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  • Le refus de Natalie Portman est perçu comme un signal de désaffection à l’égard d’Israël
    Thomas Cantaloube, Médiapart, le 27 avril 2018
    https://www.mediapart.fr/journal/international/270418/le-refus-de-natalie-portman-est-percu-comme-un-signal-de-desaffection-l-eg

    L’actrice américano-israélienne Natalie Portman semblait la candidate idéale pour recevoir le « Genesis Prize », une récompense célébrant « les êtres humains exceptionnels qui représentent les valeurs juives dans leurs contributions au bien de l’humanité ». Même si ce prix est abusivement présenté comme le « Nobel juif » alors qu’il émane de trois oligarques russes cherchant à s’acheter une bonne conscience, il est jugé suffisamment important en Israël pour être remis par le premier ministre en personne.

    La star hollywoodienne, née en Israël et vivant depuis son enfance aux États-Unis, diplômée de Harvard et oscarisée, a rarement démérité dans ses actions caritatives variées (la cause des animaux, le micro-crédit) ou dans son soutien à la culture israélienne : elle a notamment regretté que le film Valse avec Bachir soit reparti sans récompense du festival de Cannes où elle était jurée en 2008, et son premier long-métrage en tant que réalisatrice, Une histoire d’amour et de ténèbres, est une adaptation du roman éponyme d’Amos Oz.

    Quand elle s’est vu attribuer le « Genesis Prize » il y a cinq mois, il n’y avait donc rien de polémique. Mais voilà qu’au moment de recevoir le prix lors d’une cérémonie en Israël, Natalie Portman a fait savoir qu’elle refusait de s’y rendre. Après avoir d’abord évoqué des « événements récents extrêmement éprouvants » l’empêchant de « prendre part la conscience libre » à la cérémonie, elle a détaillé ses objections dans un communiqué sur Instagram où elle explique qu’elle « ne veut pas donner l’impression d’approuver Benjamin Netanyahou qui doit faire un discours lors de la cérémonie. (…) Comme de nombreux juifs dans le monde, je peux être critique des dirigeants israéliens sans vouloir boycotter l’ensemble de la nation. (…) Israël a été créé il y a exactement 70 ans comme un havre pour les réfugiés de l’Holocauste. Mais les mauvais traitements infligés à ceux qui souffrent d’atrocités aujourd’hui ne correspondent pas à mes valeurs juives ».

    Là encore, ce communiqué prudent d’une comédienne en désaccord avec les gouvernants du pays dont elle possède la nationalité, n’aurait pas dû provoquer de polémique. Après tout, les « mauvais traitements » auxquelles elle fait référence sans les nommer, sans doute le sort réservé aux migrants africains en Israël et peut-être aux manifestants palestiniens tués par balles à Gaza, sont des indignations partagées par de nombreux Israéliens et de juifs dans le monde. Et pourtant, c’est une tempête de haine et de désaveu qui s’est élevée en Israël contre Natalie Portman. Elle a été suspectée de haute trahison et d’avoir « basculé du côte obscur de la force » (en référence à son rôle de mère de Luke Skywalker dans la saga Star Wars), un parlementaire a demandé sa déchéance de nationalité et, sans surprise, elle a été accusée d’antisémitisme par un ministre.

    Plus intéressant, le geste de l’actrice a provoqué de multiples débats, enflammés et argumentés, dans la presse israélienne et américaine sur le sens qu’il faut lui attribuer. Car, qu’elle l’ait souhaité ou pas, la décision de Portman est révélatrice d’une double tendance – certains préfèrent parler de menace – qui préoccupe fortement les dirigeants d’Israël, des travaillistes à l’extrême droite religieuse, et les organisations communautaires juives dans le monde : la progression du mouvement BDS (boycott, désinvestissement, sanction) et l’attitude des jeunes juifs de la diaspora.

    Même si la comédienne a bien pris soin de spécifier dans son communiqué qu’elle ne faisait pas partie ni ne soutenait la campagne BDS, son geste a fréquemment été interprété comme tel, aussi bien par les nationalistes israéliens que par les organisateurs de ladite campagne. Imen Habib, l’une des animatrices de BDS France, explique bien que « c’est la campagne BDS qui a préparé le terrain à Natalie Portman pour qu’elle sache que le boycott est une façon d’exprimer son courroux envers Netanyahou, et c’est aussi la campagne qui a rendu éminemment politiques ces actes de boycott ».. Car le désistement de la star survient dans la foulée d’autres annulations qui ont marqué les esprits, en particulier celle de la chanteuse Lorde qui a annoncé en janvier 2018, « après avoir mûrement réfléchi », qu’elle ne jouerait pas son concert prévu, qui devait être un des plus importants de l’année en Israël.
    Une pleine page de publicité dans le « Washington Post » pour dénoncer le refus de la chanteuse Lorde de jouer cette année en Israël.
    Une pleine page de publicité dans le « Washington Post » pour dénoncer le refus de la chanteuse Lorde de jouer cette année en Israël.

