• Contrôles migratoires à la frontière franco-espagnole : entre violations des droits et luttes solidaires

    La présente note propose de contribuer à la compréhension du traitement des personnes en migration aux frontières françaises avec l’Espagne. Elle vise à documenter et mettre en lumière tant les pratiques illégales des autorités françaises que leurs conséquences en termes de #violences et de violations des droits fondamentaux. Par ailleurs, elle s’attache à rendre compte des initiatives des acteur·rices locaux·les qui se mobilisent pour construire un #accueil digne. Les informations collectées proviennent des constats issus de 12 déplacements à cette frontière, de rencontres avec les solidaires et les autorités, ainsi que de quatre missions d’observations collectives des pratiques des forces de l’ordre et de recueil des témoignages des personnes refoulées, menées entre 2019 et 2022 par l’Association nationale d’assistance aux frontières pour les étrangers (Anafé) et la Coordination d’actions aux frontières intérieures (CAFI) qui réunit les associations Amnesty International France, La Cimade, Médecins du Monde, Médecins Sans Frontières et Secours Catholique-Caritas France.

    https://www.lacimade.org/publication/controles-migratoires-a-la-frontiere-franco-espagnole-entre-violations-des
    #France #Espagne #Pyrénées #frontières #asile #migrations #réfugiés #contrôles_frontaliers #rapport #violence #solidarité #accueil #accueil_solidaire

  • Mission accomplie ? Les effets mortels du contrôle des frontières au #Niger

    Résumé

    Le 26 mai 2015, le Parlement du Niger a adopté la #loi n° #2015-36 sur le #trafic_illégal_de_migrants, qui a donné lieu à une approche répressive et sécuritaire de la gestion des migrations. La loi a été rédigée sous l’égide de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC), et le soutien financier de l’Italie et du Danemark.

    Les prestataires de services aux migrants (tels que transporteurs, hôtes, courtiers, etc.) qui, jusqu’alors, opéraient au grand jour dans le contexte d’une infrastructure de mobilité transsaharienne socialement et économiquement cruciale, se sont retrouvés soudainement criminalisés et exposés à des sanctions sévères ainsi qu’à des peines d’emprisonnement.

    De nouvelles formes de contrôle des frontières ont été mises en place, avec le soutien technique r et financier des institutions de l’UE et des États membres désireux de contenir la migration à travers le Sahara. Au cours années suivantes i, des milliers de décès et de disparitions de migrants ont été enregistrés dans le nord du Niger. Le gouvernement nigérien, les médias et les agences de l’UE telles que Frontex ont imputés la responsabilité de l’augmentation du nombre de décès et de disparitions aux transporteurs , désormais considérés comme des passeurs négligents et cupides. Grâce à sa fermeté, le Niger a été érigé en modèle en matière de “lutte contre le trafic illicite de migrants”. Le gouvernement nigérien et ses partenaires internationaux ont ainsi développé un discours de “mission accomplie”, se vantant d’avoir réussi à réduire le nombre de “migrants” transitant par le Niger et soulignant la protection des migrants contre les passeurs.

    Ce récit a été remise a été contesté par de nombreux journalistes, activistes et chercheurs , soutenant au contraire, que cette loi n’a fait qu’exacerber les dangers de mort auxquels sont confrontés les migrants i. Ils ont mis en évidence le rôle du Niger en tant que lieu stratégique clé du contrôle de la mobilité dans le cadre des politiques d’externalisation des frontières de l’UE, à travers lesquelles l’UE a étendu le contrôle de ses frontières au-delà de son périmètre, y compris toujours plus au sud dans la bande Saharo-sahélienne. Leurs analyses ont montré que les effets de la loi, ainsi que les nombreuses formes de contrôle aux frontières qui se sont développées ces dernières années, ont contraint les trajectoires les transporteurs dans des zones plus reculées du désert, créant ainsi des situations dangereuses et souvent fatales lorsqu’un véhicule tombe en panne ou que les transporteurs abandonnent leurs passagers et s’enfuient afin d’éviter d’être appréhendés. Des activistes, des journalistes et des chercheurs travaillent sans relâche depuis des années pour attirer l’attention sur la façon dont la mise en œuvre de la loi a conduit à un désastre humanitaire pour les migrants et les Nigériens, ainsi qu’à une précarité économique et à la crainte d’amendes sévères et d’emprisonnement parmi les locaux, en particulier pour ceux qui vivent dans la région d’Agadez.

    En dépit de ces efforts, le nombre réel de décès de migrants dans le reste inconnu. En effet, les sanctions sévères prévues par la loi ont contraint les mouvements transsahariens à l’intérieur du Niger à se poursuivre dans la clandestinité et dans les zones les plus reculées du désert, où les incidents peuvent facilement passer inaperçus. Par conséquent, il est devenu encore plus difficile de recueillir des données fiables sur les décès.

    Dans ce rapport, l’enquête de Border Forensics mobilise des méthodologies nouvelles et uniques d’analyse géospatiale et de télédétection pour contribuer à une meilleure analyse empirique des effets mortels de la loi 2015-36 et du renforcement des contrôles aux frontières qui en découle. Nous détaillons d’abord le contexte sous-jacent aux changements spectaculaires obervées dans l’approche de la migration au niveau national au Niger, et le rôle des acteurs européens dans le développement des contrôles frontaliers au Niger à partir de 2015 pour contenir la migration vers l’Europe. Puis, nous discutons des défis liés à la collecte de données et limitant la disponibilité de preuves empiriques pour documenter les effets de la loi 2015-36. Ensuite, nous décrivons les méthodologies uniques que nous avons développées et les sources de données auxquelles nous avons eu accès, avant de les appliquer à une étude de cas multi-sites le long d’une section de la route Agadez-Sabha qui s’étend de la ville civile de Séguédine au poste frontalier de Toummo à la frontière nigéro-libyenne, en passant par le poste militaire de Madama. Après une brêve description de chacun des sites, nous décrivons les analyses géospations et de télédétection que nous avons déployées sur chacun d’eux. Enfin, nous discutons des implications de ces résultats pour déterminer les responsabilités des dangers accrus des traversées transsahariens au Niger dans le sillage de la loi 2015-036.

    Bien que nos analyses de chaque site révèlent des dynamiques variées de pratiques frontalières et d’éclatement des trajectoires, un modèle récurrent émerge, indiquant une corrélation claire entre le renforcement des contrôles frontaliers et la dispersion des trajectoires des migrants. Nous démontrons ensuite comment cette dispersion voit les trajectoires des migrants s’enfoncer dans le désert, où les chances de survie sont considérablement réduites dans les cas d’incidents récurrents tels que les pannes de véhicule, d’abandon, ou de passagers à court d’eau. Nous rendons ainsi visible et mesurable l’un des plus grands risques encourus lors de cette traversée du désert du Sahara : un état de déshydratation potentiellement mortel dans les zones moins fréquentées et moins surveillées.

    Les méthodologies innovantes présentées dans ce rapport sont destinées à servir de base à l’élargissement de la base de preuves sur les effets de l’externalisation des frontières. Ces éléments de preuves peuvent soutenir les appels à une plus grande responsabilisation de tous les acteurs engagés dans la gestion des frontières, notamment le gouvernement nigérien, l’UE et ses États membres, ainsi que les agences de l’ONU.

    https://www.borderforensics.org/fr/investigations/niger-investigation

    #frontières #externalisation #migrations #réfugiés #asile #répression #morts_aux_frontières #létalité #décès #mourir_aux_frontières #criminalisation #contrôles_frontaliers #passeurs #transporteurs #Agadez #déshydratation #désert #responsabilité #Border_forensics

    a contribué à l’enquête @rhoumour

    • ’Migrants abandoned in the Sahara Desert have no chance of surviving’ — Border Forensics

      A new report released by Border Forensics concludes that migrants have almost no chance of surviving when crossing the desert from Niger to Libya. Ever since the introduction of border control laws in 2015, migrants have been forced to take more remote and deadly paths, according to Border Forensics.

      Border Forensics, an agency that uses spatial analysis to investigate practices of border violence, recently published an investigation on the consequences of new border control mechanisms between Niger and Libya. The collective, composed of researchers and geographers, has shown how crossing the desert to reach Libya has become increasingly deadly since 2015.

      That year, Niamey adopted a law making transporting and hosting migrants illegal. Consequently, traffickers had to find new routes that were further away from the main roads and less visible to the authorities.

      According to the Border Forensics report, the death toll in the Sahara Desert has never been higher than it is today.

      InfoMigrants interviewed Rhoumour Ahmet Tchilouta, a member of Border Forensics and a PhD student in political geography at the University of Grenoble.

      InfoMigrants: What techniques did you use for this investigation?

      Rhoumour Ahmet Tchilouta: We used geospatial data. The aim was to measure the effect of the Nigerien law of 2015 on the routes taken by migrants through the Sahara desert.

      We focused on the route linking Agadez, in northern Niger, to Sabha, in Libya.

      We analyzed high-resolution satellite images to understand the new paths that migrants take in order to avoid the authorities. With satellite data, it is possible to obtain very clear images and see the smallest details very precisely. For example, you can see a wrecked vehicle or streams of people.

      We also analyzed the risks associated with dehydration using a technique which is also used by researchers working on the route from Mexico to the United States.

      We conducted interviews with drivers [members of an irregular immigration network responsible for transporting migrants in vehicles through Niger, editor’s note] who detailed the new zones of trajectories to us.

      We compared these trajectories with the main routes and then we considered several factors — like elevation, heat or the wind. We also analyzed how much a person sweats, specifically how many liters of water a migrant will lose as they try to reach the main road after being abandoned in the desert.

      With the accumulated factors, we can now say that the migrants abandoned in the Sahara Desert have no chance of surviving.

      The migrants are too far away from main roads to be spotted and helped in the case of an accident. The human body cannot last that long.

      In addition, by analyzing the field of vision, meaning the visibility or invisibility of the routes, we show the correlation between invisibility and the dangers that migrants face. The less visible the routes, the more deadly the situation becomes for migrants. The main cause of death is always the same: lack of water.

      IM: In the report, you state that the “Sahara is an open tomb”. You write that bodies can be found months or even years after death.

      Rhoumour Ahmet Tchilouta: In the Sahara desert, sandstorms and windstorms are frequent. Vehicle tracks disappear quickly. If you put an object in the sand, it quickly disappears.

      The same rule applies to cadavers. Some remain buried forever.

      Windstorms can also unearth bodies. There are very regular reports of macabre discoveries in the desert. We find dried up bodies, suddenly exposed by the movements of sand.

      IM: Why do you carry out this type of research work and for what purpose?

      Rhoumour Ahmet Tchilouta : The purpose of this investigation is to provide evidence. For years, journalists, researchers and organizations have said the 2015 law has caused a lot of suffering by making the road to Libya much more dangerous. Except there was no proof.

      This report shows how border policies have accentuated the dangers faced by migrants on the road between Niger and Libya.

      New empirical data of the mechanisms through which border controls have led to increased danger for migrants now exists.

      There is also another objective: to highlight the violence of the migration policies implemented in Niger.

      IM: Who is accountable for the increased death and suffering of migrants?

      Rhoumour Ahmet Tchilouta: There have always been deaths in the desert but never as many as now.

      The 2015 law in Niger has had devastating effects and the main actor responsible for the migratory dramas is Niger. Yet, without European and UN funding, Niger would never have been able to implement its policy.

      One of the main partners in migration control in Niger is the International Organization for Migration (IOM): it is involved in the construction of border posts and the strengthening of Niger’s defense and security forces.

      The UN agency is Niamey’s main partner. The EU funds the partnership.

      European players therefore play an important role. The EU Emergency Trust Fund for Africa has provided about €300 million to Niger.

      All actors operating in Niger believe the mission of stopping migratory flows has been partially accomplished. This is false, the policy has simply forced migrants to take increasingly distant and dangerous paths.

      https://www.infomigrants.net/en/post/48858/migrants-abandoned-in-the-sahara-desert-have-no-chance-of-surviving--b

    • Europas Wüste

      Die EU möchte Migration verhindern – und das bereits außerhalb ihrer eigentlichen Grenzen. Welche Auswirkungen das hat, zeigt ein Blick auf die Situation im Niger.

      Die Bundesregierung hat sich kürzlich auf eine gemeinsame Strategie zur Reform des europäischen Asylrechts geeinigt. In Auffanglagern an den EU-Außengrenzen soll das Schicksal tausender Geflüchteter im Schnellverfahren entschieden werden. Dabei gibt sich die europäische Gemeinschaft größte Mühe, Migrant:innen proaktiv von ihren eigenen Grenzen fernzuhalten.

      Ein Beispiel: Die Bundeswehr wird sich an der »EU Military Partnership Mission In Niger« beteiligen. Im Sinne der Friedensstiftung in der Sahelzone sollen Maßnahmen getroffen werden, um die Geflüchteten möglichst schon mitten in Afrika an der Weiterreise zu hindern. So wird die Sahara-Wüste zum großen und tödlichen Hindernis – und zur ersten Grenze der EU mitten in Afrika – wie es Menschenrechtsaktivist:innen vor Ort nennen.

      In dieser Folge von Global Trouble sprechen wir mit Kerem Schamberger über die Situation im Niger. Er ist in der Öffentlichkeitsarbeit von medico international für den Bereich Flucht und Migration zuständig und hat das westafrikanische Land besucht. Gemeinsam mit den medico-Partnerorganisationen „Alarmphone Sahara“ und „Border Forensics“ blicken wir auf die Folgen von Europas Externalisierung des Grenzregimes.

      https://www.medico.de/europas-wueste-19081
      #podcast

    • Sahara : La collaboration entre le Niger et l’UE pour renforcer les contrôles aux frontières met en danger la vie des migrants

      Border Forensics a développé de nouvelles méthodes d’analyse géospatiale pour mesurer l’impact du renforcement des contrôles sur les risques encourus par les migrants lors de la traversée du désert du Sahara nigérien.

      Une loi sur le “trafic illicite de migrants” adoptée par le Niger en 2015 et mise en oeuvre avec le soutien décisif des États, institutions et agences européens, a provoqué une crise humanitaire tant pour les migrants que pour les Nigériens empruntant les routes transsahariennes du Niger. L’enquête publiée par Border Forensics s’appuie sur des méthodes innovantes d’analyse géospatiale pour apporter de nouvelles preuves sur la manière dont ces politiques et pratiques ont accentué les risques de perte de vies humaines.
      Afin de prévenir la migration à travers le nord du Niger vers la Libye, le Gouvernement nigérien, Dans le but de contrecarrer la migration à travers le nord du Niger vers la Libye, les autorités européennes ont criminalisé les prestataires de services aux migrants (transporteurs, hôtes, courtiers, etc.), qui constituaient jusqu’alors une infrastructure vitale de la mobilité transsaharienne. Ils ont établi de nouvelles formes de contrôle aux frontières. Celles-ci n’ont pas mis fin à la mobilité dans la région, au contraire, elles ont forcé les trajectoires des transporteurs vers des zones encore plus reculées du désert, créant ainsi des conditions dangereuses et souvent fatales lorsqu’un véhicule tombe en panne ou que les transporteurs abandonnent leurs passagers en fuyant d’être appréhendés.
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      “En raison des sanctions sévères prévues par la loi et du renforcement des contrôles aux frontières, les mouvements transsahariens à l’intérieur du Niger ont été contraints à la clandestinité. Ce faisant, on ignore l’ampleur réelle des décès de migrants dans le désert. Pour pallier ce manque de données fiables et contribuer à une meilleure analyse empirique des effets meurtriers de la loi de 2015-36, nous avons dû développer de nouvelles méthodes d’analyse géospatiale, en nous appuyant notamment sur le travail des activistes et des chercheurs qui ont documenté les décès de migrants dans le désert de Sonora, à la frontière entre les États-Unis et le Mexique.” – Tara Plath.
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      L’enquête de Border Forensics mobilise ces méthodologies géospatiales et de télédétection novatrices pour analyser la relation entre les pratiques frontalières, les changements spatiaux dans les trajectoires des migrants et les dangers accrus de la traversée du desert du Sahara nigérien.
      Le rapport a déployé ces méthodes pour une étude de cas sur plusieurs sites le long d’une section de la route reliant Agadez, dans le nord du Niger, à Sabha, en Libye : la ville civile de Séguédine, le poste militaire avancé de Madama et le poste de contrôle de Toumo à la frontière nigéro-libyenne. Les analyses menées par Border Forensics sur chaque site révèlent un schéma clair établissant un lien entre le renforcement des contrôles aux frontières et les changements de trajectoire des migrants, qui s’enfoncent dans le désert, où les chances de survie sont considérablement réduites en cas d’incidents récurrents tels que la panne du véhicule, d’abandon ou de pénurie d’eau. L’enquête permet ainsi de rendre visible et mesurable les dangers accrus rencontrés par les migrants à travers l’un des plus grands risques encourus dans ces voyages transsahariens : un état de déshydratation potentiellement mortel dans les zones les moins fréquentées et les moins visibles. La corrélation observée entre le niveau d’invisibilité des pistes alternatives utilisées par les migrants pour éviter les contrôles aux frontières et le niveau de danger potentiel rencontré le long de ces pistes post-2015 suggère une relation de cause à effet.

      Au-delà des pertes tragiques en vies humaines, la loi 2015-36 a eu aussi d’autres effets néfastes. Elle a contribué à saper le tissu social, économique et politique des communautés affectées au Niger et au-delà. Elle a eu un impact sur les moyens de subsistance des populations locales mettant ainsi en péril leur stabilité économique et leur bien-être, tout en restreignant la mobilité au Niger des citoyens de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest qui, conformément aux accords régionaux, devraient pourtant bénéficier de la liberté de circulation et du droit de résider et de s’installer au Niger. Ces éléments peuvent appuyer les appels à une plus grande responsabilisation de tous les acteurs engagés dans la gestion des frontières, en particulier le gouvernement nigérien, l’UE et ses États membres, ainsi que les agences de l’ONU.
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      “Tous les acteurs – qu’ils soient nigériens, européens, des agences de l’ONU ou autres – impliqués dans l’élaboration et la mise en œuvre de cette loi devraient être tenus responsables de l’augmentation des décès et des souffrances des migrants qu’elle a entraînée. Le gouvernement du Niger devrait mettre fin à la criminalisation des nombreux acteurs qui transportent ou interagissent avec les migrants, tandis que l’Union européenne, ses agences et ses États membres devraient immédiatement cesser de soutenir des politiques migratoires néfastes au Niger et au-delà par le biais de l’externalisation de leur dispositifs de contrôle des frontières.”

      https://airinfoagadez.com/2023/05/14/sahara-la-collaboration-entre-le-niger-et-lue-pour-renforcer-les-cont

  • Inside Croatia’s Secret WhatsApp Group

    How high-ranking Croatian officials presided over clandestine communications about border operations

    When Lighthouse Reports filmed and published (https://www.lighthousereports.com/investigation/unmasking-europes-shadow-armies) footage in 2021 of Croatian police officers in black balaclavas beating refugees while illegally forcing them back across the border into Bosnia and Herzegovina, the victims’ sharp screams echoing through the forest, the Croatian government was quick to evade responsibility.

    The illegal treatment, Croatian Interior Minister Davor Božinović assured, was an isolated case. The police officers responsible had not acted on the instructions of the government, and neither ministers nor police chiefs had known anything about it, he claimed.

    Migration experts, asylum lawyers and human rights activists were sceptical. They suspected that high-ranking Croatian officials knew about the pushbacks, which took place under a police operation known as ‘Korridor’ – which is partially financed by the EU – and that perhaps they even ordered them.

    Now we, in collaboration with Der Spiegel, Nova TV, Novosti weekly, Telegram news portal and ORF, have obtained evidence indicating that these suspicions were correct – in the form of leaked WhatsApp communications.

    Screenshots leaked to Lighthouse Reports and partners reveal that top Croatian officials have presided over a clandestine WhatsApp group called ‘OA Koridor II- Zapad’, in which Croatian border police shared sensitive information about apprehensions of foreign nationals, including disturbing photographs, between August 2019 and February 2020.

    According to government reports (www.sabor.hr/sites/default/files/uploads/sabor/2020-11-26/143106/IZVJ_POLICIJA_2018_2019.pdf), OA Koridor II Zapad was or is one of several sibling operational actions in Croatia “related to combating irregular migration and crimes related to smuggling of people”. Police sources said the violent pushbacks we filmed in 2021 took place under another one of these operations.

    The WhatsApp group sat outside any official means of communication and away from the usual monitoring procedures, and there are strong indications that the foreign nationals referenced in the messages went on to be subject to illegal pushbacks.
    METHODS

    An analysis of the 60 screenshots we received found that there were 33 participants in the WhatsApp group, and we were able to establish the identity of just over two-thirds of them, partly by using digital forensics software such as Pipl and Maltego, which enable the search of various websites where these numbers were used for registration.

    We found that among them were Croatian high-ranking officials including the head of border police Zoran Ničeno and head of the public relations department Jelena Bikić, who reports directly to Minister of Interior Božinović.

    The WhatsApp group was used to exchange information about apprehensions of more than 1,300 people of mostly Afghan, Pakistani and Syrian nationality. These messages were often accompanied by photos of the individuals, their faces clearly visible, in some cases being forced to lie face down on the ground or remove their shoes.

    Experts and police sources told us that sharing such information on a privately-owned platform such as WhatsApp breaches multiple police regulations. They also said they believed the group was likely used to unofficially document the apprehension of migrants who were systematically pushed back across the border in breach of Croatian and European law, in order that there was no trace of this action.
    STORYLINES

    In one WhatsApp message, the head of border control in Zagreb police administration can be seen saying he had asked on the evening of 13 February 2020 for five police vans to carry out “odvraćanje” after apprehending a group of 80 migrants. Odvraćanje is the Croatian word for “rejection” or “deterrence”, which is said to have become a code word for pushbacks in recent years. Police sources and experts are clear in saying that this message indicates that an illegal pushback was taking place.

    We spoke to a Pakistani man who gave testimony of a pushback to a volunteer from the Border Violence Monitoring Network, a grassroots coalition, back in 2019. We were able to match this, with a high degree of confidence, to a message in the WhatsApp group from August 2019 describing the apprehension of 85 foreign nationals. In his testimony, taken the day after the arrest, the man reported that the group was pushed back, with violence used against some of them, and not given the chance to claim asylum. We spoke with him last month and while he said he couldn’t remember the exact date, he recognised the scenario and one of the individuals seen in the photo.

    On multiple occasions, the WhatsApp group also was used to exchange information about journalists visiting the border area. In one case, the group’s members were informed that Bernt Koshuch, a journalist from Austrian broadcaster ORF, had been spotted in the wider area of Cetingrad, and a photo was shared of him and a colleague. Mr Koschuch confirmed to us that he had been in the area at that time. He later joined our investigation.

    Croatia’s Korridor operations benefit from European funding, with millions of euros flowing to Zagreb each year and EU states paying for overtime, accommodation and food for Croatian border guards – yet to date, the EU has not initiated any infringement proceedings against the country. “The current silence, impunity and even implicit encouragement by the Commission and other member states, only fuel these gross violations against vulnerable people in search of protection,” says MEP Tineke Strik.

    Bodo Weber, senior associate at the Democratisation Policy Council in Berlin, said: “Overall, this group confirms what I have been researching for several years and other observers have long suspected: The Croatian police’s well-documented pushback campaign is clearly being directed from within the Ministry of Interior.”

    https://www.lighthousereports.com/investigation/inside-croatias-secret-whatsapp-group

    #Croatie #asile #migrations #réfugiés #frontières #whatsapp #groupe_whatsapp #contrôles_frontaliers #Balkans #route_des_Balkans #violence #violences_policières #Korridor #opération_Korridor #push-backs #refoulements #OA_Koridor_II_Zapad #preuves #photographies #Zoran_Ničeno #Zoran_Niceno #Jelena_Bikić #Jelena_Bikic #odvraćanje #odvracanje

  • Nessuno vuole mettere limiti all’attività dell’Agenzia Frontex

    Le istituzioni dell’Ue, ossessionate dal controllo delle frontiere, sembrano ignorare i problemi strutturali denunciati anche dall’Ufficio europeo antifrode. E lavorano per dispiegare le “divise blu” pure nei Paesi “chiave” oltre confine

    “Questa causa fa parte di un mosaico di una più ampia campagna contro Frontex: ogni attacco verso di noi è un attacco all’Unione europea”. Con questi toni gli avvocati dell’Agenzia che sorveglia le frontiere europee si sono difesi di fronte alla Corte di giustizia dell’Unione europea. Il 9 marzo, per la prima volta in oltre 19 anni di attività (ci sono altri due casi pendenti, presentati dalla Ong Front-Lex), le “divise blu” si sono trovate di fronte a un giudice grazie alla tenacia dell’avvocata olandese Lisa-Marie Komp.

    Non è successo, invece, per le scioccanti rivelazioni del rapporto dell’Ufficio europeo antifrode (Olaf) che ha ricostruito nel dettaglio come l’Agenzia abbia insabbiato centinaia di respingimenti violenti: quell’indagine è “semplicemente” costata la leadership all’allora direttore Fabrice Leggeri, nell’aprile 2022, ma niente di più. “Tutto è rimasto nel campo delle opinioni e nessuno è andato a fondo sui problemi strutturali -spiega Laura Salzano, dottoranda in Diritto europeo dell’immigrazione presso l’Università di Barcellona-. C’erano tutti gli estremi per portare l’Agenzia di fronte alla Corte di giustizia e invece nulla è stato fatto nonostante sia un’istituzione pubblica con un budget esplosivo che lavora con i più vulnerabili”. Non solo l’impunità ma anche la cieca fiducia ribadita più volte da diverse istituzioni europee. Il 28 giugno 2022 il Consiglio europeo, a soli due mesi dalle dimissioni di Leggeri, dà il via libera all’apertura dei negoziati per portare gli agenti di Frontex in Senegal con la proposta di garantire un’immunità totale nel Paese per le loro azioni.

    A ottobre, invece, a pochi giorni dalla divulgazione del rapporto Olaf -tenuto segreto per oltre quattro mesi- la Commissione europea chiarisce che l’Agenzia “si è già assunta piena responsabilità di quanto successo”. Ancora, a febbraio 2023 il Consiglio europeo le assicura nuovamente “pieno supporto”. Un dato preoccupante soprattutto con riferimento all’espansione di Frontex che mira a diventare un attore sempre più presente nei Paesi chiave per la gestione del fenomeno migratorio, a migliaia di chilometri di distanza dal suo quartier generale di Varsavia.

    “I suoi problemi sono strutturali ma le istituzioni europee fanno finta di niente: se già è difficile controllare gli agenti sui ‘nostri’ confini, figuriamoci in Paesi al di fuori dell’Ue”, spiega Yasha Maccanico, membro del centro di ricerca indipendente Statewatch.

    A fine febbraio 2023 l’Agenzia ha festeggiato la conclusione di un progetto che prevede la consegna di attrezzature ai membri dell’Africa-Frontex intelligence community (Afic), finanziata dalla Commissione, che ha permesso dal 2010 in avanti l’apertura di “Cellule di analisi del rischio” (Rac) gestite da analisti locali formati dall’Agenzia con l’obiettivo di “raccogliere e analizzare informazioni strategiche su crimini transfrontalieri” oltre che a “sostenere le autorità nella gestione dei confini”. A partire dal 2021 una potenziata infrastruttura garantisce “comunicazioni sicure e istantanee” tra le Rac e gli agenti nella sede di Varsavia. Questo è il “primo livello” di collaborazione tra Frontex e le autorità di Paesi terzi che oggi vede, come detto, “cellule” attive in Nigeria, Gambia, Niger, Ghana, Senegal, Costa d’Avorio, Togo e Mauritania oltre a una ventina di Stati coinvolti nelle attività di formazione degli analisti, pronti ad attivare le Rac in futuro. “Lo scambio di dati sui flussi è pericoloso perché l’obiettivo delle politiche europee non è proteggere i diritti delle persone, ma fermarle nei Paesi più poveri”, continua Maccanico.

    Un gradino al di sopra delle collaborazioni più informali, come nell’Afic, ci sono i cosiddetti working arrangement (accordi di cooperazione) che permettono di collaborare con le autorità di un Paese in modo ufficiale. “Non serve il via libera del Parlamento europeo e di fatto non c’è nessun controllo né prima della sottoscrizione né ex post -riprende Salzano-. Se ci fosse uno scambio di dati e informazioni dovrebbe esserci il via libera del Garante per la protezione dei dati personali, ma a oggi, questo parere, è stato richiesto solo nel caso del Niger”. A marzo 2023 sono invece 18 i Paesi che hanno siglato accordi simili: da Stati Uniti e Canada, passando per Capo Verde fino alla Federazione Russa. “Sappiamo che i contatti con Mosca dovrebbero essere quotidiani. Dall’inizio del conflitto ho chiesto più volte all’Agenzia se queste comunicazioni sono state interrotte: nessuno mi ha mai risposto”, sottolinea Salzano.

    Obiettivo ultimo dell’Agenzia è riuscire a dispiegare agenti e mezzi anche nei Paesi terzi: una delle novità del regolamento del 2019 rispetto al precedente (2016) è proprio la possibilità di lanciare operazioni non solo nei “Paesi vicini” ma in tutto il mondo. Per farlo sono necessari gli status agreement, accordi internazionali che impegnano formalmente anche le istituzioni europee. Sono cinque quelli attivi (Serbia, Albania, Montenegro e Macedonia del Nord, Moldova) ma sono in via di sottoscrizione quelli con Senegal e Mauritania per limitare le partenze (poco più di 15mila nel 2022) verso le isole Canarie, mille chilometri più a Nord: accordi per ora “fermi”, secondo quanto ricostruito dalla parlamentare europea olandese Tineke Strik che a fine febbraio ha visitato i due Stati, ma che danno conto della linea che si vuole seguire. Un quadro noto, i cui dettagli però spesso restano nascosti.

    È quanto emerge dal report “Accesso negato”, pubblicato da Statewatch a metà marzo 2023, che ricostruisce altri due casi di scarsa trasparenza negli accordi, Niger e Marocco, due Paesi chiave nella strategia europea di esternalizzazione delle frontiere. “Con la ‘scusa’ della tutela della riservatezza nelle relazioni internazionali e mettendo la questione migratoria sotto il cappello dell’antiterrorismo l’accesso ai dettagli degli accordi non è consentito”, spiega Maccanico, uno dei curatori dello studio. Non si conoscono, per esempio, i compiti specifici degli agenti, per cui si propone addirittura l’immunità totale. “In alcuni accordi, come in Macedonia del Nord, si è poi ‘ripiegato’ su un’immunità connessa solo ai compiti che rientrano nel mandato dell’Agenzia -osserva Salzano-. Ma il problema non cambia: dove finisce la sua responsabilità e dove inizia quella del Paese membro?”. Una zona grigia funzionale a Frontex, anche quando opera sul territorio europeo.

    Lo sa bene l’avvocata tedesca Lisa-Marie Komp che, come detto, ha portato l’Agenzia di fronte alla Corte di giustizia dell’Ue. Il caso, su cui il giudice si pronuncerà nei prossimi mesi, riguarda il rimpatrio nel 2016 di una famiglia siriana con quattro bambini piccoli che, pochi giorni dopo aver presentato richiesta d’asilo in Grecia, è stata caricata su un aereo e riportata in Turchia: quel volo è stato gestito da Frontex, in collaborazione con le autorità greche. “L’Agenzia cerca di scaricare le responsabilità su di loro ma il suo mandato stabilisce chiaramente che è tenuta a monitorare il rispetto dei diritti fondamentali durante queste operazioni -spiega-. Serve chiarire che tutti devono rispettare la legge, compresa l’Agenzia le cui azioni hanno un grande impatto sulla vita di molte persone”.

    Le illegittimità nell’attività dei rimpatri sono note da tempo e il caso della famiglia siriana non è isolato. “Quando c’è una forte discrepanza nelle decisioni sulle domande d’asilo tra i diversi Paesi europei, l’attività di semplice ‘coordinamento’ e preparazione delle attività di rimpatrio può tradursi nella violazione del principio di non respingimento”, spiega Mariana Gkliati, docente di Migrazione e Asilo all’università olandese di Tilburg. Nonostante questi problemi e un sistema d’asilo sempre più fragile, negli ultimi anni i poteri e le risorse a disposizione per l’Agenzia sui rimpatri sono esplosi: nel 2022 questa specifica voce di bilancio prevedeva quasi 79 milioni di euro (+690% rispetto ai dieci milioni del 2012).

    E la crescita sembra destinata a non fermarsi. Frontex nel 2023 stima di poter rimpatriare 800 persone in Iraq, 316 in Pakistan, 200 in Gambia, 75 in Afghanistan, 57 in Siria, 60 in Russia e 36 in Ucraina come si legge in un bando pubblicato a inizio febbraio 2023 che ha come obiettivo la ricerca di partner in questi Paesi (e in altri, in totale 43) per garantire assistenza di breve e medio periodo (12 mesi) alle persone rimpatriate. Un’altra gara pubblica dà conto della centralità dell’Agenzia nella “strategia dei rimpatri” europea: 120 milioni di euro nel novembre 2022 per l’acquisto di “servizi di viaggio relativi ai rimpatri mediante voli di linea”. Migliaia di biglietti e un nuovo sistema informatico per gestire al meglio le prenotazioni, con un’enorme mole di dati personali delle persone “irregolari” che arriveranno nelle “mani” di Frontex. Mani affidabili, secondo la Commissione europea.

    Ma il 7 ottobre 2022 il Parlamento, nel “bocciare” nuovamente Frontex rispetto al via libera sul bilancio 2020, dava conto del “rammarico per l’assenza di procedimenti disciplinari” nei confronti di Leggeri e della “preoccupazione” per la mancata attivazione dell’articolo 46 (che prevede il ritiro degli agenti quando siano sistematiche le violazioni dei diritti umani) con riferimento alla Grecia, in cui l’Agenzia opera con 518 agenti, 11 navi e 30 mezzi. “I respingimenti e la violenza sui confini continuano sia alle frontiere terrestri sia a quelle marittime così come non si è interrotto il sostegno alle autorità greche”, spiega la ricercatrice indipendente Lena Karamanidou. La “scusa” ufficiale è che la presenza di agenti migliori la situazione ma non è così. “Al confine terrestre di Evros, la violenza è stata documentata per tutto il tempo in cui Frontex è stata presente, fin dal 2010. È difficile immaginare come possa farlo in futuro vista la sistematicità delle violenze su questo confine”. Su quella frontiera si giocherà anche la presunta nuova reputazione dell’Agenzia guidata dal primo marzo dall’olandese Hans Leijtens: un tentativo di “ripulire” l’immagine che è già in corso.

