• Lorraine Questiaux  : la loi sur le consentement sera «  au mieux inutile  »

    Comment venir à bout de l’impunité qui entoure le viol ? La priorité, c’est de renforcer les moyens de la Justice, notamment en formant les juges et les expert·es, estime l’avocate française Lorraine Questiaux. Spécialisée dans la défense des femmes victimes de violences et militante féministe, elle est opposée à une définition du viol basée sur la notion de non-consentement, comme celle que la France vient d’adopter, présentant certaines similitudes avec la nouvelle définition belge.

    Propos recueillis par Véronique Laurent, Manon Legrand, Sabine Panet et Nolwenn Weiler, dans le cadre d’une enquête sur l’introduction du consentement dans le Code pénal de trois pays européens (Belgique, France, Suède). La réalisation de ce projet, publié dans plusieurs médias en parallèle, a été soutenue par Investigative Journalism for Europe (IJ4EU).

    https://www.axellemag.be/lorraine-questiaux-loi-consentement-au-mieux-inutile

    #feminisme #consentement

  • Consentement, pari gagnant  ?

    Introduire le concept de « consentement » dans le Code pénal : check pour la Belgique, check pour la Suède, en cours pour la France. Dans ces trois pays aux situations diverses (avec variations autour du patriarcat), quel est l’impact de ce qui est présenté comme une avancée indiscutable ? Cette modification vise à diminuer les violences sexuelles en luttant contre l’impunité et la culture du viol. A-t-elle des effets pervers ? Toutes les femmes sont-elles concernées de la même façon ?

    Véronique Laurent, Manon Legrand, Sabine Panet, Nolwenn Weiler (texte) et Candela Sierra (illustrations). La réalisation de cette enquête, publiée dans plusieurs médias en parallèle, a été soutenue par Investigative Journalism for Europe (IJ4EU).

    https://www.axellemag.be/consentement-pari-gagnant

    #feminisme #consentement

  • La #Suède annonce allouer plus de 9 millions d’euros pour accélérer les #retours de migrants dans leur pays d’origine

    Dans un communiqué du 13 mai, le gouvernement suédois a indiqué renforcer son soutien à l’#Organisation_internationale_pour_les_migrations (#OIM) afin d’augmenter les retours des migrants présents dans le pays mais aussi dans l’Union européenne. Plus de 9 millions d’euros vont être alloués par la Suède à l’agence onusienne.

    Le sujet de l’immigration irrégulière occupe de nouveaux le devant de la scène en Suède. Mardi 13 mai, le gouvernement suédois a indiqué renforcer son soutien à l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) en lui allouant 9,2 millions d’euros pour accélérer les retours de migrants présents sur son territoire mais aussi au sein de l’Union européenne (UE).

    Cette #aide_financière doit contribuer à "lutter contre la migration irrégulière depuis l’#Irak, la #Somalie, l’#Ouzbékistan et la #Tunisie" renseigne le communiqué.

    Une autre partie de la somme servira à "renforcer les conditions de retour vers la #Syrie et lutter contre la traite des êtres humains en #Ukraine", précise le document. Le ministre des Migrations, #Johan_Forssell, a réaffirmé le soutien de Stockholm à l’Ukraine et a précisé que l’argent permettra également de "contrer et fournir de l’aide à ceux qui ont été victimes de la traite des êtres humains pendant l’invasion massive de l’Ukraine par la Russie".

    Ces programmes d’"#aide_au_retour_volontaire" (#AVR) sont mis en place et soutenus par l’OIM dans plus de 100 pays. L’agence onusienne "ne facilite ni ne met en œuvre les expulsions (et) n’intervient qu’une fois qu’une personne a donné son #consentement_éclairé pour recevoir de l’aide", assure-t-elle dans un communiqué daté du 12 mai.

    Une myriade de mesures pour réduire l’immigration

    Cette nouvelle annonce n’est qu’une énième mesure du gouvernement, désireux de freiner l’immigration dans le pays. Depuis une dizaine d’années, les restrictions adoptées par les autorités suédoises à l’encontre des personnes exilées et étrangères sur le territoire scandinave sont de plus en plus sévères.

    Pour inciter les migrants à regagner leur pays d’origine, elles avaient annoncé le 12 septembre 2024 vouloir tripler le montant de l’aide au retour “volontaire”. Actuellement de 10 000 couronnes (environ 920 euros), celle-ci devrait grimper à 350 000 couronnes (30 000 euros) pour un adulte. Très critiquée, la mesure doit malgré tout entrer en vigueur en 2026. D’autres pays européens proposent également une #aide_financière_au_retour : de plus de 13 000 euros au #Danemark, d’environ 1 300 euros en #Norvège et jusqu’à 2 500 euros en #France.

    En avril dernier, les autorités avaient fait part de leur volonté d’introduire dans la législation un critère de "#conduite_honnête" aux migrants, sous peine de voir révoquer ou refuser leur titre de séjour. Déjà, un projet de loi annoncé en janvier proposait de conditionner l’obtention de la #citoyenneté suédoise à une “#bonne_conduite”, une durée de séjour plus longue (huit ans contre cinq actuellement) et à la réussite d’un test de connaissances de la société et des #valeurs suédoises ainsi qu’un examen de #langue.

    Dans cette même logique de durcissement des conditions d’accès des étrangers pour obtenir des #titres_de_séjours, le gouvernement défendait en décembre dernier un projet pour limiter la possibilité des demandeurs d’asile déboutés de déposer une nouvelle demande, sans avoir auparavant quitté le pays.

    Une autre proposition avait suscité un tollé dans le pays en mai 2024 : la coalition au pouvoir avait proposé une loi visant à obliger les travailleurs du secteur public à dénoncer aux autorités les personnes #sans-papiers avec lesquelles ils sont en contact. La mesure, jugée raciste et discriminatoire, s’était cependant heurtée à une très forte opposition au sein des services publics, qui avait appelé à la "désobéissance civile".

    Souhaitant privilégier l’immigration d’une “main-d’œuvre étrangère qualifiée et hautement qualifiée” comme le déclarait l’ancienne ministre des Migrations en février 2024, Stockholm souhaite également relever le plafond de #salaire_minimum requis pour les travailleurs non-européens dans l’obtention d’un #visa_de_travail. Ils devront désormais prouver qu’ils gagnent plus de 34 200 couronnes (3 000 euros) contre 27 360 couronnes (2 400 euros) actuellement.

    La Suède ferme ses portes aux immigrés

    Réputée accueillante pour les demandeurs d’asile depuis les années 1990, la Suède a permis à un grand nombre de personnes en provenance de régions en proie à des conflits, notamment d’ex-Yougoslavie, de Syrie, d’Afghanistan, de Somalie, d’Iran et d’Irak, de vivre sur son territoire. En 2015, le pays connaît un afflux de #réfugiés_syriens fuyant le régime d’Assad. Sur cette seule année, la Suède a accueilli plus 160 000 demandeurs d’asile, soit le taux d’accueil le plus élevé par habitant dans l’Union européenne.

    Mais ces arrivées massives marquent aussi un tournant. Le gouvernement social-démocrate de l’époque déclare alors qu’il n’est plus en mesure de poursuivre sa "politique de la porte ouverte". Depuis, les gouvernements successifs s’emploient à freiner les arrivées de migrants dans le pays.

    L’arrivée au pouvoir en 2022 d’un bloc qui regroupe modérés, conservateurs et obtient le soutien du parti d’extrême droite anti-immigration, les Démocrates de Suède, opère un virage radical dans la politique migratoire suédoise. "Il est temps de faire passer la Suède d’abord", déclarait à cette période Jimmie Akesson, le leader des Démocrates de Suède.

    Devenue l’une des nations européennes les plus strictes en la matière, la Suède peine à intégrer un grand nombre des nouveaux arrivants. En 2024, le nombre de migrants ayant obtenu l’asile en Suède a atteint le niveau le plus bas depuis 40 ans. L’an dernier, un peu plus de 6 000 permis de séjour pour l’asile ont été accordés dans le pays scandinave.

    "Aujourd’hui, trois personnes sur quatre qui demandent l’asile en Suède ne sont pas considérées comme ayant des motifs suffisants pour obtenir un #permis_de_séjour. Elles ne sont donc pas des réfugiées et doivent rentrer chez elles", a déclaré le ministre Johan Forssell.

    La Suède a ainsi été l’un des premiers pays à annoncer la suspension des demandes d’asile pour les Syriens après la chute de Bachar al-Assad en décembre dernier.

    https://www.infomigrants.net/fr/post/64546/la-suede-annonce-allouer-plus-de-9-millions-deuros-pour-accelerer-les-
    #migrations #réfugiés #renvois #expulsions #IOM #traite_d'êtres_humains #retours_volontaires #naturalisation #réfugiés_syriens

    ping @karine4 @reka

  • Viol et consentement : changer le système plutôt qu’un mot dans la loi

    Avec l’aimable autorisation de l’autrice

    Le 1er avril 2025 au soir, l’Assemblée nationale a adopté une proposition de loi transpartisane qui définit le viol ou l’agression sexuelle par le « non-consentement » de la victime. Il s’agit en réalité de la troisième proposition sur ce thème débattu à l’Assemblée, depuis la directive européenne sur les violences de 2023, qui avait soulevé déjà une polémique car Emmanuel Macron s’était justement opposé à l’introduction de cette notion.

    Mais après un an de travaux à l’Assemblée nationale, ce nouveau texte a été adopté par 161 voix pour et seulement 56 contre (dont le Rassemblement national, le groupe ciottiste UDR et quelques député·es socialistes), avec le soutien du gouvernement qui a donc changé d’avis. Ce texte sera ensuite examiné par le Sénat.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2025/05/10/viol-et-consentement-changer-le-systeme-plutot

    #feminisme #viol #consentement

  • « Le viol n’est pas une pénétration non consentie, mais imposée », Emmanuelle Piet, Ernestine Ronai
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2025/04/01/le-viol-n-est-pas-une-penetration-non-consentie-mais-imposee_6589446_3232.ht

    Alors que l’Assemblée nationale s’apprête à débattre d’une nouvelle définition légale du #viol, un détail sémantique d’apparence anodine s’avère en réalité décisif. La proposition actuelle définit le viol comme une « pénétration non consentie ». Nous demandons qu’elle soit remplacée par une définition plus juste et juridiquement efficace : « Le viol est une pénétration imposée. »

    Pourquoi ce changement est-il crucial ? Parce qu’il recentre la loi sur la réalité du crime et sur son auteur. Le viol n’est pas un problème de consentement flou, soumis à des interprétations douteuses, mais un acte de domination, une violence imposée. En l’état actuel, la formulation proposée place le projecteur sur la victime et son #consentement – ou son absence de consentement – plutôt que sur l’acte commis par l’agresseur.

    Dans les tribunaux, cela a des conséquences dramatiques. Aujourd’hui déjà, des victimes doivent prouver qu’elles ont résisté, qu’elles ont dit non avec suffisamment de force, qu’elles ne se sont pas laissé faire. Le consentement devient une arme retournée contre elles.

