country:égypte

  • Mercredi ! #sos Méditerranée // 24.04.2019
    http://www.radiopanik.org/emissions/mercredi-/mercredi-sos-mediterranee-24-04-2019-

    Au programme ce mercredi !

    Au programme, une émission de 45 minutes sur l’association SOS Méditerranée. Paula interview deux bénévoles de l’association, Tifenn Bouillard et Emilien Bernard de SOS Méditerranée (Antenne de Rennes) à propos de l’Aquarius et de cette dangereuse frontière qu’est la mer Méditerranée !

    Pour aller plus loin :

    La Libye est un grand pays d’Afrique du Nord situé entre l’Algérie à l’ouest, le Niger et le Tchad au sud et l’Egypte à l’est. Il est bordé au nord par la mer Méditerranée.

    Un visa est un cachet valant autorisation de séjour, apposé sur un passeport par les services diplomatiques des pays dans lesquels désire se rendre le demandeur.

    Les musiques de l’émission :

    Sufjan Stevens - Should Have Known Better

    Bigflo & Oli - Rentrez chez vous

    Haley Heyndrickx - The bug (...)

    #jeune_public #mediterranée #l'aquarius #jeune_public,mediterranée,sos,l’aquarius
    http://www.radiopanik.org/media/sounds/mercredi-/mercredi-sos-mediterranee-24-04-2019-_06606__1.mp3

  • Le tabou de la traite arabo-musulmane des Africains : 14 siècles d’esclavage et 17 millions de victimes | Epoch Times
    https://m.epochtimes.fr/le-tabou-de-la-traite-arabo-musulmane-des-africains-14-siecles-desclava

    La traite des Noirs par les Arabes commença en 652 après J.-C., lorsque le général Abdallah ben Sayd imposa à Khalidurat, souverain du royaume de Nubie – un territoire situé entre le sud de l’Égypte et le nord du Soudan d’aujourd’hui –, la livraison de plus de 300 esclaves par an à travers la mise en place d’un traité appelé bakht.

    Dès lors, le commerce des esclaves noirs ne cessa de s’amplifier, gagnant une large part de l’Afrique. Il finira par s’étendre de la côte ouest du continent jusqu’à l’océan Indien, en passant par la mer Rouge.

    Un système de traite à grande échelle

    Bien qu’il soit difficile de donner des chiffres précis quant au nombre des victimes de ce sinistre trafic, plusieurs chercheurs comme Salah Trabelsi, Tidiane N’Diaye ou Malek Chebel, s’appuyant sur des documents d’époque ainsi que les travaux plus récents d’historiens comme Ralph Austen et Paul Bairoch, estiment que le nombre d’esclaves noirs concernés par la traite arabo-musulmane – également appelée traite trans-saharienne et orientale – serait compris en 15 et 17 millions.

    Sans compter les victimes collatérales tuées dans les combats pendant les rapts, et les captifs blessés ou jugés trop faibles pour être déportés qui étaient exécutés sur place.

    Selon Tidiane N’Diaye – anthropologue et écrivain franco-sénégalais, spécialiste des civilisations africaines et auteur du livre Le génocide voilé qui s’intéresse à la traite trans-saharienne et orientale –, pour une personne déportée, trois ou quatre autres étaient tuées.

    #esclavage

    • Il faudrait peut-être ne plus utiliser le mot « tabou » pour des choses connues de longue date. Aussi loin que je m’en souvienne, tous les bouquins traitant de la traite consacraient au moins un petit chapitre à la traite arabe (même si elle était souvent moins fouillée).
      Même la traite africaine n’est pas « tabou » pour les mêmes raisons.

  • L’extraction de pierres de taille de Stonehenge datent de 5000 ans BP.
    L’étude explique pourquoi les hommes de cette époque ont été cherchés des pierre aussi lointaine et remet aussi en cause une théorie populaire sur le transport de ces pierres.

    Les fouilles dans deux carrières du pays de Galles, connues pour être à l’origine des « pierres bleues » de Stonehenge, fournissent de nouvelles preuves de l’exploitation de mégalithes il y a 5 000 ans, selon une nouvelle étude menée par l’UCL.

    Les géologues savent depuis longtemps que 42 des plus petites pierres de Stonehenge, appelées « pierres bleues », proviennent des collines Preseli dans le Pembrokeshire, dans l’ouest du pays de Galles. Maintenant, une nouvelle étude publiée dans l’Antiquité identifie l’emplacement exact de deux de ces carrières et révèle quand et comment les pierres ont été extraites.
    (...)

    Le professeur Mike Parker Pearson (Archéologie de l’UCL) et chef de l’équipe a déclaré : "Ce qui est vraiment excitant à propos de ces découvertes, c’est qu’elles nous rapprochent de la solution du plus grand mystère de Stonehenge : pourquoi ses pierres sont venues de si loin ?"

    "Tous les autres monuments néolithiques en Europe ont été construits avec des mégalithes ramenés à moins de 15 km. Nous cherchons maintenant à savoir ce qui était si spécial dans les collines de Preseli il y a 5 000 ans et s’il y avait des cercles de pierre importants ici, construits avant que les pierres bleues ne soient transférées à Stonehenge. "

    La plus grande carrière a été découverte à près de 300 km de Stonehenge sur le piton de Carn Goedog, sur le versant nord des collines de Preseli.

    "C’était la source dominante de la dolérite tachetée de Stonehenge, ainsi nommée car elle présente des taches blanches dans la roche bleue ignée. Au moins cinq pierres bleues de Stonehenge, et probablement plus, proviennent de Carn Goedog", a déclaré le géologue Richard Bevins (Musée national du pays de Galles).

    Dans la vallée en aval de Carn Goedog, un autre affleurement à Craig Rhos-y-felin a été identifié par le Dr Bevins et son confrère géologue, le Dr Rob Ixer (UCL Archaeology), à l’origine d’un type de rhyolite (...) trouvé à Stonehenge.

    Selon la nouvelle étude, les affleurements de pierre bleue sont formés de piliers naturels et verticaux.

    [Cf. photo dans l’étude originale : https://www.cambridge.org/core/services/aop-cambridge-core/content/view/AAF715CC586231FFFCC18ACB871C9F5E/S0003598X18001114a.pdf/megalith_quarries_for_stonehenges_bluestones.pdf)

    Celles-ci pourraient être extraites de la paroi en écartant les joints verticaux entre chaque pilier. Contrairement aux carrières de pierre de l’Égypte ancienne, où les obélisques étaient taillés dans le roc, les carrières galloises étaient plus faciles à exploiter.

    Les ouvriers des carrières néolithiques n’avaient besoin que d’insérer des cales dans les joints entre les piliers, puis de basculer chaque pilier au pied de l’affleurement.

    Bien que la plupart de leurs équipements soient probablement constitués de cordes périssables, de cales en bois, de maillets et de leviers, ils ont laissé d’autres outils tels que des marteaux, des pierres et des cales.

    « Les cales en pierre sont faites de mudstone importé, beaucoup plus doux que les piliers durs en dolérite. Un collègue ingénieur a suggéré que le fait de marteler un coin dur aurait pu créer des fractures de contrainte, provoquant la fissuration des minces piliers. (...) » a déclaré le professeur Parker Pearson.

    Des fouilles archéologiques au pied des deux affleurements ont mis à jour les vestiges de plates-formes en pierre et en terre fabriquées par l’homme, le bord extérieur de chaque plate-forme se terminant par une chute verticale d’environ un mètre.

    « Les piliers de la pierre bleue pourraient être basculés sur cette plate-forme, qui servait de plate-forme de chargement pour les charger sur des luges en bois avant de les traîner », a déclaré le professeur Colin Richards (Université des Highlands and Islands) (...).

    L’équipe du professeur Parker Pearson avait pour objectif important de dater les carrières de mégalithes sur les deux affleurements. Dans les sédiments mous d’une piste évidée menant du quai de chargement à Craig Rhos-y-felin et sur la plate-forme artificielle de Carn Goedog, l’équipe a récupéré des morceaux de charbon datant de 3000 ans av. notre ère.

    L’équipe pense maintenant que Stonehenge était à l’origine un cercle de piliers bruts en pierre de pierre bleue dans des fosses connues sous le nom d’Aubrey Holes, près de Stonehenge, et que les sarsens (blocs de grès) ont été ajoutés environ 500 ans plus tard.

    Les nouvelles découvertes remettent également en cause une théorie populaire selon laquelle les pierres bleues auraient été transportées par mer à Stonehenge.

    « Certaines personnes pensent que les pierres bleues ont été transportées vers le sud jusqu’à Milford Haven, puis placées sur des radeaux ou suspendues entre des bateaux, puis ont remonté le canal de Bristol et longé le Bristol Avon en direction de la plaine de Salisbury. Mais ces carrières se trouvent du côté nord des collines de Preseli. Les mégalithes auraient simplement pu aller par voie de terre jusqu’à la plaine de Salisbury », a déclaré la professeure Kate Welham (Université de Bournemouth).

    Megalith quarries for Stonehenge’s bluestones
    https://www.cambridge.org/core/journals/antiquity/article/megalith-quarries-for-stonehenges-bluestones/AAF715CC586231FFFCC18ACB871C9F5E/core-reader

    Pearson, M., Pollard, J., Richards, C., Welham, K., Casswell, C., French, C., . . . Ixer, R. (2019). Megalith quarries for Stonehenge’s bluestones. Antiquity, 93(367), 45-62. doi:10.15184/aqy.2018.111

    #Préhistoire #Néolithique #Stonehenge #5000BP #transport #Europe

  • Découverte d’une pharaonne
    Claude Gauvreau, Actualités UQAM, le 15 avril 2019
    https://www.actualites.uqam.ca/2019/decouverte-une-pharaonne

    Les égyptologues du monde entier savent depuis une cinquantaine d’années qu’une femme a régné sur l’Égypte au 14e siècle avant J-C, entre le décès du pharaon Akhenaton et l’avènement au pouvoir de son fils, le jeune Toutankhamon (v.1345-1327). Ils sont toutefois divisés quant à l’identité de cette reine mystérieuse. Or, en s’appuyant sur des recherches épigraphiques et iconographiques, la professeure du Département d’histoire de l’art Valérie Angenot, spécialiste de l’art égyptien ancien, soutient que deux femmes, et non pas une, sont montées sur le trône d’Égypte à la mort d’Akhenaton.

    Dans l’Égypte ancienne, la femme était plus libre qu’elle ne l’a été dans la Grèce antique, rappelle Valérie Angenot. « La société égyptienne de cette époque était certes patriarcale, mais la femme avait des droits. » Elle pouvait, notamment, divorcer, être propriétaire d’un domaine agricole et être prêtresse. Les mères et épouses des pharaons jouaient, par ailleurs, un rôle actif dans la gestion du royaume. « Dans le système politique égyptien, les femmes n’étaient pas des personnes accessoires, relève la chercheuse. Certaines d’entre d’elles, comme Hatchepsout, sont même devenues pharaons. On peut supposer, dans le cas de Méritaton et de Neferneferouaton Tasherit, qu’il existait une rivalité avec leur frère Toutankhamon, lequel s’est approprié leurs trésors, leur déniant ainsi le droit à l’éternité. »

    Valérie Angenot croit que les résultats de ses recherches pourront être utiles dans le domaine des études de genre. « Ils sont susceptibles d’intéresser aussi tous ceux et celles qui étudient la place et le rôle de la femme dans l’histoire des civilisations. »

    #Égypte #Antiquité #pharaonne #Nefertiti #Méritaton #Neferneferouaton_Tasherit #Hatchepsout #Valérie_Angenot

    Ajouter aussi à la compilation #archéologie et #sexisme :
    https://seenthis.net/messages/633249

  • تغيير البشير يربك الشرق الأوسط وتحالفاته.. كيف؟ | الخليج الجديد
    https://thenewkhalij.news/%D8%AA%D9%82%D8%A7%D8%B1%D9%8A%D8%B1-%D9%88%D8%AD%D9%88%D8%A7%D8%B1%D8%A7%D8%AA/%D8%AA%D8%BA%D9%8A%D9%8A%D8%B1-%D8%A7%D9%84%D8%A8%D8%B4%D9%8A%D8%B1-%

    ولكل من المتنافسين الإقليميين من استمرار حكم “البشير”، مآرب متباينة؛ فمصر تجد السودان عمقها الاستراتيجي، والسعودية والإمارات تنظران إليه بصفته أحد أعمدة التحالف العربي الذي يخوض حربا في اليمن، كما أنهما يخشيان نجاح أي احتجاجات في المنطقة.

    أما تركيا، فترى السودان و"البشير" بوابتها الرئيسية في إفريقيا، وتعتبره قطر أحد موازين القوى في الأزمة الخليجية.

    Au-delà du petit condensé que j’ai pris en citation, résumé des questions géopolitiques que pose la destitution de « Oncle Bachir » au Soudan. ?Attention, la liste est longue !
    – L’Egypte a tout à craindre d’un vide du pouvoir à sa frontière sud et l’instabilité du Soudan affaiblit sa propre position dans le dossier très complexe du barrage sur le Nil que construisent les Ethiopiens
    – Pour les Emirats et la Saoudie se pose la question de la participation soudanaise à la coalition contre le Yémen
    Pour le Qatar et la Turquie, le Soudan était la porte d’entrée en Afrique orientale...
    – Pour Israël, quid des accords autorisant le survol du territoire soudanais pour les avions civils ?
    – Pour la Syrie, quid de la « normalisation » dont Bachir avait été en décembre un des premiers signes avec sa visite officielle à Damas ?
    – Et dans la région, personne ne se réjouit vraiment de voir triompher la « révolution » soudanaise...

    #soudan

  • Ruffin chez les pharaons | SN
    https://snony.wordpress.com/2019/04/01/ruffin-chez-les-pharaons

    (A propos d’une projection de ’J’veux du soleil’ au Caire.)

    Le deuxième point qui nous a fait discuter, ce sont les yeux. Oui, ceux des éborgnés : 22 à ce jour en France c’est à dire un chiffre qui à lui seul indique une véritable intention puisque les LBD 40 utilisés à cet effet sont munis d’un viseur hyper précis et que le code d’utilisation de cette arme (rappelé ici devant une classe de CE2 par l’illustre pédagogue Castaner) interdit de viser la tête.

    En Egypte, entre le 19 et le 22 novembre 2011, alors que le processus de démocratisation C’est le mot « selmiya » (pacifique) de ce pochoir qui est orné d’une ciblesemblait en bonne voie, ont éclaté des heurts entre l’armée et les révolutionnaires. Un véritable massacre a eu lieu, rue Mohamed Mahmud, près de la place Tahrir, où de nombreux jeunes ont perdu un œil : les forces de l’ordre visaient systématiquement la tête : 31 morts et 300 blessés, recensement officiel. Des pochoirs ont fleuri par la suite sur les murs de la ville dénonçant ces mutilations (voir ce post du 22 novembre).

    Un acharnement commun qui en dit long sur la volonté des gouvernants d’aveugler et de mutiler pour faire définitivement regretter à sa jeunesse de se mêler de ce qui la regarde, son propre avenir (autre reportage ici). En Egypte, ces événements avaient abouti à un embastillement complet du centre ville, les accès à l’Assemblée Nationale et aux principaux ministères étant murés par d’énormes blocs de pierre.

    Nous aurions pu aussi parler de l’imprévisibilité de cette explosion sociale, dans la France de 2018 comme dans l’Egypte de 2011 (qui faisait tout de même suite à la révolution tunisienne du 14 janvier). Mais c’est sans doute le lot commun de toutes les cocottes minutes : l’équilibre entre la pression interne et la résistance des matériaux n’est garanti que dans un régime stable. Lorsqu’on entre dans les régimes chaotiques, c’est beaucoup plus difficile.

    #egypte #aveuglement #GJ

  • Remarques sur l’effondrement de l’Empire romain (par Ana Minski) – Le Partage
    http://partage-le.com/2019/03/de-leffondrement-de-lempire-romain-par-ana-minski

    Les éditions La Découverte ont récemment publié l’ouvrage de Kyle Harper, Comment l’Empire romain s’est effondré, le climat, les maladies et la chute de Rome. Kyle Harper, professeur d’histoire à l’université d’Oklahoma, renouvelle les connaissances sociales, environnementales et épidémiologiques de la chute de l’Empire. S’appuyant sur les dernières données archéologiques, historiques, climatiques et microbiennes, il rend compte du rôle important des changements climatiques, de l’exploitation de l’environnement et des maladies, principales causes de l’effondrement de la civilisation romaine.