    Frontex nei confronti delle persone in fuga dal conflitto in Ucraina ha tenuto fin dall’inizio un altro registro: i “migranti irregolari” sono diventati “persone che scappano da zone di conflitto”; l’obiettivo di “combattere l’immigrazione irregolare” si è trasformato nella gestione “efficace dell’attraversamento dei confini”. “Gli ultimi mesi hanno mostrato il potenziale di Frontex di evolversi in un attore affidabile della gestione delle frontiere che opera con efficienza, trasparenza e pieno rispetto dei diritti umani”, sottolinea Gkliati nello studio “Frontex assisting in the ukrainian displacement. A welcoming committee at racialised passage?”, pubblicato nel marzo 2023. Una conferma ulteriore, per Salzano, dei limiti strutturali dell’Agenzia: “La legge va rispettata indipendentemente dalla cornice in cui operi: la tutela dei diritti umani prescinde dagli umori della politica”.

    https://altreconomia.it/nessuno-vuole-mettere-limiti-allattivita-dellagenzia-frontex

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    • I rischi della presenza di Frontex in Africa: tanto potere, poca responsabilità

      L’eurodeputata #Tineke_Strik è stata in Senegal e Mauritania a fine febbraio 2023: in un’intervista ad Altreconomia ricostruisce lo stato dell’arte degli accordi che l’Ue vorrebbe concludere con i due Paesi ritenuti “chiave” nel contrasto ai flussi migratori. Denunciando la necessità di una riforma strutturale dell’Agenzia.

      A un anno di distanza dalle dimissioni del suo ex direttore Fabrice Leggeri, le istituzioni europee non vogliono mettere limiti all’attività di Frontex. Come abbiamo ricostruito sul numero di aprile di Altreconomia, infatti, l’Agenzia -che dal primo marzo 2023 è guidata da Hans Leijtens- continua a svolgere un ruolo centrale nelle politiche migratorie dell’Unione europea nonostante le pesanti rivelazioni dell’Ufficio europeo antifrode (Olaf), che ha ricostruito nel dettaglio il malfunzionamento nelle operazioni delle divise blu lungo i confini europei.

      Ma non solo. Un aspetto particolarmente preoccupante sono le operazioni al di fuori dei Paesi dell’Unione, che rientrano sempre di più tra le priorità di Frontex in un’ottica di esternalizzazione delle frontiere per “fermare” preventivamente i flussi di persone dirette verso l’Europa. Non a caso, a luglio 2022, nonostante i contenuti del rapporto Olaf chiuso solo pochi mesi prima, la Commissione europea ha dato il via libera ai negoziati con Senegal e Mauritania per stringere un cosiddetto working arrangement e permettere così agli “agenti europei” di operare nei due Paesi africani (segnaliamo anche la recente ricerca pubblicata dall’Associazione per gli studi giuridici sull’immigrazione sul tema).

      Per monitorare lo stato dell’arte di questi accordi l’eurodeputata Tineke Strik, tra le poche a opporsi e a denunciare senza sconti gli effetti delle politiche migratorie europee e il ruolo di Frontex, a fine febbraio 2023 ha svolto una missione di monitoraggio nei due Paesi. Già professoressa di Diritto della cittadinanza e delle migrazioni dell’Università di Radboud di Nimega, in Olanda, è stata eletta al Parlamento europeo nel 2019 nelle fila di GroenLinks (Sinistra verde). L’abbiamo intervistata.

      Onorevole Strik, secondo quanto ricostruito dalla vostra visita (ha partecipato alla missione anche Cornelia Erns, di LeftEu, ndr), a che punto sono i negoziati con il Senegal?
      TS La nostra impressione è che le autorità senegalesi non siano così desiderose di concludere un accordo di status con l’Unione europea sulla presenza di Frontex nel Paese. L’approccio di Bruxelles nei confronti della migrazione come sappiamo è molto incentrato su sicurezza e gestione delle frontiere; i senegalesi, invece, sono più interessati a un intervento sostenibile e incentrato sullo sviluppo, che offra soluzioni e affronti le cause profonde che spingono le persone a partire. Sono molti i cittadini del Senegal emigrano verso l’Europa: idealmente, il governo vuole che rimangano nel Paese, ma capisce meglio di quanto non lo facciano le istituzioni Ue che si può intervenire sulla migrazione solo affrontando le cause alla radice e migliorando la situazione nel contesto di partenza. Allo stesso tempo, le navi europee continuano a pescare lungo le coste del Paese (minacciando la pesca artigianale, ndr), le aziende europee evadono le tasse e il latte sovvenzionato dall’Ue viene scaricato sul mercato senegalese, causando disoccupazione e impedendo lo sviluppo dell’economia locale. Sono soprattutto gli accordi di pesca ad aver alimentato le partenze dal Senegal, dal momento che le comunità di pescatori sono state private della loro principale fonte di reddito. Serve domandarsi se l’Unione sia veramente interessata allo sviluppo e ad affrontare le cause profonde della migrazione. E lo stesso discorso può essere fatto su molti dei Paesi d’origine delle persone che cercano poi protezione in Europa.

      Dakar vede di buon occhio l’intervento dell’Unione europea? Quale tipo di operazioni andrebbero a svolgere gli agenti di Frontex nel Paese?
      TS Abbiamo avuto la sensazione che l’Ue non ascoltasse le richieste delle autorità senegalesi -ad esempio in materia di rilascio di visti d’ingresso- e ci hanno espresso preoccupazioni relative ai diritti fondamentali in merito a qualsiasi potenziale cooperazione con Frontex, data la reputazione dell’Agenzia. È difficile dire che tipo di supporto sia previsto, ma nei negoziati l’Unione sta puntando sia alle frontiere terrestri sia a quelle marittime.

      Che cosa sta avvenendo in Mauritania?
      TS Sebbene questo Paese sembri disposto a concludere un accordo sullo status di Frontex -soprattutto nell’ottica di ottenere un maggiore riconoscimento da parte dell’Europa-, preferisce comunque mantenere l’autonomia nella gestione delle proprie frontiere e quindi non prevede una presenza permanente dei funzionari dell’Agenzia nel Paese. Considerano l’accordo sullo status più come un quadro giuridico, per consentire la presenza di Frontex in caso di aumento della pressione migratoria. Inoltre, come il Senegal, ritengono che l’Europa debba ascoltare e accogliere le loro richieste, che riguardano principalmente i visti e altre aree di cooperazione. Anche in questo caso, Bruxelles chiede il mandato più ampio possibile per gli agenti in divisa blu durante i negoziati per “mantenere aperte le opzioni [più ampie]”, come dicono loro stessi. Ma credo sia chiaro che il loro obiettivo è quello di operare sia alle frontiere marittime sia a quelle terrestri.
      Questo a livello “istituzionale”. Qual è invece la posizione della società civile?
      TS In entrambi i Paesi è molto critica. In parte a causa della cattiva reputazione di Frontex in relazione ai diritti umani, ma anche a causa dell’esperienza che i cittadini senegalesi e mauritani hanno già sperimentato con la Guardia civil spagnola, presente nei due Stati, che ritengono stia intaccando la sovranità per quanto riguarda la gestione delle frontiere. È previsto che il mandato di Frontex sia addirittura esecutivo, a differenza di quello della Guardia civil, che può impegnarsi solo in pattugliamenti congiunti in cui le autorità nazionali sono al comando. Quindi la sovranità di entrambi i Paesi sarebbe ulteriormente minata.

      Perché a suo avviso sarebbe problematica la presenza di agenti di Frontex nei due Paesi?
      TS L’immunità che l’Unione europea vorrebbe per i propri operativi dispiegati in Africa non è solo connessa allo svolgimento delle loro funzioni ma si estende al di fuori di esse, a questo si aggiunge la possibilità di essere armati. Penso sia problematico il rispetto dei diritti fondamentali dei naufraghi intercettati in mare, poiché è difficile ottenere l’accesso all’asilo sia in Senegal sia in Mauritania. In questo Paese, ad esempio, l’Alto commissariato delle Nazioni Unite per i rifugiati (Unhcr) impiega molto tempo per determinare il loro bisogno di protezione: fanno eccezione i maliani, che riescono a ottenerla in “appena” due anni. E durante l’attesa queste persone non hanno quasi diritti.

      Ma se ottengono la protezione è comunque molto difficile registrarsi presso l’amministrazione, cosa necessaria per avere accesso al mercato del lavoro, alle scuole o all’assistenza sanitaria. E le conseguenze che ne derivano sono le continue retate, i fermi e le deportazioni alla frontiera, per impedire alle persone di partire. A causa delle attuali intercettazioni in mare, le rotte migratorie si stanno spostando sulla terra ferma e puntano verso l’Algeria: l’attraversamento del deserto può essere mortale. Il problema principale è che Frontex deve rispettare il diritto dell’Unione europea anche se opera in un Paese terzo in cui si applicano norme giuridiche diverse, ma l’Agenzia andrà a operare sotto il comando delle guardie di frontiera di un Paese che non è vincolato dalle “regole” europee. Come può Frontex garantire di non essere coinvolta in operazioni che violano le norme fondamentali del diritto comunitario, se determinate azioni non sono illegali in quel Paese? Sulla carta è possibile presentare un reclamo a Frontex, ma poi nella pratica questo strumento in quali termini sarebbe accessibile ed efficace?

      Un anno dopo le dimissioni dell’ex direttore Leggeri ritiene che Frontex si sia pienamente assunta la responsabilità di quanto accaduto? Può davvero, secondo lei, diventare un attore affidabile per l’Ue?
      TS Prima devono accadere molte cose. Non abbiamo ancora visto una riforma fondamentale: c’è ancora un forte bisogno di maggiore trasparenza, di un atteggiamento più fermo nei confronti degli Stati membri ospitanti e di un uso conseguente dell’articolo 46 che prevede la sospensione delle operazioni in caso di violazioni dei diritti umani (abbiamo già raccontato il ruolo dell’Agenzia nei respingimenti tra Grecia e Turchia, ndr). Questi problemi saranno ovviamente esacerbati nella cooperazione con i Paesi terzi, perché la responsabilità sarà ancora più difficile da raggiungere.

      https://altreconomia.it/i-rischi-della-presenza-di-frontex-in-africa-tanto-potere-poca-responsa

    • «Un laboratorio di esternalizzazione tra frontiere di terra e di mare». La missione di ASGI in Senegal e Mauritania

      Lo scorso 29 marzo è stato pubblicato il rapporto «Un laboratorio di esternalizzazione tra frontiere di terra e di mare» (https://www.asgi.it/notizie/rapporto-asgi-della-senegal-mauritania), frutto del sopralluogo giuridico effettuato tra il 7 e il 13 maggio 2022 da una delegazione di ASGI composta da Alice Fill, Lorenzo Figoni, Matteo Astuti, Diletta Agresta, Adelaide Massimi (avvocate e avvocati, operatori e operatrici legali, ricercatori e ricercatrici).

      Il sopralluogo aveva l’obiettivo di analizzare lo sviluppo delle politiche di esternalizzazione del controllo della mobilità e di blocco delle frontiere implementate dall’Unione Europea in Mauritania e in Senegal – due paesi a cui, come la Turchia o gli stati balcanici più orientali, gli stati membri hanno delegato la gestione dei flussi migratori concordando politiche sempre più ostacolanti per lo spostamento delle persone.

      Nel corso del sopralluogo sono stati intervistati, tra Mauritania e Senegal, più di 40 interlocutori afferenti a istituzioni, società civile, popolazione migrante e organizzazioni, tra cui OIM, UNHCR, delegazioni dell’UE. Intercettare questi soggetti ha consentito ad ASGI di andare oltre le informazioni vincolate all’ufficialità delle dichiarazioni pubbliche e di approfondire le pratiche illegittime portate avanti su questi territori.

      Il report parte dalle già assodate intenzioni di collaborazione tra l’Unione Europea e le autorità senegalesi e mauritane – una collaborazione che in entrambi i paesi sembra connotata nel senso del controllo e della sorveglianza; per quanto riguarda il Senegal, si fa menzione del ben noto status agreement, proposto nel febbraio 2022 a Dakar dalla Commissaria europea agli affari interni Ylva Johansson, con il quale si intende estendere il controllo di Frontex in Senegal.

      L’obiettivo di tale accordo era il controllo della cosiddetta rotta delle Canarie, che tra il 2018 e il 2022 è stata sempre più battuta. Sebbene la proposta abbia generato accese discussioni nella società civile senegalese, preoccupata all’idea di cedere parte della sovranità del paese sul controllo delle frontiere esterne, con tale accordo, elaborato con un disegno molto simile a quello che regola le modalità di intervento di Frontex nei Balcani, si legittimerebbe ufficialmente l’attività di controllo dell’agenzia UE in paesi terzi, e in particolare fuori dal continente europeo.

      Per quanto riguarda la Mauritania, si menziona l’Action Plan pubblicato da Frontex il 7 giugno 2022, con il quale si prospetta una possibilità di collaborare operativamente sul territorio mauritano, in particolare per lo sviluppo di governance in materia migratoria.

      Senegal

      Sin dai primi anni Duemila, il dialogo tra istituzioni europee e senegalesi è stato focalizzato sulle politiche di riammissione dei cittadini senegalesi presenti in UE in maniera irregolare e dei cosiddetti ritorni volontari, le politiche di gestione delle frontiere senegalesi e il controllo della costa, la promozione di una legislazione anti-trafficking e anti-smuggling. Tutto questo si è intensificato quando, a partire dal 2018, la rotta delle Canarie è tornata a essere una rotta molto percorsa. L’operatività delle agenzie europee in Senegal per la gestione delle migrazioni si declina principalmente nei seguenti obiettivi:

      1. Monitoraggio delle frontiere terrestri e marittime. Il memorandum firmato nel 2006 da Senegal e Spagna ha sancito la collaborazione ufficiale tra le forze di polizia europee e quelle senegalesi in operazioni congiunte di pattugliamento; a questo si aggiunge, sempre nello stesso anno, una presenza sempre più intensiva di Frontex al largo delle coste senegalesi.

      2. Lotta alla tratta e al traffico. Su questo fronte dell’operatività congiunta tra forze senegalesi ed europee, la normativa di riferimento è la legge n. 06 del 10 maggio 2005, che offre delle direttive per il contrasto della tratta di persone e del traffico. Tale documento, non distinguendo mai fra “tratta” e “traffico”, di fatto criminalizza la migrazione irregolare tout court, dal momento che viene utilizzato in maniera estensiva (e arbitraria) come strumento di controllo e di repressione della mobilità – fu utilizzato, ad esempio, per accusare di traffico di esseri umani un padre che aveva imbarcato suo figlio su un mezzo che poi naufragato.

      Il sistema di asilo in Senegal

      Il Senegal aderisce alla Convenzione del 1951 sullo status de rifugiati e del relativo Protocollo del 1967; la valutazione delle domande di asilo fa capo alla Commissione Nazionale di Eleggibilità (CNE), che al deposito della richiesta di asilo emette un permesso di soggiorno della durata di 3 mesi, rinnovabile fino all’esito dell’audizione di fronte alla CNE; l’esito della CNE è ricorribile in primo grado presso la Commissione stessa e, nel caso di ulteriore rifiuto, presso il Presidente della Repubblica. Quando il richiedente asilo depone la propria domanda, subentra l’UNHCR, che nel paese è molto presente e finanzia ONG locali per fornire assistenza.

      Il 5 aprile 2022 l’Assemblea Nazionale senegalese ha approvato una nuova legge sullo status dei rifugiati e degli apolidi, una legge che, stando a diverse associazioni locali, sulla carta estenderebbe i diritti cui i rifugiati hanno accesso; tuttavia, le stesse associazioni temono che a tale miglioramento possa non seguire un’applicazione effettiva della normativa.
      Mauritania

      Data la collocazione geografica del paese, a ridosso dell’Atlantico e delle isole Canarie, in prossimità di paesi ad alto indice di emigrazione (Senegal, Mali, Marocco), la Mauritania rappresenta un territorio strategico per il monitoraggio dei flussi migratori diretti in Europa. Pertanto, analogamente a quanto avvenuto in Senegal, anche in Mauritania la Spagna ha proceduto a rafforzare la cooperazione in tema di politiche migratorie e di gestione del controllo delle frontiere e a incrementare la presenta e l’impegno di attori esterni – in primis di agenzie quali Frontex – per interventi di contenimento dei flussi e di riammissione di cittadini stranieri in Mauritania.

      Relativamente alla Mauritania, l’obiettivo principale delle istituzioni europee sembra essere la prevenzione dell’immigrazione lungo la rotta delle Canarie. La normativa di riferimento è l’Accordo di riammissione bilaterale firmato con la Spagna nel luglio 2003. Con tale accordo, la Spagna può chiedere alla Mauritania di riammettere sul proprio territorio cittadini mauritani e non solo, anche altri cittadini provenienti da paesi terzi che “si presume” siano transitati per la Mauritania prima di entrare irregolarmente in Spagna. Oltre a tali interventi, il report di ASGI menziona l’Operazione Hera di Frontex e vari interventi di cooperazione allo sviluppo promossi dalla Spagna “con finalità tutt’altro che umanitarie”, bensì di gestione della mobilità.

      In tale regione, nella fase degli sbarchi risulta molto dubbio il ruolo giocato da organizzazioni come OIM e UNHCR, poiché non è codificato; interlocutori diversi hanno fornito informazioni contrastanti sulla disponibilità di UNHCR a intervenire in supporto e su segnalazione delle ONG presenti al momento dello sbarco. In ogni caso, se effettivamente UNHCR fosse assente agli sbarchi, ciò determinerebbe una sostanziale impossibilità di accesso alle procedure di protezione internazionale da parte di qualsiasi potenziale richiedente asilo che venga intercettato in mare.

      Anche in questo territorio la costruzione della figura del “trafficante” diventa un dispositivo di criminalizzazione e repressione della mobilità sulla rotta atlantica, strumentale alla soddisfazione di richieste europee.
      La detenzione dei cittadini stranieri

      Tra Nouakchott e Nouadhibou vi sono tre centri di detenzione per persone migranti; uno di questi (il Centro di Detenzione di Nouadhibou 2 (anche detto “El Guantanamito”), venne realizzato grazie a dei fondi di un’agenzia di cooperazione spagnola. Sovraffollamento, precarietà igienico-sanitaria e impossibilità di accesso a cure e assistenza legale hanno caratterizzato tali centri. Quando El Guantanamito fu chiuso, i commissariati di polizia sono diventati i principali luoghi deputati alla detenzione dei cittadini stranieri; in tali centri, vengono detenute non solo le persone intercettate in prossimità delle coste mauritane, ma anche i cittadini stranieri riammessi dalla Spagna, e anche le persone presenti irregolarmente su territorio mauritano. Risulta delicato il tema dell’accesso a tali commissariati, dal momento che il sopralluogo ha rilevato che le ONG non hanno il permesso di entrarvi, mentre le organizzazioni internazionali sì – ciò nonostante, nessuna delle persone precedentemente sottoposte a detenzione con cui la delegazione ASGI ha avuto modo di interloquire ha dichiarato di aver riscontrato la presenza di organizzazioni all’interno di questi centri.

      La detenzione amministrativa risulta essere “un tassello essenziale della politica di contenimento dei flussi di cittadini stranieri in Mauritania”. Il passaggio successivo alla detenzione delle persone migranti è l’allontanamento, che si svolge in forma di veri e propri respingimenti sommari e informali, senza che i migranti siano messi nelle condizioni né di dichiarare la propria nazionalità né di conoscere la procedura di ritorno volontario.
      Il ruolo delle organizzazioni internazionali in Mauritania

      OIM riveste un ruolo centrale nel panorama delle politiche di esternalizzazione e di blocco dei cittadini stranieri in Mauritania, tramite il supporto delle autorità di pubblica sicurezza mauritane nello sviluppo di politiche di contenimento della libertà di movimento – strategie e interventi che suggeriscono una connotazione securitaria della presenza dell’associazione nel paese, a scapito di una umanitaria.

      Nonostante anche la Mauritania sia firmataria della Convenzione di Ginevra, non esiste a oggi una legge nazionale sul diritto di asilo nel paese. UNHCR testimonia come dal 2015 esiste un progetto di legge sull’asilo, ma che questo sia tuttora “in attesa di adozione”.

      Pertanto, le procedure di asilo in Mauritania sono gestite interamente da UNHCR. Tali procedure si differenziano a seconda della pericolosità delle regioni di provenienza delle persone migranti; in particolare, i migranti maliani provenienti dalle regioni considerate più pericolose vengono registrati come rifugiati prima facie, quanto non accade invece per i richiedenti asilo provenienti dalle aree urbane, per loro, l’iter dell’asilo è ben più lungo, e prevede una sorta di “pre-pre-registrazione” presso un ente partner di UNHCR, cui segue una pre-registrazione accordata da UNHCR previo appuntamento, e solo in seguito alla registrazione viene riconosciuto un certificato di richiesta di asilo, valido per sei mesi, in attesa di audizione per la determinazione dello status di rifugiato.

      Le tempistiche per il riconoscimento di protezione, poi, sono differenti a seconda del grado di vulnerabilità del richiedente e in taluni casi potevano condurre ad anni e anni di attesa. Alla complessità della procedura si aggiunge che non tutti i potenziali richiedenti asilo possono accedervi – ad esempio, chi proviene da alcuni stati, come la Sierra Leone, considerati “paesi sicuri” secondo una categorizzazione fornita dall’Unione Africana.
      Conclusioni

      In fase conclusiva, il report si sofferma sul ruolo fondamentale giocato dall’Unione Europea nel forzare le politiche senegalesi e mauritane nel senso della sicurezza e del contenimento, a scapito della tutela delle persone migranti nei loro diritti fondamentali. Le principali preoccupazioni evidenziate sono rappresentate dalla prospettiva della conclusione dello status agreement tra Frontex e i due paesi, perché tale ratifica ufficializzerebbe non solo la presenza, ma un ruolo legittimo e attivo di un’agenzia europea nel controllo di frontiere che si dispiegano ben oltre i confini territoriali comunitari, ben oltre le acque territoriali, spingendo le maglie del controllo dei flussi fin dentro le terre di quegli stati da cui le persone fuggono puntando all’Unione Europea. La delegazione, tuttavia, sottolinea che vi sono aree in cui la società civile senegalese e mauritana risulta particolarmente politicizzata, dunque in grado di esprimere insofferenza o aperta contrarietà nei confronti delle ingerenze europee nei loro paesi. Infine, da interviste, colloqui e incontri con diretti interessati e testimoni, il ruolo di organizzazioni internazionali come le citate OIM e UNHCR appare nella maggior parte dei casi “fluido o sfuggevole”; una prospettiva, questa, che sembra confermare l’ambivalenza delle grandi organizzazioni internazionali, soggetti messi innanzitutto al servizio degli interessi delle istituzioni europee.

      Il report si conclude auspicando una prosecuzione di studio e analisi al fine di continuare a monitorare gli sviluppi politici e legislativi che legano l’Unione Europea e questi territori nella gestione operativa delle migrazioni.

      https://www.meltingpot.org/2023/05/un-laboratorio-di-esternalizzazione-tra-frontiere-di-terra-e-di-mare

    • Pubblicato il rapporto #ASGI della missione in Senegal e Mauritania

      Il Senegal e la Mauritania sono paesi fondamentali lungo la rotta che conduce dall’Africa occidentale alle isole Canarie. Nel 2020, dopo alcuni anni in cui la rotta era stata meno utilizzata, vi è stato un incremento del 900% degli arrivi rispetto all’anno precedente. Il dato ha portato la Spagna e le istituzioni europee a concentrarsi nuovamente sui due paesi. La cosiddetta Rotta Atlantica, che a partire dal 2006 era stata teatro di sperimentazioni di pratiche di contenimento e selezione della mobilità e di delega dei controlli alle frontiere e del diritto di asilo, è tornata all’attenzione internazionale: da febbraio 2022 sono in corso negoziazioni per la firma di un accordo di status con Frontex per permettere il dispiegamento dei suoi agenti in Senegal e Mauritania.

      Al fine di indagare l’attuazione delle politiche di esternalizzazione e i loro effetti, dal 7 al 13 maggio 2022 un gruppo di socз ASGI – avvocatз, operatorз legali e ricercatorз – ha effettuato un sopralluogo giuridico a Nouakchott, Mauritania e a Dakar, Senegal.

      Il report restituisce il quadro ricostruito nel corso del sopralluogo, durante il quale è stato possibile intervistare oltre 45 interlocutori tra istituzioni, organizzazioni internazionali, ONG e persone migranti.

      https://www.asgi.it/notizie/rapporto-asgi-della-senegal-mauritania
      #rapport

    • Au Sénégal, les desseins de Frontex se heurtent aux résistances locales

      Tout semblait devoir aller très vite : début 2022, l’Union européenne propose de déployer sa force anti-migration Frontex sur les côtes sénégalaises, et le président Macky Sall y semble favorable. Mais c’était compter sans l’opposition de la société civile, qui refuse de voir le Sénégal ériger des murs à la place de l’Europe.

      Agents armés, navires, drones et systèmes de sécurité sophistiqués : Frontex, l’agence européenne de gardes-frontières et de gardes-côtes créée en 2004, a sorti le grand jeu pour dissuader les Africains de prendre la direction des îles Canaries – et donc de l’Europe –, l’une des routes migratoires les plus meurtrières au monde. Cet arsenal, auquel s’ajoutent des programmes de formation de la police aux frontières, est la pierre angulaire de la proposition faite début 2022 par le Conseil de l’Europe au Sénégal. Finalement, Dakar a refusé de la signer sous la pression de la société civile, même si les négociations ne sont pas closes. Dans un climat politique incandescent à l’approche de l’élection présidentielle de 2024, le président sénégalais, Macky Sall, soupçonné de vouloir briguer un troisième mandat, a préféré prendre son temps et a fini par revenir sur sa position initiale, qui semblait ouverte à cette collaboration. Dans le même temps, la Mauritanie voisine, elle, a entamé des négociations avec Bruxelles.

      L’histoire débute le 11 février 2022 : lors d’une conférence de presse à Dakar, la commissaire aux Affaires intérieures du Conseil de l’Europe, Ylva Johansson, officialise la proposition européenne de déployer Frontex sur les côtes sénégalaises. « C’est mon offre et j’espère que le gouvernement sénégalais sera intéressé par cette opportunité unique », indique-t-elle. En cas d’accord, elle annonce que l’agence européenne sera déployée dans le pays au plus tard au cours de l’été 2022. Dans les jours qui ont suivi l’annonce de Mme Johansson, plusieurs associations de la société civile sénégalaise ont organisé des manifestations et des sit-in à Dakar contre la signature de cet accord, jugé contraire aux intérêts nationaux et régionaux.

      Une frontière déplacée vers la côte sénégalaise

      « Il s’agit d’un #dispositif_policier très coûteux qui ne permet pas de résoudre les problèmes d’immigration tant en Afrique qu’en Europe. C’est pourquoi il est impopulaire en Afrique. Frontex participe, avec des moyens militaires, à l’édification de murs chez nous, en déplaçant la frontière européenne vers la côte sénégalaise. C’est inacceptable, dénonce Seydi Gassama, le directeur exécutif d’Amnesty International au Sénégal. L’UE exerce une forte pression sur les États africains. Une grande partie de l’aide européenne au développement est désormais conditionnée à la lutte contre la migration irrégulière. Les États africains doivent pouvoir jouer un rôle actif dans ce jeu, ils ne doivent pas accepter ce qu’on leur impose, c’est-à-dire des politiques contraires aux intérêts de leurs propres communautés. » Le défenseur des droits humains rappelle que les transferts de fonds des migrants pèsent très lourd dans l’économie du pays : selon les chiffres de la Banque mondiale, ils ont atteint 2,66 milliards de dollars (2,47 milliards d’euros) au Sénégal en 2021, soit 9,6 % du PIB (presque le double du total de l’aide internationale au développement allouée au pays, de l’ordre de 1,38 milliard de dollars en 2021). « Aujourd’hui, en visitant la plupart des villages sénégalais, que ce soit dans la région de Fouta, au Sénégal oriental ou en Haute-Casamance, il est clair que tout ce qui fonctionne – hôpitaux, dispensaires, routes, écoles – a été construit grâce aux envois de fonds des émigrés », souligne M. Gassama.

      « Quitter son lieu de naissance pour aller vivre dans un autre pays est un droit humain fondamental, consacré par l’article 13 de la Convention de Genève de 1951, poursuit-il. Les sociétés capitalistes comme celles de l’Union européenne ne peuvent pas dire aux pays africains : “Vous devez accepter la libre circulation des capitaux et des services, alors que nous n’acceptons pas la libre circulation des travailleurs”. » Selon lui, « l’Europe devrait garantir des routes migratoires régulières, quasi inexistantes aujourd’hui, et s’attaquer simultanément aux racines profondes de l’exclusion, de la pauvreté, de la crise démocratique et de l’instabilité dans les pays d’Afrique de l’Ouest afin d’offrir aux jeunes des perspectives alternatives à l’émigration et au recrutement dans les rangs des groupes djihadistes ».

      Depuis le siège du Forum social sénégalais (FSS), à Dakar, Mamadou Mignane Diouf abonde : « L’UE a un comportement inhumain, intellectuellement et diplomatiquement malhonnête. » Le coordinateur du FSS cite le cas récent de l’accueil réservé aux réfugiés ukrainiens ayant fui la guerre, qui contraste avec les naufrages incessants en Méditerranée et dans l’océan Atlantique, et avec la fermeture des ports italiens aux bateaux des ONG internationales engagées dans des opérations de recherche et de sauvetage des migrants. « Quel est ce monde dans lequel les droits de l’homme ne sont accordés qu’à certaines personnes en fonction de leur origine ?, se désole-t-il. À chaque réunion internationale sur la migration, nous répétons aux dirigeants européens que s’ils investissaient un tiers de ce qu’ils allouent à Frontex dans des politiques de développement local transparentes, les jeunes Africains ne seraient plus contraints de partir. » Le budget total alloué à Frontex, en constante augmentation depuis 2016, a dépassé les 754 millions d’euros en 2022, contre 535 millions l’année précédente.
      Une des routes migratoires les plus meurtrières

      Boubacar Seye, directeur de l’ONG Horizon sans Frontières, parle de son côté d’une « gestion catastrophique et inhumaine des frontières et des phénomènes migratoires ». Selon les estimations de l’ONG espagnole Caminando Fronteras, engagée dans la surveillance quotidienne de ce qu’elle appelle la « nécro-frontière ouest-euro-africaine », entre 2018 et 2022, 7 865 personnes originaires de 31 pays différents, dont 1 273 femmes et 383 enfants, auraient trouvé la mort en tentant de rejoindre les côtes espagnoles des Canaries à bord de pirogues en bois et de canots pneumatiques cabossés – soit une moyenne de 6 victimes chaque jour. Il s’agit de l’une des routes migratoires les plus dangereuses et les plus meurtrières au monde, avec le triste record, ces cinq dernières années, d’au moins 250 bateaux qui auraient coulé avec leurs passagers à bord. Le dernier naufrage connu a eu lieu le 2 octobre 2022. Selon le récit d’un jeune Ivoirien de 27 ans, seul survivant, le bateau a coulé après neuf jours de mer, emportant avec lui 33 vies.

      Selon les chiffres fournis par le ministère espagnol de l’Intérieur, environ 15 000 personnes sont arrivées aux îles Canaries en 2022 – un chiffre en baisse par rapport à 2021 (21 000) et 2020 (23 000). Et pour cause : la Guardia Civil espagnole a déployé des navires et des hélicoptères sur les côtes du Sénégal et de la Mauritanie, dans le cadre de l’opération « Hera » mise en place dès 2006 (l’année de la « crise des pirogues ») grâce à des accords de coopération militaire avec les deux pays africains, et en coordination avec Frontex.

      « Les frontières de l’Europe sont devenues des lieux de souffrance, des cimetières, au lieu d’être des entrelacs de communication et de partage, dénonce Boubacar Seye, qui a obtenu la nationalité espagnole. L’Europe se barricade derrière des frontières juridiques, politiques et physiques. Aujourd’hui, les frontières sont équipées de moyens de surveillance très avancés. Mais, malgré tout, les naufrages et les massacres d’innocents continuent. Il y a manifestement un problème. » Une question surtout le hante : « Combien d’argent a-t-on injecté dans la lutte contre la migration irrégulière en Afrique au fil des ans ? Il n’y a jamais eu d’évaluation. Demander publiquement un audit transparent, en tant que citoyen européen et chercheur, m’a coûté la prison. » L’activiste a été détenu pendant une vingtaine de jours en janvier 2021 au Sénégal pour avoir osé demander des comptes sur l’utilisation des fonds européens. De la fenêtre de son bureau, à Dakar, il regarde l’océan et s’alarme : « L’ère post-Covid et post-guerre en Ukraine va générer encore plus de tensions géopolitiques liées aux migrations. »
      Un outil policier contesté à gauche

      Bruxelles, novembre 2022. Nous rencontrons des professeurs, des experts des questions migratoires et des militants belges qui dénoncent l’approche néocoloniale des politiques migratoires de l’Union européenne (UE). Il est en revanche plus difficile d’échanger quelques mots avec les députés européens, occupés à courir d’une aile à l’autre du Parlement européen, où l’on n’entre que sur invitation. Quelques heures avant la fin de notre mission, nous parvenons toutefois à rencontrer Amandine Bach, conseillère politique sur les questions migratoires pour le groupe parlementaire de gauche The Left. « Nous sommes le seul parti qui s’oppose systématiquement à Frontex en tant qu’outil policier pour gérer et contenir les flux migratoires vers l’UE », affirme-t-elle.

      Mme Bach souligne la différence entre « statut agreement » (accord sur le statut) et « working arrangement » (arrangement de travail) : « Il ne s’agit pas d’une simple question juridique. Le premier, c’est-à-dire celui initialement proposé au Sénégal, est un accord formel qui permet à Frontex un déploiement pleinement opérationnel. Il est négocié par le Conseil de l’Europe, puis soumis au vote du Parlement européen, qui ne peut que le ratifier ou non, sans possibilité de proposer des amendements. Le second, en revanche, est plus symbolique qu’opérationnel et offre un cadre juridique plus simple. Il n’est pas discuté par le Parlement et n’implique pas le déploiement d’agents et de moyens, mais il réglemente la coopération et l’échange d’informations entre l’agence européenne et les États tiers. » Autre différence substantielle : seul l’accord sur le statut peut donner – en fonction de ce qui a été négocié entre les parties – une immunité partielle ou totale aux agents de Frontex sur le sol non européen. L’agence dispose actuellement de tels accords dans les Balkans, avec des déploiements en Serbie et en Albanie (d’autres accords seront bientôt opérationnels en Macédoine du Nord et peut-être en Bosnie, pays avec lequel des négociations sont en cours).