    L’agresseur, lui, peut se contenter d’affirmer qu’il n’a pas compris, qu’il pensait que c’était « ambigu ». Une défense qui fonctionne trop souvent et qui permet à des violeurs d’échapper à la justice. Si la charge de la preuve reste la même, les victimes seront toujours, demain, obligées de prouver qu’elles n’ont pas consenti et qu’il en était conscient.

    Mettre fin à une logique perverse

    Or, ce qui fait un viol, ce n’est pas l’absence d’un « oui » foncièrement enthousiaste, ce n’est pas la subjectivité de la victime (et comment le prouver ?), c’est la présence d’une contrainte, d’une menace, d’un abus de pouvoir ou d’une ruse pour parvenir à imposer l’acte sexuel. C’est cela, la stratégie de l’agresseur. C’est cela qu’il faut regarder, ce sont ces preuves-là qu’il faut chercher, c’est cela qu’il faut graver dans le droit. Cette conviction profonde vient de nos quarante années passées auprès des victimes de viols et de violences sexuelles.

    Changer cette simple phrase de la proposition de loi, ce n’est pas qu’une question de mots. C’est mettre fin à une logique perverse qui pèse sur les victimes. C’est dire clairement que le viol est un acte de l’agresseur, et non un défaut de réaction de la victime. C’est aligner notre droit sur la réalité de la #violence_sexuelle en renforçant la portée de la violence, de la menace, de la contrainte et de la surprise.

    Les législateurs ont une responsabilité historique. Si la France veut être à la hauteur de son ambition féministe, elle doit inscrire dans sa loi une définition du viol qui protège véritablement les victimes et empêche les prédateurs de se cacher derrière des faux-semblants.

    Nous appelons donc les députés à voter cette modification essentielle. Pour que le droit dise enfin ce qu’il doit dire : le viol est une pénétration imposée à une victime. Elle n’y est pour rien. Il n’avait pas le droit.

    Emmanuelle Piet est présidente du Collectif féministe contre le viol ; Ernestine Ronai est présidente de l’Observatoire des violences envers les femmes du département de la Seine-Saint-Denis et coordinatrice de la Mission interministérielle pour la protection des femmes contre les violences et la lutte contre la traite des êtres humains.

    « Inscrire le non-consentement dans la loi sur la définition du viol est au mieux inutile, au pire contre-productif » (17 février 2025)
    https://archive.ph/q8xAd#selection-2039.0-2039.117

    Introduire le consentement dans la définition du viol : piège ou avancée ? (14 octobre 2024)
    https://archive.ph/gBg5X#selection-1999.0-1999.74

    #féminisme #renversement

  • En Europe, les migrants premières victimes de l’intelligence artificielle

    Alors que se tient à Paris cette semaine le Sommet pour l’action sur l’intelligence artificielle (IA), chefs d’État, chefs d’entreprise, chercheurs et société civile sont appelés à se prononcer sur les #risques et les #limites de ses usages. Des #biais_discriminatoires et des #pratiques_abusives ont déjà été observés, en particulier dans la gestion européenne de l’immigration.

    Un #détecteur_d’émotions pour identifier les #mensonges dans un #récit, un #détecteur_d’accent pour trouver la provenance d’un ressortissant étranger, une analyse des #messages, des #photos, des #géolocalisations d’un #smartphone pour vérifier une #identité… voici quelques exemples de systèmes intelligents expérimentés dans l’Union européenne pour contrôler les corps et les mouvements.

    « Ici, les migrations sont un #laboratoire_humain d’#expérimentation_technologique grandeur nature », résume Chloé Berthélémy, conseillère politique à l’EDRi (European Digital Rights), un réseau d’une cinquantaine d’ONG et d’experts sur les droits et libertés numériques. « Les gouvernements et les entreprises utilisent les environnements migratoires comme une phase de #test pour leurs produits, pour leurs nouveaux systèmes de contrôle. »

    Des détecteurs de mensonges à la frontière

    L’un des plus marquants a été le projet #iBorderCtrl. Financé partiellement par des fonds européens, le dispositif prévoyait le déploiement de détecteurs de mensonges, basés sur l’analyse des #émotions d’un individu qui entrerait sur le sol européen. « Les #visages des personnes, en particulier des demandeurs d’asile, étaient analysés pour détecter si, oui ou non, ils mentaient. Si le système considérait que la personne était un peu suspecte, les questions devenaient de plus en plus compliquées. Puis, éventuellement, on arrivait à un contrôle plus approfondi par un agent humain », explique-t-elle.

    Expérimenté dans les #aéroports de Grèce, de Hongrie et de Lettonie, il ne serait officiellement plus utilisé, mais l’EDRi émet quelques doutes. « Dans ce milieu-là, on est souvent face à une #opacité complète et il est très dur d’obtenir des informations. Difficile de dire à l’heure actuelle si cette technologie est encore utilisée, mais dans tous les cas, c’est une volonté européenne que d’avoir ce genre de systèmes aux frontières. »

    Drones de surveillance, caméras thermiques, capteurs divers, les technologies de surveillance sont la partie émergée de l’iceberg, la face visible de l’intelligence artificielle. Pour que ces systèmes puissent fonctionner, il leur faut un carburant : les #données.

    Les bases de données se multiplient

    L’Europe en a plusieurs en matière d’immigration. La plus connue, #Eurodac – le fichier des #empreintes_digitales – vise à ficher les demandeurs et demandeuses d’asile appréhendés lors d’un passage de frontière de manière irrégulière. Créée en 2002, la nouvelle réforme européenne sur l’asile étend considérablement son pouvoir. En plus des empreintes, on y trouve aujourd’hui des photos pour alimenter les systèmes de #reconnaissance_faciale. Les conditions d’accès à Eurodac pour les autorités policières ont également été assouplies. « Elles pourront le consulter pour des objectifs d’enquêtes criminelles, on retrouve donc cette idée que de facto, on traite les demandeurs d’asile, les réfugiés, avec une présomption d’illégalité », conclut Chloé Berthélémy.

    Or, ces collectes d’informations mettent de côté un principe clef : celui du #consentement, condition sine qua non dans l’UE du traitement des données personnelles, et clairement encadré par le Règlement général de protection des données (#RGPD). Les politiques migratoires et de contrôles aux frontières semblent donc faire figures d’#exception. Lorsqu’une personne pose le pied sur le sol européen, ses empreintes seront collectées, qu’il soit d’accord ou non. Selon l’EDRi, « l’Union européenne est en train de construire deux standards différents. Un pour ceux qui ont les bons papiers, le bon statut migratoire, et un autre pour ceux qui ne les ont pas ».

    Un nouveau cadre juridique qui a d’ailleurs été attaqué en justice. En 2021, en Allemagne, la GFF, la Société des droits civils (qui fait partie du réseau de l’EDRi) triomphe de l’Office allemand de l’immigration, condamné pour pratiques disproportionnées. Textos, données de géolocalisation, contacts, historique des appels et autres #fichiers_personnels étaient extraits des #smartphones des demandeurs d’asile à la recherche de preuve d’identité.

    Automatisation des décisions

    Une fois les frontières passées, l’intelligence artificielle continue à prendre pour cible des étrangers, à travers sa manifestation la plus concrète : les #algorithmes. Examiner les demandes de #visa ou de #naturalisation, attribuer un #hébergement, faciliter l’organisation des #expulsions, prédire les flux migratoires… la multiplication des usages fait craindre aux chercheurs une administration sans guichet, sans visage humain, entièrement automatisée. Problème : ces systèmes intelligents commettent encore beaucoup trop d’#erreurs, et leur prise de décisions est loin d’être objective.

    En 2023, l’association La Quadrature du Net révèle que le code source de la Caisse nationale d’allocations familiales (Cnaf) attribue un « score de risque » à chaque allocataire. La valeur de ce score est ensuite utilisée pour sélectionner ceux qui feront l’objet d’un contrôle. Parmi les critères de calcul : avoir de faibles revenus, être au chômage, ou encore être né en dehors de l’Union européenne. « En assimilant la précarité et le soupçon de fraude, l’algorithme participe à une politique de #stigmatisation et de #maltraitance institutionnelle des plus défavorisés », estime Anna Sibley, chargée d’étude au Gisti. Quinze ONG ont d’ailleurs attaqué cet algorithme devant le Conseil d’État en octobre 2024 au nom du droit à la protection des données personnelles et du principe de non-discrimination.

    Autre exemple : l’IA a déjà été utilisée par le passé pour soutenir une prise de décision administrative. En 2023, le ministère de l’Intérieur a « appelé à la rescousse » le logiciel #Google_Bard, un outil d’aide à la prise de décision, pour traiter la demande d’asile d’une jeune Afghane. « Ce n’est pas tant le fait que l’intelligence artificielle ait donné une réponse négative qui est choquant. C’est plutôt le fait qu’un employé du ministère de l’Intérieur appuie sa réponse sur celle de l’IA, comme si cette dernière était un argument valable dans le cadre d’une décision de justice », analyse la chercheuse.

    #Dématérialisation à marche forcée

    En 2024, un rapport du Défenseur des droits pointait du doigt les atteintes massives aux droits des usagers de l’ANEF, l’administration numérique des étrangers en France. Conçue pour simplifier les démarches, l’interface permet le dépôt des demandes de titres de séjour en ligne.

    Pourtant, les #dysfonctionnements sont criants et rendent la vie impossible à des milliers de ressortissants étrangers. Leurs réclamations auprès du Défenseur des droits ont augmenté de 400% en quatre ans. Des #plaintes allant du simple problème de connexion aux erreurs de décisions de la plateforme. Un casse-tête numérique contre lequel il est difficile de se prémunir. « Les services d’accompagnement déployés sont trop limités », constate Gabrielle de Boucher, chargée de mission numérique droits et libertés auprès du Défenseur des droits. Selon elle, il est important que la France reconnaisse aux étrangers le droit de réaliser toute démarche par un canal humain, non dématérialisé, un accueil physique.

    Le biais discriminatoire

    Autre écueil de la dématérialisation croissante des administrations : le biais discriminatoire. Puisque les systèmes intelligents sont entraînés par des êtres humains, ces derniers reproduisent leurs biais et les transmettent involontairement à l’IA. Illustration la plus concrète : les erreurs d’#identification.

    En 2023, un homme a été arrêté aux États-Unis après que les logiciels de reconnaissance faciale l’ont désigné par erreur comme l’auteur de vols. « On peut légitimement avoir des craintes sur le respect des droits, puisqu’on sait, par exemple, que le taux d’erreur est plus élevé pour les personnes non blanches », s’inquiète Gabrielle du Boucher. Comme elles sont sous représentées dans les #bases_de_données qui nourrissent l’apprentissage de l’IA, celle-ci sera moins fiable que lorsqu’elle devra, par exemple, se concentrer sur les personnes blanches.

    https://www.infomigrants.net/fr/post/62762/en-europe-les-migrants-premieres-victimes-de-lintelligence-artificiell
    #IA #AI #intelligence_artificielle #migrations #réfugiés #victimes #frontières #technologie #contrôle #surveillance #accent #langue #discrimination

  • Vu de Suède – Sur l’impact de la loi sur les infractions sexuelles fondées sur le consentement

    En 2018, la Suède a introduit une nouvelle loi sur les délits sexuels plaçant le consentement au centre de la définition du viol. Le débat existe également en France, où les exemples canadien et suédois sont souvent utilisés par ceux qui militent pour une modification de la loi. Vice-présidente de l’organisation nationale des refuges pour femmes en Suède, je témoigne des conséquences négatives de cette modification, qui n’a pas permis d’appréhender les violences quotidiennes.

