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  • Paris, terrain de jeu de l’innovation, Laetitia Van Eeckhout et Claire Legros
    https://www.lemonde.fr/smart-cities/article/2019/01/28/paris-terrain-de-jeu-de-l-innovation_5415624_4811534.html

    Si la capitale fait tout pour séduire les entreprises de pointe, elle doit aussi faire face aux plates-formes numériques de l’économie de partage, qui déstabilisent les politiques de la ville.

    Avec sa structure de bois et de métal, ses façades largement vitrées, ses toitures végétalisées et sa cheminée solaire, le bâtiment ressemble à une proue de navire. Il accueillera en 2022, dans le 13e arrondissement de Paris, le nouveau campus parisien de 9 700 mètres carrés de l’université de Chicago (Illinois).

    Si le fleuron universitaire américain a choisi Paris pour construire son siège pour l’Europe, l’Afrique et le Moyen-Orient, c’est pour « sa concentration de pôles de recherche » et ses « sources culturelles et intellectuelles extraordinaires ». « Un signe fort de l’attractivité croissante de la métropole parisienne », se félicite Jean-Louis Missika, adjoint à la maire de Paris chargé de l’urbanisme, du développement économique et de l’attractivité.

    L’élu en a fait l’objectif de ses deux mandatures : transformer Paris en « hub mondial de l’#économie de l’innovation ». Depuis dix ans, l’équipe municipale déploie les grands moyens pour séduire chercheurs et entrepreneurs, en particulier dans le domaine du numérique. Entre 2008 et 2014, plus d’un milliard d’euros ont été investis dans l’accompagnement de start-up, selon les chiffres de la Ville de Paris. Les programmes se sont multipliés pour attirer les entreprises innovantes : fonds Paris Innovation Amorçage, lancé en 2009 en partenariat avec la Banque publique d’investissement pour offrir un financement aux start-up qui choisissent un incubateur parisien ; création en 2015 de l’agence de développement économique Paris & Co, puis de l’Arc de l’innovation pour promouvoir l’innovation au-delà du périphérique en partenariat avec une vingtaine de communes du Grand Paris…

    « Ingénieurs bien formés »
    A la course aux podiums des #métropoles_mondiales, la capitale se hisse désormais dans le peloton de tête des villes les plus attractives, de la troisième à la neuvième place selon les classements. Une dynamique dopée par le contexte international. « Le coût de la vie et le niveau élevé du prix du foncier et des salaires à San Francisco amènent des entrepreneurs à se tourner vers Paris, de même qu’avec le Brexit, beaucoup renoncent à se lancer à Londres », constate Roxanne Varza, directrice de #Station_F, l’incubateur fondé par Xavier Niel, patron de Free (et actionnaire à titre personnel du Monde). Dans ce paradis des geeks et de l’innovation, un tiers des 3 000 #start-up accueillies sont portées par des entrepreneurs étrangers, venant principalement des Etats-Unis, de Grande-Bretagne, mais aussi de Chine et d’Inde.

    Le contexte international n’explique pas à lui seul le succès de la capitale. Avec son maillage d’universités et de laboratoires publics de recherche, Paris bénéficie d’atouts. « Ce qui fait l’attractivité de la métropole, ce sont ses pôles de recherche et la population des 25-45 ans qui va avec », estime Dominique Alba, directrice de l’Atelier parisien d’urbanisme, qui audite la capitale pour le compte de la Ville de Paris.

    « Pour une start-up, Paris, riche d’une culture scientifique et technique très forte, avec des ingénieurs bien formés, offre un environnement bien plus bénéfique que Londres », assure l’entrepreneur Bertrand Picard, qui a lancé en 2013 Natural Grass, une start-up de fabrication de gazon hybride pour stades de football. Cet ancien banquier chez Rothschild, à Londres, pensait initialement créer son entreprise outre-Manche, mais il a trouvé à Paris le soutien de laboratoires publics de recherche, comme le CNRS ou l’université Pierre-et-Marie-Curie.

    Incubateurs spécialisés
    Selon la dernière étude de l’Institut d’aménagement et d’urbanisme d’Ile-de-France, Paris compte quelque 150 #incubateurs, souvent spécialisés, dans tous les secteurs ou presque, du tourisme au sport, de l’alimentation à l’aéronautique, en passant par la santé. Peu à peu, les fonds privés ont pris le relais. Et les grandes entreprises, comme Renault ou la SNCF, viennent y frotter leurs unités de recherche et développement aux méthodes agiles des start-up, dans une démarche d’open innovation.

    Pour autant, Paris souffre aussi de faiblesses. Les sociétés d’investissement y sont moins nombreuses qu’à Londres ou New York. Si l’écosystème parisien s’est fortement renforcé en fonds d’amorçage, « il reste difficile d’y trouver des partenaires pour grandir », observe Bertrand Picard. Pour lui, « à la différence des entreprises californiennes comme Uber qui, de #levée_de_fonds en levée de fonds, peuvent étendre leurs services, les boîtes parisiennes qui atteignent un chiffre d’affaires de quelques dizaines de millions d’euros sont souvent amenées à être rachetées pour continuer de croître. » La multiplication des champs d’innovation peut conduire à disperser les forces. « On a d’excellentes boîtes mais on ne les valorise pas, confirme Stéphane Distinguin, président du pôle de compétitivité Cap Digital. Plutôt que d’investir en masse dans un domaine où l’on déciderait d’exceller, on saupoudre. On est encore très loin du modèle qui a permis à la Silicon Valley d’exister. »

    En matière d’emploi, le bilan est aussi mitigé. L’attractivité profite surtout à l’ activité non salariée, en progression de 19 % dans la métropole du Grand Paris de 2011 à 2016 . Au sein de l’Arc de l’innovation, qui concentre la moitié des lieux d’innovation de la métropole, près de 60 000 établissements ont été créés en 2017, la majorité sous le régime de #micro-entrepreneur. Des emplois pour partie portés par le développement des #plates-formes numériques de l’économie de partage.

    « En 2016, en à peine quatre ans d’existence, les sociétés de VTC [voiture de transport avec chauffeur] avaient créé 22 000 emplois en Ile-de-France, ou plutôt 22 000 autoentrepreneurs. Uber occupe le premier rang des créations d’emploi en Seine-Saint-Denis. Certes, aucune entreprise traditionnelle n’aurait été capable d’en faire autant. Mais ces nouveaux emplois d’#autoentrepreneurs posent une sérieuse question de #précarisation et de couverture sociale », relève Thierry Marcou, de la Fondation Internet Nouvelle Génération, coauteur de l’étude « Audacities », parue en avril 2018, sur le thème « Innover et gouverner dans la ville numérique réelle ».

    Crise du logement
    Car de l’innovation, Paris connaît aussi le revers de la médaille. Si son dynamisme séduit les start-up, il profite également aux plates-formes numériques, souvent d’origine américaine, qui ont transformé Paris en terrain de jeu de l’économie de partage. Créatrices de nouveaux services mais aussi d’emplois souvent précaires, celles-ci viennent déstabiliser les politiques de la ville.

    En dix ans, le nombre d’appartements entiers proposés sur le site de location de courte durée Airbnb a explosé dans la capitale, passant de 56 544 en octobre 2016 à 88 670 en mars 2018 (sur 101 873 offres totales) selon l’Observatoire-airbnb.fr, fondé par Matthieu Rouveyre, conseiller municipal de Bordeaux. Un phénomène qui accentue la crise du logement, même si, pour Airbnb, « la forte hausse de la part de logements inoccupés date en réalité de la fin du XXe siècle, bien avant l’arrivée des plates-formes de locations meublées touristiques ».
    Entre la start-up californienne et la Ville de Paris, la guerre est déclarée. Depuis le 1er décembre 2017, les règles se sont durcies : les loueurs doivent être enregistrés auprès de la mairie et ne pas dépasser cent vingt nuitées par an, faute de quoi ils encourent une amende. Mais ces mesures restent largement inappliquées : à peine 10 % des loueurs ont obtempéré.

    La collectivité s’en prend donc maintenant à Airbnb, qu’elle a assigné en justice afin qu’il supprime les annonces illégales, sous peine d’une astreinte de 1 000 à 5 000 euros par jour et par annonce. « Airbnb a des effets positifs, bien sûr. Il représente un complément de revenus pour les Parisiens et a obligé les hôtels à se réinventer mais, en même temps, il ne respecte pas les règles et représente un danger majeur pour le centre de Paris », souligne Jean-Louis Missika, tandis que Ian Brossat, le maire-adjoint au logement, va plus loin et plaide pour l’interdiction de la plate-forme dans les arrondissements du centre.

    Gouvernance de l’espace public
    Comment #gouverner_la_ville quand on ne dispose pas des leviers de régulation nécessaires ? L’irruption des services de partage de véhicules en free floating (ou « sans station ») rebat aussi les cartes de la gouvernance de l’espace public. Pas moins de six applications de partage de trottinettes se sont lancées sur le bitume parisien en 2018, offrant « une alternative à la voiture individuelle en diminuant les risques de congestion », soutient Kenneth Schlenker, directeur de Bird France, société californienne installée à Paris depuis cinq mois. Mais ces nouveaux services posent aussi de sérieux problèmes de sécurité, sur les trottoirs ou les voies de circulation.

    Contrairement à celle des Vélib’, l’activité des plates-formes ne fait pas l’objet d’une délégation de service public. « Aujourd’hui, on n’a aucun moyen d’obliger Amazon à utiliser des véhicules propres pour ses livraisons au dernier kilomètre. Dans la mesure où elle sous-traite la livraison, l’entreprise ne règle même pas ses contraventions », relève Jean-Louis Missika.

    Une charte de bonnes pratiques pour les véhicules en free floating est en chantier. La future loi d’orientation sur les mobilités, dont la présentation au Parlement est prévue fin mars, devrait aussi apporter de nouveaux leviers de régulation, que Jean-Louis Missika verrait bien aller jusqu’à la création de « licences délivrées par la Ville ». A Londres, ce dispositif a permis d’imposer à Uber des contraintes plus strictes en matière de sécurité du public. Une façon aussi d’accéder aux données et de peser sur l’impact environnemental des véhicules.

    Economie circulaire
    En attendant, des acteurs alternatifs tentent de trouver leur place dans le grand bazar parisien des plates-formes. Ils revendiquent une autre vision, non plus collaborative mais coopérative, où les données sont vraiment partagées et les revenus, plus équitablement répartis. C’est le cas de CoopCycle, une coopérative de livreurs à vélo qui vient de se lancer dans la capitale et se revendique comme une alternative à Deliveroo et Foodora.

    Selon Antoinette Guhl, maire-adjointe à l’économie sociale et solidaire (ESS) et à l’économie circulaire, il existe « une vraie demande des habitants de nouveaux modes de production, de distribution et d’entrepreneuriat ». Avec un poids non négligeable sur l’économie : toutes structures confondues (associations, entreprises, mutuelles), l’ESS contribue à 10 % du PIB de la capitale, tandis que l’économie circulaire représente 70 000 emplois directs. « L’urgence climatique nous oblige à penser l’innovation dans une logique plus locale, à taille humaine et qui répond aux grands défis sociaux et écologiques », insiste l’adjointe.

    La #Ville_de_Paris mise désormais sur la chaîne de production, source de création d’emplois, en favorisant l’émergence de fab labs et de makerspaces, dont une partie travaille dans le secteur de l’économie circulaire. En 2018, elle a intégré le réseau des fab cities qui testent de nouveaux modèles urbains pour développer les productions locales.

  • Un maraîcher s’entoure de chats pour continuer à cultiver bio
    http://www.lefigaro.fr/conso/2017/11/27/20010-20171127ARTFIG00008-un-maraicher-s-entoure-de-chats-pour-continuer-a-

    Au cours d’une vente, il a ainsi évoqué ses problèmes avec ses clients, dont certains travaillent pour Saint-Quentin félin, un refuge pour chats errants. Au cours de cette discussion, les membres de l’association proposent de lui apporter des chats peu domestiqués recueillis dans la rue pour qu’ils viennent chasser sur ses terres.
    En Chine, le chat, animal protecteur des stocks agricoles

    Et la solution a porté ses fruits. Celui qui a auparavant été ingénieur informaticien pendant 30 ans explique qu’il a déjà moins de pertes. Les félins sont difficiles à approcher et le producteur les voit peu, en revanche il a retrouvé quelques cadavres de rongeurs, des mulots, rats, une pie et même une canette ! Il est encore un peu tôt pour savoir si cette initiative a permis au maraîcher de sauver ses cultures mais les premiers trophées des félins sont porteurs d’espoirs !