      Cornelia Ernst (du groupe parlementaire The Left), la rapporteuse de l’accord entre Frontex et le Sénégal nommée en décembre 2022, va droit au but : « Je suis sceptique, j’ai beaucoup de doutes sur ce type d’accord. La Commission européenne ne discute pas seulement avec le Sénégal, mais aussi avec la Mauritanie et d’autres pays africains. Le Sénégal est un pays de transit pour les réfugiés de toute l’Afrique de l’Ouest, et l’UE lui offre donc de l’argent dans l’espoir qu’il accepte d’arrêter les réfugiés. Nous pensons que cela met en danger la liberté de circulation et d’autres droits sociaux fondamentaux des personnes, ainsi que le développement des pays concernés, comme cela s’est déjà produit au Soudan. » Et d’ajouter : « J’ai entendu dire que le Sénégal n’est pas intéressé pour le moment par un “statut agreement”, mais n’est pas fermé à un “working arrangement” avec Frontex, contrairement à la Mauritanie, qui négocie un accord substantiel qui devrait prévoir un déploiement de Frontex. »

      Selon Mme Ernst, la stratégie de Frontex consiste à envoyer des agents, des armes, des véhicules, des drones, des bateaux et des équipements de surveillance sophistiqués, tels que des caméras thermiques, et à fournir une formation aux gardes-frontières locaux. C’est ainsi qu’ils entendent « protéger » l’Europe en empêchant les réfugiés de poursuivre leur voyage. La question est de savoir ce qu’il adviendra de ces réfugiés bloqués au Sénégal ou en Mauritanie en cas d’accord.
      Des rapports accablants

      Principal outil de dissuasion développé par l’UE en réponse à la « crise migratoire » de 2015-2016, Frontex a bénéficié en 2019 d’un renforcement substantiel de son mandat, avec le déploiement de 10 000 gardes-frontières prévu d’ici à 2027 (ils sont environ 1 500 aujourd’hui) et des pouvoirs accrus en matière de coopération avec les pays non européens, y compris ceux qui ne sont pas limitrophes de l’UE. Mais les résultats son maigres. Un rapport de la Cour des comptes européenne d’août 2021 souligne « l’inefficacité de Frontex dans la lutte contre l’immigration irrégulière et la criminalité transfrontalière ». Un autre rapport de l’Office européen de lutte antifraude (Olaf), publié en mars 2022, a quant à lui révélé des responsabilités directes et indirectes dans des « actes de mauvaise conduite » à l’encontre des exilés, allant du harcèlement aux violations des droits fondamentaux en Grèce, en passant par le refoulement illégal de migrants dans le cadre d’opérations de rapatriement en Hongrie.

      Ces rapports pointent du doigt les plus hautes sphères de Frontex, tout comme le Frontex Scrutiny Working Group (FSWG), une commission d’enquête créée en février 2021 par le Parlement européen dans le but de « contrôler en permanence tous les aspects du fonctionnement de Frontex, y compris le renforcement de son rôle et de ses ressources pour la gestion intégrée des frontières et l’application correcte du droit communautaire ». Ces révélations ont conduit, en mars 2021, à la décision du Parlement européen de suspendre temporairement l’extension du budget de Frontex et, en mai 2022, à la démission de Fabrice Leggeri, qui était à la tête de l’agence depuis 2015.
      Un tabou à Dakar

      « Actuellement aucun cadre juridique n’a été défini avec un État africain », affirme Frontex. Si dans un premier temps l’agence nous a indiqué que les discussions avec le Sénégal étaient en cours – « tant que les négociations sur l’accord de statut sont en cours, nous ne pouvons pas les commenter » (19 janvier 2023) –, elle a rétropédalé quelques jours plus tard en précisant que « si les négociations de la Commission européenne avec le Sénégal sur un accord de statut n’ont pas encore commencé, Frontex est au courant des négociations en cours entre la Commission européenne et la Mauritanie » (1er février 2023).

      Interrogé sur les négociations avec le Sénégal, la chargée de communication de Frontex, Paulina Bakula, nous a envoyé par courriel la réponse suivant : « Nous entretenons une relation de coopération étroite avec les autorités sénégalaises chargées de la gestion des frontières et de la lutte contre la criminalité transfrontalière, en particulier avec la Direction générale de la police nationale, mais aussi avec la gendarmerie, l’armée de l’air et la marine. » En effet, la coopération avec le Sénégal a été renforcée avec la mise en place d’un officier de liaison Frontex à Dakar en janvier 2020. « Compte tenu de la pression continue sur la route Canaries-océan Atlantique, poursuit Paulina Bakula, le Sénégal reste l’un des pays prioritaires pour la coopération opérationnelle de Frontex en Afrique de l’Ouest. Cependant, en l’absence d’un cadre juridique pour la coopération avec le Sénégal, l’agence a actuellement des possibilités très limitées de fournir un soutien opérationnel. »

      Interpellée sur la question des droits de l’homme en cas de déploiement opérationnel en Afrique de l’Ouest, Paulina Bakula écrit : « Si l’UE conclut de tels accords avec des partenaires africains à l’avenir, il incombera à Frontex de veiller à ce qu’ils soient mis en œuvre dans le plein respect des droits fondamentaux et que des garanties efficaces soient mises en place pendant les activités opérationnelles. »

      Malgré des demandes d’entretien répétées durant huit mois, formalisées à la fois par courriel et par courrier, aucune autorité sénégalaise n’a accepté de répondre à nos questions. « Le gouvernement est conscient de la sensibilité du sujet pour l’opinion publique nationale et régionale, c’est pourquoi il ne veut pas en parler. Et il ne le fera probablement pas avant les élections présidentielles de 2024 », confie, sous le couvert de l’anonymat, un homme politique sénégalais. Il constate que la question migratoire est devenue, ces dernières années, autant un ciment pour la société civile qu’un tabou pour la classe politique ouest-africaine.

      https://afriquexxi.info/Au-Senegal-les-desseins-de-Frontex-se-heurtent-aux-resistances-locales
      #conditionnalité #conditionnalité_de_l'aide_au_développement #remittances #résistance

    • What is Frontex doing in Senegal? Secret services also participate in their network of “#Risk_Analysis_Cells

      Frontex has been allowed to conclude stationing agreements with third countries since 2016. However, the government in Dakar does not currently want to allow EU border police into the country. Nevertheless, Frontex has been active there since 2006.

      When Frontex was founded in 2004, the EU states wrote into its border agency’s charter that it could only be deployed within the Union. With developments often described as the “refugee crisis,” that changed in the new 2016 regulation, which since then has allowed the EU Commission to negotiate agreements with third countries to send Frontex there. So far, four Balkan states have decided to let the EU migration defense agency into the country – Bosnia and Herzegovina could become the fifth candidate.

      Frontex also wanted to conclude a status agreement with Senegal based on this model (https://digit.site36.net/2022/02/11/status-agreement-with-senegal-frontex-wants-to-operate-in-africa-for-t). In February 2022, the EU Commissioner for Home Affairs, Ylva Johansson, announced that such a treaty would be ready for signing by the summer (https://www.france24.com/en/live-news/20220211-eu-seeks-to-deploy-border-agency-to-senegal). However, this did not happen: Despite high-level visits from the EU (https://digit.site36.net/2022/02/11/status-agreement-with-senegal-frontex-wants-to-operate-in-africa-for-t), the government in Dakar is apparently not even prepared to sign a so-called working agreement. It would allow authorities in the country to exchange personal data with Frontex.

      Senegal is surrounded by more than 2,600 kilometers of external border; like neighboring Mali, Gambia, Guinea and Guinea-Bissau, the government has joined the Economic Community of West African States (ECOWAS). Similar to the Schengen area, the agreement also regulates the free movement of people and goods in a total of 15 countries. Senegal is considered a safe country of origin by Germany and other EU member states like Luxembourg.

      Even without new agreements, Frontex has been active on migration from Senegal practically since its founding: the border agency’s first (and, with its end in 2019, longest) mission started in 2006 under the name “#Hera” between West Africa and the Canary Islands in the Atlantic (https://www.statewatch.org/media/documents/analyses/no-307-frontex-operation-hera.pdf). Border authorities from Mauritania were also involved. The background to this was the sharp increase in crossings from the countries at the time, which were said to have declined successfully under “Hera.” For this purpose, Frontex received permission from Dakar to enter territorial waters of Senegal with vessels dispatched from member states.

      Senegal has already been a member of the “#Africa-Frontex_Intelligence_Community” (#AFIC) since 2015. This “community”, which has been in existence since 2010, aims to improve Frontex’s risk analysis and involves various security agencies to this end. The aim is to combat cross-border crimes, which include smuggling as well as terrorism. Today, 30 African countries are members of AFIC. Frontex has opened an AFIC office in five of these countries, including Senegal since 2019 (https://frontex.europa.eu/media-centre/news/news-release/frontex-opens-risk-analysis-cell-in-senegal-6nkN3B). The tasks of the Frontex liaison officer stationed there include communicating with the authorities responsible for border management and assisting with deportations from EU member states.

      The personnel of the national “Risk Analysis Cells” are trained by Frontex. Their staff are to collect strategic data on crime and analyze their modus operandi, EU satellite surveillance is also used for this purpose (https://twitter.com/matthimon/status/855425552148295680). Personal data is not processed in the process. From the information gathered, Frontex produces, in addition to various dossiers, an annual situation report, which the agency calls an “#Pre-frontier_information_picture.”

      Officially, only national law enforcement agencies participate in the AFIC network, provided they have received a “mandate for border management” from their governments. In Senegal, these are the National Police and the Air and Border Police, in addition to the “Department for Combating Trafficking in Human Beings and Similar Practices.” According to the German government, the EU civil-military missions in Niger and Libya are also involved in AFIC’s work.

      Information is not exchanged with intelligence services “within the framework of AFIC activities by definition,” explains the EU Commission in its answer to a parliamentary question. However, the word “by definition” does not exclude the possibility that they are nevertheless involved and also contribute strategic information. In addition, in many countries, police authorities also take on intelligence activities – quite differently from how this is regulated in Germany, for example, in the separation requirement for these authorities. However, according to Frontex’s response to a FOIA request, intelligence agencies are also directly involved in AFIC: Morocco and Côte d’Ivoire send their domestic secret services to AFIC meetings, and a “#Center_for_Monitoring_and_Profiling” from Senegal also participates.

      Cooperation with Senegal is paying off for the EU: Since 2021, the total number of arrivals of refugees and migrants from Senegal via the so-called Atlantic route as well as the Western Mediterranean route has decreased significantly. The recognition rate for asylum seekers from the country is currently around ten percent in the EU.

      https://digit.site36.net/2023/08/27/what-is-frontex-doing-in-senegal-secret-services-also-participate-in-t
      #services_de_renseignement #données #services_secrets

  • #Racial_Profiling. Erfahrungen - Wirkungen - Widerstand

    Racial Profiling findet sich in alltäglichen Überprüfungsroutinen von Polizei und Grenzschutz. Der Verdacht des Illegalen steht im Raum – sei es von unterstellten kriminellen Aktivitäten, von unrechtmäßiger Teilhabe am öffentlichen Raum oder auch einfach nur, weil die Alltagswahrnehmung rassistisch unterlegt ist und sortiert, wer* als fremd – als der eigenen Gesellschaft (nicht) zugehörig – wahrgenommen wird.

    Die empirische Basis der vorliegenden Untersuchung bilden Interviews mit Menschen in der Schweiz, die von diskriminierenden Polizeikontrollen betroffenen sind. Gleichwohl analysieren sie Erfahrungen, die viele Menschen auch in Deutschland und anderen Ländern in ähnlicher Weise machen müssen. Die Autor*innen zeigen mit ihrer partizipativen Forschung auf, wie wissenschaftliche Analyse und politischer Aktivismus zusammenzuführen sind, und wie dies zu verändernden Praxen und zu Selbstermächtigung führen kann.

    https://www.rosalux.de/publikation/id/40493/racial-profiling
    #profilage_racial #rapport #racisme #discriminations #Suisse #contrôles_policiers

  • EU responds to Italy drownings with more support for Libya

    The European Commission wants to further shore up the Libyan coast guard and launch anti-smuggling partnerships with Tunisia and Egypt.

    The proposals were outlined in a letter sent earlier this week by European Commission president Ursula von der Leyen, and seen by EUobserver, to Italy’s prime minister Giorgia Meloni.

    The letter came in response to Meloni, who had queried the European Commission over the recent drowning deaths of some 70 people, including small children, off the Calabrian coast.

    “First, we must coordinate our actions with key patterns to prevent irregular departures and save lives at sea,” said von der Leyen, in her letter.

    This includes priority funding with Tunisia and Egypt, as well as “further support to Libya’s maritime border management and search-and-rescue capacities,” she said.

    The boat which sank off the Italian coast late last month departed from Turkey and in an area not patrolled by NGO search-and-rescue boats.

    Those NGO boats are currently under intense pressure from Rome’s far-right government under Meloni’s leadership. Geo Barents, a rescue boat operated by Doctor’s without Borders, was recently detained and fined up to €10,000 by Italian authorities.

    Von der Leyen’s emphasis on North Africa, however, is part of a larger effort to stem irregular migration.

    The European Commission had in February, along with Italian authorities, already handed over new patrol boats to the Libyan Coast Guard and announced some €800m for North Africa up until 2024.

    But those intercepted at sea by the Libyans, including in search-and-rescue zones controlled by the Maltese , are returned to a country where they are often locked up in inhumane conditions.

    The Libyans intercepted and returned almost 31,000 people last year, up from around 12,000 in 2020.

    Over 330 have died or gone missing in the attempt across all Mediterranean routes, so far this year, according to the International Organization for Migration (IOM), a UN body.

    Meanwhile, the Egypt and Tunisia police plans will be part of a new north African multi-country program against smuggling in the region, she said.

    Von der Leyen also mentioned €500m to help resettle some 50,000 people up until 2025, noting the need to create humanitarian corridors.

    A first meeting had also taken place on how to best coordinate and cooperate on search and rescues among national authorities, she said.
    Interior ministers in Brussels

    The letter comes ahead of a crunch meeting in Brussels on Thursday (9 March) of interior ministers, where migration will be a key point of talks.

    Although no decisions are expected, the discussions will likely feed into an European summit later this month.

    Ministers on Thursday are set to discuss visa policy and how to best use it as leverage to get origin countries to take back their rejected nationals.

    But internal aspects are also on the table.

    Since December, the Dutch, along with other EU states, have been unable to return migrants to Italy under the so-called Dublin rules.

    “The reason, as far as we understand right now, is that the Italians have a lack of reception capacities,” an EU diplomat told reporters on Wednesday.

    The Swedish EU presidency is also hoping to get some in-house agreements on the outstanding overhaul of the EU’s asylum and migration policy.

    Key to that reform is the regulation on asylum and migration management.

    The rule is a core component of the overhaul first proposed by the European Commission in September 2020 and is set to replace the broken Dublin system currently in place.

    A second EU diplomat said the Council, representing member states, is on track to get an internal agreement on the regulation.

    But talks on politically sensitive issues, when it comes defining so-called mandatory solidarity, won’t likely start until the next EU presidency, under Spain, in July.

    “We need to have the legal framework in place first. I mean, there is there are a lot of opinions on this issue,” said the EU diplomat.

    That in-house agreement is needed before negotiations can start with the European Parliament amid a wider plan to get all the outstanding asylum files sorted before next year’s European elections.

    https://euobserver.com/migration/156808

    #externalisation #asile #migrations #réfugiés #Libye #frontières #contrôles_frontaliers #Tunisie #Egypte #gardes-côtes_libyens #commission_européenne #UE #EU

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    Fil de discussion sur le #naufrage de #Crotone:
    https://seenthis.net/messages/992511

  • Greece fortifies border to block refugees from Turkish-Syrian earthquakes

    Patrols dispatched to frontier as migration minister calls for fences and surveillance as well as aid to preempt migration

    Greece has reinforced border controls along its land and sea frontier with Turkey amid expectations of a new wave of arrivals by people displaced in the earthquakes that have devastated south-east Turkey and northern Syria.

    Hundreds of extra border guards began patrolling the Greek-Turkish land frontier in the Evros region at the weekend as contingency measures were stepped up to stave off the expected flows.

    “The mass movement of millions of people is not a solution,” said Greece’s migration minister, Notis Mitarachi, emphasising the need for emergency aid to be sent to Turkey and Syria “before this happens”.

    It is anticipated that some of the people made homeless by the 6 February earthquakes – a disaster that has left more than 50,000 dead – will start heading towards Europe in the spring if humanitarian assistance does not arrive.

    The patrols were dispatched as Mitarachi called for the enhanced protection of the continent’s frontiers with increased surveillance infrastructure and additional fences.

    At a European conference on border management held outside Athens on Friday, he vowed that the enlargement of a controversial wall along the land border would go ahead irrespective of whether it is financed by the EU. The 22 mile-long, 5 metre-high barrier is due to double in size by the end of the year.

    “The fence will be extended along the entire length of the [Evros] river so that we can protect the European continent from illegal flows,” he said.

    Indicative of the bloc’s hardening stance towards refugees, the centre-right government has said it will also procure scores of new coastguard vessels to patrol Aegean Sea islands facing the Turkish coast.

    The prime minister, Kyriakos Mitsotakis, whose four-year term ends in July, has been noticeably tougher on the issue of migration than his leftist predecessor, Alexis Tsipras. The government’s approach, which has reportedly included forcible evictions or pushbacks of refugees in border areas, has engendered widespread criticism, not least from the EU. Rejecting the allegations, the administration has described its policies as “strict but fair”.

    With the EU border agency, Frontex, also fortifying patrols in the Aegean, ever greater numbers of refugees are risking life and limb by circumventing the Greek isles to travel in vastly overcrowded boats from Turkey to Italy.

    The 59 refugees, including a newborn baby, found dead on Sunday after their vessel ran aground in rough seas off Calabria had started their journey from the Turkish coast.

    Brussels has allocated more money to Greece to handle migration than to any other EU member state, citing its frontline role. Hugely expensive “closed controlled” holding facilities have replaced squalid camps on Samos, Leros and Kos, and similar centres for asylum seekers are expected to open in Lesbos and Chios this year. The installations have been likened by human rights groups to prisons.

    Calls for tougher action have increased since the migration crisis of 2015 when nearly 1 million Syrians fleeing civil war were granted asylum in Europe.

    Ministers representing the 15 member states attending last week’s conference in Athens called not only for agreements to be struck with third-party countries to accept refugees but for further financial support “for all types of border protection infrastructure”.

    “It is at this point crucial for Europe to decide what type of migration policy we want, and more specifically what type of border management we want,” Mitarachi told his counterparts, before making passing reference to NGOs allegedly “assisting” border crossings.

    “Clearly we need to offer asylum to people in need of protection but in an orderly way … Today, unfortunately, instead of us being proactive in asylum management, it is people-smugglers who sell places in our societies – not to those most in need but to those who pay the fees.”

    https://www.theguardian.com/world/2023/feb/26/greece-fortifies-border-to-block-refugees-from-turkish-syrian-earthquak
    #Grèce #frontières #militarisation_des_frontières #Turquie #séisme #tremblement_de_terre #contrôles_frontaliers #migrations #asile #réfugiés #Evros #murs #barrières_frontalières

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    sur l’extension du mur (depuis l’annonce de novembre 2021) :
    https://seenthis.net/messages/935658

  • “Quand on voit le niveau de dysfonctionnement de l’automatisation actuelle, on n’a pas envie de voir ce que donnera plus d’automatisation encore !” “Mais pourquoi font-ils ça ?” C’est la grande question ou le cri du coeur qui vient naturellement à qui comprend le délire du contrôle social automatisé que pratique la CAF. C’est la question à laquelle ont tenté de répondre la Quadrature, Changer de Cap et le sociologue Vincent Dubois à l’invitation du Mouton Numérique pour la 3e édition du cycle de rencontres Dématérialiser pour mieux régner. C’est à lire par ici : https://hubertguillaud.wordpress.com/2023/01/20/le-controle-social-automatise-dans-la-plus-grande-opacite #dematerialisation #caf #quadrature #controlesocial

    • L’efficacité de ces échanges [de #données] a considérablement progressé avec la possibilité de croiser les NIR, le numéro de sécurité sociale des usagers (et Dubois de rappeler pour l’anecdote que la possibilité de ce croisement a été rendue possible par un amendement du député du parti communiste, Jean-Pierre Brard en 1995, qui voulait que l’administration l’utilise pour lutter contre la fraude fiscale). A la fin des années 70, lors du scandale Safari, la menace était que toutes les données soient concentrées en un seul endroit. Mais cela ne s’est pas passé ainsi. “C’est le croisement de données qui s’est imposé, avec des données qui sont bien plus importantes, volumineuses et précises qu’elles ne l’étaient en 1978”. Le second type de contrôle qui existe, c’est le contrôle sur pièces, à la demande des agents. Le 3e, c’est le contrôle sur place, l’enquête à domicile, qui mobilise des techniques quasi policières, voir plus intrusives que les enquêtes policières, puisque les agents de la CAF ont le droit de s’introduire au domicile, de procéder à des enquêtes de voisinage, procèdent à un interrogatoire des administrés…

      .... les aides sociales sont de plus en plus conditionnées. Dans les années 90, une volonté de restriction des droits pour limiter les dépenses publiques s’est mise en place, qui est allée de pair avec la diabolisation des personnes qui perçoivent des aides. Les algorithmes sont le reflet de ces politiques.

      .... La CAF procède à 31,6 millions de contrôles automatisés par an pour 13 millions d’allocataires !

      ... Le contrôle automatisé est donc massif et induit une suspension des droits qui peut durer des mois. [oui, oui, et oui, je sors d’en prendre, avec rétablissement des droits coupés. on ne s’en sort que si on n’est pas désocialisé, avec capacité d’emprunt, voir l’article !]

      .... le #non_recours risque surtout d’être la pilule pour faire accepter le scoring.

      par ailleurs dire

      l’allocataire n’est pas au courant du passage d’un contrôleur et si l’allocataire n’était pas à son domicile, la CAF considère que le contrôle a été refusé !

      me parait faux, en théorie (loi) les allocataires doivent être prévenus (en général un mot dans la boite aux lettres physique annonçant le passage de l’agent de contrôle)

      merci pour ce(s) cr @hubertguillaud !

      #toctoc

      #visites_domiciliaires #allocataires #RSA #APL #CSS #santé #revenu #datamining #statisitiques_préventives #score_de_risques #scoring #guerre_aux_pauvres

  • #Frontex : « Sa #mission première est bien de garantir un contrôle des frontières extérieures », rappelle le Sénat

    C’est une enquête de l’Office de lutte antifraude (OLAF), mettant notamment en évidence cas présumés illégaux de « pushback » (refoulements) de migrants, notamment en mer Egée, qui avait précipité la démission de Fabrice Leggeri, l’ancien directeur français de Frontex, en mai dernier. Aija Kalnaja, directrice par intérim de Frontex, avait assuré il y a quelques semaines devant les sénateurs que 46 vérificateurs avaient été recrutés en octobre dernier, afin de vérifier la bonne garantie des droits fondamentaux aux frontières de l’Europe.
    Droits fondamentaux contre contrôles aux frontières : « Ce débat est en grande partie artificiel »

    La proposition de résolution européenne (PPRE) du Sénat, présentée par Jean-François Rapin, président LR de la commission des Affaires européennes, et François-Noël Buffet, président LR de la commission des Lois, « regrette » que ce rapport de l’OLAF « n’ait toujours pas été rendu public », alors qu’il « fait l’objet de ‘fuites’ régulières dans la presse. » Toujours est-il que l’exposé des motifs de cette PPRE rappelle que M. Leggeri avait mis sa démission sur le compte d’un « glissement », depuis 2019, des missions de l’Agence vers le respect des droits fondamentaux plutôt que sur le contrôle des frontières extérieures.

    Un « glissement » que le Sénat réfute dans cette proposition de résolution européenne, qui n’est pas un texte juridique contraignant, mais un message politique envoyé à l’Union européenne. « Ce débat, qui existe bel et bien, est toutefois en grande partie artificiel : en effet, Frontex doit exercer ses missions dans le respect des droits de l’Homme mais sa mission première est bien de garantir un contrôle efficace des frontières extérieures contre l’immigration irrégulière », expliquent ainsi Jean-François Rapin et François-Noël Buffet.

    « L’agence n’a aucunement vocation à surveiller le respect des droits fondamentaux par les États membres »

    Dans cette résolution, la majorité sénatoriale propose ainsi certaines pistes pour améliorer le fonctionnement de Frontex dans la « crise » actuelle que l’agence traverse. Premièrement, les présidents Rapin et Buffet préconisent de mettre en place un « pilotage » plus « politique » de l’agence, en regrettant l’absence de candidature française au poste de directeur et « l’excessive longueur » de la procédure de désignation.

    La proposition de #résolution entend aussi réaffirmer le rôle de soutien aux Etats-membres de Frontex, « qui intervient exclusivement en réponse aux demandes d’un Etat membre et sous son autorité. » Les sénateurs estiment, par conséquent, que « les personnels de Frontex ne sauraient être tenus responsables d’éventuelles violations des droits fondamentaux commises par les services de l’État partenaire » et que « l’agence n’a aucunement vocation à surveiller le respect des droits fondamentaux par les États membres. »

    Jean-François Rapin et François-Noël Buffet proposent de mettre en place, dans chaque Parlement national, un « groupe de contrôle parlementaire conjoint, sur le modèle de celui établi pour contrôler les activités d’Europol », afin de garantir « la nécessaire association des parlements nationaux au contrôle de Frontex. »

    https://www.publicsenat.fr/article/politique/frontex-sa-mission-premiere-est-bien-de-garantir-un-controle-des-frontie

    #frontières #contrôles_frontaliers #migrations #asile #réfugiés
    #le_mérite_d'être_clair #missions #surveillance_des_frontières

  • La Germania finanzia il controllo delle frontiere croate

    Questo report (https://www.borderviolence.eu/special-report-german-funding-to-croatian-border-enforcement-2) redatto da #Border_Violence_Monitoring_Network (#BVMN), con il supporto di PRO ASYL, riassume i risultati di un’investigazione sul sostegno delle autorità tedesche alle autorità di confine croate dal 2016 al 2021 (e fino al 2022 per quel che riguarda l’impiego di agenti di polizia).

    Il report fa luce sulle donazioni di attrezzature, l’impiego di agenti di polizia e ulteriori tipi di supporto. Inoltre, si esamina l’organizzazione della polizia croata rispetto alle operazioni di respingimento.

    Sia sul piano politico che su quello pratico, la Germania ha fortemente supportato la Croazia nel controllo delle frontiere e nei suoi sforzi di securitizzazione. Questo sostegno è proseguito nel corso degli ultimi anni nonostante le prove schiaccianti di una sistematica violazione dei diritti umani perpetrata dalle forze di polizia croate contro le persone in transito (POM – people on the move).

    Dal 2016 fino al primo quarto del 2021, almeno 24 agenti tedeschi sono stati impiegati in Croazia come agenti di collegamento a diverso titolo, in aggiunta a quelli che già lavoravano per l’Agenzia europea della guardia di frontiera e costiera (Frontex). Nello stesso periodo la somma totale tra donazioni di veicoli e attrezzature (comprese termocamere e altri dispositivi tecnologici di sorveglianza, e anche prodotti non legati alle frontiere) ammontava a €2.862.851,36. Inoltre le istituzioni tedesche hanno condotto almeno 87 sessioni di addestramento, visite ufficiali o valutazioni delle forze di polizia croate, su temi che variavano dalla prevenzione all’uso di cani poliziotto, dalla gestione dei confini alla sorveglianza. Il totale dei costi calcolati per l’addestramento nel periodo 2016-2021 è di €422.168,84.

    Una particolare preoccupazione è data dal consistente coinvolgimento e dalla fornitura di attrezzature da parte delle istituzioni tedesche alla Polizia di Intervento, che tra i vari settori della polizia croata, è stato identificato come l’attore principale nei respingimenti sistematici lungo il confine croato.

    Dal 2016 al 2021 la Polizia di Intervento ha ricevuto €158.171,98 in donazioni di attrezzature e €47.539,92 in addestramento. Ulteriori €321.527,70 sono stati forniti appositamente per la Polizia Speciale.

    L’entità dei violenti respingimenti sistematici lungo il confine croato e la struttura che c’è dietro, suggeriscono che l’attrezzatura fornita dalla Germania potrebbe essere connessa ai respingimenti lungo il confine croato che violano la legge internazionale.

    https://www.meltingpot.org/2022/12/la-germania-finanzia-il-controllo-delle-frontiere-croate

    #Allemagne #Croatie #migrations #frontières #asile #réfugiés #Balkans #route_des_Balkans #externalisation #contrôles_frontaliers #externalisation_des_contrôles_frontaliers #rapport

    • Special Report: German Funding to Croatian Border Enforcement

      This report by the Border Violence Monitoring Network (BVMN), with the support of PRO ASYL, summarizes the results of an investigation into the support of German authorities for Croatian border authorities from 2016-2021 (and for deployments of officers, until 2022). It sheds a light on donations of equipment, the deployment of officers, and further kinds of support. In addition, the organisation of the Croatian police with regard to pushback operations is discussed.

      On both political and practical levels, Germany has heavily supported Croatia in border enforcement and securitization efforts. This support has continued over the last several years despite overwhelming evidence of systemic human rights violations perpetrated by Croatian police forces against people-on-the-move (POM).

      From 2016 until the 1st quarter of 2021, at least 24 German officers were deployed in Croatia as liaison officers in different capacities, in addition to those working for the European Border and Coast Guard Agency (Frontex). In the same period, the total sum of the vehicle and equipment donations (including thermal cameras and other surveillance technology, as well as non-border related topics) amounted to €2,862,851.36. German institutions further conducted at least 87 trainings, official visits, or evaluations of Croatian police forces, on topics ranging from prevention, the use of police dogs, border management, and surveillance. The sum of the cost of the trainings in the period 2016 – 2021 calculated is €422,168.84.

      Of particular concern is the heavy involvement and provision of equipment by German institutions to the Intervention Police, which among other sectors of the Croatian police, has been identified as a key actor in systematic pushbacks along Croatian borders. In total, the Intervention Police received €158,171.98 in equipment donations and €47,539.92 in trainings from 2016-2021. A further €321,527.70 was provided specifically to the Special Police.

      The extent of the systematic violent pushbacks along the Croatian border and the structures behind them suggest that equipment provided by Germany could also be connected to pushbacks along the Croatian border that violate international law.

      https://www.borderviolence.eu/special-report-german-funding-to-croatian-border-enforcement-2

  • Migrants : un général néerlandais nommé nouveau chef de l’agence européenne #Frontex

    Le commandant de la gendarmerie royale néerlandaise #Hans_Leijtens a été nommé mardi nouveau #directeur exécutif de l’agence européenne des frontières externes Frontex, a annoncé son conseil d’administration dans un communiqué.

    Nommé par ce conseil, Hans Leijtens succède à l’actuelle responsable par interim de Frontex, #Aija_Kalnaja, occupant ce poste depuis juillet 2022 à la suite de la démission de François Leggeri, régulièrement accusé de tolérer des refoulements illégaux de migrants.

    L’Office européen de lutte antifraude (OLAF) avait confirmé vendredi avoir ouvert une enquête contre Frontex, sans pourtant davantage de précision.

    Selon les médias Mediapart, Der Spiegel et le collectif Lighthouse Reports, cette enquête concerne Mme Kalnaja.

    Dans un communiqué reçu par l’AFP, Mme Kalnaja a indiqué avoir été informée par l’OLAF qu’elle est la « personne concernée dans un cas, qui consiste en deux événements distincts », sans autres détails.

    « Je coopère pleinement, ouvertement et inconditionnellement avec OLAF pour clarifier les faits », a-t-elle ajouté.

    De son côté, le général Leijtens s’est vu féliciter mardi pour sa nomination par la commissaire européenne aux Affaires intérieures Ylva Johanssonq, qui a remercié Mme Kalnaja « pour son excellente gouvernance (de Frontex) durant une période difficile ».

    « Nous nous engageons à continuer d’améliorer la gouvernance de Frontex, afin de protéger au mieux la frontière extérieure de l’UE », a ajouté Mme Johansson.

    Le général de corps d’armée Hans Leijtens, qui commande la Royal Netherlands Marechaussee depuis 2019, rejoindra Frontex pour un mandat de cinq ans, selon le communiqué de l’agence basée à Varsovie.

    Hans Leijtens est titulaire d’un doctorat en administration publique et possède plus de 30 ans d’expérience dans le domaine du maintien de l’ordre. Il avait été membre du conseil d’administration de Frontex entre 2011-2015 et 2019-2022, précise le texte.

    https://www.mediapart.fr/journal/fil-dactualites/201222/migrants-un-general-neerlandais-nomme-nouveau-chef-de-l-agence-europeenne-

    #asile #migrations #réfugiés #frontières #contrôles_frontaliers

    sur #Aija_Kalnaja :
    https://seenthis.net/messages/966439

  • Contre l’accueil de réfugiés, l’#extrême_droite sème la terreur dans un bourg des Côtes-d’Armor

    À #Callac, des élus favorables à un projet d’installation de réfugiés, initié par un fonds privé, sont menacés de mort ou de viol. « Ils ne peuvent pas nous comprendre s’ils ne nous connaissent pas... », s’étonne Mariam, originaire du Darfour. « Quand on perdra une classe d’école, ce seront les premiers à râler », s’agace un adjoint au maire.

    CallacCallac (Côtes-d’Armor).– Dans le salon de sa maison, Laure-Line Inderbitzin s’efforce de sourire. En cet après-midi de début décembre, elle prépare le dîner, accompagne ses enfants à leurs activités extrascolaires, s’amuse des ardeurs du chiot qu’elle a adopté trois mois plus tôt. Mais elle finit toujours par revenir à ce qui lui vaut des crevasses en guise de cernes sous les yeux. L’adjointe au maire de Callac est en arrêt maladie car elle ne supporte plus le flot de haine qui se déverse sur sa commune, ni le « harcèlement » de Riposte laïque qui la jette en pâture sur Internet, la qualifiant d’« immigrationniste », d’« âme damnée du maire à migrants » ou d’« inconsciente illuminée ».

    L’élue confie ne plus dormir la nuit. « Je suis obligée de vivre comme une recluse alors que je suis victime ». En pointant une pochette posée sur la table, elle lâche : « Voilà le dossier ». Tout y est. Les nombreuses plaintes qu’elle a déposées. Le sticker retrouvé sur sa boîte aux lettres et estampillé Furie française, un groupuscule d’extrême droite. Les commentaires sur le site de Riposte laïque qui appellent à une « tournante » sur sa personne. Mais #Laure-Line_Inderbitzin insiste : elle n’a « pas peur » et ne pliera pas face à l’extrême droite.