    En Suède, une loi adoptée le 23 mai 2018 a élargi la définition du viol en le qualifiant de « tout acte sexuel sans accord explicite », rendant la notion de consentement inhérente à la caractérisation du viol.
    Vice-présidente de Roks, l’organisation nationale des refuges pour femmes et jeunes femmes en Suède, je propose une note sur les conséquences négatives de la définition légale suédoise du viol (introduite par la loi de 2018) basée sur le consentement.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/12/25/vu-de-suede-sur-limpact-de-la-loi-sur-les-infr

    #feminisme #suede #consentement

  • Procès de #Mazan : tous coupables, #et_maintenant ?

    Le verdict est tombé jeudi 19 décembre après plusieurs semaines de procès insoutenable. L’ensemble des 51 prévenus du procès de Mazan ont été reconnus coupables. Les peines de prison vont de 3 à 20 ans, la plus lourde étant pour #Dominique_Pélicot, qui avait commis et supervisé tous les viols.

    En 3 mois et 17 jours, #Gisèle_Pelicot est devenue, à son corps défendant, une héroïne féministe à travers le monde. Des rassemblements de soutien ont été lancés dans des centaines de villes, des graffitis à l’effigie de Gisèle ont décoré des milliers de murs et des articles écrits dans le monde entier. « Pour que la honte change de camp » est devenu un slogan qui donne des frissons à l’heure d’écrire ces lignes.

    J’ai vu des jeunes militantes aller faire des collages féministes pour la première fois, et j’ai été émue. Gisèle a porté un combat dans lequel tant de femmes se sont reconnues. Des milliers de femmes ont suivi jour après jour le procès, se sont déplacées jusqu’à Avignon pour lui apporter leur soutien, pour dire que même si nos violeurs à nous ne sont pas sur le banc des accusés, au moins pour une fois certains le sont. Jusqu’à aujourd’hui, les seuls procès pour viols médiatisés avaient pour protagonistes des personnes célèbres.

    Difficile de s’identifier à Adèle Haenel ou Judith Godreche. Mais Gisèle est une femme « comme nous ». Son violeur (ses violeurs) ne s’appelai(en)t pas Patrick Poivre d’Arvor, Gérald Darmanin ou Dominique Strauss Kahn. Ici les violeurs s’appellent Jacques, David, Philippe, des types banals. Difficile dans ce procès d’invoquer la calomnie, le complot politique, de dépeindre Gisèle comme une menteuse en quête d’argent ou d’attention, comme c’est toujours le cas lorsque les accusés sont célèbres.

    Cet article n’a pas pour prétention d’être une analyse ou une étude des enseignements à tirer de ce procès. Il n’a pas la prétention de prendre du recul sur ces mois passés. Ce n’est peut-être qu’un exutoire, une manière de comprendre les émotions qui m’ont (comme peut-être d’autres femmes ?) traversée ces 3 derniers mois. D’esquisser quelques pistes de réflexion. Le temps du recul viendra plus tard.

    Lorsque j’ai démarré cet article, j’ai pensé en faire un pamphlet anticarcéral. Parce que je refuse de me réjouir que 51 personnes aillent passer des années en prison. Parce que dans nos milieux militants autonomes, la lutte contre les prisons fait partie de nos combats. Et puis j’ai lu les premiers articles, entendu les premiers cris de joie. J’en ai parlé à des camarades, qui eux aussi m’ont dit que ce n’était pas le moment. Et j’ai changé d’avis. J’ai réalisé que l’enjeu était que dans une société où moins de 1% des viols sont condamnés, ici 100% des inculpés l’ont été.

    L’enjeu était que même si nos violeurs à nous ne seront jamais inquiétés, ceux là le sont. Et cela porte en creux un espoir. Il ne s’agit pas de dire que nous allons mettre tous nos agresseurs en prison, ni que ces #condamnations sont la victoire finale des femmes sur la société patriarcale. Mais un moment où on peut reprendre notre souffle avant de s’engager dans la suite de la bataille.

    Des années après #MeToo, ce procès a permis de parler de viols avec des personnes avec qui on ne l’avait jamais fait. Le procès de Mazan a infiltré les murs des cafés, les déjeuners du dimanche, les pauses clopes des entreprises. J’en ai parlé avec mon père, ce qui était impensable il y a quelques années. Gisèle nous a permis de pouvoir dire : moi aussi.

    Le concept de Rose Lamy, du compte Instagram « Préparez vous pour la bagarre », est à présent rentré dans le langage commun et « les #bons_pères_de_famille » sont tombés de leur piédestal. Il a bien fallu admettre que les violeurs n’étaient pas des monstres en-dehors de la société, mais des #messieurs_tout_le_monde. Ce qu’on se tuait à expliquer depuis des années a enfin pu être entendu. Parce que les chiffres existent depuis des années : 91% des victimes de viol connaissent leur agresseur. Mais les chiffres ne suffisaient pas. Il a fallu Gisèle pour qu’on accepte d’en parler.

    Le procès a également permis de reparler de la notion de #consentement. Parce que la défense s’est souvent basée sur le fait que leurs clients « pensaient sincèrement que la victime était consentante » et qu’ils étaient « tout autant victimes que la victime ». Le tribunal a tranché : cette défense ne tient pas. Il n’existe pas de « droit à l’erreur de violer sans intention, de violer par accident, de violer involontairement, de violer par bêtise, de violer par inculture ».

    La #défense a souvent été d’une #indécence crasse. Certain-es avocat-es n’ont pas hésité à demander à Gisèle si elle n’y avait pas pris un peu de plaisir. L’une d’elle avait publié une vidéo qui avait fait scandale, dansant sur « Wake me up before you go go » – littéralement : « Réveille moi avant de t’en aller ». Leur plaidoyer a été un véritable réquisitoire antiféministe. Les avocat-es se sont déchainé-es contre la prétendue vindicte populaire et les hordes de féministes assoiffées de sang. Ils auraient invoqué la sorcellerie s’ils l’avaient pu.

    Ce procès nous a aussi permis de sortir des milieux militants féministes des questions qu’on se pose depuis des années, et d’en faire des questions sociétales. Pourquoi est-ce que les hommes violent ? Comment faire pour qu’ils ne violent plus ? Lorsqu’on voit l’un des avocats de la défense jeter à la face des femmes devant le tribunal un « merde, mais avec le sourire », on sait que le chemin est encore long.

    L’une des personnes présentes devant le tribunal pose la question qu’il faut poser : « On espérait un avant et un après, mais qui va s’en emparer ? » En effet, comment faire pour s’emparer politiquement des questions soulevées ces trois derniers mois ? Comment en faire un sujet porté par l’ensemble de la société, et pas uniquement par les milieux féministes ? Parce que, ne nous voilons pas la face, les faits sont là : devant le tribunal d’Avignon, dans les rassemblements de soutien, une écrasante majorité de femmes. Et tant que seule la moitié de la population se sentira concernée, la #culture_du_viol n’a aucune chance d’être dépassée.

    Gisèle a voulu que ce procès soit public. Dans une société où la culture du viol est portée comme un art de vivre à la française, elle a osé dire qu’il fallait que la honte change de camp. Gisèle a ouvert une brèche avec son courage hors norme. À nous maintenant d’en être dignes.

    https://contre-attaque.net/2024/12/21/proces-de-mazan-tous-coupables-et-maintenant

    #viols #viols_de_Mazan #procès

  • Bonjour Colère : #Mazan, la #culture_du_viol (enfin) en #procès

    Les #bons_pères_de_famille d’un côté et les #monstres de l’autre, ça n’existe pas. Pendant dix ans, Dominique Pélicot a drogué, violé et fait violer sa femme, Gisèle, par des dizaines d’hommes. Conviées Au Poste pour Bonjour Colère ce mardi 09 octobre, #Marine_Turchi, enquêtrice à Mediapart, #Valérie_Rey-Robert, autrice de Une culture du viol à la française et Marlène Thomas, qui couvre le procès pour Libé, décryptent pour nous les tenants et les aboutissants d’une affaire qui nous concerne tous.

    À la cour criminelle du Vaucluse, 51 hommes sont sur le banc des accusés. Un procès hors normes, source de réactions dans l’espace public. Gisèle Pélicot a refusé le huis clos. Son souhait : que la honte change de camp. Les témoignages des accusés, les déclarations effarantes de leurs avocat.es, la mise en accusation de Gisèle Pélicot rappellent le traitement infligé aux victimes de violences sexuelles.

    Dans le tchat, une personne interroge les trois spécialistes : « Combien ont plaidé coupable ? ». À l’ouverture de l’audience, « 35 accusés niaient les faits reprochés. Certains ont reconnu la matérialité des faits, mais la plupart nient l’intention de violer », répond Marlène Thomas. Le “#scénario_libertin” est un argument qui revient beaucoup dans leur défense.

    https://www.youtube.com/watch?time_continue=294&v=4LtR-_gQnx0&embeds_referring_euri=https%3A%2F%2Fw


    https://www.auposte.fr/bonjour-colere-mazan-la-culture-du-viol-enfin-en-proces
    #justice #viols_de_Mazan #contrainte #empoisonnement #viol #soumission_chimique #temesta #anxiolytiques #consentement #contrôle_judiciaire #intentionnalité #fait_divers #violence_systémique #entourage #monsieur_tout_le_monde #perversité #not_all_men #altérisation #stéréotypes #euphémisation #surprise #impunité #exhibitionnisme

    • Le procès Mazan est-il le procès de la culture du viol ?

      Selon un sondage IFOP, 59% des Français considèrent que les accusés de l’affaire Pelicot sont des cas particuliers qu’il ne faut pas confondre avec la majorité des hommes. Les comportements qu’ils ont eu à l’égard de Gisèle Pelicot relèvent-ils du "viol d’opportunité", ou d’une "culture du viol" ?

      Le procès de Mazan nous pousse à reconsidérer l’ancrage des violences sexistes et sexuelles. L’affaire Pélicot est-elle un événement extraordinaire, qui met en lumière des faits isolés commis par des hommes qui ont “saisi l’opportunité” ? Ou sagit-il d’ un procès qui souligne l’ancrage des violences sexistes et sexuelles, perpétrés par des hommes ordinaires imprégnés d’une culture qui les déculpabilisent ?

