continent:afrique

  • De nouvelles preuves archéologiques provenant du sud-ouest de Madagascar révèlent que des humains modernes ont colonisé l’île des milliers d’années plus tard que prévu

    Et hop, les archéologues reviennent sur la précédente découverte (Les humains sont arrivés à Madagascar 6 000 ans plus tôt que prévu https://seenthis.net/messages/721857 2018)

    La colonisation à Madagascar est essentielle pour retracer la dispersion humaine préhistorique dans l’océan Indien, mais le moment précis où les habitants se sont installés sur l’île reste flou. Plusieurs éléments de preuve, y compris des découvertes archéologiques telles que des outils en chert et du charbon de bois, fournissent une indication directe de l’occupation humaine à Madagascar depuis environ 1500 ans (BP). Cependant, des études récentes ont suggéré que les premiers colons de l’île avaient atteint le premier palier terrestre il y a 5000 ans BP, sur la base de preuves indirectes d’ossements d’animaux présentant des dommages (marques de coupe) probablement dus à l’activité humaine. Anderson et ses collègues ont revisité ces collections d’os et ont fouillé trois nouveaux sites dans le sud-ouest de Madagascar pour collecter un échantillon plus important de matière osseuse animale.

    Ils ont récupéré 1787 os appartenant à des mégafaunes éteintes, tels que des hippopotames, des crocodiles, des lémuriens géants, des tortues géantes et des oiseaux éléphants, datant de 1900 à 1100 ans. Des analyses microscopiques ont révélé que les marques de coupe potentielles dans les os datant d’avant 1200 ans étaient en fait des marques de morsure et de rongement d’animaux, des traces de gravure sur les racines ou des marques de hachage provenant des fouilles, ce qui suggère que les marques (et l’activité humaine) ne sont apparues qu’après cette date. Des résultats similaires ont été obtenus lors du réexamen des lésions osseuses, interprétées auparavant comme des marques de coupe dans des échantillons d’anciennes collections. L’étude a également confirmé des preuves antérieures d’une extinction de la mégafaune commençant vers 1200 ans BP.

    Ces découvertes s’ajoutent aux preuves montrant que la colonisation humaine préhistorique de Madagascar a commencé entre 1350 et 1100 ans et suggèrent que la chasse a progressivement conduit à l’extinction de la mégafaune de l’île.

    Les auteurs ajoutent : « Des estimations récentes indiquent une arrivée humaine à Madagascar il y a environ 10 000 ans. Diverses preuves (dommages aux os, paléoécologie, histoire de la génomique et des langues, archéologie, introduction du biote et capacité de navigation) indiquent que la colonisation humaine initiale à Madagascar a été plus tardive. à 1350-1100 BP Les résultats ont des conséquences sur le déclin et l’extinction de la mégafaune, une phase proposée de la première phase de la chasse et de la cueillette en Afrique, et sur les voyages transocéaniques en provenance de l’Asie du Sud-Est. »

    #Antiquité #colonisation #Madagascar

    New evidence of megafaunal bone damage indicates late colonization of Madagascar

    https://journals.plos.org/plosone/article/figure/image?size=inline&id=10.1371/journal.pone.0204368.g003
    https://journals.plos.org/plosone/article/figure/image?size=inline&id=10.1371/journal.pone.0204368.g001
    https://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0204368
    https://journals.plos.org/plosone/article/figure/image?id=10.1371/journal.pone.0204368.g005&size=inline

    Atholl Anderson, Geoffrey Clark, Simon Haberle, Tom Higham, Malgosia Nowak-Kemp, Amy Prendergast, Chantal Radimilahy, Lucien M. Rakotozafy, Ramilisonina, Jean-Luc Schwenninger, Malika Virah-Sawmy, Aaron Camens. New evidence of megafaunal bone damage indicates late colonization of Madagascar. PLOS ONE, 2018 ; 13 (10) : e0204368
    DOI : 10.1371/journal.pone.0204368

  • Les chevaux préhistoriques de Floride étaient sédentaires. (5Ma)

    Une analyse de strontium de dents de cheval fossilisées de Floride a révélé que les animaux ne voyageaient pas loin de leur lieu de naissance. Les chercheurs ont également trouvé des preuves que des chevaux préhistoriques se nourrissaient le long de la côte comme des chevaux sauvages comme aujourd’hui dans des endroits comme Assateague Island National Seashore.

    Selon une nouvelle étude de l’Université de Cincinnati, contrairement aux zèbres d’aujourd’hui, les chevaux préhistoriques de certaines régions d’Amérique du Nord n’ont pas fait de migrations épiques pour trouver de la nourriture ou de l’eau douce.

    Les résultats suggèrent que la Floride était un paradis pour les chevaux il y a 5 millions d’années, offrant tout ce que les animaux pouvaient souhaiter dans un espace relativement restreint.

    Les zèbres des plaines et les chevaux sauvages mongols entreprennent des migrations épiques chaque année pour trouver de l’eau ou de l’herbe verte.

    Le cheval sauvage mongol, également connu sous le nom de cheval de Przewalski, parcourt jusqu’à 13 km par jour. Et les zèbres de Burchell en Afrique australe sont connus pour leurs migrations saisonnières qui les conduisent jusqu’à 300 milles(...) au fur et à mesure qu’ils suivent les pluies et l’herbe verte.

    Les géologues du Collège des arts et des sciences McMicken de l’Université de Californie ont découvert que les chevaux préhistoriques de la côte de la Floride vivaient et mouraient dans un espace relativement restreint.
    "Il semble que ces chevaux en Floride étaient relativement sédentaires. Ils n’ont pas parcouru de longues distances" , a déclaré Jenelle Wallace, diplômée de l’Université de la Californie et auteur principal de l’étude.

    Les premiers chevaux du monde sont originaires d’Amérique du Nord. Ils y ont vécu pendant 55 millions d’années avant de s’étendre en Asie et en Afrique et de disparaître sur leur continent il y a environ 12 000 ans.

    Les petits animaux à trois doigts vivaient comme des antilopes, broutant les feuilles dans les forêts profondes. Mais pendant la période du Miocène entre 23 et 8 millions d’années, l’évolution du cheval a explosé en 15 familles différentes. Les chevaux ont développé des corps plus gros, des jambes plus longues et des sabots durs à la place des orteils pour les aider à couvrir davantage de terrain.

    Leurs dents ont également changé, devenant plus grandes et plus longues pour la culture d’herbe grossière recouverte de poussière de silice abrasive au lieu de cueillir des feuilles molles. Ce sont ces dents qui ont aidé les chercheurs de l’UC à étudier le mode de vie des chevaux éteints.

    Les géologues de l’UC ont comparé les isotopes de strontium trouvés dans les dents de cheval fossilisées à ceux de strontium dans le substrat rocheux dans différentes parties du sud-est américain pour suivre les errances des chevaux. Des plantes telles que l’herbe absorbent le strontium de la terre et les chevaux, à leur tour, absorbent ce strontium pendant le pâturage. De cette façon, le strontium sert de marqueur géographique.

    Les professeurs de géologie de l’UC et les co-auteurs de l’étude, Brooke Crowley et Joshua Miller, ont utilisé cette technique pour suivre les mouvements d’autres animaux, qu’ils soient vivants ou préhistoriques. (...)

    L’étude a examiné sept espèces de chevaux ainsi que deux mangeurs de feuilles connus : un tapir préhistorique et un parent éloigné d’éléphants appelé gomphothère.
    (...)

    Parmi les chevaux, les chercheurs ont trouvé peu de variation dans la taille de leur gamme. Mais le strontium a montré une connexion entre les chevaux et la mer. Comme les chevaux modernes dans des endroits comme Assateague Island National Seashore, des chevaux préhistoriques pourraient s’être nourris le long de la côte. Les chercheurs ont suggéré que la végétation consommée par les chevaux était influencée par le strontium d’origine marine issu de la pulvérisation marine, les précipitations ou l’intrusion d’eau salée dans les eaux souterraines.

    L’étude a été financée par des subventions du département de géologie de l’UC, de Sigma Xi, de la Geological Society of America et de l’American Society of Mammalogists, ainsi que du prix Winifred Goldring de l’Association for Women Geoscientists.

    « L’étude suggère que nous ne sommes pas les seules pommes de terre de canapé. Si les animaux ne doivent pas bouger, ils ne le feront pas », a déclaré Miller.

    La migration est une affaire dangereuse, a déclaré Miller. Les animaux sont exposés à des blessures, à la maladie et à la famine lorsqu’ils parcourent de grandes distances. Et au Miocène, les chevaux devaient déjouer beaucoup de grands prédateurs tels que les chats à dents de sabre.

    « Les coûts énergétiques du déménagement sont élevés », a déclaré Miller.

    #Préhistoire #Paléolthique #Cheval #Amérique_du_Nord #5MaBP
    Jenelle P. Wallace, Brooke E. Crowley, Joshua H. Miller. Investigating equid mobility in Miocene Florida, USA using strontium isotope ratios. Palaeogeography, Palaeoclimatology, Palaeoecology, 2019 ; 516 : 232

    DOI : 10.1016/j.palaeo.2018.11.036

    https://uc.edu/news/articles/2018/12/n2057444.html

  • Casbah d’Alger : lettre ouverte à Jean Nouvel | L’Humanité
    https://www.humanite.fr/casbah-dalger-lettre-ouverte-jean-nouvel-665443

    Cher Jean Nouvel,

    Le 6 mars 1999, il y a bientôt vingt ans, vous titriez “Boulogne assassine Billancourt” dans les colonnes du Monde ; un texte courageux s’indignant avec force de la destruction programmée (et désormais réalisée) du patrimoine historique ouvrier que représentait “le paquebot” de l’Île Seguin dans la proche banlieue de Paris.

    Nous débutons cette lettre ouverte en mentionnant ce texte car c’est à la personne qui a écrit celui-ci que nous souhaitons nous adresser. Ce lundi 17 décembre, nous sommes beaucoup à avoir été choqué·e·s en apprenant qu’une convention tripartite avait été signée entre la Wilaya d’Alger, la région Île-de-France et vos ateliers afin de, nous dit-on, “revitaliser” la Casbah d’Alger — étymologiquement, “revitaliser” implique redonner de la vie, ce qui nous permet de nous demander si la vie, pourtant vibrante, qui caractérise aujourd’hui les rues sinueuses de ce quartier n’est pas digne d’être considérée comme telle.

    La Casbah d’Alger, pour nous, bien avant d’appartenir à l’humanité — celle dont on nous dit qu’elle possède un patrimoine mondial — appartient d’abord à ses habitant.e.s, qu’iels possèdent un titre de propriété ou non, ensuite aux Algérien·ne·s dont la lutte révolutionnaire contre le colonialisme français a régulièrement pris appui sur sa capitale et en particulier, sa Casbah, et enfin aux militant·e·s anti-coloniaux·ales de l’Afrique, du Sud Global, mais aussi du Nord, tant la Casbah par son urbanisme et son architecture incarne un symbole puissant des luttes de ceux et celles qui ne peuvent mettre à profit que leur passion et leur environnement face aux forces asymétriques que leur opposent les armées et polices coloniales.

    La Casbah, les français l’ont déjà partiellement détruite trois fois. Suivant l’invasion de la Régence d’Alger en 1830, les officiers coloniaux avaient déjà bien compris le danger potentiel de son urbanisme insurrectionnel ; ils ont ainsi ordonné la destruction de toute la partie basse de la ville, privant ainsi la Casbah de son accès à la mer. Plus tard, les autorités coloniales y construiront des immeubles haussmanniens, reprenant les tactiques urbanistes contre-insurrectionnelles déjà appliquées à Paris et Marseille. A la fin des années 1930, lorsque les autorités coloniales ont fait “la guerre aux taudis” et ont ainsi détruit le quartier de la Marine. Entre 1956 et 1957, c’est toujours au sein de la Casbah que la fameuse “bataille d’Alger” trouve son paroxysme. Dans la nuit du 10 août 1956, des terroristes français y placent une bombe rue de Thèbes qui détruit plusieurs immeubles et tue 80 habitant·e·s. Le 8 octobre 1957, ce sont les parachutistes français qui, après avoir étouffé ce quartier de la ville pendant un an, dynamitent la maison où se sont réfugié·e·s les dernier·e·s survivant·e·s du FLN à Alger : Hassiba Ben Bouali, Mahmoud Bouhamidi, Ali Ammar dit Ali la Pointe et Petit Omar. Comme vous l’avez peut-être vue durant votre courte visite, cette maison a été laissée telle quelle ces six dernières décennies afin d’en faire un mémorial, un mémorial sans architecte.

    Toute modification de la Casbah qui ne viendrait pas directement de ses habitant·e·s doit ainsi faire preuve d’une connaissance et d’un respect sans faille de son passé et de son présent, bien au delà des instructions que la Wilaya d’Alger puisse elle-même fournir ou comprendre. Des projets qui n’auraient pas à coeur de servir en premier lieu ses habitant·e·s ainsi que le legs historique, politique et culturel de cette ville dans la ville, et qui leur préféreraient des ambitions touristiques ou financières ne sont pas dignes de ce lieu de vie et d’histoire. L’annonce de projets culturels notamment, alors que de nombreuses habitations ne sont pas étanches et que l’évacuation d’eau du quartier constitue aujourd’hui l’un des problèmes majeurs du quartier, nous semble par exemple particulièrement problématique et là encore, déconnectée des préoccupations quotidiennes des habitant·e·s. De même, le déblocage d’un budget stupéfiant pour financer cette étude ne peut que contraster avec le peu de moyens criant que le tissu associatif de la Casbah affronte au jour le jour dans ses initiatives.

    #algérie #jean_nouvel #architecture

  • France/Tchad : Alexandre Benalla s’est discrètement rendu à N’Djaména
    TchadConvergence - mercredi 12 décembre 2018
    https://www.tchadpages.com/france-tchad-alexandre-benalla-sest-discretement-rendu-a-ndjamena

    Selon La Lettre du Continent du 12 décembre 2018, l’ancien chargé de mission et coordinateur de plusieurs services de l’Élysée pour les déplacements privés et officiels du Président français Emmanuel Macron, Alexandre Benalla s’est discrètement rendu à N’Djamena, au début de ce mois. Lire le tweet ci-dessous du Reporter Moëz Bhar.

    Moëz BHAR
    ‏ @moezbhar
    05:20 - 12 déc. 2018
    https://twitter.com/moezbhar/status/1072768185676509184


    #FranceTchad #francafrique

    • L’Elysée embarrassé par les voyages d’affaires d’Alexandre Benalla

      Le chef de l’Etat a dit au président tchadien Idriss Déby que « cette personne n’était en aucun cas un intermédiaire officieux ou officiel » de la France.

      Par Ariane Chemin Publié 24 décembre 2018 à 10h17, mis à jour à 12h40
      https://www.lemonde.fr/politique/article/2018/12/24/l-elysee-embarrasse-par-les-voyages-d-affaires-d-alexandre-benalla_5401806_8

      « Vous voyez, je suis venu ! » A peine arrivé à l’aéroport de N’Djamena, samedi 22 décembre, Emmanuel Macron s’est enfermé avec son homologue, Idriss Déby, pour un premier tête-à-tête. Au menu des échanges : la force Barkhane qui lutte contre les groupes terroristes armés au Sahel, l’éducation, la santé, les femmes, les subventions françaises, mais aussi… Alexandre Benalla, aujourd’hui mis en examen pour « violences volontaires », « port prohibé et sans droit d’insignes réglementés par l’autorité publique » et « recel d’images issues d’un système de vidéoprotection ».

      Démis de ses fonctions par l’Elysée en juillet, après que la présidence a d’abord caché les violences exercées le 1er-Mai par son collaborateur, place de la Contrescarpe à Paris, l’ancien adjoint au chef de cabinet d’Emmanuel Macron s’est rendu début décembre au Tchad pour un court séjour à N’Djamena, ont confirmé au Monde des sources concordantes.

      L’une d’elle précise qu’il « est venu accompagné d’une demi-douzaine de personnes, par avion privé, réglant les frais par Carte bleue », dont le séjour à l’Hôtel Hilton, dans la capitale tchadienne, avant de repartir le 4 décembre par un avion de ligne. Selon La lettre du continent du 12 décembre, M. Benalla aurait rencontré le frère du président tchadien, Oumar Déby, qui pilote la direction générale de la réserve stratégique (DGRS) tchadienne.

      « Emmanuel Macron a tenu à faire savoir samedi à Idriss Déby que cette personne n’était en aucun cas un intermédiaire officieux ou officiel, nous indique l’Elysée. Seuls le ministre des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, le conseiller diplomatique du président, Philippe Etienne, et Franck Paris, son conseiller Afrique, peuvent se prévaloir du chef de l’Etat » sur le terrain africain. La présidence rappelle que, depuis son élection, M. Macron « veut absolument rompre avec la République des intermédiaires, notamment en Afrique ». (...)

      #Benalla #dénégation

  • Noël françafricain : Macron célèbre Barkhane et l’alliance avec Idriss Déby
    Pauline Tétillon et Mahamat Saleh Dahab, L’Huma, le 21 décembre 2018
    https://www.humanite.fr/noel-francafricain-macron-celebre-barkhane-et-lalliance-avec-idriss-deby-66

    C’est Noël au Sahel : les 22 et 23 décembre 2018, le Président Emmanuel Macron se rend à Ndjamena, où se trouve le QG de l’opération Barkhane, auprès des quelques 900 militaires français qui y sont mobilisés. Cette visite sera aussi l’occasion d’un rendez-vous avec le président tchadien Idriss Déby Itno, dans la continuité des relations denses que nourrit la France avec le Tchad. Rien qu’en 2018, Gérard Larcher (président du Sénat), Florence Parly (ministre des armées), au moins deux délégations de députés, y ont été reçus, ainsi que Franck Paris, conseiller Afrique de l’Elysée, le 12 décembre. Depuis des décennies, le Tchad joue un rôle essentiel dans le dispositif militaire français en Afrique et au sein de l’armée française. La guerre contre le terrorisme au Sahel a renforcé cette alliance militaire, offrant ainsi une légitimation internationale à un régime qui ne cesse de se durcir.

    Depuis 2014, les manifestations, grèves et autres mobilisations s’appuyant sur des revendications sociales et politiques se multiplient mais sont étouffées : répressions armées, arrestations, intimidations et condamnations sont le lot commun des acteurs de la société civile. Les réseaux sociaux et l’accès à internet sont régulièrement coupés à la demande du régime, dans un pays où à peine 3 % de la population y a accès. Les mouvements citoyens, syndicats et partis d’opposition s’organisent malgré les pressions fortes : faire face à la violence, aux manipulations du pouvoir, aux intimidations du quotidien envers soi et ses proches...et survivre.