    Tout a commencé lorsque la presse locale a annoncé l’arrivée de « 70 familles » d’exilés à Callac, alors qu’il s’agissait d’en accueillir une poignée dans le cadre d’un projet baptisé Horizon et porté par le fonds de dotation Merci (un fonds privé à but non lucratif qui finance aussi, grâce à des dons, des projets d’accès à l’éducation ou d’inclusion sociale).

    Déjà douze #plaintes déposées

    Depuis cette annonce, les sites Riposte laïque et Breizh-info, puis les militants du Rassemblement national (RN) et de Reconquête, ont fait de Callac « la mère des batailles » contre le « #grand_remplacement ». Aux manettes du fonds Merci, la famille Cohen est de son côté victime d’antisémitisme. Deux rassemblements se sont succédé à Callac, les 17 septembre et 5 novembre, réunissant des centaines d’opposants au projet venus des quatre coins de la France.

    « Pierre Cassen [membre fondateur de Riposte laïque – ndlr] fait des conférences sur ça, appelant à la “résistance à Callac”. Ils en ont fait un laboratoire », relèvent deux militants syndicaux de gauche, mandatés par leur fédération pour observer l’évolution de l’extrême droite en Bretagne. « Les fascistes sèment la terreur. Des élus ont vu des hommes cagoulés passer en voiture devant chez eux pour les intimider. » Et d’alerter sur la « pression permanente » pesant sur les élus, dont le maire : « Les gendarmes lui ont dit de flouter ses fenêtres à la mairie pour qu’on ne lui tire pas dans la nuque. »

    Ils décrivent un agrégat de groupuscules d’extrême droite et néonazis qui se mobilisent sur ce dossier « pour donner un effet de masse » : une forte représentation de l’Action française, de l’Alvarium (un groupuscule identitaire dissous en 2021 et qui se réactive) et de groupes nationalistes bretons. « Les Callacois sont peu nombreux parmi les opposants. »

    Lorsque le premier collectif « d’anti » est créé au printemps dernier, il compte trois membres, tous callacois : Danielle Le Men, Moulay Drissi et Michel Riou. Mais l’arrivée de Catherine Blein, figure de l’extrême droite condamnée pour apologie du terrorisme et exclue du RN (originaire de Moustéru, à 20 kilomètres de Callac), a poussé certains à s’en éloigner. C’est elle qui préside aujourd’hui « Les Amis de Callac », aux côtés de Danielle Le Men, que Laure-Line Inderbitzin accuse dans le harcèlement qu’elle subit.

    Elle l’a signalé à la gendarmerie, à qui elle a fourni ce qu’elle considère comme les « preuves » de ce qu’elle avance, telle une photo de Danielle Le Men distribuant le dernier tract contre Horizon à Callac. « J’ai encore déposé plainte le 19 novembre, mais je n’ai aucune nouvelle du procureur ou du préfet. C’est fou, on est face à des menaces sur une élue par ailleurs enseignante. »

    Elle y voit un « mépris » pour les élus ruraux et se sent « abandonnée ». Le maire de Callac, Jean-Yves Rolland, a refusé de nous répondre et se serait terré dans le silence. Il a porté plainte le 16 avril en son nom et celui de ses adjoints pour « menace, violence ou acte d’intimidation envers un élu public pour qu’il accomplisse ou s’abstienne d’acte de son mandat », après avoir reçu des courriers, que Mediapart a pu consulter, le qualifiant de « criminel en puissance » qui sera tenu pour « responsable en cas de viols dans la commune » et de « bon camarade avec les mafieux qui font venir tous ces clandestins ». Un autre lui souhaite d’avoir « une bonne assurance incendie ».

    Contacté, le parquet de Saint-Brieuc indique que douze plaintes ont été déposées en lien avec cette affaire. Selon le procureur de la République, Nicolas Heitz, la plainte déposée par le maire de Callac pourrait « caractériser l’infraction de menaces, violences ou actes d’intimidation envers un élu ». « Une enquête a été ouverte et une procédure distincte a été diligentée pour chaque plainte. »
    Déjà deux rassemblements d’extrême droite

    Les militants déjà cités accusent la préfecture d’avoir laissé l’extrême droite organiser deux rassemblements, alors que le maire de la commune aurait réclamé, selon plusieurs sources, leur interdiction. « Le préfet minimise les faits et fait le distinguo entre menaces virtuelles et réelles », affirment-ils. Sollicitée, la préfecture répond que « ces rassemblements ont été autorisés par le maire » et met en avant « la liberté de manifester ». Elle assure que le maire aurait lui-même « informé la préfecture qu’il n’envisageait pas de les interdire ».

    Quant aux élus faisant l’objet de menaces, « leurs craintes sont prises très au sérieux par les autorités », poursuit la préfecture, qui dénonce une « mise en cause infondée ». « Le préfet et son cabinet ont été et sont en contact régulier avec le maire. Le préfet a exprimé publiquement, à plusieurs reprises, son soutien aux élus callacois. » Le procureur précise de son côté que les infractions dénoncées sont « régulièrement évoquées avec le préfet ».

    Dans cette commune aux quelque 2 200 âmes, où un tiers de la population a plus de 70 ans, l’accueil des réfugiés, avant même le projet Horizon, n’a pourtant jamais été un problème : de premières familles sont arrivées du Kurdistan syrien dès 2018, puis du Nigeria, du Soudan et de Syrie de manière continue jusqu’en 2022. Callac, c’est un chiffre qui jusqu’ici semblait ne pas déranger : 10,2 % d’étrangers venus de Bulgarie, Géorgie, Tunisie ou Pologne.

    « On a une tradition d’accueil, qu’il s’agisse des Espagnols ou des Britanniques ; et ça se passe très bien », défend Laure-Line Inderbitzin. Dans une commune ayant perdu un tiers de sa population en trente ans, l’idée de redonner du souffle à l’économie locale et aux services publics l’a vite convaincue.

    Denis Lagrue, membre d’un collectif qui propose aux familles réfugiées, depuis les premières arrivées, des cours de français ou un accompagnement aux rendez-vous médicaux, a pensé que « cela pourrait faciliter [leur] action ». Ce vétérinaire à la retraite, responsable des Restos du cœur à Callac, se souvient de quelques rares critiques au début : « Un bruit de fond disant que les réfugiés prenaient nos logements. » En réalité, insiste-t-il, les HLM qu’ils ont obtenues étaient toutes vacantes.
    Les réfugiés déjà présents préfèrent ignorer la menace

    Avec la polémique autour du projet Horizon, il a le sentiment que Callac a été « salie ». « Comme s’il n’y avait que des racistes ici. Je ne dis pas que tout le monde est pour l’accueil des réfugiés, mais en cinq ans, on n’a jamais vu de manifestation hostile à leur égard. » Il y a selon lui une méconnaissance du sujet, instrumentalisée par l’extrême droite et certains médias.

    « Le travail de sape de CNews est catastrophique. Dans son public, il y a des personnes en grande précarité qui peuvent se tromper de cible. » Son épouse Sylvie a choisi de ne plus alimenter la guerre que l’extrême droite livre à Callac. Elle n’ira pas contre-manifester si l’extrême droite organise de nouveaux rassemblements. « On est dans un climat de terreur, on doit préserver les réfugiés déjà présents et laisser la justice faire son travail. »

    Ce week-end-là, Denis Lagrue rend visite à Ibrahim Zakaria et Mariam, un couple de réfugiés originaires du Darfour et leurs six enfants. Dans la chambre où le père révise le code en vue de passer son permis, des dictionnaires de langues s’amoncellent sur la table basse. Ibrahim Zakaria a appris le français – il parlait déjà son dialecte, l’arabe et l’anglais. À 50 ans, il est inscrit au Greta pour suivre des cours de langues, avant de se lancer dans l’informatique.

    « J’aimerais travailler dans l’agriculture », dit en souriant Mariam, qui se rend souvent au jardin partagé. Après avoir passé seize ans dans un camp de réfugiés au Tchad, la famille a pris ses marques à Callac. Mais elle a compris, depuis quelques mois, que certains « voulaient bien des étrangers et d’autres pas ». « Ils disent que les réfugiés sont des incapables, mais ils ne peuvent pas nous comprendre s’ils ne nous connaissent pas. »

    Ils ont préféré, lors des rassemblements, rester en sécurité à la maison, bien qu’ils soient conscients d’être « dans la légalité ». « Il ne devrait pas y avoir de souci pour nous. »

    Mais en septembre, les noms des réfugiés vivant dans leur immeuble ont été retirés des boîtes aux lettres – une information dont la préfecture des Côtes-d’Armor affirme n’avoir pas eu connaissance. « Ça ne nous a pas fait peur, affirme en souriant le couple. Les locaux sont gentils et les méchants ne sont pas nombreux. »

    « Voilà mon ressenti vis-à-vis des réfugiés, conclut Denis Lagrue en les quittant. Des familles qui s’intègrent, participent à la vie locale, dont les enfants réussissent à l’école. »

    Dans la nuit noire, les lumières de la maison de Michel Riou, l’un des premiers opposants au projet, apparaissent au loin. Le septuagénaire vit à Callac depuis 2006 et se décrit comme un « enfant du canton ». À notre arrivée, nous l’interrompons alors qu’il achève son dîner, mais il ne se fait pas prier pour exprimer sa position.

    Vous savez comment ça se passe dans les grandes villes, il y a des ghettos à cause des réfugiés, on le voit tous les jours à la télé.

    Michel Riou, opposant au projet Horizon

    Il ne saisit pas pourquoi « plein d’infos ont été balancées », d’abord « 70 familles », ensuite 30 ou 40. Ce qui l’effraie en premier lieu, c’est que la ville de Callac ait racheté l’ancienne école Saint-Laurent alors qu’elle est « en ruine », pour y créer le village Horizon, censé abriter des logements, une crèche ou une maison des associations. « On nous dit que la fondation va donner un apport, mais la municipalité est incapable de donner un chiffre. Je sais ce que ça coûte, ce projet ne peut pas marcher dans ce bâtiment », décrète cet ancien élu à l’urbanisme.

    Et puis, le discours anti-migrants jaillit. « Moi, c’est pas une ou deux familles qui me dérange, faut rester humain. Mais faut pas qu’on nous les envoie en nombre. Vous savez comment ça se passe dans les grandes villes, il y a des ghettos à cause des réfugiés, on le voit tous les jours à la télé. On ne veut pas que ça arrive à Callac. » Sa ville est à l’abandon, poursuit-il, désolé de voir des squats « partout » ou la toiture du gymnase Albert-Monfort toujours inachevée.

    S’il admet que tout se passe bien avec les familles réfugiées déjà présentes ici, « après, faut faire attention à tout ce qui se greffe autour ». « Je suis contre l’afflux des réfugiés. Pourquoi ils ne règlent pas leurs problèmes chez eux ? » Dans son salon, où se mêlent un drapeau breton, un bateau à voiles et une photo de Johnny Hallyday, il saisit une mallette où il déniche des courriers d’admirateurs venus lui adresser leur soutien : « Je suis bretonne et je connais Callac. Résistez. Nous sommes envahis en ville et maintenant c’est la campagne ! »

    Michel Riou a quitté le premier collectif « anti-Horizon », après qu’un mail aux relents nazis, adressé en son nom depuis l’adresse mail – piratée – du fonds de dotation Merci, a été envoyé à la ville de Callac. Il l’a quitté, aussi, parce que Catherine Blein commençait à prendre trop d’importance au sein du collectif. Depuis, il poursuit sa lutte, au sein d’un autre groupe qu’il a monté mais dont il refuse de donner le nombre de membres.

    Les menaces que subit Laure-Line Inderbitzin, il estime qu’elle les a « bien cherchées ». « En politique, il faut s’attendre à des coups durs. C’est de sa faute, elle aurait dû calmer le jeu », ose-t-il. Puis ajoute : « Moi, c’est pas écrit fasciste sur mon front. » Michel Riou est un ancien communiste. Désormais sans parti, il vote « comme [il] veut ». Reconquête ou RN ? « Et pourquoi pas. C’est peut-être ce qu’il faut pour remettre un peu d’ordre en France. »
    Un projet mené par l’État lui aussi menacé

    Que l’extrême droite passe aux commandes, c’est la crainte de Patrick Morcet, adjoint au maire à Callac. Ce matin-là, dans la maison qu’il occupe avec son épouse, une alarme retentit pour signaler notre arrivée. Pour « protéger [sa] famille », l’élu a installé des caméras dans son jardin, après avoir été réveillé, dans la nuit du 11 au 12 novembre dernier, par une présence dehors détectée par son chien. « J’ai vu deux hommes cagoulés dans l’allée, avec du matériel, qui se sont enfuis en courant. »

    Ils voulaient sans doute faire un saccage et avaient repéré les lieux, estime-t-il, expliquant avoir vu plus tôt des hommes s’aventurer dans l’impasse menant à son domicile. Patrick Morcet n’a pas porté plainte. « Je l’ai signalé au maire qui l’a dit à la gendarmerie, et depuis, ils font des rondes devant chez moi. » L’homme au visage rond refuse d’abandonner le projet Horizon malgré ce climat de « peur », et même si certains élus veulent reculer.

    Fin novembre le maire de Callac aurait organisé un vote informel pour demander à sa majorité si elle souhaitait poursuivre le projet. « Il y a eu huit “contre”, quatre demandes de suspension et deux “pour” », révèlent plusieurs sources.

    « Même si le projet est abandonné, ça ne s’arrêtera pas, on sera attaqués sur tout ce qu’on fera ensuite », souligne Patrick Morcet, en évoquant un projet – cette fois de l’État – pour l’accueil de réfugiés à Callac, géré par Viltaïs.

    Le fonds de dotation Merci a été invité à coordonner son action avec celle menée par l’opérateur de l’État.

    Préfecture des Côtes-d’Armor

    Des maisons devaient être rachetées par cette association pour les exilés, mais la pression de l’extrême droite aurait contraint une propriétaire à faire machine arrière. Sur le dernier tract distribué par les opposants, ils promettaient de « continuer à combattre les projets Horizon et Viltaïs jusqu’à la victoire ».

    Si l’arrivée de deux familles aurait été repoussée en raison des événements, la préfecture des Côtes-d’Armor indique que le projet Viltaïs « n’est pas remis en cause ». « Le fonds de dotation Merci a été invité à coordonner son action avec celle menée par l’opérateur de l’État », ajoute-t-elle, sans donner de précisions sur l’avenir du projet Horizon. Mais ce dernier, qui était inscrit à l’Opération de revitalisation de territoire (ORT), n’en ferait plus partie.

    Patrick Morcet regrette un problème de communication dès le départ et explique avoir plaidé pour passer par un cabinet spécialisé, sans être entendu. « J’avais peur qu’un simple mot soit détourné. » La première réunion publique, en avril 2022, aurait été selon lui « trop parisienne ». « Avec une meilleure présentation des choses, on aurait pu rassurer la population locale. »

    Il aurait aimé dire combien ce projet pouvait profiter à « tout le monde » et aider à revitaliser sa commune. « Quand on perdra une classe d’école demain, les opposants à Horizon seront les premiers à râler. » Il y a, songe-t-il, tout ce qu’il faut pour les accueillir. Il suffit de se balader pour constater les commerces fermés et « qui ne demandent qu’à être repris ». « Le dentiste s’en va aussi en fin d’année. »

    https://www.mediapart.fr/journal/france/201222/contre-l-accueil-de-refugies-l-extreme-droite-seme-la-terreur-dans-un-bour
    #anti-réfugiés #anti-migrants #asile #migrations #réfugiés #France #menace_de_mort #Bretagne

    via @_kg_ @karine4

    • Après les menaces de l’extrême droite, Callac abandonne son projet pour l’accueil de réfugiés

      Le projet n’aboutira donc pas. Dans les Côtes-d’Armor, des élus soutenant l’installation de réfugiés pour redynamiser leur bourg ont été menacés de mort ou de viol, taxés d’« immigrationnistes » ou d’organisateurs du « grand remplacement ». Lundi 9 janvier, le maire a annoncé l’abandon du projet Horizon à ses conseillers municipaux.

      C’estC’est une bataille gagnée pour l’extrême droite. Après des mois de mobilisation et de menaces en tout genre envers des élus locaux, le maire de Callac (Côtes-d’Armor), Jean-Yves Rolland, a décidé d’abandonner le projet Horizon. Celui-ci était porté par un fonds de dotation privé, à but non lucratif, et devait permettre d’accueillir des familles de réfugié·es dans la commune, décrite comme « vieillissante » par de nombreux adjoints au maire, en vue de la redynamiser. 

      L’abandon du projet a été annoncé par le maire de Callac à ses conseillers municipaux lundi 9 janvier, lors d’une réunion d’un bureau municipal. « Projet Horizon : le maire et son équipe ont pris la décision d’arrêter le projet Horizon », peut-on lire dans le compte-rendu de cette réunion (à ne pas confondre avec un conseil municipal), que nous avons pu consulter. Auprès de Mediapart, plusieurs élus regrettent un manque de concertation et de courage face à cette décision.

      Selon nos informations, un vote aurait été organisé à huis clos le 21 décembre, après le dernier conseil municipal de l’année 2022, sans la présence de Laure-Line Inderbitzin, pourtant porteuse du projet, et qui a subi une vague de harcèlement en ligne doublée de menaces pour son engagement en ce sens au cours des derniers mois. Fin novembre, déjà, un vote informel avait été organisé par le maire afin de sonder ses conseillers municipaux quant à la poursuite du projet Horizon : huit élus s’étaient prononcés contre, deux réclamaient sa suspension temporaire et deux seulement souhaitaient son maintien.

      La nouvelle sera rendue publique dans un mot rédigé par le maire, à paraître dans le bulletin municipal de ce mois. Contacté, il n’a pas souhaité confirmer ou réagir mais a précisé qu’il communiquerait bientôt sur ce sujet. Dans la première mouture du bulletin municipal que nous avons consultée, Jean-Yves Rolland évoque une année « difficile », notamment « à cause du projet Horizon qui a tant défrayé l’actualité à Callac depuis plusieurs mois ». « Face à toutes ces difficultés, poursuit-il, et à un certain manque de transparence et de garantie, l’équipe municipale décide de mettre fin à sa collaboration avec le Fonds de dotation Merci. » Il souligne malgré tout que Callac « est et restera une terre d’accueil pour toutes nouvelles populations, réfugiées ou non ».

      L’extrême droite n’a pas tardé à réagir, mardi, dans un communiqué intitulé « Victoire à Callac : le projet Horizon abandonné », signé de la main de Bernard Germain, membre de Riposte laïque et ex-candidat Reconquête aux élections législatives, ici porte-parole du Comité d’organisation contre le projet Horizon. Auteur d’un ouvrage au titre évocateur (Callac, la mère des batailles) publié mi-décembre dernier, il évoque les rassemblements organisés à Callac, la présence de militants sur les marchés chaque semaine, des milliers de tracts distribués dans les boîtes aux lettres et des centaines de signatures collectées.

      Face à un projet perçu comme « fou », il revendique une « bataille acharnée » de plusieurs mois pour « défendre Callac contre l’invasion ». « Lorsqu’on se bat, on peut gagner », estime-t-il, avant de s’en prendre au projet officiel porté par l’État, surnommé Viltaïs (du nom de l’association mandatée par l’État), qui permet déjà l’installation de réfugié·es dans les Côtes-d’Armor et à Callac. « Le plus sage serait que tout projet soit abandonné à Callac », prévient Bernard Germain. Et d’ajouter : « La Fondation Merci semble ne pas se consoler de son échec à Callac. Il se murmure qu’elle souhaite mettre en œuvre un nouveau projet… à Paimpol cette fois. Nous lui promettons que l’accueil sera le même, voire plus frais encore, dans cette localité. »

      Le fonds de dotation Merci a dénoncé, dans un communiqué diffusé ce mercredi, « la campagne de désinformation, de groupes et de médias d’extrême-droite visant à diviser la population et à déstabiliser le conseil municipal ». « Cette campagne nauséabonde aux relents racistes et antisémites est fondée sur des méthodes de harcèlement et d’intimidation, y compris des menaces de mort, ciblant le maire et plusieurs conseillers municipaux jusque dans leur vie privée », poursuit le communiqué, indiquant que le fonds reste « déterminé à poursuivre son action en faveur de l’inclusion durable de personnes réfugiées en France ».

      Me Vincent Brengarth, avocat de la famille Cohen – qui dirige le fonds et a été victime d’antisémitisme dans cette affaire –, se dit « sidéré par la position » du maire de Callac. « Il est dommage que l’équipe municipale n’ait pas su résister aux pressions exercées par l’extrême droite pour obtenir l’abandon de ce projet, qui était démocratiquement et humainement indispensable. C’est une défaite des valeurs humanistes. »

      Dans le cadre de ce projet, plusieurs infrastructures, dont une ancienne école et une librairie avaient déjà été rachetées par la commune et devaient servir à constituer le « village Horizon », voulu par la municipalité et le fonds de dotation Merci. Une habitante avait même fait le choix d’une reconversion professionnelle pour se former au métier de libraire. « Il y a eu beaucoup d’investissement et tout s’envole en éclats. C’est un vrai gâchis », conclut, dépitée, Laure-Line Inderbitzin.

      Nous republions notre reportage à Callac, publié par Mediapart le 20 décembre 2022.

      *

      Callac (Côtes-d’Armor).– Dans le salon de sa maison, Laure-Line Inderbitzin s’efforce de sourire. En cet après-midi de début décembre, elle prépare le dîner, accompagne ses enfants à leurs activités extrascolaires, s’amuse des ardeurs du chiot qu’elle a adopté trois mois plus tôt. Mais elle finit toujours par revenir à ce qui lui vaut des crevasses en guise de cernes sous les yeux. L’adjointe au maire de Callac est en arrêt maladie car elle ne supporte plus le flot de haine qui se déverse sur sa commune, ni le « harcèlement » de Riposte laïque qui la jette en pâture sur Internet, la qualifiant d’« immigrationniste », d’« âme damnée du maire à migrants » ou d’« inconsciente illuminée ».

      L’élue confie ne plus dormir la nuit. « Je suis obligée de vivre comme une recluse alors que je suis victime ». En pointant une pochette posée sur la table, elle lâche : « Voilà le dossier ». Tout y est. Les nombreuses plaintes qu’elle a déposées. Le sticker retrouvé sur sa boîte aux lettres et estampillé Furie française, un groupuscule d’extrême droite. Les commentaires sur le site de Riposte laïque qui appellent à une « tournante » sur sa personne. Mais Laure-Line Inderbitzin insiste : elle n’a « pas peur » et ne pliera pas face à l’extrême droite.

      Tout a commencé lorsque la presse locale a annoncé l’arrivée de « 70 familles » d’exilés à Callac, alors qu’il s’agissait d’en accueillir une poignée dans le cadre d’un projet baptisé Horizon et porté par le fonds de dotation Merci (un fonds privé à but non lucratif qui finance aussi, grâce à des dons, des projets d’accès à l’éducation ou d’inclusion sociale).
      Déjà douze plaintes déposées

      Depuis cette annonce, les sites Riposte laïque et Breizh-info, puis les militants du Rassemblement national (RN) et de Reconquête, ont fait de Callac « la mère des batailles » contre le « grand remplacement ». Aux manettes du fonds Merci, la famille Cohen est de son côté victime d’antisémitisme. Deux rassemblements se sont succédé à Callac, les 17 septembre et 5 novembre, réunissant des centaines d’opposants au projet venus des quatre coins de la France.

      « Pierre Cassen [membre fondateur de Riposte laïque – ndlr] fait des conférences sur ça, appelant à la “résistance à Callac”. Ils en ont fait un laboratoire », relèvent deux militants syndicaux de gauche, mandatés par leur fédération pour observer l’évolution de l’extrême droite en Bretagne. « Les fascistes sèment la terreur. Des élus ont vu des hommes cagoulés passer en voiture devant chez eux pour les intimider. » Et d’alerter sur la « pression permanente » pesant sur les élus, dont le maire : « Les gendarmes lui ont dit de flouter ses fenêtres à la mairie pour qu’on ne lui tire pas dans la nuque. »

      Ils décrivent un agrégat de groupuscules d’extrême droite et néonazis qui se mobilisent sur ce dossier « pour donner un effet de masse » : une forte représentation de l’Action française, de l’Alvarium (un groupuscule identitaire dissous en 2021 et qui se réactive) et de groupes nationalistes bretons. « Les Callacois sont peu nombreux parmi les opposants. »

      Lorsque le premier collectif « d’anti » est créé au printemps dernier, il compte trois membres, tous callacois : Danielle Le Men, Moulay Drissi et Michel Riou. Mais l’arrivée de Catherine Blein, figure de l’extrême droite condamnée pour apologie du terrorisme et exclue du RN (originaire de Moustéru, à 20 kilomètres de Callac), a poussé certains à s’en éloigner. C’est elle qui préside aujourd’hui « Les Amis de Callac », aux côtés de Danielle Le Men, que Laure-Line Inderbitzin accuse dans le harcèlement qu’elle subit.

      Elle l’a signalé à la gendarmerie, à qui elle a fourni ce qu’elle considère comme les « preuves » de ce qu’elle avance, telle une photo de Danielle Le Men distribuant le dernier tract contre Horizon à Callac. « J’ai encore déposé plainte le 19 novembre, mais je n’ai aucune nouvelle du procureur ou du préfet. C’est fou, on est face à des menaces sur une élue par ailleurs enseignante. »

      Elle y voit un « mépris » pour les élus ruraux et se sent « abandonnée ». Le maire de Callac, Jean-Yves Rolland, a refusé de nous répondre et se serait terré dans le silence. Il a porté plainte le 16 avril en son nom et celui de ses adjoints pour « menace, violence ou acte d’intimidation envers un élu public pour qu’il accomplisse ou s’abstienne d’acte de son mandat », après avoir reçu des courriers, que Mediapart a pu consulter, le qualifiant de « criminel en puissance » qui sera tenu pour « responsable en cas de viols dans la commune » et de « bon camarade avec les mafieux qui font venir tous ces clandestins ». Un autre lui souhaite d’avoir « une bonne assurance incendie ».

      Contacté, le parquet de Saint-Brieuc indique que douze plaintes ont été déposées en lien avec cette affaire. Selon le procureur de la République, Nicolas Heitz, la plainte déposée par le maire de Callac pourrait « caractériser l’infraction de menaces, violences ou actes d’intimidation envers un élu ». « Une enquête a été ouverte et une procédure distincte a été diligentée pour chaque plainte. »
      Déjà deux rassemblements d’extrême droite

      Les militants déjà cités accusent la préfecture d’avoir laissé l’extrême droite organiser deux rassemblements, alors que le maire de la commune aurait réclamé, selon plusieurs sources, leur interdiction. « Le préfet minimise les faits et fait le distinguo entre menaces virtuelles et réelles », affirment-ils. Sollicitée, la préfecture répond que « ces rassemblements ont été autorisés par le maire » et met en avant « la liberté de manifester ». Elle assure que le maire aurait lui-même « informé la préfecture qu’il n’envisageait pas de les interdire ».

      Quant aux élus faisant l’objet de menaces, « leurs craintes sont prises très au sérieux par les autorités », poursuit la préfecture, qui dénonce une « mise en cause infondée ». « Le préfet et son cabinet ont été et sont en contact régulier avec le maire. Le préfet a exprimé publiquement, à plusieurs reprises, son soutien aux élus callacois. » Le procureur précise de son côté que les infractions dénoncées sont « régulièrement évoquées avec le préfet ».

      Dans cette commune aux quelque 2 200 âmes, où un tiers de la population a plus de 70 ans, l’accueil des réfugiés, avant même le projet Horizon, n’a pourtant jamais été un problème : de premières familles sont arrivées du Kurdistan syrien dès 2018, puis du Nigeria, du Soudan et de Syrie de manière continue jusqu’en 2022. Callac, c’est un chiffre qui jusqu’ici semblait ne pas déranger : 10,2 % d’étrangers venus de Bulgarie, Géorgie, Tunisie ou Pologne.

      « On a une tradition d’accueil, qu’il s’agisse des Espagnols ou des Britanniques ; et ça se passe très bien », défend Laure-Line Inderbitzin. Dans une commune ayant perdu un tiers de sa population en trente ans, l’idée de redonner du souffle à l’économie locale et aux services publics l’a vite convaincue.

      Denis Lagrue, membre d’un collectif qui propose aux familles réfugiées, depuis les premières arrivées, des cours de français ou un accompagnement aux rendez-vous médicaux, a pensé que « cela pourrait faciliter [leur] action ». Ce vétérinaire à la retraite, responsable des Restos du cœur à Callac, se souvient de quelques rares critiques au début : « Un bruit de fond disant que les réfugiés prenaient nos logements. » En réalité, insiste-t-il, les HLM qu’ils ont obtenues étaient toutes vacantes.
      Les réfugiés déjà présents préfèrent ignorer la menace

      Avec la polémique autour du projet Horizon, il a le sentiment que Callac a été « salie ». « Comme s’il n’y avait que des racistes ici. Je ne dis pas que tout le monde est pour l’accueil des réfugiés, mais en cinq ans, on n’a jamais vu de manifestation hostile à leur égard. » Il y a selon lui une méconnaissance du sujet, instrumentalisée par l’extrême droite et certains médias.

      « Le travail de sape de CNews est catastrophique. Dans son public, il y a des personnes en grande précarité qui peuvent se tromper de cible. » Son épouse Sylvie a choisi de ne plus alimenter la guerre que l’extrême droite livre à Callac. Elle n’ira pas contre-manifester si l’extrême droite organise de nouveaux rassemblements. « On est dans un climat de terreur, on doit préserver les réfugiés déjà présents et laisser la justice faire son travail. »

      Ce week-end-là, Denis Lagrue rend visite à Ibrahim Zakaria et Mariam, un couple de réfugiés originaires du Darfour et leurs six enfants. Dans la chambre où le père révise le code en vue de passer son permis, des dictionnaires de langue s’amoncellent sur la table basse. Ibrahim Zakaria a appris le français – il parlait déjà son dialecte, l’arabe et l’anglais. À 50 ans, il est inscrit au Greta pour suivre des cours de langues, avant de se lancer dans l’informatique.

      « J’aimerais travailler dans l’agriculture », dit en souriant Mariam, qui se rend souvent au jardin partagé. Après avoir passé seize ans dans un camp de réfugiés au Tchad, la famille a pris ses marques à Callac. Mais elle a compris, depuis quelques mois, que certains « voulaient bien des étrangers et d’autres pas ». « Ils disent que les réfugiés sont des incapables, mais ils ne peuvent pas nous comprendre s’ils ne nous connaissent pas. »

      Ils ont préféré, lors des rassemblements, rester en sécurité à la maison, bien qu’ils soient conscients d’être « dans la légalité ». « Il ne devrait pas y avoir de souci pour nous. »

      Mais en septembre, les noms des réfugiés vivant dans leur immeuble ont été retirés des boîtes aux lettres – une information dont la préfecture des Côtes-d’Armor affirme n’avoir pas eu connaissance. « Ça ne nous a pas fait peur, affirme en souriant le couple. Les locaux sont gentils et les méchants ne sont pas nombreux. »

      « Voilà mon ressenti vis-à-vis des réfugiés, conclut Denis Lagrue en les quittant. Des familles qui s’intègrent, participent à la vie locale, dont les enfants réussissent à l’école. »

      Dans la nuit noire, les lumières de la maison de Michel Riou, l’un des premiers opposants au projet, apparaissent au loin. Le septuagénaire vit à Callac depuis 2006 et se décrit comme un « enfant du canton ». À notre arrivée, nous l’interrompons alors qu’il achève son dîner, mais il ne se fait pas prier pour exprimer sa position.

      Vous savez comment ça se passe dans les grandes villes, il y a des ghettos à cause des réfugiés, on le voit tous les jours à la télé.

      Michel Riou, opposant au projet Horizon

      Il ne saisit pas pourquoi « plein d’infos ont été balancées », d’abord « 70 familles », ensuite 30 ou 40. Ce qui l’effraie en premier lieu, c’est que la ville de Callac ait racheté l’ancienne école Saint-Laurent alors qu’elle est « en ruine », pour y créer le village Horizon, censé abriter des logements, une crèche ou une maison des associations. « On nous dit que la fondation va donner un apport, mais la municipalité est incapable de donner un chiffre. Je sais ce que ça coûte, ce projet ne peut pas marcher dans ce bâtiment », décrète cet ancien élu à l’urbanisme.

      Et puis, le discours anti-migrants jaillit. « Moi, c’est pas une ou deux familles qui me dérange, faut rester humain. Mais faut pas qu’on nous les envoie en nombre. Vous savez comment ça se passe dans les grandes villes, il y a des ghettos à cause des réfugiés, on le voit tous les jours à la télé. On ne veut pas que ça arrive à Callac. » Sa ville est à l’abandon, poursuit-il, désolé de voir des squats « partout » ou la toiture du gymnase Albert-Monfort toujours inachevée.

      S’il admet que tout se passe bien avec les familles réfugiées déjà présentes ici, « après, faut faire attention à tout ce qui se greffe autour ». « Je suis contre l’afflux des réfugiés. Pourquoi ils ne règlent pas leurs problèmes chez eux ? » Dans son salon, où se mêlent un drapeau breton, un bateau à voiles et une photo de Johnny Hallyday, il saisit une mallette où il déniche des courriers d’admirateurs venus lui adresser leur soutien : « Je suis bretonne et je connais Callac. Résistez. Nous sommes envahis en ville et maintenant c’est la campagne ! »

      Michel Riou a quitté le premier collectif « anti-Horizon », après qu’un mail aux relents nazis, adressé en son nom depuis l’adresse mail – piratée – du fonds de dotation Merci, a été envoyé à la ville de Callac. Il l’a quitté, aussi, parce que Catherine Blein commençait à prendre trop d’importance au sein du collectif. Depuis, il poursuit sa lutte, au sein d’un autre groupe qu’il a monté mais dont il refuse de donner le nombre de membres.

      Les menaces que subit Laure-Line Inderbitzin, il estime qu’elle les a « bien cherchées ». « En politique, il faut s’attendre à des coups durs. C’est de sa faute, elle aurait dû calmer le jeu », ose-t-il. Puis ajoute : « Moi, c’est pas écrit fasciste sur mon front. » Michel Riou est un ancien communiste. Désormais sans parti, il vote « comme [il] veut ». Reconquête ou RN ? « Et pourquoi pas. C’est peut-être ce qu’il faut pour remettre un peu d’ordre en France. »
      Un projet mené par l’État lui aussi menacé

      Que l’extrême droite passe aux commandes, c’est la crainte de Patrick Morcet, adjoint au maire à Callac. Ce matin-là, dans la maison qu’il occupe avec son épouse, une alarme retentit pour signaler notre arrivée. Pour « protéger [sa] famille », l’élu a installé des caméras dans son jardin, après avoir été réveillé, dans la nuit du 11 au 12 novembre dernier, par une présence dehors détectée par son chien. « J’ai vu deux hommes cagoulés dans l’allée, avec du matériel, qui se sont enfuis en courant. »

      Ils voulaient sans doute faire un saccage et avaient repéré les lieux, estime-t-il, expliquant avoir vu plus tôt des hommes s’aventurer dans l’impasse menant à son domicile. Patrick Morcet n’a pas porté plainte. « Je l’ai signalé au maire qui l’a dit à la gendarmerie, et depuis, ils font des rondes devant chez moi. » L’homme au visage rond refuse d’abandonner le projet Horizon malgré ce climat de « peur », et même si certains élus veulent reculer.

