country:irán

  • En Iran, l’avocate Nasrin Sotoudeh condamnée à une lourde peine
    https://www.lemonde.fr/international/article/2019/03/13/l-avocate-iranienne-nasrin-sotoudeh-lourdement-condamnee_5435370_3210.html

    La justice iranienne a fait connaître, lundi 11 mars, une peine d’emprisonnement prononcée par un tribunal révolutionnaire de Téhéran contre l’avocate Nasrin Sotoudeh, en son absence et à une date inconnue. Déjà retenue depuis neuf mois à la prison d’Evin, dans la capitale iranienne, Mme Sotoudeh est condamnée à cinq ans de prison pour « rassemblement et collusion contre le régime » et à deux ans pour « insulte au Guide suprême », a déclaré son juge, Mohammad Moghisseh, à l’agence semi-officielle ISNA.

    Cette avocate de 55 ans est célèbre pour sa défense de manifestants emprisonnés, comme de jeunes femmes ayant défié les lois de la République islamique en se dressant, sans voile, dans l’espace public. Cette peine sévère pourrait cependant n’être qu’un acompte, alors que la justice iranienne empile les condamnations contre elle, dans une grande opacité.

    Son mari, Reza Khandan, a précisé à l’Agence France-Presse qu’elle avait été condamnée, dans un second dossier, pour sept chefs d’accusation, à une série de peines dont l’addition donne le tournis : 33 ans. M. Khandan a déclaré à l’AFP que la plus lourde de ces peines, pour « incitation à la débauche », s’imposait aux autres : Mme Sotoudeh s’est donc vue promettre au moins dix ans derrière les barreaux, et 148 coups de fouet. Selon son juge, l’avocate a refusé de se faire remettre le dernier verdict, et son dossier a été renvoyé au tribunal d’appel.

    (...) Mme Sotoudeh fait les frais de la répression qui accompagne le retrait des Etats-Unis de l’accord international sur le nucléaire.

    Aujourd’hui, l’avocate fait les frais de la répression qui accompagne le retrait des Etats-Unis de l’accord international sur le nucléaire, en mai 2018. Selon Amnesty International, plus de 7 000 personnes ont été emprisonnées l’an dernier, à la suite des manifestations contre les blocages économique et politique du pays. En janvier 2018, Mme Sotoudeh avait été parmi les premières à annoncer la mort, en prison, de manifestants. Elle a pu également gêner l’institution judiciaire, en dénonçant la publication d’une liste de vingt avocats agréés pour défendre des accusés politiques, parmi lesquels elle ne figurait pas.

    Défense des « filles de la rue Enqelab »

    Avant tout, Mme Sotoudeh a pris fait et cause pour les « filles de la rue Enqelab », souvent très jeunes, qui ont osé depuis le début de l’année 2018 se dévoiler en pleine rue, juchées sur des transformateurs électriques ou des ronds-points, pour dénoncer l’obligation de port du voile en public faite aux Iraniennes.

    Le gouvernement du modéré Hassan Rohani a cherché à circonscrire la portée de leurs actes à un débat de société, sans en faire le symbole d’une contestation radicale du « système ». La justice, instance conservatrice, a, de son côté, prononcé des peines relativement clémentes contre certaines de ces femmes.
    Lire aussi En Iran, Nasrin Sotoudeh, la voix des anti-voile

    Cependant, la presse ultraconservatrice voit en elles un instrument des partisans d’un changement de régime, basés à l’étranger, et des « faucons » de la Maison Blanche. Elle n’a pas manqué de noter que la journaliste Masih Alinejad, initiatrice d’une campagne incitant les Iraniennes à se dévoiler en public, avait rencontré le secrétaire américain aux affaires étrangères, Mike Pompeo, en février à la Maison Blanche.

    Cette presse note également qu’une jeune Iranienne, Shaparak Shadjarizadeh, condamnée en 2018 à deux ans de prison ferme et à 18 ans de sursis, a pu quitter le pays pour s’établir au Canada. Elle y était intervenue en décembre 2018 devant le Parlement, pour demander des sanctions contre l’Iran, suscitant des critiques sur les réseaux sociaux iraniens.

    Peu après, le médecin Farhad Meysami, détenu en Iran pour avoir soutenu le mouvement des filles de la rue Enghelab, avait affirmé qu’il préférait demeurer derrière les barreaux plutôt que d’accepter le soutien offert au mouvement par l’administration américaine.

    Le 9 mars, le quotidien Javan, lié aux gardiens de la révolution, la principale force armée iranienne, a dénoncé l’intégration par le président français de Mme Sotoudeh à un conseil consultatif du G7. Il y voyait un premier test, par une puissance étrangère, du nouveau chef de l’autorité judiciaire, Ebrahim Raissi. Cet ancien rival ultraconservateur de M. Rohani à la présidentielle de mai 2017 a été nommé la semaine dernière par le Guide suprême.

    Louis Imbert

    J’ai gardé le nom du journaliste pour cet article qui (d)étonne dans le parti-pris général du _Monde sur les questions en #Iran.

  • ظريف : قادة ايران والعراق اتفقوا على الغاء تأشيرة الدخول وربط سكك الحديد واقامة مدن صناعية مشتركة – موقع قناة المنار – لبنان
    http://almanar.com.lb/4983728

    قادة ايران والعراق اتفقوا على الغاء تأشيرة الدخول وربط سكك الحديد واقامة مدن صناعية مشتركة بين البلدين، ورفع حجم التبادل التجاري من ١٢ الى ٢٠ مليار دولار سنويا

    Visite de Javad Zarif en Irak : accords sur la suppression des visas entre les deux pays, l’interconnexion ferroviaire et projets industriels et commerciaux à hauteur de 20 milliards de dollars. Une grande victoire de la stratégie US.

    https://twitter.com/JZarif/status/1105216113363697664
    –Inclusive regional security -No-fee visas -Connecting railways -Dredging border river after 43 yrs -Joint industrial zones -Energy cooperation -$20B in trade -PTA

    • https://ejmagnier.com/2019/03/12/liran-double-les-etats-unis-en-irak

      En conclusion :

      L’Iran a pris le pas sur les Etats-Unis parce que les responsables irakiens ont rejeté toutes sanctions unilatérales et ont privilégié des échanges commerciaux, y compris pour l’énergie.

      Le général de division Qassem Soleimani a atteint l’objectif iranien de développer une relation amicale avec l’Irak, où les dirigeants sont prêts à suspendre les relations avec les États-Unis si Trump insiste pour imposer des sanctions à tout pays qui traite avec Téhéran. Cela (entre autres haut-faits) a valu à Soleimani la médaille d’honneur la plus prestigieuse de l’Iran, “L’ordre de Zulfiqar” qui lui a été décerné par Sayed Ali Khamenei. Le ministre des Affaires étrangères Jawad Zarif a été le premier à féliciter Soleimani, en le décrivant comme “l’homme qui a fait du Moyen-Orient, un endroit plus sûr”. C’est la deuxième médaille de Soleimani ; la première était “l’ordre de Fath” reçu en 1989 des mains du même Khamenei.

      L’Iran vendra de l’électricité à l’Irak et utilisera le dollar et la monnaie locale dans ses échanges. La République islamique d’Iran a trouvé de nouveaux moyens de contrer les sanctions américaines en construisant des infrastructures industrielles et des lignes chemin de fer, et en développant les échanges commerciaux avec l’Irak. Cela fournira des dollars à l’Iran, qui, en même temps, diminuera sa dépendance au dollar américain en faisant des affaires en monnaie locale.

  • Arabia Saudí se convierte en el primer comprador mundial de armamento | Internacional | EL PAÍS
    https://elpais.com/internacional/2019/03/10/actualidad/1552241800_518970.html

    Los ingresos por las ingentes reservas petroleras y su pugna con Irán por la hegemonía regional han convertido a Arabia Saudí en el principal comprador mundial de armamento. El país árabe, principal cliente de EE UU y líder de la intervención en Yemen, triplicó la compra de material militar durante los últimos cinco años hasta hacer el 12% de las adquisiciones globales. Los datos, recogidos en el último informe del Instituto de Investigación para la Paz Internacional de Estocolmo (SIPRI), revelan que Oriente Próximo es la única región donde creció la importación de armas en el período 2014-2018, con una subida del 87%.

    Tout le monde s’en réjouit... #arabie_saoudite

  • VIOLENCE REPORTS

    The collective expulsion and violent return of asylum seekers to the Bosnian border surrounding #Velika_Kladuša is a routine occurrence. Men, women, and even children regularly return from their attempts to cross through Croatia and Slovenia with split lips, black eyes, and broken bones. The search for safety and asylum is all too often met with police batons and closed fists.

    The brutal practices of the Croatian police are against international laws and directives. Firstly, the beating and deportation of all people on the move, both irregular migrants and asylum seekers, is against the prohibition of collective expulsion (Article 4 Protocol 4 ECHR*), and the absolute prohibition of torture and non-humane or degrading treatment or punishment (Article 3 ECHR*).

    Secondly, according to the EU Directive on Asylum Procedures (2005/85/EC), all people on the move are entitled to information about asylum, translation assistance, the ability to present their case to a competent authority, notification of the outcome, and the right to appeal a negative decision (1). But most importantly, viewing people searching safety as mere illegal numbers and dangerous bodies pushes them to a grey zone. Within this grey zone, they are stripped of the right to have rights, resulting in their humiliation without legal consequence, leaving perpetrators unrecognisable and unpunished.

    Thousands of lives are being slowly destroyed while the EU community silently overlooks the brutality of its own border regime, absolving itself of any real sense of responsibility.

    To this end, No Name Kitchen, in coordination with several other independent groups operating in the area, has been engaged in the collection and presentation of the violence which occurs at Europe’s doorstep. In this capacity, we collect the testimonies of victims of border violence and present them to a variety of actors within the field in the hopes of highlighting the systematic nature of this violence. The methodological process for these reports is centered on leveraging the close social contact that we have as independent volunteers with refugees and migrants to monitor pushbacks from Croatia. When individuals return with significant injuries or stories of abuse, one of our violence monitoring volunteers will sit down with them and collect their testimonies. We collect hard data (dates, geo-locations, officer descriptions, photos of injuries/medical reports, etc.) but also open narratives of the abuse.

    http://www.nonamekitchen.org/en/violence-reports

    Lien pour télécharger le rapport :


    http://www.nonamekitchen.org/wp-content/uploads/2019/01/Finished-Border-Violence-on-the-Balkan-Route.pdf
    #violence #rapport #route_des_balkans #Balkans #asile #migrations #réfugiés #Bosnie #frontières #Croatie #Slovénie

    • Garaža za mučenje migranata

      “Policija je dovela njih sedmero u garažu u Korenicu, gdje su im oduzeli sve stvari. Slomili su im mobitele, uništili punjače. Uzeli su im novac, cigarete i hranu. Kad su skinuli odjeću policajci su ih počeli tući rukama, laktovima, nogama”. U posljednjih pola godine pojavila su se višestruka svjedočanstva koja ukazuju na to da hrvatska policija pritvara i muči izbjeglice i migrante u garaži u policijskoj postaji u Korenici. Garaža s plavim vratima, u kojoj, kako se opisuje u svjedočanstvima, izbjeglice i migranti bivaju pretučeni i izgladnjivani, nalazi se svega par metara od dječjeg igrališta.

      U više izvještaja različitih organizacija, a najnovije i u posljednjem izvještaju Border Violence Monitoringa, opisuju se garažna mjesta za pritvaranja i zlostavljanje, koja po opisu mogu odgovarati policijskoj postaji u Korenici, koja je zbog blizina granice često u službi odvraćanja izbjeglica i migranta natrag u Bosnu i Hercegovinu.

      Prema posljednjim svjedočanstvima u travnju je grupa muškaraca iz Sirije, Alžira i Maroka, uhvaćena blizu granice sa Slovenijom, odvedena u garažu u Korenicu i zatim vraćena natrag u Bosnu i Hercegovinu. Izrazili su namjeru za službenim traženjem azila, ali im je odbijen pristup proceduri, iako na nju imaju zakonsko pravo.

      “Policija je dovela njih sedmero u garažu u Korenicu, gdje su im oduzeli sve stvari. Slomili su im mobitele, uništili punjače. Uzeli su im novac, cigarete i hranu. Jednoj su osobi uzeli čak i naočale. U prostoru je samo prljavi pod, bez deka, spužvi, wc-a. Morali su na njemu ležati, iako je bilo užasno hladno. Kad su skinuli odjeću policajci su ih počeli tući rukama, laktovima, nogama. Imali su i elektrošokere i pepper sprej, koje su koristili nekoliko puta. Svi su ljudi plakali”, stoji u svjedočanstvu.

      Prva svjedočanstva i opisi garaže pojavili su se u prosincu prošle godine, od strane migranata koji su nakon prelaska granice u Hrvatsku uhićeni, odvedeni u “garažu” pa protjerani natrag u Bosnu i Hercegovinu, bez da im je omogućeno pravo da u Hrvatskoj zatraže azil.

      U prosincu 2018. godine, kako je evidentirao Border Violence Monitoring, grupu Alžiraca je nakon prelaska granice pokupio kombi s policajcima u maskirnim uniformama, koji su izgledali kao vojska. Odveli su ih u garažu.

      “Policijska postaja je ispred garaže. Dvorište je između policijske postaje i garaže. Unutra je umiovaonik i grijalica, te svjetla na stropu. Prostorija je malena. Nema prozora, samo plava vrata”, stoji u opisu. Istaknuli su kako je bilo hladno te zbog hladnoće nisu mogli spavati. Policajci su, navodi se, s njima pričali nasilno te su im odbili dati hranu.

      Naposljetku su, s drugim migrantima koji su već bili u garaži, bez da im se omogući da zatraže azil, izbačeni u planinama i poslani da hodaju natrag u Bosnu satima. Kad su izišli iz kombija, policajci su naložili vatru u koju su bacili sve njihove stvari. “Jedan je policajac htio uzeti i deku u kojoj je bila umotana djevojčica iz iračke obitelji, ali ga je drugi policajac zaustavio da to ne napravi”, navodi se u svjedočanstvu. Vreće za spavanje i šatori su završili u plamenu.

      “Policija radi što hoće”, komentar je koji se učestalo čuje među brojnim izbjeglicama koji su više puta protjerani iz Hrvatske. Većina odvraćenih i protjeranih u Velikoj Kladuši, gradu blizu granice u kojem smo nedavno bili, žale se upravo najgorljivije na hrvatsku policiju.

      I mještani Velike Kladuše, pogotovo oni koji svakodnevno pomažu izbjeglicama i migrantima, ističu kako ljudi s granice dolaze izmučeni i gladni, nerijetko s modricama, ožiljcima, otvorenim ranama. “Svi ti prizori podsjećaju me na zadnji rat, jedino što nema bombardiranja”, komentira nam jedna mještanka. Nasilje koje provodi hrvatska granična policija tako je postalo svakodnevna tema.

      Krajem prošle godine pojavljuje se još jedno svjedočanstvo o “garaži”, u kojem stoji: “Stavili su nas u ćeliju, ali to zapravo nije ćelija, nego više kao garaža, s plavim vratima i pločicama. Ispred je parkiralište i policijska postaja”. “Kad nas je policija uhvatila, nisu nam dali ništa. Tamo je bio neki stari kruh, dosta star. Zatražio sam taj kruh, ali mi ga nisu dali”, opisuje jedan od migranata.

