Yémen : les civils affamés souhaitent mourir pour échapper aux atrocités de la guerre | Middle East Eye |
Nawal Al-Maghafi, Video Editor
25 septembre 2015
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(...) Dès le départ, la campagne militaire a pris un caractère incontestablement sectaire. L’objectif déclaré de l’Arabie saoudite est de faire reculer les Houthis, des chiites zaydites, des positions qu’ils ont prises au cours de l’année écoulée, et de remettre au pouvoir le président déchu du Yémen, Abd Rabbo Mansour Hadi, qui a fui à Riyad en mars lorsque les insurgés houthis l’ont poursuivi jusqu’à la ville portuaire d’Aden.
Comme dans la plupart des conflits, les civils pris au milieu ont dû en faire les frais : des milliers de personnes ont ainsi été victimes d’attaques aveugles, que ce soit à travers les frappes aériennes de la coalition ou le pilonnage aux armes lourdes des Houthis. Bien que les estimations varient, beaucoup pensent que le nombre de victimes au cours des six premiers mois de la campagne de la coalition a déjà passé la barre des 4 500.
« Ça suffit ! Tout est parti, le commerce, les gens », s’exclame en pleurs Mohammed Al-Razoom, le directeur de l’usine, en nous faisant faire le tour de ce qui est devenu un paysage désolé, jonché de bouteilles et de machines calcinées.
S’exprimant pour l’agence Reuters, le commandant de la coalition, le général de brigade saoudien Ahmed Asseri, a insisté sur le fait que le bâtiment n’était pas une usine d’embouteillage, mais était utilisé par les Houthis pour fabriquer des engins explosifs.
Interrogé au sujet des commentaires d’Asseri, al-Razoom a ramassé une bouteille d’eau, pleurant de consternation : « Ce sont donc ça, les armes et les missiles visés par les Saoudiens ? »
« Il n’y a absolument personne qui nous aide »
Aujourd’hui, à quelques kilomètres du site touché par la frappe aérienne, à la périphérie du quartier de Beni Hassan, des tentes de fortune s’étalent à travers l’étendue désertique dans un camp provisoire de déplacés internes qui abrite des milliers de personnes ayant fui leur foyer.
La plupart affirment chercher un endroit pour se réfugier contre les violences, mais en vérité, un tel lieu n’existe plus au Yémen. Le jour où nous avons visité le camp, quatre frappes aériennes ont eu lieu ; la force de leur impact a soulevé tout le monde du sol et les gens ont été projetés quelques pas plus loin.
« Nous pensions que nous serions en sécurité ici, mais les frappes aériennes nous suivent partout où nous allons », a indiqué à MEE Khadija Ahmed, qui avait fui vers le camp avec son mari et ses quatre enfants.
« Chez nous, nous avions au moins de la nourriture, nos terres et nos chèvres. Ici, nous sommes affamés. Il n’y a absolument personne qui nous aide. » (...)