• Pékin confrontée à une deuxième vague de Covid-19
    https://www.lemonde.fr/international/article/2020/06/15/pekin-confrontee-a-une-deuxieme-vague-de-covid-19_6042855_3210.html

    Sur Twitter, Hu Xinjin, rédacteur en chef du Global Times, porte-parole officieux du pouvoir, donne le ton. « En aucun cas, Pékin ne va devenir Wuhan 2.0. Le monde va voir la puissante capacité de la Chine à contrôler l’épidémie, y compris le fort leadership du gouvernement, le respect de la science, la volonté du public de coopérer et la coordination nationale du contrôle des mesures. De nouveau, nous vaincrons. »
    Depuis plusieurs semaines, la capitale est soumise à un régime de contrôle sanitaire plus strict que la plupart des autres villes, notamment Shanghaï. Aucun vol en provenance de l’étranger n’y atterrit depuis fin mars. Tous sont déroutés sur d’autres aéroports, où les voyageurs sont placés en quarantaine et testés avant d’être autorisés à rejoindre la capitale. Mais la roue tourne. Des Pékinois ont ces derniers jours transporté le virus au Hebei et au Liaoning, deux provinces limitrophes, mais aussi dans le lointain Sichuan, dans l’ouest du pays. Du coup, les unes après les autres, villes et provinces annoncent ce lundi toutes sortes de restrictions (tests, quarantaine…) visant les Pékinois, et déconseillent à leurs habitants de s’y rendre.

    #Covid-19#migrant#migration#migrationinterne#circulation#chine#pekin#wuhan#shangai#sante#restriction#controlesanitaire#sante

  • À quelques heures de l’allocution d’Emmanuel Macron – très attendue notamment sur le thème des violences policières et du racisme –, nous publions ici la lettre ouverte au président de la République du sociologue Éric Fassin.

    TRIBUNE. Le régime de la peur - regards.fr
    http://www.regards.fr/idees-culture/article/tribune-le-regime-de-la-peur

    Alors que, partout dans le monde, les mobilisations se multiplient contre le racisme et les violences policières, vous tenez à dire qu’en France « le monde universitaire a été coupable. Il a encouragé l’ethnicisation de la question sociale en pensant que c’était un bon filon. Or, le débouché ne peut être que sécessionniste. Cela revient à casser la République en deux. » Vous désignez des coupables, mais vous n’avez pas l’honnêteté de les nommer, ni le courage d’assumer vos propos, tenus « en privé »… pour être publiés dans Le Monde.

    Je fais partie de ce petit nombre d’universitaires qui étudient « l’intersectionnalité », concept que vous dénoncez sans rien y comprendre. Mais qu’importe votre ignorance ? Votre mépris du travail universitaire, il nous est familier – à l’heure où vous jugez urgent de relancer la LPPR qui s’emploie à démanteler la recherche par une politique du court terme.

    LIRE AUSSI SUR REGARDS.FR
    >> LPPR : le monde universitaire se mobilise contre la « privatisation progressive de la recherche »

    Ce qui est inquiétant, c’est que vous reprenez la rhétorique d’extrême droite, relayée par des médias comme Le Point qui a cru bon, par exemple, d’accoler mon nom à ceux d’Éric Zemmour et Alain Soral en tête de « ces idéologues qui poussent à la guerre civile » (sic). L’anti-intellectualisme n’est-il pas au cœur du projet néofasciste aujourd’hui incarné par Jair Bolsonaro au Brésil et Donald Trump aux États-Unis ?

    • Monsieur le Président,

      Alors que, partout dans le monde, les mobilisations se multiplient contre le racisme et les violences policières, vous tenez à dire qu’en France « le #monde_universitaire a été coupable. Il a encouragé l’ethnicisation de la question sociale en pensant que c’était un bon filon. Or, le débouché ne peut être que sécessionniste. Cela revient à casser la République en deux. » Vous désignez des coupables, mais vous n’avez pas l’honnêteté de les nommer, ni le courage d’assumer vos propos, tenus « en privé »… pour être publiés dans Le Monde.

      Je fais partie de ce petit nombre d’universitaires qui étudient « l’#intersectionnalité », concept que vous dénoncez sans rien y comprendre. Mais qu’importe votre #ignorance ? Votre #mépris du travail universitaire, il nous est familier – à l’heure où vous jugez urgent de relancer la #LPPR qui s’emploie à démanteler la recherche par une politique du court terme.

      Ce qui est inquiétant, c’est que vous reprenez la #rhétorique d’#extrême_droite, relayée par des médias comme Le Point qui a cru bon, par exemple, d’accoler mon nom à ceux d’#Eric_Zemmour et #Alain_Soral en tête de « ces idéologues qui poussent à la guerre civile » (sic). L’#anti-intellectualisme n’est-il pas au cœur du projet néofasciste aujourd’hui incarné par Jair Bolsonaro au Brésil et Donald Trump aux États-Unis ?

      C’est pourquoi vos propos contre des universitaires sont le révélateur de toute une #logique_politique. Votre refus d’un #savoir_critique participe en effet d’un double #déni. D’une part, vous voulez empêcher que l’on nomme les #violences_policières. Le 7 mars 2019, en pleine crise des gilets jaunes, vous déclariez ainsi : « Ne parlez pas de répression ou de violences policières, ces mots sont inacceptables dans un État de droit. » Pour vous, ce qui est intolérable, ce ne sont pas ces morts, ces yeux crevés, ces mutilations ; c’est le fait de les nommer. D’autre part, vous prétendez être « aveugle à la race », alors que vous l’êtes seulement au #racisme (pour reprendre le titre de mon texte de 2006 dans l’ouvrage que j’ai co-dirigé : De la question sociale à la question raciale ?). Dans un cas comme dans l’autre, vous rejetez le mot pour ne pas reconnaître la chose.

      Or il se trouve qu’aujourd’hui, en France, les racistes évitent le plus souvent de parler « des races » (au pluriel) : blanche, noire, juive… À Marion Maréchal, qui « refuse de s’excuser en tant que blanche » (oubliant que ce sont d’abord des Noirs, et non des Blancs, qui ont mis un genou à terre), Marine Le Pen peut ainsi faire la leçon en se drapant dans une rhétorique universaliste : « Se mettre sur un plan racial, c’est tomber dans un double piège. Celui des indigénistes, des racialistes, alors qu’il faut rester sur un plan républicain. C’est aussi tomber dans le piège de l’américanisation, alors que rien ne se construit, en France, en fonction de communautés. » Désormais, ce sont des antiracistes, universitaires ou militants, qui parlent de « la race » (au singulier), pour rendre visible le mécanisme social d’assignation à une place inférieure.

      Votre double déni est aujourd’hui poussé à l’absurde : la #racialisation de la « #question_sociale », elle résulte des #discriminations_raciales, et d’autant plus qu’elles sont cautionnées, voire encouragées par les pouvoirs publics. À défaut de lire les travaux des universitaires, écoutez au moins le Défenseur des droits, dont l’enquête a établi que le risque de contrôle policier est 20 fois plus élevé pour les jeunes hommes arabes ou noirs. Et vous ne pouvez pas ignorer non plus une autre institution de la République : la #justice. En 2015, lorsque la cour d’appel, confirmant la réalité des #contrôles_au_faciès, a condamné la France pour « faute lourde », en vue de se pourvoir en cassation, l’État a dû les justifier : arrêter des étrangers supposerait de contrôler des gens qui… ont l’air étranger. Autrement dit, pour l’État, il y a des Français qui en ont l’apparence, d’autres non. La condamnation définitive date de 2016 : depuis votre élection en 2017, qu’avez-vous fait contre les contrôles au faciès ? Sans parler des sanctions, où sont les récépissés ? En laissant faire, vous encouragez. Vous êtes responsable de ces discriminations, et donc de la racialisation de la société.

      Ce choix de l’#aveuglement dessine une politique visant à faire passer à marche forcée vos réformes néolibérales. En premier lieu, vous jouez sur la peur des électeurs, et surtout des plus âgés, qu’il s’agisse d’immigration ou d’ordre public : avec cette politique qu’on peut dire « insécuritaire », tant elle produit le sentiment d’#insécurité qu’elle prétend combattre, vous faites concurrence à l’extrême droite ; mais c’est elle qui en récoltera les bénéfices, et non vous qui prétendez faire barrage contre elle. Deuxièmement, avec la #répression brutale contre les #mouvements_sociaux, vous tentez d’instiller la #peur ; décourager ainsi de manifester, c’est une #politique_d’intimidation.

      Ce #régime_de_la_peur, il dit d’abord votre peur. Monsieur le Président, vous avez peur de votre jeunesse. Celle-ci n’est pas gagnée par le cynisme désabusé des élites médiatico-politiques, qui finissent par s’accommoder de tout et par accepter n’importe quoi ; elle est prête à se mobiliser pour des causes comme le racisme – quelle que soit sa couleur ou son origine. Mais au lieu d’entendre sa protestation contre la dérive anti-démocratique de votre régime, vous n’y voulez voir qu’un symptôme d’angoisse. Bref, vous tentez de la psychologiser pour mieux la dépolitiser.

      Et ce n’est pas tout. Monsieur le Président, vous avez peur de votre police. C’est que vous en avez besoin pour imposer votre politique. Tout le monde l’a bien compris lorsqu’à la veille des mobilisations contre la réforme des retraites, les forces de l’ordre ont obtenu d’être épargnées : elles conservent leur « régime spécial » pour mieux réprimer dans la rue l’opposition à un projet prétendument universel. Votre peur est incarnée par le ministre de l’Intérieur qui recule à chaque fois que les syndicats de policiers élèvent le ton. Le contraste avec la campagne médiatique lancée par le ministre de l’Éducation contre les professeurs « décrocheurs » est frappante : Christophe Castaner est le ministre des policiers ; à l’évidence, Jean-Michel Blanquer n’est pas celui des enseignants.

      Or les idées d’extrême droite sont aujourd’hui majoritaires parmi les forces de l’ordre. Pour se faire entendre, des policiers n’hésitent pas à participer à des manifestations illégales. Si celles-ci se multiplient, c’est qu’elles ne sont jamais sanctionnées ; sont-elles même interdites ? Ils se sentent en position de force – quitte à endosser la posture de victimes. La ministre de la Justice elle-même s’abstient de condamner des consignes syndicales contraires à la loi : « Non, c’est pas légal ; mais la question n’est pas celle-là ! », s’agace Nicole Belloubet. Au contraire, elle réaffirme avoir « parfaitement confiance dans la #police_républicaine ». Autrement dit, la police est au-dessus des lois. On ne saurait être plus clair. Vous avez peur de la jeunesse, et vous la réprimez ; vous avez peur de la police, et vous capitulez. Votre régime de la peur fait peur pour la #démocratie ; c’est un régime inquiétant.

      Monsieur le Président, dans quelques heures, vous allez prendre la parole ; sans doute aborderez-vous ces questions. Pour ma part, je ne perdrai pourtant pas mon temps à vous écouter. En effet, ce qui m’importe, ce ne sont pas vos discours ; ce sont vos actes. Vous serez jugé sur les choses, et non sur les mots, tant par les électeurs que par l’Histoire. Prenez garde : à force d’acclimater politiquement ses idées et ses pratiques, sous prétexte d’y résister, vous pourriez bien rester comme le fourrier du #néofascisme.

      #Macron #peur #régime_de_la_peur #université #Didier_Fassin #intersectionnalité #culpabilité #France #ethnicisation #tribune #responsabilité

      –-

      voir aussi :
      https://seenthis.net/messages/860428

  • Violences policières en France : production de connaissances et mise en évidence d’un problème public | AOC media - Analyse Opinion Critique
    https://aoc.media/analyse/2020/06/09/violences-policieres-en-france-production-de-connaissances-et-mise-en-evidenc

    À partir de 2007, une collaboration d’un genre nouveau a été mise en place, entre l’organisation Open Society Justice Initiative et des chercheurs du CNRS, pour quantifier les inégalités alléguées depuis longtemps aux contrôles d’identité. Il faut d’ailleurs noter que le prisme choisi n’était pas celui de la violence policière, mais de la discrimination opérée dans les opérations de contrôle. Le projet de recherche, mené en 2009, s’est basé sur l’observation de 525 contrôles d’identité dans cinq lieux publics parisiens, où les chercheurs relevaient les caractéristiques de toutes les personnes présentes, ainsi que celles des personnes contrôlées[2].