      Ponukani ovim svjedočanstvima i opisima garaže za mučenje, nedavno smo posjetili Korenicu. Na ulazu u Korenicu primjećujemo jedan policijski auto parkiran kraj šume, i policajca koji se upravo izvlači iz šume prema autu. Tijekom zimskih mjeseci mogli smo čitati kako “službenici postaje granične policije Korenice provode mjere pojačanog suzbijanja nezakonitih migracija”. U razgovoru s mještanima doznajemo kako su pojačane policijske snage u okolici u posljednje vrijeme, a izbjeglice i migrante se intenzivno traži po okolnim brdima.

      Prilikom našeg kratkog boravka u Korenici, ispred policijske postaje se izmijenio velik broj policajaca, dolazili su i odlazili autima i kombijima. Osim policajaca u redovnim uniformama, bilo je i obučenih u tamnozelene uniforme. U postaju dolaze i kombiji bez policijskih oznaka, a prisutni su i policajci u civilnoj odjeći.

      Prednji dio postaje sastoji se od velike zgrade s mnogo prozora, dok je unutarnji dio kompleksa ograđen i s malim dvorištem na kojem je parkirano nekoliko policijskih automobila i kombija, uz prostorije koje nalikuju na garaže, s plavim vratima. Te prostorije s jedne strane gledaju i na obližnje dječje igralište i na tom dijelu nema nijednog prozora. U dvorištu se nalaze i Toi Toi WC-i.

      U najnovijem svjedočanstvu koje je dokumentirao Border Violence Monitoring stoji: “Možemo ići samo dva puta dnevno na zahod, ujutro i navečer. Za ovo nas se vodi van u dvorište, gdje se nalaze tri plastična WC-a”, što ukazuje da postoji mogućnost da se radi upravo o ovoj policijskoj postaji. Aktivisti nam potvrđuju kako su svjedočanstva o “garaži” postala učestalija i sve detaljnija u opisima.

      I u svjedočanstvima iz ožujka izbjeglice i migranti navode kako su bili zatvoreni satima bez vode i hrane, te su iz nužde morali urinirati u kutu prostorije. “Bili smo kao kokoši. Ne želim se prisjećati tog trenutka. Bili smo poput životinja”, opisuje jedan migrant. “Pod je betoniran, hladno je, moramo spavati na njemu. Postoji samo jedna slavina za vodu i mali grijač na zidu. Vrata su plava i na njima je ispisano na mnogo jezika, datumi, imena i mjesta. Pakistanski, alžirski, marokanski, iranski, sirijski, odasvud”, opisuje se.

      Kad su pušteni iz pritvora garaže, kažu, policija ih je ostavila u planinskom području i poslala da hodaju kilometrima natrag prema Bihaću. Učestalo se spominje oduzimanje novca i mobitela i vrijednih stvari koje migranti sa sobom nose.

      Procedure odvraćanja izbjeglica i migranata obično se izvode iza zatvorenih vrata i u skrovitim područjima, čime se umanjuje rizik da će biti onih koji će im svjedočiti. Paralelu možemo povući i sa tzv. trećestupanjskim policijskim ispitivanjima.

      “Većina trećestupanjskih ispitivanja događala se tijekom pritvaranja na izoliranim lokacijama, uključujući policijske postaje, garaže, ponekad i hotele i mrtvačnice. Ali obično se takva mučenja događaju u pozadinskim sobama, incommunicado prostorijama, posebno dizajniranima u ove svrhe. U javnosti se postojanje takvih prostorija poriče, a njihovo održavanje zahtjeva šutnju čitavog sustava. Policija je rijeko kažnjavana za brutalne metode ispitivanja, korištene za izvlačenje priznanja, ali i da se ’nepoželjne’ otjera iz grada”, navodi se u radu Police Interrogation and Coercion in Domestic American History: Lessons for the War on Terror, Richarda A. Leoa i Alexe Koenig.

      “Ovakve prakse postaju sredstvo putem kojeg policija nadilazi svoju ispitivačku ulogu, pojačava svoju moć i zaobilazi ulogu koja je dizajnirana kako bi se spriječila koncentracija i zlouporaba moći od strane države”, zaključuju autori.

      Brutalne prakse zlostavljanja i prisilnih protjerivanja koje provode policijski službenici na hrvatskoj granici i o kojima sad već postoje kontinuirana i detaljna svjedočanstva, protivne su i domaćim i međunarodnim zakonima te direktivama.

      “Premlaćivanje i deportacija ljudi protivni su zabrani kolektivnih protjerivanja (Članak 4 Protokola 4 ECHR) i zabrani mučenja i nečovječnog ili ponižavajućeg postupanja ili kazni (Članak 3 ECHR)”, navodi se u Petom izvještaju o nezakonitim protjerivanjima i nasilju Republike Hrvatske, koji su nedavno objavile organizacije Are You Syrious?, Centar za mirovne studije i Incijativa Dobrodošli.

      Vraćanje migranata u Bosnu i Hercegovinu bez uzimanja u obzir osobnih okolnosti svakog pojedinog slučaja, a posebice zanemarujući njihovu potrebu za međunarodnom zaštitom, pa čak i na izričito traženje azila, uporaba sredstava prisile te ponižavanje ozbiljna su povreda izbjegličkih i migantskih prava, ali i enorman prijestup MUP-a, na što je upozoravala i pučka pravobraniteljica.

      MUP-u smo uputili upit za komentar o opžubama za nasilje i mučenje od strane hrvatske policije, kao i za slučaj “garaže” koju se povezuje s policijskom postajom u Korenici. Upitali smo ih i jesu li, s obzirom na svjedočanstva koja se pojavljuju od prosinca, reagirali na optužbe i posvetili se detaljnoj istrazi i uvidu u potencijalne prijestupe i prekoračenja policijske ovlasti u Korenici. Do zaključenja teksta odgovor na upite nismo dobili.

      Kada su u pitanju optužbe za policijsko nasilje, u prijašnjim reakcijama iz MUP-a su isticali kako “prilikom postupanja prema migrantima policija poštuje njihova temeljna prava i dostojanstvo te im omogućuje pristup sustavu međunarodne zaštite, ukoliko im je takva zaštita potrebna, sukladno općim dokumentima o ljudskim pravima, regulativi EU-a te nacionalnom zakonodavstvu. Želimo naglasiti nultu stopu tolerancije ovog ministarstva na nezakonitu uporabu sredstava prisile od strane hrvatske policije naspram bilo koje populacije, kao i nultu stopu tolerancije nad neprocesuiranjem bilo kojeg kaznenog djela ili prekršaja počinjenog od strane policijskih službenika”.

      Kako je moguće da se u zemlji “nulte stope tolerancije na nezakonitu upotrebu sredstava prisile” kontinuirano pojavljuju svjedočanstva o garažama za mučenje? Ostaje nam zapitati se je li zaista moguće da su sva ova detaljna svjedočanstva, koja se u mnogočemu podudaraju, prikupljena u različitim vremenskim periodima, od ljudi čiji se putevi uglavnom nisu sreli, lažna? Volonteri i aktivisti koji prikupljaju svjedočanstva također se rotiraju i dolaze iz različitih organizacija, pa je i njihova “sugestivnost” faktor koji bi se moglo prekrižiti.

      Garaža za mučenje mali je prostor, ali je bijeg od suočavanja s njenim postojanjem velik i indikativan. Arundhati Roy piše: “Ne postoje oni koji nemaju glas. Postoje samo oni koji su namjerno ušutkani i oni koje biramo da ne čujemo.”

      https://www.h-alter.org/vijesti/garaza-za-mucenje-migranata
      #Korenica

      Commentaire reçu par email de Inicijativa Dobrodosli, le 22.05.2019 :

      H-alter published a text based on refugee testimonies and previously published reports of torture in a blue-coloured door garage that may correspond to the description of the police station in Korenica, located near the children’s playground. The testimonies describe denial of food, limited use of toilet and physical violence that occurs not only at the border but also in the depths of the Croatian territory.

    • ‘Nobody Hears You’ : Migrants, Refugees Beaten on Balkan Borders

      Migrants and refugees say they continue to face violence at the hands of police while trying to cross the Balkan peninsula.

      It was supposed to have closed. But migrants and refugees from the Middle East, Asia and Africa are still crossing the Balkan peninsula en route to Western Europe. Many report brutality at the hands of the police.

      In April this year, some 3,600 migrants and refugees – mainly from Afghanistan and Iran – were registered in Serbia, according to the United Nations refugee agency, UNHCR.

      Bosnia last year registered 25,000, though only 3,500 chose to stay in the country while the rest crossed quickly into European Union member Croatia.

      No Name Kitchen, NNK, an NGO assisting migrants and refugees, says police violence is on the rise.

      Between May 2017 and May last year, NNK recorded 215 reported cases of push-backs by Croatian police to Serbia, of which 45 per cent involved physical violence.

      Between May 2017 and December last year, there were 141 push-backs from Croatia to Bosnia, NNK reported, of which 84 per cent involved violence.

      Croatian authorities denied police used violence against migrants and refugees, telling BIRN that such accusations were often made up.

      BIRN journalists spoke to a number of refugees and migrants in Serbia, Bosnia and Slovenia about their experiences with Croatian police. Most chose to be identified only by their first names.

      Ahmed: ‘Nobody hears you’

      “They make the music loud and start beating us, one by one. With sticks, electrical sticks…,” said Ahmed, a Moroccan who had spent the past month in a migrant camp in the small Serbian border town of Sid.

      Ahmed said he had tried several times to cross the nearby border into Croatia, running a gauntlet known among migrants and refugees as ‘The Game’, but had been turned back each time by Croatian police.

      “I’ve been captured and they turn me back, beat me and turn me back,” he told BIRN. “They would come out from the car, one by one and they start, like that until you scream and nobody hears you,” he said.

      Ali: ‘Police have no heart’

      Ali and a group of friends had made it into Croatia from Bosnia in April and walked for six days in the direction of Slovenia.

      “Police officers, they caught us and after that, they brought us in the police station and we were for four hours in the police station like a prisoner and after that… they beat us,” he told BIRN in the northwestern Bosnian town of Bihac, a hub for migrants and refugees trying to cross the Croatian border.

      “Police have no heart. They don’t want to see that the guys are human. It’s really horrible.”

      Nue: ‘I don’t have a country’

      Some of those BIRN spoke to said they were fleeing repression in their own countries.

      Nue, a Palestinian now also stuck in Sid, said: “My country, I don’t have a country because I am from Palestine… I have ID just to say I am from Palestine.”

      Nue said that when he tried to cross the border, he was caught by the Croatian police. He pointed to a cut on his head.

      “When he’s [the police officer] catching me, he does like this,” he said, imitating being beaten. “I have to just stay in the tent because maybe I have a problem in my head because [the beating was] very strong.”

      Nue said he was now sleeping in the street.

      Another man, in the centre of Sid, said police were also violent towards his wife, who was nine months pregnant when BIRN spoke to the couple.

      “They don’t care if she’s pregnant or not,” he said. “There is no human qualities in them, you understand. I never seen such people.”

      Muhamed: Old and new injuries

      Muhamed, from Tunisia, said he had been in Serbia for six weeks having been beating by police on the Croatian border.

      “They done with you everything,” he said, and showed injuries he said were inflicted the day before by Croatian police.

      Muhamed said he was beaten for 10 minutes and then sent back to Serbia.

      “Everytime, doing this, everytime, look, this old and this new,” he said, pointing to the bruises and cuts.

      Khalid: It was necessary

      In a migrant camp in Slovenia, Khalid, from Eritrea, said he had been deported back to Bosnia eight times.

      “I came to Ljubljana by walk,” he said.

      “[Croatian police] deported me eight times – four times to [Velika Kladusa] and four times to Bihac. They beat us, and they take [our] phones. They make many things.”

      Though he personally had not faced violence, Khalid said he knew of many others who had.

      “All the people now, they forget everything because they crossed the borders and also we have to tell them sorry, we cross your country… It was necessary to do it.”

      Activist: ‘It’s worse and worse’

      Diego Menjibar, an activist with No Name Kitchen, told BIRN:

      “They are beaten by batons in borders. Also, with fist, kicking them. We have a lot of cases every week of people beaten with batons, with physical violence, also verbal violence and some of them, they also passed out while they [were] beat, so we have a doctor here.”

      Menjibar spoke in a disused factory in Sid that is now filled with tents for migrants and refugees. Roughly 100 pass through the camp each day.

      “We talk with the people in the squat and we listen what they say and every time it’s worse and worse,” he said.

      Beaten around the legs

      In April, Swiss broadcaster SRF and the crew of the TV programme “Rundschau” spent three weeks in the fields on the Bosnian-Croatian border speaking to migrants and refugees in the moment after they were turned back by Croatian police.

      “I was literally running after these people when they came down [after being deported],” SRF journalist Nicole Vögele told BIRN. “I was aware that now what we really need is a full line of evidence.”

      In May, SRF broadcast a piece showing Croatian police pushing back migrants and refugees into Bosnia. Vögele said many sustained injuries to their legs from being beaten by police with sticks.

      “Most of them were showing me the [lower] parts of the legs,” Vögele said. “Two days later, I asked them if they have same traces because just an hour after the beating, as you can imagine you can see a bit of red. But two days later it is clearly visible.”

      In the SRF report, an Afghan family, including small children, spoke of bring stopped in the forest by Croatian policemen.

      “They pointed their guns at us and said ‘Stop’. We were very scared and cried,” said the oldest of the children. When the family asked for asylum, the police officers laughed and said that they would be given “Bosnian asylum” – meaning that they would be deported back to Bosnia.

      Injuries

      The Serbian-based NGO Asylum Protection Centre has also gathered extensive evidence of Croatian police brutality.

      In late April, Rados Djurovic, the director of the centre, said instances of violence were on the rise.

      The NGO has also gathered evidence of migrant families, including children, being starved and exhausted and illegally pushed back into Serbia by Hungarian police.

      Police denial

      The office of the Croatian ombudsperson said it had acted in more than 50 cases concerning refugees and migrants.

      The cases “often involve complaints on various grounds, including police treatment,” the office said in a written reply to BIRN.

      Most complaints concerned Croatian and Hungarian police.

      “The complaints relate to various types of violence, from hits by hands and sticks to the bite of official dogs,” the office said.

      The local health centre in Bihac, in northwestern Bosnia, said it saw up to 10 cases of violent injuries each month, “but injuries are done by various subjects, i.e. the internal conflicts of migrants, third parties and / or police”.

      Croatia’s interior ministry said it had looked into all complaints of alleged coercive measures against migrants and that none had warranted further criminal investigation.

      “In all these cases, detailed field inspections were carried out in police administrations, and so far in none of the cases have been found that police officers are using forced means against migrants,” it told BIRN.

      The ministry stressed its respect for the fundamental rights and dignity of migrants and that it used “prescribed procedure for returning to the country from which they illegally entered into the Republic of Croatia.”

      “Migrants are most often falsely accusing police officers of violence, expecting such accusations will help them with a new attempt to enter the Republic of Croatia and continue their journey towards the destination countries,” it said.

      In Bosnia, a police spokesman in the Una-Sana canton, where Bihac is located, said police had not received any complaints of violence against migrants and refugees by Bosnian police.

      https://balkaninsight.com/2019/06/13/nobody-hears-you-migrants-refugees-beaten-on-balkan-borders

    • Un monde de murs : en Bosnie, la matraque et les poings comme frontière

      L’Europe a fait tomber ses murs mais bétonne ses frontières. Depuis 2018, des milliers de personnes tentent de traverser le corridor croate depuis la Bosnie pour atteindre l’espace Schengen. Migrants et ONG dénoncent des refoulements ultra-violents.

      Le camp de #Vučjak est situé sur une ancienne décharge. D’après le responsable de la Croix-Rouge, du méthane s’échappe du sol dans certaines zones. Autour des terrains empruntés chaque jour par les migrants sont susceptibles d’abriter des #mines_antipersonnel. - Kristof Vadino.

