• Sous couvert d’innovation et, plus chic encore, de « disruption » (rupture) resurgit à l’horizon le travail indépendant à la tâche qui date d’avant la construction politique et juridique du salariat.

    Avec un témoignage de correcteur dans l’article et quelques chiffres sur le milieu de l’édition, qui encourage les TAD à devenir micro-entrepreneurs.
    https://www.monde-diplomatique.fr/2017/12/MARTIN/58192
    #travail #précarité #correcteurs

  • Derrière les belles plumes, les petites mains de l’édition précarisées | L’imprévu - L’imprévu
    https://limprevu.fr/affaire-a-suivre/maisons-edition-correcteurs-precaires

    Elles représentent l’envers du décor de l’édition, doté habituellement d’un imaginaire glamour. Travailleuses de l’ombre, ces petites mains s’activent en coulisse pour que l’ouvrage que les lecteurs vont parcourir ne contienne aucun défaut susceptible de perturber leur expérience de lecture. L’œil acéré et l’esprit affûté, ces orfèvres de la langue française traquent chaque contresens, coquille, faute d’orthographe ou incohérence syntaxique contenue dans les copies remises à leurs éditeurs par les stars de la littérature, comme par les plus discrets auteurs de manuels scolaires. « Capitale de la douleur », « l’édition mérite une bonne correction »… Leur amour du bon mot ou de la formule-choc se devine à travers les slogans qui ornent leurs pancartes. Leur devise du jour ? « Non à l’uberisation de la profession ! ».

    « Beaucoup de gens pensent qu’il suffit d’être bon en orthographe pour être correcteur, mais notre métier est bien plus riche que cela. Nous travaillons en étroite collaboration avec les auteurs, c’est une coopération permanente. » « Les correctrices m’ont accompagné pendant toute ma vie professionnelle », confirme Bernard Pivot, écrivain, journaliste et président de l’Académie Goncourt. « Elles sont les gardiennes de la qualité de la langue. Elles nous aident, non pas à atteindre un français parfait, car c’est impossible, mais à tendre vers cette perfection. »

    Selon une enquête réalisée par une équipe de chercheurs du Centre Études et Prospectives du Groupe Alpha, en 2015, 53,3% des TAD ayant répondu au questionnaire qui leur a été soumis auraient un revenu annuel inférieur à 15 000 euros. Et 70,6% d’entre eux se sont récemment retrouvés sans travail prévu. Si Sylvie a la chance de travailler avec une grande maison parisienne, beaucoup de ses collègues ont subi de plein fouet les effets de la crise dans le secteur, notamment dans les plus petites structures. « Il arrivait que plusieurs semaines se passent sans qu’aucun manuscrit ne leur soit confié », explique-t-elle. « Beaucoup de petites maisons ont dû réduire leurs effectifs ces dernières années. Certaines ont même renoncé à faire appel à des lecteurs-correcteurs et prennent elles-mêmes en charge la correction des manuscrits. ».

    Mais pour Sarah Abdelnour, sociologue à l’Université Paris-Dauphine et auteure de l’ouvrage Moi, petite entreprise, la souplesse apportée par le dispositif ne suffit pas à justifier le recours de plus en plus systématique aux auto-entrepreneurs : la logique financière entre aussi – et surtout – en ligne de compte : « Le recours à l’auto-entrepreneuriat est d’abord un moyen, pour beaucoup d’entreprises, de contourner les contraintes des cotisations patronales et du salaire minimum », note-t-elle. « C’est en quelque sorte un retour aux « tâcherons » du XIXe siècle. Les entreprises externalisent les travaux qui ne sont pas rentables à l’intérieur du salariat. »

    « Théoriquement, ce statut devrait nous permettre de discuter du tarif avec les éditeurs, explique Danièle, mais comme la concurrence est très forte, la négociation est biaisée d’office » . Que reste-t-il dès lors des avantages à opter pour le statut d’auto-entrepreneur ? Une liberté dont peu déclarent jouir au quotidien.

    « Du jour au lendemain, on nous a poussé vers l’indépendance, sans nous demander notre avis », déplore Guillaume, correcteur dans la presse et l’édition. « Au début, ça ne concernait pas grand monde, mais notre profession est en train de basculer progressivement du salariat vers l’auto-entrepreneuriat. » Leur crainte ? Que l’auto-entrepreneur bradant les tarifs devienne la norme.

    #Edition #Correcteurs #Correctrices #Auto_entrepreneur

  • Annexe IV de l’édition : la réforme du statut des travailleurs à domicile est lancée, mais pas un mot sur le recours aux autoentrepreneurs
    https://www.actualitte.com/article/monde-edition/annexe-iv-de-l-edition-la-reforme-du-statut-des-travailleurs-a-domicile-est-lancee/85430

    Après des mois d’interpellations et d’échanges parfois houleux, les discussions autour de la fameuse annexe IV de la convention de l’édition qui régit le statut des travailleurs à domicile. Cette dernière n’avait pas été rouverte depuis 2006, et les travailleurs à domicile, notamment les lecteurs-correcteurs et les correcteurs, réclamaient d’urgentes mises à jour pour sortir d’un système dans lequel les maisons d’édition recouraient massivement à des microentreprises pour réduire leurs cotisations patronales.
     