    Cette enquête, dont le protocole méthodologique a permis de contourner les obstacles relatifs à la collecte de données raciales ou ethniques en France, a révélé que les personnes perçues comme noires et arabes ont, en moyenne, 6 et 8 plus de chances d’être contrôlées que les blancs, et les personnes habillées avec un style associé à celui des jeunes des quartiers populaires ont 11 fois plus de chances d’être contrôlées. Depuis, d’autres recherches ont montré que les inégalités raciales et sociales aux contrôles d’identité continuent de se creuser, y compris une enquête du Défenseur des droits publiée en 2017, qui montre que les jeunes hommes perçus comme noirs ou maghrébins ont 20 fois plus de risques d’être contrôlés que les blancs[3].

    Ces chiffres, et la légitimité scientifique qui les entourent, ont imposé le contrôle au faciès comme une « réalité » dans le débat politique.

    Un deuxième type d’actions a été mené par les familles de victimes de personnes tuées par la police, qui ont œuvré, avec le soutien de militants, à rendre visible l’ampleur de ces décès, et la tendance de la justice à en dédouaner les auteurs. Des collectifs de familles ont contribué au recensement des interventions policières mortelles, un travail de longue haleine initié dans les années 1960 par le journaliste et militant Maurice Rajsfus, et poursuivi aujourd’hui par la publication d’une base de données par la revue Basta ! qui documente 676 morts en 43 ans.

    Ces recensements, constitués sur la base d’archives de presse et de recoupements auprès de certaines familles, avocats, et chercheurs, ont mis en évidence la fréquence des décès imputables aux forces de l’ordre, avec une moyenne de 15 personnes tuées chaque année, et une augmentation notable dans les trois dernières années (avec 36 décès liés aux forces de l’ordre en 2017). Parmi les victimes, 57 % n’étaient pas armées et seules 10 % d’entre elles avaient préalablement attaqué les forces de l’ordre.

    Avec le soutien d’éducateurs spécialisés, d’associations locales, et d’avocats dont ceux qui avaient déjà joué un rôle central dans l’affaire de discrimination « au faciès », Slim Ben Achour et Felix de Belloy, les victimes ont réussi à donner de la visibilité médiatique à leur plainte. L’IGPN (Inspection Générale de la Police Nationale) a été dès lors contrainte de mener une enquête approfondie sur les pratiques de ce commissariat, fait rare dans les affaires où des policiers sont mis en cause. L’enquête a rassemblé non seulement les auditions des victimes et des policiers, mais également les registres du commissariat, trois ans de procès-verbaux et mains courantes écrites par les policiers suite à leurs interventions, les rapports annuels, les communications entre le commissariat et la mairie, etc.

    C’est l’accès à ces documents, qui ne sont généralement pas accessibles, même aux chercheurs, qui a permis aux acteurs de cette mobilisation de démontrer que les faits dénoncés étaient loin d’être des exceptions, mais s’inscrivaient dans des politiques institutionnelles. En effet, le dossier a révélé que les supérieurs hiérarchiques ordonnaient aux policiers de procéder à des « contrôles d’éviction des indésirables » de manière quasi-quotidienne, sans jamais définir le terme « indésirable » qui en pratique désignait les jeunes hommes noirs et arabes et les SDF présents dans l’espace public. Les policiers recevaient également pour instruction de conduire systématiquement au poste les jeunes dépourvus de pièces d’identité, même lorsqu’aucune infraction ne le justifiait et que l’identité était déjà connue des policiers. Le dossier a également révélé que malgré plusieurs plaintes déposées contre cette brigade, et des lanceurs d’alerte en interne, la hiérarchie a toujours couvert les agissements de ces policiers.

    Sur la base de ces documents inédits, les avocats des plaignants ont assigné l’État en justice pour discrimination institutionnelle et systémique. C’est dans le cadre d’une intervention dans cette affaire que le Défenseur des droits a décrit les pratiques de cette brigade comme constitutives de « discrimination systémique » qu’il définit comme relevant d’un système, d’un « ordre établi provenant de pratiques, volontaires ou non, neutres en apparence » mais qui résultent en un « cumul des pratiques et stéréotypes qui visent des groupes de personnes dans leur globalité » et qui « ne pourraient être identifiées par le seul traitement des situations individuelles ».

    #Violences_policières #Racisme

  • Ben Gourion International, cet aéroport devenu tribunal de la pensée
    Par Laurent Perpigna Iban – TEL AVIV, Israël - Samedi 6 juin 2020 | Middle East Eye édition française
    https://www.middleeasteye.net/fr/reportages/israel-palestine-aeroport-tel-aviv-securite-interrogatoire-refoulemen

    (...) Le quotidien économique Globes, citant des statistiques de l’Administration des postes frontaliers, de la population et de l’immigration – placée sous les ordres du ministère israélien de l’Intérieur –, rapportait ainsi qu’en 2018, près de 19 000 personnes avaient été refoulées à leur arrivée contre 16 534 en 2016 et… 1 870 en 2011.

    Résultat, nombre de voyageurs désirant se rendre en Cisjordanie de manière indépendante préfèrent taire leurs projets, sous peine d’être lourdement interrogés, voire renvoyés.
    Interminables interrogatoires

    Kamel et Louis* le savaient. Ces deux jeunes Français s’étaient documentés sur la question avant de décoller pour Tel Aviv, au mois de novembre 2019. Si Louis passe les contrôles facilement, ce n’est pas le cas de son compère.

    « J’ai tendu mon passeport français. J’ai répondu que j’allais visiter Tel Aviv et Jérusalem. La jeune femme m’a alors demandé quelles étaient mes origines. Algériennes. Le début des embrouilles pour moi », raconte Kamel à Middle East Eye.

    Le jeune homme va alors être placé dans la salle d’attente réservée aux « candidats suspects ». Kamel subit un premier interrogatoire d’une demi-heure. Deux heures s’écoulent avant qu’il ne soit présenté à un deuxième interlocuteur.

    « Cette personne m’a annoncé être chef de la sécurité. Il m’a posé les mêmes questions, auxquelles j’ai donné les mêmes réponses. J’ai été présenté à une troisième personne. Ça a été une véritable montée en puissance. »

    À partir du troisième interrogatoire, Kamel rapporte la présence d’un traducteur français.

    « L’agent de la sécurité israélienne a élevé la voix à plusieurs reprises. Il m’a demandé si j’étais musulman, si je priais… Ainsi que des questions intimes qui ne les regardaient pas et qu’ils se permettaient quand même de poser. Ils donnaient l’impression de vouloir tout contrôler, et d’avoir un pouvoir absolu. Ils m’ont demandé pourquoi mes parents étaient venus vivre en France. Ils ont aussi fouillé mon portable », rapporte-t-il.

    Au total, le jeune homme va subir cinq interrogatoires, avec une rétention de six heures au total.

    « Ils ont essayé de m’atteindre psychologiquement. J’étais en position de coupable », rapporte-t-il à MEE. Alors qu’il se prépare à un renvoi en bonne et due forme, il finit, « presque miraculeusement », par obtenir le visa. (...)

    #contrôles #frontières

  • Chronique Monde | #Mauritanie. Un partenariat européen au goût amer

    La Mauritanie fait figure d’exception au Sahel pour sa relative stabilité. Contrairement à d’autres États de la région, ce pays grand comme presque deux fois la France, à cheval entre le Maghreb et l’Afrique subsaharienne, n’a pas connu d’attentat terroriste depuis 2011. Dans ce contexte, Nouakchott est devenu un partenaire de choix dans le cadre de la lutte internationale contre le terrorisme et l’immigration irrégulière. Face à de tels impératifs, le respect des droits humains sur place passe largement au second plan.

    Tour d’horizon des droits humains

    Depuis le 1er août 2019, la Mauritanie est dirigée par Mohamed Ould El-Ghazaouani. Même si son élection au premier tour est contestée par l’opposition, elle marque la première transition présidentielle pacifique de l’histoire politique mauritanienne. Lors de son investiture, Amnesty International a qualifié de « déplorable » le bilan en matière de droits humains laissé par son prédécesseur, Mohamed Ould Abdel Aziz, citant notamment l’esclavage, les discriminations raciales ainsi que les atteintes à la liberté d’expression, d’association et de réunion.

    Même si l’esclavage a été officiellement aboli en 1981, criminalisé en 2007 et élevé au rang de crime contre l’humanité en 2012, sa pratique touchait environ 43000 personnes en 2016. Dans le même temps, Haratines et Afro- Mauritanien-ne-s restent largement exclu·e·s des postes de responsabilité et donc moins susceptibles de faire valoir leurs droits économiques et sociaux. Depuis l’indépendance, la quasi-totalité des pouvoirs politiques, militaires et économiques est détenue par les Beydanes, une communauté elle-même extrêmement hiérarchisée.

    Celles et ceux qui s’attaquent à ces questions sensibles s’exposent aux représailles de la part de l’État. L’exemple le plus parlant est celui du blogueur Mohamed Ould Mkhaïtir, condamné à mort en 2014 pour « apostasie » après avoir dénoncé l’usage de la religion pour légitimer les pratiques discriminatoires dont est victime la communauté dite des forgerons. Sa peine a depuis été réduite à deux années de prison et il vit actuellement en exil après avoir été libéré en juillet 2019.

    Une tradition d’hospitalité remise en cause

    La Mauritanie est à la fois un pays de transit pour les réfugié-e-s et les migrant-e-s qui se rendent en Afrique du Nord et en Europe et un pays de destination pour celles et ceux à la recherche d’emplois saisonniers dans les secteurs de la pêche et de l’industrie minière ou d’une protection internationale. Signataire de la Convention relative au statut des réfugiés, la Mauritanie a ouvert ses portes en 2012 à plus de 55000 réfugié-e-s malien-ne-s installé-e-s dans le camp de Mbera situé non loin de la frontière malienne.

    Cette politique d’accueil doit néanmoins être nuancée à la lumière de l’externalisation des frontières européennes. L’#Union_européenne (UE) a fait pression sur la Mauritanie pour qu’elle signe en 2003 un #accord_de_réadmission avec l’Espagne qui l’oblige à reprendre sur son territoire non seulement ses nationaux, mais également les ressortissant-e-s de pays tiers dont il est « vérifié » ou « présumé » qu’ils ou elles auraient transité par le territoire mauritanien. Un #centre_de_rétention avait été mis sur pied à #Nouadhibou avec l’aide de l’#Espagne. Il est aujourd’hui fermé (voir VE 135 / décembre 2011 : https://asile.ch/chronique/mauritanie-nouvelle-frontiere-de-leurope).

    Parallèlement, la Mauritanie a reçu entre 2007 et 2013 huit millions d’euros dans le cadre du #Fonds_européen_de_développement afin d’« appuyer et de renforcer les capacités de gestion, de suivi et de planification des flux migratoires » à travers notamment la révision du dispositif pénal relatif aux migrations.

    Résultat : la politique migratoire s’est durcie durant la présidence Aziz. Les autorités ont multiplié les contrôles aux frontières, placé en détention et renvoyé de force des milliers de personnes et soumis certaines d’entre elles à des tortures et mauvais traitements.

    L’ensemble de ces mesures a contribué à déplacer les routes migratoires vers le désert du #Sahara et la #Méditerranée_centrale. Le nombre d’arrivées dans l’archipel espagnol des #Canaries en provenance des côtes mauritaniennes a chuté de 30 000 à moins d’un millier entre 2006 et 2015.