    Contrairement aux vieux routiers du boycott culturel comme Roger Waters, Brian Eno ou Ken Loach, le cas de Lorde a particulièrement irrité les Israéliens, dont une partie a réagi, comme contre Portman, de manière véhémente. Un rabbin orthodoxe américain s’est même payé une pleine page de publicité dans le Washington Post taxant la chanteuse d’antisémitisme et l’associant aux crimes de Bachar al-Assad (voir illustration ci-contre). Car Lorde représente la jeunesse (elle a 21 ans et son public le même âge) et l’impact croissant du mouvement BDS.

    Même si son ampleur est difficile à quantifier, la campagne de boycott et de désinvestissement sème lentement ses petits cailloux. Trois événements récents en attestent. Le premier, bien moins visible que les actions de chanteurs connus, est celui d’auteurs de théâtre britanniques qui refusent d’octroyer les droits de leurs pièces afin qu’elles soient montées en Israël. Une enquête du quotidien Haaretz raconte comment des dramaturges israéliens (pourtant généralement de gauche et opposés à Netanyahou) ne cessent de se heurter aux réponses négatives de leurs homologues anglo-saxons. Peu médiatisé, ce boycott se fait néanmoins sentir.

    Le deuxième événement est le vote par le conseil municipal de Dublin d’une motion soutenant des sanctions économiques contre Israël et le boycott de certains produits fabriqués sur place, dont ceux de Hewlett Packard et de ses filiales, accusées de « fournir une grande partie de la technologie qu’Israël utilise pour maintenir son système d’apartheid et sa colonisation du peuple palestinien ». Dublin est la première capitale européenne à rejoindre la position déjà adoptée par plusieurs dizaines de municipalités en France, en Espagne, en Irlande, en Norvège ou au Royaume-Uni, en dépit de lois nationales interdisant parfois le BDS (comme en France) ou d’actions en justice (comme en Espagne).

    Le troisième événement est le vote des étudiantes du Barnard College de New York, une des universités féminines les plus élitistes (et les plus juives, avec un tiers des inscrites de confession juive) des États-Unis. Mi-avril, un référendum estudiantin a été approuvé par 64 % des élèves demandant à la direction de se désinvestir des huit entreprises qui ont des activités en Israël avec lesquelles l’université travaille ou place ses fonds. Ce vote, qui n’est pas le premier aux États-Unis, est significatif à deux titres. Non seulement parce qu’il a largement été approuvé dans un établissement cher à la communauté juive new-yorkaise, et que le scrutin a été porté par une association juive, Jewish Voice for Peace. Mais aussi parce qu’en dépit de référendums similaires dans d’autres universités américaines où la direction a refusé de suivre la volonté des étudiants, Barnard College a été le premier établissement à couper les ponts avec des entreprises responsables du changement climatique, du fait de la pression des élèves.
    Une équation perverse a été mise en place : soutien à Israël = soutien au gouvernement d’Israël

    Selon la plupart des observateurs, cités dans la presse américaine et israélienne, ce qui s’est passé à Barnard montre que le mouvement BDS progresse, en particulier sur les campus américains. Cela est dû à une sensibilisation accrue des étudiants à la situation palestinienne, notamment grâce aux réseaux sociaux et aux chaînes d’informations qui diffusent beaucoup les images emblématiques de la répression des Palestiniens (à Gaza ou lors de l’arrestation d’Ahed Tamimi pour n’évoquer que les plus récentes). Mais aussi et surtout, à un basculement de la jeunesse juive au sein de la diaspora américaine (les États-Unis possèdent la seconde population juive au monde après Israël, voire la première lorsque l’on compte en termes de « population élargie », c’est-à-dire les non-juifs dans les foyers juifs).

    Un des piliers de la communauté juive américaine, Ronald Lauder, le président du Congrès juif mondial, s’est fendu d’une tribune dans le New York Times pour célébrer les 70 ans d’Israël dans laquelle il s’alarme « du nombre croissant de “millenials” juifs – en particulier aux États-Unis – qui prennent leur distance avec Israël en raison de politiques qui sont en contradiction avec leurs valeurs. Les conséquences ne sont pas surprenantes (…) : une érosion sévère de l’affinité de la communauté juive globale avec le foyer juif ».. Lauder ne spécifie pas sur quelles études il s’appuie pour justifier son inquiétude (il en existe plusieurs), mais il faisait sûrement référence à celle publiée en 2017 par Brand Israel Group, l’organisme chargé de « vendre » l’image d’Israël à l’étranger, qui a fait couler beaucoup d’encre car elle évalue que le soutien des étudiants juifs américains en faveur d’Israël a chuté de 32 % entre 2010 et 2016.

