• 5G, l’impossible moratoire des maires
    https://reporterre.net/5G-l-impossible-moratoire-des-maires

    Depuis la rentrée, de nombreux élus écologistes et de gauche réclament un moratoire sur le déploiement de la 5G. Las, aucun maire n’est en mesure d’empêcher l’installation de ce nouveau réseau sur son territoire. Ces prises de positions ont toutefois le mérite de lancer le débat. Un moratoire sur la 5G. Cette idée fait son chemin depuis juin dernier grâce aux propositions de la Convention citoyenne pour le climat. Les 150 avaient en effet demandé un moratoire sur le déploiement de ce nouveau réseau dans (...)

    #5G #technologisme #consentement

  • Hoe anoniem is CoronaMelder ? ’Overheid weet niets, boefjes misschien wel’
    https://nos.nl/artikel/2354879-hoe-anoniem-is-coronamelder-overheid-weet-niets-boefjes-misschien-wel.ht

    „De CoronaMelder-app werkt volledig anoniem.” Het is een zin die het ministerie van Volksgezondheid meerdere malen heeft verspreid over de corona-app die door het departement is ontwikkeld. Eén probleem : het klopt niet helemaal. „Als je naast Mark Rutte staat, hij de CoronaMelder gebruikt en vervolgens corona blijkt te hebben, dan kún je dat te weten komen voordat dat hij dat zelf bekend heeft gemaakt”, zegt kunstenaar en privacydenker Tijmen Schep. Hij wil gebruikers waarschuwen dat de app (...)

    #algorithme #Bluetooth #smartphone #WiFi #anonymat #consentement #données #COVID-19 #santé (...)

    ##santé ##CoronaMelder

  • Legal backlash and user hacks compromise India’s Covid-19 app
    https://www.codastory.com/authoritarian-tech/india-covid19-app-backlash

    A high court has ruled that individuals do not have to download the contact tracing platform to access public services, while some who have just turn it off When India’s government launched its Covid-19 app in April, the stated aim was to inform people about the virus, help them to report symptoms and issue alerts about possible contact with infected individuals. Downloading the Aarogya Setu app was not a legal requirement, but without the latest version, people found themselves prevented (...)

    #AarogyaSetu_ #smartphone #contactTracing #consentement #COVID-19 #santé

    ##santé

  • ICO takes enforcement action against Experian after data broking investigation
    https://ico.org.uk/about-the-ico/news-and-events/news-and-blogs/2020/10/ico-takes-enforcement-action-against-experian-after-data-broking-investigati

    The Information Commissioner’s Office (ICO) orders the credit reference agency Experian Limited to make fundamental changes to how it handles people’s personal data within its direct marketing services. The enforcement notice follows a two-year investigation by the ICO into how Experian, Equifax and TransUnion used personal data within their data broking businesses for direct marketing purposes. A complaint from the campaign group Privacy International to the ICO also raised concerns about (...)

    #Equifax #Experian #Transunion #consentement #BigData #DataBrokers #marketing #notation #PrivacyInternational (...)

    ##ICO-UK

  • IAB Europe’s ad tracking consent framework found to fail GDPR standard
    https://techcrunch.com/2020/10/16/iab-europes-ad-tracking-consent-framework-found-to-fail-gdpr-standard/?guccounter=1

    A flagship framework for gathering Internet users’ consent for targeting with behavioral ads — which is designed by ad industry body, the IAB Europe — fails to meet the required legal standards of data protection, according to findings by its EU data supervisor. The Belgian DPA’s investigation follows complaints against the use of personal data in the real-time bidding (RTB) component of programmatic advertising which contend that a system of high velocity personal data trading is inherently (...)

    #algorithme #[fr]Règlement_Général_sur_la_Protection_des_Données_(RGPD)[en]General_Data_Protection_Regulation_(GDPR)[nl]General_Data_Protection_Regulation_(GDPR) #consentement #données #publicité #RealTimeBidding-RTB (...)

    ##[fr]Règlement_Général_sur_la_Protection_des_Données__RGPD_[en]General_Data_Protection_Regulation__GDPR_[nl]General_Data_Protection_Regulation__GDPR_ ##publicité ##APD-Belgique

  • Watchdog group sues NYPD over sentiment data-tracking records
    https://venturebeat.com/2020/10/06/new-york-police-department-sued-over-sentiment-data-tracking-tool

    The Surveillance Technology Oversight Project (STOP), a nonprofit hosted by the Urban Justice Center that is dedicated to advocating against state-sponsored surveillance, today filed suit with Debevoise & Plimpton against the New York Police Department (NYPD). The suit alleges the NYPD refused to disclose records from surveillance it used to track public sentiment about the department. STOP claims the lawsuit, which was filed in the New York State Supreme Court, comes over 10 months (...)

    #Elucd #algorithme #SentimentMeter #police #consentement #reconnaissance #vidéo-surveillance #surveillance (...)

    ##STOPspying

  • Evolution des règles d’utilisation des cookies : quels changements pour les internautes ?
    https://www.cnil.fr/fr/evolution-des-regles-dutilisation-des-cookies-quels-changements-pour-les-intern

    En faisant évoluer les règles applicables aux cookies, la CNIL donne plus de contrôle aux internautes sur l’utilisation de leurs données à des fins publicitaires et rappelle deux grands principes : l’internaute doit être clairement informé des objectifs de ces cookies et il doit être aussi facile pour lui de les refuser que de les accepter. De quoi parle-t-ton ? La navigation sur le web conduit fréquemment les internautes à devoir accepter ou refuser des cookies. Ce choix fait désormais partie du (...)

    #cookies #consentement #profiling #publicité #microtargeting #CNIL

    ##publicité

  • François Bégaudeau : « Il n’y a jamais de désir personnel »

    « Mon texte, “L’Affaire Pauline”, est une étude de cas. Le cas Pauline. Je pars du plus simple : le conflit entre le désir (spontané) et l’ordre (répressif), ici incarnés par une adolescente et son père. Après, je complique, avec l’idée qu’il n’y a jamais de désir personnel. On est toujours sous l’emprise d’un désir. Ici, Pauline préfère l’emprise de son désir (aller danser) à l’emprise de son père. La vraie question, ce n’est pas de savoir si on est libre ou pas. C’est celle de la qualité du désir.

    Je suis un spinozien du dimanche, mais la liberté me paraît secondaire là-dessus. Le consentement au désir est quelque chose de très paradoxal et de très obscur. Le désir nous prend bien avant qu’on puisse y consentir. Quand j’ai un désir de gâteau au chocolat, le désir me prend, sans me demander mon consentement. Le désir est toujours une capture. C’est ça qui nous embête, dans nos sociétés qui croient tant au libre-arbitre.

    Il ne faut pas perdre de vue non plus qu’on est dans une société où s’exerce un “capitalisme de la séduction”, comme dit Michel Clouscard. Est-ce que les injonctions à consommer sont en train de stimuler un désir ? J’aime trop le mot désir pour l’utiliser dans ce cas. Peut-être vaudrait-il mieux dire que ce capitalisme crée des pulsions, même si je n’aime pas créer d’un côté des mots propres et de l’autre des mots sales.

