• Fishing communities’ blues. The impacts of the climate crisis in Senegal

    This action-research documentary focuses on the climate crisis in Senegal and its devastating impacts on the livelihoods of those living in small fishing communities in Dakar and Saint Louis.

    Through stories of local people and activists, the film challenges depoliticised constructs of the climate crisis as solely ’natural’ and instead draws attention to the ongoing colonial continuities underpinning the climate crisis and the structures of racial capitalism that create socio-spatial inequalities in environment and mobility.

    This documentary was produced from the climate justice initiativ Climate of Change (climateofchange.info). It was produced with the fincial support of the European Union. Its contents are the sole responsibility of Südwind and do not necessarily reflext the views of the European Union.

    https://www.youtube.com/watch?v=mFKJrT1ndLc

    #Sénégal #pêche #climat #changement_climatique #Dakar #Saint-Louis #continuité_coloniale #capitalisme_racial #capitalisme #pêcheurs #néolibéralisme #urbanisation
    #film #film_documentaire #documentaire

  • De la #démocratie en #Pandémie. #Santé, #recherche, #éducation

    La conviction qui nous anime en prenant aujourd’hui la parole, c’est que plutôt que de se taire par peur d’ajouter des polémiques à la confusion, le devoir des milieux universitaires et académiques est de rendre à nouveau possible la discussion scientifique et de la publier dans l’espace public, seule voie pour retisser un lien de confiance entre le savoir et les citoyens, lui-même indispensable à la survie de nos démocraties. La stratégie de l’omerta n’est pas la bonne. Notre conviction est au contraire que le sort de la démocratie dépendra très largement des forces de résistance du monde savant et de sa capacité à se faire entendre dans les débats politiques cruciaux qui vont devoir se mener, dans les mois et les années qui viennent, autour de la santé et de l’avenir du vivant.

    https://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Tracts/De-la-democratie-en-Pandemie

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    Et une citation :

    « La conviction qui nous anime en prenant aujourd’hui la parole, c’est que plutôt que de se taire par peur d’ajouter des #polémiques à la #confusion, le devoir des milieux universitaires et académiques est de rendre à nouveau possible la discussion scientifique et de la publier dans l’espace public, seule voie pour retisser un lien de confiance entre le #savoir et les citoyens, lui-même indispensable à la survie de nos démocraties. La stratégie de l’ _#omerta_ n’est pas la bonne. Notre conviction est au contraire que le sort de la démocratie dépendra très largement des forces de résistance du monde savant et de sa capacité à se faire entendre dans les débats politiques cruciaux qui vont devoir se mener, dans les mois et les années qui viennent, autour de la santé et de l’avenir du vivant. »

    #syndémie #désert_médical #zoonose #répression #prévention #confinement #covid-19 #coronavirus #inégalités #autonomie #état_d'urgence #état_d'urgence_sanitaire #exception #régime_d'exception #Etat_de_droit #débat_public #science #conflits #discussion_scientifique #résistance #droit #santé #grève #manifestation #déni #rationalité #peur #panique #colère #confinement #enfermement #défiance #infantilisation #indiscipline #essentiel #responsabilité #improvisation #nudge #attestation_dérogatoire_de_déplacement #libéralisme_autoritaire #autoritarisme #néolibéralisme #colloque_Lippmann (1938) #économie_comportementale #Richard_Thaler #Cass_Sunstein #neuroscience #économie #action_publique #dictature_sanitaire #consentement #acceptabilité_sociale #manufacture_du_consentement #médias #nudging #consulting #conseil_scientifique #comité_analyse_recherche_et_expertise (#CARE) #conseil_de_défense #hôpitaux #hôpital_public #système_sanitaire #éducation #destruction #continuité_pédagogique #e-santé #université #portefeuille_de_compétences #capital_formation #civisme #vie_sociale #déconfinement #austérité #distanciation_sociale #héroïsation #rhétorique_martiale #guerre #médaille_à_l'engagement #primes #management #formations_hybrides #France_Université_Numérique (#FUN) #blended_learning #hybride #Loi_de_programmation_de_la_recherche (#LPR ou #LPPR) #innovation #start-up_nation #couvre-feu #humiliation #vaccin #vaccination
    #livre #livret #Barbara_Stiegler

    • secret @jjalmad
      https://twitter.com/jjalmad/status/1557720167248908288

      Alors. Pour Stiegler je veux bien des ref si tu as ça, j’avais un peu écouté des conf en mode méfiance mais il y a un moment, sans creuser, et je me disais que je devais pousser parce qu’en effet grosse ref à gauche

      @tapyplus

      https://twitter.com/tapyplus/status/1557720905828253698

      Check son entretien avec Desbiolles chez les colibris par ex. T’as aussi ses interventions à ASI, son entretien avec Ruffin, etc. C’est une philosophe médiatique, on la voit bcp. Et elle dit bien de la merde depuis qq tps. Aussi un live de la méthode scientifique avec Delfraissy

      Je suis pas sur le PC mais je peux te lister pas mal de sources. D’autant plus pbtk parce que « réf » à gauche. Mais dans le détail elle dit de la merde en mode minimiser le virus + méconnaissance de l’antivaccinisme. Et du « moi je réfléchit » bien claqué élitiste et méprisant.

      Quelques interventions de B Stiegler (en vrac) :
      Alors la première m’avait interpellée vu qu’elle était partie en HS complet à interpeller Delfraissy sur les effets secondaires des vaccins : https://radiofrance.fr/franceculture/podcasts/la-methode-scientifique/et-maintenant-la-science-d-apres-8387446
      (le pauve N Martin se retrouvait sur un débat complètement HS)

      Il y a d’une part la critique politique (rapport à la démocratie en santé publique), mais pour Stiegler outre la position « le gvt en fait trop, c’est des mesures autoritaires inutiles » elle se positionne par ailleurs sur des choix

      Parler des EI des vaccins sans balancer avec les effets de la maladie. Utilisation de la santé mentale des enfants pour critiquer le port du masque à l’école, lecture de la situation où il n’y aurait que gvt vs libertay, et en omettant complètement toutes les positions développées par l’autodéfense sanitaire et les militants antivalidistes et de collectifs de patients (immunodéprimés, covid long, ...) quand ils ne vont pas dans son narratif.

      Elle met de côté toutes les lectures matérialistes de la situation et sort clairement de son champ de compétence sur certains points, tout en ne donnant que très peu de sources et de points de référence pour étayer ses propos.

      Genre elle critique la pharmacovigilance et les EI mais elle ne donne jamais aucune source ni aucune information sur les outils, méthodes et acteurs qui travaillent ces sujets. Pareil quand elle dit découvrir les critiques des vaccination. Il y a de quoi faire avec les travaux historique sur la #santé_publique et la vaccination. A t elle interrogé des spécialiste de ces sujets, notamment les spécialistes qui ne vont pas que dans le sens de son propos. Elle semble manquer cruellement de référence historique sur le sujet alors qu’elle s’en saisit et qu’elle a une aura d’#intellectuelle_de_gauche, donc plein de monde lui accorde une confiance et trouve qu’elle est très pertinente sur certains sujets. Mais sur le traitement des points techniques elle me semble plutôt à la ramasse et ce qui ne va pas dans son sens est renvoyé à la doxa gouvernementale ou technoscientiste liberale, sans apparemment regarder les contenus eux même. Et Desbiolles c’est pareil. Alla je connais moins et je l’ai entendu dire qq trucs pertinents (sur les profils des non vaccines par exemple) mais le fait qu’il cite Desbiolles devant l’opecst, alors que celle ci racontait des trucs bien limites sur les masques et les enfants, ça me met des warnings.

      Je rajouterai 2 points : 1) il y a des sujets super intéressants à traiter de trouver comment on construit une position collective sur des questions de santé publique, ni individualiste ni subissant l’autorité de l’état. Genre comment penser une réflexions sur les vaccinations (en général, pas spécifiquement covid) dans une perspective émancipatrice et libertaire, comment on fait collectif, comment on mutualise des risques, comment on se donne des contraintes individuelles pour soutenir celles et ceux qui en ont plus besoin.

      Stiegler ne fait que critiquer l’autoritarisme d’état, parle de démocratie, mais ne propose aucune piste concrète ni axe de réflexion pour développer cela. D’autres personnes le font et développent cela, et c’est des sujets non triviaux sur lesquels il est important de délibérer.

      2) Un autre point c’est son discours, comme ceux d’autres intellectuels, est surtout axé sur la partie « choix libre » de la phrase « choix libre et éclairé », et n’évoquent pas vraiment la manière dont on construit collectivement la partie « éclairé »

      Il y a des sujets super importants à traiter sur le rapport aux paroles d’expert, de la place des scientifiques dans un débat public, de la dialectique entre connaissance scientifique et choix politiques et éthiques, bref plein d’enjeux d’éducation populaire

      Ah et aussi dernier point que j’ai déjà évoqué par le passé : l’axe « liberté » sur les questions de vaccination, c’est un argument central des discours antivaccinaux, qui axent sur le fait que les individus peuvent choisir librement etc. C’est assez documenté et c’est par exemple un registre argumentaire historique de la Ligue Nationale Pour la Liberté de Vaccination (LNPLV), qui défend le rapport au choix, défendant les personnes qui ont refusé les vaccinations obligatoires. Mais sous couvert de nuance et de démocratie, ce sont des positions antivaccinales assez claires qui sont défendues. Ce truc de la nuance et de la liberté, tu la retrouves par exemple également chez les anthroposophes (j’en parlais récemment dans un thread).

      j’ai enfin compris pourquoi on dit intellectuel de gauche : c’est pour indiquer avec quel pied leur marcher dessus.

  • Macron défend la « riche cohabitation » entre la #raison et la religion, permise grâce à la laïcité

    Le président de la République détaille dans L’Express les nombreuses « #continuités » qu’il décèle entre « #Dieu et la science ».

    C’est l’un des sujets sur lesquels le mystère demeure. Quel est le véritable rapport d’Emmanuel Macron au #spirituel ? Élevé dans un établissement jésuite de Picardie - à sa demande -, avant de multiplier ensuite les grandes écoles et les diplômes dans la capitale, le président de la République est-il un cartésien rationnel, ou un croyant qui se fait violence ? Pense-t-il qu’il faut « réparer » le lien entre l’Église et l’État qui « s’est abîmé », ou considère-t-il que les questions de mœurs - religieuses - ne sont « pas (s)on affaire » ?

    Pour répondre à toutes ces questions, L’Express a recueilli un texte du chef de l’État, publié ce mardi, jour de son quarante-quatrième anniversaire. Dans l’hebdomadaire, le locataire de l’Élysée débute par un éloge de la science dont, « jamais, sans doute, l’humanité » n’aura « autant eu besoin » qu’aujourd’hui. À la fois pour faire face à la pandémie, bien sûr, mais aussi pour affronter les bouleversements écologiques et environnementaux, ou encore pour permettre les innovations indispensables au progrès.

    L’#égalité des droits en dignité, nouvelle égalité des hommes devant Dieu ?

