#counterinsurgency

  • Les forces du désordre - Une anthropologie de la police turque par Deniz Yonucu
    https://lundi.am/Les-forces-du-desordre

    #ACAB quelqu’un ? Au fait c’est pire que ça. Il y a des choses à apprendre à travers les interrogations sur la police turque.

    25.3.2024 - Il ne faut pas se laisser décourager par les premiers paragraphes, un peu universitaro-centrés, de cet article. Cette critique d’un livre écrit en anglais par une anthropologue turque, avance sur deux axes : d’une part, elle nous renseigne sur une réalité peu connue en français, la vie des quartiers-ghettos ethniques des grandes villes turques avec un historique des formes d’autogestion qui s’y sont affirmées avant d’être presque anéanties par la police, d’autre part, elle procède à une analyse plus générale, et qui nous concerne aussi directement, sur le rôle de la police, non pas comme institution de maintien de l’ordre, mais comme productrice d’un désordre visant à « démanteler les structures organisationnelles et politiques locales, et plonger les quartiers dans le chaos et la peur. »

    Qu’est-ce qu’un État ? Comment se comporte-t-il ? Pourquoi lui accordons-nous tant de légitimité ? Mais surtout : est-ce qu’il se renforce, s’affaiblit ou se transforme en autre chose ? L’anthropologie, science qui étudie les formes d’organisation des groupes humains, tente depuis longtemps de répondre à ce type de questions. De Comment pensent les institutions de Mary Douglas à Legends of People, Myths od States de Bruce Kapferer, en passant par Akhil Gupta, Veena Das, jusqu’à Cultural Intimacy. Social Poetics and the Real Life of States, Societies and Institutions de Michael Herzfeld (aussi ici), les anthropologues se sont affrontés au mystère de cette construction sociale très récente, mais capable de faire croire à d’énormes masses de la population qu’elle a toujours existé, ou qu’elle a ses racines dans un passé très lointain, sinon dans la nature humaine elle-même. Leurs réflexions sont très profondes, mais elles sont restées loin du débat public. D’un autre côté, comme l’écrit Herzfeld, « si nous n’évitons pas les abstractions excessives et le jargon qui obscurcit plutôt qu’il explique, nous n’avons pas le droit de demander au public une appréciation sérieuse du rôle que l’anthropologie pourrait jouer dans le démantèlement des structures oppressives et des droits exclusifs’.

    Le livre de Deniz Yonucu, Police, provocation and politics (Cornell University Press, 2023) est une contribution fondamentale à la compréhension de ce qu’est l’État, à travers l’étude de l’une de ses institutions fondamentales : la police. C’est un livre bien écrit, clair et compréhensible, et en même temps profondément radical, dans le sens qu’il va à la racine des problèmes. L’autrice est une anthropologue turque qui enseigne à Newcastle (Angleterre) et a reçu le prix Anthony Leeds pour ce travail, considéré comme le meilleur livre d’anthropologie urbaine de l’année ; un résultat remarquable, étant donné que dès les premières lignes il prend ouvertement le parti des victimes de la violence d’État, déclarant que certains éléments de la recherche seront délibérément omis, précisément pour ne pas collaborer avec cette institution. De plus, la réunion de l’American Anthropological Association où Deniz a été récompensé a également été le moment où des milliers d’anthropologues de toute l’Amérique du Nord et au-delà ont condamné collectivement la violence coloniale et meurtrière de l’armée israélienne à Gaza (je l’ai déjà mentionné dans un article d’il y a quelques mois). La critique ouverte et motivée du militarisme, du nationalisme et de la violence d’État gagne de plus en plus de place parmi les anthropologues.

    Policiers, militaires et agents coloniaux ont toujours été présents dans les « champs » où travaillent les anthropologues : il y en avait dans les villages trobriandais étudiés par Malinowski, dans les samoans par Margaret Mead et chez les Nuers par Evans-Pritchard. Mais à quelques exceptions près, les soi-disant « organismes chargés de l’application des lois » sont presque toujours restés en dehors de l’analyse, qui s’est concentrée sur les institutions indigènes ou natives, sans trop se soucier de la manière dont elles interagissent avec les États nationaux. Mais progressivement - un épisode important a été décrit par Clifford Geertz à Bali en 1973 - les chercheurs ont commencé à les voir, à décrire leur présence et leur action, jusqu’à ce qu’ils commencent à théoriser sur la manière de faire des recherches sur la police. En 2018, un recueil d’essais a été publié, The anthropology of police (édité par Karpiak et Garriot), ainsi qu’un article dans l’Annual Review of Anthropology (par Jeffrey T. Martin) qui explique que l’anthropologie de la police repose sur une vision de l’État comme un objet nouveau, mais fondé sur des formes plus anciennes d’ordre moral, et donc toujours double et stratifié. Naturellement, ces recherches ont pris un nouveau souffle aussi par les mobilisations après la mort de George Floyd, dont beaucoup avaient pour horizon l’abolition de la police. Mais pour l’abolir, nous devons d’abord comprendre : et le fonctionnement des États et de leur structure monopolistique de la violence civile, la police, n’est pas encore tout à fait clair. Le livre de Yonucu, sous-titré ’Contre-insurrection à Istanbul’, décrit le comportement de la police dans les quartiers populaires de la capitale turque, avec une reconstitution historique basée principalement sur des entretiens avec des habitants, et une observation prolongée dans le temps de l’évolution du siège policier dans les zones périphériques. Son origine est la participation de l’autrice aux mobilisations de 2013 au parc Gezi, lorsque pour la première fois des rejetons de la bourgeoisie et des intellectuels se sont retrouvés en butte à la répression policière aux côtés des enfants des quartiers les plus pauvres de la ville, où cette répression était la norme depuis des décennies. Le « printemps » turc, explique Deniz, était précisément divisé sur ce point : lorsque la police a augmenté le niveau de violence dans les banlieues, les enfants de ces villages se sont retirés de la manifestation de Gezi, car ils devaient aller défendre leurs quartiers, et des militants de la classe moyenne comme l’autrice ont tenté de les accompagner, mais ont été pour la plupart choqués, voire dégoûtés, par le niveau de violence dans ces quartiers. Deniz était parmi les rares qui n’ont pas digéré cette nouvelle division de classe ; et elle a commencé à travailler dans l’un de ces quartiers, pour comprendre comment fonctionnait l’imbrication de la violence, de la répression et de la politique locale. La découverte fondamentale a été que, même si ces zones étaient considérées par tous comme intrinsèquement violentes, cette violence est l’effet de décennies de provocations et de divisions largement créées par les soi-disant « forces de l’ordre », pour démanteler les structures organisationnelles et politiques locales, et plonger les quartiers dans le chaos et la peur. Il y avait un plan de « contre-insurrection » à l’œuvre, très clair pour les habitants du lieu, mais invisible pour le reste de la ville.

