• [Les Promesses de l’Aube] La #consultance : du chronomètre au Post-it
    https://www.radiopanik.org/emissions/les-promesses-de-l-aube/la-consultance-du-chronometre-au-post-it

    Ce mercredi 5 avril, c’est Bruno Bauraind, du #gresea qui viendra présenter le dernier numéro de la revue Gresea Echos, qu’il a coordonnée avec Cédric Leterme. La thématique de ce numéro est "la consultance" et le rôle joué par les grandes entreprises du secteur dans l’évasion fiscale mais aussi l’élaboration de politiques publiques et la néolibéralisation du secteur associatif, entre autres.

    Ces derniers mois, la consultance a défrayé la chronique avec la révélation de contrats plantureux ayant notamment débouché sur des commissions d’enquête en France et au Canada.

    On le sait, ces multinationales au pouvoir grandissant, qui valident les comptes des entreprises, tout en les aidant à développer une « optimisation fiscale agressive » − pour ne pas utiliser la fâcheuse locution « #évasion_fiscale » (...)

    #capitalisme #critique #idéologie #multinationale #capitalisme,critique,gresea,consultance,idéologie,multinationale,évasion_fiscale
    https://www.radiopanik.org/media/sounds/les-promesses-de-l-aube/la-consultance-du-chronometre-au-post-it_15629__1.mp3

  • McKinsey n’est pas enregistrée dans les registres de lobbyistes au Canada Thomas Gerbet
    https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1953344/mckinsey-registre-lobbyistes-quebec-ontario-canada

    Les autres grandes firmes de consultants déclarent du lobbyisme au Québec, en Ontario et au fédéral.

    Le cabinet-conseil McKinsey est absent des registres de lobbyistes des gouvernements du Québec, de l’Ontario et du Canada, alors que ses concurrents sont déclarés, a découvert Radio-Canada. L’entreprise, sous le feu des projecteurs, affirme ne pas faire de lobbyisme. Mais, des courriels que nous avons obtenus font douter des experts.


    L’ancien grand dirigeant de McKinsey, Dominic Barton, a témoigné, la semaine dernière, dans le cadre d’un comité parlementaire qui étudie les contrats octroyés par Ottawa à la firme. (Photo d’archives) - Photo : La Presse canadienne / Adrian Wyld

    Les grandes firmes de consultants que sont KPMG, Deloitte, Accenture, Ernst & Young et Pricewaterhouse Coopers se trouvent toutes inscrites aux différents registres de lobbyistes que nous avons consultés. Il est en revanche impossible de trouver la trace de McKinsey, que ce soit dans les mandats actifs ou dans les mandats inactifs archivés.

    C’est normal, selon la responsable des relations extérieures de la firme, Alley Adams :

    « McKinsey & Compagnie Canada n’a pas d’activités de lobbying. »
    -- Une citation de Alley Adams, responsable des relations extérieures de McKinsey Canada

    Est-ce possible que McKinsey ne tente jamais d’influencer les gouvernements au Canada dans le but d’obtenir un contrat ? La firme ne nous a pas répondu à cette question.

    Des exemples de cabinets-conseils enregistrés aux registres
    Tenter d’influencer un titulaire de charge publique pour se faire octroyer un contrat est tout à fait légal, tant que cette activité est enregistrée au registre des lobbyistes.

    Par exemple, dans le registre québécois, la firme KPMG a enregistré un mandat qui indique clairement qu’elle vise plusieurs ministères, avec pour objectif l’“obtention de contrats en services-conseils, de gré à gré ou par appels d’offres publics […] portant notamment sur la gestion en opérationnelle et la gestion des risques”.


    Extrait du registre des lobbyistes du Québec. On voit que la firme KPMG s’est enregistrée en indiquant qu’il souhaite obtenir des contrats en services-conseils de gré à gré, notamment. Photo : Radio-Canada

    Le cabinet-conseil spécifie que son mandat inclut “les communications préalables” qu’elle pourrait avoir avec un titulaire de charge publique.

    Même pour présenter ce qu’elle a à offrir, Accenture s’est aussi enregistrée auprès du gouvernement du Québec. On peut lire au registre : “Démarches effectuées dans le but de présenter les solutions d’Accenture pour la haute performance dans le domaine des services de santé et de la fonction publique”.

    Un courriel démontre une sollicitation de McKinsey auprès d’Ottawa
    Dans un courriel cité par le Parti conservateur du Canada, en comité parlementaire, mercredi, on apprend qu’un représentant de McKinsey, Kevin d’Entremont, a sollicité une conseillère principale en politiques chez Services publics et Approvisionnement Canada, le 26 mars 2020, au tout début de la pandémie.


    La firme américaine est un cabinet-conseil ayant 130 bureaux dans 65 pays, regroupant 30 000 consultants. Photo : McKinsey

    Radio-Canada a pu obtenir ce courriel, dans lequel Kevin d’Entremont propose au gouvernement fédéral un “briefing” avec des experts de chez McKinsey pour lui présenter “les programmes” d’intervention que la firme utilise contre la COVID-19 avec différents États dans le monde.

    Objet du courriel : « Interventions de McKinsey dans le domaine des soins de santé et de la chaîne d’approvisionnement
    _ Bonjour Kelly, 
    J’espère que vous allez bien. Je suis avec McKinsey & Company, et je suis basé à Ottawa. Il y a un certain intérêt, ces derniers temps, à entendre parler de ce que nous faisons au niveau mondial. McKinsey a plus de 90 programmes en cours, à travers le monde, avec des gouvernements et des clients du secteur de la santé sur la COVID-19. Nous avons une base de données importante et une équipe d’experts en Amérique du Nord.
    Je voulais vous contacter au cas où vous voudriez savoir comment certains de ces gouvernements gèrent l’intervention par le biais de centres nerveux et en créant des architectures de réponse spécialisées. Le document ci-joint présente notre réflexion.
    Andrew Pickersgill est notre associé directeur canadien et il a collaboré avec l’industrie et les gouvernements sur ce sujet. Andrew a également dirigé notre équipe canadienne pour soutenir Dom Barton au sein du Conseil consultatif du ministre des Finances en matière de croissance économique. Par l’intermédiaire d’Andrew, je serais heureux de faire appel à des experts pour un briefing.
    Si cela vous intéresse, n’hésitez pas à me le faire savoir. Encore une fois, j’espère que vous allez bien, et merci pour l’excellente coordination du front à Ottawa. C’est impressionnant d’observer l’intervention du gouvernement.
    Mes coordonnées sont ci-dessous si vous souhaitez me joindre.
    Salutations,
    Kevin
    (Le texte du courriel a été traduit en français) _

    McKinsey n’a pas répondu à nos questions relatives à ce courriel et le Commissariat au lobbying du Canada n’était pas disponible pour commenter.

    Aujourd’hui, à 15 h 30, la ministre des Services publics et de l’Approvisionnement, Helena Jaczek, comparaîtra devant le comité parlementaire qui étudie les contrats octroyés à McKinsey, qui totalisent au moins 116 millions $ depuis l’arrivée au pouvoir de Justin Trudeau.

    Quand McKinsey propose son aide au gouvernement Legault
    On trouve le nom de Kevin d’Entremont dans le système de publication officiel d’appel d’offres pour le gouvernement du Québec. Il y est présenté comme la personne référence pour les contrats chez McKinsey.

    Radio-Canada a mis la main sur un courriel envoyé par une personne représentant McKinsey, le 20 juillet 2020, près de deux mois après la fin d’un premier contrat accordé à la firme par le ministère du Conseil exécutif (MCE), le ministère du premier ministre François Legault.

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    Le gouvernement Legault a fait appel aux services de McKinsey pour l’aider dans sa gestion de la pandémie. (Photo d’archives) Photo : La Presse canadienne / Jacques Boissinot

    Alors que la firme n’est plus sous contrat avec Québec, on voit dans ce courriel qu’elle tente une approche auprès d’un cadre du MCE.

    “Est-ce que la structure de gestion de la COVID-19 évolue à ton goût ?” demande le représentant du cabinet-conseil dans le courriel. “N’hésite pas si on peut aider avec quoi que ce soit.”

    Et il l’informe que “plusieurs juridictions en Amérique du Nord réfléchissent présentement à la modernisation de l’État et à la préparation à de futures pandémies”.

    Québec fera de nouveau appel aux services de la firme quatre mois après ce courriel, puis encore une fois un an plus tard. Le Conseil exécutif n’a pas encore répondu à nos questions relatives à ce courriel.

    Du lobbyisme ? Des experts se prononcent
    Nous avons montré le dernier courriel à un lobbyiste d’expérience qui représente une douzaine de clients auprès du gouvernement du Québec. Il n’est pas nommé pour ne pas nuire à ses clients.