      Ici, on appelle ça le « #game ». Tenter de franchir la frontière entre la Bosnie et la Croatie et atteindre la Slovénie puis l’Italie sans se faire pincer. Le « game », Anwar peut en parler : il a « joué », il a perdu. Ils sont un petit groupe d’adolescents pakistanais et afghans dans le coin d’une grande tente du camp de Vučjak, dans les montagnes du nord de la Bosnie, à manger à même le sol le deuxième (et dernier) repas de la journée. Certains sont majeurs. « La police a tout pris : mes vêtements, mes chaussures… Ils ont tout jeté dans le feu. Et puis, ils ont frappé, fort », raconte le jeune Pakistanais. Parce qu’on demande, il précise : coups de poing, coups de pied, coups de matraque. « Ils nous ont poussés dans la rivière, l’eau était vraiment très froide, mais ils nous ont forcés à rester là deux heures. Ensuite, on a dû monter dans un véhicule et ils ont mis la climatisation à fond. » Ils ont été renvoyés pieds nus dans la forêt.

      Si, à vol d’oiseau la frontière n’est qu’à quelques kilomètres du camp, il faut plusieurs heures de marche pour passer la montagne, notoirement habitée par loups, serpents et ours (un psychologue croate de Médecins du Monde raconte avoir suivi une enfant traumatisée après que sa famille a été prise en chasse par un ours). Cette fois-ci, Anwar s’en sort bien, des contusions mais pas de blessures. Celle d’avant, au tibia, a cicatrisé. Une fois, il est parvenu à marcher pendant dix jours en Croatie. Il approchait de la frontière slovène lorsqu’on l’a attrapé. « A chaque fois, ils nous lâchent dans la montagne quand ils nous ramènent. » Les violences ? « Toujours. » Un ami l’a dépanné d’une paire de chaussures et de vêtements, mais il faudra quelque temps avant de réunir à nouveau le matériel nécessaire pour camper dans la « jungle » le long des routes croates. Avant d’avoir une opportunité avec les passeurs aussi. Le tarif : 1.200 euros – payables à l’arrivée – pour rejoindre Trieste à pied depuis la Bosnie. L’option « taxi » est beaucoup plus sûre, mais trois à quatre fois plus chère.

      « C’est dur », mais pas question de dévisser de l’objectif. « Inch Allah, je retenterai et je rejoindrai la Belgique », assure Anwar, dans un grand sourire fayot. « Il n’y a pas de vie pour nous au Pakistan. » Autour, les copains qui comprennent un peu l’anglais acquiescent, sérieux.
      Une petite équipe pour 700 hommes

      L’acharnement, c’est l’impossibilité de faire machine arrière : la dette contractée auprès de sa famille – les terres vendues, les sacrifices pour financer le voyage –, l’obligation de réussite. C’est aussi que, si violentes que puissent être les fins de partie, le « game » vaut le coup. Depuis 2018, un peu plus de 50.000 migrants sont entrés en Bosnie. D’après les chiffres de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), ils seraient actuellement autour de 7.000 sur le territoire ; 700 ont fait le choix de rentrer dans leur pays d’origine. Les autres sont vraisemblablement passés en Europe.

      Comme beaucoup, Anwar a passé quelques nuits devant les portes de Bira, le vaste entrepôt qui parque depuis un an plus de 1.500 hommes, mineurs isolés et familles à quelques kilomètres de là. Il est complet en permanence (1.800 personnes en ce moment). L’espace permettrait de rajouter des containers pour ouvrir 500 places supplémentaires, mais le gouvernement local restreint strictement la capacité. Les conditions sont rudes mais, à côté du camp « cauchemar » de Vučjak, c’est trois étoiles. « J’ai dit à la barrière de Bira que j’avais 17 ans », raconte Anwar. « Mais ils n’ont pas voulu que j’entre. » Il a fini par lâcher l’affaire et revenir au camp.

      Dans la tente des garçons, le container de la Croix-Rouge locale conserve les pains qui restent du petit-déjeuner. Les retardataires et retournés frappent régulièrement à la porte pour en récupérer. « It’s oooooopeeeeeen. » Affalé sur la table, le garçon aux traits tirés retire prestement le masque médical en se redressant. Mohamed Cehic gère la toute petite équipe de la Croix-Rouge qui tente tant bien que mal, seule, de répondre aux besoins des 700 hommes du camp. Cinq « volontaires » mobilisés sept jours par semaine. Il est épuisé. « Rien à voir avec le travail, j’ai juste mal dormi », assure le responsable. Avant de prendre les rênes du camp, il avait travaillé un mois dans les centres gérés par l’OIM, où la Croix-Rouge assure la distribution des repas. Et avant cela, il était à l’école. Il a 19 ans.

      « On fait tout : on a monté les tentes, on collecte et distribue la nourriture, les vêtements, tout », explique Mohamed Cehic. « Ce n’est pas un camp, je dirais plutôt un… site de transit. La situation n’est pas bonne. Ce n’est pas facile pour les gens. » Il est parfois interrompu par les puissantes rafales de vent qui rabattent pluie et branches contre la paroi du container. Reprend quand cela se calme. « L’hiver approche. C’est la montagne ici, il fait beaucoup plus froid qu’en ville. Ça va vite devenir très difficile. » Est-ce qu’il y a d’autres questions, parce qu’il devrait y aller là, il y a encore… beaucoup.
      « Si une solution n’est pas trouvée rapidement, les gens vont mourir »

      Dehors, les sollicitations reprennent. Deux hommes reviennent de l’unité mobile que Médecins sans frontières fait désormais venir quatre fois par semaine à un kilomètre de là (il n’y avait avant cela aucun accès à l’aide médicale). Ils ont un papier certifiant leur diagnostic : tuberculose. Il faut organiser leur transport à l’hôpital. Entendant parler de « docteur », d’autres arrivent. Un homme a le poignet blessé. « Police. » Il a improvisé un bandage avec un t-shirt déchiré et de la ficelle. Un autre encore ; une plaie suinte à travers le tissu à sa cheville. « C’est trop tard pour le docteur. Demain. » L’eau dans la tente ? « Je sais, on n’a rien pour réparer. » Médicament ? Vêtements ? Non ; plus tard : désolé, je ne peux rien faire ; demain. « Je ne sais pas si on pourra continuer comme ça », reconnaît Mohamed Cehic. « Les autorités ont dit que le camp fermerait le 15 novembre, mais honnêtement, je ne sais plus à qui faire confiance. » Même la nourriture manque. Dans son dernier rapport, la Croix-Rouge affirme ne pas parvenir à fournir les 2.200 calories minimum nécessaires. Le chef de mission de l’OIM, Peter Van der Auweraert, est, lui, plus catégorique : « Si une solution n’est pas trouvée rapidement, les gens vont mourir. »

      Vučjak n’a rien d’un camp spontané. Il résulte de la volonté du gouvernement cantonal d’éloigner les migrants des centres-villes et des habitations. Nouvellement empruntée, la route bosnienne a vu le nombre de migrants soudainement augmenter début 2018, passant de 1.116 personnes en 2017 à 23.848 l’année suivante. Même si un centre d’accueil existe à Sarajevo (saturé, comme les autres), la population se concentre dans le seul canton d’Una Sana, très proche de la Slovénie et de l’Italie. Ce qui a pesé sur la population. En l’espace de dix mois, la police du canton a ouvert 185 dossiers criminels à l’encontre de migrants, incluant un meurtre, trois tentatives de meurtre et des intrusions dans des maisons (« Plutôt en quête d’abris que de vol », nuance le porte-parole de la police). Des migrants étaient victimes dans 26 dossiers. Mais s’agissant de Vučjak, l’OIM et la plupart des autres organisations (y compris l’Union européenne, qui finance tous les centres) ont refusé de jouer le jeu. Le site, une ancienne décharge, n’a pas été testé pour sa toxicité. Sans eau courante, ni électricité, il est entouré de zones toujours susceptibles d’abriter des mines antipersonnel, résidus de guerre.
      Violences policières

      Seule la Croix-Rouge a répondu à l’appel du gouvernement et jongle depuis avec des bouts de ficelle. Enfin, des colsons pour l’heure, seul moyen de rabibocher les tentes déchirées par les intempéries. Au petit matin, les hommes transis de froid se rassemblent près des feux aux abords des tentes. Voire à l’intérieur. C’est dangereux, mais comme tout. Encore emmitouflé dans une mince couverture, un homme se lance dans une grande supplique à l’Union européenne. « Vous nous repoussez, d’accord, mais s’il vous plaît, arrêtez de nous punir. Arrêtez les violences. »

      La violence « supposée » de la police croate, toutes les personnes rencontrées qui sont revenues de la frontière disent en avoir fait l’expérience. Les estropiés qui « se sont fait mal » en tentant de traverser font désormais partie du paysage cantonal. Tant à Vučjak que dans les rues et les centres gérés par l’OIM. Comme Ghulem, 38 ans, croisé à Miral, le centre de Velika Kladusa, dans son fauteuil roulant. Lorsque ses amis l’ont ramené du « game » il y a un mois, incapable de tenir sur ses jambes, les médecins ont fait une radio. Mais on ne lui a jamais communiqué les résultats. Il peut légèrement les bouger maintenant, pas plus. Il a mal, surtout le soir. C’était sa première tentative. Un seul coup de matraque sous les genoux. Il y pense tout le temps. Des migrants racontent que la police tape toujours plus dur sur les Pakistanais – majoritaires en ce moment – sans qu’on sache pourquoi.

      Naeem était presque en Italie, lorsque la police slovène l’a intercepté et remis aux forces croates. Retour à la montagne. Le bâton a frappé tellement fort qu’il a creusé des trous dans la chair. Sa jambe a doublé de volume avec l’infection. Un mois plus tard, les plaies suintent encore à travers les pansements. Il a de la chance, il a accès à un docteur.
      Histoires de disparitions

      Contactée, la Commission européenne assure prendre la situation très au sérieux et attend que la Croatie la « tienne informée ». Fin 2018, Bruxelles débloquait une enveloppe de 6,8 millions d’euros pour permettre à la Croatie de renforcer le contrôle de ses frontières – condition pour une intégration future du pays dans l’espace Schengen – « dans le respect du droit de l’Union européenne ». Outre l’achat de matériel, la création de nouveaux postes-frontières et le renforcement des équipes, l’argent devait financer un « monitoring indépendant », censé essentiellement passer en revue les procédures en place. Quant aux violences policières et au déni d’asile, la Croatie « s’est engagée à enquêter sur toute allégation de mauvais traitement de migrants et réfugiés à la frontière ». Le ministère de l’Intérieur croate n’a pas donné suite à nos requêtes (refusant par ailleurs l’accès à un centre d’accueil de Zagreb).
      Quotidien de migrant

      Le monitoring se fait surtout du côté des ONG. Une poignée d’organisations actives dans les Balkans alimente continuellement le Border Violence Monitoring de rapports d’entretiens menés avec des migrants, souvent complétés de rapports médicaux corroborant les témoignages. De quoi conforter l’idée d’un usage systématique de la violence incluant torture par le froid, passage à tabac, destructions des biens et vêtements et, dans certains cas, des morsures de chiens, os brisés par des coups de bâton…

      L’angle mort pour l’heure, ce sont les disparitions. Dans les camps circulent de nombreuses histoires de noyade lors de la traversée de la Glina, la rivière qui sépare la Bosnie de la Croatie. Mais elles restent quasi impossibles à documenter. Alertées par les migrants, les ONG ont amené (poussé) la police bosnienne à découvrir trois corps – dont un dans la rivière – depuis le mois de septembre, induisant ainsi l’ouverture d’enquêtes. Depuis son lit superposé dans l’immense dortoir de Miral, un garçon essaie de se faire entendre, cherche du regard un Pakistanais capable de traduire. « S’il vous plaît, mes amis, ils sont restés là-bas. » Quatre jours plus tôt, il a laissé quatre compagnons dans les bois, à proximité de la frontière slovène, raconte-t-il. « Ils ont mangé des baies empoisonnées. Ils ne se sont pas réveillés. » Les informations lui manquent, il n’a pas de données GPS. « C’est près d’un village. S’il vous plaît. Il faut les aider. »

      Déni d’asile

      L.K.

      D’après les témoignages de migrants et d’organisations locales, de nombreux cas de refoulements se feraient depuis les commissariats de police croates, seuls endroits où les personnes peuvent déclarer leur intention de demander l’asile. « Il est déjà arrivé que des personnes viennent directement dans nos locaux, qu’on les renvoie vers les commissariats… et qu’elles se retrouvent en Bosnie le lendemain », raconte Tajana Tadic, de l’association citoyenne Are you Sirious. « Ça nous met dans une situation compliquée. C’est délicat de demander aux gens de faire confiance une autorité dont ils ont peur, tout en sachant qu’ils ont de bonnes raisons de se méfier. »

      La Croatie, cela dit, accueille des demandeurs d’asile. Des familles surtout. Médecins du Monde y assure le screening médical et les consultations psychologiques. « On constate essentiellement des maladies de peau, des blessures traumatiques et des problèmes respiratoires. Côté psychologique, leur esprit est encore tourné vers la route, l’urgence d’avancer. Ce n’est qu’après quelque temps que les problèmes apparaissent, quand ils sortent du “mode survie” », explique une psychologue. « On voit des symptômes dépressifs, des crises de panique, de l’anxiété, des troubles de stress post-traumatiques… »

      https://plus.lesoir.be/259302/article/2019-11-08/un-monde-de-murs-en-bosnie-la-matraque-et-les-poings-comme-frontiere
      #Vucjak #the_game #Cazin #Bihac #Vedika_Kladusa

    • Réfugiés en Bosnie-Herzégovine : à la frontière croate, le « game » a repris

      Bloqués depuis la mi-avril par les mesures de confinement liés à la pandémie, les candidats à l’exil sont de plus en plus nombreux à reprendre la route de Bihać pour tenter de passer en Croatie puis se diriger vers l’Europe occidentale. Malgré les violences, les humiliations et les actes de torture commis par la police, dénoncés par Amnesty international (https://www.amnesty.be/infos/actualites/article/croatie-violences-policieres-torture-infligees-migrantes)

      « Je vais en Italie. J’ai fait 100 km à pied pour arriver ici », raconte Velid, un Afghan. Trois jours plus tôt, il est parti du camp de Blažuj, près de Sarajevo, afin d’essayer de passer la frontière croate par Bihać, dans le nord-ouest de la Bosnie-Herzégovine. Velid dort dans des bâtiments abandonnés en attendant de tenter le « game ». « Je n’ai rien à boire ni à manger. Les conditions de logement sont mauvaises, sans eau, ni électricité. On a essayé d’aller dans un camp officiel, mais les gens de la sécurité nous disent qu’il n’y a pas de place pour nous. ». Velid est accompagné d’Abdul Samed, lui aussi venu de Blažuj avec l’objectif de rallier l’Italie.