    Par ailleurs, on peut constater que le désir d’aller danser est très standardisé, conditionné par une industrie du divertissement. Cela n’invalide pas forcément ce qu’il y a de beau dans ce désir : danser. L’important, je crois, ce n’est pas de chercher un désir libre, parce que ça n’existe pas, mais un désir singulier. Peut-être ce que Deleuze appelle les devenirs.

    La littérature est intéressante pour dire ça. Je me moque un peu de l’approche psychosociale, mais ça m’intéresse beaucoup en réalité. Tout ce qui se tient à la jonction entre la pscyhologie et la sociologie est intéressant, parce que nous sommes à la fois des sujets psychologiques et sociaux. Après, pour montrer que nos affects sont très largement socialisés, il faut la jouer fine. Rentrer dans le détail des micro-conditionnements sociaux de la psyché. S’intéresser aux individus. C’est bien, c’est l’échelle de la littérature, l’échelle individuelle. Nous, les romanciers, on n’est pas trop mauvais sur l’individu. Enfin, je l’espère.
    Vis ma « vie de moche » : François Bégaudeau s’attaque à la dictature de la beauté

    Bien sûr, il faut parfois surveiller ce qu’on dit publiquement, si on ne veut pas se faire lyncher sur les réseaux sociaux. J’en suis autant effrayé que quiconque. Pas par la perspective d’une censure généralisée, à laquelle je ne crois pas, mais par le déploiement de la bêtise : quand on fait primer la morale sur la pensée, quand le premier geste consiste à juger, à dire “c’est bien” ou “c’est mal” sans passer par l’élucidation. Des instances de censure se mettent en place dans le cinéma et là où il y a de l’argent. Mais pour ce qui est de la littérature, je garde le bel optimisme du minoritaire.

    Si Philip Roth s’est vu reprocher des représentations sexistes du désir, par des féministes américaines, c’est parce qu’il a le grand défaut d’avoir été très lu et exposé, mondialement. Moi, je ne me sens pas du tout surveillé dans la littérature : tout le monde s’en fout de la littérature. Donc on peut vraiment écrire ce qu’on veut. On peut explorer la notion de consentement, par exemple, sans avoir peur de se faire flinguer. D’ailleurs j’aime une certaine crudité dans les scènes de sexe, je ne suis pas pudique là-dessus.

    J’adore Bataille, Guyotat, ou le dernier livre de Guiraudie (“Ici commence la nuit”). La question, c’est l’intérêt d’en faire – pour le roman, pour le lecteur. Les métaphores lourdes me semblent poser un problème, donc pour ma part j’aime réduire le sexe à des gestes, en behaviouriste. Quand on raconte un rapport sexuel, on a intérêt à ce que ça ne soit pas génial. Et je reste toujours un peu elliptique, au bout du compte. Avec la conviction, comme le dit la dernière phrase de mon texte, qu’“on n’en a jamais fini avec le désir”. »

    Propos recueillis par Grégoire Leménager

    Bel exemple de domination masculine que ce concept de Désir en phallosophie. Ici la seule femme mentionné est une ado fictive qui n’a qu’un prénom et qui n’incarne pas l’autorité d’un paterfamillias, tandis que 100% des références littéraires sont 100% mâles.
    Ca m’épate toujours de voire la facilité avec laquelle les femmes sont comparée à des gâteaux au chocolat ou des chemisiers #objectification tandis que des (s)pinoziens du (di)manche se tripotent sur la notion du consentement en répétant comme des péroquets ce que leur dictent leurs paires.

    #phallosophie #phallosophe #manspreading #boys_club #domination_masculine #culture_du_viol #male_gaze #patriarche #consentement #désir #inversion_patriarcale

    • J’avais pas vu que l’intervention de ce phallo fait partie d’un dossier « Comment désirer après #MeToo ? » qui est un bel exemple de #backlash

      Le désir, ce « lutin espiègle qui nous joue des tours », comme disait Lacan , connaît-il ses derniers soubresauts ? En 1998, dans « les Particules élémentaires », Michel Houellebecq notait : « Pour que la société fonctionne, pour que la compétition continue, il faut que le désir croisse, s’étende et dévore la vie des hommes. » Les hommes, surtout les femmes, semblent en train d’achever cette hydre à fantasmes formatés par l’imagerie capitaliste. En guise de flèche mortelle, un hashtag : #MeToo. Les affaires Weinstein , Polanski ou Matzneff ont rebattu les cartes du Tendre et mis au cœur du jeu la notion de consentement. Retour à l’ordre moral, pour les uns ; révolution, pour les autres. Elan vital, sauvage, le désir obéit aujourd’hui à de nouvelles lois. Lui qui repose sur le manque – à l’origine, désir signifie « absence d’un astre » – se trouve confronté à la surabondance. En un clic, il peut être exaucé. Et alors qu’il s’épanouit dans la transgression, n’étouffe-t-il pas dans une société débarrassée de nombreux tabous ? Quatorze écrivains se sont penchés sur le sujet dans « les Désirs comme désordre » (Editions Pauvert), recueil de textes aux accents étrangement plus politiques qu’érotiques. Six d’entre eux évoquent pour « l’Obs » cet obscur objet de la pensée et ses métamorphoses.

      La page d’acceuil ne met en valeur que les points de vue émis par les hommes, il faut cliqué sur le dossier pour voire que 3 femmes ont été aussi invités à répondre à la question, mais celles qui ont été élus ont aussi un discours sexistes.

      Aurélien Bellanger : « Avec Houellebecq, la partouze est apparue comme un idéal démocratique »

      Blandine Rinkel : « Le désir s’éprouve dans l’ambigu »

      François Bégaudeau : « Il n’y a jamais de désir personnel »

      Camille Laurens : « Domestiquer le désir me semble l’effet d’un puritanisme excessif »

      Laurent Binet : « Le désir de désordre est un désir de justice »

      Maria Pourchet : « La guerre des sexes a périmé trop vite la guerre des classes »

      Coté femmes on a droit à la promotion de la zone grise, la comparaison #metoo = puritanisme et l’opposition de la lutte des classes et des violences sexuelles faites aux femmes sur leur lieux de travail.

    • c’est moi où il y a une confusion, en france au moins, entre les #sex_wars, moment du féminisme où va se poser la dichtomie prosex vs... « puritaines » et une « guerre des sexes » qui opposerait les hommes aux femmes ?

  • Suzhou introduced a new social scoring system, but it was too Orwellian, even for China
    https://algorithmwatch.org/en/story/suzhou-china-social-score

    A city of 10 million in eastern China upgraded its Covid-tracking app to introduce a new “civility” score. It had to backtrack after a public outcry. Suzhou is a city with a population of 10 million, located 100 km west of Shanghai. It is well known for its classic Chinese gardens and, since last week, one of the most Orwellian social scoring experiments to date. The municipal government launched a pilot for a new social behavior scoring system on 3 September 2020, also referred to as the (...)

    #WeChat #Weibo #algorithme #Alipay #AlipayHealthCode #consentement #COVID-19 #notation #santé #SocialCreditSystem #AlgorithmWatch (...)