    La maison d’édition qui a publié le livre, Cornell University Press, s’est prémunie contre cette évidence en présentant le livre comme « une analyse contre-intuitive des pratiques policières contemporaines », qui se concentre sur « la promotion de la contre-violence, des conflits perpétuels et des tensions ethniques et sectaires » plutôt que sur le maintien de l’ordre. Mais que la police fomente des conflits et sème la discorde, plutôt que d’essayer de faire la paix, n’est contre-intuitif que pour ceux qui n’ont jamais entendu parler de la stratégie de tension, ni de la violence lors du G8 de Gênes en 2001 ; ou pour ceux qui – comme les maisons d’édition universitaires – entretiennent la fiction de l’État de droit, où des « forces de l’ordre » bien intentionnées garantissent la paix et la justice aux citoyens, en veillant à ne punir que ceux qui « se comportent mal ». Même le plus grand théoricien de l’État moderne, Michel Foucault, tenait pour acquis la fonction pacificatrice de la police : discipliner et punir, avec ou sans force, devait servir à maintenir l’ordre, à garantir les corps et à protéger la société. Agamben expliquait même en 2014 qu’après la « guerre contre la terreur », au lieu de créer de l’ordre, les États avaient commencé à « gérer le désordre » (cit. p. 154). Deniz démontre exactement le contraire : la police travaille précisément à promouvoir le désordre et la peur ; rendre la vie collective impossible, boycotter l’organisation communautaire et porter atteinte à la paix sociale de certaines classes ou zones géographiques. Pas vraiment de la « gouvernementalité » ! Les États nations sont des machines de guerre contre la coexistence pacifique et l’autogestion populaire ; les provocations et la violence de la police se déchaînent précisément contre ceux qui sont les plus capables de s’autogérer et de coexister, en dressant au besoin les personnes et les groupes sociaux les uns contre les autres. Dans le quartier d’Istanbul que Deniz appelle Devrimova (du mot turc devrim, « révolution »), cette dynamique est particulièrement visible et violente ; mais on ne peut éviter de reconnaître les similitudes avec ce qui se passe dans les États dits « démocratiques », où l’infiltration non motivée de la police, les accusations absurdes de terrorisme contre des militants de base, la connivence avec la grande criminalité, semblent conçues pour alimenter la peur et la méfiance mutuelle ; on peut en dire autant de la tentative continue de diviser entre bons militants et mauvais militants, entre pauvres victimes blanches et pauvres de couleur (ou méridionaux en Italie), oisifs et dangereux. Dans les années 70, les soi-disant gecekondu, ou quartiers « nocturnes » du prolétariat turc – semblables aux villages auto-construits de Rome et de Milan – furent le théâtre d’une grande expérimentation d’une « nouvelle forme de vie socialiste » (p. .38), composé de comités de quartier, de réseaux de solidarité, de groupes d’autodéfense, de structures d’autogestion et d’autoconstruction collective, voire de « tribunaux populaires » et d’organisations de femmes contre l’alcoolisme et les violences domestiques. Ces expériences ont permis à des dizaines de milliers de personnes de survivre à l’exclusion et à la ségrégation urbaine, mais elles ont été mal vues par la majorité turque sunnite, majoritairement nationaliste, qui considérait ces quartiers comme dangereux et ennemis.