    En effet, une crise profonde affecte le pays. La chute des cours du pétrole est loin d’en être la seule cause : gestion administrative et financière délétère, captation des ressources minières au profit du clan au pouvoir, augmentation des investissements dans l’armée et dans les moyens de répressions et de contrôle au détriment des autres secteurs. Face à cette crise, et pour répondre aux exigences de ses créanciers, le gouvernement a mis en place des mesures d’austérité qui portent atteinte à la population. Les coupes budgétaires affectent des secteurs clefs, comme la santé dont le budget a baissé de 50 % entre 2013 et 2017. Entre 2016 et 2018, les primes et indemnités des fonctionnaires ont été réduites de 50 %. L’année 2018 a été marquée par des grèves sèches paralysant le secteur public pendant plusieurs mois.

    Dans ce contexte, deux conventions de financement d’aide budgétaire, signées avec l’Agence Française de Développement le 6 décembre, vont permettre au gouvernement de régler les salaires des fonctionnaires civils et d’appuyer le secteur de la santé. Ces prêts contribuent une fois de plus à cautionner la gestion délétère du régime en place et alimentent une dette odieuse. Quelques jours plus tard, le gouvernement tchadien a annoncé le rétablissement de la solde des militaires, réduite depuis deux ans du fait de la crise économique. La priorité sécuritaire est clairement affirmée.

    Cette politique du tout sécuritaire répond aux orientations françaises au Tchad : Paris, via la coopération militaire, l’opération Barkhane et l’appui à la force conjointe G5 Sahel, contribue au renseignement, à la formation et à l’appui logistique et matériel des forces armées tchadiennes. Malgré la brutalité du régime, une dizaine de coopérants français, intégrés dans l’armée tchadienne, sont missionnés sur des secteurs clefs comme le renseignement ou la formation au commandement. En octobre 2018, des équipements de maintien de l’ordre étaient livrés à la redoutée Garde Nomade Nationale du Tchad, quand tout le secteur public était paralysé par des grèves et que la rentrée scolaire n’avait toujours pas eu lieu. Alors que la France se targue de former depuis des décennies des militaires tchadiens, l’armée tchadienne est toujours divisée entre une garde républicaine qui protège le pouvoir et une armée régulière désorganisée qui commet des exactions pour combler les manques de salaire.

    Mais la « lutte contre le terrorisme » n’est plus la seule rente diplomatique et financière du régime. L’évolution des routes migratoires au Sahel, due aux politiques européennes, provoque un accroissement du nombre de migrants transitant par le Tchad. Si le pays ne bénéficie pas encore de programme européen de lutte contre les migrations, Idriss Déby se montre disposé à coopérer aux politiques migratoires de l’Union européenne et de ses membres. Le Tchad, considéré comme pays « stable », a ainsi accueilli en 2017 une première mission de l’OFPRA, l’organisme français chargé d’étudier les demandes d’asile. Et à la frontière tchado-soudanaise, les militaires tchadiens, et des milices Janjawid soudanaises soutenues par l’UE jouent un rôle trouble en participant au racket des migrants. Des financements permettant de renforcer la présence de l’armée tchadienne dans les zones frontalières seraient une opportunité pour le régime de Déby, inquiet des mouvements de groupes d’opposition politico-militaires dans ces régions : c’est la rencontre entre le cynisme des politiques migratoires européennes et la brutalité de ce Machiavel du Sahel.

    En se rendant au Tchad, Emmanuel Macron ne fait pas que défendre et célébrer la présence militaire française au Sahel. Il réaffirme l’indéfectible soutien diplomatique et militaire à un chef d’État qui est, depuis 28 ans, pour différents motifs au gré des années, un maillon central de la politique africaine de la France, quel qu’en soit le prix à payer pour la population tchadienne.

    Pauline Tétillon, co-présidente de l’association Survie.
    Mahamat Saleh Dahab, secrétaire général des Patriotes de la diaspora tchadienne.

    #Françafrique #France #Tchad

  • Achille Mbembe : « Pourquoi il n’y aura pas de “gilets jaunes” en #Afrique »
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2018/12/18/achille-mbembe-pourquoi-il-n-y-aura-pas-de-gilets-jaunes-en-afrique_5399132_

    [Les #élites au #pouvoir en Afrique] ont su mettre à profit leurs positions et leurs avoirs dans le but de bâtir des patrimoines et consolider leur mainmise sur l’#Etat. Davantage encore, elles se sont transnationalisées. La profondeur d’enracinement de ces élites au sein de leur société est telle qu’elles sont parvenues à clientéliser des pans entiers de leurs communautés. Les chaînes de #dépendance sont dès lors étendues, et pour les dépossédés, le poids de la dette sociale peut être lourd à porter. Rompre coûte très cher, pour des gains généralement aléatoires.

    Là où il a le mieux réussi, le projet des élites au pouvoir a toujours été multiethnique, celui d’une classe sociale consciente de ses intérêts et étroitement connectée à des réseaux internationaux. Mais pour asseoir son hégémonie, cette classe sociale n’a pas hésité à manipuler la conscience ethnique. C’est en effet par ces canaux et ceux de la parentèle que se constituent les chaînes de dépendance et de la redistribution. Ce faisant, cette classe s’est servi de l’opium identitaire pour diviser les catégories subalternes de la société, rendant ainsi difficile leurs émergence et coalition en tant que classe sociale distincte. Tant que cette division de la société entre une élite structurée en classe sociale intégrale et un peuple nourri aux fantasmes de la politique identitaire persiste, les chances d’une révolution sociale radicale seront maigres.

    #clientélisme #identités #ethnie

  • CASBAH D’ALGER : DES PERSONNALITÉS DE PLUSIEURS PAYS CONTESTENT LA DÉSIGNATION DE JEAN NOUVEL – Salimsellami’s Blog
    https://salimsellami.wordpress.com/2018/12/21/casbah-dalger-des-personnalites-de-plusieurs-pays-contestent
    https://encrypted-tbn0.gstatic.com/images?q=tbn:ANd9GcQNH7YPrV1ociwJUzChmTAPwgjrul6HcvyvWnLToTo

    La désignation de l’architecte français Jean Nouvel pour restaurer la Casbah d’Alger suscite une vive polémique. Plus de 400 personnalités algériennes, françaises, américaines, canadiennes, européennes et arabes ont envoyé une lettre l’invitant à se retirer du projet.

    « Ce lundi 17 décembre, nous sommes beaucoup à avoir été choqués en apprenant qu’une convention tripartite avait été signée entre la Wilaya d’Alger, la région Île-de-France et vos ateliers afin de, nous dit-on, « revitaliser » la Casbah d’Alger, étymologiquement, « revitaliser » implique redonner de la vie, ce qui nous permet de nous demander si la vie, pourtant vibrante, qui caractérise aujourd’hui les rues sinueuses de ce quartier n’est pas digne d’être considérée comme telle », ont-elles écrit dans la lettre rendue publique ce jeudi 20 décembre.

    « La Casbah d’Alger, pour nous, bien avant d’appartenir à l’humanité -celle dont on nous dit qu’elle possède un patrimoine mondial- appartient d’abord à ses habitants, qu’ils possèdent un titre de propriété ou non, ensuite aux Algériens dont la lutte révolutionnaire contre le colonialisme français a régulièrement pris appui sur sa capitale et en particulier, sa Casbah, et enfin aux militants anticoloniaux de l’Afrique, du Sud Global, mais aussi du Nord, tant la Casbah par son urbanisme et son architecture incarne un symbole puissant des luttes de ceux et celles qui ne peuvent mettre à profit que leur passion et leur environnement face aux forces asymétriques que leur opposent les armées et polices coloniales », ont-elles souligné.

    LA CASBAH D’ALGER DÉTRUITE PAR LE PASSÉ
    Les personnalités signataires rappellent que les Français ont détruit trois fois la Casbah d’Alger à partir de 1830. La partie basse de la ville a été effacée pour être remplacée par une place (la Place des Martyrs actuellement). La Casbah n’a plus accès à la mer depuis.

    « Plus tard, les autorités coloniales y construiront des immeubles haussmanniens, reprenant les tactiques urbanistes contre-insurrectionnelles déjà appliquées à Paris et Marseille. À la fin des années 1930, lorsque les autorités coloniales ont fait « la guerre aux taudis » et ont ainsi détruit le quartier de la Marine. Entre 1956 et 1957, c’est toujours au sein de la Casbah que la fameuse « bataille d’Alger » trouve son paroxysme. Dans la nuit du 10 août 1956, des terroristes français y placent une bombe à rue de Thèbes qui détruit plusieurs immeubles et tue 80 habitants. Le 8 octobre 1957, ce sont les parachutistes français qui, après avoir étouffé ce quartier de la ville pendant un an, dynamitent la maison où se sont réfugiés les derniers survivants du FLN à Alger : Hassiba Ben Bouali, Zohra Drif, Ali Ammar dit Ali la Pointe, Petit Omar et Yacef Saâdi », ont rappelé les signataires de la lettre.

    Selon eux, toute modification de la Casbah « qui ne viendrait pas directement de ses habitants » doit faire preuve d’une connaissance et d’un respect sans faille de son passé et de son présent, « bien au-delà des instructions que la Wilaya d’Alger puisse elle-même fournir ou comprendre ».

    REMETTRE LE PROJET AUX ARCHITECTES ALGÉRIENS
    « Des projets qui n’auraient pas à cœur de servir en premier lieu ses habitants ainsi que le legs historique, politique et culturel de cette ville dans la ville, et qui leur préféreraient des ambitions touristiques ou financières ne sont pas dignes de ce lieu de vie et d’Histoire. L’annonce de projets culturels notamment, alors que de nombreuses habitations ne sont pas étanches et que l’évacuation d’eau du quartier constitue aujourd’hui l’un des problèmes majeurs du quartier, nous semble par exemple particulièrement problématique et là encore, déconnectée des préoccupations quotidiennes des habitants », ont-ils observé.

    Les signataires conseillent à Jean Nouvel de ne pas accepter d’être complice « d’une quatrième vague de transformation brutale française de la Casbah ». Et, ils ont suggéré à ce que le projet de sauvegarde de la Casbah d’Alger soit remis à des architectes algériens en dénonçant « le budget stupéfiant » retenu pour financer l’étude de Jean Nouvel. La liste des signataires comprend des artistes, des architectes, des urbanistes, des chercheurs, des enseignants universitaires, des historiens, des photographes, des journalistes, des sociologues, des designers, des avocats, des étudiants et des militants anticoloniaux.

    Par : Fayçal Metaoui 20 Déc. 2018

    TSA

    http://lequotidienalgerie.org/2018/12/21/casbah-dalger-des-personnalites-de-plusieurs-pays-contestent-la-

  • les mouvements citoyens à la veille d’un simulacre d’élection
    https://www.cetri.be/les-mouvements-citoyens-a-la

    Le dernier mandat de Joseph Kabila a vu éclore un phénomène politique d’un nouveau genre au Congo : les mouvements citoyens. Ils s’inscrivent dans le mouvement plus général d’affirmation de la jeunesse urbaine et diplômée comme acteur de la scène publique en Afrique francophone. La volonté de se donner un canal d’expression propre naît de la défiance vis-à-vis des partis politiques, obnubilés par la seule occupation des « postes », mais aussi du discrédit d’une société civile sous perfusion étrangère, dont (...)

    #Le_regard_du_CETRI

    / #Le_regard_du_CETRI, Congo (RD), #Election, #Libre_Afrique, #Le_Sud_en_mouvement

    #Congo_RD_

  • La France exporte-t-elle un herbicide interdit dans l’UE vers les pays en voie de développement ? - Libération
    https://www.liberation.fr/checknews/2018/12/18/la-france-exporte-t-elle-un-herbicide-interdit-dans-l-ue-vers-les-pays-en

    Oui, la France exporte l’#atrazine, un #herbicide dont la commercialisation et l’utilisation sont interdites en France et dans toute l’Union européenne depuis 2003. L’information a été dévoilée par l’ONG suisse Public Eye en mai 2017. L’organisme avait alors alerté le grand public sur l’exportation suisses d’atrazine. Le Monde a de son côté dévoilé les mêmes pratiques pour la France : « Depuis le mois de janvier, la France a autorisé l’exportation de sept cargaisons d’atrazine vers la Chine, la Suisse, le Pakistan, le Soudan, l’Ukraine et l’Azerbaïdjan », écrivait le quotidien le 29 mai 2017.

    En 2018, peu de choses ont changé. Selon les données de l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA), la France a exporté de l’atrazine vers le Soudan, l’Azerbaïdjan, le Pakistan, la Géorgie et l’Ukraine. Et la France n’était pas la seule. L’Italie, l’Espagne, l’Allemagne et la Hongrie ont également exporté de l’atrazine. Les quantités exportées pour cette année ne sont pas encore disponibles à la consultation.

    Pour Laurent Gaberell, responsable agriculture et biodiversité de Public Eye, ces exportations constituent une « #violation de la #convention_de_Bamako » interdisant totalement les importations en Afrique de #déchets provenant d’États non signataires. Entre autres, ce texte considère comme déchets, « les #substances_dangereuses qui ont été frappées d’#interdiction, annulées ou dont l’enregistrement a été refusé par les actes réglementaires des gouvernements ou dont l’enregistrement a été volontairement retiré dans le pays de production pour des raisons de protection de la santé humaine et de l’environnement ». Comme l’atrazine, donc. Le Soudan, signataire de cette convention figure dans la liste des pays vers lesquels la France a livré l’herbicide en question.
    Pollution des eaux

    Considérée comme un #désherbant idéal en raison de sa forte persistance dans les #sols et son faible coût, l’atrazine a été massivement utilisée à partir des années 60 avant d’être interdite car elle contaminait les #nappes_phréatiques. Comme le relevait l’émission Cash Impact (magazine dérivé de Cash Investigation) du 27 février 2018, 15 ans après son interdiction, cet herbicide est encore le principal #polluant de l’#eau courante en France et expose les populations les plus fragiles à des risques sanitaires. Selon une étude menée par l’Inserm depuis 2002, en Bretagne, sur 600 échantillons d’urines de femmes enceintes recueillies en début de grossesse, celles « ayant des traces d’atrazine ou d’une de ses formes dégradées dans les urines ont 50% de risque supplémentaire d’avoir un enfant de petit poids à la naissance et 70% de risque supplémentaire d’avoir un enfant avec un petit périmètre crânien à la naissance », affirme ainsi un communiqué de l’Inserm.

  • Chroniques de la couleur

    Une grosse recension de textes (et autres médias) sur les Gilets Jaunes.

    Les liens cliquables sont par là :
    http://inter-zones.org/chroniques-de-la-couleur

    –—

    Sophie Wahnich : Les gilets jaunes et 1789 : Résurgences révolutionnaires, 18 Décembre 2018

    Achille Mbembe : Pourquoi il n’y aura pas de gilets jaunes en Afrique, 18 décembre 2018

    Michalis Lianos : Une politique expérientielle – Les gilets jaunes en tant que peuple, 17 décembre 2018

    Fanny Gallot : Les femmes dans le mouvement des gilets jaunes : révolte de classe, transgression de genre, 17 décembre 2018

    Stéphane Zagdanski : Réflexions sur la question jaune, 17 décembre 2018

    Yves Pagès : Bloqueurs de tous les ronds-points, rions jaune… et ne cédons rien, 17 décembre 2018

    Alessandro Stella : Gilets jaunes et Ciompi à l’assaut des beaux quartiers, 16 décembre 2018

    Juan Chingo : Gilets jaunes : Le retour du spectre de la révolution, 16 décembre 2018

    Pierre-Yves Bulteau : À Saint-Nazaire : Je ne suis pas en lutte, je suis une lutte, 15 décembre 2018

    Florence Aubenas : Gilets jaunes : La révolte des ronds-points, 15 décembre 2018

    Sarah Kilani et Thomas Moreau : Gilets jaunes : Pour la gauche, l’antifascisme ne doit pas être une option, 15 décembre 2018

    Anonyme : Danse imbécile ! Danse ! Notes sur le mouvement en cours, 14 décembre 2018

    Jean-Baptiste Vidalou : L’écologie du mensonge à terre, 14 décembre 2018

    Toni Negri : Chroniques françaises, 14 Décembre 2018

    David Graeber : Les gilets jaunes font partie d’un mouvement révolutionnaire plus large, 14 décembre 2018

    Jérôme Ferrari : On fera de vous une classe bien sage, 13 décembre 2018

    Etienne Balibar : Gilets jaunes : Le sens du face à face, 13 décembre 2018

    Jérôme Baschet : Pour une nouvelle nuit du 4 août (ou plus), 13 décembre 2018

    Andreas Malm : Ce que le mouvement des gilets jaunes nous dit du combat pour la justice climatique, 13 décembre 2018

    Collectif : Communiqué de la coordination de Saint-Lazare, 12 décembre 2018

    Michèle Riot-Sarcey : Les gilets jaunes ou l’enjeu démocratique, 12 décembre 2018

    Mathieu Rigouste : Violences policières : Il y a derrière chaque blessure une industrie qui tire des profits, 12 décembre 2018

    Leslie Kaplan : Un monde soudain devenu injustifiable aux yeux de tous, 12 décembre 2018

    Pierre Dardot et Christian Laval : Avec les gilets jaunes : Contre la représentation, pour la démocratie, 12 décembre 2018

    Jacques Rancière : Quelle égalité de la parole en démocratie ? 12 décembre 2018

    Collectif : Gilets jaunes : Une enquête pionnière sur la révolte des revenus modestes, 11 décembre 2018

    Cédric Durand et Razmig Keucheyan : Avec les gilets jaunes, pour une nouvelle hégémonie, 11 décembre 2018

    Cédric Durand : Le fond de l’air est jaune, 11 décembre 2018

    Joshua Clover : Les émeutes des ronds-points, 11 décembre 2018

    Joao Gabriell : À propos du discours de Macron du 10 décembre, 11 décembre 2018

    Femmes en lutte 93 : Acte V Gilets jaunes : La place des femmes et LGBT est dans la lutte, 10 décembre 2018

    Michelle Zancarini-Fournel : Le mouvement des gilets jaunes favorise la cohésion intergénérationnelle des milieux populaires, 10 décembre 2018

    Syllepse : Gilets jaunes : Des clefs pour comprendre, 10 décembre 2018

    Annie Ernaux : Il n’y a pas de nouveau monde, ça n’existe pas, 9 décembre 2018

    Alain Bertho : Il ne s’agit pas d’un simple mouvement social, 8 décembre 2018

    Jérôme Baschet : Lettre à celles et ceux qui ne sont rien, depuis le Chiapas rebelle, 8 décembre 2018