    ##santé ##surveillance

  • Données de santé : nouveau recours contre le Health Data Hub devant le Conseil d’Etat
    https://www.lemonde.fr/pixels/article/2020/09/16/donnees-de-sante-nouveau-recours-contre-le-health-data-hub-devant-le-conseil

    Le Health Data Hub, lancé en décembre dernier, est une plate-forme regroupant des données de santé de Français à des fins de recherche. Il suscite depuis certaines craintes. Le controversé projet Health Data Hub, cette plate-forme rassemblant des données de santé de Français à des fins de recherche, est à nouveau attaqué. Comme l’a rapporté BFM-TV, un collectif de personnalités et d’organisations ont déposé mercredi 16 septembre un recours devant le Conseil d’Etat, la plus haute juridiction administrative (...)

    #Microsoft #BigData #santé #consentement #CNIL #SNJ #PrivacyShield

    ##santé

  • « À votre écoute » : la CNIL publie son livre blanc sur les assistants vocaux
    https://www.cnil.fr/fr/votre-ecoute-la-cnil-publie-son-livre-blanc-sur-les-assistants-vocaux

    Du fait de leur présence dans les smartphones, les voitures ou encore les réfrigérateurs, les assistants vocaux sont des devenus incontournables. Afin d’en explorer les enjeux éthiques, techniques et juridiques, la CNIL publie son livre blanc à destination des professionnels comme des utilisateurs. La voix, un enjeu pour les données personnelles En s’associant à de nombreux chercheurs et experts, notamment en matière de traitement de la voix, la CNIL explique les enjeux de cette technologie, dans (...)

    #algorithme #domotique #InternetOfThings #smartphone #voiture #biométrie #technologisme #consentement #écoutes #surveillance #voix (...)

    ##CNIL

  • Les conseils pour configurer et utiliser son assistant vocal
    https://www.cnil.fr/fr/les-conseils-pour-configurer-et-utiliser-son-assistant-vocal

    Le choix et l’utilisation d’un assistant vocal ne sont pas des actes anodins : il est nécessaire d’en comprendre les enjeux, notamment en ce qui concerne les modalités d’activation et d’information, les services et usages disponibles et les mesures de sécurité. Veillez à la confidentialité des échanges En veille permanente, l’assistant vocal peut s’activer et enregistrer inopinément une conversation dès lors qu’il croit avoir détecté le mot-clé. Une fois enregistrées, les interactions peuvent parfois (...)

    #algorithme #domotique #InternetOfThings #consentement #données #écoutes #enfants #profiling #surveillance (...)

    ##voix

  • Eight case studies on regulating biometric technology show us a path forward
    https://www.technologyreview.com/2020/09/04/1008164/ai-biometric-face-recognition-regulation-amba-kak

    A new report from the AI Now Institute reveals how different regulatory approaches work or fall short in protecting communities from surveillance. Amba Kak was in law school in India when the country rolled out the Aadhaar project in 2009. The national biometric ID system, conceived as a comprehensive identity program, sought to collect the fingerprints, iris scans, and photographs of all residents. It wasn’t long, Kak remembers, before stories about its devastating consequences began to (...)

    #Clearview #Facebook #biométrie #migration #[fr]Règlement_Général_sur_la_Protection_des_Données_(RGPD)[en]General_Data_Protection_Regulation_(GDPR)[nl]General_Data_Protection_Regulation_(GDPR) #consentement #données #facial #reconnaissance #iris #Aadhaar #discrimination (...)

    ##[fr]Règlement_Général_sur_la_Protection_des_Données__RGPD_[en]General_Data_Protection_Regulation__GDPR_[nl]General_Data_Protection_Regulation__GDPR_ ##empreintes ##pauvreté

  • Tout comprendre sur la publicité ciblée qui s’invite peu à peu à la télévision
    https://www.lemonde.fr/pixels/article/2020/09/05/tout-comprendre-sur-la-publicite-ciblee-qui-s-invite-peu-a-peu-a-la-televisi

    Un tabou est tombé au cœur de l’été dans le monde de la télévision. Avant le 5 août, les publicités télévisées étaient les mêmes pour tout le monde, fussent-elles visionnées à Brest, à La Réunion ou dans la Drôme. Ce ne sera plus forcément le cas : les millions de téléspectateurs français vont bientôt voir s’afficher dans la petite lucarne des publicités différentes en fonction de qui ils sont, « ciblées », le cas échéant, à l’aide de certaines de leurs données personnelles.

    En signant un décret d’« assouplissement au régime de publicité télévisée », le gouvernement a fait aboutir une demande de longue date des régies publicitaires des chaînes de télévision françaises, qui souhaitaient être mieux armées face à d’autres médias pouvant recourir à ce type de publicité (principalement, les plates-formes de vidéos en ligne).

    Pour le téléspectateur, cela sera quasiment invisible : aucune publicité supplémentaire ne s’affichera dans le flux de son écran. Certaines publicités nationales, dites « linéaires », seront automatiquement remplacées par des spots plus ciblés, qui devront comporter un marqueur visuel les désignant comme tels.

    Avec le concours des FAI, le ciblage publicitaire pourra être plus fin : ces derniers disposent en effet de l’adresse exacte de leurs abonnés. « Je pourrais diffuser une publicité au troisième étage d’un immeuble et une autre au quatrième », explique ainsi au Monde Christian Bombrun, directeur « produits et services » chez Orange. Dans les faits, ce ciblage géographique ne devrait pas descendre plus bas qu’une ville ou une zone réduite. Pour des raisons juridiques mais aussi économiques : aucune marque ne peut se permettre un spot télévisé coûteux à produire, mais pour une audience trop restreinte.

    C’est l’une des raisons pour laquelle Antoine Ganne, délégué général du Syndicat national de la publicité télévisée (SNPTV), rejette même les termes de « publicité ciblée » : « On s’adresse à des segments de personnes. Des segments de population. Ce n’est pas de la publicité ciblée au sens qui est utilisé sur Internet, où on vise une personne précise, où on vise un comportement de certains types de personnes. Il n’y a pas de suivi. »

    Le sujet est potentiellement sensible. Pour utiliser les données personnelles de téléspectateurs, les FAI ont déjà anticipé : depuis plusieurs mois s’affiche, sur les écrans des foyers disposant d’une box Bouygues ou Orange compatible, un message demandant à ces usagers s’ils consentent à voir leurs données utilisées pour de la publicité ciblée.

    Pour les opérateurs, cette demande leur permet de se conformer au droit des données personnelles, dans lequel le recueil du consentement joue un rôle majeur. Chez les FAI et les régies publicitaires, on évoque timidement une proportion de 50 à 60 % de téléspectateurs interrogés qui auraient donné leur accord. « Si la personne refuse, on ne peut pas lui redemander dix fois de suite jusqu’à ce qu’elle accepte. Si la personne accepte, il faut lui redemander au bout d’un an si elle est toujours d’accord », précise Antoine Ganne, du SNPTV. Chez Orange et Bouygues, on explique que le consentement pourra être retiré à tout moment depuis le menu de paramétrage des box.