    Cette dynamique est néanmoins en train de s’inverser à mesure que la #Libye apparaît comme une zone de plus en plus inhospitalière. Cette reconfiguration préfigure une recrudescence des naufrages dans l’#Atlantique faute de voies migratoires sûres. Le 4 décembre 2019, une embarcation de fortune partie de #Gambie a sombré au large de #Nouadhibou provoquant la mort d’une soixantaine de personnes.

    https://asile.ch/2020/04/17/chronique-monde-mauritanie-un-partenariat-europeen-au-gout-amer
    #externalisation #asile #migrations #réfugiés #UE #EU #aide_au_développement #développement #coopération_au_développement #contrôles_frontaliers #routes_migratoires
    via @vivre
    ping @rhoumour @isskein @karine4 @_kg_

    –—

    Ajouté à la métaliste « externalisation » :
    https://seenthis.net/messages/731749#message765327

    Et la métaliste aide au développement et conditionnalité de l’aide :
    https://seenthis.net/messages/733358#message768701

  • Le Défenseur des droits appelle à une « traçabilité des contrôles d’identité »
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/06/04/le-defenseur-des-droits-appelle-a-une-tracabilite-des-controles-d-identite_6

    Face aux manifestations contre les violences policières en France, le Défenseur des droits, Jacques Toubon, appelle dans un entretien à l’Agence France-Presse à « arrêter la polémique » et restaurer la confiance entre police et population grâce à une « traçabilité des contrôles d’identité » , dont la faisabilité a été démontrée pendant le confinement.

    « Les comparaisons entre la France et les Etats-Unis sont difficiles. (…) Il faut arrêter de tout mélanger » , a déclaré Jacques Toubon, jeudi 4 juin, au moment où la mort de George Floyd et les rebondissements de l’affaire Adama Traoré poussent une partie de la jeunesse à descendre dans la rue.

    [...] « Construire de la confiance, c’est notamment lorsqu’une faute a été commise, le reconnaître » , abonde M. Toubon. Pour cela, il « appelle à un arrêt de la polémique » et relance l’idée d’une « vraie discussion sur la traçabilité des contrôles d’identité ».

    Promis en 2012 par l’ancien président François Hollande pour lutter contre les contrôles au faciès, le système d’un « récépissé » remis par les forces de l’ordre n’a jamais été concrétisé et « n’est pas la panacée » , selon le Défenseur des droits. Il recommande plutôt « une forme de traçabilité » , et rappelle que les contrôles au faciès sont une « réalité sociologique » en France. En 2017, l’institution avait montré dans une étude que les jeunes hommes « perçus comme noirs ou arabes » ont 20 fois plus de chance d’être contrôlés que les autres.

    « La transparence est possible et elle est à la fois au bénéfice de ceux qui sont contrôlés et des policiers » , plaide M. Toubon. Pendant le confinement décidé pour endiguer la pandémie due au nouveau coronavirus, le ministère de l’intérieur a d’ailleurs « publié les statistiques des contrôles des attestations de sortie » et quantifié combien « ont fait l’objet de difficultés, de contestations, etc. » , note le Défenseur des droits.

    « C’était possible, ça n’a posé aucun problème à la police et à la gendarmerie. (…) Donc je pense qu’on peut le faire pour tous les contrôles d’identité. » Cela nécessite « simplement une modification du code de procédure pénale » , pour préciser « que le contrôle ne peut pas être discriminatoire, en application de la jurisprudence de la Cour de cassation » .

    #police #contrôles_de_police #contrôles_d'identité #contrôles_au_faciès #racisme

  • Covid-19, la #frontiérisation aboutie du #monde

    Alors que le virus nous a rappelé la condition de commune humanité, les frontières interdisent plus que jamais de penser les conditions du cosmopolitisme, d’une société comme un long tissu vivant sans couture à même de faire face aux aléas, aux menaces à même d’hypothéquer le futur. La réponse frontalière n’a ouvert aucun horizon nouveau, sinon celui du repli. Par Adrien Delmas, historien et David Goeury, géographe.

    La #chronologie ci-dessus représente cartographiquement la fermeture des frontières nationales entre le 20 janvier et le 30 avril 2020 consécutive de la pandémie de Covid-19, phénomène inédit dans sa célérité et son ampleur. Les données ont été extraites des déclarations gouvernementales concernant les restrictions aux voyages, les fermetures des frontières terrestres, maritimes et aériennes et des informations diffusées par les ambassades à travers le monde. En plus d’omissions ou d’imprécisions, certains biais peuvent apparaitre notamment le décalage entre les mesures de restriction et leur application.

    https://www.youtube.com/watch?time_continue=64&v=mv-OFB4WfBg&feature=emb_logo

    En quelques semaines, le nouveau coronavirus dont l’humanité est devenue le principal hôte, s’est propagé aux quatre coins de la planète à une vitesse sans précédent, attestant de la densité des relations et des circulations humaines. Rapidement deux stratégies politiques se sont imposées : fermer les frontières nationales et confiner les populations.

    Par un processus de #mimétisme_politique global, les gouvernements ont basculé en quelques jours d’une position minimisant le risque à des politiques publiques de plus en plus drastiques de contrôle puis de suspension des mobilités. Le recours systématique à la fermeture d’une limite administrative interroge : n’y a-t-il pas, comme répété dans un premier temps, un décalage entre la nature même de l’#épidémie et des frontières qui sont des productions politiques ? Le suivi de la diffusion virale ne nécessite-t-il un emboîtement d’échelles (famille, proches, réseaux de sociabilité et professionnels…) en deçà du cadre national ?

    Nous nous proposons ici de revenir sur le phénomène sans précédent d’activation et de généralisation de l’appareil frontalier mondial, en commençant par retrouver la chronologie précise des fermetures successives. Bien que resserrée sur quelques jours, des phases se dessinent, pour aboutir à la situation présente de fermeture complète.

    Il serait vain de vouloir donner une lecture uniforme de ce phénomène soudain mais nous partirons du constat que le phénomène de « frontiérisation du monde », pour parler comme Achille Mbembe, était déjà à l’œuvre au moment de l’irruption épidémique, avant de nous interroger sur son accélération, son aboutissement et sa réversibilité.

    L’argument sanitaire

    Alors que la présence du virus était attestée, à partir de février 2020, dans les différentes parties du monde, la fermeture des frontières nationales s’est imposée selon un principe de cohérence sanitaire, le risque d’importation du virus par des voyageurs était avéré. Le transport aérien a permis au virus de faire des sauts territoriaux révélant un premier archipel économique liant le Hubei au reste du monde avant de se diffuser au gré de mobilités multiples.

    Pour autant, les réponses des premiers pays touchés, en l’occurrence la Chine et la Corée du Sud, se sont organisées autour de l’élévation de barrières non-nationales : personnes infectées mises en quarantaine, foyers, ilots, ville, province etc. L’articulation raisonnée de multiples échelles, l’identification et le ciblage des clusters, ont permis de contrôler la propagation du virus et d’en réduire fortement la létalité. A toutes ces échelles d’intervention s’ajoute l’échelle mondiale où s‘est organisée la réponse médicale par la recherche collective des traitements et des vaccins.

    Face à la multiplication des foyers de contamination, la plupart des gouvernements ont fait le choix d’un repli national. La fermeture des frontières est apparue comme une modalité de reprise de contrôle politique et le retour aux sources de l’État souverain. Bien que nul dirigeant ne peut nier avoir agi « en retard », puisque aucun pays n’est exempt de cas de Covid-19, beaucoup d’États se réjouissent d’avoir fermé « à temps », avant que la vague n’engendre une catastrophe.

    L’orchestration d’une réponse commune concertée notamment dans le cadre de l’OMS est abandonnée au profit d’initiatives unilatérales. La fermeture des frontières a transformé la pandémie en autant d’épidémies nationales, devenant par là un exemple paradigmatique du nationalisme méthodologique, pour reprendre les termes d’analyse d’Ulrich Beck.

    S’impose alors la logique résidentielle : les citoyens présents sur un territoire deviennent comptables de la diffusion de l’épidémie et du maintien des capacités de prise en charge par le système médical. La dialectique entre gouvernants et gouvernés s’articule alors autour des décomptes quotidiens, de chiffres immédiatement comparés, bien que pas toujours commensurables, à ceux des pays voisins.

    La frontiérisation du monde consécutive de la pandémie de coronavirus ne peut se résumer à la seule somme des fermetures particulières, pays par pays. Bien au contraire, des logiques collectives se laissent entrevoir. A défaut de concertation, les gouvernants ont fait l’expérience du dilemme du prisonnier.

    Face à une opinion publique inquiète, un chef de gouvernement prenait le risque d’être considéré comme laxiste ou irresponsable en maintenant ses frontières ouvertes alors que les autres fermaient les leurs. Ces phénomènes mimétiques entre États se sont démultipliés en quelques jours face à la pandémie : les États ont redécouvert leur maîtrise biopolitique via les mesures barrières, ils ont défendu leur rationalité en suivant les avis de conseils scientifiques et en discréditant les approches émotionnelles ou religieuses ; ils ont privilégié la suspension des droits à grand renfort de mesures d’exception. Le risque global a alors légitimé la réaffirmation d’une autorité nationale dans un unanimisme relatif.

    Chronologie de la soudaineté

    La séquence vécue depuis la fin du mois janvier de l’année 2020 s’est traduite par une série d’accélérations venant renforcer les principes de fermeture des frontières. Le développement de l’épidémie en Chine alarme assez rapidement la communauté internationale et tout particulièrement les pays limitrophes.

    La Corée du Nord prend les devants dès le 21 janvier en fermant sa frontière avec la Chine et interdit tout voyage touristique sur son sol. Alors que la Chine développe une stratégie de confinement ciblé dès le 23 janvier, les autres pays frontaliers ferment leurs frontières terrestres ou n’ouvrent pas leurs frontières saisonnières d’altitude comme le Pakistan.

    Parallèlement, les pays non frontaliers entament une politique de fermeture des routes aériennes qui constituent autant de points potentiels d’entrée du virus. Cette procédure prend des formes différentes qui relèvent d’un gradient de diplomatie. Certains se contentent de demander aux compagnies aériennes nationales de suspendre leurs vols, fermant leur frontière de facto (Algérie, Égypte, Maroc, Rwanda, France, Canada, entre autres), d’autres privilégient l’approche plus frontale comme les États-Unis qui, le 2 février, interdisent leur territoire au voyageurs ayant séjournés en Chine.

    La propagation très rapide de l’épidémie en Iran amène à une deuxième tentative de mise en quarantaine d’un pays dès le 20 février. Le rôle de l’Iran dans les circulations terrestres de l’Afghanistan à la Turquie pousse les gouvernements frontaliers à fermer les points de passage. De même, le gouvernement irakien étroitement lié à Téhéran finit par fermer la frontière le 20 février. Puis les voyageurs ayant séjourné en Iran sont à leur tour progressivement considérés comme indésirables. Les gouvernements décident alors de politiques d’interdiction de séjour ciblées ou de mises en quarantaine forcées par la création de listes de territoires à risques.

    Le développement de l’épidémie en Italie amène à un changement de paradigme dans la gestion de la crise sanitaire. L’épidémie est dès lors considérée comme effectivement mondiale mais surtout elle est désormais perçue comme incontrôlable tant les foyers de contamination potentiels sont nombreux.

    La densité des relations intra-européennes et l’intensité des mobilités extra-européennes génèrent un sentiment d’anxiété face au risque de la submersion, le concept de « vague » est constamment mobilisé. Certains y ont lu une inversion de l’ordre migratoire planétaire. Les pays aux revenus faibles ou limités décident de fermer leurs frontières aux individus issus des pays aux plus hauts revenus.

    Les derniers jours du mois de février voient des gouvernements comme le Liban créer des listes de nationalités indésirables, tandis que d’autres comme Fiji décident d’un seuil de cas identifiés de Covid-19. Les interdictions progressent avec le Qatar et l’Arabie Saoudite qui ferment leur territoire aux Européens dès le 9 mars avant de connaître une accélération le 10 mars.

    Les frontières sont alors emportées dans le tourbillon des fermetures.