    Raoul Vaneigem : Les raisons de la colère, 8 décembre 2018

    Laurent Mucchielli : Deux ou trois choses dont je suis presque certain à propos des gilets jaunes, 8 décembre 2018

    Les Gilets Jaunes de St Nazaire et leur Maison du Peuple, 7 décembre 2018

    Appel des gilets jaunes de Commercy à la formation d’assemblées populaires, 7 décembre 2018

    Lundimatin : Ici La Réunion ! 7 décembre 2018

    Pierre Bance : L’heure de la commune des communes a sonné ! En soutien à l’appel de Commercy, 7 décembre 2018

    Alèssi Dell’Umbria : Marseille, Debout, Soulève-toi ! 7 décembre 2018

    Eric Hazan : Paris n’est pas un acteur, mais un champ de bataille, 7 décembre 2018

    Rafik Chekkat : À Mantes-la-Jolie, domination policière et humiliation de la jeunesse, 7 décembre 2018

    Etienne Penissat et Thomas Amossé : Gilets jaunes : des automobilistes aux travailleurs subalternes, 6 décembre 2018

    Plateforme d’Enquêtes Militantes : Une situation excellente ? 6 Décembre 2018

    Alain Bertho : Gilets jaunes : Crépuscule du parlementarisme, 6 décembre 2018

    Frédéric Gros : On voudrait une colère, mais polie, bien élevée, 6 décembre 2018

    Danielle Tartakowsky : Les gilets jaunes n’ont rien de commun avec Mai 68, 6 décembre 2018

    Ballast : Gilets jaunes : Carnet d’un soulèvement, 5 décembre 2018

    Frédéric Lordon : Fin de monde ?5 décembre 2018

    Eric Toussaint : Gilets jaunes : Apprendre de l’histoire et agir dans le présent - Des propositions à ceux et celles qui luttent, 5 décembre 2018

    Grozeille, Que leur nom soit Légion : À propos des gilets jaunes, 5 décembre 2018

    Samuel Hayat : Les Gilets Jaunes, l’économie morale et le pouvoir, 5 décembre 2018

    Sophie Wahnich : La structure des mobilisations actuelles correspond à celle des sans-culottes, 4 décembre 2018

    Stefano Palombarini : Les gilets jaunes constituent une coalition sociale assez inédite, 4 Décembre 2018

    Édouard Louis : Chaque personne qui insultait un gilet jaune insultait mon père, 4 décembre 2018

    Chantal Mouffe : Gilets jaunes : Une réaction à l’explosion des inégalités entre les super riches et les classes moyennes, 3 décembre 2018

    Yves Pagès : La façade du triomphalisme macronien ravalée à l’aérosol par quelques bons-à-rien, 3 décembre 2018

    Yannis Youlountas : Cours, gilet jaune, le vieux monde est derrière toi ! 3 décembre 2018

    Les Lettres jaunes, Bulletin de lecture quotidien des Gilets Jaunes, pour aller plus loin ! 3 décembre 2018

    Alain Bihr : Les gilets jaunes : pourquoi et comment en être ? 2 décembre 2018

    Gérard Noiriel : Pour Macron, les classes populaires n’existent pas, 2 décembre 2018

    Temps critiques : Sur le mouvement des Gilets jaunes, 1 décembre 2018

    Zadibao : Climat jaune et changement de gilet, 30 novembre 2018

    Plateforme d’Enquêtes Militantes : Sur une ligne de crête : Notes sur le mouvement des gilets jaunes, 30 novembre 2018

    Lundimatin : Le mouvement des Gilets Jaunes à la Réunion, 29 novembre 2018

    Sophie Wahnich : Postérité et civisme révolutionnaire, 28 novembre 2018

    Le comité Adama rejoint les gilets jaunes : Ce n’est pas une alliance au prix d’un renoncement politique, 27 novembre 2018

    Comité Adama : Si nous voulons changer notre destin, nous devons lutter dans la rue, 26 novembre 26

    Bruno Amable : Vers un bloc antibourgeois ? 26 novembre 2018

    Benoît Coquard : Qui sont et que veulent les gilets jaunes ? 23 novembre 2018

    Félix Boggio Éwanjé-Épée : Le gilet jaune comme signifiant flottant, 22 novembre 2018

    Anshel K. et Amos L. : Les amours jaunes, 21 novembre 2018

    Les Chroniques de La Meute, 18 novembre 2018

    Aurélien Barrau : À propos de la manif du 17 novembre, 15 novembre 2018

  • [THREAD] Quel est le poids des origines et du lieu de résidence dans le choix du conjoint des parisien-ne-s ? Un sondage @IfopOpinion
    https://twitter.com/IfopOpinion/status/1074965806524612608


    @Cam4 révèle une réticence des parisien-ne-s aux unions interraciales qui affecte avant tout les hommes « noirs », « arabes » et « asiatiques »
    On observe un clivage Est-Ouest assez net concernant les parisien-ne-s qui refuseraient de se mettre en couple avec quelqu’un originaire d’un pays d’Afrique sub-saharienne, le refus étant plus marqué dans l’Ouest. Ce clivage recoupe le clivage politique gauche/droite.

    Coucheriez-vous avec un mec du 9-3 ? Enquête sur le poids des origines et du lieu de résidence dans le choix du conjoint des Parisiens - IFOP
    https://www.ifop.com/publication/coucheruez-vous-avec-un-mec-du-9-3-enquete-sur-le-poids-des-origines-et-du-lie

    Hommes blancs seulement”, “Pas de femmes africaines” [1], “Désolée, je n’aime pas les Asiates”[2]… La multiplication des témoignages de victimes de préjugés raciaux sur les applis de rencontre[3] tout comme la publication d’études y mettant en lumière la moindre désirabilité de certaines minorités ethniques[4] soulève de plus en plus la question des considérations raciales qui président aux choix des rencontres amoureuses.

    Afin d’en savoir plus sur un problème souvent occulté par les sites de rencontre, le département « Genre, sexualités et santé sexuelle » de l’Ifop a interrogé les habitants de la capitale qui peuvent être, de par la plus grande diversité de la population de leur région[5], plus confrontés que la moyenne des Français à ce type de situation.

    Réalisée auprès d’un échantillon de taille conséquente (2 000 personnes âgées de 18 ans et plus), cette étude met en lumière les formes d’endogamie géographique qui jouent dans la formation des couples parisiens ainsi que les logiques d’ethnocentrisme dont sont victimes les personnes étrangères ou d’ascendance étrangère, notamment lorsqu’elles apparaissent très éloignées de la population majoritaire sur le plan social et culturel.

    LES CHIFFRES CLÉS DE L’ENQUETE

    Un hiatus entre des discours valorisant la mixité sociale et ethnique sur le plan sexuel et la réalité des choix conjugaux

    Si les discours des Parisien(ne)s ont tendance à valoriser une certaine ouverture à la mixité sur le plan social, géographique ou ethnique, celle-ci est, en réalité, peu pratiquée dans les faits.

    Rares sont les Parisien(ne)s à reconnaitre que le lieu de résidence est un critère déterminant dans leur choix d’un conjoint (8%). De même, ils sont loin de donner beaucoup d’importance à des éléments comme sa religion (26%) ou ses origines ethniques (23%). A l’inverse, ils déclarent plutôt prendre en compte « l’éducation/les manières » (59%), les « hobbys » (38%) ou la situation parentale (31%) lorsqu’ils font le choix d’une personne avec laquelle ils souhaiteraient être en couple.

    Or, lorsqu’on demande aux Parisien(ne)s actuellement en couple où résidait leur partenaire lorsqu’ils l’ont rencontré pour la première fois, ils sont plus des deux tiers (69%) à indiquer que ce dernier résidait dans Paris intra-muros au moment des faits. Et cette forme d’endogamie s’avère plus fréquente dans les arrondissements aisés de l’Ouest (75% dans le 15e, 74% dans les 7/8/16/17e) que dans les arrondissements plus populaires de l’Est (56% dans le 12e, 66% dans les 18/19/20e).

    À Paris, le souci de distinction se traduit-il donc par un rejet des banlieusards ? Ca dépend lesquels… Si, au total, près d’un quart (23%) des Parisien(ne)s est en couple avec quelqu’un résidant en banlieue au moment de leur rencontre, ils ont beaucoup plus tendance à avoir trouvé leur partenaire dans des départements « aisés » comme les Hauts-de-Seine (6%) que dans un département « populaire » et « métissé » comme la Seine-Saint-Denis (3%).

  • Le Burkina teste les moustiques mutants pour mater le palu
    Célian Macé, Libération, le 18 novembre 2018
    https://www.liberation.fr/planete/2018/11/18/le-burkina-teste-les-moustiques-mutants-pour-mater-le-palu_1692844

    Gene drives could end malaria. And they just escaped a UN ban.
    Dylan Matthews, Vox, le 7 décembre 2018
    https://www.vox.com/future-perfect/2018/12/7/18126123/gene-drive-malaria-convention-biological-diversity

    Méfiance... les occidentaux utilisent l’Afrique comme terrain d’expérimentation... Voir par exemple :

    Forcer les gènes et l’Afrique Enquête sur le forçage génétique des moustiques
    Zahra Moloo, Jef Klak, le 26 septembre 2018
    https://seenthis.net/messages/724717

    et autres liens sur ce post

    #Science #Afrique #Burkina_Faso #Colonialisme #Malaria #Moustiques #OGM #Paludisme #Génétique

  • « Quand William Playfair voulait dépecer la France ! »

    Signalé sur Twitter par Michael Friendly @datavisFriendly

    A little known Playfair map: “A map of France with the proposed divisions”, 1793.

    William Playfair proposes dividing France and giving pieces to its neighbors.

    Found in: John Delaney’s “First X, Then Y, Now Z”, p. 143.

    #cartoexperiement #cartographie #william_playfair #précurseurs #frontières #territoires

  • Comment l’aide suisse au développement relève le défi de la migration

    Créer les conditions permettant aux gens de vivre en paix dans leur propre pays et de réaliser leurs rêves : c’est le but du Pacte migratoire de l’ONU. La Suisse a gelé son adhésion à cet accord. Elle soutient pourtant des projets qui poursuivent ces objectifs.
    En début de semaine, la communauté internationale a officiellement adopté le Pacte mondial sur les migrations à Marrakech, sous les auspices des Nations unies (ONU). Mais la Suisse a suspendu sa participation, car le Parlement exige d’être préalablement consulté. La Confédération soutient pourtant déjà des projets qui font le lien entre migration, développement et protection des droits humains. Voici quelques exemples :

    #Bosnie-Herzégovine : « i-plateforme »

    Depuis la guerre en ex-Yougoslavie, la Bosnie-Herzégovine est une nation fragmentée d’un point de vue ethnique et religieux, avec une structure politique variable. En Suisse, bien que très hétérogène, la diaspora défend sa patrie. Ses relations avec le pays d’origine sont principalement basées sur des liens personnels. De ce fait, une communication et une coopération systématiques entre les autorités locales et nationales sont en cours d’élaboration.

    Dans les années 1960 et 1980, les flux concernaient essentiellement des saisonniers non qualifiés venus en Suisse pour travailler. En 1991, la Confédération a mis fin à ce type de migrations de main-d’œuvre. En 1993, en raison de la nouvelle guerre des Balkans, le nombre de demandes d’asile a culminé à 7000 personnes, aboutissant à la décision du Conseil fédéral d’accueillir collectivement et temporairement des réfugiés de guerre. Une décision qui sera abrogée en 1995. Pourtant, même après la fin du conflit, la réconciliation nationale en Bosnie-Herzégovine est restée problématique et a rendu difficile le retour et la réinstallation des réfugiés. Depuis, les principaux motifs d’immigration en Suisse ont été motivés par le regroupement familial et la nécessité d’accueillir des cas difficiles.

    On estime à 60’000 environ le nombre de personnes originaires de Bosnie-Herzégovine vivant en Suisse. La majorité de ces personnes sont titulaires d’un permis de séjour B ou C. De 1998 à 2006, le taux de naturalisation des citoyens bosniens a augmenté, mais il a diminué depuis 2006.

    La « i-plateforme », créée en partenariat avec la DDC, permet à la diaspora en Suisse de contribuer au développement économique, social, culturel et démocratique de la Bosnie-Herzégovine. Indépendant sur le plan ethnique et confessionnel, cet outil remplit une double fonction de passerelle : tant au sein de la diaspora en Suisse que dans la société fragmentée de Bosnie-Herzégovine.

    #Sri_Lanka : « Pour une migration sans risque de la main-d’œuvre » (#Safe_Labour_Migration_Programme)

    Depuis la fin de la guerre civile, la situation au Sri Lanka reste instable, aggravée par la crise politique actuelle. La Suisse soutient le processus de réforme et de réconciliation. Entre 2005 et 2016, elle a également fourni une aide humanitaire à la reconstruction du pays après la guerre et après le tsunami de 2004.

    Chaque année, plusieurs centaines de milliers de personnes fuient la pauvreté au Sri Lanka. Avec le salaire qu’ils obtiennent à l’étranger, ces émigrants améliorent la santé et l’éducation de leurs familles restées au pays. Entre 2009 et 2018, les travailleurs expatriés sri-lankais ont transféré en moyenne plus de 500 millions de dollars US dans leur pays d’origine. Ils sont souvent exploités en raison d’une carrence d’informations et d’une méconnaissance de leurs droits. Les femmes sont particulièrement exposées, elles sont souvent victimes de violences sexuelles ou de traite des êtres humains.

    Environ 3 millions de citoyens sri-lankais vivent à l’étranger, dont environ 50’000 en Suisse. La plupart d’entre eux ont fui à la suite de la guerre civile de 1983-2009 ou à cause de la répression politique et des persécutions. En 2017, 840 demandes d’asile ont été déposées en Suisse par des ressortissants sri-lankais (environ 38% de moins que l’année précédente).

    Dans le cadre du Safe Labour Programme de l’Organisation internationale du Travail (OIT), un projet soutenu par la DDC, les travailleurs émigrés sont conseillés et informés sur leurs droits, en vue de les protéger contre l’exploitation. Le projet promeut ainsi une migration sans risque de la main-d’œuvre, maximise les aspects positifs et minimise les conséquences négatives.
    Tunisie : « Programme intégré sur le recrutement équitable » et « Communauté Tunisienne Résidente en Suisse »
    Fin de l’infobox

    Depuis le Printemps arabe, les défis sociaux, politiques et économiques à relever en Afrique du Nord, y compris en Tunisie, sont toujours nombreux. Notamment parce que la Tunisie doit faire face à un double mouvement : l’émigration de ses citoyens et l’immigration ou le transit de réfugiés en provenance d’autres pays.

    Les perspectives du marché du travail en Tunisie et dans la région sont faibles. Même les personnes qualifiées ont peu de chances de trouver un emploi. Le taux de chômage atteint 29% chez les jeunes (2017). À cela s’ajoutent les conflits, notamment en Libye et dans la Corne de l’Afrique, qui provoquent instabilité et flux migratoires.

    Selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), entre 2011 et 2017, quelque 94’000 personnes ont quitté la Tunisie, dont 84% pour l’Europe. En 2018, 5000 Tunisiens ont atteint les côtes italiennes et, fin octobre, 262 demandes d’asile de citoyens de ce pays avaient été déposées en première instance en Suisse.

    Deux initiatives visent à accroître les chances des jeunes Tunisiens sur le marché du travail et à améliorer leurs conditions de travail en Tunisie. Le projet de la DDC « Communauté tunisienne résidant en Suisse », mis en œuvre avec l’ambassade de Suisse à Tunis, utilise les capacités et le savoir-faire de la diaspora tunisienne en Suisse pour le développement social et économique dans le pays d’origine. Les projets contribuent, par exemple, à mettre en adéquation les compétences des jeunes Tunisiens avec celles recherchées sur le marché du travail local. Le « Programme intégré sur le recrutement équitable »vise également à prévenir l’exploitation des travailleurs migrants et à améliorer les processus de recrutement. Avec le soutien de la DDC, ce projet de l’OIT est appliqué dans trois régions du monde particulièrement touchées par les migrations de main-d’œuvre.

    La #Corne_de_l’Afrique : Autorité intergouvernementale pour le développement

    La Corne de l’Afrique abrite 7 millions de personnes ayant dû fuir leurs pays, soit la plus forte concentration de déplacés au monde. Les pays de cette région figurent parmi les moins développés du globe, 13 millions de personnes y souffrent de pénuries alimentaires. A cela s’ajoutent les conflits violents, les attaques de groupes islamistes, tel Al-Shabaab, ainsi que les sécheresses cycliques qui déstabilisent la région.

    Dans la Corne de l’Afrique, il tombe moins de 600mm de pluie par an sur environ 70% du territoire. Dans le même temps, cette région a connu des inondations dévastatrices en 2018. Raisons pour lesquelles les terres agricoles sont rares et déclenchent des conflits tout comme une pauvreté persistante. Les attentats terroristes et le taux de chômage élevé, en particulier chez les jeunes (environ 60%), expliquent pourquoi la population cherche du travail et des revenus à l’étranger.

    Près de 80% des migrants et réfugiés de la Corne de l’Afrique restent sur le continent africain. Les Somaliens et les Erythréens figurent cependant parmi les 10 premiers demandeurs d’asile en Suisse. En 2017, 3375 demandes d’asile provenaient d’Érythréens (soient 34,8 % de moins que l’année précédente) et 843 de Somaliens (moins 46,7 %).

    Les huit États membres de l’Autorité intergouvernementale pour le développement, créée en 1996 et soutenue par la #DDC, le #SEM et la #Division_Sécurité_humaine sont l’Éthiopie, Djibouti, l’Érythrée, le Kenya, l’Ouganda, la Somalie, le Sud-Soudan et le Soudan. Notons toutefois que l’aide à l’Érythrée a été suspendue depuis 2007. Dans l’objectif d’une migration ordonnée et de la protection des migrants, la coopération régionale est encouragée et les structures nationales renforcées. Cette coopération vise également à stabiliser l’ensemble de la région et à endiguer les causes des migrations. Concernant l’Erythrée, une réintégration de ce pays est à l’étude.

    https://www.swissinfo.ch/fre/pacte-sur-les-migrations_comment-l-aide-suisse-au-d%C3%A9veloppement-rel%C3%A8ve-le-d%C3%A9fi-de-la-migration/44616782
    #Suisse #aide_au_développement #asile #migrations #réfugiés #paix #développement #global_compact #Erythrée

  • Le groupe Bolloré mis en examen pour « corruption » dans l’affaire des ports africains
    https://www.lemonde.fr/police-justice/article/2018/12/13/le-groupe-bollore-mis-en-examen-pour-corruption-dans-l-affaire-des-ports-afr

    Six mois après la garde à vue du milliardaire Vincent #Bolloré, sa holding a été mise en examen à son tour, mercredi 12 décembre, dans l’enquête sur des soupçons de #corruption dans le cadre de l’obtention de concessions portuaires en Afrique de l’Ouest, a annoncé le groupe.