    Mais la réalité sera plus complexe. Des identifiants pseudonymes seront extraits des bases de données des FAI afin que les régies publicitaires puissent paramétrer le ciblage. Ce mode de fonctionnement se rapproche de ce qui existe dans l’univers de la publicité diffusée sur Internet, où des « profils » peuvent être visés par les publicitaires en fonction de nombreux critères.

    A terme, le croisement de ces « données pseudonymes » avec d’autres jeux de données publicitaires – issus des annonceurs ou achetés à des revendeurs spécialisés – est clairement envisagé. « Cela permettra à une marque de voiture de croiser son fichier client avec les données des box. Le système est en train de se mettre en place, avec l’accord de l’utilisateur final », anticipe Marianne Siproudhis, de la régie de France Télévisions.

    #Publicité #Télévision #Vie_privée #Consentement

  • Reconnaissance faciale : officiellement interdite, elle se met peu à peu en place
    https://www.franceinter.fr/reconnaissance-faciale-officiellement-interdite-elle-se-met-peu-a-peu-en

    Nice, Metz, Marseille... Toutes ces villes tentent d’expérimenter des dispositifs qui s’apparentent à de la reconnaissance faciale, toujours interdite en France. La Cnil veille au grain, mais n’exclut pas de rendre un avis favorable pour les Jeux olympiques de Paris en 2024. Imaginez : le 26 juillet 2024. Les Jeux olympiques de Paris débutent. Une foule compacte se presse devant les grilles d’entrée du Stade de France. À l’entrée sud, une file semble avancer plus vite que les autres. En effet, (...)

    #Atos #CapGemini #Cisco #Dassault #Datakalab #Europol #Idemia #RATP #Two-I #algorithme #Alicem #capteur #CCTV #QRcode #SmartCity #smartphone #biométrie #racisme #consentement #émotions #facial #reconnaissance #son (...)

    ##[fr]Règlement_Général_sur_la_Protection_des_Données__RGPD_[en]General_Data_Protection_Regulation__GDPR_[nl]General_Data_Protection_Regulation__GDPR_ ##biais ##comportement ##discrimination ##enseignement ##masque ##sport ##TAJ ##bug ##CNIL ##LaQuadratureduNet

  • Barbara Stiegler : « Le virus risque de permettre au néolibéralisme de se réinventer »
    27 AOÛT 2020 PAR JOSEPH CONFAVREUX

    Dans son dernier livre, la philosophe Barbara Stiegler décrit son « basculement dans l’action » et propose des pistes pour se sortir des rets d’un #néolibéralisme dont le grand récit, forgé à partir d’une lecture tronquée de la révolution darwinienne, continue de nous entraver.

    Dans cette rentrée incertaine, l’exécutif tient le cap de politiques scolaires, économiques ou hospitalières inchangées par rapport aux dogmes antérieurs, montrant que la promesse de « réinvention » n’est guère qu’une reformulation de la mise en demeure permanente à « s’adapter ».

    Barbara Stiegler, professeure de philosophie à l’université Bordeaux-Montaigne, avait fait la généalogie de cette injonction dans son ouvrage publié l’an dernier chez Gallimard, intitulé « Il faut s’adapter ». Sur un nouvel impératif politique, et consacré aux liens originels et oubliés entre le néolibéralisme et la révolution darwinienne.

    Elle publie aujourd’hui chez Verdier un nouveau livre intitulé Du cap aux grèves. Récit d’une mobilisation. 17 novembre 2018-17 mars 2020 , dans lequel elle décrit, de l’irruption des « #gilets_jaunes » à la mobilisation pour les retraites, son « basculement dans l’action » et sa rupture avec des habitudes d’auteure et de chercheuse dont les « mains fines ne se compromettent ni dans les lourdes tâches du monde matériel, ni dans la dureté des luttes ». Elle propose notamment, pour lutter contre la poursuite du cap néolibéral, de « réinventer nos #grèves » et de « miniaturiser les #luttes ».

    Pour Mediapart, elle revient sur ces propositions, son itinéraire politique personnel, et analyse les ressources intellectuelles et historiques dont nous pouvons disposer pour contester les modes de gouvernement dans lesquels nous sommes pris.

    Le slogan de l’année 2020, « Il faut se réinventer », constitue-t-il une simple déclinaison de l’impératif politique dont vous avez fait la généalogie : « Il faut s’adapter » ?

    Ce qu’on entendait en boucle ces dernières années, à savoir « Adaptez-vous », a effectivement été relayé au pic de la crise sanitaire, par une injonction à se réinventer. On a ainsi inversé la charge puisqu’on a demandé aux victimes d’une certaine politique de se transcender. Mais en réalité, cette inversion des responsabilités sévit depuis très longtemps dans les services hospitaliers, les #universités ou les #écoles, c’est-à-dire dans tous ces lieux où l’on demande aux personnels de prendre #soin des personnes sans leur accorder les moyens nécessaires.

    Cela fait déjà longtemps qu’on demande aux #soignants d’être « créatifs », un terme essentiel dans le secteur managérial du soin fondé sur une rareté malthusienne assumée des ressources. « Se réinventer » veut dire ici faire plus avec moins. Ce qu’a révélé la crise sanitaire, c’est le caractère profondément injuste et destructeur de cette injonction, qui rejoint celle, plus générale et qui régit le champ social et politique depuis des décennies, à l’#adaptation et à la #compétition face à des ressources limitées.

    Dans votre dernier livre, vous racontez votre itinéraire politique et le passage entre la publication de votre ouvrage sur la généalogie du libéralisme à votre basculement dans l’action : qu’est-ce qui décide une spécialiste de Nietzsche, professeur de philosophie politique à Bordeaux, à endosser le gilet jaune en décembre 2018, et non seulement à soutenir le mouvement ?

    La politisation et le combat politique, c’est quelque chose que j’ai eu la chance de connaître dès ma naissance. Enfant, j’entendais des discussions sur tel ou tel retournement « au parti », à une époque où le Parti communiste dominait encore la vie politique. Mais tout cela s’est soldé pour moi, comme pour beaucoup d’autres, par une dépolitisation progressive. Beaucoup d’entre nous, progressivement découragés par l’échec des espérances révolutionnaires et écœurés par la mutation néolibérale des gauches de gouvernement, se sont détournés de l’engagement politique. Tous ces gens ne sont pas devenus pour autant apathiques ou indifférents, mais alors que, quelques décennies avant, ils se seraient sans doute inscrits dans des structures de partis, ils se sont retrouvés seuls et orphelins.

    Pour ma politisation personnelle, la première date importante a été 2009, un combat que j’ai mené dans mon université, à Bordeaux-Montaigne, contre la réforme de l’université engagée sous la présidence de Nicolas Sarkozy. Mais ce qui m’a gênée dans cette première expérience, c’est que nous étions isolés du reste de la société. C’est pour cela qu’en 2018, lorsque j’ai vu que les classes dites « populaires » étaient en train d’entrer dans l’espace public pour parler politique, il y a eu pour moi un véritable basculement.