      Fin novembre le maire de Callac aurait organisé un vote informel pour demander à sa majorité si elle souhaitait poursuivre le projet. « Il y a eu huit “contre”, quatre demandes de suspension et deux “pour” », révèlent plusieurs sources.

      « Même si le projet est abandonné, ça ne s’arrêtera pas, on sera attaqués sur tout ce qu’on fera ensuite », souligne Patrick Morcet, en évoquant un projet – cette fois de l’État – pour l’accueil de réfugiés à Callac, géré par Viltaïs.

      Le fonds de dotation Merci a été invité à coordonner son action avec celle menée par l’opérateur de l’État.

      Préfecture des Côtes-d’Armor

      Des maisons devaient être rachetées par cette association pour les exilés, mais la pression de l’extrême droite aurait contraint une propriétaire à faire machine arrière. Sur le dernier tract distribué par les opposants, ils promettaient de « continuer à combattre les projets Horizon et Viltaïs jusqu’à la victoire ».

      Si l’arrivée de deux familles aurait été repoussée en raison des événements, la préfecture des Côtes-d’Armor indique que le projet Viltaïs « n’est pas remis en cause ». « Le fonds de dotation Merci a été invité à coordonner son action avec celle menée par l’opérateur de l’État », ajoute-t-elle, sans donner de précisions sur l’avenir du projet Horizon. Mais ce dernier, qui était inscrit à l’Opération de revitalisation de territoire (ORT), n’en ferait plus partie.

      Patrick Morcet regrette un problème de communication dès le départ et explique avoir plaidé pour passer par un cabinet spécialisé, sans être entendu. « J’avais peur qu’un simple mot soit détourné. » La première réunion publique, en avril 2022, aurait été selon lui « trop parisienne ». « Avec une meilleure présentation des choses, on aurait pu rassurer la population locale. »

      Il aurait aimé dire combien ce projet pouvait profiter à « tout le monde » et aider à revitaliser sa commune. « Quand on perdra une classe d’école demain, les opposants à Horizon seront les premiers à râler. » Il y a, songe-t-il, tout ce qu’il faut pour les accueillir. Il suffit de se balader pour constater les commerces fermés et « qui ne demandent qu’à être repris ». « Le dentiste s’en va aussi en fin d’année. »

      https://www.mediapart.fr/journal/france/110123/apres-les-menaces-de-l-extreme-droite-callac-abandonne-son-projet-pour-l-a
      #abandon

    • Zemel tov 🤸‍♀️ @Mazal_Bof
      9:38 AM · 14 janv. 2023
      https://twitter.com/Mazal_Bof/status/1614180211255377920

      Je parlais récemment qu’un des enjeux autour de Callac c’était la remise en question des réseaux de fafs, & notamment leur présence numérique etc.
      Regardez la quantité de réponses en UNE heure après publication.
      https://twitter.com/pierre_plottu/status/1614154353090220033

      A CHAQUE article, chaque post FB, chaque tweet sur le sujet, c’est systématiquement le même déferlement de fachosphère. Immédiatement.

      Et là le cas de P. Plottu n’est pas trop « surprenant », son travail est pas mal hate followed par l’ext-droite, mais c’est pareil ailleurs.
      Et ÇA, c’est sous un tweet d’un journaliste là à l’instant T. Maintenant imaginez ce que ces gens font subir aux elu•es & habitant•es de Callac, depuis des mois. :)

    • "Ce n’était plus tenable" : le maire d’un village breton abandonne un projet d’accueil de réfugiés

      Les manifestions, menaces de morts et intimidations diverses subies par la municipalité de Callac ont eu raison du projet « Horizon », qui prévoyait l’installation de réfugiés dans ce petit village du Finistère. Le fonds partenaire du projet « regrette » cette décision, et dénonce « la campagne de désinformation de groupes d’extrême droite visant à diviser la population ».

      À peine évoqué et déjà enterré. Le projet d’accueil de réfugiés dans la commune rurale de Callac, dans le Finistère, n’aura pas lieu. « Personnellement, j’étais pour le projet mais ce n’était plus tenable, a déclaré son maire Jean-Yves Rolland, à l’AFP. J’assume la décision d’arrêter [...] À un moment, il faut trancher ».

      « C’est dommage qu’on en arrive là [...] C’était un projet humain d’une très grande valeur, sans doute très important pour Callac dans l’avenir », a poursuivi l’édile.

      Au printemps dernier, la commune avait signé une convention avec le Fonds privé de dotation « Merci ! », afin de mettre sur pied le projet dénommé « Horizon ». Celui-ci prévoyait l’accueil, sur plusieurs années, de quelques dizaines de personnes reconnues comme réfugiées par l’État et bénéficiant d’une autorisation de séjour de longue durée sur le territoire français. Grâce à divers équipements prévus, « Horizon » devait bénéficier autant aux habitants qu’aux étrangers accueillis. Plusieurs dizaines d’emplois à pourvoir avaient par ailleurs été recensés pour les réfugiés.

      Le projet visait à redynamiser ce bourg rural de 2 200 habitants, qui a une longue tradition d’accueil de réfugiés depuis la guerre d’Espagne et a perdu plus de 1 000 habitants depuis les années 1960.
      Manifestations et menaces de mort

      Immédiatement après l’annonce du projet, la mairie avait fait face à une intense contestation. Deux manifestations, s’appuyant sur un petit groupe d’opposants locaux, mais portées par l’extrême droite et notamment le parti Reconquête d’Éric Zemmour, s’étaient déroulées dans la commune. Elles avaient suscité à chaque fois des contre-manifestations de soutien au projet et de dénonciation de l’extrême droite. Les forces de l’ordre étaient intervenues pour tenir les deux camps à distance.

      Des élus ont également été soumis à de multiples pressions, y compris des menaces de mort ou des atteintes à leur vie privée.

      Dans la commune, l’ambiance était également tendue, selon plusieurs témoignages : des visages fermés, des gens qui ne se parlaient plus, des commerces que l’on ne fréquentait plus en fonction des prises de position du propriétaire, assure l’AFP.

      Dans un communiqué, le Fonds de dotation (FDM) « regrette » la décision des élus et « dénonce la campagne de désinformation de groupes et de médias d’extrême droite visant à diviser la population et à déstabiliser le Conseil municipal ». Évoquant une « campagne nauséabonde aux relents racistes et antisémites », le Fonds « exprime son soutien à tous les élus de Callac ».

      « Les menaces et les intimidations de l’extrême droite n’arrêteront pas le FDM dans sa détermination à favoriser une société française accueillante et solidaire », affirme aussi le mécène, qui exprime aussi sa volonté de « poursuivre son action en faveur de l’inclusion durable de personnes réfugiées en France, dans une logique de relance économique et sociale de territoires ruraux ».

      Jean-Yves Rolland promet quant à lui que « Callac est, et restera, une terre d’accueil pour toutes nouvelles populations, réfugiées ou pas ».
      Une vie intenable à la campagne

      L’idée de répartir les migrants et les réfugiés en milieu rural a été soulevée par Emmanuel Macron en 2022, dans le cadre de la réforme de la loi immigration. Devant les préfets, le 15 septembre dernier, le chef de l’État a admis que la politique d’accueil actuelle des étrangers était « absurde », « inefficace » et « inhumaine » car elle consistait « à mettre des femmes et des hommes qui arrivent, qui sont dans la plus grande misère » dans les quartiers les plus pauvres.

      Il avait ainsi plaidé pour une meilleure répartition des étrangers accueillis sur le territoire, notamment dans les « espaces ruraux, qui eux sont en train de perdre de la population ».

      Si le président voit, dans cette idée, des opportunités pour tous – locaux comme exilés – dans les faits, la réalité est plus contrastée. Haplincourt, petit village de 200 habitants dans le nord de la France, a accueilli en 2017 Badiah, Jamal, et leur petite fille. « Le jour où ils sont arrivés, c’était le jour où les aînés se rencontraient pour jouer aux cartes, donc quand la petite gamine de trois ans leur a sauté au cou en arrivant, l’accueil s’est fait », se souvient Michel Flahaut au micro de France Info.

      Malgré cela, le couple a déménagé à Arras, où Jamal a trouvé un emploi de menuisier. L’isolement ressenti à Haplincourt a finalement poussé la famille à s’installer en ville : le permis syrien de Jamal n’était pas reconnu en France, la vie à la campagne était devenu intenable. « Il n’y avait qu’un bus le matin à 6h et un le soir », explique la mère de famille. Sans permis et sans voiture, Badiah devait « rester chez [elle] tout le temps ».
      « Trouver une voiture »

      « Il faudra que monsieur Macron y pense dans son projet s’il veut ramener des gens dans les villages où il n’y a pas de travail et pas de commerces », met en garde le maire d’Haplincourt dans l’article.

      Ailleurs en Europe, des projets similaires à celui de Callac ont déjà été expérimentés il y a plusieurs années. Camini, une petite localité du sud de l’Italie dans lequel InfoMigrants s’est rendu en octobre dernier, a accueilli une centaine d’exilés ces dernières années. Depuis leur arrivée, la vie a repris timidement : un bar restaurant - l’unique désormais - a ouvert, l’école primaire qui pendant 20 ans ne comptait plus qu’une classe en compte désormais quatre, et un distributeur automatique de billets y a pris ses quartiers en 2020 pour le bonheur du plus grand nombre.

      Pour les exilés, en revanche, le bilan est plus mitigé. « Cela fait sept ans qu’on est là mais on ne se sent toujours pas stables », avait expliqué Haseed Bukari, originaire du Pakistan, dont les parents tiennent une boutique dans le village. « Mes parents adorent Camini, poursuit Haseed Bukari, mais le problème, c’est les transports. Ils ont besoin de se rendre régulièrement à la préfecture pour renouveler leur titre de séjour, et je dois y aller avec eux pour traduire. Mais c’est si loin que ça me fait rater à chaque fois une journée d’école. » L’adolescent fêtera ses 18 ans en décembre : « La première chose que je vais faire, c’est trouver une voiture. »

      http://www.infomigrants.net/fr/post/46056/ce-netait-plus-tenable--le-maire-dun-village-breton-abandonne-un-proje

    • Sans-papiers. Des associations dénoncent des contrôles de police aux abords des structures d’aides alimentaires.
      https://france3-regions.francetvinfo.fr/bretagne/ille-et-vilaine/rennes/sans-papiers-des-associations-denoncent-des-controles-d

      Le collectif de soutien aux personnes sans-papiers organise un rassemblement mercredi prochain devant la cité judiciaire de #Rennes. Ils dénoncent des contrôles d’identité aux abords de plusieurs associations caritatives où se rendent ces bénéficiaires.
      Le collectif s’exprime en ses termes :"Le procureur de la République organise des contrôles d’identité aux abords des associations caritatives (Restos du Cœur, Croix Rouge…) avec des policiers en civil, et des #contrôles_au_faciès. Les personnes interpellées, enfants compris, sont emmenées au centre de rétention administrative (CRA) et privées de liberté. Certaines pour plusieurs heures, d’autres risquant l’expulsion. Doit-on choisir entre se nourrir ou le risque de se faire enfermer ?"

      #racisme #discrimination #police

    • À Callac, comment la solidarité a perdu contre l’extrême droite

      L’abandon d’un projet d’installation de réfugiés dans la petite ville des Côtes-d’Armor est vue comme une victoire pour l’extrême droite. Sur place, les partisans de l’accueil tentent de comprendre pourquoi ils ont perdu. Ailleurs en France, les campagnes de haine se multiplient.

      CallacCallac (Côtes-d’Armor) et Saint-Brévin-les-Pins (Loire-Atlantique).– « Du Béarn, je veux dire bravo à mes militants Reconquête ! qui ont bataillé depuis le premier jour aux côtés de tous les patriotes, pour empêcher ce funeste projet de répartition des migrants à Callac. Vive la France ! » Sur Twitter, le 11 janvier dernier, le président du parti d’extrême droite Reconquête, Éric Zemmour, laisse éclater sa joie. Le projet d’accueil de quelques familles de réfugié·es dans le petit village costarmoricain de Callac est officiellement abandonné, après plusieurs mois de pressions, manifestations et menaces plus ou moins voilées, de la part de l’extrême droite, locale et nationale.

      Callac et ses 2 200 habitant·es sont devenus malgré eux le théâtre d’un affrontement politique qui a largement dépassé les frontières de cette commune située à une vingtaine de kilomètres de Guingamp. Le projet, baptisé Horizon, n’était pourtant pas aberrant : il s’agissait d’accueillir une poignée de familles de réfugié·es dans cette commune qui perd depuis plusieurs années des habitant·es. Le projet était porté par le fonds de dotation Merci (fonds privé à but non lucratif qui finance aussi, grâce à des dons, des projets d’accès à l’éducation ou d’inclusion sociale), géré par la famille Cohen, propriétaire des magasins Bonpoint et Merci.
      La « mère des batailles contre le grand remplacement »

      Mais dès la première réunion publique présentant le projet, en avril, et dans les semaines qui ont suivi, une poignée d’opposants, d’abord locaux, puis venus de plus loin, a fait monter la tension. Le maire divers gauche, Jean-Yves Rolland, a fini par se murer dans le silence face aux menaces. Sa ville a été le théâtre de deux manifestations et contre-manifestations. Sur les réseaux sociaux, la « bataille » de Callac est devenu la « mère des batailles contre le grand remplacement » pour l’extrême droite et en particulier Reconquête.

      Au cœur de ce « tsunami de violences », selon ses propres termes, Laure-Line Inderbitzin, maire adjointe PCF de la ville, par ailleurs professeure de breton au collège municipal, et qui a porté le projet de bout en bout. Dès le 16 avril, une première plainte est déposée, suivie par d’autres, pour « diffamation », « menaces de mort », de « viol », « menaces » sur sa famille.

      Quand nous la retrouvons ce lundi de janvier dans un restaurant près de la gare, Laure-Line Inderbitzin est certes déçue de l’abandon du projet mais pas découragée. Elle dédouane le maire, « acculé », et le répète : « C’était une obligation morale de ne pas lâcher, de tenir face aux fachos. »

      Elle continue de penser que le projet était bon pour la ville. « Dans le centre-ville, il y a 38 % de vacance de logements, beaucoup de logements insalubres... Ce que proposait Horizon, c’était justement de loger des familles de réfugiés dans de l’habitat diffus, pour ne pas créer un ghetto », expose-t-elle. La jeune femme rappelle également que Callac accueille d’ores et déjà une petite quarantaine de réfugié·es, « sans que la gendarmerie ne constate aucun problème ».

      Ancienne maire de Callac, aujourd’hui élue dans le groupe « minoritaire » – elle préfère ce terme à celui d’« opposition » –, Lise Bouillot nous reçoit dans sa vaste cuisine-salle à manger. Autour d’elle, Martine Tison et Jean-Pierre Tremel, également élus de la « minorité ».

      « Nous étions pour le projet Horizon », expose en préambule Lise Bouillot, qui insiste sur le fait que Callac est une « terre d’accueil », que des réfugiés républicains espagnols avaient déjà été accueillis par la ville à la fin des années 1930, que lors de son mandat, avant 2020, la ville avait hébergé des réfugié·es avec « beaucoup d’enthousiasme et de générosité ».

      Mais pour l’élue, le projet a péché dès le départ par un « problème de communication ». « La première réunion publique a été une catastrophe, les gens sont sortis de là sans rien savoir du projet, dit-elle. Le maire a été extrêmement maladroit : c’est lui, devant témoins, qui a parlé de 60 familles et de l’avenir démographique de Callac. »

      Cette question des 60 familles est loin d’être anodine. Le projet Horizon a toujours consisté à accueillir quelques familles. Mais dès le mois d’avril, c’est le chiffre de 70 familles ou bien celui de 500 personnes, qui circule parmi les opposants, à commencer par le collectif Pour la défense de l’identité de Callac, créé par Danielle Le Men, Michel Riou et Moulay Drissi. Tous trois habitent Callac. Michel Riou est un ancien élu de gauche de la ville. Moulay Drissi, quant à lui, s’est présenté hors parti aux dernières élections législatives et n’a recueilli que 0,85 % des votes (327 voix).
      Une demande de référendum

      Dès juin, dans une lettre ouverte au maire de Callac, les trois membres de ce collectif demandent l’organisation d’un référendum. « L’arrivée de 70 familles extra-européennes bouleverserait totalement la vie de la commune et du canton », écrivent-ils notamment. « Les gens sont partis sur cette idée de référendum, alors que la majorité n’a pas été capable d’expliquer son projet », relève Lise Bouillot.

      « Nous-mêmes nous n’avons été associés au projet Horizon qu’en septembre, et c’est à ce moment-là que nous avons vraiment adhéré, explique l’ancienne maire. On ne peut pas être contre l’accueil de personnes fracassées par la vie. Horizon, c’était un projet global : humanitaire, social, culturel, original. Qui, de plus, se proposait d’accompagner les réfugiés pendant 10 ans ! »

      Nous rencontrons chez eux Denis et Sylvie Lagrue. Lui, membre d’un collectif qui propose aux familles réfugiées, depuis les premières arrivées, des cours de français ou un accompagnement aux rendez-vous médicaux, est par ailleurs responsable d’une association d’aide aux familles en difficulté. Elle gère depuis 30 ans le cinéma local. Se trouve également présent Erwan Floch’lay, qui a rejoint voici quelque temps l’équipe du cinéma.

      Tous trois étaient présents lors de la première réunion publique de présentation du projet. Pour eux, cette réunion ne s’est pas trop mal passée. Même si, selon Erwan Floch’lay, « trois membres de l’extrême droite locale se trouvaient dans le fond de la salle, mais dans l’ensemble, les gens ont semblé impressionnés ».

      Quand la bascule a-t-elle eu lieu ? Dans le courant de l’été, et surtout à la rentrée de septembre. Une seconde réunion publique était prévue le 23 septembre. Elle n’aura jamais lieu car entre-temps, l’extrême droite a débarqué dans la ville.
      Alliance de circonstance

      Catherine Blein, ancienne figure bretonne du Rassemblement national (RN), exclue du parti lepéniste après avoir tweeté « œil pour œil » à propos de l’attentat islamophobe de Christchurch, a rejoint l’association des opposants. Edwige Vinceleux, ancienne « gilet jaune » passée candidate Reconquête aux législatives de juin, fait publiquement de Callac un combat personnel. Bernard Germain, enfin, candidat Reconquête lui aussi dans la circonscription voisine, est de la partie.

      « Ces gens-là avaient les réseaux sociaux, des médias comme le site d’information locale d’extrême droite Breizh Info, et ils sont implantés en Bretagne », analysent deux militants syndicaux de gauche, mandatés par leur fédération pour observer l’évolution de l’extrême droite en Bretagne. À quoi ils ajoutent l’alliance de circonstance entre les « nationalistes bretons du PNB et Reconquête et Action française ».

      Une première manifestation est organisée le 17 septembre. Quelques centaines de personnes opposées au projet – dont seulement une vingtaine de personnes de Callac, selon plusieurs sources – se retrouvent face à un nombre légèrement supérieur de personnes favorables – elles aussi en grande partie extérieures à la ville – ou du moins opposées à l’extrême droite. « Cette première manifestation fait peur aux gens », estime Denis Lagrue.

      Suffisamment en tout cas pour que la seconde réunion publique, prévue la semaine d’après, n’ait pas lieu. Dans les semaines qui suivent, la situation se tend encore. Il y a d’abord ce dîner-débat organisé par Reconquête dans la ville voisine de Chapelle-Neuve, le 19 octobre. Le maire Les Républicains (LR) de la ville, Jean-Paul Prigent, explique benoîtement avoir accepté de prêter une salle sans avoir bien conscience d’accueillir une opération de Reconquête.

      On a même vu un drapeau suprémaciste flotter sur Callac !

      Gaël Roblin, conseiller municipal de Guingamp

      Des manifestant·es tentent d’empêcher l’événement, se retrouvent gazé·es, voire matraqué·es. La réunion a tout de même lieu. Et une nouvelle manifestation contre le projet est organisée le 5 novembre. Cette seconde manifestation réunit un peu plus d’opposant·es au projet, et plus aussi d’opposant·es aux opposant·es. Aujourd’hui encore, les pro-Horizon s’étonnent que cette seconde manifestation ait été autorisée.

      « Sur cette deuxième manifestation, il y avait tout ce que l’extrême droite compte d’infréquentables ! On a même vu un drapeau suprémaciste flotter sur Callac ! », dénonce Gaël Roblin, conseiller municipal de la gauche extra-parlementaire à Guingamp. Une contre manifestation est organisée, générant quelques affrontements sporadiques avec les forces de l’ordre.

      C’est suffisant pour alerter un peu plus les Callacois et Callacoises, si l’on en croit Lise Bouillot. « On pense aussi que la population a basculé après les manifestations, surtout la deuxième avec des bombes lacrymogènes partout. Le marais a basculé sur le thème “il est temps que ça cesse” », estime l’élue.

      « Depuis septembre et jusqu’à aujourd’hui, l’extrême droite tient le narratif », enrage Erwan Floch’lay. « Il y a une inversion totale où eux sont les résistants et nous les collabos », abonde Sylvie Lagrue, qui poursuit : « Certains disent que si on n’avait rien fait, rien dit, l’extrême droite se serait calmée. » « Mais ça veut dire quoi, “calmée” ? », s’interroge Denis Lagrue.

      « On aurait difficilement pu faire plus ou différemment », estime de son côté Gaël Roblin, qui insiste sur l’organisation « dans l’urgence » de ces deux contre-manifestations. Celui-ci pose tout de même la question du rôle du préfet. Mis au courant des menaces lourdes et répétées qui ont pesé sur les élu·es de Callac, sa réponse est jugée plutôt timide, voire absente. Pour les deux militants syndicaux, la « victoire de l’extrême droite à Callac, c’est avant tout la victoire de l’impunité ».
      « Le pire du pire de la mentalité humaine »

      Lise Bouillot, qui a vu les messages de menace adressés à la majorité (« une horreur, le pire du pire de la mentalité humaine ») « enrage de voir Reconquête crier victoire ».

      Le déroulé de toute cette séquence est en tout cas regardé de près, et avec inquiétude, à quelque 150 kilomètres au sud de Callac. À Saint-Brévin-les-Pins (Loire-Atlantique), un bâtiment situé à côté d’une école subit actuellement des travaux en vue de sa transformation en centre d’accueil de demandeurs d’asile (Cada).

      Michel Sourget et Yannick Josselin, tous deux militants pour un accueil solidaire des migrantes et migrants, nous reçoivent dans la maison du premier, à quelques mètres de la plage. Ici aussi, les opposants locaux ont été rejoints par l’extrême droite nationale. « On a vu Pierre Cassen, fondateur du site d’extrême droite Riposte laïque, venir défiler le 11 décembre. Il y a très peu de parents d’élèves dans le collectif d’opposants, justement à cause de la présence de l’extrême droite », expose Michel Sourget.

      Comme à Callac, la ville reçoit déjà des réfugié·es « et les gens constatent que ça se passe bien », note Yannick Josselin, ancien éducateur spécialisé. L’association qui va gérer le Cada, Aurore, a reçu deux personnes du collectif d’opposants, « alors ils ne peuvent pas dire qu’ils ne sont pas informés ».

      Pour ces deux habitants de Saint-Brévin, le plus dur est de ne pas savoir « comment les choses vont tourner ». Ils notent que le maire semble tenir bon face à l’extrême droite, ce qui s’explique peut-être aussi par le fait que Saint-Brévin est une ville plus grande, avec plus de 13 000 habitant·es. Par ailleurs, les travaux ont déjà démarré et une tentative d’occupation des locaux par l’extrême droite a tourné au fiasco, car les occupants n’étaient pas assez nombreux.

      Qu’importe pour Reconquête. Si Saint-Brévin est l’une des cibles du moment, le mouvement d’Éric Zemmour n’en manque pas. Dans les Côtes-d’Armor, ses militants et militantes ont tenté, sans succès, de faire annuler une animation intitulée « Uniques en son genre » impliquant la venue de drag-queens de la compagnie rennaise Broadway French, à la bibliothèque de Lamballe.

      Dans ce même département, Reconquête dénonce le fait que des élèves soient invités à échanger avec des migrants pour un concours régional sur « l’immigration à l’échelle locale ». Le parti d’extrême droite tente également d’empêcher le démontage d’une statue de la Vierge sur l’île de Ré. Tout comme il est parvenu, il y a quelques semaines, à clouer au pilori, via une campagne de harcèlement, une enseignante qui voulait emmener des élèves de prépa voir des migrants à Calais.

      Autant de campagnes à l’échelle microlocale pour un parti qui n’a obtenu aucun·e député·e lors des dernières élections législatives, et qui ne peut rester dans les radars que par des coups d’éclat permanents. Au risque, bien réel, d’inscrire la théorie complotiste du « grand remplacement » dans le débat public. A fortiori si la gauche peine à trouver la parade.

      https://www.mediapart.fr/journal/france/220123/callac-comment-la-solidarite-perdu-contre-l-extreme-droite

    • Un média breton visé par des menaces de mort de l’extrême droite : défendons la liberté d’informer
      https://basta.media/Le-media-breton-Le-Poher-vise-par-des-menaces-de-mort-de-l-extreme-droite-d

      Pour avoir rendu compte de la situation à Callac (Côtes-d’Armor) où des groupuscules d’extrême droite se sont violemment opposés à l’accueil de réfugiés, l’hebdomadaire Le Poher fait l’objet d’intimidations. Un rassemblement a lieu le 25 février.

    • Par deux fois, déjà, les membres de ce journal ont été menacés de mort. Le lien entre ces attaques et les évènements survenus à Callac semble évident.

      https://www.lepoher.fr/une-balle-dans-la-tete-de-nouvelles-menaces-contre-le-poher

      Le Poher Hebdo a été visé par une alerte à la bombe ce lundi 20 février 2023, à Carhaix (Finistère). Des gendarmes et un chien renifleur d’explosifs sont intervenus toute la matinée. Aucun explosif n’a été détecté. Une plainte a été déposée. Le rédacteur en chef avait été visé par des menaces de mort ces dernières semaines.
      https://www.ouest-france.fr/bretagne/finistere/l-hebdomadaire-le-poher-vise-par-une-alerte-a-la-bombe-a-carhaix-ce-lun
      #paywall (qui résiste à toute tentative de crackage)

    • Après l’incendie de son domicile, le maire de Saint-Brevin annonce sa démission

      #Yannick_Morez, le maire de Saint-Brevin-les-Pins (Loire-Atlantique), a envoyé sa lettre de démission au préfet, mardi 9 mai. Une décision prise en famille, après l’incendie criminel ayant visé sa maison, mercredi 22 mars.

      (#paywall)

      https://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/saint-brevin-les-pins-44250/info-ouest-france-apres-lincendie-de-son-domicile-le-maire-de-saint-bre

      #démission

    • Menaces de mort et harcèlement antisémite à Callac : le parquet de Paris ouvre une enquête

      Les investigations portent, d’après nos informations, sur les menaces de mort et le harcèlement en ligne à caractère antisémite subis par le fonds privé Merci, à l’origine du projet d’installation de réfugiés à Callac, dans les Côtes-d’Armor.

      D’aprèsD’après nos informations, le parquet de Paris a ouvert, le 20 avril dernier, une enquête préliminaire sur les faits de cyberharcèlement et de menaces de mort à caractère antisémite subis par le fonds de dotation Merci, une structure philanthropique engagée dans le projet d’installation de réfugié·es à Callac (Côtes-d’Armor), initialement porté par la mairie, puis enterré sous la pression de l’extrême droite.

      Ciblée par le parti Reconquête et le Rassemblement national (RN), qui en ont fait le laboratoire de leur guerre civilisationnelle contre le supposé « grand remplacement » des populations blanches et chrétiennes, cette commune de 2 000 habitant·es a fait l’objet, depuis des mois, d’une violente campagne de haine. Principales victimes : des élu·es de Callac (voir ici et là), mais aussi les représentants du fonds Merci, dont le nom de famille, Cohen, a été jeté en pâture sur les réseaux sociaux et a servi à alimenter toutes sortes de théories complotistes et antisémites.

      À la tête de cette structure privée, la famille Cohen s’était illustrée, ces dernières années, dans des projets locaux agroécologiques ou dans la scolarisation d’enfants à Madagascar. Depuis 2018, elle s’investit aussi à travers son antenne Horizon dans la création de « lieux de vie multiculturels » animés par des réfugié·es et des non-réfugié·es, dans l’optique de participer au « développement économique, social et culturel du territoire ».

      Un engagement familial pour la fraternité que Benoît Cohen, par ailleurs écrivain et cinéaste, avait raconté dans Mohammad, ma mère et moi (Flammarion), récit de l’accueil par sa propre mère d’un migrant afghan dans son hôtel particulier du VIIe arrondissement de Paris.

      Dans le cadre du projet Horizon, plusieurs familles de réfugié·es devaient ainsi être accueillies dans le village des Côtes-d’Armor, jusqu’à ce que l’annonce publique du projet, en avril 2022, attire l’attention de l’extrême droite, entraînant des semaines de harcèlement et de mobilisations, orchestrés notamment par des groupes néonazis.

      Le 17 mars dernier, une plainte avait été déposée par les représentants du fonds Merci pour « harcèlement en ligne, provocation à la haine » et « injure en raison de l’appartenance à une religion ».

      Ouverte par le Parquet national de la haine en ligne (PNHL), unité du tribunal de Paris créée en 2021 et spécialisée dans le cyberharcèlement, l’enquête a été confiée à l’Office central de lutte contre les crimes contre l’humanité et la haine en ligne (OCLCH) et la gendarmerie des Côtes-d’Armor, confirme le parquet de Paris à Mediapart.

      Cette procédure s’ajoute aux nombreuses autres déjà ouvertes par le parquet de Saint-Brieuc, à la suite des multiples plaintes déposées dans cette affaire.

      Une dizaine au moins ont été déposées par les élu·es de Callac, mais aussi par des journalistes de France 3 ou du média local Le Poher, victimes de coups de fil anonymes ou de commentaires menaçants sur les réseaux après qu’ils ont couvert l’affaire.

      « Il est regrettable que nous ayons eu à porter plainte pour déclencher une réponse judiciaire à des agissements extrêmement graves », s’agace l’avocat des représentants du fonds, Vincent Brengarth. Il espère que l’enquête donnera lieu à des auditions de médias de la fachosphère comme Riposte laïque, Breizh info ou Résistance républicaine, pointés du doigt pour leur participation active dans les polémiques ayant débouché sur des passages à l’acte (voir ici ou là).

      En plus des messages menaçants et antisémites reçus directement par mail ou sur les comptes Facebook du fonds, la plainte cite, à titre d’exemple, au moins cinq articles publiés entre le 3 juin 2022 et le 17 janvier 2023 sur le site d’extrême droite Riposte laïque, qui reprennent le b.a.-ba de la rhétorique antisémite.

      La famille Cohen y est désignée comme « une caricature de la pourriture des élites mondialistes », dotée d’une « âme infecte » et « de ce qu’il y a de pire dans l’âme humaine ».

      L’avocat estime que ces médias se sont montrés « complices » des faits de harcèlement. « La complicité se caractérise par la coopération coupable des médias qui ont ouvert des espaces de discussion sur leurs sites internet respectifs, sous des articles publiés par la rédaction, peut-on lire dans la plainte, consultée par Mediapart. En laissant ouverts ces espaces de discussion, ils ont permis la prolifération de messages à caractère antisémite sur leurs sites […]. Les médias ont également fait naître l’espérance d’une impunité pour leurs auteurs. »

      Comme d’autres avocats ou associatifs mobilisés sur des affaires similaires impliquant l’extrême droite, Me Brengarth pointe du doigt le silence des autorités, mais aussi des défaillances dans la prise en charge judiciaire de ce genre de dossier.

      Comme l’avait raconté Mediapart, la directrice générale du fonds Merci, victime d’une usurpation d’identité et d’un détournement de son adresse mail, avait quasiment été dissuadée de porter plainte dans un commissariat de Paris. Enregistrée depuis, la plainte a été transférée au parquet de Saint-Brieuc.

      La procédure ouverte par le parquet de Paris le 20 avril intervient dans un moment de mobilisation inédite de l’extrême droite dans le pays, où les passages à l’acte se multiplient sans réaction adéquate du gouvernement. Ainsi, ce n’est qu’après l’annonce publique de sa démission que le maire de Saint-Brevin-les-Pins (Loire-Atlantique), victime d’un incendie criminel après des semaines de harcèlement par l’extrême droite, a été reçu par la première ministre Élisabeth Borne. Auditionné par le Sénat, il a livré l’effarant récit de son abandon par l’État.

      L’inquiétude des pouvoirs publics semble depuis être retombée comme un soufflé. Après les menaces de mort antisémites reçues par la présidente de l’Assemblée nationale elle-même, début juin, plusieurs centaines de tracts néonazis ont été distribués dans des boîtes mails de député·es. Près d’une centaine de villes ont également noté, ces derniers jours, des campagnes de distribution massive dans les boîtes aux lettres de leurs administré·es, comme à Clairvaux-les-Lacs (Jura), commune de 1 400 habitant·es – une enquête a depuis été ouverte pour « apologie de crime contre l’humanité » et « provocation à la haine en raison de l’origine ou de la religion » par le parquet de Lons-le-Saunier. Sans aucune réaction du président de la République.

      https://www.mediapart.fr/journal/france/160623/menaces-de-mort-et-harcelement-antisemite-callac-le-parquet-de-paris-ouvre

  • ENQUÊTE. La Caisse des allocations familiales utilise un algorithme pour détecter les allocataires « à risque »
    https://www.francetvinfo.fr/economie/emploi/carriere/entreprendre/aides/enquete-la-caisse-des-allocations-familiales-utilise-un-algorithme-pour

    « On est devenu une mini-PME. On n’est plus là pour aider les gens, mais pour faire du chiffre. » Ainsi parle un « technicien conseil » qui travaille depuis plusieurs années au sein de l’une des 101 Caisses des allocations familiales (Caf) en France. « Notre prime d’intéressement est calculée en fonction des objectifs atteints par les caisses locales, explique le représentant CGT dans les instances nationales de la Sécurité sociale, Yves Alexis. Or parmi ces objectifs, il y a les délais de traitement, l’accueil… mais aussi la détection de fraudes. »

    Et pour détecter ces fraudes, la Cnaf a recours à une méthode au nom très anglais : le « datamining ». C’est une technique numérique de statistiques prédictives qui, en croisant différentes données dans différentes administrations, est censée identifier les risques d’erreurs ou de fraude dans un dossier d’allocataire. Elle s’est généralisée au sein de la Cnaf à partir de 2010, avec l’utilisation d’algorithmes. « La Cnaf a été le laboratoire, le bon élève du datamining au sein des administrations françaises », explique le sociologue Vincent Dubois, professeur à l’Institut d’études politiques (IEP) de Strasbourg et auteur de l’ouvrage Contrôler les assistés. Genèses et usages d’un mot d’ordre (Ed. Raisons d’Agir). « Elle a développé une politique d’automatisation du déclenchement des contrôles. »

    « Le tournant se situe au milieu des années 90, poursuit l’universitaire. Les organismes de protection sociale vont être poussés par le pouvoir politique à renforcer les contrôles. » À l’époque, l’État lance en effet une politique volontariste de lutte contre la fraude. « Nous avons décidé d’engager une action résolue contre les fraudes sociales, déclare Nicolas Sarkozy, le 15 novembre 2011, à Bordeaux. C’est la fraude qui mine les fondements même de cette République sociale que les frères d’armes de la Résistance ont voulu bâtir pour la France et qu’ils nous ont légué. Frauder la Sécurité sociale, ce n’est pas simplement abuser du système, profiter de ses largesses, c’est voler chacun et chacune d’entre nous. »

    • un très bon article où l’on voit l’influences de lectures faites avec les premier.es concerné.es sur le travail des journalistes (par l’entremise de structures collectives) ce qui est pas du luxe !