    Les récentes études pluridisciplinaires intégrant les conditions climatiques, épidémiologiques et démographiques confirment que les peuples du Paléolithique bénéficiaient d’une structure sociale et d’une écologie des maladies bienveillantes[1]. La révolution néolithique, à l’origine de modes de vie exclusivement sédentaires, de régimes alimentaires plus monotones, d’habitats plus denses, de transformation des paysages, de nouvelles technologies de déplacement et de communication, permet à de nouveaux agents pathogènes de se développer. Les animaux de ferme constituent une partie du réservoir biologique d’où émergent les agents infectieux mais l’exploitation de l’environnement génère des destructions des écosystèmes, des déplacements et modifications de populations non humaines, principaux responsables de nouvelles formes de maladies. L’accroissement de la population, le développement de l’urbanisation, des moyens de subsistances nécessairement intensifs (agriculture et élevage) favorisent l’apparition d’agents infectieux toujours plus dangereux. L’état de santé des Romains, lié à l’impact environnemental de leur culture, était mauvais. « Chaque jour, on peut trouver dix mille personnes souffrant de la jaunisse et dix mille d’hydropisie » écrivit Galien qui n’ignorait pas la sagesse commune : « Quand l’année entière devient humide ou très chaude, survient nécessairement une très grande peste ». Les collines de Rome dominaient un marais, la vallée du fleuve, les bassins, les fontaines, étaient un refuge pour le moustique anophèle, vecteur du paludisme, l’un des principaux tueurs, avec la diarrhée :

    « En ville les rats grouillaient, les mouches pullulaient, les petits rongeurs couinaient dans les passages et les cours. Il n’y avait pas de théorie microbienne, on se lavait peu ou pas les mains, et la nourriture ne pouvait pas être protégée des contaminations. La cité ancienne était un lieu d’insalubrité maximale. Les maladies banales se répandant par contamination féco-orale, causes de diarrhées fatales, étaient sans doute la première cause de mortalité dans l’Empire romain. Hors des villes, la transformation du paysage a exposé les romains à des menaces tout aussi périlleuses. Les romains n’ont pas seulement modifié les paysages  ; ils leur ont imposé leur volonté. Ils ont coupé ou brûlé les forêts. Ils ont déplacé les rivières et asséché des lacs, construit des routes au travers des marais les plus impénétrables. L’empiétement humain sur de nouveaux environnements est un jeu dangereux. Il expose non seulement à de nouveaux parasites inhabituels mais peut provoquer une cascade de changements écologiques aux conséquences imprévisibles […] Les cités fétides de l’Empire étaient des boîtes de Petri grouillantes de parasites intestinaux. […] L’espérance de vie à la naissance variait entre vingt et trente ans. La force brutale des maladies infectieuses était, de loin, le facteur principal du régime de mortalité qui pesait de tout son poids sur la démographie. »

    Cet état de santé médiocre est confirmé par l’examen de la dentition qui montre un important défaut de croissance, l’hypoplasie linéaire de l’émail, qui survient au cours de l’enfance dans les cas de malnutrition et de maladie infectieuse. À l’époque de l’Empire, la civilisation romaine, fortement urbanisée et interconnectée, s’étend jusqu’au tropique, son centre écologique est la Méditerranée et ses parties occidentale et nordique sont sous l’influence de la zone climatique atlantique. La densité de l’habitat urbain, les transformations permanentes des paysages, le développement des routes terrestres et maritimes, contribuent à créer une écologie microbienne unique. Cet impact environnemental, combiné à l’évolution des pathogènes, stimule la propagation des infections chroniques, rendant plus vulnérables les populations, et permettant à la lèpre et à la tuberculose de profiter du système de circulation de l’Empire pour se développer et s’installer. La tuberculose, qui n’aurait pas plus de 5 000 ans, aime particulièrement les villes et laisse sa signature sur les os de ses victimes, ce qui permet aux archéologues de constater sa présence exceptionnelle sur les squelettes des siècles de domination romaine. Jusqu’au XXe siècle, elle est une cause importante de mortalité et reste encore aujourd’hui dangereuse. La lèpre, quant à elle, est connue depuis le IIe millénaire avant J.C. en Inde, mais commence véritablement à se développer dans le contexte archéologique de l’empire romain. Le drame de l’histoire des maladies est le résultat de la collusion permanente entre l’évolution des agents pathogènes et les rencontres humaines. Les croissances territoriale, commerciale et démographique de la civilisation romaine participent à l’explosion souterraine des maladies jusqu’à donner naissance aux premières pandémies.

    L’optimum climatique romain (OCR) est une période de climat chaud, humide et invariable qui domine la plus grande partie du cœur méditerranéen de 200 avant J.-C. à 150 après J.C. La civilisation romaine profite de ce climat bénéfique pour urbaniser des zones jusque-là difficiles à domestiquer. Pour répondre aux exigences de croissances économique et démographique qui caractérisent toute civilisation, l’urbanisation et l’agriculture colonisent la nature, créant des écosystèmes favorables à l’évolution des agents pathogènes : « Les Romains furent submergés par les forces de ce que l’on appelle l’émergence des maladies infectieuses. » Pour lutter contre une forte mortalité infantile causée par le développement des virus, bactéries et parasites, un taux de fertilité élevé est nécessaire, ce qui pèse lourdement sur le corps des femmes chargées de repeupler les rangs. La loi romaine autorise les filles à se marier dès l’âge de 12 ans. Il n’y a pas de célibataire dans le monde romain et le mariage est un engagement à procréer : « Les femmes sont habituellement mariées pour les enfants et la succession, et non pas d’abord pour le plaisir. »[2] À partir d’Auguste, l’État met en place une politique nataliste qui pénalise les personnes sans enfant et encourage la fécondité. Les femmes ont en moyenne six enfants. La principale source de croissance démographique dans l’Empire n’est pas un déclin de la mortalité mais une fertilité importante. Les Romains vivent et meurent en affrontant des vagues incontrôlées de maladies infectieuses. La terre est le principal facteur de production, et l’augmentation démographique oblige à cultiver des terres toujours moins fertiles pour en tirer toujours davantage. Ce besoin expansionniste, intrinsèque à toute civilisation, est l’un des principaux responsables des destructions environnementales :

    « L’augmentation de la population a poussé des personnes à s’installer dans les marges. Mais, de plus, le réseau serré des échanges était un encouragement pour les paysans à s’installer dans des zones où les risques étaient plus importants. Les connexions limitaient les conséquences les plus graves des années de sécheresse. Et la croissance des marchés nourrissait l’expansion entrepreneuriale et les institutions romaines poussaient exprès les paysans à occuper des terres situées aux marges. La circulation des capitaux a favorisé une explosion des travaux d’irrigation dans les régions semi-arides. L’essor économique de l’Afrique romaine a été favorisé par la construction d’aqueducs, de puits, de citernes, de terrasses, de barrages, de réservoirs et de foggaras (de longues canalisations souterraines permettant le transport de l’eau des sommets aux zones cultivées). Les technologies hydrauliques soit d’inspiration indigène soit de nature impériale se retrouvaient dans les hautes terres comme dans les vallées. Grâce à ces dispositifs l’eau était soigneusement collectée et exploitée dans les zones semi-arides occupées comme jamais auparavant par de nouvelle populations. […] Le désert a gagné des zones qui étaient sans conteste cultivées pendant l’OCR. »

    L’Empire, consommateur vorace de sources d’énergie et de matériaux, dénude les montagnes de leur manteau sylvestre, autrefois dense. Cette déforestation est à l’origine des inondations catastrophiques dont est régulièrement victime l’Empire romain, inondations quasiment inexistantes au Moyen-Âge, lorsque les montagnes se recouvrent à nouveau d’arbres. La croissance territoriale et démographique s’accompagne d’un développement commercial toujours plus frénétique et débridé :

    « … cargaison d’or, d’argent, de pierres précieuses, de perles, de fin lin, de pourpre, de soie, d’écarlate, de toute espèce de bois de senteur, de toute variété d’objets d’ivoire, ou en bois très précieux, en airain, en fer et en marbre, de cinnamome, d’aromates, de parfums, de myrrhe, d’encens, de vin, d’huile, de fine farine, de blé, de bœufs, de brebis, de chevaux, de chars, de corps et d’âmes d’hommes. »[3]

    Les marchands, toujours en quête de soie et d’épices, d’esclaves et d’ivoire, ne cessent de franchir le Sahara le long des routes commerciales, traversent l’océan Indien en passant par les ports de la mer Rouge, transportant les animaux exotiques destinés à être massacrés au cours des spectacles romains. Le vivant ayant perdu toute valeur intrinsèque, les autres espèces n’existent plus que pour servir la démesure des Empereurs et de l’élite. Le citoyen romain, incapable de remettre en question l’idéologie de la croissance démographique et économique, incapable d’envisager le monde et ses existants autrement que comme un grenier dont il peut user et abuser, assiste à la mise en scène de la surpuissance de Rome :

    « Les créatures les plus étranges capturées dans le monde entier – un véritable zoo – furent offertes au peuple et massacrées sous ses yeux : trente-deux éléphants, dix élans, dix tigres, soixante lions, trente léopards, six hippopotames, dix girafes, un rhinocéros, et une quantité innombrable d’autres bêtes sauvages, sans oublier mille couples de gladiateurs. »

    La mauvaise santé physique et psychique des sujets de l’Empire et sa destructivité écologique est également le produit d’un régime autoritaire et très hiérarchique. La République des dernières années est une période de pillage sans contrôle, et le maintien de l’Empire nécessite des négociations permanentes avec tous ceux qui vivent à l’intérieur de ses frontières. Le pillage est donc peu à peu transformé en impôts dont la collecte, confiée à la petite noblesse locale qui se voit accorder la citoyenneté, permet de transformer sur tous les continents l’élite en classe dominante au service de l’Empire. Ainsi devient-il possible de diriger un vaste territoire avec seulement quelques centaines de fonctionnaires romains. Le nombre d’habitants double, de plus en plus de territoires sont occupés et toute tentative de résistance écrasée avec violence, comme en Judée et en Bretagne. Sous Auguste, les légions citoyennes permanentes sont remplacées par des armées professionnelles et les hommes libres des provinces deviennent peu à peu des citoyens. La paix n’existe pourtant pas, la zone frontalière est constituée d’un réseau de fortins, de tours de guet et de postes d’observations, de forts construits pour surveiller les populations et les zones inamicales où sont installées d’importantes bases militaires. Avec Auguste, l’expansion territoriale ralentit mais ne s’arrête pas. Les frictions provoquées par cette expansion permanente aboutissent peu à peu à des lignes de séparation démarquant les territoires sous hégémonie romaine, et au développement d’un réseau de communication et de transport destiné à gérer le système et le pouvoir militaire depuis le centre impérial. La machine de guerre approche le demi-million d’hommes et le budget de la défense est de loin la dépense la plus importante de l’État. La paix à l’intérieur de l’Empire dépend de la discipline, de la valeur et de la loyauté d’une gigantesque armée rémunérée. D’autant plus que : « La répartition des richesses était terriblement inégale. La richesse et le statut légal formaient la structure entremêlée d’une hiérarchie sociale exacerbée. En bas, de manière légale, il y avait la vaste classe des personnes totalement non libres. L’Empire romain a été l’un des systèmes esclavagistes les plus importants et les plus complexes de l’histoire – dont l’endurance exceptionnelle est, par ailleurs, un autre signe que la surpopulation n’a pas suffisamment fait baisser le coût d’un travail libre pour rendre inutile le travail servile. »

    La population de l’Empire, constituée principalement de pauvres et de sans terre, augmente au cours des cent cinquante années qui suivent le règne d’Auguste, et atteint son maximum avant que la peste antonine éclate.
    Le livre de Kyle Harper.

    C’est ainsi qu’à la fin de l’OCR, en 165 après J.-C., sous le règne de Marc Aurèle, la peste antonine fait sept millions de victimes. L’agent pathogène de la peste antonine est probablement celui de la variole, maladie contagieuse dont le virus se propage par inhalation de gouttelettes aériennes expulsées par une personne infectée. La variole n’est pas un ennemi si ancien, tout comme la lèpre et la tuberculose, elle semble apparaître au cours des mille dernières années. Elle est particulièrement violente dans les villes et les zones côtières où la densité de la population était importante. Le réseau de transport permet sa diffusion de région en région. La peste antonine est un phénomène létal d’une ampleur telle qu’elle interrompt l’expansion démographique et économique de l’Empire, qui parvient malgré tout à se stabiliser en maintenant toujours un fort autoritarisme.

    Sous le règne des Sévères (193–235 après J.-C.) l’Empire retrouve son équilibre économique et démographique. Le pouvoir de l’armée, dont la paye n’a cessé d’augmenter, est davantage considéré. L’explosion des constructions est un des signes du rétablissement économique et démographique qui caractérisent leur règne. Septime reconstruit le grand temple de la Paix, construit l’arche de Septime, les colonnes géantes de granit d’Assouan, la Forma Urbis Romae, le Septizodium  ; son fils Caracalla finance des bains monumentaux, de grands moulins à eau et greniers gigantesques qui s’élèvent tout autour de la cité.

    « Assurément, il suffit de jeter les yeux sur l’univers pour reconnaître qu’il devient de jour en jour plus riche et plus peuplé qu’autrefois. Tout est frayé  ; tout est connu  ; tout s’ouvre au commerce. De riantes métairies ont effacé les déserts les plus fameux  ; les champs ont remplacé les forêts  ; les troupeaux ont mis en fuite les animaux sauvages  ; les sables sont ensemencés  ; l’arbre croît sur les pierres  ; les marais sont desséchés  ; il s’élève plus de villes aujourd’hui qu’autrefois de masures. Les îles ont cessé d’être un lieu d’horreur  ; les rochers n’ont plus rien qui épouvante  ; partout des maisons, partout un peuple, partout une république, partout la vie », écrit Tertullien.

    L’OCR disparait lentement, sur une durée de trois siècles, laissant place à un climat plus instable. Il y a une forte interaction entre les crues du Nil et le mode de variabilité climatique connu sous le nom de ENSO (El Niño-Southern Oscillation), un El Niño puissant, corrélé avec une crue du Nil faible. Au cours de la période romaine de transition climatique (150 – 450 après J.-C.) les phénomènes ENSO deviennent plus courants, tous les trois ans environ. Devenus dépendants des conditions favorables de la fertile vallée du Nil, les Romains sont confrontés aux oscillation de ses crues. À ces problèmes climatiques s’ajoute la peste de Cyprien, partie d’Éthiopie, qui dure plus de quinze ans, de 249 à 270 après J.-C. « Il n’y eut presque aucune province romaine, aucune cité, aucune demeure qui ne fût attaquée par cette pestilence générale et désolée par elle » (Orose). La peste de Cyprien vida l’Empire, ravage la ville sans épargner les zones rurales, « aucune peste du passé n’a provoqué une telle destruction en vies humaines » (Zosime).

    « La maladie s’abattait d’un coup sur les gens, pénétrant beaucoup plus vite que tout ce que l’on pouvait penser, se nourrissant de leur maison comme le feu si bien que les temples étaient remplis de ceux qui, terrassés par la maladie, avaient fui dans l’espoir d’être guéris. […] Tous ceux qui brûlaient de soif à cause de la faiblesse provoquée par la maladie se pressaient aux sources, aux cours d’eau et aux citernes. Mais l’eau ne parvenait pas à apaiser la flamme de l’intérieur, laissant ceux qui étaient affectés par la maladie dans le même état qu’avant. » (Grégoire de Naziance).

    La pestilence frappe sans considération d’âge, de sexe ou de condition. Il est probable que l’agent pathogène de la peste de Cyprien soit un filovirus proche de celui d’Ebola.

    Les troubles climatiques globaux des années 240 après J.C. suscitent des changements écologiques susceptibles d’être à l’origine de la peste. La pandémie frappe les soldats et les civils, les habitants des villes et des villages. Elle fait éclater l’intégrité structurelle de la machine du pouvoir plongeant l’Empire dans une succession de faillites violentes. Les frontières sont fragilisées et l’économie et l’armée mises à mal par des successions d’attaques aux frontières. L’Empire se disloque. La mortalité ravage l’armée romaine, les casernes étant des lieux propices à la propagation du virus. Le temps des empereurs-soldats commence, et la crise du IIIe siècle permet l’avènement d’une nouvelle religion, le christianisme. Dans les années 260 après. J.C., la fortune et la démographie de l’Empire sont au plus bas. La restauration est lente et les villes, plus petites et moins nombreuses, ne sont plus les mêmes. À partir de 266 après J.C., le climat se stabilise, le IVe siècle est une période de réchauffement sans précédent. Les tendances climatiques sont alors sous l’influence dominante de l’Atlantique Nord. Les fluctuations des différences de pression entre l’anticyclone des Açores et la dépression d’Islande sont connues sous le nom d’Oscillation Nord-Atlantique (ONA), et font partie des grands mécanismes climatiques du globe. Sécheresses et famines sont fréquentes, les données bioarchéologiques témoignent de la lutte contre les maladies infectieuses qui épuisaient les capacités physiques des victimes. Les microbes ne laissent aucun répit aux hommes.

    « Entre la conversion de Constantin et le saccage de Rome en 410 après J.C., nous disposons de milliers de tombes chrétiennes dans la cité impériale gardant la date du jour où le croyant a quitté ce monde (et la baisse brutale après 410 est également le signe des désordres qui ont affligé la vénérable capitale). Une fois agrégées, ces données constituent un dossier sans équivalent sur les rythmes saisonniers de la Grande Faucheuse. Les canicules estivales étaient mortelles, une vague de germes gastro-intestinaux submergeant la ville. La mortalité flambait en juillet et atteignait un pic en août et septembre. Le pic automnal met en évidence la prévalence durable du paludisme. »

    L’État collecte les impôts en or et s’en sert pour payer ses fonctionnaires. Dioclétien réquisitionne le précieux métal en procédant à de vastes expropriations. L’économie de marché se rétablit rapidement, et l’on observe alors une fusion entre les forces du marché et les forces fiscales. Les grandes banques ressuscitent, les preuves d’une activité bancaire et de crédit sont plus fortes à cette époque (au IVe siècle) qu’à aucune autre.