      Muhamed Husein est Pakistanais. Il y a trois semaines, il logeait au camp Lipa, à 30 km de Bihać. Il a fini dans les locaux désaffectés de Krajinametal après avoir échoué à passer la frontière croate. « Nous sommes arrivés dans ce bâtiment. Nous n’avons pas d’eau, pas de chaussures. Le camp de Lipa est plein et de nouvelles personnes arrivent. Quand on essaie de pénétrer en Croatie, la police nous attrape et nous reconduit à la frontière. Mais nous, on veut aller en Italie. »

      Suite à l’assouplissement des mesures de lutte contre la pandémie, l’arrivée de réfugiés et de migrants sur le territoire du canton d’Una-Sana (USK) est en forte hausse. Selon les informations de la police locale, ces dix derniers jours, 1500 à 2000 nouveaux réfugiés et migrants seraient entrés dans le canton. « Chaque jour, entre 100 et 150 nouveaux migrants en moyenne arrivent dans notre canton en autocar, depuis Sarajevo, Tuzla et Banja Luka », confirme Ale Šiljededić, porte-parole de la police de l’USK. « Comme nous avons pu nous en assurer lors de nos contrôles, certains ont des cartes de camps en activité en Bosnie-Herzégovine, plus précisément à Sarajevo, ce qui signifie qu’ils en partent librement, sans le moindre contrôle ni surveillance. »

      Dans le canton de Bihać, les autorités sont inquiètes

      Selon les autorités municipales, l’augmentation des arrivées à Bihać réveille la crainte que la situation ne revienne à son état d’avant l’état d’urgence, quand les bâtiments abandonnés, mais également les parcs de la ville, étaient devenus des lieux de rassemblement et de vie pour les migrants faute de place dans les camps officiels saturés. « Il n’y a pas eu de nouvelles arrivées pendant la pandémie », précise Ale Šiljededić. « Nous avons vidé les bâtiments squattés et installé les migrants dans le camp Lipa. Ces jours-ci, ces espaces se remplissent à nouveaux, car les centres d’accueil affichent complet. »

      Selon les données de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), en charge de la gestion des camps officiels en Bosnie-Herzégovine, 3500 migrants séjournent actuellement dans les camps du Canton d’Una-Sana, dont 1200 dans le nouveau camp de Lipa. Autre problème pour les autorités municipales, le camp de Bira, situé dans la ville de Bihać, dont la fermeture traîne depuis des mois. D’après l’OIM, il accueille à l’heure actuelle quelque 610 migrants. « Bira doit fermer, c’est notre objectif à long terme, mais fermer Bira et avoir des milliers de migrants dans la nature et dans les rues, ce n’est pas non plus une solution », a déclaré le maire Šuhret Fazlić lors d’une conférence de presse le 4 juin.

      Sur la base des conclusions du Groupe opérationnel de suivi de la crise migratoire dans le Canton d’Una-Sana, la police contrôle les autocars qui entrent sur le territoire du canton. « Malheureusement, nous n’arrivons pas complètement à dissuader les migrants d’entrer dans le canton, car la majorité d’entre eux poursuit son chemin vers Bihać à pied ou par d’autres moyens », précise Ale Šiljededić.

      Les migrants ont le même objectif que les Bosniens

      Azra Ibrahimović-Srebrenica, directrice du camp d’Ušivak, près de Sarajevo, confirme que les migrants sont à nouveau en mouvement. Pendant le confinement, il y avait dans ce centre d’accueil dirigé par l’OIM environ 900 migrants, ils ne sont plus que 400 aujourd’hui. « Leur objectif n’est pas la Bosnie-Herzégovine, mais les pays d’Europe occidentale », rappelle-t-elle. « Toute surveillance de la direction du camp cesse quand les migrants les quittent », poursuit-elle. « D’après ce qu’ils nous disent, ils utilisent les transports publics, selon l’argent dont ils disposent. Certains paient leur voyage, et ceux qui ne peuvent pas s’acheter un billet partent à pied. »

      Les restrictions de déplacement des migrants sont-elles toujours en vigueur ? Pour l’OIM, « depuis l’adoption de la décision du Conseil des ministres sur la restriction des déplacements et du séjour des étrangers, qui a suivi l’annonce officielle de la pandémie de Covid-19, il est impossible de quitter les centres d’accueil temporaires de manière régulière ». Cette décision, adoptée le 16 avril, interdit les déplacements et le séjour des sans-papiers en dehors des centres d’accueil. Mais les migrants, comme l’a confirmé l’OIM, quittent en général les camps en sautant les barrières.

      La population locale est inquiète, « mais c’est principalement à cause des préjugés envers les migrants », affirme la directrice du camp Ušivak. L’objectif de ces derniers, rappelle-t-elle, est exactement le même que celui des citoyens bosniens qui quittent le pays : une vie meilleure. « Les gens se font des idées fausses et des préjugés sur la base de quelques individus problématiques. En réalité, nous avons dans nos centres des gens charmants, bien élevés, éduqués, cultivés, des sportifs talentueux, comme ce groupe de six footballeurs qui se sont entraînés avec le petit club près du camp. Nous avons aussi des musiciens, des enseignants, des médecins... » Selon les données de l’OIM, il y aurait actuellement sur l’ensemble du territoire de la Bosnie-Herzégovine, plus de 5700 migrants logés dans les sept centres d’accueil sous sa tutelle.

      https://www.courrierdesbalkans.fr/A-la-frontiere-Bosnie-Herzegovine-Croatie-les-migrants-tentent-de

  • Gagnez des places pour Alireza Ghorbani au festival Strass’Iran
    https://www.rue89strasbourg.com/concours-festival-strassiran-alireza-ghorbani-149834

    Le festival Strass’Iran et Rue89 Strasbourg vous proposent de gagner cinq places pour le concert d’Alireza Ghorbani, maître iranien du chant religieux, vendredi 22 mars. (lire l’article complet : Gagnez des places pour Alireza Ghorbani au festival Strass’Iran)

  • US government no longer excludes #MEK as leadership option for Iran
    https://www.al-monitor.com/pulse/originals/2019/03/us-government-no-longer-excludes-mek-alternatives-iran.html

    Over the years, the MEK has paid tens of thousands of dollars in speaking fees to former US officials from both the Republican and Democratic parties. Its sources of funding are a mystery. In the current environment, the group clearly sees an opportunity to find favor among those hoping that sanctions will weaken and destabilize the government in Tehran.

    #lobbying #corruption #corrompus #etats-unis #iran

  • Le CSA appelle une radio libre parisienne à cesser son partenariat avec Sputnik France
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/03/01/le-csa-appelle-une-radio-libre-parisienne-a-cesser-son-partenariat-avec-sput

    C’est une alliance singulière, qui était, jusqu’ici, passée inaperçue. Depuis 2015, chaque jour, à 17 heures, la radio libre parisienne Aligre FM accueille sur ses ondes la station d’Etat russe Radio Sputnik, pour deux heures de direct. La grille de la version francophone du média russe n’a pourtant rien de commun avec celle de la petite station culturelle et musicale à l’audience confidentielle.

    Sur Radio Sputnik, la déclinaison radiophonique du site Sputnik France, l’accent est mis sur les analyses géopolitiques, qui dessinent souvent en creux les fragilités des puissances américaine et européenne – du Brexit aux sanctions occidentales contre l’Iran, en passant par la discorde entre Donald Trump et ses homologues européens. Des raisons financières expliquent ce rapprochement, car Aligre FM touche, chaque année, une enveloppe d’environ 40 000 euros de Sputnik, soit autant que la subvention publique du ministère de la culture, la première source de revenus des radios associatives.

    Si le fondateur d’Aligre FM, Philippe Vannini, confie aujourd’hui que le partenariat conclu, en 2015, avec Radio Sputnik est une « offense éthique » à l’antenne née en 1981 – qui revendique sur son site avoir « toujours lutté pour préserver son indépendance face aux instances financières, politiques, religieuses ou communautaires » –, il explique qu’ils étaient arrivés « à un tel niveau d’endettement que c’était une question de survie ». Les dirigeants d’Aligre, qui se relaient chaque jour pour prêter une oreille attentive aux émissions de Radio Sputnik, assurent ne pas avoir reçu de protestations de la part de leurs auditeurs historiques.

  • Séléné entre dans le Grand jeu
    http://www.chroniquesdugrandjeu.com/2019/03/selene-entre-dans-le-grand-jeu.html

    Cachemire, Iran, Venezuela, Corée, Syrie... Les points chauds du globe se multiplient dans un Grand jeu en perpétuel mouvement, encore compliqué par l’erratisme de la tête impériale suite à l’élection de Trump. L’Inde et le Pakistan sont en crise ouverte...

  • Le Régime de Macron panique après la publication du Colonel Legrier, La bataille d’Hajin : victoire tactique, défaite stratégique ? - AgoraVox le média citoyen
    https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/le-regime-de-macron-panique-apres-212734

    L’article remarquable, ci-dessous, écrit par le Colonel François-Régis Legrier - Chef de corps du 68e régiment d’artillerie d’Afrique et Commandant la Task Force Wagram au Levant d’octobre 2018 à février 2019 - est d’un intérêt capital à plusieurs titres.

    Il l’est, notamment, pour la compréhension du désastre de la "stratégie" militaire menée depuis 5 mois par la "Coalition" dans la bataille d’Hajin en Syrie, des conséquences dramatiques vécues par les populations civiles mais également du profond ressentiment engendré à l’égard des Etats responsables de ce désastre.

    Ce brûlot a été publié récemment dans la Revue de la Défense Nationale - page 65 à 71 - sous le titre :

    La bataille d’Hajin : victoire tactique, défaite stratégique ?

    Le Régime de Macron a très mal pris cette publication qui pointe la responsabilité avant tout politique de ce désastre auquel a participé activement l’Etat français, vassal des US. 

    Cet article a été retiré de la publication de la RDN et selon des médias, Le Colonel Legrier risquerait des sanctions. 

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    La bataille d’Hajin (septembre 2018 – janvier 2019) du nom d’une petite localité située sur la rive Est de l’Euphrate aux confins de la Syrie et de l’Irak mérite de laisser son nom dans l’histoire militaire à plus d’un titre. Elle est d’abord la dernière « bataille rangée » contre le pseudo État islamique et semble mettre un point final à sa volonté de contrôler un territoire. Elle est ensuite, pour nous Occidentaux, riche d’enseignements sur la guerre, et tout spécialement les limites de la guerre par procuration et de notre approche tournée vers la suprématie technologique.

    Au XIXe siècle, le sort d’une bataille mettant en jeu quelques milliers d’hommes était réglé en une journée – Austerlitz par exemple ; au XXesiècle, il faut compter en semaines – que l’on pense à la poche de Dunkerque en 1940 ; au XXIe siècle, il faut près de cinq mois et une accumulation de destructions pour venir à bout de 2 000 combattants ne disposant ni d’appui aérien, ni de moyens de guerre électronique, ni de forces spéciales, ni de satellites. Telle est la réalité de la guerre aujourd’hui qui doit nous conduire, décideurs politiques et chefs militaires à un examen critique salutaire sur notre façon de concevoir et faire la guerre.

    Certes, la bataille d’Hajin a été gagnée mais de façon très poussive, à un coût exorbitant et au prix de nombreuses destructions. Certes, les Occidentaux, en refusant d’engager des troupes au sol, ont limité les risques et notamment celui d’avoir à s’expliquer devant l’opinion. Mais ce refus interroge : pourquoi entretenir une armée que l’on n’ose pas engager ? Si la réduction du dernier bastion de l’État islamique ne vaut pas la peine d’engager des troupes conventionnelles, quelle cause sera assez importante pour le faire ? Extrêmement à l’aise pour remplir les grands états-majors multinationaux d’une ribambelle d’officiers, les nations occidentales n’ont pas eu la volonté politique d’envoyer 1 000 combattants aguerris régler en quelques semaines le sort de la poche d’Hajin et épargner à la population plusieurs mois de guerre.

    Par ailleurs, en sous-traitant aux Forces démocratiques syriennes (FDS), c’est à-dire à des proxys – des troupes soutenues par les Américains qui leur ont délégué le droit de se battre à leur place – la conduite des opérations au sol, la Coalition (1) a renoncé à sa liberté d’action et perdu la maîtrise du tempo stratégique. Prise en étau entre la décision de Donald Trump de se retirer du Nord-Est syrien et le bon vouloir des FDS, elle n’a pas trouvé de meilleure solution que d’intensifier les bombardements pour en finir au plus vite, compromettant ainsi durablement l’avenir de cette province.

    In fine, la question qui se pose est de savoir si la libération d’une région ne peut se faire qu’au prix de la destruction de ses infrastructures (hôpitaux, lieux de culte, routes, ponts, habitations, etc.). C’est là, l’approche assumée sans complexe, hier et aujourd’hui, par les Américains ; ce n’est pas la nôtre et nous souhaitons ici indiquer ce qui aurait pu être fait pour mettre l’ennemi hors de combat sans transformer la poche d’Hajin en champs de ruines.

    Caractéristiques de la bataille d’Hajin : un concentré de tous les types de guerre

    Située au cœur du « Grand Jeu » entre puissances régionales et grandes puissances, la poche d’Hajin regroupe en septembre 2018 environ 2 000 combattants islamistes dont une majorité d’étrangers. S’étirant sur une trentaine de kilomètres le long de l’Euphrate en territoire arabo-kurde syrien et large d’une dizaine de kilomètres, elle est le dernier bastion du soi-disant Califat « État islamique », autant dire pas grand-chose. En réalité, nous allons voir que la bataille déborde largement de son cadre géographique pour se répandre dans le champ des perceptions, autre enjeu essentiel du combat.

    La zone d’action est une bande de terrain en V coincée entre l’Euphrate à l’Ouest et la frontière irako-syrienne à l’Est avec une zone rurale (champs et villages) le long du fleuve et une zone désertique. Soulignons que la rive Ouest de l’Euphrate est plus ou moins sous contrôle du régime syrien et des milices irakiennes qui contrôlent également une partie de la frontière. La population est estimée à quelques milliers de personnes, surtout présente dans la partie Nord de la poche (localité d’Hajin).

    Au Sud de la poche (pointe du V) et au bord de l’Euphrate, en territoire irakien, la ville d’Al-Qaïm. Au Nord de cette ville, la frontière est tenue par l’armée irakienne et légèrement en retrait se trouve la position de tir des moyens feux sol-sol de la coalition. Au Sud, la frontière est tenue par une milice affiliée à l’Iran (Katiba Hesbollah), véritable petite armée avec ses chars et ses canons. Si la frontière est globalement étanche au Nord, elle est très poreuse au Sud, la milice se livrant à la contrebande.

    Le combat au sol a été confié à des proxys, les FDS, alliance arabo-kurde conseillée par les forces spéciales américaines et bénéficiant du soutien des moyens feux sol-sol et sol-air de la Coalition. D’un volume sensiblement équivalent à celui de Daech, leur valeur combative est toute relative sachant que les combattants kurdes viennent du Nord-Est syrien où ils sont régulièrement pris à partie par les Turcs, alliés des Américains au sein de l’Otan. Ainsi, fin octobre 2018, les FDS ont annoncé la suspension des opérations suite à des frappes turques et il a fallu plusieurs semaines de négociation pour qu’ils reprennent le combat. Le même scénario a failli se répéter mi-décembre et compromettre à nouveau la prise d’Hajin pourtant bien engagée.

    Au sol, les traits distinctifs de cette bataille sont assez proches de ceux des batailles de la Première Guerre mondiale : une ligne de front entre combattants où chaque gain de 500 mètres ou 1 kilomètre de territoire représente un succès ; des contre-attaques violentes et répétées de la part d’un ennemi cerné de toute part et qui cherche à desserrer l’étau des FDS ; un emploi massif de l’artillerie, seule capable de délivrer des feux par mauvaises conditions météorologiques et qui, à plusieurs reprises, a sauvé la mise aux FDS violemment prises à partie ; des pertes importantes au regard du volume de combattants (plusieurs centaines au total de part et d’autre).

    Sur un plan purement tactique, cette bataille a fait redécouvrir toutes les vertus d’un appui-feu sol-sol (2) alliant effets de saturation par obus explosif et effets de destruction par munition de précision et surtout opérationnel par tout temps. Ainsi, c’est le 3 décembre 2018 qu’ont été tirés avec succès pour la première fois en opération, les obus antichars à effet dirigé Bonus détruisant une colonne de pickup lancée à l’assaut des lignes de défense FDS.

