• Ni à droite ni à gauche, mais où ?
    https://www.latribune.fr/opinions/ni-a-droite-ni-a-gauche-mais-ou-837408.html

    En septembre 2018, avant la tenue des élections européennes de 2019, [Emmanuel Macron] avait tenté d’installer un nouveau clivage en se posant comme leader européen des « progressistes » face à Matteo Salvini et Viktor Orban, qualifiés de « nationalistes ». Ses ex-conseillers Ismaël Emelien et David Amiel avaient même théorisé ce positionnement dans Le Progrès ne tombe pas du ciel (éd. Fayard), sans grand succès. Dans cette optique, l’essayiste britannique David Goodhart s’est taillé un franc succès avec son livre Les Deux Clans. La nouvelle fracture mondiale (éd. Les Arènes) en identifiant deux camps : les « Anywhere » (ceux de « partout ») et les « Somewhere » (ceux de « quelque-part »), qui opposent, en gros, les gagnants aux perdants de la mondialisation. Ce nouveau clivage essaie d’affiner celui qui existe déjà dans de nombreux pays : conservateurs versus progressistes, qui, avec quelques nuances, recouvre l’opposition entre droite et gauche.

    La première est attachée à sa culture traditionnelle, défend l’entreprise privée et une économie ouverte, et préfère que l’État s’en tienne à ses fonctions régaliennes. La seconde, au contraire, se veut ouverte en matière sociétale et souhaite que l’État soit l’acteur principal de l’organisation sociale, notamment grâce à une fiscalité distributive et à la dépense publique, au nom de la justice sociale.

    Protection de l’Etat contre préférence pour la liberté
    Dans une étude publiée par l’université de Cambridge https://www.cambridge.org/core/services/aop-cambridge-core/content/view/83AFEDEA5E004CF23631C5388E7C9F67/S0007123417000072a.pdf/are_cultural_and_economic_conservatism_positively_correlated_a_largescale , qui se base sur des données issues de 99 pays, les auteurs mettent en évidence que, si le clivage droite-gauche structure le paysage politique, en revanche, les réponses données par les citoyens montrent que leurs attitudes culturelles et économiques ne recouvrent pas nécessairement cette opposition, mais plutôt une division entre ceux qui veulent une protection de l’État et ceux qui préfèrent la liberté.

    Autrement dit, aujourd’hui, le monde se partagerait entre ceux qui donnent la priorité à la collectivité et ceux qui croient davantage en l’individu. D’ailleurs, ne retrouve-t-on pas ce clivage dans le débat sur la réforme des retraites entre ceux qui préféreraient un système qui s’ouvre à la capitalisation et ceux qui ne veulent même pas en entendre parler ?