    « Le marchand qui veut s’enrichir équipe un navire, embauche des marins, recrute un capitaine et fait tout ce qui est par ailleurs nécessaire pour prendre la mer, emprunte de l’argent et teste les flots avant de gagner des terres étrangères. » (Jean Chrisostome)

    La renaissance de la monnaie et du crédit réveille les réseaux de commerce en Méditerranée. L’Égypte et la Palestine entrent sérieusement dans le commerce du vin aux IIIe et IVe siècle. La répartition archéologique de la céramique sigillée montre l’essor de l’Afrique jusqu’à occuper une position dominante dans les réseaux connectant l’Empire sur de longues distances. L’appât du gain unifie le monde romain, transformé en une immense zone de libre-échange. Avec la revitalisation de l’économie de marché, le système esclavagiste connaît un renouveau rapide. Comme autrefois, les esclaves sont partout : sans leur sueur et leur peine, pas de fabuleuses fortunes aristocratiques, et la richesse des propriétaires d’esclaves est visible à chaque fois que l’on jette un coup d’œil sur le mode de vie des gens aisés du IVe siècle. Posséder un esclave est le minimum pour un homme respectable. L’ampleur de la stratification sociale est vertigineuse. Il faudra attendre le temps du colonialisme transatlantique pour trouver une élite économique réussissant à accumuler des fortunes privées d’une telle ampleur. Mais l’Empire d’Occident, dont les habitants sont affaiblis par de nombreux germes, perd peu à peu face aux hordes des steppes où le climat sec est plus bénéfique et où le paludisme n’affaiblit pas la population. Les villes de l’Occident se dépeuplent ce qui génère une baisse de la mortalité.

    À la fin de l’Empire romain, les greniers à blé dominent les paysages. Le vaste réseau des villes, des navires et des entrepôts de blé forme un véritable écosystème qui bénéficie particulièrement au rat noir.

    « La fusion du commerce global et de l’infestation par les muridés a été la précondition écologique du plus grand événement sanitaire que la civilisation humaine ait jamais connu : la première pandémie de peste. »

    Elle débute sur les rives de l’Égypte en 541 avant de se répandre dans l’Empire et au-delà. La pandémie de peste bubonique submerge tout par sa durée et son intensité. Son arrivée est le signe d’un nouvel âge, sa persistance sur deux siècles est à l’origine d’une longue période de stagnation démographique.

    Justinien est le dernier des grands ingénieurs environnementaux romains, il façonne tout le paysage local en changeant le cours du Skirtus, creuse un nouveau lit pour le Cydnus, construit un pont imposant, abat une forêt pour remodeler la plaine et contrôler le débit du Drakon, répare et construit de nouveaux aqueducs. Il rêve de soumettre la nature à ses désirs, de restaurer l’Empire d’Occident et mène une campagne pour gagner les provinces occidentales mais n’apporte que la misère. Ce qui n’est rien face à la peste qui s’abat en 541, couvrant les 23 années suivantes de son règne de pestilence. Le commerce de la soie permet au rat noir de voyager vers de nouveaux territoires et le changement climatique constitue le facteur final. L’année 536 est une année sans été. Une série d’explosions volcaniques des années 530 à 540 plongent l’Empire dans un hiver de plusieurs décennies, un des plus froids de l’Holocène. Le taux de mortalité augmente jusqu’à atteindre 50 à 60 % de la population. L’ordre social s’effondre, tous les travaux s’arrêtent, les marchés de détail ferment et une famine s’installe dans la cité. Contrairement aux pandémies précédentes, la peste bubonique touche aussi les zones rurales et toutes les couches de la population dont le système immunitaire est affaibli par l’environnement insalubre du monde romain, et dont les organismes le sont également en raison de la diminution des réserves alimentaires engendrée par les anomalies climatiques des années précédentes. Durant deux siècles, de 543 à 749, la peste jaillit de ses réservoirs, provoquant des épidémies aussi violentes que soudaines. En 589 après J.-C., des pluies torrentielles s’abattent sur l’Italie, l’Agide déborde et la crue du Tibre submerge les murailles de Rome. Des églises s’effondrent, les greniers à blé du pape sont détruits. En 590, la peste emporte le pape Pélage II. En 599, l’Occident subit une nouvelle pestilence. La peste de Justinien est un événement funeste, de même que le petit âge glaciaire de l’Antiquité tardive traversé d’épisodes sismiques.

    « Pour les contemporains de cette première pandémie, c’était une incroyable nouvelle que d’apprendre qu’un peuple avait été épargné des destructions de la peste. Les Maures, les Turcs et les Arabes habitant le désert auraient été exemptés de la catastrophe globale. […] Les Maures, les Turcs et les habitants du centre de l’Arabie partageaient tous un mode de vie nomade. L’explication écologique est évidente : les formations sociales non sédentaires étaient protégées contre la collusion létale rat-puce-peste. »

    L’expansion territoriale, démographique et commerciale de l’Empire romain et son hubris architecturale n’ont eu de cesse de détruire des écosystèmes entiers : un niveau exceptionnel d’urbanisation, plus d’un millier de villes. Fortement inégalitaire et hiérarchisé, l’Empire étend son domaine agraire jusque dans les environnements les plus pauvres, épuisant les sols et la vie des habitants qui ne cessent de lutter contre les maladies et la faim. Les déforestations, l’urbanisation et l’agriculture, bien plus que les effets du changement climatique, ont eu raison de l’Empire romain qui a été incapable de remettre en question les valeurs intrinsèques à toute civilisation : expansion territoriale, croissance démographique et économique, accumulation de richesses, exploitation du monde et des vivants comme source de distraction, d’accumulation matérielle et d’orgueil.

    « Même en ce qui concerne l’environnement physique, où des forces entièrement indépendantes de l’action humaine sont à l’œuvre, les effets du changement climatique dépendaient des arrangements particuliers entre une économie agraire et la machinerie de l’empire. Et l’histoire des maladies infectieuses est toujours profondément dépendante des écologies créées par les civilisations. »

    L’histoire de l’effondrement de l’Empire romain résonne comme un avertissement à l’heure où de nouveaux agents infectieux émergent – Ebola, Lassa, Nipah, SARS, MERS, Zika – où l’urbanisation se répand comme une lèpre sur le monde sauvage, où les monocultures détruisent les sols, où nos environnements sont de plus en plus toxiques et affaiblissent nos systèmes immunitaires, où nous sommes toujours plus entassés dans des mégapoles toujours plus asphyxiantes. Mieux vaut anticiper l’effondrement de l’Empire de la civilisation industrielle et tout mettre en œuvre pour le démanteler plutôt qu’attendre que les inégalités et l’exploitation toujours plus mortifère du vivant ne nous apportent notre lot de pestilences et d’hécatombes.

    Ana Minski

    #pax_romana

  • En Egypte, les approvisionnements de gaz en provenance d’Israël commenceront au second semestre
    lundi, 18 mars 2019
    https://www.agenceecofin.com/trade/1803-64723-en-egypte-les-approvisionnements-de-gaz-en-provenance-d-isr

    (Agence Ecofin) - Tarek El-Molla, le ministre égyptien du Pétrole, vient d’annoncer que son pays commencera à recevoir du gaz d’Israël à partir du milieu de l’année. Cette information survient après que des problèmes inattendus ont surgi avec le gazoduc reliant les deux pays et qui acheminera le combustible.

    Le gazoduc qui est dénommé EMG permettra de transporter 64 milliards de mètres cubes de gaz naturel, pour un montant de 15 milliards de dollars, pendant 10 ans, depuis les champs Tamar et Leviathan. Ceci conformément à un accord signé le 19 février 2018 entre la société Dolphinus Holdings qui opèrera un agrégat des volumes achetés et les partenaires des deux champs. (...)

    #IsraelEgypte

  • Luttes et Résistances. Rencontres documentaires 2019
    https://nantes.indymedia.org/articles/44910

    Rencontres #du film documentaire : Luttes et Résistances les 22, 23 et 24 mars, salle Stevenson à #st #jean du #gard.De l’Ukraine à l’Égypte, de l’Australie à l’Algérie, de l’univers du #squat à la forêt de Bornéo, d’un siècle à l’autre... multiples invitations au voyage à la source du questionnement et de l’engagement.Ouverture des Rencontres le vendredi 22, samedi et dimanche : expositions, projections et débats à partir de 9h. Participation libre.

    #Répression #Resistances #contrôle #social #aéroport #notre-dame-des-landes #/ #culture #logement #art #immigration #sans-papieres #frontieres #Répression,Resistances,contrôle,social,aéroport,notre-dame-des-landes,/,squat,culture,logement,art,immigration,sans-papieres,frontieres

  • Leçons du mouvement des Gilets jaunes, Badiou
    https://drive.google.com/file/d/1VGECYnlh_LgRRwKvtgd_uSU7liyudQvm/view

    La conséquence de tout cela est que la bourgeoisie française — son oligarchie dominante, les actionnaires du CAC 40 — ne peut plus entretenir à son service, sur le même pied qu’avant, notamment avant la crise de 2008, une classe moyenne politiquement servile. Cette classe moyenne a été en effet le support historique à peu près constant de la prééminence électorale des diverses droites, prééminence dirigée contre les ouvriers organisés des grandes concentrations industrielles, lesquels étaient tentés par le communisme entre les années vingt, et, justement, les années 1980-1990.
    D’où la levée actuelle d’une part importante, et populaire, de cette classe moyenne, qui a le sentiment d’être abandonnée, contre Macron, qui est l’agent de la « modernisation » capitaliste locale, ce qui veut dire : serrer partout la vis, économiser, austériser, privatiser, sans les égards, qui existaient encore il y a trente ans, pour le confort des classes moyennes, en échange de leur consentement au système dominant.

    Où l’on vérifie que « le plus grand penseur français » (Aude Lancelin) se montre apte à dégouter du marxisme voire de toute théorisation tout lecteur un tant soit peu attentif qui se refuse à définir le soulèvement Gilets jaunes comme une mobilisation des « classes moyennes », fussent-elles « populaires ».
    Je vais pas égrener ici le genre de « catégories sociales » qui sont au coeur de ce soulèvement, du cariste à l’aide soignante, de l’infirmière aux intérimeuses. Juste signaler, par exemple, que seule l’idéologie autorise à considérer globalement les #auto_entrepreneurs comme des patrons (de qui ?!, à combien ?).

    #idéologie #Bad_You !! #shame #classes_moyennes #Gilets_Jaunes #marxisme_fossile

    • Une version reçue par mel, histoire de ne pas avoir besoin d’un compte gougueule

      Leçons du mouvement des « gilets jaunes » - Alain Badiou —

      Que faut-il penser, ce qui s’appelle penser, et non courir en aboyant, de la contradiction, violente, durable, entre le mouvement des gilets jaunes et les autorités de l’Etat, conduites par le petit président Macron ?
      J’ai dit fermement, dès le tour final des élections présidentielles, que je ne me rallierai jamais ni bien entendu à Marine Le Pen, capitaine de l’extrême-droite parlementaire, ni à Macron, qui montait ce que j’ai appelé « un coup d’Etat démocratique », au service pseudo-réformateur du grand capital.

      Aujourd’hui, je ne change évidemment rien à mon jugement sur Macron. Je le méprise sans aucune retenue. Mais que dire du mouvement des gilets jaunes ? Je dois avouer qu’en tout cas, dans ses débuts, l’année dernière, je n’y ai rien trouvé, que ce soit dans sa composition, ses affirmations ou ses pratiques, qui soit à mes yeux politiquement novateur, ou progressiste.

      Que les raisons de cette révolte soient nombreuses, et qu’à ce titre on puisse considérer le mouvement comme légitime, je l’accorde sans hésiter. Je connais la désertification des zones rurales, le triste silence des rues abandonnées dans les villes petites, et même moyennes ; l’éloignement continu, pour des masses de gens, des services publics, du reste peu à peu privatisés : dispensaires, hôpitaux, écoles, bureaux de poste, gares de la SNCF, téléphone. Je sais qu’une paupérisation, d’abord rampante, puis accélérée, affecte des populations qui, il y a quarante ans encore, bénéficiaient d’un pouvoir d’achat en progression quasi continue. Il est certain que les formes nouvelles de la fiscalité, son aggravation, peuvent apparaître comme une des causes de cette paupérisation. Je n’ignore nullement que la vie matérielle de familles entières devient un casse-tête, notamment pour de nombreuses femmes, du reste très actives dans le mouvement des gilets jaunes
      En résumé : il y a en France un très fort mécontentement de ce qu’on peut nommer la partie laborieuse, majoritairement provinciale, et aux revenus modérés, de la classe moyenne. Le mouvement des gilets jaunes est une représentation significative, en forme de révolte active et virulente, de ce mécontentement.

      Les raisons historico-économiques de cette levée sont, pour qui veut bien les entendre, parfaitement claires. Elles expliquent du reste pourquoi les gilets jaunes renvoient le début de leurs malheurs à il y a quarante ans : en gros, les années quatre-vingt, début d’une longue contre-révolution capitalo-oligarchique, appelée à tort « néo-libérale » alors qu’elle était libérale tout court. Ce qui veut dire : retour à la sauvagerie du capitalisme du XIXe siècle. Cette contre-révolution venait en réaction aux dix « années rouges » — grosso modo de 1965 à 1975 —, dont l’épicentre français fut Mai 68 et l’épicentre mondial la Révolution Culturelle en Chine. Mais elle fut considérablement accélérée par l’effondrement de l’entreprise planétaire du communisme, en URSS, puis en Chine : plus rien, à échelle mondiale, ne s’opposait à ce que le capitalisme et ses profiteurs, singulièrement l’oligarchie trans-nationale des milliardaires, exercent un pouvoir sans limites.
      Bien entendu, la bourgeoisie française a suivi le mouvement contre-révolutionnaire. Elle en a même été une capitale intellectuelle et idéologique, avec les agissements des « nouveaux philosophes », qui ont veillé à ce que l’Idée communiste soit partout pourchassée, non seulement comme fausse, mais comme criminelle. De nombreux intellectuels, renégats de Mai 68 et du maoïsme, ont été de consciencieux chiens de garde, sous des vocables fétiches et inoffensifs, comme « liberté », « démocratie », ou « notre république », de la contre-révolution bourgeoise et libérale.

      Cependant, la situation de la France, peu à peu, des années quatre-vingt à aujourd’hui, s’est dégradée. Ce pays n’est plus ce qu’il a été pendant les « trente glorieuses » de la reconstruction d’après-guerre. La France n’est plus une puissance mondiale forte, un impérialisme conquérant. On la compare couramment, aujourd’hui, à l’Italie, voire à la Grèce. La concurrence la fait reculer partout, sa rente coloniale est au bout du rouleau et demande, pour être maintenue, d’innombrables opérations militaires en Afrique, coûteuses et incertaines. En outre, comme le prix de la force de travail ouvrière est bien plus bas ailleurs qu’en France, par exemple en Asie, les grandes usines sont toutes peu à peu délocalisées vers l’étranger. Cette désindustrialisation massive entraîne une sorte de ruine sociale qui s’étend de régions entières, comme la Lorraine et sa sidérurgie ou le Nord des usines textiles et des mines de charbon, jusqu’à la banlieue parisienne, du coup livrée à la spéculation immobilière sur les innombrables friches laissées par des industries en perdition.

      La conséquence de tout cela est que la bourgeoisie française — son oligarchie dominante, les actionnaires du CAC 40 — ne peut plus entretenir à son service, sur le même pied qu’avant, notamment avant la crise de 2008, une classe moyenne politiquement servile. Cette classe moyenne a été en effet le support historique à peu près constant de la prééminence électorale des diverses droites, prééminence dirigée contre les ouvriers organisés des grandes concentrations industrielles, lesquels étaient tentés par le communisme entre les années vingt, et, justement, les années 1980-1990. D’où la levée actuelle d’une part importante, et populaire, de cette classe moyenne, qui a le sentiment d’être abandonnée, contre Macron, qui est l’agent de la « modernisation » capitaliste locale, ce qui veut dire : serrer partout la vis, économiser, austériser, privatiser, sans les égards, qui existaient encore il y a trente ans, pour le confort des classes moyennes, en échange de leur consentement au système dominant.

      Les gilets jaunes, arguant de leur bien réelle paupérisation, veulent qu’on leur paie de nouveau ce consentement au prix fort. Mais c’est absurde, puisque précisément le macronisme est le résultat du fait que l’oligarchie, premièrement a moins besoin du soutien des classes moyennes, dont le financement était coûteux, depuis que le danger communiste a disparu ; et deuxièmement n’a plus les moyens de se payer une domesticité électorale de la même envergure qu’autrefois. Et que donc, il faut aller, sous couvert de « réformes indispensables » vers une politique autoritaire : une nouvelle forme du pouvoir d’Etat servira de support à une « austérité » juteuse, étendue du peuple des chômeurs et des ouvriers jusqu’aux couches inférieures de la classe moyenne. Et ce pour le profit des vrais maîtres de ce monde, à savoir les actionnaires principaux des grands groupes de l’industrie, du commerce, des matières premières, des transports et de la communication.

