• Dolphin abandons efforts to bring emulator to Steam
    https://www.gamedeveloper.com/business/dolphin-abandons-efforts-to-bring-emulator-to-steam

    Developer Dolphin has announced that it’s given up on trying to bring its titular emulator to Steam. On its blog, the company gave an update to months long controversy that saw its emulation software delisted from Valve’s storefront after a DMCA takedown. 

    Dolphin was quick to clarify that Nintendo didn’t file the original takedown, as initially believed. It revealed that Valve’s legal team contacted Nintendo, after which a lawyer from Nintendo of America asked Valve to delist the product.

    The only way to avoid delisting, according to the blog, was to come to an agreement with the Japanese developer. But Dolphin acknowledged Nintendo’s often litigious view on emulation and considered “Valve’s requirement for us to get approval from Nintendo for a Steam release to be impossible.”

    “Considering the strong legal wording at the start of the document and the citation of DMCA law, we took the letter very seriously,” wrote Dolphin. It added that its original statement post-takedown was “fairly frantic” and “as we understood it at the time, which turned out to only fuel the fires of speculation.”

    #jeux_vidéo #jeu_vidéo #émulation #émulateur_dolphin #nintendo #valve #dmca #droit_d_auteur #copyright #piratage

  • La betterave, la gauche, le peuple - et nous Chez Renard - Tomjo

    Le 12 janvier 2023, la coopérative sucrière #Tereos est condamnée à une amende record d’un demi-million d’euros pour l’ #écocide de l’Escaut en 2020 [1]. Que ce soit au moment de la catastrophe, lors de l’audience en décembre 2022, ou du délibéré quelques semaines plus tard, on n’a vu ni le député local ni le maire exiger des comptes du deuxième groupe sucrier mondial devant une foule vengeresse. Non plus qu’on n’a entendu le « député reporter » #François_Ruffin, dans sa cuisine ou aux portes de l’usine, dénoncer les méfaits du sucre sur la #santé et de Tereos sur la vie. On n’a pas vu le ministre de l’industrie Renaud Lescure taper du poing en sous-préfecture, ni #Xavier_Bertrand, président du Conseil régional, défiler dans les rues. Le président des Hauts-de-France préférant manifester à Paris le 7 février 2023, juché sur les tracteurs des betteraviers pour défendre l’épandage de #néonicotinoïdes : « Il n’est pas question de faire les mêmes conneries sur l’agriculture que sur le nucléaire ! »

    
À l’inverse, aucun élu n’a manqué pour défendre l’usine à l’annonce de la fermeture de la sucrerie d’Escaudoeuvres le 7 mars suivant. A entendre nos représentants du peuple, non seulement celle-ci ferait la prospérité des gens du Nord, mais elle participerait d’un patrimoine digne d’être défendu – demandez à la DRAC (Direction régionale des affaires culturelles), appelée à la rescousse de l’usine pendant les procès pour relancer le mythe de la betterave sucrière, impériale et napoléonienne. Seul Renart s’échine à briser le silence d’une région, de ses habitants et # ses élus, sur leurs méfaits.

    #Pollution historique, amende record. Le 9 avril 2020, un bassin de décantation de la #sucrerie d’Escaudoeuvres déverse 100 000 m3 d’eau contaminée dans l’Escaut. Le préfet n’ayant pas prévenu les autorités belges, la pollution a tout loisir de passer les écluses, descendre la rivière, et supprimer toute trace de vie sur plus de 70km, poissons, batraciens, libellules. Les autorités belges et des associations françaises attentent un procès à Tereos. Trois ans plus tard, le 12 janvier 2023, le juge inflige neuf millions d’euros de dommages et intérêts pour restauration de la rivière, et une amende de 500 000 euros – laissant l’État français, lui aussi muet depuis le début, sauf de toute responsabilité pour sa négligence. L’avocat des betteraviers se réjouit que le montant soit « très inférieur aux demandes qui ont été faites [2]. » C’est tout de même plus que la dernière grande catastrophe écologique survenue en France, le naufrage de l’Erika en 1999, qui avait valu à Total une amende de 375 000 euros, soit 424 000 euros d’aujourd’hui.

    Les 123 salariés et les habitants d’Escaudœuvres s’apprêtaient à célébrer les 150 ans de leur sucrerie quand Tereos annonce sa fermeture le 7 mars, à peine deux mois après le délibéré. Ces élus qui n’avaient rien dit, et rien à dire, sur la catastrophe de Tereos, se précipitent pour dénoncer sa fermeture [3]. Parmi les trémolos, ceux du député Guy Bricout et du maire Thierry Bouteman :

    Cambrai, terre agro-alimentaire depuis 150 ans : c’est notre passé, c’est notre présent, et nous croyons que c’est notre avenir. Nous demandons l’arrêt de tout processus qui conduirait à la fermeture de notre sucrerie à Escaudœuvres. Il faut être déconnecté, ou perdre confiance, pour prendre une telle décision. Je ne les crois pas déconnectés, je crois qu’ils ont perdu confiance. Pas nous. Pas les sucriers, pas les saisonniers, pas les intérimaires, pas les sous-traitants depuis 150 ans. Pas les élus, pas les habitants.

    En écho, le ministre délégué à l’industrie #Renaud_Lescure se déplace quelques jours plus tard pour déclarer que « l’industrie, c’est une arme anti-colère, l’industrie c’est une arme d’espoir. » Il annonce trois millions d’euros pour un « rebond industriel dans le Cambrésis ». Puis c’est au sénateur communiste Eric Bocquet de rappeler combien « la sucrerie, c’est l’ADN de la commune » (bonjour le diabète), une « véritable institution dans l’arrondissement de Cambrai », dont l’« histoire » et la « richesse » rendent sa fermeture « particulièrement violente » [4].
    
Chacun sa partition, mais le premier arrivé devant l’usine pour donner le ton, c’est l’« insoumis » amiénois François Ruffin : la betterave à sucre serait selon notre « député reporter », comme il se présente, une « production industrielle qui appartient à notre patrimoine » national, un fruit de « l’intelligence humaine » inventé pendant le blocus continental entre 1806 et 1815, justifiant par là que « l’État intervienne dans l’économie, construise des filières dans la durée, et fasse que les vies, les usines, l’économie ne dépendent pas seulement des cours de bourse. » 

    Si les cours de bourse ne doivent pas décider de la fermeture d’une usine (dont le groupe Tereos empoche cette année des profits records : 6,6 milliards d’euros de chiffre d’affaires sur 2022/2023, +29 % en un an), au nom de quoi doit-elle tourner ? Son utilité sociale ? Son histoire centenaire ?

    Le « député-reporter » attaque son discours-reportage par la glorification de l’épopée scientifique du sucre. Nous, on commencerait plutôt par toutes ces maladies de l’ #agro-industrie, et du sucre en particulier, qui représentent désormais la première cause de mortalité dans le monde. Savez-vous, lecteur, qu’entre le #diabète, l’ #obésité, les maladies cardiovasculaires et l’ #hypertension artérielle, la bouffe tue désormais plus que la faim ! Vu la progression actuelle du diabète (+ 4,5 % par an en France par exemple), la revue scientifique The Lancet prédit 1,3 milliard de malades du sucre en 2050 dans le monde - presque 10 % de la population mondiale [5] ! Du sucre, on en trouve partout, dans les sodas bien sûr, mais aussi dans les chips, les pizzas, le pain de mie, le pesto, et toutes les pâtées préparées. Le sucre, c’est la drogue de l’industrie alimentaire.
    
Accordons à Ruffin qu’avec une telle entrée en matière – « Vous êtes la première cause de mortalité dans le monde » –, l’accueil eut été réservé. Mieux vaut seriner combien la betterave, comme toute autre nuisance industrielle, est objet de fierté dans une région de labeur et pour un peuple courageux. Ce que Ruffin rabâche depuis dix ans [6]. Ce qu’il est venu rabâcher sur les lieux mêmes d’une catastrophe historique qui élimina toute trace de vie sur 70 km, des poissons aux batraciens :

    Les salariés me disent combien ils aiment leur travail, combien ils aiment le sucre. Je pense que cet amour du métier, quand on est prof, soignant ou dans l’industrie... faut pas croire que le travail ce soit seulement un salaire. C’est aussi un amour de son métier. Les gens me disent : "Tereos, c’est notre famille, c’est notre maison, on y est bien, on est prêts à passer quatre noëls d’affilée sans voir nos enfants. Mon gamin il a quatre ans et je n’ai pas passé un seul noël avec lui. On est prêts à faire 190 heures par mois pour faire le boulot".

    Accordons encore que douze heures de turbin, que l’on soit salarié d’une sucrerie ou esclave d’un champ de canne à sucre, finissent en effet par créer des liens fraternels, mais ne peut-on jamais dans ce Nord funèbre tisser de liens fraternels ailleurs que dans les tranchées, au fond des mines, ou sur une ligne de production ? Sommes-nous à jamais enfermés dans un roman de Zola ou de Van der Meersch ?
    
Il en a fallu des mensonges, des récits grandioses et des mythes fondateurs, répétés de gauche à droite, par les patrons et parfois par les ouvriers, pour excuser les saloperies dont on se rend coupable ou consentir à son exploitation. Demandez aux combattants de la « Bataille du charbon », quand les mines nationalisées, gérées par un accord gaullo-communiste, restauraient le salaire à la tâche, augmentaient les cadences, les taux de silicose et de mortalité, en échange de congés payés [7]. Est-ce là votre « progrès » ?

    Aujourd’hui, Ruffin et ses pareils, qui n’ont pas perdu leurs quatre derniers noëls dans la mélasse, entendent utiliser « l’histoire grandiose du sucre de betterave » afin de justifier le sauvetage de l’industrie betteravière. Mais c’est un mythe que l’invention du sucre de betterave par Benjamin Delessert, et la création d’une filière sucrière par un Plan d’investissements de Napoléon. Une mystification que Le Betteravier français propage à l’envi pour justifier l’œuvre supérieure de la corporation devant ses calomniateurs écologistes [8], que Le Monde répète pour magnifier le Génie technoscientifique [9], ainsi que Fakir, le journal de François Ruffin, pour célébrer le volontarisme étatique [10].
Reprenons donc depuis le début la véritable histoire du sucre de betterave, bien plus passionnante que la fausse.

    Arnaque impériale chez les sucriers lillois
    Ou le mythe de la betterave napoléonienne

    Suivant la version courante, le prix du sucre sur le continent aurait été multiplié par dix à la suite du blocus continental décrété en 1806 contre l’Angleterre par Napoléon. La canne à sucre, cultivée par des esclaves, arrivait jusqu’alors des Antilles, avant d’être raffinée en métropole. Il aurait fallu trouver d’urgence une solution à la pénurie. Sur les conseils du célèbre chimiste Jean-Antoine Chaptal, #Napoléon signe le 25 mars 1811 un décret d’encouragement de la betterave à sucre : il réserve 32 000 hectares de culture à la betterave, dont 4 000 dans le nord de la France et en Wallonie (alors française), et promet un prix d’un million de francs à qui ramènerait le premier pain de sucre.
    
Vient ensuite la scène légendaire. Le 2 janvier 1812, Chaptal court chez l’empereur. Un industriel versé dans la science, Benjamin Delessert, aurait relevé le challenge dans son usine de Passy. L’empereur et le chimiste se seraient hâtés pour admirer les pains de sucre et, dans son enthousiasme, Napoléon aurait décroché sa propre croix de la Légion d’honneur pour en décorer Delessert.
Moralité : dans l’adversité de la guerre et de la pénurie, l’œuvre conjuguée d’un chef d’État volontaire (Napoléon), d’un scientifique compétent (Chaptal) et d’un industriel ingénieux (Delessert), nous aurait offert le premier pain de sucre de betterave – et l’abondance à portée de main.
A peu près tout est faux. En rétablissant certains faits, en observant les autres d’un autre point de vue, on découvre en réalité une sombre affaire de #vol_industriel et de #copinage au plus haut de l’État, suivie d’une lamentable défaite commerciale.


    Napoléon 1er, protecteur de l’agriculture et de l’industrie, Bronze, Henri Lemaire, 1854, Palais des Beaux-arts de Lille.