    La Slovénie débute la suspension de la libre circulation au sein de l’espace Schengen en fermant sa frontière avec l’Italie. Elle est suivie par les pays d’Europe centrale (Tchéquie, Slovaquie). En Afrique et en Amérique, les relations avec l’Union européenne sont suspendues unilatéralement. Le Maroc ferme ses frontières avec l’Espagne dès le 12 mars. Ce même jour, les États-Unis annonce la restriction de l’accès à son territoire aux voyageurs issu de l’Union européenne. La décision américaine est rapidement élargie au monde entier, faisant apparaitre l’Union européenne au cœur des mobilités planétaires.

    En quelques jours, la majorité des frontières nationales se ferment à l’ensemble du monde. Les liaisons aériennes sont suspendues, les frontières terrestres sont closes pour éviter les stratégies de contournements.

    Les pays qui échappent à cette logique apparaissent comme très minoritaires à l’image du Mexique, du Nicaragua, du Laos, du Cambodge ou de la Corée du Sud. Parmi eux, certains sont finalement totalement dépendants de leurs voisins comme le Laos et le Cambodge prisonniers des politiques restrictives du Vietnam et de la Thaïlande.

    Au-delà de ces gouvernements qui résistent à la pression, des réalités localisées renseignent sur l’impossible fermeture des frontières aux mobilités quotidiennes. Ainsi, malgré des discours de fermeté, exception faite de la Malaisie, des États ont maintenus la circulation des travailleurs transfrontaliers.

    Au sein de l’espace Schengen, la Slovénie maintient ses relations avec l’Autriche, malgré sa fermeté vis-à-vis de l’Italie. Le 16 mars, la Suisse garantit l’accès à son territoire aux salariés du Nord de l’Italie et du Grand Est de la France, pourtant les plus régions touchées par la pandémie en Europe. Allemagne, Belgique, Norvège, Finlande, Espagne font de même.

    De l’autre côté de l’Atlantique, malgré la multiplication des discours autoritaires, un accord est trouvé le 18 mars avec le Canada et surtout le 20 mars avec le Mexique pour maintenir la circulation des travailleurs. Des déclarations conjointes sont publiées le 21 mars. Partout, la question transfrontalière oblige au bilatéralisme. Uruguay et Brésil renoncent finalement à fermer leur frontière commune tant les habitants ont développé un « mode de vie binational » pour reprendre les termes de deux gouvernements. La décision unilatérale du 18 mars prise par la Malaisie d’interdire à partir du 20 mars tout franchissement de sa frontière prend Singapour de court qui doit organiser des modalités d’hébergement pour plusieurs dizaines de milliers de travailleurs considérés comme indispensables.

    Ces fermetures font apparaitre au grand jour la qualité des coopérations bilatérales.

    Certains États ferment d’autant plus facilement leur frontière avec un pays lorsque préexistent d’importantes rivalités à l’image de la Papouasie Nouvelle Guinée qui ferme immédiatement sa frontière avec l’Indonésie pourtant très faiblement touchée par la pandémie. D’autres en revanche, comme la Tanzanie refusent de fermer leurs frontières terrestres pour maintenir aux États voisins un accès direct à la mer.

    Certains observateurs se sont plu à imaginer des basculements dans les rapports de pouvoirs entre l’Afrique et l’Europe notamment. Après ces fermetures soudaines, le bal mondial des rapatriements a commencé, non sans de nombreuses fausses notes.

    L’accélération de la frontiérisation du monde

    La fermeture extrêmement rapide des frontières mondiales nous rappelle ensuite combien les dispositifs nationaux étaient prêts pour la suspension complète des circulations. Comme dans bien des domaines, la pandémie s’est présentée comme un révélateur puissant, grossissant les traits d’un monde qu’il est plus aisé de diagnostiquer, à présent qu’il est suspendu.

    Ces dernières années, l’augmentation des mobilités internationales par le trafic aérien s’est accompagnée de dispositifs de filtrage de plus en plus drastiques notamment dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Les multiples étapes de contrôle articulant dispositifs administratifs dématérialisés pour les visas et dispositifs de plus en plus intrusifs de contrôle physique ont doté les frontières aéroportuaires d’une épaisseur croissante, partageant l’humanité en deux catégories : les mobiles et les astreints à résidence.

    En parallèle, les routes terrestres et maritimes internationales sont restées actives et se sont même réinventées dans le cadre des mobilités dites illégales. Or là encore, l’obsession du contrôle a favorisé un étalement de la frontière par la création de multiples marches frontalières faisant de pays entiers des lieux de surveillance et d’assignation à résidence avec un investissement continu dans les dispositifs sécuritaires.

    L’épaisseur des frontières se mesure désormais par la hauteur des murs mais aussi par l’exploitation des obstacles géophysiques : les fleuves, les cols, les déserts et les mers, où circulent armées et agences frontalières. À cela s’est ajouté le pistage et la surveillance digitale doublés d’un appareil administratif aux démarches labyrinthiques faites pour ne jamais aboutir.

    Pour décrire ce phénomène, Achille Mbembe parlait de « frontiérisation du monde » et de la mise en place d’un « nouveau régime sécuritaire mondial où le droit des ressortissants étrangers de franchir les frontières d’un autre pays et d’entrer sur son territoire devient de plus en plus procédural et peut être suspendu ou révoqué à tout instant et sous n’importe quel prétexte. »

    La passion contemporaine pour les murs relève de l’iconographie territoriale qui permet d’appuyer les représentations sociales d’un contrôle parfait des circulations humaines, et ce alors que les frontières n’ont jamais été aussi polymorphes.

    Suite à la pandémie, la plupart des gouvernements ont pu mobiliser sans difficulté l’ingénierie et l’imaginaire frontaliers, en s’appuyant d’abord sur les compagnies aériennes pour fermer leur pays et suspendre les voyages, puis en fermant les aéroports avant de bloquer les frontières terrestres.

    Les réalités frontalières sont rendues visibles : la Norvège fait appel aux réservistes et retraités pour assurer une présence à sa frontière avec la Suède et la Finlande. Seuls les pays effondrés, en guerre, ne ferment pas leurs frontières comme au sud de la Libye où circulent armes et combattants.

    Beaucoup entretiennent des fictions géographiques décrétant des frontières fermées sans avoir les moyens de les surveiller comme la France en Guyane ou à Mayotte. Plus que jamais, les frontières sont devenues un rapport de pouvoir réel venant attester des dépendances économiques, notamment à travers la question migratoire, mais aussi symboliques, dans le principe de la souveraineté et son autre, à travers la figure de l’étranger. Classe politique et opinion publique adhèrent largement à une vision segmentée du monde.

    Le piège de l’assignation à résidence

    Aujourd’hui, cet appareil frontalier mondial activé localement, à qui l’on a demandé de jouer une nouvelle partition sanitaire, semble pris à son propre piège. Sa vocation même qui consistait à décider qui peut se déplacer, où et dans quelles conditions, semble égarée tant les restrictions sont devenues, en quelques jours, absolues.

    Le régime universel d’assignation à résidence dans lequel le monde est plongé n’est pas tant le résultat d’une décision d’ordre sanitaire face à une maladie inconnue, que la simple activation des dispositifs multiples qui préexistaient à cette maladie. En l’absence d’autres réponses disponibles, ces fermetures se sont imposées. L’humanité a fait ce qu’elle savait faire de mieux en ce début du XXIe siècle, sinon la seule chose qu’elle savait faire collectivement sans concertation préalable, fermer le monde.

    L’activation de la frontière a abouti à sa consécration. Les dispositifs n’ont pas seulement été activés, ils ont été renforcés et généralisés. Le constat d’une entrave des mobilités est désormais valable pour tous, et la circulation est devenue impossible, de fait, comme de droit. Pauvres et riches, touristes et hommes d’affaires, sportifs ou diplomates, tout le monde, sans exception aucune, fait l’expérience de la fermeture et de cette condition dans laquelle le monde est plongé.

    Seuls les rapatriés, nouveau statut des mobilités en temps de pandémie, sont encore autorisés à rentrer chez eux, dans les limites des moyens financiers des États qu’ils souhaitent rejoindre. Cette entrave à la circulation est d’ailleurs valable pour ceux qui la décident. Elle est aussi pour ceux qui l’analysent : le témoin de ce phénomène n’existe pas ou plus, lui-même pris, complice ou victime, de cet emballement de la frontiérisation.

    C’est bien là une caractéristique centrale du processus en cours, il n’y a plus de point de vue en surplomb, il n’y a plus d’extérieur, plus d’étranger, plus de pensée du dehors. La pensée est elle-même confinée. Face à la mobilisation et l’emballement d’une gouvernementalité de la mobilité fondée sur l’entrave, l’abolition pure et simple du droit de circuler, du droit d’être étranger, du droit de franchir les frontières d’un autre pays et d’entrer sur son territoire n’est plus une simple fiction.

    Les dispositifs de veille de ces droits, bien que mis à nus, ne semblent plus contrôlables et c’est en ce sens que l’on peut douter de la réversibilité de ces processus de fermeture.

    Réversibilité

    C’est à l’aune de ce constat selon lequel le processus de frontiérisation du monde était à déjà l’œuvre au moment de l’irruption épidémique que l’on peut interroger le caractère provisoire de la fermeture des frontières opérée au cours du mois de mars 2020.

    Pourquoi un processus déjà enclenché ferait machine arrière au moment même où il accélère ? Comme si l’accélération était une condition du renversement. Tout se passe plutôt comme si le processus de frontiérisation s’était cristallisé.

    La circulation internationale des marchandises, maintenue au pic même de la crise sanitaire, n’a pas seulement permis l’approvisionnement des populations, elle a également rappelé que, contrairement à ce que défendent les théories libérales, le modèle économique mondial fonctionne sur l’axiome suivant : les biens circulent de plus en plus indépendamment des individus.

    Nous venons bien de faire l’épreuve du caractère superflu de la circulation des hommes et des femmes, aussi longtemps que les marchandises, elles, circulent. Combien de personnes bloquées de l’autre côté d’une frontière, dans l’impossibilité de la traverser, quand le moindre colis ou autre produit traverse ?

    Le réseau numérique mondial a lui aussi démontré qu’il était largement à même de pallier à une immobilité généralisée. Pas de pannes de l’Internet à l’horizon, à l’heure où tout le monde est venu y puiser son travail, ses informations, ses loisirs et ses sentiments.

    De là à penser que les flux de data peuvent remplacer les flux migratoires, il n’y qu’un pas que certains ont déjà franchi. La pandémie a vite fait de devenir l’alliée des adeptes de l’inimitié entre les nations, des partisans de destins et de développement séparés, des projets d’autarcie et de démobilité.

    Alors que le virus nous a rappelé la condition de commune humanité, les frontières interdisent plus que jamais de penser les conditions du cosmopolitisme, d’une société comme un long tissu vivant sans couture à même de faire face aux aléas, aux zoonoses émergentes, au réchauffement climatique, aux menaces à même d’hypothéquer le futur.

    La réponse frontalière n’a ouvert aucun horizon nouveau, sinon celui du repli sur des communautés locales, plus petites encore, formant autant de petites hétérotopies localisées. Si les étrangers que nous sommes ou que nous connaissons se sont inquiétés ces dernières semaines de la possibilité d’un retour au pays, le drame qui se jouait aussi, et qui continue de se jouer, c’est bien l’impossibilité d’un aller.

    https://blogs.mediapart.fr/adrien-delmas/blog/280520/covid-19-la-frontierisation-aboutie-du-monde
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    • Épisode 1 : Liberté de circulation : le retour des frontières

      Premier temps d’une semaine consacrée aux #restrictions de libertés pendant la pandémie de coronavirus. Arrêtons-nous aujourd’hui sur une liberté entravée que nous avons tous largement expérimentée au cours des deux derniers mois : celle de circuler, incarnée par le retour des frontières.

      https://www.franceculture.fr/emissions/cultures-monde/droits-et-libertes-au-temps-du-corona-14-liberte-de-circulation-le-ret

    • #Anne-Laure_Amilhat-Szary (@mobileborders) : « Nous avons eu l’impression que nous pouvions effectivement fermer les frontières »

      En Europe, les frontières rouvrent en ordre dispersé, avec souvent le 15 juin pour date butoir. Alors que la Covid-19 a atteint plus de 150 pays, la géographe Anne-Laure Amilhat-Szary analyse les nouveaux enjeux autour de ces séparations, nationales mais aussi continentales ou sanitaires.

      https://www.franceculture.fr/geopolitique/anne-laure-amilhat-szary-nous-avons-eu-limpression-que-nous-pouvions-e

    • « Nous sommes très loin d’aller vers un #repli à l’intérieur de #frontières_nationales »
      Interview avec Anne-Laure Amilhat-Szary (@mobileborders)

      Face à la pandémie de Covid-19, un grand nombre de pays ont fait le choix de fermer leurs frontières. Alors que certains célèbrent leurs vertus prophylactiques et protectrices, et appellent à leur renforcement dans une perspective de démondialisation, nous avons interrogé la géographe Anne-Laure Amilhat Szary, auteure notamment du livre Qu’est-ce qu’une frontière aujourd’hui ? (PUF, 2015), sur cette notion loin d’être univoque.