  • Amérique latine : quelles perspectives en 2019 ?
    https://www.cetri.be/Amerique-latine-quelles

    L’Amérique latine a été marquée cette fin d’année 2018 par les élections de Jair Bolsonaro au Brésil et d’Andres Manuel Lopez Obrador (AMLO) au Mexique. Or, les cycles électoraux ne sont pas terminés et les dynamiques politiques, aussi bien nationales (Venezuela, Brésil, Mexique, Bolivie…) que supranationales (Mercosur, Groupe de Lima, Alliance Pacifique…) seront à observer afin de comprendre les tendances et directions de la région. Par ailleurs, le jeu des États-Unis, de la Chine et de l’Union européenne (...)

    #Le_Sud_en_mouvement

    / #Le_Sud_en_mouvement, Amérique latine & Caraïbes, #www.iris-france.org

    #Amérique_latine_&_Caraïbes

  • Paris se lance dans la course aux armes hypersoniques
    http://en.c4defence.com/AFP/France-armes-d%C3%A9fense-a%C3%A9ronautiquePREV/125760/3

    Dans le sillage de Moscou, Pékin et Washington, Paris se lance à son tour dans la course aux armements hypersoniques, capables de déjouer les défenses antimissiles, et qui promettent à leurs futurs détenteurs un coup stratégique d’avance. « Nous avons décidé de notifier un contrat pour un démonstrateur de planeur hypersonique », capable de se déplacer à une vitesse supérieure à Mach 5, soit plus de 6.000 km/h, a annoncé en début de semaine la ministre française des Armées Florence Parly, en promettant un premier essai en vol « d’ici fin 2021 ». « Beaucoup de nations s’en dotent, nous disposons de toutes les compétences pour le réaliser : nous ne pouvions plus attendre », a-t-elle fait valoir. L’enjeu est hautement stratégique. Trois des cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’Onu, dont fait partie la France, sont déjà bien partis dans cette course aux armements avec leurs propres programmes : les Etats-Unis, la Chine et la Russie

  • #Santé. #Médicaments : une #pénurie en bande organisée | L’Humanité
    https://www.humanite.fr/sante-medicaments-une-penurie-en-bande-organisee-666799

    « Près de 40 % des médicaments finis commercialisés dans l’UE proviennent de pays tiers », pointe ainsi l’Agence européenne du médicament. De même, 35 % des matières premières utilisées dans la fabrication des médicaments en France dépendent de seulement trois pays : l’Inde, la Chine et les États-Unis. Une situation de « perte d’indépendance sanitaire préoccupante » pour la France et l’Europe, a convenu, en octobre dernier, un rapport du Sénat consacré au sujet.« La cause numéro 1, c’est la financiarisation de la production de médicaments, appuie Alain-Michel Ceretti. Pour la Bourse, le médicament est une industrie comme les autres, qui doit dégager du profit, et donc rationaliser au maximum. Ce qui veut dire deux choses : délocaliser la production dans des pays à bas coûts et travailler avec le minimum de stocks. » Rien d’étonnant, dès lors, à ce qu’à la moindre difficulté, la pénurie s’installe. Parfois, pour longtemps. En 2017, la durée moyenne des ruptures constatées pour les médicaments considérés comme essentiels était de quatorze semaines, vingt-cinq pour les vaccins. Pour le Sinemet, du laboratoire MSD (Merck), les malades de Parkinson devaient se préparer à… sept mois (!) sans leurs cachets, à compter de septembre dernier, pour cause de mise en conformité de l’usine de production, aux États-Unis.

  • En Chine, cette app permet de géolocaliser et dénoncer les personnes qui ne paient pas leurs dettes
    https://www.numerama.com/tech/458481-une-app-officielle-chinoise-permet-de-geolocaliser-et-denoncer-les-

    Dénoncer les mauvais payeurs ? En Chine, il y a une application officielle pour cela. Si l’on veut imaginer à quoi ressemble une dystopie technologique où tout serait fait pour contraindre les citoyens, rien ne sert d’ouvrir un livre de science-fiction en 2019 : suivre l’actualité de la Chine suffit. C’est par l’intermédiaire du China Daily, média contrôlé par le gouvernement, que nous apprenons l’existence d’une nouvelle fonctionnalité liée au système de points sociaux qui fait tant débat : une (...)

    #WeChat #délation #géolocalisation #pauvreté #surveillance #SocialCreditSystem

    ##pauvreté
    //c2.lestechnophiles.com/www.numerama.com/content/uploads/2018/03/chine-police-e1528965231251.jpg

  • First systematic assessment of dental growth and development in an archaic hominin (genus, Homo) from East Asia

    Une nouvelle étude révèle qu’un Homo archaïque qui vivait dans le nord de la Chine il y a au moins 104 000 ans a montré des signes de croissance et de développement des dents très similaires aux humains d’oujourd’hui.


    http://advances.sciencemag.org/content/5/1/eaau0930.full

    #Préhistoire #Paléolithique #Evolution #Chine

  • Information_bien_public.

    information_bien_public.pdf
    https://www.kirchen.ch/ecouter-entendre/actualite/IMG/information_bien_public.pdf

    De nombreuses personnes et communautés
    estiment pourtant que participer à
    l’information et au savoir, et à leur diffusi
    on par la communication, reste de l’ordre du
    besoin existentiel comme la nourriture, les
    vêtements, le logement, l’éducation et les
    soins élémentaires de santé. Elles se f
    ondent sur la Déclaration universelle des
    droits humains pour réaffirmer que le droi
    t à l’information est un droit fondamental.
    L’article 19 affirme que « tout individu a droit
    à la liberté d’opinion et d’expression, ce
    qui implique le droit de ne pas être inquiét
    é pour ses opinions et celui de chercher,
    de recevoir et de répandre, sans considérat
    ion de frontières, les informations et les
    idées par quelque moyen d’expression que ce soit. »
    A l’évidence, le respect de ce droit fondamental n’est pas encore entré partout
    dans les mœurs. Il suffit de penser au contrô
    le exercé en Chine par les autorités sur
    Internet et à l’enregistrement des usagers
    et des informations qu’ils ont transmises
    sur la Toile. Les fréquentes censures
    de la presse ordonnées par des autorités
    gouvernementales, les interdictions de récept
    ion par satellite ou les restrictions à
    l’encontre de journaux reviennent quasiment à
    empêcher les activités de ces médias.
    L’accès général à l’information et à la communication est également entravé par le
    flux unilatéral d’informations du Nord au Sud.

    LA PRIVATISATION DE L’INFORMATION
    PAR LA PROPRIÉTÉ INTELLECTUELLE
    Michel VIVANT*
    Résumé

    L’information est une « notion fuyante ». Si l’on retient l’idée de message, qui postule sa communicabilité, le terme évoque la substance. C’est, dans l’univers du droit d’auteur, le fond par opposition à la forme. S’agissant de brevets, si le titulaire des droits est le seul à pouvoir exploiter l’invention brevetée, c’est en
    contrepartie de la divulgation qu’il fait de son invention : accès réservé contre accès intellectuel ouvert à tous. Alors, la privatisation de l’information est-elle une
    question pertinente ? C’est à cette interrogation qu’il sera tenté de répondre, par une réflexion menée en dehors des canons. Seront analysées les pratiques qui conduisent
    (ou risquent de conduire) à une monopolisation de l’information, étant donné qu’il faille souvent raisonner plus en termes de « réservation », voire
    d’« immobilisation » de l’information qu’en termes de propriété. Le raisonnement se fera en trois temps : tout d’abord, c’est le détournement des mécanismes légaux
    qui sera considéré, lorsque c’est la prise de distance avec la norme légale qui conduit subrepticement à une telle monopolisation. C’est ensuite un pur et simple
    contournement de ces mécanismes légaux qui pourra tendre vers ce résultat et qui sera étudié. Enfin, il faudra se demander si ce n’est pas l’oubli radical des
    mécanismes légaux, de leur économie, de leur philosophie qui pourrait bien être le moyen le plus accompli de parvenir, sans que cela soit dit, à cette monopolisation de
    l’information.

    Le capitalisme informationnel : modes d’analyse et de régulation.
    http://paigrain.debatpublic.net/docs/pha-tn-capinfo.pdf
    Les biens communs de l’information et leur gouvernance
    Philippe Aigrain.
    https://paigrain.debatpublic.net/docs/pha-venezia-291005.pdf

    Les biens communs informationnels (notez le pluriel)
    ne deviennent pas des espaces de consensus.
    Ils sont au contraire des espaces politiques par essence,
    traversés en permanence de conflits, de négociations, de mécanismes de pouvoir. Leur existence même repose sur des infrastructures qui cachent souvent en leur sein des ressources rares ou inégalement réparties, et donc ne relèvent pas d’un statut de biens communs mais constituent des biens publics sociaux. J’en citerai deux, les
    moteurs de recherche et les langues. Si vous avez écouté hier Christophe Bruno, je n’aurai pas pas de mal à vous convaincre qu’à la fois la fonction de moteur de recherche et les langues (y compris le lexique) constituent des ressources qui peuvent être le vecteur de l’introduction ou de la réintroduction de modes de propriété, de contrôle et
    de marchandisation. Mais il existe également
    une politique des langues et des cultures sur Interne
    t à une échelle bien plus générale. Toutes les
    langues n’y partent pas sur la même ligne, les plus m
    enacées étant celles de taille intermédiaire qui
    n’assurent ni fonction de lingua franca globale ou rég
    ionale, ni fonction d’affirmation identitaire forte
    d’un espace limité.

    BIENS COMMUNS. Toute « chose » ou entité immatérielle à laquelle on a décidé de donner un statut de propriété commune, de la faire appartenir à tous, parce qu’elle n’appartient à personne. Dans le sens moderne, la propriété commune est universelle, elle est cel
    le de l’humanité. Dans le sens ancien, il s’agissait souvent de la propriété d’une communauté restreinte. À ne pas confondre avec les biens publics dans
    le sens d’objets d’une propriété publique (gérée par des institutions publiques).
    BIENS COMMUNS INFORMATIONNELS. Bien communs qui peuventêtre créés, échangés et manipulés sous forme d’information, et dont les outils de création et le traitement sont souvent eux-mêmes informationnels (logiciels). Il peut s’agir de données, de connaissances, de
    créations dans tous les médias, d’idées, de logiciels. Les biens com-muns informationnels sont des biens publics parfaits au sens économique, contrairement aux biens communs physiques, qui gardenttoujours une part de rivalité ou d’excluabilité.
    Glossaire de
    Cause commune : l’information entre bien commun et
    propriété, Editions Fayard, 2005.
    http://www.causecommune.org

  • Les animaux génétiquement modifiés : pas (...) - Inf’OGM
    https://www.infogm.org/6254-animaux-ogm-pas-vraiment-au-point

    Il existe des millions d’animaux transgéniques, créés en laboratoires à des fins de recherche : principalement des rats, mais aussi des lapins, des chèvres, des vaches, etc. Ils sont utilisés pour étudier les mécanismes génétiques, mimer des maladies humaines, tester ou synthétiser des molécules [1]. D’après le Daily Mail, en 2007, 3,2 millions d’expériences ont eu lieu sur des animaux transgéniques, une augmentation de 6 % par rapport à 2006. L’Inra en France, par exemple, a dès la fin des années 90, modifié génétiquement par transgenèse des animaux. Louis-Marie Houdebine, chercheur à l’Inra, a ainsi « créé » un lapin fluorescent qu’un artiste, Eduardo Kac, a ensuite médiatisé. Dans la même veine, un programme de recherche médicale de l’Inra utilisait des brebis transgéniques, elles aussi fluorescentes. Preuve qu’on ne maîtrise jamais totalement la sécurité de ces programmes de recherche, une agnelle transgénique a été vendue pour sa viande à un particulier, en 2014. L’Inra a dénoncé cet acte malveillant, reconnaissant un dysfonctionnement interne.