    Dans les airs, la suprématie occidentale est évidemment totale. Comme dans le film de Gavin Hood, Eye in the Sky (3), c’est la quintessence de la haute technologie qui se déploie quasiment sans limite avec l’emploi massif de moyens de surveillance et de renseignement, et d’avions pour observer et frapper. En l’espace de six mois, plusieurs milliers de bombes ont été déversées sur quelques dizaines de kilomètres carrés avec comme résultat principal la destruction des infrastructures.

    L’ennemi a-t-il été détruit par ces frappes ? Oui, mais pas autant qu’on a bien voulu le faire croire dans les comptes rendus alignant un BDA (4) impressionnant calculé de façon statistique et non pas par observation visuelle.

    L’ennemi a-t-il été atteint dans son moral et sa volonté de combattre ? À l’évidence, non. Il a déployé jusqu’au bout une combativité inébranlable mettant à profit les périodes de mauvaise météo, le préservant de la menace aérienne, pour contre-attaquer violemment et infliger à plusieurs reprises de sérieux revers tactiques aux FDS. La défaite devenue inéluctable, il s’est exfiltré vers des zones refuges pour poursuivre la lutte en mode insurrectionnel ne laissant sur place qu’une poignée de combattants étrangers.

    Ainsi, cette bataille illustre à merveille les propos du général Desportes : « Des systèmes d’armes toujours plus performants produisent des résultats toujours plus décevants » (5). Entendons-nous bien. Ils ne sont pas décevants parce que performants mais parce que mal employés ; nous y reviendrons.

    Enfin, la bataille d’Hajin dépasse largement le cadre géographique pour s’inscrire plus largement dans le champ infini des perceptions.

    Force est de constater que dans ce domaine, Daech a su exploiter le moindre succès tactique pour le valoriser et en faire un succès stratégique. De même, les frappes occidentales et leurs dommages collatéraux réels ou fictifs ont aussi été largement médiatisés avec succès. En effet, à plusieurs reprises, la Coalition trop souvent en réaction sur le champ des perceptions, a dû renoncer à ses frappes face à la pression médiatique. Il y a ici tout un champ de réflexion à explorer et notamment le décalage des perspectives : là où Daech, dans une vision stratégique, s’adresse aux opinions publiques occidentales, la Coalition, outil militaire sans réelle pensée politique, est contrainte de rester au niveau tactique et ne peut exploiter ses succès dans le champ informationnel avec la même réactivité que l’ennemi.

    Les limites de la guerre par procuration et de notre approche techno-centrée

    La guerre par procuration ou comment perdre la main sur le plan stratégique

    En s’en remettant à des proxys pour conduire la bataille au sol, les Occidentaux en ont certes retiré un avantage politique à court terme : celui d’éviter des pertes et un mouvement d’opinion contre leur politique. En revanche, sur le moyen-long terme, ce choix s’est avéré désastreux.

    En affirmant que la poche était la Main Battle Area (6) tout en refusant d’y engager des moyens terrestres ou même des hélicoptères d’attaque, les Américains ont laissé planer un doute sur leurs intentions réelles d’en finir rapidement. Il est donc permis de penser que la poche d’Hajin constituait un excellent alibi pour maintenir une présence dans le Nord-Est syrien et surtout prévenir un éventuel délitement trop rapide de la Coalition. Ainsi, au fur et à mesure de la bataille, le discours s’est articulé de la façon suivante : « il faut détruire Daech » vers « oui, Daech est bientôt éliminé en Syrie mais il se reconstitue en Irak et reste tout aussi dangereux », ce qui pose la question de la pertinence de la stratégie suivie depuis des années. Où est le véritable enjeu ? Détruire Daech ou contenir l’Iran ?

    Par ailleurs, la conséquence la plus immédiate d’une telle approche est la perte de la maîtrise du temps : l’opération avance au gré de la volonté des proxys et selon leur propre agenda et elle traîne en longueur quelle que soit l’ampleur des moyens consentis. Cela s’appelle un enlisement.

    Pour compliquer les choses, est apparue au grand jour la divergence de vues entre Donald Trump et son état-major. Fidèle en cela à une promesse de campagne, le Président des États-Unis a saisi l’occasion de la reprise d’Hajin mi-décembre pour annoncer la victoire sur Daech et le retrait des forces américaines de Syrie montrant ainsi, certes de façon brutale, que c’est bien le tempo politique qui détermine la stratégie et non pas l’inverse.

    En refusant d’inscrire dans leur stratégie du Moyen-Orient cette volonté de retrait pourtant annoncée depuis deux ans, l’Administration américaine et les étatsmajors se sont mis d’eux-mêmes en porte à faux. Bousculés par le décideur politique d’un côté, ayant perdu la main sur le tempo des opérations au sol de l’autre, c’est-à-dire privés de toute marge de manœuvres, la seule réaction a été d’intensifier les frappes aériennes et donc d’augmenter encore le nombre de destructions. Hajin a subi le même sort que Mossoul et Raqqa : une destruction quasi complète.

    Ainsi, cette victoire tactique, par la façon dont elle a été acquise, a compromis l’avenir de cette province sans ouvrir de perspectives stratégiques intéressantes pour la Coalition. L’avenir du Nord-Est syrien est plus que jamais incertain et Daech, s’il a perdu son territoire, ne semble pas atteint dans sa volonté de continuer la lutte.

    La leçon est la suivante : il n’y a pas de stratégie et donc de victoire durable sans liberté de manœuvre. Celle-ci est au croisement du politique et du militaire. Le stratège doit impérativement inscrire son action dans une politique et doit garder la main sur les opérations dans tous les domaines, y compris les opérations terrestres s’il veut être en mesure de présenter plusieurs options stratégiques au décideur politique. Il n’y a pas d’autres solutions possibles.

    L’approche techno-centrée ou l’illusion de la puissance

    En s’en remettant principalement à des moyens air inopérants sur un plan tactique lorsque les conditions météo se dégradent et aux forces spéciales, la Coalition a perdu beaucoup de temps, d’énergie et de crédibilité, Daech ayant beau jeu de se vanter d’avoir tenu en échec la première puissance mondiale pendant des mois.

    Il faut être rentré dans une Strike Cell (7) par temps couvert pour comprendre toutes les limites de notre approche techno-centrée. En effet, en cas de pluie, de brouillard, de nuages, les écrans deviennent noirs, les gens jouent aux cartes ou regardent un film : la guerre s’arrête pour eux en attendant la prochaine fenêtre météo. Lors des violentes contre-attaques de Daech en octobre 2018 et le repli des FDS, le premier constat d’un officier général a été de dire : « C’est à cause de la météo, nous n’avions plus l’appui aérien. » Sous-entendu, Daech ne respecte pas les règles du jeu, il attaque par mauvais temps !

    Non, nous n’avons pas été tenus en échec par la météo mais par notre refus de nous adapter à notre ennemi et au réel. La guerre par procuration, c’est-à-dire ce refus d’engager des troupes au sol aptes au combat pour s’en remettre uniquement aux forces spéciales et à l’arme aérienne est l’un des facteurs principaux de nos échecs actuels. Les forces spéciales sont faites… pour les opérations spéciales et non le combat conventionnel en zone urbaine ou désertique.

    Encore une fois, ne nous y trompons pas, il ne s’agit nullement ici de critiquer l’apport indispensable aux opérations que constitue l’arme aérienne ou les forces spéciales mais de rappeler que c’est une erreur que de s’en remettre uniquement à elles pour gagner une bataille. Ce concept ultra-technologique conçu pour réduire le format des troupes conventionnelles et séduire le politique en lui faisant croire qu’on peut faire mieux avec moins est un leurre séduisant mais un leurre quand même.

    Alors que fallait-il faire ?

    La réponse est simple : comprendre que si la bataille se gagne au niveau tactique – adaptation au terrain et à l’ennemi – la guerre se gagne au niveau stratégique et politique, et qu’elle est une dialectique des volontés et non une éradication « des méchants » impossible à réaliser.

    En l’occurrence, il fallait resituer la bataille d’Hajin dans un cadre plus global : celui d’empêcher Daech de se reconstituer d’une part et de préserver l’avenir de la moyenne vallée de l’Euphrate en évitant des destructions inutiles d’autre part.

    Au niveau tactique, une bataille se gagne en disposant les moyens adéquats au bon endroit et au bon moment (principe d’économie des forces et de concentration des efforts) pour créer un rapport de force favorable. Ainsi, tout en s’appuyant sur les FDS, il fallait, en sus des moyens d’appui-feux, engager a minima un groupement tactique interarmes motorisé capable de s’emparer rapidement de la poche d’Hajin en limitant autant que faire se peut la destruction des infrastructures.

    En effet, une bataille ne se résume pas à détruire des cibles comme au champ de foire. C’est la combinaison de la manœuvre et du feu qui permet de disloquer le dispositif ennemi et de le mettre dans l’impossibilité de poursuivre la bataille par la conquête des points clés du terrain, et de ses moyens de commandement et logistique. La prise d’Hajin, en décembre, en est l’illustration tardive : l’ennemi, ayant perdu son centre de commandement, n’a plus été en mesure d’opposer une résistance coordonnée par la suite.

    Enfin, la bataille doit être menée en temps imminent dans le champ informationnel, c’est-à-dire avec un temps d’avance. Est cru par le plus grand nombre ce qui est affirmé en premier : c’est une loi immuable dont il faut tenir compte. Une plus grande réactivité aurait été nécessaire pour valoriser nos succès et disqualifier le comportement de l’adversaire quitte à assumer, et non pas justifier après coup, les dommages collatéraux.

    L’évocation de la bataille dans le champ des influences nous permet de faire la transition avec les parties hautes de la guerre, la stratégie et la politique.

    Au lieu de se focaliser de façon excessive sur la poche d’Hajin, la Coalition aurait dû l’intégrer dans une approche stratégique et ainsi découper son espace de bataille non pas en fonction de ses structures internes (répartition entre commandement des forces spéciales en Syrie et commandement conventionnel en Irak) mais en fonction de l’espace de bataille ennemi allant de Kirkuk au Nord-Est de l’Irak au désert d’Al-Anbar à l’Ouest, en passant par Hajin et Al-Qaïm.

    Seule une vue globale du problème aurait permis d’ébaucher une stratégie globale et d’éviter le constat amer de voir Daech resurgir là où on l’a chassé il y a deux ans. Seule une stratégie globale laissant entrevoir une résolution politique durable aurait permis au politique de comprendre la nécessité du temps long au lieu de brusquer les choses pour sortir de ce qui s’apparente à une impasse et un échec.

    Il faut donc rappeler avec le général Desportes que la victoire militaire doit toujours être pensée au prisme de son objectif politique et qu’elle ne peut se passer d’un engagement au contact : « La guerre à distance est un leurre : elle produit un effet militaire mais pas d’effet politique. La “projection de puissance”, c’est-à-dire la projection de destruction, sans “projection de forces”, de soldats sur le terrain ne fonctionne pas ; elle détruit sans maîtriser la reconstruction et crée le chaos. Il y a une vraie illusion de l’efficience aérienne : certes, elle permet quelques économies initiales mais elle ne conduit jamais au résultat espéré. À la fin des fins, il est toujours nécessaire, d’une manière ou d’une autre, de contrôler l’espace. » (8)

    Conclusion

    Oui, la bataille d’Hajin a été gagnée, au moins sur le terrain mais en refusant l’engagement au sol, nous avons prolongé inutilement le conflit et donc contribué à augmenter le nombre de victimes au sein de la population. Nous avons détruit massivement les infrastructures et donné à la population une détestable image de ce que peut être une libération à l’occidentale laissant derrière nous les germes d’une résurgence prochaine d’un nouvel adversaire. Nous n’avons en aucune façon gagné la Combien d’Hajin faudra-t-il pour comprendre que nous faisons fausse route ? w guerre faute d’une politique réaliste et persévérante et d’une stratégie adéquate.

    François-Régis Legrier

    Colonel. Chef de corps du 68e régiment d’artillerie d’Afrique. Commandant la Task Force Wagram au Levant d’octobre 2018 à février 2019. Auteur de Si tu veux la paix prépare la guerre aux Éditions Via Romana

    Courriel de l’auteur : frlegrier@gmail.com

    (1) Operation Inherent Resolve (OIR) : coalition dirigée par les Américains.

    (2) Il faut également souligner l’emploi massif par Daech de roquettes et de mortiers allant parfois à des consommations de 100 munitions par jour.

    (3) Sorti en 2016 : montre les ambiguïtés politico-juridiques d’une prise de décision d’une frappe aérienne.

    (4) Battle Damage Assessment : estimation des pertes ennemies.

    (5) Vincent Desportes : « Leçons d’aujourd’hui pour les guerres de demain », Le Casoar n° 231, p 19.

    (6) L’espace de bataille prioritaire.

    (7) Centre d’opérations couvert d’écrans permettant une recopie des images fournies par les drones ou les avions. C’est à partir de là que s’effectuent les frappes aériennes et les tirs d’artillerie d’où son nom de Strike Cell.

    (8) Vincent Desportes : « Leçons d’aujourd’hui pour les guerres de demain », op. cit.

  • La Grande-Bretagne a-t-elle un problème avec le Hezbollah ?
    Abdel Bari Atwan - 27 février 2019 – Raï al-Yaoum – Traduction : Chronique de Palestine – Lotfallah
    http://www.chroniquepalestine.com/grande-bretagne-probleme-avec-hezbollah

    La décision de la Grande-Bretagne de s’attaquer au Hezbollah est non seulement cynique mais aussi stupide.

    Le projet du gouvernement britannique d’interdire le mouvement Hezbollah dans son intégralité – qu’il s’agisse de la branche politique ou militaire – et de le qualifier d’organisation terroriste ne peut être considéré isolément des tentatives américaines et israéliennes de mobiliser pour la guerre contre l’Iran. Cette mobilisation a été implacable au cours des dernières semaines aux niveaux régional et international.

    Le gouvernement conservateur britannique de droite a rompu avec la politique européenne de longue date en déclarant qu’il traiterait désormais les ailes militaire et politique du Hezbollah comme une seule et même entité. Le ministre de l’Intérieur, Sajid Javid, a annoncé que l’interdiction déjà actée de l’aile militaire serait désormais appliquée à l’aile politique, et que toute l’organisation serait interdite.

    Cette mesure a été prise en réponse aux pressions des États-Unis et d’Israël et il n’est pas surprenant que le ministre israélien de la Sécurité publique, Gilad Erdan, ait été parmi les premiers à s’en féliciter. Il a exhorté les autres pays européens à faire de même, et nous ne devrions pas être surpris si Donald Trump vomisse bientôt un tweet disant la même chose.

    C’est le gouvernement britannique qui a eu pour la première fois l’idée de faire la distinction entre les ailes politique et militaire des mouvements de résistance. Il avait uniquement interdit l’aile militaire de l’armée républicaine irlandaise (IRA) lorsqu’elle luttait pour l’unification de l’Irlande.

    Mais sa dernière initiative rompt avec ce concept, illustrant la manière dont de doubles normes sont appliquées aux Arabes et aux Musulmans, et en particulier dans le cadre du conflit israélo-arabe.

    Le Hezbollah s’est habitué à de telles initiatives et nous doutons que l’organisation soit très affectée par la décision du Royaume-Uni. Depuis des décennies, il est sans cesse attaqué par les États-Unis, Israël et divers régimes arabes, et il s’est adapté à toutes les difficultés qui en résultent pour effectuer des transferts financiers et recevoir des dons de ses soutiens à l’étranger. De plus, le Hezbollah ne possède pas en son nom propre des dépôts dans les banques occidentales ni aux noms de ses dirigeants. (...)