      Usbek & Rica : Avec la crise sanitaire en cours, le monde s’est soudainement refermé. Chaque pays s’est retranché derrière ses frontières. Cette situation est-elle inédite ? À quel précédent historique peut-elle nous faire penser ?

      Anne-Laure Amilhat Szary : On peut, semble-t-il, trouver trace d’un dernier grand épisode de confinement en 1972 en Yougoslavie, pendant une épidémie de variole ramenée par des pèlerins de La Mecque. 10 millions de personnes avaient alors été confinées, mais au sein des frontières nationales… On pense forcément aux grands confinements historiques contre la peste ou le choléra (dont l’efficacité est vraiment questionnée). Mais ces derniers eurent lieu avant que l’État n’ait la puissance régulatrice qu’on lui connaît aujourd’hui. Ce qui change profondément désormais, c’est que, même confinés, nous restons connectés. Que signifie une frontière fermée si l’information et la richesse continuent de circuler ? Cela pointe du doigt des frontières aux effets très différenciés selon le statut des personnes, un monde de « frontiérités » multiples plutôt que de frontières établissant les fondements d’un régime universel du droit international.

      Les conséquences juridiques de la fermeture des frontières sont inédites : en supprimant la possibilité de les traverser officiellement, on nie l’urgence pour certains de les traverser au péril de leur vie. Le moment actuel consacre en effet la suspension du droit d’asile mis en place par la convention de Genève de 1951. La situation de l’autre côté de nos frontières, en Méditerranée par exemple, s’est détériorée de manière aiguë depuis début mars.

      Certes, les populistes de tous bords se servent de la menace que représenteraient des frontières ouvertes comme d’un ressort politique, et ça marche bien… jusqu’à ce que ces mêmes personnes prennent un vol low-cost pour leurs vacances dans le pays voisin et pestent tant et plus sur la durée des files d’attentes à l’aéroport. Il y a d’une part une peur des migrants, qui pourraient « profiter » de Schengen, et d’autre part, une volonté pratique de déplacements facilités, à la fois professionnels et de loisirs, de courte durée. Il faut absolument rappeler que si le coronavirus est chez nous, comme sur le reste de la planète, c’est que les frontières n’ont pas pu l’arrêter ! Pas plus qu’elles n’avaient pu quelque chose contre le nuage de Tchernobyl. L’utilité de fermer les frontières aujourd’hui repose sur le fait de pouvoir soumettre, en même temps, les populations de différents pays à un confinement parallèle.

      Ne se leurre-t-on pas en croyant assister, à la faveur de la crise sanitaire, à un « retour des frontières » ? N’est-il pas déjà à l’œuvre depuis de nombreuses années ?

      Cela, je l’ai dit et écrit de nombreuses fois : les frontières n’ont jamais disparu, on a juste voulu croire à « la fin de la géographie », à l’espace plat et lisse de la mondialisation, en même temps qu’à la fin de l’histoire, qui n’était que celle de la Guerre Froide.

      Deux choses nouvelles illustrent toutefois la matérialité inédite des frontières dans un monde qui se prétend de plus en plus « dématérialisé » : 1) la possibilité, grâce aux GPS, de positionner la ligne précisément sur le terrain, de borner et démarquer, même en terrain difficile, ce qui était impossible jusqu’ici. De ce fait, on a pu régler des différends frontaliers anciens, mais on peut aussi démarquer des espaces inaccessibles de manière régulière, notamment maritimes. 2) Le retour des murs et barrières, spectacle de la sécurité et nouvel avatar de la frontière. Mais attention, toute frontière n’est pas un mur, faire cette assimilation c’est tomber dans le panneau idéologique qui nous est tendu par le cadre dominant de la pensée contemporaine.

      La frontière n’est pas une notion univoque. Elle peut, comme vous le dites, se transformer en mur, en clôture et empêcher le passage. Elle peut être ouverte ou entrouverte. Elle peut aussi faire office de filtre et avoir une fonction prophylactique, ou bien encore poser des limites, à une mondialisation débridée par exemple. De votre point de vue, de quel type de frontières avons-nous besoin ?

      Nous avons besoin de frontières filtres, non fermées, mais qui soient véritablement symétriques. Le problème des murs, c’est qu’ils sont le symptôme d’un fonctionnement dévoyé du principe de droit international d’égalité des États. À l’origine des relations internationales, la définition d’une frontière est celle d’un lieu d’interface entre deux souverainetés également indépendantes vis-à-vis du reste du monde.

      Les frontières sont nécessaires pour ne pas soumettre le monde à un seul pouvoir totalisant. Il se trouve que depuis l’époque moderne, ce sont les États qui sont les principaux détenteurs du pouvoir de les fixer. Ils ont réussi à imposer un principe d’allégeance hiérarchique qui pose la dimension nationale comme supérieure et exclusive des autres pans constitutifs de nos identités.

      Mais les frontières étatiques sont bien moins stables qu’on ne l’imagine, et il faut aujourd’hui ouvrir un véritable débat sur les formes de frontières souhaitables pour organiser les collectifs humains dans l’avenir. Des frontières qui se défassent enfin du récit sédentaire du monde, pour prendre véritablement en compte la possibilité pour les hommes et les femmes d’avoir accès à des droits là où ils vivent.

      Rejoignez-vous ceux qui, comme le philosophe Régis Debray ou l’ancien ministre socialiste Arnaud Montebourg, font l’éloge des frontières et appellent à leur réaffirmation ? Régis Débray écrit notamment : « L’indécence de l’époque ne provient pas d’un excès mais d’un déficit de frontières »…

      Nous avons toujours eu des frontières, et nous avons toujours été mondialisés, cette mondialisation se réalisant à l’échelle de nos mondes, selon les époques : Mer de Chine et Océan Indien pour certains, Méditerranée pour d’autres. À partir des XII-XIIIe siècle, le lien entre Europe et Asie, abandonné depuis Alexandre le Grand, se développe à nouveau. À partir du XV-XVIe siècle, c’est l’âge des traversées transatlantiques et le bouclage du monde par un retour via le Pacifique…

      Je ne suis pas de ces nostalgiques à tendance nationaliste que sont devenus, pour des raisons différentes et dans des trajectoires propres tout à fait distinctes, Régis Debray ou Arnaud Montebourg. Nous avons toujours eu des frontières, elles sont anthropologiquement nécessaires à notre constitution psychologique et sociale. Il y en a même de plus en plus dans nos vies, au fur et à mesure que les critères d’identification se multiplient : frontières de race, de classe, de genre, de religion, etc.

      Nos existences sont striées de frontières visibles et invisibles. Pensons par exemple à celles que les digicodes fabriquent au pied des immeubles ou à l’entrée des communautés fermées, aux systèmes de surveillance qui régulent l’entrée aux bureaux ou des écoles. Mais pensons aussi aux frontières sociales, celles d’un patronyme étranger et racialisé, qui handicape durablement un CV entre les mains d’un.e recruteur.e, celles des différences salariales entre femmes et hommes, dont le fameux « plafond de verre » qui bloque l’accès aux femmes aux fonctions directoriales. Mais n’oublions pas les frontières communautaires de tous types sont complexes car mêlant à la fois la marginalité choisie, revendiquée, brandie comme dans les « marches des fiertés » et la marginalité subie du rejet des minorités, dont témoigne par exemple la persistance de l’antisémitisme.

      La seule chose qui se transforme en profondeur depuis trente ans et la chute du mur de Berlin, c’est la frontière étatique, car les États ont renoncé à certaines des prérogatives qu’ils exerçaient aux frontières, au profit d’institutions supranationales ou d’acteurs privés. D’un côté l’Union Européenne et les formes de subsidiarité qu’elle permet, de l’autre côté les GAFAM et autres géants du web, qui échappent à la fiscalité, l’une des raisons d’être des frontières. Ce qui apparaît aussi de manière plus évidente, c’est que les États puissants exercent leur souveraineté bien au-delà de leurs frontières, à travers un « droit d’ingérence » politique et militaire, mais aussi à travers des prérogatives commerciales, comme quand l’Arabie Saoudite négocie avec l’Éthiopie pour s’accaparer ses terres en toute légalité, dans le cadre du land grabbing.

      Peut-on croire à l’hypothèse d’une démondialisation ? La frontière peut-elle être précisément un instrument pour protéger les plus humbles, ceux que l’on qualifie de « perdants de la mondialisation » ? Comment faire en sorte qu’elle soit justement un instrument de protection, de défense de certaines valeurs (sociales notamment) et non synonyme de repli et de rejet de l’autre ?

      Il faut replacer la compréhension de la frontière dans une approche intersectionnelle : comprendre toutes les limites qui strient nos existences et font des frontières de véritables révélateurs de nos inégalités. Conçues comme des instruments de protection des individus vivant en leur sein, dans des périmètres où l’Etat détenteur du monopole exclusif de la violence est censé garantir des conditions de vie équitables, les frontières sont désormais des lieux qui propulsent au contraire les personnes au contact direct de la violence de la mondialisation.

      S’il s’agit de la fin d’une phase de la mondialisation, celle de la mondialisation financière échevelée, qui se traduit par une mise à profit maximalisée des différenciations locales dans une mise en concurrence généralisée des territoires et des personnes, je suis pour ! Mais au vu de nos technologies de communication et de transports, nous sommes très loin d’aller vers un repli à l’intérieur de frontières nationales. Regardez ce que, en période de confinement, tous ceux qui sont reliés consomment comme contenus globalisés (travail, culture, achats, sport) à travers leur bande passante… Regardez qui consomme les produits mondialisés, du jean à quelques euros à la farine ou la viande produite à l’autre bout du monde arrivant dans nos assiettes moins chères que celle qui aurait été produite par des paysans proches de nous… Posons-nous la question des conditions dans lesquelles ces consommateurs pourraient renoncer à ce que la mondialisation leur offre !

      Il faut une approche plus fine des effets de la mondialisation, notamment concernant la façon dont de nombreux phénomènes, notamment climatiques, sont désormais établis comme étant partagés - et ce, sans retour possible en arrière. Nous avons ainsi besoin de propositions politiques supranationales pour gérer ces crises sanitaires et environnementales (ce qui a manqué singulièrement pour la crise du Cocid-19, notamment l’absence de coordination européenne).