    Très peu d’animaux transgéniques autorisés à la commercialisation

    Les premières plantes transgéniques sont apparues sur le marché à la fin des années 90… et vingt ans après, ce sont toujours les quatre mêmes plantes qui dominent le marché (voir p.4-5). Un nombre faible qui montre que malgré les discours, les difficultés techniques et économiques restent des contraintes fortes. En ce qui concerne les animaux transgéniques, les difficultés sont encore plus conséquentes. La transgenèse animale est « très coûteuse et d’un maniement relativement délicat », confirme L.-M. Houdebine. Ainsi, sont autorisés commercialement un nombre très restreint d’animaux génétiquement modifiés.
    Des milliers de moustiques transgéniques lâchés au Brésil

    Le 10 avril 2014, le Brésil a autorisé la dissémination commerciale dans l’environnement du moustique Aedes aegypti transgénique (OX513A) de l’entreprise britannique Oxitec (liée à Syngenta). Au Brésil, la production a commencé : plusieurs usines ont déjà été construites. Celle de Juazeiro (état de Bahia) produit des milliers de moustiques transgéniques depuis 2011. Ce moustique transgénique stérile est censé permettre de lutter contre la dengue.
    Des essais en champs ont été réalisés par Oxitec dans les îles Caïmans, en Malaisie, au Panama et au Brésil. Les essais prévus en Floride (États-Unis) n’ont toujours pas eu lieu. Les prétendus « résultats probants » de ces essais n’ont toujours pas été publiés. Cependant, en se basant sur les données communiquées par Oxitec, les organisations de la société civile estiment qu’il faudrait plus de sept millions de moustiques GM stériles par semaine pour avoir une chance de supprimer une population sauvage de seulement 20 000 moustiques. Oxitec doit se frotter les mains devant un marché captif aussi prometteur.
    Autre faiblesse : 3 % d’entre eux ne seront pas stériles, reconnaît Oxitec et en présence d’un antibiotique très répandu, la tétracycline, le taux de survie monte à 15 % environ.
    Une efficacité à 100 % ne serait pas non plus la panacée… L’agence brésilienne précise qu’elle a « identifié la nécessité de surveiller les populations sauvages du moustique Aedes albopictus [le moustique tigre], un autre vecteur du virus de la dengue, en raison du risque que cette espèce occupe la niche écologique laissée par l’élimination de Aedes aegypti ». Et que connaissons-nous avec précision du rôle de Aedes aegypti dans la chaîne alimentaire ?
    Un saumon GM vendu au Canada

    Le saumon transgénique développé par AquaBounty Technologies a été modifié pour grandir quatre fois plus vite que sa version non transgénique. Après des péripéties judiciaires et réglementaires qui ont duré près de 20 ans, il a finalement été autorisé pour la consommation humaine aux États-Unis le 19 novembre 2015. Mais quelques mois plus tard, fin janvier 2016, les États-Unis suspendaient l’autorisation « jusqu’à ce que la FDA publie des lignes directrices en matière d’étiquetage pour informer les consommateurs finaux » [2]. Cette suspension peut paraître tout à fait surprenante. En effet, aux États-Unis, jusqu’à présent, aucun produit GM ne doit obligatoirement faire l’objet d’un étiquetage spécifique.
    Au Canada, la vente de ce saumon et la production d’œufs sont autorisées sur l’île du Prince Edward, mais pas l’élevage. Ces œufs sont envoyés au Panama, seul pays au monde qui a autorisé l’élevage de saumon transgénique. De même, l’autorisation étasunienne « ne permet pas que ce saumon soit conçu et élevé aux États-Unis », une restriction qui en dit long.
    En 2017, pour la première fois, ce saumon a été vendu, au Canada [3] : ces cinq tonnes de filets de saumon transgénique ont rapporté 53 300 dollars à l’entreprise. Il s’agit de la première commercialisation d’un animal transgénique destiné à l’alimentation humaine.
    Ce saumon pose de nombreux problèmes tant environnementaux que sanitaires. Premièrement, selon une étude publiée en 2002, l’hormone de croissance, produite par transgenèse, aboutit à plusieurs dégâts collatéraux. Ainsi, ces animaux ont une tendance supérieure aux autres à devenir diabétiques et les poissons d’AquaBounty devront probablement être vendus sous forme de filets ou dans des plats cuisinés du fait de leurs difformités. Ensuite, une étude de 2009 montrent que si des poissons transgéniques s’échappent, ils auront tendance à « coloniser » les saumons non transgéniques, ce qu’avaient déjà montré des chercheurs en 1999. Autre élément : les poissons transgéniques accumulent plus les toxines dans leur chair que les autres poissons.
    L’ensemble de ces risques a donné une image bien négative de ce saumon… Ainsi, de nombreuses collectivités territoriales dont les états de l’Alaska, de la Californie et une soixantaine d’entreprises agro-alimentaires - comme Subway, Whole Foods, Trader Joe’s ou Kroger ou encore CostCo, deuxième plus grand détaillant étasunien qui achète chaque semaine 272 tonnes de saumon - se mobilisent contre son autorisation.
    Nouveaux animaux GM bientôt autorisés ?

    Parmi les papys des AGM, évoquons le cochon transgénique (« Enviropig »). Ce projet date de 1995 et est mené par l’Université de Guelph, au Canada. Ce cochon est censé contenir moins de phosphore dans ses excréments. Abandonné en 2012, il est réapparu moins d’un an après sous un nouveau nom : « Cassie Line ». Officiellement, l’abandon était lié à la méfiance des consommateurs et des industriels. Mais en fait, l’article scientifique de 2012 publié par l’Université de Guelph parle d’un cochon GM dont la nouvelle lignée est plus stable génétiquement parlant… : ce serait donc plus pour des questions techniques que les premiers cochons auraient été euthanasiés.
    La recherche s’intéresse aussi de près aux insectes. Ces derniers sont actuellement testés en champs et pourraient être prochainement autorisés, tous mis au point par l’entreprise Oxitec pour être stériles. Ainsi, en 2011, aux États-Unis, était expérimenté en champs un papillon génétiquement modifié (Plutella xylostella, OX4319), un parasite important des choux, colzas et autres plantes de la famille des Brassicacées. Au Brésil, c’est la mouche méditerranéenne des fruits (Ceratitis capitata) transgénique de l’entreprise Oxitec qui était lâchée à titre expérimental… Enfin, en 2013 et en 2015, Oxitec faisait une demande pour disséminer en Espagne des milliers de mouches de l’olivier (Bactrocera oleae, OX3097D-Bol), essais refusés par les autorités catalanes.
    Et les animaux GM 2.0 ?

    Les recherches actuelles de modification des animaux passent par l’utilisation de nouveaux outils de modification génétique, comme les Talen, ou Crispr/Cas9. En voici quelques exemples.
    Brice Whitelaw, du Roslin Institut, en Grande-Bretagne, a modifié des moutons et des bovins. Grâce aux protéines Talen, il a coupé la séquence génétique qui code pour la production de la myostatine qui freine le développement musculaire. Les animaux ainsi modifiés ont un système musculaire hypertrophié. Économiquement parlant, si cette délétion génétique arrive à produire des animaux viables, elle permettrait d’augmenter la masse musculaire de l’animal. En Chine, un des pays leaders dans le domaine, plusieurs équipes ont réussi, malgré des taux d’échecs importants, à désactiver certaines séquences génétiques en utilisant les technologies Talen ou Crispr/Cas9. Ainsi, l’une d’entre elles a mis au point des chiens de race Beagle plus musclés qui courent plus vite, et espère les vendre aux chasseurs... voire à l’armée ; une autre équipe propose un cochon nain qui reste vraiment nain, et espère le vendre comme animal de compagnie ; enfin, une troisième équipe travaille à réduire le taux de cholestérol chez le cochon, une innovation qui permettrait de limiter les maladies cardio-vasculaires…
    Éric Marois (CNRS / Inserm) estime que les deux outils Talen et Crispr/Cas9 « permettront d’obtenir très rapidement des mutations inactivant des gènes ciblés. Pour des manipulations génétiques plus complexes (remplacement d’un allèle par un autre, donnant par exemple une résistance à une maladie), ces outils permettront probablement d’accélérer les techniques déjà existantes développées chez la souris ».
    Au-delà des avantages techniques qui restent à démontrer, ces nouveaux OGM pourraient bien avoir un avantage considérable pour l’industrie : ne pas être considérés légalement com- me des OGM. Leur diffusion en serait facilitée car ils ne seraient plus soumis à autorisation, évaluation et étiquetage.
    Le forçage génétique

    Associé à une technique de transformation du vivant, le forçage génétique permet de propager une modification génétique plus vite que selon les lois classiques de Mendel sur l’hérédité, en quelques générations seulement. De nombreux laboratoires travaillent donc actuellement à forcer génétiquement des moustiques pour diffuser une stérilité rapidement. Objectif : éliminer les vecteurs pour éliminer les maladies. Mais avec quelles conséquences sur les équilibres écologiques ?
    Tous ces projets s’inscrivent dans une logique productiviste - des saumons plus gros, des cochons avec plus de muscle, etc. - ou mécaniste – éradiquer le vecteur pour combattre une maladie, sans comprendre la complexité d’un éco-système. C’est donc le risque de voir apparaître un autre vecteur qu’il faudra à son tour éliminer…
    Des AGM... juste pour le (...)
    Des AGM... juste pour le fun !
    GloFish

    Les premiers animaux transgéniques commercialisés étaient deux poissons d’ornement, destinés à des aquariums. Night Pearl®, conçu par l’Université de Taïwan, et GloFish®, conçu par l’Université de Singapour, ont été génétiquement modifiés avec un gène de fluorescence, issu respectivement d’une méduse et d’une anémone de mer. Ces poissons sont commercialisés à Taïwan, et aux États-Unis (sauf en Californie et au Michigan qui ont interdit les animaux transgéniques). GloFish est désormais une marque commerciale qui propose plusieurs espèces de poissons (poisson-zèbre, barbeau, tetra, etc.), disponibles dans plusieurs couleurs (orange, bleu, vert, rouge, violet, etc.).
    Interdits en Europe, quelques individus de ces poissons transgéniques ont été découverts dans plusieurs États membres – Allemagne, Irlande, Norvège, Pays-Bas, République Tchèque, Royaume-uni - de l’Union européenne entre 2006 et 2016.

  • Toulouse-Blagnac: le scandale Macron - Page 1 | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/france/240119/toulouse-blagnac-le-scandale-macron

    Décidée en 2014 par Emmanuel Macron, du temps où il était ministre de l’économie, la privatisation de la société de gestion de l’aéroport de Toulouse-Blagnac (SATB) n’aura été qu’une suite interminable de scandales. Et le dernier en date risque d’avoir un retentissement encore plus important que ceux qui l’ont précédé : les actionnaires chinois qui ont racheté à l’État 49,9 % du capital de la société ont en effet décidé de revendre leur part, et de faire au passage une belle galipette financière. Le bilan de l’opération de privatisation est accablant pour le chef de l’État, l’histoire s’apparentant à une opération de prédation sur un bien public.

    • Le journal La Dépêche a révélé, mardi 22 janvier, le projet des actionnaires chinois de la société Casil de rétrocéder pour 500 millions d’euros les 49,9 % des parts de la société de gestion qu’ils avaient acquis en avril 2015, lors de la privatisation voulue par Emmanuel Macron.

      L’actionnaire chinois a mandaté la banque Lazard, dirigée par Matthieu Pigasse (par ailleurs coactionnaire du journal Le Monde), pour chercher un acquéreur au prix de 500 millions d’euros. Ici réside le premier scandale : l’#aéroport de #Toulouse-Blagnac – qui est un bien public, jouant un rôle économique majeur pour la région et ayant des enjeux environnementaux importants pour la ville et le département – va être l’objet d’une galipette financière insensée puisque, en moins de quatre ans, l’acquéreur qui avait déboursé 308 millions d’euros, espère engranger une plus-value de 192 millions d’euros.