    C’était quelque chose dont on nous disait que ce ne serait plus possible, qu’après l’échec du mouvement ouvrier, cela n’aurait plus jamais lieu. Devant cette irruption, j’ai endossé à mon tour un gilet jaune, avec tous les problèmes de légitimité que j’évoque dans mon récit, parce que pour la première fois, et depuis si longtemps, des gens qui ne se parlaient plus depuis des décennies allaient peut-être commencer à se reparler. Et c’est justement ce qui s’est ensuite esquissé dans les cortèges pour défendre les #retraites, l’#hôpital et l’#éducation.

    C’était bien sûr ténu et fragile, on n’a certes pas assisté à un vaste mouvement victorieux de convergence mais, mais c’était pour moi une grande différence avec 2009, ce fait que toutes sortes de personnes, issues de milieux culturels et sociaux profondément différents, aient été amenées à se réunir pour s’entendre, ou pour ne pas s’entendre.

    Toutefois, écrivez-vous avec distance, « en marchant dans les rues insurgées, je me dis que je cumule tous les marqueurs d’une fausse gilet jaune »…

    Oui, parce que les gilets jaunes ont surgi avec une série de revendications centrées sur les carburants et sur l’usage de la voiture dans les espaces ruraux et périurbains et ont d’abord été, de ce fait, très marqués géographiquement. Lorsqu’un mouvement social surgit dans l’espace public avec une très grande force, il fait peur à tout le monde, et même à ceux qui le font. Tout le monde se demande avec angoisse ce qui va se passer le lendemain.

    Une manière de conjurer cette peur est de donner une identité fixe à ce qui est en train de se construire, en vue d’enfermer ce qui advient dans quelque chose de rassurant. On a donc rapidement décrété que les gilets jaunes étaient des gens qui habitaient dans des lotissements, en périphérie, dépendants de la voiture, qui avaient joué le jeu de la mondialisation et de l’entrepreneuriat avant d’être déçus. Ce n’est certes pas mon mode de vie à moi. Et je ne nie pas les différences de classe. Mais il y a en réalité beaucoup plus de porosité. Distinguer les « vrais » gilets jaunes, qui seraient les artisans souffrant des fins de mois, des « faux » gilets jaunes qui seraient professeurs et membres de La France insoumise, c’est ridicule. Les gilets jaunes ne constituent pas une identité figée. Opérer une telle distinction vise à ce qu’il n’y ait pas de rencontre dans la lutte.

    Décririez-vous votre itinéraire politique comme celui d’une radicalisation ?

    C’est un terme que je pourrais revendiquer, parce qu’il renvoie à la notion de racine, et par exemple à la proposition faite par le philosophe #John_Dewey de retourner aux racines de la démocratie pour contester le fonctionnement prétendument démocratique de nos sociétés et leur opposer une « démocratie radicale ». Mais cela ne caractérise pas ma propre évolution. Je ne suis pas plus radicale qu’avant dans mon approche des questions politiques. Je dirais plutôt que je suis dans une logique de mobilisation, après avoir été des années immobilisée dans mon bureau, sans bien savoir quoi faire. Ce qui est nouveau dans mon parcours, ce n’est pas la radicalité dans la réflexion, mais le passage à l’action.
    Pourquoi désignez-vous le surgissement des gilets jaunes comme une « #insurrection » et contre qui était-elle alors dirigée selon vous ?

    C’est un terme qui peut engager des débats terminologiques, historiques, comme le terme « révolution », et il est donc délicat de l’employer. Mais j’ai le sentiment qu’il s’est joué quelque chose de cet ordre. Je suis d’ailleurs convaincue que ce surgissement n’est peut-être pas fini, et qu’il a déjà entraîné d’autres choses : il a par exemple donné de la force et du courage au mouvement contre les retraites, de même qu’il a alimenté la révolte des soignants de terrain contre les politiques néolibérales qui détruisent le système sanitaire.

    La cible des gilets jaunes était le pouvoir politique, et en particulier le président de la République. Cela leur a été beaucoup reproché. Je pense au contraire que ce ciblage était parfaitement légitime. Ce qui est très intéressant dans ce mouvement social, c’est qu’il s’est brusquement imposé dans la sphère politique du pouvoir, en posant la question de sa légitimité pour gouverner.

    Alors que certains leur reprochaient de ne pas cibler en priorité le patronat ou le grand capital, on n’a pas suffisamment salué le caractère profondément politique de ce mouvement. C’est ce qui éclaire la focalisation de ses revendications sur les questions de démocratie, de prise de parole, de représentation et de participation, qui ont complètement défait les clichés du discours dominant sur les classes populaires, dont on disait qu’elles ne s’intéressaient pas à la politique, qu’elles n’étaient focalisées que sur leurs intérêts privés, ceux qui se jouent dans l’accès au logement, à l’emploi et au pouvoir d’achat.

    Tout en exprimant votre adhésion aux gilets jaunes, vous faites part d’un doute : « Plutôt que de se détruire lui-même, le pouvoir néolibéral en basculant dans la violence armée n’a-t-il pas eu raison des insurgés ? » Comment répondez-vous aujourd’hui à cette question ?

    Le néolibéralisme est un pouvoir dont le mode de manifestation privilégié n’est surtout pas la violence. Il s’agit plutôt, comme dit #Walter_Lippmann, l’un des inspirateurs américains du néolibéralisme, de fabriquer le #consentement de manière industrielle et d’obtenir l’adhésion des populations, par les médias de masse, par le cinéma, par l’éducation… Il ne s’agit pas de faire montre de manière coûteuse de la force du chef et de l’apparat du pouvoir.

    Le libéralisme fonctionne plutôt à la douceur, sur le modèle pastoral de celui qui guide son troupeau dans la bonne direction. La question du basculement dans la violence se pose donc nécessairement. En faisant usage de la violence, le néolibéralisme avoue-t-il sa défaite ou mute-t-il dans une autre forme de pouvoir, tout aussi efficace dans le contrôle des populations ?

    Vous rappelez que la bienveillance, qui est un des mots préférés du pouvoir actuel, vient du berger qui « veille bien » sur des moutons, et non sur des citoyens…

    Par ce terme, il s’agit en effet d’évacuer le conflit, le négatif, la critique. Un pouvoir néolibéral qui est obligé de passer à la violence armée – pensons aux agissements du préfet Lallement à Bordeaux puis à Paris –, avoue son propre échec. Dans d’autres types de pouvoir, au contraire, le fait de couper des têtes peut être une démonstration de force. C’est ce que Michel Foucault explique très bien pour distinguer les pouvoirs qui « marchent à la souveraineté » de la gouvernementalité libérale, qui essaie au contraire d’économiser la coercition, le déploiement de force et la démonstration coûteuse du pouvoir. D’où la question de savoir si le basculement du pouvoir en place dans la violence d’État signe le basculement dans un autre registre du pouvoir.

    À mon avis, il nous est très difficile de répondre, car juste après cette phase de répression, le virus est arrivé et a permis de redonner du crédit à la fonction du berger. En surface, on a à nouveau évacué la violence, mis en valeur le soin et la bienveillance et tenté de reprendre en main, de préférence dans la douceur, la totalité du troupeau – même si l’on ne doit pas oublier les violences cachées du confinement et le déchaînement de pulsions autoritaires chez les petits chefs.