    « Et Dieu dans tout ça ? », interroge ensuite Emmanuel Macron. « Contrairement à ce que l’interprétation toute voltairienne des #Lumières françaises a longtemps imposé comme grille de lecture, ce programme de développement de l’#esprit_scientifique ne s’oppose en rien à l’expression des religions », estime le président de la République, rappelant « qu’il ne s’agit pas d’imposer un #positivisme_forcené, une #religion_de_la_science qui se substituerait à toutes les interprétations du monde ».

    À l’échelle de l’Europe, de nombreuses « continuités entre Dieu et la science, (entre) religion et raison », apparaissent ainsi aux yeux d’Emmanuel Macron. « L’égalité des droits de l’homme en #dignité et en #droits n’a-t-elle pas été préparée par l’égalité des hommes devant Dieu pensée par le #christianisme ? De même l’#esprit_critique défendu par les Lumières n’a-t-il pas été précédé par le rapport individuel au texte sacré défendu par le #protestantisme ? », feint-il d’interroger pour appuyer sa thèse.

    « Séparer l’#ordre_temporel de l’#ordre_spirituel »

    S’inspirant ensuite tour à tour de l’écrivain humaniste de la Renaissance Rabelais, du « penseur anglais Tom McLeish », ou encore du « grand Jürgen Habermas », Emmanuel Macron termine sa démonstration en citant Aristide Briand, célèbre porteur de la loi de 1905 sur la séparation des Églises et de l’État. « C’est en étant fidèle à (son) esprit, en suivant le chemin de concorde qu’il traçait que la France continuera à être une nation infiniment rationnelle et résolument spirituelle », estime le chef de l’État.

    Défenseur de la « riche cohabitation » - qui existe selon lui « en chacun de nous » - entre « aspiration à la raison et besoin de #transcendance », Emmanuel Macron affirme que « oui, la science et Dieu, la raison et la religion peuvent vivre côte à côte, parfois même se nourrir ». Ce que, d’ailleurs, il juge « même souhaitable ». Le tout, insiste-t-il cependant, grâce à au « cadre unique » de la laïcité, une « belle idée » dont la France dispose depuis un siècle. Et qui, en « séparant l’ordre temporel de l’ordre spirituel, rend (cela) possible ».

    https://www.lefigaro.fr/politique/macron-defend-la-riche-cohabitation-entre-la-raison-et-la-religion-permise-

    #Macron #Emmanuel_Macron #laïcité #religion #science

    • EXCLUSIF. Emmanuel Macron : «Ce en quoi je crois»

      Le chef de l’Etat expose sa vision de l’articulation entre rationalité et religion. L’une et l’autre peuvent se nourrir. « Cela est même souhaitable », écrit-il. Inattendu.

      Parce qu’il avait prévenu dès la campagne de 2017 - « Je ne sépare pas Dieu du reste » (confidence soufflée au JDD) -, nous avons eu envie de demander au chef de l’Etat : rationalité et spiritualité peuvent-elles, doivent-elles, vivre ensemble dans la France de 2022 ? Après une épidémie qui a mis la raison des uns sens dessus dessous, qui a vu la parole scientifique reléguée par les autres au rang de croyance en laquelle il est possible de ne pas avoir foi, Emmanuel Macron érige-t-il un mur entre science et religion ? Lui qui dans le passé n’a pas hésité à évoquer l’existence d’"une transcendance" le formule clairement dans le texte qu’il a écrit pour L’Express : « Aspiration à la raison et besoin de transcendance cohabitent en chacun de nous. »

      Cette certitude ne lui fait pas perdre de vue le nécessaire combat pour que « la science demeure un idéal et une méthode ». Inquiet de constater notamment la montée de l’intégrisme religieux, le président refait ici l’éloge de la laïcité, qui seule rend possible cette « cohabitation » en laquelle il croit de la rationalité et de la spiritualité.

      La pandémie que nous traversons en est l’exemple le plus prégnant. Sans la science qui, avec le conseil scientifique, les sociétés savantes, les médecins et les chercheurs du monde entier, a éclairé chacun de nos choix depuis le premier jour, nous aurions à déplorer beaucoup plus de décès. Sans la science qui, en quelques mois, a su inventer un vaccin, le produire et le distribuer, le monde continuerait de vivre au ralenti, de confinements en confinements, de drames en drames.

      La résolution du défi du siècle, le réchauffement climatique, est également indissociable de la science. A la fois pour comprendre la mécanique de ce phénomène, ce à quoi s’attellent régulièrement les milliers de scientifiques du Groupement international d’experts sur le climat. Et pour élaborer les solutions qui, énergies propres, stockage de carbone, matériaux biosourcés ou solutions agroécologiques, nous permettront de concilier développement humain et réduction des émissions de gaz à effet de serre, progrès et écologie.

      La science enfin se trouve au fondement des innovations qui changent et vont changer nos vies, elle est le moteur du progrès. Numérique, véhicules électriques, nouveau spatial : l’ensemble des produits et services qui façonnent notre époque de même que les révolutions qui, assises sur le quantique ou l’intelligence artificielle, feront la décennie sont marqués par une empreinte scientifique forte.

      Cette part croissante de la science dans le cours du monde exige des grandes puissances qu’elles investissent massivement dans ceux qui, chercheurs, techniciens, innovateurs, sont les artisans de la recherche et de l’innovation.

      Les acteurs privés bien sûr s’engagent qui, pour les plus importants, assument d’explorer des voies qui ne trouveront pas toujours d’issue marchande. Mais c’est d’abord à la sphère publique que revient la mission de constituer un terreau favorable à l’excellence scientifique.

      Depuis cinq ans, la France qui, de Louis Pasteur à Pierre et Marie Curie, se distingue par une tradition hors norme confirmée par les récents prix Nobel et médaille Fields obtenus par ses ressortissants, renoue avec une stratégie d’investissement massif dans ce domaine. La loi de programmation pour la recherche, dotée de 25 milliards d’euros sur dix ans, scelle un effort inédit pour rattraper le retard pris et permettre la montée en gamme de nos universités et de nos laboratoires de recherche. Nous avons aussi, dès 2017 puis à la faveur de France relance et de France 2030, acté de grandes ambitions pour l’intelligence artificielle, le quantique ou encore la santé.

      Au niveau européen, notre pays a été à l’initiative pour que le programme-cadre de recherche et développement de la Commission se dote d’un budget à la hauteur des enjeux - près de 100 milliards d’euros - et consente enfin un effort pour la recherche fondamentale et les jeunes chercheurs.

      Il ne s’agit toutefois là que d’un début, un rattrapage et une indispensable modernisation qui nous permettent plus d’ambition de changement et d’investissement pour l’avenir.

      Mais l’enjeu n’est pas seulement budgétaire, il est culturel. Car, parallèlement à l’augmentation du besoin de science, la remise en cause du discours scientifique n’a cessé de se développer dans nos sociétés.

      Le complotisme gagne du terrain et prend des formes de plus en plus extrêmes, comme en témoigne l’emprise croissante de la mouvance QAnon.

      L’intégrisme religieux, et ses explications totalisantes qui privilégient la foi sur la raison, la croyance sur le savoir et excluent le doute constructif, devient de plus en plus prégnant.

      L’avènement de l’ère du « tout-se-vaut » disqualifie chaque jour un peu plus l’autorité du chercheur, dont la parole est mise au même niveau que celle des commentateurs.

      En même temps que nous nous donnons les moyens d’atteindre l’excellence scientifique, il est donc nécessaire d’agir pour que la science demeure un idéal et une méthode, que le « vrai » retrouve ce statut d’"évidence lumineuse" que décrivait Descartes.

      Voilà pourquoi j’ai lancé le 29 septembre 2021 la commission les Lumières à l’ère numérique. Présidé par le sociologue Gérald Bronner, ce collectif de 14 experts reconnus formulera des propositions pour faire reculer le complotisme et éviter que le flux informationnel auquel chacun est confronté ne présente des faits orthogonaux à ce qui dit le consensus scientifique, ce qui est trop souvent le cas.

      Voilà pourquoi aussi la nation tout entière doit se mobiliser pour opposer au complotisme le raisonnement éclairé, au relativisme la culture des faits et la reconnaissance de l’autorité scientifique, à l’intégrisme une République ferme dans sa défense, forte de ses valeurs, nourrie par ses débats. Gaston Bachelard définissait « l’esprit scientifique » comme la faculté à « se défaire de l’expérience commune » et à accéder à cette idée que « rien ne va de soi, rien n’est donné, tout est construit ». Il nous faut faire de la formation à l’esprit scientifique dès le cycle primaire. L’école en effet ne saurait seulement instruire. Elle doit faire des républicains, c’est-à-dire forger des êtres informés et libres. Citoyens. Ce sera là un grand défi des années à venir.

      Et Dieu dans tout ça ? Contrairement à ce que l’interprétation toute voltairienne des Lumières françaises a longtemps imposé comme grille de lecture, ce programme de développement de l’esprit scientifique ne s’oppose en rien à l’expression des religions.

      D’une part parce qu’il ne s’agit pas d’imposer un positivisme forcené, une religion de la science qui se substituerait à toutes les interprétations du monde. Comme l’a si bien résumé Rabelais, la science ne vaut en effet que lorsqu’elle est éclairée et guidée par les sciences humaines, la philosophie, le politique et s’inscrit dans un débat démocratique visant à construire l’intérêt général.

      Dieu et la science ne s’opposent pas ensuite parce que la croyance en l’un est souvent allée historiquement avec le développement de l’autre. Les travaux sont anciens qui ont montré combien l’islam avait nourri une tradition d’algèbre, d’astronomie et de médecine puissante. Plus récemment, le penseur anglais Tom McLeish a fait état des apports réciproques entre développement de la science et développement du fait religieux lors de la petite Renaissance du XIIIe siècle - un évêque anglais aurait même eu l’intuition du big bang. Dans son dernier ouvrage, le grand Jürgen Habermas a montré comment la philosophie grecque a pu se nourrir du religieux, et notamment de la rupture avec les mythes à l’âge coaxial (de 800 à 200 av. J.-C.).

      Au-delà, je crois profondément qu’il peut exister des continuités entre Dieu et la science, religion et raison. Regardons notre Europe ! L’égalité des droits de l’homme en dignité et en droits n’a-t-elle pas été préparée par l’égalité des hommes devant Dieu pensée par le christianisme ? De même l’esprit critique défendu par les Lumières n’a-t-il pas été précédé par le rapport individuel au texte sacré défendu par le protestantisme ?

      Oui, la science et Dieu, la raison et la religion peuvent donc vivre côte à côte, parfois même se nourrir. Cela est même souhaitable tant aspiration à la raison et besoin de transcendance cohabitent en chacun de nous.

      Nous avons, en France, un cadre unique qui, séparant l’ordre temporel de l’ordre spirituel, rend possible cette riche cohabitation : la laïcité. Artisan de cette belle idée, Aristide Briand disait : « Il fallait que la séparation ne donnât pas le signal de luttes confessionnelles ; il fallait que la loi se montrât respectueuse de toutes les croyances et leur laissât la faculté de s’exprimer librement. »

      C’est en étant fidèle à l’esprit de Briand, en suivant le chemin de concorde qu’il traçait que la France continuera à être une nation infiniment rationnelle et résolument spirituelle.