      Ce premier scandale a deux facettes : d’abord cela suggère, si l’opération se fait à ce prix, que l’Agence des participations de l’État (APE), dirigée par Martin Vial, le conjoint de la ministre des armées Florence Parly, a bradé un patrimoine public, permettant à l’acquéreur de faire une plus-value peu après sur le dos des citoyens. Cela suggère ensuite – mais nous y reviendrons plus loin – que l’État s’autorise à vendre des biens publics sans se soucier que les acquéreurs puissent faire ensuite ce que bon leur semble de ce bien.

      Le scandale prend d’autant plus de relief qu’il intervient comme l’acte final d’une opération de prédation que l’on a vue venir depuis longtemps.

      Que l’on se souvienne des débuts de l’histoire. À la fin de l’année 2014, Emmanuel Macron décide que l’État cédera à la société Casil, contrôlée par des investisseurs chinois emmenés par Mike Poon, 49,9 % de la SATB. Et à l’époque, il fustige ceux qui dénoncent cette #privatisation (dont Mediapart !), en faisant valoir que cela… n’en est pas une ! En clair, l’opinion est invitée à comprendre qu’avec leurs 49,9 %, les investisseurs chinois seront des actionnaires importants mais minoritaires ; et que la société restera contrôlée en majorité par des actionnaires publics français, soit 25 % pour la chambre de commerce et d’industrie (CCI), 5 % pour la Région Languedoc-Roussillon, Midi-Pyrénées, 5 % pour le département de la Haute-Garonne, et 5 % pour Toulouse Métropole ; le solde, soit 10,1 %, étant détenu par l’État français.

      Cette promesse-là, Emmanuel Macron la répète en boucle. Ainsi lors d’un entretien avec La Dépêche, le 4 décembre 2014 : « Je tiens à préciser qu’il ne s’agit pas d’une privatisation mais bien d’une ouverture de capital dans laquelle les collectivités locales et l’État restent majoritaires avec 50,01 % du capital. On ne vend pas l’aéroport, on ne vend pas les pistes ni les bâtiments qui restent propriété de l’État. […] Nous avons cédé cette participation pour un montant de 308 millions d’euros », dit le ministre de l’économie. Quelques jours plus tard, Emmanuel Macron hausse même le ton : « Celles et ceux que j’ai pu entendre, qui s’indignent de cette cession minoritaire de la société de gestion de l’aéroport de Toulouse, ont pour profession d’une part d’invectiver le gouvernement et d’autre part d’inquiéter les Français », déclare-t-il, en marge du congrès de l’Union nationale des professions libérales.

      Mais peu après, Mediapart apporte la preuve qu’Emmanuel Macron ment. Notre enquête a révélé qu’un pacte secret d’actionnaires avait été conclu et qu’il liait l’État non pas aux collectivités publiques régionales et locales, mais aux investisseurs chinois. Nous avons publié les principaux extraits de ce pacte d’actionnaires que l’État avait conclu secrètement avec la société Casil (lire Privatisation de l’aéroport de Toulouse : Emmanuel Macron a menti et Aéroport de Toulouse : les preuves du mensonge), et qui fait apparaître des dispositions stupéfiantes.

      Ainsi, il est prévu que la SATB sera supervisée par un conseil de surveillance de quinze membres, dont deux désignés par l’État et six désignés par l’investisseur chinois, selon la disposition « 2.1.2 » du pacte. Autrement dit, ces huit membres du conseil de surveillance, liés par le pacte, garantissent aux investisseurs chinois minoritaires de faire strictement ce qu’ils veulent et d’être majoritaires au conseil de surveillance.

      Le point « 2.1.3 » du pacte consolide cette garantie offerte aux investisseurs chinois, puisqu’il y est précisé que « l’État s’engage à voter en faveur des candidats à la fonction de membres du conseil de surveillance présentés par l’Acquéreur, de telle sorte que l’Acquéreur dispose de six (6) représentants au Conseil de surveillance ».

      Mais il y a plus grave. Au point « 2.2.2 », l’État donne la garantie quasi formelle à l’investisseur chinois, aussi minoritaire qu’il soit, qu’il pourra décider strictement de ce qu’il veut et que la puissance publique française ne se mettra jamais en travers de ses visées ou de ses projets : « L’État s’engage d’ores et déjà à ne pas faire obstacle à l’adoption des décisions prises en conformité avec le projet industriel tel que développé par l’Acquéreur dans son Offre et notamment les investissements et budgets conformes avec les lignes directrices de cette Offre. » Bref, les investisseurs chinois avaient carte blanche pour faire ce qu’ils voulaient.

      Depuis cette révélation par Mediapart, le ministère des finances a continué de garder le secret sur ce pacte et ne l’a jamais rendu public dans sa version intégrale.

      À ce premier scandale est ensuite venu s’en greffer d’autres. On a ainsi appris que le principal dirigeant du consortium chinois contrôlant la société Casil, Mike Poon, était impliqué en Chine dans un retentissant scandale de corruption et qu’il était en fuite (lire L’aéroport de Toulouse barbote toujours dans un climat de scandale).

      Un an et demi plus tard, le #mensonge d’Emmanuel Macron prend un caractère public. À l’occasion du vote que l’État émet lors d’une assemblée générale des actionnaires d’ATB, il affiche qu’il a bel et bien pactisé avec l’actionnaire chinois, même quand celui-ci a voulu siphonner les réserves de l’entreprise pour se servir un dividende exceptionnel (lire ici).

      Cette histoire de dividende donne lieu, au printemps 2016, à de longues semaines de conciliabules discrets qui inquiètent ceux des élus locaux attachés à la défense de l’intérêt général. À l’époque, les investisseurs chinois font savoir qu’ils entendent décider du versement d’un dividende aux actionnaires de la société. Au début, ils placent la barre très haut : selon nos informations, aux alentours de 50 millions d’euros.

      La somme indigne de nombreux responsables des collectivités qui figurent parmi les actionnaires historiques. Il faut en effet savoir que la société de gestion est profitable depuis longtemps, à hauteur environ de 5 millions d’euros par an, et qu’elle a eu la prudence de distribuer chaque fois seulement la moitié de ces gains à ces actionnaires, mettant en réserve l’autre moitié, pour faire face aux investissements futurs. Au fil des ans, cette autre moitié a donc fini par constituer un fonds de réserve de plus de 67 millions d’euros à la fin de l’exercice de 2015.

      En exigeant le versement d’un dividende de 50 millions d’euros, les investisseurs chinois ont donc suscité beaucoup d’émoi parmi les collectivités locales concernées. Car cela veut clairement dire que Casil ne tient pas sa parole : après avoir annoncé, lorsqu’elle était candidate pour la privatisation, qu’elle serait non pas un investisseur financier soucieux de profitabilité de court terme mais un investisseur responsable préoccupé des logiques de long terme, la société des investisseurs chinois montre qu’elle veut tout bonnement se « payer sur la bête » et siphonner les réserves de l’entreprise (lire ici).

      L’affaire s’est donc envenimée, et Casil est finalement obligée de transiger, ramenant la ponction sur les réserves à un peu moins de 20 millions d’euros. Ce qui constitue, envers et contre tout, le second scandale dont Emmanuel Macron porte l’entière responsabilité : les caisses d’une entreprise publique ont été partiellement vidées par un investisseur se comportant comme un fonds rapace, sitôt la privatisation effectuée.

      Et chaque année, par la suite, les acquéreurs chinois ont répété l’opération, continuant à piocher dans les réserves de l’entreprise, au risque de mettre en danger les investissements nécessaires à l’avenir : 7,7 millions de dividendes pour l’exercice clos en 2016, après 19,9 millions d’euros pour 2015 et seulement 2,4 millions pour 2014.

      Ces scandales, contre lesquels s’est constamment dressé un « Collectif contre la privatisation », ont fini par avoir un large écho. Et les faits révélés par Mediapart ont, par la suite, été confirmés par de nombreux rapports publics.

      Il y a d’abord eu un rapport sur « Le processus de privatisation des aéroports de Toulouse, Lyon et Nice », publié en octobre 2018 par la Cour des comptes. Stigmatisant « l’échec de la privatisation », les magistrats financiers n’ont pas de mots assez durs contre l’opération de privatisation, faisant en conclusion ces constats : « Le processus choisi a révélé de graves insuffisances : les critères de recevabilité des candidats étaient peu exigeants et limités à leur capacité financière, l’APE ayant choisi de ne pas exiger d’expérience en matière de gestion aéroportuaire ; elle a, par ailleurs, insuffisamment associé, et de manière trop tardive, les autres administrations de l’État, notamment la DGAC. De fait, l’acquéreur retenu a suscité des inquiétudes, en raison de son absence d’expérience en matière de gestion aéroportuaire, de son manque de transparence financière et de ses liens avec la puissance publique chinoise. »

      Un autre rapport public, réalisé par l’Assemblée nationale avec la député (PS) Valérie Rabault pour rapporteure, aboutit à des conclusions tout aussi sévères : « Ainsi, le montant de dividende par action au titre de l’exercice 2015 (versé en 2016) a été multiplié par 8 par rapport à celui versé au titre de l’exercice 2014 (payé en 2015), sans qu’évidemment les résultats financiers de la société ne suivent une telle évolution. Pour l’exercice 2016, le niveau de dividende par action est 3 fois celui de 2014. Au titre de l’exercice 2017, le montant de dividendes voté lors de l’Assemblée générale serait de 13,8 millions d’euros, ce qui représente un dividende de 93 euros par action, selon le calcul de la rapporteure spéciale. Ce montant est ainsi quasiment 6 fois celui de 2014, cette évolution étant sans commune mesure avec l’évolution des résultats. »

      Et ce rapport se concluait par ce constat, en forme de réquisitoire contre la privatisation Macron : « Au final, la rapporteure spéciale observe que les versements de dividendes semblent occuper une place centrale dans la stratégie de la société ATB, au détriment d’une vraie politique de développement de l’aéroport de Toulouse Blagnac. »

      Le fait que, après tant de péripéties, cette privatisation se conclue par une énième galipette financière et la cession par Casil de ses parts est évidemment logique mais choquant. Car dans cette affaire, de bout en bout, c’est la spéculation qui aura été le fil conducteur du récit : le ministre de l’économie s’est comporté comme un banquier d’affaires ; et un bien public a été vendu à l’encan, au profit d’investisseurs cherchant constamment des gains rapides.

      Car il y a dans cette affaire au moins une certitude : ce gâchis n’est pas le produit d’une cascade de malchances ou de maladresses. C’est la conséquences évidente d’une politique délibérée, transformant l’APE en une sorte de banque d’affaires, assez semblable aux banques d’affaires privées, suivant une seule logique, celle des forces de l’argent.

      De cela, il y a de nombreux indices. D’abord, toutes les privatisations des aéroports menées par Emmanuel Macron ont conduit à des dérives de ce type. Dans le cas de la privatisation de l’aéroport de Nice, Martine Orange a ainsi révélé cette histoire ahurissante : ancien directeur adjoint de cabinet de Christine Lagarde puis conseiller économique de Nicolas Sarkozy, Emmanuel Moulin, qui est à l’origine issu de la direction du Trésor, choisit le grand large du privé après la présidentielle de 2012. Et il rejoint la banque d’affaires italienne Mediobanca, comme secrétaire général. À partir de son arrivée, la banque d’affaires voit toutes les portes de l’État s’ouvrir. En 2017, Mediobanca se classe au troisième rang des banques conseils de l’État, juste derrière Rothschild, comme l’a révélé un autre rapport de la Cour des comptes.

      Or qui l’APE prend-elle comme banque conseil pour la privatisation de l’aéroport de Nice, qui intervient après celle de Toulouse ? La même banque Mediobanca. Plus grave : le rapport de la Cour des comptes évoqué plus haut révélera que cette banque est en outre actionnaire minoritaire du consortium qui remporte… la privatisation de l’aéroport. En somme, la banque qui conseille l’État est du côté du vendeur, mais elle fait aussi partie… des acheteurs ! Un #conflit_d’intérêts qui n’empêchera pas Emmanuel Moulin de revenir à Bercy : directeur de cabinet du ministre des finances Bruno Le Maire, il pilotera les futures privatisations, dont celle d’Aéroports de Paris (ADP). L’affairisme autour de l’aéroport de Toulouse est en somme le prélude de celui autour de l’aéroport de Nice ; et cela pour une bonne raison : la start-up nation d’Emmanuel Macron est passée par là, instaurant une confusion généralisée entre l’intérêt général et les appétits privés. Et ce qui est vrai des concessions aéroportuaires l’est tout autant, sinon plus, des concessions autoroutières.