    Au sommet de l’État, on a plutôt mis en scène la marginalisation du préfet Lallement, sommé de s’excuser en public pour la première fois de sa vie, après avoir fait la bêtise d’affirmer que ceux qui se « relâchaient » dans les parcs étaient ceux qui se retrouvaient intubés ensuite dans les services d’urgence. Ce processus démontre bien en quel sens le virus produit, pour le pouvoir en place, un véritable effet d’aubaine pour reprendre la main et se relégitimer.

    À partir du moment où le nouveau libéralisme théorisé par Walter Lippmann défend une réforme profonde de la société fondée sur une politique ambitieuse en matière d’éducation, de santé et d’environnement, en quoi se distingue-t-il de ce qu’on pourrait attendre d’une véritable social-démocratie ?

    La fabrication du consentement des populations ou des « masses », comme dit Lippmann, passe effectivement par des politiques de santé et d’éducation qui visent à transformer l’espèce humaine. Cette prise en main des populations dès l’enfance ne vise pas à plus de justice sociale, mais à donner aux hommes les compétences qu’on attend d’eux. La grande idée de Lippmann, qu’il prétend fonder sur sa lecture de #Darwin, est que le développement de l’espèce humaine a abouti à une culture où celle-ci n’était capable que de s’adapter à des situations stables, dans des entités géographiques closes.

    Or, pour lui, le sens de l’histoire est d’aller vers un monde totalement mondialisé même si les populations ne pourront pas toutes prendre des avions et des cargos. Ce qui signifie que les classes populaires seront assignées à rester dans leur territoire, tandis que les élites pourront se déplacer. Mais aussi qu’il faudra donner à tous des compétences en termes d’adaptabilité et de flexibilité à un monde entièrement mondialisé où les flux seront appelés à s’accélérer sans cesse. Tout cela deviendra le socle des politiques éducatives promues par l’Europe et par l’OCDE.

    Concernant la santé, l’idée est d’augmenter sans cesse les performances de l’espèce humaine, considérée comme handicapée par des biais psychiques, intellectuels, cognitifs, liés à sa lente histoire évolutive. Dans l’agenda de Lippmann, tout cela doit permettre de mettre en place une compétition générale qui permettra de dégager les meilleurs et d’aller vers le haut. Le confinement a parfaitement bien illustré cette conception néolibérale de l’éducation et de la mobilité : assignés à résidence, tous étaient en même temps sommés par les ministres de rester dans la course et de continuer à capitaliser des performances et des compétences.

    Loin d’apparaître comme une institution sociale et collective, l’école a été présentée comme une affaire entièrement privée, au service de la compétition entre individus, et entièrement soluble, à ce titre, dans l’e-learning et le télétravail. Il aura fallu la résistance des personnels, des familles, des élèves dits « décrocheurs » et des étudiants pour qu’on se souvienne du caractère nécessairement collectif de l’éducation scolaire et universitaire.

    Le néolibéralisme théorisé par Walter Lippmann est, à vous lire, irréductible à une « approche strictement économique du politique ». Cela oblige à se départir de l’idée que, pour vous citer, le « néolibéralisme serait conduit depuis les grandes entreprises et les places financières, avec leur logique de privatisation » et se réduirait à une doctrine économique, ou à une réduction du politique aux logiques économiques de la marchandisation. Si on veut comprendre aujourd’hui pourquoi le néolibéralisme s’est imposé, il faut revenir à la force de son grand récit, qui porte sur la vie elle-même, et non seulement sur l’économie ?

    Au XIXe siècle et au début du XXe siècle, on est dans une période où, pour le dire comme Nietzsche, Dieu est mort. Les philosophies de l’Histoire ont pris un moment le relais, en cherchant à donner un sens à l’Histoire, qui ne serait pas la résurrection, mais peut être la révolution. C’est une des matrices du socialisme révolutionnaire qui est très puissant à cette époque. Mais aussi de ce qu’on appelle alors l’évolutionnisme, qu’on trouve notamment dans les écrits du sociologue britannique Herbert Spencer.

    À la fin du XIXe siècle, on découvre Darwin et on tente d’imaginer la fin de l’évolution du vivant. Un grand récit sur la vie va alors s’imposer, avec le darwinisme social. Sous l’influence de Spencer, la fin de l’Histoire apparaît alors un monde entièrement industrialisé et mondialisé auquel l’espèce humaine doit s’adapter, dans le cadre d’une division du travail parfaitement coordonnée et compétitive, qui fonctionnerait comme les rouages parfaitement ajustés d’une horloge.

    Cette vision du monde, qu’on pourrait croire obsolète, continue de nous hanter : il faut s’adapter, jouer le jeu de la mondialisation, accepter la sélection. Nous restons prisonniers de cette matrice téléologique qui trahit d’ailleurs Darwin, puisqu’il n’a jamais dit qu’il y aurait un but de l’#évolution. La leçon fondamentale de Darwin est précisément inverse : personne ne peut savoir à l’avance où va la vie. La vie va dans tous les sens et explore toute sorte de directions, et c’est accepter cela qui permet de la respecter.

    La pensée de Walter Lippmann trahit non seulement Darwin, mais aussi, pour vous citer, « la #démocratie, car si le sens de l’histoire est déjà fixé, les peuples n’ont pas à en décider ni même à en débattre ». Sa pensée se fonde en effet sur une logique techno-scientifique d’organisation sociale prenant la forme d’une démocratie minimaliste et procédurale éclairée par des experts. Mais ces derniers ne sont pas seulement des économistes, mais aussi des psychologues ou des sociologues…

    Cette forme de démocratie, qui va dominer toute notre histoire contemporaine, est fondée sur l’idée que ce n’est pas le #démos qui a le pouvoir, mais qu’on exerce un pouvoir sur le démos à partir d’un savoir expert par rapport auquel la société n’a pas voix au chapitre. Cette démocratie d’experts, qui est aujourd’hui contestée partout dans le monde, ne repose pas seulement sur une science économique qui passe d’ailleurs son temps à exclure celles et ceux de la profession qui sont considérés comme hétérodoxes.

    Elle mobilise aussi les sciences de l’éducation, les psychologues, les sociologues qui sont sans cesse mis à contribution pour produire des discours d’accompagnement et favoriser, comme on dit dans le jargon des appels à projet qui structurent le monde de la recherche, « l’acceptabilité sociétale des innovations ». L’idée est que le démos, rétif au changement, doit être adapté à la mondialisation et à l’innovation par un discours d’accompagnement produit par les experts.

    Dans « Il faut s’adapter », vous restituez les débats qui ont opposé Walter Lippmann au philosophe pragmatiste américain John Dewey. Sa pensée peut-elle être un antidote au grand récit néolibéral qui nous traverse encore aujourd’hui ?

