indifférence générale et tout le monde trouve normal qu’on mange et élève nos enfants avec nos économies.
    Pour les restrictions et interdictions, la culture privée, c’est chacun notre tour. Si notre situation était celle de n’importe quel autre métier, la France serait en feu !!!!

    Pendant ce temps, nous sommes traités de sous-citoyens par des personnes politiques, médecins télévisés, ou journalistes serviles qui touchent leur salaire ou leurs salaires (pour vos amis de la politique) sans aucun problème….

    Et l’effort de solidarité où est-il, puisque vous êtes devenus ses nouvelles icônes et ses grands apôtres ?

    Monsieur Le Président, juste une petite idée : emmerdez les gens qui font évader chaque année 100 milliards d’euros au Luxembourg, qui est encore à ce que je sache un pays d’Europe, ou bien les nationaux qui sont cités dans les Pandora Papers, ça vous donnera largement de quoi financer une éducation nationale digne de ce nom pour nos enfants et les enseignants désabusés, un hôpital et un système de santé qui sera digne pour les patients et les soignants, et du coup les citoyens ne se déchireront pas pour un lit de réanimation comme pour du PQ ou de l’essence les lendemains de stress télévisé.

    Je suis particulièrement triste et inquiet quand je vois à quel point notre jeunesse est impactée, stigmatisée et souffre de cette situation, ils sont les moins touchés par les virus et ils sont les plus ciblés par les mesures d’interdiction., beaucoup de gens qui sont aux manettes ont déjà fait une bonne partie de leur vie et ont vécu une insouciante enfance, adolescence et vie de jeune adulte. Empathie ? Non, Individualisme. C’est bien une crise sociale, écologique et politique que nous traversons, l’économie est le moteur du changement, plutôt difficile quand la moitié du CAC 40 a un patron issu des grands corps de l’état…

    Monsieur Le Président, vous êtes en campagne ? Gros, visible, pas de gants, pas grave, personne ne dit rien, surtout pas les perroquets.
    Nous aurions pu bâtir dans la difficulté de cette crise une société plus solidaire, plus empathique et plus unie, vous avez fait de cette période un modèle de division, de haine et d’individualisme.

    Akhenaton
    Shurik’n Dj Daz Imhotep Dj Kheops

    #covid #santé #confusionnisme #IAM #Akhenaton #antivax ("mais non seulement ceux à ARN") #exemplarité #artiste

  • Personne ne doit être oublié ni mis de côté - Anarchie, confinement et crypto-eugénisme
    https://archive.org/details/anarchisme_et_crypto-eugenisme

    Personne ne doit être oublié ni mis de côté - Anarchie, confinement et crypto-eugénisme
    Publié le 23 décembre 2021 sur paris-luttes.info
    Publication initiale en mars 2021 sur montreal contre-info [en]

    Alors que la #5emeVagueBlanquer submerge actuellement les enfants et qu’un nouveau variant à fort échappement immunitaire connait une croissance inédite, la ritournelle crypto-eugéniste du déni reprend de plus belle, du sommet de l’État aux plateaux télé du libéralisme autoritaire, et ce jusqu’à trouver des relais au sein des milieux militants. Dans ce texte, des anarchistes proposent une autocritique des tendances du mouvement qui assimilent toutes mesures de prévention à de la répression, et légitiment ainsi des positions ultralibérales et validistes. Il nous a semblé que les questions soulevées ici pouvaient résonner bien au-delà du seul mouvement anarchiste, car prendre au sérieux la gravité de l’épidémie est la seule voie pour sortir de notre impuissance politique.

    Un texte soumis anonymement à Montreal Counter-Info en mars 2021, critiquant les idées covidonégationnistes, conspirationnistes et "anti-confinement" au sein du mouvement anarchiste.

    Anarchie, confinement et crypto-eugénisme : Une réponse critique de quelques anarchistes du Pays de Galles et d’Angleterre

    "La crise du Covid19 a présenté un défi pour les anarchistes et les autres personnes qui croient en une vie pleinement autonome et libérée" – c’est ce que déclare une récente contribution à Montreal Counter-info. Ces mots résonnent assurément avec nos expériences. Le mouvement anarchiste au Royaume-Uni n’est pas seulement confronté à un défi, il est lui-même en crise. Flics infiltrés, interdiction de squatter, agresseurs, corbynisme, TERFs – la liste est longue, et le virus a déjà trouvé la "scène" dans un triste état. Mais le Covid-19 représente quelque chose de différent, et sur ce point nous sommes d’accord avec l’analyse de Montréal. C’est aussi là que notre accord s’arrête. Dans le texte qui suit, nous critiquons cette analyse – car ses arguments sont similaires à ceux que nous avons entendus parmi nos amis et même nos camarades au cours des derniers mois. Bien que l’épidémie au Royaume-Uni semble être en baisse, les tendances qui lui sont associées demeurent. Le texte appelle des critiques sérieuses, et nous offrons donc ce qui suit dans un esprit de lutte contre le présent.
    /.../

    Là où le texte appelle les anarchistes à s’interroger et à critiquer la gravité du Covid-19, nous appelons les anarchistes à réfléchir de manière critique à l’eugénisme en tant que logique du capital et de l’État. Nous devons également nous attaquer sérieusement à son histoire pénible dans la tradition anarchiste, des écrits d’Emma Goldman aux courants de pensée primitivistes et anti-civilisation. Alors que les pandémies deviennent de plus en plus présentes et que les écofascismes se banalisent, les anarchistes doivent se battre pour s’assurer que personne ne soit "mis de côté".

    /.../

    Nous devons définir nos cibles et reconnaître nos ennemis. Le business libre n’a rien à voir avec notre liberté. S’opposer simplement aux « décrets d’en haut » du confinement est aussi vide que de soutenir toutes les protestations. Au Royaume-Uni, nous avons vu de grandes manifestations tapageuses de conspirationniste dirigées par des célébrités antisémites, mais nous avons également vu des rassemblements non politiques combattre la police – ainsi que des manifestations organisées pour les vies noires. Les États-Unis présentent une dichotomie encore plus simple. Rien ne pourrait être plus clair que la différence entre les manifestations pro-business de la fin du printemps contre les gouverneurs démocrates, et le soulèvement noir de l’été contre la police. Le premier défendait les droits des petites entreprises et a fusionné avec le mouvement des milices de droite. Le second a fait exploser la colère contre les flics, exproprié des biens et créé des espaces autonomes temporaires. En tant qu’anarchistes, nous savons où nous nous situons.

    Lire le texte complet sur paris-luttes.info

    Pour aller plus loin, autres lectures audios :
    Interview de Valérie Gérard : Tracer des lignes : sur la mobilisation contre le pass sanitaire : archive.org/details/tracer-des-lignes
    Pandémie, vaccin, pass sanitaire : pour une position révolutionnaire : archive.org/details/pandemie-revolutionaire
    Vaccinée, troisième dose de solidarité offensive à la rentrée : archive.org/details/je-suis-vaccinee
    Interview de Olivier Tesquet : Épidémie de surveillance : archive.org/details/epidemie_de_surveillance
    Lecture du témoignage de Yasmina Kettal : "Probablement qu’on y est, l’hôpital s’effondre..." : archive.org/details/l-hopital_s-effondre
    Savoir et prévoir - Première chronologie de l’émergence du #Covid19 : archive.org/details/chronologiecovid19

    photo d’illustration : ValK.
    ☆ autres photos : https://vu.fr/valkphotos
    ☆ infos / audios : https://frama.link/karacole
    ☆ oripeaux : https://frama.link/kolavalk
    ☆ agenda militant namnète : https://44.demosphere.net
    ☆ m’aider à prouver que j’ai une activité : https://liberapay.com/ValK

    #audio/opensource_audio #covid #covid19 #anarchisme #autodefense-sanitaire #solidarité-populaire #santé-communautaire #confusionnisme #conspirationnisme

  • Décomposition idéologique de la gauche française : un article de Philippe Marlière qui vient éclairer l’ouvrage de Philippe Corcuff sur le #confusionnisme politique

    Prendre au sérieux le « confusionnisme politique » - AOC media - Analyse Opinion Critique
    https://aoc.media/opinion/2021/10/06/prendre-au-serieux-le-confusionnisme-politique

    jeudi 7 octobre 2021
    Politique
    Prendre au sérieux le « confusionnisme politique »
    Par Philippe Marlière
    Politiste
    À la suite de Philippe Corcuff, on peut définir le confusionnisme comme le développement d’interférences rhétoriques et idéologiques entre des postures et des thèmes d’extrême droite, de droite, de gauche modérée et de gauche radicale, le plus souvent au profit des thèmes que l’extrême-droite cherche à imposer dans le débat public. Mais il ne s’agit pas seulement d’objectiver ce phénomène : il faut le comprendre dans toutes ses conséquences, élucider la manière dont la trame confusionniste se construit et chercher à s’en prémunir, sous peine de voir la gauche abandonner ses valeurs fondamentales.
    Notre socialisation politique tient pour acquis que les débats d’idées s’organisent selon des clivages idéologiques clairement identifiables : le socialisme, le conservatisme, le libéralisme, le fascisme, l’écologisme, le féminisme, etc. En réalité, le contenu de ces catégories s’est non seulement affadi, mais les repères et valeurs propres à chacune d’entre elles sont aujourd’hui indistincts. 
    Avec le politiste Philippe Corcuff, qui vient de consacrer une étude stimulante au phénomène du « confusionnisme » politique, on peut essayer de comprendre les raisons et les conséquences de cet affadissement. L’exercice est utile à l’heure des réseaux sociaux et de la déconfiture des partis politiques. 
    Corcuff estime que nous sommes entrés dans l’ère des « bricolages idéologiques confusionnistes » qui comprend des « intersections et des interactions avec la trame idéologique ultraconservatrice » (p. 14). L’ultra-droite serait parvenue à rendre hégémonique son interprétation de questions identitaires (la nation, la laïcité, la république) ou à saturer le champ des débats de guerres culturelles incessantes (sur les migrants, l’islam, l’homophobie, l’antisémitisme, le climatoscepticisme, l’opposition au vaccin contre le Covid-19 ou au pass sanitaire).
    Une dynamique politique
    Le confusionnisme n’est pas un état confus ou chaotique du débat public (même si nombre de débats politiques sont, de fait, cacophoniques). Contrairement à ce qu’affirment ses détracteurs, les études sur le confusionnisme ne mettent pas au pilori des acteurs politiques ou des chercheurs qui s’écarteraient d’un récit idéologique « politiquement correct ». La notion sert à décrire, non un état, mais un processus ou une dynamique de recoupements de récits issus de traditions politiques différentes, souvent antagoniques. Et c’est dans ce clair-obscur discursif que surgissent des monstres idéologiques.
    Corcuff analyse ce processus de la manière suivante : « Le confusionnisme est le nom actuel d’une désagrégation relative des repères politiques antérieurement stabilisés autour du clivage gauche/droite et du développement de passerelles discursives entre extrême droite, droite, gauche modérée et gauche radicale. Confusionnisme, au sens retenu ici, n’est donc pas synonyme de “confusion”, mais revêt un sens politico-idéologique précis. La trame confusionniste a pour principal effet, dans le contexte politico-idéologique actuel, de faciliter l’extension de postures et de thèmes venant de l’extrême droite » (p. 31).
    On le voit, le confusionnisme n’est pas synonyme d’égarement étourdi de la part des acteurs concernés, mais de dynamique politique[1]. Cette dernière tend à revêtir la forme d’une critique sociale (qui se veut, notamment, anticapitaliste) et se niche, dans une large mesure, dans l’espace nébuleux des réseaux sociaux. Il comporte des relais éditoriaux avec la publication de livres ou d’articles à portée scientifique ou de vulgarisation. Il est repris et amplifié par les acteurs politiques et les médias. Le confusionnisme pose les jalons d’une hypercritique vaguement « antisystème », visant principalement les « élites » (politiques, économiques, médiatiques).
    Le confusionnisme met en scène un radicalisme verbal, qui personnalise ses cibles et supplante peu à peu la critique sociale issue du mouvement ouvrier. Cette dernière, principalement de facture marxiste, se penche sur des structures sociales impersonnelles (le capitalisme, l’étatisme, les rapports de classe, de genre, de race, le nationalisme, le colonialisme ou l’impérialisme). À l’inverse, le confusionnisme enfante une critique sociale qui met davantage à l’index des personnes (par exemple, Emmanuel Macron, objet de toutes les détestations) que les structures sociales et économiques qui les produisent.
    Philippe Corcuff utilise la notion de « formation discursive », empruntée à Michel Foucault[2], pour indiquer que les récits confusionnistes s’inscrivent dans une « trame idéologique impersonnelle tendant à échapper aux intentions des divers locuteurs » (p. 37). En d’autres termes, un locuteur de gauche peut inconsciemment articuler un discours confusionniste dans un domaine et, dans d’autres, participer pleinement à un récit émancipateur de gauche.
    L’étude du confusionnisme ne met pas en cause des personnes. Ceci dit, s’intéresser de près aux trames confusionnistes nécessite de se pencher sur des trajectoires personnelles. Il faut bien nommer les locuteurs et leurs propos, sinon la démonstration serait abstraite et stérile. Notons que le « brouillard confusionniste », qui enveloppe des acteurs politiques de gauche et de droite, bénéficie, à la fin, aux idées ultraconservatrices (c’est-à-dire à une droite illibérale, libertarienne ou autoritaire).
    Une « guerre de position » idéologique
    On peut voir dans le confusionnisme une « guerre de position » idéologique (dans le sens gramscien) dans laquelle l’extrême droite mène une offensive avec le concours, volontaire ou pas, de forces de droite et de gauche. Les exemples de « déplacements confusionnistes » sont légion : Alain Soral, Éric Zemmour, Renaud Camus ou Hervé Juvin sont, entre autres individus d’extrême droite, et selon des modalités différentes, aux avant-postes de ce mouvement. Des personnalités venues de la gauche lancent des passerelles entre la gauche et l’extrême droite : l’économiste Jacques Sapir, Jean-Claude Michéa et, de plus en plus nettement, Michel Onfray, sont parmi les cas les plus probants.
    Les interactions entre les deux camps se réalisent autour de quelques thématiques-clés : la valorisation patriotique de la nation, la critique du niveau international (qui se traduit par un discours aux accents europhobes et anti-migrants sous couvert de critique de l’Union européenne et de la mondialisation néolibérale) et la promotion d’un « universalisme républicain » théorique qui disqualifie tout discours examinant les apories pratiques du républicanisme français (allergie au multiculturalisme, désintérêt pour les discriminations raciales et liées au genre, racisme et islamophobie). Les contributions au débat de personnalités de gauche aussi diverses que Frédéric Lordon, Jean-Pierre Chevènement, Emmanuel Todd, Arnaud Montebourg, François Ruffin ou Jean-Luc Mélenchon, pour ne citer que les cas de figure les plus connus, favorisent la pénétration des thématiques patriotique et nationaliste dans les schèmes idéologiques de la gauche.
    Le dénigrement du cadre international permet des rapprochements indirects mais réels entre Mathieu Bock-Coté, essayiste ultraconservateur québécois qui met en scène la nation comme « enracinement », Jacques Julliard, ancien penseur de la Deuxième gauche passé à un républicanisme autoritaire et pourfendeur de « communautarisme », et Frédéric Lordon qui discourt sur « l’appartenance nationale ». L’exaltation du cadre national est souvent synonyme de glissements progressifs (revendiqués ou pas) vers le nationalisme.
    La valorisation du cadre national aux dépens du cadre européen ou international induit des incursions sur le terrain du chauvinisme. On se souvient de l’intervention de Jean-Luc Mélenchon au Parlement européen en juillet 2016 à propos du « travailleur détaché, qui vole son pain aux travailleurs qui se trouvent sur place ». Aujourd’hui, la candidature aux accents para-pétainistes d’Arnaud Montebourg à l’élection présidentielle magnifie le terroir (refus de la ville et « retour à la terre » dans le cadre du « Made in France »).
    Un confusionnisme de gauche prend appui sur une hypercritique du « système » et des « élites mondialisées », en défense de la « souveraineté du Peuple » (toutes ces notions n’étant jamais définies ou précisées). Il place la gauche sur la pente savonneuse du complotisme, souvent à connotation antisémite comme ce fut le cas lors des manifestations contre le pass sanitaire. Depuis 2017, ce mantra a été réactivé dans une gauche verbalement radicale qui concentre sa colère contre des personnes (« Macron le tyran », « Macron, le banquier de Rothschild »), plutôt qu’elle n’analyse les structures de domination et d’exploitation du capitalisme.
    Cette tendance a été perceptible au sein du mouvement des Gilets jaunes, puis plus clairement dans le mouvement anti-pass sanitaire. Le « populisme de gauche » théorisé par Ernesto Laclau et Chantal Mouffe, popularisé en France par Jean-Luc Mélenchon, a contribué à davantage affadir le clivage gauche/droite. Dans ce schéma de pensée, un « Peuple », aussi indéfini que magnifié, est censé s’unir contre des « élites », au-delà des clivages de classe et des dominations liées au genre ou à la race. Cette construction politique a permis nombre de bricolages confusionnistes autour des thèmes de la nation, du rapport aux niveaux national et international ; elle a renforcé la personnalisation du pouvoir autour de la figure du leader ou, encore, elle a dénigré les combats contre le sexisme ou le racisme considérés comme des champs de lutte secondaires par rapport au champ des luttes économiques. 
    Le confusionnisme est transpartisan, dans le sens où il parcourt toutes les familles et les mouvements politiques (de l’extrême gauche à l’extrême droite, en passant par les divers dégradés de gauche, du centre et de droite), mais aussi dans le sens où il fusionne des pans de culture de gauche avec d’autres, de droite ou réactionnaires.
    Le métadiscours républicain
    Le constat de départ de l’analyse du confusionnisme par Philippe Corcuff est que « l’extrême droite parvient à imposer ses haines et ses obsessions au cœur du débat ». Nous assisterions donc à une offensive de l’extrême droite, soutenue par les forces réactionnaires dans le monde politique, médiatique et intellectuel. Une analyse minutieuse de la situation montre au contraire que la situation est plus dialectique qu’il n’y paraît au premier abord. En d’autres termes, le confusionnisme naît également au sein de la gauche et de la gauche radicale.
    Il est ici important d’observer de près le rôle joué par le métadiscours républicain en France. Le républicanisme en France est une idéologie qui ne propose plus de pistes de réflexion politiques ou programmatiques, mais qui est devenu, ces dernières années, un outil de contrôle qui exprime des rappels à l’ordre normatifs (le « respect des valeurs républicaines », un « comportement républicain », et son envers, le « communautarisme », le « séparatisme »).
    Les protagonistes majeurs de ce « discours sur le discours » républicain apparaissent dans l’ouvrage de Corcuff – Jean-Pierre Chevènement, Laurent Bouvet ou Pierre-André Taguieff – mais sans que le fil conducteur de ce confusionnisme néo-conservateur ne les réunissent. Or, pour comprendre le point de départ de nombre de sous-récits confusionnistes aujourd’hui, il convient de partir des péroraisons réitératives (pour ne pas dire obsessives) sur le républicanisme (et ses corollaires : l’universalisme et la laïcité).
    C’est bien sûr l’interprétation illibérale et de l’usage néoconservateur de ces notions politiques qui sont en cause, non les concepts eux-mêmes. On pourrait résumer la trajectoire du confusionnisme néo-républicain de la manière suivante : lors du tournant néolibéral du Parti socialiste en 1983, le CERES, son ex-aile gauche jacobine et marxiste, abandonne le socialisme et trouve refuge dans un républicanisme reposant sur le patriotisme, l’invocation de la grandeur de la France, la discipline et la souveraineté des grands corps (et non celle des citoyens). Le retour à la république d’une partie de l’ex-gauche marxiste (Régis Debray en est l’exemple type), participe de la première acclimatation de la gauche aux idées de droite, notamment le nationalisme.
    Cette inflexion ne fera que se renforcer au sein du PS, puis elle gagnera la rive droite à partir de la campagne présidentielle de Chevènement en 2002 lors de sa tentative de rassembler les « républicains de deux rives ». À partir des années 2000, elle s’enrichit de deux leitmotiv : la promotion du cadre national qui prend appui sur une critique radicale de l’Union européenne, et l’exaltation d’un universalisme abstrait, hostile à la nature multiculturelle de la France. Ce courant « républicain de gauche » va progressivement afficher une islamophobie décomplexée au motif de lutter contre les « dérives communautaristes des quartiers » (le réseau d’élus Gauche populaire au PS, Manuel Valls, le Printemps républicain, Henri Peña-Ruiz, etc.).
    La droite et l’extrême droite vont profiter de l’aubaine : elles vont surinvestir la thématique d’une république et d’une laïcité autoritaires. Ce récit va esquisser les contours d’une citoyenneté qui épouse les valeurs autochtones dominantes (l’athéisme et le catholicisme), et rejette toute autre forme d’altérité, surtout quand elle est musulmane.
    Les attentats terroristes contre les dessinateurs de Charlie Hebdo, puis contre Samuel Paty, les controverses sur les caricatures de Mahomet vont définitivement arrimer ce métadiscours républicain à droite. De supposés opposants aux « valeurs républicaines » vont être désignés comme « ennemis de la République ». Plus récemment, la controverse portant sur le soi-disant « islamogauchisme » au sein de l’université française a été orchestrée par plusieurs ministres du gouvernement et relayée par l’extrême droite.
    On le voit, les débats épars sur les « valeurs de la république » structurent aujourd’hui les débats publics ainsi que les représentations idéologiques. Ces discussions posent les bases d’un confusionnisme épais et peu argumenté. Identifier cette problématique permettrait de montrer que les notions de république et de la laïcité, nées à gauche, sont passées à droite avec le concours actif de personnalités de gauche.
    La dynamique confusionniste est une agency
    La notion de confusionnisme, une fois définie, a des vertus heuristiques : elle éclaire des trames et des repositionnements idéologiques insoupçonnés. Il convient maintenant de préciser le modus operandi du confusionnisme. Se livre-t-on, notamment à gauche, au confusionnisme de manière inconsciente et involontaire ou, au contraire, peut-on aussi être confusionniste consciemment et volontairement ?
    Philippe Corcuff est prudent sur ce dernier point. Il n’aborde pas la question en ce qui concerne le confusionnisme de droite, et il ne la tranche pas non plus à propos des motivations propres aux confusionnistes de gauche. Dans les sciences sociales, il est de coutume d’opposer l’agency (« agentivité », c’est-à-dire la capacité d’action d’un individu sur le monde, les choses, les autres personnes, pour les influencer ou les transformer) à une interprétation structurelle (l’environnement social s’impose aux individus et restreint d’autant leur capacité à modeler leur vie de manière consentie et autonome). En réalité, la sociologie (par exemple celle de Pierre Bourdieu) s’intéresse à la fois à l’agency et aux structures.
    Avec l’exemple du glissement des notions de république et de laïcité de la gauche vers la droite, nous avons vu que des acteurs politiques, des journalistes et des intellectuels avaient fait, sciemment, le choix de recouper et de fusionner des thèmes de gauche avec d’autres de droite. Ils ont, ce faisant, objectivement prêté main forte aux forces réactionnaires. D’autres choix et interprétations de la république et de la laïcité étaient possibles.
    C’est ici que la définition du confusionnisme proposée par Philippe Corcuff (citée supra) pourrait être davantage précisée (la partie en italique est mon ajout) : « Le confusionnisme est le nom actuel d’une désagrégation relative des repères politiques antérieurement stabilisés autour du clivage gauche/droite et du développement de passerelles discursives entre extrême droite, droite gauche modérée et gauche radicale. Confusionnisme, au sens retenu ici, n’est donc pas synonyme de “confusion”, mais revêt un sens politico-idéologique précis. La trame confusionniste est construite, consciemment ou pas, par des agents qui se positionnent à droite et à gauche du champ politique. En recoupant et fusionnant des idées de gauche et de droite, ces agents (qu’ils soient de droite ou de gauche) créent des schèmes de pensée hybrides dont le centre de gravité penche à droite ou à l’extrême droite. »
    La tolérance du confusionnisme à gauche : un fait nouveau
    En définitive, étudier le confusionnisme, tel qu’il a été défini en rapport aux travaux de Philippe Corcuff, c’est jeter une lumière crue sur l’état intellectuel de la gauche française. On peut multiplier à l’infini les exemples de situations confusionnistes, en comparant directement des agents de droite et de gauche aux trajectoires très différentes. L’exercice est utile car il constitue une banque de données très riche. Il n’est cependant pas suffisant d’un point de vue heuristique. Quelles conclusions tirer, en fin de compte, de l’objectivation de tant de situations confusionnistes ?
    Une approche thématique (la république, l’hypercritique anticapitaliste, la promotion du cadre national vs. le cadre international, universalisme vs. multiculturalisme, l’islamophobie et l’antisémitisme, etc.), semble offrir des cadres de réflexion clairs et tangibles. Elle permet surtout de constater que le confusionnisme est un phénomène qui touche profondément la gauche et lui pose problème.
    Que la droite et l’extrême droite soient confusionnistes n’est pas une surprise. Le confusionnisme est même consubstantiel à des traditions politiques souvent faibles et mouvantes sur le plan idéologique. De tout temps, la droite a tenté de s’approprier des auteurs de gauche (Marx, Gramsci, Jaurès), afin d’en dévoyer le message égalitaire et émancipateur.
    Ce qui, par contre, est nouveau, c’est l’acceptation résignée du confusionnisme ou, à tout le moins, le refus de reconnaître l’existence du confusionnisme à gauche. Celui-ci existait déjà dans les années 1930 et 1940. Mais les confusionnistes d’alors (le socialiste Marcel Déat ou le communiste Jacques Doriot) furent exclus de leur parti pour avoir tenté d’orienter le combat révolutionnaire de la classe ouvrière vers les thématiques fascistes de l’époque. D’une certaine manière, le danger d’un effondrement de tout ou partie des schèmes et valeurs de la gauche est plus élevé aujourd’hui que dans l’entre-deux guerres. Dans les années 1930, le mouvement ouvrier reposait sur des forces partisanes fortement mobilisées qui se référaient à un corpus idéologique homogène. Ce n’est plus le cas aujourd’hui.
    La volumineuse étude de Philippe Corcuff, qui a inspiré l’objectivation de la notion de « confusionnisme politique », laisse entrevoir la décomposition idéologique de la gauche française. Les idéologies politiques sont en évolution constante. Certaines des valeurs propres à une idéologie sont, au fil du temps, critiquées, écartées ou réagencées. C’est le cas, notamment, des idées socialiste et communiste depuis plus d’un siècle. Mais une idéologie a une élasticité limitée : si les valeurs périphériques d’une idéologie peuvent être transformées, on ne saurait remettre en cause ses valeurs cardinales (core values). Que deviendrait le socialisme si on lui retirait la valeur d’égalité ? Le libéralisme devenu indifférent aux libertés pourrait-il continuer d’exister ? En réalité, non.
    À force de bricolages confusionnistes divers, la gauche pourrait, sans le vouloir, renier ses valeurs fondamentales, et cesser ainsi d’être la gauche. C’est une bonne raison pour prendre au sérieux la notion de « confusionnisme politique », ainsi que ses conséquences.
    Philippe Marlière
    Politiste, Professeur de science politique à University College London

    [1] Comme l’explique Philippe Corcuff dans un article publié le 10 mars 2021 dans AOC, « La grande confusion ou les gauches dans le brouillard ».
    [2] Michel Foucault, L’archéologie du savoir, Paris, Gallimard, 1969. 

    http://ovh.to/AHFjgYN

  • Réflexions plus ou moins stratégiques autour de la dernière interview de Fouché, que l’on peut lire ici https://seenthis.net/messages/926852

    J’avais commencé en commentaire dessous, tellement ça m’a sauté aux yeux en lisant, mais c’est devenu un peu long et je ne voudrais pas le perdre.