      Une sorte de triste jurisprudence toulousaine s’est donc instaurée. Et c’est aussi pour cela qu’il importe maintenant de savoir si les investisseurs chinois pourront faire la dernière galipette financière à laquelle ils songent, ou si l’intérêt général finira par reprendre le dessus. Car même si la privatisation est bien consommée, il n’y a aucune fatalité à ce que les spéculateurs aient le dernier mot.

      Beaucoup de citoyens qui vivent à Toulouse ou dans sa région l’ont compris : cette privatisation est hautement impopulaire. Le combat du Collectif contre la privatisation, regroupant de nombreuses associations démocratiques et syndicats (voir ci-contre sa première réaction), risque donc de peser fortement dans une région où les gilets jaunes ont aussi des troupes nombreuses.

      Mais dans la nouvelle bataille autour de Toulouse-Blagnac qui va s’ouvrir, les opposants à la privatisation ont aussi de lourds arguments de droit à faire valoir. On oublie trop souvent – et les responsables politiques les premiers, surtout quand ils sont au pouvoir – qu’il existe tout un arsenal juridique très sophistiqué permettant « la résiliation unilatérale par l’administration des marchés publics ou des contrats de concession » – cette formulation est même le titre d’une note de la direction des affaires juridiques de Bercy.

      En certains cas, la résiliation peut ouvrir droit à une indemnisation, mais en d’autres cas non. « L’autorité concédante pourra procéder à la résiliation du contrat en cas de faute du concessionnaire alors même que cette possibilité n’aurait pas été envisagée dans le contrat », dit cette note, qui cite à l’appui une décision du Conseil d’État (7 décembre 2012, commune de Castres n° 351752) qui a fait jurisprudence : « En l’absence même de stipulations du contrat lui donnant cette possibilité, le concédant dispose de la faculté de résilier unilatéralement le contrat pour faute et sans indemnité. »

      Dans le cas présent, n’est-ce pas la solution qui devrait s’imposer à l’État, pour mettre fin aux spéculations de ce fonds rapace ? Dans un pays respectueux des règles de l’État de droit et attaché à la défense de l’intérêt général, c’est assurément cette voie-là qui serait explorée…

    • La #cour_administrative annule la privatisation de l’aéroport de Toulouse

      La cour administrative d’appel a annulé mardi 16 avril la vente de l’aéroport de Toulouse-Blagnac, estimant que le cahier des charges n’avait pas été respecté. L’État va devoir racheter les parts vendues au repreneur chinois Casil. Cette privatisation voulue par Emmanuel Macron en 2014 tourne au fiasco.

      https://www.mediapart.fr/journal/economie/160419/la-cour-administrative-annule-la-privatisation-de-l-aeroport-de-toulouse
      #justice

  • Le moteur de recherche Bing est désormais bloqué en Chine
    https://www.numerama.com/politique/457917-le-moteur-de-recherche-bing-est-desormais-bloque-en-chine.html

    Microsoft confirme que son moteur de recherche, Bing, est inaccessible en Chine. Périodiquement, la Chine ajoute de nouveaux noms à sa longue liste de sites et de services bloqués dans le pays. Twitch, WhatsApp, les réseaux privés virtuels (VPN)… les exemples ne manquent pas. L’histoire récente a même son lot de situations cocasses, à l’image des mesures prises contre la lettre « N » ou de la mésaventure de celui qui a conçu l’outil de filtrage chinois, qui a subi les effets de sa création. Désormais, (...)

    #Microsoft #Bing #WhatsApp #Twitch #censure #web #surveillance #Baidu

    //c0.lestechnophiles.com/www.numerama.com/content/uploads/2018/08/drapeau-chine.jpg

  • À Davos, la fin d’un monde
    https://www.latribune.fr/opinions/blogs/inside-davos/a-davos-la-fin-d-un-monde-804925.html


    Reuters

    ÉDITO. Dans ce monde en pleine recomposition, l’Occident, paralysé par l’essor des populismes et tenté par la fermeture des frontières, fait face à l’inexorable montée des pays émergents - Chine et Inde en tête -, qui professent strictement l’inverse. Par Philippe Mabille, directeur de la Rédaction.

    Souvent critiqué comme le sommet des riches et de l’entre-soi, le forum économique mondial de Davos, qui s’est tenu cette semaine, est aussi, par sa dimension internationale, un marqueur unique des tendances de l’époque. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que la température polaire qui s’est abattue sur la station des Grisons suisses est en phase avec le climat économique mondial.

    Rien à voir avec l’euphorie qui régnait l’an dernier. Juste à l’ouverture du sommet, Christine Lagarde, la présidente, française, du FMI, a affiché la couleur : « Une récession mondiale n’est pas au coin de la rue, mais le risque d’un recul plus prononcé de la croissance mondiale a augmenté », a-t-elle indiqué en commentant la nouvelle révision à la baisse des prévisions de l’institution.
    […]
    Pour la première fois depuis sa création en 1971 par le professeur Klaus Schwab, qui voulait en faire une plateforme de rencontres entre les politiques, les entreprises et la société civile, le World Economic Forum a été davantage commenté pour ses grands absents que pour ses présents. Donald Trump, le président américain, a annulé son voyage en raison de l’interminable shutdown de l’administration américaine et a refusé la venue du secrétaire au Trésor, Steven Mnuchin. Seul le secrétaire d’État, Mike Pompeo, est intervenu, en vidéo depuis Washington, une bonne nouvelle pour le climat alors que plus de 1 500 jets privés (200 de plus que l’an dernier, qui avait déjà affiché un record) ont servi à transporter en Suisse les happy few de la planète.

    Deuxième absent de marque, Xi Jinping, le président chinois, qui avait en 2017 vanté le libre-échange comme une forme de contrepied à la nouvelle stratégie américaine, a quand même délégué son vice-président avec une importante délégation chinoise, signe du basculement du monde vers l’Est.

    Du côté européen, Theresa May, empêtrée dans l’impasse du Brexit, a décliné l’invitation, de même qu’Emmanuel Macron, le président français, qui a sans doute pensé que sa présence à Davos, ce temple du capitalisme libéral et de la mondialisation, était peu compatible avec sa tentative de renouer le dialogue avec les Français en pleine crise des "Gilets jaunes".

    Au centre du jeu, la rivalité entre les États-Unis et la Chine
    On dit souvent que les absents ont toujours tort... Et de fait, à Davos, on n’a parlé que d’eux, et plutôt en mal. La rivalité entre les États-Unis et la Chine est au centre du jeu et l’on se préoccupe de la dégradation rapide des relations entre les deux pays, à l’image de l’affaire Huawei, le groupe chinois de télécoms soupçonné d’être le cheval de Troie de l’espionnage chinois, mais très présent pourtant à Davos avec un espace sur la Promenade, la rue centrale, et la venue de son président, Liang Hua.

    L’absence de Trump, de May et de Macron résonne comme un signe supplémentaire du déclin du monde occidental, paralysé par l’essor des populismes et tenté par la fermeture des frontières, face à l’inexorable montée des pays émergents, Chine et Inde en tête, qui professent strictement l’inverse, comme un retournement de l’histoire.

    Comme chaque année, mais plus encore pour cette édition, beaucoup prédisent que le monde de Davos touche à sa fin, que ce forum de la mondialisation malheureuse sera peut-être l’une des dernières éditions

  • Les marchés de la drogue (1/4) : Les guerres économiques de l’opium
    https://www.crashdebug.fr/international/15518-les-marches-de-la-drogue-1-4-les-guerres-economiques-de-l-opium

    Originaire d’Europe mais importé dès le haut Moyen-Âge vers la Chine, le Papaver somniferum, ou pavot servant à la fabrication de l’opium, va rapidement être au cœur des relations commerciales et de pouvoir entre l’empire du Milieu et les puissance européennes.

    Fumeurs d’opium Crédits : Getty

    Nous ouvrons cette semaine une série sous ecstasy… Cap sur les marchés de la drogue, aux frontières de la légalité… Demain, nous examinerons l’économie du deal en France… Mercredi, on s’intéressera au business du cannabis dans les pays qui autorisent son usage thérapeutique et récréatif… Jeudi, enfin, nous verrons comment les pouvoirs publics oscillent entre répression des consommateurs et accompagnement…

    Notre premier épisode s’ouvre dans l’obscurité d’une fumerie d’opium… " Grâce à l’opium, (...)

    #En_vedette #Actualités_internationales #Actualités_Internationales

  • Derniers préparatifs pour l’ouverture du Forum économique de Davos Le suivi du WEF - 21 Janvier 2019 - RTS
    La globalisation 4.0 : concevoir une nouvelle architecture mondiale à l’ère de la quatrième révolution industrielle"

    https://www.rts.ch/info/economie/10153687-derniers-preparatifs-pour-l-ouverture-du-forum-economique-de-davos.html

    - Les derniers préparatifs sont en cours à #Davos (GR), à la veille de l’ouverture du Forum économique mondial (#WEF). L’élite mondiale se réunit en l’absence de Donald Trump et de ses ministres, mais aussi d’Emmanuel Macron et de Theresa May.

    – Malgré ces absences, Davos attend plus de 3000 participants pour cette nouvelle édition du forum dont le thème est « La globalisation 4.0 : concevoir une nouvelle architecture mondiale à l’ère de la quatrième révolution industrielle ». Le WEF 2019 sera officiellement ouvert mardi par le président de la Confédération Ueli Maurer.

    – Parmi les personnalités présentes figurent 65 chefs d’Etat et de gouvernement, dont le vice-président chinois Wang Qishan, l’Allemande #Angela_Merkel, le Japonais #Shinzo_Abe, l’Israélien #Benjamin_Netanyahu, l’Espagnol #Pedro_Sanchez, l’Italien #Giuseppe_Conte ou encore le nouveau président brésilien #Jair_Bolsonaro, dont ce sera le premier voyage à l’étranger.

    Mesures sécuritaires : Pas de baisse malgré les absences

    La #police cantonale des Grisons et l’#armée ont présenté lundi le dispositif de sécurité mis en place. Malgré l’absence de chefs d’Etat de premier plan, les mesures de sécurité sont loin d’avoir été revues à la baisse.

    Le commandant de la police cantonale grisonne a précisé que le nombre de personnalités à protéger plus de cent - restait important cette année. Le nouveau président brésilien Jair Bolsonaro pourrait bien être la cible des manifestations en marge du WEF.

    Le dispositif de sécurité va en outre, comme chaque année depuis 2015 et les attentats de Paris, prendre en compte de façon spécifique la menace terroriste.

    L’espace aérien est verrouillé dans un rayon de 46 kilomètres autour de la station grisonne et jusqu’à 6000 mètres d’altitude. L’Autriche et l’Italie, pays voisins de la Suisse, sont impliquées dans le dispositif

    Une économie mondiale qui s’essoufle : Un rapport du FMI présenté à Davos
    Le Fonds monétaire international a dévoilé devant l’élite économique mondiale réunie à Davos le tableau d’une croissance mondiale encore solide mais qui ralentit plus que prévu, contrariée par les tensions commerciales et les risques politiques, tels le Brexit au Royaume-Uni et la fronde sociale en France.

    Le FMI a annoncé qu’il abaissait, pour la deuxième fois en quelques mois, le rythme d’expansion désormais estimé à 3,5% (-0,2 point) pour cette année après 3,7% en 2018. La prévision pour 2020 est également moins bonne à 3,6% (-0,1 point).

    Les projections 2019 pour les deux premières économies - Etats-Unis (+2,5%) et Chine (+6,2%) - sont, elles, restées inchangées après avoir été abaissées en octobre. Le FMI a pris acte d’une trêve commerciale annoncée le 1er décembre par Donald Trump et Xi Jinping. « Mais la possibilité que les tensions refassent surface au printemps assombrit les perspectives de l’économie mondiale », a commenté le FMI.