    Premier mythe : l’urgence du blocus. Dans un article assez complet sur le sucre de betterave, l’historien Ludovic Laloux est formel :
    Prévaut souvent l’idée que le blocus britannique instauré en 1806 aurait empêché de débarquer du sucre dans les ports français et, en réaction, donné l’idée à Napoléon d’encourager la production de sucre à partir de la betterave. Or, la première intervention de l’Empereur en ce sens date de 1811. En fait, dès 1791, la situation saccharifère s’avère plus complexe en Europe avec un effondrement des approvisionnements en sucre de canne [11].

    Pourquoi cet effondrement ?
Dans les remous de la Révolution française, les esclaves de Saint-Domingue s’insurgent fin août 1791 et obtiennent leur affranchissement. La main d’œuvre se rebiffe. Le prix du sucre explose. Il faut s’imaginer Saint-Domingue comme une île-usine, et même la première du monde. 500 000 esclaves produisent à la veille de l’insurrection 80 000 tonnes de canne à sucre par an (à titre de comparaison, 600 000 esclaves travaillent alors dans les colonies américaines) [12]. Une « crise du sucre » éclate immanquablement à Paris en janvier 1792. Les femmes attaquent les commerces, les hommes la police, puis on réclame du pain. Rien d’original. On peut recommencer la scène autant que vous voulez, avec du Nutella ou des paquets de cigarettes.
    
Mais le blocus ? En 1810, quatre ans après son instauration, dans une lettre à son frère Louis-Napoléon, l’empereur doit admettre l’efficacité de la contrebande : « C’est une erreur de croire que la France souffre de l’état actuel. Les denrées coloniales sont en si grande quantité qu’elle ne peut pas en manquer de longtemps, et le sirop de raisin et le miel suppléent partout au sucre [13]. » Le blocus n’inquiète en rien l’empereur.

    Deuxième mythe : l’invention du sucre de betterave. A partir des découvertes du chimiste Andreas Marggraf, son maître, le chimiste prussien Franz Achard, fils de huguenots du Dauphiné et membre de l’Académie royale des sciences, plante ses premières betteraves à sucre en 1796. Le roi Frédéric-Guillaume III lui accorde un terrain et des subsides pour une première raffinerie en 1801. L’Allemagne est la plus avancée dans le sucre local. Son procédé inquiète le gouvernement anglais, producteur et importateur de sucre de canne, qui se lance dans une manœuvre de déstabilisation industrielle. Il tente de soudoyer Achard, contre 50 000 écus d’abord puis 200 000 ensuite, afin que ce dernier publie un article scientifique dénigrant ses propres recherches. L’honnête Achard refuse et il revient au chimiste anglais Humphry Davy d’expliquer combien la betterave sera à jamais impropre à la consommation.

    La « désinformation » paraît fonctionner. En France, l’Académie des sciences sabote ses propres recherches sur la betterave, et Parmentier, le célèbre pharmacien picard qui fit le succès de la pomme de terre, milite encore en 1805 en faveur d’un sucre extrait du raisin.

    Les précurseurs français du sucre de betterave ne sont pas à l’Académie, ni dans les salons impériaux, mais à Lille, à Douai et en Alsace. Leurs Sociétés d’agriculture connaissent depuis longtemps la betterave fourragère et suivent de près les progrès du raffinage de la betterave réalisés en Belgique, aux Pays-Bas et en Allemagne. Le scientifique François Thierry expose ses recherches dans La Feuille de Lille en avril 1810, et récolte ses premiers pains de sucre à l’automne. Expérience concluante au point que le préfet du Nord envoie des échantillons au ministre de l’Intérieur Montalivet le 7 novembre, et cette lettre à M. Thierry : « Votre sucre a la couleur, le grain, le brillant, j’ose dire même la saveur de celui des colonies [14]. » Le ministre Montalivet envoie à son tour remerciements et gratification au Lillois.

    Quelques jours plus tard, le 19 novembre, un pharmacien peu scrupuleux présente devant l’Académie des sciences de Paris deux pains de sucre sortis mystérieusement du laboratoire du chimiste Jean-Pierre Barruel, chercheur à l’École de médecine de Paris. L’affaire est bidon et Barruel confondu en « charlatanisme » par ses pairs [15]. Elle prouve cependant que les milieux scientifiques parisiens s’intéressent à la betterave sucrière.
Au même moment, les commerçants lillois Crespel, Dellisse et Parsy améliorent les procédés d’Achard, d’abord en séparant le sucre de la mélasse grâce à une presse à vis, puis en utilisant le charbon animal (de l’os calciné) pour blanchir le sucre [16]. Ils remettent leur premier pain de sucre en décembre 1810 au maire de Lille, M. Brigode, puis installent leur sucrerie rue de l’Arc, dans le Vieux-Lille. En février 1811, un pharmacien lillois du nom de Drapiez parvient également à tirer deux pains de sucre de qualité.

    Le 10 janvier, le ministre Montalivet vante auprès de l’empereur les progrès du sucre de betterave… dans les pays germaniques, sans mentionner les Lillois. Quand deux mois plus tard, Napoléon (aidé de Chaptal) publie son fameux décret à un million de francs, il sait qu’à Lille on fabrique des pains de sucre de qualité commercialisable.

    Troisième mythe : l’empereur visionnaire. Pour saisir l’entourloupe, il faut s’attarder sur la culture de la betterave. La betterave se plante fin mars. Un campagne de production suivant un décret signé le 25 du même mois n’a donc aucune chance de réussir. Il aurait fallu de surcroît disposer d’un stock de graines que la France ne possède pas : la betterave est bisannuelle, elle fleurit une année, et ne donne des graines que l’année suivante.
Aussi, connaissant la nature assez peu aventureuse des paysans, il est compréhensible que ceux-ci s’abstiennent de cultiver en grande quantité, et du jour au lendemain, une espèce inconnue. Enfin, le peu de betteraves récoltées à l’automne 1811 s’entasse devant des raffineries inexistantes ou des raffineurs encore incompétents.
    
Bref, la planification de la betterave à sucre ressemble davantage à un caprice d’empereur qu’à une décision mûrement établie par un technocrate visionnaire. Dans son rapport du 30 décembre 1811, Montalivet doit masquer le fiasco. C’est alors que Napoléon se tourne vers #Chaptal pour sa politique sucrière.

    Quatrième mythe : l’épisode de l’intrépide Benjamin Delessert. Jean-Antoine Chaptal est en 1811 un chimiste réputé, professeur à l’école Polytechnique, membre de l’Académie française, mais aussi l’ancien ministre de l’Intérieur de Napoléon de 1801 à 1804 – auteur de cette loi qui instaura le département, l’arrondissement, le canton, et la commune. Chaptal est enfin un industriel d’acide sulfurique, et le propriétaire depuis 1806 de terres et d’une raffinerie de betterave à sucre dans l’Indre-et-Loire. C’est en bref, au sens le plus actuel du mot un technocrate polyvalent. Tout à la fois scientifique, politique et entrepreneur, jouant successivement et simultanément de ces diverses compétences.
    
Un autre historien résume la politique betteravière française : « Non seulement il [Chaptal] est à l’origine de tous les décrets qui lui ont donné naissance mais encore il l’a pratiquée lui-même à Chanteloup, sur ses propres terres, dès 1806 [17]. » Un banal conflit d’intérêts.
Chaptal a pour ami proche Benjamin Delessert, riche banquier issu d’une riche famille suisse et calviniste de banquiers, propriétaire d’une usine textile à Passy. Sa mère était amie avec Benjamin Franklin, et lui-même rencontra Adam Smith et James Watt pendant son voyage d’études en Écosse. Delessert fut maire du 3ème arrondissement de Paris en 1800 et avait déjà monté une raffinerie de sucre de canne en 1801 alors que son cousin Armand œuvrait lui-même dans le raffinage, à Nantes, avec Louis Say (future #Béghin-Say, future Tereos). En 1801, Delessert avait aidé Chaptal, alors ministre de l’Intérieur, à monter sa Société d’encouragement pour l’industrie nationale, puis avait été nommé Régent de la Banque de France en 1802. Voilà le C.V. de nos deux combinards quand l’empereur s’apprête à soutenir la production betteravière de son premier décret.

    A la fin de l’année 1811, la raffinerie du Vieux-Lille a déjà produit 500 kilos de sucre, et elle en produira 10 000 l’année suivante. Ainsi…

    Lorsqu’en 1812, Derosne [un chimiste proche de l’Empereur] et Chaptal arrivèrent à Lille avec mission d’y installer une sucrerie, leur surprise fut extrême en apprenant, dès leur arrivée, que le problème était résolu et que la petite fabrique de Crespel et Parsy fonctionnait depuis près de deux années. Ils s’en retournèrent à Paris, mais il ne paraît pas qu’ils aient averti Napoléon de ce qu’ils avaient vu, car les industriels lillois n’entendirent point parler de la récompense promise. Celle-ci fut décernée, la même année, à B. Delessert qui, occupé des mêmes recherches, obtint, mais deux ans plus tard, les mêmes résultats que Crespel et Parsy. […] Il est bon de constater qu’au moment même où Delessert était supposé découvrir le moyen de tirer du sucre de la betterave en 1812, Crespel et Parsy livraient déjà régulièrement leurs produits, à raison de 10 000 kilogrammes par an, à la consommation, précise un Dictionnaire encyclopédique et biographique de l’Industrie et des arts industriels de 1883 [18].

    Quand Napoléon débarque chez Delessert, celui-ci vient d’extraire 74kg de sucre à partir de cinq tonnes de betteraves, soit la quantité produite un an auparavant par les Lillois. Le duo Chaptal-Delessert semble bien avoir intrigué pour se réserver le million à investir dans le sucre. En 1812, Chaptal double ses terres de betterave, qui passent à cinquante hectares. Il y récolte vingt tonnes par hectare, emploie seize personnes, et prétend utiliser le procédé inventé par Delessert.
Delessert quant à lui ajoute le sucre de betterave à ses multiples affaires. Il fondera en 1818 la Caisse d’Épargne et – comme cette histoire est décidément riche de ricochets ! – notre populaire Livret A.

    Cinquième et dernier mythe : le Plan qui créa la filière. Le 15 janvier 1812, Napoléon signe un second décret qui cette fois réserve 100 000 hectares de terres à la betterave, offre 500 licences de raffinage, et crée quatre raffineries impériales. La France doit trouver 500 tonnes de graines qu’elle n’a pas, et les paysans sont d’autant plus réticents que la campagne précédente fut désastreuse. Seuls 13 000 hectares sont plantés. La récolte atteint péniblement 1,5t de sucre, 27 % de plus que l’année précédente.
    
L’impérial fiasco de Napoléon cesse là. La guerre l’appelle, il perd et abdique au printemps 1814. Les rois Bourbons installent leur Restauration. Fin du blocus. La politique betteravière française est enterrée. Les faillites se multiplient. Seul le Nord continue de planter de la betterave sucrière, et le Lillois Crespel, parti à Douai, demeure longtemps l’unique fabricant de sucre de betterave de France. Il résiste tant et si bien au « lobby » du sucre colonial qu’un boulevard porte aujourd’hui son nom à Arras, où trône sa statue. Le mythe napoléonien est quant à lui bien plus répandu. On doit au patronat lillois, en 1854, un bronze de Napoléon premier du nom, aux pieds duquel sont gravés les décrets relatifs à la betterave, ainsi qu’une grosse betterave. La statue est restée jusqu’en 1976 au milieu de la Vieille Bourse, sur la Grand’Place de Lille, avant d’être remisée dans la rotonde Napoléon du Palais des Beaux-Arts.

    Si l’invention du sucre de betterave par Napoléon est devenue un mythe au XIX° siècle, il s’agit d’abord d’un mythe patronal.

    On peine à le saisir, mais la « question des sucres » est pendant la première moitié du XIX° siècle un sujet politique des plus épineux. Le roi Louis-Philippe taxe le « sucre indigène » en 1838 et va jusqu’à menacer d’interdiction le commerce de betterave. La bataille est commerciale autant qu’idéologique. Avec la canne à sucre, les armateurs, les ports et les propriétaires coloniaux défendent les rentes de leur vieille économie agraire/féodale, et donc la monarchie. Avec le « sucre indigène » extrait de la betterave, les industriels défendent une nouvelle économie plus dynamique, plus scientifique, plus moderne, et donc un système politique bourgeois. Contre les monarchistes, les rentiers, les esclavagistes, et les Anglais : la betterave !