    « C’est clairement un courriel qui offre les services d’un expert de la firme. Si c’est arrivé durant une période hors contrat, c’est a priori une communication visée par la Loi [sur la transparence et l’éthique en matière de lobbyisme] »
    -- Une citation de Un lobbyiste d’expérience, au Québec

    Que McKinsey affirme ne pas faire de lobbyisme, c’est pour lui “un peu intense comme affirmation”, même si “théoriquement possible”.

    La professeure au Département de communication sociale et publique de l’UQAM, Stéphanie Yates a aussi lu le courriel, à notre demande. Ses recherches portent notamment sur le lobbyisme et l’influence en matière de politique publique.

    « Est-ce que c’est de l’influence ? On peut penser que oui, puisque ces discussions éventuelles, sollicitées par le consultant, vont avoir pour objectif d’influencer le gouvernement. »
    -- Une citation de Stéphanie Yates, professeure à l’UQAM, spécialisée dans les enjeux de lobbyisme.

    L’experte rappelle que si c’était le titulaire de charge publique qui avait écrit à McKinsey pour demander des conseils, ce serait tout à fait différent, et ce ne serait pas du lobbyisme.

    Pour éviter toute zone grise et “par mesure de prudence”, Stéphanie Yates recommande aux organisations de s’inscrire au registre. “Ça ne demande pas tellement de ressources pour s’inscrire”, dit-elle, et “la quantité d’informations qu’on y inscrit est assez minimale”.

    Vérification du Commissaire au lobbyisme du Québec ?
    Nous avons partagé ce courriel avec le Commissaire au lobbyisme du Québec. Son président Jean-François Routhier nous a répondu qu’il ne peut commenter un cas particulier pouvant faire l’objet d’une enquête ou d’une vérification. Il a toutefois accepté de nous accorder une entrevue pour répondre à nos questions plus générales.

    “Dans la majorité des cas, les cabinets-conseils ont généralement tendance à s’inscrire, ne serait-ce que par prévention et transparence”, dit-il. “On encourage ça.”

    « Peut-être que certains cabinets ont une discipline interne très très forte qui ferait en sorte qu’ils sont capables d’affirmer qu’ils ne font jamais d’activités de lobbyisme. »
    -- Une citation de Jean-François Routhier, Commissaire au lobbyisme du Québec

    En dehors d’un processus d’appel d’offres, Jean-François Routhier rappelle qu’“il est toujours permis à une entreprise de présenter ses produits et services à un titulaire de charge publique, dans la mesure où il n’y a pas de tentative d’influencer la décision”.

    « Le simple fait de dire : "J’ai un expert qui fait telle chose et qui coûte 200 $ de l’heure", si on ne tente pas d’influencer la décision, ça pourrait se qualifier dans l’exception d’une offre de service. »
    -- Une citation de Jean-François Routhier, Commissaire au lobbyisme du Québec

    Toutefois, il note que, “dans plusieurs cas, les cabinets-conseils vont quand même inscrire des activités de lobbyisme, parce que, au fil des discussions, ça se peut qu’il y a ait plus qu’une présentation de produits et services, mais c’est plutôt préventif”.

    Le Commissaire encourage les titulaires de charges publiques (fonctionnaires ou élus) à dénoncer une activité de lobbyisme non déclarée. “Ce sont eux qui reçoivent les communications, les courriels… Si on juge que c’est nécessaire, on va poser des questions, on va aller obtenir de la documentation et on va faire notre analyse.”

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  • McKinsey, le cabinet du capitalisme toxique Jean-François Lisée

    On sort franchement sonnés de la lecture de When McKinsey Comes to Town (Quand McKinsey arrive en ville), le récent livre de deux journalistes du New York Times , Walt Bogdanich et Michael Forsythe, sur ce qu’ils désignent comme « le cabinet-conseil le plus influent au monde ». On ne doute pas que la compagnie, fondée il y a bientôt 100 ans et employant 38 000 personnes dans 65 pays, ait offert d’excellents conseils à des centaines de clients. Des conseils payants, en tout cas, McKinsey affirmant que, pour chaque dollar lui étant versé, ses clients en ont économisé dix en gain d’efficacité. Et puisqu’elle a touché, en 2021, 15 milliards $US en revenus, faites le calcul.

    Mais parmi ses conseils, on en trouve qui ont fait davantage que d’optimiser l’organisation de telle entreprise ou de tel ministère. McKinsey a lancé, ou amplifié, l’évolution récente du capitalisme.

    Fabricant d’inégalités. En 1950, le p.-d.g. d’une très grande entreprise empochait 20 fois le salaire d’un de ses employés. General Motors demanda à McKinsey de se pencher sur la rémunération des patrons. Surprise ! Le cabinet trouva qu’ils étaient outrageusement sous-payés, puis il répéta la même chose à tous les patrons intéressés. L’écart est passé depuis à 350 fois le salaire moyen. En liant la rémunération des patrons à la valeur de l’action, McKinsey les a incités à délaisser la stabilité et la planification à long terme pour se concentrer sur le court terme. De plus, McKinsey a enseigné aux entreprises que les mises à pied, justifiées ou non, provoquaient généralement une hausse de la valeur de l’action, donc de leur rémunération.

    Accélérateurs de délocalisation. À partir des années 1980, McKinsey proposa à un nombre croissant d’entreprises de délocaliser leur production en Asie, particulièrement en Chine. Cette tendance aurait eu lieu sans elle, mais elle en fut l’un des plus persistants promoteurs.

    Décourager la loyauté. Embauché par Walmart pour réduire ses coûts, McKinsey a repéré le problème : les « associés » restant longtemps à l’emploi du détaillant gagnent davantage. Solution : réduire le nombre de salariés à temps plein et augmenter ceux à temps partiel pour assurer un plus grand roulement et des salaires plus bas.

    Maintenir le flot de nicotine. Une fois les entreprises de tabac privées de publicité dans les années 1990, McKinsey leur conseilla « l’approche en entonnoir » visant à familiariser les jeunes à une marque de tabac, en particulier les Afro-Américains, alors même qu’elle avisait la Food and Drug Administration sur la meilleure façon de combattre le tabagisme.

    Mettre la vente d’opioïdes sur le turbo. Dans une de ses pages les plus noires, McKinsey a dû verser 640 millions $US en dommages pour avoir aidé la pharmaceutique Purdue à « turbocharger » (le terme est de McKinsey) sa vente d’opioïdes. Exemple : lorsque la chaîne de pharmacies Walgreens, inquiète des nombreuses surdoses, refusait de vendre plus qu’un certain nombre de comprimés à un client, McKinsey suggérait de contacter ce dernier pour qu’il s’approvisionne en ligne. L’épidémie d’opioïdes fut, et est toujours, plus tragique dans les villes dévitalisées, celles-là mêmes où les emplois manufacturiers ont été délocalisés, souvent à la suggestion de McKinsey.

    Flouer les assurés. Pourquoi la compagnie d’assurances Allstate a-t-elle été prête à payer pendant des mois une amende quotidienne de 25 000 $ plutôt que de livrer à un juge copie des recommandations de McKinsey ? Parce que le cabinet lui avait conseillé de régler, vite et au rabais, 90 % des réclamations, mais de se battre sans relâche pour ne rien donner aux 10 % des clients qui embauchaient un avocat. Allstate a ainsi réduit de 20 % ses dépenses en réclamations, et le salaire de ses patrons a bondi de 1260 %. McKinsey revendit sa méthode à plusieurs autres assureurs.

    Préparer la crise de 2008. McKinsey fut le plus grand promoteur des nouveaux instruments financiers dont l’écrasement a provoqué la crise de 2008. Il s’agissait de convertir des emprunts en « titres » que le prêteur pouvait vendre sur les marchés. On pouvait ensuite acheter une assurance, au cas où le titre perdrait sa valeur, ce qui, disait McKinsey et d’autres, était extrêmement improbable. L’écroulement de ce château de cartes a plongé le monde en récession, poussant, selon l’ONU, 200 millions de travailleurs dans la pauvreté.

    Aider la Chine à devenir dominante. Avec sa stratégie « Made in China 2025 », la Chine de Xi Jinping souhaite dominer les nouvelles industries et devancer les États-Unis et l’Europe. McKinsey a produit au moins dix rapports pour soutenir cet effort, que le gouvernement Biden juge « nocif ». Le cabinet a conseillé 26 de la centaine de compagnies jugées stratégiques par le pouvoir chinois devenant omniprésent, au point que l’État chinois a interdit à sa presse de continuer à mentionner sa présence. McKinsey fut aussi impliqué dans le développement des « cités intelligentes » chinoises, qui suivent à la trace chaque citoyen. La technologie fut d’abord déployée pour mettre sous surveillance la population ouïghoure, victime d’une tentative de génocide culturel.