      Dans le Manifeste du Parti communiste, écrit en 1848, Marx examinait déjà ce type de conjoncture, et parlait, au fond, avec précision, de ce que sont aujourd’hui nos gilets jaunes. Il écrivait ceci : La classe moyenne, les petits fabricants, les détaillants, les artisans, les paysans combattent la Bourgeoisie, parce qu’elle compromet leur existence en tant que classe moyenne. Ils ne sont donc pas révolutionnaires, mais conservateurs  ; qui plus est, ils sont réactionnaires  ; ils demandent que l’histoire fasse machine arrière.
      Ils le demandent aujourd’hui d’autant plus âprement que la bourgeoisie française n’est plus en état, vu le tour pris par le capitalisme mondialisé, de soutenir et encore moins d’augmenter leur pouvoir d’achat. Les gilets jaunes « combattent la Bourgeoisie », comme le dit Marx, c’est vrai. Mais ils le font pour restaurer un ordre ancien et périmé, et non pour inventer un nouvel ordre social et politique, dont les noms ont été, depuis le XIXe siècle, « socialisme », ou, surtout, « communisme ». Car pendant presque deux siècles, tout ce qui n’était pas peu ou prou défini selon une orientation révolutionnaire était très justement considéré comme relavant de la réaction capitaliste. Il n’y avait, en politique, que deux grandes voies. Nous devons absolument revenir vers cette conviction : deux voies, en politique, deux seulement, et jamais une poussière « démocratique » de pseudo tendances, sous la houlette d’une oligarchie qui se déclare « libérale ».
      Ces considérations générales nous permettent de revenir aux caractéristiques concrètes du mouvement des gilets jaunes. Ses caractéristiques en quelque sorte spontanées, celles qui ne sont pas dues à des interventions extérieures au courant principal de la levée, sont en réalité « réactionnaires », comme le dit Marx, mais en un sens plus moderne : on pourrait appeler la subjectivité de ce mouvement un individualisme populaire, rassemblant des colères personnelles liées aux formes neuves de la servitude aujourd’hui imposée à tous par la dictature du Capital.

      C’est la raison pour laquelle il est faux de dire, comme le font certains, que le mouvement des gilets jaunes est intrinsèquement fasciste. Non. Le fascisme organise de façon le plus souvent très disciplinée, voire militarisée, des motifs identitaires, nationaux ou racialistes. Il y a dans la présente levée inorganisée – comme l’est toujours la classe moyenne urbaine — et de ce fait même individualiste, des gens de toutes sortes, de tous métiers, qui se pensent souvent, et sincèrement, comme démocrates, qui en appellent aux lois de la République – ce qui, aujourd’hui en France, ne mange pas de pain. A vrai dire, chez la grande majorité d’entre eux, les convictions proprement politiques sont flottantes. Mais à considérer le mouvement — encore une fois tel qu’il se donne dans sa « pureté » initiale – à partir de ses rares aspects collectifs, mots d’ordre, énoncés répétés, je n’y vois rien qui me parle, m’intéresse, me mobilise. Leurs proclamations, leur désorganisation périlleuse, leurs formes d’action, leur absence assumée de pensée générale et de vision stratégique, tout cela proscrit l’inventivité politique. Je ne suis certes pas conquis par leur hostilité à toute direction incarnée, leur crainte obsessionnelle de la centralisation, du collectif unifié, crainte qui confond, comme le font tous les réactionnaires contemporains, démocratie et individualisme. Rien de tout cela n’est de nature à opposer au très odieux et misérable Macron une force progressiste, novatrice et victorieuse au long cours.
      Je sais que les adversaires de droite du mouvement, notamment chez les intellectuels renégats, les ex-révolutionnaires devenus les chantres du pouvoir policier dès lors que l’oligarchie et l’Etat leur assurent des tribunes pour leur bavardage libéral – accusent le soulèvement « gilets jaunes » d’antisémitisme ou d’homophobie, ou encore de « danger pour notre République ». Je sais aussi que s’il existe des traces de tout cela, elles sont le résultat, non d’une conviction partagée, mais d’une présence, d’une infiltration active, de l’extrême-droite dans un mouvement désorganisé au point qu’il est vulnérable à toutes les manipulations imaginables. Mais enfin, ne nous voilons pas la face : Divers indices, notamment des traces évidentes de nationalisme à courte vue, d’hostilité latente aux intellectuels, de « démocratisme » démagogique dans le style crypto-fasciste de « le peuple contre les élites », et de confusion dans les discours, doivent inciter quiconque à être prudent dans toute appréciation trop globale de ce qui se passe aujourd’hui. Acceptons de voir que les ragots des « réseaux sociaux » tenant lieu, pour la majorité des gilets jaunes, d’information objective, la conséquence en est que circulent partout dans le mouvement des pulsions complotistes aberrantes.

      Un proverbe d’autrefois dit que « tout ce qui bouge n’est pas rouge ». Et pour le moment, du « rouge », dans le mouvement des gilets, qui certes « bouge », il n’est pas question : je ne vois, outre le jaune, que du tricolore, toujours un peu suspect à mes yeux.
      Bien sûr, les ultragauches, les anti-fafs, les dormeurs éveillés de nuit-debout, ceux qui sont toujours à l’affût d’un « mouvement » à se mettre sous la dent, les vantards de « l’insurrection qui vient », célèbrent les proclamations démocratiques (en fait, individualistes et à courte vue), introduisent le culte des assemblées décentralisées, s’imaginent refaire bientôt la prise de la Bastille. Mais ce sympathique carnaval ne peut m’impressionner : il a conduit partout, depuis dix ans et plus, à de terribles défaites, payées très chères par les peuples. En effet, les « mouvements » de la dernière séquence historique, de l’Egypte et du « printemps arabe » à Occupy Wall Street, de ce dernier à la Turquie des grandes places, de cette Turquie à la Grèce des émeutes, de la Grèce aux indignés de tous bords, des indignés à Nuit Debout, de Nuit Debout aux Gilets Jaunes, et bien d’autres encore, semblent très ignorants des lois réelles et implacables qui gouvernent aujourd’hui le monde. Passés les grisants mouvements et rassemblements, les occupations de toutes sortes, ils s’étonnent que la partie soit si dure, et que toujours on échoue, voire même qu’on a, chemin faisant, consolidé l’adversaire. Mais la vérité est qu’ils n’ont même pas constitué le début d’un antagonisme réel, d’une autre voie, à portée universelle, au regard du capitalisme contemporain.

      Rien n’est plus important, dans le moment actuel, que d’avoir présentes à l’esprit les leçons de cette séquence des « mouvements », gilets jaunes compris. On peut les résumer en une seule maxime : un mouvement dont l’unité est strictement négative, ou bien échouera, donnant le plus souvent une situation pire que celle qui sévissait à son origine, ou bien devra se diviser en deux, à partir du surgissement créateur, en son sein, d’une proposition politique affirmative qui soit réellement antagonique à l’ordre dominant, proposition soutenue par une organisation disciplinée.

      Tous les mouvements des dernières années, quelle que soit leur localisation et leur durée, ont suivi une trajectoire pratiquement similaire et en vérité catastrophique :
      –- unité initiale constituée strictement contre le gouvernement en place. C’est le moment qu’on peut dire « dégagiste », de « Moubarak dégage » à « Faire la fête à Macron »
      –- unité maintenue par un mot d’ordre complémentaire lui-même exclusivement négatif, après un temps de bagarres anarchiques, quand la durée commence à peser sur l’action de masse, mot d’ordre du genre « à bas la répression », « à bas les violences policières ». Le « mouvement », alors, faute de contenu politique réel, ne se réclame plus que de ses blessures ;
      –- unité défaite par la procédure électorale, quand une partie du mouvement décide d’y participer, une autre non, sans qu’aucun contenu politique véritable ne soutienne ni la réponse positive, ni la négative. Au moment où j’écris ces lignes, la prévision électorale ramène Macron à ses scores antérieurs au mouvement des gilets, le total de la droite et de l’extrême droite à plus de 60%, et le seul espoir de la gauche défunte, la France Insoumise, à 7%.
      –- D’où : venue au pouvoir, par les élections, de pire qu’avant. Soit que la coalition déjà en place les remporte, et ce de façon écrasante (ce fut le cas en Mai 68 en France) ; ou qu’une formule « nouvelle » en fait étrangère au mouvement et fort peu agréable soit victorieuse (en Egypte, les frères musulmans, puis l’armée avec Al Sissi ; Erdogan en Turquie) ; ou que les gauchistes en parole soient élus mais capitulent aussitôt sur le contenu (Syriza en Grèce) ; ou que l’extrême droite soit à elle seule victorieuse (le cas de Trump aux USA) ; ou qu’un groupe issu du mouvement s’acoquine avec l’extrême droite pour s’installer dans le fromage gouvernemental (le cas italien, avec l’alliance du mouvement cinq étoiles et des fascistoïdes de la ligue du nord). Remarquons que ce dernier cas a ses chances en France, si parvient à fonctionner une alliance d’une organisation prétendument venue des « gilets jaunes » et de la secte électorale de Marine Le Pen.

      Tout cela parce qu’une unité négative est hors d’état de proposer une politique, et sera donc en définitive écrasée dans le combat qu’elle engage. Mais pour proposer un au-delà de la négation, encore faut-il identifier l’ennemi, et savoir ce que signifie de faire réellement autre chose que lui, absolument autre chose. Ce qui implique a minima une connaissance effective du capitalisme contemporain à échelle mondiale, de la place décadente qu’y occupe la France, des solutions de type communiste concernant la propriété, la famille (l’héritage) et l’Etat, des mesures immédiates mettant en route ces solutions, comme aussi un accord, venu d’un bilan historique, des formes d’organisation appropriées à ces impératifs.

      Pour assumer tout cela, seul une organisation ressuscitée sur des bases nouvelles peut rallier, en quelque sorte au futur, une partie des classes moyennes en déroute. Il est alors possible, comme l’écrit Marx, que [la classe moyenne] agisse révolutionnairement, par crainte de tomber dans le Prolétariat  : ils défendent alors leurs intérêts futurs et non leurs intérêts actuels  ; ils abandonnent leur propre point de vue pour se placer à celui du prolétariat.

      Il y a là une indication précieuse, qui autorise une conclusion partiellement positive, mais sur un point essentiel : il existe sans doute une gauche potentielle du mouvement des gilets jaunes, une très intéressante minorité : celle que constituent ceux des activistes du mouvement qui, en fait, découvrent qu’il faut penser leur cause au futur et non au présent, et inventer, au nom de ce futur, leur ralliement à autre chose que leurs revendications statiques sur le pouvoir d’achat, les taxes, ou la réforme de la constitution parlementaire.
      On pourrait dire alors que cette minorité peut constituer une part du peuple réel, soit le peuple au sens où il porte une conviction politique stable, incarnant une voie réellement antagonique à la contre-révolution libérale.

      Bien sûr, sans incorporation massive des nouveaux prolétaires, les gilets jaunes ne peuvent représenter, tels quels, « le peuple ». Ce serait le réduire, ce peuple, à la nostalgie de la partie la plus démunie de la classe moyenne pour son statut social en perdition. Pour être, aujourd’hui, en politique, « le peuple », il faut que la foule mobilisée comporte un contingent fort et central du prolétariat nomade de nos banlieues, prolétariat venu d’Afrique, d’Asie, d’Europe de l’Est, d’Amérique latine ; il faut qu’elle affiche des signes clairs de rupture avec l’ordre dominant. D’abord dans les signes visibles, comme le drapeau rouge à la place du tricolore. Ensuite dans ce qui est dit, comme des tracts et des banderoles porteurs de directives et d’affirmations antagoniques à cet ordre. Ensuite encore, dans les exigences minimales qu’il faut clamer, par exemple l’arrêt total des privatisations et l’annulation de toutes celles qui ont eu lieu depuis le milieu des années quatre-vingt. Il faut avoir comme idée maîtresse le contrôle collectif sur tous les moyens de production, tout l’appareil bancaire, et tous les services publics (santé, éducation, transports, communication). Bref, le peuple politique ne peut se contenter, pour exister, de rassembler quelques milliers de mécontents, fussent-ils, ce que je crois, cent mille, et de réclamer d’un Etat — déclaré par ailleurs, à juste titre, détestable — qu’il veuille bien vous « considérer », organiser pour vous des référendums (lesquels, par exemple ?), entretenir quelques services de proximité et remonter un peu votre pouvoir d’achat en diminuant vos impôts.

      Mais passées les exagérations, les rodomontades, le mouvement des gilets jaunes peut être très utile dans l’avenir, comme le dit Marx : du point de vue de son futur. Si en effet nous nous tournons vers cette minorité d’activistes du mouvement des gilets jaunes qui, à force de se réunir, d’agir, de parler, ont compris en quelque sorte de façon intuitive qu’il leur fallait acquérir une vision d’ensemble, à échelle mondiale comme française, de ce qui est la source véritable de leur malheur, à savoir la contre-révolution libérale ; et qui par conséquent sont prêts à participer aux étapes successives de la construction d’une force de type nouveau ; alors, ces gilets jaunes, pensant à partir de leur futur ; contribueront sans aucun doute à l’existence, ici, d’un peuple politique. C’est pourquoi nous devons leur parler, et s’ils y consentent, organiser avec eux des réunions où se constitueront les premiers principes de ce qu’on peut appeler, ce qu’on doit appeler pour être clair, même si le mot est devenu, ces trente dernières années, à la fois maudit et obscur, un communisme, oui, un communisme nouveau. Comme l’expérience l’a montré, le rejet de ce mot a aussi bien donné le signal d’une régression politique sans précédent, celle-là même contre se lèvent, sans trop le savoir, tous les « « mouvements » de la dernière période, y compris ce qu’il y a de meilleur dans les « gilets jaunes » : les militants qui espèrent un nouveau monde.
      Pour commencer, ces nouveaux militants soutiendront ce que je crois être indispensable : créer, partout où on le peut, des grandes banlieues aux petites villes désertées, des écoles où les lois du Capital et ce que veut dire les combattre au nom d’une orientation politique totalement différente, soient enseignées et discutées de façon claire. Si au-delà de l’épisode « gilets jaunes contre Macron blanc », mais porté par ce que cet épisode avait au futur de meilleur, un tel réseau d’écoles politiques rouges pouvait voir le jour, le mouvement, par son indirecte puissance d’éveil, s’avèrerait avoir eu une véritable importance.

    • Considérer les professions intermédiaires uniquement à l’aune de la France est une erreur monumentale, actuellement, et oui, il s’agit bien de la classe moyenne à l’échelle mondiale. Et les Macron, Trump et autres Poutine gouvernent, ou plutôt dirigent, à l’échelle mondiale, eux, dans les sillons des multinationales.

  • Gaza. Une catastrophe sanitaire délibérément entretenue
    Ahmed Abbes > 7 mars 2019
    https://orientxxi.info/magazine/gaza-une-catastrophe-sanitaire-deliberement-entretenue,2951
    https://orientxxi.info/local/cache-vignettes/L800xH399/32b8fe810c3e81c0f4eb16ef19153b-2529b.jpg?1551887069

    Ahmed Abbes. – Vous vous rendez depuis plus de huit ans à Gaza ; pourriez-vous nous décrire la situation sanitaire dans cette enclave et son évolution sous l’effet du blocus ?

    Tarek Loubani. — La situation sanitaire à Gaza est désastreuse et elle s’aggrave encore. Depuis la Grande Marche du retour (voir encadré), ce qui était un désastre à développement lent est devenu une catastrophe manifeste et actuelle. Le blocus a éliminé la capacité du système de santé à gérer les besoins quotidiens en soins longtemps avant le début de la Marche.

    Les patients souffrant de maladies chroniques comme les affections rénales et le diabète pâtissaient déjà du manque d’équipement approprié — des machines à dialyse par exemple —, et des médicaments nécessaires pour gérer leur pathologie. Les patients atteints d’un cancer étaient et restent complètement soumis au caprice de l’appareil de sécurité israélien qui est accusé d’échanger l’accès des patients cancéreux à un traitement vital contre des renseignements et des interrogatoires de ces patients. Que ce soit intentionnel ou non, le blocus empêche des médicaments essentiels et des équipements médicaux d’entrer dans Gaza. Il empêche le personnel de santé palestinien de voyager librement pour se former ailleurs et le personnel de santé international, comme moi, de voyager librement pour fournir des soins et des formations dans Gaza. Il dégrade aussi, et élimine, l’infrastructure essentielle dont tout système de santé a besoin pour survivre, comme l’électricité ou l’eau potable.

    Il y a eu une brève lueur d’espoir quand l’Égypte a élu son premier gouvernement démocratique en 2012. Les conditions de soins se sont améliorées de manière significative jusqu’à ce qu’une dictature militaire renverse le gouvernement et relance la collaboration de l’Égypte, en position subalterne, au blocus israélien. Cette période nous montre à quel point Gaza est capable de défendre son propre système de santé et de prendre soin de sa population si on ne l’empêche pas activement de le faire. (...)

    #GAZA

  • Heurts à la #frontière de #Gaza en 2018 : Israël pourrait avoir commis des crimes de guerre et contre l’humanité

    Jeudi, la Commission d’enquête internationale indépendante sur les manifestations dans les territoires occupés palestiniens a présenté son rapport au Palais des Nations. Elle juge « illégale » l’utilisation de #balles_létales contre des civils en grande partie pacifiques.