  • L’#Arabie_Saoudite aurait transféré des armes américaines à des groupes rebelles au #Yémen - Libération
    https://www.liberation.fr/direct/element/larabie-saoudite-aurait-transfere-des-armes-americaines-a-des-groupes-reb

    (05/02/2019)

    Les #Etats-Unis ont vendu des #armes à l’Arabie Saoudite et à son allié les #Emirats_arabes_unis. Une enquête de CNN révèle aujourd’hui que certaines armes auraient été transférées à des groupes combattant au Yémen, dont certains liés à #Al-Qaeda. Ceci constitue une violation des accords de vente d’armes entre l’Arabie Saoudite et les Etats-Unis, explique la chaîne américaine, qui ajoute que ces armes auraient ensuite été abandonnées, volées ou vendues lors des combats. Désormais, certaines seraient entre les mains de rebelles soutenus par l’Iran

    #al_qaida

  • #femmes* en #grève/ Vrouwen* Staking (2/3)
    http://www.radiopanik.org/emissions/les-promesses-de-l-aube/-femmes-en-greve-vrouwen-staking-2-3-

    Une Grève des Femmes*/ Grève Féministe se prépare pour le 8 mars prochain, à l’initiative du Collecti.e.f 8 maars.

    Le Collecti.e.f 8 maars, indépendant des partis et syndicats, rassemble des femmes de tous horizons dans la volonté commune d’organiser une grève des femmes* en Belgique le 8 mars 2019, journée internationale de lutte pour les droits des femmes.

    Depuis septembre 2018, des assemblées nationales réunissent tous les mois plus d’une centaine de femmes pour organiser cette journée d’action conçue comme une première étape pour obtenir des avancées concrètes.

    Toutes les femmes du pays sont invitées à – rendre visibles leurs réalités et les différentes oppressions qui s’y mêlent, leurs colères et leurs envies et en parler autour d’elles (télécharger matériel de #mobilisation ici) – se rencontrer pour (...)

    #féminisme #avortement #campagne #Espagne #FMinistes #international #FMinistesnistes #Iran #Argentine #grève,féminisme,avortement,campagne,femmes,mobilisation,Espagne,FMinistes,international,FMinistesnistes,Iran,Argentine
    http://www.radiopanik.org/media/sounds/les-promesses-de-l-aube/-femmes-en-greve-vrouwen-staking-2-3-_06268__1.mp3

  • Ce soir à Bruxelles : « Moyen-Orient et Afrique du Nord : l’automne de la révolution ? »
    https://www.cetri.be/Ce-soir-a-Bruxelles-Moyen-Orient

    Luttes sociales et environnementales : entre instrumentalisation et reconfiguration Présentation - Débat Sarah Ben Néfissa, directrice de l’Institut de recherche pour le développement (IRD) et chercheuse associée au CETRI. Jonathan Piron, historien et politologue, chercheur au sein d’Etopia et spécialiste de l’Iran. Modération : Frédéric Thomas , chercheur au CETRI, coordinateur de l’ouvrage. Le « printemps arabe » est-il définitivement enterré ? Ne resteraient que les espoirs trahis, les guerres (...)

    #Le_Sud_en_mouvement

    / #Le_regard_du_CETRI, #Homepage_-_Actualités_à_la_une

  • Javad Zarif, le ministre iranien derrière l’accord sur le nucléaire démissionne
    Publié le 26/02/2019
    https://www.courrierinternational.com/article/diplomatie-javad-zarif-le-ministre-iranien-derriere-laccord-s

    Fait rare, Javad Zarif a annoncé sa décision sur Instagram, sans donner d’explication. Ministre des Affaires étrangères du président Rohani, il est dans le collimateur des conservateurs depuis que les États-Unis se sont retirés de l’accord sur le nucléaire.

    #Iran #Javad_Zarif

    • En Iran, le président Hassan Rohani refuse la démission de Mohammad Javad Zarif
      Première publication : 26/02/2019
      https://www.france24.com/fr/20190226-iran-hassan-rohani-refus-demission-mohammad-javad-zarif

      Démission refusée pour le chef de la diplomatie iranienne. Mardi 26 février, le président Hassan Rohani a rejeté la démission de son ministre des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, a révélé l’agence de presse iranienne Fars.

      « Toutes les interprétations, toutes les analyses sur les raisons qui seraient derrière la démission du ministre des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif, au-delà de ce qu’il a écrit sur son compte Instagram, ne sont pas pertinentes et, comme l’a dit aujourd’hui le directeur de cabinet du président (Rohani), cette démission n’a pas été acceptée », a indiqué le porte-parole du ministère Bahram Qasemi, dont les propos sont rapportés par Fars.

      Le ministre des Affaires étrangères iranien Mohammad Javad Zarif, cheville ouvrière de l’accord international sur le nucléaire iranien de 2015, avait annoncé lundi 25 février par un message sur Instagram qu’il démissionnait de son poste.

    • Rohani rejette la démission de Zarif
      OLJ/AFP - 27/02/2019
      https://www.lorientlejour.com/article/1159261/rohani-rejette-la-demission-de-zarif.html

      (...) « Manque de coordination »

      M. Zarif n’était présent à aucune des rencontres qu’a eues M. Assad avec M. Khamenei et M. Rohani, et Entekhab laisse entendre qu’il n’aurait pas apprécié d’être mis sur la touche.

      Présent lors de ces deux rencontres, le général de division, Ghassem Soleimani, chef de la Force Qods, branche extérieure des Gardiens de la Révolution, l’armée idéologique de la République islamique, a assuré que M. Zarif était « bien chargé de la politique étrangère » du pays, selon Sepah News, l’agence de presse des Gardiens.

      Pour le général Soleimani, symbole du soutien apporté par Téhéran aux autorités de Damas dans la guerre qui ravage la Syrie depuis 2011, M. Zarif « a toujours été soutenu et apprécié par les plus hautes autorités du système, tout particulièrement par le guide suprême », écrit Sepah News.

      « Un manque de coordination au niveau du cabinet du président est à l’origine de l’absence du ministre des Affaires étrangères [lors des rencontres avec M. Assad] et par conséquent de ses récriminations », ajoute Sepah News en citant l’officier, pour qui « il n’y a eu aucune volonté délibérée d’écarter M. Zarif de ces rencontres ».

      Dans un message publié sur son compte Instagram quelques minutes après l’annonce présidentielle, M. Zarif remercie le « peuple iranien », « les élites et les responsables » pour « la généreuse affection » dont ils ont fait part à son égard depuis qu’il est en fonction, et « en particulier au cours des trois dernières heures » .

      « J’espère, ajoute-t-il, que le ministère des Affaires étrangères, avec l’aide [...] du guide suprême et du président, et sous leur supervision, pourra exercer toutes ses responsabilités dans le cadre de la Constitution et des lois du pays ».

      Selon des images de la télévision d’Etat, M. Zarif était présent mercredi matin à la cérémonie d’accueil, par M. Rohani, du Premier ministre arménien Nikol Pachinian, en visite officielle à Téhéran.

    • Le soutien de Soleimani renforce Zarif et isole les partisans de la ligne dure en Iran
      mars 3, 2019 Alexandra Allio De Corato
      http://actuarabe.com/le-soutien-de-soleimani-renforce-zarif-et-isole-les-partisans-de-la-ligne

      Il s’est avéré que la confiance dans le départ du ministre des Affaires étrangères était prématurée. Il retourne à son poste avec une légitimité et un pouvoir de décision renouvelés après avoir reçu l’appui d’un éventail d’élites dirigeantes de l’Iran.

      Surtout, l’éloge d’une personnalité publique qui a « refroidi » l’esprit des tenants de la ligne dure et qui a le plus contribué à renforcer la position de Zarif : Qasem Soleimani, commandant de la Force de Quds du Corps des Gardiens de la révolution islamique.

      Soleimani a soutenu Zarif en tant que « principal responsable de la politique étrangère » et a souligné qu’il a toujours eu le soutien de hauts responsables, notamment l’Ayatollah Ali Khamenei, le Guide suprême. Ses commentaires font écho à la lettre du président Hassan Rouhani rejetant la démission de M. Zarif, dans laquelle il déclare être d’accord avec son diplomate en chef sur le fait que le ministre des Affaires étrangères est « le plus haut responsable de la mise en œuvre de la politique étrangère du pays ».

  • L’Internet mondial visé par une vague d’attaques informatiques inédite
    https://www.latribune.fr/technos-medias/informatique/l-internet-mondial-vise-par-une-vague-d-attaques-informatiques-inedite-808

    L’internet mondial est actuellement visé par une vague d’attaques informatiques d’une ampleur inédite, qui consistent à modifier les adresses des sites internet pour les pirater. L’information a été confirmée ce lundi 25 février par le secrétaire d’État français chargé du numérique, Mounir Mahjoubi.

    Des pirates informatiques ont attaqué l’annuaire central de l’internet, l’#Icann, ce qui leur a donné potentiellement accès à toutes sortes de données, a confirmé ce lundi matin le secrétaire d’État français chargé du numérique, Mounir Mahjoubi. Fondée en 1998, l’Icann coordonne à l’échelle internationale les identifiants uniques qui permettent aux ordinateurs du monde entier de s’identifier entre eux. C’est cette organisation à but non lucratif qui a donné l’alerte le 22 février dernier.

    « Ce que les pirates ont réussi à faire est quelque chose de très rare : ils ont piraté l’annuaire et chaque fois que vous mettez l’adresse (d’un site internet), au lieu d’aller sur la vraie machine, ils nous amenaient sur une autre machine qui leur appartient. Vous avez l’impression d’être sur le site (...) sauf qu’en fait vous êtes sur la machine de ceux qui vous attaquent (...) Ils peuvent récupérer vos données, ils peuvent les utiliser pour se reconnecter, pour prendre de l’argent. »

    Mounir Mahjoubi a déclaré ne pas être en mesure de dire à ce stade qui était derrière ses attaques ni de savoir ce que les pirates avaient fait des connections qu’ils avaient pu établir. Aussi, il n’a pas dit si les attaques contre l’Icann avaient pu être neutralisées ou avaient cessé.

    Selon des experts extérieurs à l’ICANN interrogés par l’AFP, les pirates ciblent aussi bien des gouvernements que des services de renseignements ou de police, des compagnies aériennes ou l’industrie pétrolière et ce, au Moyen-Orient ou en Europe. L’un d’entre eux estime, en outre, que ces attaques ont pour origine l’Iran.

    Ils « s’attaquent à l’infrastructure internet elle-même », a indiqué vendredi à l’AFP David Conrad un des responsables de l’ICANN, qui évoque une campagne « inédite à très grande échelle », qui s’est extraordinairement intensifiée très récemment.

    « Il y a déjà eu des attaques ciblées mais jamais comme ça », a-t-il ajouté après une réunion d’urgence de l’organisation vendredi.

    • « Confirmé par le ministre » C’est merveilleux, la France. Rien ne s’est produit tant que ça n’a pas été confirmé par le ministre, même si ça ne relève en rien de son action. « Le ministre confirme que ce mois de février est chaud » « Le ministre confirme que les français soutiennent la politique du gouvernement »

    • Une attaque qui vise le cœur d’Internet serait en cours… pas si sûr !

      Sous un titre se voulant rassurant, un contenu qui ne l’est pas forcément…

      https://www.latribune.fr/opinions/tribunes/une-attaque-qui-vise-le-coeur-d-internet-serait-en-cours-808677.html

      L’attaque, qui fait peur à l’ICANN, a réussi à contourner cette double défense. La liste des sites qui ont pu être victimes de ce piratage subtil interpelle. On y trouve des sites webmail du gouvernement chypriote, du ministère des Affaires étrangères des Émirats arabes unis, du ministère des Finances du Liban. Des serveurs mails du ministère des Affaires étrangères égyptien, du bureau de l’aviation civile du Koweït, du ministère du Pétrole égyptien et celui d’une compagnie aérienne ont aussi été visés. Des sites web du ministère de la défense égyptien, des services secrets d’Albanie et de Jordanie, l’accès à distance au réseau informatique de la police d’Abu Dhabi terminent cette liste non exhaustive. Le trafic vers tous ces sites a pu être redirigé vers des serveurs contrôlés par les pirates. Les pays de ces sites sont très ciblés : Albanie, Chypre, l’Égypte, l’Iraq, la Jordanie, le Koweït, le Liban, la Libye , l’Arabie Saoudite, et les Émirats arabes unis. Il n’en a pas fallu plus pour mettre en cause l’Iran.
      […]
      Le piratage a été mis en évidence en vérifiant vers quels serveurs web pointaient les noms de sites web officiels de plusieurs pays du Moyen Orient repris ci-dessus. Alors qu’ils n’avaient pas changé depuis des années, subitement ces dernières semaines ces sites web pointaient désormais temporairement (de quelques heures à quelques jours) vers des serveurs hébergés en Allemagne.

      Deux gestionnaires de serveurs DNS ont été attaqués, l’un en Suède, l’autre en Californie. L’un et l’autre contrôlent un très grand nombre de noms de domaines (des serveurs racines de noms de domaines). Le gestionnaire suédois a d’abord vu la partie de son système sans DNSSEC attaquée, ce qui a permis plus facilement aux pirates de réaliser des modifications dans les tables de relation entre les noms des sites web et les adresses IP des serveurs correspondants. Pour ce faire, ils ont pu utiliser, peut-on penser, un login et un mot de passe volé auprès d’un service d’enregistrement de noms de domaines ; ce sont eux en effet qui annoncent les changements dans les noms de domaines, les nouveaux noms de domaines enregistrés, les modifications et les transferts. Le gestionnaire suédois a expliqué que ses clients, du Moyen Orient en l’occurrence, n’implémentent pas tous DNSSEC même si lui le fait pour sa propre infrastructure.

      Mais les pirates ont aussi réussi à compromettre la partie DNSSEC, et c’est toujours via le service d’enregistrement de noms de domaines qu’ils y sont parvenus... Depuis celui-ci, ils ont réussi à arrêter le protocole DNSSEC pendant un temps pour écouter les communications sur le réseau et de collecter les mots de passe des utilisateurs envoyés pour accéder à leurs emails et pour se connecter à distance au réseau de leurs entreprises. L’idée était sans doute de pouvoir accéder aux mails des officiels des pays imapctés. Là où ils n’ont pas pu (ou oublié d’) interrompre le protocole DNSSEC, les employés ont vu cette sécurité bien fonctionner : le service email fut interrompu sans que cela n’inquiète les utilisateurs). On a aussi pu mettre en évidence que les pirates ont réussi à obtenir de nouveaux certificats pour les sites web qu’il avait redirigés vers leurs serveurs.

      L’extrême sophistication de l’attaque met en émoi la communauté cyber : le protocole DNSSEC a été contourné par une accumulation de faiblesses organisationnelles périphériques : des certificats d’authenticité donnés un peu complaisamment, des services d’enregistrement de noms de domaines trop peu regardants sur la manière d’authentifier leurs agents, peu de précautions prises par ces derniers lors des demandes de modification d’un serveur qui héberge un site web ou un service mail. La leçon est toujours la même : lorsqu’un protocole semble sûr (DNSSEC), les pirates cherchent alors à profiter des faiblesses organisationnelles et des négligences humaines. Pour les 80% du web non encore protégé par DNSSEC, c’est encore plus simple. L’ICANN a raison de sortir de sa réserve.

    • suite à fausse manœuvre de ma part, le commentaire (msg 763227) de @stephane sur le deuxième article de la Tribune apparait en commentaire du commentaire (msg 763156) citant ce deuxième article et n’apparait donc pas ici… je le reprends donc pour garder le fil.