    Aider les Saoudiens à traquer les dissidents. En 2018, McKinsey mena une opération de recensement des avis critiques d’influenceurs saoudiens pour le compte du pouvoir. La firme identifia un Montréalais, Omar Abdulaziz. Des parents restés en Arabie saoudite furent emprisonnés, Abdulaziz dut se cacher, de peur d’être kidnappé. Il craint que l’opération n’ait aidé à découvrir une personne avec qui il était alors en contact : Jamal Khashoggi, dépecé peu après par des sbires du régime.

    Joseph Stiglitz, Prix Nobel d’économie, résume ainsi l’oeuvre de McKinsey : le cabinet « optimise la cupidité des entreprises » en étant le concepteur, puis le supercontaminateur, des pires pratiques du capitalisme actuel.

    Source : https://www.ledevoir.com/opinion/chroniques/779151/chronique-le-cabinet-du-capitalisme-toxique

    #McKinsey #capitalisme #cupidité #inégalités #délocalisation #tabac #opioïdes #crise #Chine #expertise #consultants #consultance #consulting #privatisation #cabinets_de_conseil 

  • Banque de développement du Canada : une entente avec McKinsey et autres dépenses contestées à l’interne Daniel Leblanc - Radio Canada avec des informations de Thomas Gerbet et Romain Schué

    Un contrat à la firme de consultants McKinsey pour une « revue stratégique » de 4,9 millions de dollars. Un chauffeur qui voyage deux fois de Montréal à Vancouver, au coût total de 8000 $, pour accompagner la présidente en Colombie-Britannique. Des frais de plus de 320 000 $ pour un événement d’une heure. Une vague d’embauches à la haute direction.

    Cette série de petites et de grandes dépenses a fait des vagues au sein de la Banque de développement du Canada depuis l’arrivée d’Isabelle Hudon à la présidence à l’été 2021, affirment plusieurs sources de Radio-Canada.

    Ancienne ambassadrice du Canada à Paris, Isabelle Hudon a été nommée par le gouvernement de Justin Trudeau à la tête de la société d’État qui offre des prêts, du capital de risque et des services-conseils aux petites et moyennes entreprises.


    Isabelle Hudon, alors ambassadrice du Canada à Paris, aux côtés de Justin Trudeau

    Isabelle Hudon a multiplié les décisions qui transforment l’organisation. Les cibles de croissance à long terme sont plus ambitieuses, la Banque de développement du Canada et elle occupent une plus grande place sur les réseaux sociaux, et il y a plusieurs changements au sein de la haute direction de la Banque de développement du Canada.

    “C’est sûr qu’il y a un choc dans l’organisation”, affirme une source qui a longtemps travaillé à la Banque de développement du Canada.

    Toutes les sources confidentielles qui ont parlé à Radio-Canada dans le cadre de ce reportage ont travaillé sous la direction d’Isabelle Hudon, quoique certaines ont depuis quitté la Banque de développement du Canada.

    Plusieurs sources ont requis l’anonymat, car elles n’étaient pas à l’aise de parler publiquement en raison des fonctions occupées.

    Isabelle Hudon n’a pas accepté notre demande d’entrevue. Nous avons posé une série de questions à la Banque de développement du Canada, qui nous a répondu par écrit.

    Qui est Isabelle Hudon
    Ambassadrice du Canada à Paris de 2017 à 2021, Isabelle Hudon a aussi conseillé Justin Trudeau sur la formation de son Cabinet, en 2019.
    Elle a fait partie de la haute direction de la Sun Life, à Montréal, de 2010 à 2017, en plus d’avoir été présidente et cheffe de la direction de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain entre 2004 et 2008.
    Isabelle Hudon est aussi cofondatrice de l’Effet A (“A pour ambition”), qui vise à favoriser le développement des femmes en affaires, mais elle n’y a plus d’actifs depuis 2017. _

    McKinsey et la “revue stratégique”
    Parmi ses premières décisions, Isabelle Hudon a décidé d’embaucher une firme de consultants pour réaliser une vaste revue stratégique du rôle et des objectifs de la société d’État pour les 10 prochaines années.

    Une source en place à l’époque dit qu’Isabelle Hudon voulait alors “repartir à zéro”.

    La Banque de développement du Canada confirme qu’Isabelle Hudon – avec l’appui de son conseil d’administration et de son équipe de direction – était derrière ce projet qui n’a pas fait que des heureux à la Banque de développement du Canada.

    “Tout nouveau PDG” doit, dès son entrée en fonction, évaluer la situation actuelle et définir la voie à suivre pour l’avenir de l’entreprise, ce qui, avouons-le, ne plaira pas forcément à toutes les parties prenantes”, explique le porte-parole de la Banque de développement du Canada
    , Philippe Taylor.

    La Banque de développement du Canada a invité cinq firmes de consultants à faire des propositions. Après un processus d’évaluation, la Banque de développement du Canada a opté, en août 2021, pour McKinsey, qui avait déjà travaillé pour la Banque de développement du Canada et qui accumule de plus en plus de mandats https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1945915/mckinsey-influence-canada-trudeau-immigration-conseils au sein de l’appareil fédéral.

    La Banque de développement du Canada a accordé un premier contrat à McKinsey de 2,8 millions pour ce projet, avant d’accorder une prolongation de 2,1 millions, en juin 2022, pour un coût total de 4,9 millions.

    Le cabinet-conseil McKinsey a obtenu des dizaines de millions de dollars de la part du gouvernement fédéral canadien dans les dernières années.


    À l’image d’employés d’autres agences fédérales qui ont travaillé avec McKinsey, des sources avec de longues feuilles de route au sein de la Banque de développement du Canada remettent en cause les résultats de l’exercice.

    On critique entre autres l’embauche de consultants externes qui exigent de grandes quantités d’informations et de travail de la part des équipes en place, tout en faisant des recommandations qui seront difficilement applicables.

    “Ce n’est pas réaliste”, lance une source, qui explique que McKinsey aide à établir des objectifs, mais pas à déployer des mesures pour les atteindre.

    Plusieurs sources affirment que l’embauche de McKinsey a nourri l’impression parmi les employés que la Banque de développement du Canada changeait sans cesse de vision stratégique, d’autant plus que des exercices semblables avaient été effectués avant l’arrivée d’Isabelle Hudon.

    Certains employés ont aussi senti que l’embauche reflétait un manque de confiance envers les équipes déjà en place à la Banque de développement du Canada.

    McKinsey n’a pas commenté son travail dans ce dossier, mais a récemment publié un communiqué pour répondre aux critiques de son influence croissante au sein de l’appareil fédéral.

    D’ambitieux objectifs
    La Banque de développement du Canada voit grand avec sa nouvelle vision stratégique. Trois fois plus grand, en fait. Selon un document confidentiel obtenu par Radio-Canada, la Banque de développement du Canadaveut tripler la taille de sa clientèle d’entrepreneurs d’ici 2032, passant de 73 000 clients à 230 000 en 10 ans. Elle cherche aussi à accroître la valeur de son portefeuille actuel d’environ 250 %, en passant de 38 à 95 milliards de dollars.


    La Banque de développement du Canada a des bureaux dans toutes les provinces et tous les territoires du pays.

    Pour y arriver, la Banque de développement du Canada explique qu’elle compte en grande partie sur son projet élaboré avec McKinsey.

    On parle entre autres de mieux desservir certaines clientèles traditionnellement négligées par le secteur financier au Canada, dont les entreprises dirigées par des femmes, des minorités visibles ou des Autochtones.

    La Banque de développement du Canada cherche aussi à aider les PME à se préparer “aux grands défis de notre temps” comme la lutte contre les changements climatiques.

    Parmi les projets en branle à la Banque de développement du Canada, il y a aussi l’automatisation des prêts en ligne aux PME.

    « Ce que vous voyez maintenant, c’est une accélération de l’ambition dans des domaines qui étaient déjà prioritaires pour Banque de développement du Canada. »
    -- Une citation de Philippe Taylor, porte-parole de la Banque de développement du Canada

    En vertu de la Loi sur l’accès à l’information, Radio-Canada a obtenu trois présentations produites en lien avec le contrat de McKinsey, mais les informations clés dans les trois étaient majoritairement caviardées. De plus, les présentations contenaient les logos de la Banque de développement du Canada et aucune trace précise du travail de McKinsey.

    Certaines sources croient qu’il faut maintenant prendre les objectifs fixés lors de la revue stratégique avec un bémol étant donné qu’un grand nombre de tendances économiques sont à la baisse depuis l’embauche de McKinsey, en 2021.