  • Centrafrique : Des gilets jaunes réclame la fin du Franc CFA et du système néocolonial de la France
    http://www.24jours.com/des-gilets-jaunes-reclame-la-fin-du-franc-cfa

    À Bangui, capitale de la République centrafricaine, un groupe de plus de 300 hommes vêtus d’un gilet jaune sur des motos sont allé dans la rue en criant pour la fin de la FCFA et du système néocolonial de la France. Cela vient après que le mouvement des gilet jaune en france ont revendiquent dans leur charte la fin du pillage de l’Afrique par la France

    #francafrique #giletsjaune #vive_internet

  • Le massacre de l’Union Minière à Lubumbashi (9 décembre 1941) Ludo De Witte - 9 Décembre 2018 - Congo Indépendant - Investigaction
    https://www.congoindependant.com/le-massacre-de-lunion-miniere-a-lubumbashi-9-decembre-1941/#_edn5
    https://www.investigaction.net/fr/le-massacre-de-lunion-miniere-a-lubumbashi-9-decembre-1941

    L’Africa Museum de Tervuren rénové, rouvre ce 9 décembre 2018 : voilà l’occasion ou jamais de revenir sur le massacre par l’armée coloniale belge (la « Force Publique »), de travailleurs noirs de l’Union Minière partis en grève en 1941. Ces ouvriers avaient arrêté le travail pour réclamer des salaires décents. Si l’on veut vraiment décoloniser notre espace public et notre histoire collective, on se doit de dire ce qu’a représenté et représente toujours cette entreprise, joyau à l’époque de la Société générale de Belgique, multinationale stratégique toujours en activité aujourd’hui sous le nom d’Umicore. Il convient de parler de l’énormité des profits accumulés par l’Union Minière/Umicore au Congo, et de rappeler que des dizaines de milliers de Congolais les ont payés de leur sueur et de leur sang, parfois de leur vie. Ce devrait être l’une des finalités du musée de Tervuren.

    Avant de raconter l’histoire de ce bain de sang, une suggestion me paraît ici de mise. Il est bon d’écrire l’histoire et encore mieux de la transposer sous une forme adaptée dans un musée, mais pour ancrer durablement dans la mémoire collective des événements autrement révélateurs et symboliques, il est nécessaire de la rendre visible dans l’espace public. A l’époque où l’identification de cadavres de soldats tombés pendant les deux guerres mondiales de 1914-18 et 1940-45 se poursuit et où se poursuit le repérage des fosses communes des victimes de la guerre civile Espagnole (1936-39), pour ne mentionner que ces cas d’espèce, le temps n’est-il pas venu qu’on exige de l’Etat belge et de l’Umicore qu’ils mettent tout en œuvre pour que soient retrouvées les cadavres des ouvriers massacrés dans l’ancien Elisabethville de 1941, et qu’on érige à leur martyre, un monument digne de leur mémoire ? Un lieu de mémoire qui, partant de ce massacre, immortalise le calvaire du peuple congolais au cours de ces années sombres et pénibles ?
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    Ce que la Belgique et ses alliés durant la Deuxième Guerre ont exigé comme effort de la part des Congolais fut impitoyable. Comme je l’écris ailleurs, « Pendant ces années de guerre l’Afrique centrale s’était transformée en un immense camp de forçats au service de l’industrie de guerre alliée[ii]« . Dès le départ, le travail forcé a été à la base de la colonisation, d’abord sous le régime de l’Etat indépendant du Congo, propriété de Léopold II, mais ensuite encore lorsque cet Etat devint une colonie belge en 1908. Le Père Le Grand déclarait au Congrès colonial de 1926 : « La façon dont se font les recrutements dépassent toutes les bornes. On a vu des groupes entiers de Noirs se diriger la corde au cou vers les chantiers et on a vu des chefs médaillés [chefs à la solde de la Colonie] à l’occasion du recrutement faire la chasse à l’homme. Bientôt ils essayeront de s’évader quitte à mourir en hommes plutôt que d’avoir l’impression d’être esclaves[iii]« .

    Durant la guerre, cette situation s’est aggravée. Le nombre de Congolais astreints au travail forcé, est passé de 480.000 à 850.000 doublant donc quasiment. Mais le durcissement de l’exploitation prit encore d’autres formes, impactant la population toute entière. Ainsi le nombre de jours ouvrables durant lesquels chaque Congolais mâle adulte devait se consacrer à des « tâches de la communauté » passa de 60 à 120 jours par an. Quant à la superficie de la culture forcée (coton, manioc, riz, noix de palme), elle se vit tripler de 300.000 à 900.000 ha. Le Père Hulstaert écrit que l’ordre donné par les autorités de gagner la forêt en vue d’y récolter le caoutchouc provoqua » une vague de peur et d’horreur dans les régions de la forêt tropicale, tant la mémoire de la période terrible de la récolte du caoutchouc dans l’Etat indépendant du Congo était restée vive chez beaucoup de gens[iv]«  . La pénurie et la dévaluation du franc congolais, lié au franc belge diminua considérablement le pouvoir d’achat des salariés. C’est ici qu’il convient d’évoquer les événements sanglants de décembre 1941 à l’Union Minière du Haut Katanga.


    Colonie belge 1941 – Gouverneur Maron aux martyrs de l’UMHK à Lumumbashi

    Le premier qui ait étudié ce dossier est Jules Marchal, ancien administrateur colonial belge puis ancien ambassadeur et, à sa retraite, historien-amateur et chercheur. Il se mit à fouiller les archives de son ancien employeur. Jules Marchal découvrit, à sa grande surprise, dans des documents officiels, que la colonisation belge se fondait sur une série de crimes contre les populations qui lui étaient soumises. Scandalisé par ses découvertes, il dépensa tout son temps et toute son énergie à l’étude de centaines de milliers de documents conservés aux Archives Africaines du Département des Affaires Etrangères à Bruxelles. Une bonne douzaine d’ouvrages sont issus de ces recherches, tous couvrant la période 1885-1945. Ils rassemblent les données de base qui permettent de comprendre l’exploitation coloniale, sous Léopold II puis sous l’administration belge.

    Je vais ici largement puiser dans le récit que fait Jules Marchal des évènements de 1941 dans son Travail forcé pour le cuivre et pour l’or[v]. Pour les reconstituer, il se fonde sur le journal d’Amour Maron, gouverneur du Katanga à l’époque. Il en a trouvé une copie dans les archives du Consulat belge à Lubumbashi. J’y ajoute quelques autres données tirées de mes archives personnelles. L’intérêt de tout ceci ne se limite pas à l’année 1941. La gravité du massacre de cette année-là marque à ce point les travailleurs de l’Union Minière, elle les terrorise tant que cela permet d’expliquer pourquoi, dans les décennies qui suivent, ils n’ont joué aucun rôle de premier plan, même pas au temps de la décolonisation, même pas pour organiser des arrêts de travail de quelque envergure. Le texte qui suit est de Jules Marchal, le mien est en italique.

    PRÉLUDE
    A partir de 1928 l’Union Minière fit figure au Congo et en Europe d’employeur modèle, développant pour les travailleurs ses services médicaux et prenant en charge leur formation professionnelle au maniement de l’outillage et à son entretien. [Le directeur général en Afrique de l’Union Minière] Léopold Mottoulle, s’évertua à stabiliser la main d’œuvre africaine. Il s’appliqua à en faire, à travers des services sociaux de pointe, un réservoir d’ouvriers dévoués et industrieux. Il considérait les travailleurs comme de grands enfants, qu’il fallait diriger en bon pater familias, décidant de ce qui était bon pour eux et de ce qui ne l’était pas, fixant le niveau des salaires selon son bon plaisir.

    [Bien que le logement et l’alimentation de base étaient fournis en nature par l’UM, le niveau de ces rémunérations en nature était celui d’un salaire de famine] et il se conçoit que les « grands enfants » n’étaient pas très heureux des décisions dans ce domaine du « père de famille ». Ce fut tout particulièrement le cas à la fin 1941. Le salaire de base (c’est-à-dire celui d’un manœuvre débutant), avait retrouvé, après la chute observée au cours de la crise des années 1930, son niveau de 1930 : 2 francs par jour. A la même époque, depuis le commencement de la Seconde Guerre mondiale, le coût de la vie s’était considérablement élevé. Comme lors de la Première Guerre, la monnaie nationale s’était fortement dépréciée.

    Le 6 novembre 1941, l’administration coloniale du Katanga et la direction de l’Union Minière et de la Sermikat se réunissent à Elisabethville (Lubumbashi). Monseigneur Jean-Félix de Hemptinne, évêque du Katanga, est présent. A l’ordre du jour, une enquête de l’administration coloniale qui démontre que le minimum vital pour un travailleur célibataire, de 939 francs par an au 10 mai 1940, s’est élevé à 1.503 F au 1er août 1941, soit une augmentation de 71%. Le salaire moyen en ville est de 700 F, à comparer au chiffre de 1.503 F de l’enquête. Ceci « peut expliquer dans une certaine mesure la recrudescence des vols », affirme un des participants à la réunion. Sans augmentation de salaires, « des troubles graves » sont à craindre, opine l’évêque de Hemptinne. On se met d’accord sur la nécessité d’une augmentation des salaires de 30 à 40%[vi]. Mais rien n’est mis en œuvre pour la faire appliquer.

    Des années plus tard le journal katangais L’Informateur décrit le caractère explosif de la situation en ces termes : « En avril 1941, l’attention de l’administration est attirée sur l’incidence du renchérissement permanent du coût de la vie, sur l’esprit des indigènes. A cette date, les salaires et traitements des Européens ont été revalorisés dans d’acceptables proportions, tandis que les travailleurs indigènes, à quelques exceptions près, vivent toujours sous le régime du temps de paix. A la Cité comme dans les camps d’organismes tels que l’Union Minière et le BCK, les esprits sont remontés, les meneurs, qui ne sont encore que des péroreurs de carrefour, s’agitent. Les autorités qui sont en contact direct et permanent avec le travailleur doivent consigner dans leurs rapports que les revendications des indigènes sont justifiées. Mais l’administration supérieure continue à faire la sourde oreille »[vii].

    DES GRÈVES ÉCLATENT
    Shituru, situé près de Jadotville (Likasi), avec ses usines de production de cuivre électrolytique et la fonderie de Panda toute proche, constituent à cette époque le complexe industriel le plus important de l’Union Minière. Au mois d’octobre 1941 les ouvriers blancs y avaient débrayé et rapidement eu gain de cause. A l’exemple de cette grève des Blancs, dans la nuit du 2 au 3 décembre, des Africains du camp de Shituru, auxquels se sont joints leurs camarades de Panda, décident de faire grève le 4 au matin pour obtenir une augmentation de leurs salaires. Le 3, au matin, Léon Mutamba, le porte-parole des grévistes, en informe le chef du camp de Shituru. Celui-ci alerte immédiatement la direction générale de la société à Elisabethville, laquelle avise le gouverneur Maron. La direction se déclare dans l’impossibilité de céder face à la menace et obtient du gouverneur qu’il maintienne l’ordre et la discipline chez les travailleurs.

    Se fondant sur la législation par temps de guerre, Maron promulgue le même jour un arrêté réquisitionnant tous les travailleurs, sous peine de cinq ans de prison pour les récalcitrants (…) Le jeudi 4 décembre, avant l’aube, des camions de l’Union minière transportent les soldats de la Force Publique, l’armée de la colonie, jusqu’aux camps. A l’entrée du camp de Shituru, la troupe se heurte à 500 travailleurs, en route pour Panda. Elle les maintient sur place puis les refoule. A Panda elle entoure un groupe massé près de l’école.

    Le directeur général de l’Union Minière, Léopold Mottoulle, tente d’établir le contact avec des groupes de grévistes. Il promet une augmentation de salaire à ceux qui reprendront le travail à 11h, alors que les autres n’obtiendraient rien. Il n’est pas entendu, on lui lance des pierres. Furieux et écœuré par l’attitude de ses « grands enfants », il est accueilli à Panda par les clameurs et les protestations des femmes. Elles se plaignent de l’insuffisance des rations de viande et de poisson. Parmi les équipes de jour de Shituru et Panda, soit 1.800 personnes, 1.400 ouvriers sont en grève. Seuls les recrues et les ouvriers spécialisés travaillent.

    Les officiers blancs de la Force publique, craignant d’être débordés par les grévistes, ordonnent à leurs hommes de faire preuve de sang-froid et de ne pas répondre aux provocations. Ils réclament l’envoi urgent de renforts de Lubumbashi. Le bilan des échauffourées est relativement léger : cinq blessés dont un soldat.

    Il n’y a qu’un seul incident qui tourne au drame lorsque le commandant du bataillon de la Force Publique Cardoen tue un gréviste d’une balle de revolver. Les renforts arrivent par train en début de soirée. Les soldats patrouillent la nuit. Le 5 décembre tout est calme à Shituru et Panda. 85% des membres du personnel se présentent au travail, mais le cœur n’y est pas ; il y a partout de vifs échanges. Au cours des deux journées suivantes, menaces ou rumeurs de grève se multiplient dans plusieurs sièges d’exploitation de l’Union Minière.

    GRÈVE DANS LA CAPITALE DU KATANGA
    Le lundi 8 décembre, les travailleurs débraient à Kambove et à la mine voisine de Shanguluwe. Ils réclament une augmentation de 1,50F par jour au lieu des cinquante centimes proposés. A Kambove les femmes se joignent aux hommes pour se plaindre des rations alimentaires. Le même jour, les menaces de grève se précisent à Luishia et à Kipushi. Deux pelotons sont envoyés à Kipushi. Par ailleurs, le même lundi à la Lubumbashi, la situation se dégrade d’heure en heure à la fonderie et aux camps avoisinants. Mottoulle tient personnellement le gouverneur Maron au courant, après lui avoir dit au matin regretter qu’on n’ait pas agi avec plus de fermeté à Jadotville.

    Le gouverneur prie le major Michel Vincke, le commandant militaire d’Elisabethville, d’envoyer des troupes sur place, afin de disperser les manifestants et d’arrêter les meneurs. Le procureur du roi, Paul Van Arenbergh, et le procureur général, Jean-Marie Devaux, se rendent sur les lieux, de même que le commissaire de district. Van Arenbergh fait arrêter deux meneurs, ce qui fait monter la tension. Les ouvriers se massent devant le bureau du chef de camp et, de la foule, montent des invectives. A 23h Mottoulle téléphone à Maron que la troupe se prépare à faire usage de ses armes. A minuit, les manifestants sont dispersés, après qu’un soldat ait été blessé par le jet d’une brique.

    AU STADE DE FOOTBALL
    Le mardi 9 décembre, à 6h du matin, le gouverneur Maron se rend au camp central de Lubumbashi. Il ordonne aux travailleurs de se rassembler au stade de football et met en place à la tribune un peloton de soldats— démonstration de force. René Marchal, l’administrateur du territoire, est aussi sur place. Confronté aux souffrances des travailleurs, il avait décrété en juin 1941 que tous les employeurs devaient fournir gratuitement le bois de chauffage à leurs travailleurs. Cette initiative, qui équivalait en quelque sorte à une augmentation mensuelle des salaires des travailleurs de 15F, n’avait pas été appréciée par l’administration provinciale. Plus tard, on l’avait obligé à revenir sur cette décision.[viii]

    Selon René Marchal, ce 9 décembre une foule de 1.500 à 2.000 Noirs, hommes, femmes et enfants, est rassemblée sur le terrain de football. L’administrateur territorial, qui parle la langue locale et connaît bien la population noire, est formel : « Les grévistes n’avaient aucune intention belliqueuse. Il s’agissait d’une manifestation pacifique contre la non-adaptation des salaires au coût de la vie. Par contre, l’air résolu de la troupe, et surtout des officiers, de même que l’état de surexcitation du gouverneur Maron me firent appréhender le pire. (…) Maron paraissait avoir perdu le contrôle de ses nerfs. A chaque clameur de la foule, il levait les bras et secouait ses poings en signe de colère. Il ne tenait pas en place ».[ix]

    Après un entretien de Maron avec le numéro 1 de l’Union Minière Jules Cousin, Marchal reçoit du gouverneur cet ordre : « Vous pouvez aller parler aux grévistes, mais je vous défends de leur faire la moindre promesse. Faites-les rentrer chez eux et dites leur qu’après cela on examinera leur problème. Le capitaine De Milde va vous accompagner avec sa compagnie »[x]. Il n’y avait rien de mieux à faire pour que la situation ne dégénère et, pire : envoyer le message aux grévistes qu’ils n’obtiendraient rien, après avoir été sommés de se rassembler au stade de football, accompagnés de leurs familles (la chose avait manifestement suscité des espoirs chez les grévistes), et cela sous la menace de soldats lourdement armés— non avec des fusils, mais des mitraillettes—, dans une ambiance de suspicion réciproque entre travailleurs (dont certains leaders avaient été arrêtés) et soldats (l’un d’eux avait été blessé la veille).

    Maron, Cousin et Mottoulle, l’administration coloniale et les sociétés coloniales : tous voulaient maintenir les ouvriers noirs dans le carcan du paternalisme, pilier de la colonisation belge. Dans l’univers colonial, on ne négocie pas avec ces grands enfants. Plus encore : on ne discute pas avec eux de leurs revendications même si on les considère comme légitimes. Les Noirs devaient se taire, se satisfaire de ce qu’on leur donnait et s’incliner devant les refus qu’on leur opposait. Toutes les tentatives de rébellion — et même la simple expression d’un mécontentement — devaient être réprimées, jamais reconnues !

    « SI L’ON M’AVAIT DONNÉ LE POUVOIR DE NÉGOCIER… »
    L’administrateur de territoire Marchal et son adjoint sont bien reçus par la foule : « Les grévistes s’étaient respectueusement écartés pour nous laisser passer. Tout le monde observa un silence respectueux pour m’écouter ». Les travailleurs avaient ôté leur chapeau : « la foule faisait preuve d’un respect parfait à mon égard », note Marchal. Il leur dit « qu’ils avaient des raisons de n’être pas tout à fait satisfaits, étant donné que le coût de la vie avait augmenté dans de telles proportions qu’il ne leur était plus possible, avec le taux ancien des salaires, de faire face à tous leurs besoins de famille », mais, vu l’état de guerre « que nous avons tous des sacrifices à consentir, que les Européens avaient à supporter des restrictions aussi bien qu’eux (…) Je leur donnai l’assurance que le gouvernement ferait tout son possible pour eux et que l’Union Minière était disposée à leur accorder une augmentation générale »[xi].