    Les leaders de la communauté juive américaine ont tendance à interpréter les résultats de ces études comme une désaffection à l’égard d’Israël. Mais, selon l’universitaire Dov Waxman, qui a disséqué les chiffres avec précision, « contrairement à l’idée commune selon laquelle les jeunes Américains juifs se sentent étrangers à Israël, je pense en fait qu’ils sont pour la plupart attachés émotionnellement à Israël, mais qu’ils sont très critiques des politiques du gouvernement israélien à propos du conflit avec les Palestiniens. Ils sont, par conséquent, plus ambivalents, voire plus tiraillés dans leur soutien à Israël que les juifs américains plus âgés dont le soutien à Israël est moins critique et davantage inconditionnel ».

    C’est évidemment une très mauvaise nouvelle pour les dirigeants actuels d’Israël et les organisations représentant la diaspora. Parce les jeunes juifs d’aujourd’hui seront les leaders de demain, c’est un lieu commun. Mais aussi parce que depuis deux décennies, c’est-à-dire depuis la domination de Netanyahou et de la droite sur le paysage politique israélien, une équation perverse a été mise en place : soutien à Israël = soutien au gouvernement d’Israël. Et sa version encore plus néfaste mais pourtant très prégnante : lutte contre l’antisémitisme = soutien à Israël = soutien au gouvernement d’Israël.

    La plupart des organisations représentatives juives dans le monde sont ainsi devenues des chambres d’échos du gouvernement israélien, y compris quand celui-ci est ultranationaliste et composé de multiples représentants de l’extrême droite, religieuse ou pas. Cet alignement où juifs de gauche comme de droite, laïques comme religieux, attachés à Israël ou indifférents se retrouvent derrière la même bannière communautaire, a permis à Netanyahou et à ses successeurs/prédécesseurs de réduire à néant le processus de paix, d’enterrer toute perspective d’État palestinien, d’accroître la religiosité de la société israélienne et, de manière générale, de museler toute critique trop appuyée. C’est cet alignement qui est aujourd’hui en train de se fissurer.

    La conférence annuelle de l’AIPAC, le plus important lobby juif de Washington et l’un des plus puissants après la NRA (défense des armes à feu), a été traversée en mars 2018 par un fort sentiment de paranoïa. Selon le journaliste Philip Weiss, spécialisé dans les relations entre Israël et les États-Unis, « c’était la panique cette année à la conférence de l’AIPAC où tous les intervenants se sont efforcés de vendre Israël comme une cause progressiste. AIPAC est inquiet car elle pense que la défection des jeunes va avoir un coût politique direct en autorisant les politiciens démocrates à ne plus soutenir Israël ».

    Le journaliste et auteur Peter Beinart, qui suivait également la conférence de l’AIPAC, a écrit dans The Atlantic un article où il estime que l’organisation, si elle continue sur le même chemin d’une défense inconditionnelle du gouvernement israélien, va devenir un repaire de conservateurs et perdre ses alliés à gauche et donc son poids politique. « Les jeunes juifs américains ont plus rarement eu affaire personnellement à l’antisémitisme que leurs aînés. Ils ont moins de parents qui ont survécu à l’Holocauste. Et ils n’ont pas assisté aux guerres de 1967 et 1973, lorsque l’existence d’Israël semblait en péril. Au contraire, ils sont entrés dans l’âge adulte en observant à la fois les juifs américains et l’État juif comme étant privilégiés et puissants. (…) Ils sont plus susceptibles d’hériter du progressisme de leurs parents que de leur sionisme. Les mêmes préoccupations pour les droits humains et l’égalité qui forgent leur position politique les éloignent des politiques d’Israël qui maintiennent des millions de Palestiniens sous occupation militaire sans droits élémentaires en Cisjordanie. »

    Cette analyse n’est guère éloignée de celle d’Omar Barghouti, le co-fondateur de la campagne BDS, selon qui « il y a un soutien croissant des jeunes juifs en faveur de BDS, qui représente une forme de solidarité avec les combat des Palestiniens pour la justice et l’égalité. Les jeunes juifs américains en particulier, qui sont très à gauche sur la plupart des questions, ne parviennent plus à réconcilier leurs valeurs juives progressistes avec celles promues aujourd’hui par Israël et le sionisme. Le mouvement Jewish Voice for Peace, qui est un de nos partenaires clefs aux États-Unis, progresse plus vite que n’importe quelle autre organisation juive dans le monde, en mettant en avant les valeurs de justice sociale de la tradition juive pour plaider en faveur des droits palestiniens ».