    Le porte-parole de la Banque de développement du Canada explique que le conseil d’administration a approuvé le nouveau plan stratégique, qui demeure en évolution.

    “Le processus de planification d’entreprise se déroule chaque année [...] et examine les conditions du marché et économiques, parmi de nombreuses autres variables, et nous ajustons nos plans opérationnels en conséquence”, dit Philippe Taylor.

    L’évènement à 320 000 $
    Isabelle Hudon s’assoit sur un fauteuil gris dans le lobby du siège social de la Banque de développement du Canada sous les applaudissements de quelques dizaines d’employés sur place en ce 3 juin 2022.

    S’adressant à eux – et à des milliers d’autres employés en ligne à travers le pays – la présidente de la Banque de développement du Canada commence en badinant avec l’animatrice embauchée pour l’évènement, Rebecca Makonnen, qui travaille aussi à Radio-Canada.

    Un évènement organisé pour les employés de la Banque de développement du Canada est animé par Rebecca Makonnen qui s’entretient avec la pdg Isabelle Hudon Isabelle Hudon décrit Rebecca Makonnen comme son “amie”, avant que cette dernière ne précise qu’elles ne s’appellent pas “tous les week-ends”. Les deux se remémorent ensuite une escapade de shopping dans les brocantes de Paris, en 2017.

    Isabelle Hudon enchaîne avec une discussion sur le télétravail, l’importance des relations humaines en sortie de pandémie et le “nouveau chapitre” qui s’amorce à la Banque de développement du Canada sous sa direction, selon un enregistrement de l’évènement de 68 minutes obtenu par Radio-Canada.

    Plusieurs personnes qui ont assisté à cet évènement, présenté en format hybride le 3 juin, se demandent encore à quoi tout cela a servi. Surtout en considérant les coûts de 320 000 $ en frais externes pour la Banque de développement du Canada, en plus du salaire des employés qui y ont travaillé.

    Selon des données obtenues de la Banque de développement du Canada, il y a eu, entre autres, des frais de 146 000 $ en services audiovisuels (accordés sans appel d’offres, car le montant se situe sous la limite de 150 000 $ fixée par la Banque de développement du Canada), de 145 000 $ en scénarisation et production vidéo, et de 11 500 $ pour l’embauche de Rebecca Makonnen en tant que maîtresse de cérémonie à Montréal. (Le maître de cérémonie dans les bureaux de Toronto lors de l’évènement du 3 juin était un employé de la Banque de développement du Canada.)

    Selon nos sources, le ton familier de la PDG avec l’animatrice en début d’événement a créé un malaise parmi certains employés.

    La Banque de développement du Canada dit que Rebecca Makonnen a été embauchée à partir d’une liste préparée par l’équipe de communications. On précise à la Banque de développement du Canada qu’Isabelle Hudon et elle ont une relation “amicale”, mais pas une relation “proche ou personnelle”.

    Le porte-parole de la Banque de développement du Canada dit que la société d’État “gère ses coûts opérationnels de manière diligente et toutes les dépenses s’inscrivent dans les paramètres et politiques appropriés pour un évènement pancanadien de cette envergure”.

    Philippe Taylor ajoute que toutes les dépenses de la société d’État “sont payées à partir des revenus gagnés et ne sont pas des dépenses gouvernementales”.

    La Banque de développement du Canada confirme qu’il est inhabituel, au sein de la société d’État, de faire voyager le chauffeur en avion pour accompagner le président ou la présidente.

    Malgré tout, la Banque de développement du Canada a dépensé 8100 $, en 2022, pour deux voyages en Colombie-Britannique du chauffeur de la Banque de développement du Canada, qui a alors accompagné Isabelle Hudon lors de déplacements officiels.

    Les 25 et 26 octobre, Isabelle Hudon et le chauffeur de la Banque de développement du Canada ont fait un bref aller-retour en avion entre Montréal et Vancouver, dépensant respectivement 6510 $ et 2625 $ en frais de déplacement.

    Le voyage – tel que le démontre une vidéo mise en ligne sur LinkedIn et sur Instagram – a permis à Isabelle Hudon de faire une visite surprise à des employés réunis à Whistler.

    Selon les commentaires mis en ligne par les employés, la visite d’Isabelle Hudon a été appréciée par de nombreuses personnes sur place.

    Toutefois, des sources se posent des questions sur le besoin de faire voyager le chauffeur de la présidente pour un évènement si court. Des services de taxi entre l’aéroport de Vancouver et Whistler, par exemple, affichent en ligne un prix de 500 $ pour l’aller-retour.

    Le chauffeur a aussi accompagné Isabelle Hudon lors d’un voyage de quatre jours en Colombie-Britannique en juin 2022, qui a coûté 12 300 $ au total à la Banque de développement du Canada. Les frais de location du véhicule et d’essence ont atteint 1500 $ lors de ce voyage.

    La Banque de développement du Canada dit qu’elle considérait, dans ces deux cas, que de faire voyager le chauffeur offrait le meilleur rapport qualité-prix.

    “Nous avons choisi d’utiliser le chauffeur de l’entreprise pour ces deux voyages en raison de circonstances externes, d’un kilométrage important et de la nécessité de permettre à la PDG” de travailler, et ce, en toute confidentialité”, affirme Philippe Taylor. “Cela dit, il s’agit à ce jour des deux seules occasions où le chauffeur a voyagé en avion à un autre endroit pour conduire la PDG” .

    Vague d’arrivée et de départs
    Plusieurs sources ont noté un taux de roulement élevé au sein de la haute direction de la Banque de développement du Canada ces derniers mois, dont une dizaine de retraites et de départs touchant des postes importants.

    Selon nos informations, la Banque de développement du Canada a récemment embauché quatre anciens collègues d’Isabelle Hudon à la Sun Life, dont elle a dirigé les activités au Québec de 2010 à 2017.

    Un porte-parole de la Banque de développement du Canada confirme qu’Isabelle Hudon a participé à l’embauche de deux de ces anciens collègues de la Sun Life dans des postes de haute gestion.


    Isabelle Hudon, alors ambassadrice du Canada en France, lors du Sommet du G7 à Biarritz en France en août 2019 (Photo d’archives)

    Parmi les changements récents, la Banque de développement du Canada a affiché de nouveaux postes à l’interne de vice-président au marketing et vice-président aux relations publiques.

    Le porte-parole Philippe Taylor a expliqué qu’il s’agit de “remaniements de postes existants”, mais plusieurs sources affirment que cela fait partie d’un effort d’accroître la visibilité de la Banque de développement du Canada sous la gouverne d’Isabelle Hudon.

    Cette dernière est très active sur les réseaux sociaux et a accru les capacités de communication de la Banque de développement du Canada sur plusieurs plateformes au cours des derniers mois.

    Toutefois, des dotations en personnel ont fait des vagues à l’interne. Selon une source bien informée, au moins un plan de succession – selon lequel plusieurs employés ont été formés pour un poste névralgique – n’a pas été respecté au cours de la dernière année.

    La Banque de développement du Canada admet qu’il “est possible que certains plans de succession soient déployés, et que d’autres, non”.

    Les projets lancés sous Isabelle Hudon
    • Excelles : un programme de 500 millions de dollars visant à soutenir les entreprises canadiennes dirigées par des femmes.

    • Fonds Technologies pour le climat : un investissement de 400 millions de dollars qui vise la création d’entreprises dans le secteur des technologies propres.

    • +Impact : élaboré grâce à deux contrats de 4,9 millions au groupe de consultants McKinsey & Company, ce projet a redéfini la stratégie de la Banque de développement du Canada pour les 10 prochaines années.
    • Flex+ : une nouvelle politique de télétravail qui encourage la présence dans les bureaux de la Banque de développement du Canada à travers le pays, mais permet aux employés de travailler en tout temps de la maison.

    • « Banque d’ambition » : une nouvelle campagne de marketing dotée d’un budget de 13 millions pour l’année.


    L’opposition critique la direction de la Banque de développement du Canada
    Les partis d’opposition disent vouloir entendre Isabelle Hudon sur l’embauche de McKinsey et les autres dépenses qui ont fait des vagues à la Banque de développement du Canada. Un comité de la Chambre se penche déjà sur l’octroi de contrats fédéraux à la firme McKinsey par le gouvernement fédéral.

    “Ça semble être devenu une nouvelle culture au sein du gouvernement fédéral que de prendre les grandes orientations ou bien du gouvernement, ou bien de sociétés d’État qui ont un mandat public, et de les sous-traiter au secteur privé”, lance le député du Bloc québécois, Jean-Denis Garon. “C’est exactement ce qui nous, comme parti d’opposition, nous inquiète.”


