• Fracas est un nouveau bimédia indépendant consacré à l’#écologie radicale, sans pub, sans actionnaires et sans patron. Il est fondé par 3 ancien·nes de Socialter, #Philippe_Vion-Dury, #Marine_Benz et #Clément_Quintard.

    Nous lançons Fracas, un nouveau média consacré aux combats écologiques ! Un média radicalement indépendant, critique et, on l’espère, utile à tous et toutes les citoyen·nes qui se sentent concernés par la catastrophe sociale et écologique en cours et ne veulent pas rester impuissant·es.

    https://fracas.media

    https://www.youtube.com/watch?v=f8VIRm0N2Qo

    Entretien avec #Corinne_Morel-Darleux

    https://www.youtube.com/watch?v=TzNnb0Yzy4c

  • La nouvelle-nouvelle réaction, ou les chiens de garde de la résignation. Leur programme, outre la #nausée :

    … accepter les difficultés et les limites des capacités humaines.

    … saisir dans le chaos du présent les signes de [bla-bla]

    … accepter la gravité de la situation et reconnaître sa vulnérabilité extrême ou son impuissance…

    … interpréter le réel en étant attentif aux signes avant-coureurs qui annoncent un nouvel âge…

    … [refuser] que l’idéologie prenne la place de l’espérance, ce qui se traduit en politique par le fait d’imaginer un avenir commun en divisant la société, en brandissant l’opposition entre amis et ennemis…

    Les saccageurs n’auraient pas #Corine_Pelluchon, ils l’inventeraient.

    (Libération)

    #effondrement #capitalisme #caniche #éco-anxiété #idéologue #résignation

  • Haricots verts et courgettes à la coriandre et #Curcuma
    https://www.cuisine-libre.org/haricots-verts-et-courgettes-a-la-coriandre-et-curcuma

    Dans une sauteuse ou un wok, faire sauter l’oignon et l’ail dans l’huile d’olive. Ajouter les courgettes les faire sauter 5 min, puis les haricots verts, les épices, le sel et le poivre. Verser ½ verre d’eau, puis faire cuire à feu vif pendant 3 à 4 min, baisser le feu, couvrir et laisser mijoter pendant 20 min environ. Servir avec la coriandre fraîche hachée.

    #Courgette, #Haricot_vert, Coriandre (graines), Curcuma, #Poêlées_et woks, #Inde / #Végétarien, #Sans gluten, #Sans lactose, Végétalien (vegan), #Sans viande, #Sans œuf
    #Coriandre_graines_ #Végétalien_vegan_

  • Ajika vert
    https://www.cuisine-libre.org/ajika-vert

    Pâte de #Piment_vert fort pour assaisonner viandes et poissons. Mettez les piments et les herbes à sécher toute la nuit sur du papier journal. Attention, portez des gants pour manipuler ces piments forts pour ne pas brûler vos doigts et vos mains à cause de la capsaïcine contenue dans les piments. Lorsque vous êtes prêt à faire l’ajika, retirez toutes les graines des piments. Séchez-les et conservez-les pour les utiliser dans d’autres recettes. Hachez les piments (au hachoir à viande).

    Pelez et… #Coriandre_fraîche, #Sauces_vertes, #Géorgie, Piment vert / #Végétarien, Végétalien (vegan), #Sans viande, #Sans œuf, #Sans lactose, #Sans gluten, (...)

    #Végétalien_vegan_ #Crudité

  • #Sel de Svanétie
    https://www.cuisine-libre.org/sel-de-svanetie

    Pelez et écrasez les gousses d’ail. Mélangez bien tous les autres ingrédients à la cuillère. Ajoutez l’ail écrasé et utilisez vos doigts pour mélanger. Le mélange résultant sera un peu humide. Assurez-vous qu’il soit bien homogène. Conservez ce mélange dans un bocal en verre fermé hermétiquement, stocké dans un endroit sec et frais. #Ail, Coriandre (graines), Sel, #Sels_parfumés, #Géorgie / Végétalien (vegan), #Sans gluten, #Sans viande, #Sans œuf, #Végétarien, #Sans lactose

    #Coriandre_graines_ #Végétalien_vegan_

  • Assaisonnement dukkah
    https://www.cuisine-libre.org/assaisonnement-dukkah

    Faire griller les noisettes dans une poêle sèche sans les faire brûler. Faire griller le sésame sans le faire brûler. Faire griller les graines de #Tournesol, de coriandre, de #Cumin. Retirer du feu quand on sent le parfum des épices. Hacher grossièrement les noisettes au couteau. Piler au mortier le sésame, les graines de tournesol, de coriandre et de cumin, avec le sel et le poivre. Attention : concasser, ne pas écraser. Mélanger les graines et les noisettes avec le… Tournesol, Cumin, Coriandre (en graines), #Mélanges_d'épices, #Noisette_décortiquée, #Graines_de sésame, #Égypte / #Végétarien, #Sans viande, #Sans œuf, #Sans lactose, Végétalien (vegan), Sans (...)

    #Coriandre_en graines_ #Végétalien_vegan_ #Sans gluten

  • La E-santé, le nouvel eldorado du capital — [ repost @metroet_ ]

    https://www.youtube.com/watch?v=Dci0YNEFkmg

    Une petite idée de ce que vous trouverez dans « Ceux qui tiennent la laisse », notre prochain documentaire (si vous nous donnez un coup de main 👇‍).
    Macron et sa bande finissent de détruire le service public de la santé.
    C’est justement un des thèmes abordés dans son nouveau film. Le massacre de l’hôpital public d’un coté, l’apologie de la santé privée, la santé numérique de l’autre.
    La E-santé comme nouvel Eldorado du capital.
    En salle en 2022… Si vous nous soutenez ! Car ce n’est pas le système en place qui va l’aider à mieux vous informer.

    🖐️ N O U S S O U T E N I R : https://ceuxquitiennentlalaisse.info
    🔔 A B O N N E Z - V O U S : https://www.youtube.com/channel/UC4u1
    🇹 T W I T T E R : https://twitter.com/CeuxQuiTiennent
    🇫 F A C E B O O K : https://www.facebook.com/ceuxQuiTiennent

    Gilles Balbastre, le co-réalisateur des Nouveaux Chiens de garde vous offre, avec sa complice Corinne Masiero, une petite idée de ce que vous trouverez dans son prochain documentaire, Ceux qui tiennent la laisse.

    🎬 Macron et sa bande finissent de détruire le service public de la santé. C’est justement un des thèmes abordés dans son nouveau film. Le massacre de l’hôpital public d’un côté, l’apologie de la santé privée, la santé numérique de l’autre. La E-santé comme nouvel Eldorado du capital.

    🎥 N’hésitez pas à financer son prochain film... car ce n’est pas le système en place qui va l’aider à mieux vous informer. Tout au contraire !

    Rendez-vous alors en 2022 dans les salles de cinéma.

    #E-santé #Corinne_Masiero #Gilles_Balbastre #sante #santé #santé_publique #france

  • Carpaccio de #Veau aux petits oignons et coriandre
    https://www.cuisine-libre.org/carpaccio-de-veau-aux-petits-oignons-et-coriandre

    Mettez les tranches de veau dans 4 assiettes puis filmez et rangez au réfrigérateur. Lavez et séchez les oignons puis prélevez les bulbes et émincez très finement. Dans un bol, mélangez la pâte de crevettes pimentées, le jus de citron vert et le sucre semoule. Puis sortez le veau du réfrigérateur et couvrez abondamment de sauce. Enfin, parsemez de petits oignons émincés et de coriandre… Veau, #Coriandre_fraîche, #Petit_oignon_blanc, #Carpaccios, #Asie / #Sans œuf, #Sans gluten, #Sans lactose, Crudité

    #Crudité

  • #Waly_Dia - Je suis Corinne

    Waly revient notamment sur #Corinne_Masiero qu’il salue à sa manière car ça a vraiment permis, d’après lui, de remettre le sujet de la précarité des métiers de la culture, la question du féminisme et de la représentation des corps sur la table.

    https://www.franceinter.fr/emissions/la-chronique-de-waly-dia/la-chronique-de-waly-dia-19-mars-2021

    https://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/15275-19.03.2021-ITEMA_22608542-2021F41849S0078.mp3

    https://www.youtube.com/watch?v=viKp3jgic6I

    #radio #podcast #chronique #france_inter

    • Limoges : les occupants du Théâtre de l’Union se mettent à nu pour soutenir l’actrice Corinne Masiero
      https://www.francebleu.fr/infos/culture-loisirs/limoges-les-occupants-du-theatre-de-l-union-se-mettent-a-nu-pour-soutenir

      Les occupants du Théâtre de l’Union, à Limoges, viennent de publier un tribune, photos dénudées l’appui, pour soutenir la comédienne Corinne Masiero qui s’était déshabillée sur scène lors de la cérémonie des César. Dix parlementaires avaient dénoncé des « scènes d’exhibition » auprès de la justice.

    • Corinne Masiero : « Faut arrêter de se foutre des artistes. Et de tout le monde »
      17 mars 2021 Par La rédaction de Mediapart
      https://www.mediapart.fr/journal/france/170321/corinne-masiero-faut-arreter-de-se-foutre-des-artistes-et-de-tout-le-monde

      Dans « À l’air libre » mercredi, reportage dans le théâtre Sébastopol occupé à Lille, avec la comédienne Corinne Masiero. Également au sommaire : le magistrat Youssef Badr, co-auteur de Rendre la justice.

    • Corinne Masiero, non conforme

      En l’espace de quelques jours, l’actualité nous a fourni une leçon emblématique sur le rôle attribué au corps des femmes dans l’espace patriarcal. Pour comprendre la violence des réactions suscitées par l’exposition du corps nu de Corinne Masiero aux Césars 2021, il suffisait de lire le sous-texte des agressions sexuelles publiques de Pierre Ménès, reproduites à l’occasion de la diffusion du documentaire de Marie Portolano.

      Si l’intolérable brutalité des embrassades forcées de l’animateur de Canal+, saluées par les applaudissements et les rires d’un public complice, soulève désormais la réprobation publique, d’autres éléments de comportement paraissent plus anodins. Ainsi de l’injonction au port d’un décolleté, qui fait l’objet d’un échange entre Pierre Ménès et Marie Portolano : « Dire à une fille qu’elle est jolie avec son décolleté, moi je trouve ça plutôt gentil. […] Je remarque qu’au niveau décolleté, tu m’as pas gâté aujourd’hui ».

      Cette dernière remarque résume exemplairement le pouvoir du regard masculin, qui impose aux femmes la normalité d’une présentation sexualisée de soi. Dans l’espace patriarcal, la convention qui règle la présentation du corps féminin est celle de la disponibilité et de la conformité aux normes de visibilité du regard voyeur. Si elle ne constitue pas une autorisation formelle d’agression, cette disponibilité visuelle peut servir d’excuse, et permet de rejeter la responsabilité du passage à l’acte sur la victime.

      Quoique mis à nu et exposé aux regards, le corps de Corinne Masiero n’était pourtant ni conforme, ni disponible. Rompant avec les normes de jeunesse et de fragilité du féminin scopophile, ce corps ensanglanté présenté comme un affront, tatoué de slogans, poing levé, sans sourire, était autant l’affichage d’un dénuement qu’un acte de combat contre les codes du patriarcat. Le déluge injurieux qui a suivi l’exhibition de ce corps résistant a confirmé que l’espace public reste profondément déterminé par les lois de la soumission et de la sexualisation voyeuriste.

      http://imagesociale.fr/9620

  • Notes anthropologiques (LV)

    Georges Lapierre

    https://lavoiedujaguar.net/Notes-anthropologiques-LV

    Notes sur la pensée comme aliénation

    Au début, avec l’émergence d’un peuple dominant qui va constituer l’aristocratie sociale, la pratique du don reste importante et forme encore le fondement de la vie en commun, son esprit. Cet aspect, je dois dire, ne ressort pas de l’étude des historiens, nous le retrouvons parfois au cinéma, dans les récits de voyage ou d’exploration, nous en faisons aussi l’expérience si nous nous donnons l’occasion de nous immerger dans d’autres civilisations que la nôtre. Il faut croire que les historiens ne vont pas au cinéma, ne lisent pas des récits de voyage et ne font pas d’autres expériences de vie que celle que leur impose leur civilisation. Il me semble que l’idéologie tient une place trop envahissante chez eux et qu’ils délaissent, pour des préjugés tenaces, l’ouverture sur le réel et sa diversité que leur propose encore le monde. C’est bien sur une conception grandiose du don, le don cérémoniel d’hospitalité, que repose le prestige de la classe dominante dans notre antiquité, mais le don sous une forme moins grandiloquente et ostentatoire n’a sans doute pas disparu de la vie sociale de la population et constitue encore l’esprit des échanges que les habitants ont entre eux.

    Pourtant cette pratique va se trouver chevauchée par une pratique tout autre, celle du marchand. Nous nous trouvons dans une société partagée entre l’esprit sous son aspect subjectif reposant sur le don et l’esprit sous son aspect que je qualifierai d’objectif lié à l’intérêt de l’individu, représenté par le marchand. (...)

    #pensée #aliénation #peuple #aristocratie #marchands #Antiquité #Sparte #monnaie #Lycurgue #Corinthe #Athènes #Solon #négoce #enrichissement #subjectivité #dette #bourgeoisie

  • (néo-)municipalisme et humanisme

    Message aux seenthisien·nes...

    Je vais animer un atelier avec des étudiant·es de master en urbanisme autour du #municipalisme et de l’#humanisme...

    Un thème qui est relativement nouveau pour moi...

    Je suis donc preneuse de vos suggestions, surtout bibliographiques sur ce thème...

    J’ai déjà quelques éléments, mais je suis sure que votre bibliothèque est plus riche que la mienne :-)

    #néo-municipalisme #ressources_pédagogiques #municipalisme

    • Tout dépend quelle tradition du municipalisme : liberal, libertaire, socialiste, communalisme ou inter-municipalisme ? cf https://m.uneseuleplanete.org/Qu-est-ce-que-le-municipalisme. D’un point de vue historique "Municipalités de tous pays, unissez vous ! L’Union Internationale des Villes ou l’Internationale municipale(1913-1940),
      Renaud Payre, Pierre-Yves Saunier : https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00002762/document

    • Ok ! Je me suis permis de le préciser car comme le municipalisme a eu tendance à devenir un nouveau buzzword, on oublie parfois que ces stratégies politiques ont eu longues histoires qui ne se résume pas à la pensée de Murray Bookchin (même si sa pensée continue de beaucoup nous inspirer) !

    • @monolecte ça sera sous forme d’atelier, et pas de cours... mais il devrait y avoir un temps fort de présentation/discussion organisé par les étudiant·es lors de la Biennale des villes en transition (premier weekend d’avril, à Grenoble et distanciel) :-)

    • Du coup, en train de lire...

      Guide du municipalisme. Pour une ville citoyenne, apaisée, ouverte

      De plus en plus, nos villes sont devenues le lieu où sévissent la spéculation, les exclusions de toutes sortes et la ségrégation sociale. Pourtant, de l’Espagne aux États-Unis et à l’Afrique du Sud, en passant par le Chili, le Rojava syrien, la Serbie, la Pologne ou la France, des groupes renversent cette logique et inventent une nouvelle manière de vivre ensemble. Ce mouvement de démocratie radicale, qui s’ancre au niveau local mais se connecte au monde, place les citoyens au centre des décisions publiques et de la sauvegarde de l’intérêt général. Il réintroduit la démocratie directe en s’appuyant sur des valeurs sociales, féministes, écologiques et solidaires pour ouvrir le champ politique et en faire un espace d’émancipation et de transformation.

      Le municipalisme s’impose comme une alternative politique aux traditionnelles formes d’organisation et de pouvoir fondées sur la verticalité, la centralisation et le patriarcat. Ce guide est le fruit de la collaboration de plus de 140 maires, conseillers municipaux et militants du monde entier, tous investis dans le mouvement municipaliste mondial.

      Coordonné par la Commission internationale de Barcelona En Comú, il présente :

      – les bases théoriques du municipalisme et le rôle qu’il peut jouer, notamment dans la féminisation de la politique et la lutte contre l’extrême droite  ;

      – les outils pour préparer une candidature municipaliste, développer un programme participatif, rédiger un code éthique ou financer une campagne politique  ;

      – des exemples de politiques de transformation mises en œuvre dans des municipalités du monde entier en matière de logement, d’espace public ou de démocratie participative  ;

      – un répertoire des 50 principales plateformes municipales dans le monde.

      https://www.eclm.fr/livre/guide-du-municipalisme

    • POLICY ROUNDTABLE 17 RADICAL DEMOCRACY IN THE CITY COUNCIL

      Debate on the challenges, limits and opportunities of participatory procedures to develop real democracy at the local level.

      Speakers

      Elvira Vallés, Zaragoza City Council
      Bernardo Gutiérrez, MediaLab Prado, Madrid
      Gala Pin, Councilor for Participation and Districts, Barcelona City Council
      Brad Lander, Deputy Leader for Policy, New York City Council
      Áurea Carolina de Freitas, Councilor, Belo Horizonte City Council

      http://2017.fearlesscities.com/radical-democracy-in-the-city-council

      https://www.youtube.com/watch?v=xm7xOTsKpK8&feature=youtu.be

      #démocratie_radicale

    • Un #MOOC sur le municipalisme
      https://nos-communes.fr/actualites/mooc-sur-le-municipalisme

      Quelques captures d’écran :

      #Jonathan_Durand_Folco :

      « Dans [le] contexte [actuel] de crises et de revendications, c’est comme si il y avait une intuition qui est le fait que pour reconstruire la démocratie, on devait commencer à se réapproprier l’#espace_public comme tel et par la suite non seulement occuper des #places mais aussi à occuper les institutions. On pourrait dire que le relai organique de ces mouvements par la suite sera d’aller voir au plus près des conseils municipaux pour essayer de transformer les institutions de l’intérieur. Pour essayer de non seulement gouverner autrement, mais de pouvoir s’auto-gouverner et avec un certain relai revendications pour essayer de changer les choses par la suite »

      #Corinne_Morel_Darleux sur les limites du niveau local :

      « La #proximité dans un village ou dans une petite ville notamment est aussi source de #conflits, de #promiscuité, elle est aussi source de blocages politiques. Il faut les prendre en compte et ne pas sacraliser le local »

      #Magali_Fricaudet : Municipalisme et droit à la ville

      Les 4 caractéristiques du municipalisme :
      – la #radicalité_démocratique —> « comment est-ce qu’on gouverne en obéissant », comment est-ce qu’on applique la #démocratie_directe des #assemblées, mais aussi des mécanismes de contrôle de l’exercice du pouvoir, soutenir l’#expertise_citoyenne, travailler sur un #code_éthique des élus pour contrôler leur mandat
      – la #féminisation de la politique —> féminiser la politique c’est aussi changer l’approche de la politique et remettre en cause, par la pratique, le #patriarcat et ses valeurs (#compétitivité, exercice d’un #pouvoir basé sur le culture du chef et l’#autorité), c’est faire de la politique en écoutant
      – la #transition_écologique (#relocalisation_de_l'économie, les #remunicipalisations), comment changer le #paradigme_économique à partir du #local, contribution à la relocalisation, encourager l’#agriculture_urbaine et la gestion des #biens_communs
      – les #droits et les droits dans leur #universalité —> c’est la question des #migrants, quand on parle de #droits_universels on parle de #droits_pour_tous. Référence au #document_local_d'identité qui donne droit à toustes aux #droits_essentiels, aux équipements publics
      #universalité_des_droits —> « on gouverne pour les gens et par les droits ». Il s’agit de partir des droits et pas de la « machine qui prend en charge les gens »

    • "Collectivités locales, reprendre la main, c’est possible !"