    Louis-Napoléon publie en 1842, depuis sa geôle picarde du fort du Ham, une Analyse de la question des sucres [19]. Faut-il favoriser le travail des esclaves ou celui des ouvriers français libres ? « Il est impossible d’arrêter la marche de la civilisation, répond le futur empereur, et de dire aux hommes de couleur qui vivent sous la domination française : ‘’Vous ne serez jamais libres.’’ » Vive la betterave.

    Alors que la production française ne passe que de 4 000 tonnes de sucre en 1814 à 10 000 en 1830, la production décolle avec l’arrivée de Louis-Napoléon sur le trône. De 26 000 tonnes en 1841, elle passe à 92 000 tonnes en 1850, monte à 381 000 à la fin de l’empire en 1870, pour atteindre le million en 1900, avant que la guerre 14-18 ne détruise 75 % des sucreries, concentrées dans le nord de la France [20].
Si l’actuelle union sacrée de la betterave devait déposer une gerbe aux pieds d’un empereur, c’est à ceux de Louis-Napoléon III qu’il faudrait la déposer, tant la production betteravière explose sous le second empire.
    Les promesses de paradis terrestre à Escaudœuvres et dans le monde
    En septembre 2022, deux ans après la catastrophe, et à quelques semaines du procès, la Direction régionale des affaires culturelles (la DRAC) envoie ses artistes en résidence dans le Cambrésis pendant six mois pour « une série d’actions permettant aux habitants une meilleure appréhension et compréhension de la sucrerie d’Escaudœuvres et de son ‘’écosystème’’ dans le cadre des 150 ans ». 

    Que peut-on attendre d’un « laboratoire original d’action culturelle patrimoniale » en lien « avec la sucrerie et les tissus agricole et économique », sinon une couche de caramel sur un tas d’ordures [21] ?
Des questions se posent, trop simples sans doute pour les esprits raffinés. En un siècle et demi, la sucrerie a-t-elle fait d’Escaudœuvres un pays de Cocagne pour habitants comblés ? Vivait-on mieux dans la région, ou moins bien, avant la monoculture de la betterave ? Quel bilan tirer de l’industrie alimentaire pour le canton, pour la région et pour le monde ?

    Imaginons que vous rejoigniez Cambrai en voiture depuis Amiens : que vous preniez l’autoroute à Péronne ou la nationale par Albert, vous traversez la même désolante plaine agro-industrielle, une terre lourde désertifiée aux herbicides en hiver, rythmée non par des haies mais par des éoliennes. Certains villages de ce coin perdu de la Somme semblent ne devoir leur survie qu’à quelques propriétaires d’exploitations, dont on compte le nombre d’hectares en centaines. A peine les villages autour de Pozières accueillent des touristes anglais, canadiens et australiens, dans leur Musée de la guerre 14 et leurs innombrables cimetières militaires. On conseille la visite pendant les neuf mois d’hiver. Notre tableau n’est certes pas bucolique, mais les offices du tourisme ne participent pas non plus aux concours du plus beau village de France.

    Arrivés sur place, Escaudœuvres n’est séparée de Cambrai que par la zone commerciale, aujourd’hui le premier employeur de la ville, avec ses restaurants de « bouffe rapide » et sucrée bourrés les mercredis et week-ends. Escaudœuvres est une zone-village sans attrait, s’étirant le long de la départementale 630, qui elle-même longe l’Escaut, qui lui-même s’en va mourir en Mer du nord sous le toponyme flamand de Schelde. La sucrerie fut longtemps le cœur battant du village, qui vit au rythme des récoltes depuis 150 automnes. Mais à côté de la sucrerie et de la zone commerciale, Escaudœuvres est également connue pour sa fonderie Penarroya-Metalleurop qui rejetait avant sa fermeture en 1998 une tonne de plomb dans l’air tous les ans. Une digue, encore une digue, avait cédé en 1976, décimant les troupeaux alentours et interdisant la consommation des légumes« Pollution par le plomb près de Cambrai », [22]. Pour tout souvenir indélébile de l’épopée métallurgique, les riverains sont depuis le début du mois de juillet 2023 invités à un dépistage de plombémie dans le sang [23]. La fonderie est devenue une usine de « recyclage » de batteries de voitures électriques. Si la filière est d’avenir, elle en aura toujours moins que le saturnisme, la maladie du plomb.

    La Sucrerie centrale de Cambrai fut fondée en 1872 par l’inventeur de la râpe à betterave, l’ingénieur des Arts et Métiers Jules Linard [24]. Son invention lui offre un avantage compétitif sérieux. La sucrerie d’Escaudoeuvres est réputée la plus grande du monde avant sa destruction en 1914. Reconstruite et modernisée grâce aux indemnités des dommages de guerre, elle est rachetée par Ferdinand Béghin en 1972, alors patron du sucre et de la presse de droite. Un C.V. s’impose :
La famille Béghin raffine du sucre depuis que Ferdinand 1er (1840-1895) s’est vu léguer la raffinerie de Thumeries en 1868, dans le Pas-de-Calais. Ses fils Henri (1873-1945) et Joseph (1871-1938) font prospérer l’entreprise : ils rachètent plusieurs sucreries dans la région, et construisent à Corbehem en 1926 leur propre papeterie-cartonnerie, pour assurer eux-mêmes l’emballage. 

    Ce faisant, pourquoi ne pas fabriquer aussi des journaux ?, leur suggère le patron roubaisien du textile et des médias Jean Prouvost (1885-1978). Banco : voilà un marché porteur. Le groupe #Béghin prend la moitié de Paris-Soir, de Marie Claire et de Match vers 1936-1938, si bien qu’il doit acheter 34 000 hectares de forêt en Finlande pour couvrir ses besoins de papier. 

    Pendant ce temps, le village de Thumeries est devenu une « ville-usine », une coopérative géante dominée par la main paternelle des Béghin. Entre leurs cinq châteaux, ils construisent les logements de leurs ouvriers, mais aussi leur stade de foot, leur gymnase leur piscine, leur club de basket, et rénovent encore leur église après les bombardements de 1940. Les Béghin emploient, logent, distraient leur main d’œuvre, qui les gratifie du poste de maire à plusieurs reprises. L’enfermement industriel si répandu dans les corons.

    La papeterie-cartonnerie de Corbehem, où l’on fabrique le papier magazine satiné, surclasse la concurrence, et Ferdinand le jeune (1902-1994) investit à son tour dans l’édition. Il prend en 1950 le contrôle de Paris-Match, Le Figaro et Télé 7-jours, en même temps qu’il devient leader du marché des mouchoirs, papiers toilette, et serviettes hygiéniques (Lotus, Vania, Okay). Sucre et papier, de la bouche au c… cabinet.
    
Bref, Ferdinand Béghin s’associe à la famille Say en 1972 pour créer le groupe Béghin-Say. Mais les investissements hasardeux s’enchaînent, le groupe familial se délite, et finit racheté par son banquier historique Jean-Marc Vernes – intime de Serge Dassault et de Robert Hersant, argentier de la presse de droite et du RPR, trafiquant en tous genres, et notamment d’influence.

    Les grandes manœuvres capitalistes se poursuivent. Béghin-Say passe sous la coupe du chimiste italien Ferruzzi en 1986, puis de l’autre groupe chimique italien, Montedison, en 1992. L’entreprise s’installe au Brésil en 2000 alors que les betteraviers réorganisent, en 2003, leur activité sucrière sous la forme coopérative et sous le nom de Tereos. Investie dans la canne à sucre, la coopérative peut prendre part à la déforestation de l’Amazonie, à la culture de canne transgénique [25], à la perpétuation de l’esclavage [26]. Tereos est aujourd’hui le deuxième producteur mondial de sucre, présent sur les cinq continents, en République tchèque, à La Réunion, en Indonésie, au Kenya, en Inde, pour produire du sucre et des dérivés comme le glucose, l’amidon, l’éthanol, etc.

    Dans les Hauts-de-France, près de la moitié des agriculteurs produisent de la betterave à sucre, qui rapporte à elle seule 350 millions d’euros à la région tous les ans. Cette manne sucrière alimente ensuite la filière régionale des chocolateries, sucreries et sodas, fournissant par exemple Coca-Cola à Dunkerque à raison de 42 morceaux de sucre par bouteille de deux litres, mais aussi les usines Cémoi (Dunkerque et Villeneuve d’Ascq), Häagen-Dazs (Arras), Nestlé (Nesquik, Chocapic, Lion, Kitkat, près de Saint-Quentin), et encore Ferrero (Nutella, Kinder, à Arlon en Belgique) – une filière aussi prospère que des salmonelles dans des œufs Kinder. Coïncidence ou non : l’obésité touche presque un quart de la population des Hauts-de-France (22 %), soit cinq points de plus que la moyenne nationale. Le haut du podium.

    Revenons à Escaudœuvres et longeons le canal un instant. D’un côté les poules d’eau font connaissance, de l’autre les bassins de rétention de l’usine s’étendent sur deux kilomètres derrière les talus. Ce sont les bassins de rétention éventrés en mai 2020. Et si ça pue autant la pourriture pourrie, « c’est à cause des bassins, nous confirme un promeneur. Et encore, c’est pire pendant les 120 jours de la campagne ! »
    
Lui prétend s’être habitué – mais on s’habitue à tout. Notre promeneur est « né à Escaudœuvres en face de la sucrerie ». Étudiant en chimie, il attendait une réponse de Tereos pour un stage, réponse qui ne viendra plus. Il désigne les cuves rutilantes « qui n’ont peut-être jamais servi », et la nouvelle chaudière à gaz en remplacement de celle à charbon : 24 millions d’investissements en 2021 « pour que ça ferme », conclut-il dépité. Mais il a son explication :

    Tout ça, c’est à cause des écolos, pour faire bonne figure. Ça a été décidé là-haut. On est le seul pays à interdire les néonicotinoïdes. D’un côté ça va faire tomber la production, et la sucrerie ne sera plus rentable ; de l’autre la France va acheter du sucre aux pays qui peuvent encore utiliser des pesticides, et on sera encore moins rentables.

    Ce sont les mots de l’industriel, du syndicat de la betterave, et des gens du coin – qu’il s’agit de vérifier : la Cour de justice européenne n’accorde ni à la Belgique ni à l’Allemagne ni à la Pologne de dérogation sur les néonicotinoïdes. En revanche l’importation de sucre aux néonicotinoïdes hors de l’UE semble en effet autorisée, et des discussions seraient en cours au Parlement pour aligner les réglementations.

    Quoi qu’il en soit : que l’on considère l’interdiction des néonicotinoïdes, ces « tueurs d’abeilles », comme une victoire ou une défaite, cette histoire aux mille rebondissements tend à masquer tout le reste des produits « phytos » qui entrent dans la production de sucre, d’alcool, de carburant ( #bioéthanol ), et de gel hydroalcoolique produits à partir de la betterave. Or, les trois départements qui en France consomment le plus de produits cancérigènes, mutagènes et reprotoxiques - ces substances dites « CMR » parmi les plus meurtrières du catalogue -, sont la Somme, le Pas-de-Calais et le Nord. En cause : la pomme de terre, la plus consommatrice, et la betterave, juste derrière.
    
Quant aux herbicides, le Ministère nous informe que « L’Oise tout comme l’Aisne, la Marne et la Somme sont les quatre premiers départements en terme de superficie de culture de betteraves. Or, [...] la culture de betteraves reçoit un nombre moyen de traitements en herbicides très élevé par rapport à d’autres cultures (13,7 contre 2,9 sur le blé tendre par exemple) [27]. »

    Le plus épandu est le fameux #glyphosate, que les coopérateurs de la betterave défendent avec acharnement. Tout comme ils défendaient dernièrement le s-métolachlore, un herbicide si persistant dans les nappes phréatiques qu’il devrait interdire de consommation l’eau des deux tiers des robinets de la région, logiquement la plus touchée [28], 11 avril 2023.]]. À peine son interdiction évoquée par l’Agence sanitaire nationale (ANSES) que la Confédération générale de la Betterave, le syndicat de la corporation, s’insurgeait contre la « longue liste des moyens de productions retirés progressivement aux agriculteurs, obérant ainsi leur capacité à exercer leur rôle premier : nourrir les populations [29]. » Le ministre de l’agriculture Marc Fresnau leur a déjà garanti plusieurs années de S-metolachlore.