    Au lieu de Foucault, Deniz suit Jacques Rancière, pour qui la police est exactement le contraire de la politique : la guerre continue de l’État contre la population peut se résumer à la tentative de la police de détruire la politique, c’est-à-dire la politique fondamentale, la capacité humaine à s’organiser et créer des formes stables d’autonomie territoriale. La police n’est pas seulement répression et discipline, mais elle est la structure institutionnelle qui distribue et attribue des espaces à la population, définissant ce qui doit être rendu visible et invisible, ce qui doit être perçu comme parole et ce qui sera plutôt relégué au rôle de ’bruit’. La politique, pour Rancière, c’est exactement le contraire, c’est-à-dire « tout ce qui éloigne un corps de la place qui lui est assignée, ou change la destination d’un lieu », « rendre visible ce qui ne pouvait pas être vu », et « rendre audible comme parole » ce qui n’était auparavant perçu que comme du bruit » (cit. p.14). Dans le livre, cette lecture émerge de l’étude des quartiers marginaux d’Istanbul où vit l’un des trois groupes de population anatoliens conquis par l’État turc : les Alévis, qui, avec les Kurdes et les Arméniens, constituent plus de la moitié de la population du pays. Si l’oppression des Kurdes et le génocide des Arméniens sont également connus en Europe occidentale, la marginalisation et la stigmatisation des Alévis le sont moins, mais tout aussi systématiques. Les Alévis sont en théorie un groupe religieux, mais historiquement laïcs, hostiles à l’islamisme sunnite et au nationalisme conservateur, ils ont toujours été identifiés aux organisations révolutionnaires, auxquelles ils ont adhéré massivement. Leurs quartiers étaient des « zones libérées », nées d’une opposition collective à l’agression continue de la police, qui tentait de démolir leurs maisons, considérées comme illégales. Comme le raconte une personne interrogée d’une cinquantaine d’années : « Quand nous étions enfants, nous jouions dans les terrains vagues du quartier, et quand nous avons vu les bulldozers approcher, nous avons commencé à courir et à crier : ’L’État arrive !’ L’État arrive !’. Les hommes étaient pour la plupart au travail, mais les femmes qui nous entendaient remplissaient les rues et commençaient à ramasser des pierres dans leurs jupes pour les jeter sur les bulldozers » (p.35). Après chaque démolition, le quartier se réorganisait pour reconstruire les maisons démolies : « Il n’y avait pas d’électricité, pas d’eau, pas de routes, pas de services... c’était un terrain vide plein de boue [...]. Lorsque les gens ont commencé à s’installer ici, nous nous réunissions pour déterminer quoi faire. Les organisations révolutionnaires discutaient déjà de la manière de créer des comités populaires […]. Nous n’avions pas le choix. Nous avons dû développer nos propres outils pour résoudre les problèmes le plus rapidement possible. Ce n’était pas seulement un choix politique : c’était une nécessité fondamentale », explique une autre personne interrogée, plus âgée (p. 37). Au fil du temps, de cette auto-organisation est née la distribution autogérée des terres, également avec l’aide d’architectes, d’urbanistes et d’étudiants en architecture, ainsi que des formes de tribunaux populaires, basés sur des conseils de village à la campagne, dans lesquels les décisions étaient prises sur des conflits internes, sans avoir recours à la police turque (qui aurait de toute façon considéré tout le monde comme coupable, simplement parce qu’ils étaient alévis). Les femmes participaient également aux conseils de quartier, comme c’était également la coutume dans les villages alévis. Deniz dit que dans les quartiers révolutionnaires il y avait une « politique féministe de facto » : la participation politique des femmes a conduit à remettre en question les formes patriarcales de gestion familiale, à lutter contre la violence, l’alcoolisme et à appeler à une gestion féminine des ressources. Un jour, un tribunal populaire a ordonné à un homme qui avait battu sa femme de quitter le quartier et de ne jamais y revenir. Une autre fois, un tribunal a sanctionné un groupe d’étudiants qui avaient promis d’amener un spectacle de théâtre, mais qui sont ensuite revenus sur leur promesse alors que les habitants avaient déjà tout organisé. Ils les ont traduits devant le tribunal populaire, qui a écouté leurs excuses mais leur a ordonné de ne pas retourner dans le quartier pendant deux mois. Ces organisations locales comprenaient également des groupes d’autodéfense de quartier contre la police et contre les attaques des résidents locaux fidèles à l’État ; naturellement, ils étaient considérés comme des ennemis par les institutions et la police. Depuis la fin des années 70, puis avec le coup d’État de 1980 - qui a tué mille deux cents personnes et emprisonné six cent cinquante mille - la police a articulé une stratégie contre-insurrectionnelle contre ces quartiers, faite d’attaques directes, infiltrations et incursions de groupes paramilitaires. La police « a exporté vers les périphéries urbaines d’Istanbul les techniques de contre-insurrection spatiale qu’elle avait appliquées dans les provinces kurdes » (p.54), transformant de nombreux gecekondu en petits « Istanbul Gazas » isolés les uns des autres, sorte d’archipel d’enclaves guère différent également de la manière dont l’armée israélienne a réussi à utiliser la planification et l’architecture pour empêcher l’organisation politique palestinienne (Eyal Weizman l’explique magistralement, tout comme Alessandro Petti). Dans ces « petites Gazas » ségréguées, au fil du temps, des formes d’organisation révolutionnaire ont commencé à fleurir, ce qui a permis de maintenir vivant le souvenir de l’auto-organisation du passé. C’est à ce stade qu’il devient intéressant de comprendre le rôle de la police. Car c’est contre ces quartiers que s’articule le travail policier expliqué par Deniz, qui « n’est pas seulement un projet gouvernemental foucaldien de production de docilité, mais aussi un projet schmittien de production d’hostilité, qui favorise activement l’inimitié entre différentes populations » (p.11). Dans la guerre contre le PKK, le parti communiste kurde, l’armée turque a eu recours aux déportations, à l’exil et au contrôle généralisé de l’information, transformant certaines villes en prisons à ciel ouvert dont on ne savait pratiquement rien dans le reste du pays. De même, les quartiers rebelles kurdes et alévis d’Istanbul étaient isolés les uns des autres, ce qui faisait que les habitants avaient du mal à sortir, que les non-résidents ne passaient jamais par là et qu’un sentiment général de peur planait sur certaines parties de la ville. Ces formes de provocation, combinées au travail généralisé des agents infiltrés, ont modifié la perception même du monde des habitants des quartiers. Une autre dynamique entre ici en jeu : Deniz l’appelle l’interpellation violente. L’État a encadré la répression des organisations révolutionnaires comme une répression ethnique : les Kurdes n’ont pas été persécutés en tant que rebelles, mais en tant que Kurdes, et il en a été de même pour les Alévis. « Mort aux Alévis ! » », a crié la police lorsqu’elle a tiré sur la foule lors d’une manifestation dans le quartier de Gazi en 1995, tuant dix-huit personnes. Après avoir été réprimés en tant qu’Alévis, de nombreux révolutionnaires ont commencé à se percevoir comme tels plutôt que comme révolutionnaires. Hannah Arendt explique qu’elle s’est rendu compte qu’elle était juive à partir des insultes antisémites qui lui étaient adressées par les enfants des nazis : « Celui qui est attaqué en tant que juif doit se défendre en tant que juif. Pas comme un Allemand, ni comme un citoyen du monde, ni comme un défenseur des droits de l’homme » (cit. p. 78). Cette « interpellation violente » a eu pour effet d’amener les révolutionnaires alévis à s’identifier de plus en plus comme membres d’un groupe ethnique et religieux, plutôt que comme militants d’une idée émancipatrice universelle. Le résultat fut une fracture de plus en plus évidente entre les révolutionnaires alévis, les révolutionnaires kurdes et les révolutionnaires de la majorité sunnite turque, qui commencèrent à douter les uns des autres. « Après [le massacre de] Gazi, les gens ont commencé à parler de qui était alévi et qui était sunnite », raconte une personne interrogée âgée de soixante-dix ans, turque sunnite, mais résidente et militante du quartier de Devrimova. « Peut-être que c’était déjà là, mais c’est devenu beaucoup plus explicite » (p.83). La répression agit avant tout en renforçant l’identité de chaque individu, en enfermant chaque groupe dans sa petite bulle et en stimulant la méfiance et les conflits entre tous les groupes qui mettent l’État en difficulté. Il est impossible de ne pas y voir comme un reflet démesuré de la fragmentation du mouvement radical italien (et romain plus que tout autre), divisé en bulles d’« individualité » ou de « subjectivité » indisciplinées, méfiantes les unes envers les autres et incapables de s’allier, parfois même pas temporairement. Après le massacre de Gazi, une fois ce climat de tension et de ségrégation installé, avec des check-points et des tanks dans les rues, la police s’est soudainement retirée des quartiers. « Nous en étions fiers à l’époque, pensant leur avoir fait peur. Mais maintenant, je comprends qu’ils laissaient la violence se propager parmi nous », explique un militant exilé après avoir été arrêté et torturé. « Ce n’est pas que la police ait abandonné les quartiers : comme dans la guérilla, la police est venue créer la tension puis s’est retirée » (p.89). La ségrégation n’a plus besoin de tanks : ce sont les mêmes dynamiques construites par l’État qui permettent à la violence de se propager dans certains quartiers, de les qualifier de dangereux et de les séparer du reste de la ville. Combien de fois, même en Italie, la police vous arrête-t-elle à l’entrée de certaines banlieues, vous demandant où vous allez et pourquoi, tenant pour acquis que quiconque y va de l’extérieur cherche de la drogue, ou en tout cas quelque chose d’interdit. C’est la même dynamique de création de ghettos, évidemment à plus petite échelle.

    En outre, la police a activement encouragé la marginalisation de toutes les personnalités de la médiation, celles qui ont réussi à maintenir ensemble les différents groupes et communautés, tout en laissant impunis ceux qui ont exercé la violence dans un but de pouvoir et de profit, par exemple les trafiquants de drogue. Avec le temps, et les actions incessantes de provocation et de détention arbitraire, les groupes d’autodéfense se sont radicalisés, devenant des justiciers, largement impossibles à distinguer des voyous des narcos, des paramilitaires et de la police elle-même. (Cette dérive se reflète également dans d’autres pays européens, où parfois le masculinisme généralisé rapproche fascistes et antifascistes, ou bien où certaines formes de « service d’ordre » et d’autoritarisme des espaces autogérés semblent singer l’État et la police : pensez au pass des vaccinés demandé dans certains centres sociaux autogérés !). Ainsi, les quartiers où avait eu lieu une tentative d’émancipation collective, laïque et intersectaire, sont devenus en l’espace de quelques décennies des lieux dangereux et violents, où déambulent des jeunes armés et cagoulés, peut-être membres des anciennes organisations révolutionnaires, peut-être à la solde de trafiquants, peut-être policiers en civil. Ce qui domine, c’est la méfiance mutuelle, la suspicion et le ressentiment, notamment à l’égard des jeunes, toujours présentés comme violents par nature. Stigmatisation, diffamation, ambiguïté, stéréotypes ethniques et de classe, conflits intergénérationnels sont activement encouragés pour alimenter des situations tendues et légitimer la présence et la violence de la police contre les habitants. Cette action se cache toujours derrière une rhétorique de l’ordre, de la dignité, de la raison et de la courtoisie, ce qui la rend incompréhensible pour les parties les plus intégrées des citoyens. Deniz reconstitue également en détail comment ces tactiques de provocation du désordre et de la peur sont parvenues jusqu’à la police turque à travers les manuels utilisés par l’armée britannique en Irlande du Nord, eux-mêmes basés sur les manuels de « sale guerre » de l’OTAN, eux-mêmes basés sur les stratégies de conquête de l’armée coloniale française en Algérie. Un fil noir relie la colonisation européenne en Afrique, à la guerre froide, aux stratégies utilisées par la police contre les dissidents politiques.