      Le nouveau rapport de l’AITEC « Collectivités locales, reprendre la main, c’est possible ! Politiques publiques de #transition démocratique et écologique : #résistances et #alternatives locales à la libéralisation » se fonde sur une enquête approfondie menée en 2017 auprès d’élu-e-s, d’agents territoriaux, et d’acteur-trice-s du monde associatif. Il met en avant des politiques publiques locales alternatives, plus démocratiques, plus justes et plus durables, à rebours de la libéralisation des marchés, du tout-privé et d’une économie hors-sol.

      L’aspiration modeste est de dresser un paysage non exhaustif des contraintes réglementaires que rencontrent les collectivités locales progressistes pour porter des politiques publiques locales de transition démocratique et écologique. Ce rapport propose des pistes pour saisir les opportunités permettant de créer un “écosystème” d’alternatives afin de renouveler ou inventer des formes de gouvernance locale plus démocratiques, justes et durables.

      Les politiques néolibérales d’austérité et de libéralisation des échanges commerciaux et financiers ont poussé dans le sens d’une transposition des règles du marché dans la sphère publique. Elles placent les grandes entreprises, souvent transnationales et fortes de moyens techniques et financiers importants, en partenaires idéaux des pouvoirs publics. Ces politiques participent de l’assèchement des systèmes de solidarités publics et de l’asphyxie de l’économie de proximité : remise en cause de l’universalité des services publics, difficultés de relocalisation de l’économie, gestion comptable déshumanisée des politiques publiques, etc. Elles étouffent les possibilités de développer les politiques nécessaires pour répondre aux défis sociaux et environnementaux auxquels nous faisons face localement et globalement.

      Pour autant, ces contraintes n’éliment pas la motivation de certaines collectivités à faire émerger tout un panel de solutions pour contre-carrer les ambitions de lucrativité et d’accaparement portées par les tenants de la doxa néolibérale. Trois entrées d’alternatives ont pu être identifiées :

      1. Premièrement, il s’agit de (re)démocratiser des services publics : remunicipaliser les services publics, investir dans des sociétés coopératives d’intérêt général (SCIC), ne pas s’enfermer dans des contrats de partenariats publics-privés etc. Cela permet de pouvoir garder la main publique sur les services et donc le contrôle des dépenses et des orientations, d’inclure les citoyen-ne-s dans les processus de contrôle et de décision, et d’orienter les (ré)investissements pour l’amélioration et l’accessibilité du service ;

      2. Deuxièmement, il s’agit d’aller vers une commande publique responsable : privilégier les achats publics locaux en prenant en compte les notions de cycle de vie ou de circuit-court, bien connaître l’offre territoriale pour adapter la demande publique aux capacités des TPE/PME et entreprises de l’économie sociale et solidaire (ESS), etc. Cela permet de prendre en compte l’impact social et environnemental de l’achat public tout en relocalisant l’économie et en soutenant les acteurs socio-économiques locaux ;

      3. Troisièmement, il s’agit de travailler avec et pour le tissu socio-économique du territoire : structurer l’offre des acteur-trice-s économiques locaux (familiaux, artisanaux, agricoles ou éthiques), faciliter l’accès au foncier et aux équipements publics pour les acteur-trice-s de l’ESS, soutenir des initiatives de coopératives citoyennes (d’habitant-e-s, d’énergies renouvelables, etc.), etc. Cela renforce l’offre locale face aux grands groupes, tout en allant vers une (re)démocratisation des rapports socio-économiques locaux.

      https://aitec.reseau-ipam.org/spip.php?article1663

      #rapport #AITEC

    • Le « municipalisme libertaire » de Bookchin : un chemin vers la reconquête démocratique ?

      Débat entre #Pinar_Selek, sociologue et militante féministe, et #Aurélien_Bernier, essayiste et défenseur de la démondialisation. Tous deux discutent des thèses de Murray Bookchin concernant le « #communalisme », et des expériences qu’elle nourrissent.

      Citation de Bookchin pour commencer le débat :

      https://www.youtube.com/watch?v=ejksnPBJVtU

    • Agir ici et maintenant. Penser l’#écologie_sociale de Murray Bookchin

      L’effondrement qui vient n’est pas seulement celui des humains et de leur milieu, mais bien celui du capitalisme par nature prédateur et sans limites. Historiquement désencastré du social et nourri par l’exploitation et la marchandisation des personnes, il étend désormais son emprise sur toute la planète et sur tous les domaines du vivant. C’est en se désengageant d’un constat fataliste et culpabilisant que nous retrouverons une puissance d’agir ici et maintenant. Quoi de mieux, pour cela, que de relire Murray Bookchin et d’appréhender toutes les expérimentations et pratiques qui se développent après lui, aujourd’hui, autour de nous ?

      Floréal M. Romero dresse ici le portrait du fondateur de l’écologie sociale et du municipalisme libertaire. Il retrace son histoire, son cheminement critique et politique. De l’Espagne au Rojava, en passant par le Chiapas, l’auteur propose, à partir d’exemples concrets, des manières d’élaborer la convergence des luttes et des alternatives pour faire germer un nouvel imaginaire comme puissance anonyme et collective.

      Essai autant que manifeste, ce livre est une analyse personnelle et singulière de la pensée de Bookchin qui trouve une résonance bien au-delà de l’expérience de l’auteur. Il apporte des conseils pratiques pour sortir du capitalisme et ne pas se résigner face à l’effondrement qui vient.

      https://www.editionsducommun.org/products/agir-ici-et-maintenant-floreal-m-romero

    • L’illusion localiste. L’arnaque de la décentralisation dans un monde globalisé

      Rapprocher le pouvoir du citoyen , instaurer la « démocratie participative, soutenir le développement territorial et l’économie « de proximité…

      A l’approche des élections municipales, on assiste à une surenchère des mots d’ordre localistes et décentralisateurs. On les retrouve dans tous les discours politiques, de la gauche à l’extrème-droite en passant par la droite et les socio-démocrates.

      La participation des habitants et les promesses de changement « par en bas » sont dans tous les programmes. Les démarches et les listes « citoyennes », plus ou moins instrumentalisées par les partis traditionnels, se multiplient. Même le président de la République s’affiche localiste : en réponse à la crise de « Gilets jaunes », il promet une nouvelle phase de décentralisation pour la deuxième moitié de son mandat. A en croire nos élites, c’est donc par l’action municipale ou régionale que les problèmes économiques, sociaux, environnementaux ou démocratiques pourraient être résolus...

      Ce livre s’attache à déconstruire ce mensonge. Car la mondialisation, elle, ne rapproche pas le pouvoir du citoyen, mais l’éloigne considérablement. Les décisions économiques sont concentrées aux mains des grandes firmes et de leurs actionnaires, et s’imposent aux peuples par delà les principes démocratiques. Les droits sociaux sont en régression permanente à cause de la concurrence internationale. Et la classe politique n’en finit plus de se discréditer en obéissant aux injonctions des marchés.

      La « mondialisation heureuse » ayant fait long feu, c’est le « localisme heureux » qu’à présent on cherche à nous vendre. Le terroir et les circuits courts pour compenser les ravages de la mondialisation. Le régionalisme pour masquer le désengagement de l’État, la destruction ou la privatisation des services publics.

      Cette « illusion localiste » doit être dénoncée. Non pas que l’action de proximité soit négligeable, car s’engager dans la vie locale est tout à fait nécessaire. Mais pour sortir du piège de la mondialisation, cela ne suffit pas. Plutôt que d’opposer l’action locale et celle de l’État, mieux vaudrait les articuler.

      http://www.editions-utopia.org/2019/11/04/lillusion-localiste

    • Un séminaire en ligne (et en italien) avec #Iolanda_Bianchi, qui a écrit une thèse de doctorat sur Barcelone:

      Città, beni comuni, partecipazione: Esiste il modello Barcellona? Seminario online di formazione con Iolanda Bianchi

      PRESENTAZIONE
      Barcellona è stata al centro delle mobilitazioni popolari contro le politiche di austerità che si svilupparono in Spagna a partire dal 2011 (il cosiddetto movimento degli indignados - M-15). Nel 2015 fu eletta al governo della città una coalizione civica «Barcelona en comú» guidata da Ada Colau, un’attivista per il diritto all’abitare. Da allora il governo locale si è impegnato a mettere in campo politiche volte a correggere le distorsioni dello sviluppo urbano di segno neoliberale, sui temi della regolamentazione degli alloggi turistici (a partire dal piano PEUAT del 2017), della vivibilità dello spazio pubblico (la pedonalizzazione di isolati urbani, i cosiddetti «superblocchi» o «supermanzanas»), della gestione dei beni comuni. Queste iniziative sono state segnate da successi come da fallimenti. Alla luce di questa esperienza, in questo seminario discutiamo del cosiddetto «modello Barcellona» di neo-municipalismo, in connessione con le esperienze italiane di campagne per il diritto alla città e all’abitare in cui noi in prima persona siamo stati coinvolti in questi anni.

      IOLANDA BIANCHI è una studiosa di processi politici in una dimensione urbana. Ha conseguito il dottorato di ricerca in urbanistica e politiche pubbliche presso l’Università Autonoma di Barcellona e l’Istituto Universitario di Architettura di Venezia. La sua ricerca si focalizza sulle forme alternative di soddisfacimento dei bisogni e dei diritti primari alla scala urbana, osservate dal punto di vista delle collaborazioni tra società civile e istituzioni pubbliche. Attualmente è ricercatrice post-dottorato «Juan de la Cierva» presso l’IGOP, l’Istituto di Governo e Politica Pubblica dell’Università Autonoma di Barcellona. E’ autrice di numerosi articoli scientifici in riviste internazionali e italiane.

      https://www.facebook.com/events/409241853637821

    • Hello,

      La Fondation Roi Baudouin a initié pas mal de travaux, réflexions, projets visant à développer au niveau communal des analyses et/ou des projets qu’on pourrait qualifier « d’inspiré.e.s par un certain humanisme ». Je discerne un lien avec les études en urbanisme et je trouve (un peu « vite fait »...) par exemple 2 documents qui me semble potentiellement inscrits dans la liaison entre les thématiques Commune/Humanisme/Urbanisme (mais les « ismes », dont le municipal, sont sous-jacents, non spécifiquement étudiés). Cela pourrait être utile par exemple comme fond documentaire pour un tel atelier ? ;-)

      – La pauvreté des enfants au niveau local : cartographie communale
      https://www.kbs-frb.be/fr/cartographie_pauvreteinfantile
      – Communes Alzheimer Admis – Un guide pour vous inspirer
      https://www.kbs-frb.be/fr/Virtual-Library/2011/295136

  • Cori Bush was attacked over BDS before election; she did not back down
    By Ali Harb in Washington | date: 5 August 2020 | Middle East Eye
    https://www.middleeasteye.net/news/cori-bush-support-palestinians-lacy-clay-israel

    Cori Bush’s campaign says she ’has always been sympathetic to the BDS movement’ (AFP)

    A few days before Cori Bush defeated 10-term Congressman William Lacy Clay, ending a political dynasty that represented St Louis in the House for more than a half century, she was attacked by the incumbent over her support for the right to boycott Israel.

    Her response? Bush doubled down on backing the Boycott, Divestment and Sanctions (BDS) movement.

    “Cori Bush has always been sympathetic to the BDS movement, and she stands in solidarity with the Palestinian people just as they have stood in solidarity with Black Americans fighting for their own lives,” her campaign said in a statement on Saturday.

    She went on to shock the Democratic establishment and defeat Clay by a 3-percent margin on Tuesday. Palestinian rights advocates were quick to hail her victory, which they said proves that criticising Israel is no longer necessarily a costly stance in Democratic Party politics.

    “Blind support for Israel now no longer is helping candidates, but is even becoming a hindrance for them,” said Ariel Gold, national co-director of Code Pink, an anti-war feminist group.

    #BDS #Cori_Bush

  • From Missouri to Detroit, The Squad emerges victorious from Tuesday’s Democratic primaries
    Amir Tibon - 5 août 2020 - Haaretz.com
    https://www.haaretz.com/us-news/.premium-from-missouri-to-detroit-the-squad-emerges-victorious-from-democra

    Rashida Tlaib wins almost two thirds of the votes in the Democratic primary in Michigan, as Black Lives Matters activist labeled ‘Heartland’s AOC’ wins primary contest in Missouri

    Rep. Rashida Tlaib secured another term in Congress on Tuesday after winning the Democratic primary in her Michigan district, one of the most Democratic leaning in America.

    In addition, the group of left-wing female lawmakers known as “The Squad,” which Tlaib is a member of, will likely grow from four to five lawmakers in the next Congress, following the upset victory of a Black Lives Matters activist in a primary contest in Missouri.

    Tlaib easily won her primary in Michigan’s 13th district, where she was challenged by Brenda Jones, president of the Detroit city council. Jones briefly represented the 13th district in Congress in 2018, after she won a special election to replace Congressman John Conyers, who resigned from office. Jones then competed in the 2018 primary and lost to Tlaib by a margin of less than 1,000 votes.

    On Tuesday, the gap between Tlaib and Jones was much more decisive, with Tlaib winning almost two thirds of the vote. Tlaib had a strong cash advantage over Jones, and also won the endorsements of key labor unions in the Detroit area, as well as of Speaker of the House Nancy Pelosi.

    The district is one of the most Democratic-leaning districts in America, meaning that after winning the primary, Tlaib has de facto won another term in Congress.

    Members of “The Squad" who were first elected to Congress in the 2018 midterm elections, also includes Rep. Ilhan Omar from Minnesota, who will have her own primary challenge next week in Minnesota; and New York’s Rep. Alexandria Occasio-Cortez and Ayana Pressley from Massachusetts.

    The group could add a fifth member to its ranks after the November election, following the upset victory on Tuesday of Cori Bush, a Black Lives Matters activist, in the Democratic primary in Missouri’s 1st Congressional district.

    Bush, who was a nurse and a pastor before entering politics, defeated Rep. William Lacy Clay Jr., who has been in Congress for almost two decades, and whose father, William Lacy Clay Sr., represented the district for 32 years before him.

    Bush ended the 50-year long Clay “dynasty” in the district thanks to endorsements from Senator Bernie Sanders of Vermont and from Justice Democrats, a left-wing group that also supported Occasio-Cortez in her primary challenge to veteran lawmaker Joe Crowley in New York in 2018.

    Bush ran on a progressive platform which included criminal justice reform, a $15 minimum wage and cancelling student debt.

    Similar to Tlaib’s district, Missouri’s 1st District is considered heavily tilted toward the Democratic Party, and so Bush will almost be certainly elected to Congress. Political analysts are already comparing her victory over Lacy Clay to Ocasio Cortez’s victory in 2018 and describing her as “the Heartland’s AOC.”

    Also on Tuesday, the Republican Party in Kansas improved its chances to hold on to a critical Senate seat by choosing Rep. Roger Marshall to be the party’s nominee in this year’s Senate election, instead of far-right activist Kris Kobach, whom Democrats were hoping to run against in November. Kobach was the Republican nominee for governor in 2018, and was defeated in one of the most Republican states in the country by Democrat Laura Kelly.

    Kobcah, who holds extreme anti-immigrant and anti-voting rights positions, has enjoyed the support of President Donald Trump, who campaigned for him in 2018 ahead of the gubernatorial election. But his loss to Kelly in 2018 convinced enough Republican voters in the state that placing him as the nominee for the Senate seat this year was too much of a risk.

    Marshall will now face off against State Senator Barbara Bollier, the Democratic nominee, in November. Bollier used to be a Republican but left the party in 2018 because of Trump, explaining that “Morally, the party is not going where my compass resides. I’m looking forward to being in a party that represents the ideals that I do, including Medicaid expansion and funding our schools."

    #SquadUSA #Rashida_Tlaib #Cori_Bush

  • #Covid-19 : contre le #coronavirus, quelles #thérapies sont encore dans la course ?
    https://theconversation.com/covid-19-contre-le-coronavirus-quelles-therapies-sont-encore-dans-l

    Peu de coopération en France et peu de coopération à l’échelle internationale.

    Dominique Costagliola est directrice adjointe de l’Institut Pierre-Louis d’épidémiologie et de santé publique (Sorbonne Université, Inserm). Membre de l’Académie des sciences, elle participe au conseil scientifique du consortium REACTing.

    [...]

    L’évaluation du #Remdesivir se poursuit pour évaluer son éventuel impact sur la #mortalité dans l’essai international de l’OMS #Solidarity et son essai associé #Discovery, conduit par l’Inserm dans plusieurs pays d’Europe (France, Autriche, Belgique, Luxembourg pour l’instant). La question de l’intérêt du Remdesivir reste posée, d’autant que ce médicament est coûteux et que ce ne sera pas un « game changer » s’il ne permet pas d’améliorer la survie.

    T.C. : Quelles sont les pistes qui ont été abandonnées par les principaux essais cliniques en cours ?

    D.C. : Sur l’ensemble des molécules qui ont été testées, l’#hydroxychloroquine, clairement, ne marche pas pour les personnes hospitalisées. Le #Lopinavir, un antirétroviral dont l’utilisation principale est le traitement de l’infection à VIH, a lui aussi été abandonné à la fois par l’essai britannique #Recovery et par l’essai Solidarity. [...]

    [...]

    T.C. : Et quelles sont les thérapies encore en cours d’évaluation ?

    D.C. : L’essai Solidarity teste encore l’#azithromycine, un antibiotique de la classe des azalides (famille des macrolides) seule. Ce bras n’a pas été arrêté, on en attend encore les résultats.