      Les frontières sont des inventions humaines, depuis toujours. Nous avons besoin de frontières comme repères dans notre rapport au monde, mais de frontières synapses, qui font lien en même temps qu’elles nous distinguent. De plus en plus de personnes refusent l’assignation à une identité nationale qui l’emporterait sur tous les autres pans de leur identité : il faut donc remettre les frontières à leur place, celle d’un élément de gouvernementalité parmi d’autres, au service des gouvernants, mais aussi des gouvernés. Ne pas oublier que les frontières devraient être d’abord et avant tout des périmètres de redevabilité. Des espaces à l’intérieur desquels on a des droits et des devoirs que l’on peut faire valoir à travers des mécanismes de justice ouverts.

      https://usbeketrica.com/article/on-ne-va-pas-vers-repli-a-interieur-frontieres-nationales

  • Seine-Saint-Denis : après des échauffourées, un policier retrouve une balle dans son gilet de protection - Le Parisien
    http://www.leparisien.fr/seine-saint-denis-93/noisy-le-sec-apres-des-echauffourees-un-policier-retrouve-une-balle-dans-

    De sérieuses échauffourées ont éclaté mercredi soir à Noisy-le-Sec. Dans le quartier de Béthisy, « l’un des plus durs de la ville » selon le maire (UDI) Laurent Rivoire, une cinquantaine de personnes se sont attaquées à la police municipale, qui était venue pour faire cesser des jets de pétards et disperser les trop nombreux habitants présents sur les lieux.

    La tension est montée crescendo. Les effectifs municipaux débordés ont dû faire appel à des renforts de la police nationale. Une trentaine de fonctionnaires étaient sur place au plus fort des violences. Les policiers ont continué à essuyer des jets de projectiles et des tirs de mortiers. Ils ont riposté par les tirs de grenades lacrymogènes.

    Quatre gardes à vue

    Puis tous se sont repliés et quatre suspects ont été interpellés et placés en garde à vue. Lors des arrestations, un policier municipal âgé d’une trentaine d’années a chuté et s’est légèrement blessé à la jambe.

    Avant de prendre le chemin de l’hôpital Jean-Verdier, à Bondy, il a fait un détour par le poste de police pour retirer son gilet pare-balles. C’est alors qu’il s’est aperçu qu’un projectile s’était fiché dans la partie ventrale de son équipement.

    Au vu de la #militarisation du #maintien_de_l'ordre, ce qui surprend chaque jour c’est que si peu de tirs de riposte aient lieu (autres que de mortiers d’artifice, etc les cocktails moltotov ne vont le plus souvent pas assez loin pour atteindre des policiers surarmés).

    Hier, un jeune fuyant la police est mort écrasé par un train à Montigny les Cormeilles.
    Pendant ce temps une vidéo circulait une vidéo de l’arrestation d’un Noir à Neuilly sur Marne, frappé après arrestation et menottage, avec la bande son qui va bien ("sale nègre").

    #cités #police

    • Montigny-lès-Cormeilles : un jeune à mini-moto meurt percuté par un train, heurts avec la police

      L’accident s’est produit sur un passage piéton dont les riverains demandent la fermeture depuis plusieurs années. Des rassemblements hostiles à la police se sont formés dans la nuit.

      Un jeune circulant sur une mini-moto est mort percuté par un train, mercredi, entre 18 heures et 19 heures, à Montigny-lès-Cormeilles. Il franchissait un petit passage piéton sur les voies, chemin des Hautes-Bornes, à la limite en Franconville et Montigny-lès-Cormeilles, quand un train de la ligne H circulant dans le sens Paris-Pontoise l’a heurté violemment. Le corps a été projeté sur le côté, tandis que la mini-moto est restée bloquée sous la rame, qui s’est immobilisée quelques mètres plus loin.

      La circulation des trains interrompue plusieurs heures

      « On était tous derrière, indique Antoine*, un riverain. On a entendu un coup de klaxon et un boum. Le sol a tremblé. » « Sur le coup, on a cru qu’un train avait déraillé », ajoute Nicole, une voisine. Les habitants de la rue sont allés voir au passage piéton. « Quand on a vu le téléphone, les chaussures et la doudoune, on a compris. La queue du train était arrêtée à dix mètres du passage. On n’est pas allé voir plus loin », ajoute-t-elle. La circulation des trains a été interrompue sur la ligne jusqu’aux alentours de minuit.

      La victime serait un jeune de 18 ans, habitant Montigny-lès-Cormeilles. Peu après le drame, des proches sont venus sur les lieux. « Des jeunes sont venus au contact en accusant la police d’avoir provoqué l’accident », a indiqué le directeur départemental adjoint de la sécurité publique du Val-d’Oise. Au nombre d’une trentaine, ils auraient accusé la police d’avoir poursuivi le jeune homme, ce que dément le responsable adjoint de la police dans le département. « On était là après pour faire les constatations et interdire l’accès, mais pas avant », ajoute-t-il.

      J’en étais resté à l’interprétation des faits adoptée par des jeunes du quartier qui a circulé cette nuit.

      @sandburg, le peuple pas agressif ? C’est régler bien vite il me semble l’interrogation sur ce qui fait que de tels tirs contre la police n’ont pas lieu, sont très rares, se font à coups de cartouches plutôt qu’à balles, etc.. La capacité à s’empêcher, à ne pas surenchérir sur la surenchère policière par exemple, il y a plein de pistes pour essayer de la comprendre : connaissance de l’efficacité policière (exécution possible lors d’une « arrestation », justice, prison), se régler sur le pas du collectif pour exprimer l’hostilité, ne pas être à l’origine d’un quadrillage au carré du quartier, ... (tout monde sait plus ou moins comment ça se passe à Beaumont sur Oise, par exemple, et même sans cela il y a un savoir, une expertise de ce qu’est la liberté de la police). Mais les supputations et hypothèses demanderaient enquête. Une enquête que le réel viendra nourrir ? Pour ma part, je vois pas ce que les premiers concernés vont bien pouvoir inventer aujourd’hui comme modalités d’auto-défense collective... Tout pousse à établir un minimum de réciprocité....

  • Appel à l’annulation d’un contrat entre l’#UE et des entreprises israéliennes pour la surveillance des migrants par drones

    Les contrats de l’UE de 59 millions d’euros avec des entreprises militaires israélienne pour s’équiper en drones de guerre afin de surveiller les demandeurs d’asile en mer sont immoraux et d’une légalité douteuse.
    L’achat de #drones_israéliens par l’UE encourage les violations des droits de l’homme en Palestine occupée, tandis que l’utilisation abusive de tout drone pour intercepter les migrants et les demandeurs d’asile entraînerait de graves violations en Méditerranée, a déclaré aujourd’hui Euro-Mediterranean Human Rights Monitor dans un communiqué.
    L’UE devrait immédiatement résilier ces #contrats et s’abstenir d’utiliser des drones contre les demandeurs d’asile, en particulier la pratique consistant à renvoyer ces personnes en #Libye, entravant ainsi leur quête de sécurité.

    L’année dernière, l’Agence européenne des garde-frontières et des garde-côtes basée à Varsovie, #Frontex, et l’Agence européenne de sécurité maritime basée à Lisbonne, #EMSA, ont investi plus de 100 millions d’euros dans trois contrats pour des drones sans pilote. De plus, environ 59 millions d’euros des récents contrats de drones de l’UE auraient été accordés à deux sociétés militaires israéliennes : #Elbit_Systems et #Israel_Aerospace_Industries, #IAI.

    L’un des drones que Frontex a obtenu sous contrat est le #Hermes_900 d’Elbit, qui a été expérimenté sur la population mise en cage dans la #bande_de_Gaza assiégée lors de l’#opération_Bordure_protectrice de 2014. Cela montre l’#investissement de l’UE dans des équipements israéliens dont la valeur a été démontrée par son utilisation dans le cadre de l’oppression du peuple palestinien et de l’occupation de son territoire. Ces achats de drones seront perçus comme soutenant et encourageant une telle utilisation expérimentale de la #technologie_militaire par le régime répressif israélien.

    « Il est scandaleux pour l’UE d’acheter des drones à des fabricants de drones israéliens compte tenu des moyens répressifs et illégaux utilisés pour opprimer les Palestiniens vivant sous occupation depuis plus de cinquante ans », a déclaré le professeur Richard Falk, président du conseil d’administration d’Euromed-Monitor.

    Il est également inacceptable et inhumain pour l’UE d’utiliser des drones, quelle que soit la manière dont ils ont été obtenus pour violer les droits fondamentaux des migrants risquant leur vie en mer pour demander l’asile en Europe.

    Les contrats de drones de l’UE soulèvent une autre préoccupation sérieuse car l’opération Sophia ayant pris fin le 31 mars 2020, la prochaine #opération_Irini a l’intention d’utiliser ces drones militaires pour surveiller et fournir des renseignements sur les déplacements des demandeurs d’asile en #mer_Méditerranée, et cela sans fournir de protocoles de sauvetage aux personnes exposées à des dangers mortels en mer. Surtout si l’on considère qu’en 2019 le #taux_de_mortalité des demandeurs d’asile essayant de traverser la Méditerranée a augmenté de façon spectaculaire, passant de 2% en moyenne à 14%.

    L’opération Sophia utilise des navires pour patrouiller en Méditerranée, conformément au droit international, et pour aider les navires en détresse. Par exemple, la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer (CNUDM) stipule que tous les navires sont tenus de signaler une rencontre avec un navire en détresse et, en outre, de proposer une assistance, y compris un sauvetage. Étant donné que les drones ne transportent pas d’équipement de sauvetage et ne sont pas régis par la CNUDM, il est nécessaire de s’appuyer sur les orientations du droit international des droits de l’homme et du droit international coutumier pour guider le comportement des gouvernements.

    Euro-Med Monitor craint que le passage imminent de l’UE à l’utilisation de drones plutôt que de navires en mer Méditerranée soit une tentative de contourner le #droit_international et de ne pas respecter les directives de l’UE visant à sauver la vie des personnes isolées en mer en situation critique. Le déploiement de drones, comme proposé, montre la détermination de l’UE à dissuader les demandeurs d’asile de chercher un abri sûr en Europe en facilitant leur capture en mer par les #gardes-côtes_libyens. Cette pratique reviendrait à aider et à encourager la persécution des demandeurs d’asile dans les fameux camps de détention libyens, où les pratiques de torture, d’esclavage et d’abus sexuels sont très répandues.

    En novembre 2019, l’#Italie a confirmé qu’un drone militaire appartenant à son armée s’était écrasé en Libye alors qu’il était en mission pour freiner les passages maritimes des migrants. Cela soulève de sérieuses questions quant à savoir si des opérations de drones similaires sont menées discrètement sous les auspices de l’UE.

    L’UE devrait décourager les violations des droits de l’homme contre les Palestiniens en s’abstenant d’acheter du matériel militaire israélien utilisé dans les territoires palestiniens occupés. Elle devrait plus généralement s’abstenir d’utiliser des drones militaires contre les demandeurs d’asile civils et, au lieu de cela, respecter ses obligations en vertu du droit international en offrant un refuge sûr aux réfugiés.

    Euro-Med Monitor souligne que même en cas d’utilisation de drones, les opérateurs de drones de l’UE sont tenus, en vertu du droit international, de respecter les #droits_fondamentaux à la vie, à la liberté et à la sécurité de tout bateau de migrants en danger qu’ils rencontrent. Les opérateurs sont tenus de signaler immédiatement tout incident aux autorités compétentes et de prendre toutes les mesures nécessaires pour garantir que les opérations de recherche et de sauvetage soient menées au profit des migrants en danger.

    L’UE devrait en outre imposer des mesures de #transparence et de #responsabilité plus strictes sur les pratiques de Frontex, notamment en créant un comité de contrôle indépendant pour enquêter sur toute violation commise et prévenir de futures transgressions. Enfin, l’UE devrait empêcher l’extradition ou l’expulsion des demandeurs d’asile vers la Libye – où leur vie serait gravement menacée – et mettre fin à la pratique des garde-côtes libyens qui consiste à arrêter et capturer des migrants en mer.

    http://www.france-palestine.org/Appel-a-l-annulation-d-un-contrat-entre-l-UE-et-des-entreprises-is
    #Europe #EU #drones #Israël #surveillance #drones #migrations #asile #réfugiés #Méditerranée #frontières #contrôles_frontaliers #militarisation_des_frontières #complexe_militaro-industriel #business #armée #droits_humains #sauvetage

    ping @etraces @reka @nepthys @isskein @karine4

  • « Un #policier s’est mis du gel hydroalcoolique et il m’a mis une grande gifle, puis une 2e, une 3e, une 4e... » | StreetPress
    https://www.streetpress.com/sujet/1588844208-violences-policieres-villepinte-seine-saint-denis-societe-po

    Bilel et Hamza racontent avoir été interpellés et violemment passés à tabac par des policiers de Villepinte. Un certificat médical témoigne des coups subis. Il y aurait eu des vidéos, si les policiers n’avaient pas fait le ménage dans les téléphones.