      Nation de citoyens libres de critiquer et libres de croire.

      https://www.lexpress.fr/actualite/politique/exclusif-emmanuel-macron-ce-en-quoi-je-crois_2164676.html

      déjà signalé par @arno ici:
      https://seenthis.net/messages/940839

  • La crise sanitaire aggrave les troubles psy des jeunes migrants

    Les « migrants » sont une population composite recouvrant des #statuts_administratifs (demandeurs d’asile, réfugiés, primo-arrivants…) et des situations sociales disparates. Certains appartiennent à des milieux sociaux plutôt aisés et éduqués avec des carrières professionnelles déjà bien entamées, d’autres, issus de milieux sociaux défavorisés ou de minorités persécutées, n’ont pas eu accès à l’éducation dans leur pays d’origine.

    Et pourtant, une caractéristique traverse ce groupe : sa #jeunesse.

    Ainsi, selon les chiffres d’Eurostat, au premier janvier 2019, la moitié des personnes migrantes en Europe avait moins de 29 ans ; l’âge médian de cette population se situant à 29,2 ans, contre 43,7 pour l’ensemble de la population européenne. Cette particularité est essentielle pour comprendre l’état de santé de cette population.

    En effet, on constate que, du fait de sa jeunesse, la population migrante en Europe est globalement en #bonne_santé physique et parfois même en meilleure #santé que la population du pays d’accueil. En revanche, sa santé mentale pose souvent problème.

    Des #troubles graves liés aux #parcours_migratoires

    Beaucoup de jeunes migrants – 38 % de la population totale des migrants selon une recherche récente – souffrent de #troubles_psychiques (#psycho-traumatismes, #dépressions, #idées_suicidaires, #perte_de_mémoire, #syndrome_d’Ulysse désignant le #stress de ceux qui vont vivre ailleurs que là où ils sont nés), alors que la #psychiatrie nous apprend que le fait migratoire ne génère pas de #pathologie spécifique.

    Les troubles dont souffrent les jeunes migrants peuvent résulter des #conditions_de_vie dans les pays d’origine (pauvreté, conflits armés, persécution…) ou des #conditions_du_voyage migratoire (durée, insécurité, absence de suivi médical, en particulier pour les migrants illégaux, parfois torture et violences) ; ils peuvent également être liés aux #conditions_d’accueil dans le pays d’arrivée.

    De multiples facteurs peuvent renforcer une situation de santé mentale déjà précaire ou engendrer de nouveaux troubles : les incertitudes liées au #statut_administratif des personnes, les difficultés d’#accès_aux_droits (#logement, #éducation ou #travail), les #violences_institutionnelles (la #répression_policière ou les #discriminations) sont autant d’éléments qui provoquent un important sentiment d’#insécurité et du #stress chez les jeunes migrants.

    Ceci est d’autant plus vrai pour les #jeunes_hommes qui sont jugés comme peu prioritaires, notamment dans leurs démarches d’accès au logement, contrairement aux #familles avec enfants ou aux #jeunes_femmes.

    Il en résulte des périodes d’#errance, de #dénuement, d’#isolement qui détériorent notablement les conditions de santé psychique.

    De nombreuses difficultés de #prise_en_charge

    Or, ainsi que le soulignent Joséphine Vuillard et ses collègues, malgré l’engagement de nombreux professionnels de santé, les difficultés de prise en charge des troubles psychiques des jeunes migrants sont nombreuses et réelles, qu’il s’agisse du secteur hospitalier ou de la médecine ambulatoire.

    Parmi ces dernières on note l’insuffisance des capacités d’accueil dans les #permanences_d’accès_aux_soins_de_santé (#PASS), l’incompréhension des #procédures_administratives, le besoin d’#interprétariat, des syndromes psychotraumatiques auxquels les professionnels de santé n’ont pas toujours été formés.

    Les jeunes migrants sont par ailleurs habituellement très peu informés des possibilités de prise en charge et ne recourent pas aux soins, tandis que les dispositifs alternatifs pour « aller vers eux » (comme les #maraudes) reposent essentiellement sur le #bénévolat.
    https://www.youtube.com/watch?v=Pn29oSxVMxQ&feature=emb_logo

    Dans ce contexte, le secteur associatif (subventionné ou non) tente de répondre spécifiquement aux problèmes de santé mentale des jeunes migrants, souvent dans le cadre d’un accompagnement global : soutien aux démarches administratives, logement solidaire, apprentissage du français, accès à la culture.

    Organisateurs de solidarités, les acteurs associatifs apportent un peu de #stabilité et luttent contre l’isolement des personnes, sans nécessairement avoir pour mission institutionnelle la prise en charge de leur santé mentale.

    Ces #associations s’organisent parfois en collectifs inter-associatifs pour bénéficier des expertises réciproques. Malgré leur implantation inégale dans les territoires, ces initiatives pallient pour partie les insuffisances de la prise en charge institutionnelle.

    Des situations dramatiques dans les #CRA

    Dans un contexte aussi fragile, la #crise_sanitaire liée à la #Covid-19 a révélé au grand jour les carences du système : si, à la suite de la fermeture de nombreux #squats et #foyers, beaucoup de jeunes migrants ont été logés dans des #hôtels ou des #auberges_de_jeunesse à l’occasion des #confinements, nombreux sont ceux qui ont été livrés à eux-mêmes.

    Leur prise en charge sociale et sanitaire n’a pas été pensée dans ces lieux d’accueil précaires et beaucoup ont vu leur situation de santé mentale se détériorer encore depuis mars 2020.

    Les situations les plus critiques en matière de santé mentale sont sans doute dans les #Centres_de_rétention_administrative (CRA). Selon le rapport 2019 de l’ONG Terre d’Asile, sont enfermés dans ces lieux de confinement, en vue d’une #expulsion du sol national, des dizaines de milliers de migrants (54 000 en 2019, dont 29 000 en outremer), y compris de nombreux jeunes non reconnus comme mineurs, parfois en cours de #scolarisation.

    La difficulté d’accès aux soins, notamment psychiatriques, dans les CRA a été dénoncée avec véhémence dans un rapport du Contrôleur général des lieux de privation de liberté (CGLPL) en février 2019, suivi, à quelques mois d’écart, d’un rapport tout aussi alarmant du Défenseur des droits.

    La #rupture de la #continuité des #soins au cours de leur rétention administrative est particulièrement délétère pour les jeunes migrants souffrant de pathologies mentales graves. Pour les autres, non seulement la prise en charge médicale est quasi-inexistante mais la pratique de l’isolement à des fins répressives aggrave souvent un état déjà à risque.

    La déclaration d’#état_d’urgence n’a pas amélioré le sort des jeunes migrants en rétention. En effet, les CRA ont été maintenus ouverts pendant les périodes de #confinement et sont devenus de facto le lieu de placement d’un grand nombre d’étrangers en situation irrégulière sortant de prison, alors que la fermeture des frontières rendait improbables la reconduite et les expulsions.

    Un tel choix a eu pour conséquence l’augmentation de la pression démographique (+23 % en un an) sur ces lieux qui ne n’ont pas été conçus pour accueillir des personnes psychologiquement aussi vulnérables et pour des périodes aussi prolongées.

    Des espaces anxiogènes

    De par leur nature de lieu de #privation_de_liberté et leur vocation de transition vers la reconduction aux frontières, les CRA sont de toute évidence des #espaces_anxiogènes où il n’est pas simple de distinguer les logiques de #soins de celles de #contrôle et de #répression, et où la consultation psychiatrique revêt bien d’autres enjeux que des enjeux thérapeutiques. Car le médecin qui apporte un soin et prend en charge psychologiquement peut aussi, en rédigeant un #certificat_médical circonstancié, contribuer à engager une levée de rétention, en cas de #péril_imminent.

    Les placements en CRA de personnes atteintes de pathologies psychologiques et/ou psychiatriques sont en constante hausse, tout comme les actes de #détresse (#automutilations et tentatives de #suicide) qui ont conduit, depuis 2017, cinq personnes à la mort en rétention.

    La prise en charge effective de la santé mentale des jeunes migrants se heurte aujourd’hui en France aux contradictions internes au système. Si les dispositifs sanitaires existent et sont en théorie ouverts à tous, sans condition de nationalité ni de régularité administrative, l’état d’incertitude et de #précarité des jeunes migrants, en situation irrégulière ou non, en fait un population spécialement vulnérable et exposée.

    Sans doute une plus forte articulation entre la stratégie nationale de prévention et lutte contre la pauvreté et des actions ciblées visant à favoriser l’intégration et la stabilité via le logement, l’éducation et l’emploi serait-elle à même de créer les conditions pour une véritable prévention des risques psychologiques et une meilleure santé mentale.

    https://theconversation.com/la-crise-sanitaire-aggrave-les-troubles-psy-des-jeunes-migrants-152

    #crise_sanitaire #asile #migrations #réfugiés #jeunes_migrants #santé_mentale #troubles_psychologiques #genre #vulnérabilité #bénévolat #rétention #détention_administrative #sans-papiers

    ping @isskein @karine4

  • La santé mentale est un enjeu crucial des migrations contemporaines

    Si la migration est source d’espoirs liés à la découverte de nouveaux horizons, de nouveaux contextes sociaux et de nouvelles perspectives économiques, elle est également à des degrés divers un moment de rupture sociale et identitaire qui n’est pas sans conséquence sur la santé mentale.

    #Abdelmalek_Sayad, l’un des sociologues des migrations les plus influents de ces dernières décennies, a défini la condition du migrant comme étant suspendu entre deux mondes parallèles. #Sayad nous dit que le migrant est doublement absent, à son lieu d’origine et son lieu d’arrivée.

    Il est, en tant qu’émigrant, projeté dans une condition faite de perspectives et, très souvent, d’illusions qui l’éloignent de son lieu d’origine. Mais le migrant est tout aussi absent dans sa #condition ^_d’immigré, dans les processus d’#adaptation à un contexte nouveau et souvent hostile, source de nombreuses #souffrances.

    Quelles sont les conséquences de cette #double_absence et plus largement de cette transition de vie dans la santé mentale des migrants ?

    Migrer implique une perte de #capital_social

    Migrer, c’est quitter un #univers_social pour un autre. Les #contacts, les #échanges et les #relations_interpersonnelles qui soutiennent chacun de nous sont perturbés, fragmentés ou même rompus durant cette transition.

    Si pour certains la migration implique un renforcement du capital social (ou économique), dans la plupart des cas elle mène à une perte de capital social. Dans un entretien mené en 2015, un demandeur d’asile afghan souligne cette #rupture_sociale et la difficulté de maintenir des liens avec son pays d’origine :

    « C’est très difficile de quitter son pays parce que ce n’est pas seulement ta terre que tu quittes, mais toute ta vie, ta famille. J’ai des contacts avec ma famille de temps en temps, mais c’est difficile parce que les talibans détruisent souvent les lignes de téléphone, et donc, c’est difficile de les joindre. »

    Pour contrer ou éviter cette perte de capital social, de nombreux #réseaux_transnationaux et organisations d’immigrants dans les pays d’accueil sont créés et jouent dans la vie des migrants un rôle primordial.

    À titre d’exemple, la migration italienne d’après-guerre s’est caractérisée par une forte structuration en #communautés. Ils ont créé d’importants organisations et réseaux, notamment des organisations politiques et syndicales, des centres catholiques et culturels, dont certains sont encore actifs dans les pays de la #diaspora italienne.