    Le député conservateur Pierre Paul-Hus critique la Banque de développement du Canada.

    Le député conservateur Pierre Paul-Hus critique la Banque de développement du Canada pour ce qu’il qualifie de manque de rigueur en gestion financière, que ce soit en lien avec les déplacements du chauffeur de la Banque de développement du Canada ou de l’événement interne du 3 juin.

    “La Banque de développement du Canada, c’est une entité du gouvernement fédéral et je pense qu’il faut faire attention. Avec l’inflation et tout ce qu’on vit aujourd’hui, ces dépenses-là se doivent être justifiées”, avance-t-il.

    L’avenir de la Banque de développement du Canada
    Au sein du gouvernement Trudeau, on explique qu’après 78 années d’existence, la Banque de développement du Canada avait besoin de se moderniser.

    De même, certaines mesures annoncées par Isabelle Hudon, comme des fonds d’investissement dans le domaine des énergies propres (400 millions) et des femmes entrepreneures (500 millions), ont été bien accueillies.

    Une source gouvernementale explique qu’Isabelle Hudon a hérité du mandat de transformer la Banque de développement du Canada.

    “Elle est excellente et il fallait changer la culture”, affirme cette source libérale.

    Une autre source libérale affirme que le gouvernement s’apprête à lancer un examen législatif de la Banque de développement du Canada.

    “L’examen, initialement prévu pour 2020 mais retardé en raison de la pandémie, donnera lieu à un rapport au Parlement qui doit être déposé à la Chambre des communes un an après le lancement de l’examen”, explique-t-il.

    Source : https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1949531/bdc-mckinsey-isabelle-hudon-depenses-contestees
    #caramabouille #McKinsey #bdc Banque de développement du Canada #Isabelle_Hudon pseudo #expertise au #canada de #justin_trudeau #consultants #consultance #consulting #privatisation #cabinets_de_conseil #mckinseygate

  • Pour la mise en œuvre, désastreuse, de sa politique vaccinale, l’exécutif a fait appel à quatre cabinets de #consultance : #McKinsey, #Accenture, #Citwell et #JLL ; une pratique devenue commune par indifférenciation graduelle des sphères privées et publiques.

    https://www.lemonde.fr/politique/article/2021/01/07/vaccination-anti-covid-le-gouvernement-a-fait-appel-a-quatre-cabinets-de-con

    Ces cabinets n’ont pas la moindre compétence scientifique et leurs compétences gestionnaires sont sensiblement celles de la #haute_fonction_publique : devenue très faibles avec le développement du #management.
    https://www.politico.eu/article/french-government-defends-mckinsey-coronavirus-vaccine-rollout

    Le nom du #marché_public de 20 millions € avec McKinsey porte un nom explicite, la "transformation de l’action publique" étant le nom de l’importation des méthodes désastreuses du nouveau management dans le champ de l’Etat.
    https://www.boamp.fr/avis/detail/18-85473/1
    voir aussi :
    https://ted.europa.eu/udl?uri=TED:NOTICE:268753-2018:TEXT:FR:HTML

    D’après le Canard, c’est @MaeldeCalan qui représentait @McKinsey_France à la réunion du 23 décembre dernier pour présenter le plan de #vaccination dont la médiocrité est apparue rapidement : 7000, hier, soit 45 fois moins qu’en Allemagne.

    #Maël_de_La_Lande (HEC, Science Po’) n’a rigoureusement aucune compétence scientifique. Il s’agit d’une figure de la droite conservatrice proche de l’#Institut_Montaigne, qui a apporté une large part des cadres macroniste — son directeur abritait "EM".
    https://www.consultor.fr/devenir-consultant/actualite-du-conseil/6307-elu-et-consultant-mckinsey-pour-le-vaccin-covid-un-stratege-ministeri

    Comment "#Baby-Juppé" (sic) a-t-il pu raté à ce point le « cadrage logistique », le « benchmarking » des « best practices » à l’étranger et la « coordination opérationnelle de la #task_force » ?

    Les étapes du #fiasco en quatre unes de la Pravda macroniste.

    Quel est le rôle de McKinsey dans le #lobbying en faveur de #Sanofi opéré dans les négociations européennes : contrat de 300 millions de doses de #vaccin en septembre, puis véto contre l’achat de 200+100 millions de doses de vaccins #Pfizer/#BioNTech ?

    https://www.spiegel.de/international/europe/the-planning-disaster-germany-and-europe-could-fall-short-on-vaccine-supplie

    Quelle est la part du #retard dans la #campagne_de_vaccination due à une politique de recherche globalement désastreuse, qui a conduit à miser envers et contre tout sur #Sanofi ? Et quelle part vient de l’incapacité de l’exécutif à mettre en œuvre et gérer ?


    https://twitter.com/VidalFrederique/status/1345344588588969984

    McKinsey avait récemment été mandaté obtenir la création d’une agence de désinformation scientifique (un "#Science_Media_Center") au service du lobbying agro-industriel.

    https://www.lemonde.fr/sciences/article/2020/09/22/l-information-scientifique-sous-tutelle-d-une-agence-de-communication_605309

    Les aller-retours entre McKinsey et l’Etat, caractéristiques de la mutation en cours de la haute fonction publique, ont été dans les deux sens. Ainsi, #Labaye, passé du comité de direction mondial du groupe à la présidence de Polytechnique.
    https://www.lesechos.fr/politique-societe/societe/un-associe-de-mckinsey-a-la-tete-de-polytechnique-136118

    Ainsi, dans l’autre sens, #Mathieu_Maucort (Science Po’, HEC) — les "yeux et les oreilles de Macron à Marseille" — passé de McKinsey au poste de responsable du marketing politique d’En Marche.

    https://twitter.com/Pr_Logos/status/1347255977297506304

    #consulting #privatisation #Maël_de_Calan #macronisme #LREM

    ping @simplicissimus

  • Des #experts #CNRS pour les #entreprises

    Pour faciliter les relations entre le monde économique et le CNRS, l’organisme de recherche propose désormais un nouveau #service : #Trouver_un_expert (https://trouverunexpert.cnrs.fr). Explications avec Edith Wilmart, directrice de CNRS Formation Entreprises.

    La Direction des relations avec les entreprises (DRE) du CNRS a lancé au début de l’année un nouveau service, Trouver un expert1, dont vous êtes la responsable. À qui s’adresse-t-il et dans quel but ?

    Edith Wilmart : Il s’agit d’un service destiné aux entreprises (#Start-up, #PME, #grands_groupes), aux services de l’État (#douane, #gendarmerie, #police, #hôpitaux) et aux #collectivités_territoriales. Notre mission est l’identification d’un #expert ou d’une experte correspondant à leurs besoins au sein des 1 100 #laboratoires du CNRS et de ses partenaires. Relevant de la DRE, Trouver un Expert est géré par une équipe composée de scientifiques qui travaillent pour et avec les demandeurs, futurs #partenaires potentiels du CNRS.

    Ce service a connu un véritable succès lors de sa présentation sur des #salons_professionnels tels que #Cosmetic_360 et #Textival et nous nous attendons à plusieurs centaines de demandes cette année. En à peine quelques semaines, nous avons déjà reçu des dizaines de requêtes émanant d’entreprises, que nous avons toutes traitées avec succès. À titre d’exemple, nous avons orienté une PME dans le secteur des cosmétiques vers un laboratoire qui maîtrise parfaitement les oxydes métalliques et leurs impacts sur la santé, ou encore une grande entreprise dans le secteur des dispositifs médicaux vers un chercheur travaillant sur la place du sport dans la société. Nos actions permettront la création de plus d’interactions, notamment avec les PME et les #ETI.

    Comment cela se passe-t-il concrètement ?

    E. W : Les entreprises, services de l’État et collectivités déposent simplement leur demande sur le site internet via un formulaire (https://trouverunexpert.cnrs.fr/faire-une-demande). L’équipe Trouver un expert l’étudie en toute #discrétion, en s’appuyant sur des outils et sur des réseaux internes, dont les chargés de #valorisation des instituts et des délégations du CNRS. Notre équipe de scientifiques est à même de traduire les demandes des entreprises envers les chercheurs et de les affiner si besoin. En moyenne, au bout d’une quinzaine de jours, l’expert ou l’experte identifié et le demandeur sont mis en relation. Si c’est un succès, notre équipe oriente le #tandem ainsi constitué vers la structure de #contractualisation dédiée. Ensemble, ils conviennent du mode d’interaction nécessaire pour mener à bien le projet, via un contrat de #consultance, une #prestation_de_service_intellectuelle ou technique, un #contrat_de_collaboration ou encore une #formation.

    D’où est venue l’idée de créer Trouver un expert ?