    C’est dans ce contexte que s’inscrit le désistement de Natalie Portman, actrice diplômée et progressiste israélo-américaine de 36 ans, qui, qu’elle le veuille ou non, représente ces deux tendances : la progression mondiale de la campagne BDS, et l’inflexion de l’attitude politique des jeunes juifs de la diaspora, en particulier américains, qui refusent de se solidariser coûte que coûte avec un gouvernement nationaliste, religieux et violent, au nom de la défense inconditionnelle d’Israël.

    Avant :
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    https://seenthis.net/messages/689021

    #Palestine #Natalie_Portman #BDS

  • La Coalition contre la traite des femmes dénonce un projet de décriminalisation de l’achat de sexe et du proxénétisme au Canada


    (New York, le 20 avril 2018) – En quelque 24 heures, 2 280 survivantes du commerce du sexe, partisan-e-s des droits des femmes, organisations de lutte contre la traite et personnes préoccupées de partout dans le monde, y compris une foule de citoyen-ne-s canadien-ne-s, ont cosigné une lettre ouverte adressée au premier ministre Justin Trudeau pour lui demander de faire pleinement respecter la Loi sur la protection des communautés et des personnes exploitées (LPCPE). L’autrice et militante féministe Gloria Steinem figurait parmi les signataires. Cet appel à l’action faisait suite à une résolution proposée par les Jeunes libéraux du Canada, intitulée « Dépénalisation du travail consensuel du sexe et du commerce du sexe », qui doit être déposée à la Convention nationale du Parti libéral cette semaine.
    La LPCPE, adoptée au Canada en 2014, dépénalise les personnes prostituées, qui sont pour la plupart des femmes, et leur offre certains services, tout en ciblant les acheteurs de sexe, qui sont très majoritairement des hommes, en raison des préjudices qu’ils infligent par le biais de la prostitution. Ce cadre juridique, connu à l’origine sous le nom de « modèle suédois », a été adopté par la Suède, l’Islande, la Norvège, l’Irlande du Nord, la République d’Irlande et la France. Bien que la LPCPE criminalise encore les femmes prostituées dans certaines circonstances, un problème que les activistes canadien-ne-s travaillent à résoudre, l’objectif de la loi est de mettre fin à l’exploitation sexuelle commerciale des personnes et de protéger des droits humains, notamment ceux des femmes et des jeunes filles. Elle reconnaît également que les acheteurs de sexe alimentent un commerce du sexe mondial valant plusieurs milliards de dollars. En dépit de ces objectifs louables et des preuves recueillies dans d’autres pays sur l’efficacité de ce modèle juridique, le Canada n’a pas complètement mis en œuvre la LPCPE dans toutes ses provinces, même si les territoires qui l’appliquent disent trouver en cette loi un excellent outil.

    Traduction : #Tradfem
    Sur les campagne en cours : www.equalitynow.org
    #prostitution #survivantes #traite

  • Emmanuel Macron, le pouvoir et l’argent
    https://www.politis.fr/articles/2018/04/emmanuel-macron-le-pouvoir-et-largent-38688

    En cherchant à déminer les risques de convergence des « colères » qui colorent la tension sociale, le chef de l’État a justifié sa politique par un discours libéral souvent repris du... vieux monde.

    Pas sûr qu’il soit parvenu à convaincre et à renouer le dialogue… notamment lorsqu’il livre son diagnostic. Ainsi par exemple quand il énonce que la crise dans les hôpitaux est d’abord la faute des citoyens « qui se rendent trop facilement aux urgences pour se faire soigner » (alors même qu’il reconnaît la grande difficulté à trouver des médecins dans certains territoires). Ou encore lorsqu’il refuse de concéder à Edwy Plenel la responsabilité des actuels dirigeants de la SNCF dans la situation des salariés. Sa persévérance à ne pas répondre à Jean-Jacques Bourdin qui a invoqué avec insistance le contraste saisissant entre ceux qui, depuis un an, s’enrichissent toujours plus et tous les autres ne l’aura pas aidé…

    Pas une seule fois, il n’aura évoqué l’écologie ou le climat. Il n’aura rien dit sur l’Europe, sauf pour en décrire lui-même les mécanismes d’évasion fiscale organisée de l’Irlande à Malte en passant par les Pays-Bas et le Luxembourg, parfois au profit de grandes fortunes françaises. Mais pas question de « donner des instructions à Bercy » contre le groupe Pinault qui aurait selon Mediapart « évadé » 2,5 milliards d’euros. Macron préfère affirmer platement qu’il entend œuvrer pour la « convergence sociale et fiscale » entre les pays
    membres de l’Union. Velléitaire quand ça l’arrange, le président de la République, a affirmé « s ‘en remettre aux parlementaires », faisant ainsi mine de respecter un Parlement qu’il n’avait pourtant pas hésité à contourner lors des ordonnances sur la loi Travail notamment.