    Cette interdiction des néonicotinoïdes révèle le bourbier où pataugent les scientifiques, les journalistes scientifiques, comme les associations environnementales : l’interdiction des néonicotinoïdes, votée à l’Assemblée nationale le 15 mars 2016, n’est effective que depuis janvier 2023... sous pression de Bruxelles ; et après les dérogations successives du ministre actuel de l’agriculture et de la précédente ministre de l’environnement Barbara Pompili (une autre Amiénoise). Cette interdiction fut arrachée après plus de dix années de voltes-faces politiques, de pseudo-controverses scientifiques, de coups de pression des syndicats agricoles, et de menaces sur l’emploi.

    Si pour chaque molécule, le spectacle médiatique et parlementaire doit mettre en scène ses expertises et contre-expertises, discutailler les protocoles et les résultats, la sixième grande extinction nous aura fauché que l’expertocratie bruxelloise n’aura pas encore tranché le cas du glyphosate. D’ailleurs cette digue de papier qu’on appelle « Droit de l’environnement », comme d’autres digues, n’empêche pas Tereos, au Brésil par exemple, de poursuivre ses épandages aériens d’Actara 750 SG, un insecticide interdit depuis 2019 [30]. Le sucre industriel est essentiellement catastrophique, de sa culture à sa transformation jusqu’à sa consommation.

    Poser les questions de nos besoins en sucre, de l’automobile à betterave, de l’utilité de Tereos pour les Hauts-de-France et de la filière agro-alimentaire pour l’Humanité, et plus généralement encore du modèle industriel qui domine la région et le monde depuis deux cents ans, nous feraient sans doute gagner du temps. Mais ce qui nous ferait gagner du temps, leur ferait perdre de l’argent. Encore une fois, leurs profits et nos emplois valent plus que nos vies.

    L’industrie – mines, filatures, chemins de fer, hauts fourneaux, sucreries –, s’est développée tout au long du XIX° dans un acte de foi promettant l’avènement du paradis terrestre. Acte de foi répété aussi bien par les économistes libéraux que communistes, par les partisans du roi que par ceux de l’empire ou de la république. Deux-cents ans plus tard, avec des taux de chômage, de pollution, et de maladies associées parmi les plus hauts du pays, le paradis terrestre s’avère être un enfer – et nous devrons encore gérer des déchets mortellement radioactifs, ceux de Gravelines par exemple, pendant des milliers d’années.

    Voilà ce que nul élu local – et surtout pas François Ruffin –, parfaitement informé des nuisances de la société industrielle, ne peut ignorer. Voilà pourtant ce que le candidat à la prochaine élection présidentielle, « biolchevique » revendiqué et partisan de l’alliance « rouge/verte », entre « sociaux-démocrates » et écologistes, ouvriers et petits-bourgeois, a pris soin de dissimuler à ses lecteurs et électeurs depuis vingt-cinq ans. A tort d’ailleurs, toutes ces choses vont sans dire chez les gens du Nord comme chez ceux du Sud. Tout ce qui leur importe c’est la pâtée, bien sucrée, et des écrans pour se distraire en digérant. Le pouvoir et l’élu qui peuvent tenir cette double-promesse n’auront jamais de problème avec sa population et ses électeurs.
    Tomjo
    Notes
    [1] « Nos betteraviers sont des tueurs », Chez Renart, 13 janvier 2023.
    [2] France Bleu Nord, 12 janvier 2023.
    [3] « De l’Escaut à l’Amazonie : Beghin-Say ou la catastrophe permanente », Chez Renart, 10 mai 2020.
    [4] ericbocquet.fr
    [5] Le Monde, 24 juin 2023.
    [6] Cf. Métro, Boulot, Chimio, Collectif, Le monde à l’envers, 2012. Cancer français : la récidive. A propos d’Ecopla et de l’aluminium, Pièces et main d’œuvre, 2016. D’Amiens nord à Blanquefort, délivrons les ouvriers, fermons les usines, Tomjo, Pièces et main d’œuvre, 2017.
    [7] Cf. le film Morts à 100 % : post-scriptum, de Tomjo et Modeste Richard, 45 mn, 2017. Ou encore La foi des charbonniers, les mineurs dans la Bataille du charbon, 1945-1947, Evelyne Desbois, Yves Jeanneau et Bruno Mattéi, Maison des sciences de l’homme, 1986.
    [8] « Quand Napoléon engageait la bataille du sucre », 31 janvier 2023.
    [9] « La Bataille du sucre », Le Monde, 10 septembre 2007.
    [10] Fakir, mai-juin 2023.
    [11] « La bataille du sucre ou la défaite méconnue de Napoléon Ier », Ludovic Laloux, Artefact, 2018.
    [12] « Histoire : les Antilles françaises, le sucre et la traite des esclaves », Futura sciences, 10 janv. 2019.
    [13] Cité par Ludovic Laloux, art. cit.
    [14] Idem.
    [15] Lettre d’Andriel et Wolft au ministre de l’Intérieur, 18 juillet 1813, citée par Laloux, art. cit.
    [16] L’Industrie sucrière indigène et son véritable fondateur, Pierre Aymar-Bression, 1864.
    [17] « Le sucre de betterave et l’essor de son industrie : Des premiers travaux jusqu’à la fin de la guerre de 1914-1918 », Denis Brançon, Claude Viel, Revue d’histoire de la pharmacie, n°322, 1999.
    [18] Dictionnaire encyclopédique et biographique de l’Industrie et des arts industriels, Vol. 3, art. « Louis Crespel », Eugène-Oscar Lami, 1883. On peut lire aussi L’Industrie sucrière indigène et son véritable fondateur, op. cit.
    [19] A retrouver ici.
    [20] « Le sucre de betterave et l’essor de son industrie... », art. cit.
    [21] Appel à candidature « Une sucrerie, un territoire », culture.gouv.fr, 29 juillet 2022.
    [22] Le Monde, 25 mars 1977.
    [23] La Voix du nord, 12 juillet 2023.
    [24] Jules Linard (1832-1882), multi-propriétaire de sucreries, est l’inventeur de la râpe à betterave, toujours utilisée aujourd’hui, pour laquelle il fut récompensé lors de l’Exposition universelle de 1878.
    [25] « De l’Escaut à l’Amazonie... », art. cit.
    [26] « Des plantations brésiliennes accusées de travail forcé fournissent l’Europe en sucre », Le Monde, 31 déc. 2022.
    [27] « État des lieux des ventes et des achats de produits phytopharmaceutiques en France en 2020 », mars 2022.
    [28] « Eau du robinet : les Hauts-de-France est la région où les concentrations de pesticides sont les plus élevées », [[France bleu Nord
    [29] cgb-france.fr, 16 février 2023.
    [30] « Au Brésil, les géants du sucre responsables d’une pluie toxique », Mediapart, 25 avril 2023.

    Source : https://renart.info/?La-betterave-la-gauche-le-peuple-et-nous

  • ’A History of the World According to Getty Images’ Challenges the Power Structures Inherent in the Capture and Control of Footage — Colossal
    https://www.thisiscolossal.com/2023/04/richard-misek-getty-images

    When a creative material’s copyright lapses, it enters the public domain, which means it is no longer subject to trademarks, patents, or intellectual property rights. No individual, company, author, or artist owns it, and it belongs to the public. If this is the case, why is some public domain footage so expensive? This is the question at the core of Richard Misek’s short film “A History of the World According to Getty Images” in which he explores how historically significant footage from newsreels, government agencies, and pioneers of film are “held captive” behind paywalls.

    https://vimeo.com/818633482


    #copyright #domaine-public

  • A battle royal is brewing over copyright and AI | The Economist
    https://www.economist.com/business/2023/03/15/a-battle-royal-is-brewing-over-copyright-and-ai

    Même si je ne suis pas certian de partage les conclusions et certaines remarques, il y a une manière intéressante de poser le problèm et des exemples significatifs.

    Consider two approaches in the music industry to artificial intelligence (AI). One is that of Giles Martin, son of Sir George Martin, producer of the Beatles. Last year, in order to remix the Fab Four’s 1966 album “Revolver”, he used AI to learn the sound of each band member’s instruments (eg, John Lennon’s guitar) from a mono master tape so that he could separate them and reverse engineer them into stereo. The result is glorious. The other approach is not bad either. It is the response of Nick Cave, a moody Australian singer-songwriter, when reviewing lyrics written in his style by ChatGPT, an AI tool developed by a startup called OpenAI. “This song sucks,” he wrote. “Writing a good song is not mimicry, or replication, or pastiche, it is the opposite. It is an act of self-murder that destroys all one has strived to produce in the past.”

    Mr Cave is unlikely to be impressed by the latest version of the algorithm behind Chatgpt, dubbed gpt-4, which Openai unveiled on March 14th. Mr Martin may find it useful. Michael Nash, chief digital officer at Universal Music Group, the world’s biggest label, cites their examples as evidence ofboth excitement and fear about the ai behind content-creating apps like Chatgpt (for text) or Stable Diffusion (for images). It could help the creative process. It could also destroy or usurp it. Yet for recorded music at large, the coming of the bots brings to mind a seismic event in its history: the rapid rise and fall of Napster, a platform for sharing mainly pirated songs at the turn of the millennium. Napster was ultimately brought
    down by copyright law. For aggressive bot providers accused of riding roughshod over intellectual property (ip), Mr Nash has a simple message that sounds, from a music-industry veteran of the Napster era, like a threat. “Don’t deploy in the market and beg for forgiveness. That’s the Napster approach.”

    The main issue here is not ai-made parodies of Mr Cave or faux-Shakespearean sonnets. It is the oceans of copyrighted data the bots
    have siphoned up while being trained to create humanlike content. That information comes from everywhere: social-media feeds, internet searches, digital libraries, television, radio, banks of statistics and so on. Often, it is alleged, ai models plunder the databases without permission. Those responsible for the source material complain that their work is hoovered up without consent, credit or compensation. In short, some ai platforms may be
    doing with other media what Napster did with songs—ignoring copyright altogether. The lawsuits have started to fly.

    It is a legal minefield with implications that extend beyond the creative industries to any business where machine-learning plays a role, such as self-driving cars, medical diagnostics, factory robotics and insurance-risk management. The European Union, true to bureaucratic form, has a directive on copyright that refers to data-mining (written before the recent bot boom). Experts say America lacks case history specific to generative ai. Instead, it has competing theories about whether or not data-mining without licences is permissible under the “fair use” doctrine. Napster also tried
    to deploy “fair use” as a defence in America—and failed. That is not to say that the outcome will be the same this time.

    The main arguments around “fair use” are fascinating. To borrow from a masterclass on the topic by Mark Lemley and Bryan Casey in the Texas Law Review, a journal, use of copyrighted works is considered fair when it serves a valuable social purpose, the source material is transformed from the original and it does not affect the copyright owners’ core market. Critics argue that ais do not transform but exploit the entirety of the databases they mine. They claim that the firms behind machine learningabuse fair use to “free-ride” on the work of individuals. And they contend that this threatens the livelihoods of the creators, as well as society at large if the ai promotes mass surveillance and the spread of misinformation. The authors weigh these arguments against the fact that the more access to training sets there is, the better ai will be, and that without such access there may be no ai at all. In other words, the industry might die in its infancy. They describe it as one of the most important legal questions of the century: “Will copyright law allow robots to learn?”

    An early lawsuit attracting attention is from Getty Images. The photography agency accuses Stability ai, which owns Stable Diffusion, of infringing its copyright on millions of photos from its collection in order to build an image-generating ai model that will compete with Getty. Provided the case is not settled out of court, it could set a precedent on fair use. An even more important verdict could come soon from America’s Supreme Court in a case involving the transformation of copyrighted images of Prince, a pop
    idol, by the late Andy Warhol, an artist. Daniel Gervais, an ip expert at Vanderbilt Law School in Nashville, believes the justices may provide long-awaited guidance on fair use in general.

    Scraping copyrighted data is not the only legal issue generative ai faces. In many jurisdictions copyright applies only to work created by humans, hence the extent to which bots can claim ip protection for the stuff they generate is another grey area. Outside the courtrooms the biggest questions will be political, including whether or not generative ai should enjoy the same liability protections for the content it displays as social-media platforms do, and to what extent it jeopardises data privacy.