    Le livre est un chef-d’œuvre d’ethnographie militante, qu’il serait très important de le traduire.D’un point de vue méthodologique, il s’agit d’un modèle sur la manière de mener une recherche sur le terrain et d’articuler la présentation des résultats de manière non seulement à parler à d’autres chercheurs, mais aussi sans donner d’informations qui pourraient être utilisées contre les protagonistes de la recherche. Il combine un travail de terrain approfondi, une clarté éthique et politique du rôle et de la responsabilité du chercheur et une reconstruction d’une rare profondeur du contexte historique et des implications politiques.La conclusion est qu’il existe une guerre permanente entre l’État et la population, dont l’intensité augmente ou diminue selon la mesure dans laquelle l’État parvient à maintenir invisibles certaines pratiques populaires de libération et d’autogestion.C’est aussi l’essence de la lecture de l’État que fait David Graeber dans Sur les rois et dans d’autres textes : différentes structures politiques et sociales convergent dans l’État, elles sont continuellement en tension et risquent continuellement de perdre leur emprise. La bonne nouvelle est qu’il est très difficile pour l’État de gagner cette guerre contre ses propres citoyens. Paradoxalement, en fait, la violence institutionnelle, la provocation et la contre-insurrection sont en elles-mêmes une « véritable preuve de l’existence d’une lutte politique » (p. 161). Ainsi, malgré des décennies de tentatives, « l’élite dirigeante turque n’a jamais réussi à éteindre complètement la dissidence de gauche en Turquie ». Il existe en effet une force politique très forte qui défie toute tentative de provocation et continue de pousser les gens à défier l’État : la mémoire de ceux qui l’ont déjà fait. « La contre-insurrection est également productrice de lutte politique, car ses techniques sales exacerbent les injustices déjà présentes dans la société. Tant que les racines de la dissidence existeront – la domination, l’exploitation, l’inégalité, l’injustice – la contre-insurrection et son antithèse : la politique continueront d’exister. »

    Stefano Portelli
    Traduit de l’italien par Palidda
    La version originale (et italienne) de cette recension a été publiée sur le site Monitor

    Petite note du traducteur

    La logique policière du désordre permanent n’est pas toujours ignorée (en dehors de la posture institutionnelle dominante), elle est évoquée par certains auteurs, au-delà du constat élémentaire que la police ne justifie son existence que lorsqu’il y a du « désordre »... et souvent la fomente ou incite la « pègre » e les criminels pour cette raison ; c’est un fait connu depuis l’aube de l’État moderne... (pensez à l’histoire des Poignardeurs racontée aussi par Sciascia...) et il ne faut pas oublier que certains flics ont facilement tendance à adopter un comportement criminel.

    La critique répétée contre Foucault me ​​semble injuste car on ne peut certainement pas dire qu’il soit pour l’Etat et l’ordre ... il se concentre sur l’objectif biopolitique du pouvoir mais ensuite il n’exclut pas du tout la thanatopolitique que n’est pas seulement celle pratiquée par les nazis, mais celle que les pays dominants adoptent encore aujourd’hui notamment vis-à-vis des migrations mais aussi contre les jeunes des banlieues ou les napolitains ... (voir les cas de jeunes tués par des policiers ou des carabiniers …)

    #Turquie #police #division_ethnique #urbanisme #counterinsurgency

  • Sozialreform in Deutschland: Dem Umsturz vorbauen
    https://www.jungewelt.de/artikel/461153.sozialreform-in-deutschland-dem-umsturz-vorbauen.html


    Dem Staatsgebäude ein paar stützende Säulen einziehen, um es vor dem Einsturz zu bewahren. Karikatur zur Sozialreform in der sozialdemokratischen Satirezeitschrift Der wahre Jakob, Januar 1884

    Le bougeois sous le Kaiser comprenaient qu’il leur fallait freiner la montée du parti social-démocrate. Il nous ont légué une association de bienfaiteurs le Verein für Socialpolitik VfS.

    24.10.2023 von Ingar Solty - Kathedersozialliberale. Vor 150 Jahren wurde der Verein für Socialpolitik gegründet.

    Die immer stärker werdende Arbeiterbewegung in den 1870er Jahren zwang das Bürgertum zu einer Reaktion. Die Kombination aus Erster Internationale (1864–1872) und Pariser Kommune 1871 hatte den Herrschenden das Herz in die Hose rutschen lassen. Der Beginn einer weltumspannenden kapitalistischen Krise verstärkte 1873 die Angst vor einer sozialistischen Revolution. Der Aufstieg der Sozialdemokratie zur Massenpartei schien diese Angst zu bestätigen. Die Reaktion der Herrschenden zeigte zwei verschiedene Tendenzen: einerseits die buchstäbliche Reaktion, die eine demokratische Mobilisierung der Arbeiterklasse mit dem althergebrachten Mitteln aus Unterdrückung und ideologischer Ablenkung im Keim ersticken sollte. Andererseits der weitgefasste »Sozialliberalismus« (Reinhard Opitz), der den Arbeitern entgegenkam, um ihnen den umstürzlerischen Wind aus den Segeln zu nehmen.

    Die erste Strömung setzte auf Demagogie: Die 1876 gegründete Deutschkonservative Partei, die evangelische Kirche unter dem Berliner Domprediger Adolf Stoecker und die »Berliner Bewegung« mobilisierten den Antisemitismus. Das verfing vor allem bei den Grundbesitzern, weil die ökonomische Wut über globalisierte Agrarkonkurrenz, Deflation und Kreditnot sich als Judenhass kanalisieren ließ. Zugleich sollte der Antisemitismus auch die Arbeiter gewinnen. In diesem »Präfaschismus« (Hans-Jürgen Puhle) waren bereits wesentliche Elemente der faschistischen Bewegung herausgebildet.

    Die zweite Strömung entstand in den ideologischen Staatsapparaten. Es brauchte praktische Integrationsangebote, um die mit dem Kapitalismus entstandenen Unsicherheiten einigermaßen abzufedern und die widerspenstige Arbeiterklasse davon zu überzeugen, dass das kapitalistische System und die althergebrachten undemokratischen Hierarchien doch tolerabel seien. Die Geschichte vereint Elemente beider Strömungen, wobei die »Ordnungspartei« dominant blieb: Bei Bismarcks »Zuckerbrot-und-Peitsche«-Politik war das Parteiverbot (»Sozialistengesetz«, 1878–1890) entscheidend und ging auch der Einführung der eingeschränkten Sozialversicherung von 1884 voraus.

    Sozialkonservative Bündnispläne

    Im Geist der Reform von oben zur Verhinderung der Revolution von unten wurde vor 150 Jahren der einflussreiche und bis heute existente »Verein für Socialpolitik« (VfS) gegründet. Lange bezeichnete man die dort Organisierten als »Kathedersozialisten«. Das Attribut »Katheder« verweist auf deren universitäre Verankerung. Sozialismus nannten die Herrschenden in dieser Zeit indes alles, was von der wirtschaftsliberalen Orthodoxie abwich. In Wahrheit handelte es sich bei der Hauptströmung im VfS um Sozialliberale. Sie stellten den krisenhaften Kapitalismus nicht prinzipiell in Frage, sondern diskutierten, welche Sozialpolitik – Regulierung, Redistribution, Staatsinterventionismus – nötig sei, um ihn zu stabilisieren. Es entstand so unter dem Druck von unten und in der Krise der liberalkapitalistischen Weltordnung die Theorietradition der Institutionellen Politischen Ökonomie zwischen Marxismus einerseits und der sich herausbildenden altwirtschaftsliberalen Neoklassik andererseits. Zu ihr zählen letztlich John Stuart Mill, die Historische Schule der Nationalökonomie, Werner Sombart, Max Weber, John Maynard Keynes, John K. Galbraith, u. a.