    Première phrase fausse dès le départ : ce n’est pas « être contre Macron » qui lui coûte son poste mais bien proférer des affirmations pseudo-scientifiques, « mon bon sens près de chez vous », appuyé par aucunes études sérieuses qui auraient été relues et validées par des collègues (et non par Macron). Quand un médecin fait preuve de charlatanisme, il est normal qu’il y a des plaintes et des enquêtes contre lui.

    Il me semble vraiment que le plus important dans toute cette interview ne sont pas du tout les affirmations fausses qu’il continuerait de propager et qui pourraient être prises une par une pour les contredire, mais la mécanique de défense qu’il met en place avec d’autres : une inversion totale des chefs d’accusation, et de la charge de la preuve :
    – dire que ce sont les autres qui font de la pseudoscience
    – dire que ce sont les autres qui sont des sophistes
    – utiliser les quelques scandales connus d’ingérence dans les publications scientifiques pour invalider alors toutes les publications scientifiques, pour invalider au final le principe même des études lues et relues par des pairs
    – sous le vocabulaire des mots récents (big data, etc), invalider le principe même du métier de statisticien, qui donnent une vision globale à l’échelle de grands territoires, et dire alors que tout ça c’est faux et que « vous et moi » on est plus à même de saisir la vérité de ce qui se passe : typiquement « le bon sens près de chez vous » : l’inverse de l’épidémiologie et la gestion de la santé publique à l’échelle d’un territoire
    – ce qui aboutit à un raisonnement circulaire : ce sont les autres qui font de la pseudoscience, mais la définition actuelle de ce qu’est la méthode scientifique rigoureuse est dénoncée comme étant entièrement de la malversation, mais du coup comment on distingue que lui ferait de la bonne science ? => parce que les autres n’en font pas et sont méchants… sans aucune définition permettant de discriminer. Et pourtant la personne qui interviewe pose, avec justesse pour le coup, la question « mais du coup qui croire ? », et là il ne répond bien sûr pas du tout à la question et s’en sort par une feinte en posant d’autres questions. Plus loin il dit aussi « Information elle même basée sur une science impeccable. » sans jamais définir comment on discrimine où est la vraie science impeccable !
    – le plus grotesque (et plus c’est gros plus ça passe), dénoncer alors que ce sont les autres qui attendent un « sauveur extérieur » pour apporter « la démocratie, la santé », etc ! Alors que c’est LUI et son mouvement qui a mis en scène Raoult et la chloroquine comme homme fort qui allait tout sauver et qui avait raison seul contre tous (la définition même du sauveur chevaleresque) !
    – mâtiner stratégiquement tout ça de brossage dans le sens du poil des écolos-alternatifs avec des intérêts légitimes pour une meilleure alimentation, une meilleure agriculture ("permaculture"), et des critiques contre le transhumanisme : toute cette partie là provient très clairement des connexions qui se sont faites depuis un an entre son mouvement et les influenceurs bien-être/santé « naturelle » (genre casasnovas, etc), ainsi que les mouvements critique techno qui se sont laissés avoir

    Je retrouve désormais cette mécanique de défense chez toutes mes connaissances anti-sanitaires dans les réseaux sociaux. Et il est extrêmement difficile de répondre à tout ça car justement à la base, en tant que gauchistes patentés, on est aussi critique de l’État, critique des médias dominants, critique de l’agriculture industrielle, critique du transhumanisme, etc, etc.

    Je crois qu’il y a vraiment un truc important qui se joue là, et qui n’est pas qu’événementiel, qui va infuser dans la société pour de nombreuses années à venir. Et il faut qu’on ait les armes, à la fois en arguments factuels mais aussi sur la manière de répondre (entretien motivationnel, etc), pour se battre contre ce type de discours.

    Personnellement je suis assez démuni quand je reçois des messages gloubiboulga de mille feuille argumentatif mélangeant opportunément des vraies choses avec des sophismes, comment désamorcer cette merde chez celleux qui recopient tout ça « sincèrement » c’est-à-dire qui ne sont pas dans les créateurs de ces discours, dans ceux qui en profitent (pour l’argent, pour la gloire, etc) ?

    Et je ne pense vraiment pas qu’on puisse dire « laisse tomber on ne les convaincra jamais ceux là » car ce n’est pas une minorité qui reste dans sa bulle : c’est vraiment des discours mais surtout des modes de pensée qui se diffusent à grande échelle dans la société depuis une bonne quinzaine d’années (11 sept, et en France surtout le dieudo-soralisme, qui s’est très vite lié aux mouvements santé naturelle, école alter, etc), et Fouché le dit lui-même explicitement : ça ne se joue pas dans les manifs, mais bien en continu, dans des mouvements locaux + sur internet.

    Il faut vraiment s’organiser bien plus sérieusement contre ça, j’en suis encore plus persuadé qu’avant (et c’était déjà le cas car ça fait plus de 10 ans que je suis un peu toutes ces mouvances quand même). Mais comment, c’est une question ouverte…

    #complotisme #confusionnisme #pseudoscience #pseudo-science #anti-sanitaire #anti-masque #antivax #anti-vaccin #mouvements_sociaux #internet #stratégie #argumentation

    • Et pourtant la personne qui interviewe pose, avec justesse pour le coup, la question « mais du coup qui croire ? », et là il ne répond bien sûr pas du tout à la question...

      Et la suite de la question est :

      Les gens n’ont-ils pas besoin qu’on leur dise ce qu’ils doivent penser ?

      Je crois que le fond de toute cette affaire de « complotisme », c’est le contraire : les gens déjà passablement dépossédés de tout pouvoir sur leur vie, vont chercher et trouver sur internet ce qui les conforte dans leur sentiment de dépossession et d’impuissance. Les Fouchés et Réinfo-covid sont là pour ça. Et en face, le gouvernement et les z’autorités établies. Et en dehors de ça, le néant (ou presque).

      Bienvenue dans la nuit noire de l’oubli...

    • Quelque chose me frappe dans l’attitude de beaucoup de gens de gauche durant cette crise sanitaire. Je n’essaierai pas d’établir s’ils ont tort ou raison sur le plan scientifique - on ne le saura sans doute qu’a posteriori et ce n’est pas la question ici - mais uniquement de m’interroger sur leur éthique, sur leur rapport au pouvoir. Quand tout allait bien pour eux, ils avaient opté pour le rôle du révolté : ils contestaient l’Etat, les puissants, les dominants, se gargarisaient du beau mot de liberté, rêvaient parfois même d’anarchie. C’est ainsi qu’ils étaient par beau temps. Il a suffi que le temps se gâte pour qu’ils nous montrent un tout autre visage.
      Quand je me balade aujourd’hui sur les murs de mes amis de gauche, l’humeur n’est plus la même. Qu’est-ce que j’y vois ? L’union sacrée derrière l’Etat, l’affirmation presque martiale de leur caporalisme, la moralisation (souvent agressive) des récalcitrants, le double aveu d’une trouille et d’une intolérance qui les ont fait progressivement passer du sourire béat du bobo bien nourri à la grimace crispée de la bête traquée prête à mordre. Ils ne parlent plus que de civisme et taxent leurs adversaires d’égoïsme (sans imaginer une seconde que c’est peut-être exactement l’inverse...). Pour eux le temps des grands idéaux est passé, finis la provoc et les chemins de traverse, il s’agit désormais de marcher au pas.
      Cette mutation me sidère et pourtant, lorsque j’y réfléchis, je me dis que tout ça était déjà en germe chez eux depuis plusieurs années, bien avant cette crise. Après tout, n’était-ce pas cette même gauche, déjà si peu libertaire, qui entretenait la paranoïa des « fake news », qui relayait sur son mur les articles de la grande presse sans le moindre recul critique, qui conspuait le populisme et tout ce qui pouvait ressembler de près ou de loin à un mouvement d’opposition sérieux, qui se sentait comme un poisson dans l’eau dans les universités et dans toutes les institutions prescriptrices de la doxa officielle sur tous les sujets ? Oui, c’était déjà cette même gauche.
      La gauche dont je parle n’est même pas une vieille gauche sénile et embourgeoisée, non, c’est une gauche de trentenaires, de classe moyenne, de fonctionnaires, d’enseignants, parfois même d’artistes. Et pourtant, malgré cela, je crois qu’après avoir choisi ce camp-là durant la crise sanitaire ils ne reviendront plus en arrière. Cette fois le cap est franchi, le pli est pris : ils seront dorénavant toujours, et en toutes circonstances, du côté de l’ordre et de la sécurité.
      Ça tient à peu de chose les idéaux, c’est bien fragile. Il a suffi, juste une fois dans leur vie, qu’ils aient #peur.

      https://www.facebook.com/david.lepee/posts/10225580646403489

    • les gens déjà passablement dépossédés de tout pouvoir sur leur vie, vont chercher et trouver sur internet ce qui les conforte dans leur sentiment de dépossession et d’impuissance. Les Fouchés et Réinfo-covid sont là pour ça. Et en face, le gouvernement et les z’autorités établies.

      Je suis plutôt d’accord avec ça, mais c’est très exactement le problème : ce manichéisme bidon, qui fait qu’on ne pourrait pas être à la fois contre le gouvernement qui a fait n’importe quoi (et pas du tout parce qu’il aurait fait trop et qu’il aurait été trop méchant avec « la libertay »)(des individualistes libéraux) ET contre l’irrationnel, la « quête de sens » à tout prix même si totalement illogique et basé sur aucune connaissance, doublé d’une perte historique de l’esprit de solidarité (solidarité intergénérationnelle, solidarité envers les classes plus démunis, solidarité internationale : ces trois solidarités là au moins militent pour mettre en place collectivement des mesures sanitaires pour se protéger les uns les autres, et non pour crier à sa liberté individuelle).

      Quant au deuxième message, ça ne me fait pas super plaisir, doux euphémisme, qu’on copie un commentaire d’un énorme réac rédacteur dans deux revues d’Alain de Benoist (Krisis et Éléments), et qui passe 99% de son mur FB à citer Boulevard Voltaire, Causeur ou Valeurs actuelles, sous un texte où je dis justement qu’on devrait réussir à être à la fois contre l’État, mais pas à la mode libertarien, tout en n’étant ni complotiste irrationnel, ni côte à côte voire avec les fachos (mais ça va souvent ensemble). Et que ce soit toi qui cite ça est peut-être d’autant plus triste… :(

      Le fait que de nombreuses personnes gauchistes/anars, à l’inverse total de ce que dit ce con (qui parle surtout des « bobos-écolos-socialos » dans son idée je crois), relaient surtout des arguments proches voire carrément les mêmes que Fouché&co, donc non pas anti-passe mais bien anti-sanitaire, avec un négationnisme de la gravité et logiquement en conséquence une minimisation voire négation complète des choses qu’on peut faire ensemble, et qui défilent côte à côte avec des fachos purs et durs, ratonneurs, antisémites, etc, et au milieu de pancartes délirantes de complotisme, bah tout ça fait carrément partie du problème.

    • Je trouve que c’est bien vu quand même, ce qui est dit dans mon second post.

      Les réactionnaires ne sont pas tous automatiquement que des imbéciles, ils peuvent parfois voir mieux certaines choses (px Chesterton à propos de l’eugénisme) que les progressistes qui ont souvent une tendance spontanée à nager dans le sens du courant (le Progrès et la Modernisation à tout prix...)

      Je cite mes sources, histoire de ne pas faire croire que c’est moi qui l’ait écrit.

  • Le passe sanitaire sera valide avec un test de moins de 72 heures à partir de lundi
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/08/08/passe-sanitaire-olivier-veran-annonce-des-assouplissements_6090876_3244.html

    Le ministre de la santé, Olivier Véran, avait annoncé, dans un entretien au Parisien dimanche, que, désormais, un dépistage négatif serait « valide soixante-douze heures et non plus quarante-huit heures pour les non-vaccinés » . Autre assouplissement : « il sera possible d’effectuer des autotests supervisés par un professionnel de santé, en plus des tests antigéniques et PCR. Eux aussi seront valables soixante-douze heures. » Le passe ne sera pas demandé pour une visite chez un médecin généraliste, a rappelé le ministre. En revanche, « dans les hôpitaux, il le sera, mais en aucun cas il ne devra être un frein pour accéder à des soins utiles et urgents », a-t-il dit.

    #passe_sanitaire #tests #logisitique #passe_non_sanitaire #confusionnisme #obscurantisme

  • La tranche d’âge des 10-19 ans à Montpellier atteint maintenant un taux d’incidence de 946. Wow.

    Si le collège de ma gamine était ouvert, avec ses 900 élèves, ça veut dire qu’il y aurait en permanence 8 gamins testés positifs dans l’établissement. Si on prend les effectifs de 3 classes, statistiquement il y a un gamin testé positif. (Et si je suis bien, ce ne sont que les gens réellement testés, cela dans une tranche d’âge beaucoup plus souvent asymptomatique, donc sans doute plus sous-détectée que les tranches plus âgées.)

    Si ça continue comme ça en septembre, ça va être compliqué de laisser les classes ouvertes… Je ne sais pas quelles sont les règles maintenant que c’est le vacances, mais en mars il y avait cette règle :
    https://www.service-public.fr/particuliers/actualites/A14307

    De la maternelle au lycée, l’apparition d’un seul cas confirmé d’un des variants dits « sud-africain » ou « brésilien » parmi les élèves, implique la fermeture de la classe concernée. Il en est de même si l’élève est cas-contact d’un parent ou d’un membre de la fratrie contaminé par un de ces deux variants. Tous les élèves et les professeurs doivent alors se faire tester le jour même.

    Vu que le Delta est encore plus contagieux, je ne vois pas pourquoi cette règle ne s’appliquerait pas. Avec le niveau de circulation actuel, ça nous donnerait chaque classe fermée une semaine sur trois. Je sens qu’au ministère Blanquer, on va encore nous faire dans l’épidémiologie créative…

    Les 20-29 sont maintenant à 1416. Ça va encore pas être triste, le présentiel à la fac… (Chaque fois que tu as 70 jeunes réunis, tu as statistiquement un testé positif dans le lot. Combien de jeunes contagieux non détectés ?)

    À Perpignan les 10-19 sont à 1200. Un gamin testé positif à chaque fois que tu as 83 gamins. Les 20-29 sont à 1918 : quand tu réunis 52 jeunes, tu as un testé positif (et à nouveau : combien de non détectés parce qu’asymptomatiques et non testés). C’est assez simple, du coup : tu fais un soirée bien arrosée avec quelques dizaines de jeunes dans un bar, et c’est un miracle si à la fin de la soirée tu n’as pas un cluster.

    • Les 20-29 sont maintenant à 1416. Ça va encore pas être triste, le présentiel à la fac… (Chaque fois que tu as 70 jeunes réunis, tu as statistiquement un testé positif dans le lot. Combien de jeunes contagieux non détectés ?)

      Je ne te l’envoie pas dire... Et les conséquences sur la réussite des étudiant⋅e⋅s

      Quand je vois le carnage cette année là où j’enseigne (une vingtaine d’abandons en première année, sur une promo de 60 en IUT, du jamais vu !), j’ose pas imaginer ce que ça va être, surtout combiné à la mise en place d’une réforme du diplôme de merde (mais c’est un autre sujet), appliquée à des étudiant⋅e⋅s cobayes d’un nouveau bac issu d’une réforme de merde.

    • Y’avait qu’à demander : aujourd’hui Blanquer nous sort donc son génial plan de sécurisation des écoles :
      https://www.education.gouv.fr/annee-scolaire-2021-2022-protocole-sanitaire-et-mesures-de-fonctionne

      La seule nouveauté par rapport à l’ancien, pour éviter qu’on ferme les classes à tout bout de champ, ce n’est pas d’éviter que les gamins se contaminent, c’est évidemment de réduire la sécurité des enfants : les vaccinés resteront en classe dans tous les cas.

      Et évidemment, pour les capteurs de CO2, c’est toujours en mode démerdentiel :

      Il est recommandé d’équiper les écoles et établissements scolaires de capteurs mobiles

      Pour les filtres HEPA, c’est en mode tu ouvres la fenêtre si tu peux. Juste une mention d’une hypothétique « ventilation » :

      Lorsque le renouvellement de l’air est assuré par une ventilation, son bon fonctionnement doit être vérifié et son entretien régulier doit être réalisé.

      Donc pas d’obligation, pas de financement (y’a plus de fric, ils l’ont donné aux flics), juste tu te débrouilles. (Évidemment, puisque c’est juste « recommandé », si j’insiste auprès du collège pour qu’on finance ces choses, ils pourront m’envoyer chier à leur bon vouloir.)
      Le document « Repères » ne comporte aucune mention du terme « filtration » ou juste « filtre » :
      https://www.education.gouv.fr/media/91520/download
      (rappel : le ministre se méfie de cette diablerie).

      (Et évidemment il n’explique pas comment on va gérer des classes hybrides. Dans le collège de ma gamine, la visio en période de confinement c’était au bon vouloir de chaque enseignant – donc généralement pas de visio – alors la classe à la fois en présentiel et en distanciel, ce n’est plus du démerdenticiel : ça relève du miraclenciel.)

      (À noter aussi : ce matin dans ma radio, une syndicaliste avec un discours extrêmement critique sur ces mesures – ou absence de –, tout en prenant soin de rappeler régulièrement l’importance du vaccin pour tous.)

    • Le Monde souligne en une par des guillemets une belle formule de JMB

      Au collège et au lycée, seuls les élèves non vaccinés seront « évincés » s’il y a un cas de Covid dans leur classe, a fait savoir le ministre de l’éducation nationale mercredi.

      Faut-il y voir un « tri » assumé entre adolescents vaccinés et non vaccinés ? Ce fonctionnement va en tout cas poser la question de la communication aux établissements du statut vaccinal des élèves.

      « Nous sommes dans une logique très rationnelle, a défendu M. Blanquer. Quand vous êtes vacciné, vous ne risquez pas de continuer à contaminer les autres. (…) Ma boussole est de maintenir les écoles ouvertes (…) et de faire en sorte que les enfants et les adolescents de France aillent au maximum à l’école. »

      https://www.lemonde.fr/societe/article/2021/07/28/covid-19-jean-michel-blanquer-envisage-quatre-scenarios-pour-la-rentree_6089

      Castex avait lui aussi raconté des bobards sur l’efficacité des #vaccins (on nous joue la carte potion magique et #panacée, comme Raoult et tous les autres). La méfiance est distillée à chaque occasion. On se fait l’opposition dont on a besoin. Et on pointera l’irresponsabilité de covidés irrationnels pour mieux occulter la politique criminelle du gouvernement.

      Edit les personnes ayant reçu deux doses "n’ont plus de chance d’attraper la maladie", Jean Castex, 13 juillet, TF1
      https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/coronavirus/vaccin/vrai-ou-fake-vaccins-contre-le-covid-19-jean-castex-a-t-il-raison-d-aff

      #in_retrospect #fake_news #confusionnisme #école #obscurantisme

    • En fait, le terme « évincer » est très officiellement dans le document publié ce matin :

      Dans les collèges et les lycées, un protocole de contact-tracing renforcé sera mis en œuvre pour identifier les élèves ayant eu des contacts à risque avec un cas positif et les évincer des établissements durant 7 jours (à l’exception de ceux justifiant d’une vaccination complète).

      Je pense moi aussi que ces gens font exprès.

      Ici on va avoir un petit scandale (légitime) sur le mot « évincer » lui-même, on va pouvoir monter en épingle la réaction des anti-trucs…, on va avoir des checknews sur le thème « Non, le ministre n’a pas dit qu’il fallait “génocider” les non vaccinés », et ne surtout pas aborder le fond : le fait que le « nouveau protocole » est encore moins protecteur que le précédent (puisque scientifiquement mensonger), au moment où on a une contagiosité infiniment plus grande et que les jeunes de 10-19 sont clairement massivement touchés.

    • Avec des lieux publics ou des établissements scolaires réservés aux personnes vaccinées, vous ne craignez pas d’ajouter encore une couche de discrimination sociale ?

      Alain Fischer, président du conseil d’orientation de la stratégie vaccinale : Pour les établissements scolaires, ça me semble exclu : on ne peut pas rejeter un enfant au motif qu’il n’est pas vacciné. Ça relève du droit élémentaire à l’éducation et du minimum obligatoire de vie commune. Mais pour les activités socioculturelles ou sportives, j’y suis favorable. En vérité, je ne crains pas les risques de société à deux vitesses : je crois sincèrement que le caractère incitatif va l’emporter.

      Alain Fischer : « L’idée que le virus pourrait circuler chez les jeunes sans conséquence pour le reste de la société est un leurre »
      https://justpaste.it/6sucs

      avec aussi : #pathologies_chroniques #surpoids #immunodéprimés (200 000, non protégés par deux doses...)

    • J’ai trouvé sur internet un article complémentaire
      Mélanie Heard : « Protéger les jeunes doit compter au rang des premières urgences face au variant Delta »
      https://justpaste.it/7m15k

      Enfin, les connaissances ont aussi progressé sur l’impact du Covid-19 chez les enfants : si les syndromes inflammatoires aigus et les hospitalisations représentent de faibles proportions parmi les infectés (environ 100 fois moins que pour les adultes), leur nombre deviendra rapidement inquiétant si le dénominateur se compte en dizaine de milliers. En outre, les symptômes persistants post-infection, ou #Covid_long, concernent les mineurs comme les adultes : fatigue chronique, maux de tête ou difficultés à se concentrer durant plusieurs mois pourraient concerner un cas sur 20 selon les données de l’Office national de statistiques britannique – soit potentiellement 2 500 nouveaux enfants chaque jour au pic de la quatrième vague.

      #enfants #jeunes

    • #éviction est le terme consacré dans la production administrative de l’Éducation nationale ou, en l’espèce, l’Assurance maladie :

      L’éviction de la collectivité est réservée à 11 pathologies seulement
      L’éviction de la collectivité est une obligation réglementaire pour certaines pathologies. Ces dernières sont peu nombreuses :
      > L’angine à streptocoque
      > La coqueluche
      > L’hépatite A
      > L’impétigo (lorsque les lésions sont étendues)
      > Les infections invasives à méningocoque
      > Les oreillons
      > La rougeole
      > La scarlatine
      > La tuberculose
      > La gastro-entérite à Escherichia coli
      > La gastro-entérite à Shigelles

      Collectivités de jeunes enfants et maladies infectieuses – Guide pratique (p. 9)
      https://solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/collectivites-maladies-infectieuses_assurance-maladie.pdf
      (document de novembre 2006)

  • Pandémie, vaccin, pass sanitaire : pour une position révolutionnaire
    https://archive.org/details/pandemie-revolutionaire

    Pandémie, vaccin, pass sanitaire : pour une position révolutionnaire

    Acta. 25 juillet 2021

    Face à l’ampleur des polarisations actuelles – souvent réduites à des conflits entre « pro » et « anti » vax – il est bien difficile d’adopter une position politique claire. D’un côté, une défiance importante contre le pass sanitaire et l’obligation à demi-mot de la vaccination se répand, entraînant des milliers de personnes dans les rues partout en France, comme ce fut le cas hier. De l’autre, une position de méfiance d’une partie de la gauche radicale envers ces mobilisations, qui la pousse au retrait, aux motifs indéniables qu’une partie de l’extrême-droite est à l’avant-garde des mobilisations contre la généralisation vaccinale ou encore que le confusionnisme, à tendance négationniste, traverse certains discours et symboles promus, en particulier les analogies avec la Shoah ou l’apartheid.

    Si dans ces rassemblements, le fond de l’air paraît plus bleu (bien foncé) que rouge, le non-interventionnisme – qui se déploie dans une partie de la gauche radicale – sur les problématiques fondamentales de la surveillance de masse et de toutes les conséquences induites par la nouvelle mesure gouvernementale a de quoi interroger. Tout particulièrement à moins d’un an des élections présidentielles et des promesses de l’ombre qu’elles nous font déjà.
    /.../

    Lire la suite, enrichie de liens et d’un enregistrement de témoignages de manifestant-e-s : https://acta.zone/pandemie-vaccin-pass-sanitaire-pour-une-position-revolutionnaire

    Lecture audio : @karacole
    Photo : @val_k / ValK.
    Cœur de grenadille dégoupillée.
    Nantes, 20 mai 2021.