    #En_Force

    Macron, pas à la fête pour son anniversaire
    https://www.humanite.fr/macron-pas-la-fete-pour-son-anniversaire-653780

    • Le ton goguenard du pouvoir et des médias dominants à l’égard du mouvement étudiant témoigne d’une cécité volontaire qui confine au mépris vis à vis d’une jeunesse populaire dépossédée de la possibilité même de définir son propre avenir. A travers la sélection socialement déterminée du système Parcoursup, le pouvoir ne dit pas autre chose que son incapacité à répondre au formidable défi de la démocratisation de l’enseignement supérieur. Toute une classe d’âge pourrait pourtant accéder à une formation élevée et l’université devenir un modèle de creuset social qui tirerait l’ensemble de la société vers le haut au lieu d’être le sas d’entrée d’un « marché » du travail répondant aux objectifs étriqués d’un grand patronat de plus en plus indexé sur les rendements financiers. C’est bien ce monde sans âme que refuse massivement la jeunesse. Traiter ses aspirations par la condescendance ou, pire, par le déploiement de gendarmes mobiles, témoigne d’un autoritarisme aveugle qui pourrait se retourner contre le gouvernement plus vite qu’il ne le croit. Surtout quand il s’additionne au mépris affiché vis à vis des cheminots confrontés aux fins de non-recevoir gouvernementales dont celle du Premier Ministre. Ce refus de négocier le moindre point d’un projet aussi déterminant pour l’avenir du pays, qui redéfinit en profondeur la place du rail pour la vie des territoires et l’environnement et, qui plus est, n’a jamais été présenté au suffrage des électeurs, est le symptôme de cette « a-démocratie » confiscatoire de la parole populaire qui définit si bien les gouvernements néolibéraux.

      https://www.humanite.fr/un-1er-mai-des-convergences-654550

  • La frontière est mobile : la preuve par Dublin et l’Irlande

    La frontière est une donnée mouvante : pour le migrant « #dubliné », qui sera renvoyé dans le premier pays atteint en Europe, ou pour l’Irlande elle-même qui pourrait, Brexit oblige, voir se poser de nouveau la question de sa limite avec le Royaume-Uni.

    La frontière est simultanément différenciée et sélective. Elle peut être #barrière au franchissement et à l’accueil de certains, perçus comme indésirables, et ouverte au franchissement pour d’autres, exemptés de contrôles et toujours bienvenus ; elle peut être ouverte aux flux de marchandises et de capitaux, en les attirant même par des différentiels savamment promus, et fermée à ceux de la migration et du refuge.

    On nous la présente volontiers comme nécessaire, pas seulement comme moyen d’un projet collectif et de l’établissement d’une juridiction, mais comme une condition de l’être au monde pour une collectivité. La métaphore de la #peau ou de la #membrane est ainsi couramment utilisée et admise, y compris dans une rhétorique qui se veut positive, humaniste et réaliste. La peau ou la membrane est la condition de l’être au monde du #corps vivant, lui permettant de se délimiter par une enveloppe, mais aussi de percevoir, d’interagir et d’échanger, tout en restant cohérente en tant qu’organisme. Très bien, mais qu’est-ce que cette métaphore basée sur l’unité et l’indivisibilité intrinsèque du corps ou de la cellule a à voir avec un groupe humain ? Rien ! Le groupe humain, la communauté, la collectivité est par définition construite. Si elle définit une #identité, elle n’en épuise jamais les possibilités d’#appartenance des êtres qui la constituent et qui peuvent être simultanément membres d’autres groupes. En ce sens, elle peut cohabiter avec d’autres identités qui la transcendent, elle peut aussi évoluer vers d’autres regroupements construits ou choisis, plus grands, plus petits, autres. Elle peut aussi, et doit même si elle veut rester dynamique et dans le monde, toujours s’ouvrir, échanger et accueillir. Si la frontière est donc évolutive par nature, elle n’est pas vivante, car elle ne peut être essentialisée ni érigée en principe unique d’#appartenance, pas plus que la collectivité ou la communauté, dont elle n’est qu’une modalité pratique d’existence à un moment donné, dans un contexte donné. La frontière est ainsi variable et évolutive, elle est une modalité politique matérielle d’un projet, d’une intention et d’un #récit_collectif. Mais voilà qu’encore un autre aspect de sa nature contemporaine apparaît au grand jour avec deux événements qui nous viennent tous deux d’#Irlande. C’est-à-dire des confins nationaux qui ont réussi leur arrimage dans un projet européen qui les englobe, projet qui a aujourd’hui ses propres frontières, celles-ci passant justement par l’Irlande.