      "Contrairement à un contrôle aléatoire où chaque personne aurait la même probabilité d’être contrôlée, cet algorithme entraîne un score de risque élevé pour les personnes les plus précaires, parce qu’à leur statut sont associés des facteurs de risque qui sont en fait des facteurs de précarité, affirme un membre de l’association La Quadrature du net. °C’est la raison pour laquelle, parmi les personnes contrôlées, on retrouve une surreprésentation de personnes aux minima sociaux. Plus quelqu’un est précaire, plus il est considéré comme ’risqué’."_

      Punch line étendue qui va bien mais de fait les « contrôles aléatoires » visaient déjà auparavant des catégories, extrêmement nombreuses, parmi les plus précaires, saucissonnés selon des dizaines de critères en fonction desquels augmentait la probabilité de contrôle, avec des pourcentage de contrôles à effectuer par « catégories ». Ce que les algos raffinent.
      L’argument d’évidence est qu’il faut augmenter la productivité des contrôles, c’est à dire qu’ils débouchent bien sur la récupération d’indus en faveur de la CAF (et surtout pas l’inverse !), des diminutions et des coupures de droits. Cela passe par une meilleure attribution par exemple des moyens humains consacrés aux contrôles domiciliaires (les agents de contrôle assermentés) qui sont à la fois une base (l’intrusion, la #terreur) et la honte de l’institution qui en a le privilège, pas très éloigné de celui de la police lorsqu’elle agit en flagrant ou sur procédure judiciaire (une modalité de « viol » du domicile d’un degré inférieur à la perquise mais d’une rare violence ).

      edit

      [#datamining] la Caf minimise l’utilisation de cette technologie. Selon elle, seuls 6 % de l’ensemble des contrôles seraient issus de l’outil datamining, tout en reconnaissant que 70 % des contrôles effectués en présence de l’allocataire, qui ont entraîné un remboursement d’allocation, ont bien été initiés par lui

      Peu de place toutefois accordées aux tactiques défensives des ayant droits (ici, faire appel à de très rares asso ou assumer une procédure de plusieurs années au T.A), ce qui assombrit un tableau déjà terrible. Au lieu de les diffuser.

      bon, je dis ça, mais je me retrouvé radié de chez policemploi, RSA coupé, factures en déshérence, faut que je retourne mouliner du recours ha ha ha

      #toctoc nonobstant la diffusion d’une ambiance de peur qui contribue à la force d’institutions qui marchent à la trouille, au fait de se faire passer passer pour toute puissantes (ce qu’elles sont en partie : 0 thune, c’est pas rien)

      #Caf #contrôles #minima #guerre_aux_pauvres

    • Tu peux avoir droit aussi à la dénonciation par le propriétaire de ton logement, même insalubre, comme cela m’est arrivé avec à la clef contrôle au domicile qui n’a rien donné, j’étais en règle d’après eux.

      Et surtout dans cet algo, qui décide des critères, quels sont-ils, personne ne le sait, c’est l’#opacité_totale. Je vois des jeunes qui font des tests en ligne pour savoir à combien s’élèvent leurs #droits_sociaux pour prendre un logement en fonction et à qui la CAF annonce ensuite bien moins que sur l’évaluateur en ligne.

  • Racisme de la police en France. Un thread de "Barbure" sur twitter.

    Ça fait 1 an et demi que je documente le racisme de la police en France. J’ai un doc Word de 16 pages avec juste des liens d’articles, de rapports...
    Je ne sais pas quoi faire de ces ressources, donc le voici sous forme de thread.

    https://twitter.com/_Barbure_/status/1588288232101662721

    Un document avec compilation de tous les liens :
    https://docs.google.com/document/d/1ps3V-dkCLrPrP3WvUj9MBnWp0DXKWqUgbffQIE0ngwk/edit

    #mots #vocabulaire #racisme

    –------

    Les personnes au profil de « jeune homme perçu comme noir ou arabe » ont une probabilité 20 fois plus élevée que les autres d’être contrôlés par la police.
    https://t.co/QKhRUciw3G

    L’impact du #contrôle_au_faciès (Rapport de Justice Initiative)
    https://t.co/Fm0QyWI3Mr

    Police et #minorités_visibles : les #contrôles_d’identité à Paris
    https://www.justiceinitiative.org/publications/profiling-minorities-study-stop-and-search-practices-paris/fr

    « Ils nous parlent comme à des chiens », Contrôles de police abusifs en France (Rapport de Human Rights Watch, dénonçant des “contrôles abusifs et racistes” sur des enfants noirs et arabes )
    https://www.hrw.org/fr/report/2020/06/18/ils-nous-parlent-comme-des-chiens/controles-de-police-abusifs-en-france

    “Insultes racistes, recours excessif à la force, coups, homicides illégaux..."
    Ce rapport révèle un système qui favorise l’impunité des policiers accusés de ces actes.
    https://www.amnesty.org/fr/documents/eur21/003/2009/fr

    Racisme dans la police : Mediapart révèle un rapport interne qui appelle à « nommer les faits par leur nom »
    https://www.mediapart.fr/journal/france/011122/racisme-dans-la-police-mediapart-revele-un-rapport-interne-qui-appelle-nom

    L’Etat condamné pour faute lourde après les contrôles d’identité au faciès de trois lycéens
    https://www.lemonde.fr/police-justice/article/2021/06/08/l-etat-condamne-pour-faute-lourde-apres-les-controles-d-identite-au-facies-d

    Les personnes tuées par la police sont « essentiellement des jeunes et des personnes issues de minorités visibles », observe l’Acat dans son rapport.
    https://t.co/dmjqcGhTlh

    "On a peur qu’ils soient blessés ou tués" : comment des familles noires et arabes apprennent à leurs enfants à vivre avec les forces de l’ordre
    https://www.francetvinfo.fr/faits-divers/police/violences-policieres/on-a-peur-qu-ils-soient-blesses-ou-tues-comment-des-familles-noires-et-

    "Nègres", "pédés", "con de maghrébin" : des collégiens racontent leur interpellation
    https://www.radiofrance.fr/franceinter/negres-pedes-con-de-maghrebin-des-collegiens-racontent-leur-interpellati

    Contrôles d’identité : des #discriminations vécues dès l’adolescence, selon une étude
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/06/22/le-rapport-avec-la-police-se-construit-des-le-plus-jeune-age-selon-une-etude

    "Quand on vous traite de bougnoule le premier jour de votre affectation, c’est qu’il y a un problème" : un agent victime de racisme au sein de la police témoigne
    https://www.francetvinfo.fr/faits-divers/police/quand-on-vous-traite-de-bougnoule-le-premier-jour-de-votre-affectation-

    Racisme dans la police : « Ceux qui ont le courage de parler en prennent plein la gueule »
    https://connexion.liberation.fr/autorefresh?referer=https%3a%2f%2fwww.liberation.fr%2ffrance%2f

    “Bougnoule, bicot, youpin, négro, c’est rigolo pour eux" : une policière dénonce le racisme de ses collègues
    https://www.bfmtv.com/police-justice/bougnoule-bicot-youpin-negro-c-est-rigolo-pour-eux-une-policiere-denonce-le-r

    Magouilles, nazisme et violence : un « policier repenti » se livre
    https://www.mediapart.fr/journal/france/211218/magouilles-nazisme-et-violence-un-policier-repenti-se-livre
    https://www.youtube.com/watch?v=qy35OmwkoeA

    Des policiers utilisent le terme « négroïde » dans leurs enquêtes
    https://www.mediapart.fr/journal/france/160620/des-policiers-utilisent-le-terme-negroide-dans-leurs-enquetes?onglet=full

    "Il y a beaucoup plus de coups à prendre à dénoncer qu’à ne rien dire" : un policier dénonce l’omerta autour du racisme au sein de sa profession
    https://www.francetvinfo.fr/economie/emploi/metiers/droit-et-justice/il-y-a-beaucoup-plus-de-coups-a-prendre-a-denoncer-qu-a-ne-rien-dire-un

    "Tout le monde le sait, le voit et le subit" : des policiers racontent le racisme dans leurs rangs
    https://www.francetvinfo.fr/faits-divers/police/violences-policieres/tout-le-monde-le-sait-le-voit-et-le-subit-des-policiers-racontent-le-ra

    "J’étais l’arabe de service" : Mehdi, ex-policier, raconte le racisme subi dans un commissariat
    https://www.radiofrance.fr/franceinter/j-etais-l-arabe-de-service-mehdi-ex-policier-raconte-le-racisme-subi-dan

    Des milliers de policiers s’échangent des messages racistes sur un groupe Facebook
    https://www.streetpress.com/sujet/1591288577-milliers-policiers-echangent-messages-racistes-groupe-facebo

    « #FDO_22_unis », un deuxième groupe Facebook où des milliers de policiers échangent des messages racistes
    https://www.streetpress.com/sujet/1591618480-fdo-22-unis-deuxieme-groupe-facebook-milliers-policiers-echa

    « Bougnoules », « nègres », « fils de pute de juifs » : quand des policiers racistes se lâchent
    https://www.mediapart.fr/journal/france/040620/bougnoules-negres-fils-de-pute-de-juifs-quand-des-policiers-racistes-se-la

    Gardiens de la paix
    https://www.arteradio.com/son/61664080/gardiens_de_la_paix

    Au procès des policiers de Rouen : « On baigne dans un racisme ambiant »
    https://www.mediapart.fr/journal/france/040921/au-proces-des-policiers-de-rouen-baigne-dans-un-racisme-ambiant?onglet=ful

    #Violence, racisme, #sexisme : Le témoignage glaçant d’une policière
    https://www.youtube.com/watch?v=BsRDCW1YHLc&feature=youtu.be

    "#Légitime_défense" ou "#racisme_policier" : depuis 40 ans, l’#impunité sur le banc des accusés ?
    https://www.radiofrance.fr/franceculture/legitime-defense-ou-racisme-policier-depuis-40-ans-l-impunite-sur-le-ban

    Bamboula, ça reste encore à peu près convenable", lâche un syndicaliste policier sur France 5
    https://www.francetvinfo.fr/faits-divers/arrestation-violente-a-aulnay-sous-bois/video-bamboula-ca-reste-encore-a-peu-pres-convenable-dit-un-syndicalist

    Violences en série, menaces de viol, racisme : enquête sur la police d’Argenteuil
    https://www.streetpress.com/sujet/1593693154-violences-policieres-menaces-viol-racisme-enquete-police-arg

    « L’alcool est toléré en gendarmerie, pas les Arabes » - Un gendarme raconte 10 ans de racisme
    https://www.streetpress.com/sujet/1664887412-alcool-gendarmerie-arabes-gendarme-temoignage-racisme-discri

    Racisme et apologie des violences policières sur TN Rabiot, le groupe Facebook qui regroupe des milliers de fonctionnaires
    https://www.streetpress.com/sujet/1606917498-racisme-apologie-violences-policieres-groupe-facebook-michel

    Un CRS qui a arboré un blason nazi vient d’être... promu brigadier-chef
    https://www.marianne.net/societe/un-crs-qui-arbore-un-blason-nazi-vient-d-etre-promu-brigadier-chef#Echobox

    « Hitler n’a pas fini le travail » et autres insultes racistes par des policiers du TGI
    https://www.streetpress.com/sujet/1622562263-insultes-racistes-antisemites-policiers-tgi-racisme-police-h

    "Les Blancs, on ne les contrôle pas. On va chercher les Noirs, les Arabes, les Pakistanais"
    https://www.youtube.com/watch?v=_bmwJreChoo&feature=youtu.be

    « Je ne veux pas être dans le groupe du bougnoule » : des policiers de Nancy faisaient régner un « climat de haine »
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2021/09/07/je-ne-veux-pas-etre-dans-le-groupe-du-bougnoule-a-nancy-des-policiers-faisai

    « Un policier a dit “Regarde comment on casse un bras” et... »
    https://www.streetpress.com/sujet/1638884427-violences-policier-bras-casse-saint-quentin-aisne-justice-ig

    "J’ai été torturé dans le commissariat de Sint-Quentin par des policiers"
    https://www.youtube.com/watch?v=w8BSH_DfxUI&feature=youtu.be

    #Violences_policières : un homme de 19 ans dénonce des actes de « torture » subis au commissariat de Juvisy-sur-Orge
    https://www.liberation.fr/societe/police-justice/violences-policieres-un-homme-de-19-ans-denonce-des-actes-de-torture-subi

    « Ni bougnoule ni gonzesse » : au procès de la « meute » de la #BAC de nuit de Nancy
    https://www.mediapart.fr/journal/france/120322/ni-bougnoule-ni-gonzesse-au-proces-de-la-meute-de-la-bac-de-nuit-de-nancy#

    Insultes islamophobes et nostalgie du Troisième Reich, bienvenue à la Bac de nuit de Nancy
    https://www.streetpress.com/sujet/1647255530-insultes-islamophobes-nostalgie-nazis-reich-bac-nuit-nancy-p

    Violences policières, racisme, vol, mensonges : l’affligeante impunité de l’unité CSI 93
    https://www.liberation.fr/societe/police-justice/violences-policieres-racisme-vol-mensonges-laffligeante-impunite-de-lunit

    Violences, étranglement, sachet d’herbe sorti de la poche du brigadier... Une caméra de surveillance a tout enregistré, @Libe révèle l’intégralité de ces images accablantes pour la CSI 93.
    https://www.liberation.fr/societe/police-justice/violences-policieres-racisme-vol-mensonges-laffligeante-impunite-de-lunit

    Écœuré par les actualités récentes et les commandes politiques, le policier français Alexandre Langlois a demandé à être relevé de ses fonctions. Notre correspondante @BedardME l’a rencontré.
    https://twitter.com/RadioCanadaInfo/status/1335670419618230275

    (Sur la question de l’impunité, je vous conseille cet article "#IGPN : plongée dans la fabrique de l’impunité" :
    https://www.mediapart.fr/journal/france/120620/igpn-plongee-dans-la-fabrique-de-l-impunite

    Il y a aussi ce podcast, où d’ancien policiers parlent de la #culture_raciste au sein de la police (qu’ils ont quitté)
    https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-pieds-sur-terre/police-tu-l-aimes-ou-tu-la-quittes-9658915

    Un autre témoignage, sur le racisme dans la #gendarmerie :
    https://www.youtube.com/watch?v=Io7s1mdNzYk

    Quand la BAC de Nancy était noyautée par un violent groupuscule raciste
    https://www.leparisien.fr/faits-divers/quand-la-bac-de-nancy-etait-noyautee-par-un-violent-groupuscule-raciste-0

    Sept policiers de la BAC de Nancy condamnés pour « harcèlement » et injures racistes
    https://www.mediapart.fr/journal/france/140522/sept-policiers-de-la-bac-de-nancy-condamnes-pour-harcelement-et-injures-ra

    VIDÉO. « Espèce de con », « connard » : des policiers tabassent et insultent des jeunes à Lille
    https://www.revolutionpermanente.fr/Violences-policieres-A-Lille-des-policiers-frappent-et-insulten

    Un autre témoignage d’un ancien policier
    « Chaque fois qu’il croisait des jeunes de cités d’origine maghrébine, il disait "regarde-moi ces bonnes geules de racailles, moi je te réglerais ça à coup de lance-flamme" »
    https://www.youtube.com/watch?v=TDAGLrzurq4

    Les exilés à la rue racontent des violences policières trop banales
    https://www.streetpress.com/sujet/1666084694-exiles-rue-violences-policieres-harcelement-sexuel-police-po

    Coups de Taser dans les testicules : l’IGPN enquête sur l’interpellation d’un Malien sans papiers
    https://www.mediapart.fr/journal/france/101121/hold-violente-interpellation-45-jours-d-itt-et-des-coups-de-tasers-dans-le

    « Mon frère a été tué par la police d’une balle dans la tête »
    https://www.streetpress.com/sujet/1610725671-frere-tue-police-balle-tete-gaye-camara-violences-justice

    Viry-Châtillon : comment la police a fabriqué des faux coupables
    https://www.youtube.com/watch?v=qpkxkupSQVs&feature=youtu.be

    « J’ai été violé par deux policiers dans un commissariat. »
    https://twitter.com/_Barbure_/status/1588288240338972673
    #viol

    « Il y a une femme qui m’a tenu les pieds, pendant qu’un policier me tapait avec la pointe de ses pieds » : Gabriel a été interpellé à Bondy. Gabriel a 14 ans. 14 ans. Gabriel a accepté de nous raconter son histoire. Entretien avec @davidperrotin
    https://twitter.com/Loopsidernews/status/1269154225038209024

    #Gabriel , 14 ans victime de violences policières. La version des policiers est un chef d’oeuvre :


    https://twitter.com/younousomarjee/status/1269209379531825152

    L’affaire #Théo (thread) :
    https://twitter.com/nicolaschapuis/status/1331170006533623808

    #Affaire_Théo : un simple blâme pour les deux policiers renvoyés devant les assises ?
    https://www.leparisien.fr/seine-saint-denis-93/affaire-theo-un-simple-blame-pour-les-deux-policiers-renvoyes-devant-les-

    Quatre mineurs du Val-de-Marne dénoncent une garde à vue abusive et des propos à caractère raciste et homophobe
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/06/12/quatre-mineurs-du-val-de-marne-denoncent-une-garde-a-vue-abusive-et-des-prop

    Noisy-le-Grand : la vidéo qui accable la police
    https://www.lemediatv.fr/articles/2021/exclusif-noisy-le-grand-la-video-qui-accable-la-police-76yHk0XATSy_V5JY6vi

    Vous vous rappelez la tentative de meurtre raciste dans le Jura ?
    Le flic a pas entendu les insultes racistes du gars, par contre il a entendu les insultes de la victime... Qui est poursuivie pour avoir dégradé la bagnole qui lui a foncé dessus, WTF ?
    https://twitter.com/UnMondeRiant/status/1402001135356030988

    Tir policier mortel à Sevran : l’homme abattu était « une figure emblématique » du quartier des Beaudottes
    https://www.leparisien.fr/seine-saint-denis-93/tir-policier-mortel-a-sevran-lhomme-abattu-etait-une-figure-emblematique-

    Menacé de prison après avoir été criblé de balles par la Bac : l’incroyable acharnement contre Nordine A.
    https://www.revolutionpermanente.fr/Menace-de-prison-apres-avoir-ete-crible-de-balles-par-la-Bac-l-

    Survivant à des tirs policiers et emprisonné : Nordine et Merryl racontent leur calvaire judiciaire
    https://www.youtube.com/watch?v=d4H68tpqZ6w&t=18s

    VIDÉO. « Un bicot comme ça, ça ne nage pas » : indignation après des propos racistes tenus par des policiers
    https://www.leparisien.fr/video/video-un-bicot-comme-ca-ca-ne-nage-pas-indignation-apres-des-propos-racis

    « Un bicot, ça ne nage pas » : cinq jours d’exclusion pour deux policiers
    https://www.liberation.fr/societe/police-justice/un-bicot-ca-ne-nage-pas-cinq-jours-dexclusion-pour-deux-policiers-2021101

    Aux racines du #racisme_systémique de la police
    https://www.liberation.fr/debats/2020/06/15/aux-racines-du-racisme-systemique-de-la-police_1791267

    Aux racines de l’histoire raciste de la police
    https://www.binge.audio/podcast/programme-b/aux-racines-de-lhistoire-raciste-de-la-police

    En 2013, des policiers arrêtent un jeune homme noir innocent, le rouent de coups, l’étranglent. Un de leur collègue précise “c’est pas lui”, ils continuent. Son grand frère arrive, ils le frappent, lui tirent dessus au niveau du visage… avant d’éborgner leur mère à la grenade.
    Ils ont été acquittés
    https://www.lemonde.fr/police-justice/video/2021/06/02/enquete-video-en-seine-saint-denis-comment-une-operation-de-police-a-vire-au

    J’ai pas encore parlé du documentaire de Désarmons-les :
    https://www.youtube.com/watch?v=zrHcc_rPacE

    Quartier tranquille, coin peinard. Y’a R.
    Flic : balance du gaz répulsif sur les canapés puis casse une chicha au sol. Un habitant l’interpelle et râle. Normal.
    Réponse du flic : "Descends de chez toi ... avec ta sale gueule de singe, là"
    Vu leur impunité, pourquoi se gêner ?
    https://twitter.com/ValKphotos/status/1454691724115292165

    Violences policières : les images accablantes du tir de LBD qui a mutilé #Adnane_Nassih
    https://www.liberation.fr/societe/police-justice/les-images-accablantes-du-tir-de-lbd-qui-a-mutile-adnane-nassih-20210504_

    Cet article sur le phénomène des "#amendes_gratuites" me semble intéressent, et peu connu :
    Jusqu’à 10 000 euros d’amendes cumulées durant les couvre-feux : des jeunes de quartiers dénoncent un harcèlement
    https://www.mediapart.fr/journal/france/210721/jusqu-10-000-euros-de-contraventions-des-jeunes-de-quartiers-denoncent-un-

    Amendes abusives : pendant le confinement, « un acharnement » dans les quartiers populaires
    https://www.liberation.fr/societe/amendes-abusives-pendant-le-confinement-un-acharnement-dans-les-quartiers

    "Je suis endetté à hauteur de 2700 euros" : des jeunes de quartiers populaires parisiens victimes d’#amendes_abusives
    https://www.bfmtv.com/paris/je-suis-endette-a-hauteur-de-2700-euros-des-jeunes-de-quartiers-populaires-pa

    La Brigade des mamans contre les amendes abusives de leurs enfants
    https://www.bondyblog.fr/societe/police-justice/la-brigade-des-mamans-contre-les-amendes-abusives-de-leurs-enfants

    Contrôle de police mortel à Marseille : « Mon fils est mort, je demande que vérité soit faite »
    https://www.liberation.fr/idees-et-debats/tribunes/controle-de-police-mortel-a-marseille-mon-fils-est-mort-je-demande-que-ve

    Si, il y a une histoire raciste de la police
    https://www.binge.audio/podcast/programme-b/si-il-y-a-une-histoire-raciste-de-la-police

    Rapport de 2019 du Réseau européen contre le racisme (ENAR) sur les crimes à motivation raciale et le racisme institutionnel : ces infractions sont en augmentation en Europe, mais ne sont souvent pas signalées. « Pour les victimes de ces crimes, les mauvais traitements, les abus et les violences de la part de la police sont un facteur déterminant dans la décision de ne pas les signaler aux forces de l’ordre », rapportait alors l’étude.
    https://www.enar-eu.org/IMG/pdf/shadowreport2018_final.pdf

    Samedi 17 Aout, nous avons déposé notre toute nouvelle cuve d’eau sur un des lieux de vie du Calaisis, ou chaque jours sont déposés environ 2 000L d’eau.
    Dimanche 18 aout 17h30, elle est lacérée au couteau par les forces de police et CRS.
    https://twitter.com/CalaisFoodCol/status/1430946921011720202

    Tirs policiers à Stains : « je me suis vu mourir »
    https://www.bondyblog.fr/societe/police-justice/tirs-policiers-a-stains-je-me-suis-vu-mourir

    –---

    Le reste sur ce google doc :
    https://docs.google.com/document/d/1ps3V-dkCLrPrP3WvUj9MBnWp0DXKWqUgbffQIE0ngwk/edit

  • EU funds border control deal in Egypt with migration via Libya on rise

    The European Union signed an agreement with Egypt on Sunday (30 October) for the first phase of a €80 million border management programme, a statement from the EU delegation in Cairo said, at a time when Egyptian migration to Europe has been rising.

    The project aims to help Egypt’s coast and border guards reduce irregular migration and human trafficking along its border, and provides for the procurement of surveillance equipment such as search and rescue vessels, thermal cameras, and satellite positioning systems, according to an EU Commission document published this month.

    Since late 2016, irregular migration to Europe from the Egypt’s northern coast has slowed sharply. However, migration of Egyptians across Egypt’s long desert border with Libya and from Libya’s Mediterranean coast to Europe has been on the rise, diplomats say.

    From1 January to 28 October this year 16,413 migrants arriving by boat in Italy declared themselves to be Egyptian, making them the second largest group behind Tunisians, according to data published by Italy’s interior ministry.

    In 2021 more than 26,500 Egyptians were stopped at the Libyan border, according to the EU Commission document.

    Egypt is likely to experience “intensified flows” of migrants in the medium to long term due to regional instability, climate change, demographic shifts and lack of economic opportunities, the document says.

    The agreement for the first 23 million-euro phase of the project was signed during a visit to Cairo by the EU’s commissioner for neighbourhood and enlargement, Oliver Varhelyi.

    It will be implemented by the International Organization for Migration (IOM) and CIVIPOL, a French interior ministry agency, and is expected to include the provision of four search and rescue vessels, Laurent de Boeck, head of IOM’s Egypt office, said.

    The EU Commission document says that to date, Egypt has addressed irregular migration “predominantly from a security perspective, sometimes at the expense of other dimensions of migration management, including the rights based protection migrants, refugees and asylum seekers”.

    The programme will seek to develop the capacity of the Egyptian ministry of defence and other government and civil society stakeholders to apply “rights-based, protection oriented and gender sensitive approaches” in their border management, it says.

    https://www.euractiv.com/section/global-europe/news/eu-funds-border-control-deal-in-egypt-with-migration-via-libya-on-rise

    #EU #UE #Union_européenne #migrations #asile #réfugiés #contrôles_frontaliers #frontières #externalisation #Egypte #accord #border_management #aide_financière #gardes-côtes #surveillance #complexe_militaro-industriel #réfugiés_égyptiens #CIVIPOL #IOM #OIM

    • EU funding for the Egyptian Coast Guard (Strengthening a Partnership That Violates Human Rights)

      The Refugees Platform in Egypt (RPE) issues a paper on the European Union’s decision, last June, to fund the Egyptian Coast Guard with 80 million euros, an amount that will be paid in two phases with the aim of “purchasing maritime border control equipment”, but there are no details about what the equipment is and how it is going to be used, and without setting clear indicators to ensure accountability for potential human rights violations and protect the rights of people on the move.

      The paper notes that the EU has previously provided funding to strengthen migration management in Egypt, but in fact, the funds and support of the EU have contributed to tightening restrictions on irregular migration in Egypt, by using law No. 82 of 2016, the law in which among several things, it criminalizes aiding irregular migrants and contradicts with other laws that expand the circle of human rights violations against people on the move. RPE paper also criticizes the EU’s demand to enhance cooperation between Egypt and Libya in the field of migration, especially since the two countries have a long record of violations of the rights of migrants and refugees.

      In the paper, incidents are tracked on the Egyptian side’s sea and land borders, and falsification of official figures related to the sinking of migrant boats, or the announcement of deaths of people who later turned out to be alive and being held in unknown places, and the violations that follow arbitrary arrest from medical negligence and forced deportation, and the paper also adds another monitoring of the refugee situation inside the country.

      Paper contents:

      – Ambiguous and worrying funds
      – EU cooperates with authoritarian regimes to suppress migration movements
      – Egypt’s successive failures in search and rescue operations and in providing the necessary protection to migrants and refugees, both at the borders and within the country
      – More funds without transparency, independent monitoring mechanisms, or prior assessments of their impact on migrants’ rights
      - Recommendations to (the EC, the EU and its Member States, and the Egyptian government)

      https://rpegy.org/en/editions/eu-funding-for-the-egyptian-coast-guard-strengthening-a-partnership-that-viol

  • At the heart of Fortress Europe: A new study about Austria’s role in border externalization policies in the Balkans

    On the 28th of September 2020, Ayoub N. and six of his friends were chain pushed back from Austria to Slovenia, Croatia, and eventually back to Bosnia and Herzegovina (BiH), from where Ayoub had begun his journey to Austria a few weeks earlier. Ayoub, like many others, had been stuck for years in between the EU member states, in the Balkans, and this was just another attempt to reach the Schengen Zone. He continued trying even after this push-back. In July 2022, Ayoub was still stuck inside the Balkan Circuit (Stojić Mitrović and Vilenica 2019), a region of transit with many loops, within which movement is circular, going forward and backwards because of border violence.

    Exactly one year after Ayoub and his group of friends experienced the chain push-back, Austrian Interior Minister, Karl Nehammer, finished his trip to Kosovo, Albania, and Montenegro meant to coordinate joint frameworks for fighting what he calls illegal migration, terrorism, and organized crime. During the trip, he announced that a “Return Conference” would take place a few months later in Vienna. The gathering in February 2022 brought together high-ranking officials from more than 22 countries, including representatives of EU agencies and think tanks. The main focus of the event was supporting Western Balkan[1] states with effective deportation practices through the newly established “Joint Coordination Platform against irregular migration.” BiH was mentioned as one of the platform’s main partners, and during the press conference organized after the event BiH Security Minister Selmo Cikotić stated that “With the support of the EU and some proactive partners, like Austria, we could move from a crisis situation to migration management.”

    It is not known to the public how the “return mechanisms” discussed would materialize and on what legal grounds the return of people would take place. In 2021, a parliamentary request for information focused specifically on Austria’s plans to return people to the Western Balkans, while another asked details about the role of BiH. In response to the queries, the interior minister emphasized that Austria is “only” providing good practice, expertise, and training, while partner countries can state their specific needs and are, in the end, responsible for ensuring that the human rights of those concerned will be upheld. This is a common rhetorical practice in the context of EU border externalization policies, with EU countries only providing knowledge and equipment, while “accession” countries in the Balkans have to fulfil the dark side of Europeanization.

    Austria took over a key role in building up a network of multilateral stakeholders that enables the fortification of Europe on diplomatic and informal levels, while states and locations near and far from Central Europe face the consequences of these policies; BiH is one example.

    Lobbying for Externalization

    In July 1998, Austria took over the EU presidency. As its first intervention on the issue of EU-migration policy, it introduced the Strategy Document on Immigration and Asylum Policies, which was sent to the European Council for further discussion. In this document, Austria advocated for a unified approach to migration in the Schengen area, which at that moment comprised 15 countries. It proposed the “Europeanization of migration policy,” while describing the existing approach and structures dealing with migration as “relatively clumsy.” The document called for more cooperation with “third states” in exchange for economic and other benefits. The Strategy envisaged that “Fortress Europe” should be replaced by the “concentric circles of the migration policy,” which included EU neighboring countries. Further, the neighboring partners “should be gradually linked into a similar system” that would eventually be similar to the “first circle,” meaning the EU member states. As for “transit countries,” the main approach would be to “eliminate push factors” in them. The Strategy called for the “tightening of the pre-accession strategy… as far as migration policies are concerned.” In addition, it stressed the need for agreements with third countries that would allow the return of people whose asylum applications were rejected, as well as the introduction of policies that would deter migration in general. The paper also argued that the Geneva Convention was outdated and that individual rights should be replaced with “political offers” of EU membership, or other types of cooperation.

    By the end of the year, this proposal had been amended twice, but in the end it was rejected. A number of non-governmental organizations, including the International Federation for Human Rights, condemned the document on account of its harsh language and the restrictive measures proposed. Even though it was never adopted, the document remains a guideline, and some of its measures were put in place, especially in Austria. Along with several Balkan neighboring countries, Austria became more involved in security-related questions in the region, establishing various organizations and groups that are visibly active in the field, including the Salzburg Forum as one key intergovernmental group. Since the early 1990s, the forum functioned as a lobbying group, not only within the framework of the EU and on a regional level between its partners, but also on an often invisible level that reaches far beyond the EU. Austria played a key role in establishing the forum and is also one of its leading members. While the forum did not always achieve its strategic goals (Müller 2016, 28), it became a testing ground for fueling anti-Muslim and anti-migrant sentiments in Europe, and spearheaded plans for the dark future of EU border externalization policies. The multilateral cooperation within the Forum was based on debate, dialogue, exchange of ideas, and strategic planning; the establishment of its operative tool, the Joint Coordination Platform, is another step in cementing the externalization of border management to the Balkans.

    Coordinating “Migration Management”

    The Joint Coordination Platform (JCP) is a network that coordinates political and strategic intervention outside the Schengen Area, monitoring and controlling the EU’s external borders, as well as actions in third countries. Although it was already in the planning for several years, the JCP was inaugurated in Vienna after the Return Conference in February 2022. The JCP office is led by former Frontex Vice-President Berndt Körner and by lawyer Bohumil Hnidek,[2] and will provide a hinge function for Frontex operations in the Balkans (Monroy 2022). As the Frontex agency is not allowed to organize deportations to third countries, in the future it may support deportations from different EU countries to the Balkans, while the JCP would coordinate and monitor the rest of the “local” operations. In September 2022, the first deportations from Bosnia to Morocco with the support of the JCP already took place.

    The investigative journalist Matthias Monroy further links the Vienna-based think tank ICMPD, led by former Austrian Vice-Chancellor Michael Spindelegger (ÖVP), to the operational implementation of regional return mechanisms to the Balkans. As early as 2020, the JCP started training police officers from BiH for conducting deportations. The training of 50 “return specialists” was recently described by Austrian Interior Minister Karner: “We help with training, impart standards, but that doesn’t change the responsibility that remains in the respective countries. It is about observing all international standards.”