    ¤ autres photos : vu.fr/valkphotos
    (i) infos : twitter.com/valkphotos
    ¿ audios : frama.link/karacole
    ☆ oripeaux : frama.link/kolavalk
    ◇ rdv locaux : 44.demosphere.net
    ♤ me soutenir : liberapay.com/ValK

    #audio/opensource_audio #pandemie #covid #covid_19 #gauche #mobilisation #crise_sanitaire #crise_identitaire #confusionnisme #bases_ethiques

  • Charlie Hebdo s’ancre à l’extrême droite :
    https://web.archive.org/web/20210603103820/https://charliehebdo.fr/2021/06/politique/bientot-une-statue-pour-marine-le-pen

    On peut se demander si la séduction qu’exerce Marine Le Pen sur les jeunes, et même sur des électeurs de gauche, ne trouve pas son explication dans un rejet de cette injonction d’adhérer systématiquement aux idées dites « progressistes », sans qu’aucun débat ni aucune critique ne soient possibles. La popularité grandissante de Marine Le Pen n’est pas due uniquement aux questions d’immigration et d’insécurité. Elle est aussi probablement alimentée par le ras-le-bol d’un progressisme primaire et simpliste qui n’a rien à voir avec le progrès, mais davantage avec le sectarisme. Le paradoxe est que le parti extrémiste de #Marine_Le_Pen va se présenter en rempart contre un autre extrémisme qui, cette fois, ne vient pas de la droite, mais d’une gauche pseudo-progressiste.

    #Charlie_Hebdo #Extrême_droite

  • #Frédérique_Vidal annonce vouloir demander une #enquête au #CNRS sur l’#islamogauchisme à l’#université

    Sur le plateau de Jean-Pierre Elkabbach dimanche 14 février, la ministre de la recherche et de l’#enseignement_supérieur, Frédérique Vidal, a fustigé, dans un flou le plus total et pendant 4 minutes 30 secondes, des chercheurs et chercheuses soupçonné·e·s d’islamogauchisme et a annoncé la commande au CNRS d’une enquête « sur l’ensemble des courants de recherche sur ces sujets dans l’université de manière à ce qu’on puisse distinguer de ce qui relève de la #recherche_académique de ce qui relève justement du #militantisme et de l’#opinion. »

    L’entame du sujet annonçait déjà la couleur : « Moi, je pense que l’#islamo-gauchisme gangrène la société dans son ensemble et que l’université n’est pas imperméable et fait partie de la société » affirme Frédérique Vidal.

    Puis la ministre de la recherche continue tout de go, sans s’appuyer sur aucune étude scientifique ni même quoi que ce soit qui pourrait prouver ce qu’elle dit :

    « Ce qu’on observe à l’université, c’est que des gens peuvent utiliser leurs titres et l’aura qu’ils ont. Ils sont minoritaires et certains le font pour porter des #idées_radicales ou des #idées_militantes de l’islamogauchisme en regardant toujours tout par le prisme de leur volonté de #diviser, de #fracturer, de #désigner_l’ennemi, etc… »

    Mélange entre #biologie et #sociologie

    Pour se prévaloir implicitement de son titre d’enseignante-chercheuse, la ministre effectue un mélange erroné entre biologie et sociologie en affirmant :

    « En biologie, on sait depuis bien longtemps qu’il n’y a qu’une espèce humaine et qu’il n’y a pas de #race et vous voyez à quel point je suis tranquille sur ce sujet là. »

    Cette phrase est censée répondre à des chercheur·euse·s en #SHS qui ont fait le constat, non de l’existence de races humaines biologiques, mais de l’existence de #discriminations liées à des races perçues par la société.

    #Confusionnisme sur les #libertés_académiques

    La ministre continue ensuite un discours confusionniste en faisant croire que les chercheur·euse·s revendiquent le droit de chercher contre leurs collègues :

    « Dans les universités, il y a une réaction de tout le milieu académique qui revendique le #droit_de_chercher, d’approfondir les connaissances librement et c’est nécessaire »

    La plupart des chercheur·euse·s qui revendiquent ce droit, le font surtout en s’opposant à la droite sénatoriale qui voulait profiter de la Loi Recherche pour restreindre les libertés académiques (https://www.soundofscience.fr/2517) et à l’alliance LR/LREM lors de la commission paritaire de cette même loi qui a voulu pénaliser les mouvements étudiants (https://www.soundofscience.fr/2529), empêchée, au dernier moment, par le Conseil constitutionnel.

    La ministre Frédérique Vidal semble faire un virage à 180° par rapport à sa position définie dans sa tribune publiée en octobre dernier par l’Opinion et titrée « L’université n’est pas un lieu d’encouragement ou d’expression du #fanatisme » (https://www.lopinion.fr/edition/politique/l-universite-n-est-pas-lieu-d-encouragement-d-expression-fanatisme-227464). Cette #contradiction entre deux positions de la ministre à trois mois et demi d’intervalle explique peut-être le confusionnisme qu’elle instaure dans son discours.

    Alliance entre #Mao_Zedong et l’#Ayatollah_Khomeini

    Mais ce n’est pas fini. #Jean-Pierre_Elkabbach, avec l’aplomb que chacun lui connaît depuis des décennies, affirme tranquillement, toujours sans aucune démarche scientifique :

    « Il y a une sorte d’alliance, si je puis dire, entre #Mao Zedong et l’Ayatollah #Khomeini »

    Loin d’être choquée par une telle comparaison, Frédérique Vidal acquiesce avec un sourire :

    « Mais vous avez raison. Mais c’est bien pour ça qu’à chaque fois qu’un incident se produit, il est sanctionné, à chaque fois que quelque chose est empêché, c’est reprogrammé mais je crois que l’immense majorité des universitaires sont conscients de cela et luttent contre cela. »

    C’est dans ce contexte là, que la ministre déclare :

    « On ne peut pas interdire toute approche critique à l’université. Moi c’est ça que je vais évidemment défendre et c’est pour ça que je vais demander notamment au CNRS de faire une enquête sur l’ensemble des #courants_de_recherche sur ces sujets dans l’université de manière à ce qu’on puisse distinguer de ce qui relève de la #recherche_académique de ce qui relève justement du militantisme et de l’opinion. »

    La suite du passage n’est qu’accusations d’utilisations de titres universitaires non adéquates, ce que la ministre ne s’est pourtant pas privée de faire quelques minutes plus tôt et accusations de tentatives de #censure.

    La ministre finit sa diatribe en appelant à défendre un « #principe_de_la_République » jamais clairement défini et proclame un curieux triptyque « #Danger, #vigilance et #action » qui ne ressemble pas vraiment au Républicain « Liberté, égalité, fraternité ».

    https://www.soundofscience.fr/2648
    #Vidal #ESR #facs #France #séparatisme

    –---

    Fil de discussion sur ce fameux « séparatisme » :
    https://seenthis.net/messages/884291

    Et l’origine dans la bouche de #Emmanuel_Macron (juin 2020) et #Marion_Maréchal-Le_Pen (janvier 2020) :
    https://seenthis.net/messages/884291
    #Macron #Marion_Maréchal

    • Quand ta ministre te fout tellement la honte que tu dois lui dire gentiment :

      Du jamais vu : répondant à la ministre de l’enseignement supérieur, la Conférence des présidents d’université « fait part de sa stupeur face à une nouvelle polémique stérile » et invite « à sortir des représentations caricaturales et des arguties de café du commerce » !

    • Comme le faisait justement remarquer un syndicaliste (entendu à la radio) le terme « islamo-gauchisme » est construit sur le même modèle que le « judéo-bolchévisme » de l’entre deux guerre.
      Avec le résultat qu’on connait...

    • Je n’ai plus de ministre
      https://academia.hypotheses.org/31026

      Après le président de la République, après plusieurs autres ministres, c’est notre ministre de tutelle, Frédérique Vidal, qui a repris à son compte la rhétorique de l’« islamo gauchisme » en déclarant notamment « Moi, je pense que l’islamo-gauchisme gangrène la société dans son ensemble et que l’université n’est pas imperméable et fait partie de la société » et en annonçant commissionner une enquête du CNRS sur les pratiques universitaires.

      Ces déclarations sont extrêmement graves et forment une attaque frontale non seulement contre les libertés universitaires qui garantissent l’indépendance de la recherche au pouvoir politique, mais aussi contre toutes celles et ceux qui à l’université et ailleurs mettent leur énergie à rendre la société meilleure : plus juste, plus inclusive, moins discriminante, où tous et toutes ses membres ont place égale. L’« islamo gauchisme » est un mot dont le flou est une fonction. Côté pile, face une demande de définition (dont on notera l’absence chez madame la ministre) on trouvera un contour restreint, qui se veut repoussoir, et dont on aura bien du mal à trouver des signes tangible. Mais côté face, en utilisant le mot on convoque sans avoir besoin de l’expliciter un grand nombre d’idées et d’actions qui se retrouvent stigmatisées. Là où des chercheurs et chercheuses révèlent des discriminations et leur mécanisme de racialisation, c’est-à-dire d’assignation d’autrui à une race qui n’existe que dans l’esprit de ceux qui discriminent ; là où des militantes et militants dénoncent ces discriminations, les documentent, les exposent ; on les désigne comme nouveaux racistes ou « obsédés de la race ».

      Ainsi le gouvernement espère-t-il sans doute protéger son action des critiques virulentes qu’elle appelle. Déclare-t-on ne pas voir le problème si des femmes choisissent de s’habiller d’une façon ou d’une autre pour suivre leurs cours à l’université, y compris la tête couverte d’un foulard ? Islamo gauchisme. Déclare-t-on qu’il faut se préoccuper d’une très faible représentation des femmes et des personnes racisées aux postes titulaires de recherche et d’enseignement, alors que le jury d’admission du CNRS déclasse l’une de ces personnes trois fois en désavouant le jury d’admissibilité ? Islamo gauchisme. Dénonce-t-on la destruction illégale des tentes de migrants par les forces de l’ordre ? Islamo gauchisme.

      Madame la ministre, j’avais beaucoup à critiquer dans vos actions, vos inaction, vos discours et vos non-dits. Vous avez choisi d’achever de démontrer publiquement que vous n’êtes pas là pour servir les universités, leurs étudiantes et étudiants, leur personnel, mais pour servir votre carrière, quitte à l’adosser à un projet politique mortifère. Je ne vous reconnais aujourd’hui plus comme ma ministre, Madame Vidal. Je ne me sens plus lié par vos écrits. Vous avez rompu le lien de confiance qui doit lier une ministre aux agents et usagers de son ministère. Seule votre démission pourrait encore redonner son sens à la fonction que vous occupez sur le papier.

    • « Danger, vigilance et action ». La Ministre demande à l’Alliance Athena d’actionner le tamis

      Grâce à Martin Clavey, The Sound of Science, nous disposons du verbatim de l’ « interview » de Frédérique Vidal par Jean-Pierre Elkabach le 14 février 2021 sur CNews.

      Frédérique Vidal annonce qu’elle va demander « notamment au CNRS » de faire une enquête sur « l’ensemble des courants de recherche sur ces sujets à l’université, de manière à ce qu’on puisse distinguer ce qui relève de la recherche académique et ce qui relève du militantisme et de l’opinion ».Elle précise aujourd’hui à AEF qu’elle en fait la demande officielle à l’Alliance Athena.Dirigée actuellement par Jean-François Balaudé, président de la commission des moyens de la CPU et président du Campus Condorcet ainsi que par Antoine Petit, président-directeur général du CNRS, et vice-président de l’Alliance depuis le 1er novembre 2016, ce consortium va être chargé de distinguer parmi les « opinions ».

      Dans son interview, Frédérique Vidal annonce son intention de demander une enquête sur « l’ensemble des courants de recherche sur ces sujets à l’université, de manière à ce qu’on puisse distinguer ce qui relève de la recherche académique et ce qui relève du militantisme et de l’opinion ».

      « Ce qu’on peut observer, c’est qu’il y a des gens qui peuvent utiliser leurs titres et l’aura qu’ils ont. Ils sont minoritaires et certains le font pour porter des idées radicales ou militantes. En regardant toujours tout par le prisme de leur volonté de diviser, de fracturer, de désigner l’ennemi ».

      « Quand on s’en sert pour exprimer des opinions ou faire valoir des opinions, en niant le travail de recherche, c’est là qu’il faut le condamner.

      « Il faut être extrêmement ferme, il faut systématiquement parler et que l’université se réveille »

      « Disons-le, quand les gens ne font pas de sciences mais du scientisme », poursuit la Ministre qui a couvert au moins une grave affaire de fraude scientifique.


      *

      Alors que certains entendent distinguer les « sciences critiques » et les « sciences militantes » et que la Ministre commande à des anciens universitaires de trier entre le bon grain et l’ivraie, Academia invite donc ses lecteurs et ses lectrices à relire Max Weber1 dans la traduction précise d’Isabelle Kalinowki :

      De nos jours, il est fréquent que l’on parle d’une « sciences sans présupposés, écrit Max Weber. Une telle science existe-t-elle ? Tout dépend ce que l’on entend par là. Tout travail scientifique présuppose la validité des règles de la logique et de la méthode, ces fondements universels de notre orientation dans le monde. Ces présupposés-là sont les moins problématiques du moins pour la question particulière qui nous occupe. Mais on présuppose aussi que le résultat du travail scientifique est important au sens où il mérite d’être connu. Et c’est de là que découlent, à l’évidence, tous nos problèmes. Car ce présupposé, à son tour, ne peut être démontré par les moyens de la science. On ne peut qu’en interpréter le sens ultime, et il faut le refuser ou l’accepter selon les positions ultimes que l’on adopte à l’égard de la vie
      — Weber, 1917 [2005], p. 36

      Academia, pour sa part, a choisi contre une nouvelle forme de police politique, la protection des libertés académiques.

      https://academia.hypotheses.org/30958

    • #Diffamation à l’encontre d’une profession toute entière ? La Ministre doit partir. Communiqué de la LDH EHESS

      Malgré leur habitude des faux-semblants et du peu d’attention portée à leur profession, les enseignants-chercheurs et enseignantes-chercheures sont confronté.es aujourd’hui à une campagne de #dénigrement sans précédent, désignant en particulier par le terme aussi infâmant qu’imprécis « d’islamo-gauchisme » des établissements ou des disciplines dans leur entier.

      Il serait attendu d’une ministre qu’elle prenne quelque hauteur dans ce débat de plus en plus nauséabond, et qu’elle refuse de reprendre à son compte des notions aussi peu scientifiquement fondées. On attendrait que la responsable de l’enseignement supérieur et de la recherche, elle-même issue de ce milieu, relève avec gratitude la façon dont les enseignant.es universitaires ont en première ligne fait face à la détresse étudiante en cette période de pandémie ; ils n’ont pas démérité en tant que pédagogues, allant même au-delà dans leur rôle d’accompagnement d’étudiant.es par ailleurs largement oubliés.

      Mais, plutôt que de s’intéresser à la crise qui les touche, Mme Frédérique Vidal, sur les ondes d’une chaîne télévisuelle dont un des animateurs a été condamné pour injure et provocation à la haine, répond par l’affirmative lorsque M. Elkabbach décrit les universités françaises, dont elle a la charge, comme étant régies par une sorte d’alliance entre Mao Tsé-Toung et l’ayatollah Khomeini.

      Et elle enchaîne le lendemain en demandant à l’Alliance Athena (qui n’est pas une inspection mais une institution qui coordonne les sciences sociales) « d’enquêter » sur l’islamo-gauchisme et ses « courants » dans le milieu académique.

      Une accusation typique de l’extrême-droite est ainsi reprise une nouvelle fois par une ministre de la République, rassemblant dans une formule ignominieuse un groupe fantasmatique et fantasmé de pseudo-adversaires qui ne sont, en réalité jamais nommés, ou au prix d’approximations grossières amalgamant des concepts mal compris et de noms de collègues ne partageant parfois que peu de choses (si ce n’est les menaces parfois graves que ces accusations font tout à coup tomber sur eux).

      Bref, à ces accusations mensongères faisant courir des risques parfois graves à des fonctionnaires, leur ministre ne trouve à répondre que par de vagues admonestations décousues (selon lesquelles, par exemple, en tant que biologiste elle peut dire que « la race » n’existe pas), et par la réitération des accusations portées à leur encontre. Plus encore, elle en appelle à une sorte de police par et dans les institutions d’enseignement et de recherche, rejoignant de la sorte les interdictions de certaines thématiques (les études sur le genre) dans les universités hongroises, brésiliennes ou roumaines

      Elle se fait ainsi complice de faits de diffamation collective à l’encontre d’une profession toute entière, mais aussi d’une dévalorisation accrue des universités. Elle parvient ainsi, au-delà de ces dégâts dans l’opinion qui ne peuvent qu’accroître le désespoir des étudiantes et des étudiants dont les formations sont ainsi décrites, à confirmer sa décrédibilisation personnelle aux yeux des personnels de l’ESR.

      Un appel à la démission de Frédérique Vidal avait été porté en novembre 2020 par la CP-CNU, représentant l’ensemble des disciplines, après le vote de la loi LPR.

      Plus que jamais, au regard de ces nouvelles dérives dans un contexte de difficultés sans précédent pour l’université et la recherche, sa démission s’impose, tout comme l’abandon de cette prétendue « enquête » non seulement nauséabonde mais déshonorante au regard des difficultés sans précédent dans lesquelles se débat l’ESR. Oui, danger, vigilance et action mais à l’encontre de la Ministre.

      Qu’aucun.e collègue, quel que soit son statut, ne prête main forte à cette campagne de dénonciation.

      https://academia.hypotheses.org/31060

    • Vidal au stade critique. Communiqué de Sauvons l’université !, 17 février 2021

      Sauvons l’université ! avait été la première à monter au créneau lorsque Jean-Michel Blanquer, dans les pas d’Emmanuel Macron et de Marion Maréchal-Le Pen, avait tenu des propos diffamatoires devant les sénateurs et sénatrices. Academia reproduit le communiqué que l’association fait paraître ce jour sur leur site.

      –---

      Ainsi, depuis des mois, par petites touches, se met en place un discours officiel anti-universitaire, sans que jamais la ministre de l’Enseignement supérieur qui devrait être le premier rempart des universitaires contre ces attaques n’ait eu un mot pour les défendre » disions-nous dans notre communiqué du 24 octobre pour dénoncer les propos de Jean-Michel Blanquer devant les sénateurs dans lesquels il dénonçait « des courants islamo-gauchistes très puissants dans les secteurs de l’enseignement supérieur qui commettent des dégâts sur les esprits ».

      Dans une tribune à L’Opinion deux jours plus tard la ministre de l’ESR semblait y répondre du bout des lèvres : « L’université n’est pas un lieu d’encouragement ou d’expression du fanatisme ». Bien.

      Mais depuis, la petite musique est devenue fanfare assourdissante : ainsi, deux députés LR, Julien Aubert et Damien Abad demandaient en novembre une mission d’information de l’Assemblée Nationale sur « les dérives idéologiques dans les établissements d’enseignement supérieur » ; ce même Julien Aubert publiait le 26 novembre 2020 les noms et les comptes Twitter de sept enseignants-chercheurs, nommément ciblés et livrés à la vindicte publique ; cette dénonciation calomnieuse s’ajoutait aux propos tenus par la rédaction du journal Valeurs Actuelles à l’encontre du Président nouvellement élu de l’université Sorbonne Paris Nord ; le ministre de l’intérieur Gérald Darmanin (le 1er février 2021 sur France-Inter) parlait d’idéologie racialiste ; la députée LR Annie Genevard dans le débat sur l’interdiction du voile à l’université dans le cadre de la loi sur le séparatisme (le 3 février 2021) synthétisait tout cela en affirmant que « L’université est traversée par des mouvements puissants et destructeurs […] le décolonialisme, le racialisme, l’indigénisme et l’intersectionnalité ».

      Et le 14 février, la ministre Frédérique Vidal, muette sur l’abandon de l’université et de ses étudiants depuis le début de la pandémie, sonne l’hallali sur une chaîne ouvertement d’extrême droite :

      « Ce qu’on observe à l’université, c’est que des gens peuvent utiliser leurs titres et l’aura qu’ils ont. Ils sont minoritaires et certains le font pour porter des idées radicales ou des idées militantes de l’islamo-gauchisme en regardant toujours tout par le prisme de leur volonté de diviser, de fracturer, de désigner l’ennemi, etc… »

      Et de répondre dans un rire à une question toute en nuance de l’interviewer

      « Il y a une sorte d’alliance, si je puis dire, entre Mao Zedong et l’Ayatollah Khomeini ? » : « Mais vous avez raison ! »

      Tant de bêtise pourrait prêter à rire.

      Mais au milieu d’inepties qui ne témoignent que de sa confusion, Frédérique Vidal conclut, sans crainte de se contredire dans une même phrase :

      « On ne peut pas interdire toute approche critique à l’université. Moi c’est ça que je vais évidemment défendre et c’est pour ça que je vais demander notamment au CNRS de faire une enquête sur l’ensemble des courants de recherche sur ces sujets dans l’université de manière à ce qu’on puisse distinguer de ce qui relève de la recherche académique de ce qui relève justement du militantisme et de l’opinion ».

      Voilà le CNRS transformé en IGPN (Inspection Générale de la Pensée Nationaliste).

      La chasse aux sorcières est donc lancée, cette fois en haut lieu. Elle ne peut qu’encourager le harcèlement, déjà intense sur internet, et assorti à l’occasion de menaces de mort, envers des collègues accusés d’être des « islamogauchistes ». Elle s’inscrit dans une course à l’extrême-droite qui n’est pas isolée dans le gouvernement : il s’agit bien d’un choix politique concerté (voire d’une intervention sur commande ?).

      Retenons, cependant, une phrase de la ministre :

      « Il faut que le monde académique se réveille ».

      Oui, il est grand temps de nous réveiller. Toutes les instances, tous les échelons que comptent l’enseignement supérieur et la recherche doivent désormais ouvertement se prononcer et clamer haut et fort : nous ne pouvons plus reconnaître Frédérique Vidal comme notre ministre, nous refuserons de mettre en place des directives contraires aux principes fondamentaux de l’université.

      https://academia.hypotheses.org/31070

    • L’ « islamogauchisme » n’est pas une réalité scientifique. Communiqué du CNRS, 17 février 2021

      « L’islamogauchisme », slogan politique utilisé dans le débat public, ne correspond à aucune réalité scientifique. Ce terme aux contours mal définis, fait l’objet de nombreuses prises de positions publiques, tribunes ou pétitions, souvent passionnées. Le CNRS condamne avec fermeté celles et ceux qui tentent d’en profiter pour remettre en cause la liberté académique, indispensable à la démarche scientifique et à l’avancée des connaissances, ou stigmatiser certaines communautés scientifiques. Le CNRS condamne, en particulier, les tentatives de délégitimation de différents champs de la recherche, comme les études postcoloniales, les études intersectionnelles ou les travaux sur le terme de « race », ou tout autre champ de la connaissance.

      Concernant les questions sociales, le rôle du CNRS, et plus généralement de la recherche publique, est d’apporter un éclairage scientifique, une expertise collective, s’appuyant sur les résultats de recherches fondamentales, pour permettre à chacun et chacune de se faire une opinion ou de prendre une décision. Cet éclairage doit faire état d’éventuelles controverses scientifiques car elles sont utiles et permettent de progresser, lorsqu’elles sont conduites dans un esprit ouvert et respectueux.

      La polémique actuelle autour de l’ « islamogauchisme », et l’exploitation politique qui en est faite, est emblématique d’une regrettable instrumentalisation de la science. Elle n’est ni la première ni la dernière, elle concerne bien des secteurs au-delà des sciences humaines et des sciences sociales. Or, il y a des voies pour avancer autrement, au fil de l’approfondissement des recherches, de l’explicitation des méthodologies et de la mise à disposition des résultats de recherche. C’est là aussi la mission du CNRS.

      C’est dans cet esprit que le CNRS pourra participer à la production de l’étude souhaitée par la Ministre de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation visant à apporter un éclairage scientifique sur les champs de recherche concernés. Ce travail s’inscrirait dans la continuité de travaux d’expertise déjà menés sur le modèle du rapport « Recherches sur les radicalisations, les formes de violence qui en résultent et la manière dont les sociétés les préviennent et s’en protègent » réalisé en 2016 par l’alliance Athena, qui regroupe l’ensemble des forces académiques en sciences humaines et sociales dans les universités, les écoles et les organismes de recherche, ou du rapport « Les sciences humaines et sociales face à la première vague de la pandémie de Covid-19 – Enjeux et formes de la recherche », réalisé par le CNRS en 2020.

      https://academia.hypotheses.org/31086

    • Non à la #chasse_aux_sorcières ! Communiqué de la #CP-CNU, 17 février 2021

      La CP-CNU demandait la #démission de Vidal dès le 6 novembre 2020 en ces termes

      « Madame Frédérique Vidal ne dispose plus de la #légitimité nécessaire pour parler au nom de la communauté universitaire et pour agir en faveur de l’Université.