    Die Bemühung um eine Sozialreform war indes älter. Die Sozialkonservativen im Umfeld von Bismarcks Geheimrat Hermann Wagener und der von ihm herausgegebenen Berliner Revue hatten schon in den 1860er Jahren die weltgeschichtliche Bedeutung der Arbeiterbewegung erkannt und versucht, den Agrarier Bismarck für ein Bündnis der konservativen, kapitalistisch gewordenen Grundbesitzerpartei mit der Industriearbeiterklasse zu gewinnen. Dies entstand im antirevolutionären Geist des »sozialen Königtums« (Lorenz Stein). Es sollte zugleich den Reichskanzler, dessen Machtbasis eine »Klassensymbiose von Junkertum und Bourgeoisie« (Lothar Machtan/Dietrich Milles) war, aus der Abhängigkeit vom liberalen Bürgertum befreien, das parlamentarisch die Mehrheit bildete. Bismarck hatte sich, wie auch sein Briefwechsel mit Lassalle zeigt, hierfür zunächst offen gezeigt.

    Ein solches Bündnis wäre freilich zwangsläufig auf Kosten der Landarbeiterklasse gegangen. Denn die ostelbischen Großgrundbesitzer, die sich im Zuge der »Bauernbefreiung« sukzessive das Agrarland der Kleinbauern unter den Nagel gerissen hatten, waren nicht bereit, sich auf die Vorschläge der Berliner Revue für einen Normalarbeitstag für Landarbeiter einzulassen.

    Daraus ergaben sich aber neue Widersprüche. Mit der Krise des Junkertums wurden sie offensichtlich. Die kleinen sozialkonservativen Kreise beschäftigten sich mit der Agrarfrage weniger aus Sorge um die Landarbeiter, sondern aus Angst vor der Agrarmonopolisierung und ihren Folgen. Sie erschien ihnen aus staatspolitischen Gründen heikel, weil sie eine doppelte Abwanderung zur Folge hatte: nach Nordamerika und in die Städte. Damit verbunden war die Angst vor landwirtschaftlichem Arbeitskräftemangel, der Polonisierung der östlichen Kolonialgebiete (vor allem Ostpreußens), der Wehrunfähigkeit im Osten und des Verlusts der Ernährungssouveränität. Die Abwanderung in die Städte ließ zudem einen Bedeutungszuwachs der Arbeiterbewegung und des Sozialismus auch im Militär befürchten.

    Das kleine und mittlere Grundeigentum sollte aus all diesen Erwägungen heraus erhalten werden. Es entzündete sich eine Debatte über dessen Konkurrenzfähigkeit gegenüber dem agrarischen Großgrundbesitz. Die Abwanderung verschärfte sich dabei in dem Maße, wie die »Große Depression« auch Ergebnis der Globalisierung der Agrarmärkte war, was eine »Große Deflation« und einen entsprechenden Abwertungsdruck für die Landarbeit sowie intensivierten Rationalisierungsdruck für die ostelbisch-gutsherrschaftliche Landwirtschaft bedeutete. Insofern aber die Finanzkrise bei den Banken eine restriktive Politik des Geldverleihs bewirkte, verteuerten sich die für die Rationalisierung nötigen Kredite. Diese »Kreditnot des Grundbesitzes« (Karl Rodbertus) war die Triebkraft des Antisemitismus, weil die Konservativen die Wut auf das Finanzkapital gegen die Juden richteten.

    Die Angst vor der Arbeiterbewegung wiederum war die Triebfeder der »Eisenacher Versammlung zur Besprechung der sozialen Frage« vom 6. bis 8. Oktober 1872. Aus ihr ging ein Jahr später der »Verein für Socialpolitik« hervor. Mitten in diesem Prozess ereignete sich allerdings die bis dahin größte Krise des Kapitalismus. Seit dem Winter 1872/73 gab es die ersten Warnsignale. Schließlich kam es zwischen dem 23. April und dem 1. Mai zum Wiener Börsencrash mit Kursverfall und Panikverkäufen. Im Juni erreichte die Finanzkrise Berlin. Am 15. September brach die New Yorker Bank Jay Cooke & Co. zusammen, die den Eisenbahnbau finanziert hatte. Es folgte die »Große Depression« (Hans Rosenberg), die bis 1896 anhielt.

    Die Krise warf neue Fragen auf. Sie war eine »organische« (Antonio Gramsci), insofern sich in ihr ausdrückte, dass der bisherige Entwicklungstyp des Kapitalismus an seine inneren Grenzen gestoßen war. Mit der Entstehung der großen Konzerne vollzog sich der Übergang vom Konkurrenz- zum Monopolkapitalismus. Die Überakkumulation produzierte Überschusskapital auf der Suche nach profitablen Anlagesphären und intensivierte internationale Spannungen. Aus diesem Grund forderten die neu entstandenen Verbände von Großgrundbesitz und Industriekapital nun Schutzzölle. Zugleich drängten die nationalen Bourgeoisien zur Gewährleistung von Kapitalexport und zum Schutz von Auslandsinvestitionen ihre Staaten in Richtung Kolonialismus. So war die Weltwirtschafts- auch eine Transformationskrise. Auf dem Weg des Krisenmanagements verwandelte sich der alte liberale Konkurrenzkapitalismus im Rahmen der freihändlerischen »Pax Britannica« in den »Organisierten Kapitalismus« (Rudolf Hilferding) der zwischenimperialistischen Rivalitäten in einem fragmentierten Weltmarkt der Kolonialreiche. Der Kurs in Richtung Erster Weltkrieg war damit gesetzt.
    Ideologie der nachholenden Nation

    Der Umbruchprozess war notwendigerweise auch ein intellektueller. In den Diskussionen im VfS lässt sich die krisengetriebene Theoriegeschichte der politischen Ökonomie nachvollziehen. Dazu gehört, wie Sozialreform und Staatsinterventionismus, die ursprünglich der Revolutionsabwehr dienen sollten, sich im Kontext der Krise mit einer Orientierung auf einen auch nach außen starken Staat vermengten. Überhaupt besteht seit Cecil Rhodes und Joseph Chamberlain ein enger Zusammenhang zwischen bürgerlicher Sozialreform und Imperialismus, weil dieser als die einzige nichtrevolutionäre Lösung der sozialen Frage erschien. In Deutschland verkörpert diese Verbindung wohl niemand prominenter als Max Weber, der eine tragende Rolle im VfS spielte und sowohl Abhilfe gegen die »Marktabhängigkeit« der Lohnarbeiter wie auch einen starken Staat anstrebte, etwa gegen die »Polonisierung« im Osten.