    L’#environnement_social et la manière dont les sociétés d’arrivée vont accueillir et inclure les migrants, vont être donc des éléments clés dans la #résilience de ces populations face aux défis posés par leur trajectoire de vie et par leur #parcours_migratoire. Les migrants peuvent en effet rencontrer des situations qui mettent en danger leur #santé physique et mentale dans leur lieu d’origine, pendant leur transit et à leur destination finale.

    Cela est particulièrement vrai pour les migrants forcés qui sont souvent confrontés à des expériences de #détention, de #violence et d’#exploitation susceptibles de provoquer des #troubles_post-traumatiques, dépressifs et anxieux. C’est le cas des centaines de milliers de réfugiés qui fuient les #conflits_armés depuis 2015, principalement dans les régions de la Syrie et de l’Afrique subsaharienne.

    Ces migrants subissent des #violences tout au long de leur parcours, y compris la violence des lois de l’asile dans nos sociétés.

    L’environnement social est une des clés de la santé mentale

    Dans son document d’orientation « Mental health promotion and mental health care in refugees and migrants », l’Organisation mondiale de la santé (OMS) indique l’#intégration_sociale comme l’un des domaines d’intervention les plus importants pour combattre les problèmes de santé mentale dans les populations migrantes.

    Pour l’OMS, la lutte contre l’#isolement et la promotion de l’#intégration sont des facteurs clés, tout comme les interventions visant à faciliter le relations entre les migrants et les services de soins, et à améliorer les pratiques et les traitements cliniques.

    Cependant, l’appartenance à des réseaux dans un environnement social donné est une condition essentielle pour le bien-être mental de l’individu, mais elle n’est pas suffisante.

    Le philosophe allemand #Axel_Honneth souligne notamment que la #confiance_en_soi, l’#estime_de_soi et la capacité à s’ouvrir à la société trouvent leurs origines dans le concept de #reconnaissance. Chaque individu est mu par le besoin que son environnement social et la société, dans laquelle il ou elle vit, valorisent ses #identités et lui accordent une place comme #sujet_de_droit.

    Les identités des migrants doivent être reconnues par la société

    À cet égard, se construire de nouvelles identités sociales et maintenir une #continuité_identitaire entre l’avant et l’après-migration permet aux migrants de diminuer les risques de #détresse_psychologique.

    https://www.youtube.com/watch?v=oNC4C4OqomI&feature=emb_logo

    Être discriminé, exclu ou ostracisé du fait de ses appartenances et son identité affecte profondément la santé mentale. En réaction à ce sentiment d’#exclusion ou de #discrimination, maintenir une estime de soi positive et un #équilibre_psychosocial passe souvent parla prise de distance par rapport à la société discriminante et le #repli vers d’autres groupes plus soutenants.

    La #reconnaissance_juridique, un élément central

    Or ce principe de reconnaissance s’articule tant au niveau de la sphère sociale qu’au niveau juridique. Dans les sociétés d’accueil, les migrants doivent être reconnus comme porteurs de droits civils, sociaux et politiques.

    Au-delà des enjeux pragmatiques liés à l’accès à des services, à une protection ou au #marché_de_l’emploi, l’obtention de droits et d’un #statut_juridique permet de retrouver une forme de contrôle sur la poursuite de sa vie.

    Certaines catégories de migrants vivant soit en procédure pour faire reconnaître leurs droits, comme les demandeurs d’asile, soit en situation irrégulière, comme les « #sans-papiers », doivent souvent faire face à des situations psychologiquement compliquées.

    À cet égard, les sans-papiers sont presque totalement exclus, privés de leurs #droits_fondamentaux et criminalisés par la justice. Les demandeurs d’asile sont quant à eux souvent pris dans la #bureaucratie du système d’accueil durant des périodes déraisonnablement longues, vivant dans des conditions psychologiques difficiles et parfois dans un profond #isolement_social. Cela est bien exprimé par un jeune migrant kenyan que nous avions interviewé en 2018 dans une structure d’accueil belge :

    « Je suis arrivé quand ils ont ouvert le [centre d’accueil], et je suis toujours là ! Cela fait presque trois ans maintenant ! Ma première demande a été rejetée et maintenant, si c’est un “non”, je vais devoir quitter le territoire. […] Tous ces jours, les mois d’attente, pour quoi faire ? Pour rien avoir ? Pour devenir un sans-papiers ? Je vais devenir fou, je préfère me tuer. »

    Être dans l’#attente d’une décision sur son statut ou être dénié de droits plonge l’individu dans l’#insécurité et dans une situation où toute #projection est rendue compliquée, voire impossible.

    Nous avons souligné ailleurs que la lourdeur des procédures et le sentiment de #déshumanisation dans l’examen des demandes d’asile causent d’importantes #frustrations chez les migrants, et peuvent avoir un impact sur leur #bien-être et leur santé mentale.

    La migration est un moment de nombreuses #ruptures sociales et identitaires face auxquelles les individus vont (ré)agir et mobiliser les ressources disponibles dans leur environnement. Donner, alimenter et construire ces ressources autour et avec les migrants les plus vulnérables constitue dès lors un enjeu de #santé_publique.

    https://theconversation.com/la-sante-mentale-est-un-enjeu-crucial-des-migrations-contemporaines

    #santé_mentale #asile #migrations #réfugiés

    ping @_kg_ @isskein @karine4

  • Les classes filmées : éléments de réglementation | -
    http://dane.web.ac-grenoble.fr/article/les-classes-filmees-elements-de-reglementation

    Le retour progressif des élèves lors de la phase de déconfinement et la limite du nombre d’élèves présents en classe afin de respecter le protocole sanitaire soulèvent de nombreuses questions. En effet, durant cette période, dans la plupart des cas, le professeur fait cours en présence d’une partie seulement de ses élèves tandis qu’une autre partie de la classe est à distance et peut suivre le cours en direct.

    À quelles conditions le professeur peut-il alors filmer son cours et le transmettre en direct au reste de la classe à distance ?

    Pour ce cours hybride, faut-il que les représentants légaux des élèves présents filmés (ou seulement entendus) donnent explicitement leur accord pour cette diffusion par internet ?

    #continuitépédagogique

  • Télétravail, #travail_à_distance dans l’#ESR : l’entourloupe

    Depuis le #confinement, en pratique, les agents de l’#enseignement_supérieur et de la recherche font du télétravail, mais les administrations préfèrent dire que l’on fait du travail à distance, pour une bête raison juridique. Le télétravail dans la #fonction_publique est normalement une pratique encadrée – par le décret du 11 février 2016 (https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000032036983), dont l’une des premières conditions réglementaires est le #volontariat. Il n’existe pas de télétravail imposé dans la fonction publique.

    Le télétravail qui s’est accompli de facto1 ces dernières semaines n’avait, de ce point de vue, pas de #base_juridique formellement identifiable. Nous en avions déjà parlé au moment de la discussion de la continuité académique sur Academia. Pour la fonction publique, il n’existe pas l’équivalent de l’article L. 1222-11 du #code_du_travail (https://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do?idArticle=LEGIARTI000035643952&cidTexte=LEGITEX) :

    « En cas de circonstances exceptionnelles, notamment de menace d’épidémie, ou en cas de force majeure, la mise en œuvre du télétravail peut être considérée comme un aménagement du poste de travail rendu nécessaire pour permettre la #continuité de l’activité de l’entreprise et garantir la protection des salariés ».

    Ce qui ne signifie pas, pour autant, que cette mise au télétravail sans base légale ou réglementaire était illégale : il ne fait aucun doute qu’en cas de contentieux, le juge administratif soutiendra qu’en période d’épidémie, la mise en œuvre du télétravail doit être considérée comme un aménagement du poste de travail rendu nécessaire pour permettre la continuité du service public et garantir la protection des agents.

    Mais cette absence de base légale ou réglementaire ne peut pas durer éternellement. Et c’est pourquoi le #décret du 11 février 2016 a été modifié il y a une semaine (décret du 5 mai 2020 : https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000041849917&categorieLien=id), pour prévoir en particulier qu’il est possible, désormais, de déroger à la règle selon laquelle « La #quotité des fonctions pouvant être exercées sous la forme du télétravail ne peut être supérieure à trois jours par semaine » et selon laquelle « Le temps de #présence sur le lieu d’affectation ne peut être inférieur à deux jours par semaine ». Désormais, cette règle ne s’applique pas « Lorsqu’une #autorisation_temporaire de télétravail a été demandée et accordée en raison d’une #situation_exceptionnelle perturbant l’accès au service ou le #travail_sur_site », modification introduite dans le décret du 5 mai 2020 (https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000041849917&categorieLien=id) pour tirer les conséquences de l’#épidémie. Mais on n’a pas modifié un point, et c’est important : le télétravail doit dans tous les cas être demandé par l’agent. La nécessité du volontariat est maintenue : il faudrait une loi, et non un simple décret, pour revenir sur cette disposition.

    En toute logique (sic), les administrations – les administrations universitaires, entre autres – devraient donc être en train d’engager les procédures pour régulariser le télétravail en cours, pour revenir dans les clous du droit tel qu’il a été modifié par le décret du 5 mai. On peut douter que beaucoup d’administrations soient en train de le faire de manière active, mais on peut toujours se tromper. Elles savent, en particulier, que si l’on revient dans le droit « normal » du télétravail dans la fonction publique, il va falloir respecter l’ensemble des règles du télétravail. Ce qui signifie en particulier respecter l’article 6 du décret de 2016 :

    « Les agents exerçant leurs fonctions en télétravail bénéficient des mêmes droits et obligations que les agents exerçant sur leur lieu d’affectation. L’employeur prend en charge les coûts découlant directement de l’exercice des fonctions en télétravail, notamment le coût des matériels, logiciels, abonnements, communications et outils ainsi que de la maintenance de ceux-ci ».

    En fait, c’est plus subtil que cela. Les lectrices et lecteurs d’Academia vont admirer le choix fourbe qui a été fait : le décret du 5 mai 2020 n’a pas exactement mis entre parenthèses cette obligation de prendre en charge les #coûts_de_l’exercice des fonctions en télétravail. Il a précisé avec une certaine roublardise que lorsque l’agent demande l’autorisation temporaire de télétravail mentionnée au 2° de l’article 4 — c’est-à-dire l’autorisation de télétravail « demandée et accordée en raison d’une situation exceptionnelle perturbant l’accès au service ou le travail sur site » — alors « l’administration peut autoriser l’utilisation de l’équipement informatique personnel de l’agent ».

    Conclusion : si l’on en croit le décret, ce n’est pas l’administration qui impose le télétravail aux agents – il aurait fallu une loi pour ouvrir cette possibilité, qui n’a pas été prise sur ce point – mais les agents qui le demandent ; et ce n’est pas l’administration qui prend en charge les moyens, notamment informatiques, dont ont besoin les agents pour faire du télétravail, ce sont les agents qui demandent à être autorisés à utiliser leurs équipements informatiques personnels.