    Au nombre des pistes intéressantes pour lesquelles nous n’avons pas encore de réponse formelle figure le #plasma de personnes convalescentes. Les études portant sur ce type de thérapies sont plus complexes que lorsqu’on teste un médicament dont on connaît bien le processus de fabrication. En effet, le plasma est prélevé chez des gens qui ont eu la maladie, mais tout le monde ne procède pas de la même façon pour sélectionner les donneurs. En #France par exemple, dans l’essai #CORIPLASM, on vérifie la présence d’anticorps neutralisants. Ce n’est pas forcément le cas dans toutes les études qui sont conduites et le moment d’administration peut aussi jouer un rôle. Il faudra donc en tenir compte lors de l’analyse des résultats.

    [...] De nombreux essais de par le monde évaluent cette solution (y compris l’essai #Recovery au Royaume-Uni). Des résultats positifs pourraient ouvrir la voie pour tester des combinaisons d’#anticorps_monoclonaux permettant d’envisager un processus de fabrication plus simple et généralisable que le plasma de convalescent.

    Une autre piste explorée consiste à s’attaquer non plus au virus, mais à l’orage inflammatoire qu’il déclenche : c’est la piste des immunomodulateurs en général, et des anti-interleukines en particulier (ndlr : les interleukines sont des messagers chimiques qui interviennent dans la réponse immunitaire et l’inflammation associée). Au nombre de ces médicaments figure par exemple le #Tocilizumab, un anticorps qui bloque le récepteur de l’interleukine-6, utilisé pour traiter la polyarthrite rhumatoïde. Une équipe de l’AP-HP avait communiqué fin avril sur le sujet, les résultats sont actuellement soumis en vue d’une publication. Le Tocilizumab est aussi testé dans l’essai Recovery.

    Sur la base de publications ou d’annonces récentes, l’#interféron injectable ou en nébulisation est aussi une piste d’actualité (ndlr : les interférons sont des protéines impliquées dans la réponse immunitaire notamment antivirale).

    De nombreuses autres hypothèses ont aussi été formulées et sont en cours d’évaluation, sans qu’on sache si le nombre des inclusions de participants dans ces études sera suffisant pour en tirer des conclusions.

    T.C. : Est-ce que cela signifie qu’un trop grand nombre d’essais cliniques ont été mis en œuvre ?

    D.C. : La question est complexe, et sur ce point la France et le Royaume-Uni ont eu deux approches très différentes. Les Britanniques ont été très drastiques. Ils ont essentiellement organisé un très gros essai public simple, Recovery, dans lequel ils ont inclus environ 12 000 personnes. Celui-ci à déjà produit des résultats, négatifs pour l’hydroxychloroquine et le Lopinavir, positifs pour la corticothérapie à faible dose. D’autres sont à venir.

    En France, il y a eu au contraire une flambée d’études, sans coordination initiale. En outre, l’emballement franco-français autour de l’hydroxychloroquine a entraîné une multiplication d’essais en lien avec cette molécule. C’est notamment dû à la façon dont est organisé le système. Plus les centres hospitalo-universitaires conduisent de recherche, plus ils reçoivent de dotations. Or, ce sont eux les sponsors des essais publics, justement. Et du moment qu’une équipe a un sponsor, ni l’Agence Nationale de sécurité du Médicament et des produits de santé (ANSM) ni le Comité de protection des patients ne peut s’opposer au démarrage de son essai sous prétexte qu’il y en aurait déjà suffisamment (sous réserve que ledit essai suive les règles relatives à la protection des participants, bien entendu).

    Qui plus est, la recherche est organisée de façon à valoriser l’investigateur principal des travaux. Ce système pousse à la #pléthore et peu à la #collaboration , moins valorisée. Plus de 80 propositions ont été soumises à #REACTing. L’idéal aurait de trouver un juste milieu entre un essai unique, comme au Royaume-Uni, et ces 80 propositions… On aurait pu se limiter à quelques essais en ville et à l’hôpital, par exemple. Mais cela aurait nécessité que les gens travaillent les uns avec les autres, et qu’un organisme puisse être légitime à prioriser les propositions.

    Et cela aurait fait émerger une autre difficulté : quand vous recevez autant de propositions, même si certaines n’ont qu’un rationnel modeste, comment être sûr de donner la priorité aux bonnes ? Ce n’est pas un exercice facile, dans ce contexte.

    Enfin, on peut aussi noter qu’il y a eu peu de coopérations à l’échelle européenne . Tout ceci indique qu’il faudra tirer des enseignements de cette crise, tant en matière d’organisation des essais cliniques que de coopération nationale et internationale en contexte de maladie infectieuse émergente. Et notamment dans la perspective de la poursuite de l’épidémie…

  • #Burkina_Faso: Residents’ Accounts Point to Mass #Executions | #Human_Rights_Watch

    Identify Remains of 180 Men Found in #Djibo; Prosecute Those Responsible

    (Bamako) – Common graves containing at least 180 bodies have been found in a northern town in Burkina Faso in recent months, and available evidence suggests government security force involvement in mass extrajudicial executions, Human Rights Watch said today. The government should seek assistance from the United Nations and other partners to conduct proper exhumations, return remains to families, and hold those responsible to account.

    Residents of the town of Djibo who saw the bodies told Human Rights Watch that the dead, all men, had between November 2019 and June 2020 been left in groups of from 3 to 20 along major roadways, under bridges, and in fields and vacant lots. With few exceptions, the bodies were found within a 5-kilometer radius of central Djibo.

    Residents buried most in common burials in March and April, while other remains are still unburied. They said they believed the majority of the victims were ethnic #Fulani or #Peuhl men, identified by their clothing and physical features, and that many were found blindfolded and with bound hands, and had been shot. Several residents said that they knew numerous victims, including relatives.

    "The Burkina Faso authorities need to urgently uncover who turned Djibo into a ’killing field’ said #Corinne_Dufka, Sahel director at Human Rights Watch. “Existing information points toward government security forces, so it’s critical to have impartial investigations, evidence properly gathered, and families informed about what happened to their loved ones.”

    Since November, Human Rights Watch has interviewed 23 people by telephone and in person who described seeing the bodies. Several interviewees provided hand-drawn maps of where they found and buried the dead. All believed that government security forces, who control Djibo, had executed the vast majority of the men. However, none had witnessed the killings and Human Rights Watch could not independently verify those claims. Human Rights Watch is analyzing satellite imagery of the locations of common graves in the vicinity.

    On June 28, Human Rights Watch wrote the Burkinabè government detailing the major findings of the research, and on July 3, the Minister of Defense responded on behalf of the government, committing to investigate the allegations and to ensure the respect of human rights in security operations. He said the killings occurred during an uptick in attacks by armed Islamists and suggested they could have been committed by these groups, using stolen army uniforms and logistics, noting it is at times “difficult for the population to distinguish between armed terrorist groups and the Defense and Security Forces.” The minister also confirmed the government’s approval for the establishment of an office in Ouagadogou by the United Nations High Commissioner for Human Rights.

    Beginning in 2016, armed Islamist groups allied with Al-Qaeda or the Islamic State have attacked security force posts and civilians throughout Burkina Faso, but mostly in the Sahel region bordering Mali and Niger. Human Rights Watch has since 2017 documented the killing of several hundred civilians by armed Islamist groups along with their widespread attacks on schools. Human Rights Watch has also documented the unlawful killing of several hundred men, apparently by government security forces, for their alleged support of these groups, including 31 men found executed after the security forces detained them in Djibo on April 9.

    The 23 people interviewed, including farmers, traders, herders, civil servants, community leaders, and aid workers, believed the security forces had detained the men as suspected members or supporters of Islamist armed groups.

    “So many of the dead were blindfolded, had their hands tied up … and were shot in the head,” said a community leader. “The bodies I saw appeared in the morning … dumped at night on the outskirts of Djibo, a town under the control of the army and in the middle of a curfew imposed and patrolled by the army.”

    Some residents said that they found the bodies after hearing the sound of vehicles passing and bursts of gunfire at night. “We’ve grown accustomed to hearing the sound of shots ringing out at night, and later seeing bodies in the bush or along the road,” an elder from Djibo said.

    “At night, so many times I’d hear the sound of vehicles and then, bam! bam! bam!” said a farmer. “And the next morning we’d see or hear of bodies found in this place or that.”At least 114 men were buried in 14 common graves during a mass burial on March 8 and 9 organized by residents with the approval of the military and local authorities. Local residents also buried 18 men, found around March 18 about a kilometer east of Djibo, in a common grave in early April. The bodies of another approximately 40 men, including 20 allegedly discovered in mid-March south of Djibo and another 18 found in May near the airport, had yet to be buried.

    An ethnic dynamic underscores the violence in Burkina Faso. The Islamist armed groups largely recruit from the nomadic Peuhl or Fulani community, and their attacks have primarily targeted agrarian communities including the Mosssi, Foulse, and Gourmantche. The vast majority of men killed by alleged security forces are Peuhl because of their perceived support of the armed Islamists.

    “Djibo reidents should feel protected by, not terrified of, their own army. The government’s failure to make good on promises of accountability for past allegations of security force abuse, including in Djibo, appears to have emboldened the perpetrators,” Dufka said. “The authorities need to put an end to unlawful killings through credible and independent investigations.”

    Bodies Appear in Djibo

    Residents of Djibo said they first started seeing bodies in the more rural, less inhabited parts of the town in November 2019. “Human remains are strewn all over the outer limits of Djibo town … along sides of road, near a pond, by the Djibo dam, near abandoned houses, under a bridge, and in the bush,” one man said.

    “From November 2019, so many bodies started showing up,” another man said. “Five or six here, 10 or 16 there, along the three highways out of town ... to the north, east, and south.”

    Residents said the vast majority of the dead were ethnic Peuhl, identified as such by their clothing, features, and, in about 10 cases, by those who knew individual victims by name.

    The people interviewed were extremely anxious as they spoke with Human Rights Watch and said they feared reprisals from the security forces, who had been implicated in the extrajudicial killing of 31 men in Djibo in April, and other killings there, since 2017.

    The residents did not believe the men were killed in a gun battle. “Yes, Djibo has been attacked and there are jihadists [armed Islamists] not so very far from Djibo,” said a resident who had observed several groups of bodies. “But on the days before seeing bodies, we weren’t aware of any clashes or battles between the jihadists and army in the middle or outskirts of Djibo. Word travels fast and we’d know if this were the case.”

    Another resident, who said he frequently travels from Djibo, said: “Had there been clashes with the terrorists, the public transport would have stopped.… We never would have been able to travel.”

    Nine people identified some of the dead by name, including family members, whom they had either witnessed being detained by the security forces or had been informed by someone else who had seen the men being detained. In each of these incidents, the body they identified had been found with numerous other victims. One man, for instance, recognized “a man named Tamboura from a village further south, who I’d seen arrested in the Djibo cattle market by soldiers some days earlier.” Another recognized a man who worked as a security guard and who had been arrested by soldiers days before his body was found. Others described seeing the bodies of men they had seen being arrested by the authorities at the market, the hospital, during a food distribution, or at the bus station.

    Several residents said they believed many of the unidentified victims had been detained during army operations or were internally displaced villagers who in recent months had settled in and around Djibo after fleeing their home villages. “Djibo isn’t such a but town that we wouldn’t recognize people, which is why we think so many of the dead were displaced,” one resident said.

    Many residents speculated that the army had arrested the displaced people for questioning, fearing infiltration by armed Islamist groups, which had attacked Djibo on several occasions. “The army has really hit the IDPs [internally displaced persons],” a resident said. “They’ve gone for them in the animal market, as they come in to Djibo to buy and sell. After so many major jihadist attacks in Mali and Burkina, they’re really afraid of infiltration.”

    Apparent Extrajudicial Executions

    Residents described seeing groups of bodies near their homes as they grazed their animals or as they walked or drove along the major roads leading out of Djibo.

    Apparent Execution of Five Men on June 13, 2020

    On June 14, several residents described seeing the bodies of five men scattered over a half a kilometer in two of Djibo’s southern neighborhoods, sectors 3 and 8. One of those found, 54-year-old Sadou Hamadoume Dicko, the local chief and municipal councilor of Gomdè Peulh village, had been seen arrested by soldiers the previous day. Residents could not identify the other four bodies.

    A trader described the arrest of Dicko on June 13:

    Being the chief, he’d just finished picking up sacks of rice and millet for his people, now in Djibo after fleeing their village, about 125 kilometers away. Mr. Dicko had in April 2018 been abducted and held for several days by the Jihadists but this time it was the army who took him. At around 11:30 a.m. four men in uniform on motorcycles surrounded him and about six others and took them into an unfinished building for interrogation. Eventually, the soldiers let the others go but left with Mr. Dicko.

    Three residents said they heard gunshots on June 13 and found the bodies of the five men the next day. “The gunshots rang out around 8 p.m. and the next day, June 14, I was called to be told the chief was dead,” one resident said. “It was what we feared. His hands were bound tightly behind his back and he had been shot in the head and chest.”Said another: "The shots rand out a few hours after the 7 p.m. curfew...[L]ater we saw one body to the north, near La Maison de la Femme [Women’s Center], another south near a large well, and three others next to an elevation of sand.” All of the men were buried later the same day.

    Apparent Execution of 18 Men, May 13 and 19, 2020

    Residents described seeing the security forces arrest 17 men near a Djibo market on May 13. The bodies of the 17 were found the next day along a path going through sector 5, also known as Mbodowol. The men had been shot in the head, according to the residents. Another man, with a mental disability, was found around the same place after having been arrested on May 19. At writing, the bodies had not yet been buried.

    Said one resident:

    I was in the market, when at around 10 a.m. I saw two vehicles with about 10 soldiers drive up. I don’t know if they were gendarmes or army. I was too afraid to stare at them, but I saw they were in uniform, with helmets and vests and all held semi-automatic weapons. The 17 men had come from other villages to buy and sell that day. I recognized many of them, who worked as blacksmiths.

    A sector 5 resident who heard gunshots on May 13 and saw the bodies a day later near the Djibo airfield said:

    They were killed as darkness fell. I saw a vehicle from afar, coming from the direction of town. Sometime later we heard shots. Around 15 minutes later the same vehicle returned, this time with the headlamps on. On Thursday, May 14, around 9 a.m. we discovered the bodies – eight on one side close together … their faces covered with their shirts – and around 20 meters away, nine more bodies. They’d been shot in the head. You could see this clearly…and there were bullet casings on the ground. The men looked to be from 25 to 45 [years old.] The body of another man was found in the same place a few days later. That one, I’d seen arrested…he lives near me. He is not normal [has a mental disability] … He was picked up outside his house listening to his radio. There is a curfew and only the army can drive around at night like this.

    Apparent Execution of 18 Men, March 17, 2020

    Residents said that on March 18, they saw 18 bodies about 500 to 700 meters east of Djibo. The bodies were found near several large publicity signs that line the Djibo-Tongomayel road.

    A man who feared his brother was among the dead explained why he believed government security forces were responsible for killing the 18 men:

    On March 17, around 7 a.m., I got a frantic call from the bus station saying my brother and another man had just been arrested by gendarmes as they boarded a bus to Ouagadougou [the capital]. Later that night, around 9 p.m. I heard many gunshots, and thought, oh God, my brother is dead.

    Just after dawn, I went in the direction of the shots and found 18 bodies. Their hands were tied, and they were blindfolded, each shot in the forehead. The blood flowed like a pond. The bodies were all together in a pile. I looked for my brother among the corpses … moving them enough to see if he was there. But he wasn’t. Among the dead, I recognized six men … they’d all been arrested by the FDS [Defense and Security Forces]. One was [name withheld] who had recently had a foot operation and had been arrested in front of many people near the hospital. I recognized his boubou [wide-sleeved robe]; his foot was still bandaged. Five others were traders I myself had seen arrested by the FDS on market day a week prior. As for my brother, he is still missing, even today.

    Apparent Execution of 9 Men, January 15, 2020

    A man who saw nine bodies on the road going east to Tongomayal, including a close relative, on January 16, said:

    I discovered the bodies of nine people some meters off the road, one of whom was my 23-year-old nephew. They’d been arrested the day before. A friend called around 11 a.m. saying there was trouble in the market, that my boy had been arrested. I went to the market immediately and saw all nine, tied up and face down on the ground. Four gendarmes led them into their vehicle and took them away. That night around 8 p.m. I heard shots near the Djibo dam, and in the morning saw them in the bush, hands tied, riddled with bullets … Eight were Peuhl and one was a Bellah. We were too afraid to even bury them … we had to watch my nephew turn into a skeleton. He was not laid to rest until the mass burial in March, with dozens of others, but it was hardly a funeral and my boy was not a jihadist.

    Bodies Found Near Djibo’s Sector 4, November 2019 and January 2020

    Five residents of Djibo’s Sector 4 (also known as Wourossaba and Boguelsawa), south of the town, described seeing three groups of bodies within what they said was a one kilometer radius: a group of 8 bodies and a group of at least 16 bodies in November 2019, and a group of between 16 and 19 bodies around January 8, 2020. The total number of bodies seen largely corresponds to the 43 bodies buried in this sector during the mass burial on March 8 and 9.

    A resident of Sector 4 described the three groups of bodies:

    Many didn’t have shirts, and most were tied — some their eyes, others by the wrist, and they’d been shot. I knew none of them but believe all 43 were prisoners because all three times, I’d heard vehicles coming from the direction of town and saw the headlights … and heard gunshots. It was too far and too dark to see their uniforms but there wasn’t a battle and the jihadists can’t be driving around in a heavy truck that close to Djibo.

    Another resident of Sector 4 described seeing 19 bodies around January 8:

    I saw them around 7 a.m., 19 bodies in a line – all men, save one around 15 years old. The night before, I’d seen lights of a vehicle – it was around 8 p.m. and we were under curfew. Then I heard the shots. The bodies were about one kilometer south of Djibo, and 150 meters west from the highway – many bound at the arms, and with their eyes blindfolded. They’d been shot in the head, others in the chest, others the stomach. We didn’t know any of them, so they just stayed there until the March burial, by that time they were almost skeletons.

    A health worker said that in February on the way to Ouagadougou she saw five bodies from her bus window, about 15 kilometers south of Djibo, near the village of Mentao: “They were 20 meters from the road – the bodies smelled – it seemed they’d been there for a week or so. By their dress, all the men appeared to be Peuhl. When I returned a week later, they were still there.” These bodies were not buried during the March mass burial.

    Burials in March and April 2020

    Djibo residents described an organized mass burial on March 8 and 9 during which at least 114 bodies were collected and buried in 14 common graves.

    Residents who attended the burials said the bodies were in various stages of decomposition. “Some had just been killed, others had started to decompose, and many others were skeletons,” one said.

    “Given how long the bodies had been outside, notably under the hot sun, many were only identifiable by their clothing,” said another.