    1872/73 war die Situation jedoch noch offen. Der zugespitzte Gegensatz von Kapital und Arbeit und die Krise offenbarten die Notwendigkeit einer Reform. Die allgemeine Tendenz in der Wirtschaftswissenschaft der Zeit bestand darin, die angelsächsische liberale Orthodoxie zu hinterfragen und die Rolle des Staates in der Wirtschaft neu zu verhandeln. Die Frage war, wie stark der Bruch ausfallen sollte. Die »Historische Schule« von Bruno Hildebrand und ihrem wichtigsten Schüler Gustav Schmoller wandte sich gegen abstrakten Utilitarismus und betonte das Historische, Institutionelle, Kulturelle, Besondere. Allgemeine Annahmen über den liberalen »Nachtwächterstaat«, den Freihandel usw. als Nonplusultra für alle Zeiten und alle Staaten seien abzulehnen. An die Stelle des theoretischen Abstraktionismus und seiner in Frage gestellten Annahmen setzte man empirisch-induktive Verfahren. Joseph Schumpeter und die zeitgleich entstehende neuliberale Österreichische Schule warfen der Historischen Schule daher Theorielosigkeit vor. Auch aus marxistischer Sicht ist festzustellen, dass sie als Teil der Institutionellen Politischen Ökonomie kaum mit dem Wirtschaftsliberalismus bricht, sondern den kapitalistischen Markt zum Ausgangspunkt nimmt, um dann mehr oder weniger starke Ausnahmen zu definieren.

    Die Kritik der angelsächsischen Ökonomik blieb dabei freilich nicht nur wissenschaftliche Auseinandersetzung. Vielmehr handelte es sich um die ideologische Entsprechung des Konflikts zwischen britisch-imperialem Herzland und einem nachholend sich entwickelnden »hobbesschen Randstaat« (Kees van der Pijl). Zu Recht verwies die Historische Schule gemeinsam mit dem Marxismus auf die Tatsache, dass die Marktvergötterung der Angelsachsen verschweige, dass der Staat durchaus eine wesentliche Rolle in der Entstehung des englischen Kapitalismus gespielt hatte, und zwar sowohl in der gewaltsamen Herstellung von »doppelt freien Lohnarbeitern« während der ursprünglichen Akkumulation als auch in der merkantilistischen Abschottung der Wirtschaft in der kapitalistischen Frühentwicklung. Entsprechend suchte die Historische Schule die notwendige Staatslenkung im nachholenden Deutschland zu begründen.

    Allerdings würde es zu kurz greifen, den VfS nur als Indikator einer nationalen Kurskorrektur anzusehen. Im Kontext von Revolutionsfurcht, zugespitzter internationaler Konkurrenz und Krise war er auch Ausdruck der »Großen Transformation« (Karl Polanyi) und dem damit einhergehenden Paradigmenwechsel. Als solcher wurde er auch von seinen Feinden erkannt. So schrieb Friedrich August von Hayek in »Der Weg zur Knechtschaft« (1944) zutreffend: »Über zwei Jahrhunderte hatten englische Ideen ihren Weg ostwärts genommen (…). Um das Jahr 1870 (…) setzte eine rückläufige Bewegung ein (…). Von nun an wurde Deutschland zum Zentrum, von dem die Ideen, die die Welt im 20. Jahrhundert regieren sollten, nach Osten und Westen ausgingen«: Hegel, Marx, List, Schmoller, Sombart, Mannheim.

    Die Positionen im VfS waren indes kaum einhellig. Es gab heftige Richtungsstreitigkeiten. Sie erfolgten insbesondere zwischen Historischer Schule und den stärker kapitalismuskritischen Sozialkonservativen. Deren wesentliche theoretische Vertreter waren Karl Rodbertus, in Eisenach vertreten durch den Berliner Revue-Redakteur Rudolf Meyer, und der Nationalökonom Adolph Wagner. Es ist Dieter Lindenlaubs Schrift »Die Richtungskämpfe im Verein für Socialpolitik« (1966) zu verdanken, dass die nachträgliche Homogenisierung des VfS entmythologisiert wurde. Sie ergab sich durch die Niederlage der Sozialkonservativen während der Gründungsphase. Die Krise von 1873 hatte deren »Staatssozialismus« noch verstärkt. Standen bis dahin regulatorische Vorhaben wie die Fabrikinspektion, der Arbeiterschutz, der Normalarbeitstag zur Behandlung der Arbeiterfrage sowie das Rentenprinzip von Rodbertus und die Grundentschuldung zur Behandlung der Agrarfrage im Vordergrund, so änderte sich dies mit der Krise, weil sich nun auch sehr viel stärker gesamtwirtschaftliche Steuerungsfragen aufdrängten: für oder gegen den Schutzzoll, für oder gegen staatliche Rettungen privatwirtschaftlicher Akteure, für oder gegen Verstaatlichungen?

    Projekt Staatssozialismus

    In diesem Kontext radikalisierten die Sozialkonservativen ihre »staatssozialistischen« Vorstellungen und operierten mit frühen Formen der makroökonomischen Wirtschaftssteuerung. Die Bezeichnung »Kathedersozialismus« als Gegenprinzip zum Manchesterkapitalismus ist insofern nicht ganz falsch, als sie sich, auf ein Kontinuum Markt – Staat bezogen, stärker in Richtung Staat bewegt. Dies erkannte selbst der dem alten Wirtschaftsliberalismus zugeneigte Lujo Brentano an: Alle »Kathedersozialisten« seien »zu neuer Anerkennung der Berechtigung der Staatseinmischung in das Wirtschaftsleben« gekommen. Damit ist aber noch nicht ausgesagt, wie stark und zu welchem Zweck.

    Die Sozialkonservativen plädierten für ein Bündnis von Grundbesitz und Arbeiterklasse in Gegnerschaft zu den Bürgerlich-Liberalen, die genau das zu verhindern trachteten. Artikuliert wurde der Konflikt in Form der Frage nach der Tiefe der Korrekturen an der kriselnden liberalen Orthodoxie. Die konservativen »Staatssozialisten« Wagener und Meyer befanden sich im Richtungsstreit indes in der strukturell unterlegenen Position. Es war von daher nicht verwunderlich, dass in Eisenach neben Meyer (als Zögling von Rodbertus und Wagener) zwischenzeitlich noch zwei weitere Akteure auftraten: Adolph Wagner, seit 1870 Professor für Nationalökonomie in Berlin, und Hermann Roesler, Professor für Staatswissenschaft in Rostock.

    Wagner hatte am 12. Oktober 1871 auf der freien kirchlichen Versammlung evangelischer Männer in Berlin einen vielbeachteten Vortrag gehalten, der 1872 als »Rede über die soziale Frage« publiziert wurde. In ihm stellte er sich grundsätzlich gegen die liberale Wirtschaftstheorie. In der Folge hatte er auch Tuchfühlung zu den Sozialkonservativen aufgenommen. Seither kooperierten sie eng, was Wagner auch stärker mit Rodbertus verband, der sich von außen in den Konstituierungsprozess des VfS einschaltete.