    Pour Dewey, il ne peut pas y avoir de démocratie avec des experts d’un côté et un peuple de l’autre. La question du savoir est donc un enjeu démocratique fondamental, ce que disaient d’ailleurs déjà les Grecs. À la logique verticale de Lippmann, il oppose ainsi une transformation sociale par l’intelligence collective et une participation active des publics.

    Pourtant, dans votre dernier livre, vous êtes assez vindicative vis-à-vis des processus participatifs de type Nuit debout qui vous paraissent être la marque d’un monde « où l’on expose les points de vue comme autant d’atomes qui se croisent et s’esquivent » ?

    Dewey nous dit qu’il n’y a pas de démocratie sans participation des publics et sans co-construction des savoirs. Mais une fois qu’on a dit cela, comment fait-on ? Il faut du temps partagé et des espaces communs de dispute et de délibération. On vit dans une époque qui détruit les places publiques et un rapport au temps partagé, où donc les conditions minimales d’exercice d’une véritable démocratie où les publics participent sont détruites.

    Face à cela, on assiste régulièrement à la tentative de reconstituer des agoras, que ce soit place de la République, dans certaines salles de mairie ou dans les amphithéâtres de nos universités. Mais il y a souvent tellement peu de réflexion, tant de naïveté ou tant d’indifférence sur les conditions mêmes de l’agora que cela échoue. Bien sûr que l’enjeu dans une AG, c’est de savoir qui prend la parole, et pendant combien de temps. Mais on ne peut pas trancher cela en disant simplement : « deux minutes chacun », car avec une telle règle, on se retrouve avec une myriade atomique de points de vue qui ne permettent de construire ni un discours commun, ni un conflit clairement lisible entre différents partis.

    Autre exemple : l’usage dans les AG est désormais de ne pas applaudir, mais de faire des moulinets avec les mains. Cette nouvelle règle, héritée de la crise du VIH et qui vise à annuler les effets de tribune et le pouvoir que peut conférer la parole, est intéressante, mais elle ne doit pas devenir un nouveau dogme. À force de suspecter toute forme de pouvoir collectif comme une domination, je crains que ce type de règles ne deviennent des machines à détruire le pouvoir politique et la possibilité même d’une quelconque puissance, confirmant finalement la juxtaposition des points de vue individuels et l’atomisation qui détruit les collectifs.

    Mais la pensée politique de Dewey ne manque-t-elle pas de conflictualité par rapport à la situation dans laquelle nous sommes ?

    Dewey est l’héritier de la philosophie de Hegel et a donc un rapport au conflit très important. Il juge que la politique commence quand il y a des problèmes et donc du conflit. Mais il cherche toujours à résoudre le conflit par l’accord, par le commun. Cela peut expliquer pourquoi il passe auprès de certains pour un philosophe du consensus, aisément récupérable par le discours du monde de l’entreprise, qui aime tant parler d’intelligence collective pour évacuer toute forme de conflictualité.

    Même si j’entends ces critiques, mon travail actuel cherche à montrer ce qui, dans le pragmatisme, résiste à cette récupération et pourquoi Dewey ouvre des chantiers de réflexion difficiles et longtemps délaissés par la philosophie politique, alors qu’ils sont pourtant incontournables si on veut encore croire à la démocratie.

    Comment se sortir du paradoxe que, pour vous citer, « tout le monde, ou presque, semble désormais décidé à tourner la page du récit néolibéral, qu’on accuse de détruire le contrat social tout en compromettant l’avenir », mais que ce consensus ne semble pas s’imposer comme a pu s’imposer le consensus de Washington ?

    Le néolibéralisme ressemble aujourd’hui à un animal préhistorique, mais dont on ne sait pas encore comment il pourrait entrer définitivement au musée. Pour moi, la gestion actuelle du virus risque de permettre au néolibéralisme de se réinventer pour regagner encore une ou plusieurs décennies.

    Ce virus nous a pris en pleine #mobilisation pour les retraites. Un mot dont votre dernier livre souligne l’importance politique…

    La retraite au sens plein ne se réduit pas à garantir une pension. C’est aussi l’expérience d’un autre #temps et d’un autre rythme que celui du travail productif. C’est de ce temps de la retraite dont se prévalent déjà, tout au long de l’histoire, ceux qui prient, mais aussi ceux qui éduquent et ceux qui soignent, et qui ne peuvent le faire que s’ils sont protégés de la pression des rythmes productifs. Tel fut pendant des siècles le sens de la clôture des institutions, qu’il s’agisse du cloître, de l’hôpital ou de l’école : celle de protéger le temps de l’étude, de la formation ou du soin de l’accélération des rythmes collectifs.

    Or, tandis que les sociétés anciennes faisaient de la retraite le privilège de quelques-uns, impossible sans le travail des esclaves puis des classes laborieuses, les sociétés contemporaines ont cherché à étendre à tous ce temps de la retraite, au sens de temps ralenti.

    Désormais, loin de permettre un temps de retraite et de protection, le monde de l’éducation et de la recherche et le monde de la santé sont désormais devenus les deux secteurs prioritaires désignés par le néolibéralisme pour fabriquer des populations adaptées à la compétition mondiale et à la course à l’innovation, où il faut « capitaliser des points », comme on le fait dans les jeux vidéo.

    Il serait nécessaire que la course à la compétition ne s’arrête jamais, de supprimer le droit de se retirer. Je ne suis pas hostile à toute forme de compétition – je suis moi-même partie prenante d’une certaine compétition académique, celle de la forme du concours par exemple –, mais ce ne peut être notre seul mode d’être au monde.

    Face au saccage de nos vies et de notre temps, vous faites une proposition singulière : « miniaturiser les luttes. » Pourquoi aurait-on une telle envie ?

    Cela peut paraître heurtant et décevant, car, quand on lutte, on a envie que ce soit fort et grand et que cela ait de grands effets, donc on n’a pas envie de se replier sur des échelles miniatures. Mais un des grands ressorts de l’échec est le découragement face à un objectif trop grand pour nous. Appeler, par exemple, les étudiants d’une salle de cours à attaquer le grand capital, c’est le plus souvent totalement démobilisateur et cela décrédibilise les militants qui portent ce discours. Il me paraît bien plus judicieux et davantage à notre portée de s’en prendre au président de l’université qui applique une mauvaise politique, ou aux collègues autour de nous, ou aux pulsions conservatrices ou de soumission qui sévissent en nous-mêmes, même si c’est, bien sûr beaucoup plus périlleux et difficile.

    Il peut y avoir bien plus d’ambition à transformer notre environnement proche et à s’engager dans des conflits politiques réels, là où l’on se trouve, plutôt que d’afficher des objectifs mondiaux inaccessibles, qui conduisent le plus souvent à ne rien faire du tout et à éviter la réalité des conflits qui se jouent ici et maintenant, dans nos universités, nos écoles ou nos hôpitaux.

    « Plutôt que de se donner un agenda mondial et de contempler lucidement la fin du monde, plutôt que de se soumettre à un agenda national pour affronter le verdict des urnes et retourner nous coucher découragés, il s’agit de dés-automatiser nos conduites », écrivez-vous. Mais est-ce que cette réforme de soi peut véritablement mener à un changement collectif quand ces conduites sont dépendantes d’infrastructures et de superstructures qui les dépassent ?