    « Toute la route, je me suis fait frapper. Il n’y a pas une seconde où il m’a lâché. Même quand j’étais dans les vapes, je sentais ma tête taper contre la vitre. Il croyait que je faisais exprès. Et tout ce temps-là, j’étais menotté du début à la fin ». Le 27 avril dernier, des policiers de la #Bac de Villepinte (93) sont tombés sur Hamza et son ami Bilel. Ils les ont, selon les deux hommes, interpellés et cognés. Des #violences_policières qui ont causé huit jours d’incapacité totale de travail (#ITT) à Hamza, « sous réserve de complications » selon le certificat médical que StreetPress a consulté.

  • Meurtres et mensonges d’État : la police française a tué au moins 12 personnes durant le confinement - Rebellyon.info
    https://rebellyon.info/Meurtres-et-mensonges-d-Etat-la-police-22286

    Durant ces 2 mois de confinement, si un certain nombre de violences policières ont pu être dénoncées grâce aux images et aux révoltes dans les quartiers populaires et mises en lumière dans les médias, les morts liées aux interventions de la police sont restées dans l’angle mort. Malgré un article publié le 20 avril sur cette situation, largement relayé et suivi de tribune, aucun média national n’a titré sur ces morts, aucun média national n’a titré sur ces morts. À la fin de ce confinement, c’est 12 personnes qui sont mortes à cause de la police. À ce rythme, personne ne peut continuer à parler de bavures isolées. Ils s’agit de meurtres systémiques validés par l’État français.
    Le macabre bilan

    5 personnes mortes dans un commissariat
    3 personnes mortes suite à des tirs à balles réelles
    2 personnes mortes suite à une poursuite routière
    2 personnes mortes en sautant dans le vide

  • 🖥️ EN BANLIEUE : AMENDES ILLÉGALES PAR VIDÉOSURVEILLANCE
    https://www.nantes-revoltee.com/%f0%9f%96%a5%ef%b8%8f-en-banlieue-amendes-illegales-par-videosurvei

    Big brother et abus de pouvoir Dans la petite ville d’Epinay-sous-Sénart, en banlieue parisienne, le maire d’extrême droite a dépensé plus de 500 000€ pour déployer des caméras de vidéosurveillance un peu partout. Lors du confinement, l’élu « rentabilise » la dépense de façon malhonnête : des centaines d’amendes ont été envoyées à des habitants […] L’article 🖥️ EN BANLIEUE : AMENDES ILLÉGALES PAR VIDÉOSURVEILLANCE est apparu en premier sur Nantes Révoltée par Umbrella.

  • Essonne : des centaines d’amendes pour non-respect du confinement établies sans contrôles ? - Le Parisien
    http://www.leparisien.fr/essonne-91/essonne-des-centaines-d-amendes-pour-non-respect-du-confinement-etablies-


    Epinay-Sous-Sénart, ce vendredi. Des centaines d’amendes pour non-respect du confinement ont été dressées à une douzaine de jeunes du quartier des Cinéastes. Ces derniers assurent n’avoir jamais été contrôlés. LP/F.L.

    [...] La municipalité dément. Selon elle, ces verbalisations seraient liées au trafic de drogue.

    Des PV à une minute d’intervalle pour deux personnes différentes à deux endroits distants de plus d’1km. Des PV malgré une attestation de sortie à cette heure-là. Les habitants du quartier des Cinéastes à Epinay-sous-Sénart (Essonne) exhibent la centaine de PV qu’ils ont reçu pour non-respect du confinement durant la crise sanitaire due au Covid-19. Et pestent contre la vidéo-verbalisation. « La police municipale nous reconnaît sur les caméras de la ville et nous envoie les amendes sans même nous contrôler, nos attestations ne servent à rien, avance Mohamed. Qu’on sorte pour aller à la boulangerie ou quoi que ce soit on est verbalisés. Pourtant on n’a croisé aucune patrouille de la police municipale. De toute façon ils n’en ont qu’une et ne peuvent pas dresser des amendes à la même heure à deux endroits de la ville. »

    Dans d’autres cités de Seine-Saint-Denis et des Yvelines comme au Val-Fourré à Mantes-la-Jolie, des habitants se sont plaints eux aussi de ce type de « verbalisation au faciès », procédé abusif et à la limite de la légalité. Mais les amendes ne sont pas arrivées dans les mêmes proportions qu’à Epinay-sous-Sénart.

  • Je voulais te faire savoir que le thème « Contrôlé sans attestation… » est désormais un genre journalistique à part entière. Souvent à rapprocher du classique « Ivre, il… », mais pas que.

    – Montpellier. Contrôlé sans attestation, un homme transportait un kilo de cannabis
    https://www.ouest-france.fr/societe/faits-divers/montpellier-controle-sans-attestation-un-homme-transportait-un-kilo-de-
    – Caen. Contrôlé sans attestation de sortie, il avait outragé des policiers deux jours avant
    https://www.ouest-france.fr/normandie/caen-14000/caen-controle-sans-attestation-de-sortie-il-avait-outrage-des-policiers
    – Contrôlé sans attestation, un militaire insulte les policiers
    https://www.autonews.fr/buzz/fous-du-volant-controle-sans-attestation-un-militaire-insulte-les-policiers
    – Allonnes. Contrôlé sans attestation, un Sarthois menace la police et finit en prison
    https://lemans.maville.com/actu/actudet_-allonnes.-controle-sans-attestation-un-sarthois-menace-la-p
    – Contrôlé sans attestation : il n’avait pas de stylo
    https://www.leprogres.fr/edition-lyon-villeurbanne/2020/04/09/controle-sans-attestation-il-n-avait-pas-de-stylo
    – Souillac : Contrôlé sans attestation et avec un taux de 2,02 g/l d’alcool dans le sang
    https://medialot.fr/souillac-controle-sans-attestation-et-avec-un-taux-de-202-g-l-dalcool-dans-
    – Contrôlé sans attestation de déplacement, il exhibe son sexe devant les gendarmes à Saint-Luce-sur-Loire
    https://www.francebleu.fr/infos/faits-divers-justice/sainte-luce-controle-sans-attestation-de-deplacement-il-exhibe-son-sexe-d
    – Laval : il est contrôlé deux fois sans attestation, son passager transporte du cannabis
    https://actu.fr/pays-de-la-loire/laval_53130/laval-est-controle-deux-fois-sans-attestation-passager-transporte-cannabis_3321
    – Contrôlé sans attestation près de Lyon, un Viennois assure avoir oublié ses précédentes amendes
    https://actu.fr/auvergne-rhone-alpes/venissieux_69259/controle-sans-attestation-pres-lyon-viennois-assure-avoir-oublie-precedentes-am
    – Amiens : il est contrôlé sans permis, sans attestation et sous stupéfiants
    https://premium.courrier-picard.fr/id82411/article/2020-04-23/amiens-sixieme-controle-sans-attestation-de-deplacement
    – Contrôlé sans attestation, il mord un policier à la cuisse à Clermont-Ferrand
    https://www.lamontagne.fr/clermont-ferrand-63000/actualites/controle-sans-attestation-il-mord-un-policier-a-la-cuisse-a-clermont-ferr
    – Valence : contrôlé sans attestation, il tente de voler l’arme d’un policier municipal
    https://www.ledauphine.com/sante/2020/03/28/valence-controle-sans-attestation-il-tente-de-voler-l-arme-d-un-policier

  • MARSEILLE : LA PRISON FERME POUR DES CRS ? QUELQUES REMARQUES
    https://www.nantes-revoltee.com/marseille-la-prison-ferme-pour-des-crs-quelques-remarques

    Derrière une peine spectaculaire et médiatique, l’impunité reste la règle C’est une peine inédite contre des agents assermentés. Lundi, trois policiers sont été placés en garde à vue à Marseille, après le contrôle d’un jeune réfugié afghan dans le cadre du confinement. Les CRS ont frappé le jeune homme, appelé Jamshed, après l’avoir embarqué dans […] L’article MARSEILLE : LA PRISON FERME POUR DES CRS ? QUELQUES REMARQUES est apparu en premier sur Nantes Révoltée par Umbrella.

  • Pratiques policières pendant le confinement : Amnesty International dénonce des cas de violations des droits humains - Amnesty International France
    https://www.amnesty.fr/presse/des-usages-de-la-force-illegaux-pendant-le-confinement

    Amnesty International a authentifié quinze vidéos d’usage illégal de la force et/ou de propos discriminatoires de la part des forces de l’ordre dans quatorze villes de #France, pendant la période de #confinement du 18 mars à la nuit du 24 au 25 avril. Toutes ces vidéos illustrent des cas de violations du droit international relatif aux droits humains : usage illégitime, excessif ou non nécessaire de la force, insultes racistes ou homophobes. Ce travail de recherche a été réalisé avec la plateforme « Evidence Lab » d’Amnesty International, permettant des enquêtes pointues sur les droits humains au moyen de ressources en libre accès.

    #violences_policières

  • #Marseille : trois policiers en garde à vue après un contrôle Covid-19 qui a mal tourné
    https://www.laprovence.com/actu/en-direct/5980340/marseille-info-la-provence-trois-policiers-en-garde-a-vue-apres-un-contr

    Trois policiers de la CRS autoroutière 53 de Septèmes-les-Vallons sont en garde à vue, a-t-on appris ce soir de source judiciaire. Alors qu’ils procédaient au contrôle d’un automobiliste hier sur le Vieux-Port, l’intervention aurait dérapé. « Ils lui auraient porté des coups, avant de le faire monter dans la voiture et de le déposer sur le ressort d’Aix-en-Provence », a précisé la procureure de la République de Marseille, Dominique Laurens.

    Les trois hommes devraient être présentés demain en comparution immédiate devant le tribunal judiciaire de Marseille. La procédure à leur encontre a été ouverte pour des faits de « violences en réunion par personnes dépositaires de l’autorité publique et faux ». Les policiers auraient de surcroît rédigé une fausse main courante. La victime a déposé plainte.

    • Ce qui est sidérant, c’est l’art de l’euphémisme dans tous ces articles. Les flics ont frappé le type, l’ont enlevé pour aller lui péter la gueule sur un terrain vague à trente kilomètres de là (lunettes de soleil et flingue laisés dans la boîte à gants, comme dans les films), ont lâché un « rhaaa, ça soulage » après, l’ont abandonné sur le terrain vague, puis ont écrit un faux procès-verbal pour prétendre qu’ils l’avaient simplement déposé à l’Hôtel de police. Et tout le monde titre dans le genre : « flics condamnés pour une arrestation musclée… ». Comme pour justifier par avance les prévisibles manifestations de flics outrés contre ces juges rouges qui les empêchent de faire leur boulot.