    The copyrighting is on the wall

    Yet the ip battle will be a big one. Mr Nash says creative industries
    should swiftly take a stand to ensure artists’ output is licensed and used ethically in training ai models. He urges ai firms to “document and disclose” their sources. But, he acknowledges, it is a delicate balance. Creative types do not want to sound like enemies of progress. Many may benefit from ai in their work. The lesson from Napster’s “reality therapy”, as Mr Nash calls it, is that it is better to engage with new technologies than hope they go away. Maybe this time it won’t take 15 years of crumbling revenues to learn it.

    #Intelligence_artificielle #ChatGPT #Copyright #Apprentissage

  • À propos de la réécriture des livres de Roald Dahl | castagne
    https://hyperbate.fr/castagne/2023/02/22/11069

    Je vais commencer de péremptoirement et synthétiquement en disant ceci : altérer les textes de Roald Dahl pour éviter toute notion qui risquerait d’offenser ses lecteurs est idiot.
    Je ne cours pas un risque énorme en écrivant ça, car je n’ai pas vu grand monde en France prendre la défense de cette manœuvre due à l’éditeur Puffin (le label jeunesse de Penguin books) et à la Roald Dahl Story Company.
    Et à présent, la version longue.
    […]
    Au passage, comme j’ai mauvais esprit, je me demande toujours si ce genre d’opération tapageuse (« nouvelle traduction », « version réécrite ») ne constitue pas de la part des éditeurs historiques et des ayant-droits un moyen rusé pour relancer les années de copyright sur une œuvre dont l’auteur est décédé. Je m’explique : Roald Dahl étant décédé en 1990, ses œuvres entreront dans le domaine public, selon le droit britannique, en 2060 (1990+70 ans). Mais la Roald Dahl Story Company, qui gère les droits de Roald Dahl et qui vient d’être acquise par Netflix, peut signer les textes réécrits en tant que personne morale (l’auteur n’est plus une personne physique), et faire courir leur copyright jusqu’en 2143 ! (2023+120 ans, la durée du copyright pour les sociétés dans le droit étasunien). Plus de 80 ans de gagnés !

    • Au cours de religion à l’école primaire ils nous ont fourni une bible pour enfants qui n’avait aucun intérêt. Pas de sexe, pas de punitions effroyables, la fin de Sodome et Gomorrhe était présentée comme une explosion atomique sans morts. Il y avait juste le petit David tout mignon qui gagnait contre Goliath. Aucun suspense.
      Tu en connais le résultat ...

      Quant au ruses de copyright je m’en fous royalement car il est tout à fait possible qu’en 80 ans il n’y aura plus d’États Unis. Puis, même si les US survivent encore pendant tant d’années la question sera plutôt comment appeler « Roald Dahl » en chinois ;-) ?!?

      #political_correctness #copyright #impérialisme #wtf

  • #Crise_climatique : renverser le #capitalisme pour offrir un avenir à l’humanité | lutte de classe n°199 - mai 2019
    https://mensuel.lutte-ouvriere.org/2019/04/21/crise-climatique-renverser-le-capitalisme-pour-offrir-un-ave

    Le #réchauffement_climatique : un révélateur de l’irresponsabilité du capitalisme | #conférenceLO #archiveLO (Cercle Léon Trotsky, 23 décembre 2015 n°143)
    https://www.lutte-ouvriere.org/publications/brochures/le-rechauffement-climatique-un-revelateur-de-lirresponsabilite-du-ca

    Sommaire

    Une préoccupation fondamentale du #marxisme
    – La machine climatique
    – Les facteurs du #climat ont beaucoup changé au cours du lointain passé de la Terre
    – Les changements climatiques des trois derniers millions d’années

    Les changements depuis la #révolution_industrielle
    – Les conséquences actuelles du réchauffement
    – Canicules et sécheresses
    – Quel futur peut-on prévoir ?

    Vingt-trois ans de grands-messes internationales... pour accoucher du #protocole_de_Kyoto
    – Un protocole qui n’impose rien aux grands trusts
    – La conférence de Paris (#COP21)
    – Un sous-investissement général
    – L’épineuse question de l’#énergie
    – La démarche des grands groupes  : faire financer les futurs investissements par la collectivité et les consommateurs
    – « Chacun peut faire un petit geste »  ou  comment exonérer les responsabilités du capitalisme
    – La multiplication des déplacements inutiles de #marchandises
    – Le #transport routier encouragé par les gouvernements
    – Rationaliser les échanges et les déplacements de marchandises

    Le #communisme est aussi l’avenir de l’#écologie

    • Dans le genre En même temps, Fabcaro était il y a 10 jours à Montpellier au festival de BD indépendante organisé par Six pieds sous terre, où il dédicaçait debout, en remerciant chaleureusement chaque personne à qui il venait de faire une dédicace (« Nan, c’est moi qui te remercie… »).

    • https://de.m.wikipedia.org/wiki/Asterix

      1 Asterix der Gallier 1968 - 1 Astérix le Gaulois 1961 - 1 Asterix Gallus
      –------------------------------------
      5 Die goldene Sichel 1970 - 2 La Serpe d’or 1962 - 2 Falx Aurea

      Jusqu’à la mort de Goscinni et peur-être bien après les albums étaient ancrés dans l’actualité vue de France au point où l’ordre de parution en allemand et la traduction du nom des personnages donnaient une trame assez différente de l’original.

      Die Bände 2 bis 7 erschienen in Deutschland in abweichender Reihenfolge. Grund war nach einigen Angaben der große Erfolg des Filmes Asterix und Kleopatra, nach anderen vorherigen Veröffentlichungen einiger dieser Bände in deutschen Jugendzeitschriften (Lupo modern und MV Comix). Sie werden hier mit den deutschen Nummern, aber in der Reihenfolge ihrer Originalveröffentlichungen wiedergegeben. Beim Lesen empfiehlt es sich, die Originalreihenfolge einzuhalten, da sonst einige Chronologiefehler entstehen (z. B. die Treffen mit den Piraten und das Auftauchen von Idefix). Auch die Übersetzungen in andere Sprachen wurden teils in abweichender Reihenfolge veröffentlicht. Als Beispiel weist die nachfolgende Tabelle auch die Reihenfolge der lateinischen Übersetzung aus, die wie die deutsche beim Ehapa-Verlag erscheint.

      Sans avoir été au courant de la mort de Goscinni j’avais l’impression que la qualité des histoires n’était plus pareille après Astérix chez les Belges.

      24 Asterix bei den Belgiern - 1979 - 24 Astérix chez les Belges 1979

      Donc pour moi Astérix est un phénomène extraordinaire des années 1960 - 1970 qui depuis s’est rangé parmi les franchises multinationales comme Star Wars, McDonald’s et les Jeux Olympiques. Avec la mort de ses créateurs les conditions de production on transformé au fur et à mesure les sympatiques personnages d’Astérix en zombies sous contrôle du capital international.

      Ceci dit il faut ajouter que les auteurs et dessinateurs font toujours un travail excellent, mais c’est comme chez Star Wars, on nous vend une idéologie marquée par ses conditions de production.

      #bande_dessinée #histoire #France #capitalisme #copyright #Astérix

  • La blague de mauvais goût du jour :

    Un #accord pour l’Histoire. Ce lundi matin, après quatre années de négociations difficiles, dix jours et une nuit de marathon diplomatique, plus de 190 Etats réunis à Montréal sont parvenus à un accord visant à mieux protéger la biodiversité de la planète. « L’accord a été adopté », s’est réjoui Huang Runqiu, le président chinois de cette #COP15 , avant de laisser retomber son marteau sous les applaudissements des délégués.

    Cet accord, baptisé « accord de Kunming-Montréal », vise à protéger les #terres, les #océans et les espèces de la #pollution, de la dégradation et de la #crise_climatique. Le texte final, présenté dimanche par la Chine, retient l’objectif de protéger 30 % de la planète d’ici 2030. Cette cible, la plus connue de la vingtaine de mesures approuvées, a été présentée comme l’équivalent, pour la #biodiversité, de l’objectif de Paris de limiter le #réchauffement_climatique à 1,5 °C. A ce jour, seules 17 % des terres et 8 % des mers sont protégées

    (Les Échos)

    La réalité : derrière les grands discours sur la protection de la nature, sur la sauvegarde des espèces menacées, et sur le soutien aux scientifiques démunis, il n’y a que du vent. Or, face à la prédation et aux saccages environnementaux qui sont consubstantiels au #capitalisme — c’est-à-dire à la loi de la reproduction du capital —, il faudra autre chose que du vent. Autre chose que des déclarations de bonne intention et autre chose que des illusions bien-pensantes.
    #écologie #diversité_animale #protection_de_la_nature

  • LVMH : Paris sous emprise - POLITIS
    https://www.politis.fr/articles/2022/11/lvmh-paris-sous-emprise

    Pourtant, l’industriel ne force pas la porte du patrimoine parisien : il profite de ce que la puissance publique la laisse entrouverte. Jusqu’à inscrire #LVMH dans l’ADN de la ville. Dernier exemple en date : Polytechnique. Alors que Total a dû renoncer, en janvier, à son projet d’implantation à proximité de l’école, sur le plateau de Saclay, LVMH, avec son polytechnicien en chef, #Bernard_Arnault, a voulu tenter sa chance. Grâce à un vote favorable des administrateurs de l’école, le 8 novembre, son centre de recherches dédié au « luxe durable et digital » (sic) pourra s’installer près de l’institution.

    La Boîte à claque, tout un symbole

    Le projet prévoit d’investir 2 millions d’euros par an pour des partenariats et d’accueillir 300 chercheurs. Un détournement du savoir au service des intérêts privés ? Pour le conseil d’administration de #Polytechnique, difficile de refuser. La firme aux 12 milliards de bénéfice net en 2021 a offert un cadeau de taille à l’école d’ingénieurs : la transformation de la « Boîte à claque », l’ancien bâtiment de l’école niché sur la montagne Sainte-Geneviève, dans le cinquième arrondissement de la capitale.


    #copinage

  • A Yverdon-les-Bains, des arbres connectés pour mieux les protéger Le Temps avec ATS

    https://www.letemps.ch/suisse/yverdonlesbains-arbres-connectes-mieux-proteger

    La ville du Nord vaudois va installer des dispositifs pour surveiller la santé de ses arbres, pour prévenir tant leur dépérissement que leur chute

    La ville d’Yverdon-les-Bains a présenté jeudi un nouveau dispositif « Arbres connectés, alerter pour protéger », dont l’objectif est de surveiller la santé des arbres. Ce véritable kit accroché à l’arbre vise à signaler et renseigner sur la vitalité et les risques que présentent les arbres équipés, en ville et dans les parcs et jardins, publics ou privés.


    « La ville a développé une ambitieuse stratégie de densification de sa végétation sur son territoire urbain afin de lutter contre les îlots de chaleur. Or, les arbres sont des êtres vivants qui, à ce titre, présentent des risques de dépérissement et de chute, pouvant représenter une menace pour la sécurité des citoyens », indique-t-elle dans un communiqué.

    Fort de ce constat, à l’initiative de l’entreprise Krebs Paysagistes SA, l’institut de recherche inPACT (paysage, architecture, construction et territoire) de la Haute école du paysage, d’ingénierie et d’architecture de Genève a développé ce dispositif « Arbres connectés, alerter pour protéger ». Il l’a réalisé avec le soutien de l’Agence suisse pour l’encouragement de l’innovation (Innosuisse) et plusieurs partenaires institutionnels dont la Ville d’Yverdon-les-Bains.

    Et direct et en continu
    A terme, grâce à la visualisation en direct et en continu sur smartphone et aux alertes qui s’activent en cas de risque de chute, ce dispositif permettra de poser un diagnostic précoce et d’anticiper afin de prévenir et soigner avec rapidité les arbres. Il permettra également de mesurer la statique des arbres pour pronostiquer leur chute et alerter pour mieux protéger.

    Hormis l’objectif de surveiller la santé des arbres et de rallonger leur espérance de vie, celui d’éviter les accidents et les dégâts consécutifs aux chutes d’arbres est aussi mis en avant.

    La phase de lancement de l’appareillage des arbres est en cours, avec déjà une dizaine de communes partenaires, prélude d’un déploiement à grande échelle dans toute la Suisse romande, annonce encore la Ville, partenaire donc du projet-pilote. Dans un premier temps, trois arbres seront monitorés sur son territoire, ce qui permettra de fournir son expertise et ses retours.