    Je pense nécessaire de partir de ce qu’on est en train de vivre nous-mêmes, sans attendre de programme universel ou même national. À l’université, je suis souvent frappée de voir des collègues appliquer dans leur travail les réformes générales de l’université qu’ils prétendent combattre : dans la manière dont ils évaluent les étudiants, dont ils conduisent leur politique doctorale, dont ils accompagnent et acceptent les réformes en cours. J’attends et j’espère moi aussi un mouvement national et mondial, structuré et puissant.

    Mais en attendant, on se doit de réfléchir à nos propres pratiques et de tenter de les modifier dans le bon sens, même si c’est l’un des combats les plus difficiles qui soient. Cela me semble le préalable indispensable à toute reconstruction politique de plus grande ampleur, et c’est malheureusement une étape que, le plus souvent, on se garde bien d’affronter. Or c’est pourtant là, peut-être plus encore qu’ailleurs, dans la transformation de nos institutions publiques d’enseignement, de recherche et de santé, que se jouent l’avenir ou la fin de nos démocraties.

    https://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/270820/le-virus-risque-de-permettre-au-neoliberalisme-de-se-reinventer?onglet=ful

  • Philippe Besse : « Les décisions algorithmiques ne sont pas plus objectives que les décisions humaines »
    https://linc.cnil.fr/philippe-besse-les-decisions-algorithmiques-ne-sont-pas-plus-objectives-qu

    Suite à la réunion organisée les 28 et 29 mai par le Défenseur des droits, en partenariat avec la CNIL, autour des enjeux de transparence des algorithmes et des biais discriminatoires, LINC s’est entretenu avec Philippe Besse, professeur de Mathématiques à l’université de Toulouse-INSA. Spécialiste des questions de discrimination algorithmique, Philippe Besse évoque, outre les enjeux de transparence inhérents à l’usage de ces outils, les moyens qui pourraient être mis en œuvre pour assurer leur loyauté. (...)

    #algorithme #biométrie #racisme #technologisme #consentement #facial #législation #reconnaissance #recrutement #sexisme #biais #santé #travail (...)

    ##santé ##CNIL

  • A school communication app gamifies the classroom
    https://www.codastory.com/authoritarian-tech/classdojo-schools-bias

    Parents says the popular app ClassDojo raises fears about teacher bias Moises Valencia is a single father. His overalls and bright yellow safety vest are splattered with what looks like paint. Between working two jobs, he often struggles with making it to parent teacher conferences and events at his son’s school in Jefferson County, Kentucky. He can’t afford to miss a shift, but he really wants to be more involved in his son’s education. “Some of the teachers used to ask why I didn’t care (...)

    #algorithme #racisme #consentement #biais #discrimination #enseignement #surveillance

  • Het reclamebord dat weet wat je online koopt en zich daaraan aanpast, komt naar Europa
    https://www.vrt.be/vrtnws/nl/2020/08/19/het-reclamebord-dat-weet-wat-je-online-koopt-bijna-in-europa

    Clear Channel, het reclamebedrijf dat in ons land heel wat reclameborden beheert, begint volgende maand in Europa met de uitrol van gepersonaliseerde reclameborden. Die borden passen zich aan aan het publiek dat voorbij loopt. Hiervoor gebruikt het bedrijf naar eigen zeggen anonieme gegevens die wij achterlaten wanneer we op het internet surfen. Privacyspecialisten vrezen dat het bedrijf teveel toegang heeft tot onze data. “Anonimiteit in dit soort systemen bestaat gewoonweg niet”, zegt (...)

    #ClearChannel #CCTV #smartphone #consommation #géolocalisation #consentement #[fr]Règlement_Général_sur_la_Protection_des_Données_(RGPD)[en]General_Data_Protection_Regulation_(GDPR)[nl]General_Data_Protection_Regulation_(GDPR) #microtargeting (...)

    ##[fr]Règlement_Général_sur_la_Protection_des_Données__RGPD_[en]General_Data_Protection_Regulation__GDPR_[nl]General_Data_Protection_Regulation__GDPR_ ##publicité

  • Our response to Google : Privacy isn’t a Luxury
    https://privacyinternational.org/news-analysis/4118/our-response-google-privacy-isnt-luxury

    Back in January, Privacy International and over 50 other organisations wrote to Google asking the company to take action over pre-installed apps that cannot be deleted (often known as “bloatware”), which can leave users vulnerable to their data being collected, shared and exposed without their knowledge or consent. Thousands of people from over 50 countries signed our petition supporting this ask. We welcome the constructive conversations we had with Google following this campaign and for the (...)

    #Google #GooglePlay #smartphone #consentement #données #PrivacyInternational

  • How Facebook and Other Sites Manipulate Your Privacy Choices
    https://www.wired.com/story/facebook-social-media-privacy-dark-patterns

    In 2010, the Electronic Frontier Foundation was fed up with Facebook’s pushy interface. The platform had a way of coercing people into giving up more and more of their privacy. The question was, what to call that coercion ? Zuckermining ? Facebaiting ? Was it a Zuckerpunch ? The name that eventually stuck : Privacy Zuckering, or when “you are tricked into publicly sharing more information about yourself than you really intended to.” A decade later, Facebook has weathered enough scandals to (...)

    #Facebook #Twitter #Instagram #LinkedIn #algorithme #consommation #manipulation #consentement #données #profiling #publicité (...)

    ##publicité ##EFF

  • Facial Recognition Start-Up Mounts a First Amendment Defense
    https://www.nytimes.com/2020/08/11/technology/clearview-floyd-abrams.html

    Clearview AI has hired Floyd Abrams, a top lawyer, to help fight claims that selling its data to law enforcement agencies violates privacy laws. Floyd Abrams, one of the most prominent First Amendment lawyers in the country, has a new client : the facial recognition company Clearview AI. Litigation against the start-up “has the potential of leading to a major decision about the interrelationship between privacy claims and First Amendment defenses in the 21st century,” Mr. Abrams said in a (...)

    #Clearview #Instagram #LinkedIn #algorithme #biométrie #police #procès #consentement #données #facial #législation #reconnaissance #DataBrokers #scraping (...)

    ##ACLU

  • Deux mois après son lancement, l’application StopCovid est (toujours) un échec
    https://www.franceinter.fr/societe/deux-mois-apres-son-lancement-l-application-stopcovid-est-toujours-un-ec

    Lancée le 2 juin, l’application StopCovid ne rencontre pas le succès escompté par le gouvernement. Peu d’utilisateurs, faible communication, incompatibilité avec les autres applications européennes : les écueils ont été nombreux. Difficile d’être optimiste ou positif sur le sujet. Et quand on parle de StopCovid aux spécialistes des nouvelles technologies et experts du numérique, les mots “fiasco” ou “échec” arrivent très vite. Au-delà des difficultés techniques que nous avons déjà évoquées précédemment, (...)

    #algorithme #Bluetooth #smartphone #StopCovid #contactTracing #technologisme #consentement #COVID-19 (...)

    ##santé