    Le règlement européen dit de Dublin (en fait, une suite d’accords et de conventions du même nom qui font système) introduit une innovation majeure dans le traitement de la migration extra-européenne et des demandes d’asile. Le premier pays officiellement atteint est celui dont relève le ou la réfugié(e) pour l’examen de sa demande d’accueil ou de permis de séjour. Autrement dit, le franchissement d’autres #frontières_internes à l’Europe ne garantit nullement la possibilité de voir sa demande considérée là où on se trouve dans un territoire que l’on a gagné. Pour les migrants qui ne disposent pas de visa même temporaire leur permettant d’arriver par un aéroport, la frontière se trouve avec les technologies biométriques sur le bout de leurs doigts ou inscrite dans leur iris, traces qui les ramèneront là où ils ont été enregistrés, quelles que soient les frontières franchies ultérieurement. Fini le mythique franchissement, même illégal d’une frontière qui fait que l’on relève d’une autre juridiction. Fini le pied de nez aux forces de l’ordre poursuivantes que l’on sème définitivement en atteignant l’autre côté. Fini le sentiment de nouvelles possibilités, même provisoire, que son franchissement procure, fini l’accès même temporaire à une juridiction, un système, une société rêvée et désirée. Elle n’est plus de l’autre côté de sa propre frontière, elle est inaccessible, car la frontière est ailleurs. La frontière est là où vous étiez lorsque vous en avez franchi une autre. Elle est aussi inscrite dans votre corps en connexion avec une base de données. Elle est mobile et ubiquiste.

    Elle l’est d’autant plus que le système de Dublin s’inscrit dans un dispositif plus large encore. Un dispositif qui repousse les frontières de l’Union au-delà et en deçà de son territoire. Au #Niger aujourd’hui même, le ministre de l’Intérieur français se félicite de voir désormais des routes migratoires vers l’Europe coupées. C’est que la sous-traitance officielle du #filtrage ou de la #rétention migratoire aux voisins que sont le #Maroc, la #Libye ou la #Turquie se doit d’être toujours plus repoussée vers l’amont des #routes_migratoires, vers l’extérieur de l’Union. La frontière mobile de l’Europe est dans le #Sahara aussi. Mais la frontière apparaît au même moment là ou on ne l’attendait pas dans la #mer_Egée, entre les « #hotspots » de la zone grise des #îles grecques qui ourlent la côte turque, îles devenues zone frontalière avec une nouvelle frontière qui les séparent du reste de l’Europe. On est loin de Dublin, certes, à l’autre bout de l’Union exactement, mais c’est bien le système du même nom qui s’y déploie.

    Mais voilà aussi l’Irlande rattrapée, cette fois indirectement (avec les frasques du Royaume-Uni avec lequel l’île est partagée) mais concrètement par la mobilité de la frontière. Un #Brexit improbable destiné à rassurer en renforçant et reconstruisant des frontières, des vraies, des fixes déboucherait-il lui aussi sur la frontière mobile ? A priori, c’est simple, on sort de l’Europe et on récupère ses frontières, intégralement, les siennes chez soi ! Oui, mais lesquelles ? Celles que l’on a projetées à Calais ? Non, sûrement pas ! Celles que l’on a projetées à Gibraltar ? Ah non ! surtout pas. Mais celles qui incluent notre Irlande du Nord, ça oui. Pas si vite ! les accords inter-irlandais, ceux si précieux pour la paix dans notre province, prévoient autre chose, ils prévoient la frontière ouverte. Alors la frontière en deçà de notre #Irlande_du_Nord, nous séparant d’elle ? Ah ! sûrement pas. Soit, mais il ne reste alors que la frontière… mobile, celle qu’on ne voulait plus !

    La frontière est mobile, qu’on se le dise ! Qu’on le dise surtout aux populistes qui la vendent comme fantasme d’une réalité intemporelle et comme rempart à toutes les peurs ! Les réfugiés eux le savent déjà, à leurs dépens.

    http://www.liberation.fr/debats/2018/04/08/la-frontiere-est-mobile-la-preuve-par-dublin-et-l-irlande_1641946
    #frontières #frontière_mobile #asile #migrations #réfugiés #Dublin #Règlement_Dublin #frontière_ouverte #frontière_fermée #biométrie

  • Pour la Cour des comptes de l’UE, les #PPP ne sont « pas économiquement viables »
    http://www.batiactu.com/edito/cour-comptes-europeenne-ppp-ne-sont-pas-viables-52428.php

    RAPPORT. La Cour des comptes européenne considère que les PPP ne sont pas une solution viable, à long terme, pour la construction d’infrastructures. Elle a audité douze contrats passés en France, Grèce, Irlande et Espagne, entre 2000 et 2014.