    Depuis le 29 septembre dernier et à raison d’un rythme assez soutenu d’une réunion toutes les deux semaines, les discussions autour d’une nouvelle annexe IV pour la convention de l’édition s’organisent entre éditeurs et syndicats. « On ne sait pas vraiment ce qui a déclenché ces réunions », reconnaît-on du côté des syndicats, sans toutefois cacher sa joie de voir les négociations reprendre franchement.

    Il est vrai que l’annexe IV, qui découle d’un accord pris le 25 septembre 2006, prévoyait « d’en dresser le bilan à l’issue d’une période de 3 ans d’application et de prendre, le cas échéant, les mesures nécessaires pour l’adapter ». 11 ans plus tard, il est plus que temps de la revoir, selon les travailleurs à domicile, et en particulier les correcteurs : les conflits avec des employeurs se sont multipliés, et le recours massif à des microentrepreneurs menace la rémunération et les emplois d’une grande partie de la profession de correcteurs.
    (...) le temps et la charge de travail des travailleurs à domicile et des correcteurs sont toujours susceptibles d’être modifiés en fonction des périodes et de la demande de l’employeur : cette situation aboutissait régulièrement à d’importantes fluctuations dans les salaires, voire à des travailleurs à domicile sans travail, mais non licenciés, qui ne touchaient jamais les allocations chômage.

    #édition #travail_à_domicile #autoentrepreneurs #correcteurs #allocation_chômage #chômage

    • @reka tu y vas peut-être u peu fort du tag . En fait c’est extrait d’une fiche de lecture qui m’est trasmise par mon éditeur et elle est très favotrable au livre en vrai, en revanche elle commence, comme souvent, par préciser que quand même cette histoire de points-virgules etc... Je remarque que cette prévention que je trouve ailleurs dans d’autres articles, dans d’autres chroniques, est curieuse, ou alors c’est moi qui, depuis le début, ne me rends pas compte que j’ai franchi une ligne jaune que je n’ai jamais vue.

    • Oui, c’est en fait une vieille plaisanterie, fût une période, on se moquait un peu comme ça de nos correcteurs psychorigides. Ils corrigeaient nos nombreuses fautes, mais ils leur arrivaient souvent aussi de tuer l’esprit de nos compositions de mots... par ailleurs aussi souvent, ils lissent les styles ce qui peut potentiellement affaiblir un texte. Mais certaines m’ont laissé des bons souvenirs, d’autres furent des cauchemars. En Norvège, ds mon journal local, ainsi que dans deux journaux nationaux, ils les ont simplement éradiqués ! Et ça va bien, mais le norsk est une langue beaucoup moins complexe que le fransk.

  • Exploration du parcours d’un anarchiste hétérodoxe

    Pierre Sommermeyer

    http://lavoiedujaguar.net/Exploration-du-parcours-d-un

    Pour un fils d’exilés, lire les mémoires d’un autre fils d’exilés fait toujours apparaître des similitudes. Dans ce gros livre rouge brique, Freddy Gomez nous raconte, à travers une discussion avec Guillaume Goutte, ce que fut sa vie parmi les réfugiés politiques espagnols. Le fait d’être né dans une famille anarchiste lui a évité, dit-il, de se “perdre dans les méandres du labyrinthe marxiste-léniniste”. Ce fut aussi mon cas, même si ma famille n’était pas anarchiste mais marxiste férocement antistalinienne, communiste de conseil. Mais la différence essentielle entre nos deux milieux résidait dans le pays d’origine. Chez Freddy, l’Espagne est présente de façon permanente, comme un écran de cinéma terni sur lequel se projette la vie de tous les jours, rendant inoubliable le passé transmuté en un avenir désiré inlassablement. (...)

    #mémoire-sociale #anarchisme #Mai68 #Paris #Espagne #CNT #correcteurs #bibliographie

  • Vive le terrorisme ! | Robin Berjon
    http://berjon.com/vive-le-terrorisme

    Qui connaît son histoire sait que chaque époque véhicule son lot d’idées injustement vilipendées, ignorées, piétinées, qui se révèlent bientôt être de véritables maïeutiques à l’avènement d’un monde meilleur.

    Je pense notamment au Minitel qui, ayant fait de France Télécom un géant de la pornographie, lui permet ainsi de ne plus choquer quiconque avec ses tarifications souvent indécentes, voire licencieuses.

    Je pense aussi à la loi “anti-Amazon” qui a permis de rétablir la justice en augmentant toutes les commandes de 1 centime sans s’encombrer de la complexité qu’il y aurait à percevoir plusieurs centaines de millions d’euros d’impôts sur des ventes réalisées en France — il est bien plus simple de les récupérer par une politique d’austérité.

    Je pourrais encore citer Google+, un réseau social radicalement innovant dans son respect de la vie privée, chacun pouvant y publier ses pensées les plus secrètes en demeurant certain qu’elles ne seront jamais lues.

    Il me semble aujourd’hui, en plein débat sur le Projet de loi renforçant les dispositions relatives à la lutte contre le terrorisme que ce dernier est de ces idées bafouées iniquement, et qu’il est grand temps d’en faire ici l’apologie.

    #PJLTerrorisme