      Dans le contexte du procès de Mazan ou des révélations de l’Abbé Pierre, des dizaines de manifestations ont eu lieu samedi dernier pour dénoncer la "culture du viol”. Selon les défenseuses et défenseurs de cette théorie de la “culture du viol”, l’affaire Pelicot serait la preuve que la société est imprégnée d’idées reçues qui invisibilisent les violences sexuelles, culpabilisent les victimes et déculpabilisent les coupables, ce qui entraîne une atmosphère d’impunité pour les violeurs. D’autres sont plus réticents face à ce concept, et défendent plutôt l’idée du “viol d’opportunité”, qui survient parce que “l’occasion s’est présentée”.

      https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/questions-du-soir-le-debat/le-proces-mazan-est-il-le-proces-de-la-culture-du-viol-7210186
      #viol_d'opportunité #préméditation #impunité #égocentrisme_légitime

  • TRIBUNE COLLECTIVE : Justice : contre l’introduction du consentement dans la définition du viol

    🟥 Nous publions cet appel collectif d’organisations, de personnalités et de militantes féministes suite aux annonces faites par le nouveau ministre.

    👉 Didier Migaud, nouveau ministre de la Justice vient d’affirmer, suivant en cela la position du Président Macron exprimée en mai dernier, qu’il était favorable à l’idée de faire évoluer la définition du viol en droit français en y intégrant la notion de consentement.

    En effet, depuis quelques années une petite musique se fait entendre qui tente d’expliquer le peu de condamnations pour viol en France et bien ailleurs dans le monde par le fait que la notion de consentement ne figure pas dans la définition du viol.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2023/09/09/oui-cest-oui-le-consentement-a-lepreuve-de-la-justice/#comment-62454

    #feminisme #viol #consentement

  • Exposer ses #enfants sur les réseaux : et si un jour ils nous le reprochaient ?

    « Ma mère a surexposé ma vie entière sur les réseaux sociaux. Les détails les plus intimes, les informations médicales et des moments très embarrassants » : le témoignage de Cam, 24 ans, ouvre le documentaire d’Elisa Jadot « Enfants sous influence – Surexposés au nom du like » disponible sur Play RTS jusqu’au 3 décembre 2024.

    Cam confie aussi que sa mère a même fait état de ses règles sur les réseaux. Et un jour, « quelqu’un, dans la rue, que je ne connaissais même pas m’a dit : ’Félicitations, tu es devenue une femme.’ »

    La jeune Américaine est une des premières à témoigner et alerter sur les conséquences de ce déballage continu sur sa santé mentale comme sur sa relation avec sa mère. Cam souhaite faire entendre la voix des enfants qui ne peuvent pas s’exprimer, car ils n’ont pas conscience de l’impact de cette exposition sur leur vie privée.

    Le documentaire part aussi à la rencontre de parents pour tenter de comprendre comment certains en arrivent à partager toujours plus de contenus sans se rendre compte de ce que cela implique. Et pourquoi d’autres le font délibérément.

    « Si un jour, mon fils me reproche d’avoir parlé de sa maladie et donné des #informations_médicales sur les réseaux sociaux, je lui expliquerai que j’en avais besoin psychologiquement. C’était trop dur. Et le fait de partager sur les réseaux, ça m’a rendue forte. Les témoignages de soutien m’ont fait en arriver là », explique Jessica Thivenin, une des mamans influenceuses les plus connues de France avec 6 millions d’abonnés.

    Pour Concetta Scarfò, responsable en compétences numériques chez ProJuventute, ce besoin de soutien, de réconfort et finalement de reconnaissance en tant que parents est légitime. « Il y a un peu cette idée qu’il faut tout un village pour élever un enfant. Mais le vrai soutien, celui qui sera le plus efficace, c’est celui qu’on trouvera dans son entourage proche ou auprès de professionnels. Il y a quelque chose de déséquilibré dans le fait d’élever un enfant dans un environnement où le soutien n’est que virtuel. »

    « Ma mère est devenue tellement accro aux réseaux sociaux, aux #likes, aux commentaires bienveillants, à l’attention que c’était comme si tous les bons moments que je passais avec elle étaient des moments organisés uniquement pour pouvoir être publiés », témoigne Cam dans le documentaire. Pour elle, la relation avec sa mère a été complètement parasitée par cette dépendance au regard des autres.

    Etre avec ses enfants, sans être vraiment là

    « Lorsqu’on voit, par exemple, des parents faire une vidéo et parler à celles et ceux qui les suivent sur les réseaux... tout en disant bonne nuit à leurs enfants : ils sont avec leurs enfants, sans être vraiment là. Il s’agit d’un moment où toute leur attention devrait être pour les enfants », reprend Concetta Scarfò, de ProJuventute.

    « Le coucher est un moment où l’enfant doit pouvoir dire ce qu’il a sur le cœur et se sentir en sécurité, en privé. De mon point de vue, il s’agit d’une dérive où il n’y a plus de moment vraiment familial parce que des gens regardent. Il y a une différence entre faire des photos devant un gâteau d’anniversaire pour les partager avec d’autres et des moments intimes. La frontière n’est plus claire, ni pour l’enfant, ni pour l’adulte. »

    Concetta Scarfò rappelle que les parents sont responsables de garantir la #vie_privée de leurs enfants. D’autant plus, quand ils ne sont pas encore capables de donner leur #consentement éclairé.

    En Suisse, un parent sur dix partage des photos et vidéos de ses enfants sur internet, selon une étude de l’Université de Fribourg (https://www.kinderschutz.ch/fr/themes/violence-sexuelle/prevention-contre-la-violence-sexuelle-en-ligne/photos-d-enfants-sur-le-web). « Cette étude décrit notamment un profil de publication selon l’âge du parent et l’âge de l’enfant et met en évidence la génération des 36-40 ans qui à l’époque du lancement de Facebook était la génération cible pour les réseaux sociaux. Ces parents ont développé une habitude de ’tout publier’ dans la réalité virtuelle. »

    Pour la spécialiste, il est important d’ouvrir le débat en famille et avec son entourage afin d’établir des règles claires sur la manière de gérer les photos et vidéos de son enfant.

    https://www.rts.ch/info/societe/2024/article/exposer-ses-enfants-sur-les-reseaux-et-si-un-jour-ils-nous-le-reprochaient-28620
    #surexposition #réseaux_sociaux #documentaire #film_documentaire

  • Comment on fabrique le #consentement au #génocide à Gaza - CONTRETEMPS
    https://www.contretemps.eu/guerre-israel-palestine-consentement-genocide-gaza-fassin

    Comment on fabrique le consentement au génocide à Gaza
    Didier Fassin 9 septembre 2024 Comment on fabrique le consentement au génocide à Gaza2024-09-09T12:52:29+01:00
    Lire hors-ligne :

    Chercheur en anthropologie, professeur au Collège de France et à l’université de Princeton, Didier Fassin vient de publier aux éditions La Découverte un livre salutaire et courageux sur le consentement – et dans bien des cas le soutien actif – des élites occidentales à la guerre génocidaire que mène l’État d’Israël contre les Palestinien-nes de Gaza et au nettoyage ethnique qui s’opère dans le même temps en Cisjordanie. Nous vous en proposons un extrait ici.

    Le fait qui, sans doute, hantera le plus durablement les mémoires, y compris peut-être en Israël, est la manière dont l’inégalité des vies a été donnée à voir sur la scène de Gaza et dont elle a été ignorée par les uns, légitimée par les autres[1]. Que, dans le monde, cette injustice suprême – qu’une vie a moins de valeur qu’une autre – soit largement distribuée est une réalité, qui se manifeste en temps de paix comme en temps de guerre[2].

    Mais il n’est guère d’exemple où les gouvernements des pays occidentaux en détournent aussi ostensiblement le regard jusqu’à lui trouver une justification et réduire au silence les voix qui la critiquent. Les interventions militaires conduites par Israël à Gaza ont pourtant donné lieu aux écarts de mortalité des populations civiles les plus élevés des conflits survenus dans le monde au XXIe siècle.

  • Au #procès des folles

    « Les violences sont déplacées dans le champs du #fantasme »

    Victimes de violences physiques et psychologiques de la part de leurs ex conjoints, Anouk et Marie doivent être expertisées par des psychologues et psychiatres suite aux #démarches_juridiques qu’elles entament, au pénal et au civil. Elles racontent leurs expériences traumatisantes face à des expertes qui minimisent les faits, remettent en doute leurs paroles, symétrisent les comportements ou encore les accusent d’être hystériques et masochistes. Ces psys considèrent qu’Anouk et Marie « y sont sans doute pour quelque chose », compte tenu de leurs profils psychologiques.

    De très nombreuses femmes vivent les mêmes expériences, source de nouveaux traumatismes, devant la justice, mais aussi dans les cabinets libéraux. Cet épisode décrypte le processus de #psychologisation de la violence (des victimes, mais aussi des agresseurs) qui permet de mieux l’occulter. Avec les analyses de psychologues et d’avocates qui tentent de faire changer ces pratiques.

    https://www.arteradio.com/son/61684896/au_proces_des_folles
    #justice #violence #procès_pénal #procès #traumatisme #masochisme #hystérie #occultation #invisibilisation #psychologie #anxiété #VSS #violences_sexuelles #expertise #peur #honte #répétition #larmes #humiliation #culturalisation #religion #histoire_familiale #hystérie #suspicion #intimité #expertise_psychologique #enquête_de_crédibilité #crédibilité #toute_puissance #traumatisme #post-traumatisme #consentement #colère #tristesse #témoignage #anxiété_généralisée #traumatisme_de_trahison #troubles_du_stress_post-traumatique (#TSPT) #subjectivité #psychanalyse #névrose #masochisme #analyses_paradoxales #présomption_de_masochisme #présomption #concepts #mise_en_scène #jeu #mensonge #manipulation #exagération #répétition #co-responsabilité #dépsychologisation #féminisme #violences_politiques #vulnérabilité #expertises_abusives #maltraitance_théorique #théorie #rite_de_domination #violences_conjugales #analyse_sociale #psychologisation_de_la_violence #patriarcat #domination #violence_systémique #féminicide #sorcière #pouvoir #relation_de_pouvoir #victimisation #violences_conjugales #crime_passionnel #circonstances_atténuantes #injustice #haine #haine_contre_les_femmes #amour #viol #immaturité #homme-système #empathie #désempathie #masculinité #masculinité_violente #violence_psychologique #humiliations #dérapage #déraillement #emprise_réciproque #reproduction_de_la_violence #émotions #récidive #intention #contexte #figure_paternelle #figure_maternelle #imaginaire #violence_maternelle #materophobie #mère_incenstueuse #parentalité_maternelle #parentalité_paternelle #dénigrement

    #audio #podcast

    ping @_kg_

    • Merci
      Cette émission a fait un écho tremblant aux accusations et dénigrements de psychologues dont j’avais requis les compétences pour m’aider (croyais-je) alors que j’étais en soin pour un cancer du sein métastasé. La première, je n’ai pas ouvert la bouche que déjà elle me dit que je me suis assise de façon présomptueuse et un autre moment elle rit en me disant qu’elle voudrait bien voir mon enfant pour savoir comment il s’en sort d’avoir une mère comme moi. Une autre, à qui j’ai demandé d’agir en relais le temps des soins pour mon enfant qui débute ses études, et qui présente des phases dépressives suite à des maltraitances de son père, lui conseille d’aller vivre chez lui devenu SDF à 600km de là et me donne un rdv où j’apprends qu’il sera présent, refusant de m’entendre alors que c’est moi qui l’ai toujours payé. Tellement choquée que je pars en voir une autre pour lui demander si il est normal d’agir ainsi. Cette fois, en sortant, j’étais responsable du cancer qui m’avait fait perdre mon sein dû à des problèmes psys de maternité non résolu, j’allais détruire mon entourage, mon enfant également et j’avais juste envie de me suicider.
      J’ai quand même repris trois mois plus tard un suivi par une psychologue de la clinique qui m’a cette fois réellement écoutée et aidée. Jamais eu le courage cependant de retourner voir les 3 autres pour dénoncer leur incompétence et leurs humiliations.