    #arbres #des_grands_projets..._inutiles_ #environnement #bêtise #copinage #délire #connectés #Suisse

  • La Secte macronie digne des Témoins de Jehovah, le pouvoir et l’argent en plus Cpolitic
    L’ Actualité Politique, saupoudrée d’humour… parce qu’il faut toujours garder le moral !
    https://cpolitic.wordpress.com/2022/11/11/la-secte-macronie-digne-des-temoins-de-jehovah-le-pouvoir-et-lar

    S’il y a bien un élément qui différencie la macronie des autres partis politiques français, c’est bien son fanatisme créé autour d’une seule et même personne : emmanuel macron.

Lui seul peut imposer à ses ministres des réunions nocturnes. https://fr.news.yahoo.com/emmanuel-macron-habitude-nocturne-lourdes-114700399.html?guccounter=1

    Lui seul peut imposer des réformes injustes et/ou ineptes, des revirements https://www.estrepublicain.fr/actualite/2021/09/23/nucleaire-tgv-les-revirements-d-emmanuel-macron par rapport à ses promesses de campagnes. 


    Lui seul peut imposer des conférences grotesques pour soi-disant prendre la parole du peuple https://www.francetvinfo.fr/monde/environnement/convention-citoyenne-sur-le-climat/climat-sept-propositions-de-la-convention-citoyenne-ecartees-par-le-gou qu’il insulte joyeusement le reste de l’année.


    Lui seul peut imposer des concepts fallacieux comme le ruissellement (« qui ne fonctionne pas » dixit la London School of Economics)

    Personne n’ose le contredire – hormis lui-même https://www.ouest-france.fr/politique/emmanuel-macron/emmanuel-macron-cinq-fois-ou-il-s-est-contredit-4815929 – tout le monde s’aplatit, personne ne compte ses heures pour servir la Cause, tels des employés esclaves entièrement dévoués à leur patron, tels des disciples fidèles à leur gourou suprême.

    Comme dans les sectes, il y a des gens https://www.lepoint.fr/politique/le-livre-choc-d-une-repentie-de-la-macronie-16-09-2020-2392179_20.php qui ont pu « s’en sortir » après avoir cru aux belles promesses de 2017. Certains vont plus loin en révélant le pot-aux-roses, en dénonçant un cabinet noir https://www.ouest-france.fr/reflexion/editorial/commentaire-deputes-l-elysee-affirmez-vous-6731794 (voire une mafia ?) qui décide de tout et où les membres de la secte n’ont aucune liberté de parole. Tout se décide en haut lieu, autour du gourou.

Pour les autres, récompensés par des postes en or, comme les véran, les castex, à les écouter, macron a toujours raison, même quand il a tort.. et macron les soutient quoiqu’il en coûte https://www.20min.ch/fr/story/tiens-bon-on-les-aura-ces-connards-888242355684 , en euros ou en vies humaines. 


    On l’a bien vu pendant la crise du Covid ou le conflit Russo-Ukrainien : macron s’avère être le messie qui porte le pays à bout de bras, et même l’Europe sinon le Monde, vers un destin forcément meilleur que si une autre personne occupait sa place.
Qui ferait mieux que lui ? https://fr.shopping.rakuten.com/offer/buy/4676689423/le-point-2475-qui-ferait-mieux-que-lui.html titrait même Le Point en janvier 2020.

Et justement… qui fait office d’ambassadeurs faisant du porte-à-porte, pour distiller la bonne parole dans les foyers ? 


    Les fameux merdias macronistes acquis à sa cause, via leurs actionnaires principaux, de riches milliardaires français (Niel, Bolloré, Bouygues, Dassault…). Au menu : fake news, propagande et préjugés quasiment H24, 7 jours 7, négligeant évidemment toutes les erreurs, toutes les fausses promesses, tous les échecs (inflation, dette publique, services publics exsangue, pauvreté et inégalités records…) de leur protégé.

Résultat : 28% des français qui se sont exprimés en avril 2022, ont voté malgré tout emmanuel macron.


    Pire plus de 50% du corps électorat à oser s’abstenir… malgré un 1er mandat fiasco et clairement orienté « extrême-droite ».


    Reconnaissons donc que l’abrutissement des masses, l’endoctrinement du peuple reste et demeure une réussite totale.

    #secte #témoins_de_jehovah #enMarche #macron #emmanuel_macron #fanatisme #violence #ruissellement #endoctrinement #abrutissement

  • COP27 : quelques textes

    Maxime Combes : Que peut-on attendre de la COP27 ? Entre espoirs impossibles et déceptions certaines
    La terre brûle, la COP se noie
    Daniel Tanuro : COP27 : nouveau sommet du greenwashing, du capitalisme vert et de la répression
    Egypte-COP27 : « La vision promue est celle d’une transition subordonnée au profit privé, notamment par la poursuite de la privatisation de l’eau, de la terre… ». Entretien avec Hamza Hamouchene
    Cessez de financer la catastrophe climatique ! Les grandes banques font partie du problème, pas de la solution

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2022/11/08/cop27-quelques-textes

    #international #climat #ecologie #cop

  • La Révolution russe, par Léon Trotsky

    https://www.marxists.org/francais/trotsky/oeuvres/1932/11/321125.htm

    A l’automne de 1932, une association d’étudiants social-démocrates danois invita #Trotsky à faire une #conférence à #Copenhague sur la #Révolution_russe. Trotsky prit la parole en allemand au stadium de Copenhague devant 2500 personnes. Après l’exposé consacré à la révolution d’Octobre, à ses causes et à sa signification, il termina par une exaltation du #socialisme qui signifie « le saut du règne de la nécessité au règne de la liberté, en ce sens que l’homme d’aujourd’hui, déchiré par ses propres contradictions, pourra s’ouvrir la voie d’une existence plus heureuse ». Le gouvernement danois avait interdit la radiodiffusion de la conférence, invoquant des objections du roi et de la cour... (extrait de l’appendice à « ma vie », par #Alfred_Rosmer)

  • Répression, menaces climatiques. Les impasses de la COP27
    Orient XXI - Laurent Bonnefoy – 7 novembre 2022
    https://orientxxi.info/dossiers-et-series/repression-menaces-climatiques-les-impasses-de-la-cop27,5985

    La tenue de la Conférence des parties dite « COP27 » sur les changements climatiques dans la station balnéaire égyptienne de Charm El-Cheikh permet au président Abdel Fatah Al-Sissi de poursuivre la mise en scène de son fantasme de toute-puissance. Ses outrances répressives et le contrôle policier exercé sur les journalistes et ONG qui feront le déplacement (à travers notamment une application d’accréditation pour smartphone qui impose le traçage) n’empêcheront sans doute pas les gouvernants du monde entier de prétendre, dans un énième forum multilatéral et à coup de promesses, qu’ils répondent à l’urgence écologique. Ils fermeront encore les yeux sur la répression des militantes et militants des droits humains, dont Alaa Abd El-Fatah qui entame en prison une grève de la faim totale le 6 novembre à l’occasion de l’inauguration de la COP. (...)

    #Cop27 #AlaaAbdelFattah #Egypte

  • Climat : Des centaines d’activistes arrêtés à l’aéroport d’Amsterdam

    Des militants écologistes de Greenpeace et d’Extinction Rebellion se sont glissés, samedi, sur le tarmac de l’aéroport néerlandais de Schiphol. Ils ont bloqué des jets privés.

    Des centaines d’activistes pour le climat ont été arrêtés, samedi, à l’aéroport d’Amsterdam Schiphol, après avoir franchi des clôtures et occupé une aire de stationnement pour jets privés. Les manifestants, dont beaucoup portaient des combinaisons blanches et certains étaient à vélo, ont envahi le tarmac vers 13h, avant de s’asseoir devant au moins 14 avions privés. Il y avait également un transporteur C-130 de l’Aviation royale canadienne sur ce tarmac.


    Les militants se sont assis devant au moins 14 avions privés et un transporteur de l’Aviation royale canadienne.

    Entonnant des slogans comme « À bas les vols » ou « Schiphol pollueur de l’environnement », ces militants des ONG Greenpeace et Extinction Rebellion ont fait le tour du tarmac, sous les applaudissements de spectateurs de l’autre côté des clôtures. « L’action d’aujourd’hui signifie que l’aéroport de Schiphol doit réduire ses émissions, il doit y avoir moins de vols », a commenté la porte-parole de Greenpeace Pays-Bas, Faiza Oulahsen. « Nous commençons par les vols dont nous n’avons absolument pas besoin, comme ceux des jets privés et les vols courts. »

    Traînés vers des bus
    Environ trois heures après le début de l’envahissement du tarmac, la police des frontières a commencé à arrêter des militants, dont certains ont été traînés vers des bus après avoir résisté passivement. « Nous prenons cela très au sérieux. Ces personnes sont dans un endroit où elles n’auraient pas dû se trouver », a déclaré son porte-parole, le major Robert van Kapel. Pour Greenpeace, la police a été « beaucoup trop dure contre les militants à vélo » et au moins une personne a été heurtée à la tête.

    L’action est intervenue à la veille de l’ouverture, dimanche, en Égypte, de la COP27, sommet de l’ONU sur le climat. La pollution des avions, « c’est un sujet dont ils doivent parler », a déclaré Tessel Hofstede, porte-parole d’Extinction Rebellion.

    #Climat #Transport_aérien #pollution #avions #milliardaires #privilégiés #avions #riches #richesse #luxe #capitalisme #cop27 #aéroports #jets_privés

    Source : https://www.lessentiel.lu/fr/story/des-centaines-dactivistes-arretes-a-laeroport-damsterdam-728665140970

  • Un phénoménal fil de discussion, en anglais, sur la question « Les machines qui pondent du code à la demande en régurgitant du code source digéré dont elles ne sont pas l’auteur et qui initialement était sous licence libre, Microsoft Copilot en particulier, enfreignent elles la loi et la licence libre des logiciels sources qui ont servi à l’apprentissage ? »
    https://news.ycombinator.com/item?id=33240341
    #microsoft #copilot #github #machinelearning #libre #foss #copyright

  • L’Espagne confirme son intention de se retirer du Traité sur la charte de l’énergie – EURACTIV.fr
    https://www.euractiv.fr/section/energie/news/lespagne-confirme-son-intention-de-se-retirer-du-traite-sur-la-charte-de-le

    L’Espagne a lancé une procédure pour se retirer du Traité sur la charte de l’énergie (TCE), qui protège les investissements dans les combustibles fossiles et autres infrastructures énergétiques, ont confirmé des sources officielles à EFE, partenaire d’EURACTIV.

    Le TCE est un traité multilatéral signé par 53 pays qui est en vigueur depuis 1998 et dont la révision est en cours de négociation depuis quatre ans.

    Après un dernier cycle de négociation en juin, le traité est maintenant prêt pour une révision formelle en novembre, sous réserve d’un accord et d’une ratification ultérieure par tous les signataires.

    Le traité accorde une protection spéciale aux investisseurs dans le secteur de l’énergie. Au fil des ans, certains d’entre eux ont eu recours au TCE pour contester les décisions des États membres de l’UE visant à éliminer progressivement les combustibles fossiles.

    Plusieurs États membres de l’UE, comme l’Espagne, les Pays-Bas et le Luxembourg, ont demandé à la Commission européenne de réformer ou d’abandonner le traité.

    La ministre espagnole de la Transition écologique, Teresa Ribera, a appelé par le passé à une « sortie coordonnée du TCE » de la part de l’UE et de ses États membres et a finalement décidé de franchir le pas, ont indiqué des sources officielles à EFE.

  • Vers des transports durables. Des #métropoles en mouvement

    Penser la #ville_sans_voitures : c’est l’un des défis à relever dans l’aménagement de l’#espace_urbain moderne. De #Barcelone à #Copenhague en passant par #Berlin et #Paris, tour d’horizon de plusieurs approches pionnières.