    Meyer reiste zusammen mit Wagner nach Eisenach. Rodbertus zeigte sich in einem Brief an Meyer vom 17. September 1872 zuversichtlich, dass man hier würde reüssieren können. Der Brief belegt, wie sehr Rodbertus die Gegensätze zwischen »staatssozialistischen« Sozialkonservativen und sozialliberalen »Kathedersozialisten« bewusst waren: »Seit dem Frühjahr (…) glaubte ich, die Kathedersocialisten würden unter sich sein. Nun sehe ich an den andern Namen (…), dass die ganze Angelegenheit ihrem Chef W[agener] in die Hände gespielt ist.« Meyer merkte dazu später an: »R[odbertus] war, nicht mit Unrecht misstrauisch, allein hier ging er zu weit. Die Kathedersocialisten handelten nicht unter den Impulsen Wageners sondern der [liberalen] Delbrückclique (…). Wageners Stellung war schon damals unhaltbar, da er die ganze liberale Bureaukratie gegen sich und Bismarck nur noch hie und da für sich hatte.« Er selbst sei »in Eisenach (…) sofort in die heftigste Opposition zum Gros der Kathedersocialisten« geraten. Diese Einschätzung Meyers teilte auch Brentano, neben Schmoller und Wagner der prominenteste Eisenacher. In seinen Lebenserinnerungen weist auch er auf die isolierte Stellung der Sozialkonservativen hin: »Wagner erwartete vom preußischen Königtum die Förderung (der) kulturhistorischen Entwicklung« der »Verminderung des (Privat-)Eigentumsumfangs als leitendes Prinzip im Kulturgang der Rechtsentwicklung«. In Eisenach habe »1872 nur (…) Meyer (…) diesen Anschauungen Sympathie entgegengebracht.«

    Die erheblichen Unterschiede zwischen Sozialliberalen und »Staatssozialisten« offenbarten sich in ihren Auffassungen über Pläne für die Fabrikinspektion, die Einführung von Mindestlöhnen, einer Sozialversicherung und progressiven Einkommenssteuer, für öffentliche Beschäftigungsprogramme, Verstaatlichungen und den Rechtsschutz für gewerkschaftliche Lohnverhandlungen und Tarifverträge. Am heftigsten tobte der Konflikt über die Besteuerung der großen Einkommen, Verstaatlichungen und die Stärkung von Gewerkschaftsrechten. Dabei nahmen die Sozialkonservativen in all diesen Fragen die »sozialistischere« Position ein, was Rodbertus im Brief an Meyer zu der Aussage führte: »Wie kann man Sie aber die äusserste Rechte in der socialen Frage nennen? Sie repräsentiren ja die äusserste Linke.«

    Auch Brentano bestätigt in seinen Erinnerungen, dass man sich im VfS über die Differenzen bewusst war: »Wagner (…) stimmte in dem, was er wollte, weder mit meiner Auffassung noch mit der von Schmoller und Gneist überein (…). (E)r wollte die soziale Reform prinzipiell und in allen ihren Teilen aufrollen (…). Die Zeit sollte nun bald zeigen, welche Auffassung berufen sei, dem Verein das Gepräge zu geben (…). Auf dem Kongress von 1875 erschien nun Rudolf Meyer allein, um einen von ihm und von Rodbertus unterzeichneten Antrag zu stellen, dem Reichskanzler das Ersuchen auszusprechen, der deutschen Industrie sowie den bei derselben beteiligten Unternehmern und Arbeitern sowohl nach außen wie nach innen den Schutz zu gewähren bzw. zu verschaffen, welcher in Anerkennung des Wertes der Arbeit und der eigengearteten Stellung der deutschen Industrie als das alleinige Mittel erscheint, unsere in Frage gestellte Konkurrenzfähigkeit auf dem Weltmarkt und den sozialen Frieden auf dem heimischen Markt wiederzugewinnen. Meyer wünschte, dass sein Antrag an einem dritten Kongresstage verhandelt werde, um bis dahin soviel Sukkurs heranzuziehen, dass der Antrag angenommen worden wäre. Mit seiner Annahme wäre der Verein (…) Wagener ausgeliefert gewesen. Um dies zu verhindern, habe ich (…) auf Grund (…) unserer Geschäftsordnung, dass jeder Antrag drei Wochen vor der Versammlung bekannt zu geben sei, beantragt, Meyers Antrag als unzulässig abzuweisen. So geschah es. Meyer stampfte vor Wut und verließ zornig den Saal.« Kein Wunder, dass Meyer Brentano fortan als Erzfeind bezeichnete.

    Die »Staatssozialisten« blieben mit ihren Forderungen nach »Nationalisierung der wichtigsten Dienstleistungsindustrien, insbesondere derjenigen, welche bereits unter beinahe monopolistischen Bedingungen arbeiteten wie z. B. auf den Gebieten der Transport- und Kommunikationsmittel, des Bank- und Versicherungswesens, der Kraftwerke und öffentlichen Versorgungsbetriebe« letztlich isoliert.

    So konsequent nun aber Wagner wirtschaftlich war, so eng verknüpft blieb sein Staatssozialismus mit der »Staatsräson«. Er pries den »preußischen Kameralismus« und redete dem Machtstaat das Wort. Dazu gehörte die Propagierung des Kolonialismus. Die Demokratie lehnte er ab. So oder so: Wagner und die Sozialkonservativen unterlagen. Nicht lange danach verließ Wagner den Verein.

    Im »Nationalen« unterschied sich Wagner kaum von Schmoller. Während dem Liberalen Brentano die Nachahmung des englischen Liberalismus vorschwebte, der Arbeiterforderungen über die Gewerkvereine in die liberale Partei integriert hatte, wollte Schmoller die Gesellschaft durch Sozialreformen einen, als Voraussetzung für eine Machtstaatpolitik nach außen.

    Meyer wiederum ging nach der Niederlage im VfS auch mehr und mehr zum Reichskanzler auf Distanz, als sich abzeichnete, dass dieser in Richtung Schutzzoll, Sozialistengesetz und (Kolonial-)Imperialismus gehen würde, womit sich die Hoffnung auf den »staatssozialistischen« Cäsaren zerschlagen hatte. 1877 warf er Bismarck in »Politische Gründer und die Corruption in Deutschland« persönliche Vorteilsnahme vor. Mit Wagner entzweite er sich später in der Frage der Agrarzölle und des Kolonialismus. In »Die Ursachen der amerikanischen Concurrenz« (1883) attackierte er ihn auch in einem Atemzug mit den »Kathedersocialisten, welche (…) noch immer glauben, Fürst Bismarck sei ein socialer Reformator«. Wagners national-sozial-imperialistischen Kurs wollte er nicht mittragen: Er wende sich »mit Abscheu von jenem Chauvinismus ab, der von der Tribüne des Parlaments einer Großmacht (…) mit jener Macht und Größe prahlt, welche wir 1866 und 1870 zwei Nachbarn gegenüber bewiesen haben.«
    Das Elend der Neoklassik

    Der Richtungsstreit von einst kennzeichnet den VfS heute nicht mehr. Dabei gäbe es für Kontroversen ausreichend Grund. Insofern als Ergebnis des Siegs der neoliberalen Konterrevolution jedoch der Druck von unten fehlt, ist er dieser Tage ein homogen dem Wirtschaftsliberalismus und der Neoklassik verschriebener Zusammenschluss. Man könnte auch von einer Versammlung der Kathederneoliberalen sprechen, und insofern wäre der Name »Verein gegen Socialpolitik« passender. Zu den Vorsitzenden gehörten in jüngerer Zeit der Marktdoktrinär Hans Werner Sinn und die aktuelle Vorsitzende der »Wirtschaftsweisen« der Bundesregierung, Monika Schnitzer, die sich u. a. für die Rente mit 70 und viele weitere »alternativlose« Sozialkürzungsmaßnahmen stark macht.

    In jedem Fall hat sich der VfS von seinem Gründungskonsens zum Scheitern wirtschaftsliberaler Politik weit entfernt. Streit findet heute in getrennten Organisationen statt. Im Nachgang der globalen Finanzkrise, die das Elend und den Autismus der Neoklassik und ihrer Annahmen zu »homo oeconomicus«, Gleichgewichtstheorem usw. offenbarte, entwickelte sich der Widerstand heterodoxer Ökonomen. 2012 gipfelte er in einer Gegenkonferenz. Die Kritiker forderten »Theorienvielfalt statt geistiger Monokultur«, »Methodenvielfalt statt angewandter Mathematik« und »Selbstreflexion statt unhinterfragter, normativer Annahmen«. Konsultationen, die eine Erweiterung des Spektrums ergeben sollten, scheiterten.