      C’est pourquoi, Monsieur le Président de la République, nous vous posons la question de la pertinence du maintien en fonctions de Madame la Ministre dans la mesure où toute communication semble rompue entre elle et la communauté des enseignants-chercheurs. Nous vous prions d’agréer, Monsieur le Président de la République, l’expression de notre respectueuse considération. »

      Les choses étant dites, elles n’ont pas été répété dans le communiqué de 17 février 2021

      https://academia.hypotheses.org/31089

    • Sortir toute armée de la cuisse de Jupiter. Communiqué de l’#Alliance_Athéna, 18 février 2021

      L’alliance thématique nationale des sciences humaines et sociales (#Athéna) est un lieu de concertation et de coopération stratégique entre les universités et les organismes de recherche. Elle a pour mission d’organiser le dialogue entre les acteurs majeurs de la recherche en sciences humaines et sociales, sur des questions stratégiques pour leur développement et leurs relations avec les autres grands domaines scientifiques. L’alliance porte les positions partagées qui émergent de ce dialogue auprès des instances de décision et de financement de la recherche, de niveau national et européen notamment. L’alliance Athéna consacre ainsi exclusivement ses réflexions aux questions de recherche avec pour objectif constant de servir le débat scientifique, de préserver les espaces de controverses et de favoriser la diversité des questions et des méthodes. A cet égard, il n’est pas du ressort de l’alliance Athéna de conduire des études qui ne reposeraient pas sur le respect des règles fondatrices de la pratique scientifique, qui conduiraient à remettre en question la pertinence ou la légitimité de certains champs de recherche, ou à mettre en doute l’intégrité scientifique de certains collègues.

      https://academia.hypotheses.org/31107

    • Heating Up Culture Wars, France to Scour Universities for Ideas That ‘Corrupt Society’

      The government announced an investigation into social science research, broadening attacks on what it sees as destabilizing American influences.

      Stepping up its attacks on social science theories that it says threaten France, the French government announced this week that it would launch an investigation into academic research that it says feeds “Islamo-leftist’’ tendencies that “corrupt society.’’

      News of the investigation immediately caused a fierce backlash among university presidents and scholars, deepening fears of a crackdown on academic freedom — especially on studies of race, gender, post-colonial studies and other fields that the French government says have been imported from American universities and contribute to undermining French society.

      While President Emmanuel Macron and some of his top ministers have spoken out forcefully against what they see as a destabilizing influence from American campuses in recent months, the announcement marked the first time that the government has moved to take action.

      It came as France’s lower house of Parliament passed a draft law against Islamism, an ideology it views as encouraging terrorist attacks, and as Mr. Macron tilts further to the right, anticipating nationalist challenges ahead of elections next year.

      Frédérique Vidal, the minister of higher education, said in Parliament on Tuesday that the state-run National Center for Scientific Research would oversee an investigation into the “totality of research underway in our country,’’ singling out post-colonialism.

      In an earlier television interview, Ms. Vidal said the investigation would focus on “Islamo-leftism’’ — a controversial term embraced by some of Mr. Macron’s leading ministers to accuse left-leaning intellectuals of justifying Islamism and even terrorism.

      “Islamo-leftism corrupts all of society and universities are not impervious,’’ Ms. Vidal said, adding that some scholars were advancing “radical” and “activist” ideas. Referring also to scholars of race and gender, Ms. Vidal accused them of “always looking at everything through the prism of their will to divide, to fracture, to pinpoint the enemy.’’

      France has since early last century defined itself as a secular state devoted to the ideal that all of its citizens are the same under the law, to the extent that the government keeps no statistics on ethnicity and religion.

      A newly diversifying society, and the lasting marginalization of immigrants mostly from its former colonies, has tested those precepts. Calls for greater awareness of discrimination have met opposition from a political establishment that often views them as an invitation to American multiculturalism and as a threat to France’s identity and social cohesion.

      In unusually blunt language, the academic world rejected the government’s accusations. The Conference of University Presidents on Tuesday dismissed “Islamo-leftism’’ as a “pseudo notion” popularized by the far right, chiding the government’s discourse as “talking rubbish.’’

      The National Center for Scientific Research, the state organization that the minister ordered to oversee the investigation, suggested on Wednesday that it would comply, but it said it “firmly condemned” attacks on academic freedom.

      The organization said it “especially condemned attempts to delegitimize different fields of research, like post-colonial studies, intersectional studies and research on race.’’

      Opposition by academics hardened on Thursday, when the association that would actually carry out the investigation, Athéna, put out a sharply worded statement saying that it was not its responsibility to conduct the inquiry.

      The seemingly esoteric fight over social science theories — which has made the front page of at least three of France’s major newspapers in recent days — points to a larger culture war in France that has been punctuated in the past year by mass protests over racism and police violence, competing visions of feminism, and explosive debates over Islam and Islamism.

      It also follows years of attacks, large and small, by Islamist terrorists, that have killed more than 250 French, including in recent months three people at a basilica in Nice and a teacher who was beheaded.

      While the culture war is being played out in the media and in politics, it has its roots in France’s universities. In recent years, a new, more diverse generation of social science scholars has embraced studies of race, gender and post-colonialism as tools to understand a nation that has often been averse to reflect on its history or on subjects like race and racism.

      They have clashed with an older generation of intellectuals who regard these social science theories as American imports — though many of the thinkers behind race, gender and post-colonialism are French or of other nationalities.

      Mr. Macron, who had shown little interest in the issues in the past, has won over many conservatives in recent months by coming down hard against what he has called “certain social science theories entirely imported from the United States.’’

      In a major speech on Islamism last fall, Mr. Macron talked of children or grandchildren of Arab and African immigrants “revisiting their identity through a post-colonial or anticolonial discourse’’ — falling into a trap set by people who use this discourse as a form of “self-hatred’’ nurtured against France.

      In recent months, Mr. Macron has moved further to the right as part of a strategy to draw support from his likely main challenger in next year’s presidential election, Marine Le Pen, the far-right leader. Polls show that Mr. Macron’s edge has shrunk over Ms. Le Pen, who was his main rival in the last election.

      Chloé Morin, a public opinion expert at the Fondation Jean-Jaurès, a Paris-based research group, said that Mr. Macron’s political base has completely shifted to the right and that his minister’s use of the expression Islamo-leftism “speaks to the right-wing electorate.”

      “It has perhaps become one of the most effective terms for discrediting an opponent,” Ms. Morin said.

      Last fall, Mr. Macron’s ministers adopted a favorite expression of the far right, “ensauvagement,’’ or “turning savage,’’ to decry supposedly out-of-control crime — even though the government’s own statistics showed that crime was actually flat or declining.

      Marwan Mohammed, a French sociologist and expert on Islamophobia, said that politicians have often used dog-whistle words, like “ensauvagement’’ or “Islamo-leftism,’’ to divide the electorate.

      “I think the government will be offering us these kinds of topics with a regular rhythm until next year’s presidential elections,’’ Mr. Mohammed said, adding that these heated cultural debates distracted attention from the government’s mishandling of the coronavirus epidemic, the economic crisis and even the epidemic-fueled crisis at the nation’s universities.

      The expression “Islamo-leftism” was first coined in the early 2000s by the French historian Pierre-André Taguieff to describe what he saw as a political alliance between far-left militants and Islamist radicals against the United States and Israel.

      More recently, it has been used by conservative and far-right figures — and now by some of Mr. Macron’s ministers — against those they accuse of being soft on Islamism and focusing instead on Islamophobia.

      Experts on Islamophobia examine how hostility toward Islam, rooted in France’s colonial experience, continues to shape the lives of French Muslims. Critics say their focus is a product of American-style, victim-based identity politics.

      Mr. Taguieff, a leading critic of American universities, said in a recent email that Islamophobia, along with the “totally artificial importation’’ in France of the “American-style Black question” sought to create the false narrative of “systemic racism’’ in France.

      Sarah Mazouz, a sociologist at the National Center for Scientific Research, said that the government’s attacks on these social theories “highlight the difficulty of the French state to think of itself as a state within a multicultural society.”

      She said the use of the expression “Islamo-leftism” was aimed at “delegitimizing” these new studies on race, gender and other subjects, “so that the debate does not take place.”

      https://www.nytimes.com/2021/02/18/world/europe/france-universities-culture-wars.html

    • L’ « islamogauchisme » — et le HCERES — au tapis. #Jean_Chambaz et #Pap_Ndiaye — et Thierry Coulhon — sur Radio France

      L’islamogauchisme, concept de Pierre-André Taguieff au début des années 2000 pour signaler des formes de dérives d’une extrême-gauche pro-palistinien tendant à des discours antisémites, se trouve désormais récupéré par l’extrême-droite à des fins d’anathème.Deux interventions matinales très claires de Jean Chamblaz, président de Sorbonne Université, et de Pap Ndiaye, professeur à Sciences po.

      A retrouver sur academia :

      https://academia.hypotheses.org/31126

    • #Pétition : #Vidal_démission !

      Le mardi 16 février, à l’Assemblée nationale, la ministre de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, Frédérique Vidal confirmait ce qu’elle avait annoncé deux jours plus tôt sur la chaîne Cnews : le lancement d’une « enquête » sur l’ « islamogauchisme » et le postcolonialisme à l’université, enquête qu’elle déclarait vouloir confier au CNRS à travers l’Alliance Athéna. Les raisons invoquées : protéger « des » universitaires se disant « empêchés par d’autres de mener leurs recherches », séparer « ce qui relève de la recherche académique de ce qui relève du militantisme et de l’opinion » ainsi que … « l’apparition au Capitole d’un drapeau confédéré ».

      Si le propos manque de cohérence, l’intention est dévastatrice : il s’agit de diffamer une profession et, au-delà, toute une communauté, à laquelle, en tant qu’universitaire, Frédérique Vidal appartient pourtant et qu’il lui appartient, en tant que ministre, de protéger. L’attaque ne se limite d’ailleurs pas à disqualifier puisqu’elle fait planer la menace d’une répression intellectuelle, et, comme dans la Hongrie d’Orban, le Brésil de Bolsonaro ou la Pologne de Duda, les études postcoloniales et décoloniales, les travaux portant sur les discriminations raciales, les études de genre et l’intersectionnalité sont précisément ciblés.

      Chercheur·es au CNRS, enseignant·es chercheur·es titulaires ou précaires, personnels d’appui et de soutien à la recherche (ITA, BIATSS), docteur·es et doctorant·es des universités, nous ne pouvons que déplorer l’indigence de Frédérique Vidal, ânonnant le répertoire de l’extrêmedroite sur un « islamo-gauchisme » imaginaire, déjà invoqué en octobre 2020 par le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer. Mais, plus encore, nous nous insurgeons contre l’indignité de ce qu’il faut bien qualifier de chasse aux sorcières. La violence du projet redouble la lâcheté d’une ministre restée silencieuse sur la détresse des étudiant·es pendant la pandémie comme elle avait été sourde à nos interpellations sur une LPR massivement rejetée par tout·es celles et ceux qui font la recherche, y contribuent à un titre ou un autre.

      La crise économique et sociale la plus grave depuis 1945 assombrit l’avenir des jeunes adultes, l’anxiété face à la pandémie fissure la solidarité entre les générations, la pauvreté étudiante éclate aux yeux de tous·tes comme une question sociale majeure, les universités – lieux de vie et de savoirs – sont fermées. Mais pour Frédérique Vidal, le problème urgent de l’enseignement supérieur et de la recherche, celui qui nécessite de diligenter une « enquête » et d’inquiéter les chercheur·es, c’est la « gangrène » de l’ « islamo-gauchisme » et du postcolonialisme.

      Amalgamant un slogan politique douteux et un champ de recherche internationalement reconnu, elle regrette l’impossibilité de « débats contradictoires ». Pourtant, et nous espérons que la ministre le sait, nos universités et nos laboratoires déploient de multiples instances collectives de production et de validation de la connaissance : c’est bien dans l’espace international du débat entre pair·es que la science s’élabore, dans les revues scientifiques, dans les colloques et les séminaires ouverts à tous·tes. Et ce sont les échos de ces débats publics qui résonnent dans nos amphithéâtres, comme dans les laboratoires.

      Contrairement à ce qu’affirme Frédérique Vidal, les universitaires, les chercheur·es et les personnels d’appui et de soutien à la recherche n’empêchent pas leurs pair.es de faire leurs recherches. Ce qui entrave notre travail, c’est l’insincérité de la LPR, c’est le sous-financement chronique de nos universités, le manque de recrutements pérennes, la pauvreté endémique de nos laboratoires, le mépris des gouvernements successifs pour nos activités
      d’enseignement, de recherche et d’appui et de soutien à la recherche, leur déconsidération pour des étudiant·es ; c’est l’irresponsabilité de notre ministre. Les conséquences de cet abandon devraient lui faire honte : signe parmi d’autres, mais particulièrement blessant, en janvier dernier, l’Institut Pasteur a dû abandonner son principal projet de vaccin.

      Notre ministre se saisit du thème complotiste « islamo-gauchisme » et nous désigne coupables de pourrir l’université. Elle veut diligenter une enquête, menace de nous diviser et de nous punir, veut faire régner le soupçon et la peur, et bafouer nos libertés académiques. Nous estimons une telle ministre indigne de nous représenter et nous demandons, avec force, sa démission.

      Vous pouvez signer la pétition ici : https://www.wesign.it/fr/justice/nous-universitaires-et-chercheurs-demandons-avec-force-la-demission-de-freder

      https://academia.hypotheses.org/31187

    • Islamo-gauchisme à l’université ? La proposition de Vidal fait bondir ces universitaires

      Sur CNews, la ministre a annoncé vouloir "demander notamment au CNRS" une enquête "sur l’ensemble des courants de recherche sur ces sujets dans l’université."

      “L’islamo-gauchisme gangrène les universités”. C’est ce titre du Figaro que le journaliste Jean-Pierre Elkabbach a présenté à Frédérique Vidal, invitée sur son plateau sur CNews dimanche 14 février, l’invitant à le commenter avec lui. La réponse de la ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche a provoqué la colère d’une partie des enseignants-chercheurs.

      “Je pense que l’islamo-gauchisme gangrène la société dans son ensemble, et que l’université n’est pas imperméable, l’université fait partie de la société”, a-t-elle affirmé.

      Et d’ajouter : “Ce que l’on observe, à l’université, c’est que des gens peuvent utiliser leurs titres et l’aura qu’ils ont. Ils sont minoritaires et certains le font pour porter des idées radicales ou des idées militantes de l’islamo-gauchisme en regardant toujours tout par le prisme de leur volonté de diviser, de fracturer, de désigner l’ennemi, etc…”
      “Une sorte d’alliance entre Mao Zedong et l’Ayatollah Khomeini”

      Des idées que semble alors partager Jean-Pierre Elkabbach, qui décrit les universitaires en question comme “une sorte d’alliance, si je puis dire, entre Mao Zedong et l’Ayatollah Khomeini.”

      “Mais vous avez raison, renchérit la ministre. Mais c’est bien pour ça qu’à chaque fois qu’un incident se produit, il est sanctionné, à chaque fois que quelque chose est empêché, c’est reprogrammé, mais je crois que l’immense majorité des universitaires sont conscients de cela et luttent contre cela.”

      À la suite de quoi, la ministre a annoncé sur le plateau de CNews qu’elle allait confier une enquête au CNRS “sur l’ensemble des courants de recherche sur ces sujets dans l’université.”

      Pour Christelle Rabier, maîtresse de conférence à l’EHESS, ce n’est pas un hasard si la ministre tient ces propos maintenant. “La semaine dernière, elle a été mise en cause au Sénat pour répondre face à la détresse étudiante, remarque-t-elle. Il y a 20% des étudiants qui ont recours à l’aide alimentaire, sans parler des suicides et de la détresse psychologique. Elle en est directement responsable.”
      Attaques contre les universitaires

      Les propos de la ministre ont provoqué la colère d’une partie des enseignants-chercheurs, même s’ils ne surprennent pas. “Nous sommes vraiment scandalisés, s’indigne une chercheuse du CNRS, qui préfère rester anonyme. La ministre s’en prend - une fois de plus - à la liberté académique en confondant approches scientifiques critiques et militantisme.”

      Après la Loi de programmation sur la recherche, très mal reçue, c’est pour eux une nouvelle attaque contre les universitaires, dans un contexte aggravé par la crise sanitaire. Le 6 novembre, la Commission permanente du Conseil national des universités (CP-CNU) avait demandé la démission de Frédérique Vidal.

      “On observe plusieurs formes d’attaques contre les universitaires, soutient Christelle Rabier. Les non-renouvellements et les suppressions de postes, des attaques systématiques de collègues sur leurs travaux, en particulier si ce sont des femmes et qu’elles traitent de questions qui pourraient remettre en cause l’ordre dominant.”
      L’utilisation du terme “islamo-gauchisme”

      Pour les enseignants-chercheurs, l’utilisation du terme “islamo-gauchisme” n’est pas anodin. “C’est un mot un peu aimant, qui rassemble toutes les détestations et qui ne veut absolument rien dire, estime Christelle Rabier. Et que cela vienne d’une ministre, qui n’a déjà plus de légitimité depuis plusieurs mois, c’est intolérable.”

      Pour François Burgat, directeur de recherches au CNRS, cette “appellation stigmatisante” a pour objectif de “discréditer les intellectuels (non musulmans) qui se solidarisaient ou qui refusaient de criminaliser les revendications des descendants des populations colonisées.”

      Le terme avait déjà été utilisé par Jean-Michel Blanquer le 22 octobre, qui affirmait :“Ce qu’on appelle l’islamo-gauchisme fait des ravages”, notamment ”à l’université.” Quelques jours plus tard, Frédérique Vidal avait réagi tardivement pour rappeler le principe des libertés académiques.

      “On peut constater depuis hier qu’elle a franchi un cran supplémentaire. C’est juste scandaleux”, s’indigne la chercheuse du CNRS.

      Dans un communiqué, la Conférence des présidents d’université (CPU) a fait part de “sa stupeur face à une nouvelle polémique stérile sur le sujet de l’“islamogauchisme” à l’université”.

      Elle appelle ”à élever le débat”. “Si le gouvernement a besoin d’analyses, de contradictions, de discours scientifiques étayés pour l’aider à sortir des représentations caricaturales et des arguties de café du commerce, les universités se tiennent à sa disposition”, a-t-elle proposé.


      https://twitter.com/CPUniversite/status/1361727549739515908

      “Une réalité hautement contestable”

      L’annonce d’une enquête au CNRS “sur l’ensemble des courants de recherche sur ces sujets dans l’université”, si elle n’est pas en soit répréhensible, pose plusieurs questions.

      “Le ‘cahier des charges’ de la demande qui lui est adressée fait réellement peur, estime François Burgat. La ministre s’abstrait purement et simplement de toute exigence scientifique.” Pour le chercheur, le postulat de la ministre, selon lequel “la société est gangrénée par l’islamo-gauchisme”, dont l’université, et une “réalité hautement contestable” qui ne repose sur “aucun corpus”.

      La chercheuse du CNRS qui préfère garder l’anonymat ajoute : “Si des cas particuliers sont litigieux au regard de la loi, qu’elle les cite et ouvre le débat. Sinon, qu’elle se taise.”

      Et d’ajouter : “Nous sommes des chercheurs, nous essayons de penser et analyser le monde, mobiliser des outils, et débattre de nos méthodes ou concepts d’analyse. Nous ne sommes pas au service d’un ministère et de ses obsessions politiques et calculs électoralistes.”

      https://www.huffingtonpost.fr/entry/la-proposition-de-vidal-sur-lislamo-gauchisme-fait-bondir-ces-univers

    • Frédérique Vidal veut demander au CNRS une enquête sur « l’islamo-gauchisme » à l’université

      La ministre de l’Enseignement supérieur souhaite ainsi faire le distinguo entre « recherche académique » et « militantisme ».

      Mobilisée sur la précarité étudiante liée à la crise sanitaire actuelle ou sur la multiplication des dénonciations d’agressions sexuelles dans les IEP avec le hashtag #SciencesPorc, Frédéric Vidal ouvre un nouveau front. Invitée ce dimanche sur le plateau de Jean-Pierre Elkabbach sur CNews, la ministre de l’Enseignement supérieur a annoncé vouloir « demander notamment au CNRS (Centre national de la recherche scientifique) de faire une enquête sur l’ensemble des courants de recherche sur ces sujets dans l’université. »

      Par « ces sujets », la ministre parle de « l’islamo-gauchisme », qui selon elle « gangrène la société dans son ensemble », et donc l’université également.

      Avec ces travaux, Frédérique Vidal souhaiterait ainsi « distinguer de ce qui relève de la recherche académique de ce qui relève justement du militantisme et de l’opinion », relate le site d’information scientifique Soundofscience, qui se fait l’écho de l’annonce.

      « Alliance » entre Mao et Khomeini

      « Ce qu’on observe à l’université, c’est que des gens peuvent utiliser leurs titres et l’aura qu’ils ont », affirme la ministre, malgré l’émoi provoqué dans le milieu universitaire par ces accusations, régulières ces derniers mois. « Ils sont minoritaires et certains le font pour porter des idées radicales ou des idées militantes de l’islamo-gauchisme en regardant toujours tout par le prisme de leur volonté de diviser, de fracturer, de désigner l’ennemi, etc… »

      En guise de conclusion, la ministre a de nouveau persisté et signé dans son idée, prenant au mot une affirmation de Jean-Pierre Elkabbach selon laquelle la situation à l’université pourrait ressembler à « une sorte d’alliance, si je puis dire, entre Mao Zedong et l’Ayatollah Khomeini. »

      « Mais vous avez raison. Mais c’est bien pour ça qu’à chaque fois qu’un incident se produit, il est sanctionné, à chaque fois que quelque chose est empêché, c’est reprogrammé, mais je crois que l’immense majorité des universitaires sont conscients de cela et luttent contre cela », termine-t-elle.

      Les universités déjà émues par des propos de Blanquer

      Ce n’est pas la première fois qu’un membre du gouvernement utilise ce terme. En octobre dernier, le ministre de l’Éducation nationale Jean-Michel Blanquer avait à son tour dénoncé « l’islamo-gauchisme » qui fait selon lui « des ravages à l’université », prenant notamment pour cibles le syndicat étudiant Unef et La France Insoumise. « Notre société a été beaucoup trop perméable à des courants de pensée », avait-il alors ajouté au micro d’Europe 1.

      Face à cette accusation, la Conférence des présidents d’université (CPU) s’était émue et avait tenu à répondre au ministre.

      « Non, les universités ne sont pas des lieux où se construirait une ’idéologie’ qui mène au pire. Non, les universités ne sont pas des lieux d’expression ou d’encouragement du fanatisme. Non, les universités ne sauraient être tenues pour complices du terrorisme », était-il affirmé dans un communiqué.

      https://www.bfmtv.com/societe/education/frederique-vidal-veut-demander-au-cnrs-une-enquete-sur-l-islamo-gauchisme-a-l

    • Frédérique Vidal tombe dans la fange de l’extrême droite

      Invitée de CNews ce 14 février, Frédérique Vidal a emboité le pas aux dérives de Blanquer et Darmanin en reprenant la petite musique nauséabonde de « l’islamo-gauchisme » qui « gangrène la société dans son ensemble » et l’université en particulier. Un discours qui stigmatise tout ensemble les universitaires et les musulmans.

      Ce dimanche j’échangeais avec un étudiant qui, comme des milliers d’autres, tente de survivre à la désocialisation et aux cours à distance. Il ne va pas bien. Je lui ai proposé une conversation téléphonique. Le confinement, le sens de la vie, les doutes face à un projet professionnel... Mais ce qui le rend le plus anxieux, parmi toutes les difficultés qu’il tente d’affronter, c’est simplement le fait d’être musulman. Il m’a dit : « l’anxiété d’être musulman aujourd’hui ». Tout est là. Et je crois que c’est vraiment le résultat d’une politique. L’exploitation idéologique et sécuritaire du #terrorisme. La loi sur le « séparatisme » qui détricote nos libertés et grave dans le marbre la #stigmatisation des #musulmans. La politique guerrière de Macron au Sahel et le mépris, affiché ce jour, des pays africains. Tout ceci fait système. Et l’étudiant avec lequel je parle l’a très bien compris. L’étudiant musulman qui a eu peur en entendant Vidal, dimanche dernier. Et qui m’en a parlé en premier.

      J’ai donc écouté Frédérique Vidal répondre à Elkabbach, sur la chaîne qui est devenue le caniveau du journalisme d’extrême droite. Zemmour and co. Et une fois de plus j’ai eu #honte en écoutant « ma » ministre. Honte pour l’intelligence critique et les savoirs qu’elle devrait représenter. Honte de voir une « chercheuse », ancienne présidente d’université, asséner des #contre-vérités, insulter les universitaires et la pensée elle-même, se complaire dans la fange de l’extrême droite et rejoindre ainsi Blanquer et Darmanin dans le jeu dangereux de celui qui sera plus radical que Marine le Pen. En novembre 2020 la CP-CNU appelait à la démission de la ministre et écrivait ceci : « Madame Frédérique Vidal ne dispose plus de la légitimité nécessaire pour parler au nom de la communauté universitaire et pour agir en faveur de l’Université. » Aujourd’hui au nom de qui parle cette ministre ? Au nom du gouvernement et de Macron, ou au nom de Marine Le Pen ? De qui ou de quoi fait-elle le jeu ?

      On peut se faire une idée de la partie que Vidal a jouée en écoutant cet extrait mis en ligne par The Sound of Science, une vidéo devenue virale en quelques heures, Vidal devenue virale par sa haine des sciences humaines, de la recherche libre et des universitaires :

      https://twitter.com/SoundofScFr/status/1361390845111451650

      Petit retour en arrière. En octobre 2020 Frédérique Vidal avait été pressée par la CPU de recadrer Blanquer qui s’en était pris violemment aux universitaires, ravagés par « l’islamo-gauchisme », et accusés de « #complicité_intellectuelle avec le terrorisme ». La ministre avait pris position dans un journal à faible visibilité en affirmant dans une tribune, contre son collègue, que « l’université n’est pas un lieu d’expression ou d’encouragement du terrorisme ». La ministre défendait alors « la liberté d’expression et les libertés académiques » qui « sont indissociables ». De deux choses l’une : ou bien Vidal défend les libertés académiques, la liberté de recherche et la liberté d’expression des universitaires qui ont une valeur constitutionnelle, ou bien elle sacrifie ces trois libertés sur l’autel d’une attaque idéologique du libéralisme autoritaire contre l’université et la recherche. Comment comprendre cette contradiction ? Comment comprendre la violente #stigmatisation des islamo-gauchistes sur le plateau de C News quatre mois après la tribune de L’Opinion ? L’art macronien du « en même temps » ? Une immense #hypocrisie dans la tribune du mois d’octobre ? Un voile de fumée jeté sur un bilan désastreux ? La réponse à une commande politique de Macron ? Continuer la petite chanson « le RN est trop mou, LREM fera mieux dans la radicalité » ?