    Comment rendre nos villes plus agréables à vivre, dépolluer l’air, trouver des #solutions pour faire face à la hausse des températures liée au #changement_climatique, ou encore créer de l’espace pour une population en croissance constante ? Autant de défis auxquels sont confrontées les métropoles du monde entier. Pionnière en la matière depuis les années 1960, Copenhague continue de penser la ville hors des sentiers battus et des rues saturées par l’#automobile, tandis que des projets alternatifs se multiplient aussi désormais dans d’autres capitales européennes, notamment à Barcelone, Berlin ou Paris. Plus loin, à Singapour, la ville poursuit sa densification, mais en hauteur et sans moteurs… L’avenir est-il à l’absence de mobilité, cette « #ville_du_quart_d’heure » (la durée de marche idéale pour accéder aux services), dont parle l’architecte #Carlos_Moreno ? Entre réalisations concrètes et utopies, une esquisse passionnante du visage des métropoles de demain.

    https://www.arte.tv/fr/videos/096280-000-A/vers-des-transports-durables

    #film #vidéo #reportage #transports_publics #voiture #car_free #voitures #mobilité #villes #TRUST #Master_TRUST #alternatives #urban_matters #urbanisme #géographie_urbaine

    signalé par @touti ici :
    https://seenthis.net/messages/970872#message971260

  • Prof. Michael Tanchum @michaeltanchumsur Twitter - On copper use
    https://twitter.com/michaeltanchum/status/1552772972561178630

    Over the next 12 years, the world will need as much #copper as it consumed over the past 120 years
    ➡️An #EV requires 2.5x copper as an ICE vehicle
    ➡️#Solar requires 2x copper per MW as #natgas
    ➡️Offshore #windpower requires 5x per MW

    #metals #Mining #SupplyChains #inflation

  • La Troisième révolution industrielle des Mulliez artificialise la vie (la vraie) Chez Renard - Tomjo
    https://chez.renart.info/?La-Troisieme-revolution-industrielle-des-Mulliez-artificialise-la-vie

    Après le textile et la grande distribution, la famille roubaisienne réunie autour de Gérard Mulliez investit fort dans le photovoltaïque. Sa multinationale Voltalia transforme déjà, dans vingt pays, la terre des paysans en champs de panneaux solaires. Partout où elle s’implante, du Brésil à l’Aveyron, des voix s’élèvent contre cette « transition énergétique » qui dévore et défigure forêts, bocages et pâturages. A l’artificialisation des terres par ses centres commerciaux et usines renouvelables, la Famille répond par des protéines de laboratoire et des serres automatisées. A chaque problème, sa fuite en avant, pilotée par le fonds d’investissements familial Creadev. Voilà la « Troisième révolution industrielle » initiée dans la région par les Verts il y a dix ans, amplifiée par Xavier Bertrand et Gérard Mulliez à leur suite.


    Centrale agrivoltaïque de Voltalia à Cabanon, France.

    Parmi les méfaits de l’Association familiale Mulliez (Auchan, Decathlon, Norauto, Leroy Merlin, etc), si on ne regarde que le climat, et pour celui-ci uniquement le carbone, le groupe émet trois millions de fois plus de CO2 qu’un ménage moyen [1]. Devant cette mauvaise presse, Auchan et Decathlon multiplient à la hâte les montages techniques et financiers pour ne consommer à terme que des énergies renouvelables, qu’ils font produire par la boîte de leur groupe familial, Voltalia.

    La grande famille de la Transition
    Née en 2005 en Guyanne française, rachetée en 2009 par Mulliez, Voltalia est aujourd’hui présidée par Laurence Mulliez et l’habile André-Paul Leclercq, membre de la Famille. Ce dernier, après trente années au service d’Auchan et Decathlon, est élu en 2015 au Conseil régional des Hauts-de-France près Xavier Bertrand. Il siège en son nom à « Picardie Énergie et Développement durable », un fonds d’investissements pour « l’émergence et le renforcement de filières régionales liées au secteur énergétique » ; il vote pendant six ans les budgets de la Troisième révolution industrielle, dont ceux pour le solaire [2] ; puis il quitte ses fonctions en 2021 pour rejoindre, dans une démarche « people and planet [3] », le conseil d’administration de Voltalia. Une affaire rondement menée.

    Avec la Troisième révolution industrielle, on vous parle d’un temps que les Jeunes pour le climat ne peuvent pas connaître. En ce temps-là, circa 2012, Jean-François Caron et les autres élus Verts de la Région invitent le prophète américain Jeremy Rifkin à élaborer un Plan de transition économique fondé sur le renouvelable et les réseaux électriques intelligents. Libération le présente alors comme le « trait d’union entre les écolos chevelus et les patrons », et le dégarni Caron, toujours maire de Loos-en-Gohelle (62), ajoute que « Ce n’est pas un écolo avec du persil dans les oreilles. Il y a avec lui un effet de séduction et d’efficacité. Il crée du désir. Quand Bouygues fait de l’écoconstruction et EDF des énergies renouvelables, ça me va [4]. »

    Dix ans plus tard, si désir il y a, ce n’est pas dans les campagnes et les forêts où Voltalia pose ses panneaux solaires. En France ou au Brésil, les populations s’élèvent systématiquement contre leurs destructions. En Angleterre, Voltalia parvient presque à se mettre la reine à dos.

    Vendre et partir


    Centrale photovoltaïque Voltalia de Sierra Branca, Brésil

    Voltalia vient d’annoncer la construction de la plus grande usine photovoltaïque et éolienne du monde, dans l’État de Rio Grande do Norte, au Brésil. Cet État au bord de l’océan Atlantique, couvert de 530 000 hectares de forêt primaire, et peuplé de ces communautés autochtones qui font sa richesse, est depuis cinq siècles la proie des colonisateurs. D’abord les Portugais, puis les Français, puis les Hollandais, puis encore les Portugais. C’est pourquoi les paysans dénoncent le « racisme écologique », quand ils voient débarquer Voltalia [5]. L’entreprise arrive d’abord en missionnaire du développement durable. Son cinéma solaire et itinérant trimballe dans les villages sa promotion des énergies renouvelables, et projette Le Roi lion aux gamins. Plus tard, les machines écrasent les champs, éventrent les forets, menacent les oiseaux déjà menacés, en dépit des protestations. « Un homme a parlé à mes frères et m’a demandé si nous voulions vendre. Nous ne pouvons pas vendre parce que c’est là que nous vivons. Si nous vendons, où irions-nous ? », demande une habitante de l’État de Bahia, confrontée à un autre projet de Voltalia [6]. Plusieurs associations tentent aujourd’hui de suspendre les travaux, « indignés par l’attitude et le manque de respect de l’entreprise et de l’agence environnementale de l’État [7]. »

    Autre hémisphère, mêmes pratiques. Voltalia vient d’obtenir en Angleterre un marché des plus symboliques : alimenter en énergie solaire la « City », le quartier d’affaires de Londres, avec ses banques, ses salles de marché, sa bourse, ses compagnies d’assurance. Pour ce faire, 200 km plus au sud, Voltalia s’apprête à défigurer la région paisible et bocagère du Dorset avec 150 000 panneaux solaires étalés sur l’équivalent de 140 terrains de foot. Tant pis pour les cultivateurs. « Les agriculteurs récoltaient autrefois la lumière pour faire pousser des céréales, maintenant ils récoltent la lumière pour produire de l’électricité », analyse un conseiller municipal de Spetisbury [8]. C’est qu’il faut se mettre au niveau des exigences de la #COP26 qui vient de se clôturer à Glasgow ! Le Conseil régional du Dorset a reçu des centaines de lettres pour sauver cette « vallée des petites laiteries », comme on la surnomme depuis le XIX° siècle. Parmi elles, celle de l’honorable Campaign to protect rural England, association de défense des campagnes patronnée par Sa Majesté la Reine elle-même. Elle dénonce le « paysage industriel » qui remplacera la bucolique Blackmore Vale, la privatisation et la destruction des chemins, et la fin de l’agriculture sur la zone. Sans doute n’a-t-elle pas intégré les intérêts supérieurs de la « Transition énergétique ».

    En Aveyron, sur le très calcaire causse Comtal, Voltalia est parvenu à se mettre à dos une quarantaine d’associations, des amis de la Terre et des oiseaux, des défenseurs des paysages et monuments, des paysans, des écolos, des opposants aux nuisances renouvelables. Auchan et Decathlon ont promis d’alimenter leurs magasins depuis des centrales du sud-est de la France. Ils ont déjà trouvé 80 hectares sur ce causse, en partie cultivés par un paysan en fermage, prêt à se faire exploitant agro-électrique. Loïc Santiago, opposant au projet et membre de la Confédération paysanne, nous résume la situation des agriculteurs :
    Un fermage agricole se négocie entre 100 et 150 € l’hectare. Les terres louées pour de l’agrivoltaïsme se négocient jusqu’à 2 500 €, vingt-cinq fois plus. L’ ADEME avance qu’il faudra 120 000 hectares de photovoltaïque en France, ce qui correspond à peu près aux annonces de Macron d’installer 100 Gw. Vu le taux d’endettement général des agriculteurs d’un côté, et la rentabilité des installations électriques de l’autre, ils n’auront pas de difficultés à trouver les terres nécessaires. Sachant que cette solution est plus rentable que d’installer les panneaux sur des toits.

    Le syndicat agricole majoritaire, la productiviste #FNSEA, a donné sa bénédiction au modèle « agrivoltaïque », qui prétend faire paître des ruminants sous des panneaux. Reste a savoir si l’herbe y sera aussi verte, ensoleillée et hydratée. Voltalia prétend que l’ombre des panneaux limite l’évapotranspiration et améliore le bien-être des animaux – ce qu’un arbre fait tout aussi bien. D’autres études démontrent plutôt la perte d’un tiers de la biomasse sous les panneaux [9]. Quoi qu’il en soit, la question demeure du genre de travail agricole, de terres, de paysage, de vie, que l’on souhaite.

    Ce modèle est une attaque de l’agriculture paysanne et de notre autonomie. Avec ces panneaux, tu ajoutes à ta dépendance envers les centrales d’achat une autre envers des industriels de l’énergie. L’ironie est qu’ici, ce sont les mêmes ! », note encore Loïc.

    La Foodtech, ou la malbouffe artificielle


    Piscines de protéines de l’entreprise Kingfish, Pays-Bas

    En résumé de la Troisième révolution industrielle des Mulliez : pour sauver la Terre, il faut détruire des terres. La grande distribution sait mieux que quiconque les tensions qui pèsent sur celles-ci, entre stérilisation chimique, canicules, sécheresses, et artificialisation, sous l’effet de ses zones commerciales et parkings. Mais elle a sa solution aux pénuries qu’elle provoque. La société d’investissements Creadev, propriété des Mulliez, multiplie les prises d’intérêts dans les industries de l’alimentation artificielle - et les Hauts-de-France, grâce aux investissements conjoints du groupe régional #Roquette et aux subventions du Plan « France Relance », dominent déjà le marché des substituts protéiniques [10]. La start-up lilloise NxtFood commercialise des steaks saignants à base de légumineuses ultra-transformées. Ynsect, rachetée en 2018 par Mulliez, bâtit près d’Amiens la plus grande ferme verticale du monde, entièrement automatisée, pour y élever des scarabées communs destinés à devenir des croquettes de protéines pour animaux d’élevage. La boîte vient de racheter le néerlandais Protifarm qui propose des recettes aux humains. A quelques kilomètres de là, leur principal « concurrent » est lui aussi une émanation de Creadev : Innovafeed, à Nesle dans la Somme, produit avec l’américain #Cargill des protéines d’insectes pour poissons d’élevage.

    Cette malbouffe s’accompagne d’investissements dans l’agriculture automatisée, urbaine, hors-sol et sous serre. Mulliez a investi, en 2018, 29 millions de dollars dans la firme new-yorkaise Gotham_Greens. Celle-ci avait posé sa première serre hydroponique sur un toit de Brooklyn en 2011, puis dans le Queens, puis à Chicago, Providence, San Francisco, etc. Ces serres urbaines sont « pilotées par les données et climatisées », toujours plus productives grâce aux progrès de « l’apprentissage automatique et de l’analyse des données » pour offrir au consommateur « un produit plus frais et plus délicieux » [11]. Mulliez investit comme ça dans une dizaine d’entreprises de « Foodtech », la malbouffe high tech, que ce soit pour des steaks végétaux ( Growthwell à Singapour, Jackfruit dans le Colorado), ou les usines de poissons et crevettes ( Kingfish aux Pays-Bas, Noray_Seafood en Espagne), nourris aux farines d’insectes qu’il produit par ailleurs.

    Que ce soit avec des centrales renouvelables ou des entreprises de techno-bouffe, la Troisième révolution industrielle des Mulliez leur permet toujours de s’accaparer les terres et détruire les savoir-faire. Qu’en disent les écologistes ? Rien.