    Several residents said the dead were left unburied both because the families were either not from Djibo or because they were too frightened to claim the body. “Fear stopped people from burying the dead,” a village elder said. “You need permission from the security forces to bury a body and given the level of tension in Djibo these days, people are just too terrified that if they claim the body of a man accused of being a terrorist, they too will be taken and end up dead.” Many residents described the burials as “a delicate subject” which was not covered by local media. “Fear has kept us from talking much about the mass burials,” a village leader said.

    “The bodies were scattered along and not far from the major roads leading to and from Djibo,” a resident said. “The first day, we worked from 9 a.m. to noon and buried 42 bodies to the south, along the Djibo-Ouagagdougou road. On the second day it was worse … working from 8 a.m. to 12:30 p.m. we buried 72 people, 20 to the north and 52 to the east, along the Djibo-Dori road. Some people gathered the bodies while others dug the graves. The dead were buried in 14 common graves with from 3, 6, 7, up to 23 bodies.”

    They said Djibo residents had obtained permission from both the civilian and military authorities based in Djibo to bury the dead largely because of the potential health and sanitation risk. “We were fearful of epidemics, especially as we approach the rainy season,” a community leader said. “We were overwhelmed seeing the bodies of lifeless people and so we organized ourselves and asked the authorities for permission to bury the dead,” said another.

    Other residents spoke of the mental health impact on the town. “We organized the burial on health grounds but also because of the psychological impact on people, especially children, having to walk by the bodies every day on their way to market or school,” one resident said.

    A herder said: “Imagine what it’s like to see these bodies every day, some eaten by dogs and vultures. It’s not easy living with that terrible reality day after day.”

    Those who observed the mass burials said they were attended by the civilian authorities, who they said helped organize the funeral; the health authorities, who provided masks and sanitizer; and the security forces, which provided security. They said they were “strictly forbidden” from taking photographs of the burials. “No one would dare do that because the FDS was watching,” a resident said.

    A resident who was at the burial said:

    After getting authorization – from the army – and after involving health officers – we spent two days burying the dead who were in groups of 5, 7, 9, 20 – scattered all over. I didn’t recognize any of them, but several of those watching the burial later told me they’d recognized their father, brother, or son … that he’d been missing since being arrested by the soldiers in Djibo or in their village – weeks or months earlier. They didn’t say anything during the burial though … out of fear that they too would be arrested.

    A man who buried 13 of the bodies found in north Djibo, including a family member whom he had last seen in the custody of the security forces in January, said “The road to Tongomayel was full of corpses and remains. Honestly, many were only skeletons … and their bodies had been scattered by animals. We were divided in groups, and went about looking for ribs, body parts.”

    Two people described the burial in early April of the 18 men whose bodies were found on the road to Tongomayel around March 18. The bodies appeared after the security services had allegedly arrested the men. “We dug a large hole, big enough for all of them, and put sand and branches on top of it,” one man said. “The road to Tongomayel is full of bodies … the 52 buried during the mass burial, the 18 from mid-March, and it hasn’t stopped.”

    Bodies Found, Left Unburied

    Three residents described seeing 20 bodies that they said had been left in mid-March about 100 meters from the cemetery in Boguelsawa neighborhood, several kilometers south of Djibo.“Just days after we buried over 100 bodies, we woke up to find another 20 bodies,” a resident said. “It’s like, whoever is doing the killing is mocking us.” They told Human Rights Watch on June 14 that the bodies, now scattered and decomposed, have yet to be buried. “With death all around, we feel like tomorrow could be my turn to die,” a resident wrote.

    Another man said that on June 1, “My nephew came across three dead while gathering wood north of Djibo, including two [ethnic] Bellahs we know well. He was so frightened he ran straight home without the wood.” As of June 30, the 18 dead found near the airport in mid-May had similarly yet to be buried.

    Recommendations

    Residents who spoke with Human Rights Watch were unaware of any judicial investigations into the apparent killings. Some killings allegedly implicating the security forces had occurred after the government’s pledge to fully investigate the apparent execution of 31 men detained by the security forces on April 9, 2020.

    Human Rights Watch urges the Burkina Faso authorities to:

    Promptly and impartially investigate the killings in Djibo since November 2019, and fairly and appropriately prosecute all those responsible for extrajudicial killings and other crimes, including as a matter of command responsibility. Ensure the findings are made public.
    Send the commanders of the two security force bases in Djibo– the gendarmerie and army – on administrative leave, pending outcome of the investigation.
    Invite United Nations or other neutral international forensic experts, including those with experience working before criminal tribunals, to help preserve and analyze evidence in common graves. Exhumations without forensic experts can destroy critical evidence and greatly compromise the identification of bodies.
    Return remains of individuals found to be buried in graves or left unburied to their family members.

    https://www.hrw.org/news/2020/07/08/burkina-faso-residents-accounts-point-mass-executions

  • Les communs à l’école - Pratiques pédagogiques et postures : de l’impossible aux possibles | À l’école du partage
    https://ecole-partage.fr/blogposts/communs-impossible-aux-possibles

    Nous avons souhaité un webinaire ouvert sous forme de discussion sur la base de questions préalablement identifiées. En effet, nous avons été amenées à préparer cet échange dans un temps fort d’incertitude sur nos fonctions alors que nous sortions tout juste du confinement et que nos établissements respectifs commençaient tout juste à ouvrir leurs portes. Il nous paraissait intéressant de questionner ce qui nous animait avant cette crise sanitaire et voir ce qui restait fondamental à nos yeux. Le format discussion offrait ainsi, plutôt que des réponses toutes faites, la possibilité de poser des questions nouvelles que la crise aurait fait émerger. A la fin du mois de mai, la vision du CDI ou de nos classes était complètement floue. Que serait notre métier dans les prochains mois/prochaines années ? Le CDI était fermé, la classe d’ULIS ne pouvait pas rouvrir… Les conditions mêmes de notre métier d’enseignantes étaient remises en question. Tout, ou presque, nous semblait impossible. Mais plus les jours passaient plus des “possibles” émergeaient. Et c’est cette posture-là d’accueil, de contact retrouvé avec les élèves que nous souhaitions partager lors de cette session en ligne. Nous nous sommes dit que plutôt que de chercher une vision et d’être créatives dans un contexte dont nous ne voulions pas, nous gagnerions à repérer ce qui manquait le plus. Nous avons eu à cœur de reprendre le contact avec les classes, les élèves pour nous projeter et réactiver un imaginaire possible de ce qu’allaient être nos espaces de classes et nos CDI.

    Les fondamentaux sur lesquels nous ancrons notre enseignement ont été empêchés et malmenés par le protocole sanitaire et le confinement, tout au moins dans l’espace commun qui est l’école. Le travail à distance a mis en lumière tous les implicites de nos postures : observer, expliquer, aider, verbaliser, encourager ...Nous nous sommes retrouvées dans une situation d’enseignement dégradée qui nous a mené à de grandes frustrations. Nous voulons retrouver le cœur de notre métier d’enseignante : comment faire pour que les élèves apprennent et s’émancipent dans une école où le « faire société » est essentiel. Une école qui porte des savoirs et des dispositifs qui articulent la formation individuelle et la perspective collective. Nous interrogeons les pratiques sociales du vivre et faire ensemble, socle selon nous d’une école des communs.

    Comment faire groupe, et par conséquent faire société, quand élèves et enseignants sont séparés physiquement, ou quand le corps de l’élève est assigné à une table, à une place, à un point sur la cours “Je me sens comme un i sur ce point “ nous dit Elias en ce lundi matin de reprise.

    La question de l’inclusion a été elle aussi profondément mise à mal et a semblé disparaître au profit des gestes barrières. L’inclusion des élèves en situation de handicap bénéficiant du dispositif ULIS dans un groupe-classe n’est plus envisageable puisque le protocole sanitaire empêche tout mélange des groupes. Nous vivons un temps de suspension de l’inclusion. En prendre conscience, c’est déjà agir pour redonner du mouvement.

    La richesse de ce qui a été partagé reflète combien les élèves ont appris de ces temps informels hors les murs du collège : aide au devoir d’un petit frère ou petite sœur, pâtisserie et cuisine, apprentissage d’un instrument de musique, d’une nouvelle langue, s’occuper à plein temps de son animal favori, répertorier les plantes de sa rue ou de son jardin, partager de nouvelles musiques, fabriquer des objets, réparer sa trottinette.

    Comment ne pas en tenir compte lorsqu’ils retournent à l’école ? Nous défendons une posture pédagogique qui sait tout à la fois prendre en compte les savoirs émergents et numériques, prendre en compte les savoirs non formels et s’appuyer sur les savoirs fondamentaux.

    La continuité pédagogique offerte pendant le confinement n’a été en ce sens que partielle. De fait elle a privé les enfants de tout ce qui permettait de renforcer ces dimensions collectives. Quelques initiatives de travail coopératif ont sans doute pu porter leur fruit et être bénéfiques, en renforçant l’autonomie de chacun, mais selon nous rien n’est venu remplacer le sens premier de l’école qui est de faire société. Des élèves soulignent combien l’entraide a pu leur manquer pendant ces longues semaines “ça m’a manqué de pouvoir aider les autres” nous dit Chanelle. L’école reste un lieu fort de sociabilité et les élèves eu même ont été renforcés dans ce sentiment : “on me vole mes années collège” nous dit cette élève de 3e.

    #Education #Communs #Hélène_Mulot #Corinne_Laval #Pédagogie #Confinement

  • AYS Daily Digest 23/4/20

    GREECE
    Lesvos — While some get shot at, others fear going for food
    The two people who had been shot while the recent peaceful protest was on, were reportedly shot about seven kilometers away from Moria, with a hunting rifle. They claimed they had been “going for a walk,” unrelated to the events at the camp.
    As InfoMigrants stated, “although the motive for this attack has not been clarified, dpa also reported that in March anti-migrant extremists had been known to attack migrants and humanitarian workers on the island.
    They also said that theft had increased around the Moria camp in recent years and is often reported. Again though, there is no clear link to what the migrants may, or may not, have been doing when they were shot at.”
    Reaching food presents a daily fear and a problem for thousands in Moria. Many people reportedly choose to cook themselves if they can get supplies of food, while others fear to queue for food in the camp due to the risk of Covid-19 infection.
    In the Malakasa camp, quarantine continues. At the same time in Corinth and Grevena, camps run by the IOM, apparently there are no doctors available, thus no healthcare provided for the people held inside the camps under the internationally agreed standards, whose minimums define the number of health workers available, and define health care as one of the basics available to the people. As we heard this information from a number of different sources, we hope for some clear scrutiny and reporting on such practices that are present in different places not only in Greece, but along the Balkan route, namely in Bosnia and Herzegovina as well.

    BOSNIA AND HERZEGOVINA
    Forcing deportations, regardless of what others think
    The minister of security of Bosnia and Herzegovina announced at the press conference that the plan to deport migrants currently in Bosnia and Herzegovina is ongoing. He stated that “many of those people are terrorists sleepers and that almost everyone hides their real identity”. Therefore, Bosnia and Herzegovina intends to deport all of them, and he said that, instead of providing funds for keeping the people inside the country, he wishes the EU would help them send those people back. He is aware that “some countries in the EU might not be in favour” of his idea, but that is the official plan. He also stated that the Pakistani ambassador will be named persona non grata because he seems to be against the idea. The Bosnian “diplomacy” is yet to receive any real criticism from the international community, and it will be interesting to see which country or organisation will feel blameless enough to point their finger first… The situation for people on the move across Bosnia and Herzegovina has only been worsening, if that is still possible, and we hope that the support for the opening of the Lipa camp in the middle of nowhere will not be considered the maximum the international community can do and the optimal solution for all those people stuck in the area.

    THE NETHERLANDS
    Refusing to take in unaccompanied minors
    The Netherlands has refused to take in any of the children, despite repeated appeals, and the willingness of 43 separate local authorities to house them.
    Over 100 politicians, celebrities and local authorities have urged the Dutch government to take in some of the 2,500 children who are living in squalid refugee camps on Greek islands without parents or guardians, Dutch media report.

    https://medium.com/are-you-syrious/ays-daily-digest-23-4-20-will-austria-be-deporting-to-serbia-95fc284c019f

    #Covid-19 #Migration #Migrant #Grèce #Pays-Bas #Bosnie-Herzégovine #Mineursnonaccompagnés #Transfert #Expulsion #Malakasa #Corinth #Grevena #Camp #Lesbos #Moria

  • « La crise consacre la faillite de l’État en tant que puissance anticipatrice agissant au nom de l’intérêt général »
    https://www.bastamag.net/Effondrement-covid19-ecologie-role-de-l-Etat-autogestion-alternatives

    « Cette expérience de confinement ne préfigure en aucun cas ce que serait un programme écologiste », prévient Corinne Morel Darleux, militante « éco-socialiste » et auteure du livre « Plutôt couler en beauté que flotter sans grâce » qui a connu un joli succès de librairie. Elle nous invite à remettre en cause « nos schémas d’analyse » pétris de croissance du PIB, et dresse des pistes d’action pour reprendre en main notre avenir devenu subitement incertain. Basta ! : Cette crise sanitaire semble exacerber les (...) #Décrypter

    / A la une, #Gauche_radicale, #Entretiens, #Climat, #Société_de_consommation, #Services_publics, Innovation (...)

    #Innovation_politique

    • Corinne Morel Darleux [1] : Cette crise vient effectivement lever le voile sur beaucoup d’enjeux : le plus flagrant, aujourd’hui, étant l’état de délabrement du système hospitalier. Jusqu’à présent l’alerte était difficile à faire entendre, elle crève désormais les yeux. Si on tire le fil, toute la pelote du « système » vient avec, notamment la question de la délocalisation de la production de biens de première nécessité – ceux liés à la santé bien sûr, mais aussi à l’alimentation, avec ses chaînes d’approvisionnement absurdes qui nous poussent à importer ce qu’on pourrait produire ici, ou à faire appel à de la main d’œuvre d’autres pays… Ce qui explique la situation inquiétante en ce début de saison agricole. Il est beaucoup question des stocks de masques que les pays se disputent entre eux. On observe la même chose sur les produits alimentaires, avec des pays qui stockent pour leurs propres besoins et n’exportent plus.

      C’est ce qui m’a beaucoup marqué, ces derniers jours : nous voyons un effondrement des places financières, mais à l’inverse une très nette croissance des indices sur les bourses de produits alimentaires, qui ont gagné aux alentours de 10% en une semaine… Comme s’il y avait une inversion entre la #valeur_d’usage et la valeur marchande, une sorte de retournement du fameux paradoxe de l’eau et du diamant d’Adam Smith [paradoxe dans la différence de valeur marchande d’un diamant par rapport à l’eau, alors même qu’un diamant n’a aucune valeur d’usage puisqu’il ne sert ni à manger, ni à se soigner, ndlr]. Au fond, c’est très significatif d’un certain retour à la « #matérialité » du monde. Soudain, on se souvient que nos corps sont vulnérables, que nos subsistances sont dépendantes de flux extérieurs et que la première nécessité, c’est de pouvoir se nourrir, se soigner. (...)

      Cela ne me réjouit pas d’être obligée d’en appeler à l’auto-organisation pour pallier l’incurie des pouvoirs publics. Mais je défends l’idée de partir du réel quand on élabore des stratégies politiques. Or aujourd’hui, partir du réel, c’est partir du constat que l’État n’assure plus cette fonction, qu’on le veuille ou non. Nous devons donc apprendre à faire sans, ou a minima « à côté ». Par ailleurs, cela fait quelques années que je découvre le potentiel d’émancipation incroyable de courants anarchistes et libertaires. Pour moi, ce n’est plus seulement un palliatif : l’auto-organisation possède une vraie fonction émancipatrice, qui permet de retrouver une puissance d’action collective. Par les temps qui courent, cela permet de faire de nécessité vertu. (...)

      Nous avons cherché pendant des années à « forcer » cette unité politique, en vain. Nous avons fini par confondre rapport de force et culture du nombre. Cette vision « continentale » est, je le crois, une impasse. L’idée d’archipel consiste plutôt à respecter les spécificités de chacun des îlots existants – qui sont des espaces de résistance, mais aussi d’invention et de construction d’alternatives, qui ont leur identité propre, leur culture et leur vécu politique, et des modes d’actions différents – tout en trouvant le moyen de créer des passerelles entre ces îlots, pour tirer tous dans le même sens. (...)

      La dignité du présent, c’est l’idée qu’il faut mener les combats qui nous paraissent justes aujourd’hui, sans faire trop de paris sur l’avenir. Au fond, cela revient à refuser une vision « utilitariste » de l’action politique. C’est la nécessité de trouver des moteurs à l’action, en termes de luttes sociales et environnementales, ou d’organisation collective, qui soient situés dans le présent, plutôt que dans d’hypothétiques victoires futures ou des échéances électorales à venir. Cet avenir-là est trop incertain. Il est tellement difficile de prévoir ce que cela va donner. On ne peut pas s’engager juste pour gagner à la fin. (...)

      #crise_sanitaire #capitalisme #État #vulnérabilité #produits_alimentaires #écologie_politique #archipélisation #Corinne_Morel_Darleux

  • Coronavirus : des propriétaires coupent l’eau et le chauffage à la famille d’une infirmière
    https://www.rtl.fr/actu/justice-faits-divers/coronavirus-des-proprietaires-coupent-l-eau-et-le-chauffage-a-la-famille-d-une-i

    Près de Montpellier, des propriétaires ont forcé la famille de leur locataire infirmière à partir du logement en coupant l’eau, le chauffage et la télévision.

    Les premiers de cordée savent couper la corde.

    • Le fait que la victime soit infirmière aggrave l’abjection de ce geste mais même si c’etait pas une infirmière c’est dégueulasse dans le contexte actuel. La lecture de l’article est encore plus insoutenable que le titre le laisse imaginé :

      La situation est intenable. L’infirmière décide alors de lâcher la location. Elle est obligée d’appeler les gendarmes pour faire l’état des lieux. Les propriétaires exigent qu’une désinfection du logement soit réalisée et retenue sur la caution. Puis ils lui disent cette phrase terrible : « On s’en fout que vous attrapiez le virus, que vous en mourriez, mais pas chez nous ». L’infirmière est abasourdie, d’autant qu’au début du confinement, elle avait proposé aux propriétaires de faire leurs courses pour les protéger.

    • Le bailleur est dans l’illégalité la plus complète. Le problème étant de savoir comment résister sur le coup à l’attaque et à ce déni des droits les plus élémentaires, en l’occurrence avoir un logement décent, mais aussi d’avoir la patience d’attendre que « l’affaire » soit jugée devant un tribunal « judiciaire » ... L’État « d’exception » a encore de beaux jours devant lui et le futur (le nôtre) manque cruellement d’avenir.