    Nouvel avis négatif en ce qui concerne les partenariats public-privé (PPP). Venant de l’échelon européen, cette fois-ci. « Les PPP cofinancés par l’Union européenne ne peuvent être considérés comme une option économiquement viable pour la fourniture d’infrastructures publiques », affirme en effet un communiqué de presse daté du 20 mars 2018, émanant de la Cour des comptes de l’UE. D’après l’instance, 1,5 milliard d’euros ont été dépensés par l’Europe « de manière inefficiente et inefficace » dans ce cadre.
     
    L’instance a passé au laser douze contrats en PPP, passés en France, Grèce, Irlande et Espagne. Ils représentent en tout 9,6 milliards d’euros, auxquels il faut ajouter 1,5 milliard de surcoût. Quatre ont été réalisés en France, dans le secteur du très haut débit :
    – Le numérique au service des Girondins (durée de 20 ans, retard de seize mois, -2% en coût),
    – SPTHD Pau-Pyrénées (durée de 15 ans, surcoût de +73%),
    – Très haut débit en Meurthe-et-Moselle (26 ans, deux mois de retard, pas de surcoût)
    – et Haute-Pyrénées numérique (pas de retard, -1% en coût).

    Les PPP sont censés assurer une maîtrise des coûts et des délais, mais la Cour des comptes européennes, dans les dossiers étudiés, n’a pas constaté la réalité de ces avantages. « Souvent, les bénéfices potentiels des PPP ne se matérialisent pas, les infrastructures ne sont pas mises en place dans le respect des coûts et des délais. Sur sept projets, parmi les neufs à être achevés, correspondant à un montant de 7,8 milliards d’euros, les retards vont de 2 à 52 mois et le surcoût total se chiffre à 1,2 milliard d’euros. »

  • De plus en plus de sans-abri partout en Europe
    http://www.lemonde.fr/societe/article/2018/03/21/de-plus-en-plus-de-sans-abri-partout-en-europe_5273875_3224.html

    « La définition du #sans-abrisme a beau ne pas être la même d’un pays à l’autre, partout en Europe les hausses sont spectaculaires », révèle Sarah Coupechoux, de la FAP : + 150 % en Allemagne, entre 2014 et 2016 ; + 145 % en Irlande, entre 2014 et 2017 ; + 169 % au Royaume-Uni entre 2010 et 2017 ; + 96 % à Bruxelles entre 2008 et 2016 ; + 20,5 % en Espagne entre 2014 et 2016 ; + 17 % en France entre 2016 et 2017, en tenant compte des 20 845 personnes qui ont demandé un hébergement au « 115 » en juin 2017 par rapport à juin 2016.[...]

    Parmi tous les pays européens, seule la Finlande fait exception et a réduit de 18 % le nombre de ses #sans-domicile, entre 2009 et 2016. « Les Finlandais ont mené une politique volontariste, réunissant tous les acteurs, se fixant des objectifs et mettant des moyens avec un effort continu sur vingt ans en faveur d’une politique basée sur le principe du “logement d’abord” », précise Sarah Coupechoux. Cette action vise à prévenir les expulsions, à intervenir au plus vite lorsqu’une personne est privée de #logement, à lui éviter les étapes de l’hébergement d’urgence et, parce que des logements ont été construits, à la reloger durablement.

    #sdf

  • Réveil à six heures
    Trois petits rêves
    Avant une journée de rêve

    Un collègue connu pour sa jovialité se suicide
    Mon père était attaché aux motifs décoratifs des matelas cévenols
    Manifestations contre l’ambassade des EU

    Je pars en trombe
    Emmener Émile
    Chez le psychologue, matinal

    Je prends un café turc seul
    La serveuse fardée lourdement
    Pendue au téléphone de poche

    Dehors une grisaille
    De tous les diables
    Café seul

    Je dépose Émile
    J’emmène Zoé
    À nous deux Paris

    On pénètre
    Dans Beaubourg
    Désert !

    L’équipe technique
    Est très au point
    Installation en un temps record

    Premiers essais vidéo
    Premiers essais audio
    Premiers essais de solos

    Déjeuner chez Ibtissem
    Sans Ibtissem
    Les estomacs un peu tendus

    Adrien prend les commandes
    En sortant des toilettes
    Explique le filage, les enchaînements

    On répète l’entrée
    On mime la panne d’électricité
    C’est difficile à faire !