    E. W : « Comment fait-on pour travailler avec le CNRS ? » C’est une question qui revient souvent sur les salons de la part des entreprises innovantes. Mais difficile pour elles de s’y retrouver lorsque l’on sait que le CNRS représente 1 100 laboratoires qui couvrent l’ensemble des disciplines scientifiques. Nous apportons une #plus-value, par rapport à un service essentiellement basé sur un moteur de recherche, qui réside dans le traitement au cas par cas des demandes, de manière rapide et efficace. Grâce à la pertinence de l’expert identifié, l’assurance de ses motivations et disponibilités, Trouver un expert propose un service « sur mesure » !

    http://www.cnrs.fr/fr/cnrsinfo/des-experts-cnrs-pour-les-entreprises

    #recherche #mise_en_relation #service_gratuit #gratuité #économie #marchandisation #université #R&D #savoirs #connaissance #France

    #néo-libéralisme

  • Comme si la réforme des #retraites et les annonces autour de la #LPPR n’étaient pas suffisants... voilà que sort du chapeau ministeriel le #pacte_productif

    LPPR : le Pacte de productivité, jumeau maléfique de la Loi de programmation pluri-annuelle de la recherche ?

    « Il y aura des textes forts politiquement, des textes qui viendront avec le « Pacte Productif », par exemple sur la réforme de la recherche et de l’#enseignement_supérieur » – Emmanuel #Macron, Président de la république,11 février 2020 (https://twitter.com/ebothorel/status/1227334119132143617)

    Annoncé en avril 2019, le Pacte productif ambitionne de construire « un nouveau modèle français respectueux de l’environnement pour atteindre le #plein_emploi ». Pour ce faire, il s’intéresse de près au #financement de la #recherche mais aussi à l’#enseignement.

    L’orientation des moyens de la #recherche_publique vers un #développement_industriel précis

    « La loi de programmation de la recherche devrait être l’occasion de réfléchir à une augmentation des moyens consacrés à des #programmes_de_recherche publique en #contrepartie de leur orientation vers un développement industriel précis. » – Bruno Le Maire, ministre de l’Economie et des Finances, 15 octobre 2019 (https://www.economie.gouv.fr/pacte-productif/discours-de-bruno-le-maire-ministre-de-leconomie-et-des-finances)

    L’idée est donc de concentrer les moyens de la recherche sur des « #chaînes_de_valeur_stratégiques » définies par « la qualité de la #base_industrielle en #France, la situation du #marché et les #performances de notre recherche ». En clair, il s’agit de concentrer les moyens sur l’#innovation à certains secteurs rentables décidés par le haut, au détriment de la recherche en général dont les thématiques sont décidées par le bas.

    L’inquiétante disparition de la recherche

    La consultation sur le Pacte productif 2025 (Synthèse des contributions, France Stratégie : https://www.economie.gouv.fr/files/files/ESPACE-EVENEMENTIEL/Pacte_Productif/Pacte_Productif_Synth%C3%A8se_des_Contributions.pdf) s’est articulée en 6 thématiques. La thématique portée par Mme Vidal est celle de l’innovation, et la recherche n’apparaît pas malgré sa pertinence dans le sujet, ne manquant pas de faire écho à la suppression initiale.

    Plusieurs propositions sont faites dans la thématique innovation, toutes allant dans le sens d’un contrôle accru du #secteur_privé sur le secteur public, telles que :

    « le doublement de l’assiette qui existe pour la #R&D sous-traitée aux #organismes_publics_agréés » pour le #crédit_d’impôt_en_faveur_de_la_recherche (#CIR) : c’est-à-dire l’augmentation du contrôle des #entreprises sur le #financement_public de la recherche publique ; ou
    « encourager les chercheurs du public à s’investir dans le monde de l’entreprise ou en #partenariat avec lui, notamment en majorant la pondération des activités de #création_d’entreprise, de #consultance ou de dépôt de #brevets d’invention, dans l’ensemble des critères retenus pour la #progression_de_carrière » : c’est-à-dire affaiblir les #libertés_académiques en incitant les chercheurs publics à un rapprochement avec le privé.

    Autre témoin inquiétant : alors que les rapports de la LPPR prennent la peine de traiter le cas des Lettres, Langues, Arts et Sciences Humaines et Sociales (LLASHS) à part puisqu’ils n’entrent pas dans le plan global, le Pacte productivité ne prend pas cette peine et les ignore complètement.

    MESRI vs. Bercy : un arbitrage perdu qui pourrait avoir de lourdes conséquences

    Globalement, il ressort de l’idée générale du Pacte productif de financer l’innovation, et donc essentiellement le secteur privé, avec les moyens de la recherche publique, y compris de la « #recherche_d’excellence ». Cela traduirait d’un arbitrage perdu entre le Ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche et de le l’innovation de Mme Vidal et le Ministère de l’économie et des finances de M. Le Maire, qui pourrait bien représenter une #menace réelle et critique sur l’appareil de recherche public français.

    Si la LPPR est « une loi financière » comme l’annonce Mme Vidal, alors un arbitrage perdu avec Bercy pourrait avoir des conséquences beaucoup plus profondes que simplement budgétaires.

    http://blog.educpros.fr/julien-gossa/2020/02/20/lppr-le-pacte-de-productivite-jumeau-malefique-de-la-loi-de-programmat

    #pacte_productivité #ESR #liberté_académique

    –---

    Sur les réformes dans l’ESR en France :
    https://seenthis.net/messages/820330

    • Discours de Bruno #Le_Maire , ministre de l’Economie et des Finances

      Mesdames et Messieurs les ministres,
      Mesdames et Messieurs les élus, Mesdames et Messieurs,

      Il nous faut bâtir un agenda des transitions à horizon 2025 pour donner une visibilité à chacun.
      Nous avons besoin d’une stratégie collective pour la nation, un pacte productif permettant d’atteindre le plein emploi en 2025"

      Voilà la commande qui a été passée par le président de la République aux membres du Gouvernement en avril à l’occasion de la restitution du Grand débat national.

      Depuis 6 mois, nous travaillons, avec les membres du Gouvernement, les fédérations professionnelles, les organisations syndicales, les chambres de commerce et les chambres de métiers, pour bâtir ce pacte productif.

      Je tiens à remercier tous ceux qui, depuis 6 mois, ont participé à ce travail : mes collègues ministres, les responsables syndicaux, les 2 000 chefs d’entreprises qui se sont exprimés grâce aux consultations des chambres de commerce et des chambres de métiers, les 74 organisations professionnelles et collectivités qui ont participé. Grâce à eux, nous avons pu faire un diagnostic précis de la situation économique de la France et en tirer des orientations pour les années à venir, avec un objectif : concilier puissance économique et protection de la planète, pour que la France reste une grande puissance au 21è siècle.

      1. Il est d’autant plus nécessaire de donner de la lisibilité à nos choix économiques que nous sommes confrontés à une double révolution technologique et environnementale.

      1ère révolution : la révolution technologique

      L’intelligence artificielle est la rupture technologique du 21è siècle. Elle va transformer tous les métiers et tous les secteurs.

      Elle peut apporter le meilleur : créer des centaines de milliers d’emplois ou combattre des maladies incurables.

      Comme elle peut apporter le pire : détruire des milliers d’emplois ou aliéner nos libertés.

      Une seule certitude, cette révolution technologique changera l’ordre des puissances. La Chine est déjà le premier investisseur mondial en matière d’intelligence artificielle. L’atelier du monde est en train de devenir le cerveau de la planète.

      2è révolution : la révolution environnementale

      Nous prenons conscience que notre planète peut devenir invivable pour l’homme. Nous réalisons que le progrès mal maîtrisé peut être une régression.

      Le politique doit désormais réconcilier progrès technologiques et protection de notre planète. Le pacte productif doit être un pacte environnemental. Un pacte passé avec les salariés, avec les entrepreneurs mais aussi un pacte passé avec notre planète.

      2. Face à cette double révolution, comment la France se positionne-t-elle ?

      Elle a des atouts considérables. Elle a des laboratoires de recherche exceptionnels : le CNRS, l’INRIA, le CEA. Elle a des infrastructures de grande qualité. Elle a des services publics irréprochables. Elle a une énergie nucléaire qui est un atout majeur pour faire face à la lutte contre le réchauffement climatique et à la réduction des émissions de CO2.

      Elle réussit dans une conjoncture internationale difficile. La croissance française s’établira à 1,4 % en 2019 et 1,3 % en 2020. Ce sont des niveaux de croissance supérieurs à la moyenne de la zone euro.

