• La participation citoyenne au chevet de la démocratie
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2022/02/25/la-participation-citoyenne-au-chevet-de-la-democratie_6115180_3232.html

    Très bon papier de synthèse sur les formes de la démocratie par Claire Legros.

    L’engagement direct du peuple dans la décision publique peut redonner du souffle au système représentatif. Mais l’instauration du « citoyen-législateur » remet en cause deux cents ans de théories politiques.

    C’est une absence qui obsède, un vide qui occupe beaucoup d’espace. La désaffection des citoyens pour les urnes s’accentue en France depuis trente ans. La démocratie va mal et les raisons du malaise sont désormais bien identifiées : défiance à l’égard des politiques, sentiment d’être mal représenté, poids des intérêts privés dans la décision politique… Pour autant, ce désengagement ne remet pas en cause l’attachement aux principes mêmes de la démocratie. Il se combine, au contraire, avec une aspiration au renouvellement, confirmée par le baromètre du Cevipof (le Centre de recherches politiques de Sciences Po) de janvier. Tandis que 39 % des enquêtés pensent qu’une bonne façon de gouverner est d’avoir un pouvoir fort qui n’a pas à se préoccuper du Parlement ou des élections, plus de deux tiers estiment, au contraire, que le système politique fonctionnerait mieux si les citoyens étaient davantage associés aux grandes décisions politiques.

    Une majorité de Français revendiquent donc d’avoir voix au chapitre, et pas seulement au moment des élections. Malgré ce constat, si plusieurs candidats ont intégré des propositions en ce sens dans leur programme, la refondation de la démocratie ne fait pas l’objet d’un débat structuré. Le risque est réel que cette échéance présidentielle s’apparente à un rendez-vous manqué.

    Cette situation est d’autant plus préoccupante que la décennie qui s’achève aura été traversée par de puissants vents contraires. D’un côté, le terrorisme et la crise liée au Covid-19 ont renforcé la verticalité du pouvoir ; la succession des états d’urgence a « dilué » les frontières entre la démocratie et l’autoritarisme, selon la juriste Stéphanie Hennette-Vauchez (La Démocratie en état d’urgence, Seuil, 224 pages, 19,90 euros). De l’autre côté, le mouvement des « gilets jaunes » et les mobilisations des Jeunes pour le climat sont venus bousculer l’agenda du quinquennat, articulant revendications sociales et démocratiques, les premiers à travers leur demande de référendum d’initiative citoyenne, les seconds dénonçant la difficulté du système politique à se projeter dans le temps long.

    « Pour réussir les multiples et importantes transitions qui s’annoncent, notre génération est la première à devoir changer volontairement et radicalement de modèle de société. Les décisions ne peuvent plus venir d’en haut, elles doivent être négociées, affirme Chantal Jouanno, présidente de la Commission nationale du débat public (CNDP). Nous sommes face à un défi démocratique immense, celui d’inventer une autre façon de gouverner. »

    #Démocratie #Démocratie_représentative #Conventions_citoyens #Démocratie_participative #Démocratie_délibérative