    C’est amusant comme on peut tordre le réel avec le droit, non ?

    https://academia.hypotheses.org/23799
    #travail #mots #vocabulaire #terminologie #droits #université #facs #France #équipement

  • L’école à distance à l’heure du déconfinement : Premier bilan
    http://www.cafepedagogique.net/LEXPRESSO/Pages/2020/05/13052020Article637249542396794122.aspx

    Morceaux choisis :

    =>Sur l’étude :

    L’étude est construite à partir de deux questionnaires, l’un adressé aux enseignants du 1er et 2nd degrés, un autre adressé à leurs élèves de la maternelle au lycée . Ces questionnaires mis en ligne le 8 avril 2020, à propos de l’activité des enseignants et des élèves en période de confinement, totalisent plus de 6000 réponses à ce jour.

    Perrine Martin, Christine Félix, Pierre-Alain Filippi et Sophie Gebeil (Aix-Marseille Université)

    => Sur l’état de préparation :

    Les résultats de notre enquête confirment que la communauté éducative s’est largement interrogée - voire inquiétée - sur la mise en œuvre réelle de cette continuité pédagogique, à la fois sur des questions techniques, pédagogiques et didactiques : quels devoirs faut-il déposer et à quelle fréquence ? Sur quels supports ? Comment ? Faut-il prévoir des sessions synchrones, des modalités d’évaluation du travail, de contrôle de l’assiduité ? Faut-il assurer une permanence à distance pour répondre aux questions des élèves ...et/ou de leurs parents et sur quelles plages horaires, etc. ? Sans oublier toutes les questions d’enseignement/apprentissage qui vont bien au-delà de la seule réflexion à propos du dilemme « faire faire des révisions » vs « aborder de nouvelles notions ».

    Seulement 19,7% des enseignants déclarent travailler avec un ordinateur professionnel. Pendant la période de confinement, les enseignants ont donc majoritairement utilisé leur matériel personnel, souvent partagé avec leurs enfants (47,1%) ou leur conjoint (42,4%).

    A cela s’ajoute le fait que toutes les familles ne sont pas équipées en matériel informatique, en imprimante, en scanner et en connexion Internet.

    Il est donc important de souligner que c’est bien l’équipement personnel des enseignants et des élèves qui a permis d’assurer cette continuité pédagogique et de suppléer à une dotation insuffisante de matériel professionnel portable. De plus, ces écarts d’équipements révèlent également que cette situation creuse des inégalités entre élèves ce qui doit nous alerter sur d’autres points (suivi des cours à distance, vérification de l’assiduité, notation...) à ne pas négliger dans la réflexion qui s’amorce.

    => Sur le numérique et l’enseignement à distance

    96,5 % des enseignants affirment utiliser les outils numériques pour travailler même avant le contexte de confinement. De plus, 67,1% d’entre eux se considèrent comme des personnes connectées et 69,2 % s’estiment à l’aise avec les outils numériques.

    L’usage du numérique en classe est majoritairement consacré à la diffusion de supports (67%) et non pas réellement à l’enseignement à distance.

    D’ores et déjà, on comprend que la mise en œuvre d’un enseignement à distance efficace ne s’improvise pas ... même avec une profusion de ressources mises à disposition des équipes dans le cadre du plan numérique. Les questions de la scénarisation et de la didactisation des contenus, par exemple, restent fondamentales pour la mise en œuvre d’un enseignement à distance.

    Il est important de ne pas oublier qu’en distanciel, les élèves ont également besoin d’être autonomes dans l’usage des outils numériques. En effet, beaucoup d’entre eux ont été confrontés à des difficultés liées à la méconnaissance de certains outils ou pratiques qu’ils ne maîtrisaient pas.

    => Sur l’auto-formation des enseignants :

    54,8% estiment ne pas avoir été conseillés quant aux choix des outils numériques. Pour faire face, 76,4% des enseignants se sont tournés vers des collègues en cas de difficultés, ou vers leurs proches (50,9%). D’ailleurs 84% d’entre eux affirment d’ailleurs avoir eu des contacts réguliers avec l’équipe pédagogique.

    Les enseignants, dans leur grande majorité, ont travaillé seuls durant les premières semaines de confinement pour organiser la scénarisation des enseignements et le suivi de leurs élèves

    63% d’entre eux déclarent travailler plus de 4h par jour et 21% au-delà de 7h, avec un temps passé devant un écran qui a doublé ou quadruplé pour 80% des enseignants.

    => Sur le bilan :

    il ne s’agissait pas d’un enseignement à distance “préparé” mais bien d’un enseignement à distance improvisé dans l’urgence par les équipes éducatives.

    Pour aborder au mieux la nouvelle phase qui s’ouvre, “mi à distance, mi en présentiel”, il est sans doute urgent d’envisager que tous les enseignants soient dotés, à domicile, d’un matériel professionnel performant pour assurer ce fonctionnement mixte.

    Il est également nécessaire de réaffirmer la dimension collective de l’enseignement, y compris à distance, et de penser une coordination centralisée quant au travail exigé des élèves.

    #continuitepedagogique #education #etude

  • Tribune : Maurice Danicourt : Un haut fonctionnaire parle…
    http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2020/05/12052020Article637248579147820153.aspx

    Morceaux choisis :

    Sans relâche, depuis le début de son mandat, le ministre réserve ses annonces à la presse. Depuis le début, il joue le grand public contre eux Depuis le début, il les considère tout juste bons à appliquer ses directives, traduits en vade-mecum, guides et fiches de tous genres et de toutes couleurs, niant leur professionnalisme et ne comptant que sur leur obéissance, voire sur leur conscience professionnelle. Il n’y a donc pas eu lieu de s’étonner quand, au début de l’année, les enseignants n’ont jamais cru un mot de leur ministre quand il leur annonçait, suite à la réforme des retraites, une revalorisation en milliards d’euros… qui n’aura jamais lieu.

    Nous en arrivons au niveau intermédiaire celui des académies et départements où le problème est un peu plus ancien, même s’il ne date seulement que de quelques années. Depuis début 2012 , la gestion des écoles primaires, depuis plus d’un siècle effectuée par les IA (ancêtres des DASEN), fait l’objet d’une appropriation progressive par les recteurs. En effet, à cette date, le recteur est devenu le seul pilote de ses inspecteurs territoriaux (IEN compris) et le seul responsable du second degré, mais aussi du premier, jusque-là chasse gardée des IA. Et, si, universitaire ou haut fonctionnaire, il s’y connait beaucoup moins que l’IA, il s’y intéresse de plus en plus, souvent avec le souci louable de convergence des politiques ou de mutualisation des bonnes pratiques, en nommant un conseiller technique premier degré ou un doyen des inspecteurs du primaire, en réunissant tous les IEN de l’académie, en rencontrant les directeurs, en s’adressant directement à eux, etc.

    La dyarchie est celle que compose l’IEN et la directrice ou le directeur d’école. Rappelons au préalable que ce dernier n’est pas un chef d’établissement : il n’a guère d’autorité sur ses collègues (appelés d’ailleurs traditionnellement ses « adjoints » ; ces derniers sont surtout enclins à reconnaître sa fonction éminente quand la photocopieuse est en panne ou les toilettes bouchées, rarement pour animer un travail pédagogique collectif), il doit très majoritairement faire classe une bonne partie de son service et il n’a aucun collaborateur pour l’assister dans la multiplicité de ses tâches, contrairement au principal du collège voisin qui, même si celui-ci a moins d’élèves dans son établissement qu’une grosse école, peut s’appuyer sur un CPE et des surveillants, une secrétaire, un gestionnaire, même à temps partiel, et souvent un adjoint.

    La crise actuelle l’illustre malheureusement trop parfaitement. On a confié directement aux directrices et directeurs le soin de gérer la question, nouvelle et délicate, de l’enseignement à distance, avec les enseignants et les parents. On leur demande désormais, à eux et presqu’à eux seuls, oubliant les IEN, d’appliquer un protocole sanitaire et une circulaire de reprise, tâche qui relève presque de la mission impossible, au sens où il faudrait oublier que les enfants sont des enfants et que l’acte d’enseigner implique une nécessaire proximité à l’école maternelle comme à l’école élémentaire.

    La crise du Covid 19 est un révélateur. Elle montre qu’à l’école primaire, on marche sur la tête depuis des années, en misant sur l’autonomie de l’école, qui n’en a en fait aucune dans les textes, et sur les responsabilités accrues d’une directrice ou d’un directeur qui ne peut compter que sur son engagement, ses compétences et son charisme pour piloter ses collègues. La coupe est pleine. Il n’y a pas si longtemps que cela, une directrice mettait dramatiquement fin à ses jours, rappelons-nous-en. Le système actuel est à bout de souffle. Tout doit changer, vite, à tous les niveaux, bouleversant une organisation vieille de plus d’un siècle, remettant en cause un management plus récent et renvoyant un ministre dépassé. C’est à ce prix que le président de la République montrera, pour le « monde d’après », qu’il a vraiment retenu la leçon du Covid 19.

    #continuitepedagogique #1erdegre #education

  • Les intermèdes CDI ou le retour du piratage pédagogique
    http://www.csidoc.com/blog/reflexions/les-intermedes-cdi-ou-le-retour-du-piratage-pedagogique.html

    Comment le #profdoc peut-il faire cours dans le cadre de #ContinuitePedagogique et #enseignementadistance ?
    "Il s’agit d’activités ponctuelles sur une séance avec l’étude d’un article de presse grâce à une fiche guide d’analyse autour d’un thème en rapport avec l’actualité et les programmes. À la demande des professeurs de sciences et d’histoire, j’ai également fait une courte intervention au cours suivant pour faire le point sur les indices de crédibilité des articles et de travailler les réflexes critiques tellement importants en ce moment de « surinformation »."

  • Ne laissons pas le pouvoir voler le récit de l’école au temps du confinement | Le Club de Mediapart
    https://blogs.mediapart.fr/marc-bablet/blog/020420/ne-laissons-pas-le-pouvoir-voler-le-recit-de-l-ecole-au-temps-du-con

    A l’évidence, le travail enseignant en période de confinement est confronté aux mêmes problèmes que dans le quotidien des classes mais les conditions de ce travail amènent des recherches de solutions qui deviennent plus complexes contrairement à l’idée simpliste du ministre qui voit presque une chance dans le confinement pour l’individualisation des réponses pédagogiques dont on sait qu’il est un important fanatique de longue date

    L’idée est simple : comme on ne travaille plus avec une classe, on peut mieux travailler avec chacun des individus qui composent la classe. Il suffit de faire des programmes de travail individualisés pour chacun des élèves. Et de les suivre individuellement.

    Il oublie juste au moins deux choses bien connues : d’une part c’est la classe qui assure le meilleur milieu de la régulation des apprentissages tant on n’apprend pas tout seul, tant on a besoin d’une présence humaine et sociale pour apprendre avec des étayages et des désétayages adaptés à l’évolution de l’apprentissage.

    D’autre part que les principales différences entre les individus face aux apprentissages ne sont pas d’abord individuelles mais d’abord sociales et que le référentiel de l’éducation prioritaire a été conçu pour dire les pratiques enseignantes souhaitables pour que l’école puisse lutter contre les inégalités.