    Interrogé lundi dans La Matinale, l’économiste Stéphane Garelli décrit lui une manifestation « tournée vers les questions de société », susceptible de préparer le terrain de négociations à venir.

    Les jeunes au coeur du WEF - Les « Global shapers » sont coprésidents
    Pour la première fois, le Forum économique mondial de Davos donne une partie du contrôle aux jeunes. La 49e édition est coprésidée par des « global shapers », le nom donné à un groupe de jeunes de moins de 30 ans, parrainé par le WEF depuis plusieurs années.

    Six jeunes, au profil inconnu mais aux ambitions gigantesques, vont représenter les quelque 7000 « global shapers » répartis dans 160 pays et qui ont chacun développé une initiative locale.
    . . . . . .

    L’interview de Klaus Schwab : « Il faut un retour de la morale dans l’économie »
    Le patron du World Economic Forum (WEF) de Davos, Klaus Schwab, a annoncé qu’il faisait de la « moralisation » un des thèmes de l’édition 2019. « Il faut une moralisation de la mondialisation », assurait-t-il récemment lors d’un entretien accordé à la RTS.

    Ce retour de la morale dans l’économie passe par « les comportements privés » et par des « patrons plus modestes », affirme le fondateur du Forum de Davos. Selon l’économiste, il faut sortir de l’idée de « tout ce qui n’est pas interdit est permis » et la situation d’incertitude a amené « un nouvel égoïsme ». « Certains se disent ’me first’ et veulent ramasser le plus possible. »

    3000 participants attendus - Mais des absences de marque
    Après avoir renoncé à se rendre à Davos en plein « shutdown », le président américain Donald Trump a décidé jeudi d’annuler le déplacement de l’ensemble de sa délégation. Le président français Emmanuel Macron n’y participera pas non plus, en raison d’un « agenda surchargé » et de la crise des « gilets jaunes », tout comme la Première ministre britannique Theresa May, qui se consacre au Brexit.

    #globalisation_4.0 #économie #économie_mondiale #FMI #crise #global_shapers #initiatives_locales #morale #Klaus_Schwab #moralisation (#MDR)

  • Il manque 80 millions de femmes en Chine et en Inde, estime Human Rights Watch
    https://www.liberation.fr/planete/2019/01/19/il-manque-80-millions-de-femmes-en-chine-et-en-inde-estime-human-rights-w

    #viol #misogynie #hommerie

    A eux seuls, les deux pays les plus peuplés du monde comptent ainsi un trop-plein d’hommes, avec pour corollaire une « pénurie de femmes mariées », explique Heather Barr. Derrière ces termes un peu barbares se cache une amère réalité, celle des atroces méthodes auxquelles recourent certains hommes pour parvenir à conclure un mariage (forcé) et assurer leur descendance. Dans les Etats en conflit du Kachin et du Shan, au nord de la Birmanie, par exemple, des trafiquants attirent parfois les jeunes femmes en leur faisant miroiter une vie fantasmée en Chine, où elles seront finalement rachetées entre 3 000 et 13 000 dollars (selon l’âge et l’apparence) par des familles en quête d’une épouse pour leur fils.

    « Une fois achetées, ces femmes et filles sont généralement enfermées dans une pièce et violées de manière répétée, afin de les mettre enceinte rapidement pour qu’elles puissent donner un bébé à la famille. Après avoir accouché, certaines sont autorisées à repartir, mais contraintes de laisser leurs enfants derrière elles », dénonce Heather Barr, qui s’appuie sur les investigations d’Human Rights Watch. Si l’avortement sélectif est en principe interdit en Inde et en Chine, il est difficilement détectable et encore fréquemment pratiqué, empêchant la résorption du déséquilibre hommes-femmes. Ces deux pays, « et d’autres touchés, doivent agir de toute urgence pour atténuer les effets du déclin du nombre de femmes, et examiner attentivement les conséquences de cette pénurie, y compris en relation avec la traite et les violences à l’égard des femmes », écrit-elle.

  • « La France doit avoir des armes dans l’espace » (Olivier Becht, député AGIR)
    https://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/aeronautique-defense/la-france-doit-avoir-des-armes-dans-l-espace-olivier-becht-depute-udi-8041

    Auteurs d’un rapport sur le secteur spatial de défense, Olivier Becht (AGIR) et Stéphane Trompille (LREM) plaident pour une stratégie spatiale de défense à la fois défensive et offensive. Olivier Becht évalue le coût d’un renforcement des moyens spatiaux militaires entre 2 et 3 milliards d’euros supplémentaires sur deux lois de programmation militaire (LPM).

    La Tribune : Dans votre rapport, vous préconisez un changement de doctrine de la politique spatiale militaire française. Vous plaidez pour une politique offensive. Pourquoi ?
    Olivier Becht (député AGIR, Haut-Rhin) : Nous considérons que l’espace est un champ de conflictualités. Partout où l’homme est allé, il a amené la guerre. Dernièrement, il l’a amené dans le cyber, qui est le dernier espace dans lequel il s’est investi. Il n’y donc pas de raison que l’espace soit exclu de ce champ de confrontations. Nous partons d’ailleurs du principe que la guerre dans l’espace a déjà commencé sous des formes d’espionnage, de hacking de satellites, et plus généralement sous une forme d’arsenalisation de l’espace. Les Américains ne se cachent pas du tout. Nous allons vers une arsenalisation de l’espace parce que les Chinois, les Russes poursuivent également cette stratégie.

    Mais enfin, il y a un Traité international sur la démilitarisation de l’espace... Pourquoi choisir de l’abandonner ? Car c’est bien un CHOIX fait par ce rapport.

    Si nos satellites devaient être shootés dans l’espace, il y aurait beaucoup de choses qui vont s’arrêter sur terre et le chaos ne serait pas loin. De la même manière, la France ne peut pas bâtir demain des systèmes globaux de données comme elle l’a fait avec le programme Scorpion ou comme elle le fera avec SCAF, sans se protéger dans l’espace. Car ces système de systèmes dépendent des satellites pour les échanges de données en vue notamment d’un emploi et d’un usage des armes. Si ces satellites sont attaqués, la France doit évidemment pouvoir riposter sur terre ou dans l’espace. Le meilleur moyen pour neutraliser la menace est que la France se donne les moyens d’avoir des armes dans l’espace.

    Le chaos... raison de plus pour acter la démilitarisation de l’espace. Et pas d’ajouter des risques majeurs en participant/validant la course aux Armées spatiales.

    Et pour les armes offensives ?
    Différents types de lasers peuvent équiper à l’avenir des satellites ou des centres terrestres. Les lasers de type ioniques sont capables d’affecter les capteurs, et donc de neutraliser momentanément un satellite. La France pourrait utiliser des lasers classiques qui peuvent détruire grâce à une frappe chirurgicale un équipement sur un satellite.

    Des armes à bord des satellites : on enterre complètement le Traité de l’Espace. Sans débat multilatéral, évidemment.

    #Espace #Armées_spatiales #Militarisme

  • Homo domesticus. Une histoire profonde des premiers États

    Ernest London

    https://lavoiedujaguar.net/Homo-domesticus-Une-histoire-profonde-des-premiers-Etats

    À la recherche de l’origine des États antiques, James C. Scott, professeur de science politique et d’anthropologie, bouleverse les grands récits civilisationnels. Contrairement à bien des idées reçues, la domestication des plantes et des animaux n’a pas entraîné la fin du nomadisme ni engendré l’agriculture sédentaire. Et jusqu’il y a environ quatre siècles un tiers du globe était occupé par des chasseurs-cueilleurs tandis que la majorité de la population mondiale vivait « hors d’atteinte des entités étatiques et de leur appareil fiscal ».

    La première domestication, celle du feu, est responsable de la première concentration de population. La construction de niche de biodiversité par le biais d’une horticulture assistée par le feu a permis de relocaliser la faune et la flore désirables à l’intérieur d’un cercle restreint autour des campements. La cuisson des aliments a externalisé une partie du processus de digestion. Entre 8000 et 6000 avant notre ère, Homo sapiens a commencé à planter toute la gamme des céréales et des légumineuses, à domestiquer des chèvres, des moutons, des porcs, des bovins, c’est-à-dire bien avant l’émergence de sociétés étatiques de type agraire. (...)

    #James_C._Scott #histoire #anthropologie #Homo_sapiens #chasseurs-cueilleurs #agriculture #Mésopotamie #esclavage #État #empires_fantômes

    • Contre le blé, contre l’Etat, Joseph Confavreux

      L’anthropologue anarchiste James C. Scott publie un ouvrage détonnant qui, à l’appui des récentes découvertes de l’archéologie, remet en cause le grand récit civilisationnel fondé sur l’agriculture céréalière, la sédentarité et l’État.

      James C. Scott est éleveur de moutons et dit se sentir « personnellement offensé chaque fois qu’on cite les moutons comme synonyme de comportement conformiste de masse, de pusillanimité et d’absence d’individualité », alors que cela fait 8 000 ans que l’homme a sélectionné les moutons précisément pour les domestiquer et les rendre toujours plus dociles.

      James C. Scott est aussi un des anthropologues les plus singuliers du monde, auteur d’un travail au long cours sur les comportements infrapolitiques (Petit éloge de l’anarchisme), les logiques du pouvoir de l’État moderne (Seeing like a State) ou les peuples sans État, notamment ceux d’Asie du Sud (Zomia ou l’art de ne pas être gouverné).

      homo-domesticusSon dernier livre, que viennent de traduire les éditions La Découverte, s’intitule Homo Domestiscus. Une histoire profonde des premiers États, et combine ce qu’il a pu personnellement observer en matière de domestication des animaux ou des hommes avec des décennies de travail sur les rapports entre les marges et les centres, les nomades et les États, les gouvernés et les gouvernants, les prétendus barbares et les soi-disant civilisés.
      Il se nourrit, aussi et surtout, des récentes avancées de l’archéologie qui, grâce notamment à de nouvelles techniques de recherche, viennent de plus en plus souvent bousculer les savoirs solidifiés dans les livres scolaires et appris par des générations d’écoliers. La récente et impressionnante Histoire des civilisations, sous-titrée Comment l’archéologie bouleverse nos connaissances, également publiée par les éditions La Découverte et codirigée par l’archéologue Jean-Paul Demoule, s’inscrivait aussi dans ce moment singulier où l’archéologie change notre regard sur le passé, et peut-être ainsi sur le présent.

      Homo domesticus assume d’être une synthèse, voire parfois une forme de braconnage sur des territoires qui ne sont pas ceux de l’anthropologue. Scott définit d’ailleurs lui-même son ouvrage comme le « rapport d’exploration d’un intrus ». Mais son sens du récit et son érudition tout-terrain rendent sa thèse principale très convaincante, tout en permettant au lecteur d’apprendre, au passage, pourquoi les chimpanzés ont un intestin trois fois plus grand que le nôtre, quel est le métabolisme du blé sauvage ou comment lire l’épopée de Gilgamesh…

      Cette thèse consiste à démonter le grand récit civilisationnel de la révolution néolithique et de l’essor de l’humanité, selon lequel « l’agriculture venait se substituer au monde barbare, sauvage, primitif, brutal et sans loi des chasseurs-cueilleurs et des nomades ». Pour l’anthropologue, même si l’on a longtemps supposé que « l’agriculture avait été un grand pas en avant pour l’humanité en termes de bien-être, de nutrition et de temps libre », initialement, « c’est plutôt le contraire qui est vrai ».

      L’hypothèse implicite que la récolte d’une culture plantée serait plus fiable que le rendement des espèces sauvages serait ainsi fausse, « dans la mesure où les espèces sauvages, par définition, ne sont présentes que sur des sites où elles peuvent prospérer ». Celles et ceux qui voient dans l’agriculture sédentaire un pas majeur dans l’avancée de la civilisation négligent en plus les « risques de crise de subsistance impliqués par un mode de vie sédentaire et par la nécessité concomitante de planter, de soigner et de protéger des espèces cultivées ».