      #psychologues #violences_psychologiques #maternophobie #courage_des_femmes

  • Définition du viol : osez le consentement !

    La pression est de plus en plus forte pour modifier la définition du viol en y introduisant la notion de consentement. Est-ce une bonne idée ? Oui, selon la magistrate Valérie-Odile Dervieux qui pointe les difficultés auxquelles l’état actuel du droit confronte les juridictions.

    https://www.actu-juridique.fr/penal/definition-du-viol-osez-le-consentement
    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2023/09/09/oui-cest-oui-le-consentement-a-lepreuve-de-la-justice/#comment-60435
    #droit #viol #consentement

  • RGPD -L’effacement de son nom sur les registres de baptême peut être refusé par l’Église | Service-Public.fr
    https://www.service-public.fr/particuliers/actualites/A17177

    L’intérêt qui s’attache, pour l’Église, à la conservation des données personnelles relatives au baptême figurant dans le registre, doit être regardé comme un motif légitime impérieux, prévalant sur l’intérêt moral du demandeur à demander l’effacement définitif de ses données.

    Et ce alors même que la personne n’a, en général vu son jeune age, pas donné son consentement pour une telle inscription.
    #baptême #apostasie #RGPD

  • Manon Garcia, philosophe : « Croire qu’il suffit de définir le viol par le non-consentement pour y mettre fin est illusoire »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/12/12/manon-garcia-philosophe-croire-qu-il-suffit-de-definir-le-viol-par-le-non-co

    Si on définissait le viol par le non-consentement, on considérerait que c’est le comportement de la victime qui fait le viol et non celui de l’agresseur, estime l’autrice de « La Conversation des sexes » dans une tribune au « Monde », alors que le droit pénal français actuel met en avant la responsabilité première de celui qui commet le crime.

    C’est une erreur – et une erreur sexiste ! – que de définir le viol par le non-consentement. Certains pays l’ont fait parce que leur définition du viol reposait jusque-là uniquement sur la violence et c’est un indéniable progrès, mais la législation française n’a pas ce problème. C’est en raison de l’importance que j’accorde à la lutte contre les violences sexuelles, et sur la base des années de recherche que j’ai consacrées au viol et au consentement sexuel, que je pense que la définition française du viol ne devrait pas être modifiée et que la solution pour une meilleure lutte contre les violations sexuelles est ailleurs.

    Il ne fait aucun doute que la notion de consentement est cruciale pour penser le bon sexe et qu’il faudrait que nos vies sexuelles ne soient faites que de rapports consentis. Pourtant, nombre de travaux féministes ont montré que cette notion est traversée par des représentations hétérosexistes : on pense que le consentement est l’affaire des femmes, qui doivent choisir d’accepter ou de refuser les assauts sexuels des hommes.

    On pense, en somme, que les hommes veulent sans cesse du sexe, qu’ils ne peuvent pas s’en empêcher, et qu’il revient aux femmes – que l’on présume vouloir de l’amour plutôt que du sexe – de les arrêter ou de les laisser faire. L’homme propose, la femme dispose. Dans ce modèle, les hommes ne peuvent pas être violés, les femmes ne peuvent pas être à l’origine de rapport sexuel, et seul le comportement des femmes – leur refus ou leur accord – distingue le sexe du viol. Au mieux, pour eux, elles cèdent. Au pire, elles empêchent.

    Loin d’empêcher les hommes de violer, ces représentations les exonèrent : on considère que pour eux le sexe et le viol ne sont pas tellement différents, que c’est quelque chose qu’ils font à leur partenaire et que l’avis de celle-ci ou de celui-ci ne compte que comme obstacle possible. On accrédite une représentation fausse et nuisible de la sexualité masculine.

    Conséquences pratiques claires

    Contrairement à l’hypothèse que certains mis en cause défendent dans les prétoires, il n’y a pas de malentendu entre les hommes et leurs victimes, ce n’est pas qu’ils ne comprennent pas que l’autre ne voulait pas. Des études en laboratoire montrent qu’hommes et femmes mis devant les mêmes scénarios de consentement et de non-consentement interprètent les situations de la même façon, sans que les hommes échouent à comprendre les refus.
    Les violences sexuelles ne résultent pas de malentendus ni de problèmes de communication du consentement, mais du fait que des hommes considèrent qu’ils ont ou devraient avoir le droit d’imposer des rapports sexuels. Croire qu’il suffit de définir le viol par le non-consentement pour y mettre fin est illusoire. Le viol n’est pas du sexe sans consentement, c’est une violation infligée par un criminel sur une victime qui n’a que peu à voir avec un « rapport » sexuel : activité jointe et partagée par des partenaires.
    Les conséquences pratiques sont claires : si l’on définit légalement le viol par le non-consentement, on considère que c’est le comportement de la victime qui fait le viol et non celui du violeur. On expose donc la victime à être scrutée – comment pourrait-elle prétendre n’avoir pas été consentante avec une jupe aussi courte ? – et donc malmenée par le processus judiciaire au lieu de se concentrer sur le comportement du mis en cause.

    L’article 222-23 du #code_pénal, en définissant le viol comme « tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu’il soit, ou tout acte bucco-génital commis sur la personne d’autrui ou sur la personne de l’auteur par violence, contrainte, menace ou surprise est un viol », met en avant la responsabilité sur le violeur et ne qualifie pas le désir de la victime.

    Bien sûr, on peut voir en filigrane dans cette liste de comportements du violeur le non-consentement de la victime – il y a non-consentement lorsque la victime fait l’objet de violence, de contrainte, de menace ou de surprise –, mais la responsabilité n’est pas la sienne. Il y a viol en raison de l’intention du violeur.

    Mécanismes de culpabilisation

    Pour autant, il y a un sérieux problème : un nombre important de procédures de viol achoppent sur cette question de l’intention. Il ne suffit pas de prétendre avoir cru que la personne consentait pour être innocenté, les tribunaux établissent l’intention de manière objective, en fonction des indices présents et de la façon raisonnable de les interpréter.
    Mais les tribunaux considèrent qu’il peut être raisonnable de déduire le consentement à partir d’une situation dans laquelle la victime n’a donné aucun signe positif de son consentement. Dans les faits, il arrive trop souvent que des agresseurs soient relaxés alors même qu’ils avaient obtenu un rapport sexuel d’une victime qui jamais n’avait manifesté la moindre envie et le moindre enthousiasme.
    Les tribunaux échouent à prendre en compte la façon dont les normes de genre empêchent les femmes d’exprimer leurs désirs et autorisent les hommes à ne pas s’en préoccuper, voire à sciemment les ignorer. Mais ce n’est pas là un problème légal, c’est un problème judiciaire. Ce qui est en jeu n’est pas le texte de la #loi, mais les représentations sexistes des juges et des jurés, et leur conception extrêmement restreinte de la menace et de la contrainte.

    Les hommes obtiennent du sexe par nombre de mécanismes de culpabilisation, de contraintes psychologiques qui devraient être considérées comme de la menace ou de la contrainte et ne le sont pas. Mais changer la #loi n’aura pas d’effet direct sur les représentations.
    Il faudrait surtout un changement de #jurisprudence de la Cour de cassation, qui inviterait à une compréhension plus large de la contrainte. On pourrait même imaginer inscrire dans le droit que tout rapport sexuel dans lequel on pourrait raisonnablement avoir un doute sur le consentement de son partenaire est interdit. Faire du #viol la conséquence de la menace, de la contrainte, de la violence ou de la surprise exercées par le violeur est probablement le meilleur moyen de défendre le droit à l’autodétermination sexuelle sans exonérer les agresseurs.

    • Violences sexuelles : « Il est urgent de redéfinir pénalement le viol, dont la définition, en France, présuppose un consentement implicite »
      https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/12/12/violences-sexuelles-il-est-urgent-de-redefinir-penalement-le-viol-dont-la-de

      Personne ne devrait être jugé a priori consentante ou consentant à des relations sexuelles, dénonce dans une tribune au « Monde », un collectif d’avocates, d’autrices et de magistrats, qui réclame une modification du cadre pénal du viol.

      Pour nombre de professionnelles et professionnels confrontés chaque jour aux situations des victimes de violences sexuelles, comme pour la plupart de nos concitoyennes et concitoyens, il est plus qu’urgent de redéfinir pénalement le viol en France.
      Comment pourrait-il en être autrement face au caractère massif des classements sans suite (74 % des plaintes), des ordonnances de non-lieu, des correctionnalisations et des relaxes prononcées, non pas « dans des dossiers vides », mais dans des dossiers où il existe des éléments qui devraient entraîner poursuites et condamnations pénales ?
      Les statistiques sont connues. Seule une victime de viol sur dix porte plainte. Mais pourquoi iraient-elles déposer plainte et s’exposer aux représailles, y compris judiciaires, de l’agresseur ? Subir un traitement judiciaire qui de facto permet trop souvent l’impunité des mis en cause ?

      Contrairement à ce que certains affirment, ces défaillances ne sont pas seulement dues à une « mauvaise application » du droit pénal, mais bien au droit lui-même. Jugez-en : le fait d’être non consentante ou non consentant à une activité sexuelle ne suffit pas à caractériser le viol, et une juge d’instruction peut écrire par exemple que : « Le défaut de consentement de la partie civile ne suffit pas à caractériser le viol. »

      Prendre en compte la sidération de la victime

      On nous dit qu’il ne faudrait pas changer la définition actuelle du viol, car prendre en compte différemment le consentement dans notre code pénal pénaliserait les victimes, sur lesquelles reposerait alors « une charge de la preuve » (c’est-à-dire démontrer qu’elles n’ont pas consenti). C’est ignorer que la définition actuelle présuppose un consentement implicite à tout acte sexuel, et qu’elle véhicule des stéréotypes tenaces. Le texte nous dit en effet que seuls les actes commis par « violence, contrainte, menace, ou surprise » sont des viols.
      Cet argument ignore aussi que pour établir ces éléments matériels, la justice examine essentiellement le comportement des victimes : « Comment étiez-vous habillée ? » « Pourquoi lui avez-vous parlé ? » « Pourquoi êtes-vous restée ? » Ainsi que leurs réactions : « Pourquoi n’avez-vous pas crié, résisté, porté plainte immédiatement… ? »

      Or, dans la majorité des situations, l’agresseur est connu de la victime : c’est un copain, un ex, un cousin, un collègue, un voisin, un élu, un médecin, un professeur, un ministre… Pour agresser, il s’appuiera plus souvent sur la sidération de la victime, sur sa vulnérabilité, sur sa précarité, sur des rapports de domination ou sur une contrainte morale… Mais notre droit n’oblige pas les magistrats à tirer les conséquences juridiques de ces éléments qui attestent de l’impossibilité d’une volonté libre de la victime.