    Le problème c’est que quand il n’y a plus l’école, quand les enfants ne sont plus rassemblés dans les classes, la question de l’existence même du pédagogique est posée. Parce que contrairement à l’image simpliste des apprentissages que porte le ministre, il ne suffit pas de lire, de faire des exercices pour apprendre. Parce que les enseignants savent bien l’importance des dynamiques de groupe à l’œuvre dans leurs classes. Parce que chacun sait l’importance de ce que l’on appelle « les feedbacks » au cours de l’activité d’apprentissage pour apprendre. Il

    #continuitepedagogique #education

  • L’étrange rentrée post-confinement des lycéens allemands - Le Point
    https://www.lepoint.fr/monde/l-etrange-rentree-post-confinement-des-lyceens-allemands-27-04-2020-2373093_

    Dans l’Allemagne fédérale où l’éducation est du ressort des Länder, les ministres de l’Éducation des 16 régions ont décidé que tous les collèges-lycées du pays rouvriront leurs portes pour les élèves de terminale qui passent leur Abitur et pour les secondes qui passent leur MSA, le brevet allemand.

    Aucune école ne ressemble à une autre. Dans cet imposant bâtiment construit en 1906, les conditions ne sont pas les mêmes que dans un bâtiment moderne des années 1970. Impossible donc d’imposer des règles susceptibles de s’appliquer à tous.

    Un prof monte la garde devant les toilettes pour s’assurer que plusieurs élèves ne s’y retrouvent pas en même temps.

    En Allemagne, personne n’envisage pour le moment le retour des sixièmes, cinquièmes, quatrièmes et troisièmes, d’autant que dans certains Länder, comme à Berlin, la rentrée après les vacances se fera à la mi-août.

    Autre problème : comment faire reprendre l’école à des jeunes qui, au mois d’août, n’auront pas été en cours depuis 20 semaines.

    #continuitepedagogique #deconfinement #allemagne

  • Italian lessons : what we’ve learned from two months of home schooling | Education | The Guardian
    https://www.theguardian.com/education/2020/apr/24/italy-home-schooling-coronavirus-lockdown-what-weve-learned
    https://images.unsplash.com/photo-1509062522246-3755977927d7?ixlib=rb-1.2.1&ixid=eyJhcHBfaWQiOj

    #education #continuitepedagogique #italie

    Morceaux choisis :

    => l’incompréhension que l’éducation soit la première activité « sacrifiée »

    The decision was, in many ways, shocking. At that time, there had only been three deaths from Covid-19 in Italy, and only 152 reported infections. It seemed strange that education was the first social activity to be sacrificed. I guessed it was because it wasn’t perceived to be economically productive. Nothing else was closing: football grounds, bars, shops and ski resorts were still open for business, and no schools in any other European country had closed.

    => Annonce rapide, et pas de plan ou de ressource pour l’enseignement à distance

    The announcement had been so sudden that schools had few plans or resources in place to teach remotely. Italy spends a lot less on education than almost every other western country. Spending per student (from primary school to university) equates to $8,966 per annum, compared to $11,028 in the UK and $11,502 in Sweden..

    => Une formation minimale en Italie, un système conservateur et descendant, des enseignants âgés

    Nor did many Italian teachers seem to know how to approach this new world in which they found themselves. There is minimal teacher-training in Italy. University graduates are often thrown into a classroom without any knowledge of pedagogic theories or practical experience. Inspections are almost unheard of. The result is that Italian education is, at its worst, particularly conservative and condescending: the pupil is seen as an empty vessel to be filled with knowledge that is regurgitated in exams

    => En Italie aussi, ce sont largement les enseignants qui se sont débrouillés, dans un assez gros bordel

    The closing of all Italy’s schools meant teachers found themselves having to invent a new kind of classroom from scratch. There were no ministerial guidelines or approved websites. “The entirety of this new form of online teaching,” said Daniele Martino, a middle-school teacher in Turin, “was created by us teachers at the last minute.”

    At the beginning, it was chaotic. There was little coordination between different teachers within the same schools, let alone across different schools, and parents reported finding themselves boggled by a vast array of IT platforms: Meet, Classroom, Zoom, Jitsi, Edmodo. The problem wasn’t only that sites and servers crashed as the country’s almost 8 million students all logged on. Many kids couldn’t connect at all.

    => Problèmes d’équipements toujours...

    The attempt by many teachers to get less-privileged students the necessary laptops and internet connections is one of the untold stories of this crisis. By 19 March, the ministry of education claimed to have distributed 46,152 tablets throughout the country. Since then, an emergency budget has created a €70m fund for providing computers to those without.

    => Mais problèmes sociaux et humain aussi et surtout

    Even if the necessary hardware is distributed, one special educational needs teacher told me that online classes just don’t work for children who need bespoke lessons: “Those who are already doing well at school are now doing even better, but those who were struggling are just falling further behind.”

    => Les particularités d’un système éducatif italien particulièrement conservateur

    But school was also being reinvented because Italy’s traditional educational stick had been removed. Usually pupils are given many tests each month and if, at the end of the year, their average score is insufficient, they’re bocciato – failed – and have to repeat the year. Now, teachers quickly realised there was no way to stop students cheating in tests.

    Traditionalist teachers were beside themselves. One parent in Umbria told me how a teacher stormed out of the virtual classroom when she discovered how many pupils were cheating.

    Between the cheating and the automatic promotion to the next school year, teachers who needed a big stick suddenly found themselves disarmed.

    => Bataille entre conservateurs, réformistes, et réflexions sur le métiers

    There has always been a battle in Italy between hardliners and child-centred reformers such as Maria Montessori. It now seemed as if progressives had the upper hand.

    Many teachers have had to soften their approach, to take into account what their pupils were going through. “Some of them have lost a grandparent”, said Paola Lante, a primary-school teacher in Milan. “Their parents are losing their jobs or are fighting at home. At the end of the day, a teacher has to be a steadying influence, a social worker and a psychologist.”

    => Les parents, le home-schooling, la classe à la maison : la co-éducation

    Even though the kids had enough spare time to be habitually bored, they were no longer cleaning the house or doing their daily learning tasks. Spelling tests and fitness regimes were forgotten. They seemed to have become – if not agoraphobic – certainly “agora-meh”.

    It’s hard, as a parent, not to be frustrated, especially if – as a writer – you regret that they never read books. Every time I emerged from my office, I would see them all on their screens, headphones on. Lessons had become indistinguishable from down-time. For all the idealism about digital learning, it seemed extraordinarily passive to me.

    => Le confinement met tout le monde en insécurité

    The more you look at the educational conundrum in lockdown Italy, the more you see everyone’s vulnerabilities. Students have always felt fretful because of their weekly tests and the stigma of being held back a year. But now many teachers feel insecure, too: not just because education seems like the last priority of government, but because they are scared of digitalised learning and fear being replaced by screens.

    Chiara Esposito, a middle-school teacher, told me “parents are the most conservative element in the school ecosystem. They become paranoid if their child isn’t ‘an eight’ or hasn’t completed the set book. They’re the ones we really need to educate.”

    Surprisingly, even the education technology firms promoting digital learning platforms to schools feel apprehensive. [Lorenzo Benussi] is concerned that teachers are using new tech to reproduce the same old teaching methods, instead of grasping this opportunity for a completely new kind of teaching. “When all this talk about digital learning began back in March,” he said, “I was very, very worried, because it’s not about technology. Technology is just a means. Its effectiveness depends entirely on your didactic approach.”

  • Paranoia about cheating is making online education terrible for everyone - Vox
    https://www.vox.com/recode/2020/5/4/21241062/schools-cheating-proctorio-artificial-intelligence

    Morceaux choisis :

    [...] As tests must happen remotely in the Covid-19 crisis, Raza’s school is one of many using a mixture of robots and video feeds to make sure students don’t cheat.

    Worse, the tool’s facial detection algorithm seemed to struggle to recognize them, so they needed to sit in the full light of the window to better expose the contours of their face, in their view an indication that the system might be biased.

    But there are varying levels of automation, as well. For instance, Examity also uses AI to verify students’ identities, analyze their keystrokes, and, of course, ensure they’re not cheating. Proctorio uses artificial intelligence to conduct gaze detection, which tracks whether a student is looking away from their screens. The company founder and CEO Mike Olsen, apparently bullish about the service’s automated nature, told Recode in an email that the company has fewer than 100 employees and doesn’t need “humans in call centers.”

    Some students seem to hate these services, and social media is chock-full of their grievances, from criticisms of the software to objections that the tool is just plain annoying

    “We will never be able to stop cheating in online learning, just like we’ve never been able to stop cheating in offline learning,” Dawson admits, explaining that schools might just be investing in a sort of education “security theater.”

    The shift to online learning is inevitably changing views not just on cheating but also on what it really means to test students’ knowledge. Some professors are looking for other ways to measure learning, arguing that assessments online don’t necessarily need to be traditional exams.

    #continuitepedagogique #education #onlinelearning

  • COVID-19: Más del 95 por ciento de niños y niñas está fuera de las escuelas de América Latina y el Caribe
    https://www.unicef.org/es/comunicados-prensa/covid-19-mas-del-95-por-ciento-ninos-fuera-de-escuelas-America-Latina

    Traduction FR

    PANAMA CITY, 23 mars 2020.- En Amérique latine et dans les Caraïbes, environ 154 millions de garçons et de filles, soit plus de 95% des inscrits, sont temporairement hors des écoles fermées à cause de COVID-19 L’UNICEF a rendu compte aujourd’hui sur la base des données de l’UNESCO [1].

    Environ 90% des écoles de la petite enfance, du primaire et du secondaire en Amérique latine et dans les Caraïbes seront fermées au cours des prochains jours ou semaines, et ce pourcentage augmente rapidement. Cette situation, qui pourrait s’étendre au-delà de ce qui était initialement prévu, augmentera le risque d’abandon définitif, notamment pour les enfants les plus vulnérables.

    Par conséquent, il est urgent de prendre des mesures pour éviter les interruptions scolaires et garantir l’accès à des modalités d’apprentissage permanentes et flexibles avec un contenu adaptable qui atteignent tous les enfants à la maison, y compris ceux sans accès à Internet ou handicapés.

    "Il s’agit d’une crise de l’éducation sans précédent dans l’histoire récente de l’Amérique latine et des Caraïbes", a déclaré Bernt Aasen, directeur régional a.i. UNICEF pour l’Amérique latine et les Caraïbes. « Jamais autant d’écoles n’ont été fermées en même temps. L’expansion du coronavirus COVID-19 laisse la grande majorité des enfants non scolarisés dans les semaines à venir. Si les fermetures d’écoles se prolongent, le risque est grand que les garçons et les filles prennent du retard dans leur courbe d’apprentissage et que les élèves les plus vulnérables ne retournent pas en classe. Il est vital qu’ils n’arrêtent pas d’apprendre à la maison. »

    « Pour donner une continuité à l’éducation des élèves à domicile, il faut utiliser tous les outils et canaux disponibles, que ce soit par la radio, la télévision, Internet ou les téléphones portables. Nous ne pourrons relever ce défi que grâce à un effort conjoint des États, du secteur privé, des parents et des enfants », a ajouté Aasen.

    La fermeture temporaire des écoles implique également l’interruption de l’accès à d’autres services de base importants, tels que les repas scolaires, les programmes de loisirs, les activités parascolaires et le soutien pédagogique. Les services de santé scolaire, d’eau, d’assainissement et d’hygiène seront également affectés. Pour les écoles qui restent ouvertes, il est essentiel de garantir l’accès à l’eau et au savon sûrs et de promouvoir les pratiques d’hygiène.