      Stéphane Bortzmeyer - 26/02/2019 14:59:55

      Plein d’erreurs techniques énormes dans cet article : si, DNS peut utiliser TCP, non DNSSEC n’introduit pas d’aléatoire (ils confondent avec SPR), non, DNSSEC ne chiffre pas, et ces attaques n’utilisaient pas de techniques DNS de tout façon.

  • Comment l’Iran continue de défier les Etats-Unis avec son programme d’armement
    https://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/aeronautique-defense/comment-l-iran-continue-de-defier-les-etats-unis-avec-son-programme-d-arme


    L’Iran a récemment inauguré un sous-marin capable de tirer des missiles de croisière, réaffirmant ainsi sa volonté d’autonomie en matière de défense
    HANDOUT

    L’Iran a lancé avec succès un missile de croisière depuis un sous-marin de la classe Ghadir dans le cadre de manœuvres navales près du détroit d’Ormuz.

    L’Iran a lancé avec succès ce dimanche un missile de croisière dans le cadre de manœuvres navales près du détroit d’Ormuz, a rapporté l’agence de presse officielle Irna, sur fond de tensions avec les États-Unis. « Au troisième jour des (...) exercices, un sous-marin de la marine iranienne de la classe Ghadir a lancé avec succès un missile de croisière », a annoncé Irna. Les autres sous-marins iraniens, le Tareq et le nouveau Fateh (Conquérant), construit dans le pays, ont la même capacité anti-navire, a précisé Irna, qui cite un communiqué de l’armée. Une centaine de navires participent aux manœuvres en cours dans une vaste région qui s’étend du détroit d’Ormuz à l’océan Indien, selon les médias iranien.

    L’Iran a inauguré le 17 février un sous-marin capable de tirer des missiles de croisière, réaffirmant ainsi sa volonté d’autonomie en matière de défense dans un contexte de tensions avec les Etats-Unis. « Aujourd’hui, la République islamique devient complètement autosuffisante sur terre, dans les airs et sur la mer », avait déclaré le 11 février le président iranien Hassan Rohani au cours d’une cérémonie dans le port de Bandar-Abbas (sud), à laquelle ont assisté des hauts gradés de l’armée et des membres du gouvernement. Selon lui, « la pression des ennemis, la guerre (entre l’Iran et l’Irak, de 1980 à 88) et les sanctions » ont poussé l’Iran à devenir autosuffisant en matière de défense.

  • Mohamed al-Daradji : « Les films sont un moyen de s’échapper »
    By Lou Mamalet in PARIS, France - Date de publication : Dimanche 24 février 2019
    Dans son dernier film, Bagdad Station, le réalisateur irakien s’interroge sur la façon de redonner leur humanité aux auteurs d’attentats-suicides
    https://www.middleeasteye.net/fr/news/mohamed-al-daradji-les-films-sont-un-moyen-de-sechapper

    Après une enfance passée au sein d’une famille de la classe moyenne irakienne en pleine guerre contre l’Iran, Mohamed al-Daradji s’exile aux Pays-Bas en 1995, à l’âge de 17 ans, pour fuir la brutalité du régime de Saddam Hussein à cause duquel il perdra son cousin, fervent défenseur de l’opposition.

    Aux Pays-Bas, Mohamed al-Daradji développe sa passion pour le cinéma avant de se rendre au Royaume-Uni, où il obtient un master en cinématographie et réalisation à l’Université de Leeds.

    Pour lui, le cinéma apparaît très tôt comme un moyen de « panser les plaies » des guerres successives qui ravagent son pays d’origine (Iran-Irak en 1988, guerre du Golfe en 1990-91), de s’extraire du stress post-traumatique dont tous les Irakiens souffrent aujourd’hui.

    C’est ce désir de guérir par le 7e art qui le ramène en Irak pendant l’invasion américaine de 2003, où il choisit de tourner son premier film après la chute du dictateur : Ahlaam (rêves, 2005).
    (...)
    Avec Bagdad Station (The Journey/Al-Rihla), sorti ce mercredi en France, le réalisateur irakien suit cette fois la journée initiatique de Sara, une jeune femme qui a planifié de se faire exploser dans la gare centrale de Bagdad le jour de la chute de Saddam Hussein, jusqu’à ce qu’elle croise la route d’un vendeur de prothèses séducteur et original.

  • Plus que jamais, l’Iran entre USA et Europe
    http://www.dedefensa.org/article/plus-quejamais-liran-entre-usa-et-europe

    Plus que jamais, l’Iran entre USA et Europe

    La dernière Grande Idée de Trump, qui est opérationnalisée par son gendre Kushner, c’est le transfert de capacités nucléaires vers les amis de l’Arabie Saoudite. Un certain nombre d’articles à ce propos ont été publiés, notamment sur CounterPunch le 20 février 2019. Cette question du “nucléaire saoudien” ainsi posée de façon très “opérationnelle” si l’on a l’esprit le rôle important de négociateur secret pour Trump que Kushner tient en général, devient pour de nombreux commentateurs la question de “l’Arabie armée de nucléaire éventuellement pour frapper l’Iran”. Dans son texte de CounterPunch, Charles Pierson rappelle que MbS (Mohammed ben Salman) déclarait le 18 mars 2018 dans une interviewsur CBS, dans l’émission 60 Minutes :

    « L’Arabie Saoudite ne veut pas acquérir de (...)

  • Iran starts Gulf war games, to test submarine-launched missiles | Reuters
    https://www.reuters.com/article/us-iran-gulf-wargames-idUSKCN1QB0TN


    Frégate Sahand, WP

    Iran on Friday began large-scale naval drills at the mouth of the Gulf, which will feature its first submarine cruise missile launches, state media reported, at a time of rising tensions with the United States.

    More than 100 vessels were taking part in the three-day war games in a vast area stretching from the Strait of Hormuz to the Indian Ocean, the state news agency IRNA reported.

    The exercise will cover confronting a range of threats, testing weapons, and evaluating the readiness of equipment and personnel,” navy commander Rear Admiral Hossein Khanzadi, said in remarks carried by state television.

    Submarine missile launches will be carried out ... in addition to helicopter and drone launches from the deck of the _Sahand destroyer,” Khanzadi said.

    State media said Iran would be testing its new domestically built _Fateh (Conqueror) submarine which is armed with cruise missiles and was launched last week.

  • Twelve Empty Supertankers Reveal Truths About Today’s Oil Market - Bloomberg
    https://www.bloomberg.com/news/articles/2019-02-21/twelve-empty-supertankers-reveal-truths-about-today-s-oil-market

    They are slowly plowing their way across thousands of miles of ocean toward America’s Gulf of Mexico coastline. As they do, twelve empty supertankers are also revealing a few truths about today’s global oil market.

    In normal times, the vessels would be filled with heavy, high sulfur Middle East oil for delivery to refineries in places like Houston or New Orleans. Not now though. They are sailing cargo-less, a practice that vessel owners normally try to avoid because ships earn money by making deliveries.

    The 12 vessels are making voyages of as much as 21,000 miles direct from Asia, all the way around South Africa, holding nothing but seawater for stability because Middle East producers are restricting supplies. Still, America’s booming volumes of light crude must still be exported, and there aren’t enough supertankers in the Atlantic Ocean for the job. So they’re coming empty.

    What’s driving this is a U.S. oil market that’s looking relatively bearish with domestic production estimates trending higher, and persistent crude oil builds we have seen for the last few weeks,” said Warren Patterson, head of commodities strategy at ING Bank NV in Amsterdam. “At the same time, OPEC cuts are supporting international grades like Brent, creating an export incentive.

    The U.S. both exports and imports large amounts of crude because the variety it pumps — especially newer supplies from shale formations — is very different from the type that’s found in the Middle East. OPEC members are likely cutting heavier grades while American exports are predominantly lighter, Patterson said.

    • Trois jours plus tard, Bloomberg remet une couche…

      des supertankers traversent l’Atlantique chargés d’eau de mer (sur ballast, quoi…)

      Rise of Shale Oil and OPEC Cuts Leave Supertankers Empty - Bloomberg
      https://www.bloomberg.com/opinion/articles/2019-02-24/rise-of-shale-oil-and-opec-cuts-leave-supertankers-empty

      Supertankers hauling seawater across the Atlantic? That’s just one of the odder results of the U.S. shale boom.

      Crude oil has always flowed backwards and forwards across the world’s oceans. A typical voyage by one of the global fleet of around 750 of the giant ships currently in service might see it haul Middle Eastern exports across the Atlantic to a refinery on the U.S. Gulf coast, then pick up a cargo from Venezuela for delivery to China or India, before returning to the Persian Gulf.

      Vessels only earn money when they’re full, so being able to haul cargoes in both directions across the seas makes a great deal of sense for ship owners. But soaring U.S. production, OPEC output cuts and sanctions on Iran and Venezuela are turning the global crude oil trade on its head.
      […]
      Add to this a pickup in the flow of oil out of the Caribbean – Venezuela is shipping more of its crude east now that U.S. sanctions prevent it from targeting its traditional buyers on the Gulf coast.

  • Les #Emirats_arabes_unis, apôtres d’une #tolérance à géométrie très variable - Le Temps
    https://www.letemps.ch/monde/emirats-arabes-unis-apotres-dune-tolerance-geometrie-tres-variable

    Dans le domaine politique, les dirigeants émiratis font par exemple preuve d’une #intolérance absolue pour le #pluralisme. Tous les #dissidents du pays croupissent en prison, qu’il s’agisse d’islamistes membres du parti Islah, la déclinaison émiratie du mouvement des Frères musulmans, ou de libéraux partisans de l’instauration d’une monarchie constitutionnelle. La dernière voix libre du pays, celle du défenseur des droits de l’homme Ahmed Mansour, a été bâillonnée en mai 2018 au moyen d’une condamnation à 10 ans de prison.

    Les procès de la plupart de ces opposants, pour « subversion », « atteinte à l’unité nationale » ou encore « propagation de fausses nouvelles », ont été qualifiés de #parodie de #justice par Amnesty International et Human Rights Watch. Dans les #prisons émiraties, la #torture et les mauvais traitements sont fréquents, affirment ces ONG, qui dénoncent aussi de nombreux cas de disparitions forcées.

    Ces pratiques ultra­-répressives, qui se sont intensifiées à partir des Printemps arabes de 2011 – perçus par les #dynasties du #Golfe comme une menace –, s’étendent parfois aux étrangers. En novembre, un jeune thésard britannique, Matthew Hedges, qui menait des recherches sur la politique sécuritaire des EAU, avait été condamné à la prison à vie pour espionnage, avant d’être gracié, quelques jours plus tard, sous la pression de Londres.

    Dans son obsession de contrôler les activités de ses adversaires réels ou supposés, la monarchie a développé un empire de la #cybersurveillance et du piratage informatique, mis en évidence par l’agence Reuters. Un récent article, basé sur les témoignages d’ex-­analystes des services de renseignement américains, débauchés à prix d’or par Abu Dhabi, raconte comment l’émirat a espionné les communications de dissidents, comme Ahmed Mansour, de rivaux régionaux, comme le souverain du Qatar Tamim al­-Thani, et même de journalistes américains.

    L’« islam #modéré » à la mode émiratie est prié de coller à cette ligne politique. Dans ses prêches et ses tweets, le cheikh Wassim Youssef, l’un des prédicateurs les plus en vue du pays, relaie certes le credo anti-­extrémiste des autorités, en critiquant les outrances des salafistes, accusés de dénaturer la foi musulmane. Mais cet imam de la grande mosquée d’Abu Dhabi s’attaque aussi aux libéraux, à l’émir du Qatar et à la Turquie, les deux ennemis intimes des EAU avec l’Iran.

    Le cheikh Youssef n’est d’ailleurs pas exempt de dérapage : en 2015, il avait fustigé la décision de construire un temple pour les « infidèles » hindous, propos qui lui avaient valu une brève mise à pied. L’islam prôné par les autorités n’est donc pas tant éclairé que légitimiste, et l’obéissance prime sur la tolérance.

  • A Munich, le fossé se creuse entre #Etats-Unis et #Europe
    https://www.lemonde.fr/international/article/2019/02/18/a-munich-le-fosse-se-creuse-entre-etats-unis-et-europe_5424724_3210.html

    A Varsovie, où les Etats-Unis avaient convoqué une réunion internationale, les 13 et 14 février, pour tenter de monter un front contre Téhéran, le vice-président américain, Mike Pence, a appelé les Européens à se retirer eux aussi du JCPOA, alors même que plusieurs pays de l’Union européenne, dont la France et l’Allemagne, avaient ostensiblement refusé d’envoyer leur ministre des affaires étrangères à cette réunion.

    M. Pence a ensuite fait le voyage à Munich, où, devant un parterre de hauts responsables européens, il a réitéré cette exigence, accompagnée de la demande aux trois grands pays membres de l’UE (Allemagne, France et Royaume-Uni) de « cesser d’affaiblir les sanctions américaines contre l’Iran » – allusion au mécanisme Instex récemment mis en place, devant permettre à certaines entreprises européennes de commercer avec l’Iran, en dépit des sanctions américaines qui paralysent les réseaux bancaires.

    Le discours moralisateur de M. Pence à Munich, samedi 16 février, mêlant admonestations et reproches, sans même s’encombrer des habituelles fioritures sur la solidité des engagements des Etats-Unis à l’égard de leurs alliés ou au sein de l’#OTAN, a reçu un accueil glacial.

    Le vice-président [...] a également mis en garde les Européens contre la société chinoise Huawei et les achats de gaz russe. « Sous Donald Trump, a-t-il conclu, les Etats-Unis sont de nouveau le leader du #monde_libre. »

    #sans_vergogne

  • COMMUNIQUÉ SUR LE MOUVEMENT DES GILETS JAUNES EN FRANCE

    Le onzième samedi du mouvement des gilets jaunes en France, le 26 janvier 2019, a vu la mobilisation se maintenir un peu partout en France. Selon la police, il y a eu 69 000 manifestants dans tout le pays. Il est pourtant évident que le chiffre est largement minoré : elle annonçait 2500 manifestants à Paris alors qu’il y en avait bien entre 8000 à 10000 lorsque les deux principaux cortèges se sont rejoints à 16 heures à la Bastille. Les affrontements qui ont alors éclaté ont permis à la police de disperser la foule qui allait se réunir sur la place. Mais peu importe en vérité le chiffre exact. Le fait est que ce mouvement des gilets jaunes exprime une rage et une volonté d’opposition à la misère croissante imposée et promise par le capitalisme et de confrontation à l’État que la bourgeoisie n’arrive pas à éteindre. Tout comme les grèves en Iran de 2018 ou encore la grève de masse de dizaines de milliers d’ouvriers du nord de Mexique en ce moment-même, pour ne citer que celles-ci 7, la radicalité, la combativité, l’obstination de ce mouvement des gilets jaunes signale le degré atteint par les antagonismes de classe et le fait que nous sommes entrés dans une nouvelle période de confrontations massives entre les classes au niveau mondial. Ce climat généralisé de révolte sociale potentielle, et en partie déjà en acte, est pour l’essentiel la résultante des effets de la crise de 2008 qui se font toujours sentir et qui exacerbent les contradictions actuelles de tout ordre, politique, écologique, impérialiste, migratoire, social, etc. du capitalisme.