      Le texte actuel aboutit également à infantiliser les auteurs : on postule qu’ils « n’ont pas compris » un silence, une fausse excuse, un refus poli. Si le comportement de la victime s’écarte du stéréotype attendu (résister vigoureusement, ne pas prendre de risque, etc.), l’agresseur échappera à une poursuite pour défaut d’intentionnalité, et « céder » sera alors interprété comme « consentir ». On postulera que « Monsieur a pu légitimement se méprendre », qu’il a pu croire que ce n’était pas un « vrai non ».

      Eduquer les agresseurs

      Nous devons modifier notre texte pénal. Ce ne sont pas les victimes que notre société doit éduquer, mais les agresseurs, et personne ne devrait être jugé a priori consentant ou consentante. Nous ne pouvons plus permettre que des centaines de milliers de vies soient faites de peurs, de silence et d’efforts surhumains pour se reconstruire.

      Nous pouvons pour cela nous appuyer sur la convention du Conseil de l’Europe dite « d’Istanbul », qui impose aux Etats parties (art. 36.2) que le consentement soit « donné volontairement comme résultat de la volonté libre de la personne considérée dans le contexte des circonstances environnantes ».

      L’Union européenne s’apprête par ailleurs à adopter un projet de directive enjoignant aux Etats membres de trouver un socle commun de définition et de traitement des violences sexuelles. La France s’oppose à ce que le viol soit visé dans cette directive. Il n’y a aucune raison juridique, morale, historique à cela et nous demandons que cette obstruction cesse.
      Nous savons que la rédaction du nouveau texte sera une œuvre difficile. Mais cela ne doit pas justifier le statu quo. Consultons la société civile, écoutons les différents experts et expertes, prenons le temps d’une réflexion approfondie, obtenons les moyens de le faire et agissons.
      Nous n’avons plus le choix.

      Rédactrices : Anaïs Defosse, avocate ; Milena Dostanic, avocate ; Carine Durrieu Diebolt, avocate ; Mylène Hadji, avocate ; Yasmina Le Ber, avocate ; Catherine Le Magueresse, doctoresse en droit ; Frédérique Pollet-Rouyer, avocate ; Elodie Tuaillon-Hibon, avocate ; Claude Vincent, avocate.
      Signataires : Françoise Brié, Fédération nationale solidarité femmes ; Maria Cornaz Bassoli, avocate ; l’association Choisir la cause des femmes ; Audrey Darsonville, professeure en droit privé et en droit criminel à Paris Nanterre ; Giulia Foïs, journaliste et autrice ; GiedRé, autrice, compositrice et interprète ; Dora Bel Hadj, administratrice de l’AVFT Libres et égales ; Fadela Houari, avocate ; Laure Ignace, juriste, association Prendre le droit ; Magali Lafourcade, juriste et spécialiste des droits humains ; François Lavallière, magistrat et enseignant ; Violaine Lucas, présidente de Choisir la cause des femmes ; Marie Rabatel, Association francophone de femmes autistes ; Zoë Royaux, avocate ; Sophie Soubiran, avocate ; Victoire Tuaillon, journaliste et autrice ; Najat Vallaud-Belkacem, ancienne ministre des droits des femmes (2012-2014) ; Marjolaine Vignola, avocate.

      #consentement

  • Catherine Le Magueresse : « Violences sexuelles il faut réformer le droit !

    A la veille de nouvelles discussions sur la définition du viol au Parlement européen, Nous publions à nouveau cette tribune écrite en 2011 par Catherine Le Magueresse, juriste. Un texte toujours d’actualité… car les résistances sont puissantes !

    https://www.lesnouvellesnews.fr/catherine-le-magueresse-violences-sexuelles-il-faut-reformer-le-dro
    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2023/02/05/viol-et-justice-des-victimes-presumees-consentantes/#comment-59687

    #féminisme #consentement

  • #mastodon, #fin de (première) partie ?
    https://framablog.org/2022/11/12/mastodon-fin-de-premiere-partie

    L’afflux récent d’inscriptions sur Mastodon, sous forme de vague inédite de cette ampleur, a largement retenti dans les médias. Beaucoup se sont penchés sur le réseau social fédéré avec une curiosité nouvelle, pour expliquer (parfois de façon maladroite ou fragmentaire, … Lire la suite­­

    #Fédération #Internet_et_société #Libres_Logiciels #Libres_Services #Tales_of_Fediverse #ActivityPub #anarchisme #deuil #Entraide #Fediverse #migration #musk #reseaux_sociaux #Twitter

    • Comme lorsque vous êtes assis dans un wagon tranquille, discutant doucement avec quelques amis, et qu’une bande entière de supporters de football monte à la gare de Jolimont après la défaite de leur équipe. Ils n’ont pas l’habitude de prendre le train et ne connaissent pas le protocole. Ils supposent que tout le monde dans le train était au match ou du moins suit le football. Ils se pressent aux portes et se plaignent de la configuration des sièges.

      Ce n’est pas entièrement la faute des personnes de Twitter. On leur a appris à se comporter d’une certaine manière. À courir après les likes et les retweets. À se mettre en valeur. À performer. Tout ce genre de choses est une malédiction pour la plupart des personnes qui étaient sur Mastodon il y a une semaine.

    • Cet article pose la question de la publicité des contenus publiés sur Mastodon et du consentement nécessaire dans le cas de republication, comme pour les blogs en fait, et à la différence des réseaux sociaux comme Twitter ou Facebook où les usagers ont accepter par défaut de se dépouiller de leur propriété intellectuelle et leur droit moral sur leurs contenu. J’utilise le terme de propriété intellectuelle mais ce n’est pas celui utilisé dans le texte, peut être une traduction abusive de ma part. Hugh Rundle fait référence à des normes implicites et à un anarchisme de ces outils permettant la publication de contenu et la conversation à un rythme lent et avec un nombre modéré d’utilisateurs qui, à l’origine, ne souhaitaient pas être contrôlés.
      La critique acerbe des pratiques extractivistes visant à augmenter l’audience et en profiter mais aussi des pratiques universitaires produisant du savoir à partir de l’appropriation non-consentie de contenu m’interpellent particulièrement.
      Les usagers de @seenthis Seenthis, pour leur part, peuvent choisir le régime de propriété intellectuelle souhaitée : personnellement c’est CC/BY/NC/SA et c’est peut être une option que devrait proposer explicitement les instances Mastodon. En tout cas, je réalise l’importance d’avoir explicité ces termes de partage sur @seenthis.

      Personne n’a pensé à me demander si je le voulais.

      Jusqu’à cette semaine, je n’avais pas vraiment compris – vraiment apprécié – à quel point les systèmes de publication des entreprises orientent le comportement des gens. Twitter encourage une attitude très extractive de la part de tous ceux qu’il touche. Les personnes qui ont republié mes articles sur Mastodon sur Twitter n’ont pas pensé à me demander si j’étais d’accord pour qu’ils le fassent. Les bibliothécaires qui s’interrogent bruyamment sur la manière dont ce “nouvel” environnement de médias sociaux pourrait être systématiquement archivé n’ont demandé à personne s’ils souhaitaient que leurs pouets sur le Fediverse soient capturés et stockés par les institutions gouvernementales. Les universitaires qui réfléchissent avec enthousiasme à la manière de reproduire leurs projets de recherche sur Twitter sur un nouveau corpus de pouets “Mastodon” n’ont pas pensé à se demander si nous voulions être étudiés par eux. Les personnes créant, publiant et demandant des listes publiques de noms d’utilisateurs Mastodon pour certaines catégories de personnes (journalistes, universitaires dans un domaine particulier, activistes climatiques…) ne semblaient pas avoir vérifié si certaines de ces personnes se sentait en sécurité pour figurer sur une liste publique. Ils ne semblent pas avoir pris en compte le fait qu’il existe des noms pour le type de personne qui établit des listes afin que d’autres puissent surveiller leurs communications. Et ce ne sont pas des noms sympathiques.

      Les outils, les protocoles et la culture du Fediverse ont été construits par des féministes trans et queer. [...] Néanmoins, les principes de base ont été maintenus jusqu’à présent : la culture et les systèmes techniques ont été délibérément conçus sur des principes de consentement, d’organisation et de sécurité communautaires. Bien qu’il y ait certainement des améliorations à apporter à Mastodon en termes d’outils de modération et de contrôle plus fin des publications, elles sont en général nettement supérieures à l’expérience de Twitter. Il n’est guère surprenant que les personnes qui ont été la cible de trolls fascistes pendant la plus grande partie de leur vie aient mis en place des protections contre une attention non désirée lorsqu’elles ont créé une nouvelle boîte à outils pour médias sociaux. Ce sont ces mêmes outils et paramètres qui donnent beaucoup plus d’autonomie aux utilisateurs qui, selon les experts, rendent Mastodon « trop compliqué ».

      Si les personnes qui ont construit le Fediverse cherchaient généralement à protéger les utilisateurs, les plateformes d’entreprise comme Twitter cherchent à contrôler leurs utilisateurs. Twitter revendique la juridiction sur tout le « contenu » de la plateforme. Les plaintes les plus vives à ce sujet proviennent de personnes qui veulent publier des choses horribles et qui sont tristes lorsque la bureaucratie de Twitter finit, parfois, par leur dire qu’elles n’y sont pas autorisées. Le vrai problème de cet arrangement, cependant, est qu’il modifie ce que les gens pensent du consentement et du contrôle de nos propres voix. Les universitaires et les publicitaires qui souhaitent étudier les propos, les graphiques sociaux et les données démographiques des utilisateurs de Twitter n’ont qu’à demander la permission à la société Twitter. Ils peuvent prétendre que, légalement, Twitter a le droit de faire ce qu’il veut de ces données et que, éthiquement, les utilisateurs ont donné leur accord pour que ces données soient utilisées de quelque manière que ce soit lorsqu’ils ont coché la case « J’accepte » des conditions de service. Il s’agit bien sûr d’une idiotie complète (les Condition Générales d’Utilisation sont impénétrables, changent sur un coup de tête, et le déséquilibre des pouvoirs est énorme), mais c’est pratique. Les chercheurs se convainquent donc qu’ils y croient, ou bien ils s’en fichent tout simplement.