    Marchal va plus loin que ce qu’on lui avait permis de dire, mais le résultat est —momentanément — là : « Je terminai en les exhortant tous à rentrer chez eux directement et en les prévenant de l’état de surexcitation de la troupe… » La foule commence à quitter les lieux. Sauf plusieurs leaders qui, croyant que l’administrateur territorial a le mandat pour négocier, insistent. Marchal écrit : « plusieurs meneurs réclamèrent tout d’abord la libération de leurs camarades arrêtés la veille. D’autres réclamèrent une promesse formelle d’augmentation ». Un ouvrier propose une augmentation de 5 francs par jour, une revendication jugée par Jules Marchal comme « pas tellement exagérée ». Cet ouvrier, c’est peut-être Léonard Mpoy, qui est identifié par Jules Marchal dans son livre comme le leader de la grève. L’administrateur territorial conclut : « J’eus l’impression en tous cas qu’une solution rapide du conflit eût pu être réalisée aisément si l’on m’avait donné le pouvoir de négocier avec eux »[xii]. Malheureusement, ce n’est pas le cas…

    LE MASSACRE
    Le Gouverneur Maron s’approche à son tour de la foule et parle aux grévistes. René Marchal observant la scène écrit : « J’eus la conviction qu’il n’existait aucun danger pour personne. Encore une demi-heure de patience et, j’en suis convaincu, les grévistes seraient rentrés chez eux ». C’est alors que le capitaine De Milde, officier de la Force Publique, s’adresse aux grévistes puis leur fait trois sommations. Elles sont énoncées en lingala, la langue officielle de l’armée coloniale ; une langue, dit René Marchal, « que pas un gréviste sur 100 ne comprenait. Les sommations restèrent sans effet. Le capitaine ordonna alors à ses hommes d’avancer baïonnette au canon. Pas un gréviste ne broncha. Les soldats hésitèrent à entrer en action, puis au lieu de piquer avec leurs baïonnettes, ils voulurent faire circuler à coup de crosses de fusils. Aussitôt un des grévistes a voulu s’emparer d’un fusil. Au même instant un coup de feu partit qui déclencha instantanément une fusillade générale qui dura 8, 10, 15 secondes, je ne sais au juste »[xiii].

    La scène est horrible : « Une trentaine de cadavres jonchaient la tribune, des blessés se tortillaient dans les fils de fer barbelés, d’autres agonisaient dans une mare de sang. Une fuite éperdue des rescapés s’ensuivit. (…) la plaine de football se vida rapidement, à l’exception de quelques dizaines d’indigènes qui, sans souci du risque, se précipitèrent au secours des victimes. Des femmes surtout étaient accourues, et jetaient des cris de désespoir en reconnaissant leur mari parmi les tués ». La compagnie se retire, pendant que des infirmiers emportent les blessés sur des brancards vers une ambulance.[xiv] Bilan officiel du massacre : 45 hommes, 2 femmes et 1 enfant tués, 74 blessés. Une cinquantaine de blessés mourront le lendemain, selon le syndicaliste belge Georges Lievens, sympathisant des grévistes[xv]. A midi, à Luishia la troupe se prépare à disperser à nouveau un rassemblement de grévistes. Au même moment les travailleurs de la mine de l’Etoile, descendant sur Elisabethville pour se plaindre également de leur ravitaillement, font demi-tour à la nouvelle de ce qui vient de se produire.

    Devant l’hôpital indigène 3 à 400 personnes attendent dans le calme les nouvelles des blessés. Entre-temps, « le personnel blanc de l’Union Minière décide de protester contre le massacre en organisant une grève de quelques heures ». L’administrateur territorial écrit plus tard : « J’eus l’occasion par la suite de me rendre compte combien les travailleurs indigènes avaient apprécié cette manifestation de sympathie à leur égard »[xvi]. Mais les autorités sont d’un autre avis, car la ségrégation entre Noirs et Blancs est un des piliers du système colonial. Le syndicaliste belge Georges Lievens va faire les frais de cet acte de solidarité.

    LE JOUR D’APRÈS
    Que faire des corps ? Mottoulle propose de les inhumer dans une fosse commune, mais l’administration refuse. Une cinquantaine de détenus de la prison locale sont réquisitionnés pour creuser des tombes individuelles au cimetière de la ville. On désire faire vite, sans les rites habituels des funérailles, loin des familles, parce qu’on craint que cette cérémonie ne provoque de nouveaux désordres. Il fait encore nuit – la nuit du 9 au 10 – quand environ 45 cadavres sont jetés dans deux camions et transportés vers le cimetière, où les détenus achèvent de creuser les dernières tombes. Un détachement de soldats prend position autour des tombes. Le jour se lève — un jour qui « restera sans doute le jour le plus horrible de ma vie », écrit l’administrateur territorial Marchal, qui est présent. « Des miasmes repoussants empestaient l’atmosphère. Des liquides fétides ruisselaient des deux véhicules. Les cadavres gluants glissaient des mains des prisonniers et dégringolaient au sol avec un bruit sourd. Spectacle d’une horreur indescriptible »[xvii]. Sans cérémonie aucune, sans un dernier hommage, et pour les proches et survivants, sans identification de l’endroit où ils sont enterrés : « le mystère règne autour de la sépulture clandestine des cadavres déchiquetés de ces victimes »[xviii].


    Le 9 décembre 1941 à Lubumbashi, martyrs de L’UMHK (Gouverneur Maron)

    Pendant que les corps sont inhumés, le travail reprend dans tous les chantiers et usines de I’Union Minière. La plus grande grève de l’histoire coloniale belge se termine. L’UMHK alloue une somme de 300 francs à la famille de chacune des victimes, se fondant sur le montant semblable habituellement versé en cas de décès d’un travailleur, alors que, en juillet 1941, le tribunal de première instance d’Elisabethville avait accordé une indemnité de 1.000 francs à la famille d’un travailleur de la Gécomines, tué dans un accident de travail. Le bain de sang terrifie les esprits : l’Union Minière en sera quitte avec les grèves de travailleurs africains jusqu’à la fin du Congo Belge.

    LES SUITES
    Le 11 décembre l’Union Minière décide une hausse générale des salaires de 25% et de 50% par rapport à ceux d’octobre. Ainsi le salaire de 2 francs passe à 3 francs, celui de 12 francs à 15 francs. Deux semaines plus tard la hausse est communiquée aux capitas de l’Union Minière. L’administrateur territorial Marchal écrit : « Cette décision n’était que trop justifiée depuis longtemps. Elle arriva malheureusement un peu tard. Ce que je n’ai pu m’expliquer, c’est la mauvaise grâce avec laquelle l’Union Minière se résigna à concéder un réajustement si manifestement impérieux. (…) Il y eut surtout une faute psychologique impardonnable de la part de l’Union Minière et du gouvernement se refusant nettement de mettre quoi que ce soit en œuvre pour rechercher sur place une solution pacifique du conflit, alors que celle-ci eût certainement été trouvée immédiatement par une concession de la plus élémentaire justice ; dans le domaine du réajustement des salaires. (…) la répression de cette grève [fut menée d’une façon] inconsidérée, stupide et criminelle »[xix].

    Il reste à la Justice de condamner nombre de gens appréhendés comme meneurs aux différents sièges d’exploitation et à la Sûreté et au Parquet d’enquêter sur le rôle des syndicalistes blancs, impliqués dans la grève selon Cousin. Les ouvriers blancs avaient cessé le travail immédiatement après le massacre, « pour protester contre l’assassinat dont venaient d’être victimes nos frères noirs », en affirmant « que c’était la Société Générale qui avait fait tirer le gouvernement et que, si la Générale avait fait tirer sur les Noirs, elle le ferait un jour sur nous ». Un groupe d’ouvriers européens avait, en passant devant le bureau de la direction générale de l’UMHK crié « Nous ne voulons plus travailler avec des assassins »[xx]. Le syndicaliste belge Georges Lievens est accusé d’avoir fomenté la grève. Licencié par l’Union Minière, il est condamné le 31 décembre 1941 à 8 jours de prison et à 25 francs d’amende pour injures au procureur Van Aerenbergh, qu’il a accusé d’être vendu à l’administration coloniale et à l’Union Minière. De 1941 à 1944, il erre à travers tout le Congo, pour retourner fin 1944 à Elisabethville, où il se fait engager par le Service des Finances de la ville. Il continue de dénoncer les responsabilités belges dans le massacre, ce qui provoque son licenciement[xxi].

    Près d’une année après le massacre, Maron est promu inspecteur d’État, tout en conservant son poste de gouverneur du Katanga. De très hautes distinctions honorifiques étaient réservées à Amour Maron : commandeur des Ordres du Lion et de Léopold II, officier de l’Ordre de Léopold et de l’étoile africaine, commandeur de l’Ordre du Christ du Portugal, et porteur de l’étoile des services en or[xxii]. Il n’est pas le seul à ne pas avoir pâti du rôle qu’il a joué dans les événements : « Quelques mois après la grève, dans le salon de réception de la résidence du gouverneur, quelques minutes après l’annonce d’une très haute promotion [accordée au capitaine De Milde] par Mr. le ministre [Albert] de Vleeschauwer », écrivit l’administrateur Marchal, j’entendis cette réflexion de la bouche même d’un magistrat : « Tel est le prix du sang de cinquante martyrs »[xxiii].

    ORGANISER L’OUBLI
    Depuis, l’oubli s’organise. L’angoisse d’une population terrorisée par les événements y aide. Cette brutale démonstration de force est complètement occultée par la presse coloniale. Le Courrier d’Afrique, sous le titre « Désordres graves à I’Union Minière », parle « de graves menaces sur la troupe appelée à intervenir pour maintenir l’ordre dans certains centres de l’UMHK ». Un jour, à l’anniversaire de la boucherie, des fleurs sont déposées sur le lieu du drame. Ce geste est très mal vu de l’Union Minière, qui décide de détruire le stade de football. Depuis lors, « le lieu est devenu un terrain inoffensif ; un terrain vague hérissé de quelques herbes où les gosses s’adonnent volontiers à des parties de jeux », peut-on lire dans le journal katangais Mwango-Hebdo, à la fin de l’année 1973.[xxiv]

    La population n’a que de vagues souvenirs des événements, bien que le massacre ait retenti dans la conscience collective. Dans la peinture populaire et dans des récits assez vagues on impute la responsabilité du massacre au gouverneur Maron, qui aurait déclenché le bain de sang en tuant un leader des grévistes[xxv]. Lors d’un séjour à Lubumbashi en 2008, j’ai parlé avec d’anciens ouvriers de l’Union Minière qui n’avaient pas vécu le drame, mais qui furent engagés plus tard par cette société. Jean Munonga (1939) estimait que de 20 à 30 travailleurs avaient été tués ; Kamanda Ngongo (1930) me parla de 30 à 40 morts. Dans Mwango-Hebdo le commis Mulongoi, un survivant du massacre, parle de 120 morts.Plus tard, sous Mobutu, l’ancien PDG de la Gécamines, Mulenda Mbô, voulut ériger un monument aux morts à l’ancien emplacement du stade de football. Une fondation avait été constituée, et un projet de monument élaboré : un ensemble de statues devaient représenter un ouvrier qui travaille, trois autres en grève, et un policier ou un soldat qui les frappe. Mais le projet n’a pas été mené à bonne fin. A l’endroit de la fusillade il y a eu d’abord un dépôt d’immondices. Ensuite on y a installé un atelier de pierres tombales.[xxvi]L

    Notes
    [i] Auteur de L’assassinat de Lumumba (Karthala, Paris, 2000) et de L’ascension de Mobutu (Investig’Action, Bruxelles, 2018). Cet article, qui doit beaucoup au livre de Jules Marchal Travail forcé pour le cuivre et l’or (1999), a donc été rédigé en français par deux Néerlandophones, Marchal et moi-même. José Fontaine a bien voulu en corriger la langue et je l’en remercie infiniment.
    
[ii] L. De Witte, « Congolese oorlogstranen : Deportatie en dwangarbeid voor de geallieerde oorlogsindustrie (1940-1945) », DeWereldMorgen, 9/1/2016.

    [iii] F. Buelens, Congo 1885-1960. Een financieel-economische geschiedenis, p. 239.

    [iv] G. Hulstaert, dans ARSOM, Le Congo belge durant la Seconde Guerre Mondiale, p. 588.

    [v] La grève et le massacre de 1941, dans J. Marchal, Travail forcé pour le cuivre et pour l’or (1999), pp. 196-199.

    [vi] Sous-commission de la main d’œuvre indigène du Katanga, « Compte-rendu de la réunion du 6 novembre 1941 », dact., 4 p., s.d., Archives LDW.
    
[vii] « La tuerie de la Lubumbashi », l’Informateur, 23 février 1946.

    [viii] René Marchal, « La grève indigène du camp de la Lubumbashi et le massacre du 9 décembre 1941 », le 7 janvier 1946, dact., 9 p., Archives LDW.

    [ix] Ibid.

    [x] Ibid.
    
[xi] Ibid.

    [xii] Ibid. Sur Léonard Mpoy, voir Donatien Dibwe dia Mwembu et Bogumil Jewsiewicki, « De la surpolisation à l’antipolitique, quelques remarques en marge de l’histoire du mouvement ouvrier à l’Union minière du Haut-Katanga (UMHK) et à la Gécamines, 1920-1996 », Brood en Rozen, p. 195.

    [xiii] René Marchal, « La grève indigène du camp de la Lubumbashi et le massacre du 9 décembre 1941 », le 7 janvier 1946, dact., 9 p., Archives LDW.

    [xiv] Ibid.
    
[xv] G. Lievens, « Lettre ouverte à Monsieur Rolus, dirigeant de la Main-d’Oeuvre Indigène de l’Union Minière du Haut Katanga », Elisabethville, tract de 2 p., 9 décembre 1947, Archives LDW.
    
[xvi] René Marchal, « La grève indigène du camp de la Lubumbashi et le massacre du 9 décembre 1941 », le 7 janvier 1946, dact., 9 p., Archives LDW.

    [xvii] Ibid.
    
[xviii] G. Lievens, « Lettre ouverte à Monsieur Rolus, dirigeant de la Main-d’Oeuvre Indigène de l’Union Minière du Haut Katanga », Elisabethville, tract de 2 p., 9 décembre 1947, Archives LDW.

    [xix] « Biographie de Lievens G.P. Ses démêlés avec l’Union Minière », Manuscrit, 2 p., Archives LDW.
    
[xx] Info dans G. Lievens, « Lettre ouverte à Monsieur Rolus, dirigeant de la Main-d’Oeuvre Indigène de l’Union Minière du Haut Katanga », Elisabethville, tract de 2 p., 9 décembre 1947, Archives LDW.
    
[xxi] « Biographie de Lievens G.P. Ses démélés avec l’Union Minière », Manuscrit, 2 p., Archives LDW.

    [xxii] Biographie Amour-Emile-Valentin Maron, Biographie Belge d’Outre-Mer, Ac. Royale des Sciences d’Outre-Mer, T. VI, 1968, col. 692-694.

    [xxiii] René Marchal, « La grève indigène du camp de la Lubumbashi et le massacre du 9 décembre 1941 », le 7 janvier 1946, dact., 9 p., Archives LDW.

    [xxiv] Mwango-Hebdo, « Massacre de 1941. Témoignages de rescapés », fin 1973, doc. Archives LDW. Le 30 novembre 1973, le président Mobutu avait évoqué le massacre dans un discours, ce qui était l’occasion pour Mwango-Hebdo de consacrer quelques articles au drame.

    [xxv] « XXXIV. Maron Alphonse, Governor of Katanga. When he massacred the people of the UMHK », in André Yav (compiled and written), « Vocabulaire du ville de Elisabethville : A history of Elisabethville from its beginnings to 1965 », Archives of Popular Swahili, Vol. 4, Issue 4, 2001. Voir aussi « The history of Zaire as told and painted by Tshibumba Kanda Matulu in conversation with Johannes Fabian », First Session, Part 1, Archives of Popular Swahili, Vol. 2, Issue 2, 1998. Dans ces récits le leader tué serait Léonard Mpoy, mais Mpoy a survécu le drame : en 1974 il est interviewé comme témoin du drame dans la revue Mwango : J. Fabian, « Commenting Kalundi’s comments : Notes on the ethnography of translating the ‘Vocabulary of the town of Elisabethville’ », Journal of Language and Popular Culture in Africa, Volume 1, Issue 3, 2001.
    
[xxvi] « La place a servi… » : Donatien Dibwe Dia Mwembu, communication par email, le 16 novembre 2018.

    #Congo #Tervuren #belgique #colonies #esclavage #massacre #terreur #Katanga #mine #minerai #Union_Minière #Umicore #caoutchouc #Jules_Marchal

  • « Le mouvement des “gilets jaunes” favorise la cohésion intergénérationnelle des milieux populaires », Michelle Zancarini-Fournel
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/10/michelle-zancarini-fournel-le-mouvement-des-gilets-jaunes-favorise-la-cohesi
    Torcy,le 10 novembre : R Priscillia Ludosky, 33 ans, gérante d’une boutique en ligne de cosmétique. "C’est une incompréhension face au coût de l’essence qui m’incite fin mai à lancer une pétition. J’avais envie de savoir si j’étais la seule concernée. Aujourd’hui je ne suis pas étonnée de voir autant de gens qui en ont ras le bol, mais le rassemblement. Très concrètement j’attends aujourd’hui une réponse des pouvoirs publics à ma pétition." BENJAMIN GIRETTE POUR LE MONDE

    Selon l’historienne des #mouvements_sociaux, Zancarini-Fournel la révolte des « gilets jaunes » ressemble à celui contre la « profitation » qui s’était déroulé en 2008-2009 dans les départements d’outre-mer, comme en témoigne le parcours de l’une de ses figures, Priscilla Ludovsky.