      Mais nous avons toujours trois faiblesses structurelles majeures.

      notre fiscalité de production reste trop élevée par rapport à nos partenaires européens. Elle est

      7 fois plus élevée qu’en Allemagne et 2 fois plus élevée que la moyenne de la zone euro ;

      notre spécialisation sur des produits et des services de moyenne gamme est mauvaise. Elle ne crée pas suffisamment de valeur pour les industriels et pour les producteurs agricoles. Elle nous ferme des marchés ;
      Le nombre d’heures travaillées est plus faible que chez nos partenaires européens. Si bien que nous nous sommes appauvris relativement aux États du G7 au cours des dernières années. Notre PIB a augmenté mais la richesse par habitant a augmenté moins vite que dans les autres grandes nations industrialisées du G7.

      3. Ces faiblesses structurelles expliquent en grande partie la désindustrialisation de la France depuis 10 ans. Elles nous menacent de déclassement économique.

      La part de l’industrie dans le PIB est passée de 17 % à 12 % en France en 20 ans. Elle s’est maintenue à 23 % en Allemagne, à près de 18 % en Italie et à 14 % en Espagne. 100 usines par an ont été fermées depuis 10 ans, 1 million d’emplois industriels ont été supprimés. Ces chiffres sont sans appel.

      Nous nous en sortons dans trois secteurs : l’aéronautique, le luxe, les vins et spiritueux. Mais on ne bâtit pas une force industrielle sur trois secteurs, qui plus est, trois secteurs qui sont les mêmes depuis 20 ans.

      Certains secteurs se sont fragilisés : je pense à l’agroalimentaire ou à l’industrie pharmaceutique. Enfin, d’autres secteurs n’ont trouvé leur salut qu’en délocalisant leur production. Je pense, par exemple, à l’industrie automobile. La production automobile française est passée d’un excédent commercial de 13 milliards d’euros en 2004 à un déficit de 12 milliards d’euros en 2018. Dans le même temps, l’excédent commercial allemand a progressé de 70 à 122 milliards d’euros.

      En résumé : la France a fait le choix de la consommation plutôt que le choix de la production. Elle a fait le choix de la redistribution plutôt que de la création de richesses. Elle a accepté les délocalisations plutôt que de valoriser nos technologies, nos savoir-faire et notre intelligence collective.

      Les conséquences de ces choix économiques, nous les connaissons : le chômage reste élevé, des centaines de milliers d’emplois restent non pourvus, les inégalités territoriales menacent l’unité de la nation française.

      4. Pourtant, les résultats que nous avons obtenus depuis plus de deux ans montrent que ce risque de déclassement n’est pas une fatalité. Nous pouvons inverser la tendance. Nous avons commencé à le faire. Le Pacte productif doit permettre d’aller plus loin dans la transformation économique du pays et d’ouvrir le deuxième temps de la transformation économique du quinquennat.

      Cela suppose de faire les choix politiques clairs devant et avec nos compatriotes.

      1er choix : rester une nation de production. C’est un choix qui ne va pas de soi. Nous pourrions très bien faire le choix d’une économie de services : devenir la plateforme financière

      et le pays des services en Europe. C’est le choix qu’ont fait les Britanniques avec Margaret Thatcher dans les années 1980 en libéralisant les marchés financiers et la bourse londonienne. Ce n’est pas le choix que nous faisons. La France ne serait pas la France sans production industrielle et sans production agricole. Elle ne serait pas davantage la France si nous abandonnions certains territoires et si nous concentrions la production de richesses dans les seules métropoles. Le pacte productif doit aussi être un pacte territorial.

      2è choix : réussir dans les échanges internationaux. Je ne crois pas au repli sur soi. Je crois dans les vertus du libre-échange sur la base du principe de réciprocité. L’économie française sera plus forte si nos entreprises exportent davantage.
      3è choix : rester une des nations technologiquement les plus avancées. Nous voulons préserver notre indépendance technologique par rapport à la Chine et aux des États-Unis en matière d’intelligence artificielle ou de stockage d’énergie. Nous voulons rester dans la course à l’innovation pour maîtriser les innovations futures et préserver notre souveraineté politique. Il n’y aura plus au 21è siècle de souveraineté politique sans souveraineté technologique.

      Sur la base de ces choix, nous vous présentons 5 orientations stratégiques pour la production française dans les années à venir.
      1ère orientation : atteindre une économie zéro carbone en 2050

      Nous nous sommes fixés comme objectif dans le Plan climat zéro émission nette de CO2 en 2050. Cet objectif est accessible mais il implique d’être cohérent.

      La cohérence est de ne pas augmenter notre empreinte carbone, c’est-à-dire les biens et les services carbonés que nous consommons, quand nous baissons nos propres émissions de CO2.

      C’est pourtant la situation actuelle. Nos émissions nationales ont baissé de près 20 % en 20 ans tandis que nos émissions liées à nos importations ont doublé. Au final, notre empreinte carbone globale a augmenté de 10 %.

      Nous fixons des contraintes environnementales à notre industrie, elle perd en compétitivité, elle délocalise sa production. Et nous continuons à consommer ailleurs les mêmes produits carbonés. C’est inefficace pour notre économie et ce n’est pas cohérent avec nos objectifs environnementaux.

      Nous devons gagner en cohérence et faire que toutes les politiques publiques décarbonent notre production et notre consommation.

      Cela suppose de mettre en place le plus rapidement possible des réponses européennes : une taxe carbone aux frontières de l’Union européenne est nécessaire. Sans elle, toutes les politiques publiques européennes seront dépourvues d’efficacité.

      Cela suppose également de mettre en place une taxation européenne des moyens de transport les plus polluants. Il est incompréhensible que des objectifs d’émissions carbone aient été fixés pour nos voitures et qu’aucun objectif n’ait été fixé pour les avions ou les bateaux. Nous proposons de travailler à une taxation européenne du carburant des avions et des bateaux.

      Cela suppose aussi de dégager les financements nécessaires. La Banque européenne d’investissement pourrait devenir une banque verte, avec au moins la moitié des encours dédiée à la transition énergétique

      Cela suppose, enfin, de montrer la voie en matière de finance verte en créant une taxonomie européenne qui permette de distinguer en toute transparence les investissements verts des autres investissements. Le nucléaire doit être maintenu dans cette taxonomie européenne et être considéré comme une énergie indispensable à la lutte contre le réchauffement climatique. Nous en débattrons avec nos partenaires allemands, mais le GIEC et de nombreux scientifiques sont formels sur la nécessité de recourir au nucléaire pour lutter contre le réchauffement climatique.

      La puissance publique nationale doit aussi s’engager pour atteindre cette économie zéro carbone en 2050.

      Nous avons déjà établi, avec Gérald Darmanin, un budget vert pour l’Etat. 20 milliards d’investissement sont dédiés à la transition écologique au cours du quinquennat. L’enveloppe dédiée au bonus automobile et à la prime à la conversion augmentera de 50 % cette année. Le crédit d’impôt pour la transition écologique sera transformé en aide directe et concentré pour aider les ménages les plus modestes.

      Cette politique publique nationale exige également, comme l’a indiqué le président de la République à l’Assemblée générale des Nations Unies, que l’État cesse de financer des projets qui contribuent à la croissance des émissions de CO2 en dehors de nos frontières. Nous engagerons donc une revue globale précise des garanties du trésor à l’exportation. Nous communiquerons les résultats de cette revue au premier trimestre 2020. Nous en tirerons les conséquences avec un objectif : réduire l’empreinte carbone des garanties du trésor. Nous engageons déjà cette politique dans le PLF 2020 en interdisant toute garantie du trésor pour les projets charbon.

      2è orientation : anticiper les besoins de compétences et former pour 2025.

      La France n’a pas connu le plein emploi depuis 50 ans. Nous n’avons pas réussi à atteindre le plein emploi pour deux raisons : nous avons mal formé et nous avons un coût du travail trop élevé. Nous avons réduit ce coût du travail grâce aux allègements de charges, nous ne reviendrons pas dessus.

      Mais le prix du plein emploi ne peut pas être et ne sera pas le dumping salarial. Nous voulons élever les compétences plutôt que baisser les salaires. En cela, nous nous inscrivons en rupture claire avec les politiques de minijobs ou de contrat « zéro heure » qui ne correspondent pas à notre vision du capitalisme responsable.

      Nous voulons mettre en place une gestion prévisionnelle des compétences à l’échelle nationale pour la première fois en France : comprendre nos besoins et notre offre de compétences en France et région par région.

      Cette gestion prévisionnelle nous permettra de concevoir les formations initiales en secondaire et en universitaire et de fixer des objectifs pour 2025. 80 000 emplois sont aujourd’hui vacants dans le secteur du numérique et ce nombre va aller croissant si nous n’agissons pas. Nous devons augmenter massivement le nombre de techniciens, d’ingénieurs, de docteurs formés pour demain. Nous avons pour objectif de doubler le nombre d’étudiants formés en IA.