    • Plus rapide que le tribunal : faire constater par les services municipaux (hygiène) l’insalubrité du logement, avec ce constat le locataire peux de suite arreter de payer le loyer tout en conservant le logement.
      Le bailleur aurait ainsi été pris à son propre piège (plus de loyer et impossibilité de louer)
      Facile à dire a postériori ....

    • Euh, c’est pas aussi « immédiat » que ça en a l’air. Il faut une saisine du juge pour que la mesure suspensive concernant le paiement du loyer soit prise. Et cette saisine du juge doit être motivée par un constat des « services techniques » de la mairie, bien sûr, qui, elle, transmet le dossier à l’ARS qui, elle, si elle a le temps de prendre connaissance du dossier, le transmet au juge. Délai pour arriver à ce que le litige soit porté devant un tribunal : au moins six mois.
      Et le temps que le juge « instruise » le dossier et convoquent les parties au tribunal pour juger l’affaire, oh, comme ça, à la louche, deux ans ? Si tu n’es pas orienté au préalable vers la « CDC » (commission départementale de conciliation, où dans le cas présent, on n’en est plus à être « conciliant » mais plutôt dans une volonté de nuisance délibérée de la part du bailleur). Ceci dit, un dépôt de plainte au commissariat de police du secteur peut aussi constituer une pièce à charge contre le bailleur. Il s’agit d’un cas avéré de harcèlement.

      D’un point de vue judiciaire, il s’agit d’une procédure pour habitat indigne ou dégradé ne respectant pas les critères de décence, lesquels sont fixés par le « RSD » (règlement sanitaire départemental)

      Documentation « habitat dégradé » accessible ici même :
      http://ovh.to/fho9bC4

      Attention : lien valable 10 jours seulement. Vous pouvez télécharger le fichier (.pfd)

  • Masques : les preuves d’un mensonge d’Etat | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/france/020420/masques-les-preuves-d-un-mensonge-d-etat

    Fin janvier et début février, le ministère de la santé, conscient de la faiblesse des stocks d’État, n’a décidé de commander qu’une très faible quantité de masques, malgré des alertes internes. Le matériel a de surcroît mis plusieurs semaines à arriver.

    Après ce premier fiasco, l’État a créé, début mars, une cellule interministérielle dédiée à l’achat de masques. Mais là encore, le bilan s’est avéré catastrophique : lors des trois premières semaines de mars, la cellule n’a pu obtenir que 40 millions de masques, soit l’équivalent d’une semaine de consommation au rythme contraint actuel. La cellule a notamment raté plusieurs possibilités de livraisons rapides.

    Le gouvernement a caché cette pénurie pendant près de deux mois et, en fonction des stocks, a adapté ses consignes sanitaires sur le port du masque. Fin février, le directeur général de la santé préconisait un masque pour toute personne en contact avec un porteur du Covid. Un mois plus tard, la porte-parole de l’exécutif déclarait que c’était inutile…

    Des entreprises dans des secteurs « non essentiels » de l’économie ont continué à consommer des masques, pour des raisons économiques. Exemple : l’avionneur Airbus, qui semble avoir bénéficié d’un traitement de faveur. Dans le même temps, des personnels soignants continuent à travailler sans ces masques protecteurs, faute de stocks suffisants.

    Le gouvernement tente désormais de renflouer les stocks, avec une stratégie à 180° : il faut préparer la sortie de confinement, « où on sait qu’il faudra massivement équiper » la population, ainsi que l’a admis la secrétaire d’État à l’économie, Agnès Pannier-Runacher, dans une réunion dont Mediapart a obtenu l’enregistrement.

    L’article fait 5 pages. Je ne mets pas tout. Je passe l’intro au dessus de la partie citée ci-dessus, et je colle la suite par bouts dans des réponses

    ACTE I (fin janvier 2020). Mensonge sur une pénurie

    « La grande erreur aux États-Unis et en Europe est, à mon avis, que la population ne porte pas de masque. » Dans le très sérieux magazine américain Science, un haut scientifique chinois a rappelé, le 27 mars, une évidence face au coronavirus, qui « se transmet par les gouttelettes respiratoires » : « Il faut porter un masque. »

    « Le simple fait de parler peut transmettre le virus, a souligné George Gao, directeur général du Centre chinois de contrôle et de préventions des maladies, qui fut en première ligne dans la lutte contre le Covid-19. De nombreux individus atteints sont asymptomatiques, ou ne présentent pas encore de symptômes : avec un masque, on peut empêcher les gouttelettes porteuses du virus de s’échapper et d’infecter les autres. »

    Le problème : mi-janvier, au début de l’épidémie en Chine, les stocks de masques sont quasi inexistants en France.

    Selon nos informations, on dénombre alors moins de 80 millions de masques dits « chirurgicaux » – plus 80 millions supplémentaires commandés avant l’épidémie, mais pas encore livrés – et zéro en stock de masques dits « FFP2 ». Les premiers sont des masques anti-projection de base, destinés à la population, avec une durée de vie limitée à quatre heures. Ils ne protègent pas ceux qui les portent, mais empêchent ces derniers de contaminer d’autres personnes par leurs postillons.

    Les seconds – ainsi que leur version haut de gamme, les FFP3 – sont, eux, des masques de protection respiratoires à destination du personnel soignant. Seuls les FFP2 et FFP3 protègent leurs porteurs. En cas de pandémie, il faut pouvoir en distribuer, au minimum, à tous les personnels de santé les plus exposés : soignants hospitaliers, médecins de ville, pompiers, ambulanciers… Et pourtant, la France n’en a aucun en stock.

    Ce choix n’est pas celui du gouvernement actuel mais de son prédécesseur. En 2013, la ministre de la santé, Marisol Touraine, avait en effet décidé de supprimer les stocks stratégiques de l’État et de transférer cette compétence aux employeurs, qu’ils soient privés ou publics, désormais chargés « de constituer des stocks de masques pour protéger [leur] personnel ».

    Au lieu de jouer la transparence sur cette pénurie – qui n’est pas de son fait –, et d’expliquer que le peu de stock disponible sera réservé en priorité aux soignants, le gouvernement d’Édouard Philippe choisit de ne pas informer les Français. Et d’utiliser de faux arguments sanitaires pour masquer des stocks insuffisants. Il expliquera ainsi tour à tour que les masques sont inutiles pour la population générale, puis qu’ils ne sont pas efficaces car les Français ne savent pas les porter, pour désormais, sur le tard, tenter d’équiper « massivement » la population afin de sortir du confinement.

    #corinavirus #scandale_d_état #masques #matériel_médical

    • ACTE II (fin janvier – début février). Une réaction lente et insuffisante

      Nous sommes en janvier. Dans l’entourage du professeur Jérôme Salomon, le directeur général de la santé, on s’inquiète déjà, selon les informations recoupées de Mediapart : les responsables politiques n’osent pas avouer à la population que les masques risquaient de manquer, et préfèrent dire dans un premier temps que les masques sont inutiles, jusqu’à ce que les commandes arrivent.

      Le 24 janvier, quelques heures avant la confirmation de trois cas européens (et français) de coronavirus, la ministre de la santé Agnès Buzyn se veut rassurante à la sortie du Conseil des ministres : « Les risques de propagation du virus dans la population [française – ndlr] sont très faibles.

      Le 13 février, trois jours avant sa démission pour mener la campagne des municipales à Paris, Agnès Buzyn annonce lors d’un point presse sur le Covid-19 un grand « marché public européen » pour un approvisionnement massif de masques, plutôt que chaque pays s’équipe séparément. Un mois et demi plus tard, plus personne n’en parle.

      La Commission européenne commence simplement à examiner les offres, pour une mise à disposition des équipements prévue deux semaines après la signature du contrat… « Nous faisons de notre mieux pour accélérer considérablement le processus administratif de la passation conjointe de marchés », a répondu, le 30 mars, le service de presse de la Commission, sans nous donner la moindre indication de date, volume ou répartition par pays de la commande.

      « Peut-être qu’il y a eu des erreurs, concède à Mediapart un membre de la cellule de crise. Sans doute l’État n’a pas été assez réactif, et trop sage dans les demandes. Les procédures de marchés publics sont très bien par temps calme, mais totalement inadaptées par tempête où il faut prendre des décisions rapides, alors que la mise en concurrence est de trois mois… ».

      Pour lui, le problème initial vient surtout « du choix de ne pas avoir de stocks stratégiques de masques ».

      Mi-janvier, « en l’état des connaissances scientifiques, et avec les contraintes budgétaires imposées, la prise de décision était compliquée », plaide-t-il, et « la personne qui aurait alors, dans l’état actuel des finances de la France, dit “on va dépenser des centaines de millions d’euros pour une crise hypothétique”, on lui aurait ri au nez. Dès le départ, on savait que ce serait une gestion de crise liée à la pénurie – de masques, de tests, de respirateurs, de lits de réanimation. À partir de là, vous pouvez anticiper, faire un tas de choses bien – et on en a fait – vous avez perdu la guerre d’entrée. »

      Le gouvernement a aussi clairement sous-estimé la rapidité et la virulence de l’épidémie. « On était conscient dès le départ qu’une vague allait nous arriver, poursuit la même source, mais on ne pensait pas qu’elle serait de cette force-là, que le virus serait aussi violent, avec des patients qui peuvent se dégrader d’un seul coup et qu’il faut intuber d’urgence. »

      Mi-février, le ministère sonne l’alerte auprès de Santé publique France, notamment à l’occasion d’une réunion technique destinée à la mise en place du schéma directeur de stockage et de distribution. Il faut passer à la vitesse supérieure, arrêter de passer par ses traditionnels marchés publics longs, prospecter partout, « en mode guerrier », leur dit-on.

      L’agence ne semble pas prendre pleinement conscience de l’urgence de la situation. Sa léthargie est, plus largement, due à son fonctionnement : elle est née en 2016 de la fusion de trois instituts sanitaires et « armée comme un plan quinquennal au temps de l’Union soviétique », estiment certaines sources.

      Censée être plus réactive et moins soumise aux contraintes administratives que le ministère, la machine SPF souffre en fait de la même lourdeur alors qu’elle doit mener des opérations urgentes. D’autant que, depuis la fusion, son volet « intervention », géré par l’ancien Établissement de préparation et de réponse aux urgences sanitaires (EPRUS), a été négligé. Questionnée par Mediapart, la direction de SPF n’a pas souhaité répondre, nous renvoyant vers le ministère de la santé.

      Dans la foulée de cette alerte, mi-février, le Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN), un organisme dépendant de Matignon chargé d’organiser la réponse de l’État aux crises les plus graves, qu’elles soient terroristes ou sanitaires, se réunit avec différents ministères. Il demande de s’appuyer sur les quatre industriels français producteurs de FFP2. Puis le cabinet du ministre de la santé convoque ces quatre industriels, et regroupe toutes les commandes d’État via un acheteur unique, SPF. L’objectif : peser davantage dans les négociations avec les fournisseurs.

      En cette fin février, l’épidémie atteint l’Italie de manière inquiétante et l’exécutif commence à s’affoler. Le 25 février, une réunion interministérielle de crise est organisée autour du premier ministre Édouard Philippe. Selon la réponse du ministère de la santé à Mediapart, un « besoin » supplémentaire de 175 millions de masques FFP2 est identifié « sur la base d’une épidémie de 3 mois ». Toujours selon le ministère, Olivier Véran mandate le même jour Santé publique France afin que ces masques soient commandés.

      Publiquement, le ministère de la santé se veut rassurant lors de ses points presse. « Pour ces masques à haut niveau de technicité [les FFP2 – ndlr] », « la commande publique a été passée », afin de « constituer un stock de plusieurs dizaines de millions », déclare Olivier Véran le 26 février, promettant, le lendemain, ne pas être « en réaction » mais « depuis des semaines dans l’anticipation ».

      « Nous avons et nous garderons un temps d’avance », jure-t-il.

      « Il n’y a pas de sujet de pénurie », insiste de son côté Jérôme Salomon, le DGS.

      Deux jours plus tard, tandis que l’agence européenne de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) requalifie à la hausse le risque d’importation en Union européenne, la ministre dissuade, sur RTL, de porter le masque chirurgical, qui n’est utile, dit-elle, que « quand on est malade ». Elle relativise : « Quand vous croisez quelqu’un dans la rue, le risque d’attraper le virus est faible. » Elle affirme aussi que « des dizaines de millions de masques [sont] en stock, en cas d’urgence », que « tout cela est parfaitement géré par les autorités ». « Et si un jour il fallait porter un masque, nous distribuerions le masque, il n’y a absolument aucune raison d’aller en acheter », ajoute-t-elle.

      Les Français font tout l’inverse. Dès la mi-janvier, « beaucoup de gens se sont rués dans les pharmacies pour acheter des masques, dans les magasins de bricolage, en ligne, partout. Ça a beaucoup vidé les stocks », a indiqué, lors d’une réunion interne confidentielle, le directeur commercial pour la zone Ouest Méditerranée du fabricant américain 3M, l’un des leaders mondiaux des masques. D’autant plus que « beaucoup de masques qui étaient stockés en France sont partis en Chine ou ailleurs ». La pénurie dans le circuit commercial a été si violente que 3M « a arrêté dès la fin janvier de fournir les pharmacies » françaises et « priorisé vers les hôpitaux », poursuit le directeur commercial.

      Les propos d’Agnès Buzyn sont aussi en décalage complet avec la réalité vécue au même moment par la cellule de crise du ministère de la santé, qui planche sur un plan d’action pour les différents stades de l’épidémie. Composée de 25 personnes, issues du CORRUSS (le centre de veille du ministère) et de la sous-direction « veille et sécurité sanitaire », cette cellule s’alarme des maigres stocks de masques. « On a commencé à s’inquiéter et on s’est mis en ordre de bataille pour acheter massivement fin janvier », confie à Mediapart, sous le couvert de l’anonymat en raison de sa fonction, un membre de la cellule de crise.

      Le 24 janvier, la Direction de générale de la santé (DGS) saisit l’agence Santé publique France (SPF), sous la tutelle du ministère, pour faire un inventaire des stocks de matériel médical. Le 30 janvier, elle lui demande d’acquérir « dès que possible » 1,1 million de masques FFP2 seulement, selon un document obtenu par Mediapart :

      S’agissant des masques chirurgicaux, la DGS ne préconise pas de nouvel approvisionnement autre que la commande de 80 millions de masques, déjà passée avant l’arrivée de l’épidémie et destinée à atteindre un stock national d’environ 160 millions. Cela semble alors suffisant aux yeux des autorités sanitaires.

      Le 7 février, nouvelle demande de la DGS à SPF. Il s’agit cette fois d’acquérir 28,4 millions de FFP2, à travers « une procédure accélérée d’achat », en contactant seulement les trois gros producteurs français. Du côté des masques chirurgicaux, aucune commande supplémentaire n’est passée. Pire : la DGS ordonne de sortir des stocks 810 000 chirurgicaux ayant une date de péremption courte (31 mars, 31 août 2020), à destination de la Chine…

      Deux semaines après la première saisine, les résultats sont catastrophiques. Au 12 février, sur les 28,4 millions de FFP2 demandés, SPF n’en a reçu que 500 000 et en a commandé 250 000 autres, pas encore livrés. Et sur les 160 millions de chirurgicaux espérés, 30 millions manquent encore, commandés mais toujours pas livrés.

      L’inquiétude monte inévitablement au sein du ministère de la santé, qui s’alarme des difficultés d’approvisionnement, et de la lenteur de Santé publique France. Lors d’une réunion interne sur le sujet, le 11 février, il est acté qu’atteindre l’objectif de 28,4 millions de masques FFP2 est compromis. Ce qui n’empêche pas le nouveau ministre de la santé, Olivier Véran, de claironner, à plusieurs reprises, le 18 février, au micro de France Inter, que la « France est prête » face au « risque pandémique ».

      Comment expliquer ce fiasco ? Le ministère fait valoir qu’il s’est heurté à un marché très concurrentiel – offre limitée, demande accrue à travers le monde, prix en hausse –, notamment face aux Asiatiques, qui possèdent déjà leurs canaux d’approvisionnement habituels.

      Mais le gouvernement a objectivement commis plusieurs erreurs : des commandes en très faibles volumes, trop tardives, dispersées – chaque ministère commande de son côté, pesant moins dans les négociations – et, enfin, l’usage de procédures de marchés publics inadaptées à l’urgence. Y compris au niveau européen.

    • ACTE III (fin février – début mars). Les failles de la cellule commando

      Mais en coulisses, le gouvernement décide de changer de braquet. Santé publique France apparaît clairement sous-dimensionnée pour piloter les commandes, collectes et distributions de masques. Une stratégie agressive est mise en place. L’exécutif crée une cellule de crise interministérielle Covid-19, la CCIL (pour « cellule de coordination interministérielle de logistique »), qui est officiellement « activée » le 4 mars. Avec, en son sein, un service dédié aux achats de masques, chargé de faire remonter les stocks par tous les moyens possibles.

      Cette « sous-cellule masques » rassemble notamment des agents du ministère de la santé et du SGDSN. Sa direction est confiée à Martial Mettendorff, l’ex-directeur général adjoint de Santé publique France, celui-là même qui avait reçu la demande d’accélérer du ministère à la mi-février… Il sera remplacé à la tête de cette « cellule masques » moins d’un mois plus tard, par un commissaire général des armées.

      Le bilan de ce commando inter-ministériel est très maigre. Entre sa création et le 21 mars, soit un peu plus de trois semaines, la cellule n’a pu obtenir que 40 millions de masques tout compris (production française, réquisitions, dons et importations), selon le ministre de la santé. Soit seulement une semaine de consommation du stock stratégique au rythme actuel.

      Sur le papier, l’exécutif a pourtant frappé fort. Le 3 mars, l’État a décidé, par décret du premier ministre, de réquisitionner à la fois tous les stocks de masques sur le territoire, et ceux qui sortent des usines.

      Côté production, ce décret a réglé d’un seul coup les laborieuses négociations engagées en février avec les quatre fabricants dotés d’une usine en France. Ils sont désormais obligés de livrer exclusivement l’État et parviennent à doubler leur production, qui a atteint aujourd’hui 6 millions de masques par semaine. Soit une vingtaine de millions livrés au 21 mars.

      La réquisition des stocks détenus par l’ensemble des institutions et des entreprises françaises a pour sa part connu des ratés. Le 25 mars, la fédération CGT des services publics alerte le ministre de l’intérieur, Christophe Castaner : des « dizaines de milliers de masques attendent toujours que l’on vienne les chercher ». Pour faire face à la pénurie en Haute-Savoie, le coordinateur CGT des pompiers, Sébastien Delavoux, a en effet appelé des syndicalistes dans plusieurs entreprises publiques de l’énergie. « On a trouvé des dizaines de milliers de masques en passant quelques coups de fil. Dans plusieurs endroits, les masques ont été rassemblés mais personne n’est venu les prendre », raconte-t-il.