      Rien de tout ceci n’est exclu, mais je pense que la réponse est donnée par Vidal elle-même dans la suite de l’entretien. Très spontanément Vidal, pour remettre à leur place les méchants universitaires qui font des études de genre trop libres ou des études postcoloniales trop engagées, en appelle à l’évaluation-sanction par les pairs et pourquoi pas à la #délation et à la #condamnation : « C’est là qu’il faut être condamné … Allons-y, disons quand les gens ne font pas de #science, mais font du #scientisme » - où Vidal montre, au passage, qu’elle ne maitrise pas le concept de scientisme (à 43:20 ici). Et Vidal de diligenter une enquête du CNRS sur les disciplines suspectes. Comme si le CNRS était une section disciplinaire ou avait des pouvoirs d’enquête. Ce que la CPU elle-même dénonce en remettant vertement en place la ministre dans un communiqué qui appelle à "stopper la confusion et les polémiques stériles" et à cesser de "raconter n’importe quoi" (sic).

      A quoi assiste-on ? A une #dérive_autoritaire qui montre que la LPR et la chasse idéologique aux islamo-gauchistes forment un tout. Evaluer, sanctionner, séparer, diviser les universitaires pour les affaiblir. Les monter les uns contre les autres. Faire en sorte que l’institution soit elle-même l’agent de la chasse aux sorcières. Instiller partout la #concurrence, la #peur, la #suspicion et la #servitude_volontaire. Le premier séparateur des universitaires, c’est la LPR. Dans le viseur de Vidal : la limitation et la surveillance des libertés académiques. Macron, son gouvernement et LREM font le même travail avec toute la société. Dans leur viseur : la limitation et la surveillance des libertés publiques. Monter le plus grand nombre de citoyens contre les musulmans, monter les français contre eux-mêmes. Macron et son système, c’est une guerre sans fin, une guerre contre le peuple. Le #séparatisme permanent. Il est temps de nous unir contre lui. Il est temps de déradicaliser ce gouvernement.

      Contre le séparatisme, nous avons besoin d’une politique qui remettre de la lumière dans les regards tristes de nos amis musulmans. Contre la LPR, nous avons besoin d’une politique qui remettre de la lumière dans les regards tristes des universitaires. Contre la gestion calamiteuse de la crise sanitaire, nous avons besoin d’une politique qui remettre de la lumière dans les regards tristes des étudiants. Vite de la lumière, avant que ne retombe la longue nuit brune de l’histoire !

      #Pascal_Maillard

      https://blogs.mediapart.fr/pascal-maillard/blog/160221/frederique-vidal-tombe-dans-la-fange-de-l-extreme-droite

    • "Islamo-gauchisme" à l’université : 5 questions sur l’enquête demandée par Vidal

      La ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche a annoncé lundi 15 février qu’elle souhaitait enquêter sur « l’islamo-gauchisme » à l’université. Des propos qui ont indigné le monde universitaire.

      « Moi je pense que l’islamo-gauchisme gangrène la société dans son ensemble, et que l’université n’est pas imperméable, l’université fait partie de la société. » D’une phrase prononcée dimanche 14 février, Frédérique Vidal a provoqué une levée de bouclier du monde académique et de la gauche française.

      Invitée de CNews ce jour-là, la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche était interrogée par Jean-Pierre Elkabbach sur l’islamo-gauchisme, terme décrit par le journaliste comme désignant « une sorte d’alliance (...) entre Mao Zedong et l’Ayatollah Khomeini ». C’est là que Frédérique Vidal a annoncé « demander notamment au CNRS de faire une enquête sur l’ensemble des courants de recherche sur ces sujets dans l’université ». Une séquence repérée par le site The Sound of Science.

      Le lendemain, la ministre a confirmé sa position devant l’Assemblée nationale. « Je vais demander à ce que l’on fasse un bilan des recherches qui se déroulent dans notre pays que ce soit les recherches sur le postcolonialisme… » a-t-elle répondu à la question de Bénédicte Taurine, députée de la France insoumise, sans finir son énumération. Mais quel est l’objet de cette enquête ?

      1. Qu’est-ce que l’"islamo-gauchisme" ?

      Le terme « islamo-gauchisme » est né sous la plume de l’écrivain #Pierre_André-Taguieff en 2000. Il le définit alors comme une association entre les mouvements de gauche et les mouvements pro-palestiniens. Cependant, comme l’explique le linguiste Albin Wagener à RTL.fr, ce terme a très vite été repris par l’extrême-droite pour désigner « deux ennemis : l’islam et la gauche ».

      Aujourd’hui, son utilisation s’est démocratisée au point de se faire une place dans les éléments de langage du gouvernement et de la gauche elle-même, dans la bouche de #Manuel_Valls. Ainsi, le terme controversé qualifié même de « faux concept » par le chercheur Pascal Boniface, désigne aujourd’hui une supposée collusion entre les mouvements islamistes et certains mouvements de gauche.

      Pour Philippe Marlière, chercheur et auteur d’une tribune publiée dans Mediapart au mois de décembre, la trajectoire de ce terme est inquiétante. ""L’islamo-gauchisme’ est un mot grossièrement codé qui désigne un ennemi (l’islamisme) et ses porteurs de valise (les intellectuels de gauche critiques), explique-t-il. Ce vocabulaire d’#extrême_droite crée et entretient un climat de #guerre_civile. Il ne nourrit pas le débat, il prend les personnes pour #cible."

      Le CNRS, lui, affirme dans un communiqué que le terme ne revêt « aucune réalité scientifique » quand la conférence des présidents d’université (CPU) parle de « pseudo-notion ».

      2. Qu’est-ce que le CNRS ?

      L’acronyme CNRS désigne le Centre national de la recherche scientifique. Placé sous la tutelle du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche dirigé par Frédérique Vidal, il est l’organisme de référence de la recherche universitaire française. Plus particulièrement, l’enquête demandée par la ministre s’intéresse aux #sciences_sociales, c’est-à-dire des disciplines comme la sociologie, l’histoire ou la science politique.

      Dans ses propos devant l’Assemblée nationale, Frédérique Vidal cite ainsi l’alliance Athéna présidée par le CNRS en alternance avec la Conférence des Présidents d’Université (CPU). Sur son site, cette institution est décrite comme réunissant « les principaux acteurs de la recherche publique française en #sciences_humaines_et_sociales », plus communément désignées sous le sigle #SHS.

      3. Quel est le type de recherche visé ?

      Dans ses propos tenus sur CNews, Frédérique Vidal a justifié sa décision de mener une enquête sur « l’islamo-gauchisme » au sein de ces champs disciplinaires pour « distinguer de ce qui relève de la #recherche_académique de ce qui relève justement du #militantisme et de l’#opinion ».

      Le CNRS a répondu mercredi soir à la ministre de l’Enseignement supérieur dans un communiqué désapprobateur. « Le CNRS condamne, en particulier, les tentatives de #délégitimation de différents champs de la recherche, comme les études postcoloniales, les études intersectionnelles ou les travaux sur le terme de ’race’, ou tout autre champ de la connaissance », écrit le centre de recherche.

      Une réponse claire et nette aux nombreuses attaques ciblant ces champs disciplinaires qualifiés parfois de « racialistes » par leurs détracteurs qui se multiplient ces derniers mois. En octobre, Jean-Michel Blanquer avait par exemple explicitement cité « les ravages » de l’islamo-gauchisme comme ayant joué un rôle dans l’assassinat de #Samuel_Paty.

      « Il y a un combat à mener contre une matrice intellectuelle venue des universités américaines et des thèses intersectionnelles, qui veulent essentialiser les communautés et les identités, aux antipodes de notre modèle républicain qui, lui, postule l’égalité entre les êtres humains, indépendamment de leurs caractéristiques d’origine, de sexe, de religion, expliquait-il au Journal du Dimanche dans des propos décryptés par L’Obs. C’est le terreau d’une #fragmentation de notre société et d’une vision du monde qui converge avec les intérêts des islamistes. Cette réalité a gangrené notamment une partie non négligeable des sciences sociales françaises. »

      4. #Postcolonialisme, #intersectionnalité... De quoi parle-t-on ?

      Théorisée par la juriste américaine #Kimberlé_Crenshaw à la fin des années 1980, l’intersectionnalité permet d’étudier un phénomène sociologique en appliquant une réflexion multiple, au carrefour de plusieurs parts d’identité comme le genre, la classe et la race (au sens de race sociale perçue par la société, pas de la race biologique qui n’existe pas). Son objectif n’est donc pas d’essentialiser mais de prendre en compte différentes caractéristiques sociologiques pour mieux comprendre les dynamiques à l’œuvre dans les situations de discrimination. Par exemple, une femme noire ne vivra pas seulement d’un côté le sexisme et de l’autre le racisme, mais l’intersection des deux.

      Quant aux théories décoloniales et postcoloniales, elles permettent d’étudier la société contemporaine au regard des dynamiques historiques et du racisme qui découle de périodes telles que l’#esclavage et la #colonisation. Ce sont ce type de recherches qui révèlent les #inégalités sous toutes leurs formes (sociologiques, économiques, politiques, historiques...) qui sont visées lorsque les ministres parlent d’"islamo-gauchisme" à l’université.

      5. Comment le monde universitaire réagit-il ?

      Au-delà de condamner les propos de Frédérique Vidal, dans son communiqué, le CNRS regrette une « #instrumentalisation de la science » et rappelle qu’il existe des voies de « l’approfondissement des recherches, de l’explicitation des méthodologies et de la mise à disposition des résultats de recherche ». « C’est dans cet esprit que le CNRS pourra participer à la production de l’étude souhaitée par la ministre de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation visant à apporter un éclairage scientifique sur les champs de recherche concernés », conclut l’organisme.

      La veille, la conférence des présidents d’université (CPU) publiait elle aussi un communiqué dans lequel elle s’étonnait de « l’instrumentalisation du CNRS dont les missions ne sont en aucun cas de produire des évaluations du travail des enseignants-chercheurs, ou encore d’éclaircir ce qui relève ’du militantisme ou de l’opinion’ ». « La CPU réclame, au minimum, des clarifications urgentes, tant sur les fondements idéologiques d’une telle enquête, que sur la forme, qui oppose CNRS et universités alors que la recherche est menée conjointement sur nos campus par les chercheurs et les enseignants-chercheurs. »

      Contacté par RTL.fr, le ministère de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation n’a pour l’heure par répondu aux sollicitations.

      https://www.rtl.fr/actu/debats-societe/islamo-gauchisme-a-l-universite-5-questions-sur-l-enquete-demandee-par-frederiqu

    • Les leçons de Vidal

      Avec ses sorties sur « l’islamo-gauchisme » cette semaine, la ministre déléguée à l’Enseignement supérieur fait surtout les affaires de ses collègues de l’Education et de l’Intérieur. Une femme se grille. Des hommes engrangent.

      La chose se répète souvent sous ce quinquennat. Une ministre femme, issue de la société civile (donc non-politique) qui monte en première ligne pour faire les affaires politiciennes de ses collègues ministres hommes (eux devenus professionnels de ce milieu). La sortie de Frédérique Vidal sur « l’islamo-gauchisme » est un nouvel exemple de ce constat. La ministre de l’Enseignement supérieur n’a pas « dérapé » sur CNews, dimanche, face à Jean-Pierre Elkabbach. Elle savait très bien ce qu’elle faisait. Sinon elle n’aurait pas réitéré ses propos au centre de l’hémicycle de l’Assemblée nationale, mardi après-midi, lors de la séance hebdomadaire des questions d’actualité au gouvernement.

      Alors qu’elle avait été muette sur le sujet, en octobre, lorsque deux de ses camarades au gouvernement, Jean-Michel Blanquer et Gérald Darmanin, avaient déjà balancé, en octobre à l’Assemblée, cette formule appartenant au champ lexical de l’extrême droite, la voilà qui les devance. Le ministre de l’Education et celui de l’Intérieur ont pourtant passé deux semaines sur les bancs lors du projet de loi « confortant les principes de la République » sans écart de langage. Ordre du Président de se tenir à carreaux sur ce texte censé réincarner « le rassemblement » de la majorité sur la laïcité. Foutaises. A peine les ministres avaient-ils récupéré leurs bons de sorties pour les médias que Vidal est partie à son tour en croisade contre les affreux « islamo-gauchistes » qui professeraient dans les amphis. Recadrée par le président de la République, éloignée un peu plus du monde universitaire et du monde étudiant… Mauvais résultat pour elle : la voici un peu plus isolée Rue Descartes. A qui profite donc cette séquence ? A Ses collègues Darmanin et Blanquer qui voient un de leurs marqueurs politiques progresser. Vidal, une femme, prend le bouillon médiatique et une humiliation présidentielle. Ses collègues, hommes, avaient été épargnés.

      Vidal n’est pas la première victime de cette stratégie du bélier. On rembobine. Mars 2019, en pleine « concertation » sur la réforme des retraites, la ministre de la Santé et des Solidarités d’alors, Agnès Buzyn, s’autorise une sortie inattendue sur un « allongement de la durée du travail ». « Je suis médecin, je vois que la durée de vie augmente d’année en année, expliquait Buzyn. Est-ce que, alors que le nombre d’actifs diminue, nous allons pouvoir maintenir sur les actifs le poids des retraites qui vont augmenter en nombre et en durée ? Nous savons que cet équilibre-là va être de plus en plus difficile à tenir. » Exactement la ligne portée en coulisses par le Premier ministre de l’époque, Edouard Philippe, et de ses deux camarades de l’ex-UMP installés à Bercy : Bruno Le Maire et (déjà) Gérald Darmanin. Lequel se presse pour saluer le « courage » de Buzyn.

      Comme pour Vidal, les politiques hommes avaient laissé une femme issue de la société civile monter au front médiatique pour pousser leurs propres billes. Obligée de rétropédaler (repousser l’âge de départ n’était pas dans le programme d’Emmanuel Macron et le haut-commissaire d’alors, Jean-Paul Delevoye, menaçait de démissionner), Buzyn s’était abîmée dans cette aventure politicienne. Cette dernière n’est plus au gouvernement. Le Maire et Darmanin plus que jamais.

      https://www.liberation.fr/politique/les-lecons-de-vidal-20210219_BI4BCKNDCNBXBDMT2TRO3BZPB4
      #genre #hommes #femmes #hommes_politiques #femmes_politiques

    • Frédérique Vidal, une ministre bisbilles en tête

      Déjà critiquée, entre autres, pour son management à l’université Sophia-Antipolis, la Niçoise s’est lancée dimanche, sans le soutien de l’Elysée, dans une offensive contre l’« islamo-gauchisme » dans la recherche, se mettant à dos une majorité d’enseignants.

      On ne l’attendait pas vraiment sur ce dossier. Frédérique Vidal, ministre de troisième rang en macronie, a surpris beaucoup de monde en appelant à lancer, dimanche sur CNews, une enquête sur l’« islamo-gauchisme » dans la recherche universitaire.

      Décrédibilisée dans les rangs de la recherche supérieure après avoir maintenu la ligne libérale de la loi de programmation de la recherche (LPR), fragilisée dans les universités après plusieurs cafouillages sur l’organisation en ce temps de crise sanitaire, critiquée pour son manque de réactions face au malaise étudiant qui a poussé certains au suicide, Frédérique Vidal n’a pourtant pas hésité à se mettre à dos une nouvelle fois une bonne partie des professionnels qui dépendent de son ministère.

      Au sein du gouvernement, l’axe Blanquer-Darmanin-Schiappa, porteur de ce débat droitier sur l’islam, a-t-il décidé de se servir d’elle comme bélier, après deux semaines sans grandes controverses sur le projet de loi de lutte contre les « séparatismes » ? Ou bien Vidal a-t-elle choisi ce registre en guise de diversion, alors que les polémiques sur la précarité étudiante ne s’apaisent pas ? En tout cas, on ne la suit pas côté Elysée. Le Président reste attaché à « l’indépendance des enseignants-chercheurs », a bien souligné le porte-parole, Gabriel Attal, mercredi à l’issue du Conseil des ministres. Un désaveu.

      « Elle a toujours eu de l’ambition »

      Dans le casting de début de quinquennat, Vidal faisait pourtant partie de ces ministres de la société civile censés ouvrir le monde politique au monde universitaire. Une présidente d’université pour s’occuper des universités, forcément ça avait du sens dans le « en même temps » macronien. Jusque-là, la Niçoise n’était jamais sortie du couloir qu’on lui avait assigné. A peine s’était-elle aventurée, en 2019 – soit bien avant la crise sanitaire, économique et sociale –, dans une poignée de réunions de ministres souhaitant incarner « l’aile gauche » de l’ex-gouvernement Philippe. L’idée était, à l’époque, de tenter de s’organiser pour peser davantage sur la ligne de l’exécutif, jugée trop… à droite.

      Et avant son arrivée au gouvernement, Frédérique Vidal n’avait aucun engagement politique. L’universitaire est passée des bancs de la fac, où elle étudiait la génétique, à la présidence de cette même université, en 2012. Une évolution fulgurante en moins de vingt-cinq ans. Sabine, aujourd’hui chercheuse syndiquée CGT Ferc Sup, était inscrite dans la même promo, « il y a un peu plus de vingt ans », en maîtrise de biochimie et en DEA de virologie. « C’est quelqu’un qui a toujours eu de l’ambition, dit-elle. Ça a été une bonne enseignante, mais elle a fait peu de recherche sur la durée car elle a très vite rejoint la direction de la formation. Elle est devenue doyenne de la fac de sciences, puis présidente. »

      « Phrases assassines »

      Les techniques managériales de Vidal marquent les esprits à l’université de Sophia-Antipolis. « C’est quelqu’un qui ne tolère pas le débat, ce qui est paradoxal quand on est universitaire, ni la contradiction, ce qui est un problème quand on est scientifique, estime Sabine. Elle a imprimé cette façon de diriger. »

      En novembre, le directeur général de la recherche et de l’innovation, Bernard Larrouturou, qui dépendait de son ministère, a claqué violemment la porte. Dans une lettre qu’avait révélée Libération, il dénonçait la gestion peu humaine du cabinet de Vidal.

      Sandra (1) parle de « tendances managériales à l’américaine » qui l’auraient poussée au burn-out. Cette technicienne audiovisuelle, ancienne déléguée syndicale à l’université, pointe une « infantilisation », avec un renforcement de la hiérarchie, et des « expériences assez douloureuses en conseil d’administration », avec des « phrases assassines » à chaque question ou opposition de sa part. « Mme Vidal est une vraie grande pédagogue, défend le docteur en génétique Erwan Paitel, son ancien bras droit à l’université, qui l’a rejointe au ministère. Elle sait gouverner au sens d’aller au bout de ses idées. »

      Mais, selon différents membres de l’université qui témoignent à Libération, « les sciences de l’éducation ont été mises plus bas que terre », « les sciences humaines étaient méprisées », « ça rigolait » à l’évocation des profs d’histoire. « Quand elle parle d’islamo-gauchisme, c’est juste un moyen de bâillonner le débat d’idées, estime Marc, syndiqué CGT Ferc Sup et travaillant dans un labo de maths à Nice. C’est une insulte pour notre intelligence et pour les victimes. On est à Nice, on a été touché par plusieurs attentats, c’est assez dégueulasse de jouer là-dessus. »

      (1) Cette personne a souhaité rester anonyme pour ne pas nuire à sa carrière.

      https://www.liberation.fr/societe/frederique-vidal-une-ministre-bisbilles-en-tete-20210217_G4WLKNLQGNGTZPOF

    • « Frédérique Vidal risque d’alimenter une #police_de_la_pensée qui serait dramatique »

      Le président de l’université Clermont-Auvergne, Mathias Bernard, revient sur la sortie de sa ministre de tutelle sur « l’islamo-gauchisme », qu’il juge « schématique » et « caricaturale ».

      En s’inquiétant du développement d’« idées militantes de l’islamo-gauchisme » dans les universités françaises au cours d’une interview à CNews dimanche, la ministre Frédérique Vidal a suscité de nombreuses critiques dans le monde de l’enseignement supérieur et de la recherche. Dans un communiqué, la Conférence des présidents d’universités a par exemple dénoncé une « nouvelle polémique stérile » et invité les politiques à ne pas « raconter n’importe quoi ». Président de l’université Clermont-Auvergne, l’historien Mathias Bernard revient sur cette sortie médiatique. Pour lui, les propos caricaturaux de la ministre instrumentalisent politiquement des études nécessaires au débat scientifique.

      Dans un communiqué, les présidents d’universités ont dit leur « stupeur » à la suite des propos de Frédérique Vidal. Pourquoi cette surprise ?

      Parce que cela ne correspond pas aux positions antérieures de la ministre. A l’automne, elle avait tenu des propos bien plus distanciés lorsque son collègue Jean-Michel Blanquer avait parlé d’islamo-gauchisme. A cela, il faut ajouter le contexte sanitaire : la priorité n’est pas de lancer un débat politicien, mais plutôt de répondre à la détresse des étudiants après un an de confinement. C’est un bel exemple du décalage entre les gouvernants et la réalité des opérateurs sur le terrain.

      Qu’est-ce qui invalide cette accusation d’« islamo-gauchisme » ?

      Depuis une quinzaine d’années, ce mot est instrumentalisé politiquement. Il ne sert pas à caractériser un ensemble de positions scientifiques, mais à les discréditer. Cette notion produit aussi un effet de généralisation : l’islamo-gauchisme gangrènerait l’université, comme on l’a vu écrit il y a quelques jours à la une du Figaro. Cette rhétorique de la contamination rappelle les discours antisémites des années 30 sur l’influence juive qui corromprait l’ensemble des corps sociaux. Dans mon université, il n’y a eu par exemple aucun incident, aucune étude ou manifestation scientifique susceptible de s’apparenter à une « menace islamo-gauchiste ». Cette généralisation crée une dramatisation, un climat anxiogène qui ne peut qu’alimenter le rejet.

      Quels sont les faits initiaux à partir desquels s’opère cette généralisation ?

      Il existe un militantisme intolérant qui, en empêchant par exemple la tenue de certaines conférences, pose problème à l’université, car celle-ci est par nature un lieu de dialogue. Mais il faut le distinguer des études en sciences sociales qui s’inscrivent dans l’héritage de la pensée postcoloniale et élaborent une pensée critique qui contribue au débat scientifique. Or, ce sont ces débats qui font progresser la science. Une prise de position rapide, schématique et caricaturale comme celle de Frédérique Vidal risque de jeter l’opprobre sur toute cette réflexion et d’alimenter une forme de police de la pensée qui serait dramatique. Cela donne l’impression que des chercheurs confondraient massivement militantisme et travail universitaire, ce qui n’est pas le cas. Et si des cas se présentaient, il existe des instances pour les traiter. Inutile d’instrumentaliser le CNRS, dont les chercheurs travaillent au quotidien avec les universités.

      Faut-il y voir une volonté de contrôle politique du travail universitaire ?

      Les contraintes inhérentes à une interview télévisée ont sans doute occasionné des maladresses. Mais si on regarde ces propos à l’aune du contexte plus global, marqué à la fois par une séquence très régalienne de la présidence Macron et par les débats sur la loi « séparatisme », il peut y avoir une volonté de distinguer deux types de recherche, l’une bonne et l’autre dangereuse. Un peu comme à l’époque de la guerre froide où l’on se méfiait de l’université marxiste. Cela explique une partie de la défiance actuelle du monde politique vis-à-vis de l’université, qui est constitutionnellement indépendante du point de vue scientifique.

      Le dialogue entre le monde de l’enseignement supérieur et de la recherche et la ministre est-il rompu ?
      En 2020, les débats sur la loi de programmation pluriannuelle de la recherche ont contribué à une rupture assez nette entre la ministre et une partie de la communauté universitaire. Mais il ne faut pas généraliser : les présidents d’université et les établissements continuent à travailler avec le ministère dans cette période difficile. Je suis certes critique sur cette sortie médiatique, je n’en suis pas moins reconnaissant à la ministre d’avoir défendu l’ouverture des universités alors que la situation sanitaire reste tendue.

      https://www.liberation.fr/idees-et-debats/frederique-vidal-risque-dalimenter-une-police-de-la-pensee-qui-serait-dra

    • #Thomas_Piketty : «Frédérique Vidal doit partir»

      Les déclarations sur l’« islamo-gauchisme » de la ministre de l’Enseignement supérieur montrent sa méconnaissance des sciences sociales, estime l’économiste. Elle livre à la vindicte populaire des chercheurs dont les savoirs sont pourtant essentiels.

      Une suspicion généralisée qui amènerait à un dialogue de sourds : l’économiste Thomas Piketty, connu pour ses recherches internationales sur les inégalités, estime que la demande d’enquête sur la présence de courants « islamo-gauchistes » à l’université, faite dimanche par la ministre Frédérique Vidal, est un non-sens.

      Jean-Michel Blanquer en octobre, Frédérique Vidal aujourd’hui. Pourquoi ces attaques contre le monde universitaire, et sur ce thème de l’islamo-gauchisme ?