    D’origine martiniquaise, Priscilla Ludosky, 33 ans, habitant en Seine-et-Marne, #auto-entrepreneuse et gérante d’une boutique en ligne de cosmétiques est la première à avoir demandé la « baisse des prix des carburants à la pompe » dans une pétition sur Internet qui a recueilli à ce jour plus d’un million de signatures. Peut-être avait-elle, outre le préjudice financier constaté pour son activité professionnelle, le souvenir des mouvements sociaux qui s’étaient déroulés en 2008-2009 dans les départements d’outre-mer (8 jours à la Réunion, 15 jours en Guyane, 44 jours en Guadeloupe, 38 jours en Martinique) pour la baisse du prix des carburants contre la « #profitation », marqués par l’appel de neuf intellectuels antillais à l’initiative de Patrick Chamoiseau et d’Edouard Glissant, un « Manifeste pour les #produits_de_haute_nécessité » qui proposait un autre modèle de société. L’épisode le plus connu a été la grève générale et les #blocages routiers en Guadeloupe (20 janvier-4 mars 2009) conclus par un accord-cadre sur la baisse des #prix à la pompe et la revalorisation des revenus.
    On a souligné la modernité et la mobilité de la mobilisation des « #gilets_jaunes « de 2018 grâce aux réseaux sociaux (même s’il y a eu en 2011 des antécédents dans les « révolutions arabes »), laissant syndicats, partis et représentants politiques à l’écart. Le support matériel et symbolique qui permet la distinction, l’identification et le rassemblement des manifestants est un objet ordinaire, le gilet jaune que doit posséder tout automobiliste, et sur lequel sont parfois inscrits des slogans. L’espace matériel de la mobilisation comme les répertoires d’action permettent de comprendre la protestation avec la politisation d’un espace très spécifique : les barrages aux ronds-points à l’entrée des villes ou aux péages d’autoroute, impliquent une prise de pouvoir temporaire sur des nœuds de communication et donc sur la fluidité caractéristique du fonctionnement des systèmes productifs contemporains.

    Violences populaires

    La mobilisation des « gilets jaunes » a été comparée aux jacqueries de l’Ancien Régime avec leurs révoltes contre le fisc et à la Révolution française, pour les violences populaires, l’usage du drapeau tricolore et de la Marseillaise. Elle a été comparée aussi au poujadisme de 1953-1956 des petits commerçants et des artisans opposés au contrôle fiscal mis en place par l’administration. Si l’on retrouve le même sentiment d’injustice fiscale et le même discours contre les élites, ce ne sont pas exactement les mêmes catégories sociales qui sont concernées (1). Les « gilets jaunes » ne peuvent être non plus assimilés aux revendications des professionnels de la route des années 1990, ni aux « bonnets rouges » qui ont contribué à l’échec de l’écotaxe en 2016, rassemblant petits patrons agriculteurs de la FNSEA, et régionalistes bretons, mais les formes de #violence_populaire et les #répertoires_d’action similaires ne peuvent rendre équivalents les mots d’ordre et les protagonistes impliqués dans des contextes très différents. Il en est de même pour la comparaison avec 1968 (barricades, manifestations violentes à Paris, tentative d’incendie de la Bourse le 24 mai 1968 et le 1er décembre 2018. Si rapprochement il peut y avoir avec 1968, c’est celui de la « crise d’hégémonie » (Gramsci) ou de la « crise du consentement » (Boris Gobille).

    Retour au calme et fin de l’impunité, une urgence pour tous !
    Le mouvement actuel s’est développé sur l’ensemble du territoire – y compris en région parisienne – en particulier dans les villes moyennes, les zones désindustrialisées et les zones rurales qui perdent des habitants. Le parcours de Priscilla Ludovsky témoigne de la diversité du pays au XXIe siècle, mais aussi de celle des protagonistes dans ce mouvement social de grande ampleur territoriale, très éclaté et disparate, sans #porte-parole ni leader jusqu’à ce jour, même si certaines figures sont individualisées à la télévision. Il s’agit d’un mouvement d’interconnaissance avec une cohésion intergénérationnelle, de l’artisan à la jeune #chômeuse en passant par les salariés de l’hôpital et par des #retraités, essentiellement des membres des milieux populaires.

    Présence importante des femmes

    Les photographies des barrages et des manifestations montrent une présence importante des #femmes, une constante dans l’histoire des mouvements populaires, en général occultée. Nombreuses, elles sont souvent #célibataires ou #divorcées, mais il y a aussi des #mères de famille (2). Le mouvement paraît largement soutenu par la population qui condamne la suppression de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) alors que les taxes, entre autres sur les carburants, pèsent sur tous et toutes. La personnalité même et la fonction du chef de l’Etat, surnommé « le roi Macron » comme l’énonce une manifestante venue de la Somme à Paris le 8 décembre, sont mises en cause partout.

    A la Réunion, le mouvement des « gilets jaunes « a pris une tournure plus violente parce que la population rencontre encore plus de difficultés entre #chômage et #précarité_sociale. Des épisodes de rébellions urbaines de la jeunesse marginalisée agitent l’île. Les auteurs des violences urbaines nocturnes surnommés « les cagoules noires », sont assimilés à la population noire, les « kafs » de l’île (descendants des esclaves importés d’Afrique, les Cafres). Au-delà de ces violences, la faillite économique et sociale est patente et les failles s’accroissent dans la population entre ses différentes composantes. Les violences urbaines ne sont cependant pas spécifiques à La Réunion, comme l’ont montré les épisodes parisiens des samedis précédents : sur les lieux symboliques du pouvoir que sont les Champs-Elysées et la place de l’Etoile, groupes d’extrême droite et d’extrême gauche ont agi en même temps que des « gilets jaunes » venus de province.

    Tache d’huile

    Le mouvement semble faire tache d’huile chez les #lycéens, les agriculteurs, les indépendants du bâtiment et les ambulanciers, chacun avançant ses propres revendications. Mais dans plusieurs villes, des « gilets jaunes » ont repris le 8 décembre la position infligée par les forces de l’ordre aux lycéens de Mantes-la-Jolie, à genoux, les mains derrière la tête. Le 4 décembre, Jean-François Barnaba, « gilet jaune » de l’Indre, a énoncé quatre revendications : baisse des taxes, augmentation des bas salaires et des pensions, restauration des services publics, réforme des institutions pour démocratiser la vie politique. Mais, comme nombre d’habitants de sa ville, Le Blanc, ce qui l’anime c’est la fermeture de la maternité, symbole de l’atteinte à l’égalité et à l’humanité.

    Après la 4e journée de mobilisation à Paris le samedi 8 décembre, le bilan est contrasté : les manifestants ont été contenus à Paris par de nombreux contrôles en amont et un millier d’interpellations (considérées comme illégales par la Ligue des droits de l’homme) au prix d’une mobilisation impressionnante des forces de police. Musées, magasins et institutions étaient fermés avec des conséquences économiques importantes. Les marches sur le climat se sont déroulées pour l’essentiel dans le calme, mais des affrontements ont eu lieu, outre Paris, dans de nombreuses villes témoignant de la profondeur de la révolte et de la crise sociale et politique, avec l’attente de la déclaration annoncée du président de la République. Le contexte européen marqué par des composantes populistes autoritaires rend le champ des possibles ouvert et incertain quant à l’avenir de ce mouvement.

    (1) Alexis Spire, Résistances à l’impôt, attachement à l’Etat,, Seuil, 348 p., 22 €.
    (2) Entretien avec le sociologue de l’INRA Benoît Coquard sur le site de Contretemps, 23 novembre 2018.

    #Michelle_Zancarini-Fournel (Historienne, auteure de Les luttes et les rêves. Une #histoire_populaire de la France de 1685 à nos jours, La Découverte/Zones, 2016)

  • #Sida, un héritage de l’époque coloniale

    Des scientifiques mènent une enquête au coeur de l’#Afrique, à la recherche des origines du VIH. Un documentaire captivant, diffusé à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le sida, le 1er décembre.

    Il est l’un des plus grands tueurs de la planète. Avec plus de 36 millions de morts et près de 37 millions de personnes infectées, le sida constitue à ce jour la pandémie la plus destructrice de l’histoire contemporaine. Afin de mieux la connaître, une équipe de scientifiques part sur les traces de son origine, au cœur de l’Afrique, dans l’ancien Congo belge. En parvenant à mettre la main sur d’anciens prélèvements humains contenant le virus, ils arrivent à la conclusion que la première transmission du sida – du chimpanzé à l’homme – se situe autour de l’an 1908, des décennies avant les premiers cas connus.

    Catastrophe en germe
    Les chercheurs ne s’arrêtent pas là. Ils se plongent dans l’histoire coloniale du Congo pour comprendre comment le VIH a pu se propager. Au début du XXe siècle, soucieuses de ne pas perdre la main-d’oeuvre indigène qu’elles exploitent, les autorités coloniales lancent des campagnes massives de vaccination contre la maladie du sommeil, où l’on a souvent recours à des seringues mal stérilisées. De même, la syphilis, qui se répand alors, augmente considérablement les risques de transmission du sida entre les hommes. Parallèlement, le chemin de fer se développe dans le pays car Kinshasa est une plaque tournante de l’industrie minière. Le virus devient mouvant. Lors de l’indépendance du Congo, en 1960, la pandémie couve. Dans les années 1970, les ravages successifs de la guerre civile, puis les errements du régime prédateur de Mobutu, qui ruine l’économie, créent les conditions chaotiques d’une propagation fulgurante du virus...
    Carl Gierstorfer signe un documentaire passionnant, où l’enquête scientifique se mêle à des images d’archives, parfois dures, témoignant de la cruauté et des ravages de la colonisation. Il rappelle également qu’à l’heure où les maladies infectieuses se développent dans le monde entier, les conditions d’une nouvelle pandémie sont peut-être à nouveau réunies.


    https://www.arte.tv/fr/videos/051599-000-A/sida-un-heritage-de-l-epoque-coloniale
    #aids #HIV #colonialisme #colonisation #histoire #santé #maladie #film #documentaire #Congo #Congo_belge #épidémie #pandémie #singes #chimpanzé #VIS #Afrique_équatoriale_française #Cameroun #Congo_français #maladie_du_sommeil #vaccination #syphilis #déforestation #globalisation #prostitution #mondialisation #santé_publique #chasse #contamination_entre_espèces #virus

  • The Ghost of King Leopold II Still Haunts Us – Media Diversified

    https://mediadiversified.org/2015/04/20/the-ghost-of-king-leopold-ii-still-haunts-us-belgium-colonization-

    Merci Meta pour le signalement !

    In an article entitled “The Early Spread and Epidemic Ignition of HIV-1 in Human Populations” in the magazine Science in October 2014, Nuno Faria and his fellow researchers revealed the location of Ground Zero for one of the world’s most deadly infectious diseases—HIV. They discovered that HIV-1 originated in Kinshasa, the capital city of the Democratic Republic of Congo (DRC) and explain that the deadly virus spread throughout the Congo via the railroad network. HIV-1 was subsequently transmitted by Haitian professionals back to Haiti and then to the United States (1).

    Faria and colleagues presented their research findings as follows:

    Our estimated location of pandemic origin explains the observation that Kinshasa exhibits more contemporary HIV-1 genetic diversity than anywhere else. It clarifies why the oldest known HIV-1 sequences were sourced from this city and why several early cases indicative of AIDS are linked to Kinshasa (p. 57).

    #congo #léopold #massacre #génocide #colonialisme

    • ça me rappelle le livre « Les fantômes du roi Léopold » que j’avais lu il y a 20 ans...
      Les Fantômes du Roi Léopold, un #holocauste oublié

      « Le remarquable document d’Hochschild dépasse toutes les autres études sur le Congo. Il montre comment l’Europe entière - et les États-Unis - s’est rendue complice de l’holocauste perpétré par le roi Léopold sur le peuple congolais. », Nadine Gordimer.
      « Un ouvrage exceptionnel, profondément stimulant, qui m’a bouleversé comme l’avait fait en son temps Au cœur des ténèbres, et pour la même raison : parce qu’il révèle les horreurs cachées commises au Congo. Passé obscur, sur lequel Hochschild fait la lumière, c’est notre passé à tous. », Paul Theroux.
      Dans les années 1880, alors que l’Europe se lance dans la colonisation de l’Afrique, le roi #Léopold_II de #Belgique s’empare, à titre personnel, des immenses territoires traversés par le fleuve Congo, afin de faire main basse sur ses prodigieuses richesses. Réduite en esclavage, la population subit travail forcé, tortures et mutilations, au point qu’on estime à 10 millions le nombre d’Africains qui périrent. Tandis que Léopold II continue de cultiver sa réputation d’humaniste, des voix commencent à dénoncer ce crime de masse, donnant naissance au premier mouvement international de défense des droits de l’homme du XXe siècle…
      Avec une force d’évocation exceptionnelle, Adam Hochschild peint le portrait d’un roi mégalomane et décrit les combats de ses opposants, la vie des témoins - explorateurs, missionnaires - et celle des victimes. S’il révèle un épisode tragique de l’histoire contemporaine, il dissèque aussi l’ensemble du système colonial, offrant des clés indispensables à la compréhension d’une actualité dramatique.


      https://www.librairiedialogues.fr/livre/852912-les-fantomes-du-roi-leopold-un-holocauste-oublie-adam-hoch

      Ce livre m’avait profondément marquée...
      #livre

    • Et ce reportage passé sur arte sur la question #sida et #HIV, en lien avec le #colonialisme et la #colonisation :
      Sida, un héritage de l’époque coloniale

      Des scientifiques mènent une enquête au coeur de l’Afrique, à la recherche des origines du VIH. Un documentaire captivant, diffusé à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le sida, le 1er décembre.

      Il est l’un des plus grands tueurs de la planète. Avec plus de 36 millions de morts et près de 37 millions de personnes infectées, le sida constitue à ce jour la pandémie la plus destructrice de l’histoire contemporaine. Afin de mieux la connaître, une équipe de scientifiques part sur les traces de son origine, au cœur de l’Afrique, dans l’ancien Congo belge. En parvenant à mettre la main sur d’anciens prélèvements humains contenant le virus, ils arrivent à la conclusion que la première transmission du sida – du chimpanzé à l’homme – se situe autour de l’an 1908, des décennies avant les premiers cas connus.

      Catastrophe en germe
      Les chercheurs ne s’arrêtent pas là. Ils se plongent dans l’histoire coloniale du Congo pour comprendre comment le VIH a pu se propager. Au début du XXe siècle, soucieuses de ne pas perdre la main-d’oeuvre indigène qu’elles exploitent, les autorités coloniales lancent des campagnes massives de vaccination contre la maladie du sommeil, où l’on a souvent recours à des seringues mal stérilisées. De même, la syphilis, qui se répand alors, augmente considérablement les risques de transmission du sida entre les hommes. Parallèlement, le chemin de fer se développe dans le pays car Kinshasa est une plaque tournante de l’industrie minière. Le virus devient mouvant. Lors de l’indépendance du Congo, en 1960, la pandémie couve. Dans les années 1970, les ravages successifs de la guerre civile, puis les errements du régime prédateur de Mobutu, qui ruine l’économie, créent les conditions chaotiques d’une propagation fulgurante du virus...
      Carl Gierstorfer signe un documentaire passionnant, où l’enquête scientifique se mêle à des images d’archives, parfois dures, témoignant de la cruauté et des ravages de la colonisation. Il rappelle également qu’à l’heure où les maladies infectieuses se développent dans le monde entier, les conditions d’une nouvelle pandémie sont peut-être à nouveau réunies.

      https://www.arte.tv/fr/videos/051599-000-A/sida-un-heritage-de-l-epoque-coloniale

      #film_documentaire #documentaire #film #épidémies #santé #maladie

    • Je viens de voir qu’il y a une « Avenue Léopold II » dans le 16e arrondissement et je me demande « quelle est la date limite » : on aurait pas idée de nommer une rue Pol Pot, Pétain, Staline ou Hitler, mais Léopold II ne pose pas de problème. Date limite, vers 1900 ?

      

      Il y a des exceptions comme Robespierre qui a ses rus en province ou en banlieue mais pas à Paris parce que c’était un personnage « assoiffé de sang » :

      Une rue Robespierre dans la capitale, par Alexis Corbière

      https://www.lemonde.fr/idees/article/2011/06/27/une-rue-robespierre-dans-la-capitale_1541487_3232.html

      ❝Une rue Robespierre dans la capitale, par Alexis Corbière

      Robespierre n’était pas au sein du Comité de salut public le personnage « assoiffé de sang » qu’un vulgaire révisionnisme historique a dépeint par la suite.

      Publié le 27 juin 2011 à 13h35 - Mis à jour le 27 juin 2011

    • @cdb_77 c’est peut-être un autre pétin ? si c’est la bonne orthographe sinon c’est Pétain

      https://www.france24.com/fr/20130409-france-derniere-rue-marechal-petain-debaptisee-belrain

      Le petit village de Belrain, dans la Meuse (Est), possédait la dernière rue en France dénommée en hommage au Maréchal-Pétain. Sur décision de ses élus, le lieu a été débaptisé et attend son nouveau nom. La dernière « rue du Maréchal-Pétain », en France, a été débaptisée.

      Seulement en 2013 !

    • • il y a une rue de Petin à Baileux, juste à côté des bières de Chimay dans le Hainaut belge,

      • il y a une rue du Petin à Verchin, sur les bords de la Lys dans le Pas-de-Calais

      • il y a un Henri Pétin (et quelques autres cf. les homonymes en haut de page)

      Henri Pétin — Wikipédia
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Henri_P%C3%A9tin

      Henri Pétin est un homme politique français né le 16 avril 1870 à Paris et décédé le 20 janvier 1911 à La Seyne-sur-Mer (Var).

      Biographie
      Auteur de théâtre et de chansons sous le pseudonyme d’Henri de Mamers, il est aussi à la tête d’une maison de commerce en métaux à La Seyne-sur-Mer et se lance dans la construction navale. Maire de La Seyne-sur-Mer de 1904 à 1911, conseiller général, il est député du Var de 1909 à 1910, siégeant au groupe radical-socialiste.

  • Des artefacts et des outils en pierre datant de 1,9 million et de 2,4 millions d’années - Ain Boucherit, Algérie remettraient en cause l’idée selon laquelle le berceau de l’humanité serait en Afrique de l’Est.

    1.9-million- and 2.4-million-year-old artifacts and stone tool–cutmarked bones from Ain Boucherit, Algeria.

    Une équipe de scientifiques dirigée par Mohamed Sahnouni, archéologue au Centre national d’investigation sur l’évolution de l’humanité (CENIEH), vient de publier un article dans la revue Science qui rompt avec le paradigme que le berceau de l’humanité repose en Afrique de l’Est. Les vestiges archéologiques découverts sur des sites de la région d’Ain Hanech (Algérie), la plus ancienne actuellement connue du nord de l’Afrique.

    L’Afrique de l’Est a longtemps été considérée comme le lieu d’origine des premiers homininés et de la technologie lithique, car, jusqu’à présent, on savait très peu de choses sur la première occupation et activité des homininés dans le nord du continent. Deux décennies de recherches sur le terrain et en laboratoire dirigées par le Dr Sahnouni ont montré que les homininés ancestraux fabriquaient des outils de pierre en Afrique du Nord à peu près à la même époque que les plus anciens connus de l’Afrique de l’Est datant de 2,6 millions d’années.