      Le décret de réquisition a aussi eu des effets pervers. « On a navigué à vue », estime le membre de la cellule de crise déjà cité, pour qui « le remède a sans doute été pire que le mal ». Selon lui, « la réquisition n’a pas été préparée. Après le tweet d’Emmanuel Macron l’annonçant, il a fallu rapidement faire le décret ».

      Un élément clé en particulier n’a pas été « anticipé » : le fait que la réquisition allait « assécher les circuits traditionnels d’approvisionnement pendant deux semaines, parce que les professionnels qui livraient notamment aux établissements de santé et aux pharmacies ont arrêté, ne sachant pas ce qu’ils avaient le droit de faire ou s’ils allaient être payés ». « On s’est retrouvé en difficulté, et cela a clairement retardé l’approvisionnement en masques, raconte-t-il. Les Allemands, eux, ont par exemple interdit les exportations, au lieu de réquisitionner. »

      Le 20 mars, soit trois semaines après la réquisition, le gouvernement fait volte-face et autorise de nouveau les entités publiques et privées à importer librement des masques.

      Mais le résultat le plus décevant vient des achats à l’étranger. Selon une estimation de Mediapart, que le ministère de la santé nous a confirmé, la « cellule masques » a réussi à importer moins de 20 millions d’unités entre début mars et le 21 mars. Le ministre de la santé a indiqué publiquement que ces « difficultés » viennent de la « course mondiale aux masques » provoquée par la pandémie, qui fait qu’« aucun pays au monde ne fait face à sa demande ».

      Des erreurs ont cependant été commises. Selon nos informations, des propositions sérieuses ont, de fait, été ignorées. Comme celle de Julien, un expert en sourcing industriel en Chine, qui a souhaité rester anonyme (voir notre « Boîte noire »). Il a vécu dix ans sur place, connu plusieurs pandémies virales, et suit la crise de près par le truchement de ses amis confinés à Wuhan.

      Choqué par la politique française qui déconseille le port du masque, il s’est adressé le 13 mars au directeur général de la santé, Jérôme Salomon. « Porter un masque n’est pas un acte folklorique. C’est ce qui a permis et permet de contrôler la propagation du virus en Asie, lui écrit Julien via la plateforme LinkedIn. Le port du masque est obligatoire dans beaucoup de pays asiatiques. […] Les résultats sont probants. […] En Europe, surtout en France, le discours vis-à-vis du port du masque est irrationnel. Les mentalités aussi. Changeons-les. »

      « Il faut en priorité équiper les soignants, les stocks sont limités », lui répond le jour même le directeur général de la santé, confirmant en creux que la politique sanitaire française est en réalité dictée par la pénurie. Julien lui indique que la Chine a dopé ses cadences de production, qui atteignent 110 millions de masques par jour. « Pas si simple, je vous garantis que nous cherchons tous azimuts », lui répond Jérôme Salomon.

      Julien propose alors du tac au tac d’aider l’État en mobilisant son réseau en Chine. Jérôme Salomon l’aiguille vers Antoine Tesnière, le conseiller Covid du ministre de la santé. Deux jours plus tard, le 15 mars, il envoie une proposition détaillée et indique avoir trouvé des usines capables de fournir 6 à 10 millions de masques chirurgicaux par semaine dont 1 million de masques FFP2, une denrée rare. Son courriel est transmis au chef de la « cellule masques », Martial Mettendorff, et à la patronne du SGDN, Claire Landais.

      Le 16 mars, Julien s’entretient au téléphone avec l’adjointe d’Antoine Tesnière. Selon lui, elle lui répond que la cellule n’a pas besoin d’aide car elle a son propre réseau en Chine. Dans des échanges de SMS que Mediapart a pu consulter, les fournisseurs chinois de Julien écrivent qu’ils n’ont pas été contactés par l’État français.

      « J’ai été choqué, car je leur ai trouvé en trois jours des usines fiables, qui avaient des capacités, des certificats et des autorisations d’exporter, mais ils s’en fichaient, indique Julien. Le 16 mars, l’un des fournisseurs que j’avais contacté m’a dit avoir livré 70 millions de masques pour le Kazakhstan, en m’envoyant une vidéo de l’opération. »

      Le ministère de la santé nous a répondu que l’offre de Julien a été rejetée car elle manquait de « fiabilité ».

      Un membre de la cellule de crise reconnaît que l’examen des offres des importateurs a été mal géré, par manque de moyens humains et à cause de problèmes d’organisation qui ont ralenti le fonctionnement de la cellule pendant les deux premières semaines. « Ce flux de mails, on n’a pas été capables de le gérer, on a manqué d’organisation. Des gens n’ont pas eu de réponse, alors que c’était des offres sérieuses. »

      L’offre d’un de ces importateurs, Jérôme* qui a fourni à Mediapart l’intégralité de ses correspondances avec la cellule, a en effet été jugée sérieuse. L’État lui a en effet demandé de faire une proposition détaillée pour une première commande d’un million de masques produits en Chine, selon des courriels obtenus par Mediapart. Mais Jérôme a attendu une semaine avant de recevoir une réponse, finalement négative pour cause de prix jugés trop élevés…

      Certes, Jérôme a fait son offre au moment des méga-commandes annoncées par l’État, le 21 mars (voir plus bas). Mais ce délai d’examen interpelle au vu de l’urgence sanitaire et de la concurrence féroce sur l’approvisionnement. « La demande est telle qu’à chaque jour qui passait, la capacité disponible de mes fournisseurs baissait. L’un d’entre eux a pris une commande de 10 millions de pièces pour un autre pays », indique-t-il à Mediapart.

      À sa décharge, la cellule devait à la fois aller vite et vérifier le sérieux des offres pour éviter les escrocs. « La difficulté, c’est qu’il y avait aussi un flot de propositions étrangères de sociétés qui n’existaient pas, des masques FFP2 proposés à des prix délirants par rapport aux prix habituels, etc. », raconte une source interne. « Les propositions frauduleuses ont pullulé », a confirmé le ministère de la santé à Mediapart.

      Le cabinet d’Olivier Véran nous a répondu que la cellule interministérielle, composée de « professionnels » aguerris, « a reçu de nombreuses offres d’achat ou de don qui ont été examinées par ordre de priorité », et a « suivi l’ensemble des précautions nécessaires pour pouvoir s’approvisionner avec du matériel à la qualité reconnue, issu de sources fiables ». Le ministère ne souhaite pas commenter « l’ensemble des propositions d’offres » que nous lui avons soumises, car il n’y aurait pas de « preuve » que les entrepreneurs nous ayant dit être sérieux le soient vraiment.

      Il semble également y avoir eu des problèmes de communication entre les services de l’État en régions et la cellule nationale. L’histoire la plus emblématique est celle l’entreprise Prolaser, révélée par le quotidien Ouest-France. Lors de la semaine du 16 mars, cette PME, spécialiste des cartouches d’encre recyclées, identifie des fournisseurs chinois capables de livrer rapidement 500 000 masques par jour, grâce à son réseau sur place. L’entreprise s’adresse aux services locaux de l’État, sans succès. Le ministère de la Santé nous a indiqué ne pas avoir eu connaissance de cette proposition.

      Résultat : juste après la parution du décret du 20 mars autorisant de nouveau les institutions et les entreprises à s’approvisionner, les conseils départementaux de Vendée et du Maine-et-Loire en profitent pour passer des commandes pour 1,2 million de masques, pour leur compte et celui des communautés de communes de leur territoire. Ils seront notamment livrés aux Ehpad et aux personnels qui aident les personnes âgées à domicile.

      Prolaser a indiqué à Mediapart avoir sécurisé 500 000 livraisons par jour, avec un premier avion qui a atterri ce lundi 30 mars. Le conseil départemental de Vendée confirme avoir reçu le même jour un premier lot de 30 000 masques, qui permettra de pallier la pénurie en attendant « les livraisons de l’État ».

      Il existe enfin des stocks de masques qui n’ont pas le certificat européen CE, mais respectent des normes étrangères dont les caractéristiques sont très proches. Le 16 mars, Henri(1), patron d’une société d’importation d’objets publicitaires, repère un stock chinois de 500 000 masques chirurgicaux chinois à la norme non-européenne EFB95, destinée à l’origine au marché brésilien. Il a l’idée de les importer en France pour les proposer « à prix coûtant ». « Ces masques étaient conformes et de bonne qualité. Ma réflexion était qu’il vallait mieux avoir des masques, même sans marquage CE, que pas de masque du tout », raconte-t-il.

      Henri contacte les douanes pour leur demander si une importation est possible. « Il leur fallait juste l’accord des services de santé, ce qui est compréhensible. Mais malgré plusieurs relances, nous n’avons pas eu de retour de leur part. Nous avons dû libérer le stock, qui est parti dans d’autres pays. »

      Vu la pénurie, l’Espagne a décidé le 20 mars d’autoriser temporairement l’importation de ces masques aux normes étrangères. La France a choisi pour sa part de réquisitionner à partir du 13 mars les masques dépourvus de marquage CE stockés sur son territoire, mais a attendu le 27 mars pour autoriser les importations.

      Le gouvernement semble donc avoir raté, au mois de mars, plusieurs opportunités de livraisons, dans un contexte de pénurie où les acheteurs publics comme privés se livrent une concurrence féroce auprès des fabricants chinois. « C’est la guerre entre les pays pour être servi, relate un acheteur d’un groupe français. Les ambassadeurs en Chine en sont quasiment à dormir sur les palettes pour sécuriser les lots. Et à ce jeu-là, la France s’est réveillée tard. »

      Ce n’est pas Renaud Muselier qui dira le contraire. Ce mardi 31 mars, le président de la Région Sud (ex-Provence-Alpes-Côte d’Azur) a annoncé, sur la chaîne russe RT, qu’une partie d’une commande française de 4 millions de masques en provenance Chine a été tout simplement détournée vers les États-Unis à la dernière minute. « Sur le tarmac [de l’aéroport], en Chine, une commande française a été achetée par les Américains cash, et l’avion qui devait venir en France est parti directement aux États-Unis », a dénoncé le président de Région.

      Plusieurs entrepreneurs en contact avec l’État ont indiqué à Mediapart avoir prévenu la « cellule masques » que le retard pris dans les commandes se paierait cher. Car dès la mi-mars, le marché chinois est devenu une « jungle », le « far west », selon ces sources.

      Les industriels chinois se sont rués sur le marché du masque, devenu le nouvel « or blanc », ouvrant des usines à tour de bras. Avec pour conséquence une baisse de la qualité et une difficulté croissante pour trouver des stocks fiables. Les Pays-Bas ont ainsi découvert qu’un lot de 1,3 million de masques chinois livrés le 21 mars était défectueux.

      En France, l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) a expliqué, dans une note confidentielle, avoir reçu, le 26 mars, 700 000 masques « sans marquage CE ». Ces masques « sont conformes », insistent la Région Île-de-France, à l’origine de la commande, et l’ARS, qui l’a contrôlée.

      Le ministère nous a indiqué avoir passé, dès le 11 mars, une commande 175 millions de masques, sans préciser si elle incluait les volumes achetés aux producteurs français.

      Quel que soit le volume commandé à l’import, il a tardé à arriver : entre la fin février et le 21 mars, la cellule interministérielle n’a réussi à se faire livrer que moins de 20 millions de masques achetés à l’étranger.

      Le ministère nous indique que sa « performance » doit être évaluée en tenant compte du « contexte inédit » auquel tous les pays acheteurs ont été confrontés, c’est-à-dire la difficulté à se fournir dans un contexte d’offre mondiale insuffisante et de concurrence exacerbée.

    • ACTE IV (mars). La cellule de Bercy et le scandale Airbus

      C’est le credo du gouvernement depuis le début de la crise : « La distribution des masques privilégie toujours les soignants et les personnes les plus fragiles », répétait, samedi 28 mars, le ministre Olivier Véran. C’est exact, mais « privilégier » ne signifie pas « réserver ». S’il a été fortement réduit, le gouvernement n’a jamais coupé l’approvisionnement des entreprises, au nom de sa politique consistant à préserver autant que possible l’activité économique (lire nos enquêtes ici, là, là et là).

      Lorsque le gouvernement a réquisitionné, le 3 mars, par décret, tous les masques présents sur le territoire, il n’a pas ordonné la saisie de l’intégralité des stocks des entreprises. Selon Marianne, le ministère de la santé avait souhaité récupérer, une semaine plus tard, les masques de l’industrie agroalimentaire, qui en consomme plus de 1,5 million par semaine. Avant d’y renoncer sous la pression des industriels et du ministre de l’agriculture.

      Après une période de flottement, le gouvernement a précisé les règles : les entreprises qui avaient l’obligation légale de fournir des masques à leurs salariés avant la crise, pour des raisons de sécurité au travail, peuvent continuer à le faire, a indiqué le 30 mars la secrétaire d’État à l’économie, Agnès Pannier-Runacher, lors d’un point presse téléphonique.

      Le 20 mars, en libéralisant les importations – seules les commandes supérieures à 5 millions de masques doivent être déclarées et sont susceptibles d’être réquisitionnées –, les autorités ont aussi permis aux entreprises françaises de se fournir en masques, alimentant ainsi la concurrence sur un marché déjà sous forte tension.

      Plus surprenant encore : Bercy a créé, au sein de sa Direction générale des entreprises (DGE), une cellule chargée d’aider les entreprises à importer des masques. Distincte de la cellule interministérielle chargée d’approvisionner l’État pour le personnel soignant, elle coordonne un réseau de 150 acheteurs privés disséminés dans les grands groupes français. La secrétaire d’État a précisé que la « cellule entreprises » se fournit auprès de fabricants chinois « de plus petite taille », les « volumes les plus importants » étant « fléchés » en priorité vers la cellule qui fournit l’État.

      Dès lors que l’État a « verrouillé » ses approvisionnements en passant des commandes géantes annoncées le 21 mars (lire ci-dessous), Agnès Pannier-Runacher trouve « normal » que Bercy s’emploie à « aider les entreprises, puisqu’elles permettent de donner une résilience supplémentaire à la France ».

      Interrogée lundi 30 mars par Mediapart lors de son point presse, elle s’est montrée plus embarrassée sur le nombre de masques consommés par les entreprises. « Moins de quelques millions par semaine », a-t-elle répondu. Questionné par la suite sur les volumes exacts, son cabinet a refusé de répondre.

      La secrétaire d’État a assuré que le privé « ne vient pas en concurrence avec la santé », et qu’il serait « erroné d’opposer l’un à l’autre ». Elle affirme que l’État « déstocke » suffisamment de masques chaque semaine pour les hôpitaux, que l’unique « question » qui se poserait serait la « logistique » de leur distribution aux soignants.

      Cette affirmation est fortement contestable, vu la pénurie qui sévit chez les soignants (lire plus bas). D’autant plus que la libéralisation d’achat des masques datant d’il y a seulement dix jours, la consommation de masques par les entreprises est amenée à augmenter. Et que ces masques sont loin d’être utilisés par les seuls secteurs essentiels ou exposés, comme l’alimentaire et les caissières de supermarché.

      Le cas le plus emblématique est celui du géant Airbus.

      Alors que la crise du Covid-19 a cloué au sol 80 % de la flotte aérienne mondiale, il n’y a aucune urgence à assembler des avions. Airbus a pourtant rouvert ses usines françaises le 21 mars, au prix d’une consommation de masques très importante, selon nos informations.

      Et l’avionneur semble avoir bénéficié d’un passe-droit. Le 20 mars, le directeur commercial de la zone Ouest-Méditerranée du fabricant de masques 3M distribue à ses troupes un document confidentiel intitulé « communication covid » décrivant les secteurs à livrer en priorité. Il s’agit, explique-t-il lors d’une conférence téléphonique, des consignes données par le gouvernement.

      Tout est à première vue logique. La « priorité 1 » concerne les commandes des établissements de santé, de l’industrie pharmaceutique du « gouvernement ». Les secteurs essentiels (alimentaire, énergie) sont en « priorité 2 », tandis que toutes les autres entreprises sont en « priorité 3 », c’est-à-dire « non prioritaires ».

      Toutes les autres, sauf Airbus, classé dans le document en « priorité 2 ». Pourquoi ? « C’est basé sur des priorités qui sont définies par le gouvernement. […] Ce n’est pas nous qui décidons de ces priorités », répond le directeur commercial de 3M, le fabricant de masques, lors d’une conférence téléphonique interne du 20 mars. « Je ne vais pas juger, on n’est pas là du tout pour juger, mais jusqu’à présent, ça faisait partie des priorités », ajoute-t-il. Selon un autre document confidentiel de 3M, Airbus n’a été retiré de la « priorité 2 » que le 25 mars, et reclassé de facto en « priorité 3 », au même titre que l’ensemble des entreprises aéronautiques (ci-dessous).

      Le gouvernement a-t-il vraiment donné instruction à 3M de favoriser Airbus ? Le fabricant de masques n’a pas démenti, se bornant à affirmer qu’il tient « parfaitement compte des recommandations du gouvernement, s’agissant notamment de donner la priorité aux professionnels de santé ». Airbus indique qu’il n’a « pas connaissance de ce classement en priorités 1, 2 ou 3 ». Bercy et le ministère de la santé ne nous ont pas répondu sur ce point.

      Quoi qu’il en soit, après cinq jours d’arrêt pour cause de mise en place du confinement, les usines françaises d’Airbus ont rouvert le 21 mars. Le lendemain, le PDG de l’avionneur, Guillaume Faury, annonçait sur Twitter qu’un de ses A330 s’était posé à Toulouse avec 2 millions de masques chinois, dont « la majorité sera donnée aux gouvernements ». « Nous travaillons pour soutenir les équipes médicales qui sauvent des vies sur le terrain », se félicite-t-il.

      Mais Guillaume Faury a oublié de dire que la cargaison était aussi destinée à ses usines. « Une petite partie a été conservée par Airbus afin d’assurer la sécurité des personnels qui travaillent sur nos sites », reconnaît aujourd’hui l’entreprise. L’avionneur s’est donc bien servi d’un convoi humanitaire pour se fournir discrètement.

      Mediapart s’est procuré les consignes distribuées aux ouvriers à l’entrée des usines : le port du masque chirurgical est obligatoire « lorsque l’activité ne permet pas le respect de la distance de 1 m », avec « changements des masques toutes les 4 heures ». Selon nos informations, la majorité des ouvriers portent des masques. Vu les effectifs d’Airbus, cela représente plusieurs milliers de masques par jour. L’entreprise n’a pas démenti ce chiffre.