      L’horreur des attentats de 2015-2016 et de la décapitation de Samuel Paty en 2020 fait que chacun cherche naturellement des explications, des coupables. Chez les plus désespérés, mais aussi parmi les plus cyniques, certains ont eu l’idée géniale de soupçonner de complicité jihadiste n’importe quel chercheur s’intéressant aux questions de discrimination, ou encore n’importe quel croyant musulman achetant du hallal ou portant des leggings sur la plage, un foulard dans la rue ou lors d’une sortie scolaire. Ces soupçons ignobles sont totalement à côté de la plaque, dans un contexte où le pays devrait être rassemblé derrière son système de justice, de police et de renseignement pour lutter contre l’ultraminorité terroriste. Cette logique de la suspicion généralisée ne peut conduire qu’à des raidissements et à des dialogues de sourds. Et pendant ce temps-là, personne ne parle des politiques antidiscriminatoires dont nous aurions tant besoin, et qui demandent des débats approfondis et apaisés, tant les enjeux sont nouveaux et ouverts.

      Pourquoi demandez-vous la démission de la ministre Frédérique Vidal ?

      Avec ses déclarations, Frédérique Vidal a démontré sa totale inculture et sa profonde ignorance de la recherche en sciences sociales. Elle livre à la vindicte populaire les personnes qui produisent et diffusent les savoirs dont nous avons tant besoin dans cette époque hyperviolente. Avec l’extrême droite aux portes du pouvoir dans plusieurs régions et au niveau national, c’est totalement irresponsable. Elle doit partir.

      Vous connaissez bien le monde de la recherche. Quelle est la réalité de ces « chercheurs minoritaires qui porteraient au sein de l’université des idées radicales et militantes de l’islamo-gauchisme » que dénonce la ministre ?

      Je ne connais aucun chercheur que l’on puisse soupçonner de près ou de loin de complaisance avec les jihadistes, ou dont les travaux auraient pu « armer idéologiquement le terrorisme », suivant l’expression désormais routinière au sommet de l’Etat. Et le terrorisme au Nigeria, au Sahel, en Irak, aux Philippines, c’est aussi de la faute des universitaires islamo-gauchistes français ou américains ? C’est ridicule et dangereux. Au lieu de mobiliser l’intelligence collective pour appréhender des processus sociohistoriques inédits et complexes, ce que font précisément les chercheurs en sciences sociales, on sombre dans la logique du bouc émissaire à courte vue.

      Pensez-vous qu’il y a un climat anti-intellectuels en France ?

      Les diatribes anti-intellectuels sous Sarkozy avaient marqué une première étape. Mais l’hystérie actuelle autour de l’accusation d’islamo-gauchisme nous fait franchir un nouveau seuil. Petit à petit, les responsables politiques français, du centre droit à l’extrême droite, se rapprochent sans le savoir de l’attitude des nationalistes hindous du Bharatiya Janata Party (BJP) qui, depuis dix ans, visent à asseoir leur domination politique en stigmatisant toujours davantage la minorité musulmane (14% de la population, soit 150 millions de personnes tout de même) et les intellectuels réputés islamo-gauchistes soupçonnés de les défendre. On l’ignore trop souvent en France, mais cette hargne des nationalistes hindous se nourrit elle aussi des attentats jihadistes commis sur le sol indien, comme ceux de Bombay en 2008 ou les attaques au Cachemire musulman début 2019. Là encore, je peux comprendre que le traumatisme des attentats conduit les uns et les autres à chercher des explications pour cette horreur nihiliste. Mais cela n’a aucun sens de soupçonner de complicité les 150 millions de musulmans indiens qui, comme en France, cherchent simplement à mener une vie ordinaire, à trouver un travail, un revenu, un logement, et ne se demandent pas chaque matin comment ils vont venir en aide à un terroriste. Les soupçons vis-à-vis des universitaires indiens, qui tentent de faire leur travail dans des conditions précaires, sont toutes aussi odieux. En Inde, le gouvernement BJP en est arrivé à fomenter des émeutes antimusulmans, à fermer des centres de recherche et à faire arrêter des intellectuels. On en est évidemment très loin en France, mais il est urgent de se mobiliser avant que les choses ne continuent à dégénérer pour les groupes les plus fragiles. Concrètement, les intellectuels français disposent encore de solides ressources pour se défendre, mais il n’en va pas de même pour les populations issues de l’immigration extra-européenne, qui font face dans notre pays à des discriminations sociales et professionnelles extrêmement lourdes et à une stigmatisation croissante.

      Vous qui travaillez avec des réseaux de recherches dans le monde entier, comment jugez-vous l’université française par rapport aux autres grandes universités internationales ? Y a-t-il une américanisation de la recherche ?

      L’idée d’une contamination des chercheurs français par leurs collègues américains ne correspond à aucune réalité. En pratique, le développement des études coloniales et postcoloniales, par exemple des travaux sur l’histoire des empires coloniaux et de l’esclavage, est une coproduction internationale. Cette évolution implique depuis longtemps des chercheurs basés en Europe, aux Etats-Unis, en Inde, au Brésil, etc. Elle est là pour durer, et c’est tant mieux. Le phénomène colonial s’étale de 1500, avec les débuts de l’expansion européenne, jusqu’aux années 60 avec les indépendances, voire jusqu’aux années 90 si l’on intègre le cas de l’apartheid sud-africain. A l’échelle de la longue durée, cette phase coloniale vient tout juste de se terminer. Ses conséquences sur les structures sociales ne vont pas disparaître en un claquement de doigts. Il a fallu quelques décennies pour que la recherche s’empare pleinement des thèmes coloniaux et postcoloniaux. Ce n’est pas près de changer, et c’est tant mieux.

      https://www.liberation.fr/idees-et-debats/thomas-piketty-frederique-vidal-doit-partir-20210217_22G6RI2Q4ZA6RID5XRX5
      #Piketty

    • «Islamo-gauchisme»: Vidal provoque la #consternation chez les chercheurs

      En annonçant commander au CNRS une enquête sur « l’islamo-gauchisme » à l’université, la ministre a suscité l’ire du monde de la recherche. Les présidents d’université dénoncent « une pseudo-notion qu’il conviendrait de laisser […] à l’extrême droite », le CNRS émet de profondes réserves.

      Particulièrement transparente ces derniers mois malgré la crise grave que connaît l’enseignement supérieur, Frédérique Vidal embrase la communauté universitaire, abasourdie par son intention de commander « une enquête » au CNRS sur « l’islamo-gauchisme » à l’université.

      Tout est parti d’un entretien pour le moins sidérant accordé par la ministre, dimanche 14 février, à CNews, la chaîne préférée de l’extrême droite. Interrogée par Jean-Pierre Elkabbach sur la récente une du Figaro titrée « Comment l’islamo-gauchisme gangrène l’université », la ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche a commencé par acquiescer à ce « constat ».

      « Ce qu’on observe à l’université, c’est que des gens peuvent utiliser leurs titres et l’aura qu’ils ont […]. Ils sont minoritaires et certains le font pour porter des idées radicales ou des idées militantes de l’islamo-gauchisme en regardant toujours tout par le prisme de leur volonté de diviser, de fracturer, de désigner l’ennemi », commence-t-elle par affirmer.

      « Vous ajoutez aussi les #indigénistes qui disent la race, le genre, la classe sociale… tout ça, ça forme un tout ? », la relance doctement Jean-Pierre Elkabbach.

      Nullement gênée par l’incroyable confusion de la question, la ministre acquiesce à nouveau. « Absolument. D’ailleurs en biologie cela fait bien longtemps qu’on sait qu’il n’y a qu’une espèce humaine et qu’il n’y a pas de race donc vous voyez à quel point je suis tranquille avec ce sujet-là », répond-elle, montrant combien les récents débats scientifiques sur la notion de « race » dans les sciences sociales lui ont totalement échappé.

      « Oui, vous, vous êtes tranquille, mais il y a des minorités et elles sont agissantes… », relance encore le journaliste en agitant les doigts – une gestuelle censée représenter une forme d’infiltration de ces « minorités » à l’université.

      « Il y a une sorte d’alliance entre Mao Zedong et l’ayatollah Khomeini ? », suggère encore un Jean-Pierre Elkabbach à qui le sujet tient manifestement à cœur.

      « Vous avez raison. Mais c’est pour cela qu’à chaque fois qu’un incident se produit, il est sanctionné, à chaque fois que quelque chose est empêché, c’est reprogrammé, mais je crois que l’immense majorité des universitaires sont conscients de cela et luttent contre cela », avance Frédérique Vidal, sans que le spectateur, à ce stade, sache très bien ce que « cela » désigne, perdu entre les différentes chimères de « l’islamo-maoïsme » et du « féminisme-racialiste »…

      « C’est pour cela que je vais demander, notamment au CNRS, de faire une enquête sur l’ensemble des courants de recherche, sur ces sujets, dans l’université, de manière à ce qu’on puisse distinguer ce qui relève de la recherche académique de ce qui relève du militantisme, de l’opinion », lance alors la ministre.

      Dans la communauté scientifique, l’annonce de la ministre a manifestement pris tout le monde de court. Interrogé mardi sur les contours de cette future mission d’enquête, le CNRS semblait bien en peine de fournir le moindre élément de réponse. « À ce stade, nous en discutons avec le cabinet de Frédérique Vidal pour préciser les attentes de la ministre », nous a-t-on d’abord répondu dans un embarras manifeste.

      Au cabinet de Frédérique Vidal, on semble tout autant dans le brouillard, quant aux « attentes de la ministre ». « Les objectifs de cette étude seront définis dans les prochains jours. Il s’agira de définir ce qui existe comme courants d’études en France, sur différents thèmes », nous répond-on finalement. Difficile de faire plus vague.

      S’agit-il de faire une typologie des « courants » de pensée plus ou moins suspects ainsi que, pourquoi pas, des listes d’enseignants participant à ces courants comme aux grandes heures du maccarthysme ?

      L’enquête, selon le ministère, sera « portée » par l’alliance Athena « qui regroupe les principaux acteurs de la recherche publique française et qui est présidée par #Antoine_Petit », c’est-à-dire le directeur du CNRS. Sauf que l’alliance Athena est encore dirigée pour un mois par #Jean-François_Balaudé, qui, comme l’a révélé Le Monde, n’a même pas été informé de ce projet.

      Traversant aujourd’hui une période particulièrement difficile en raison de la pandémie, avec des étudiants en grande détresse et un corps d’enseignants-chercheurs à bout de souffle, la communauté universitaire s’est littéralement embrasée ces dernières heures.

      Mercredi en fin de journée, le CNRS a finalement publié un communiqué cinglant, expliquant que « l’islamogauchisme » était un « #slogan_politique » qui « ne correspond à aucune réalité scientifique ». « L’#exploitation_politique qui en est faite est emblématique d’une regrettable instrumentalisation de la science ». L’organisme de recherche, qui précise qu’il mènera une enquête « visant à apporter un éclairage scientifique sur les champs de recherche concernés », a pris les devants en affirmant qu’il « condamne en particulier les tentatives de #délégitimation de différents champs de la recherche, comme les études postcoloniales, les études intersectionnelles ou les travaux sur le terme de "race", ou tout autre champ de la connaissance ».

      La conférence des présidents d’université, d’ordinaire très prudente, s’est fendue mardi en fin de journée d’un communiqué assassin faisant part de sa « stupeur » et réclamant des « clarifications urgentes » à leur ministre de tutelle. « L’islamo-gauchisme n’est pas un #concept. C’est une #pseudo-notion dont on chercherait en vain un commencement de définition scientifique, et qu’il conviendrait de laisser sinon aux animateurs de CNews, plus largement à l’extrême droite qui l’a popularisée », écrit ainsi l’organisation qui représente tous les présidents d’université.

      Le but de cette « enquête » confiée au CNRS est-il d’identifier des éléments potentiellement idéologiquement dangereux au sein de la communauté universitaire ? Sur ce point également, la Conférence des présidents d’université (CPU) tient à mettre les choses au point : « La CPU regrette la confusion entre ce qui relève de la liberté académique, la liberté de recherche dont l’évaluation par les pairs est garante, et ce qui relève d’éventuelles fautes et infractions, qui font l’objet si nécessaire d’enquêtes administratives », et qui sont confiées dans ce cas à l’Inspection générale de l’éducation.

      « La CPU s’étonne aussi de l’instrumentalisation du CNRS dont les missions ne sont en aucun cas de produire des évaluations du travail des enseignants-chercheurs, ou encore d’éclaircir ce qui relève “du militantisme ou de l’opinion”, cingle l’organisation. Si le gouvernement a besoin d’analyses, de contradictions, de discours scientifiques étayés pour l’aider à sortir des représentations caricaturales et des arguties de café du commerce, les universités se tiennent à sa disposition. Le débat politique n’est par principe pas un débat scientifique : il ne doit pas pour autant conduire à raconter n’importe quoi. »

      Sauf qu’en matière de « n’importe quoi », la CPU et le monde de la recherche plus généralement n’avaient, sans doute, pas encore tout entendu. Questionnée mardi par la députée Bénédicte Taurine (La France insoumise) sur sa volonté de créer une « police de la pensée », Frédérique Vidal a eu cette réponse étonnante : « Alors, oui, en sociologie on appelle ça mener une enquête. Oui, je vais demander à ce qu’on fasse un bilan de l’ensemble des recherches qui se déroulent actuellement dans notre pays… Sur le postcolonialisme… Mais moi, vous savez, j’ai été extrêmement choquée de voir apparaître au Capitole un drapeau confédéré et je pense qu’il est essentiel que les sciences sociales se penchent sur ces questions qui sont encore aujourd’hui d’actualité. »

      Un rapprochement entre études postcoloniales et drapeau confédéré, emblème aujourd’hui des suprémacistes blancs, que personne n’a compris… Et pourquoi citer désormais les #études_postcoloniales qui sont un domaine de recherche présent dans les universités du monde entier ?

      Beaucoup d’universitaires et de chercheurs indignés ont demandé, à l’instar de l’économiste Thomas Piketty ou de la philosophe #Camille_Froidevaux-Metterie, le départ de la ministre aujourd’hui désavouée par une grande partie de la communauté scientifique. « Avec Frédérique Vidal, le gouvernement Macron-Castex réalise le rêve de Darmanin : contourner Le Pen par sa droite… Cette ministre indigne doit partir », a déclaré Thomas Piketty sur Twitter, où le mot-dièse #VidalDemission a rencontré un grand succès.

      Une « chasse aux sorcières »

      Les chercheurs du CNRS que Mediapart a interrogés ont unanimement rejeté l’idée d’être « instrumentalisés » par l’improbable projet d’enquête de la ministre.

      Pour l’historienne Séverine Awenengo Dalberto, chargée de recherche au CNRS et membre de l’Institut des mondes africains, Frédérique Vidal doit effectivement démissionner. « C’est scandaleux et honteux de vouloir restreindre les libertés académiques, d’instrumentaliser la recherche en histoire et sciences sociales à des fins politiciennes, et surtout, dans le contexte pandémique actuel, de mépriser à ce point les étudiants et étudiantes en portant l’attention médiatique et parlementaire sur cette fausse question de l’islamo-gauchisme plutôt que sur la détresse et la précarité des jeunes », explique-t-elle. Cette historienne, spécialiste des questions coloniales, fustige une démarche visant, selon elle, « à banaliser un discours d’extrême droite et à alimenter les fractures qu’elle feint de dénoncer. Comment peut-elle sérieusement penser que travailler sur des discriminations raciales, sur les mécanismes et les effets des assignations identitaires chromatiques, c’est reconnaître l’existence de races biologiques ? »

      Comme elle, nombre de chercheurs insistent aussi sur l’#absurdité de faire diligenter cette enquête sur l’université par le CNRS, puisque nombre de laboratoires ont une double tutelle CNRS et université.

      Le spécialiste des mobilisations ouvrières Samuel Hayat, chargé de recherche au CNRS, décrit ainsi ses collègues « entre #sidération et #découragement ». « Cela s’inscrit dans la suite logique de la gestion autoritaire de l’enseignement supérieur et de la recherche par Frédérique Vidal », souligne-t-il, en référence à la loi de programmation sur la recherche passée au forceps. « C’est une offensive générale contre, en gros, le #discours_critique et la #pensée_critique », estime-t-il. « Pour Frédérique Vidal, l’université doit être dans “l’#excellence” et la #rentabilité mais l’idée qu’il y ait des pôles de résistances critiques aux politiques est insupportable », assure-t-il. Ce politiste souligne aussi combien cette « chasse aux sorcières » rappelle les politiques menées au Brésil, en Hongrie, aux États-Unis, en Turquie ou au Japon contre les libertés académiques.

      Si dans ces pays la bataille s’est principalement concentrée sur les études de #genre, accusées de détruire les fondements de la société, la lutte contre l’#islamisme offre, en France, l’excuse toute trouvée pour traquer les chercheurs « déviants ». « Comme ils ne vont pas trouver d’islamistes dans les universités, ils s’appuient sur un concept comme “l’islamo-gauchisme” qui ne veut rien dire mais qui permet d’amalgamer les savoirs critiques au terrorisme », affirme Samuel Hayat. « La cerise sur le gâteau est l’instrumentalisation du CNRS, qui est un établissement public de recherche qui détermine évidemment son agenda de recherche. Être traité comme une officine pour cerner un objet qui n’existe pas, c’est particulièrement insultant. Le CNRS doit réaffirmer qu’il n’est pas aux ordres des objectifs politiques du gouvernement. »

      Pour l’historienne Camille Lefebvre, directrice de recherche au CNRS et spécialiste de l’Afrique aux XVIIIe et XIXe siècles, cette annonce de Frédérique Vidal s’inscrit dans « un pur enjeu électoral consistant à placer la question de l’islam au cœur de la prochaine campagne présidentielle. Le problème c’est que c’est un #discours_performatif et qu’ils n’en mesurent pas les conséquences », souligne-t-elle, décrivant des discours stigmatisants « qui blessent une partie de la société française à qui l’on veut faire comprendre qu’elle doit rester à sa place ».

      Pionnier, avec #Marwan_Mohammed, de l’étude de l’islamophobie comme nouvelle forme de racisme, le sociologue #Abdellali_Hajjat (qui a quitté la France pour enseigner en Belgique devant le climat de plus en plus hostile à ces travaux dans l’Hexagone) estime que les déclarations de Frédérique Vidal sont « la énième étape d’un processus de #panique_morale d’une partie des #élites_françaises qui a commencé au moins en 2015-2016. Et cela marque le succès d’un intense #lobbying de la part des “#universalistes_chauvins”, tenants de la fausse opposition entre “universalistes” et “décoloniaux”, estime-t-il. La ministre dit qu’il s’agit de distinguer travail de recherche et militantisme… Il semble qu’il s’agit surtout de cibler les universitaires qui seraient “déviants” d’un point de vue politique et scientifique ».

      Selon lui, malgré l’ineptie du discours d’une ministre qui semble largement dépassée par la situation, et qui pourrait prêter à sourire, la situation est très alarmante. « Cette volonté d’#hégémonie, de #contrôle total sur la recherche rappelle les pratiques des régimes politiques contemporains les plus autoritaires », assène-t-il.

      « Je suis en colère car ce qui est en train de se passer est à la fois honteux et très inquiétant », affirme de son côté Audrey Célestine, maîtresse de conférences en sociologie politique et études américaines à l’Université de Lille et membre du conseil scientifique de la Fondation pour la mémoire de l’esclavage. « Nous sommes dans une forme de #maccarthysme », assure-t-elle jugeant le niveau du débat public « atterrant ». « Lorsqu’on voit quelqu’un comme #Raphaël_Enthoven évoquer “la #peste_intersectionnelle”, on se dit qu’il y a une fierté à étaler dans ces débats son #ignorance crasse. Je suis pour le débat mais avec des gens qui lisent les travaux dont ils parlent », explique-t-elle. Comme pour tous les chercheurs interrogés, Frédérique Vidal a désormais perdu toute #crédibilité et ne peut plus rester ministre de tutelle.

      Après les premières déclarations de Jean-Michel Blanquer, ministre de l’éducation nationale, sur « l’islamo-gauchisme » à l’université, la ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche avait semblé vouloir défendre les libertés académiques. « L’université n’est ni la matrice de l’extrémisme ni un lieu où l’on confondrait émancipation et endoctrinement », avait-elle rappelé à son collègue du gouvernement.

      Aujourd’hui, Frédérique Vidal semble appliquer avec zèle une feuille de route écrite par l’exécutif. Interrogé sur France Inter, le 1er février par Léa Salamé, sur la place des « indigénistes » et des « racialistes » à l’université – un questionnement qui en dit long sur la maîtrise du sujet –, Gérald Darmanin, ministre de l’intérieur, a ainsi expliqué que ces idéologies sont peut-être « majoritaires » à l’université : « C’est un drame pour la France et nous devons absolument débattre pied à pied, idée par idée cela », a détaillé ce matin-là – sans souci du mélange des genres – le « premier flic de France ».

      « C’est d’ailleurs ce qu’a souhaité le président de la République dans son discours des Mureaux », rappelait-il alors, en référence au discours du chef de l’État ciblant le « #séparatisme_islamiste ».

      Soutenu par le gouvernement, un amendement glissé au Sénat dans la loi de programmation sur la recherche avait déjà, en octobre dernier, tenté de soumettre les libertés académiques au « cadre des valeurs de la République ». Finalement rejeté, au vu de sa formulation floue, il révélait déjà combien l’exécutif se montrait soupçonneux à l’égard du monde universitaire.

      La tribune des cent universitaires publiée dans le Monde fin octobre, parmi lesquels Marcel Gauchet, Gilles Kepel, Pierre-André Taguieff ou Pierre Nora, dénonçant un « déni » face à l’islamisme et déplorant que « Les idéologies indigéniste, racialiste et « décoloniale » (transférées des campus nord-américains) » aient infiltré l’université « nourrissant une haine des « Blancs » et de la France » a sans doute fait son effet sur l’exécutif. Lequel n’a pas prêté grand crédit aux multiples contre-tribunes, sur le sujet, dont celle de deux mille chercheurs aussi publiée par le Monde, et pourtant signée par des chercheurs encore en prise, eux, avec la production en sciences sociales.

      Le président, passé de la lecture de Paul Ricœur à celle de Pierre-André Taguieff et sa dénonciation des « bonimenteurs du postcolonial », avait déjà affirmé en juin dernier devant des journalistes que « le monde universitaire a été coupable. Il a encouragé l’#ethnicisation de la question sociale en pensant que c’était un bon filon. Or, le débouché ne peut être que sécessionniste. Cela revient à casser la République en deux ».

      Aujourd’hui, sous les coups de boutoir d’un pouvoir obsédé par la mise au pas de la communauté universitaire, ce sont surtout les enseignants, les chercheurs et plus largement les libertés académiques qui sont menacés.

      https://www.mediapart.fr/journal/france/170221/islamo-gauchisme-vidal-provoque-la-consternation-chez-les-chercheurs?ongle

    • Vidal au stade critique - Communiqué de SLU, 17 février 2021

      « Ainsi, depuis des mois, par petites touches, se met en place un discours officiel anti-universitaire, sans que jamais la ministre de l’Enseignement supérieur qui devrait être le premier rempart des universitaires contre ces attaques n’ait eu un mot pour les défendre » disions-nous dans notre communiqué du 24 octobre pour dénoncer les propos de Jean-Michel Blanquer devant les sénateurs dans lesquels il dénonçait « des courants islamo-gauchistes très puissants dans les secteurs de l’enseignement supérieur qui commettent des dégâts sur les esprits ».

      Dans une tribune à L’Opinion deux jours plus tard la ministre de l’ESR semblait y répondre du bout des lèvres : « L’université n’est pas un lieu d’encouragement ou d’expression du fanatisme ». Bien.

      Mais depuis, la petite musique est devenue fanfare assourdissante : ainsi, deux députés LR, Julien Aubert et Damien Abad demandaient en novembre une mission d’information de l’Assemblée Nationale sur « les dérives idéologiques dans les établissements d’enseignement supérieur » ; ce même Julien Aubert publiait le 26 novembre 2020 les noms et les comptes Twitter de sept enseignants-chercheurs, nommément ciblés et livrés à la vindicte publique ; cette dénonciation calomnieuse s’ajoutait aux propos tenus par la rédaction du journal Valeurs Actuelles à l’encontre du Président nouvellement élu de l’université Sorbonne Paris Nord ; le ministre de l’intérieur Gérald Darmanin (le 1er février 2021 sur France-Inter) parlait d’idéologie racialiste ; la députée LR Annie Genevard dans le débat sur l’interdiction du voile à l’université dans le cadre de la loi sur le séparatisme (le 3 février 2021) synthétisait tout cela en affirmant que « L’université est traversée par des mouvements puissants et destructeurs […] le décolonialisme, le racialisme, l’indigénisme et l’intersectionnalité ».

      Et le 14 février, la ministre Frédérique Vidal, muette sur l’abandon de l’université et de ses étudiants depuis le début de la pandémie, sonne l’hallali sur une chaîne ouvertement d’extrême droite :

      « Ce qu’on observe à l’université, c’est que des gens peuvent utiliser leurs titres et l’aura qu’ils ont. Ils sont minoritaires et certains le font pour porter des idées radicales ou des idées militantes de l’islamo-gauchisme en regardant toujours tout par le prisme de leur volonté de diviser, de fracturer, de désigner l’ennemi, etc… »

      Et de répondre dans un rire à une question toute en nuance de l’interviewer « Il y a une sorte d’alliance, si je puis dire, entre Mao Zedong et l’Ayatollah Khomeini ? » : « Mais vous avez raison ! »

      Tant de bêtise pourrait prêter à rire.

      Mais au milieu d’inepties qui ne témoignent que de sa confusion, Frédérique Vidal conclut, sans crainte de se contredire dans une même phrase : « On ne peut pas interdire toute approche critique à l’université. Moi c’est ça que je vais évidemment défendre et c’est pour ça que je vais demander notamment au CNRS de faire une enquête sur l’ensemble des courants de recherche sur ces sujets dans l’université de manière à ce qu’on puisse distinguer de ce qui relève de la recherche académique de ce qui relève justement du militantisme et de l’opinion ».