    To understand ICMPD’s practices on the ground, it is worth reviewing the project descriptions of its Western Balkans and Turkey office in recent years. The long-standing partner of the Salzburg Forum implements migration management, border management, and capacity building in the Balkans, for example by providing the border police in Kosovo[3] with technical and biometric equipment to register people on the move; and supporting the border police in Albania[4] with equipment for land border surveillance and maritime border surveillance and control. Capacity building in Albania means in particular providing patrol boats and surveillance vehicles. The regional capacity building projects further cover information campaigns for people in Afghanistan, Iraq, and people on the move in the Western Balkans.[5] Labelled as protection and support for migrants, ICMPD invests in the enhancement of migrant information systems[6] for authorities in BiH to implement entry control, registration, and data collection mechanisms. The “electronic biometric residence permit cards,” which should be made available through such projects, point not only to the on-ground preparation but also to the implementation of what investigative journalists call “extra-European Dublin.” This includes for example “Balkandac,” a fingerprint database in the Balkans that would allow countries to deport third-country nationals to countries with readmission agreements before entering the EU Schengen area.

    It is important to highlight that ICMPD has entered the Joint Coordination Platform with years of experience in implementing EU border externalization projects in Africa and the Middle East (Naceur 2021).

    Another active regional partner of the Joint Coordination Platform is Hilfswerk International. Next to the 1 million Euro in Austrian Development Aid that was used as an emergency relief fund through IOM in BiH in 2021, the Upper Austrian Federal Government donated 100,000 Euro to support the construction of a water system in the Lipa camp.[7] The project was implemented by Hilfswerk International, which has been working in the Balkans and especially in BiH as a humanitarian aid organization since 1996. While the organization covers a broad range of services in BiH, it recently joined the niche of network and capacity building in the field of “migration management” in BiH, Serbia, North Macedonia, and Montenegro.

    Hilfswerk International has joined the field of migration management in Bosnia and Herzegovina as a player that can offer extensive experience on the ground. Considering the top-down and dysfunctional approach implemented by IOM in the region, Hilfswerk International is an organization that is closely linked to Austria-based actors and accessible for unbureaucratic and, according to its managing director, pragmatic solutions. As Regional Director Jašarević stated in an interview about their most recent project:

    … we all know, and it is not a secret, that the EU does not want migrants on their territory. And what now? Should we leave them here to suffer or to disappear? It’s not possible.

    They [the JCP] can use our infrastructure here if needed, but they also organize some events themselves. They are connecting donors and infrastructure. They know what is going on at a much deeper level than we do. And we are happy to contribute. They are working very hard as far as I know. Very few people and very big plans, but very capable people. I think it will be more visible this year. But it has only just started.[8]

    Balkan Route: better coordination with Austrian aid

    Even at the end of the 1990s, Austria’s political landscape paved the way for defining the Western Balkans as a strategic buffer zone for Europe’s increasingly restrictive migration and asylum policies. What has been drafted as a strategy to contain migration in “concentric circles” has since developed into the full-scale implementation of land and sea border zones that legitimate legislation, control, tracking, management of, and violence against people moving in circuits while trying to reach the EU Schengen zone.

    Our study can be used as a tool to further investigate Austrian-based and Austrian-initiated organizations, security corporations, and individual actors that are heavily involved in violent EU border externalization from Vienna to Sarajevo and beyond.

    The full study can be accessed here.

    References:

    Müller, Patrick. 2016. “Europeanization and regional cooperation initiatives: Austria’s participation in the Salzburg Forum and in Central European Defence Cooperation.” Österreichische Zeitschrift für Politikwissenschaft 45, no. 2: 24-34.

    Stojić Mitrović, Marta, and Ana Vilenica. 2019. “Enforcing
    and disrupting circular movement in an EU
    Borderscape: housingscaping in Serbia.” Citizenship Studies 23, no. 6: 540-55.

    Stojić Mitrović, Marta, Nidzara Ahmetašević, Barbara Beznec, and Andrej Kurnik. 2020. The Dark Sides of Europeanisation: Serbia, Bosnia and Herzegovina, and the European Border Regime. Belgrade: Rosa-Luxemburg Stiftung Southeast Europe; and Ljubljana: Inštitut Časopis za kritiko znanosti. https://rosalux.rs/wp-content/uploads/2022/04/169_the-dark-side-of-europeanisation-_vladan_jeremic_and_wenke_christoph_rls.

    [1] The authors only use the term Western Balkans in relation to the process of EU border externalization and accession plans of Albania, BiH, Kosovo, Montenegro, North Macedonia, and Serbia. See Stojić Mitrović et al. 2020, 20-22.

    [2] Bohumil Hnidek is a lawyer and the former Director for International Cooperation and EU Affairs to the Ministry of interior of the Czech Republic.

    [3] MIK: Manage increased influx of migrants in Kosovo, April, March 2021 (Fact Sheet ICMPD, 4).

    [4] EU4SAVEALB: EU Support for the Effective Management of Green and Blue Borders in Albania, February 2019-April 2022 (Fact Sheet ICMPD, 7-8).

    [5] IKAM: Information and capacity building on asylum, legal and irregular migration in Afghanistan, Iraq and the Western Balkans, March 2021-March 2022 (ICMPD Fact Sheet, 9).

    [6] MiS BiH: Enhancement of Migration Information System for Strengthening Migration, Asylum and Border Management in Bosnia and Herzegovina, November 2021-March 2023 (ICMPD Fact Sheet, 9-10).

    [7] In mid-June 2022, people living in Lipa reached out to local volunteers in BiH to inform them that for a week they did not have running water. At that moment, the temperatures were over 40 degrees. Even though less than 400 people were in the camp (capacity is 1,500), people were crammed in containers (six in each) with one small fan, and were receiving a gallon of water per person a day. Every day, one cistern was used. According to the testimony, there was no water in the bathrooms and toilets, either. After the information was published on social media, people in the camp told local volunteers that the employees in the camp threatened some of the residents, warning them that they cannot talk about the camp and saying that if they did not like the place they could leave.

    [8] Interview Suzana Jašarević online, 15 March 2022.

    https://lefteast.org/fortress-europe-austria-border-externalization

    #Autriche #externalisation #asile #migrations #réfugiés #frontières #contrôles_frontaliers #Balkans #route_des_Balkans #push-backs #refoulements #refoulements_en_chaîne #Slovénie #Croatie #migrerrance #violence #Balkan_Circuit #Return_Conference #Joint_Coordination_Platform_against_irregular_migration #renvois #expulsions #Joint_Coordination_Platform (#JCP) #Frontex #ICMPD #Michael_Spindelegger #return_specialists #spécialistes_du_retour #Salzburg_Forum #Kosovo #militarisation_des_frontières #complexe_militaro-industriel #Albanie #surveillance #surveillance_des_frontières #biométrie #Balkandac #empreintes_digitales #réadmission #Hilfswerk_International #Lipa #Bosnie #Bosnie_et_Herzégovine #Serbie #Macédoine_du_Nord #Monténégro

    • At the Heart of Fortress Europe

      The study provides a broad mapping of Austrian-based multilateral cooperation, actors, and or­ganisations that are heavily involved in EU border externalisation policies far beyond Austrian borders – and therefore in the violent and sometimes lethal approach to people on the move.

      Since the ‘long summer of migration’ in 2015 and the sealing of the Balkan Route in 2016, people on the move are trying to make their way to the European Schengen area via Bosnia-Herzegovina. According to Frontex, the Western Balkans has become one of the main migrant routes to Europe. The actors examined here are therefore of particular importance.

      https://www.transform-network.net/publications/issue/at-the-heart-of-fortress-europe

      #rapport

    • Balkans : la #Serbie, la #Hongrie et l’Autriche s’unissent contre l’immigration illégale

      La Serbie a accepté mercredi, en concertation avec la Hongrie et l’Autriche, de déployer des forces de police supplémentaires à sa frontière Sud avec la Macédoine du Nord, afin de lutter contre l’immigration illégale. L’Autriche va envoyer 100 policiers en renfort dans cette zone.

      La Serbie est parvenue à un accord avec la Hongrie et l’Autriche, mercredi 16 novembre, sur le déploiement de patrouilles de police conjointes le long de sa frontière Sud.

      « Nous avons convenu d’engager plus de police (...) à la frontière avec la Macédoine du Nord », a déclaré le président serbe Aleksandar Vucic, lors d’une conférence de presse organisée après la signature de l’accord avec les Premiers ministres hongrois et autrichien, Viktor Orban et Karl Nehammer.

      L’accord vise à freiner en amont les arrivées dans l’Union européenne (UE), la Serbie étant utilisée comme un pays de transit par les migrants. La route des Balkans occidentaux, via la Turquie, la Bulgarie, la Macédoine du Nord et la Serbie, reste la principale porte d’entrée dans l’UE pour les migrants. Près de 130 000 entrées irrégulières dans l’UE à partir de la route des Balkans occidentaux ont été enregistrées sur les dix premiers mois de l’année 2022, soit le nombre le plus fort depuis le pic de la crise migratoire de 2015, selon Frontex.
      « La migration illégale ne devrait pas être gérée, elle devrait être stoppée »

      Karl Nehammer a annoncé que son pays allait déployer 100 officiers de police pour aider son voisin serbe à patrouiller la frontière avec la Macédoine du Nord. Ces patrouilles seront secondées par des moyens techniques tels que « des caméras à vision thermique, des drones et des véhicules », a précisé le Premier ministre autrichien. Le même genre de matériel est déjà utilisé à la frontière serbo-hongroise où, depuis 2017, une clôture s’étend sur 160 km.

      Viktor Orban a, de son côté, affirmé que, depuis le début de l’année 2022, la Hongrie avait empêché 250 000 franchissements illégaux de frontières, dont beaucoup organisés par des passeurs armés. « La migration illégale ne devrait pas être gérée, elle devrait être stoppée », a-t-il ajouté, décrivant la situation à la frontière avec la Serbie comme « difficile ».

      Conséquence du mur érigé entre la Serbie et la Hongrie : les migrants se tournent vers les passeurs, seuls espoirs pour les aider à franchir. Résultat, dans la zone, leur mainmise s’exerce partout, dans les camps informels comme à l’intérieur des centres officiels, comme a pu le constater InfoMigrants sur place en octobre.
      En finir avec le « tourisme de l’asile »

      Toujours mercredi, Aleksandar Vucic a déclaré que son pays imposait désormais des visas aux ressortissants de la Tunisie et du Burundi, une mesure déjà annoncée en octobre mais qui entre ces jours-ci en vigueur.

      L’UE et la Suisse avaient fait pression pendant plusieurs semaines sur la Serbie afin qu’elle modifie sa politique des visas. Ces pays avaient reproché à la Serbie de servir de porte d’entrée vers l’UE à des migrants turcs, indiens, tunisiens, cubains et burundais, dispensés de visas jusque là pour venir dans le pays. C’est maintenant chose faite.

      Le président de la Serbie, du pays candidat à l’UE depuis 2012, avait promis que Belgrade alignerait sa politique des visas sur celle de Bruxelles « d’ici la fin de l’année » en commençant par la révocation des dispenses accordées aux Tunisiens, Burundais et Indiens. « Bientôt, deux autres pays seront soumis à cette même mesure car nous devrons avoir le même régime de visas que l’UE », a-t-il prévenu, sans préciser de quels pays il s’agissait.

      « Je suis reconnaissant envers le président de la Serbie pour tout ce qu’il fait pour en finir avec le ’tourisme de l’asile’ », a réagi, mercredi, Karl Nehammer.

      Ensemble, les Tunisiens, les Burundais, les Indiens, les Cubains et les Turcs représentent seulement 20% des migrants passés par la route des Balkans occidentaux depuis janvier 2022. La grande majorité des personnes qui transitent par la Serbie ne sont donc pas des exilés exemptés de visas. La plupart sont originaires d’Afghanistan et de Syrie.

      http://www.infomigrants.net/fr/post/44816/balkans--la-serbie-la-hongrie-et-lautriche-sunissent-contre-limmigrati

  • Des ONG exhortent l’Italie à abroger l’accord controversé avec les #garde-côtes_libyens

    Des ONG, dont Save the Children et Amnesty International, ont demandé, mercredi, à l’Italie d’arrêter de financer les garde-côtes libyens en abrogeant un accord controversé avec la Libye. De nombreux migrants interceptés en Méditerranée sont renvoyés de force vers ce pays, où les cas de maltraitance sont fréquents.

    Quarante ONG, dont MSF, Save the Children et Amnesty International, ont lancé un appel, mercredi 26 octobre, à destination des autorités italiennes, qu’ils exhortent à ne pas poursuivre leur coopération avec la Libye. En vertu d’un accord controversé, signé en 2017 avec le soutien de l’Union européenne, l’Italie contribue au financement, à la formation et à l’équipement des garde-côtes libyens, qui interceptent les migrants en Méditerranée et les renvoient de force vers la Libye.

    Si Rome ne met pas fin à ce partenariat d’ici au 2 novembre, il sera automatiquement renouvelé pour trois ans, mettent en garde les ONG.

    Claudia Lodesani, responsable de Médecins sans frontières (MSF) en Italie a appelé l’Europe, « défenseur des droits humains », à ne conclure en aucun cas « un accord avec un pays [...] dans lequel les migrants sont torturés, victimes d’esclavage ou de sévices sexuels ».

    Au total, près de 100 000 personnes ont été interceptées de cette manière en cinq ans, selon ces organisations humanitaires. Beaucoup se seraient retrouvées dans des centres de détention libyens, comparés par le pape François à des camps de concentration.
    Un tradition d’accords sur la migration entre Italie et Libye

    Les critiques déplorent un manque de responsabilité, sans transparence sur les bénéficiaires des fonds européens, tandis que les ONG alertent sur une situation de « Far West » en Libye, avec des milices armées se faisant passer pour des garde-côtes libyens. Elles demandent une action urgente du nouveau gouvernement italien d’extrême-droite, qui a prêté serment ce week-end.

    Dans son discours d’investiture devant le Parlement, la nouvelle Première ministre Giorgia Meloni, issue du parti post-fasciste Fratelli d’Italia, s’est engagée mardi à adopter une ligne dure sur les migrants en bateau. L’Italie est depuis longtemps sur la ligne de front des migrations, accueillant chaque année des dizaines de milliers de personnes qui tentent la traversée la plus meurtrière au monde.

    Rome a conclu de nombreux accords dans les années 2000 avec le dictateur libyen Mouammar Kadhafi sur la réduction des flux migratoires. Mais le partenariat avait été suspendu à la suite de la chute du gouvernement libyen, et de la condamnation de l’Italie par la Cour européenne des droits de l’Homme en 2012 pour avoir intercepté et renvoyé de force des personnes en Libye.
    L’Union européenne accusée de « complicité »

    Outre l’Italie, l’Union européenne (UE) a versé depuis 2015 plus de 500 millions d’euros au gouvernement de Tripoli pour l’aider à freiner les départs de migrants vers l’Europe.

    Malgré les preuves de plus en plus nombreuses des cas de maltraitance envers des migrants en Libye, l’UE n’a pas cessé son aide financière au pays. Pire, l’Union a elle-même reconnu dans un rapport confidentiel remis en début d’année que les autorités libyennes ont eu recours à un « usage excessif de la force » envers les migrants et que certaines interceptions en Méditerranée ont été menées à l’encontre de la règlementation internationale.

    L’an dernier, Amnesty international a accusé l’UE de « complicité » dans les atrocités commises sur le sol libyen à l’encontre des exilés. L’ONG, comme le fait l’ONU, exhorte régulièrement les États membres à « suspendre leur coopération sur les migrations et les contrôles des frontières avec la Libye ». En vain.

    En Libye, les abus envers les migrants sont monnaie courante. InfoMigrants a recueilli ces dernières années nombre de témoignages d’exilés racontant les sévices subis dans les prisons clandestines. Plusieurs personnes ont également expliqué craindre de sortir dans les rues, par peur d’un enlèvement par des groupes armés qui extorquent ensuite de l’argent aux proches.

    http://www.infomigrants.net/fr/post/44322/des-ong-exhortent-litalie-a-abroger-laccord-controverse-avec-les-garde

    #accord #Italie #Libye #asile #migrations #réfugiés #externalisation #contrôles_frontaliers #Méditerranée #Mer_Méditerranée

  • #Route_des_Balkans : avec #Frontex, l’UE met les grands moyens pour enrayer les migrations

    La route des Balkans des réfugiés s’impose comme une priorité pour l’UE, qui accorde une enveloppe supplémentaire de 39,2 millions d’euros. Frontex va se déployer en #Albanie, en #Bosnie-Herzégovine, au #Monténégro et en #Serbie. La mission européenne vient aussi de signer un accord avec la #Macédoine_du_Nord.

    La #Commission_européenne a donné son #accord à une présence renforcée de Frontex, l’Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes, dans quatre pays des Balkans occidentaux. Cette autorisation porte sur les frontières entre l’UE, l’Albanie, la Serbie, le Monténégro et la Bosnie-Herzégovine. Bruxelles a aussi adopté un nouveau plan d’aides à hauteur de 39,2 millions d’euros, dans le cadre de l’#Instrument_d’aide_de_préadhésion (#IAP) pour le renforcement de la gestion des frontières dans ces pays candidats à l’intégration.

    Selon les accords actuellement en vigueur entre Frontex et l’Albanie, la Serbie et le Monténégro, des effectifs permanents de l’Agence européenne ne peuvent être déployées que sur les frontières de ces pays avec l’UE, sans exercer de compétences exécutives. Désormais, des #effectifs_permanents de Frontex pourront également être déployés sur les frontières de ces pays avec des États tiers. Cela veut dire, par exemple que des agents Frontex pourront patrouiller sur la frontière entre l’Albanie et le Monténégro ou entre la Serbie et la Bosnie-Herzégovine.

    Le plan d’aides financières annoncé servira surtout à financer du #matériel spécialisé (systèmes de #surveillance mobiles, #drones ou appareils biométriques). Ce plan financera aussi de la #formation et une aide à la mise en place et au fonctionnement de #centres_de_coordination_nationaux, dont des #centres_d’accueil et de #rétention des migrants. Ces 39,2 millions d’euros viennent renforcer les dispositifs sécuritaires pour un meilleur contrôle des frontières, dotés jusque là de 171,7 millions d’euros.

    “Nous nous concentrons sur le renforcement de la protection des frontières, la lutte contre les réseaux de trafiquants et l’intensification des #retours depuis la région.”

    La Commissaire aux Affaires intérieures #Ylva_Johansson a souligné que l’UE était très impliquée dans le soutien aux Balkans occidentaux au renforcement de la #coopération pour la gestion des migrations sur le terrain. « Voilà pourquoi nous proposons de négocier des accords de statut conformes au nouveau cadre juridique, qui permettront le déploiement de Frontex dans nos quatre pays partenaires avec la pleine force de son mandat, afin d’assurer que leurs frontières soient respectées et protégées conformément aux meilleures pratiques et normes européennes. »

    De son côté, le Commissaire européen à l’Élargissement #Oliver_Varhelyi estime que ce paquet arrive à point nommé, car les migrations restent, selon lui, un domaine dans lequel la collaboration avec les partenaires des Balkans occidentaux doit être renforcée. « Étant donné la pression migratoire accrue dans la région, nous nous concentrons sur le renforcement de la #protection_des_frontières, la lutte contre les réseaux de trafiquants et l’intensification des retours depuis la région. C’est dans ce but que nous renforçons notre soutien politique et financier. »

    Oliver Varhelyi a annoncé que la Commission avait l’intention d’augmenter ses financements en la matière d’ici 2024 pour les pays candidats des Balkans occidentaux, soit une enveloppe totale d’au moins 350 millions d’euros. Cette somme doit permettre à ces pays candidats de développer un système efficace de gestion des migrations dans tous les domaines, y compris l’asile, l’accueil, la sécurité aux frontières et les procédures de retour.

    https://www.courrierdesbalkans.fr/Route-des-Balkans-avec-Frontex-l-Union-europeenne-veut-mettre-les
    #Balkans #migrations #réfugiés #asile #frontières #contrôles_frontaliers #aide_financière #biométrie #militarisation_des_frontières #renvois #expulsions

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    • Tracking the Pact: EU seeks to seal off Balkan Route with expanded Frontex deployments

      The European Commission wants to launch negotiations with Serbia, Montenegro, Bosnia and Albania so that EU border agency Frontex can extend its zone of operations. Currently, Frontex operations in those states can only take place at the borders they share with EU member states, in accordance with the 2016 Frontex Regulation. Upgrading the EU’s agreements with the Balkan states to take into account the powers granted to Frontex by the 2019 Regulation will make it possible to deploy EU border guards at non-EU borders - for example, between Bosnia and Serbia, or between Serbia and Montenegro. An agreement with North Macedonia has already been signed. The aim is to halt the irregular movement of people through the Balkans towards “core” EU member states.

      In order to launch negotiations the Commission needs the approval of the Council of the EU, and has thus sent to the Council four recommendations that, once they are signed off, will allow it to enter into negotiations with each of the four states:

      - Albania (COM(2022) 690 final, in Council doc. 14060/22, LIMITE, 26 October 2022, pdf)
      – Bosnia and Herzegovina (COM(2022) 691 final, in Council doc. 14061/22, LIMITE, 26 October 2022, pdf)
      – Montenegro (COM(2022) 692 final, in Council doc. 14062/22, LIMITE, 26 October 2022, pdf)
      – Serbia (COM(2022) 693 final, in Council doc. 14063/22, LIMITE, 26 October 2022, pdf)

      An upgraded agreement with North Macedonia based on the 2019 Frontex Regulation has already been approved.

      Each of the documents contains an explanatory memorandum before coming to the draft text of the proposed Council Recommendations.

      For example, the proposal on Albania notes:

      “Albania lies on the Western Balkans migration route, which sees significant irregular migration towards the core of the European Union, both via land and across the Adriatic Sea...

      Given that Albania is a neighbouring third country that remains an important country of transit for irregular migration to the European Union, the value of cooperation between the European Border and Coast Guard Agency and the relevant authorities of Albania remains high. Albania has been a model for the successful deployment of Frontex joint operations to third countries, and it therefore represents an ideal candidate for the expansion of such cooperation.”

      Amongst other things, the memoranda note bilateral agreements signed by each of the states - for example, Bosnia has signed “readmission agreements with all the Western Balkan countries, Türkiye, Russia, Moldova and Pakistan whose practical implementation started in August 2022.” The intention is that Balkan states will not just prevent people from arriving in “core” EU territory - they will also deport them.

      There is no mention in any of the documents of the controversy the agency is mired in for its failure to uphold fundamental rights standards within the EU, in particular at the Greek-Turkish border, as confirmed by the recently-published report of the European Anti-Fraud Office.

      An annex to each of the above documents contains the negotiating directives for the Commission to follow, subject to possible amendment and then approval by the Council.

      - Albania (as above, ANNEX/ADD 1, pdf)
      - Bosnia and Herzegovina (as above, ANNEX/ADD 1, pdf)
      - Montenegro (as above, ANNEX/ADD 1, pdf)
      - Serbia (as above, ANNEX/ADD 1, pdf)

      Although marked ’SENSITIVE’ (as are the proposals for recommendations), the annexes merely state that the agreement with each country should meet the standards set out in the model status agreement adopted by the European Commission in December last year.

      The final terms of the agreements are of course subject to negotiations with each state, with the texts then sent to the Council and Parliament for approval (or not).

      This is likely to lead to certain discrepancies. For example, the current status agreements with Balkan states contain differences on the privileges and immunities of officials deployed on Frontex operations:

      “While the agreements with Albania, Montenegro, and North Macedonia include the provision that the executive director’s decision [on whether to waive criminal immunity or not] will be binding upon the authorities of the host state, no such article is found in the agreements with Bosnia and Herzegovina and Serbia.”

      Negotiations on status agreements that would allow Frontex operations in Senegal and Mauritania are also ongoing. When approved, Frontex operations in those two countries will be the first ones outside the European continent.

      https://www.statewatch.org/news/2022/october/tracking-the-pact-eu-seeks-to-seal-off-balkan-route-with-expanded-fronte

    • Communiqué de presse du Conseil de l’UE du 24 février 2023 au sujet du nouvel accord conclu entre Frontex et la Macédoine du Nord (signé en octobre 2022, déploiement opérationnel à partir du 1er avril 2023: https://www.consilium.europa.eu/en/press/press-releases/2023/02/24/border-management-eu-concludes-agreement-with-north-macedonia-on-fr).

      Le communiqué refait le point sur les accords entre Frontex et les Etats non UE :

      - Border management cooperation agreements in place with Albania (2019), Montenegro (2020) and Serbia (2020) under the previous rules.
      - In November 2022, the Council authorised the opening of negotiations with these countries to broaden these agreements. It also agreed to open negotiations for an agreement with Bosnia and Herzegovina.
      - In July 2022, the Council also authorised the opening of negotiations for agreements with Mauritania and Senegal.
      - An agreement with Moldova, already under the new rules, entered into force on 1 November 2022.
      - The agreement with North Macedonia was signed on 26 October 2022. North Macedonia has reported its conclusion of the agreement, meaning it will enter into force on 1 April 2023 following today’s decision by the Council.

      –---

      Border management: EU concludes agreement with North Macedonia on Frontex cooperation

      The Council gave today its final green light to an agreement with North Macedonia on operational activities carried out by the European Border and Coast Guard Agency (Frontex). The agreement will allow joint operations to be organised and Frontex border management teams to be deployed in North Macedonia, subject to the country’s agreement.

      As of 1st April, Frontex will be able to assist North Macedonia in its efforts to manage migratory flows, counter illegal immigration, and tackle cross-border crime. Reinforcing controls along North Macedonia’s borders will contribute to further enhancing security at the EU’s external borders.

      In line with the European border and coast guard regulation, the agreement also includes provisions for compliance monitoring and for the protection of fundamental rights.

      Background

      In 2019 a new Frontex regulation was adopted, broadening the agency’s mandate on several areas, including cooperation with third countries. The new mandate allows the agency to assist those countries with a status agreement throughout their territory and not only in the regions bordering the EU, as was the case with the previous mandate. It also allows Frontex staff to exercise executive powers, such as border checks and registration of persons. Status agreements allowing for joint operations can now be concluded with a wider range of countries and are no longer limited to neighbouring countries.

      Frontex had border management cooperation agreements in place with Albania (2019), Montenegro (2020) and Serbia (2020) under the previous rules. In November 2022, the Council authorised the opening of negotiations with these countries to broaden these agreements. It also agreed to open negotiations for an agreement with Bosnia and Herzegovina.

      In July 2022, the Council also authorised the opening of negotiations for agreements with Mauritania and Senegal.

      An agreement with Moldova, already under the new rules, entered into force on 1 November 2022.

      The agreement with North Macedonia was signed on 26 October 2022. North Macedonia has reported its conclusion of the agreement, meaning it will enter into force on 1 April 2023 following today’s decision by the Council.

      https://www.consilium.europa.eu/en/press/press-releases/2023/02/24/border-management-eu-concludes-agreement-with-north-macedonia-on-fr

  • L’Italia cede alla Libia altre 14 navi veloci per intercettare le persone. Il ruolo di Invitalia

    La commessa è stata aggiudicata definitivamente per 6,65 milioni di euro. A curare la gara è stata l’agenzia del ministero dell’Economia che dovrebbe in realtà occuparsi di “attrazione degli investimenti e sviluppo d’impresa”. Intanto 40 Ong danno appuntamento a Roma il 26 ottobre per opporsi al rinnovo dell’accordo con Tripoli

    L’Italia fornirà altre 14 imbarcazioni alle milizie libiche per intercettare e respingere le persone in fuga nel Mediterraneo. La commessa è stata aggiudicata definitivamente nella primavera di quest’anno per 6,65 milioni di euro nell’ambito di una procedura curata da Invitalia, l’agenzia nazionale di proprietà del ministero dell’Economia che sulla carta dovrebbe occuparsi dell’”attrazione degli investimenti e lo sviluppo d’impresa” e che invece dall’agosto 2019 ha stipulato una convenzione con il ministero dell’Interno per garantire “supporto” tecnico anche sul fronte libico. La copertura finanziaria dei nuovi “battelli” è garantita, così come tante altre, dalla “prima fase” del progetto “Support to integrated Border and migration management in Libya” (Sibmmil) datato dicembre 2017, cofinanziato dall’Unione europea, implementato dal Viminale e inserito nel quadro del Fondo fiduciario per l’Africa (Eutf).

    Si tratta in questa occasione di 14 mezzi “pneumatici con carena rigida in vetroresina” da 12 metri -come si legge nel capitolato di gara-, in grado di andare a una velocità di crociera di almeno 30 nodi, con un’autonomia di 200 miglia nautiche, omologati al trasporto di 12 persone e destinati a “svolgere i compiti istituzionali delle autorità libiche” (è la seconda tranche di una procedura attivata oltre tre anni fa). Quali non si poteva specificarlo. Anche sull’identità dei beneficiari libici c’è scarsa chiarezza da parte di Invitalia, il cui amministratore delegato è Bernardo Mattarella. Negli atti non si fa riferimento infatti né all’Amministrazione generale per la sicurezza costiera (Gacs) né alla Direzione per la lotta all’immigrazione illegale (Dcim), che opera sotto il ministero dell’Interno libico, quanto a una generica “polizia libica”.

    Chi si è assicurato la commessa, con un ribasso del 5% sulla base d’asta, è stata la società B-Shiver Srl con sede a Roma. B-Shiver è la ragione sociale del marchio Novamarine, nato a Olbia nel 1983 e poi acquisito negli anni dal gruppo Sno. “È uno dei must a livello mondiale perché ha fatto una rivoluzione nel campo dei gommoni, con il binomio carena vetroresina e tubolare”, spiega in un video aziendale l’amministratore delegato Francesco Pirro.

    B-Shiver non si occupa soltanto della costruzione dei 14 mezzi veloci ma è incaricata anche di “erogare un corso di familiarizzazione sulla conduzione dei battelli a favore del personale libico”: 30 ore distribuite su cinque giorni.
    Nell’ultima versione del capitolato sembrerebbe sparita la possibilità di predisporre in ogni cabina di pilotaggio dei “gavoni metallici idonei alla custodia di armi”, come invece aveva ipotizzato il Centro nautico della polizia di Stato nelle prime fasi della procedura di gara.

    Le forniture italiane alla Libia per rafforzare il meccanismo di respingimenti delegati continuano, dunque, a oltre cinque anni dal memorandum tra Roma e Tripoli in fase di imminente rinnovo. Un accordo che ha prodotto “abusi, sfruttamento, detenzione arbitraria e torture”, come denunciano oltre 40 organizzazioni per i diritti umani italiane promotrici il 26 ottobre di una conferenza stampa e una manifestazione in Piazza dell’Esquilino a Roma per “chiedere all’Italia e all’Europa di riconoscere le proprie responsabilità e non rinnovare gli accordi con la Libia” (dall’Arci all’Asgi, da Msf a Emergency, dalla Fondazione Migrantes a Intersos, da Sea-Watch ad Amnesty International Italia).

    “Se entro il 2 novembre il governo italiano non deciderà per la sua revoca -ricordano le Ong-, il memorandum Italia–Libia verrà automaticamente rinnovato per altri tre anni. Si tratta di un accordo che da ormai cinque anni ha conseguenze drammatiche sulla vita di migliaia di donne, uomini e bambini migranti e rifugiati”. Dal 2016 all’ottobre 2022 sono infatti oltre 120mila le persone intercettate in mare dalla cosiddetta guardia costiera libica e riportate forzatamente in Libia (fonte Oim). “Un Paese che non può essere considerato sicuro”.

    I contorni dell’abisso libico li ha descritti più volte, tra gli altri, la Missione indipendente sulla Libia delle Nazioni Unite che a fine giugno 2022 ha presentato una (ennesima) relazione sul punto al Consiglio dei diritti umani dell’Onu. “Diversi migranti intervistati dalla Missione hanno raccontato di aver subito violenze sessuali per mano di trafficanti e contrabbandieri, spesso con lo scopo di estorcere denaro alle famiglie, nonché di funzionari statali nei centri di detenzione, datori di lavoro o altri migranti -si legge-. Il rischio di violenza sessuale in Libia è tale e così noto che alcune donne e ragazze migranti assumono contraccettivi prima di partire proprio per evitare gravidanze indesiderate dovute a tali violenze”. È una violenza istituzionale. “Il carattere continuo, sistematico e diffuso di queste pratiche da parte della Direzione per la lotta all’immigrazione illegale (Dcim) e di altri attori coinvolti riflette la partecipazione di funzionari di medio e alto livello al ciclo della violenza sui migranti”.

    La brutalità non scompone i promotori della strategia di respingimento per procura, condotta nella totale mancanza di trasparenza sull’utilizzo complessivo dei fondi. Ad esempio quelli del Fondo di rotazione ex legge 183/1987, nel quale è previsto anche un “subcapitolo” dedicato alle spese per iniziative progettuali “a favore dello Stato della Libia”.