      Art de l’euphémisme absolument unanime selon Gougoule :

      – Prison ferme pour des policiers à Marseille après une arrestation illégale et violente (Libération)
      – Prison ferme pour deux policiers de Marseille après une arrestation illégale (La Croix)
      – Marseille : prison ferme pour deux policiers violents (La Provence)
      – Arrestation violente à Marseille : Jusqu’à quatre ans de prison pour les policiers (20 minutes)
      – Après une arrestation illégale et violente à Marseille, des policiers condamnés à de la prison ferme (Le Monde)
      – Arrestation violente : prison ferme pour des policiers à Marseille (Le Figaro)
      – “On a fait une énorme boulette” : prison ferme pour deux policiers après un contrôle violent à Marseille (France 3 PACA)
      – Arrestation illégale : trois policiers ont été jugés hier en comparution immédiate (RMC)
      – Jusqu’à quatre ans de prison pour trois CRS coupables de violences policières à Marseille (Mars Actu)
      – Arrestation illégale et violente à Marseille : les policiers condamnés à de la prison ferme (Sud Ouest)
      – Arrestation violente à Marseille : prison ferme pour deux policiers (Le Point)
      – Marseille : Deux policiers terminent en prison après un contrôle qui dégénère (Actu Penit)
      – Prison ferme pour des policiers à Marseille (Le Matin.ch)
      – Prison ferme pour des policiers à Marseille après une arrestation illégale (Le Télégramme)
      – Des policiers marseillais en prison pour avoir abandonné un homme après son arrestation violente (La Dépêche)
      – Confinement : des peines de prison pour trois policiers violents lors d’un contrôle à Marseille (France Bleu)
      – Arrestation illégale et violente à Marseille : prison ferme pour deux policiers (France 24)

      Ad nauseam

      En fait, je n’ai trouvé qu’un seul titre rapportant les faits en mentionnant les causes des condamnations :
      – Marseille : 2 policiers condamnés et incarcérés pour enlèvement, séquestration et violences (Actu17)

    • Résultat de l’appel :
      https://www.lemonde.fr/police-justice/article/2020/07/07/j-ai-eu-peur-de-perdre-ma-vie-prison-ferme-pour-deux-policiers-apres-l-arres

      « Un Orange mécanique en uniforme » selon l’avocat général : deux policiers ont été condamnés mardi 7 juillet, en appel, à des peines d’emprisonnement ferme pour l’arrestation illégale et violente d’un réfugié afghan à Marseille. L’un a été condamné à trois ans de prison, dont deux ans ferme, et l’autre à dix-huit mois de prison, dont un an ferme.

    • Le 12 avril dernier, en plein confinement, Jamshed Shinwari, un réfugié afghan vivant à Marseille, est interpellé, enlevé puis frappé par des policiers, pour être abandonné sur un terrain vague. Après un premier jugement sans précédent condamnant les policiers à la prison ferme, le procès en appel est venu alléger les peines. Pour Guiti News, Jamshed Shinwari revient sur cette agression.
      https://guitinews.fr/cest-leur-histoire/2020/09/02/je-nai-pas-peur-jai-le-droit-de-me-defendre-recit-de-jamshed-shinwari-agre
      Un texte de Leïla Amar / Photos : Sidney Cadot-Sambosi

  • Un gouvernement compétent est-il possible ? Et même souhaitable ? A propos du désir d’Etat qui s’exprime de toute part

    « Incompétent, nul, #amateurisme, manquement », les mots ne manquent pas pour qualifier Macron et son gouvernement, tout comme les raisons de le faire. La rage gronde, et avec elle la volonté de leur demander des comptes et de les faire payer. La vengeance est peut-être la moins triste des passions tristes. Tout comme la colère, elle apparait comme le moteur de la révolte des vaincus d’hier. Mais ce gouvernement est-il réellement incompétent ? Plus largement un gouvernement compétent est-il possible ? Voir même souhaitable ? Et si au contraire, c’était de l’extrême compétence des gouvernements dont nous souffrons actuellement.

    « Être gouverné, c’est être gardé à vue, inspecté, espionné, dirigé, légiféré, réglementé, parqué, endoctriné, prêché, contrôlé, estimé, apprécié, censuré, commandé, par des êtres qui n’ont ni titre, ni la science, ni la vertu. Le gouvernement de l’homme par l’homme, sous quelque nom qu’il se déguise, est oppression ».
    Pierre-Joseph Proudhon

    On peut reprocher au gouvernement actuel de mal gérer la crise malgré l’air martial qu’il a voulu se donner. On peut aussi dire que d’autres gouvernements ont fait mieux que le « nôtre » (sic), même si en vrai il faudrait s’entendre sur ce que ça peut bien vouloir dire. Mais à trop le répéter on risque de rater l’essentiel et de tomber dans un piège.

    En l’espèce, lors de cette crise le gouvernement a renforcé sa dimension autoritaire et la tendance à la surveillance technologique au nom de l’état d’urgence sanitaire, il a augmenté le contrôle et la répression des quartiers populaires, et il a bien été obligé de prendre des mesures dangereuses pour l’économie elle-même afin de limiter la casse et aussi pour éviter de perdre toute légitimité aux yeux de ceux qu’il gouverne. Sa tâche est maintenant de la remettre en marche, de nous renvoyer au travail et de nous faire payer les conséquences économiques de la crise qui vient.

    D’autres, à leur place et dans les mêmes circonstances, auraient fait sensiblement la même chose. Il ne s’agit nullement d’exonérer nos gouvernants actuels. Reconnaissons seulement qu’ils obéissent à une logique qui rend nécessaire leurs agissements et qu’il est vain de s’imaginer qu’ils pourraient faire autrement. C’est bien en cela qu’ils sont nos ennemis. Ainsi en est-il de la « casse de l’hôpital public » et de la diminution du nombre de lits (70 000 suppressions en 15 ans) : elle résulte de l’action de tous les gouvernements précédents auquel celui de Macron s’est contenté, en toute logique, de contribuer.

    Il y a donc une confusion entre ceux qui nous gouvernent (Macon et ses ministres) et le principe même du gouvernement. En règle générale les premiers font ce que la fonction exige d’eux : réprimer et mutiler quand il le faut, accompagner les restructurations capitalistes par des lois adaptées et raconter des histoires pour vendre tout ça. En deux mots : servir les puissants dont ils partagent le monde et la vision du monde ; reproduire et reconduire un certain partage et sa cohorte d’inégalités, de massacres et de désastres.

    C’est dire que notre problème réside davantage dans le gouvernement comme principe, et plus largement dans la continuité de l’appareil d’Etat (constitution, lois et institutions), que dans tel gouvernement et ceux qui exercent le pouvoir à un moment donné. Dit autrement, le problème ça n’est pas que ceux qui nous gouvernent sont des salauds ou des incompétents, c’est qu’ils servent une logique économique mortifère qui produit et produira toujours les mêmes effets. Telle est leur compétence première et leur raison d’être ; voilà le savoir-faire qu’ils ont acquis sur les bancs de Sciences Po et de l’ENA : ils sont des agents de pouvoir du capitalisme, du libéralisme ou de la civilisation thermo-industrielle selon la langue, la sensibilité ou l’axe choisi.

    L’exemple le plus marquant reste celui du réchauffement climatique. Jamais aucun gouvernement ne pourra prendre une mesure à la hauteur de la situation car ce serait alors mettre en péril pour de bon la civilisation dont ils sont les garants. « Notre mode de vie n’est pas négociable », avait reconnu en son temps un Bush président, pour une fois honnête. A tout prendre, mieux vaut le cynisme décomplexé de nos ennemis que leurs mensonges répétés, gratinés de bons sentiments.

    Demander aux gouvernements une autre compétence que la leur, c’est un peu comme vouloir que son lave-linge nettoie sa vaisselle, c’est une demande absurde. Et s’il y a bien quelque chose que commande l’époque c’est bien ça : cesser d’adresser à tous les gouvernements du monde des demandes irréalistes.
    Ce n’est pas de leur incompétence qu’il faut se scandaliser. C’est au contraire leur compétence qu’il faut attaquer et défaire.

    Cette demande de gouvernement ou d’Etat compétent relève d’un vieux fantasme républicain largement partagé à gauche, celui de l’intérêt général. Il s’accompagne aussi d’un désir inquiétant : le désir d’être bien gouverné. Et à bien y réfléchir, non seulement c’est impossible comme nous croyons l’avoir établi, mais c’est absolument terrifiant. Il faudrait que l’Etat, entendu comme machine technique, administrative et fiscale flanquée de nombreuses institutions (aujourd’hui l’hôpital mais demain l’armée ou la police), soit efficace au point de régler nos existences de manière suffisamment parfaite pour qu’il nous protège en toutes circonstances. L’Etat, cette forme de pouvoir séparé de la population malgré le mythe démocratique, pourrait non seulement vouloir notre bien à tous, mais en plus serait à même de le réaliser. Il suffirait juste de trouver les bons gouvernants.

    Il s’agit en fait d’une funeste croyance qu’il est préférable d’abandonner à tous ceux qui ont la prétention de nous gouverner. De l’utopie, à la dystopie, il n’y a qu’un pas. Quoi alors, que faire ? Ici commence les difficultés et nous sommes autant perdus que les autres. Les esprits sensés auront compris que c’est du côté des ruptures révolutionnaires qu’il y a à chercher et expérimenter. Soit, mais il est bon alors de rappeler que l’imaginaire révolutionnaire est lui-même largement contaminé par cette idée du bon gouvernement, fût-il un « auto-gouvernement » ou un gouvernement auto-organisé.

    https://rouendanslarue.net/un-gouvernement-competent-est-il-possible-et-meme-souhaitable-a-prop

    #incompétence #France #Macron #covid-19 #coronavirus #colère #comptes_à_rendre #vengeance #révolte #compétence #oppression #Proudhon #autoritarisme #surveillance #surveillance_technologique #état_d'urgence_sanitaire #quartiers_populaires #contrôles #répression #économie #hôpitaux #hôpital_public #services_publics #gouvernement #capitalisme #pouvoir #sciences_po #ENA #libéralisme #changement_climatique #mode_de_vie #cynisme #intérêt_général #mythe_démocratique #démocratie #bon_gouvernement #mauvais_gouvernement #utopie #dystopie

    • Tant de questions décisives aussi vite abordées pourraient contraindre à penser sans et contre ce texte, c’est pas mal d’avoir un exemple si pauvre de ce que de nombreux commentaires d’intellectuels où le biopouvoir (de l’imprévoyance structurelle et de l’absence de souci de détail quant à la gestion de la population ?!), l’état d’exception et l’attente de la fin du capitalisme ou de l’anthropocène se tricotent au coin du confinement, sans éclairer grand chose ; sans pouvoir et/ou vouloir prendre en compte et tenter d’analyser des pratiques (des soignants, des confinés, des travailleurs, etc.), un empêchement redoublé par le confinement qu’il n’est pas évident de dépasser ou contourner qui fait des penseurs plus en roue libre que jamais.
      Un texte laid. Il règle leur compte de manière expéditive à une série d’expériences qui, de la Commune de Paris à la Révolution russe, du Chiapas à la ZAD de NNDL, pour ne citer qu’une partie des plus identifiées (...), se sont coltiné la nécessité de rompre l’ordre du monde et de faire horizon.

      #État #désir_d'État #souverain #pouvoir_d'État #sécuritaire #paradigme_sécuritaire #capitaliste_collectif #gestion #police (#politique résorbée dans la) #imaginaire #imaginaire_révolutionnaire #insurrectionnalisme #idéologie

  • ENCORE UN DÉCÈS DANS UN COMMISSARIAT : 8 MORTS EN UN MOIS LORS D’INTERVENTIONS DE POLICE
    https://www.nantes-revoltee.com/encore-un-deces-dans-un-commissariat-8-morts-en-un-mois-lors-dinter

    Un homme de 31 ans est décédé dans la nuit de jeudi 30 avril au 1er mai, au commissariat de Saint-Denis. « Une enquête a été ouverte pour recherche des causes de la mort », indique le parquet de Bobigny. Il avait été interpellé jeudi « pour un état d’ivresse manifeste », ajoute le parquet. […] L’article ENCORE UN DÉCÈS DANS UN COMMISSARIAT : 8 MORTS EN UN MOIS LORS D’INTERVENTIONS DE POLICE est apparu en premier sur Nantes Révoltée par Umbrella.

  • EN DIRECT - Coronavirus : il y a eu 19 millions de contrôles depuis le début du confinement
    https://www.lefigaro.fr/sciences/en-direct-coronavirus-confinement-deconfinement-masques-france-48e-jour-11-

    « Il y a eu 19 millions de contrôles depuis le début du confinement, un million de procès verbaux et les deux tiers sont pour des gens qui ne remplissaient pas l’attestation. Si vous ramenez ça à la totalité de la population française et à la période concernée, c’est assez peu », selon le ministre.

    À 135 euros la prune, ça fait 135 millions d’euros. « Ramené à la population française », non, ce n’est pas « assez peu ».