      Les avancées récentes de l’archéologie révèlent que les chasseurs-cueilleurs n’avaient rien « de ces populations désemparées, mal nourries, toujours au bord de la famine, qu’imagine l’ethnologie populaire ». Et permettent de mieux comprendre que la « sécurité alimentaire des chasseurs-cueilleurs reposait précisément sur la mobilité et sur la diversité des ressources auxquelles ils avaient accès ».

      À partir du moment où l’on remet en question l’hypothèse fondamentale de la supériorité et de la plus grande attractivité de l’agriculture sédentaire par rapport à toutes les formes de subsistance antérieures, il devient clair, pour le chercheur, « que ladite hypothèse repose elle-même sur un présupposé plus profond et plus enraciné qui n’est, lui, pratiquement jamais remis en cause : à savoir que l’existence sédentaire serait elle-même supérieure et plus attrayante que les formes de subsistance fondées sur la mobilité ».

      51bn3kwdvel-sx329-bo1-204-203-200Dans ce livre, dont le titre original est Against the Grain : A Deep History of the Earliest States, Scott avance donc l’hypothèse du lien étroit entre les céréales et la constitution d’États jugés coercitifs par l’anarchiste qu’il est depuis des décennies. Pour lui, « seules les céréales sont vraiment adaptées à la concentration de la production, au prélèvement fiscal, à l’appropriation, aux registres cadastraux, au stockage et au rationnement ». Ce qui explique pourquoi l’économie de tous les États antiques reposait sur les céréales et pourquoi « l’histoire n’a pas gardé trace de l’existence d’États du manioc, du sagou, de l’igname, du taro, du plantain, de l’arbre à pain ou de la patate douce ».
      Il s’ensuit pour Scott que « l’émergence de l’État ne devient possible que lorsqu’il n’existe guère d’autres options qu’un régime alimentaire dominé par les céréales domestiquées ». La « clé du lien » entre l’État et les céréales serait donc le fait que « seules ces dernières peuvent servir de base à l’impôt, de par leur visibilité, leur divisibilité, leur “évaluabilité”, leur “stockabilité”, leur transportabilité. »

      « Myopie historique »

      À partir de là, James C. Scott juge donc qu’on surestime très largement la révolution néolithique qui « a entraîné un appauvrissement de la sensibilité et du savoir pratique de notre espèce face au monde naturel, un appauvrissement de son régime alimentaire, une contraction de son espace vital et aussi, sans doute, de la richesse de son existence rituelle ».

      arton2238-a8443Une surévaluation intimement liée à la manière dont les progrès de la civilisation ont été « codifiés par les premiers grands royaumes agraires ». Comme dans Zomia, l’anthropologue juge nécessaire de se départir de la « téléologie de l’État » et d’une « histoire stato-centrée ». Une histoire « impartiale » supposerait, selon lui, qu’on accorde à l’État « un rôle beaucoup plus modeste que celui qu’on lui attribue normalement », même s’il n’est pas étonnant que l’État ait fini par dominer les grands récits archéologiques et historiques.
      En effet, outre l’hégémonie de la forme État dans le monde actuel, « la majeure partie des recherches archéologiques et historiques dans le monde sont parrainées par l’État, ce qui en fait souvent une sorte d’autoportrait narcissique », écrit Scott, en notant qu’on a toujours privilégié l’excavation des grandes ruines historiques sur des indices plus faibles d’installation humaine, que les dernières techniques archéologiques permettent de mieux repérer.

      De plus, les « documents écrits sont invariablement produits par et pour l’État ». Même si bon nombre de peuples nomades connaissaient l’écriture, « ils écrivaient généralement sur des matériaux périssables (écorce, feuille, bambou, roseau) et pour des raisons étrangères aux préoccupations d’un État (comme mémoriser des sortilèges ou des poèmes d’amour) ».

      Décentrer ainsi l’Histoire pour éclairer les zones oubliées par les récits officiels permet notamment de montrer que l’émergence de l’État apparaît en réalité très longtemps après la naissance de l’agriculture sédentaire et ne lui est pas liée, même si cette forme d’organisation sociale demeure, en général, réticente aux zones humides, désertiques ou montagneuses.

      Scott rappelle à ce sujet que les premiers établissements sédentaires de l’histoire de l’humanité sont apparus dans des zones humides, dont le rôle a été largement sous-estimé, pour au moins trois raisons. D’abord en raison de « l’association presque irrésistible entre l’idée de civilisation et les principales céréales : blé, orge, riz et maïs ». Ensuite, parce qu’il s’agissait de cultures largement orales n’ayant laissé derrière elles aucun témoignage écrit. Enfin, parce que cette myopie historique vis-à-vis des sociétés des zones humides pourrait être liée à leur « incompatibilité écologique avec la centralisation administrative et le contrôle par le haut. Ces sociétés reposaient en effet sur ce qu’on appelle aujourd’hui des biens collectifs ou des communs – plantes, animaux et espèces aquatiques sauvages auxquelles toute la communauté avait accès. Il n’existait aucune ressource dominante unique susceptible d’être monopolisée ou contrôlée et encore moins taxée par un centre politique ».

      Décentrer l’histoire permet aussi de comprendre que les premiers États étaient, en réalité, non seulement très fragiles, mais éphémères et réversibles. « Dans la plupart des cas, les périodes d’interrègne, de fragmentation et de décadence étaient plus fréquentes que les phases de domination efficace et stable. » En outre, explique Scott, « dans une grande partie du monde, l’État, même lorsqu’il était robuste, n’était qu’une institution saisonnière. Récemment encore, en Asie du Sud-Est, pendant les averses annuelles de la mousson, il n’était guère capable de projeter sa puissance au-delà des murs du palais royal ».

      Pour l’anthropologue, il a existé plusieurs lignes de faille, « sous-produits de l’émergence de l’État lui-même », liées aux conséquences épidémiologiques de la concentration sans précédent des espaces cultivés, des humains et du bétail, ainsi que des parasites et agents pathogènes, liées également aux effets écologiques plus insidieux de l’urbanisme ou encore aux répercussions d’une agriculture reposant sur l’irrigation intensive et entraînant une déforestation et une salinisation des sols.

      Rompre ainsi l’hypnose provoquée par les récits « narrant la fondation d’une dynastie ou exaltant sa période classique, alors que les périodes de désintégration et de désordre ne laissent que peu ou pas de trace », permet notamment de saisir les nombreux « mouvements de fuite des territoires contrôlés par les premiers États en direction de leur périphérie ». Mouvements dont les traces, « dans la mesure où ils contredisent le récit qui met en scène l’État en tant que porteur de civilisation et bienfaiteur de ses sujets », sont « confinées dans d’obscurs documents juridiques ».

      La Grande Muraille sur le site de Mutianyu
      La Grande Muraille sur le site de Mutianyu
      Le lecteur apprend ainsi que la Grande Muraille de Chine servait tout autant à retenir les paysans Han et les contribuables qu’à faire obstacle aux incursions barbares. Ce fait que les premiers États n’aient pas réussi à retenir leur population est, pour Scott, le signe que « c’est seulement par le biais de diverses formes de servitude que les premiers États ont réussi à capturer et à fixer une bonne partie de leurs populations ».
      « Homo sapiens n’a-t-il pas lui-même été domestiqué ? »

      La mise en cause du récit traditionnel de la civilisation par James Scott n’est pas seulement, pour lui, un moyen de rendre justice à un passé moins linéaire que la vision que nous en avons d’habitude. Elle est aussi une façon de repenser le présent, et notamment le fait que nous acceptons comme quelque chose d’inévitable, voire de normal, de vivre dans des États inégalitaires et dont les premières fondations reposent sur la coercition et l’exploitation de leurs populations.

      41wndayie2l-sx303-bo1-204-203-200L’anthropologue réexamine ainsi « la conception de l’État chère à des théoriciens du contrat social tels que Hobbes et Locke, celle d’un pôle d’attraction irrésistible reposant sur la paix civile, l’ordre social et la sécurité personnelle ». Alors que, pour lui, la « formation des premiers États est pour une bonne part une entreprise coercitive », appuyée sur l’usage « extensif d’une main-d’œuvre servile » : prisonniers de guerre, semi-servage, esclaves, même si celui-ci était présent dans nombre de sociétés pré-étatiques.
      James C. Scott tient à réhabiliter des modes de vie classés comme « barbares » simplement parce qu’il refusaient les rets de l’État, et en particulier l’impôt, que le chercheur n’hésite pas à qualifier de « fléau » pour les populations intégrées aux premiers États, en évoquant les collectes en nature prélevées par l’État sous forme de céréales, de main-d’œuvre et de conscription.

      Il fait ainsi voler en éclats la ligne de démarcation censée passer entre les mondes dits barbares et les mondes prétendument civilisés, c’est-à-dire étatisés, notamment parce que les populations assujetties à l’État et les peuples sans État étaient en réalité des partenaires commerciaux naturels et fréquents, dont le négoce des peaux de castor des Amérindiens a été l’un des plus emblématiques. « Une telle symbiose engendrait une hybridité culturelle beaucoup plus intense que ce que la typique dichotomie “barbare-civilisé” pourrait laisser croire », écrit Scott.

      Pour lui, les « barbares » doivent davantage être compris comme les « jumeaux cachés de la civilisation », comme l’atteste notamment le fait qu’il est arrivé que ces derniers conquièrent l’État, comme ce fut le cas deux fois dans l’histoire de la Chine, avec la dynastie mongole des Yuan et la dynastie mandchoue des Qing, ainsi que dans celui d’Osman, le fondateur de l’Empire ottoman. Pour Scott, l’existence dite barbare a donc « été souvent plus facile, plus libre et plus saine que celle des membres des sociétés civilisées – du moins de ceux qui ne faisaient pas partie de l’élite ».

      À lire l’anthropologue, on peut même aller jusqu’à désigner « la longue période historique qui vit se côtoyer des États agraires relativement faibles et de nombreux peuples sans État, généralement équestres », comme un « âge d’or » des barbares, comparable à un moment où « le mouvement d’enclosure politique représenté par l’État-nation n’existait pas encore ». Pour lui, ces « barbares » étaient « presque à tous égards plus libres que les petits fermiers anglais de la fin du Moyen Âge et du début de l’ère moderne, dont on a tant vanté l’indépendance ».

      Ce détour par la proto-histoire est aussi, pour Scott, un moyen de réfléchir à la notion de domestication, et à la façon dont elle résonne aujourd’hui. Il rappelle en effet que le terme domestiquer est normalement considéré comme un verbe actif impliquant un complément d’objet direct. Mais, interroge-t-il, Homo sapiens n’a-t-il « pas lui-même été domestiqué, attelé au cycle interminable du labourage, du plantage, du désherbage, de la récolte, du battage, du broyage » ? Pour Scott, l’homme est quasiment devenu esclave des céréales, et a été domestiqué par son confinement, une plus forte densité démographique et de nouveaux modèles d’activité physique et d’organisation sociale…

      Ce qui interroge quand on sait que, par rapport à leurs ancêtres sauvages, les moutons ont connu une réduction de 24 % de la taille de leur cerveau au cours des 10 000 ans d’histoire de leur domestication ou que les furets ont des cerveaux 30 % plus petits que ceux des putois… « La réduction de la taille du cerveau et ses conséquences possibles semblent décisives pour rendre compte de la docilité des animaux domestiques en général », écrit James Scott, en se plaisant sans doute à imaginer ce que serait le cerveau d’un homme sauvage, en liberté et sans État.

      LIRE AUSSI
      De l’importance de traverser hors des clous
      PAR JOSEPH CONFAVREUX
      Cette plongée dans la profondeur de l’histoire est, enfin, un moyen pour Scott de reprendre à nouveaux frais une notion à la mode, qui a pu être féconde pour alerter sur notre destinée civilisationnelle, mais s’avère également sidérante, voire paralysante : celle d’effondrement. Pour Scott, « dans son usage non réfléchi, la notion d’effondrement désigne une tragédie civilisationnelle affectant un grand royaume antique et ses réalisations culturelles ». Elle pourrait pourtant signifier « simplement un retour à la fragmentation de leurs parties constitutives, quitte à ce qu’elles se fédèrent de nouveau ultérieurement ».
      À lire l’anthropologue, une bonne partie de ce qui, dans l’histoire, est passé pour un effondrement n’était en réalité qu’une désagrégation au sens propre du terme : la réduction d’entités politiques de grande taille mais fragiles, à leurs composantes plus modestes et souvent plus stables, mais aussi souvent plus justes politiquement et socialement.