      Il y a plus choquant encore : les mêmes consignes indiquent que le « port d’un masque FFP3 » est obligatoire « si exposition aux poussières / brouillard d’huile ». Les masques FFP3, encore plus performants et chers que les FFP2, sont en effet indispensables pour protéger les ouvriers à certains postes. Mais leur utilisation en pleine crise du Covid interroge. Les masques FFP2 et 3 sont les seuls qui protègent leur porteur contre le Covid, et même les soignants en première ligne dans la lutte contre le virus ont du mal à s’en procurer. « Je suis écœuré qu’on utilise des FFP3 alors que ça ne sert à rien d’assembler des avions en ce moment, confie un salarié d’Airbus. Ces masques devraient être donnés aux hôpitaux. »

      Interrogé, Airbus assure qu’il « limite sa consommation en masques chirurgicaux et FFP3 au strict nécessaire afin d’assurer la sécurité de ses employés ». Le groupe justifie la poursuite de ses activités malgré la crise du Covid par la nécessité de « garantir la survie à long terme » de la filière aéronautique, « un secteur primordial et stratégique pour la France ». Airbus indique enfin avoir « rapatrié environ 6 millions de masques, destinés en grande majorité aux services de santé européens » (lire la réponse intégrale dans l’onglet Prolonger).

      Le cas d’Airbus ne pose aucune problème au gouvernement : le ministère de la santé nous a répondu que depuis la libéralisation des importations décidée le 20 mars, toutes les entreprises « dont l’activité nécessite le port d’un masque chirurgical ou de type FFP2/FFP3 », même les non essentielles, ont le droit d’en acheter.

    • ACTE V [mars]. La pénurie actuelle de masques

      Hôpital Bichat, à Paris. Pour affronter la « vague » de patients qui submerge l’Île-de-France, l’établissement a poussé les murs pour augmenter ses capacités d’accueil. Son service de réanimation est passé de 28 lits à 45 lits en quelques jours seulement, la semaine dernière. Cet effort est déjà insuffisant : la jauge est pleine, à 100 %, selon nos informations.

      Dans les autres services aussi, le personnel soignant est en première ligne pour prendre en charge un flot de patients « plus ou moins dégradés ». Mais la pénurie de masques se fait lourdement sentir.

      « Le week-end dernier, on m’a donné trois masques, pas des FFP2 qui nous protègent mais des simples chirurgicaux, pour toute une nuit », dénonce Sarah*, qui était mobilisée auprès de 24 patients Covid, porteurs avérés du virus, la « plupart dans un état critique ». Cette infirmière de 28 ans, qui travaille habituellement en milieu associatif, s’était portée volontaire pour renforcer les équipes hospitalières. « On m’a dit que j’allais être protégée. On m’avait montré des vidéos pour bien m’habiller en cellule Covid, etc. ». En réalité, l’infirmière a l’impression « d’avoir été envoyée au casse-pipe sans protection ». « C’est très traumatisant, je suis sûre d’être désormais contaminée », dit-elle.

      Au lendemain de sa nuit, Sarah a appelé l’astreinte pour annoncer qu’elle ne reviendrait plus à Bichat. En guise de dernier mot, l’hôpital lui a donné le numéro de la ligne directe d’un infectiologue.

      Si le personnel est ainsi rationné, c’est parce que les réserves de masques ont atteint un niveau critique. L’AP-HP, qui emploie 100 000 professionnels sur 39 hôpitaux comptait moins de 2,4 millions de masques en stock au 31 mars, selon les synthèses de sa « cellule masques ».

      Le stock est largement dominé par une réserve de 2 millions de FFP2, dont le réapprovisionnement est à ce jour très incertain. L’AP-HP a donc serré les vis dans tous les établissements de santé, en priorisant le personnel des services de réanimation. Sur les trois derniers jours, du 29 au 31 mars, seulement 20 000 FFP2 ont été distribués en moyenne tous les jours. Et ce, alors que les hôpitaux d’Île-de-France font face à un afflux record de patients (lire ici).

      Conséquence : les consignes édictées, au début de la crise, par les autorités de santé sont tombées à l’eau. Le 20 février, dans une note adressée aux établissements de santé, le ministère exigeait que tout soignant au contact d’un cas « possible » de Covid-19 porte un FFP2. Mais la doctrine officielle d’utilisation de masques a ensuite évolué, rappelle le ministère de la santé.

      Pour restreindre le port du FFP2, les autorités se sont appuyées sur un avis, rendu le 4 mars, par la Société française d’hygiène hospitalière (SF2H), qui a considéré que ces masques pouvaient être réservés « aux personnels soignants qui réalisent des gestes médicaux invasifs ou des manœuvres au niveau de la sphère respiratoire » sur les patients Covid-19. La SF2H s’est elle-même appuyée sur une recommandation de l’Organisation mondiale de la santé ayant pour but de « rationaliser » l’utilisation de matériel médical face au risque de pénurie mondial.

      Pour les masques chirurgicaux aussi, la distribution est désormais très contrôlée. Et pour cause, il ne restait plus que 294 000 masques en stock ce mardi 31 mars. Le ratio des entrées et sorties sur les derniers jours montre la gravité de la situation : en trois jours, l’APHP a distribué 829 750 masques… et n’en a reçu dans le même temps que 7 500.

      L’urgence est telle que l’AP-HP se mobilise avec l’université Paris-Saclay, et le géant du luxe Kering, pour fabriquer quelques centaines de masques supplémentaires par jour à l’aide de quelque 60 imprimantes 3D…

      Dans le même temps, selon les chiffres officiels communiqués par sa direction générale, le nombre de professionnels de l’AP-HP contaminés depuis le début de l’épidémie a grimpé à 1 200 personnes « avec une proportion importante de médecins, proche de 40 % ».

      Le problème ne concerne pas seulement l’Île-de-France. Dans de nombreux territoires et depuis plusieurs semaines, des personnels soignants estiment ne plus avoir les moyens de travailler en sécurité.

      Dès le 19 mars, un infirmier en réanimation au centre hospitalier de Perpignan, où du personnel médical a depuis été contaminé, expliquait à Mediapart les conséquences du manque de masques : « Habituellement, hors Covid, pour les patients en isolement, on doit porter une surblouse étanche, des gants, une charlotte, un masque FFP2, et en sortant de la chambre on jette tout. Aujourd’hui, on nous demande de garder nos masques FFP2 le temps de validité (trois à quatre heures). Sauf que quand on s’occupe d’un patient, on prend des gouttelettes sur le masque, qu’ensuite on va aller téléphoner avec, aller et venir dans le service. Là, on se met vraiment en danger, par souci d’économie. On nous dit : “Il n’y a pas de masque.” »

      La pénurie frappe toute la chaîne hospitalière. Comme dans cet hôpital psychiatrique de Lorraine qui a dû donner 25 % de son stock (10 000 masques chirurgicaux sur 40 000) au CHU de Nancy. La raison ? Même « après les réquisitions du gouvernement », la dotation accordée à l’antenne départementale de l’ARS « permet très difficilement de faire face aux besoins exprimés », explique par mail la direction de l’hôpital, le 18 mars.

      Interrogée par Mediapart, l’ARS Grand Est déclare qu’il s’agissait d’une « demande » et aucun cas d’une « réquisition » : « Cela s’est fait avec l’accord de ces derniers, et appuyé par de la solidarité entre établissements dans une période de crise. Personne n’a été lésé », ajoute-t-on, au service de presse.

      Les conséquences n’ont pourtant pas été neutres : pour libérer du matériel, le personnel soignant de l’hôpital psychiatrique – dont plusieurs patients sont atteints du Covid-19, selon une note interne – a été invité par sa direction à ne plus porter de masque du tout pour la prise en charge de ceux ne présentant pas de symptômes. « Nous sommes exposés depuis près de 15 jours », fulmine une infirmière, qui redoute que le virus prospère entre patients et professionnels asymptomatiques.

      « On nous annonce depuis le début des livraisons de masque en pharmacie, mais où sont-ils ? On ne comprend pas ! », s’alarme, dans la Sarthe, la docteur Audrey Bidault. Depuis plusieurs semaines, cette gériatre compte ses masques, qu’elle distribue au « compte-gouttes » autour d’elle.

      Pour sa consommation personnelle, la médecin « réutilise les masques chirurgicaux sur quelques jours, ce qui n’est pas idéal, bien évidemment ». Mais les réserves fondent. Alors elle réfléchit à la possibilité de recycler ses « derniers FFP2 en les décontaminant à une température de 70 °C pendant une durée de trente minutes ».

      Malgré tout, Audrey Bidault se sait aujourd’hui privilégiée : elle est l’une des rares professionnelles à avoir constitué son propre stock en achetant du matériel sur internet début mars. La raison ? Un voyage en famille au Japon – où la quasi-totalité de la population est équipée d’un masque – dont elle est rentrée, fin février, avec la certitude que la France devait se préparer à la propagation du virus.

      En atterrissant sur le sol français, la docteur Bidault avait alerté les plus hautes autorités, à commencer par le directeur général de la santé, le professeur Jérôme Salomon. « Serait-il possible d’avoir des distributions de masques chirurgicaux à la population sur de multiples lieux ? », lui demande-t-elle, le 24 février, sur LinkedIn. Le professeur Salomon rétorque : « Les masques chirurgicaux sont utiles en cas d’épidémie et ils sont distribués aux personnes de retour de Chine et aux personnes au contact de malades. » Audrey Bidault relance : « Selon moi, cela s’avérera insuffisant. Nous ne sommes pas assez dans la prévention. » « Nous sommes bien d’accord et soutenons toutes les actions de prévention », répond Jérôme Salomon.

      Quatre jours plus tard, la France passe au « stade 2 » de l’épidémie.

    • ACTE VI (seconde quinzaine de mars). Méga-commandes et méga com’

      La France est toujours en « stade 2 » quand le gouvernement maintient le premier tour des municipales du 15 mars. Aucun masque n’est fourni par l’État aux présidents et assesseurs des bureaux de vote. Le lendemain soir, Emmanuel Macron annonce le confinement de la population pour deux semaines.

      Le Covid-19 a alors déjà fait 148 morts.

      Dans les jours qui suivent, l’exécutif martèle ses éléments de langage sur l’inutilité du port du masque. « Les Français ne pourront pas acheter de masque dans les pharmacies parce que ce n’est pas nécessaire quand on n’est pas malade », déclare la porte-parole du gouvernement, Sibeth Ndiaye, le 19 mars. « Je ne sais pas utiliser un masque […] ce sont des gestes techniques », ajoute-t-elle le lendemain.

      Le message est diffusé sur tous les tons, sur toutes les chaînes. « Il faut sortir de ce fantasme autour des masques, abonde Agnès Pannier-Runacher le même jour sur BFM Business. Respecter une distance de plus d’un mètre, c’est beaucoup plus efficace qu’un masque. Et surtout on a des cas de contaminations de gens qui portent des masques et le tripotent tout la journée. »

      Le summum est atteint le 25 mars lorsque Sibeth Ndiaye déclare que « le président de la République n’est pas muni d’un masque, tout simplement parce qu’il n’y a pas besoin d’un masque quand on respecte la distance de protection vis-à-vis des autres ». Le soir même, Emmanuel Macron visite l’hôpital de campagne de Mulhouse, dressé par l’armée, avec le précieux masque FFP2 sur le visage.

      En parallèle, Olivier Véran reconnaît enfin la pénurie, le 19 mars, au Sénat, puis lors d’un discours télévisé deux jours plus tard. Il explique, avec près de deux mois de retard, que l’État n’avait que « 150 millions » de masques chirurgicaux et aucun FFP2 en stock fin janvier.

      Olivier Véran livre aussi un bilan très noir. Il admet que, depuis la fin février, l’État n’a réussi à se procurer que 40 millions de masques, tous circuits confondus (production française, dons, réquisitions et import). Il n’y a plus qu’un petit million de FFP2 en stock, et 80 millions de masques chirurgicaux. De quoi tenir seulement deux semaines. Alors même que tous les soignants ne peuvent être servis, la France consomme désormais 40 millions de masques par semaine.

      Mais ces chiffres sont éclipsés par une autre annonce du ministre, ce même 21 mars : près d’un mois après la création de la cellule interministérielle, il indique que l’État est enfin parvenu à commander « plus de 250 millions de masques » à des fournisseurs chinois. La commande ne cesse d’enfler la semaine suivante par voie de presse : 600 millions de masques le 27 mars selon Le Monde, et 1 milliard le lendemain, le samedi 28 mars, selon France Info.

      Ce dernier chiffre est officiellement confirmé le même jour par Olivier Véran lors d’une conférence de presse avec le premier ministre Édouard Philippe. Mais avec une nuance de taille : « Plus d’un milliard de masques » sont commandés en Chine « pour la France et l’étranger, depuis la France et l’étranger, pour les semaines, les mois à venir ».

      Le ministère de la santé nous a précisé qu’il s’agit de commandes faites par la France, mais s’est contredit lui-même sur leur origine. Le cabinet d’Olivier Véran nous a en effet répondu que ce milliard de masques allait « être importé », pour ajouter juste après que ce chiffre « comprend [aussi] la production nationale ». Si cette seconde version est la bonne, ça veut dire que la commande chinoise est donc bien inférieure au milliard.

      Qu’importe, le jour de l’annonce, le chiffre d’un milliard de masques commandés en Chine a tourné en boucle dans les médias. L’opération de communication a fonctionné.

      Car le vrai sujet n’est pas le nombre de masques commandés, mais la date à laquelle ils vont arriver de Chine. Et cela inquiète le gouvernement. Il y a « des incertitudes sur la possibilité de valider les commandes faites, l’incertitude sur la réalité de leur livraison », confiait la secrétaire d’État à l’économie, Agnès Pannier-Runacher, le 27 mars, lors d’une conférence téléphonique avec la filière textile, dont Mediapart s’est procuré l’enregistrement.

      « Je n’ai la certitude que les importations sont effectivement sur notre territoire […] qu’à la minute où l’avion qui doit amener les masques atterrit sur le tarmac des aéroports français », a ajouté Olivier Véran le lendemain.

      Vu la concurrence sur les achats de masques chinois, il faut d’abord s’assurer que les masques soient bel et bien fabriqués, ensuite qu’ils soient de bonne qualité, et surtout trouver des avions pour les livrer. Avec 80 % de la flotte mondiale clouée au sol, les prix du fret aérien ont explosé, et il est devenu très difficile de trouver des avions cargo disponibles.

      Comme l’a raconté Le Monde, le « pont aérien » vanté par l’exécutif a été organisé dans la plus grande précipitation. Un appel d’offres a été lancé dans le week-end des 21-22 mars, juste après l’annonce de la première commande de 250 millions de masques par Olivier Véran. Le marché a été remporté par Geodis, filiale privée de la SNCF, qui est parvenue à affréter deux Antonov 124, dont le premier s’est posé lundi à l’aéroport de Paris-Vatry (Marne), avec 8,5 millions de masques à bord.

      Le gouvernement et Geodis n’ont communiqué aucun chiffre précis sur le volume et le planning des livraisons. Le ministère de la santé a refusé de nous les donner.

      Geodis annonce 16 vols supplémentaires « dans les prochaines semaines », mais aucun volume de masques. Les vols sont programmés au mois d’avril, selon la direction de l’aéroport citée par l’Agence France-Presse (AFP). À raison d’une dizaine de millions de masques par vol, cela pourrait correspondre, si tout se passe comme prévu, à une quarantaine de millions de masques par semaine. Juste assez pour assurer le rythme de consommation actuel, qui comprend donc des restrictions pour le personnel soignant.

      L’État va toutefois pouvoir compter sur un filet de sécurité supplémentaire, grâce aux dons d’entreprises comme le Crédit agricole et surtout LVMH. Le numéro 1 mondial du luxe indique à Mediapart avoir passé le 20 mars une commande de 40 millions de masques made in China offerts à la France, dont 12 millions des précieux FFP2, la livraison étant prévue à raison de 10 millions par semaine au mois d’avril.

      « La grande difficulté, c’est de trouver des avions », indique-t-on au siège du groupe. Le premier lot de 2,5 millions de masques est arrivé en France dimanche à bord d’un appareil d’Air France affrété par le groupe Bolloré. L’avion transportait aussi 3 millions de masques supplémentaires commandés par des entreprises françaises, dont 1 million pour le groupe Casino, destinés à équiper ses caissiers et caissières.

    • ACTE VII (fin mars). Changement de doctrine

      Pour tenter de faire oublier la pénurie et la lenteur de sa réaction depuis la fin janvier, l’exécutif multiplie les opérations de communication. Mardi 31 mars, Emmanuel Macron a visité l’usine de masques Kolmi-Hopen, près d’Angers, pour affirmer son nouvel objectif : la France doit atteindre « une indépendance pleine et entière » en matière de production de masques « d’ici la fin de l’année ».

      Le chef de l’État a vanté la mobilisation des quatre usines françaises, dont la production est passée de 3,5 à 8 millions de masques par semaine, avec l’objectif de grimper à 10 millions « fin avril », et même 15 millions grâce à l’aide de « nouveaux acteurs ».

      Soit un tiers seulement de la consommation actuelle, elle-même insuffisante.

      La veille, la secrétaire d’État à l’économie Agnès Pannier-Runacher avait communiqué sur l’« initiative » gouvernementale pour produire des masques en tissu grâce aux professionnels de l’industrie textile. Alors que le projet a aussi été initié par les entreprises du secteur.

      Certes, le 6 mars, Bercy avait en effet écrit à une représentante de la filière textile pour lui demander d’envisager de produire des masques. Mais plusieurs autres entreprises se sont mises spontanément à produire des masques pour répondre aux appels à l’aide lancés sur les réseaux sociaux par des soignants frappés de plein fouet par la pénurie. La scène, surréaliste, s’est répétée ces derniers jours encore, malgré les annonces tonitruantes du gouvernement de commandes de centaines de millions de masques en Chine.

      De véritables filières de distribution se sont mises en place de manière informelle pour pallier les carences de l’État. En Isère, le personnel médical a trouvé le soutien de la marque de jeans 1083, basée à Romans (Drôme). « Nous avons été appelés le 16 mars par plusieurs médecins qui nous connaissent dans le secteur. Ils nous ont dit qu’ils étaient en rupture de masques et que le CHU de Grenoble leur avait envoyé un tutoriel pour en fabriquer eux-mêmes », raconte le fondateur de l’entreprise, Thomas Huriez.

      « Il n’avait pas le temps pour fabriquer les masques, ni forcément la compétence et les machines à coudre. Ils nous ont donc sollicités pour le faire, ajoute-t-il. On s’y est mis le lundi soir, et on commençait à distribuer le mardi midi. » Depuis la marque a distribué gratuitement des « milliers de masques » à des médecins, dans des Ehpad. D’autres fabricants français ont fait de même.