    Die angesichts der heutigen Systemkrise anstehende Erneuerung des wirtschaftstheoretischen Denkens dürfte sich jenseits des VfS vollziehen. Vielleicht trifft sich die alternative politische Ökonomie irgendwann noch einmal in Eisenach. Von dort kam ja auch nicht das schlechteste Programm der sozialistischen Arbeiterbewegung, das im Bürgertum für ein solches Fracksausen sorgte, dass der VfS überhaupt entstehen konnte.

    #histoire #Allemagne #aide_sociale #counterinsurgency #VfS

  • Après avoir connu une chute d’audience... - La France en colère - Carte des rassemblements | Facebook
    https://www.facebook.com/cartedesrassemblements/posts/apr%C3%A8s-avoir-connu-une-chute-daudience-le-17-juin-dernier-le-groupe-la-france-en-/286316079390317

    La France en colère - Carte des rassemblements
    3 h ·
    Après avoir connu une chute d’audience le 17 juin dernier, le groupe « La France en colère - Carte des rassemblements » a été désactivé par Facebook à 21h15 ce jour.
    Le groupe est restreint depuis quelques jours et nous assurons n’avoir autorisé aucune publication justifiant cela.
    Ce groupe de 385 000 personnes est dédié aux partages des initiatives citoyennes de contestation sociale. Nous ne pouvons pas croire qu’il y ait un rapport.
    Au moment de la coupure, nous mettions en avant une enquête exclusive de Quid sur les méthodes et les failles du comptage des manifestants en France. (facebook.com/quidofficiel/videos/348966996065280)
    Nous attendons un retour de Facebook dans les plus brefs délais.

    #facebook #Gilets_jaunes

  • Si vous êtes abonné-e à REDDIT, c’est le moment ou jamais de lever l’ancre en leur disant pourquoi:

    On 29th June, @reddit banned the radical feminist subreddit r/GenderCritical, Reddit’s most active feminist community, which had nearly 65,000 subscribers and more than 27,000 daily users, as part of their campaign to rebrand themselves as being against “hate."
    #RedditHatesWomen #Reddit #censure #antiféminisme #GenderCritical #lobbytransgenriste

  • Do civilian casualties cause counterinsurgents to fail ?
    https://warisboring.com/do-civilian-casualties-cause-counterinsurgents-to-fail #war #guerre #COIN #contre_insurrection #counterinsurgency

    All four studies that argue insurgent leaders make the decision on which side to support find that civilian killings had no substantial effect on outcomes.

    However, the six studies that assume “civilian agency” in war produces mixed conclusions. Kocher and colleagues, Lyall and colleagues, and Condra and Shapiro find that civilian deaths are bad for counterinsurgents.

    However, Lyall’s 2009 study of Russian artillery strikes in Chechnya finds that civilian deaths are actually helpful. However, his 2010 study of Russian/Chechen sweeping operations during the same war finds that intentional killings are only helpful for co-ethnic counterinsurgents and detrimental for foreign troops.

    Finally, Kalyvas’ study on Germany’s recruitment efforts during the occupation of Greece finds that civilian killings had no real effect on outcomes.

    • Her findings boil down to this. During civil wars with more than two armed groups — think Syria — insurgent leaders decide who to ally with based on two factors. The alliance should increase the likelihood of winning. However, the alliance must also allow for the insurgent leader to gain a significant amount of political power once the war ends. If it becomes clear during the course of the war that this will not happen, the insurgent leader will switch sides.

      This phenomenon holds true even if it’s clear that the alliance is about to win the war. That is, unless it becomes clear that an insurgent group has become so dominant that no alliance formation could possibly challenge it. If this occurs, insurgent groups will bandwagon to the winning side.

      Insurgent leaders gauge the relative power in their coalition mainly based on battlefield performance, according to Christia. Ethnicity, religion, political goals and treatment of co-ethnic civilians, have no bearing on the decision to switch sides.

      In fact, Christia shows that insurgent leaders “pick allies whose support will result in optimizing their wartime returns, and then look to their identity repertoires for characteristics shared with their allies while not shared with their foes.” This propaganda is unimportant to insurgent leaders, but “serve as important signals to the rank and file.”

  • The Invasion of Ideas - Shelly Palmer
    https://www.shellypalmer.com/2017/06/the-invasion-of-ideas
    Cet article nous propose une analyse intelligente et pourtant erronée des attentats récents. Il les présente comme résultat du social engineering sans mentionner le fait que la violence a toujours existé dans les relations de classe et sans évoquer que statistiquement les USA connaissent un mass shooting par jour pour des raisons purement sociétales.

    Où sa positions est intéressante c’est quand on le prend comme expression de l’état d’esprit des libéraux modérés étatuniens. Il n’échappent jamais aux pièges de la technopilie et de leur propre perspective de classe nationale.

    To understand how to defeat an enemy using social media, it would help to understand self-organizing ant colonies or self-organizing robot swarms or even algorithmic art. Most self-organizing systems work by giving a few very simple instructions to completely autonomous entities and letting them act on their own.

    The strategy requires four cohorts: ideators, propagators, supporters and executors. Ideators will come up with the instructions and post them. Propagators will share, retweet or otherwise propagate the instructions. Supporters will not propagate but will tacitly support the propagators. Executors will carry out the instructions.
    ...
    The Instagram Intifada

    The names “social terrorism” and “social media warfare” are not quite right. This is a new kind of war against an enemy with very new weapons. Soldiers armed with rifles are fighting side-by-side with civilians armed with smartphones. The result is a synchronized physical and cyber war. The battle is fought, both sides launch a narrative meme, and the most emotionally compelling story wins.

    A Social Engineering Arms Race

    According to my good friend Col. John Fenzel (Ret.), “We are now in a state of enduring social conflict enabled and empowered by social media.” The recent killings were not ordered by a military commander, not carried out by troops, not perpetrated by terror cells or operatives. They were socially engineered.

    The key performance indicator in this well-executed, hyper-targeted, social media marketing campaign is dead people. It’s sickening to think of it this way, but I have to call this what it is: a highly successful social engineering hack.

    #terrorisme #counterinsurgency #internet #USA

    • Hello, Klauss. You’re following me, I see. I’m sorry I haven’t posted anything of interest yet. But here is a book you might find of interest: Charles Mills’ Black Right/White Wrongs: The Critique or Racial Liberalism. One of the things I find interesting is the book is the idea (which represents a fact, I think) that many liberals (I speak of liberal here not neo-liberalism ) believe that we are living in a world that actually instantiates ideal liberalism. I’m not sure how they manage to believe this. But some do, which I take to be an incredible feat of imagination.

      Your post above brought to my mind the following text, which I have only skimmed. (See below). The ant analogy is in force!

      Dou

      The Ant Trap

      Rebuilding the Foundations of the Social Sciences

      Brian Epstein

      Oxford Studies in the Philosophy of Science

      Develops a new theory of the social world
      Overturns longstanding assumptions that are built into the methods of the social sciences
      Makes controversial claims about the nature of the social world, arguing that—paradoxically—social theory has focused too much on the role of people in building the social world
      Draws connections among many disciplines, including philosophy, economics, political science, and the law