      Scott va jusqu’à effectuer alors un curieux, mais osé, « plaidoyer pour l’effondrement », en faisant l’hypothèse que ce qu’on désigne encore comme des siècles obscurs, des périodes intermédiaires ou des âges sombres a « en fait suscité un net gain de liberté pour de nombreux sujets des États antiques et une amélioration général du bien-être humain ». Une histoire à méditer pour les collapsologues ou les déclinistes contemporains…

    • Je connais mal cette littérature, mais je suppose que ces théories ont été confrontées et confirmées par les récits qu’on a des sociétés de #chasseurs-cueilleurs plus récentes, comme par exemple les sociétés #autochtones nord-américaines ? On a des témoignages du 17ème siècle de colons européens, par exemple :

      Un Français au « Royaume des bestes sauvages »
      #Paul_Lejeune, Lux, le 8 janvier 2009
      https://www.luxediteur.com/catalogue/un-francais-au-royaume-bestes-sauvages

      #Canada #Lux @lux_editeur

  • Est-ce que la Chine considère l’islam comme une maladie mentale ?
    https://www.liberation.fr/checknews/2018/10/15/est-ce-que-la-chine-considere-l-islam-comme-une-maladie-mentale_1685374

    Sous couvert de lutte contre l’extrémisme, les camps de rééducation de la province du Xinjiang sont destinés aux Ouïghours, une minorité musulmane présentée comme « malade ». Bonjour, Un million d’Ouïghours seraient actuellement détenus dans la région du Xinjiang, dans le nord-ouest de la Chine. Les membres de cette minorité musulmane sont internés dans des camps, auxquels Pékin essaye de donner une base légale après avoir longtemps nié leur existence. Voilà plusieurs mois que les autorités chinoises (...)

    #Islam #surveillance

  • Chine : le pari de la voiture autonome, rêve ou cauchemar ? - Asialyst

    https://asialyst.com/fr/2019/01/07/chine-pari-voiture-autonome-reve-ou-cauchemar

    Super article très informatif.

    En Chine, les champions du numérique se livrent à une course de vitesse pour tester sur les routes leurs véhicules autonomes. Malgré la circulation engorgée et chaotique des mégalopoles chinoises, les investissements s’accélèrent avec le soutien du gouvernement. Le premier marché automobile de la planète pourrait bien, d’ici quelques années, mettre un logiciel dans le siège du conducteur. La route chinoise s’en trouverait transfigurée : pour les optimistes, l’automatisation favorisera les transports en commun et réduira les émissions de gaz à effet de serre. Pour les pessimistes, elle pourrait saturer les villes de voitures et aggraver une urbanisation déjà frénétique.

    #mobilité #transport #voiture_autonome #automobile

  • Nicolas Maduro, l’illégitimité au pouvoir au Venezuela
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/01/12/nicolas-maduro-l-illegitimite-au-pouvoir-au-venezuela_5408172_3232.html

    Editorial. Le successeur d’Hugo Chavez a été investi le 10 janvier pour un deuxième mandat. Après la présidentielle sanglante de mai 2018, le pays traverse une crise dangereuse pour toute la région.

    Le 10 janvier, Nicolas Maduro a été officiellement investi pour un deuxième mandat à la tête du Venezuela. De manière symbolique, et contrairement à ce que prévoit la Constitution, l’héritier d’Hugo Chavez a choisi de prêter serment non pas devant l’Assemblée nationale, contrôlée par l’opposition et qu’il a dépouillée de ses prérogatives, mais devant la Cour suprême, composée de juges à ses ordres.

    Cette cérémonie d’investiture aura surtout été l’occasion pour le président Maduro de constater son isolement diplomatique, tant les rangs des dignitaires étrangers étaient clairsemés. Les Etats-Unis, le Canada et les pays membres de l’Union européenne brillaient par leur absence, de même que la majorité des pays d’Amérique latine. Quelques jours plus tôt, douze d’entre eux avaient appelé le président vénézuélien à renoncer et à transférer le pouvoir au Parlement. L’UE, considérant que l’élection présidentielle de mai 2018 n’avait été « ni libre ni crédible », a demandé l’organisation d’un nouveau scrutin, « libre et juste ». Seuls les dirigeants de Cuba, du Nicaragua et de Bolivie avaient fait le déplacement, aux côtés de représentants de la Chine et de la Russie.

  • Les jolis coups de Vinci dans les aéroports confortent son statut de favori pour ADP
    https://www.latribune.fr/entreprises-finance/services/transport-logistique/les-jolis-coups-de-vinci-dans-les-aeroports-conforte-son-statut-de-favori-

    Moins de 15 jours après avoir raflé la concession à vie de l’aéroport londonien de Gatwick, Vinci a signé un accord avec le gouvernement portugais pour doubler les capacités aéroportuaires de Lisbonne. De quoi renforcer son statut de favori pour la privatisation d’ADP. Et faire oublier les actes de vandalisme sur les autoroutes en France.

    A l’heure où, un peu partout dans le monde sauf en Chine, l’extension des capacités aéroportuaires est extrêmement difficile et la création d’un nouvel aéroport quasiment impossible pour des raisons environnementales, le Portugal fait exception. Face à la saturation de l’aéroport de Lisbonne du fait du doublement du trafic au cours des six dernières années, le gouvernement portugais a décidé de lancer un projet permettant d’accueillir à Lisbonne deux fois plus d’avions. En accord avec le groupe français Vinci, le propriétaire du gestionnaire des aéroports portugais ANA depuis fin 2012, le gouvernement a acté l’extension de la capacité de l’aéroport actuel Humberto Delgado, situé au bord du Tage, et de construire d’ici à la fin 2022 un deuxième aéroport sur l’autre rive du fleuve, sur une base militaire de Montijo, déjà équipée d’une piste. Ce faisant, le gouvernement portugais met fin à 50 ans de débats sur l’opportunité de créer un nouvel aéroport dans la région de la capitale portugaise au cours duquel pas moins de 17 projets ont été débattus.

  • • levalet | IN SITU

    Charles Leval, dit Levalet, est né en 1988 à Epinal. Il grandit en Guadeloupe, région où il entre au contact de la culture urbaine, puis des arts plastiques. Il poursuit ses études d’arts visuels à Strasbourg ; son travail, alors davantage tourné vers la vidéo, se nourrit d’une pratique théâtrale assidue. Il obtient l’agrégation en 2012, année où son travail commence à prendre place dans les rues de Paris et d’ailleurs.

    L’œuvre de Levalet est avant tout un travail de dessin et d’installation. Il met en scène ses personnages dessinés à l’encre de chine dans l’espace public, dans un jeu de dialogue visuel et sémantique avec l’environnement présent. Les personnages interagissent avec l’architecture et se déploient dans des situations frôlant souvent l’absurde.

    https://www.levalet.xyz/outside

    #street_art #affiche

  • U.S. Navy ship sails in disputed South China Sea amid trade talks with Beijing | Reuters
    https://www.reuters.com/article/us-usa-trade-china-southchinasea-idUSKCN1P10DS

    The USS McCampbell carried out a “#freedom_of_navigation” operation, sailing within 12 nautical miles of the Paracel Island chain, “to challenge excessive maritime claims”, Pacific Fleet spokeswoman Rachel McMarr said in an emailed statement.

    The operation was not about any one country or to make a political statement, McMarr said.

    Une petite démonstration #FoN, pour bien démarrer l’année. Mais, attention, hein, on ne vise personne…

  • Chinese rover powers up devices in pioneering moon mission
    https://phys.org/news/2019-01-chinese-rover-powers-devices-moon.html


    In this photo provided on Jan. 4, 2019, by China National Space Administration via Xinhua News Agency, Yutu-2, China’s lunar rover, leaves wheel marks after leaving the lander that touched down on the surface of the far side of the moon. China’s space agency says that all systems are go for its spacecraft and rover that have made a pioneering landing on the far side of the moon.
    China National Space Administration/Xinhua News Agency via AP

    All systems are go as a Chinese spacecraft and rover power up their observation equipment after making a first-ever landing on the far side of the moon, the Chinese National Space Administration said.

    The #Jade_Rabbit_2 rover has succeeded in establishing a digital transmission link with a relay satellite that sends data back to the Beijing control center, the space agency said in a posting late Friday on its website.

    The rover’s radar and panoramic camera have been activated and are working normally, it said. A photo released by the agency showed the rover stopped at a point not far from where the Chang’e 4 spacecraft touched down Thursday.

    Chang’e 4, named after a Chinese moon goddess, is the first craft to make a soft landing on the moon’s far side, which faces away from Earth. Previous landings, including one by China’s Chang’e 3 in 2013, have been on the near side.

    • Lapin lunaire — Wikipédia
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Lapin_lunaire


      Lapin lunaire surligné.
      Pas d’auteur lisible par la machine identifié.

      Le lapin lunaire, ou lièvre de jade (chinois : #玉兔 ; pinyin : yù tù ; littéralement : « lapin de jade »), est une forme de lapin visible par #paréidolie sur la Lune. L’histoire d’un lapin vivant sur la Lune existe dans de nombreuses cultures, notamment dans la mythologie aztèque et dans le folklore de l’Asie de l’Est, où il utilise un mortier et un pilon.

    • La Chine diffuse une photo à 360 degrés de la face cachée de la Lune
      https://www.lemonde.fr/international/article/2019/01/11/la-chine-diffuse-une-photo-a-360-degres-de-la-face-cachee-de-la-lune_5408001

      Après avoir aluni le 3 janvier, la mission Chang’e-4 est, jusqu’ici, un « succès total », a salué vendredi la Chine.

      Les images sont impressionnantes. La Chine a dévoilé, vendredi 11 janvier, une photo panoramique de la face cachée de la Lune, montrant un paysage gris et parsemé de cratères, envoyée par la sonde lunaire qui a aluni début janvier. Ces images ont été transformées en image virtuelle à 360°, visible ci-dessus, par l’enseignant agrégé de physique-chimie, Thomas Appéré.
      Cet alunissage de la mission Chang’e-4 est le premier en douceur de l’histoire sur cet hémisphère de la Lune qui tourne le dos en permanence à la Terre. Il s’agit d’une étape cruciale de l’ambitieux programme spatial chinois. Et, jusqu’ici, c’est un « succès total » a salué, vendredi, la Chine.

      Un petit robot téléguidé à roues Yutu-2 (Lapin de Jade 2), qui a quitté l’atterrisseur, évolue désormais sur la surface lunaire afin d’y réaliser des analyses. Un appareil photo est installé sur cette sonde qui a pris le cliché publié, vendredi, par l’agence spatiale chinoise CNSA.

      Les cratères situés près du robot téléguidé – dont un large de vingt mètres et profond de quatre mètres – constitueront un défi pour les ingénieurs chargés d’élaborer son parcours, a fait savoir Li Chunlai, le commandant en chef du système d’application au sol de la mission Chang’e-4, cité par l’agence officielle Chine nouvelle.

      La sonde Chang’e-4, le Lapin de Jade 2, ainsi que le satellite Queqiao chargé de renvoyer les informations sur Terre « sont dans un état stable et tous les programmes se déroulent comme prévu », fait savoir la CNSA dans un communiqué. La mission va, désormais, « aborder l’étape de l’exploration scientifique », poursuit le texte.

      Equipée d’instruments chinois, allemand et suédois, la sonde Chang’e-4 doit mener des études portant sur l’environnement lunaire, le rayonnement cosmique et l’interaction entre le vent solaire et la surface de la lune, a fait savoir à la télévision publique CCTV Zhang Hongbo, l’ingénieur en chef du système d’application au sol. Les scientifiques pensent que la face cachée de la Lune est une zone cruciale pour en savoir davantage sur la structure interne et l’évolution des températures sur l’astre lunaire.

      https://roundme.com/tour/350106/view/1179570