    Plusieurs pays mettent en œuvre des modalités d’enseignement à distance, y compris des cours sur des plateformes numériques. Cependant, ces systèmes ne sont pas garantis dans toute la région et toutes les familles n’y ont pas accès, en particulier les plus vulnérables. Il est prioritaire de promouvoir un contenu accessible à la radio et à la télévision pour les enfants à faible revenu, menacés d’exclusion, sans accès à Internet, handicapés, migrants et communautés autochtones.

    Cette semaine, l’UNICEF et ses partenaires lanceront par le biais de leurs canaux numériques la campagne de sensibilisation régionale #AprendoEnCasa pour fournir aux familles et aux éducateurs de la région des outils éducatifs et de divertissement gratuits, ainsi que des conseils et des exemples de bonnes pratiques de santé et d’hygiène. .

    L’UNICEF reconnaît les efforts déployés par tous les gouvernements de la région pour garantir le droit à l’éducation et travaille avec eux et d’autres partenaires pour développer des méthodes flexibles d’enseignement à distance avec du contenu numérique et radiophonique et télévisé, ainsi que du matériel lecture et tâches guidées.

    #continuitepedagogique #education #ameriquelatine

  • Pandemia, educación y brecha digital en América Latina - Noticias de América
    http://www.rfi.fr/es/am%C3%A9ricas/20200424-pandemia-educaci%C3%B3n-y-brecha-digital-en-am%C3%A9rica-latina

    Traduction FR

    Le défi est de maintenir la continuité de l’éducation malgré la crise sanitaire. Cependant, tous les élèves n’ont pas d’ordinateur ou d’accès à Internet. Dans ce contexte, les classiques sont utilisés : la radio et la télévision comme valeurs sûres pour garantir la continuité de l’apprentissage.

    Les systèmes éducatifs de 25 des 26 pays qui font partie de la Banque interaméricaine de développement sont fermés en raison de la pandémie de coronavirus, qui représente 95% des étudiants dans toute la région. Il y a 165 millions d’élèves de tous niveaux.

    Les solutions mises en œuvre dans d’autres régions de la planète sont difficiles à appliquer en Amérique latine, où il n’est pas possible pour beaucoup d’accéder à l’enseignement à distance.

    Selon la Banque interaméricaine de développement, moins de 30% des familles les plus vulnérables ont accès à des ordinateurs.

    « Ce pourcentage diminue encore plus dans des pays comme le Pérou, le Mexique ou la République dominicaine où moins de 15% ont accès au matériel technologique. Cela contraste avec les élèves des classes les plus riches où le pourcentage peut être de 80% dans tous les pays de la région. La même chose se produit avec Internet, qui est essentiel pour se connecter à ces plateformes », a déclaré Elena Arias, spécialiste de l’éducation à la BID, interrogée par RFI.

    L’expert a souligné qu’au Mexique, en Colombie, au Pérou ou au Panama, par exemple, moins de la moitié des élèves des zones rurales ont accès à Internet à domicile.

    L’impact sur la perte d’apprentissage est catastrophique lorsque les élèves se déconnectent, cela a déjà été démontré en période de vacances ou de grève, selon la BID, et peut même conduire à l’abandon scolaire.

    « La situation à laquelle l’Amérique latine sera confrontée, après la pandémie en termes de déficit d’apprentissage, va être assez difficile. Même avant la pandémie, c’était une région très inégale. Combiné à la fermeture et à l’impact économique que cela va avoir sur le revenu des familles latino-américaines, il est très probable que les élèves, en particulier les lycéens, ne retournent pas en classe ", a ajouté Arias.

    Et comment combler cette fracture numérique pour garantir l’égalité avec les écoles fermées ? De nombreux pays ont choisi de sauver les anciennes technologies. Elena Arias souligne que des stratégies mixtes ont été mises en œuvre, qui incluent des technologies telles que la télévision, la radio ou les imprimés. Le Pérou, l’Argentine et le Chili, dit-il, ont déployé du contenu qu’ils avaient en ligne, le distribuant par d’autres moyens. Au Pérou en particulier, les autorités ont adapté et distribué du contenu provenant du programme Plaza Sésamo.

    "La BID, pour sa part, a négocié un accès général au contenu pour la petite enfance dans Sesame Street, que nous espérons pouvoir atteindre plus de pays et plus d’étudiants", a déclaré Arias.

    #continuitepedagogique #ameriquelatine

  • Geneviève Zoïa : « Il s’est passé quelque chose pendant le confinement, sachons infléchir le cours d’un ­système éducatif productiviste »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/05/05/genevieve-zoia-il-s-est-passe-quelque-chose-pendant-le-confinement-sachons-i

    Morceaux choisis :

    [...] Bien avant la pandémie, le système éducatif français est pointé du doigt comme obsédé par les résultats et les performances, hermétique aux plus vulnérables des parents, ployant sous l’académisme, rétif aux collaborations entre professionnels, élèves, parents…

    Bien avant la pandémie, le système éducatif considère le bien-être comme un vague dada tiède, venant du monde anglo-saxon. C’est pourquoi sont sacrifiés les espaces scolaires non consacrés à la classe : cours, couloirs, constituent des points aveugles, tandis que l’état des toilettes a été maintes fois dénoncé comme désastreux

    Enseignants et parents ont découvert des fonctionnalités ensemble. Vous avez dit « coéducation » ? Pendant le confinement, des parents souvent disqualifiés dans leur rôle d’accompagnants se sont réapproprié l’espace scolaire.

    Des liens forts se sont créés entre enseignants et parents, entre enseignants se consultant sur les usages numériques préférés des élèves.

    Sachons infléchir le cours d’un système éducatif productiviste : la principale erreur serait de vouloir faire comme si rien ne s’était passé. Le rapport entre l’école et les parents s’est modifié.

    #education #continuitepedagogique #france

  • Apprendre et enseigner par temps de crise sanitaire : regards croisés villes-campagnes | Fondation Jean-Jaurès
    https://jean-jaures.org/nos-productions/apprendre-et-enseigner-par-temps-de-crise-sanitaire-regards-croises-vil

    De la « continuité pédagogique » au retour en classe

    Le ministère de l’Éducation nationale, quant à lui, réagit promptement, avec un changement de braquet indéniable, mettant en avant la nécessaire « continuité pédagogique » et précisant par la voix de Jean-Michel Blanquer lors d’une conférence de presse que les semaines à venir ne seraient en aucun cas « une période de vacances »

    [...] Moins d’un tiers des Français souhaitent que les cours reprennent à partir du 11 mai prochain, tandis que 68 % préconisent un retour en classe en septembre 2020

    Les organisations syndicales multiplient ainsi les mises en garde, allant pour certaines jusqu’à taxer le gouvernement de mentir au peuple et de cacher son « objectif primordial » : que les Français « puissent rejoindre leur poste de travail, afin d’entraver le moins possible le fonctionnement de l’activité économique et les profits qui vont avec ».

    Personne ne niera par ailleurs que la situation économique dans laquelle se trouve le pays puisse représenter une priorité, si le gouvernement veut éviter que la France ne plonge encore davantage dans une récession qui s’annonce brutale, et dont nous ignorons les conséquences sociales à moyen et long termes

    Car, malgré toute l’implication des personnels de l’Éducation nationale, la « continuité pédagogique » a montré ses limites. Et si Jean-Michel Blanquer évoquait le 31 mars dernier une proportion de « 5 à 8 % des élèves injoignables »[9], ces statistiques masquent indéniablement des disparités sociales et spatiales de très grande ampleur.

    Continuité pédagogique : les enseignants se dépassent

    Passé le choc de l’annonce, la priorité est de mettre en place les premières réponses pour assurer la continuité pédagogique. En quelques jours, les enseignants et les parents doivent apprendre à transmettre de façon inédite et les élèves à étudier d’une façon nouvelle.

    « J’ai été bluffée par mes enseignants », témoigne la cheffe d’établissement d’un lycée de huit cents élèves à Saint-Amand-Montrond, dans le département du Cher. « Leur métier est fait d’humanité et de relations individuelles. En vingt-quatre heures, ils ont dû s’adapter à l’éloignement de leurs élèves, à leur éclatement, et, souvent, réinventer leurs cours de toutes pièces. Et ils l’ont fait ! » La conscience professionnelle des enseignants ne fait pas de doute, en effet, quand on voit l’ingéniosité de certains pour atteindre leurs élèves les plus réticents ou transmettre des cours aux plus éloignés d’entre eux.

    « Merci pour ce que vous faites pour les élèves, merci pour la prise en charge à distance, merci pour le travail donné, sans compter vos heures. » Tout se passe comme si le confinement avait soudainement mis en lumière le dévouement dont font preuve quotidiennement les enseignants dans leur métier, réalité que certains parents d’élèves avaient peut-être eu tendance à oublier.

    « Les professeurs ont parfois mobilisé leurs propres ressources, c’est vrai, plutôt que d’utiliser systématiquement les ressources officielles. Mais ils s’y sont mis, ils ont écouté les besoins de leurs élèves et, très souvent, ont foncé vers cette nouvelle voie. C’est une force qui, je pense, restera. »

    Pour appuyer le travail des enseignants, le ministère établit des partenariats comme celui noué avec La Poste, qui concerne à ce jour 21 000 établissements : les enseignants peuvent ainsi préparer les documents, les déposer sur une plateforme conçue par La Poste, qui les imprime et les envoie au domicile de l’élève.

    Masse de travail pour certains profs... et élèves

    Et la masse de travail est considérable, en effet, dans le collège de Rayane, à Saint-Denis, à tel point que le chef d’établissement insiste, dans des mails envoyés aux professeurs, pour que ces derniers « donnent du travail dans une proportion raisonnable » et portent « un regard bienveillant sur le rendu des élèves ».

    « C’est rare que je dise à mes professeurs de lever le pied », sourit la proviseure du lycée de Saint-Amand-Montrond. « Mais là, il le fallait, sinon les élèves allaient s’épuiser sur la longueur… et eux aussi ! ».

    Le temps passant, des élèves et des parents ont fait état du fait que le travail fourni par des professeurs ne leur semblait pas toujours aussi louable que le dit l’unanimisme ambiant et que si beaucoup d’entre eux font preuve d’un engagement remarquable, d’autres sont très peu présents pour leurs élèves.

    Le confinement semble avoir un effet loupe indéniable sur la manière dont est perçu le travail de chaque enseignant et sur la conduite des équipes pédagogiques auprès des élèves.

    Du côté des parents :

    37 % d’entre eux admettent ainsi se disputer davantage qu’avant le confinement à propos de leurs enfants – et notamment du temps passé par ces derniers devant les écrans et de la manière de les éduquer.

    La position vis-à-vis de la réouverture des écoles le 11 mai prochain varie d’ailleurs très fortement chez les parents en fonction de l’âge de leurs enfants. Ainsi, le souhait d’une réouverture atteint 40 % parmi les parents d’enfants scolarisés à l’école primaire, contre 27 % des parents de lycéens. Sans surprise, les parents dont les enfants sont relativement autonomes s’accommodent beaucoup plus facilement de l’école à la maison

    Les fractures sociales et territoriales renforcées

    Le confinement renforce ces fractures, l’apprentissage reposant désormais davantage sur les parents, avec des maîtrises des codes scolaires et des ressources culturelles compensatoires parfois profondément différentes d’une famille à l’autre.