      Ce n’est que le 18 mars que Bercy a demandé au Comité stratégique de filière mode et luxe de structurer le projet et d’encadrer la mobilisation de la filière. L’objectif : fabriquer deux types des produits aux caractéristiques proches des masques chirurgicaux et FFP2, en version légèrement dégradée. L’État a défini des normes et mobilisé un laboratoire de l’armée pour tester les prototypes. 179 entreprises ont répondu à l’appel ; 81 prototypes ont été validés.

      L’exécutif espère que le filière pourra produire 500 000 masques par jour « dans les prochains jours », et 1 million d’ici la fin du mois. L’objectif n’est pas d’équiper les personnels soignants, mais les salariés du privé et les fonctionnaires que l’État est aujourd’hui incapable de protéger. « Celles et ceux qui sont exposés aux services à domicile, à nos transporteurs, à nos pompiers, à nos forces de l’ordre, à nos caissiers et caissières, aux guichets, à toutes les professions qui sont aujourd’hui exposées qui, je le sais, ont souvent une angoisse et attendent, des masques », a déclaré Emmanuel Macron.

      Conférence téléphonique d’Agnès Pannier-Runacher avec les entreprises du textile membres du projet de fabrication de masques, le 27 mars 2020.

      Derrière ce forcing pour doper la production nationale se cache un changement de doctrine sur le port du masque, à l’opposé du discours officiel sur sa prétendue inutilité. C’est ce qu’a exposé la secrétaire d’État à l’économie Agnès Pannier-Runacher, vendredi 27 mars, lors d’une conférence téléphonique sur les masques avec la filière de l’industrie textile, dont Mediapart s’est procuré l’enregistrement.

      Il faut « augmenter massivement, massivement, notre autonomie en matière de masques », a indiqué la secrétaire d’État. « L’enjeu pour nous, c’est finalement de préparer la sortie de confinement, où on sait qu’il faudra massivement équiper » la population, a-t-elle ajouté. Interrogé par Mediapart, son cabinet a refusé de commenter, au motif que « la doctrine d’usage des masques » est « exclusivement du ressort du ministère de la santé ». Le ministère n’a pas répondu sur ce point.

      Les propos de la secrétaire d’État montrent pourtant que le gouvernement ne croit pas à son discours officiel sur la primauté exclusive des « gestes barrières ». Une fois le confinement terminé, la population sera en effet de nouveau exposée au virus, avec le risque d’une reprise de l’épidémie.

      Dans ce contexte, le masque est un moyen de protection efficace. Quatre pays d’Europe centrale (République tchèque, Slovaquie, Autriche et Slovénie) ont d’ailleurs rendu, ces derniers jours, son port obligatoire dans l’espace public.

      Au moins six plaintes pénales ont déjà été déposées devant la Cour de justice de la République (CJR) contre le premier ministre Édouard Philippe, l’ex-ministre de la santé Agnès Buzyn et son successeur Olivier Véran, accusés d’avoir mal géré la crise, notamment au sujet des masques (lire ici).

      Lors de sa visite de l’usine de masques Kolmi-Hopen, Emmanuel Macron a dénoncé les « irresponsables » qui en sont « déjà à faire des procès alors que nous n’avons pas gagné la guerre ». « Ensuite viendra le temps des responsabilités. Et on regardera tous et toutes ce qu’on pouvait mieux faire, ce qu’on aurait pu mieux faire », a-t-il promis.

      Le chef de l’État a réclamé que cet examen soit réalisé « avec un principe de justice, à l’égard de tous les choix passés, quels que soient d’ailleurs les responsables politiques ». Il a estimé que ceux qui ont « pris des décisions il y a cinq ou dix ans » ne « pouvaient pas anticiper ce qu’on vient de vivre ».

      « Quand on vit quelque chose qui est inédit, on ne peut pas demander aux gens de l’avoir prévu il y a dix ans », a-t-il ajouté, précisant qu’il souhaite que ce « principe de justice » soit appliqué « à l’égard de tous et toutes ».

    • « Le langage politique est conçu pour que les mensonges paraissent vrais et les meurtres respectables, et pour donner à du vent l’apparence de la solidité » - Orwell

      Chez LREM, on le maîtrise mal...

      Merci Mediapart.

    • Au lieu de jouer la transparence sur cette pénurie – qui n’est pas de son fait –, et d’expliquer que le peu de stock disponible sera réservé en priorité aux soignants, le gouvernement d’Édouard Philippe choisit de ne pas informer les Français.

      Et si on ne sait pas les porter (c’est vrai !), qu’on nous apprenne !

  • Corinne Morel Darleux : « La pandémie ne doit pas servir à étouffer les luttes » | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/france/310320/corinne-morel-darleux-la-pandemie-ne-doit-pas-servir-etouffer-les-luttes?o

    Dans un essai percutant publié l’an dernier aux éditions Libertalia, Corinne Morel Darleux, conseillère régionale en Auvergne-Rhône-Alpes et militante écosocialiste, invitait à une profonde réflexion sur la compétition et le consumérisme de nos sociétés. Plutôt que de se fondre dans le moule, elle invitait à prendre un pas de côté et à refuser « de parvenir », prenant en exemple la figure du navigateur Bernard Moitessier qui, en 1969, avait renoncé à terminer une course en solitaire autour du monde.

    Ce petit ouvrage intitulé Plutôt couler en beauté que flotter sans grâce prend aujourd’hui une lumière nouvelle. Imprégné de la perspective de l’effondrement, il ne prône pas pour autant le repli individuel face à la catastrophe, encore moins l’abdication de la volonté. Il encourage au contraire à chercher les « petites brèches de liberté » pour se mettre en action, faire des choix autonomes, et renouer avec la dignité. « Il est temps de réfléchir à une éthique de l’effondrement associée au projet politique, ancrée dans le réel », écrit l’autrice. Entretien.

    On a devant nos yeux ce qui ressemble aux premières secousses d’un effondrement. Économie, finance, transports, services de santé, lien social… Tout semble s’écrouler. Est-ce que cela ressemble à des choses que vous aviez imaginées ?

    Corinne Morel Darleux : Disons qu’on en avait déjà les prémices sous les yeux. Le système de santé s’écroulait en France avant l’arrivée du coronavirus. La casse des services publics, la fragilité de flux financiers basés sur la spéculation et la dette, l’absurdité de faire faire le tour du monde à un pot de yaourt ou à un jean, tout cela n’est pas nouveau. La pandémie agit comme le révélateur d’autres catastrophes préexistantes, elle précipite des risques qui existaient déjà.

    Par contre, une pandémie provoquant une paralysie mondiale aussi brutale, j’avoue que je ne l’avais pas imaginée. Dans mes interventions publiques, depuis des années, j’alerte sur le dérèglement climatique, l’extinction de la biodiversité, la dépendance au pétrole ou la perspective d’un krach boursier mais je ne m’étais jamais autorisée à parler de pandémie. Je me disais que cela sonnerait trop alarmiste, exagéré…
    libertalia

    Cette situation vient malheureusement valider plusieurs constats, notamment sur l’inconséquence que représentent la mondialisation des flux de marchandises et le fait d’avoir cantonné petit à petit certains pays à la production de biens dits immatériels. Nous nous retrouvons ainsi complètement dépendants pour certains biens de première nécessité, médicaux notamment.

    Elle agit également comme un révélateur des inégalités sociales. Ce qui est en train de nous arriver me fait penser à une expression de Naomi Klein que je cite souvent : le dérèglement climatique comme traduction atmosphérique de la lutte des classes. Les périodes de crise nous rappellent violemment que non, on n’est pas tous dans le même bateau, que ce soit en termes de responsabilité ou de vulnérabilité.

    On le voit avec le coronavirus qui à son tour réactive la notion de classes sociales, par les conditions de travail et de confinement notamment. La situation confirme que les activités professionnelles n’ont pas toutes la même utilité sociale – et que bien souvent cette utilité sociale est inversement proportionnelle à la reconnaissance, y compris salariale.

    La gestion de cette crise est enfin une démonstration par a+b que l’argent existe et que les affectations budgétaires sont des choix politiques. La « règle d’or » européenne des 3 % de déficit est une discipline dictée par des positions idéologiques, ce n’est pas une fatalité économique. Tout ce qui hier était soi-disant impossible au nom des logiques libérales devient possible en situation de pandémie – pas tant pour des raisons sanitaires d’ailleurs qu’économiques. Or la crise était déjà là, pour beaucoup de gens.

    Déforestation, destruction de la biodiversité, ultralibéralisation de nos économies et creusement des inégalités : le coronavirus est une catastrophe qui vient s’y superposer et fait basculer un à un l’ensemble des dominos qui vacillaient déjà.

    #Politique_demain #Coronavirus #Corinne_Morel_Darleux

  • Le #village qui va devenir un #hôtel

    Avec seulement onze habitants, la commune tessinoise de #Corippo est extrêmement petite. Il s’agit même de la plus petite de #Suisse. Plus pour longtemps toutefois, car dans quelques mois, le #hameau fusionnera avec la commune du #Val_Verzasca. Mais la question centrale reste la suivante : quelles perspectives économiques possède un village de #montagne minuscule essentiellement peuplé de personnes âgées ?

    La route grimpe sérieusement. Elle passe à côté du barrage de la Verzasca – 220 mètres de haut –, rendu mondialement célèbre par le saut de James Bond dans « GoldenEye ». Puis elle longe le lac artificiel avant que Corippo, enfin, se dessine à l’horizon. Le hameau est accroché comme un nid d’oiseau au flanc droit de la vallée, ses petites maisons de pierre et leurs toits d’ardoise se fondant dans le paysage en terrasses. Le clocher de l’église se dresse au milieu du village. Un petit cimetière accueille les visiteurs à l’entrée de la localité. Mais les bougies de la Toussaint sont consumées, et les fleurs, fanées.

    Le lieu serait romantique, mais sous la pluie mêlée de neige il semble, en cet après-midi d’hiver, morose et peu accueillant. « Chiuso – fermé depuis le 30 octobre », annonce une pancarte devant l’unique auberge du village, relais apprécié des randonneurs en été. D’après l’Office fédéral de la statistique, la commune ne compte que onze habitants pour une moyenne d’âge de plus de 70 ans. C’est la plus petite de Suisse. Mais plus pour très longtemps, car en avril, Corippo fusionnera avec la commune de Verzasca.

    Aujourd’hui, à Corippo, bon nombre de maisons sont vides ou ne sont plus utilisées que comme résidences de vacances en été. À son époque la plus faste, en 1850, le village comptait près de 300 âmes. Un nombre qui n’a cessé de dégringoler. Corippo a connu le même destin que tout le Val Verzasca et d’autres régions de montagne du nord du Tessin. La pauvreté, conjuguée avec le manque d’emploi et de revenus, a poussé les gens à quitter le village.

    Pour l’instant, Corippo mérite toujours son superlatif de plus petite commune de Suisse. Sur place, cependant, on semble en faire peu de cas, et encore moins vouloir en parler. On ne répond pas, ou seulement sur un ton grincheux, aux questions des étrangers sur la situation de la localité. « Tout le monde est parti en plaine », marmonne un vieil homme en se hâtant de refermer le portail de son jardin derrière lui.

    Voilà des années déjà que le village n’a plus d’administration communale. Claudio Scettrini, 55 ans, forestier et plus jeune habitant de Corippo, a été son dernier maire. Le conseil communal comptait trois personnes : lui, sa tante et sa belle-sœur. « Mais nous devions toujours tout demander au canton, et à la fin il ne se passait jamais rien », expliquait-il au moment de jeter l’éponge, à bout de nerfs, en 2017. Depuis lors, la commune est administrée de l’extérieur.

    L’incapacité des toutes petites communes à assurer le bon fonctionnement de l’administration prouve, pour le conseiller d’État tessinois Norman Gobbi, qu’une politique de fusion ciblée est incontournable. D’après lui, les services importants qu’attendent aujourd’hui les citoyens ne peuvent plus être fournis de manière autonome par une commune de la taille de Corippo. L’approvisionnement en eau et les canalisations coûtent très cher. « Comme beaucoup d’autres communes, Corippo a dû se rendre à l’évidence », souligne le politique.

    C’est la raison pour laquelle la fusion de communes va bon train depuis plusieurs dizaines d’années. En 25 ans, le nombre de communes du Tessin est passé de 245 à 115. « Le plan de fusion cantonal vise une réduction à 27 communes à long terme », explique Norman Gobbi. Le même processus est à l’œuvre au niveau fédéral : à l’échelle du pays, le nombre de communes est passé de 2899 à 2255 entre 2000 et le printemps 2017. Certains cantons, comme Glaris, ont fait tabula rasa : de 25 communes, il est passé à trois en 2011. Cette évolution n’est pas que positive. Les sceptiques disent qu’avec la création de ces supercommunes, l’identité propre de chaque lieu s’effrite toujours davantage.

    Retour à Corippo : dans l’ancienne cure, près de l’église, une habitante met les points sur les « i » : « Les gens ne veulent plus parler aux journalistes, car ceux-ci ont déformé tous nos propos. » En effet, ces dernières années, un nombre considérable de médias ont déboulé dans ce hameau du Val Verzasca après avoir appris qu’il allait se transformer en hôtel. Des reportages ont même paru dans le « New York Times ». Et une équipe de la chaîne de TV BBC est venue tourner dans les ruelles de Corippo.

    Mais qu’est-ce qui est prévu, au fond ? L’idée est que certaines des vieilles maisons de pierre, les rustici, deviennent des chambres d’hôtel. La réception serait installée dans l’auberge, où les clients pourraient aussi prendre leurs repas. Le concept se nomme « Albergo diffuso », ou « hôtel disséminé », et a déjà été mis en œuvre dans plusieurs vieux villages d’Italie. En Suisse, Corippo ferait figure de pionnier.

    Fabio Giacomazzi est architecte, urbaniste et président de la Fondation Corippo, qui gère le projet d’hôtel et a racheté à cet effet une douzaine de maisons il y a quelques années. L’objectif est de préserver « la magie des lieux », mais aussi de donner un nouveau souffle au hameau. Fabio Giacomazzi a déjà fait visiter à plusieurs personnes le village et ses maisons abandonnées, où le temps semble s’être arrêté. Dans certaines, de vieilles chaussures traînent encore sur le sol, et l’on trouve du bric-à-brac dans les coins. Des toiles d’araignée ornent les fenêtres. Cela dit, un appartement de vacances a déjà été aménagé dans l’une des maisons de la fondation, et le moulin a lui aussi été remis en état. Début 2020, la rénovation des autres rustici devrait enfin commencer. Au village, on se méfie : « On nous promet tellement de choses depuis des années… », souffle une habitante.

    Fabio Giacomazzi comprend cette méfiance, mais il souligne aussi que les travaux ne pourront commencer que quand tous les fonds auront été réunis. Le budget global s’élève à 3,6 millions de francs. « Près de 600 000 francs manquent encore », indique l’architecte. Il a bon espoir de réussir à réunir bientôt cette somme, et compte pour cela sur des donateurs privés.

    Claire Amstutz soutient le projet. C’est elle qui gère l’auberge de Corippo. En hiver, elle n’y vient cependant que rarement. Nous la rencontrons presque par hasard, tandis qu’elle prépare le repas du dimanche pour ses fidèles clients : un plat bernois à base de haricots secs, pommes de terre, choucroute, lard et saucisse. Cette Suisse allemande d’origine ne sait pas encore, elle non plus, comment les choses évolueront ; elle attend son nouveau contrat pour la saison 2020.

    Fait curieux : au mur de l’auberge pend déjà un certificat de l’« Hotel Innovations Award », décerné par la Société Suisse de Crédit Hôtelier et Gastrosuisse en 2017 au projet « Albergo diffuso ». En raison de ce prix, un grand nombre de personnes ont déjà appelé pour réserver une chambre. « Ce qui n’est pas encore possible à ce jour », rigole Claire Amstutz.

    Thomas Egger trouve le projet de Corippo « exemplaire ». Le conseiller national PDC valaisan est président du Groupement suisse pour les régions de montagne (SAB). « L’idée d’un hôtel décentralisé est excellente pour mieux exploiter le patrimoine architectural existant », ajoute-t-il. Et de citer des initiatives similaires à Grengiols (VS), sous le nom de « Poort a Poort » et à Albinen (VS), sous la désignation d’« Albijou ».

    D’après Thomas Egger, il est hors de question d’abandonner des communes ou des parties des régions de montagne. Et il sait que le Conseil fédéral est sur la même longueur d’ondes. À la mi-novembre, ce dernier a approuvé un rapport indiquant comment assurer la pérennité des régions de montagne et contrer l’exode rural. Par exemple par l’extension des infrastructures numériques, en particulier avec le haut et très haut débit.

    https://www.revue.ch/fr/editions/2020/01/detail/news/detail/News/le-village-qui-va-devenir-un-hotel-1
    #Tessin #la_plus_petite_commune_de_Suisse #small_is_beautiful

  • Le dernier DirtyBiology sur l’eugénisme faisant suite au précédent sur la fécondation in vitro. Que lui a l’air dans l’ensemble de prendre plutôt positivement (ou à minima avec un « c’est comme ça, on n’y peut rien »).

    L’eugénisme à la cool du futur - DBY 63
    https://www.youtube.com/watch?v=cYAaHJ9WUXs

    Le précédent :
    https://seenthis.net/messages/807682

    #eugénisme #biologie #prospective #techno-progressisme #technocratie

  • Une action d’Extinction Rebellion est en cours à Paris, au centre commercial Italie 2
    https://reporterre.net/Une-action-d-Extinction-Rebellion-est-en-cours-a-Paris-au-centre-commerc

    Un millier d’activistes pour le climat et la justice sociale ont envahi ce samedi matin 5 octobre le centre commercial Italie 2, à Paris. Nos reporters sont sur place. Récit.

  • « Badaboum et patatras, tout va s’effondrer et on fait quoi ? » avec Corinne Morel Darleux et la philosoophe Emilie Hache | Les oreilles loin du front
    http://www.loldf.org/spip.php?article720

    Cette semaine on a diffusé un entretien avec Corinne Morel Darleux, autrice de « Plutôt couler en beauté que flotter sans grâce » (Ed Libertalia - juin 2019) et la philosophe Émilie Hache sur le refus de parvenir et de nuire, la volonté de vivre dignement le présent, et l’effondrement qui vient plus certainement que l’insurrection. Une émission sur l’éthique jubilatoire, la beautiful loose et les éléphants. Durée : 1h11. Source : Fréquence Paris Plurielle

    http://www.loldf.org/archives/19.09.18.au.festival.allumette.mp3