    L’enfer vert des Mulliez
    Il est fréquent d’entendre des leaders écologistes déplorer le manque de « prise de conscience » des élus et patrons, et leur « inaction » face aux enjeux climatiques – scénarios et plans de transition à l’appui. L’action de la famille Mulliez, sixième fortune française, prouve pourtant qu’elle agit en conscience.
La Lettre que Voltalia envoie à ses actionnaires deux fois par an leur rappelle le leitmotiv de l’entreprise : « Améliorer l’environnement mondial en favorisant le développement local ». Puis le démontre, chiffres à l’appui : +10 % de gigawatts renouvelables installés au premier semestre 2021 dans le monde, et +78 % de revenus à se partager.

    Le virage écologique ne sera pas le fait d’une opposition très minoritaire, dépourvue de moyens, mais de la bourgeoisie dirigeante, le jour où elle ne pourra faire autrement. Ce seront les divers responsables de la ruine de la terre qui organiseront le sauvetage du peu qui en restera, et qui après l’abondance géreront la pénurie et la survie. Car ceux-là n’ont aucun préjugé, ils ne croient pas plus au développement qu’à l’écologie ; ils ne croient qu’au pouvoir, qui est celui de faire ce qui ne peut être fait autrement.

    Ce constat de Bernard Charbonneau fut maintes fois cité et réédité depuis 1980 [12]. L’inconscience des leaders écologistes devant la Troisième révolution industrielle du Conseil régional et de la famille Mulliez indique que l’on pourra continuer à rééditer Le Feu vert encore quelques années.

    Tomjo
    Notes
    [1] Selon le rapport de Greenpeace et Oxfam « Les milliardaires font flamber la planète et l’État regarde ailleurs », février 2022.
    [2] 27 millions en 2018, par exemple, dont 12 pour les énergies renouvelables. En 2022, le budget de la « T.R.I. » s’élève à 21 millions. Cf. délibérations « FRATRI » du Conseil régional.
    [3] Eco121, 30 avril 2021.
    [4] Libération, 24 décembre 2012. Cf. L’Enfer vert, Tomjo, L’échappée, 2013.
    [5] Rota de Colisão, racismoambiental.net, 30 mars 2022.
    [6] Idem.
    [7] Ibid.
    [8] The Telegraph, 31 décembre 2021.
    [9] « Combiner panneaux solaire photovoltaïque et cultures pour optimiser les surfaces disponibles : vers des systèmes agrivoltaïques », INRA Montpellier, 2011.
    [10] « Le marché des protéines en Hauts-de-France », Nord France Invest, non daté, vérifié le 7 juillet 2022.
    [11] Voir le site de Gotham Greens.
    [12] Le Feu vert, réédité par L’Échappée, 2022.

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  • Crypto Company Turns Games It Doesn’t Own into NFTs, Quickly Deletes Them
    https://www.vice.com/en/article/n7nxxb/crypto-company-turns-games-it-doesnt-own-into-nfts-quickly-deletes-them

    As recently as last week, the Retro Arcade Collection was dubbed a set of NFTs meant for “preserving abandonware games on [the blockchain].” In practice, that meant playable demos for games like Blizzard’s Blackthorne and Remedy’s Death Rally had been embedded into NFTs without any authorization by those games’ rights holders. A week later, following inquiries from Waypoint, the NFTs were removed after “some NFTs got reported.”

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  • Copi ou la difficulté de l’éditer - par Thibaud Croisy
    https://trounoir.org/?Copi-ou-la-difficulte-de-l-editer-par-Thibaud-Croisy

    Né en 1939 à Buenos Aires et arrivé à Paris en 1962, Copi écrit en français la quasi totalité de son œuvre. Il se fait connaître par ses dessins humoristiques publiés dans Le Nouvel Observateur, Charlie Mensuel ou Hara-Kiri. Il écrit aussi des nouvelles, des romans et surtout des pièces de #théâtre mises en scène par Jérôme Savary, Jorge Lavelli, Alfredo Arias ou lui-même. Poète à la fois tendre et cruel, exubérant et pudique, il meurt du sida en 1987, à l’âge de quarante-huit ans, laissant derrière lui une œuvre foisonnante, subversive et baroque.
    Les éditions Christian Bourgois ont entamé en 2021 un cycle de rééditions de ses textes (romans et pièces de théâtre) accompagnées de postfaces de Thibaud Croisy. Dans l’article qui suit, Thibaud revient sur les coulisses de ces rééditions à travers la figure à la fois fictive et réelle de l’éditeur qui condense en elle-même une exigence d’écriture, un pourvoyeur de moyens de subsistance, et un possible échange sexuel... C’est en tout cas une bien belle manière de traverser l’univers de #Copi où la frontière entre le réel et l’imaginaire demeure indécidable.
    Par ailleurs, Thibaud Croisy présentera une mise en scène de L’Homosexuel ou la difficulté de s’exprimer de Copi au Théâtre de Gennevilliers du 17 au 23 mai 2022.

    https://www.thibaud-croisy.com/pieces/lhomosexuel-ou-la-difficulte-de-sexprimer


    Les livres de Copi aux éditions Christian Bourgois
    https://bourgoisediteur.fr/auteur/copi
    #trounoir

  • Mammouths et CRISPR-Cas9 : quelle éthique pour la résurrection d’espèces disparues ?
    https://theconversation.com/mammouths-et-crispr-cas9-quelle-ethique-pour-la-resurrection-despec

    Cette pratique soulève d’une part la question de la désignation de ces espèces (qu’est-ce qu’une espèce éteinte ? L’espèce éteinte recrée est-elle une ancienne espèce « libre de droits » ou une nouvelle espèce synthétique ? Est-ce un animal avec les droits qui en découlent ou non ?) et d’autre part la question du devenir psychique de l’animal ainsi crée.

    Bien que le sujet soit toujours discuté, il y a une sorte de consensus qui tend à dire que l’extinction est la mort de tous les membres d’une espèce de plantes, d’animaux ou d’autres organismes. Une fois qu’une espèce est éteinte, elle sort du périmètre de protection actuel (non-brevetabilité) pour passer sous le régime du traitement des dépouilles (protégées, mais appropriables). La question éthique du statut des êtres créés à partir de ces dépouilles appropriables est encore peu considérée, mais elle doit être résolue avant que ces derniers ne surviennent dans nos écosystèmes.

  • Les héritiers de Tolkien ne peuvent pas Saquet les fanfictions
    https://actualitte.com/article/105592/droit-justice/les-heritiers-de-tolkien-ne-peuvent-pas-saquet-les-fanfictions

    Fin février, la Tolkien Estate, société responsable du patrimoine et de l’héritage du romancier britannique, dévoilait un nouveau site : des archives audio, vidéo, des documents divers et variés, ainsi que des textes — dont un livre inédit. Tout cela était follement attrayant pour les fans.
    You Shall Not Past

    Mais avec le site vinrent les consignes de la Foire Aux Questions. Et là, on a déchanté. Car la Tolkien Estate s’avère jalouse de la propriété intellectuelle liée à l’œuvre : on se souvient que la cryptomonnaire JRR Token, et son délicieux jeu de mots avaient subi les foudres juridiques des ayants droit. Avant de couler tout bonnement. Alors, pensez bien que des œuvres dérivées sans contrôle, voilà qui ne passerait pas.

    À ce jour, indique la TE sur le site, sa mission et son devoir sont de « protéger l’intégrité des écrits et des œuvres d’art originales de Tolkien et prend le droit d’auteur très au sérieux. Cela signifie que vous ne pouvez copier aucune partie des écrits ni des images de Tolkien ni créer des documents faisant référence aux personnages, histoires, lieux, événements ou autres éléments contenus dans l’une de ses œuvres ».

    Quant aux petits malins qui souhaiteraient créer un fanzine Tolkien, gare à eux : Tolkien est désormais une marque protégée, dont l’utilisation est tout bonnement interdite. Sous peine d’être rapidement contacté par les avocats des héritiers.

    Plusieurs auteurs se sont rendus tristement célèbres en interdisant la production de fanfiction autour de leurs univers : Anne Rice, par exemple, ou encore les publications Archie Comics et même George RR Martin. En revanche, une JK Rowling a toujours estimé qu’il s’agissait là d’une forme de promotion dont elle bénéficiait. La Tolkien Estate, elle, est implacable : lorsqu’une exposition fut consacrée par la BnF au romancier, certains élément exposés étaient interdits à la photographie...
    Propriété intellectuelle inside

    Mais à la rigueur, que les auteurs eux-mêmes donnent les conditions d’accès, d’utilisation ou de réécriture de leurs œuvres se comprendrait. Jamais, de mémoire, Tolkien en personne n’a posé d’interdiction formelle — seuls les ayants droit, déjà sur la version 2007 du site, y avaient posé une objection totale et définitive.

    Et pour cause, rétorquera-t-on : une œuvre est protégée par le copyright dans les pays anglo-saxons ou le droit d’auteur dans la francophonie. Toute œuvre réutilisée doit donc faire l’objet d’autorisation, pour être reproduite. Tant qu’elle ne verse pas dans le plagiat — le copier-coller strict d’éléments textuels — la pratique de la fanfiction échapperait à la législation.

    En France, on invoquerait en revanche l’article L. 335-3 du Code de la Propriété intellectuelle, pour rappeler que « toute reproduction, représentation ou diffusion, par quelque moyen que ce soit, d’une œuvre de l’esprit en violation des droits de l’auteur ». Il en va de même avec l’article L.122-4 du CPI pour qui la « traduction, l’adaptation ou la transformation, l’arrangement ou la reproduction par un art ou un procédé quelconque ».

    Certes. Mais cela ne couvre pas strictement le sujet des fanfictions – seule la justice, au cas par cas, examinera alors et tranchera sur la réalité d’une contrefaçon… ou la liberté de création. Cela sans même prendre en compte l’une des exceptions majeures en matière de droit d’auteur : celle qui concerne la parodie. Mais on le comprend, le flou juridique est vaste, ne protégeant ni les uns ni les autres.

    Le nœud gordien restera qu’en cas de réussite commerciale d’une fanfiction, l’auteur cherchera certainement à récupérer les billes pour avoir été ainsi utilisé…
    Fair Use : du hobby aux hobbits ?

    Or, le copyright introduit une notion plus souple, et totalement absente du droit français : le Fair Use. En tant qu’œuvre dérivée, la fanfiction relèverait directement de l’exploitation d’œuvres protégées, s’il n’y avait ce pas de côté. Le Fair Use apporte une relative liberté, considérant comme possible d’effectuer une transformation de l’œuvre originale, tout en s’en inspirant. Sauf que, là encore, la justice pourra toujours être saisie, dans un cas, comme dans l’autre.

    Pour l’heure, la Tolkien Estate n’a jamais engagé de poursuites contre des fanfictions, et aucune procédure juridique formelle n’est intervenue. Probablement parce que ces ayants droit ne font pas la loi et que leurs interdictions ne peuvent se prévaloir d’un poids supérieur à celui du copyright, et de ses exceptions.

    Dans un article sur le sujet, Maddie Agne, pour le Michigan Daily, conclut sobrement : « La Tolkien Estate ne peut pas vous empêcher d’écrire toutes les fanfictions autour de Legolas que vous désirez produire. » Non seulement, une plainte en justice provoquerait une vilaine publicité contre les ayants droit, mais surtout, le travail de contrôle nécessiterait des dizaines d’individus en mesure de surveiller, vérifier, et demander le retrait de textes.

    Ou alors, recourir à une intelligence artificielle, qui, à l’instar des algorithmes idiots de Facebook, parviendrait à des résultats totalement délirants. Le cas de Tolkien est d’autant plus intéressant que son univers a structuré les bases de l’héroic fantasy. Et qu’outre les millions d’exemplaires vendus, les droits audiovisuels ont abouti à des films au budget de 281 millions de dollars — et une série qui coûterait à Amazon Prime 465 millions $.

    Et que Le Seigneur des Anneaux : le retour du roi, a rapporté quelque 1,119 milliard $. Aucun héritier au monde n’aimerait passer à côté de pareilles sommes — quitte à rouler des mécaniques pour faire peur aux auteurs en herbe…

    #Tolkien #Fanfiction #Droit_auteur #Copyright #Copyright_madness