    Quando quest’estate abbiamo chiesto all’Ispettorato generale per i rapporti finanziari con l’Unione europea (Igrue) del ministero dell’Economia l’elenco dei pagamenti liquidati, dei beneficiari, delle causali di pagamento e degli estremi e del contenuto della voce di spesa in Libia, quest’ultimo ha rinviato al Viminale, sostenendo che la trasparenza fosse in capo a quell’amministrazione, “titolare del programma”. Il ministero dell’Interno ha però negato l’accesso perché “l’estrapolazione delle voci richieste comporterebbe un carico di lavoro tale da aggravare l’ordinaria attività dell’amministrazione”. La tipica cortina fumogena replicata anche per la convenzione del 2019 tra Invitalia e il Viminale, di cui ci è stato trasmesso il testo con cancellazioni sopra gli importi finanziari e orfano degli allegati, cioè della sostanza.

    https://altreconomia.it/litalia-cede-alla-libia-altre-14-navi-veloci-per-intercettare-le-person

    #Italie #Libye #navires #externalisation #frontières #contrôles_frontaliers #migrations #réfugiés #Méditerranée #Invitalia #Support_to_integrated_Border_and_migration_management_in_Libya (#Sibmmil) #fonds_fiduciaire #Bernardo_Mattarella #Amministrazione_generale_per_la_sicurezza_costiera (#Gacs) #Direzione_per_la_lotta_all’immigrazione_illegale (#Dcim) #police #police_libyenne #B-Shiver #Novamarine #Sno #Francesco_Pirro

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  • La farsa del confine

    In Alta Val Susa, là dove molti percorrono le piste da sci di Claviere o d’estate passeggiano tra i boschi, altre persone aspettano il favore della notte per passare il confine che divide l’Italia dalla Francia. Qualcuno sfida la luce e si camuffa tra i turisti. Ma tutti rischiano la vita nel tentativo di scappare dagli occhi attenti della polizia francese. Per i pochi fortunati che riescono a passare, tanti altri, almeno una volta, vengono respinti indietro, verso l’Italia. Il limbo della frontiera è fatto di attesa e paura per chi vuole raggiungere parenti e amici in altri Paesi europei, oppure scappa ancora in cerca di diritti. È nel muro invisibile tra Italia e Francia che si ripete da anni la farsa del confine. “Limbo - Le vite sospese di chi si fa migrante” è un podcast scritto da Silvia Baldetti e Luca Rondi. È prodotto da Engim Internazionale in collaborazione con Altreconomia nell’ambito di SEMI - Storie, Educazione, Migrazioni e Impegno, finanziato dall’Unione Europea, attraverso la regione Piemonte nel contesto del progetto Mindchangers – Regions and Youth for Planet and People. I contenuti non riflettono necessariamente le posizioni dell’Unione Europea e di chi è intervenuto nel podcast come ospite. Hanno collaborato Francesca Prandi e Daniela Pizzuto. Il montaggio è a cura di Border Radio con la collaborazione di Silvia Baldetti. Mix, master e composizione colonna di Raja Scudella.La sigla è di Federico Sgarzi.

    https://open.spotify.com/episode/25UgHDMVRJU9EeUZyWKWDA?si=259a80a8603c42bf

    #Val_de_Suse #Italie #France #migrations #asile #réfugiés #frontière_sud-alpine #frontières #Claviere #Montgenèvre #Oulx #Diaconia_Valdese #rifugio_Massi #PAF #gardes-frontière #Briançon #Hautes-Alpes #refoulements #Fréjus #refus_d'entrée #push-backs
    #podcast #audio #militarisation_des_frontières #farce #risques #décès #mourir_aux_frontières #morts_aux_frontières #contrôles_systématiques_aux_frontières

    Min. 23’18 : on cite la base de données sur les mort·es aux frontières alpines que Sarah Bachellerie et moi-même avons compilé à l’occasion de la contre-enquête pour Blessing :
    https://www.borderforensics.org/fr/investigations/la-mort-de-blessing-matthew-une-contre-enquete-sur-la-violence-aux-

  • #Décharge budgétaire de #Frontex à nouveau bloquée

    Le Parlement européen réaffirme
    le respect inconditionnel des droits des personnes exilées


    Ce 18 octobre, le #Parlement_européen a refusé pour la seconde fois d’accorder la décharge budgétaire à l’agence Frontex pour ses #comptes de l’exercice 2020, suivant de ce fait l’avis adopté récemment par sa commission de Contrôle budgétaire (#CONT), sur base des nombreux constats de violations des #droits_humains et de #dysfonctionnements_internes.

    « Cette décision met une nouvelle fois Frontex devant ses responsabilités face aux nombreux cas de violations de droits fondamentaux que la société civile internationale et les personnes exilées dénoncent depuis plus de 10 ans », déclare le CNCD-11.11.11. Frontex sait dorénavant que ses activités sont sous surveillance vis-à-vis du respect des droits fondamentaux. L’#impunité n’est plus possible. L’Agence va devoir se plier aux exigences de #transparence, de mise en #responsabilité et de #contrôle_démocratique pour continuer d’exister.

    En effet, le 6 octobre 2022, la commission CONT du parlement UE a bloqué la décharge du #budget de Frontex suite à « l’ampleur des #fautes_graves et des possibles #problèmes_structuraux sous le précédent directeur exécutif de l’agence, qui a depuis démissionné à la suite des révélations du rapport de l’#OLAF du 28 avril dernier ».

    Les députés déplorent « que Frontex n’ait pas mis en œuvre certaines des conditions établies dans le précédent rapport du Parlement. Ils demandent notamment la suspension de ses activités de soutien (retours) en Hongrie, compte tenu du contexte lié à l’État de droit dans le pays, ainsi que le suivi de ses activités en Grèce, où l’Agence aurait mené des opérations de surveillance des frontières dans des régions où, simultanément, des refoulements de migrants avaient lieu ».

    Par ailleurs, les parlementaires se disent « choqués et profondément préoccupés par le suicide d’un membre du personnel, lié à des pratiques présumées de harcèlement sexuel » et se félicitent de la réouverture de ce dossier par la nouvelle direction exécutive qu’ils accueillent favorablement. Le vote négatif du Parlement européen ce 18 octobre doit être l’occasion d’une remise en question fondamentale de l’orientation du mandat de l’agence et de la manière dont elle remplit ce dernier. Des réformes structurelles, y compris en interne, doivent être mises en place au plus vite pour garantir la transparence et le respect des droits humains. La Belgique, qui siège au Conseil d’administration de Frontex, doit utiliser ce levier de manière à obtenir ces réformes. Elle doit également les exiger lors des négociations autour du Pacte européen sur la migration et l’asile dont on annonce l’adoption sous la présidence belge de l’Union européenne, début 2024.

    https://www.cncd.be/Decharge-budgetaire-de-Frontex-a
    #blocage #enfin #frontières #contrôles_frontaliers #migrations #asile #réfugiés

  • Migrations. Face au retour des Syriens, la #Tchéquie renforce le contrôle de sa frontière avec la #Slovaquie

    En raison de l’arrivée d’un nombre croissant de migrants clandestins majoritairement d’origine syrienne sur son territoire, la Tchéquie a rétabli des contrôles le long de sa frontière avec la Slovaquie. Une décision très moyennement appréciée à Bratislava.

    « Une mesure inutile qui désintègre Schengen. Et qui, et c’est le plus important, ne réduira la migration clandestine, pas même d’un demi-pied. » SME n’y va pas par le dos de la cuillère pour commenter la décision du gouvernement tchèque. Le grand quotidien slovaque exprime une forme d’incompréhension : « Alors que plus de 1 million d’Ukrainiens sont passés par la Tchéquie [ces derniers mois] et que plus de 300 000 d’entre eux y sont restés (!), il est totalement déraisonnable d’imposer des contrôles pour quelque 11 000 Syriens. Et ce, avec un pays [la Slovaquie] avec lequel ils [les Tchèques] prétendent avoir des relations ’plus que remarquables’. »

    À lire aussi : Réfugiés. De Syrie ou d’Ukraine : la solidarité à deux vitesses des pays d’Europe centrale

    Dans la nuit de mercredi à jeudi, la Tchéquie a renforcé les contrôles policiers à vingt-sept points de passage essentiellement routiers et ferroviaires de la frontière avec son voisin, avec lequel elle célébrera, à la fin de cette année, le trentième anniversaire de la partition de l’ancien État commun tchécoslovaque. Une décision identique a été prise également par l’Autriche, comme le note la Radio tchèque, qui souligne que, « selon Vienne, il s’agit d’une réaction à la décision tchèque ».

    « Pays de transit »

    Comme on peut le voir dans une petite vidéo publiée sur le compte Twitter du ministère, le ministre de l’Intérieur tchèque a expliqué que « le but de cette mesure, qui ne fait plaisir à personne, n’est pas de compliquer la vie des citoyens tchèques et slovaques, mais de faire clairement comprendre aux groupes de passeurs qu’il y a là un obstacle ». Ce vendredi matin, l’agence de presse tchèque CTK annonçait que « la police de Moravie du Sud [la région qui sépare les deux pays] avait arrêté onze passeurs et découvert 247 migrants lors des vingt-quatre premières heures qui ont suivi l’introduction des contrôles ».

    Pour l’heure, ce renforcement le long des quelque 250 kilomètres de frontière n’est prévu que pour une durée de dix jours, alors que la Tchéquie, comme le souligne sur un ton toujours très critique SME, « n’est qu’un pays de transit vers l’Allemagne ».

    Dans un communiqué de presse publié en début de semaine, la police tchèque indiquait avoir interpellé près de 12 000 migrants clandestins, très majoritairement d’origine syrienne et en provenance de Turquie, depuis le début de l’année. « Soit une augmentation interannuelle de 1 200 % », selon le quotidien Lidové noviny, qui note aussi qu’il s’agit là « d’un chiffre plus élevé qu’au plus fort de la crise migratoire en 2015 ». À l’époque, les pays d’Europe centrale dans leur ensemble avaient été vivement critiqués pour leur manque de solidarité avec les autres États européens quant à la répartition des réfugiés.

    Frontières de l’UE

    « La Slovaquie respecte la décision de la Tchéquie. Cependant, Bratislava souhaite que cette mesure soit discutée au niveau de l’Union européenne (UE), car la décision de Prague affecte également d’autres pays européens », a de son côté réagi le ministère de l’Intérieur slovaque. Comme on peut le lire sur le site Postoj.sk, celui-ci estime que l’adoption de cette mesure est d’abord la conséquence « d’une protection insuffisante des frontières extérieures de l’UE ». Autrement dit, vu de Bratislava, cela concerne essentiellement la frontière entre la Hongrie voisine et la Serbie. Selon l’Agence européenne de garde-frontières Frontex, cette voie d’entrée illégale dans l’espace Schengen n’a jamais été aussi active depuis six ans.

    Moins diplomate, le Premier ministre slovaque, Eduard Heger, a critiqué la Tchéquie, estimant que « ce n’est pas une façon de faire », comme le relève Dennik N. Dans le même quotidien, le président de la police slovaque reconnaît toutefois « ne pas avoir la capacité et les moyens de faire face aux migrants », tandis qu’un commentateur du journal Pravda, qui considère la décision tchèque comme « la sonnerie du réveil », regrette, lui, que « le ministère de l’Intérieur [ait] trop longtemps dormi si profondément ».

    https://www.courrierinternational.com/article/migrations-face-au-retour-des-syriens-la-tchequie-renforce-le

    #contrôles_frontaliers #frontières #asile #migrations #réfugiés #route_des_Balkans #réfugiés_syriens #contrôles_policiers #fermeture_des_frontières #Balkans

  • EU to provide €80 million to Egyptian coast guard

    The European Commission has confirmed that €23 million will be allocated in 2022 and €57 million in 2023 to provide equipment and services to Egyptian authorities for “search and rescue and border surveillance at land and sea borders”.

    Following a Parliamentary question (https://www.europarl.europa.eu/doceo/document/E-9-2022-002428_EN.html) submitted by MEPs Erik Marquardt and Tineke Strike (of the Greens), the Commission stated that while it is “developing an action in support of border management… in close coordination with Egyptian authorities… no overview of equipment or services to be delivered to Egyptian authorities is available at this stage.” (https://www.europarl.europa.eu/doceo/document/E-9-2022-002428-ASW_EN.html)

    Responding to Marquardt and Strik’s concern over the “dire human rights situation in Egypt,” and the fact that this funding will go towards preventing Egyptians, 3,500 of whom have fled the country to Italy since January last year, from being able to exercise their right to leave their country, the Commission states that it:

    “...stands ready to support Egypt in maintaining its capacity to prevent irregular migration by sea, as well as to strengthen the control of its border with Libya and Sudan. This is of particular importance in light of the six-fold increase of irregular arrivals of Egyptian nationals to the EU in 2021 (9 219), of which over 90% to Italy, mostly via Libya.

    An ex ante risk assessment will be conducted and monitoring will take place throughout the action to ensure that it does not pose any threats to the respect of international human rights standards and the protection of refugees and migrants."

    The two paragraphs would appear to directly contradict one another. No answer was given as to what indicators the Commission will use to ensure compliance with Article 3(5) of the Treaty of the European Union on upholding and promoting human rights.

    Commenting on this response, Erik Marquardt states:

    "The commission wants ’to prevent irregular migration by sea’. Therefore, they are willing to work together with the Egyptian military-regime. The European Union should not cooperate with the Egyptian Coast Guard in order to prevent people from fleeing. We should use the tax payers money to prevent suffering and to support people in need of international protection - not to build a fortress europe

    “The Commission needs to tell us what exactly the €80 million are going to be spend on. We need to know if the funds will be used to buy weapons and see how exactly they plan to prevent people from fleeing. In Libya, we saw how funds were used to arm militias, we cannot let something similar happen again.”

    The €80 million allocation for border control makes up part of a €300 million total in short and long-term EU funding for Egypt.

    Après les #gardes-côtes_libyens... les #gardes-côtes_égyptiens

    #EU #UE #union_européenne #asile #migrations #réfugiés #frontières #contrôles_frontaliers #Méditerranée #mer_Méditerranée #externalisation #Egypte #financement

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  • #Sémiologie : la #police dans l’épicentre de la #violence

    Compte tenu des preuves et des liens de ces mêmes #symboles avec les milieux extrémistes et violents, la négligence du gouvernement et de la hiérarchie s’accorde dans une résolution ; celle de l’acceptation de la violence et l’#extrémisme chez la police républicaine.

    Le pouvoir d’un symbole réside dans sa capacité à produire du sens et à communiquer ce sens. Loin d’être une entité floue, le sens réfère à quelque chose d’extérieur à soi, plus exactement un objet, qui devient existant par le truchement d’une relation interpersonnelle.

    C’est au travers d’une large panoplie de #signes, #insignes, symboles, #slogans, etc, que des policier·ères visiblement sans honte ni crainte de leur hiérarchie, affichent publiquement, leur amour de la violence, du thème de la vengeance, et parfois, du racisme, de la mort, voire des idéologies fascistes ou nazis.

    Dans le monde des images, certaines nous font sourire, d’autres nous font pleurer, provoquent le choc, la peur, l’incompréhension ou l’amour et l’espoir. La sémiologie a pour objectif de cerner le sens général qui se dégage quand on voit un logo, un insigne, et de prévoir les réactions sensorielles ou émotionnelles occasionnées.

    Les expert·es s’appuient sur le fait que les symboles ne viennent pas de nulle part, ils portent une histoire. Ces armoiries, logos, blasons, symboles, drapeaux, couleurs et formes, ont été depuis la nuit des temps, un moyen de communication, chargés d’une puissance conceptuelle mais aussi émotionnelle dont émanent valeurs éthiques et morales.

    La production et la circulation de formes symboliques constituent des phénomènes centraux dans la recherche en sciences sociales et les psychologues sociaux ont plus particulièrement étudié les processus par lesquels le sens est construit, renforcé et transformé dans la vie sociale.

    L’intérêt pour la fonction symbolique a permis l’émergence de nouveaux courants de recherche conceptuel et empirique dédiés à la compréhension de l’engagement des individus quand ils construisent du sens sur le monde dans lequel ils vivent et communiquent avec d’autres à ce sujet.

    Ces écussons, comme celui dans l’image suivante, en contact avec les citoyenne·s, se traduisent par un réflexe inconscient pour la majorité et un terrible constat pour les plus informés. D’une manière ou d’une autre, une signification se crée automatiquement, malgré la volonté de chacun·e.

    En rapport à la politique des symboles, chez le·a policier·ère tout est une représentation. Selon l’écrivain Arnaud-Dominique Houte "Au-delà de l’utilité pratique du costume, policiers et gendarmes affichent une prestance militaire qui renforce leur prestige. Mais ils montrent aussi qu’ils travaillent en toute transparence, en assumant leurs actes et en se plaçant au service du public". Le code vestimentaire du policier, son armement et sa posture font état d’une logique d’autorité et d’obéissance à la loi. Juger le port de ces écussons qui "appellent à la mort" comme inoffensifs ou insignifiants, comme l’excuse parfois la hiérarchie, révèle de la négligence politique. Si chaque interaction entre le public et la police "doit être conçue comme une expérience socialisatrice" contribuant à consolider la confiance et la légitimité de l’action policière, en quoi le port de tels symboles additionne un point positif à l’équation ?

    Devoir d’obéissance bafoué ou négligence de la hiérarchie ?

    La loi est précise. Néanmoins des policiers continuent à exhiber dans l’exercice de leurs fonctions et sur la place publique, leur affection aux "symboles repères" associés aux néo-nazis et à l’extrême droite. Au cours des dernières années, à plusieurs reprises, la police a été dans le collimateur de l’opinion publique consécutivement à la quantité importante de scandales qui ont émergés dans les médias et les réseaux sociaux. Comme pour les violences policières, de plus en plus de citoyens et de journalistes commencent à capter des images des insignes qui ornent parfois l’équipement de la police.

    Au large dossier des photos de cagoules/foulards tête-de-mort, écussons, tatouages, locutions, s’ajoutent les enquêtes de StreetPress ou Mediapart qui ont révélé, l’existence de groupes Facebook ou Whatsapp, où des policiers pour se divertir, nourrissent la violence virtuelle et propagent du racisme et du suprémacisme blanc à travers les réseaux sociaux. Le port de ces symboles pendant le temps de travail devient-il un prolongement des convictions politiques quotidiennes de certains policiers ?

    Selon la terminologie gouvernementale, ce sont des "signes faibles" d’une tendance vers "l’idéologie de la violence" qui s’intensifie dans la police et qui, coïncidence ou pas, s’aligne sur un mandat répressif, l’escalade de la violence, la logique punitive et liberticide. Une tendance politique favorisée et propagée par la Macronie ou des syndicats de police, synchrone aux logiques d’extrême droite, et qui malheureusement, modèle la doctrine des forces de l’ordre, ses intérêts et ses croyances. Enfin, elle matérialise un nouveau monde libéral, où légitimer la violence apparaît être plus qu’une nécessité mais une obligation.

    A la vue du défilé de scandales associés aux symboles d’extrême droite dans la police, il est difficile de croire que les policier·ères concerné·es puissent utiliser ces symboles par pure naïveté. Une simple recherche sur internet et il est possible de trouver facilement des informations qui attestent de l’utilisation de ces mêmes symboles par l’extrême droite, en France et notamment aux États-Unis. Frédéric Lambert, Professeur des universités et de l’Institut français de presse, également chercheur en Sémiologie et sémiotique des images d’information et de communication, nous explique très pragmatiquement que :

    « Les représentants de la loi et les professionnels qui doivent faire appliquer la loi, dont les policiers, travaillent pour l’État français. À ce titre, ils doivent porter les signes de l’institution qu’ils représentent, un uniforme réglementaire. Si certains policiers s’autorisent d’ajouter à leur tenue de service des signes qui ne sont pas autorisés, ils deviennent hors-la-loi eux-mêmes.

    Hélas cette dérive a pu s’observer en France, et l’on a vu des policiers municipaux porter le symbole du Punisher, héros de bande dessinée, puis insigne de certains groupe militarisés nazis, adopté par certains policiers aux États Unis. Deux remarques : les récits fictionnels envahissent nos réalités sociales, et il faudrait à ces policiers et à leur tutelle revenir dans la réalité de la justice sociale. La République française peut rêver mieux que de voir ses représentants porter des menaces en forme de tête de mort. Les signes au sein de la vie sociale sont bien trop importants pour que des policiers même municipaux s’en saisissent avec arrogance. »

    A chaque scandale, un rappel à la loi. Des policier·ères de différentes compagnies (police nationale, CRS ou BAC) se sont vus demander de respecter le code de déontologie et de retirer leurs écussons non-réglementaires. Néanmoins, malgré tous ces rappels et articles de presse, le Ministre de l’Intérieur et les préfets de police, n’arrivent pas à purger ces agents qui méprisent les principes de la neutralité politique.

    Le ministère de l’Intérieur Christophe Castaner en 2018, interpellé par Libération, au sujet d’un écusson ΜΟΛΩΝ ΛΑΒΕ, du grec - "viens prendre" sur l’uniforme d’un policier, clarifie.

    « Le RGEPN (règlement de la police nationale, ndlr) prohibe le port sur la tenue d’uniforme de tout élément, signe, ou insigne, en rapport avec l’appartenance à une organisation politique, syndicale, confessionnelle ou associative. On ne sait pas à quelle référence l’insigne renvoie, mais il ne devrait pas figurer sur l’uniforme du CRS. »

    Ces dérives ne devraient pas exister. Cependant, depuis 2018, nous avons recensé plus d’une vingtaine de cas où les policiers affichent explicitement des insignes, signes, drapeaux, cagoules ou écussons à têtes de mort, tee-shirts BOPE (Batalhão de Operações Policiais Especiais - Brazil), etc ; symboles de référence majoritairement chez l’extrême droite, mais aussi chez les nationalistes, intégristes, militaristes, hooligans, etc.

    La tête de mort Punisher, le Totenkopf moderne.

    Le Punisher est un héros issu des comics Marvel, ancien soldat du corps des Marines, consumé par le désir de vengeance suite à l’assassinat de sa famille dans le Central Park. Il fut créé par le scénariste Gerry Conway en 1974.

    Le crâne ou tête-de-mort, a été utilisé dans plusieurs domaines depuis la Grèce antique soit dans le milieu littéraire, où il était associé à la sagesse, ou dans le milieu médical, funèbre, etc. L’un des premiers récits enregistré du "crâne et des os croisés" remonte à l’histoire militaire allemande et à la guerre de Trente Ans, lorsque les soldats bavarois, connus sous le nom "d’Invincibles", portaient des uniformes noirs avec des Totenkopfs blancs sur leurs casques.

    La tête-de-mort sera utilisée ainsi par les forces militaires allemandes à partir du XVIIe siècle jusqu’aux Nazis, où elle sera reconnue comme un "symbole de terreur", inscrit dans l’histoire de la Seconde Guerre mondiale.

    Dans un monde belliqueux dédié à la violence et à la mort, les symboles qui visent à inspirer la peur, l’horreur et la terreur, passent de main en main, d’époque en époque, et se répandent dans les forces militaires en guerre partout dans le monde.

    Le surprenant by-pass est que les forces militaires post-WorldWar II (en ce qui touche le War-Comics comme source de moral pour le troupes), éviteront de s’inspirer directement de la Totenkopf Nazie "crâne et des os croisés" étant donnée la charge historique ; mais le feront sous la forme de la tête-de-mort symbole du Punisher. Un malheureux choix, car elle aussi s’inspire de la Totenkopf Nazie, comme l’a révélé le magazine Forbes dans l’article :The Creator Of ‘The Punisher’ Wants To Reclaim The Iconic Skull From Police And Fringe Admirers.

    Parallèlement, la tête de mort nazie, continuera à être utilisé par des groupuscules extrémistes de droite et néo-nazis aux États-Unis, comme l’a démontré l’organisation ADL (Anti-Defamation League, créée 1913) dans une de ses enquêtes Bigots on Bikes-2011.

    Ce processus de récupération des symboles des personnages DC Comics et Marvel par des forces militaires pendant les guerres d’Irak et d’Afghanistan, appelés "Morale Patches non-réglementaires", fascine et donne encore aujourd’hui lieu à des thèses et des mémoires universitaires.

    Dans une étude pour la Loyola University of Chicago, Comics and Conflict : War and Patriotically Themed Comics in American Cultural History From World War II Through the Iraq War ; Cord A. Scott, cerne le moment ou la tête de mort Punisher commence à décorer les uniformes militaires pendant la guerre en Irak.

    (en 2003, NDLR), une unité de Navy SEAL en Irak a conçu des patchs avec l’emblème du crâne au centre, avec le slogan “God will judge our enemies we’ll arrange the meeting – Dieu jugera nos ennemis, nous organiserons la réunion.” Cela était cohérent avec le rôle original du personnage : comme une arme pour punir les coupables de leurs crimes contre la société, une mission qui reste la même qu’ils soient mafieux ou fedayin.

    Au fil de l’histoire, l’utilisation de la tête-de-mort Punisher ne se restreint pas aux forces militaires mais, au contraire, elle va se propager d’abord chez l’extrême droite puis dans la police américaine.

    Le phénomène s’extrapole en Europe vers 2010 et les premières photos de policier·ères français·es portant la tête de mort, datent de 2014, à Nantes. Cependant, des dizaines de policier·ères furent photographié depuis, affichant l’écusson, des foulards ou t-shirts avec la tête-de-mort Punisher.

    Récemment, dans une interview pour le Huffingtonpost, Gerry Conway l’auteur du comic Punisher, regrette le fait que cet insigne soit utilisé par les forces de police en France. Il explique pourquoi :

    “C’est assez dérangeant pour moi de voir les autorités porter l’emblème de ‘Punisher’ car il représente l’échec du système judiciaire. Ce symbole, c’est celui de l’effondrement de l’autorité morale et sociale. Il montre que certaines personnes ne peuvent pas compter sur des institutions telles que la police ou l’armée pour agir de manière juste et compétente”.

    Il est important de reconnaitre que la symbolique derrière ces insignes est très méconnue d’une grande partie de la population. Dans une situation où la police intervient, le calme, le respect et la neutralité religieuse, politique, de genre, sont des valeurs exigées pour éviter l’escalade de la violence. Lorsqu’un·e citoyen·ne face à la police aperçoit une tête-de-mort sur la tenue d’uniforme du policier et la locution « Le pardon est l’affaire de Dieu - notre rôle est d’organiser la rencontre » , que peut-ielle interpréter ? Une menace, un appel à la mort ?

    Le port de cet écusson bafoue le principe constitutionnel de neutralité auquel sont astreints tous les agents publics, ainsi que le code de la sécurité intérieure, lequel précise à son article R515-3 : « Les agents de police municipale s’acquittent de leurs missions dans le respect de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, de la Constitution, des conventions internationales et des lois. ». De plus,L’affirmation « nous organisons la rencontre » est extrêmement inquiétante.

    Notre histoire, nos symboles, le ressort du repli identitaire.

    Le rapprochement entre la tête-de-mort Punisher et l’ancienne locution du commandant Arnaud-Amalric en 1209, " Tuez-les. Le Seigneur connaît ceux qui sont les siens", reprise et modifiée en "Dieu jugera nos ennemis, nous organisons la rencontre" n’est pas une coïncidence. Ces deux cultures qui semblent complètement éloignées, s’unissent dans un univers commun, celui du suprémacisme blanc, du nationalisme, du pan-européanisme et de la guerre des religions.

    Retrouvé, le fil perdu, l’histoire de ce "Morale Patche" Punisher avec sa locution qui fait référence aux croisades, se construit d’abord par la croissante islamophobie après les attentats de 2001 en Amérique. Puis il se matérialise pendant les incursions militaires en Irak et en Afghanistan. Dans l’image suivante, issue du magazine 1001mags-2009-Afganistan 2005, une panoplie d’écussons racistes, suprémacistes, font revivre à nouveau les croisades au Moyen Orient.

    L’affection identitaire aux Templiers et l’éloge des croisades catholiques au cœur de l’extrême droite sont bien connus. L’aspect inquiétant et qui semble de plus en plus une preuve que l’extrême droite s’investit dans les rangs policiers se dessine lorsque que nous corroborons que les deux idolâtrent les mêmes symboles.

    La dernière tragédie qui a frappé les agents de la paix doit sans l’ombre d’un doute interroger le Ministre de l’Intérieur sur l’utilisation de ce type de écussons. Un templier sur le bras d’un policier et un homme qui les attaque et leur crie "Allah Akbar", ne sont pas une pure coïncidence. La hiérarchie de police est responsable pour ce genre de dérives.

    A Paris, un agent de la BAC se balade comme un gangster à côté des manifestants, avec son holster super personnalisé et son tatouage représentant le bouclier du Captain America. Ce dernier renvoie d’abord à l’identité chrétienne puis au nationalisme. Historiquement, les guerriers Templiers ont anéanti la menace musulmane en Europe et au Moyen-Orient et ont permis au christianisme de se renouveler. Mais, ce policier ignore-t-il que les croisades ont fauché quelques 3.000.000 de vies en près de 200 ans ? Les croisades sont-elles vraiment un événement à glorifier et faire valoir dans la police ? Sommes-nous là devant un policier islamophobe ?

    A Marseille à l’été 2019, un autre policier de la BAC, qui au-delà de porter ses grenades (CS et GMD) dans les poches arrières de son pantalon, de manière non-réglementaire, exhibe ses tatouages. Le tatouage sur son bras droit est un des symboles les plus connus du christianisme, le Chrisme ("le Christ") avec l’Α-Alpha et l’Ω-Omega (le Christ est le début et la fin).

    Lorsqu’un.e citoyen.ne face à la police aperçoit le holster avec un guerrier templier, ou des tatouages chrétiens, cela peut être choquant et déclencher la peur. Encore pire, pour les communautés musulmanes en France, les réfugié·es, les sans-papiers, les gens du voyage, souvent victimes de contrôles au faciès par la police.

    Pour conclure ce sujet, qu’il s’agisse des Templiers ou du Punisher, tous deux exacerbent la violence, la vengeance, la suprématie blanche, des valeurs religieuses et l’éthique occidentale. Un code de conduite qui a été dans l’histoire imposé au monde à travers la violence, la mort, la colonisation et évidemment l’assimilation. En fin de compte, la grande question reste : quel est l’objectif de ces forces de l’ordre qui portent ces symboles dans la police républicaine ?

    Spartiates, les gardiens de la paix se trompent

    Ces agents de la police aveuglé·es par le repli identitaire, deviennent des Templiers mais aussi des Spartiates. Le "Force et Honneur" répondant à l’inspiration romaine, le “si vis pacem para bellum”, le ΜΟΛΩΝ ΛΑΒΕ et d’autres slogans repris depuis longtemps par l’extrême droite, débordent au sein de la police. D’autres agents arborent aussi la fleur de lys, symbole de la monarchie française et de la chrétienté.

    Pendant l’année de 2018, plusieurs symboles associés à l’Antiquité seront identifiés sur la tenue d’uniforme de policier·ères. En mai, sur une photo du journaliste Taha Bouhafs, on voit un CRS qui décore son uniforme avec l’insigne, ΜΟΛΩΝ ΛΑΒΕ, du grec - "viens prendre", référence à la bataille des Thermopyles. Un insigne, comme le "Lambda", très en vogue chez les groupuscules d’extrême droite comme la "Génération Identitaire".

    Dans le cas des écussons décorés avec le casque spartiate et qui définissent les unités d’intervention, ils sont pour la plupart réglementés et autorisées par les services de police. L’amalgame est plus insidieux, puisque le casque spartiate est utilisé en Grèce par les forces militaires, mais aussi par la police depuis plusieurs siècles. Le problème que pose l’utilisation de ce symbole nationaliste est que ces signes et insignes sont devenues depuis une cinquantaine d’années des slogans du lobby pro-arme américain, le symbole de milices, mais est aussi très répandu dans l’extrême droite haineuse.

    Le portrait plus angoissant et pervers de cet amour aux symboles est la violence que va avec. La hiérarchie se trompe et les gardiens de la paix aussi, quand ils acceptent de porter ce genre de symboles sans les questionner.

    La création de l’uniforme et des insignes, avaient comme objectif primaire le renforcement de l’image sociale et psychologique des anciens Sergents ou la Maréchaussée, et à partir du XIXe siècle des policiers, dans l’office de la répression et obéissance à la loi. Porter un écusson du roi était un symbole d’autorité, de la même façon que porter la Totenkopf dans le nazisme aspirait à la terreur.

    L’insigne officiel d’une des compagnies présentes le jour où les lycéen·nes de Mantes la Jolie ont été mis à genoux, portait l’écusson avec le casque spartiate. Effectivement, on parle de violence et de punition "in situ ", valeurs très éloignées de l’idée de gardien de la paix.

    Sur Checknews de Libération, au sujet du casque spartiate : “Rien d’étonnant à cela, puisque selon la préfecture des Yvelines, il s’agit « depuis très longtemps » de l’insigne officiel de la CSI (compagnie de sécurisation et d’intervention) du département, qui est intervenue hier. « C’est une compagnie de maintien de l’ordre, ils travaillent parfois avec des casques. Ils ont un casque sur leur uniforme, quel est le problème ? », dit la préfecture.”

    Un autre article du Figaro, Une petite ville bretonne s’inquiète d’une possible réunion néonazie, qui touche le sujet des franges radicales de l’extrême droite, identifie le même casque spartiate comme symbole de la “division nationaliste“.

    En Amérique, le mouvement suprémaciste blanc Identity Evropa, n’échappe pas au scan de PHAROS. Lors des manifestations de Berkeley en avril 2017, la plate-forme colaborative PHAROS (espace où les érudits et le public en général, peuvent s’informer sur les appropriations de l’antiquité gréco-romaine par des groupes haineux) explique que ces symboles sont utilisés par “les partisans de la théorie du « génocide blanc », soutenant des opinions anti-gay, anti-immigrés, antisémites et anti-féministes”., sont les mêmes symboles ou le même drapeau raciste “confédéré” affiché par des agents de police en France.

    Si dans le passé ces écussons spartiates avaient un sens, aujourd’hui leur utilisation parait complètement réactionnaire, et même dangereuse. Permettre que ce genre de concepts violents soit associé au travail des "gardiens de la paix" reflète un énorme manque de respect pour la profession, mais aussi pour la population française.

    Compte tenu des preuves et des liens de ces mêmes symboles avec les milieux extrémistes et violents, la négligence du gouvernement et de la hiérarchie s’accorde dans une résolution ; celle de l’acceptation de la violence et de l’extrémisme au sein de la police républicaine.

    Article sur : https://www.lamuledupape.com/2020/12/09/semiologie-la-police-dans-lepicentre-de-la-violence

    https://blogs.mediapart.fr/ricardo-parreira/blog/091220/semiologie-la-police-dans-l-epicentre-de-la-violence

    #vengeance #mort #tête_de_morts #racisme #fascisme #nazisme #écussons #signification #politique_des_symboles #légitimité #confiance #loi #code_vestimentaire #symboles_repères #néo-nazis #extrême_droite #suprémacisme_blanc #signes_faibles #idéologie #forces_de_l'ordre #France #dérive #Punisher #CRS #BAC #police_nationale #déontologie #neutralité_politique #uniforme #ΜΟΛΩΝ_ΛΑΒΕ #RGEPN #dérives #Batalhão_de_Operações_Policiais_Especiais (#BOPE) #Totenkopf #Marvel #Gerry_Conway #crâne #peur #horreur #terreur #Anti-Defamation_League (#ADL) #Morale_Patches_non-réglementaires #escalade_de_la_violence #Templiers #croisades #Captain_America #tatouages #Chrisme #Α-Alpha #Ω-Omega #contrôles_au_faciès #Spartiates #Force_et_Honneur #slogans #Lambda #génération_identitaire #nationalisme

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    déjà signalé en 2020 par @marielle :
    https://seenthis.net/messages/890630

  • Albanian police could be brought to UK to help stop Channel crossings

    Albania has offered senior law enforcement support to the UK to provide authorities with intelligence and to help processing and removals.

    https://news.sky.com/story/albanian-police-could-be-brought-to-uk-to-help-stop-channel-crossings-1268

    –-> Comment appeler ce processus ? #Externalisation_interne ?
    Comme suggéré par Charles Heller et Lorenzo Pezzani dans ce papier sur les pratiques de non-assistance ?

    “The Dublin Convention thus came to operate for northern EU states as the internal dimension of the policies of externalisation that were being applied outside the EU: a policy of internal externalization through which an inner rim of control was erected in order to select and control migrants’ movements.”

    http://nearfuturesonline.org/ebbing-and-flowing-the-eus-shifting-practices-of-non-assistance-a

    #Albanie #UK #Angleterre #Manche #La_Manche #frontières #contrôles_frontaliers #militarisation_des_frontières #police #police_albanaise #réfugiés_albanais #migrants_albanais

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