    Ce sont des artefacts en pierre et des os d’animaux portant des traces de coupe par des outils en pierre, avec une chronologie estimée à 2,4 et 1,9 millions d’années, respectivement, trouvés à deux niveaux sur les sites d’Ain Boucherit (dans la zone d’étude d’Ain Hanech), datés utilisant le paléomagnétisme, la résonance de spin électronique (ESR) et la biochronologie des grands mammifères excavée avec les matériaux archéologiques.

    Le paléontologue Jan van der Made, du Museo Nacional de Ciencias Naturales de Madrid, a utilisé des fossiles d’animaux tels que des cochons, des chevaux et des éléphants, provenant de sites très anciens, pour corroborer les âges fournis par le paléomagnétisme, obtenus par le géochronologue de la CENIEH. Josep Parés et ESR, trouvés par Mathieu Duval, de l’Université Griffith.

    Technologie Oldowan

    Les artefacts d’Ain Boucherit ont été fabriqués à partir de calcaire et de silex disponibles localement et comprennent des faces façonnées dans des hachoirs, des polyèdres et des sous-sphéroïdes, ainsi que des outils de coupe à arêtes vives utilisées pour traiter les carcasses d’animaux. Ces artefacts sont typiques de la technologie de la pierre Oldowan, connue des sites datant de 2,6 à 1,9 millions d’années en Afrique de l’Est, bien que ceux de l’Ain Boucherit présentent des variations subtiles.

    « L’industrie lithique d’Ain Boucherit, qui est technologiquement similaire à celle de Gona et d’Olduvai, montre que nos ancêtres se sont aventurés dans tous les coins de l’Afrique, et pas seulement en Afrique de l’Est. Les preuves fournies en Algérie changent l’opinion antérieure selon laquelle l’Afrique de l’Est était le berceau de L’humanité. Aujourd’hui l’ensemble de l’Afrique est en réalité le berceau de l’humanité », a déclaré Sahnouni, chef du projet Ain Hanech.

    Pas de simples charognards

    Ain Boucherit est l’un des rares sites archéologiques d’Afrique à fournir des preuves de la présence d’ossements avec des marques de découpage et de percussion in situ avec des outils de pierre, ce qui montre sans équivoque que ces homininés ancestraux ont exploité la viande et la moelle d’oiseaux d’animaux de toutes tailles et de parties du squelette, ce qui impliquait le dépouillement, l’éviscération et excarnation des extrémités supérieures et intermédiaires.

    Isabel Cáceres, taphonomiste à l’IPHES, a déclaré que "l’utilisation efficace d’outils tranchants à l’Ain Boucherit suggère que nos ancêtres n’étaient pas de simples charognards. On ne sait pas encore s’ils ont chassé, mais les preuves montrent clairement qu’ils ont réussi à concurrencer les carnivores et ont eu un premier accès aux carcasses d’animaux. "

    Les outilleurs

    En ce moment, la question la plus importante est de savoir qui a fabriqué les outils de pierre découverts en Algérie. Les restes d’Homininés contemporains des premiers artefacts en pierre n’ont toujours pas été retrouvés en Afrique du Nord. En fait, aucune homininé n’a encore été documentée en association directe avec les premiers outils en pierre connus d’Afrique de l’Est.

    Néanmoins, une récente découverte en Éthiopie a montré la présence d’anciens Homo datant de 2,8 millions d’années, probablement le meilleur candidat également pour les matériaux d’Afrique de l’Est et du Nord.

    Les scientifiques ont longtemps pensé que les homininés et leur culture matérielle étaient originaires de la vallée du Grand Rift en Afrique de l’Est. Étonnamment, les premiers homininés connus datant de 7,0 millions d’années et l’Australopithecus bahrelghazali (3,3 millions d’années) ont été découverts au Tchad, dans le Sahara, à 3 000 km des vallées du Rift, à l’est de l’Afrique.

    Sileshi Semaw, scientifique au CENIEH et co-auteur de cet article, explique que les homininés contemporains de Lucy (3,2 millions d’années) ont probablement erré au nord du Sahara, et que leurs descendants pourraient être responsables de ces traces archéologiques énigmatiques, découvertes en Algérie et proches des contemporains de ceux de l’Afrique de l’Est.

    "Les recherches futures se concentreront sur la recherche de fossiles humains dans les gisements voisins du Miocène et du Plio-Pléistocène, à la recherche des fabricants d’outils et d’outils de pierre encore plus anciens", conclut Sahnouni.

    #Paléolithque #Afrique #berceau_de_l'humanité #industrie_lithique #Oldowan #2.4MaBP

    Journal Reference:

    #Mohamed_Sahnouni
    #Centro_Nacional_de_Investigación_sobre_la Evolución_Humana (#CENIEH), Burgos, Spain.
    #Centre_National_de_Recherches_Préhistoriques_Anthropologiques_et_Historiques (#CNRPAH), Algers, Algerie.
    #Stone_Age_Institute_and_Anthropology_Department, #Indiana_University, Bloomington, USA.

    , Josep M. Parés, Mathieu Duval, Isabel Cáceres, Zoheir Harichane, Jan van der Made, Alfredo Pérez-González, Salah Abdessadok, Nadia Kandi, Abdelkader Derradji, Mohamed Medig, Kamel Boulaghraif, Sileshi Semaw.
    1.9-million- and 2.4-million-year-old artifacts and stone tool–cutmarked bones from Ain Boucherit, Algeria.
    Science, 2018; DOI: 10.1126/science.aau0008

    http://science.sciencemag.org/content/early/2018/11/28/science.aau0008.full

  • Au tribunal de Paris : de la prison en veux-tu en voilà pour les « gilets jaunes » / Mediapart

    On attendait des « casseurs », des vrais de vrais. Les juges ont découvert des ouvriers, des techniciens, des artisans, des jeunes venus à Paris, souvent pour leur première manifestation....

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    Au tribunal de Paris : de la prison en veux-tu en voilà pour les « gilets jaunes » 4 DÉCEMBRE 2018 PAR RACHIDA EL AZZOUZI ET FRANÇOIS BONNE

    Après les affrontements de samedi, 70 personnes ont été jugées en comparution immédiate, lundi, au tribunal de Paris. On attendait des « casseurs », des vrais de vrais. Les juges ont découvert des ouvriers, des techniciens, des artisans, des jeunes venus à Paris, souvent pour leur première manifestation et emportés par les vagues de violence. Les peines de prison – ferme ou avec sursis – sont tombées comme à Gravelotte avec des procureurs décidés à en découdre.

    On allait découvrir les « casseurs », les « pillards », les « factieux » et les « séditieux » ; tous ceux qui ont mis à sac la capitale, samedi 1er décembre, allant même jusqu’à saccager l’Arc de triomphe et offenser la République en éteignant la flamme du soldat inconnu. Les juges du tribunal correctionnel de Paris n’ont pas vu de tels individus, lundi, lors des premières audiences de comparutions immédiates, cette procédure qui permet de juger au plus vite les prévenus.

    Pas de « vrais » casseurs donc, ce lundi, mais un peuple d’ouvriers, d’artisans, de techniciens, d’intérimaires montés à Paris de toute la France pour crier leur colère. « Bah, les vrais casseurs, ils ne se font jamais pincer ! », notait un avocat, tandis qu’un magistrat assurait que des « dossiers lourds » viendraient à l’audience mercredi.

    Soixante-dix personnes ont comparu lundi lors d’une mobilisation exceptionnelle du tribunal : cinq salles d’audience. Et l’exercice devait se poursuivre ces mardi et mercredi. Le ministère de la justice a promis « une réponse pénale ferme », suivant les consignes d’Emmanuel Macron. La plupart des manifestants sont poursuivis au titre de l’article 222-14-2 du code pénal : « Participation à un groupement formé en vue de la préparation de violences contre les personnes et de dégradations de biens. » Né et appliqué pour la première fois en 2010 sous Sarkozy pour juguler la violence dans les stades de football, l’article 222-14-2 avait été dénoncé comme le moyen légal de criminaliser les manifestations.
    Plus rares sont ceux qui se retrouvent inculpés de port d’armes, rébellion, violence contre personnes dépositaires de l’autorité publique ou destruction et dégradations de biens. Mediapart a suivi lundi ces procès dans deux salles d’audience. Voici les portraits des manifestants poursuivis et presque toujours condamnés.

    Ryad, 41 ans, artisan, venu de Toulon (Var)

    Ryad n’aura pas eu le temps de manifester et pas même celui d’enfiler son gilet jaune. À 41 ans, cet artisan du bâtiment, ancien engagé dans la marine, ayant fait la guerre du Kosovo, décrit ses fins de mois difficiles, ses « revenus aléatoires » et la micro-entreprise de son père avec qui il travaille. Oui, il voulait manifester contre « les taxes » et est monté à Paris pour le premier défilé de sa vie.

    Dans la nuit de vendredi à samedi, il dort chez un cousin à Franconville (Val-d’Oise). Le matin, les deux hommes tentent de prendre le RER, qui ne marche pas ce jour-là (« Cela arrive souvent sur cette ligne », note la présidente). Ils se rendent en voiture à Paris et se garent vers la place des Ternes, non loin de l’avenue de Wagram. Une dizaine de policiers en civil portant des gilets jaunes les interpellent à peine sortis de voiture. Fouille du coffre : dans un sac, deux masques de ski, un casque de moto, des gants, des genouillères, un plastron… et un petit marteau.

    « Le marteau a toujours traîné dans le coffre de mon ami qui transporte régulièrement des outils pour son travail. Pour le reste, j’avais apporté ma tenue de moto-cross pour me protéger. C’est la première fois que je manifeste, j’ai vu les violences à la télé. J’avais peur, sincèrement, et je voulais me protéger si je me retrouvais coincé dans des affrontements. En plus, j’attends un enfant », explique-t-il.

    Pour la procureure, aucun doute : « Monsieur est venu pour en découdre et s’était équipé pour cela. » Elle demande six mois de prison avec sursis et une peine d’interdiction de séjour à Paris. Jugement : quatre mois de prison avec sursis, un an d’interdiction de Paris. « Je me suis trouvé au mauvais endroit, au mauvais moment. C’est la première et dernière fois que je manifeste », note Ryad.

    Steven, 24 ans, maçon-couvreur, venu de la Nièvre

    Steven travaille dans la petite entreprise de son père. 1 170 euros par mois, en CDD. « Une embauche, avec les taxes et tout, ça coûte cher », note-t-il, ajoutant qu’avec les crédits à la consommation et les loyers, il est en « difficulté financière ».

    Ce samedi, il est interpellé vers 20 h 45 faubourg Saint-Honoré. Non loin de là, le magasin Decathlon a été dévasté peu avant. « Des vélos, des trottinettes, du matériel traînaient partout dans la rue », raconte Steven. Et le voilà qui ramasse un casque de vélo dans le caniveau et se le met sur la tête. « Je l’ai pris pour me protéger. Ça partait de partout, des lacrymogènes, des grenades, des pavés, ça s’affrontait dans tous les sens », dit-il.

    Pourquoi n’être pas parti ? « Des batailles, il y en avait partout ! À ce point là, je n’aurais jamais pensé. J’étais coincé », répond-il. Vol caractérisé et participation à l’émeute, résume la procureure, qui demande trois mois de prison avec sursis. Jugement : trois mois de prison avec sursis.

    Jérémy, Billy, Geoffroy, Maxime et Frédéric, ouvriers et techniciens, venus de l’Essonne

    Voilà cinq copains et collègues de boulot. La plupart travaillent pour le grand groupe Safran, dans l’Essonne. Ils ont entre 27 et 35 ans, sont ouvrier-tourneur, soudeur, opérateur sur commandes numériques, cariste, inspecteur qualité. Quatre d’entre eux travaillent en 3 × 8 et les salaires tournent entre 1 300 et 2 500 euros par mois. Des loyers de 600 à 1 000 euros, des crédits pour payer la voiture, des pensions alimentaires parfois, et des parents ou des proches qu’il faut parfois aider : là encore, les fins de mois sont serrées.

    Pour eux, la manifestation n’aura pas lieu. Ce samedi matin, vers 10 h 30, ils garent leur voiture avenue des Ternes. L’un d’eux prend le soin de payer le stationnement. Est-ce le temps d’aller au parcmètre ? Des policiers leur tombent dessus. Fouille : des gants, des masques, quelques boîtes d’œufs, du liquide physiologique, des lunettes, des pétards (considérés comme « produit explosif et incendiaire »).

    « Ils avaient dit qu’on pouvait manifester sur les Champs, avec filtrage. On y allait pacifiquement. Bon, ben en fait, c’était interdit puisqu’on a été arrêtés en sortant de la voiture… », note Maxime. Peu ou prou, tous avancent les mêmes explications : il fallait se protéger vu les risques de violences. « Samedi dernier, j’avais déjà manifesté et j’ai été salement gazé, j’ai vu des personnes qui souffraient, raconte Geoffroy. J’ai acheté à Castorama une trentaine de masques légers, en tissu, pour moi et pour pouvoir les donner à d’autres manifestants si besoin. Et le liquide physiologique, c’est pareil : la semaine dernière, on m’en a donné et cela m’avait soulagé. »

    Pour Billy, ce devait être sa première manifestation (sa « première grève », dit-il). Lui aussi a un masque : « Je suis pas là pour mettre en danger ma santé. J’ai lu qu’il y avait du cyanure dans ces gaz, c’est dangereux tout de même », croit-il savoir. « Et les pétards, ce n’est pas dangereux ? », interroge la présidente. « C’est des petits pétards, comme pour le 14 Juillet, c’était pour mettre un peu d’ambiance, c’est pas des pétards genre à arracher les mains… », se défend-il. Ils ont été achetés au magasin « À la magie de Corbeil », et sont seulement « déconseillés » aux enfants de moins de 12 ans.

    « Je suis pacifiste, j’ai un boulot en or et trois gosses, vous croyez que je veux tout gâcher avec des conneries ? », insiste Frédéric. Des produits explosifs, insiste la procureure pour qui les cinq hommes voulaient en découdre, avaient le matériel pour cela et avaient choisi un endroit où les affrontements duraient déjà depuis deux heures… « Non, on manifeste là où il y a des gens, je ne vais pas aller où il n’y a personne ! », insiste Billy. Mais la procureure ne veut rien entendre qui pointe « la dangerosité manifeste des pétards » et la préparation méticuleuse. Elle demande des peines de trois mois de prison avec sursis à six mois ferme (pour ceux qui ont les pétards).

    Jugement : deux peines de quatre mois de prison avec sursis, deux peines de huit mois de prison avec sursis, une peine de trois mois de prison ferme (l’un des hommes était déjà sous le coup d’une légère condamnation avec sursis, qui est ainsi révoqué). Tous sont interdits de séjour à Paris pendant un an. L’homme condamné à la prison ferme s’écroule en larmes.

    « Si vous le condamnez, alors il faut condamner tous les manifestants »

    Florian, 37 ans, forgeron, venu des Ardennes

    Florian est un gros costaud, il travaille dans une entreprise de forge de 120 ouvriers, a trois enfants à charge, gagne 1 500 euros par mois, sa compagne est au chômage. « Quand on a des enfants, il faut se stabiliser », dit celui qui a visité l’Amérique latine et l’Afrique en sac à dos, vivant de petits boulots.

    Ce samedi, le voilà interpellé vers 17 heures, près des grilles du jardin des Tuileries. Dans son sac, des billes de peinture, un masque. Le procès-verbal d’interpellation signale qu’il a été vu jetant un morceau de bitume sur les forces de l’ordre. Il nie, assure même qu’il a rangé pavés et morceaux de goudron au fond d’une grosse poubelle et a prévenu la police, « parce que ça chauffait trop ». Florian demande à ne pas être jugé en comparution immédiate. Demande acceptée : il sera jugé en procédure normale au mois de janvier prochain. « Je serai là, dit-il au juge, mais sinon, je suis pas près de revenir à Paris ! »

    Florian, 21 ans, mécanicien, venu des Yvelines

    C’est sa première manifestation. Florian est venu avec un ami et devait rejoindre son père, ouvrier ajusteur, dans un autre endroit du cortège. Il est arrêté à 20 h 50, boulevard Malesherbes. Le P.-V. d’interpellation le décrit cagoulé, avec gants de motos, un masque, en train de jeter une barrière au milieu du boulevard, dans un groupe d’une quarantaine de casseurs.

    Le jeune homme nie énergiquement. Pas de gants de motos, mais de simples gants Nike, un masque donné par son père « qui avait été gazé la semaine dernière et était allé en acheter chez Leroy Merlin », et, non, il n’avait pas tiré sa capuche sur la tête et pas plus jeté des barrières. « Je venais pas pour mettre le bazar, je marchais avec mon ami et un groupe a couru sur le boulevard et s’est rapproché de nous, c’est tout. » Rien dans le dossier, assure son avocat : « Si vous le condamnez, alors il faut condamner tous les manifestants. » La procureure demande six mois de prison avec sursis. Jugement : relaxe.

    Alexandre, 36 ans, électricien, venu de l’Eure

    Alexandre a choisi ce samedi un des rares endroits calmes dans Paris : la place de la Bastille. Des gens ont pu manifester sans affrontements déchaînés en cet endroit. Cela ne l’empêche pas d’être interpellé vers 16 heures. La police trouve dans son sac un masque décrit comme de type NRBC. Un masque qui serait considéré comme une « arme de guerre ».

    « C’est un gilet jaune qui me l’a donné, je l’ai mis dans le sac au cas où et ne l’ai d’ailleurs jamais porté », dit Alexandre. « Mais comment voulez-vous que je sache que c’est une arme de guerre ? », insiste-t-il. La procureure demande six mois de prison ferme et un an d’interdiction de Paris. Jugement : huit mois de prison avec sursis et un an d’interdiction de séjour à Paris.

    Benoît, 34 ans, cariste, venu du Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis)

    Benoît est devant le tribunal le visage éraflé, le nez cassé, un œil tuméfié. De cela, les juges ne disent mot. L’homme a été arrêté samedi à 17 h 40, rue du Havre, à l’issue d’une charge des CRS. Benoît dit s’être alors jeté par terre et mis en boule : pas suffisant pour le protéger des coups. Mais cela n’intéresse pas le tribunal qui prend seulement note d’un certificat médical de cinq jours d’interruption temporaire de travail.