    Mohammad Obei, 24 ans, était un footballeur. A 9 heures du matin, le 30 mars 2018 à El Bureij, il était à près de 150 mètres de la frontière séparant Gaza d’Israël. Les forces de sécurité israéliennes lui ont tiré dans les jambes alors qu’il marchait, mettant une fin brutale à sa carrière sportive. Naji Abu Hojayeer, 24 ans, s’était enroulé dans un drapeau palestinien. Il était debout à 300 mètres de la barrière de séparation. Il a lui aussi été abattu d’une balle dans l’abdomen. Yousef, un étudiant en journalisme, portait le gilet indiquant qu’il était de la presse. Il photographiait les manifestants palestiniens à 800 mètres de la barrière. Visé par deux balles, il a perdu sa jambe droite. Il y a encore ce cas, terrible, de Fadi Abu Salmi. Amputé des deux jambes après avoir été victime de frappes aériennes israéliennes en 2008, se déplaçant dans une chaise roulante, il a été abattu par un sniper israélien à Abasan Al-Jadida, l’un des cinq lieux de manifestations alors qu’il était à 300 mètres de la frontière.
    Des amputations

    La liste n’est de loin pas exhaustive. 6106 Gazaouis ont été blessés au cours de manifestations tenues entre le 30 mars et le 31 décembre 2018 à la frontière entre la bande de Gaza et Israël. 4903 d’entre eux l’ont été aux jambes et 122 ont dû subir des amputations. 189 Palestiniens ont été tués dont 183 par balles réelles dont 35 enfants. C’est le constat qu’a dressé jeudi au Palais des Nations à Genève la Commission d’enquête internationale indépendante sur les manifestations dans les territoires occupés palestiniens mandatée par le Conseil des droits de l’homme de l’ONU. Celle-ci l’écrit noir sur blanc dans un rapport qu’Israël juge « hostile, mensonger et partial » : les sérieuses violations des droits de l’homme constatées pourraient constituer des crimes contre l’humanité, voire des crimes de guerre. Elle somme Tel-Aviv d’enquêter sur ces cas.

    Les manifestations de l’an dernier ont fait grand bruit, notamment le jour de l’inauguration de l’ambassade des Etats-Unis déplacée de Tel-Aviv à Jérusalem le 14 mai 2018 et du 70e anniversaire de la Nakba. Face au tollé international provoqué par la riposte de Tsahal, les autorités israéliennes avaient d’emblée justifié leurs actions pour contrer la volonté palestinienne d’en découdre avec Israël. Le 13 mai 2018, les forces israéliennes (IDF) avertissaient dans une vidéo : « L’organisation terroriste Hamas prévoit d’envoyer des terroristes armés parmi les 250 000 émeutiers violents pour franchir la frontière avec Gaza et entrer dans des communautés israéliennes […] et prévoit de perpétrer un massacre en Israël. » Le 14 mai, il en résulta bien un massacre. Mais ce sont les snipers israéliens qui tuèrent 60 manifestants et en blessèrent au moins 1162.

    Président de la Commission d’enquête, Santiago Canton conteste fermement l’idée selon laquelle les manifestants étaient des terroristes : « Les manifestations à la frontière n’étaient pas de nature militaire, mais civile. Dans leur écrasante majorité, les participants n’étaient pas armés. Le droit international humanitaire devait donc s’appliquer. » L’idée de la « grande marche du retour » a germé dans la tête d’Ahmed Abu Artema, un journaliste et poète palestinien de 34 ans au début de 2018. L’idée est devenue un mouvement.

    La commission, dont les trois experts ont mené plus de 325 interviews en Jordanie, en Egypte et en Turquie faute d’avoir pu obtenir de Tel-Aviv l’accès aux territoires palestiniens, s’est beaucoup penchée sur la doctrine d’engagement des forces israéliennes. Pour elle, vu la nature largement pacifique des manifestations, il était illégal d’utiliser des munitions létales contre les manifestants. La centaine de tireurs d’élite, dotés d’équipements ultra-modernes, postés à la frontière, n’aurait pas dû pouvoir tirer sur la foule alors qu’il n’y avait pas un danger de mort imminent. Seuls deux actes violents d’individus palestiniens auraient pu justifier un tel usage de la force. Une vidéo présentée à l’ONU montre de nombreux manifestants se faire abattre alors qu’ils se tiennent simplement dans la foule.
    Cour pénale internationale

    Une minorité de protestataires ont lancé des pierres, brûlé des pneus et utilisé des cerfs-volants ou des ballons incendiaires qui ont occasionné d’importants dégâts du côté israélien. Un soldat israélien a été tué et quatre autres blessés. Parmi les graves violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire, la commission mentionne les tirs de snipers israéliens qui ont délibérément visé des journalistes, des travailleurs de la santé, des personnes handicapées.

    La commission d’enquête invite la haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’homme Michelle Bachelet à soumettre les dossiers de responsables présumés aux juridictions nationales et internationales, y compris à la Cour pénale internationale. Elle appelle même les Etats membres de l’ONU à imposer des sanctions contre les individus identifiés par la commission comme responsables des massacres. Elle demande aussi aux autorités de fait de Gaza (Hamas) d’interdire l’usage de cerfs-volants incendiaires.

    https://www.letemps.ch/monde/heurts-frontiere-gaza-2018-israel-pourrait-commis-crimes-guerre-contre-lhuma
    #crimes_de_guerre #crimes_contre_l'umanité #ONU #Israël #Palestine #frontières
    ping @reka

  • Electro palestinienne : levant en poupe
    Guillaume Gendron, Libération, le 25 février 2019
    https://next.liberation.fr/musique/2019/02/24/electro-palestinienne-levant-en-poupe_1711373

    A l’occasion de la carte blanche donnée à Electrosteen à Paris, rencontre avec les figures majeures de « l’Arab Touch », une scène qui ne cesse de grandir et de s’exporter avec succès, donnant une visibilité inédite aux diverses facettes de l’identité palestinienne.

    Aux oreilles non arabisantes, le nom du club, Kabareet, sonne anodinement exotique. Confusion savamment pensée entre « cabaret » et le mot arabe pour « allumette ». Ce n’est pas tant que ce club soit un brasier mais plutôt une lueur : l’épicentre de la scène électronique palestinienne, ici à Haïfa, au nord d’Israël, dans cette ville mixte où les juifs vivent en haut de la colline et les Arabes au bord de la mer. Un refuge où tout le monde peut venir danser, boire et s’oublier. Y compris les Palestiniens de Cisjordanie entrés sans permis, parfois en escaladant les huit mètres de béton du mur de séparation.

    Nimbé dans une lumière pourpre, sous les voûtes d’une vieille bâtisse aux pierres apparentes, Ayed Fadel, cheveux ras à l’exception d’un luxuriant chignon de dreadlocks, annonce au micro le prochain DJ, venu spécialement de Londres. Le charismatique pilier du collectif Jazar Crew, maître des lieux, appelle la foule - piercée, tatouée, surlookée - à « s’aimer, à refuser le racisme, le sexisme et l’homophobie ». Dans une pièce attenante, à côté d’une tireuse à bière, Nasser Halahlih est d’humeur rétrospective. Ce lieu, ce n’est pas tant qu’il en avait rêvé, c’est que longtemps, il n’avait jamais songé qu’il puisse exister. « Il fallait un public, dit-il. Quand j’ai commencé, j’étais putain de seul. Il y a encore dix ans, avant le Jazar, t’aurais jamais pu ouvrir un tel endroit. Les choses ont beaucoup changé. »

    Nasser Halahlih, 37 ans (qui se produit le 1er mars à l’Institut du monde arabe (Paris Ve) dans le cadre des Arabofolies et de la carte blanche au projet « made in Palestine » Electrosteen) est souvent présenté comme le pionnier de cette scène palestinienne. Aussi protéiforme et éparpillée que soudée et cohérente, et désormais scrutée à l’échelle mondiale à l’heure où le microcosme techno se déchire sur la question du boycott culturel d’Israël. Le fiasco du Meteor Festival, en septembre, en a donné l’illustration flagrante, voyant la majorité des musiciens européens se retirer suite aux appels du collectif #DJsForPalestine, après des jours de débats houleux sur les réseaux.

    Bandes d’ados et raves sauvages
    Fils d’une figure du théâtre palestinien, Nasser Halahlih a grandi entre Nazareth et Haïfa, les deux grandes villes arabes d’Israël, avec un passeport affichant le chandelier à sept branches, comme tous ceux que l’Etat hébreu désigne comme la minorité « arabe-israélienne ». Les concernés se réfèrent généralement à eux-mêmes en tant que Palestiniens de « 48 », la date de création d’Israël. Et, du point de vue arabe, de la nakba (« la catastrophe »). Distinguo crucial, tant l’identité palestinienne est fragmentée - entre la diaspora, les réfugiés, les Gazaouis, les habitants de Cisjordanie sous occupation et donc « ceux de 48 ».

    Les années, l’isolation et la séparation des communautés ont creusé les différences sociales et culturelles, que ce mouvement cherche à enjamber, si ce n’est combler. D’où le nom du combo electro-pop emblématique de la diaspora, 47Soul (« l’âme de 47 »), quatuor faisant la navette entre la Jordanie et Londres et dont le tube de 2015 Intro to Shamstep (sham signifiant le Levant en arabe) constitue le climax des soirées de Ramallah à Jaffa (ville arabe accolée à Tel-Aviv). En 2018, The Guardian a même listé le shamstep comme l’un des sons de l’année.

    Les choses ainsi posées, Halahlih se gratte la tête et refait, à travers son parcours, l’archéologie du mouvement. Fan de rap, « comme tout le monde en Palestine dans les années 90-2000 », il s’inscrit à un atelier de DJing à 15 ans. Les autres participants sont juifs israéliens. Ils l’initient à la house, la trance, l’EDM. Les choses s’enchaînent : à Nazareth et Haïfa, il joue dans les mariages (« seule façon de vivre de la musique ici ») et s’aguerrit en parallèle à New York et Tel-Aviv. En 2008, il sort sur un label berlinois son premier EP, Checkpoint, avec le mur de séparation entre Israël et la Cisjordanie sur la pochette. « De la progressive psytrance », précise-t-il, même s’il se sent alors mal à l’aise dans ce milieu « bouffé par la drogue », sans référence à sa culture. « A l’époque, pour les Arabes, l’electro, c’était un truc tombé de l’espace, ils y pigeaient rien ! Partout, je cherchais des producteurs arabes et j’en trouvais jamais. »

    Cascades harmoniques
    Il finit par abandonner l’idée d’en vivre et part « bosser dans un bureau ». Jusqu’à ce que le Jazar Crew, à l’origine une bande d’ados de Haïfa organisant des raves sauvages, le sorte de sa retraite, au milieu des années 2010. Suivront les projets Fawda, en 2014 (des beats agrémentés d’oud électrifié et de slams politisés d’Ayed Fadel) et aujourd’hui Zenobia, en duo avec le claviériste Isam Elias, 27 ans. Halahlih espère en faire le « Daft Punk palestinien ». Moins de la mégalomanie qu’une volonté de se définir populaire et exigeant, audible partout mais fidèle au terreau originel. « Comme il y a eu la French Touch, voici l’Arab Touch, plaisante-t-il. Zenobia, c’était une reine, dont le royaume s’étendait de Palmyre jusqu’en Egypte. Le Levant, c’est notre ADN musical. Comme elle, on veut conquérir le monde et mélanger cet ADN à tous les genres, faire quelque chose sur lequel tu peux danser, du Brésil au Japon. »

    La formule de Zenobia se rattache à la mouvance electro-chaâbi, abusivement qualifiée de bande-son du printemps arabe et symbolisée par l’improbable trajectoire du chanteur de mariages syrien Omar Souleyman, devenu collaborateur de Diplo et adulé par les lecteurs de Pitchfork - Souleyman, de par son allégeance à Bachar al-Assad, est controversé au Moyen-Orient : le Jazar Crew, par exemple, refuse de jouer ses morceaux.

    Si, en live, Nasser Halahlih et Isam Elias revêtent un keffieh comme Souleyman, ils préfèrent citer le succès de 47Soul comme catalyseur de ce retour aux mélodies folkloriques. Pendant que Halahlih sculpte des nappes électroniques léchées, alternant vibe éthérée et kick martelant le rythme du dabké (la danse levantine du « coup de pied »), Elias laisse sa main droite de jazzeux marathonien broder en cascades les gammes mineures harmoniques, typiquement orientales, sur synthé acide. Le tandem, qui doit sortir un premier EP début avril, a signé à l’automne sur le label d’Acid Arab, duo français défricheur de l’orientalisme techno et ainsi aux premières loges pour voir le mouvement éclore.

    « Il y a toujours eu des gens qui faisaient du son dans les Territoires occupés, observe Guido Minisky d’Acid Arab. Mais longtemps, c’était plutôt des choses pas passionnantes autour de l’abstract hip-hop. La vague actuelle est plus popisante. Le risque serait qu’elle tombe dans les clichés avec la derbouka, les violonades et un sample de muezzin, mais eux cherchent à construire un truc intelligent, jouant de leurs codes culturels tout en adoptant une production moderne. C’est l’expertise qu’on leur apporte pendant qu’eux nous mettent à l’amende sur les mélodies au clavier. Quand il y a cette sincérité des deux côtés, Orient et Occident, on sort de la "recette" bête et méchante. »

    Ainsi, Acid Arab s’est aligné sur les convictions de cette scène émergente. A l’instar de Nicolas Jaar, icône électronique d’origine palestino-chilienne, les Français évitent désormais Tel-Aviv pour privilégier les clubs tenus par des « Palestiniens de 48 » ou dans les Territoires, sous l’égide du Jazar Crew. Las, leur premier concert à Ramallah en décembre a dû être annulé, les forces israéliennes ayant ce jour-là bouclé tous les accès au siège de l’Autorité palestinienne. Exemple des obstacles constitutifs de cet underground palestinien.

    Dynamique panarabe
    L’organisation l’été dernier d’un événement estampillé Boiler Room [1] à Ramallah, doublée du tournage d’un documentaire-manifeste, a achevé de mettre sur la carte sonique cette simili-capitale en Cisjordanie occupée, mal aimée mais berceau de créativité. Elle complète une sorte de triangle par-delà le mur et les check-points avec Haïfa et Jaffa - bien que ce dernier point soit en danger, le club phare Anna Loulou ayant récemment fermé, victime de la gentrification.

    La figure de proue est une jeune femme de 28 ans, Sama Abdulhadi, dite SAMA’ - sans doute l’étoile la plus brillante du mouvement, on pourra aussi l’entendre à l’IMA à Paris. Née en Jordanie et élevée dans une famille aisée à Ramallah, pianiste classique rompue à Chopin, la « première DJ de Palestine » a choisi une voie à l’opposé de l’electro-chaâbi. Sa techno sombre est dépouillée de références orientales (« cinq notes de oud sur un track, c’est pas de la musique arabe, c’est de la paresse », cingle-t-elle) et privilégie une sécheresse minérale. « J’ai découvert la techno à Beyrouth, pendant la Deuxième Intifada, raconte-t-elle. J’avais beaucoup de colère en moi, et ça m’a libérée. J’ai toujours mixé ce que je ressentais. Puis un jour, on m’a dit : "T’as un son berlinois." J’avais jamais mis les pieds en Allemagne… »

    Ingé-son nomade (formée en Grande-Bretagne, installée un temps au Caire et désormais partagée entre Paris et Ramallah), SAMA’ inscrit le mouvement dans une dynamique panarabe plus large, incluant l’Egypte et le Liban, mais ne perd pas de vue sa spécificité. « J’aime comparer cette musique à ce qui se jouait à Berlin avant la chute du Mur. En tant que Palestinien, où que tu sois, tu transportes le conflit. Pour moi, la techno, ce n’est pas une échappatoire liée aux drogues, mais plutôt quelque chose qui tient de la science-fiction : un lien avec le futur, un endroit sans politique, sans frontière, sans occupation. » Surtout, la musique lui a permis de créer des liens : « Avec les gars de Haïfa, de Jaffa, la diaspora, on est à nouveau une famille. »

    Au cœur du réacteur, le Jazar Crew joue les entremetteurs et les influenceurs. « A la base, la philosophie électronique a toujours été "rave against the machine", de Berlin à Detroit, prêche Ayed Fadel entre deux sets. Aujourd’hui, tu peux faire entendre le message palestinien en bookant SAMA’ dans ton festival ou en jouant à Kabareet. » Mais le plus important pour lui, c’est d’avoir créé « notre propre dancefloor. "Safe", ouvert à tous, même aux Israéliens. Du moins ceux qui respectent et comprennent que ce dancefloor vient autant de l’amour que de la colère ». Pour cette voix du mouvement, « il est très important que la scène électronique internationale comprenne que tout ne se limite plus à la bulle de Tel-Aviv, où le conflit est invisible. Cette bulle n’est pas underground, elle n’unit personne : elle ignore. Notre monde parallèle, lui, n’exclut pas : il montre qu’on peut faire les choses autrement. »

    [1] Collectif londonien qui organise de très suivies soirées branchées retransmises sur le Web.