      Cette gestion permettra aussi de créer les formations continues et les accompagnements pour requalifier les emplois menacés par la robotisation ou la numérisation de notre économie.

      Cette politique doit nous amener à diviser par deux le nombre d’emplois non pourvus en le ramenant de 200 000 à 100 000. Elle pourra être complétée, comme le Premier ministre l’a indiqué à la représentation nationale, par une immigration de travail choisie pouvant inclure des quotas par branche professionnelle.

      Nous sommes prêts à ouvrir ces travaux avec les organisations syndicales et les représentants des salariés et des entreprises.

      3è orientation : devenir une économie de rupture technologique

      La France est une économie de l’innovation : nous avons les chercheurs, les ingénieurs, un écosystème de start-up. Mais la France n’est pas une économie de rupture technologique. Nous suivons les innovations américaines ou chinoises plutôt que de montrer la voie. Pour inverser la tendance, nous devons travailler dans trois directions : les financements, la recherche et les chaînes de valeur technologiques.

      Nous avons besoin de plus de financements. Sur les 100 plus grandes entreprises numériques cotées en 2018, 49 sont américaines, 14 sont chinoises et 2 entreprises seulement sont françaises. Ce n’est pas une question de talent ou de créativité, c’est une question de manque de financement.

      Le PIA III arrive à son terme, c’est l’occasion de lancer une nouvelle vague d’investissement d’avenir, une vague plus ambitieuse. Comment faire ? Quelle enveloppe dédier ? Quel véhicule utiliser ? Pourquoi ne pas utiliser le fonds d’innovation de rupture ?

      La structure est en place. Elle garantit un financement sûr et régulier de l’innovation. Nous pourrions rassembler dans le même fonds un possible nouveau PIA et le fonds pour l’innovation de rupture, pour disposer d’un rendement sûr et plus élevé chaque année.

      Par ailleurs, nos pépites technologiques ne trouvent pas les financements nécessaires pour devenir des géants mondiaux. Elles lèvent 5, 10, 15 millions d’euros mais ne trouvent pas des tickets de 50 ou 100 millions.

      Résultat : elles se font racheter par des entreprises américaines qui récupèrent le siège, les emplois et la propriété intellectuelle. Le contribuable français n’a pas vocation à financer des startup qui finissent ensuite dans les mains de grandes entreprises américaines.

      Nous avons fait une première étape pour augmenter les financements sur le marché français : des investisseurs institutionnels se sont engagés à investir 5 milliards. Nous pourrions maintenant nous fixer cet objectif : 20 milliards d’euros de levées de fonds publics et privés pour le financement des entreprises innovantes à échéance 2025.

      Enfin, nous avons besoin de plus de protections. Nos start-up se font racheter parce qu’elles manquent de financement, mais aussi parfois parce qu’elles manquent de protection. C’est pourquoi nous avons renforcé les décrets IEF dans la loi PACTE.

      Nous proposons de renforcer encore ces protections : le seuil de prise de participation dans une entreprise stratégique déclenchant le contrôle pourrait être abaissé de 33,3 % à 25 %. Le champ des secteurs protégés pourrait être élargi aux médias et à la sécurité alimentaire.

      Sur la politique de recherche

      Nous avons une recherche publique d’excellence et une industrie de haute technologie. Mais recherche et industrie ne travaillent pas ensemble. Il existe encore un mur entre la recherche publique et son développement industriel. Nous devons casser ce mur. Nous avons commencé à le faire dans PACTE, nous devons aller plus loin.

      La loi de programmation de la recherche devrait être l’occasion de réfléchir à une augmentation des moyens consacrés à des programmes de recherche publique en contrepartie de leur orientation vers un développement industriel précis.

      Enfin, nous devons développer une stratégie claire de chaînes de valeur technologiques.

      Nous l’avons fait pour la nanoélectronique. C’est un succès. STMicroelectronics ou SOITEC maintiennent en France et en Europe une production de semi-conducteurs qui auraient été totalement délocalisée en Asie si l’Etat n’était pas intervenu.

      Nous le faisons aussi sur les batteries électriques. Nous produirons dès 2022 des batteries électriques en France et Allemagne car nos deux Etats sont intervenus pour conserver une industrie automobile européenne puissante et souveraine.

      Mais dans quelles chaînes de valeurs investir ? Quelles technologies assureront notre croissance et notre souveraineté ? Et comment les choisir ?

      Nous devons croiser trois critères : la qualité de la base industrielle en France, la situation du marché et les performances de notre recherche. Sur la base de ces critères, nous avons identifié des chaînes de valeur qui pourraient être immédiatement renforcées pour 2025 et considérées comme des chaînes de valeur stratégiques.

      Je pense par exemple aux nouvelles thérapies et à la médecine personnalisée, à la chaîne de traction électrique, au-delà des batteries, ou encore aux technologies avancées de recyclage, qui permettent de fabriquer des matières premières recyclées aussi qualitatives que des matières vierges.

      D’autres chaînes de valeur moins matures aujourd’hui seront absolument incontournables à horizon 2030. Là aussi, nous devons développer une stratégie complète pour préparer l’avenir. Je pense par exemple à l’hydrogène pour la mobilité, à l’internet des objets industriels ou encore à de nouveaux agro-équipements, permettant de réduire massivement l’usage de pesticides

      Nous ne décrétons pas que ce sont les seules chaînes de valeur stratégiques, nous lançons le débat. Nous devons maintenant utiliser les mois qui viennent pour les confronter à des experts, des scientifiques, des économistes et des industriels.

      4è orientation : être compétitif pour produire en France

      Si nous voulons rapatrier les capacités de production en France, nous devons retrouver une compétitivité fiscale.

      L’enjeu des impôts de production n’est pas de faire un cadeau aux entrepreneurs, c’est de rapatrier la production dans nos territoires. Pour cela, nous avons besoin d’une baisse massive, régulière et définitive.

      Cela implique de faire un choix politique collectif : avec les présidents de Régions, de départements, avec les maires, avec les industriels et avec l’ensemble des Français.

      Cela suppose de prendre le temps de débattre ensemble pour répondre aux vraies questions : quel impôt baisser ? A quelle vitesse les baisser ? Comment les baisser suffisamment pour relancer la production sans couper les ressources des collectivités ?

      Nous pouvons être audacieux et imaginer des solutions nouvelles :

      une priorité à la suppression de la C3S ;
      une trajectoire de baisse claire sur plusieurs années ;
      une possibilité pour les régions de faire de baisser la CVAE comme le propose le Premier ministre ;
      une déduction fiscale pour les entreprises qui investiraient dans la transition énergétique et digitale.

      Autant de pistes de réflexion que je livre au débat. Je propose de les étudier avec les partenaires sociaux, avec l’Association des maires de France et dans le cadre du conseil Etat-Régions. Donnons-nous 6 mois pour aboutir.

      5è orientation : engager un nouvel acte de décentralisation en matière de développement économique

      Un pas a déjà été fait sur la politique d’innovation lors de la phase IV des pôles de compétitivité. La gestion des pôles sera transférée aux régions et les appels à projets seront désormais gérés par les régions.

      Nous pouvons aller plus loin en matière fiscale. Les régions pourraient définir des stratégies de compétitivité territoriale avec de nouvelles compétences fiscales et sociales.

      En matière industrielle : un conseil Etat-région pourrait être mis en place pour partager les orientations des politiques industrielles nationales et régionales.

      Voilà nos 5 orientations, elles ne sont pas inscrites dans le marbre. Elles ont vocation à être débattues. Nous devons maintenant concerter, consulter et évaluer. C’est la méthode du pacte productif.

      La concertation est ouverte avec les collectivités, avec les maires de France, avec les responsables syndicaux et les chefs d’entreprise.
      Une consultation publique est lancée ce matin. Chaque Français pourra réagir à ces orientations sur un site internet dédié au pacte productif.
      Enfin, une évaluation des chaînes de valeurs stratégiques sera demandée au conseil de l’innovation. Pour faire cette évaluation, il sera renforcé par des économistes, des chefs d’entreprise, des associations, des scientifiques, des syndicats.

      Cette méthode permettra au président de la République de présenter aux Français la stratégie collective dont nous avons besoin pour atteindre le plein emploi en 2025.

      Elle pourra conduire si nécessaire à une loi PACTE 2 à l’automne 2020 et des dispositions fiscales dans le PLF 2021.

      Je vous remercie.

      https://www.economie.gouv.fr/pacte-productif/discours-de-bruno-le-maire-ministre-de-leconomie-et-des-finances