      #extractivisme #université #recherche #propriété_intellectuelle #anarchisme #consentement

  • « Journée nationale de la résilience » : vers un survivalisme d’État
    https://lundi.am/Journee-nationale-de-la-resilience-vers-un-survivalisme-d-Etat?s=09
    https://lundi.am/local/cache-gd2/34/d41a95c2105cee343ec45957188ab4.png?1665334287

    La résilience est une technologie du consentement. Il s’agit de consentir à la fatalité des désastres notamment technologiques afin d’apprendre à « vivre avec », sans jamais s’attaquer à leurs causes. Consentir à l’entraînement, à l’apprentissage et à l’expérimentation de conditions de vie dégradées par le désastre. Consentir encore à la participation pour fonder la déresponsabilisation des décideurs et la culpabilisation des victimes.

    #résilience #consentement

  • De la #démocratie en #Pandémie. #Santé, #recherche, #éducation

    La conviction qui nous anime en prenant aujourd’hui la parole, c’est que plutôt que de se taire par peur d’ajouter des polémiques à la confusion, le devoir des milieux universitaires et académiques est de rendre à nouveau possible la discussion scientifique et de la publier dans l’espace public, seule voie pour retisser un lien de confiance entre le savoir et les citoyens, lui-même indispensable à la survie de nos démocraties. La stratégie de l’omerta n’est pas la bonne. Notre conviction est au contraire que le sort de la démocratie dépendra très largement des forces de résistance du monde savant et de sa capacité à se faire entendre dans les débats politiques cruciaux qui vont devoir se mener, dans les mois et les années qui viennent, autour de la santé et de l’avenir du vivant.

    https://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Tracts/De-la-democratie-en-Pandemie

    –-

    Et une citation :

    « La conviction qui nous anime en prenant aujourd’hui la parole, c’est que plutôt que de se taire par peur d’ajouter des #polémiques à la #confusion, le devoir des milieux universitaires et académiques est de rendre à nouveau possible la discussion scientifique et de la publier dans l’espace public, seule voie pour retisser un lien de confiance entre le #savoir et les citoyens, lui-même indispensable à la survie de nos démocraties. La stratégie de l’ _#omerta_ n’est pas la bonne. Notre conviction est au contraire que le sort de la démocratie dépendra très largement des forces de résistance du monde savant et de sa capacité à se faire entendre dans les débats politiques cruciaux qui vont devoir se mener, dans les mois et les années qui viennent, autour de la santé et de l’avenir du vivant. »

    #syndémie #désert_médical #zoonose #répression #prévention #confinement #covid-19 #coronavirus #inégalités #autonomie #état_d'urgence #état_d'urgence_sanitaire #exception #régime_d'exception #Etat_de_droit #débat_public #science #conflits #discussion_scientifique #résistance #droit #santé #grève #manifestation #déni #rationalité #peur #panique #colère #confinement #enfermement #défiance #infantilisation #indiscipline #essentiel #responsabilité #improvisation #nudge #attestation_dérogatoire_de_déplacement #libéralisme_autoritaire #autoritarisme #néolibéralisme #colloque_Lippmann (1938) #économie_comportementale #Richard_Thaler #Cass_Sunstein #neuroscience #économie #action_publique #dictature_sanitaire #consentement #acceptabilité_sociale #manufacture_du_consentement #médias #nudging #consulting #conseil_scientifique #comité_analyse_recherche_et_expertise (#CARE) #conseil_de_défense #hôpitaux #hôpital_public #système_sanitaire #éducation #destruction #continuité_pédagogique #e-santé #université #portefeuille_de_compétences #capital_formation #civisme #vie_sociale #déconfinement #austérité #distanciation_sociale #héroïsation #rhétorique_martiale #guerre #médaille_à_l'engagement #primes #management #formations_hybrides #France_Université_Numérique (#FUN) #blended_learning #hybride #Loi_de_programmation_de_la_recherche (#LPR ou #LPPR) #innovation #start-up_nation #couvre-feu #humiliation #vaccin #vaccination
    #livre #livret #Barbara_Stiegler

    • secret @jjalmad
      https://twitter.com/jjalmad/status/1557720167248908288

      Alors. Pour Stiegler je veux bien des ref si tu as ça, j’avais un peu écouté des conf en mode méfiance mais il y a un moment, sans creuser, et je me disais que je devais pousser parce qu’en effet grosse ref à gauche

      @tapyplus

      https://twitter.com/tapyplus/status/1557720905828253698

      Check son entretien avec Desbiolles chez les colibris par ex. T’as aussi ses interventions à ASI, son entretien avec Ruffin, etc. C’est une philosophe médiatique, on la voit bcp. Et elle dit bien de la merde depuis qq tps. Aussi un live de la méthode scientifique avec Delfraissy

      Je suis pas sur le PC mais je peux te lister pas mal de sources. D’autant plus pbtk parce que « réf » à gauche. Mais dans le détail elle dit de la merde en mode minimiser le virus + méconnaissance de l’antivaccinisme. Et du « moi je réfléchit » bien claqué élitiste et méprisant.

      Quelques interventions de B Stiegler (en vrac) :
      Alors la première m’avait interpellée vu qu’elle était partie en HS complet à interpeller Delfraissy sur les effets secondaires des vaccins : https://radiofrance.fr/franceculture/podcasts/la-methode-scientifique/et-maintenant-la-science-d-apres-8387446
      (le pauve N Martin se retrouvait sur un débat complètement HS)

      Il y a d’une part la critique politique (rapport à la démocratie en santé publique), mais pour Stiegler outre la position « le gvt en fait trop, c’est des mesures autoritaires inutiles » elle se positionne par ailleurs sur des choix

      Parler des EI des vaccins sans balancer avec les effets de la maladie. Utilisation de la santé mentale des enfants pour critiquer le port du masque à l’école, lecture de la situation où il n’y aurait que gvt vs libertay, et en omettant complètement toutes les positions développées par l’autodéfense sanitaire et les militants antivalidistes et de collectifs de patients (immunodéprimés, covid long, ...) quand ils ne vont pas dans son narratif.

      Elle met de côté toutes les lectures matérialistes de la situation et sort clairement de son champ de compétence sur certains points, tout en ne donnant que très peu de sources et de points de référence pour étayer ses propos.

      Genre elle critique la pharmacovigilance et les EI mais elle ne donne jamais aucune source ni aucune information sur les outils, méthodes et acteurs qui travaillent ces sujets. Pareil quand elle dit découvrir les critiques des vaccination. Il y a de quoi faire avec les travaux historique sur la #santé_publique et la vaccination. A t elle interrogé des spécialiste de ces sujets, notamment les spécialistes qui ne vont pas que dans le sens de son propos. Elle semble manquer cruellement de référence historique sur le sujet alors qu’elle s’en saisit et qu’elle a une aura d’#intellectuelle_de_gauche, donc plein de monde lui accorde une confiance et trouve qu’elle est très pertinente sur certains sujets. Mais sur le traitement des points techniques elle me semble plutôt à la ramasse et ce qui ne va pas dans son sens est renvoyé à la doxa gouvernementale ou technoscientiste liberale, sans apparemment regarder les contenus eux même. Et Desbiolles c’est pareil. Alla je connais moins et je l’ai entendu dire qq trucs pertinents (sur les profils des non vaccines par exemple) mais le fait qu’il cite Desbiolles devant l’opecst, alors que celle ci racontait des trucs bien limites sur les masques et les enfants, ça me met des warnings.

      Je rajouterai 2 points : 1) il y a des sujets super intéressants à traiter de trouver comment on construit une position collective sur des questions de santé publique, ni individualiste ni subissant l’autorité de l’état. Genre comment penser une réflexions sur les vaccinations (en général, pas spécifiquement covid) dans une perspective émancipatrice et libertaire, comment on fait collectif, comment on mutualise des risques, comment on se donne des contraintes individuelles pour soutenir celles et ceux qui en ont plus besoin.

      Stiegler ne fait que critiquer l’autoritarisme d’état, parle de démocratie, mais ne propose aucune piste concrète ni axe de réflexion pour développer cela. D’autres personnes le font et développent cela, et c’est des sujets non triviaux sur lesquels il est important de délibérer.

      2) Un autre point c’est son discours, comme ceux d’autres intellectuels, est surtout axé sur la partie « choix libre » de la phrase « choix libre et éclairé », et n’évoquent pas vraiment la manière dont on construit collectivement la partie « éclairé »

      Il y a des sujets super importants à traiter sur le rapport aux paroles d’expert, de la place des scientifiques dans un débat public, de la dialectique entre connaissance scientifique et choix politiques et éthiques, bref plein d’enjeux d’éducation populaire

      Ah et aussi dernier point que j’ai déjà évoqué par le passé : l’axe « liberté » sur les questions de vaccination, c’est un argument central des discours antivaccinaux, qui axent sur le fait que les individus peuvent choisir librement etc. C’est assez documenté et c’est par exemple un registre argumentaire historique de la Ligue Nationale Pour la Liberté de Vaccination (LNPLV), qui défend le rapport au choix, défendant les personnes qui ont refusé les vaccinations obligatoires. Mais sous couvert de nuance et de démocratie, ce sont des positions antivaccinales assez claires qui sont défendues. Ce truc de la nuance et de la liberté, tu la retrouves par exemple également chez les anthroposophes (j’en parlais récemment dans un thread).

      j’ai enfin compris pourquoi on dit intellectuel de gauche : c’est pour indiquer avec quel pied leur marcher dessus.

  • Prepare for the future with Google Analytics 4
    https://blog.google/products/marketingplatform/analytics/prepare-for-future-with-google-analytics-4

    Moving on from Universal Analytics

    Universal Analytics was built for a generation of online measurement that was anchored in the desktop web, independent sessions and more easily observable data from cookies. This measurement methodology is quickly becoming obsolete. Meanwhile, Google Analytics 4 operates across platforms, does not rely exclusively on cookies and uses an event-based data model to deliver user-centric measurement.

    And though Universal Analytics offers a variety of privacy controls, Google Analytics 4 is designed with privacy at its core to provide a better experience for both our customers and their users. It helps businesses meet evolving needs and user expectations, with more comprehensive and granular controls for data collection and usage. Importantly, Google Analytics 4 will also no longer store IP addresses. These solutions and controls are especially necessary in today’s international data privacy landscape, where users are increasingly expecting more privacy protections and control over their data.

    Qui pourrait m’expliquer cette phrase si alambiquée ?

    Measure engagement and conversions with business and compliance needs in mind
    With new country-level privacy controls, you can manage and minimize the collection of user-level data — like cookies and metadata — while preserving key measurement functionality.

    #Analytics #Vie_Privée #Consentement #Cookies

  • Entretien sur « Mon corps, ce désir, cette loi | « Le site de Geoffroy de Lagasnerie
    https://geoffroydelagasnerie.com/2022/01/06/entretien-sur-mon-corps-ce-desir-cette-loi

    L’abolitionnisme pénal est un courant militant et universitaire qui offre une rupture avec la manière dont on pense le traumatisme : est-ce qu’on doit réagir à un traumatisme par la mise en prison d’un individu particulier ? Est-ce qu’on lutte contre un phénomène social par une réponse individualisée ? Cette tradition estime qu’il faut mettre au centre de notre pensée non pas le coupable (comment le punir) mais la victime : comment la protéger ? Comment faire en sorte qu’elle aille mieux ? Comment l’exfiltrer des mains d’un mari violent ?Mais aussi, bien sûr : comment faire qu’il y ait moins de victimes ? C’est très différent de réfléchir à la transformation des structures sociales qui produisent le viol et à la prise en charge des victimes, plutôt qu’à l’augmentation de l’activité répressive, qu’elle soit pénale ou culturelle (c’est la différence entre la gauche et la droite).