    #Palestine #Sama #Musique #Musique_et_politique #Underground #Electro #Techno #Rap #Rave

    Sur le même sujet :
    https://seenthis.net/messages/752617
    https://seenthis.net/messages/760253

  • Les idiots utiles de Sissi : comment l’Europe soutient le tyran égyptien
    Middle East Eye édition française - David Hearst - Lundi 25 février 2019
    https://www.middleeasteye.net/fr/opinion/les-idiots-utiles-de-sissi-comment-leurope-soutient-le-tyran-egyptien

    (...) Mahmoud el-Ahmadi , âgé de 23 ans et faisant partie des neuf personnes exécutées mercredi dernier, déclarait à la cour : « Vous pouvez le constater ici. Les menottes ont laissé des traces toujours visibles six mois plus tard. Et regardez cela, ça s’est infecté et il y a eu du pus. Les médecins légistes sont des menteurs. »

    « Ici, dans cette salle d’audience, il y a un policier qui était à la prison avec nous et qui nous torturait. Si vous voulez que je le désigne, je le ferai. »

    « Donnez-moi un taser et je pourrai faire avouer à n’importe qui dans ce tribunal un crime qu’il n’a pas commis. Nous avons été gorgés d’électricité. Nous avons été électrocutés suffisamment pour alimenter l’Égypte pendant vingt ans. »

    Abulqasim Youssef , un autre accusé exécuté mercredi, étudiant à l’Université al-Azhar, avait déclaré à la cour qu’il avait eu les yeux bandés, été suspendu à la porte pendant sept heures consécutives et électrocuté « dans les zones sensibles de [s]on corps ».

    Le timing des exécutions n’est pas le fruit du hasard. Elles sont survenues quelques jours à peine avant que Sissi ne reçoive les puissants d’Europe, dont Donald Tusk, président du Conseil européen, et Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne.

    Ces pendaisons étaient un message pour l’Égypte. Sissi dit aux Égyptiens qu’il peut faire ce qu’il veut à qui il veut et s’en sortir sur la scène internationale C’est exactement le contraire du message que le président français Emmanuel Macron avait l’intention de transmettre lorsqu’il déclarait que la sécurité allait de pair avec les droits de l’homme.

    Ces exécutions ne sont qu’un début. Selon egyptianfront.org, 46 personnes ont été exécutées en 2018 et 737 étaient sous le coup d’une condamnation à mort. Cinquante et une affaires étaient parvenues au stade final, ce qui signifiait qu’il n’y avait plus d’autre recours possible devant les tribunaux. (...)

    #Egypte #Sissi #UE

  • L’Internet mondial visé par une vague d’attaques informatiques inédite
    https://www.latribune.fr/technos-medias/informatique/l-internet-mondial-vise-par-une-vague-d-attaques-informatiques-inedite-808

    L’internet mondial est actuellement visé par une vague d’attaques informatiques d’une ampleur inédite, qui consistent à modifier les adresses des sites internet pour les pirater. L’information a été confirmée ce lundi 25 février par le secrétaire d’État français chargé du numérique, Mounir Mahjoubi.

    Des pirates informatiques ont attaqué l’annuaire central de l’internet, l’#Icann, ce qui leur a donné potentiellement accès à toutes sortes de données, a confirmé ce lundi matin le secrétaire d’État français chargé du numérique, Mounir Mahjoubi. Fondée en 1998, l’Icann coordonne à l’échelle internationale les identifiants uniques qui permettent aux ordinateurs du monde entier de s’identifier entre eux. C’est cette organisation à but non lucratif qui a donné l’alerte le 22 février dernier.

    « Ce que les pirates ont réussi à faire est quelque chose de très rare : ils ont piraté l’annuaire et chaque fois que vous mettez l’adresse (d’un site internet), au lieu d’aller sur la vraie machine, ils nous amenaient sur une autre machine qui leur appartient. Vous avez l’impression d’être sur le site (...) sauf qu’en fait vous êtes sur la machine de ceux qui vous attaquent (...) Ils peuvent récupérer vos données, ils peuvent les utiliser pour se reconnecter, pour prendre de l’argent. »

    Mounir Mahjoubi a déclaré ne pas être en mesure de dire à ce stade qui était derrière ses attaques ni de savoir ce que les pirates avaient fait des connections qu’ils avaient pu établir. Aussi, il n’a pas dit si les attaques contre l’Icann avaient pu être neutralisées ou avaient cessé.

    Selon des experts extérieurs à l’ICANN interrogés par l’AFP, les pirates ciblent aussi bien des gouvernements que des services de renseignements ou de police, des compagnies aériennes ou l’industrie pétrolière et ce, au Moyen-Orient ou en Europe. L’un d’entre eux estime, en outre, que ces attaques ont pour origine l’Iran.

    Ils « s’attaquent à l’infrastructure internet elle-même », a indiqué vendredi à l’AFP David Conrad un des responsables de l’ICANN, qui évoque une campagne « inédite à très grande échelle », qui s’est extraordinairement intensifiée très récemment.

    « Il y a déjà eu des attaques ciblées mais jamais comme ça », a-t-il ajouté après une réunion d’urgence de l’organisation vendredi.

    • « Confirmé par le ministre » C’est merveilleux, la France. Rien ne s’est produit tant que ça n’a pas été confirmé par le ministre, même si ça ne relève en rien de son action. « Le ministre confirme que ce mois de février est chaud » « Le ministre confirme que les français soutiennent la politique du gouvernement »

    • Une attaque qui vise le cœur d’Internet serait en cours… pas si sûr !

      Sous un titre se voulant rassurant, un contenu qui ne l’est pas forcément…

      https://www.latribune.fr/opinions/tribunes/une-attaque-qui-vise-le-coeur-d-internet-serait-en-cours-808677.html

      L’attaque, qui fait peur à l’ICANN, a réussi à contourner cette double défense. La liste des sites qui ont pu être victimes de ce piratage subtil interpelle. On y trouve des sites webmail du gouvernement chypriote, du ministère des Affaires étrangères des Émirats arabes unis, du ministère des Finances du Liban. Des serveurs mails du ministère des Affaires étrangères égyptien, du bureau de l’aviation civile du Koweït, du ministère du Pétrole égyptien et celui d’une compagnie aérienne ont aussi été visés. Des sites web du ministère de la défense égyptien, des services secrets d’Albanie et de Jordanie, l’accès à distance au réseau informatique de la police d’Abu Dhabi terminent cette liste non exhaustive. Le trafic vers tous ces sites a pu être redirigé vers des serveurs contrôlés par les pirates. Les pays de ces sites sont très ciblés : Albanie, Chypre, l’Égypte, l’Iraq, la Jordanie, le Koweït, le Liban, la Libye , l’Arabie Saoudite, et les Émirats arabes unis. Il n’en a pas fallu plus pour mettre en cause l’Iran.
      […]
      Le piratage a été mis en évidence en vérifiant vers quels serveurs web pointaient les noms de sites web officiels de plusieurs pays du Moyen Orient repris ci-dessus. Alors qu’ils n’avaient pas changé depuis des années, subitement ces dernières semaines ces sites web pointaient désormais temporairement (de quelques heures à quelques jours) vers des serveurs hébergés en Allemagne.

      Deux gestionnaires de serveurs DNS ont été attaqués, l’un en Suède, l’autre en Californie. L’un et l’autre contrôlent un très grand nombre de noms de domaines (des serveurs racines de noms de domaines). Le gestionnaire suédois a d’abord vu la partie de son système sans DNSSEC attaquée, ce qui a permis plus facilement aux pirates de réaliser des modifications dans les tables de relation entre les noms des sites web et les adresses IP des serveurs correspondants. Pour ce faire, ils ont pu utiliser, peut-on penser, un login et un mot de passe volé auprès d’un service d’enregistrement de noms de domaines ; ce sont eux en effet qui annoncent les changements dans les noms de domaines, les nouveaux noms de domaines enregistrés, les modifications et les transferts. Le gestionnaire suédois a expliqué que ses clients, du Moyen Orient en l’occurrence, n’implémentent pas tous DNSSEC même si lui le fait pour sa propre infrastructure.

      Mais les pirates ont aussi réussi à compromettre la partie DNSSEC, et c’est toujours via le service d’enregistrement de noms de domaines qu’ils y sont parvenus... Depuis celui-ci, ils ont réussi à arrêter le protocole DNSSEC pendant un temps pour écouter les communications sur le réseau et de collecter les mots de passe des utilisateurs envoyés pour accéder à leurs emails et pour se connecter à distance au réseau de leurs entreprises. L’idée était sans doute de pouvoir accéder aux mails des officiels des pays imapctés. Là où ils n’ont pas pu (ou oublié d’) interrompre le protocole DNSSEC, les employés ont vu cette sécurité bien fonctionner : le service email fut interrompu sans que cela n’inquiète les utilisateurs). On a aussi pu mettre en évidence que les pirates ont réussi à obtenir de nouveaux certificats pour les sites web qu’il avait redirigés vers leurs serveurs.

      L’extrême sophistication de l’attaque met en émoi la communauté cyber : le protocole DNSSEC a été contourné par une accumulation de faiblesses organisationnelles périphériques : des certificats d’authenticité donnés un peu complaisamment, des services d’enregistrement de noms de domaines trop peu regardants sur la manière d’authentifier leurs agents, peu de précautions prises par ces derniers lors des demandes de modification d’un serveur qui héberge un site web ou un service mail. La leçon est toujours la même : lorsqu’un protocole semble sûr (DNSSEC), les pirates cherchent alors à profiter des faiblesses organisationnelles et des négligences humaines. Pour les 80% du web non encore protégé par DNSSEC, c’est encore plus simple. L’ICANN a raison de sortir de sa réserve.

    • suite à fausse manœuvre de ma part, le commentaire (msg 763227) de @stephane sur le deuxième article de la Tribune apparait en commentaire du commentaire (msg 763156) citant ce deuxième article et n’apparait donc pas ici… je le reprends donc pour garder le fil.

      Stéphane Bortzmeyer - 26/02/2019 14:59:55

      Plein d’erreurs techniques énormes dans cet article : si, DNS peut utiliser TCP, non DNSSEC n’introduit pas d’aléatoire (ils confondent avec SPR), non, DNSSEC ne chiffre pas, et ces attaques n’utilisaient pas de techniques DNS de tout façon.

  • Antisémitisme et antisionisme : une assimilation absurde dans le monde arabe - Caroline HAYEK et Anthony SAMRANI - L’Orient-Le Jour
    https://www.lorientlejour.com/article/1158662/antisemitisme-et-antisionisme-une-assimilation-absurde-dans-le-monde-

    Au Proche-Orient, c’est le sionisme et plus largement la politique israélienne qui ont fait le lit de l’antisémitisme.
    Caroline HAYEK et Anthony SAMRANI | OLJ
    23/02/2019

    C’est un débat qui se joue en France mais qui est suivi avec attention de l’autre côté de la Méditerranée. Emmanuel Macron a annoncé mercredi vouloir intégrer l’antisionisme – dans le sens de la négation du droit d’Israël à exister – à la définition juridique de l’antisémitisme. Le président français considère que « l’antisionisme est une des formes modernes de l’antisémitisme », alors que les actes antisémites en France étaient en hausse de 74 % en 2018 par rapport à l’année précédente.

    Plusieurs voix critiques ont fait remarquer que cela pouvait conduire à des incohérences – la plus absurde étant d’être amené à considérer certains juifs antisionistes comme des antisémites – et à créer une confusion entre une idéologie politique et une identité religieuse. Cela revient aussi à faire le jeu du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, pour qui les deux termes sont indissociables, et à donner l’impression qu’il n’est pas permis en France de critiquer la politique israélienne, même si ce n’est pas du tout le sens de l’initiative présidentielle.

    Vue du monde arabe, l’assimilation entre ces deux termes apparaît pour le moins inadaptée. Si l’antisionisme peut parfois, comme en Europe, cacher des relents d’antisémitisme, c’est bien le sionisme qui apparaît comme la cause première de la montée de l’antisémitisme, et non l’inverse. L’antisémitisme est un terme inventé au XIXe siècle pour évoquer la discrimination à l’égard des populations juives au sein des sociétés européennes. Outre l’argument un peu simpliste que les Arabes sont eux-mêmes un peuple sémite, la notion n’a pas vraiment de sens dans le contexte arabe. Malgré un statut particulier les empêchant, à l’instar des chrétiens, d’accéder aux hautes fonctions politiques et administratives, les juifs étaient bien intégrés au sein des sociétés arabes et n’ont pas subi de persécutions comparables à ce qu’ont pu être les pogroms en Europe.

    « La communauté juive a connu un moment de gloire et de puissance à l’époque ottomane, notamment lors de l’arrivée massive des juifs chassés d’Espagne », note Henry Laurens, professeur au Collège de France et titulaire de la chaire d’histoire contemporaine du monde arabe, interrogé par L’Orient-Le Jour. « Avant la déclaration Balfour et tout ce qu’elle entraînera par la suite, les juifs sont une communauté parmi d’autres dans le monde arabe, qui, depuis l’ère ottomane en particulier, a été organisée sur une base communautaire », confirme à L’OLJ Gilbert Achcar, professeur à la School of Oriental and African Studies (SOAS, University of London), auteur d’un ouvrage sur Les Arabes et la Shoah : la guerre israélo-arabe des récits (2013).

    Dégradation continue

    La diffusion des thèses sionistes développées par l’intellectuel autrichien Theodor Herzl va peu à peu changer la donne jusqu’au tournant de la création d’Israël en 1948, véritable choc pour les populations arabes. Au début du XXe siècle, les populations locales ne font pas nécessairement la distinction entre juifs et sionistes, le second terme n’étant pas encore véritablement assimilé. « Les habitants de la Palestine historique avaient l’habitude de désigner les juifs comme juifs. Certains étaient sionistes, mais beaucoup ne l’étaient pas. Ils étaient pour la plupart des juifs religieux et asionistes ou antisionistes », décrit à L’OLJ Tarek Mitri, ancien ministre et directeur de l’institut d’études politiques Issam Farès de l’AUB.

    « Les Arabes ont d’abord connu le sionisme de façon indirecte, en lisant la presse européenne. En Palestine, les premières réactions ne sont pas nécessairement négatives, mais les choses changent à partir de la déclaration Balfour, et le sionisme est progressivement considéré comme un danger pour les Palestiniens d’une part, et pour les Arabes du Proche-Orient d’autre part. Cela conduit à une dégradation continue de la situation des communautés juives du Proche-Orient à partir des années 1930 », dit Henry Laurens.

    Les relations se compliquent à mesure que l’immigration juive s’accélère en raison de la répression dont ils sont victimes en Europe.

    « Dans les discours, il y avait une distinction entre les juifs et les mouvements sionistes. Dans la pratique, ce qui inquiétait particulièrement les Arabes, c’est le fait de voir une communauté parmi d’autres se doter d’un territoire, de passer de la communauté à la nation », note Henry Laurens.Dans les années 1930 et 1940, c’est l’histoire européenne qui rencontre frontalement celle du Proche-Orient, de façon encore plus brutale après l’Holocauste et jusqu’à la création de l’État hébreu. Durant cette période, le grand mufti de Jérusalem Hajj Amine al-Husseini – qui n’était toutefois pas représentatif des Palestiniens – va collaborer avec l’Allemagne hitlérienne, au départ pour contrecarrer les projets anglais d’établissement d’un foyer juif, jusqu’à approuver sa politique génocidaire contre les juifs. Cet épisode va être largement instrumentalisé par la propagande israélienne pour démontrer un soi-disant antisémitisme arabe, au point que Benjamin Netanyahu va même aller jusqu’à présenter le mufti comme l’inspirateur de la solution finale.

    Complotisme et négationnisme

    La création de l’État hébreu va profondément changer les rapports entre les juifs et les autres communautés dans le monde arabe. Si, pour les sionistes, l’aboutissement du projet étatique est avant tout le fruit d’une volonté collective de plusieurs décennies, il apparaît aux yeux des Arabes comme une injustice liée à un génocide dont ils ne sont en aucun cas responsables. Les juifs du monde arabe n’accueillent pas forcément avec enthousiasme la naissance d’Israël. « Les communautés juives du monde arabe, surtout d’Égypte et d’Irak, n’étaient pas vraiment tentées au début par la migration vers la Palestine. Mais il y a eu deux facteurs qui ont encouragé ce mouvement. D’une part, la politique israélienne qui a tout fait pour les attirer, au point que le Mossad a organisé des attentats contre des synagogues pour leur faire peur. D’autre part, il y a une méfiance arabe qui s’est installée et qui faisait que les juifs pouvaient être perçus comme une sorte de 5e colonne », explique Tarek Mitri.

    Après la proclamation de l’indépendance d’Israël par David Ben Gourion, l’antisionisme va devenir dominant dans le monde arabe. Le sionisme apparaît comme un projet colonial avalisé par les puissances occidentales visant à déposséder les Arabes de leurs terres. La distinction devient très nette dans les discours entre juifs et sionistes. « Dans leurs discours, Nasser ou Arafat ne font pas d’amalgame entre sioniste et juif, bien au contraire. Au début de son combat, le projet politique de Arafat était d’instaurer un débat laïc et démocratique en Palestine où juifs, chrétiens et musulmans coexisteraient », explique Tarek Mitri.

    Le double sentiment d’injustice et d’humiliation que les Arabes ont vis-à-vis de l’État hébreu va toutefois être le moteur d’un antisémitisme qui va avoir un certain écho au sein des classes populaires arabes – où le terme juif est parfois utilisé comme une insulte – et va être largement relayé par les mouvements islamistes. Cela va être particulièrement visible à travers la propagation de deux phénomènes intimement liés : le complotisme et le négationnisme.