      Voilà le CNRS transformé en IGPN (Inspection Générale de la Pensée Nationaliste).

      La chasse aux sorcières est donc lancée, cette fois en haut lieu. Elle ne peut qu’encourager le harcèlement, déjà intense sur internet, et assorti à l’occasion de menaces de mort, envers des collègues accusés d’être des « islamogauchistes ». Elle s’inscrit dans une course à l’extrême-droite qui n’est pas isolée dans le gouvernement : il s’agit bien d’un choix politique concerté (voire d’une intervention sur commande ?).

      Retenons, cependant, une phrase de la ministre : « Il faut que le monde académique se réveille ».

      Oui, il est grand temps de nous réveiller. Toutes les instances, tous les échelons que comptent l’enseignement supérieur et la recherche doivent désormais ouvertement se prononcer et clamer haut et fort : nous ne pouvons plus reconnaître Frédérique Vidal comme notre ministre, nous refuserons de mettre en place des directives contraires aux principes fondamentaux de l’université.

      http://www.sauvonsluniversite.com/spip.php?article8893

    • Lettre à Frédérique Vidal

      Depuis vos dernières déclarations sur « l’islamo-gauchisme », je suis dans un cauchemar terrible. Votre discours réveille tout ce que j’ai vécu et tout ce que mes collègues en Turquie sont en train de vivre. Je vous demande de prêter attention à ma parole qui s’est forgée à travers une expérience très dure de la défense de la liberté de la recherche et de l’autonomie de la production scientifique.

      https://blogs.mediapart.fr/pinar-selek/blog/210221/lettre-frederique-vidal

    • Merci @marielle, je mets tout le contenu de la lettre de #Pinar_Selek sur ce fil :

      Lettre à Frédérique Vidal

      Depuis vos dernières déclarations sur « l’islamo-gauchisme », je suis dans un #cauchemar terrible. Votre discours réveille tout ce que j’ai vécu et tout ce que mes collègues en #Turquie sont en train de vivre. Je vous demande de prêter attention à ma parole qui s’est forgée à travers une expérience très dure de la défense de la liberté de la recherche et de l’#autonomie de la production scientifique.

      –—

      Madame Vidal,

      Vous vous souvenez de moi, l’enseignante-chercheure exilée que vous aviez accueillie, dans le cadre du Programme PAUSE, à l’Université Côte d’Azur, quand vous étiez sa présidente. Mais nous nous sommes rencontrées la première fois, le 30 septembre 2019, dans le cadre de la conférence de presse du Programme PAUSE ( Programme national d’Aide à l’Accueil en Urgence des Scientifiques en Exil). En tant que ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, vous souteniez ce programme. Je pense que vous le soutenez encore. Tant mieux : vous soutenez les enseignant.es-chercheur.es qui ont fui la répression politique dans leur pays et qui ont besoin d’un espace de liberté pour continuer à poser des questions et à conduire leurs recherches.

      Depuis vos dernières déclarations sur "l’islamo-gauchisme", je suis dans un cauchemar terrible. Votre discours réveille tout ce que j’ai vécu et tout ce que mes collègues en Turquie sont en train de vivre, sous l’islamo-fascisme. Je pense que tout.es les scientifiques exilé.es qui sont aujourd’hui accueilli.es par le Programme PAUSE sont entrés dans le même cauchemar, car elles-ils savent aussi très bien comment les libertés académiques se rétrécissent quand les pouvoirs politiques interviennent dans le champ scientifique avec la justification de la lutte contre le terrorisme. En général, c’est comme ça que ça se passe. En Turquie, en Chine, en Iran. Et aujourd’hui en France.

      J’ai envie de vous dire que si vous ne revenez pas publiquement sur vos propos ou si vous ne démissionnez pas, le cancer se diffusera et des scientifiques français.es prendront le chemin d’exil.

      Ne me dites pas qu’en France ce n’est pas possible. Si, Madame Vidal, si. Vous le savez mieux que moi : le pétainisme n’est pas si vieux que ça. Rappelez-vous dans les années 1940, il y avait beaucoup d’universitaires français exilés, refusant de se soumettre au fascisme.

      Vous vous souvenez peut-être, dans la conférence de presse de PAUSE, j’avais commencé mon intervention en disant ceci : « Pour vous épargner un récit victimisant et pour me distancier d’une vision intégrationniste imprégnée de colonialisme, j’avais pensé d’abord rappeler que chaque pays a besoin de passeurs des théories scientifiques. Surtout la France qui a de grandes difficultés de traduction. Elle a besoin de savant.es qui se sont formés dans d’autres pays. De plus, accueillir les scientifiques qui ne sont pas soumis à l’autorité ne peut être qu’une richesse pour ceux et celles qui les accueillent. » Je vous demande de prêter attention à ma parole qui s’est forgée à travers une expérience très dure de la défense de la liberté de la recherche et de l’autonomie de la production scientifique.

      Madame Vidal, essayez d’écrire des articles scientifiques, avec votre casquette universitaire, pour remettre en question les notions scientifiques et inscrivez-vous dans le débat collectif des chercheur.es, mais surtout cessez d’intervenir en mettant votre casquette politique !

      Sinon vous allez mettre la machine infernale en marche.

      Et la machine du pouvoir peut aller plus loin que vous ne l’imaginez.

      Pinar Selek

      https://blogs.mediapart.fr/pinar-selek/blog/210221/lettre-frederique-vidal

    • "Islamogauchisme" : Le piège de l’#Alt-right se referme sur la Macronie

      Mardi dernier, la Ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation (MESRI) a exprimé son souhait de missionner le CNRS pour une « étude scientifique » sur “l’islamo-gauchisme” qui, d’après ses propos de dimanche (14/02/21) sur une chaîne TV privée, « gangrène la société dans son ensemble ». « L’université n’[y étant] pas imperméable », il s’agirait de définir « ce qui relève de la recherche et du militantisme ». La Conférence des Présidents d’Université a immédiatement exprimé sa stupeur devant de tels propos, tandis que le CNRS indiquait dans un communiqué de presse que « “L’islamogauchisme” , slogan politique utilisé dans le débat public, ne correspond à aucune réalité scientifique ».

      C’est la troisième fois en moins de six mois que l’expression “l’islamo-gauchisme” est employée par un ministre du gouvernement Castex, contribuant à inscrire ce terme comme dénomination légitime d’une catégorie sociale, malgré l’absence de réalité scientifique.

      Au-delà de la menace que fait peser la démarche de la Ministre sur les libertés académiques, qui a suscité de vives polémiques, nous montrons qu’elle s’inscrit dans une tendance d’autant plus inquiétante qu’elle semble relever d’un #aveuglement au niveau de la Présidence et du gouvernement.

      Afin de discerner ce qui relève du #militantisme ou de la #stratégie_politique dans la #popularisation de ce #néologisme, ainsi que l’impact que pourrait avoir sa #légitimation par de hauts responsables de la République, nous présentons ici une étude factuelle sur les contextes de son utilisation dans le paysage politique français sur les 5 dernières années.

      Nous nous appuierons sur le #Politoscope, un instrument du CNRS que nous avons développé à l’Institut des Systèmes Complexes de Paris IdF pour l’étude du #militantisme_politique en ligne. Il nous permet d’analyser à ce jour plus de 290 millions de messages à connotation politique entre plus de 11 millions de comptes #Twitter émis depuis 2016.

      Nous renvoyons le lecteur intéressé par l’origine de l’expression “islamo-gauchisme” à l’historique qui en avait été fait en octobre dernier lors des premières utilisations de ce terme, d’abord par le Ministre de l’Intérieur lors d’un échange à l’Assemblée Nationale, puis par le Ministre de l’Éducation Nationale, de la Jeunesse et des Sports en réaction à l’assassinat de Samuel Paty.

      Le point important pour notre propos est que nous avons affaire à un néologisme relativement ancien (une quinzaine d’années) qui a jusque-là été peu utilisé. Entre le 1er Août 2017 et le 30 décembre 2020, sur 230M de tweets analysés, le terme « islamogauchisme » ou ses variantes ont été promus dans des tweets originaux et relayés via retweets respectivement par 0,019% et 0,26% du total comptes Twitter analysés, au sein de « seulement » 73.806 messages (0,032% du total). Nous sommes donc sur une #terminologie, et a priori une catégorisation des groupes sociaux, très marginales[1].

      Comme le montrent les recherches en sociologie et psychologie sociale[2], ce type de dénomination émergente indique la volonté de créer une nouvelle catégorie dans l’#imaginaire_collectif, passage obligé pour faire accepter de nouveaux #récits_de_référence et pour façonner de manière durable de nouvelles #représentations, #croyances et #valeurs.

      S’agissant de la dénomination d’un #groupe_social, elle est l’instrument d’une démarcation entre le groupe social qui l’emploie et le groupe social réel ou fantasmé qu’elle est censée désigner. Si le CNRS s’est exprimé au plus haut niveau pour indiquer que l’« islamogauchisme » était plus un #fantasme qu’une réalité scientifique, nous posons ici la question de ce que cette expression révèle sur le ou les groupes sociaux qui l’emploient.

      Voici donc ce qui ressort de l’expression « islamogauchisme »[3] lorsque nous la passons au macroscope de nos méthodes d’analyse.

      Quels ont été les contextes d’usage de l’expression « islamo-gauchisme » ces dernières années ?

      Si l’expression« islamo-gauchisme » est très marginale dans la #twittersphère et dans le #langage_politique ordinaire, elle apparaît dans des contextes très précis en tant qu’instrument de #lutte_idéologique.

      Une première évaluation qualitative de ce fait peut être menée à partir des messages mentionnant cette expression. Nous reproduisons ci-dessous les tweets ayant touché le plus de comptes distincts ces cinq dernières années. Ils sont classés par ordre décroissant de leur impact.

      Il apparaît clairement sur cet échantillon, par ailleurs assez représentatif de l’ensemble, que « islamo-gauchisme » est employé dans un contexte d’hostilité entre communautés politiques et non de discours programmatique, prosélyte ou de débat politique. Une analyse plus complète du contenu de ces tweets hostiles montre que les notions les plus associées à « islamo-gauchisme » sont celles de #traître, d’#ennemi_de_la_république, d’#immoralité, de #honte, de #corruption ainsi que de #menace, d’#insécurité, de #danger, d’alliance avec l’ennemi et bien sûr de compromission avec l’#islamisme_radical.

      La principale communauté politique visée par ce terme (et qui s’en défend, d’où sa présence dans ce corpus de tweets) est la #France_Insoumise et la personnalité de #Jean-Luc_Mélenchon, mais occasionnellement, ce terme vise la communauté plus large des personnalités et militants de #gauche, comme le montre le tweet le plus relayé de tout notre corpus et adressé à #Benoît_Hamon.

      Nous sommes donc sur un terme utilisé pour ostraciser et dénigrer un groupe social particulier tout en en donnant pour l’opinion publique une image anxiogène et associée à un #danger_imminent. Son utilisation a pour but de polariser l’opinion publique autour de deux camps déclarés incompatibles entre lesquels il faudrait choisir : d’un côté les défenseurs du droit et des valeurs républicaines, de l’autre les traîtres aux valeurs françaises et alliés d’un ennemi sanguinaire. La construction même du terme reflète cette ambition. Dans un pays encore meurtris par les attentats du Bataclan, le préfixe « islamo- » est au mieux négatif voire désigne des personnes dangereuses pour l’ordre public, quant au suffixe « gauchisme », il est une forme péjorative pour désigner en vrac les #idéologies_de_gauche.

      Qui a fait la promotion de la notion « islamo-gauchisme » ces dernières années ?

      En y regardant de plus près, l’usage de l’expression « islamo-gauchisme » est un marqueur de types de comptes Twitter très précis. Voici les comptes qui ont le plus utilisé cette expression ces cinq dernières années, classés par nombre décroissant d’usages de cette expression :

      Table 1. Liste des comptes ayant le plus relayé le terme « islamo-gauchisme » depuis 2016 dans le Politoscope. La mention ‘suspendu’ indique des comptes suspendus par Twitter pour leur comportement violant ses règles d’utilisation. La mention ‘protégé’ indique des comptes qui ont choisi de rendre leurs messages confidentiels. La mention bot indique des comptes ouvertement pilotés par des robots informatiques.

      On remarque tout d’abord qu’il y a une forte majorité de #comptes_suspendus. D’après Twitter, la plupart des comptes suspendus sont des #spammeurs, ou tout simplement des #faux_comptes qui introduisent des risques de sécurité pour Twitter et ses utilisateurs. Un compte peut également être suspendu si son détenteur adopte un comportement abusif, comme envoyer des menaces à d’autres personnes ou se faire passer pour d’autres comptes, ou si Twitter pense qu’il a été piraté.

      Les cas de suspension de comptes sont très rares. L’une des plus importantes purges de comptes Twitter a visé récemment 70.000 comptes ayant incité à la violence dans les jours précédant le saccage du Capitole aux USA, ce qui ne représente que 0,023% de l’ensemble des comptes actifs. Avoir plus de la moitié de comptes suspendus parmi les plus prolixes sur l’« islamo-gauchisme » est donc une prouesse et un marqueur très significatif de comportements abusifs et malveillants.

      Dans le cas présent, les raisons de la suspension semblent être un comportement verbalement violent et peut-être même plus probablement un comportement de tromperie ou d’astroturfing typique des agissements d’une certaine frange de l’#extrême_droite : une démultiplication démesurée et généralement artificielle de l’activité d’un compte pour faire illusion sur le soutien réel d’une population à une idée. Cette hypothèse est confortée par la présence de deux ‘amplificateurs’ parmi cette short list, c’est à dire des comptes dont le nombre quotidien de tweets (plus de 60 par jour en moyenne) indique qu’ils sont probablement pilotés par des robots ou des salariés.

      La seconde chose que l’on peut remarquer est l’#orientation_politique des quelques comptes présents dans cette liste pour ceux qui sont encore actifs : ils sont tous idéologiquement d’extrême-droite.

      L’analyse de l’ensemble des 83.000 #tweets contenant « islamo-gauchisme » et de leur dynamique permet de préciser ce tableau.

      Les deux communautés politiques historiques qui ont été les plus actives sur ce thème sont le #Rassemblement_National et #Les_Républicains, mais avec des temporalités très différentes. Jusqu’au 1er tour de la présidentielle de 2017, Les Républicains, et principalement les sarkozystes, étaient les plus actifs sur le sujet. Ce point n’est pas une coïncidence puisque, comme nous l’avons démontré[4] la tactique consistant à dénigrer un adversaire en révélant sa soit-disant proximité avec l’islamisme radical avait déjà été utilisée au sein même de LR contre Alain Juppé, une première fois par les sarkozistes pendant la primaire de la droite de 2016 où il était grand favori, puis par les fillionnistes au moment du Peneloppe Gate, alors que la possibilité d’un retour de Juppé était évoquée.

      La tendance s’est inversée très exactement dans l’entre-deux tours et le #RN est alors devenu, et de loin, le courant politique qui a le plus fréquemment fait usage du terme « islamo-gauchisme ». Sur ces quatre dernières années, les militants d’extrême droite ont consacré plus de deux fois plus d’efforts à sa promotion que leurs homologues Républicains (rapporté à leur volume total de tweets).

      Cette inversion s’explique par la reconfiguration des forces politiques à l’issue de la présidentielle. Comme nous l’avons déjà décrit[5], pendant la majeure partie de la campagne présidentielle, Marine Le Pen étant pronostiquée au second tour, les autres candidats se sont affrontés entre-eux pour obtenir la place restante. #Mélenchon était donc l’un des principaux adversaires de Fillon. Mais dès la présidentielle terminée et l’effondrement du PS et de LR qui s’en sont suivis, LFI et le RN sont devenus les principaux partis d’opposition et se sont donc mis à s’affronter pour prendre la place de première force d’opposition. C’est dans ce cadre que le RN a tenté d’imposer sa vision de « islamo-gauchisme » afin de discréditer son principal opposant et servir par la même occasion son agenda politique anti-immigration.

      Le terme « islamo-gauchisme » est donc avant tout une #arme_idéologique utilisée dans un #discours_hostile pour discréditer une communauté politique indépendamment de la réalité qu’il est supposé désigner.

      Une #cartographie de l’ensemble des échanges Twitter avec identification des communautés politiques révèle d’ailleurs très bien cette organisation dichotomique des échanges autour de cette expression. La figure 2 montre deux blocs qui s’affrontent : d’un côté les communautés d’extrême-droite et LR qui utilisent ce terme de manière hostile pour dénigrer ou stigmatiser la communauté LFI, de l’autre LFI qui se défend. On remarquera par ailleurs que l’extrême droite est elle-même divisée en deux sous groupes : le RN et les courants patriotes/identitaires. Enfin, la figure 3 ci-dessous montre bien l’activité ancienne, persistante et massive de l’extrême-droite pointant l’intention de faire accepter une certaine représentation du monde par ce néologisme.


      Figure 2. Cartographie des communautés politiques mentionnant « islamo-gauchisme ». Chaque point est un compte Twitter, sa couleur indique son appartenance à un courant politique. A droite, les communautés d’extrême-droite et LR utilisant ce terme de manière hostile pour dénigrer ou stigmatiser la communauté LFI (à gauche) qui se défend. La taille des nœuds est fonction du nombre de leurs tweets mentionnant « islamo-gauchisme » mise à part celle des nœuds labellisés avec des comptes actifs dont la taille a été augmentée pour des questions de visualisation. Pour ces nœuds là uniquement, la couleur indique le nombre de tweets mentionnant « islamo-gauchisme », par ordre croissant du blanc au violet. On remarquera la présence marquée de comptes très impliqués dans ce type d’échanges et suspendus depuis par Twitter. Image : CNRS, #David_Chavalarias – CC BY-ND 4.0.


      Figure 3. Cartographie des communautés politiques mentionnant « islamo-gauchisme » avec indication de la longévité des comptes. La taille des nœuds est proportionnelle à l’intervalle de temps pendant lequel a été détectée une participation à la polémique « islamo-gauchisme ». Il apparaît clairement qu’il y a une activité ancienne, persistante et massive à l’extrême-droite. Image : CNRS, David Chavalarias – CC BY-ND 4.0.

      Pourquoi l’adoption du #vocabulaire de l’extrême droite est-elle un piège ?

      Si l’on résume les éléments factuels que nous venons de présenter :

      Bien que la science ne reconnaisse pas « islamo-gauchisme » comme une catégorie sociale légitime, plusieurs courants d’extrême-droite en font depuis longtemps la promotion,
      Cette promotion, qui s’inscrit dans des échanges hostiles et dépourvus d’éléments programmatiques, a des objectifs bien précis : 1) discréditer ses opposants de gauche, 2) convaincre l’#opinion_publique de l’existence d’une nouvelle catégorie d’acteurs : des ennemis intérieurs alliés aux forces obscures de l’islamisme radical. Ce faisant, elle crée une #atmosphère_anxiogène propice à l’adhésion à ses idées.

      Si, comme nous avons pu le mesurer, cet effort soutenu n’a pas eu d’effet notable sur l’écosystème politique jusqu’à récemment, les interventions successives de trois ministres de la République ont changé la donne. La dernière intervention de Frédérique Vidal lui a fourni une exposition inespérée.

      L’existence de groupes « islamo-gauchites » vient d’être défendue officiellement au plus haut niveau puisqu’il serait absurde de demander une enquête sur quelque chose à laquelle on apporte peu de crédit. Cette dénomination est donc légitimée par le gouvernement, avec en prime l’idée que de notre jeunesse serait menacée d’#endoctrinement.

      La réaction épidermique du milieu universitaire à ces interventions n’a fait qu’amplifier l’exposition à cette idée, même si c’était pour la démentir, laissant présager d’un #effet_boomerang. Nous voyons ainsi sur le détail de l’évolution de la popularité de ce terme (Figure 4) qu’il a été propulsé au centre des discussions de l’ensemble des communautés politiques à la suite de l’intervention de la ministre et qu’il a même atteint assez profondément “la mer”.

      « La mer » est le nom que nous avons donné à ce large ensemble de comptes qui ne sont pas suffisamment politisés pour être associés à un courant politique particulier mais qui échangent néanmoins des tweets politiques. Toucher “la mer” avec leurs idées est le graal pour les communautés politiques car c’est un réservoir important de nouvelles recrues. Ainsi, “la mer”, concentrant son attention sur ce concept d’« islamo-gauchisme », est amenée à problématiser les enjeux politiques à partir des idées de l’extrême-droite.

      D’après nos mesures, les ministres du gouvernement ont réussi à faire en quatre mois ce que l’extrême-droite a peiné à faire en plus de quatre années : depuis octobre, le nombre de tweets de “la mer” mentionnant « islamo-gauchisme » est supérieur au nombre total de mentions entre 2016 et octobre 2020. On peut parler de #performance.


      Figure 4. Détail de l’évolution du nombre cumulé de tweets émis par les principales communautés politiques avec la mention « islamo-gauchisme » ou ses variantes. Le volume de tweets de “la mer” apparaît en vert et peut être lu sur l’axe des ordonnées à droite. Image : CNRS, David Chavalarias – CC BY-ND 4.0.

      La porte ouverte à l’#alt-right

      Pour bien comprendre la faute politique que constitue la légitimation et l’appropriation d’un concept tel que « islamo-gauchisme » par un gouvernement, il faut se placer dans le contexte mondial de la montée de l’alt-right et des étapes qui permettent à cette idéologie de gangrener le pouvoir.

      Contrairement à “« islamo-gauchisme », l’alt-right est un mouvement idéologique bien réel, scientifiquement documenté[6], et revendiqué publiquement au sein d’espaces d’échanges en ligne tels que #4Chan et #8Chan.

      L’alt-right est l’idéologie dont l’ascension a accompagné la prise du pouvoir de Donald Trump. Ses partisans sont nationalistes et suprématistes, racistes et antisémites, complotistes, intolérants et d’une violence parfois teintée de néonazisme[7]. Ils s’organisent de manière décentralisée via les médias numériques et recrutent “parmi les identitaires blancs, éduqués ou non, qui se présentent comme victimes de la culture dominante” (Port-Levet, 2020). Ils utilisent la #désinformation comme principal moyen pour propager leur idéologie “qui se fonde sur la #confusion_idéologique et dont l’un des principaux objectifs est de troubler l’ordre politique pour accélérer le chaos”[8].

      On ne s’étonnera pas que l’alt-right conçoive l’Université comme un repère de gauchistes et que certains de ses partisans en aient fait leur principal champ de bataille[9].

      L’idéologie alt-right a déjà quelques belles victoires à son palmarès, dont les mandatures de Donald Trump aux États-Unis et de Bolsonaro au Brésil, pays dont on relèvera qu’il dispose du même mode de scrutin présidentiel que la France.

      Comme nous l’avons documenté[10], ses partisans sont convaincus que #Marine_Le_Pen est de leur côté (cf. Figure 5), ils l’ont d’ailleurs activement soutenu en 2017 en espérant lui donner le coup de pouce décisif qui la mènerait à la victoire. L’un de leurs forums post-premier tour, intitulé “#Final_Push_Edition”, commençait le 25 avril 2017 par la formule “Alright everyone, our golden queen has won the first round and must now face her final opponent Macron Antoinette.”[11]. S’en suivait une série d’échanges et de conseils sur la meilleure manière de manier la désinformation pour réorienter une partie de l’opinion française vers un vote Le Pen ou l’abstention.


      Figure 5. Meme propagé en 2017 par les partisans de l’alt-right montrant Marine Le Pen faisant le symbole « O-KKK » (en référence au Ku Klux Klan) qui signifie “White Power”, signe de ralliement des suprémacistes blancs. Ce signe peut être vu également sur de multiples photos de la prise du Capitole. La grenouille, “Pepe the frog”, est la mascotte du mouvement. Ce photo-montage est un message entre partisans de l’alt-right pour indiquer que Marine Le Pen défend leurs valeurs. Image : 4Chan – Meme Internet – auteur anonyme.

      Depuis, ce courant n’a cessé de se renforcer à travers le monde, bénéficiant de la bouffée d’oxygène apportée par la mandature #Trump. Avec la victoire de Biden, ils n’auront rien de mieux à faire ces prochains mois que de s’occuper à nouveau des élections présidentielles en Europe.

      Pour propager leur idéologie à grande échelle, les activistes de l’alt-right se doivent de conquérir l’#imaginaire_collectif avec leurs représentations du monde. Comme une araignée, ils nécrosent progressivement la #morale_collective et la confiance que les citoyens ont dans leurs institutions démocratiques jusqu’à leur faire perdre tout repère. L’espoir de ces activistes est qu’alors un coup de force coordonné, jouant sur les #émotions_négatives, leur permettra de faire basculer une élection.

      Le chemin de cette nécrose est connu et documenté par la recherche en psychologie sociale, sociologie et sciences politiques. Il a été emprunté par les partisans de #Donald_Trump et a mené à l’insurrection du Capitole. En avoir connaissance nous permet de constater que nous l’empruntons déjà et que la Ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation vient, probablement à son insu, d’y jouer un rôle d’agent de la circulation très efficace.

      Il y a en effet un parallèle quasi parfait entre la stratégie de l’alt-right américaine et celle qui sous-tend la promotion de la notion d’« islamo-gauchisme ». Citons pour nous en convaincre quelques passages d’une excellente recherche sur ce mouvement aux États Unis. Elle se fonde sur une analyse qualitative du discours alt-right sur le forum “r/The_Donald” au sein de Reddit (McLamore and Uluğ, 2020) :

      […] La théorie des représentations sociales met en évidence la pensée dualiste et dichotomique qui distingue les catégories, c’est-à-dire les “bonnes personnes/mauvaises personnes”, les “amis/ennemis”, les “élites/nonelites”, la “majorité/minorité” (Markova, 2006 ; Staerklé, 2009 ; Staerklé, Clemence, & Spini, 2011) – et l’appartenance à ces #catégories_antagonistes est attribuée en fonction de la concordance ou de la discordance avec des #symboles, #valeurs ou caractéristiques qui sont socialement représentés (Staerklé, Clemence, & Spini, 2011)

      Les résultats indiquent que les billets[12] qui contiennent des représentations sociales ou des éléments narratifs sur r/The_Donald se concentrent largement sur les caractéristiques des libéraux/gauchistes/démocrates, y compris leurs idéologies, leurs motivations et leurs objectifs perçus, et représentent les partisans de Donald Trump et des conservateurs plus généralement par opposition à ces groupes.