    • Lorsqu’un « MeToo » émerge dans certains secteurs, je suis frappé que certaines formes d’interactions sexuelles (parfois anodines) dont sont absentes toutes formes de pouvoir vont être dénoncées alors que certaines interactions (parfois même brutales) où s’exerce l‘autorité mais dont sont absentes toute dimension sexuelle vont être complètement oubliées. Comme si une forme de focalisation sur la sexualité conduisait, finalement, à rendre problématique beaucoup plus ce qui relève de la sexualité que ce qui relève de la hiérarchie, de la discrimination de genre voire du harcèlement dans ses multiples formes. La focalisation sur la sexualité produit une dissolution de la pensée en termes de pouvoir. Et je crois que cela donne raison à la juriste américaine Janet Halley lorsqu’elle affirme que la problématisation du harcèlement sexuel en termes de problème “sexuel” plutôt qu’en termes de “harcèlement” conduit souvent à mettre en place des régulations qui vont plus s’en prendre à la sexualité qu’au harcèlement : on passe de la lutte contre le harcèlement sexuel à un harcèlement de la sexualité. La tendance à définir le harcèlement sexuel sans qu’il y ait de harcèlement réel, par exemple lorsque des comportements, mêmes entre égaux, sont vus comme « offensants », conduit, dans une société où les normes sexuelles sont articulées autour de l’homophobie et de la transphobie, les personnes LGBT+ à se soumettre à une surveillance plus forte par rapport à leurs paroles, leurs gestes… Cela renforce l’homophobie et la transphobie structurales dans l’espace de travail.

    • (il se goure complétement à mon avis, sur #springora, au départ, qui n’a pas participé, que je sache, à ce moment de la loi sur le consentement des moins de 15 ans. Et c’est pas non plus son livre le point de départ de ce mouvement, mais un fait divers sordide mettant en cause une gamine de douze ans et une caserne de pompier. Il y a eut non lieu ou quelque chose du genre, parce que la gamine était reconnue comme consentante (ce qu’elle a bien pu être, diable, mais ça ne devrait pas être elle et son consentement qui soit jugé (c’est mon point de vue)).

    • Autre moment très compliqué, l’articulation entre la découverte de la sexualité pour des gays très jeunes et des personnes adultes. Je pense qu’il marque un point, c’est-à-dire que ça peut effectivement faire du mal, d’interdire ces relations, et je veux bien croire qu’il y a des gens qui vivent ça bien, qui sont prêt pour ça, quelques années avant d’autres, néanmoins :

      En tout cas, ils ne se considèrent pas comme des victimes, on ne peut pas leur dire « vous avez été victimes quand même ».

      ça c’est totalement méconnaître les problèmatiques propres aux histoires d’#inceste et de #pédophilie / #pédocriminalité. ça peut prendre des années pour se rendre qu’il y a eut un problème, s’il faut encore le rappeler.

    • Si vous rompez avec une conception minimale du consentement comme non contrainte physique, vous courrez le risque de soumettre la liberté sexuelle de chacun (et votre propre liberté) au consentement de la société, car même si le rapport est consentant il peut être jugé comme « n’ayant pas dû avoir lieu » pour telle ou telle raison.

      là, je crois, mais ce n’est pas très clair, qu’il ne parle que des rapports entre adultes. Et ça me semble assez justifié, parce que je pense effectivement que le mouvement #metoo a jeté beaucoup de confusion sur ce qu’est un #viol.

    • Yo je vais citer des extraits de son bouquin, maintenant, puisque je l’ai lu. C’est pas une lecture facile, à plein de moment c’est très dérangeant, surtout si on a vécu certaines choses. Je précise juste que je ne cherche pas à provoquer ou clasher, simplement, que je cherche des réponses à des questions que je me pose.

      La sexualité est aujourd’hui l’un des seuls domaines qui engendre des logiques de #bannissement. Pour des révélations d’attitudes ou de comportements qui sont parfois seulement décrits comme inappropriés ou offensants, certains perdent leur travail et toute possibilité de retrouver un travail dans le secteur culturel - alors que la gauche n’a cessé de se battre pour l’idée de réhabilitation. Comment expliquer par exemple que , à la suite du témoignage d’Adèle Haenel dans mediapart, en 2019, il semble inconcevable que Christophe Ruggia, qu’elle accusait de caresses et de désirs déplacés, refasse un film alors que dans le même temps, et heureusement d’ailleurs, des rappeurs, des cinéastes, d’anciens braqueurs ou brigades rouges peuvent continuer à tourner, chanter, ou publier y compris lorsqu’ils ont été condamnés pour enlèvement, séquestration, appartenance à une bande armée... ?

    • La police puis la justice ne sont pas « au service » des victimes et ne fonctionnent pas en leur noms mais au contraire les dépossèdent de leur récit, de leur rapport à ce qui leur est arrivé. Elles les instrumentalisent pour exercer leur propre violence. Elles les exposent publiquement, sont indifférentes à ce qui représente parfois leur désir d’oublier, de passer à autre chose.

    • Nombreuses sont les victimes qui expliquent à quel point ce qui les soulagerait serait la vérité , la reconnaissance par l’auteur de la douleur infligée. Mais cet accès à la vérité est rendu impossible par l’existence même d’un appareil répressif puisque celui-ci, en exposant l’agresseur au risque de la punition, le prédispose à adopter plutôt des stratégies de mensonges et de dissimulation.

    • la « loi Spingora »

      tu ne délires pas, en revanche, l’auteur, G. de Lagasnerie, ou l’interviewer, G. Perilhou, ne brillent pas par la précision de la référence… Il s’agit de la loi du 21/04/2021, publiée le 22/04/2021, dans la foulée de la publication du livre de Vanessa Springora …

    • (...) c’est la prise de conscience qui produit le traumatisme, c’est la reconstruction ex post de son expérience passé qui fait apparaître à la conscience présente l’impression d’avoir subi un dommage à cause d’une situation de domination ou d’emprise. Le passé est dans ce cas soumis à un processus de réinterprétation et de resignification. Et ce sont ces processus qui produisent le trauma.

      Je le trouve bien affirmatif là, et même si, pour moi, c’est une vraie question, il ne résoud rien à faire pencher la balance comme ça. L’impression qu’il lit tout avec les lunettes de son histoire d’amour avec Eribon, qui n’a absolument aucun rapport avec des histoires d’inceste ou pédophiliques, notamment, où la relecture est absolument cruciale et nécessaire, ne serait-ce que pour remettre les choses dans l’ordre (non c’est pas normal que tes parents, ton mono de colo, ton prêtre etc. te fasse des choses comme ça etc.).

    • (...) il serait plus intéressant de dédramatiser cette activité. #Foucault considérait qu’un offensive contre le dispositif assujettisant de la sexualité devrait passer par une désexualisation de la sexualité, une construction de celle-ci comme une activité banale du corps, une parmi d’autres, ni plus centrale ni secondaire, agréable mais quotidienne, et que de se libérer du dispositif dramaturgique de la sexualité pourrait permettre de multiplier les possibilités de plaisir.

      #dissociation

    • (...) le caractère problématique [je ne peux plus supporter ce mot (depuis presque 20 ans maintenant) NdG] de certaines formes de prise de paroles contemporaines sur la sexualité qui tendent de plus en plus à être soumises à des opérations subjectives et retrospectives d’interprétation et de reconstruction a posteriori de ressenti. (...) Un problème politique apparaît lorsque cette reconstruction a posteriori a tendance à être promue comme étant non pas une interprétation a posteriori du passé, mais comme une expression de la vérité du moment passé, dont c’est l’expérience alors ressentie qui aurait été mensongère. Cette confusion soutient une sorte de psychologisation de l’agression sexuelle, définie comme relation à une scène, comme une interprétation de soi plutôt que comme négation patente d’une volonté incarnée.

      alors je dois être bête, mais je ne comprend rien à la dernière phrase. Et je pense que lui n’a rien compris au bouquin de Springora, ni même à son titre, sinon il ne dirait pas des choses comme ça, après l’avoir très doctement mis en cause.
      Néanmoins, il évoque une redéfinition du viol, à partir de la notion de #consentement_explicite, où :

      toute forme d’ambivalence morale, psychologique, éprouvée au moment des relations sexuelles (ou après) peut être l’occasion d’une redéfinition d’un acte passé comme viol.

      qui effectivement risque de poser des problèmes (mais qui n’ont absolument rien à voir avec ce que raconte Springora).

    • on dirait qu’il oublie complétement, en cours de route, la question pédocriminelle, pédophile, de l’inceste, et que toute sa petite discussion intérieure se passe entre adultes plus ou moins consentants. C’est ce qui me rend son livre à la limite du supportable.

      Son désir de fonder :

      au maximum notre pensée de la violence sexuelle sur une base physicaliste et objective

      ne tiens pas deux seconde face un pédophile « non-violent » comme #Matzneff, qui n’a, c’est bien connu, jamais forcé personne. Il conclu en déplorant

      la quantité de violence imaginaire que l’être humain s’autoinflige parfois inutilement,

      quelque pages à peine après avoir, je le répète, sérieusement mis en cause le récit de Springora. C’est un niveau de déni... olympique je dirais.

      Et c’est bien dommage parce que je pense qu’il y a de vraies questions dans son truc, simplement qu’il mélange des choses qui ont absolument besoin d’être distinguées.

  • Briser l’infamant carcan de la présomption de consentement qui pèse sur les victimes

    « Qu’ont en commun une enfant de onze ans, une femmes de ménage travaillant dans un grand hôtel new-yorkais, une jeune femme ayant participé à une fête populaire dans une ville espagnole, et deux femmes ayant sollicité de l’aide, l’une pour obtenir un logement, l’autre pour effacer une condamnation sur un casier judiciaire ? Elles ont toutes dénoncé des violences sexuelles ». En introduction, Catherine Le Magueresse revient sur des « affaires » où les interactions sexuelles n’étaient pas contestées mais où les hommes arguent d’avoir cru au consentement des femmes, « le consentement est quasi systématiquement invoqué par les agresseurs pour effacer les violences sexuelles et les métamorphoser en simples relations sexuelles ». Le consentement ainsi utilisé devient un piège pour celles qui osent dénoncer les agresseurs.

    Note sur : Catherine Le Magueresse : Les pièges du consentement
    Pour une redéfinition pénale du consentement sexuel

    https://entreleslignesentrelesmots.blog/2021/11/24/briser-linfamant-carcan-de-la-presomption-de-consenteme

    #féminisme #droit #consentement