    Le juge s’intéresse aux dégradations de bâtiments. Benoît le reconnaît aisément, il n’est pas à l’aise avec la parole, alors il aime bien les tags au pochoir. Ce jour-là, avec un ami, ils arpentent les cortèges et bombent sur les planches qui protègent les vitrines et quelques murs un dessin et un slogan : le visage de Macron et l’éternel « Marche ou crève ». « “Marche ou crève” et le visage du chef de l’État, voilà une menace manifeste ! », s’emporte la procureure.

    Benoît explique ne rien avoir contre les forces de l’ordre, lui-même a été militaire sous contrat jusqu’en 2006. Il assure n’avoir fait que cinq ou six tags. « Nos paroles, on les écoute pas, donc j’écris… Oui, sans doute, je recommencerai, mais sur les planches, pas sur les murs », dit-il, un peu perdu dans le box des prévenus. Pourquoi manifester ? « J’étais au RSA, maintenant je suis cariste, préparateur de commande chez Amazon. C’est des contrats à la semaine, ça fait pas lourd à la fin du mois. J’habite chez ma grand-mère, je m’occupe d’elle pour faire les courses et tout ça… », dit-il. La procureure demande six mois d’emprisonnement avec sursis et 500 euros d’amende. Jugement : six mois de prison et 500 euros d’amende, avec huit mois d’interdiction de se rendre à Paris.

    Lilian, 19 ans, sans emploi, venu du Maine-et-Loire

    C’est un jeune homme qui semble un gamin, se raconte parfois des histoires et se dit lui-même « un peu immature ». Pour sa première manifestation, Lilian a vu les choses en grand. Un casque rouge bien voyant, gants, lunettes et masque : le meilleur moyen d’être arrêté par des policiers, samedi, vers 11 h 50, avenue de Friedland, qui l’ont vu jeter un pétard. Et voilà que le jeune homme a en plus dans son sac une bombe de laque. « C’était comme un explosif de dernier recours, si mon pronostic vital était engagé, avec tout ce qu’on voit sur internet et toutes les violences… », dit-il au juge. Il n’a visiblement pas compris qu’une telle bombe de laque allumée avec un briquet l’aurait immédiatement gravement brûlé.

    Lilian a volontiers donné son téléphone aux policiers. Prévenant, il leur a même signalé un message susceptible de les intéresser. « Moi, je vais grailler du CRS », écrit-il par texto à une amie. « Grailler, ça veut dire quoi ? », interroge la présidente. « Ben oui, ça veut dire manger, j’ai écrit cela pour impressionner une copine », répond le jeune homme.

    Mais qu’est-il allé faire dans cette galère ? « J’ai pas de boulot, je suis parfois en saisonnier en pépinière, vous comprenez, j’habite à la campagne et j’ai aucun moyen de déplacement », dit Lilian, qui a arrêté sa scolarité à 16 ans et ne fait pas grand-chose de sa vie depuis. Le père est ouvrier chez un sous-traitant automobile, la mère travaille en 2 × 8 en intérim. La procureure s’emporte contre l’« immaturité » du jeune homme, sa « dangerosité et son inactivité sociale » et demande un an de prison ferme avec mandat de dépôt (ce qui signifie une incarcération immédiate). Jugement : six mois de prison ferme, six mois de prison avec sursis et un an d’interdiction de séjour à Paris.

    « Je voulais me protéger. C’est trop dangereux de manifester »

    Maxime, 27 ans, saisonnier, venu de Carcassonne (Aude)
    Ce samedi, vers 21 heures, Maxime est repéré dans le quartier de la Défense. Sur son sac à dos, un casque de skateboard. Voilà qui mérite contrôle d’identité, palpations et fouille du sac. Les policiers découvrent un gilet jaune, des protège-tibias, des lunettes de skis, un masque en papier et tout au fond du sac un cutter. Bonne pioche, direction garde à vue puis tribunal !

    « Vu les violences du week-end d’avant, je voulais me protéger. C’est trop dangereux de manifester, mais je voulais le faire pour défendre les droits gagnés par mes parents et mes grands-parents. Quant au cutter, je ne savais même pas, je l’ai oublié dans ce sac avec lequel je transporte régulièrement des outils. Qu’est-ce que vous voulez que je fasse avec un cutter ? », explique-t-il.

    Maxime raconte avoir manifesté vers la porte Maillot, avoir aidé une vieille dame qui était blessée, par terre, et l’avoir conduite dans un hall d’immeuble. Oui, il a shooté dans une grenade lacrymogène pour l’éloigner. « Les CRS, c’est pas mon problème, je suis pas venu pour eux. Le week-end prochain, je manifesterai chez moi, à Carcassonne, tout se passe bien là-bas », ajoute-t-il. Et puis, il ira faire la saison d’hiver à Avoriaz comme serveur. « Je travaille dans les restaurants d’Annie Famose [ancienne championne de ski – ndlr] », dit-il fièrement. La procureure demande quatre mois de prison ferme et un an d’interdiction de séjour à Paris. Jugement : huit mois de prison avec sursis et un an d’interdiction de se rendre à Paris.

    Stéphane, 45 ans, boucher-charcutier, venu des Hautes-Alpes

    Stéphane vient « de la campagne », « d’un milieu agricole où on a toujours un couteau sur soi », « pour bricoler, couper le saucisson, le fromage » et aussi une lampe-torche. Il a 45 ans, un CDI de boucher dans un abattoir, un emprunt à rembourser, une fille qui vit avec sa mère dont il est séparé et à laquelle il verse une pension alimentaire. Samedi 1er décembre, il était « tout content » de vivre sa « première manifestation d’envergure » dans la capitale contre ce gouvernement « qui a enlevé 100 euros de retraite à nos anciens, nos parents, nos retraités ». Il avait roulé la veille depuis ses Hautes-Alpes jusqu’à Lyon avec les copains, puis pris le TGV jusqu’à Paris.

    Vu les scènes de violence regardées à la télé, la bande avait prévu « de se protéger ». Stéphane avait un casque de chantier avec visière, un masque de peinture. Arrivés de nuit à Paris, ils ont attendu que la manif commence en picolant parce qu’ils sont bons vivants et que ce voyage, ils le voulaient festif. Stéphane le concède : à une époque, il a eu un problème avec l’alcool. Mais plus maintenant. Vers 8 heures, ils se sont dirigés vers les Champs-Élysées. Mais ils n’ont jamais réussi à y accéder à cause des barrages de CRS aux alentours.

    Stéphane s’est mis en tête de convaincre les CRS « de rejoindre le peuple ». Ils ont refusé, l’ont repoussé. Et c’est là que tout s’est envenimé. « Je suis devenu con, je les ai trouvés tellement froids, j’ai foncé dans le barrage pour montrer à Macron que le peuple est plus fort que les CRS. » Stéphane en a oublié de mettre son casque de chantier pour se protéger. Il est ressorti à 8 h 50 menottes aux mains et avec un énorme cocard à l’œil droit. Le voilà maintenant dans ce box vitré du TGI de Paris à tirer sur ses poils de barbe après des heures en garde à vue et deux nuits à Fresnes. Lui qui a un casier vierge doit justifier pourquoi on a trouvé sur lui un Opinel et une lampe-torche alors qu’il faisait plein jour.

    Il veut parler de politique, de cette France oubliée qui travaille dur, le président l’arrête : « Ici, ce n’est pas une tribune politique. » Stéphane baisse la tête, penaud. Il dit qu’il est « au bord du suicide », s’excuse « d’avoir été con ». La procureure requiert six mois de prison ferme avec mandat de dépôt.

    Stéphane écope de quatre mois de prison ferme. « Nous ne prononçons pas de mandat de dépôt. Vous serez convoqué par le juge des applications des peines de Gap et vous verrez ensemble comment aménager la peine », lui dit le président. Mais Stéphane ne l’écoute déjà plus, sidéré, ne retenant plus que le mot « prison ».

    Jérôme, 26 ans, intérimaire, venu de la Nièvre

    Jérôme a 26 ans. Intérimaire, sans contrat pour le moment, il vit dans la Nièvre chez sa mère. Il a été interpellé samedi 1er décembre avec un masque de ski, un casque de vélo, cinq fioles de sérum physiologique et un lance-pierres. Peu loquace, il assure que c’était « pour se protéger, se défendre des grenades lacrymogènes ». « Mais pourquoi une fronde ? », relance le président. « Au cas où je me prends une grenade lacrymo, répond Jérôme, je n’étais pas là pour casser. »

    Il survit avec 200 euros de RSA mais on n’en saura guère plus sur sa vie. Comme dans plusieurs dossiers, l’enquête sociale rapide, dispositif clé de la chaîne pénale qui éclaire le parcours du prévenu, fait défaut. « Il y a trop d’enquêtes en cours en un laps de temps pour en faire une sur tous », s’excuse le président. La procureure demande 210 jours amende à 5 euros, soit 1 050 euros. C’est 5,25 fois le demi-RSA de Jérôme. Jérôme écope trois mois de prison avec sursis.

    Mickael, 30 ans, chômeur, SDF, venu de Chambéry (Savoie)

    Mickael ne comprend pas ce qui lui arrive. Il accueille sa peine sans réaction quand son avocate est abasourdie : six mois de prison dont la moitié ferme avec maintien en détention et l’autre assortie d’un sursis et d’une mise à l’épreuve pendant deux ans avec obligation de fixer son domicile dans un lieu déterminé et de rechercher un travail. C’est un peu moins lourd que les huit mois ferme requis par le parquet.

    Mickael, 30 ans, fils de bourgeois passé baba sans domicile fixe et sans travail, « créchant dans les gares ou les forêts », a été arrêté jeudi 29 novembre au soir à la gare de Lyon. Repéré par son sweat à capuche noire marquée ACAB, « All cops are bastards » (« Tous les flics sont des… »), il arrivait de Chambéry. Dans son sac à dos : un plastron, un casque, une cagoule et un lance-pierres professionnel avec 87 balles en plomb de 1,5 centimètre de diamètre. L’attirail parfait du « black bloc » de l’ultra-gauche. Sauf qu’il n’en est pas un, assure son avocate.

    La preuve : l’exploitation de son téléphone et les messages via Messenger sur la page Facebook du black bloc qui démontre son grand amateurisme. « On se retrouve où les gars pour la manif ? », demande le jeune homme, qui a gardé quelques dreadlocks au sommet de son crâne rasé. « Très cher, nous ne fonctionnons pas comme cela et nous ne communiquons jamais sur les réseaux sociaux », lui répond l’administrateur de la page. « Vous estimez qu’il serait allé à la manifestation. Mais rien ne le prouve dans le dossier ! », plaide son avocate. En vain.

    « Je me suis laissé emporter par mes émotions »

    Étienne, 27 ans, technicien, venu de Lyon (Rhône)
    « Je suis désolé. Je vous demande la clémence. Je me suis laissé emporter par mes émotions. Mon travail est très important. Je suis prêt à faire des travaux d’intérêt général. Vous ne me reverrez jamais plus dans une manifestation. » Étienne implore le tribunal de ne pas le condamner. Sans succès. Le ciel lui tombe sur la tête : six mois de prison ferme, trois mois de plus que les réquisitions du parquet. Maigre consolation : le mandat de dépôt, requis par la procureure, n’est pas retenu, Étienne va être relâché, sa peine aménagée dans la mesure du possible.

    Et s’il perdait son CDI à 27 ans « à cause de tout ça » ? Technicien pour une société privée, il travaille sur le chantier de l’automatisation du métro lyonnais pour 1 500 euros par mois. Sa mère, retraitée, pleure depuis le début de l’audience, discrètement au premier rang, et s’écroule : « Que se serait-il passé s’il avait cassé la vitrine d’un magasin ? Il aurait pris un an ? » Quelques minutes plus tôt, son avocate tonnait : « Où sont les casseurs des Champs-Élysées, de Dior, Chanel, Zadig & Voltaire, de tous ces grands magasins pillés ? »

    Étienne a été interpellé samedi 1er décembre au matin après la découverte de fumigènes et de pétards dans son sac. « Je les ai achetés sur internet pour me défendre après avoir subi des gazages abusifs le week-end dernier, répond Étienne. Avec ma mère, nous manifestions pacifiquement près de l’Arc de triomphe quand nous avons été gazés par un cordon de CRS qui n’a fait aucune différence entre les casseurs et les familles. C’était très violent. »

    Un grand-père parisien, venu assister à l’audience « par solidarité avec les gilets jaunes », glisse ce qui lui apparaît une évidence : « C’est parce qu’il est le seul Noir qu’ils le condamnent à autant de prison pour des pétards même pas utilisés. »

    Bruno, 31 ans, chauffeur de poids lourds, venu de Seine-et-Marne

    Bruno ne veut pas être jugé aujourd’hui. Il demande un renvoi. C’est son premier tribunal comme ses premières nuits en prison et il a le vertige. Il jure qu’on ne le reverra plus jamais dans une manif, veut retrouver sa vie de bon père trentenaire dans le petit bourg de Seine-et-Marne où il vit avec sa femme et leur fille dans le pavillon hérité de ses parents qui lui coûte des charges et des taxes. On lui reproche d’avoir voulu manifester avec des lunettes de protection, un masque à gaz et un couteau.

    Chauffeur poids lourds en CDI, il gagne entre 1 500 et 2 000 euros selon les mois. La procureure requiert un contrôle judiciaire en attendant sa comparution avec cependant une interdiction : celle de paraître à Paris. Bruno panique. Et s’il a des livraisons à faire dans la capitale intra-muros ? Le tribunal tranche. Il a interdiction de venir à Paris, seulement les week-ends du samedi minuit au lundi minuit.

    Maxime, 33 ans, chauffeur-routier, venu de la Marne

    Maxime aussi veut un délai pour préparer sa défense. Il vient de la Marne où il loue une petite maison mais sa terre natale, c’est la Creuse. Il a deux enfants et une amende au casier parce qu’un jour, il a admonesté deux jeunes qui avaient cassé le pare-brise de la voiture de sa femme. Chauffeur-routier, il est responsable d’équipe, soit trois camions, gagne 4 000 euros net par mois et passera en CDI à la fin de l’année.

    Samedi, il devait vivre sa « première manif » mais il a été contrôlé avec, dans le sac, des lunettes de natation, des protège-tibias, des gants coqués, un masque d’aide respiratoire et des pierres. Il dit que tout cela c’était « pour se protéger » et qu’il n’allait bien « évidemment pas jeter des pierres contre les forces de l’ordre ». Il est placé sous contrôle judiciaire jusqu’à sa comparution en janvier, avec interdiction de venir sur Paris.

    Thomas, 20 ans, intérimaire, venu de l’Eure

    Ce samedi à 20 h 45, Thomas est interpellé rue du Faubourg-Saint-Honoré. Dans sa poche, six paires de lunettes de grandes marques pour une valeur d’environ 1 300 euros. Un magasin d’optique a été pillé. Mais la police note sur son P.-V. d’interpellation que le jeune homme n’a pas participé à la casse ; il s’est servi après coup. « Je suis rentré dans le magasin tout cassé. J’ai pris des lunettes. Je sais pas, j’ai pas réfléchi, j’étais pris avec les autres », dit-il.

    Thomas était venu manifester avec sa copine et deux amis. Dans les tourbillons de violence qui ont emporté le quartier Concorde-Rivoli, il les a perdus, s’est retrouvé coincé entre deux groupes de CRS, explique-t-il. Son sweat-shirt était taché du sang d’un autre manifestant, « les grenades tombaient de partout, j’allais pas me rapprocher seul des CRS et il n’y avait pas de fuite possible ». Thomas a donc suivi les casseurs et est entré dans le magasin.

    Vendeur empilant les CDD dans un magasin de décoration et aujourd’hui à Intermarché, Thomas vit chez ses parents et a été condamné il y a quelques mois pour avoir revendu de la cocaïne et du cannabis. « Ça finançait ma consommation personnelle, mais j’ai tout arrêté depuis, seul et sans médicament », dit-il. La procureure demande quatre mois de prison ferme et deux mois supplémentaires au titre de la révocation du sursis de la peine précédente. Le jugement va au-delà des réquisitions : dix mois de prison ferme.

    https://www.mediapart.fr/journal/france/041218/au-tribunal-de-paris-de-la-prison-en-veux-tu-en-voila-pour-les-gilets-jaun

  • #Sahara_occidental. Après des années d’impasse, une table ronde à Genève - Monde - LeTelegramme.fr
    https://www.letelegramme.fr/monde/sahara-occidental-apres-des-annees-d-impasse-une-table-ronde-a-geneve-0

    Front Polisario, Maroc, Algérie et Mauritanie se réunissent mercredi à Genève pour relancer les débats sur l’avenir du Sahara occidental.
    L’émissaire de l’Onu Horst Kohler réunit mercredi 5 et jeudi 6 décembre à Genève le Maroc, le #Front_Polisario, l’Algérie et la Mauritanie pour une « table ronde initiale », avec l’espoir de relancer les négociations sur ce territoire disputé du Sahara occidental, au point mort depuis 2012. « Il est temps d’ouvrir un nouveau chapitre dans le processus politique », souligne la lettre d’invitation adressée en octobre par Horst Kohler, décidé à trouver une solution pour le dernier territoire du continent africain en attente d’un statut post-colonial.

    #paywall

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    En zone euro, l’expérimentation débutera le premier février 2019 auprès de plus de 10000 jeunes.
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    « Oscar », « La Crise » : « Elle ne veut pas me voler ma jeunesse »

    #de_la_dyslexie_créative

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      @philippe_de_jonckheere vainqueur par KO au premier round

  • Carlos Ghosn met sous tension le G20 qui s’ouvre en Argentine
    Donald Trump en garde à vue pour dix jours de plus au Japon.

    A l’issue de longs débats, les « gilets jaunes » adoptent la loi contre les violences éducatives ordinaires
    L’assemblé : l’exécutif fait pari du dialogue.

    CIWF ET L214 relèvent la cruauté des journalistes.
    Ce que #metoo a changé pour les conditions d’élevage des poissons

    Soupçons d’espionnage pour la Corée du Nord : Benoît Quennedey face à l’enfer russe
    Euro de handball : coup de froid d’entrée pour les Bleues mises en examen pour trahison

    Knickers, outils controversé de « soft power » d’Emmanuel Macron
    Le conseil présidentiel pour l’Afrique, le boeuf aux proportions gigantesques qui fascine Internet

    « Implants files » : Michael Cohen reconnaît avoir menti au Congrès
    Enquête russe : quel rôle ont joué les lobbys.

    Au moins 150 tonnes d’aliments pour bétail contaminé par un moyen de paiement instantané, alternative à Visa ou MasterCard
    L’Europe passe à un OGM interdit.

    #de_la_dyslexie_créative