      Dans les trois catégories principales les plus courantes, les billets ont pour fonction de rejeter les positions libérales et de délégitimer les opposants politiques au populisme d’extrême droite (par exemple, les libéraux, les gauchistes, les marxistes, les militants des minorités, les militants de l’immigration, les féministes, les militants queer, etc.) […]

      Ces représentations des libéraux interprètent les positions libérales comme peu sincères et/ou invalides, représentant l’opposition au #populisme d’extrême droite comme le produit d’un lavage de cerveau, et représentant les opposants au populisme d’extrême droite comme illégitimes dans leurs croyances. Ce faisant, ces représentations des libéraux fonctionnent non seulement pour rejeter les idées libérales, mais aussi pour positionner les partisans de Donald Trump et les libéraux comme des parties opposées au sein d’un récit. L’émergence de tels récits, qui représentent des groupes en tant que forces opposées ayant des buts et des objectifs incompatibles, tout en délégitimant ou en rejetant simultanément les buts et les objectifs du parti rival, est un élément essentiel de l’infrastructure sociopsychologique des conflits entre groupes (Bar-Tal, 2007 ; Bekerman & Zembylas, 2009 ; Salomon, 2004).

      Comme les représentations sociales fonctionnent comme les éléments constitutifs des récits (Liu & Hilton, 2005 ; Moscovici, 1968/2008), ces représentations des libéraux et du libéralisme contribuent à établir les bases d’une infrastructure sociopsychologique des conflits entre groupes. […]

      La #délégitimisation des musulmans et des immigrants renforce mutuellement la délégitimisation des libéraux sur r/The_Donald. En tant que tels, les libéraux ne sont pas seulement présentés comme une #menace_interne, intragroupe, par leur élitisme et leur censure perçus de la culture américaine traditionnelle, mais aussi comme facilitant ou permettant une #menace_externe, intergroupe, par leur association avec les immigrants et les musulmans, qui sont représentés sur r/The_Donald comme intrinsèquement dangereux. Ces deux processus pourraient faciliter le soutien à l’#escalade_de_la_violence, car des travaux antérieurs en psychologie sociale établissent un lien entre la menace perçue et le soutien à l’escalade du conflit et à la #violence future dans les conflits violents (Hirschberger, Pyszczynski, & Ein-Dor, 2015). Au sein de r/The_Donald, nos résultats qualitatifs suggèrent donc que les libéraux représentent à la fois une menace culturelle par leurs attaques (perçues) contre les valeurs traditionnelles de ces Redditeurs, mais aussi une menace physique tangible par leurs liens avec des groupes extérieurs qui sont représentés comme violents et dangereux. Ces perceptions de la menace, qui se chevauchent mais sont distinctes, suggèrent que, dans ces représentations, les libéraux peuvent représenter des menaces à la fois symboliques et réelles (voir Stephan & Stephan, 2000).

      Pris dans leur ensemble, les billets des principales catégories [de r/The_Donald] représentent les libéraux comme étant à la fois oppresseurs des Blancs américains et des traditions américaines, mais impuissants, s’appuyant sur la #conspiration et le #lavage_de_cerveau pour conserver leur position d’élite. […]

      Ces représentations pourraient, en théorie, évoquer une #mentalité_de_siège typique des victimes dans un conflit où elles perçoivent tout comme étant contre elles (voir Bar-Tal & Antebi, 1992). Avec cette mentalité, les personnes partageant les représentations sociales qui prévalent sur r/The_Donald peuvent se comporter comme si elles étaient assiégés parce qu’ils se perçoivent et se représentent comme tels.

      Dans sa prise de parole sur l’« islamo-gauchisme » à l’assemblée, la Ministre a justifié sa démarche en se disant “extrêmement choquée de voir au Capitole apparaître un drapeau confédéré et [qu’elle pensait] qu’il est essentiel que les sciences humaines et sociales se penchent sur ces questions qui sont encore d’actualité”. Aussitôt dit aussitôt fait, dirions-nous. Les sciences humaines et sociales se sont déjà penchées sur les dérives qui ont mené au Capitole et elles n’ont rien à voir avec l’« islamo-gauchisme ». Au contraire, comme le démontrent les extraits précédents, les événements du Capitole sont directement liés à la légitimation de termes tels que « islamo-gauchisme ».

      En résumé, la première étape pour ancrer l’#idéologie_alt-right et arriver à saboter une démocratie est de concrétiser dans l’imaginaire collectif la représentation d’un #ennemi_de_l’intérieur qui pilote nos élites et fait alliance avec des ennemis de l’extérieur (non-blancs). La notion d’« islamo-gauchisme » est en cela une #trouvaille_géniale qui véhicule en quelques lettres cette idée maîtresse. En France, l’alt-right n’aurait pu rêver mieux que l’intervention récente de la Ministre : l’« islamo-gauchisme » pourrait être en train de corrompre les têtes pensantes de nos Universités ; propos amplifié par le Ministre de l’Éducation Nationale qui le voit “« comme un #fait_social indubitable »[13]. La polémique nationale que cela a suscité est un service rendu inestimable.

      Le billard du chaos

      Le recours du gouvernement à la rhétorique de « islamo-gauchisme » révèle une perte inquiétante de repères. Après trois reprises par trois ministres différents et importants, la dernière étant assumée deux jours plus tard par une intervention à l’Assemblée Nationale puis une autre au JDD, une #stratégie_gouvernementale affleure qui révèle une certaine nervosité. Et si LREM n’était pas au deuxième tour de la présidentielle en 2022 ?

      Les mouvements sociaux de 2018, les gilets jaunes éborgnés, la pandémie qui n’en finit pas de finir, la crise économique sans précédent qui s’annonce, tout cela fait #désordre et n’a pas permis à Emmanuel Macron de développer pleinement son programme. Il y a de quoi s’inquiéter. Comme en 2017, les partis politiques semblent se résoudre à avoir Marine Le Pen au second tour, jeu dangereux étant donné les failles de notre système de vote[14]. Pour passer les deux tours, LREM devra donc éliminer LFI au premier tour, actuellement son opposant le plus structuré hormis le RN, puis battre le RN au deuxième tour. Accréditer l’existence d’un “islamo-gauchisme”, c’est à la fois affaiblir LFI en emboîtant le pas de l’extrême droite et montrer aux électeurs qui seraient tentés par le RN que, dans le domaine de la lutte contre l’islamisme radical, LREM peut tout à fait faire aussi bien, voire mieux, qu’une Marine Le Pen qualifiée de “molle” par Gérald Darmanin[15].

      Ce billard à trois bandes qui relève du “en même temps” est cependant extrêmement dangereux et a toutes les chances de devenir incontrôlable.

      Il n’y a pas de “en même temps” dans le monde manichéen de l’alt-right qui s’attaque aux personnalités avant de s’attaquer aux idées. Une fois les représentations ad-hoc adoptées, l’électeur préférera toujours l’original à la copie et l’anti-système au système. Le vainqueur de 2022 sera celui qui arrivera à contrôler le cadre dans lequel s’effectueront les raisonnements des électeurs, et si ce cadre contient en son centre le terme “islamo-gauchisme”, il est fort à parier que Macron pourra faire ses valises. Pour ne pas perdre en terrain ennemi, la meilleure stratégie est de ne pas s’y aventurer.

      Epilogue

      Pour revenir sur la question de l’indépendance des universitaires et des chercheurs qui a donné à cette polémique une couverture nationale, on remarquera qu’il y a là un exemple assez pur du mode opératoire de l’alt-right, que la Ministre, a priori à son insu, a accompagné. Comme le montre Simon Ridley (2020), l’alt-right n’est plus un activisme marginal, exercé sous couvert de la « liberté d’expression », mais un engagement dans des actions criminelles destinées à créer du #chaos et à renverser la réalité[16]. Un mode opératoire récurrent des partisans de l’alt-right est de créer un #ennemi_imaginaire contre lequel ils se positionnent en rempart, espérant ainsi créer la réaction hostile à leur encontre qui justifiera leurs actions, souvent violentes.

      L’alt-right cible de manière privilégiée la #jeunesse et les universités. L’idée qu’il puisse y avoir au sein de l’université des groupes tels que des “islamo-gauchistes” sert précisément à légitimer leur intervention dans ce milieu. On a donc ici un parfait renversement de valeurs : un groupe qui promeut des méthodes malhonnêtes et violentes essaie de faire croire à l’existence d’un pseudo-groupe pour apparaître comme un rempart salutaire.

      https://politoscope.org/2021/02/le-piege-de-lalt-right-se-referme-sur-la-macronie

    • #Blanquer voit l’"islamo-gauchisme" comme «un fait social indubitable»


      https://twitter.com/BFMTV/status/1363103524020760578

      Blanquer, je transcris ici ses propos:

      « Ce serait absurde de ne pas vouloir étudier un #fait_social. Il faut bien étudier dans ce cas là... si c’est une #illusion... il faut étudier l’illusion, et regarder si ça n’est une. Pour ma part je le vois comme un fait social indubitable, ça se voit par exemple dans les déclarations de certains politiques politiques. Quand vous avez Monsieur Mélanchon qui participe à une manifestation du CCIF où il y avait clairement des islamistes radicaux, Monsieur Mélanchon quand il fait cela tombe dans l’islamogauchisme sans aucun doute. Je veux bien après que des spécialistes de sciences politiques examinent ça, trouvent d’autres mots pour décrire le phénomène, chacun doit voir cela avec sérénité et objectivité »

    • Au soldat du déni Frédérique Vidal, la patrie résistante

      « Une diversion et un ballon d’essai » : c’est ce que j’ai répondu quand on m’a demandé mon avis sur le commentaire de Frédérique Vidal sur CNews. Mon métier d’historienne des sciences étant d’analyser des controverses, prenons le temps d’y réfléchir à l’aune des persistances dans l’attaque des libertés académiques. Le déni doit cesser, à nous de choisir si nous, service public de la République, résisterons.

      « Une diversion et un ballon d’essai » : c’est ce que j’ai répondu à la journaliste du Monde quand elle m’a demandé, mardi 16 février 2021, mon avis sur le commentaire de Frédérique Vidal sur CNews, repéré par Martin Clavey (The Sound of Science). J’ai aussi précisé que je n’avais pas écouté son discours. Que je ne pouvais plus lire, ni écouter Frédérique Vidal, ma ministre de tutelle depuis plus de trois mois — car il en allait de ma santé mentale.

      Mais il en va désormais de la sécurité de toute une profession.

      Mon métier d’historienne des sciences étant d’analyser des controverses, prenons le temps d’y réfléchir, à l’aune d’une connaissance approfondie acquise par la chronique quotidienne d’une grève universitaire sur academia.hypotheses.org et commençons par rappeler que l’Assemblée nationale vient d’adopter, en première lecture, un des projets de loi les plus racistes portés par un gouvernement depuis Vichy ; et un autre projet de loi « Sécurité globale » qui constitue, par ses termes, une atteinte majeure aux libertés publiques.
      Faire diversion

      Une diversion d’abord, bien réussie. Quelques jours plus tôt, Frédérique Vidal avait fait l’objet d’une sévère mise en cause publique au Sénat, à l’occasion d’un débat « Le fonctionnement des universités en temps de COVID et le malaise étudiant » à l’initiative de Monique de Marco groupe Écologiste – Solidarité et Territoires, vice-présidente de la Commission Culture.

      Le réquisitoire était implacable : ces derniers mois, 20% des jeunes ont eu recours à l’aide alimentaire ; la moitié des étudiant·es disent avoir des difficultés à payer leurs repas et leur loyer, qui représente 70% de leur budget. Dans une enquête portant sur 70 000 étudiant·es, 43% déclaraient des troubles de santé mentale, comme de l’anxiété ou de la dépression.

      Face à cela, les mesures prises par le MESRI sont insuffisantes ou plutôt dérisoires, inégalitaires ; les services universitaires complètement débordés. Pierre Ouzoulias, à cette occasion, a d’ailleurs clairement établi l’importance du définancement du budget « Vie étudiante » : 35 millions d’euros de crédits du programme « Vie étudiante » supprimés en novembre 2019 ; 100 millions d’euros de crédits votés en 2018 et 2019, finalement non affectés.

      Les longues files devant les distributions alimentaires trouvent dans cette politique budgétaire continue leur origine : le gouvernement ; qui a préparé la catastrophe sociale, n’a pas cherché depuis le confinement à la contrecarrer.

      Sans budget supplémentaire, Frédérique Vidal réussit également à contrecarrer toute réflexion collective sur l’aménagement des examens et des concours, jusqu’à intervenir dans une procédure judiciaire au nom de la « qualité des diplômes ».

      Ces réflexions, que nous menons tous et toutes dans des collectifs restreints, sont indispensables pourtant pour limiter les inégalités, réduire le stress qui ont conduit des étudiant∙es à se suicider et surtout mieux concentrer nos efforts sur les contenus de formation, autrement plus indispensables pour la « génération sacrifiée » ; au-delà des inégalités, nous voyons se profiler déjà de graves conséquences psychopathologiques du confinement.

      Mais les étudiant∙es ne sont pas les seul∙es à faire les frais de cette politique dont la Ministre est la première VRP, sans les responsabilités qui vont avec : siège vacant depuis le début de son mandat au Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail de son propre ministère ; des circulaires sans fondements, tendant uniquement à éloigner la communauté universitaire des campus.

      Pour couronner le tout, elle fait voter une loi de programmation de la recherche (LPR) —censée être une loi de finances,mais sans postes ni crédits supplémentaires — en pleine épidémie, qui s’emploie méthodiquement à attaquer l’indépendance de l’université et, en poursuivant l’expérience Parcoursup, à limiter sinon anéantir la formation universitaire supérieure publique.

      Une diversion donc, mais aussi un ballon d’essai.

      Il faut sans doute avoir suivi un an de préparation et de vote de la LPR, dans toutes ses étapes comme l’a fait le blog de veille Academia.hypotheses.org, pour comprendre que les récents propos de la Ministre sont l’exacte réplique de la demande faite par Julien Aubert et Damien Abad le 25 novembre dernier demandant la création d’une « mission d’information parlementaire sur les dérives idéologiques intellectuelles dans les milieux universitaires », où l’on repérait déjà l’anathème attrape-tout islamogauchistes.

      Pour ces compagnons de la première heure de Gérald Darmanin, il s’agissait tout à la fois de sauver le soldat Blanquer de la mission d’enquête parlementaire « Avenir lycéen » (diversion) et de préparer le terrain pour leur camarade Ministre, qui mitonnait déjà sa loi « Principes républicain » (ballon d’essai).

      Au lieu d’une agitation, il s’agissait ainsi d’une étape dans une séquence commencée avec les voeux de Marion Maréchal-Le Pen, dont les idées sont reprises par Emmanuel Macron le 10 juin, accusant des universitaires de « casser la République en deux » et continuée avec Jean-Michel Blanquer qui, le 28 octobre, met en cause les universitaires devant le Sénat, à qui la frange « Printemps républicain » des Républicains, emboîte le pas. À l’appui de leur démarche, une tribune d’universitaires est opportunément parue un mois plus tôt, invitant le pouvoir à organiser une police politique des universités.
      Le soldat du déni

      Quel ballon d’essai lance donc Frédérique Vidal qui persiste encore ce dimanche dans ce que les organismes scientifiques jugent au mieux absurde ?

      Pour le comprendre, il faut mettre en résonance deux choses : sa pratique législative, d’une part, dans son lien étroit avec l’Élysée ; les objectifs qu’elle s’était donnée avec la précédente loi, d’autre part.

      Du côté de la pratique législative, nous pouvons résumer son action comme mue par un « déni de démocratie permanent ».

      Avec Academia, à l’occasion d’une table-ronde qui s’est tenue entre les votes Assemblée et Sénat de la LPR, nous avons pu mesurer combien la ministre avait fait fi de toutes les avis et recommandations des instances consultatives, depuis la consultation des agents de l’ESR, des organismes, des organisations syndicales représentatives.

      Le plus flagrant est la mise sous le tapis de l’avis du Conseil Économique, Social et Environnemental, pourtant voté à l’unanimité, par la CGT et le Medef. La 3e Assemblée de la République avait en effet établi un constat initial assez proche du Ministère, mais en tirait des conclusions bien différentes : pour le CESE, il faut des milliards d’euros, tout de suite, des recrutements là encore massifs.

      Pour comprendre les vues diamétralement opposées, il suffit de comprendre qu’outre les avis obligatoires des instances, le gouvernement s’est dispensé d’une étude d’impact en bonne et due forme. Le projet politique n’a jamais été « analysons correctement les données du problème posé par l’ESR et tirons-en des conclusions », mais « mettons en œuvre notre plan, et établissons une stratégie et une communication pour la mener à bien ».

      Quelle était la stratégie ?

      Zéro budget, zéro création de postes, voire passe-passe budgétaire divers avant la fin du quinquennat. La stratégie de communication, digne d’un Ministère de la Vérité, a consisté à marteler « 25 milliards » sur tous les plateaux de télévision avant la fin du quinquennat Macron ; ou à parler de création de postes, quand il y multiplication de statuts précaires, mais pas de budget pour les financer non plus.

      La tactique consiste elle à opérer par coups de force à la fin du processus législatif, par le biais d’amendements votés par une « nuit noire » d’octobre : suppression de la qualification, en affaiblissant ainsi le Conseil national des universités, organe représentatif des universitaires ; création d’un délit pénal, aggravé en commission mixte paritaire en « délit d’atteinte à la tranquillité et au bon ordre des établissements », puni de 3 ans de prison et de 45 000€ d’amendes.

      Et pour parachever le dispositif, sans considération pour conflit d’intérêt, faire nommer le Conseiller présidentiel à la tête de ce qui doit devenir l’instrument de l’achèvement de la mise au pas des universités : le Haut Conseil à l’Évaluation de la Recherche et de l’Enseignement Supérieur.

      En un mot, faire croire à une politique budgétaire favorable pour les universités alors qu’il s’agit de fragiliser encore leur capacité d’action, leur autonomie et leur rayonnement à l’international. Frédérique Vidal, en bon petit soldat de la macronie, fait un sans faute. Sur tout, sauf sur un point de détail, censuré par le Conseil constitutionnel comme « cavalier législatif » : le délit pénal.
      Abattre la résistance

      Pourquoi Frédérique Vidal sort-elle tout cela de son chapeau maintenant ?

      Que cherche-t-elle, à vouloir distinguer des déviances au sein de l’université ?

      Y a-t-il une volonté, sous prétexte de séparer le « savoir » des « opinions » de venir contrôler ce qui s’y dit et s’y fait ?

      Sur ce sujet, l’introduction d’un délit pénal d’un type nouveau représente un vrai danger, sous forme de première étape. Avec le projet de loi « Principes républicains », il s’agit donc d’ajouter un volet « universités » et de donner les moyens judiciaires à l’État macronien de faire plier ce qui représente un lieu historique de la formation critique des citoyens et des enseignant∙es des premiers cycles.

      Avec le délit pénal, c’est la fin des franchises académiques arrachées à l’exécutif au Moyen-Âge, et protégeant les campus universitaires des incursions non-autorisées du pouvoir exécutif.

      Déjà, on voit bien comment la fermeture des établissements d’enseignement supérieur depuis près d’un an semble moins résulter d’une gestion de l’épidémie que de buts politiques moins glorieux, comme celui de briser toute contestation. Les forces de police s’invitent désormais dans des espaces qui leur étaient interdits sans autorisation, comme jeudi dernier à Nanterre, lors d’un hommage à un étudiant qui s’était suicidé.

      Les agents publics de l’ESR, victimes d’injure, de diffamation, voire de menaces de mort, n’ont pas le soutien de leur hiérarchie dont bénéficient les agents de police, même en cas de fautes lourdes. La protection fonctionnelle, outil important des libertés académiques, ne constitue plus un bouclier pour préserver l’indépendance des agents publics.

      Il ne reste donc plus qu’une chose à faire pour compléter l’arsenal répressif, après avoir rogné les franchises universitaires et limité l’usage de la protection fonctionnelle : remettre le délit pénal « pour atteinte à la tranquillité et au bon ordre des établissements » — qualification tellement vague qu’un courriel professionnel pourrait suffire à faire entrer l’universitaire ou l’étudiante un peu critique dans le radar des délits.

      Pour cela, Frédérique Vidal peut compter sur les mêmes sénateurs qui l’ont aidée en octobre : le président de la commission culture, et le rapporteur pour avis du projet de loi « Principes républicains ». Ces parlementaires et ceux qui ont déjà voté leurs amendements l’ont déjà prouvé : ils haïssent l’université, n’envisagent pas une seconde que l’émancipation de son milieu social et la formation à l’esprit critique relèvent des missions de l’université.

      Pour ces esprits chagrins, il faut empêcher de nuire les étudiant∙es et ceux — ou plutôt celles — qui ne partagent pas leurs idées. Pour cela, tous les moyens seront bons : même un vote à 1h du matin, entre une poignée de sénateurs. Frédérique Vidal le sait. Mardi, devant l’Assemblée nationale, c’est un signal déjà envoyé aux sénateurs et aux sénatrices par Blanquer, agissant pour le compte du président de la République : les universitaires sont complices ; elles sont donc coupables. Empêchez-les de nuire, en les arrêtant et en les emprisonnant si besoin.

      De toute cette séquence commencée il y a un an, ce que je retiens, c’est que les institutions universitaires, qui ont jusqu’à présent fait confiance à leur tutelle ― de façon mesurée mais réelle ― doivent saisir que le danger est réel ; que le déni doit cesser.

      La Ministre encore en poste, pilotée de toutes les façons au plus haut sommet de l’État par l’Elysée et le HCERES n’a plus rien à perdre. Le président de feue la République entend assouvir son désir de faire taire toute opposition, surtout si elle émane des puissants mouvements civiques en branle depuis l’an passé qui exigent une société plus juste pour tous et toutes.

      Le déni doit cesser.

      Depuis la présidence Sarkozy et le vote de la loi dite « Libertés et responsabilités des universités », les gouvernements successifs s’en prennent frontalement aux universitaires et aux étudiant⋅es en sous-finançant délibérément le service public de l’enseignement supérieur et la recherche, en en limitant l’accès, en nous imposant ainsi des conditions de travail indignes, des rémunérations horaires inférieures au SMIC et désormais en affamant les étudiant∙es — conduisant l’ensemble de la communauté universitaire dans une situation de mépris et de souffrance intolérable.

      À la souffrance s’ajoute désormais une certaine folie induite par le double-discours gouvernemental, privilégiant la diversion à la saisie du problème de la pauvreté étudiante. Radicaliser le débat public en désignant un bouc émissaire pour engendrer une peur panique participe de la fabrication du déni des réalités sociales et politiques quotidiennes de nos concitoyennes et de nos concitoyens, des jeunes particulièrement et donne une réelle assise à un pouvoir autoritaire.

      Mais un autre déni doit cesser, si on entend encore appliquer les principes constitutionnels de la République : la réactivation d’un ordre colonial et patriarcal.

      À force de nier quotidiennement les droits humains élémentaires des réfugiés, d’organiser des contrôles au faciès dès l’adolescence, en stigmatisant au sein de l’institution scolaire les enfants et les mères, de ne pas sanctionner les comportements et des crimes racistes au sein des forces de police — capables, rappelons-le, de mettre à genoux des lycéens pendant de longues heures, rejouant ainsi une scène de guerre coloniale — l’État français entend reconstituer sur son sol même une classe de sous-citoyens et de sous-citoyennes, privées des droits communs.

      La dissolution d’une association de lutte contre les discriminations, au prétexte de « complicité » de faits non avérés, se comprend ainsi : il faut désormais abattre toutes les tentatives de résistance antiraciste, féministe et de défense des libertés publiques non comme des facteurs d’émancipation mais une opposition néfaste.

      Désormais, à lire la séquence qui a commencé sur CNews et qui a « persisté » dans le Journal du dimanche hier, c’est l’université dans son ensemble qui représente une telle force de résistance. À nous de choisir si nous, service public de la République, résisterons.

      Christelle Rabier, maîtresse de conférences, EHESS (Marseille)

      1- Voir par exemple : « Le Roy le veult ! » — Circulaire d’Anne-Sophie Barthez du 22 janvier 2021

      2- Expression reprise à Anthony Cortès (Marianne) https://www.marianne.net/societe/education/frederique-vidal-la-ministre-de-lenseignement-superieur-maitre-dans-lart-d

      3- Pour lire une analyse sur l’avis cf. https://academia.hypotheses.org/25936

      4- Seuls 500 millions sont mis sur la table– soit 10 fois poins que ce que le CESE jugeait urgent de budgeter. Pour information, le Crédit impôt recherche, important dispositif d’ “optimisation fiscale”ou refus d’impôt, représente plus de deux fois le budget annuel du CNRS, masse salariale incluse.

      5- Sur le traitement différentiel des agents entre fonctions publiques et l’usage de la protection fonctionnelle comme protection politique des affidés, voir les deux billets Protection fonctionnelle : cas d’école et Courrier à la ministre : Mesure de protection de la santé et de la sécurité d’une enseignante-chercheuse.

      6- Sur le déni du sexisme universitaire, à commencer par ’invisibilisation active du travail des femmes universitaires, conceptualisé en 1993 par Margaret W. Rossiter, comme “Effet Matilda” : Margaret W. Rossiter, « L’effet Matthieu Mathilda en sciences », Les cahiers d