    L’obligation scolaire montre ici tout son sens : en son absence, le délitement du lien à l’école pour les élèves issus de familles fragiles ou de territoires en souffrance saute aux yeux

    Nous notions, en effet, à la fin de l’année dernière que 32 % des jeunes des zones rurales n’avaient pratiqué aucune activité extra-scolaire pendant leur scolarité, contre seulement 20 % des jeunes en agglomération parisienne.

    L’absence d’école peut évidemment entraîner l’absence d’enseignement. Mais elle représente aussi bien plus dans les quartiers où l’école est un pilier de la société.

    [...]L’école de la République, comme elle l’a toujours été, joue quotidiennement un rôle dépassant très largement sa fonction première : celle d’étudier, d’apprendre et de passer des diplômes. Le présentiel reste en ce sens la condition essentielle pour que l’école puisse jouer pleinement tous ses rôles, comme celui de « lanceur d’alerte » dans les cas de violences familiales par exemple, pour reprendre les propos de l’éducatrice citée précédemment.

    Au même titre que les 30 % de Français qui continuent leur activité en télétravail[21] indiquent ressentir depuis une « surcharge de travail » par rapport à leur quotidien habituel, suscitant des questionnements sur les effets de la période sur leur santé mentale et psychique (notamment les burn-out), qu’en est-il pour les élèves qui « jouent » sans réserve le jeu des devoirs et des cours suivis à distance ? L’absence de frontières maison-école rend-elle pour eux comme pour les adultes d’autant plus difficile la sanctuarisation de plages de repos ?

    Autre sujet majeur dans les territoires ruraux et les petites villes à l’heure du confinement : l’orientation, enjeu central en matière d’égalité des chances.

    « Le sujet récurrent et qui inquiète les chefs d’établissement c’est celui des élèves qui envisageaient la voie professionnelle ou ceux qui avaient un projet apprentissage qui ne pourra pas se conclure. » Elle reprend : « Un certain nombre de familles, par défaut, envisagent un redoublement. » Pour ces jeunes, deux mois de confinement auront été lourds de conséquences au point de déterminer toute l’année scolaire à venir.

    Les réflexions, propositions pour la suite

    La crise sanitaire, une fois l’émotion retombée, va nécessairement ouvrir des réflexions et des perspectives, et voir fleurir des initiatives dans le monde scolaire. Sans que ces évolutions soient prétextes à la remise en cause des cadres de travail des enseignants, des leçons seront à conserver de cette période de confinement, comme le souligne Jean-Michel Blanquer : « Ce mélange de temps en petit groupe, de temps d’étude, de temps à distance, de temps d’épanouissement par le sport, la santé, le civisme, peut suggérer des innovations sur les plans pédagogiques et éducatifs. »

    La question du numérique devra ainsi faire l’objet d’une attention particulière. Le manque de formation prodiguée aux personnels enseignants a notamment été souligné durant cette période.

    Une récente étude de l’OCDE place d’ailleurs les enseignants français parmi les mauvaises élèves du classement dans leur utilisation du numérique : « Seuls 56 % [d’entre eux] ont les compétences techniques et pédagogiques nécessaires pour intégrer le numérique dans l’enseignement ; bien moins que la moyenne de l’OCDE », résume Andreas Schleicher, père spirituel du classement Pisa.

    Le confinement et l’école à la maison ont fait prendre conscience de façon inédite à beaucoup de parents d’élèves de la reconnaissance nécessaire et souvent insuffisante qu’ils pouvaient exprimer aux professeurs pour leur travail essentiel et difficile.

    La directrice générale de l’Onisep résume en ce sens très bien l’enjeu des prochains mois : « Le vrai défi sera de ne pas oublier les leçons de ces dernières semaines, de bien garder en mémoire le fait que les enfants ne reçoivent pas tous de la même façon la voix de l’enseignant, comme ils n’ont pas tous reçu ses mails durant le confinement. On le sait, bien sûr. Mais l’enseignement à distance nous rappelle de façon criante cette réalité : les différences de milieux dans lesquels évoluent nos élèves. »

    #continuitepedagogique #etude #note #coronavirus #education

  • Schools reopening and coronavirus : Insights from a Danish primary school | Tes
    https://www.tes.com/news/what-it-denmarks-reopened-schools

    Denmark is not opening the schools just to continue educating the pupils, but also to give parents more space to work and contribute to society.

    Some parents were unhappy with this approach: they felt that the children were being used as “frontline guinea pigs” and were very concerned about having to send them into school.

    [...]Parents are not allowed in school, so can only email teachers with any questions they may have.

    Certains des changements intéressants :

    Each class is divided into two classrooms, and some are even using outside areas.

    Support and subject teachers are helping class teachers to cover the two rooms, and most of our part-time staff are now working full-time.

    All children need to be self-sufficient for the whole day bringing their packed lunch, drink and pencil case as they can’t borrow anything from anyone else.

    #continuitepedagogique #danemark #coronavirus
    => choqe qui parait impensable dans d’autres pays

  • Maîtresse en maternelle, sans moi le 11 mai ! (Fanny Le Nevez, Le Club de Mediapart)
    https://blogs.mediapart.fr/fanny-le-nevez/blog/280420/maitresse-en-maternelle-sans-moi-le-11-mai

    Un témoignage, parmi tant d’autres, pour dire l’inquiétude du monde enseignant face à la réouverture des écoles le 11 mai. Ceux qui espèrent gestes barrière et distanciation sociale ne savent rien de notre réalité. Ni héroïne, ni traîtresse, je connais mon métier et mes très jeunes élèves de 4 ans. Je voudrais qu’au milieu des enjeux sanitaires et économiques, on ne les oublie pas.

    #école #confinement #continuité_pédagogique #confinement #inégalités #tri_social

    Retour à l’école sur la base du volontariat : le risque d’instaurer un “tri social” (Télérama.fr)
    https://www.telerama.fr/enfants/retour-a-lecole-sur-la-base-du-volontariat-le-risque-dinstaurer-un-tri-soci

    Hier, mardi 28 avril, le Premier ministre présentait son plan de bataille pour la reprise de l’école. Rentrée progressive en fonction de l’âge, port de masques au collège, retour en classe “sur la base du volontariat”… Un projet qui a peu de chance de combler les enseignants.

  • Coronavirus : gestes barrières, distanciation, flux… les directeurs d’école en première ligne du déconfinement
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/04/28/coronavirus-gestes-barrieres-distanciation-flux-les-directeurs-d-ecole-en-pr

    #continuitepedagogique #deconfinement #france

    Morceaux choisis :

    [...]La tension est montée d’un cran, samedi 25 avril, lorsque le comité scientifique Covid-19 a mis en ligne une série de recommandations – dont le ministre a immédiatement affirmé qu’elles serviraient de « base » au protocole de « déconfinement scolaire ». Or, sur le terrain, l’application de ces mesures semble « très compliquée », voire « impossible ».

    Le conseil scientifique demande ainsi le respect d’une « distance minimale » d’au moins un mètre de chaque côté des tables, pour « éviter les contacts directs » entre les élèves. Une préconisation qui vire au casse-tête dans de nombreuses écoles : « Avec un mètre de part et d’autre de chaque bureau, on ne peut prendre qu’un petit tiers des élèves, au maximum », calcule François, un directeur d’une école REP + de quinze classes, dans le centre-ville de Marseille.

    « Eviter que les élèves se croisent, cela implique d’organiser l’accueil sur une heure trente chaque matin, et d’avoir des récréations toute la journée », détaille la directrice d’école du 20e arrondissement de la capitale, qui s’inquiète aussi du passage obligatoire par la case toilettes. « Dans mon école, il y a deux lavabos d’un mètre de long chacun, un pour les filles et un pour les garçons, explique-t-elle. On devra passer aux toilettes, plusieurs fois par jour, avec chaque groupe d’enfant, en les mettant en file indienne pour vérifier qu’ils se lavent tous les mains. »

    D’après plusieurs directeurs – qui commencent à évaluer leurs effectifs pour préparer la « rentrée » –, une grosse moitié des parents ne souhaitent pas renvoyer leurs enfants en classe. Un chiffre corroboré par le sondage Odoxa-Dentsu Consulting pour Franceinfo et Le Figaro du 23 avril, selon lequel 64 % des personnes interrogées envisageaient de ne pas renvoyer au moins un de leurs enfants à l’école.

    Pour les autres, les enfants « en difficulté », et ceux dont les parents n’ont pas le choix, les directeurs se disent « prêts » à reprendre la classe, partageant la priorité ministérielle de « rattraper » les élèves les plus à risque.

    Mais ils réclament une clarification urgente du « protocole sanitaire » à suivre. Ces règles « claires, écrites, et nationales », selon le mot de Francette Popineau, cosecrétaire générale du SNUipp, permettront-elles de mieux « se projeter » ? De « sortir du flou », au moins, et d’organiser la reprise en constituant des groupes et des plannings. Même s’il y a fort à parier qu’un protocole – suspendu pour l’instant aux annonces du premier ministre – ne lèvera pas toutes les inquiétudes.

  • Will the Coronavirus Forever Alter the College Experience? - The New York Times
    https://www.nytimes.com/2020/04/23/education/learning/coronavirus-online-education-college.html

    #continuitepedagogique #US #college #higherED

    “What we are talking about when we talk about online education is using digital technologies to transform the learning experience,” said Vijay Govindarajan, a professor at Dartmouth’s Tuck School of Business. “That is not what is happening right now. What is happening now is we had eight days to put everything we do in class onto Zoom.”

    Faculty may incorporate online tools, to which many are being exposed for the first time, into their conventional classes. And students are experiencing a flexible type of learning they may not like as undergraduates, but could return to when it’s time to get a graduate degree.

    “The pessimistic view is that [students] are going to hate it and never want to do this again, because all they’re doing is using Zoom to reproduce everything that’s wrong with traditional passive, teacher-centered modes of teaching,” said Bill Cope, a professor of education policy, organization and leadership at the University of Illinois at Urbana-Champaign.

    More than 75 percent said they don’t think they’re receiving a quality learning experience, according to a survey of nearly 1,300 students by the online exam-prep provider OneClass. In a separate poll of 14,000 college and graduate students in early April by the website niche.com, which rates schools and colleges, 67 percent said they didn’t find online classes as effective as in-person ones.

    Students who want classes best provided face to face, such as those in the performing arts or that require lab work, would continue to take them that way.

    “Let’s take advantage of this moment to start a larger conversation” about the whole design of higher education, Dr. Govindarajan said.

  • Apps.education.fr
    http://apps.education.fr

    Pour vous accompagner au quotidien et répondre aux besoins du travail à distance pendant le confinement, nous mettons à votre disposition la version Beta d’apps.education.fr. Cette version expérimentale est issue d’un projet qui a vocation à être pérennisé à l’échelon national. Vous y trouverez les outils essentiels et communs à tous les métiers de l’Éducation nationale.

    #outil #continuité_pédagogique