    « Les théories du complot qui sont dans le discours antisémite occidental ont pu facilement trouver un public dans le monde arabe, parce que, de fait, c’est une région qui a connu de vrais complots, à commencer par les fameux accords secrets Sykes-Picot », constate Gilbert Achcar. L’idée complotiste des protocoles des sages de Sion, qui attribuent aux juifs des plans de domination du monde, est largement répandue au sein du monde arabe. « Chez les islamistes, il y a eu un moment où on a ressuscité une vieille littérature parareligieuse qui ridiculise et avilie les juifs. Ils puisent dans les textes sacrés ce qui est de nature à susciter la méfiance ou même la haine à l’égard des juifs », note Tarek Mitri.

    Le négationnisme concernant l’Holocauste trouve aussi ses adeptes, même s’ils restent minoritaires. Dans un article publié en 1998 dans le Monde diplomatique, le grand intellectuel palestino-américain Edward Saïd s’indignait que « la thèse selon laquelle l’Holocauste ne serait qu’une fabrication des sionistes circule ici et là. Pourquoi attendons-nous du monde entier qu’il prenne conscience de nos souffrances en tant qu’Arabes si nous ne sommes pas en mesure de prendre conscience de celles des autres, quand bien même il s’agit de nos oppresseurs ? » ajoutait-il non sans une certaine verve. « La plupart des gens qui ont un peu de culture savent que la Shoah n’est pas une invention, mais un certain négationniste a pu trouver un écho favorable chez les gens étroits d’esprit, qu’ils soient ultranationalistes ou intégristes », dit Gilbert Achcar.

    Ce dernier insiste toutefois sur le fait qu’il n’y a pas d’antisémitisme propre au monde arabe, mais que la diffusion des thèses antisémites dans cette région n’est pas comparable à ce qui se passe en Occident. « Toute l’équation entre le monde occidental et le monde arabe est complètement faussée par le fait que les juifs étaient opprimés pendant des siècles en Europe, tandis que dans le monde arabe, ce qu’on peut qualifier de haine envers les juifs est surtout le produit d’une histoire moderne marquée par la présence d’un État oppresseur, qui insiste lui-même à se faire appeler État juif », résume Gilbert Achcar. Et Tarek Mitri de conclure, pour insister sur la nécessité de distinguer les deux termes dans le monde arabe : « Il y avait une résolution de l’Assemblée générale de l’ONU en 1975 qui disait que le sionisme était une forme de racisme et de discrimination. Elle a été révoquée en 1991, mais elle avait suscité un grand enthousiasme dans le monde arabe. »

  • PRÉSIDENTIELLES ET MANIFESTATIONS EN ALGÉRIE : SCÉNARIOS PROBABLES POUR UNE FIN DE RÈGNE – Salimsellami’s Blog
    https://salimsellami.wordpress.com/2019/02/18/presidentielles-et-manifestations-en-algerie-scenarios-proba

    Le constat est établi par tous : ce régime n’a aucun atome de légitimité, aucune capacité à innover pour remettre l’Algérie en mouvement et s’assurer une sortie honorable ou un maintien au pouvoir sous de nouvelles formes plus subtiles et moins brutales. La raison est évidente : la tête est sénile, le corps moribond, les organes maintenus en vie par la rente qui s’appauvrit et ne suffit plus à tous.

    Qu’est ce qui pourrait se passer de salutaire ou de catastrophique pour mettre fin au marasme et à la honte ?

    PLUSIEURS SCÉNARIOS SONT POSSIBLES D’AUTRES SONT PROBABLES
    Parmi les scénarios possibles, les choses continuent dans leur pourrissement, car rien ne va s’opposer à la tricherie. On installe le même président, la même équipe, on révise la constitution et on installe les valets de la France ou des USA et les serviteurs-accapareurs de la rente. Mais il y a trois facteurs qui échappent à la raison humaine. Le premier facteur est d’ordre eschatologique : Bouteflika rappelé à Dieu avant que le scénario ne se déroule. Le second facteur est que Macron et Trump ne se mettent pas d’accord sur le profil du dauphin vu le désordre actuel sur la scène mondiale et le caractère trumpien « America first ». Nous revenons à la case de départ avec plus de chaos et surtout l’impossibilité des clans de se départager et de trouver un consensus. Une fois Bouteflika disparu ou maintenu en vie, mais avec une évidence notoire, qu’il est incapable de gouverner et que son équipe est incapable de trouver une voie de sortie de crise. Le troisième facteur, que ce soit avant ou après les élections, l’armée se divise entre clans et ces clans se radicalisent pour des solutions incompatibles. Dans ce climat de divergence générale, toutes les convergences idéologiques, régionalistes, nationalistes ou préférence à l’étranger ainsi que la convergence des pourris du système avec la lie de la société (baltagia à l’égyptienne financée par le marché noir et organisé par les réseaux occultes nationaux et étrangers) vont cristalliser les paradoxes et générer une guerre civile étendue à tout le territoire.

    La conscience du militaire le plus politisé et qui dispose d’unités combattantes efficaces, discipliné, loyal peut être choqué par ce qui se prépare. Il doit savoir qu’il s’agit de l’anéantissement de l’Algérie et que les circonstances géopolitiques ainsi que la situation de déstabilisation de la Libye et du Mali avec tout l’armement disponible et tous les services secrets du monde qui y opèrent en liaison avec les mercenaires professionnels sont favorables à l’embrasement de l’Algérie pour une guerre de cent ans. Ajouter à cela la convergence des revendications à l’autonomie des grandes régions d’Algérie et le désir des Français de récupérer le Sahara, Mers el Kebir ; et des Américains de disposer de bases navales et aériennes. Ce militaire conscient va-t-il cette fois-ci laisser l’Algérie s’embraser et tolérer que l’ANP continue à jouer le rôle d’agent de répression pour maintenir au pouvoir des gens qui ont la haine du peuple et l’incompétence de gouverner. La logique veut qu’il tente un coup de force. La crise va atteindre son paroxysme et il va (il doit) se passer quelque chose de dramatique qui va nous amener vers le salut ou vers le néant.

    Cela va dépendre d’un dernier facteur : quel est le désir le plus intime et le plus sincère des Algériens ?

    Parmi les scénarios les plus probables, c’est le pire par la convergence des bêtises et des méchancetés qui ont des armes, de l’argent, des réseaux avec l’oisiveté irresponsable et délinquante dans la jeunesse algérienne. Ces jeunes sont déjà fichés, organisés et préparés à accomplir le pire, à leur insu. L’argent sale et les experts en guerre psychologique et en opérations de sape militaire vont les mobiliser et les mettre en situation d’offensive pour créer le chaos, du moins l’insécurité et imposer un Etat d’urgence, des tribunaux d’exception et un directoire d’administrateurs civils et militaires supervisé par des conseillers étrangers. Cela peut se produire avant le vote pour se débarrasser d’une procédure à risque ; cela peut se produire avant l’annonce des résultats officiels car plus que jamais le vote sanction sera présent même s’il y aura beaucoup d’abstention. Le régime a su créer les conditions psychologiques pour disqualifier les candidats en donnant la parole aux fous et aux insensés ; l’opposition inféodée à ce régime a accepté de jouer le rôle de lièvre en ordre dispersé et confus. Dans cette confusion tout est possible. Sur ce scénario catastrophe trois facteurs peuvent fausser les calculs. Le premier facteur est un événement eschatologique. Le second est le refus de l’armée (les chefs des unités combattantes qui vont aller sur le terrain et se confronter aux algériens pour une effusion de sang inutile pour un destin joué d’avance : ce régime est fini). Le troisième est qu’un candidat sérieux et compétent, nous pensons au général Ali Ghediri, prenne l’initiative historique au péril de sa vie et de sa liberté d’appeler le peuple et l’armée à garder le calme, à ne pas tomber dans le piège. Il doit annoncer les deux couleurs que les Algériens attendent : la rupture totale et définitive avec ce régime. L’avertissement aux étrangers qui veulent s’ingérer dans les affaires intérieures. Il doit rester non partisan et surtout sans attache avec les forces de l’argent et les entités oppositionnelles qui vont l’encombrer et le miner. S’il n’y a pas d’appel haut et fort et si cet appel n’est pas entendu, alors tous les rassemblements pré-électoraux et post électoraux seront l’étincelle mise dans une poudrière. Les régimes en place, en Algérie et en France, savent diaboliser, criminaliser, infiltrer et pousser à la violence pour justifier la répression et faire passer des lois liberticides et des mesures antipopulaires. Les Algériens, faute d’encadrement politique ne savent pas contester, ils passent à la violence sans organisation et sans but, ils saccagent les biens publics, et donnent ainsi toutes les justifications « légales », morales et médiatiques pour que la violence « institutionnelle » s’exerce contre eux d’une manière démesurée et impitoyable.

    Si Ali Ghediri ne dispose pas d’une équipe de campagne compétente, d’un directeur de communication efficace et de garanties, le conseil le plus sincère que nous nous permettons de lui donner et d’annoncer officiellement le retrait de sa candidature pour laisser le régime en place face à ses responsabilités et le déshabiller totalement, lui enlevant le peu de crédibilité ou d’intelligence qu’il affiche en vain. Si par contre il veut la rupture, il doit aller sur le terrain et prendre la posture de président en attente d’investiture. La crise va atteindre son paroxysme : ceux qui vont gérer la suite doivent se préparer maintenant et être connu ainsi que leur équipe. L’expérience de Lamine Zéroual et de Mohamed Boudiaf doit nous inciter non seulement à la prudence, mais à la mobilisation des forces du changement sous une seule bannière. La situation est grave, elle ne permet aucune improvisation, elle interdit de laisser l’ennemi prendre une quelconque initiative. Il faut l’acculer à la défensive, à la rupture de ses lignes et à la débâcle qui ne permet plus jamais de se remobiliser et d’engager un nouveau combat ni dans l’ombre ni dans les arrières.

    Il faut éviter la violence, la manipulation et méditer l’invitation de Marx qui demeure l’un des analystes les plus précis et les plus honnêtes sur le pouvoir de la bourgeoisie : « Il faut oser provoquer le scandale pour ne pas devenir sa proie (otage) ». La conjugaison des désabusés, des frustrés, des revanchards peut entrer en collusion avec la convergence du crime, de la subversion et de la rente. Cette collusion peut se révéler désastreuse. L’intelligence, c’est de donner des voies de sorties ou prendre l’initiative. L’armée est la seule capable de prendre l’initiative et d’imposer une solution favorable au changement pacifique. Ses chefs ne veulent pas et ils doivent assumer leur responsabilité, devant leurs soldats, si la catastrophe venait à se produire. La menace intégriste ne peut plus être invoquée puisqu’il est évident que la menace vient des imposteurs et des usurpateurs qui nous gouvernent contre notre gré.

    Le régime a peur, il panique, il est sans solution crédible, faisable et viable. Il peut assassiner un peuple sans état d’âme. Il n’y a pas d’État pour le contenir et lui fixer des limites. Mais il peut se produire deux choses qu’il fait provoquer : la panne qui le pousse à se suicider comme ce fut le cas en fin de règne de l’Empire romain ; la fuite dans le désordre du « sauve-qui-peut » comme celle des Haragas sur des embarcations de fortune sans garantie de trouver bon port.

    Je rappelle que j’ai écrit sur les garanties minimales qui manquent pour mener à bon port les élections. Nous voyons déjà comment s’opère le volet des signatures des candidats et nous voyons pire que cela : l’intimidation, la menace et les voies de fait sur des candidats en campagne. La police, la Gendarmerie et les forces de sécurité publique devraient assurer leur protection, mais ils sont jetés en pâture aux Baltagisqui se structurent et montent en puissance pire que le terrorisme de la « décennie noire ».

    J’ai écrit un livre, une cinquante d’articles sur le printemps arabe (Syrie, Libye, Égypte et Tunisie) à chaud, sans prendre de distance avec les événements, mais sans esprit partisan. J’ai réfléchi sur la « décennie noire » et ses causes justes pour interroger ma conscience et pouvoir dire un jour comment éviter l’impasse et l’effusion de sang. Il n’y a toujours pas de cadre de débat sérieux et responsable.

    Des manifestations menées par des activistes (progressistes ou islamistes) pour dénoncer un régime sans plateforme de changement, sans vision doctrinaire sur le changement, sans programme alternatif de gouvernance, sans garantie de ne pas être récupérés par les appareils de l’opposition classique et incompétente ne peut que déboucher sur une caporalisation des jeunes émergents et une confiscation de leurs sacrifices. Les Etrangers et les Maffieux locaux savent converger pour trouver les interlocuteurs valides et éradiquer les rebelles. Ils parviennent à remettre en selle l’ancien régime avec de nouveaux visages en donnant l’illusion du changement. Ils trouvent les opportunités et les pertinences que leur donnent l’absence de cadre réformateur et la confusion sur les positions du curseur idéologique pour imposer par la violence leurs solutions. La contestation d’un régime ne suffit pas pour opérer le changement, il faut l’adhésion à un programme de rupture. Ce programme n’est pas encore explicite et visible pour être compris et porté par des millions de gens et un seul cri.

    Il ne s’agit pas d’une affaire technicienne où on fait appel à des experts, mais une vision où les sincères et les compétents se mobilisent pour effectuer ensemble la quête de résolution des problèmes. Mouloud Hamrouche et Ghazi Hidouci ont initié et conduit des réformes avec un contenu et des perspectives dignes de considération, mais ils se sont appuyés sur des techniciens sans vision sur l’Algérie et sans connaissance de l’humain. Ça ne pouvait donc passer, mais casser. Un exemple parmi tant d’autres est la nomination de Monsieur Aboud à la tête de la télévision algérienne qui était libre d’avoir une idéologie laïque et d’être porté sur l’alcool, mais il ne pouvait mépriser le peuple algérien en disant que la télévision n’est pas une mosquée. Au lieu de toucher aux sensibilités religieuses des gens, il aurait du répondre à la demande du peuple algérien. S’il était intelligent il aurait ouvert le débat religieux et théologique en appelant des sommités mondiales et algériennes pour s’opposer à la montée de l’intégrisme. Les actuels ministres de l’Éducation nationale et des Affaires religieuses ont le même travers et continuent de heurter le peuple algérien au lien de le guider et de lui ouvrir des horizons plus sereins. Tous veulent caporaliser le peuple algérien et croire qu’ils connaissent son bien et le chemin de sa libération mieux que lui.

    Face à eux il y avait des aventuriers, les uns au nom de « l’Islam est la solution » et les autres au nom de « la République laïque est la solution », ainsi que ceux qui revendiquent « Haybat ad Dawla – l’autorité de l’Etat est la solution) par la force des armes et de la répression. Avec toutes ces fausses ou imparfaites solutions et leurs paradigmes singuliers nous sommes demeurés sans solution et inertes dans un système sénile et moribond. Personne n’avait et n’a de vision d’éducateur et de réformateur qui s’appuie sur la réalité de l’Algérie, la connaissance des Algériens et qui met ses pas à la suite des Prophètes et des visionnaires. A quelques semaines ou à quelques jours de la rencontre des Algériens avec un destin que personne ne peut deviner, nous n’avons toujours pas mis le curseur idéologique sur l’essentiel et nous n’avons toujours pas identifié la bannière de rassemblement. Dénoncer les généraux algériens et criminaliser l’armée algérienne est à la portée de n’importe quel oisif de n’importe quel café maure. Refuser Bouteflika, maintenant qu’il est en fin de vie, ne va pas donner naissance à un vivant capable de gouverner l’Algérie. Nous sommes enterrés sous des tonnes de faux calculs, de fausses idéologies, de fausses promesses.

    En définitive nous n’avons qu’une alternative : ou fin existentielle de l’Algérie ou rupture avec le système qui anéantit l’avenir.

    Omar MAZRI – www.algerie-rupture.com

    https://www.euroalgerie.org/2019/02/17/presidentielles-algerie-scenarios-probables-pour-une-fin-de-regne

  • T.C.-69 : Le monde est fou parce qu’il est en feu
    http://www.dedefensa.org/article/tc-69-le-monde-est-fou-parce-quil-est-en-feu

    T.C.-69 : Le monde est fou parce qu’il est en feu

    12 février 2019 – Diverses indications montrent que le “tourbillon crisique” (T.C.) qui sert de thème à cette rubrique atteint un point d’incandescence à force de rapidité dans son tournant d’enroulement sur lui-même. Nous avons moins besoin d’argumenter que de laisser les événements parler eux-mêmes, c’est-à-dire hurler à nos oreilles :

    Voici que s’avance la crise de « La plus grande redistribution de la richessede l’histoire – Des taxes négatives, des limites drastiques à la propriété privée et la destruction du dollar arrivent… et c’est le meilleur des cas », écrit la société de Conseil d’Investissement Indépendant SMC (Sovereign Man Confidential), parlant pour les USA comme pour le reste. Dans son style ironique et imagé, James Howard Kunstler décrit la (...)

    • Voici donc le leçon du passé de SMC : « La disparité des richesses et la montée ultérieure du socialisme ne constituent pas un phénomène nouveau ... Cela remonte aux anciens Sumériens, vers 4000 av. J.-C. L’ancienne tenue des registres sur des dalles de pierre montre comment le roi-prêtre au pouvoir a distribué les biens de la société à la population.