    Aujourd’hui, ces contradictions se sont accumulées et elles explosent les unes après les autres. Dans ce climat international de révolte sociale générale en devenir, le "ralentissement de la croissance mondiale" – pour reprendre les termes des économistes bourgeois – et les risques de krach financier et boursier ne peuvent qu’accentuer cette ambiance de fin de monde, de fin du monde capitaliste pour être exact, et porter les générations actuelles de prolétaires à la nécessité, à la conscience et la volonté de s’opposer à la misère du capitalisme et à la guerre généralisée qu’il nous prépare et, finalement, de le détruire. L’ensemble de la classe capitaliste, du moins ses fractions les plus éclairées, s’en inquiète au point que « les éminences réunies au sommet de Davos estiment qu’il est temps de "remoraliser" la globalisation (dixit Klaus Schwab, fondateur du Forum économique mondial) et de rechercher les voies d’une économie mondiale "plus inclusive" » (Libération, 23 janvier 2019) et que les États s’y préparent déjà tant au plan politique qu’au plan de la répression violente et massive.

    Mais avant de revenir sur la situation en France de cette fin de janvier, il convient de faire un bref résumé des événements depuis le communiqué que nous avions publié le 2 décembre pour les lecteurs qui ne vivent pas en France et n’ont pas pu suivre de près le cours de la situation. Les affrontements violents du 2 décembre autour de l’Arc de Triomphe à Paris mais aussi en province, y compris dans des toutes petites villes, et la rage qu’ils exprimaient ont surpris, et même en partie paniqué, la fraction des quadragénaires de Macron au pouvoir pour qui, formés dans les écoles de commerce et au management, la lutte des classes avait disparu. Il a fallu le renfort d’autres fractions politiques, Sarkozy en particulier, et de grands patrons, pour imposer à Macron le fait qu’il devait faire des "concessions" 8. À ce moment là, les médias se lamentaient du fait que les gilets jaunes n’avaient pas de leaders "avec qui négocier" tout comme du fait que les syndicats étaient discrédités et impuissants. Ce n’est qu’à la veille au soir de la manifestation du 8 décembre qu’un véritable premier contact s’est fait avec les principaux porte-paroles des gilets jaunes qui furent reçus par le Premier ministre et qui, à leur sortie, déclarèrent qu’ils attendaient une déclaration de Macron qu’on leur avait promise pour la semaine suivante. Ils lui redonnaient ainsi l’initiative et la contre-offensive politique de l’État se mettaient en place. Les manifestations du 8 furent aussi massives et violentes que celles du samedi précédent. Le lundi 10, Macron annonça une augmentation de 100 euros du SMIC – en fait une prime saurons-nous dans les jours suivants – et quelques autres mesures. En soi, elles ne sont que des concessions marginales même si elles vont contraindre le gouvernement à présenter un déficit budgétaire au-delà des 3% requis par l’Union Européenne 9. Politiquement, elles représentent cependant le premier véritable recul significatif de l’État face à une mobilisation massive depuis... 1968. Mais surtout, à l’occasion du 1er janvier, Macron annonce l’organisation d’un grand débat national planifié jusqu’au 15 mars pour répondre à la revendication des gilets jaunes sur une démocratie directe et, plus particulièrement, sur celle d’un "référendum d’initiative populaire".

    Depuis lors, c’est cette revendication typiquement petite- bourgeoise que l’ensemble de l’appareil d’État a repris à son compte et imposé comme question centrale de la situation faisant passer au second plan, sinon oublier, les revendications d’ordre salarial et de conditions de vie. En parallèle, la gestion des manifestations hebdomadaires s’est limitée alors à la répression violente qui, outre les milliers de victimes graves causés par les flash-ball et les grenades de désencerclement (les deux interdits dans la plupart des pays européens), visait à réduire la popularité massive du mouvement dans "l’opinion publique". En cette occasion, les discours officiels des politiciens, des médias et des éditorialistes rivalisaient d’appel à la répression la plus brutale et de morgue pour ce "peuple stupide, haineux, factieux, voire fasciste" : un ancien ministre de... l’Éducation de Sarkozy, philosophe de profession et grand bourgeois délicat et distingué des beaux quartiers de Paris de son état, appela même les policiers à se servir « de leurs armes une bonne fois ! (...) Ça suffit, ces nervis d’extrême droite et extrême gauche ou des quartiers qui viennent taper des policiers. (...) On a la quatrième armée du monde, elle est capable de mettre fin à ces saloperies ! » (Luc Ferry, Radio Classique, 8 janvier 2019). La haine de classe des Versaillais de mai 1871 face aux communards parisiens ne demande qu’à resurgir. Même s’il faut relever que ces discours provocateurs appelant à la répression généralisée et jusqu’au meurtre ont sans doute eu pour effet de participer à relancer la mobilisation des gilets jaunes, il n’en reste pas moins que depuis lors, l’initiative politique est restée dans les mains de la bourgeoisie. L’ensemble de l’appareil d’État s’est alors mobilisé pour focaliser toute la vie politique autour de l’organisation de ce "grand débat" : le président, les ministres, les députés, les préfets, les maires de villes et de villages, les médias, l’ensemble des partis politiques, jusqu’à faire que les gilets jaunes eux-mêmes se divisent entre eux sur le fait d’y participer ou non. Et y compris, ceux qui prônaient la non participation, pensant à juste titre qu’il ne s’agissait que d’un "enfumage", et en l’absence d’autre perspective de lutte, se sont enfermés dans l’impasse en justifiant le maintien des manifestations par la nécessité de faire pression sur le... grand débat ! La boucle est bouclée. Il ne suffit plus que de la serrer petit à petit sans briser la corde par une maladresse 10.

    Voilà où nous en sommes aujourd’hui. Le terrain est balisé par la bourgeoisie qui détient le timing des
    événements... jusqu’à l’appel du principal syndicat, la CGT, à une journée d’action et de grève pour le 5 février à laquelle les gilets jaunes les plus "radicaux" avec l’aide des trotskistes, NPA en particulier, appellent à se joindre pour une grève illimitée. Au cas où l’incendie reprendrait, le contre-feu est déjà en place. Le tour est joué et tous les terrains sont occupés maintenant par l’ensemble de l’appareil étatique bourgeois. Seules la rage et la colère peuvent maintenir plus ou moins longtemps les mobilisations du samedi.

    Le mouvement des gilets jaunes se trouve donc aujourd’hui dans une impasse politique sans réelle perspective alors même que le gouvernement Macron et, derrière lui, l’ensemble de l’appareil d’État ont repris la maîtrise des événements. Ce qui faisait la force et le dynamisme du mouvement des gilets jaunes dans un premier temps, jusqu’à la déclaration de Macron du 10 décembre pouvons nous dire, est devenu sa faiblesse et ses limites une fois que le gouvernement eut repris l’initiative politique. Son caractère "interclassiste", s’identifiant au peuple français et non à la classe prolétarienne, a alimenté et entretenu les illusions sur la démocratie du peuple, c’est-à-dire de fait la démocratie bourgeoise, et a fait que les revendications de classe qui tendaient à émerger sont maintenant noyées et étouffées au profit d’un référendum d’initiative citoyenne et, finalement, au profit de l’organisation par le gouvernement et l’État d’un grand débat national sur le terrain de la démocratie bourgeoise.

    Or même les comités locaux de gilets jaunes les plus liés à la classe ouvrière, dans les limites de notre connaissance, comme ceux de Commercy et de Saint Nazaire, sont entraînés sur le terrain de l’impasse, de "l’auto-organisation" et de la mystification idéologique de la démocratie au nom du peuple :
    « Depuis Commercy, nous appelons maintenant à une grande réunion nationale des comités populaires locaux. Fort du succès de notre 1er appel, nous vous proposons de l’organiser démocratiquement, en janvier, ici à Commercy, avec des délégués de toute la France, pour rassembler les cahiers de revendications et les mettre en commun. Nous vous proposons également, d’y débattre tous ensemble des suites de notre mouvement. Nous vous proposons enfin de décider d’un mode d’organisation collectif des gilets jaunes, authentiquement démocratique, issu du peuple et respectant les étapes de la délégation. Ensemble, créons l’assemblée des assemblées, la Commune des communes C’est le sens de l’Histoire, c’est notre proposition.

    La mise en place de structures d’auto-organisation telles que les Assemblées Générales est aujourd’hui un enjeu central pour le mouvement des Gilets Jaunes.
    VIVE LE POUVOIR AU PEUPLE, PAR LE PEUPLE, ET POUR LE PEUPLE ! » (Deuxième appel des gilets jaunes de Commercy, 30 décembre 2018 11).

    Dans la confusion générale et l’hétérogénéité sociale qui régnaient, et continue de régner, au sein des gilets jaunes, seul le maintien des revendications salariales, augmentation du SMIC et des salaires, "indexation" des retraites pour ne citer que les principales, peut asseoir leur combat et rejeter le terrain du démocratisme bourgeois dans lequel le "grand débat" veut les enfermer et les étouffer. L’augmentation des salaires et du "pouvoir d’achat" était, est encore au moment où nous écrivons, la seule revendication... politique, celle dans laquelle l’ensemble de la classe prolétarienne peut s’identifier comme classe, qui puisse permettre encore d’opposer une réelle résistance immédiate face à la contre-offensive du gouvernement et de la bourgeoisie.

    Malgré plusieurs conflits ou grèves locales, parfois en lien direct ou indirect avec les gilets jaunes, la classe ouvrière comme telle, à partir de ses lieux de travail et comme classe, n’est pas entrée directement en lutte. À l’exception de peu, trop peu, d’exemples comme ces jours-ci les débrayages chez Arc International dans la ville d’Arques dans le Nord, ou encore ceux à l’entrepôt Geodis à Bonneuil en région parisienne, les occupations de bureaux de Pole emploi à Vitry, à Rennes, à Lorient, les actions de gilets jaunes auprès des hôpitaux (informations reprises du Collectif Agitation et Gilets Jaunes IDF)12. C’eut été alors fournir une autre perspective à la révolte sociale qui eut pu briser le cadre et le timing du "grand débat" en imposant les revendications de classe comme question centrale. C’était là la seule voie. C’est toujours là la seule voie même si, chaque jour passant, elle devient plus improbable.

    Nous n’étions pas les seuls à avancer le mot d’ordre appelant à la constitution de comité de lutte ou de travailleurs pour lutter pour cette perspective qui aurait pu déplacer le cadre et les termes politiques de l’affrontement imposé par le gouvernement et la bourgeoisie depuis le 10 décembre. Force est de constater, dans la limite de nos connaissances, qu’il ne s’est pas réalisé. Et qu’ainsi aucune alternative politique réelle de classe n’a pu être présentée et, encore moins, représenter un facteur matériel de la situation.

    Pour autant ce mouvement des gilets jaunes, qu’il perdure ou non encore des semaines, marque un avant et un après dans la dynamique même du conflit de classe en France et une référence pour le prolétariat international. En particulier, au grand dam des syndicats et de leur tactique de journée d’action, il a montré qu’un mouvement "incontrôlé" et sans organisation – incontrôlé et inorganisé du point de vue de l’État et de l’idéologie bourgeoise – pouvait faire reculer la bourgeoisie 13. Il a montré aussi que le refus de subir la menace et la violence répressive de l’État, la volonté de ne pas céder à la répression et de continuer à manifester massivement malgré les risques, pouvait obliger la bourgeoisie à céder, dans certaines conditions et moments, à des revendications. Enfin, cet épisode particulier de la lutte des classes a fait entrer dans le combat des couches et des générations de prolétaires qui restaient à ce jour étrangères à celui-la et dont nous ne pouvons préjuger de l’expression dans les combats à venir tout comme de la prise de conscience. Il est trop tôt pour en déduire qu’une nouvelle génération de militants révolutionnaires puisse, directement ou indirectement, en émerger mécaniquement.

    C’est pourtant aussi à cette tâche que les révolutionnaires doivent s’atteler par la propagande et l’intervention. La (notre) faiblesse et la (notre) quasi absence des communistes comme force matérielle politique dans les manifestations et sur les ronds-points, aussi difficile une intervention active était-elle vu les réticences politiques des gilets jaunes et leur "interclassisme" affiché, est un élément de faiblesse, non pas en soi de ce mouvement en particulier qui ne fait que le souligner, mais du rapport de force international et historique actuel entre les classes. Nous ne développons pas plus ce point dans le cadre de ce communiqué dont l’objet immédiat se limite à la fois à fournir un positionnement immédiat sur la situation pour tous ceux qui y sont directement intéressés et pour l’ensemble du camp révolutionnaire international.

    Le GIGC, le 27 janvier 2019.
    Révolution ou Guerre # 11
    www.igcl.org

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    7 . Des États-Unis à la Chine, en passant par l’Afrique et tous les continents, grèves et conflits tendent à se multiplier ces derniers mois...

    8 . À ce titre, si le gouvernement et Macron ne comprirent pas ce qui se passait jusqu’au 10 décembre, l’appareil d’État comme un tout, à commencer par sa police, en passant par les syndicats et jusqu’aux autres forces politiques bourgeoises (dont l’ancien parti de Sarkozy mais aussi le PS) n’a à aucun moment perdu le contrôle de la situation. Contrairement à ce que des médias laissaient à entendre, nous étions loin d’une situation insurrectionnelle, voire révolutionnaire, même au plus fort des affrontements du 2 décembre. Macron et le gouvernement ont vacillé. Pas l’appareil d’État comme un tout, loin s’en faut.

    9 . Macron s’était engagé à la respecter... surtout pour asseoir son crédit international – impérialiste – auprès de la bourgeoisie allemande. De ce point de vue, le mouvement des gilets jaunes a affaibli le crédit et l’autorité de Macron auprès de ses alliées européens censé redonner à l’impérialisme français une place plus centrale, en particulier pour animer le renforcement de l’axe impérialiste germano-français.

    10 . Hier, 26 janvier, un des porte-paroles très populaire et "pacifiste", Jérôme Rodrigues a reçu un tir de flashball à l’œil alors qu’il filmait la scène – un Facebook live – et qu’il appelait les gilets jaunes à quitter la place de la Bastille. Et alors qu’il n’y avait aucun affrontement ou danger quelconque pour les policiers
    à ce moment-là . Il risque de le perdre définitivement et a été mis sous coma artificielle selon la presse de ce matin. Un tel dérapage peut très bien occasionner un sursaut de la mobilisation, voire en changer les termes et le timing tels que le gouvernement a réussi à les installer jusqu’alors.

    11 . cf le compte-rendu "à chaud", aujourd’hui même, de la réunion pour une coordination nationale des gilets jaunes à l’appel de Commercy réalisé par Matière et Révolution : https://www.matierevolution.fr/spip.php?article5237.

    12 . La diffusion de ce tract Place de la République le 26 janvier, là où devait se réunir les gilets jaunes après la manifestation, a été interdite par des gilets jaunes : « pas de politique au sein des gilets jaunes ! ». S’en est suivi une discussion difficile dans laquelle nous étions peu à critiquer cet "apolitisme" primaire et à argumenter sur la nécessité de s’emparer à bras le corps de la dimension politique de classe dans cette lutte comme dans toute lutte...

    13 . Nous-mêmes avions sous-estimé les potentialités de ce mouvement et écarté, trop rapidement, toute possibilité de "gain" pour les prolétaires dans notre communiqué du 2 décembre :
    « Sur ce terrain, les ouvriers qui s’y retrouvent isolés et noyés en tant que prolétaires dans une masse aux intérêts hétérogènes et même souvent contradictoires, isolés et noyés dans le "peuple", ne gagneront rien ». L’affirmation tranchée, sans doute car nous
    étions prisonniers d’un schéma, fut démentie par la réalité – du moins en partie. Le fait que nous n’ayons pas été les seuls à nous tromper sur ce point précis, n’enlève rien à la nécessité de comprendre où se situe l’erreur et quelle est sa dimension. En particulier, nous ne pensons qu’elle remette en cause l’analyse générale de ce mouvement et de ses limites du fait de son "interclassisme".