       » Le socialisme se reproduit à Babylone au milieu du XVIIIe siècle av. J.-C. quand le roi Hammourabi a effacé toutes les dettes de ses citoyens ... Puis en Égypte, en 323 av. J.-C. et en Chine, vers 145 avant JC ... Et encore dans la Rome antique sous Solon, quand il dévalua la monnaie, annula ses dettes et augmenta ses impôts (les riches payant 12 fois plus d’impôts que les pauvres).

       » Puis la Révolution française à la fin des années 1700 ... »

  • Avant les Gilets jaunes, voici comment Facebook a changé les conditions de la démocratie

    Tunisie, États-Unis, Venezuela… #Facebook a changé les règles de la démocratie bien avant les Gilets jaunes en France.

    L’essor du mouvement des Gilets jaunes est un exemple de plus de l’influence de Facebook dans la sphère politique. Depuis près de dix ans, le premier réseau social au monde offre un « terrain fertile » aux militants et aux colères en tout genre, remarque Fabrice Epelboin, enseignant à Sciences-Po et spécialiste des médias sociaux. Utilisé comme outil de communication, d’organisation voire de manipulation dans les cas les plus controversés, Facebook s’invite dans les scrutins ou mouvements sociaux ces dernières années.

    . La #Tunisie et les #révolutions_arabes

    C’est en Tunisie, en 2011, qu’il joue pour la première fois un rôle déterminant. Parce qu’il permet de libérer la parole et de contourner la censure, de publier des photos et des vidéos de la répression et d’organiser la mobilisation, Facebook prend une place centrale. Il permet « la naissance d’une nouvelle forme de contestation sociale », souligne Fabrice Epelboin.

    La colère des Tunisiens, qui a éclaté après l’immolation par le feu du jeune marchand de fruits et légumes Mohamed Bouazizi, prend alors « une trajectoire exponentielle » qui aboutira au départ du président Ben Ali. Cette « révolution Facebook » en inspirera d’autres dans le monde arabe, notamment en Égypte, où le réseau social a aussi été déterminant.

    2. #Occupy_Wall_Street et les citoyens

    Quelques mois plus tard, Facebook joue un rôle de catalyseur dans le mouvement Occupy Wall Street, lancé à New York pour dénoncer les abus du capitalisme financier. Des pages locales se créent dans la plupart des grandes villes américaines et aident le mouvement à se répandre à travers les États-Unis.

    Facebook permet aux « 99% », comme ils se surnomment, de recruter des activistes et de partager des informations. Sur le même modèle, le mouvement des Indignés, lancé en Espagne en mai 2011, s’était aussi appuyé sur Facebook pour grandir, tout comme la « révolution des parapluies » à Hongkong en 2014 ou plus récemment, Nuit debout en France en 2016.

    3. L’élection américaine et ses polémiques

    Mais la force de frappe de Facebook lui vaut également son lot de polémiques. Pendant la campagne présidentielle américaine de 2016, le réseau social sert de caisse de résonance aux fausses informations qui visent Hillary Clinton et le camp démocrate.

    Par ailleurs, l’équipe de Donald Trump s’appuie sur les services de la société britannique Cambridge Analytica, qui exploite les données privées de dizaines de millions d’usagers du réseau à leur insu pour cibler précisément les attentes de son électorat. Un scandale planétaire qui poursuit encore Facebook. Lundi, son PDG, Mark Zuckerberg, a promis que des mesures contre les ingérences seraient mises en place en vue des élections européennes.

    4. Au #Brésil, #Bolsonaro et sa campagne 2.0

    Fin 2018, le candidat d’extrême droite Jair Bolsonaro utilise également Facebook pour faire campagne durant la présidentielle brésilienne. Poignardé à l’abdomen par un opposant à quelques semaines du scrutin, il multiplie les vidéos en direct pendant sa convalescence et court-circuite ainsi les canaux médiatiques traditionnels.

    Dans un pays réputé pour son « appétence pour les réseaux sociaux », selon Fabrice Epelboin, il utilise également WhatsApp, la messagerie qui appartient à Facebook, pour diffuser sa rhétorique sécuritaire et nationaliste auprès des 120 millions d’utilisateurs brésiliens. Une campagne 2.0 qui lui permet d’être largement élu fin octobre.

    5. Le #Venezuela et la parole de l’opposition

    Ces derniers jours, la crise au ­Venezuela a mis en lumière l’usage politique des réseaux sociaux par l’opposition. Facebook, comme Twitter et Instagram, permet en effet à Juan Guaidó – qui s’est autoproclamé président le 23 janvier – et à ses partisans de contourner la censure imposée par le régime aux télévisions et aux radios.

    De quoi excéder Nicolás Maduro, qui dénonçait en octobre 2017 la « dictature » des réseaux sociaux. L’observatoire de l’Internet NetBlocks a d’ailleurs signalé que Facebook, comme d’autres plateformes, avait été coupé de « façon intermittente » ces derniers jours.

    https://www.lejdd.fr/Medias/Internet/avant-les-gilets-jaunes-voici-comment-facebook-a-change-les-conditions-de-la-d
    #réseaux_sociaux #démocratie #résistance #révoltes #USA #printemps_arabes #Etats-Unis #gilets_jaunes

  • L’Allemagne entrave les exportations d’armements d’Arquus
    https://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/aeronautique-defense/l-allemagne-entrave-les-exportations-d-armements-d-arquus-806418.html


    Le VAB Mark 3 à l’export est désormais équipé d’un moteur américain (Crédits : Arquus)

    Arquus (ex-Renault Trucks Defense) rencontre des difficultés à l’exportation en raison des réticences de l’Allemagne à autoriser des exportations de composants civils en vue d’être militarisés dans certains pays : Arabie Saoudite, Egypte mais aussi Indonésie et Inde.

    Comme d’autres industriels européens à l’image de MBDA, Arquus (ex-Renault Trucks Defense) rencontre quelques difficultés à l’exportation en raison des réticences de l’Allemagne à autoriser des exportations de composants civils en vue d’être militarisés dans certains pays. Arquus achète « des composants relativement difficiles à trouver ailleurs qu’en Allemagne », a expliqué calmement mardi son PDG, Emmanuel Levacher, lors de la présentation des résultats de 2018 du constructeur de blindés légers. Cela va de joints à des boites de vitesses automatiques ou encore des moteurs civils. « Un simple joint a bloqué » des affaires, a-t-il souligné. Et selon Emmanuel Levacher, cette liste s’est même allongée au-delà de l’Arabie Saoudite et de l’Egypte. Les autorités allemandes ont rajouté l’Indonésie et l’Inde, a-t-il précisé .

    Les autorités allemandes sembleraient avoir adopté une tactique, qui vise à décourager les demandes de licences d’exportation plutôt que de les interdire formellement. Le patron d’Arquus a d’ailleurs précisé qu’il n’y avait pas d’interdiction mais les autorités allemandes avaient des « délais d’instruction extrêmement longs » avant d’accorder ou pas leur autorisation. Résultat, a-t-il affirmé, « nos fournisseurs s’autocensurent » et finissent par ne plus adresser à l’administration allemande de demandes qui s’éternisent sur les bureaux. « Ça bloque », regrette-t-il. Ces « gros sujets sont évoqués avec les autorités françaises », a reconnu Emmanuel Levacher, qui va toutefois finir de livrer fin 2019, début 2020 ses blindés (VAB Mark 3 et Sherpa) à l’Arabie Saoudite dans le cadre du contrat Donas reconfiguré (ODAS).

    Comment contourner la mauvaise foi des autorités allemandes ? « On trouve des parades, on développe des solutions », a expliqué le PDG d’Arquus, qui a rappelé que cela avait un coût. Arquus cherche notamment de nouvelles sources d’approvisionnement autres qu’en Allemagne. Ainsi, le constructeur de blindés achète désormais des moteurs civils aux Etats-Unis pour les militariser en vue de les intégrer aux célèbres blindés VAB Mark 3. Mais certains composants sont difficiles à trouver en dehors de l’Allemagne comme les boites de vitesses automatiques. Seuls l’allemand ZF et l’américain Allison en produisent pour Arquus. A plus long terme, Emmanuel Levacher compte sur les nouvelles technologies (moteurs électriques...) « pour sortir de ce cercle vicieux ».

  • L’Allemagne bloque l’exportation du missile Meteor de MBDA vers l’Arabie Saoudite
    https://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/aeronautique-defense/l-allemagne-bloque-l-exportation-du-missile-meteor-de-mbda-vers-l-arabie-s


    Le missile air-air longue portée Meteor est opérationnel depuis décembre sur les Eurofighter.
    Crédits : MBDA

    Berlin bloque les licences d’exportation de matériels allemands intégrés sur le missile air-air longue portée Meteor, vers l’Arabie Saoudite. Les Allemands fabriquent notamment le système de propulsion et les charges militaires.

    Les temps sont durs pour MBDA... Le missilier européen est l’un des groupes de défense, qui joue le plus le jeu de la coopération européenne mais, revers de la médaille, il devient finalement très (trop ?) vulnérable aux aléas politiques des pays où il confie de la charge de travail. Après les déconvenues en Egypte avec l’interdiction des Etats-Unis d’exporter de certains composants du missile de croisière Scalp vers Le Caire (réglementation ITAR) aujourd’hui en voie de résolution, MBDA doit faire face à une nouvelle interdiction d’exportation d’un de ses missiles.

    Cette fois-ci, c’est au tour de Berlin de bloquer les licences d’exportation de matériels allemands intégrés sur le missile air-air longue portée Meteor, vers l’Arabie Saoudite. Contacté par La Tribune, MBDA n’a pas souhaité commenter. Ryad souhaiterait armer ses futurs Typhoon proposés par Londres avec des missiles air-air Meteor. Ce missile, qui est opérationnel depuis décembre sur les Typhoon, a pour principale mission de détruire ou de neutraliser des cibles aériennes à longue distance. Un missile qui ne devrait pas être utilisé dans le cadre du conflit au Yémen. Cette décision de Berlin va sans douter sérieusement agacer Londres. Le Royaume d’Arabie saoudite et MBDA avaient déjà signé en 2014 un premier contrat d’exportation du missile d’un montant estimé à 1 milliard de dollars.

    Des matériels « #German_free » ?
    A l’image de la volonté des industriels français de développer des matériels #ITAR_Free pour éviter les interdictions américaines, certains d’entre eux se posent désormais la question de développer des matériels sans équipement allemand. Pour autant, les équipements allemands du Meteor, qui sont au cœur même du missile, peuvent être très difficilement dupliqu[és]. Car il s’agit du système de propulsion (Bayern Chemie) et de la charge militaire (TDW) ainsi qu’à, un degré moindre, du système de mesures inertielles (Northrop Grumman LITEF GmbH). Bayern-Chemie et TDW sont des filiales de MBDA en Allemagne.

    L’Allemagne complique sérieusement les programmes en coopération, surtout dans le cadre du SCAF (Système de combat aérien du futur) et du MGCS (Main ground combat system ou char du futur), deux projets franco-allemands de très grande envergure. Déjà le missile Meteor est l’un des programmes européens les plus emblématiques de l’industrie de défense avec la mise en place d’une coopération qui rassemble six pays. C’est également une réussite. Car le Meteor a des performances nettement supérieures à celles des missiles actuellement en service ou des missiles air-air à statoréacteur susceptibles d’être mis en œuvre à l’horizon 2020.

    • Coïncidence…

      Exportations d’armes : « La France doit prendre en compte l’Allemagne » (Thomas Gassilloud, LREM)
      https://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/aeronautique-defense/exportation-d-armes-la-france-doit-prendre-en-compte-l-allemagne-thomas-ga


      "La France est prête à dire dans le cadre de l’exportation des programmes MGCS ou SCAF, qu’il faut prendre en compte les intérêts et avis de l’Allemagne", a déclaré le député du Rhône Thomas Gassilloud (LREM).
      Crédits : Thomas Gassilloud

      Dans une interview accordée à La Tribune, le député du Rhône Thomas Gassilloud (LREM) appelle la France à prendre en compte « les intérêts et les avis » de l’Allemagne sur le char franco-allemand du futur (Main Ground Combat System) et sur les exportations d’armes. Il appelle l’Allemagne à s’assumer elle même pour se défendre et ne plus compter exclusivement sur l’OTAN.

      La Tribune : Une petite délégation de parlementaires français (1), à laquelle vous avez participé, a rencontré en Allemagne des députés de la commission de défense du Bundestag et des hauts responsables de la défense. En tant que rapporteur du budget de l’armée de terre, avez-vous le sentiment que le programme du futur char franco-allemand est « blindé » ?
      […]
      Deuxième enjeu important, l’harmonisation de la politique d’exportation des armes entre Berlin et Paris, qui est un point divergent entre les deux pays. Avez-vous le sentiment lors de votre visite à Berlin que des points de convergences peuvent être atteints ?
      Parler de la question de l’exportation est effectivement fondamental avant de se lancer dans des programmes en commun. Développer et fabriquer un programme à deux veut clairement dire que chaque pays n’est plus en mesure de produire de manière autonome cet équipement sauf à dupliquer les chaines d’assemblage, les approvisionnements... Ce qui serait absolument sous-optimal. Il faut donc effectivement harmoniser les conditions d’exportation pour qu’il n’y ait pas de blocage et donc des malentendus entre les deux pays. C’est un point qu’il faut traiter rapidement. Les programmes MGCS et SCAF peuvent être des programmes accélérateurs pour aboutir à une convergence entre la France et l’Allemagne

      Faut-il moderniser le traité Debré-Schmidt ?
      Le Traité d’Aix-la-Chapelle, qui doit être ratifié, prévoit déjà les grandes lignes...

      ... Mais il n’y a rien de concret et ni de précis dans le nouveau Traité sur ce point ?
      Il y a déjà un cadre global. Une des pistes est de parvenir à un Traité Debré/Schmidt 2.0, qui vise à clarifier les conditions d’export entre les deux pays, avec potentiellement un organe consultatif de gouvernance commun. Cet organisme pourrait émettre des avis sur les licences d’exportation à accorder ou pas. Ce qui aurait permis par exemple d’éviter récemment le cas saoudien où un pays de manière unilatérale [a décrété] un embargo. Je ne pense pas qu’on aura un rapprochement immédiat des doctrines d’export entre la France et l’Allemagne mais on peut au moins se doter d’un organe de gouvernance commun. Chacun faisant un pas vers l’autre, on peut arriver à cheminer vers quelque chose de plus acceptable.

      Estimez-vous que la France soit prête à brader un pan de sa souveraineté sur les questions d’exportation ?
      Non. En revanche, la France est prête à dire dans le cadre de l’exportation des programmes MGCS ou SCAF, qu’il faut prendre en compte les intérêts et avis de l’Allemagne. C’est l’une des conditions pour être plus forts ensemble mais, en aucun cas, c’est un renoncement. Il faut que les deux pays déterminent en amont les conditions sur lesquelles ils peuvent exporter. En matière d’exportation, l’Allemagne est souvent soumise à des aléas politiques car les partis majoritaires en Allemagne ont des visions assez différentes sur ce dossier. Il y a des risques d’une moins grande prévisibilité des décisions en fonction des équilibres politiques en Allemagne. En France, un certain consensus a été établi car chacun se rend bien compte que les exportations sont une condition de notre souveraineté, mais bien entendu qu’il faut fortement les encadrer.

    • Un «  organisme commun  » serait certainement moins dépendant des «  équilibres politiques  » en Allemagne où quelques partis qui comptent persistent à être sensibles à une certaine réprobation publique des ventes d’armes à n’importe qui, contrairement à la France où (presque) tout le monde trouve que c’est bon pour son PIB, son emploi, etc. Et, accessoirement, sans doute plus sensible aux amicales sollicitations du lobby militaro-industriel.

  • EN IMAGES. Une quarantaine de #momies de plus de 2 000 ans dévoilées en #Égypte
    https://www.francetvinfo.fr/monde/afrique/egypte/en-images-une-quarantaine-de-momies-de-plus-de-2-000-ans-devoilees-en-e

    Elles ont plus de 2 000 ans mais sont « en bon état de conservation ». Dans le centre de l’Égypte, pus de 40 momies datant de la #dynastie_ptolémaïque (323 à 30 avant J.-C.) ont été dévoilées en grande pompe, samedi 2 février, dans des catacombes du site archéologique de Tounah El-Gebel. Parmi ces momies, « douze sont celles d’enfants, six d’animaux et le reste d’hommes et de femmes adultes », selon un membre de la mission archéologique ayant débuté en février 2018.

    #égyptologie #archéologie

  • En pleine visite d’Emmanuel Macron, nouvelle vague d’arrestations politiques en Égypte
    https://www.bastamag.net/En-pleine-visite-d-Emmanuel-Macron-nouvelle-vague-d-arrestations-politique

    Il n’aura pas fallu longtemps pour que les intentions affichées par Emmanuel Macron soient soumises à l’épreuve de la réalité. Au moment même où le président français affirmait, durant son séjour au Caire, vouloir redonner de l’importance à la question des droits humains dans la relation entre la France et l’Égypte, les forces de sécurité du régime d’Abdel Fattah al-Sissi arrêtaient plusieurs opposants politiques appartenant à la gauche égyptienne. Puis, le président français à peine remonté dans l’avion, un (...)

    #Décrypter

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