    On répète la fin
    Je n’entends pas ce que je joue
    Dans la salle toutes et tous se bouchent les oreilles

    Filage
    On déconne un peu
    On fait des blagues, on est nerveux

    On refait la fin
    Deux fois
    On refait le début une fois

    On a trois quarts d’heure
    Pour décompresser
    C’est tout le contraire qui se produit

    Je marche avec Zoé
    Dans le centre
    Elle me fait rire, mais tendu

    Je reçois l’appel de Dominique
    Dominique et Michele viennent !
    Je me liquéfie de trac

    Je croise José, Isa, Martin et B.
    Eux tout sourires
    Moi de plus en plus tendu

    Je retourne en loges
    Exercices de respiration
    On met nos habits de lumière. Noirs

    De toutes les petites venelles
    Qui aboutissent à la salle
    Arrivent les techniciens, ponctuels

    On s’équipe, microphones
    Je fais chauffer l’ampli
    Et je vais me cacher

    Le public entre
    Du paravent je pourrais voir sans être vu
    Mais peut-on espionner ses proches ?

    Du paravent
    J’entends cependant
    Des voix et des rires amis

    Puis
    Tout d’un coup
    Silence, noir salle

    Il faut y aller
    Me dis-je les mains moites
    Et les pieds poites

    La violence qu’on impose au public
    Nous nous la sommes imposée
    Tant de fois en répétitions

    Une main tremblante
    S’avance sur la première page
    Tout juste si je peux lire tant elle bouge

    Par bonheur, le début tant rabâché
    Je le connais par cœur
    Paradoxe, je fais semblant de lire

    C’est ma voix étonnamment déliée
    Qui me sort de cette gangue de trac
    Ca y est, le plus dur est fait, après le plaisir

    Après
    Le plaisir
    En pente douce

    On commence à être rodé
    Avec Adrien
    On sait rattraper l’autre

    Arrive la fin
    Je quitte la scène
    Et surprise reviens avec une guitare

    Je fais ce que j’ai à faire
    En tâchant d’oublier la présence
    De Dominique, Michele, Jean-Luc, Hanno, Yuka

    Jouer de la guitare électrique désaccordée
    Devant 150 personnes à Beaubourg
    C’est fait !

    Quand je lâche le petit cône
    Directement sur les microphones
    Serais en peine de dire ce que je lâche vraiment

    Echo, réverbération soutenue par Vincent l’ingé
    Le noir de Bertrand gagne la scène qui happe Adrien
    Les applaudissements nous libèrent

    Dans l’éclairage de service revenu
    Le visage de mes enfants au premier rang
    Et derrière eux tant et tant d’amis

    On range notre chambre vite fait
    Et on retrouve les visages amis
    Qui eux déjà boivent et sont tout sourire

    Yuka, Renaud
    Mr Inserra, Dominique, Michele
    Sarah, Monika, Jérôme, Camille

    Jean-Luc
    Julien
    Patrick

    Jerôme, Nathalène
    Mathieu, Tiffanie, Anne
    B.

    Cécile
    Sarah, Zoé
    Clément, Juliette, Julia

    Camille
    J.
    Eline

    Martin
    Isa
    Hanno

    Nous migrons
    Vers un petit café
    Où nous avons nos habitudes

    Chaleur des échanges
    Marrant de présenter Hanno, B.
    Isa et Martin à Adrien

    Bref échange avec Mathieu
    J’apprends que l’équipe de France
    A perdu contre l’Irlande sur un drop avec 40 rucks

    Bref échange avec Mathieu
    On s’approche de Raffut
    Bonheur de sentir sa lecture de Raffut

    On fait un crochet
    Pour déposer Hanno
    Du coup on galère pour rentrer

    #mon_oiseau_bleu

  • Microsoft : le cas irlandais devant la Cour suprême américaine
    http://www.zdnet.fr/actualites/microsoft-le-cas-irlandais-devant-la-cour-supreme-americaine-39864724.htm

    Juridique : Après plusieurs années de bataille judiciaire, l’appel de Microsoft face à la justice américaine passe cette semaine devant la Cour suprême des États Unis. La justice américaine aimerait accéder à des documents stockés par un client de Microsoft en Irlande, ce que Redmond refuse. L’affaire traîne en longueur depuis maintenant plusieurs années, mais Microsoft semble décidé à ne pas lâcher le morceau. En 2013, la justice américaine demandait à Microsoft de lui donner l’accès à des données (...)

    #Microsoft #données #BigData #procès

  • Marché de l’#eau : quand la gestion privée dérape
    https://www.franceinter.fr/emissions/l-interview/l-interview-17-fevrier-2018

    La #France est une particularité libérale dans le monde de l’eau : 60 % du marché est privatisé, contre 1 % pour le reste de la planète. Une gestion qui révèle de nombreux abus.

  • Euradionantes | Statistiques de l’asile et de l’immigration : analyse vs communication
    https://asile.ch/2018/02/21/euradionantes-statistiques-de-lasile-de-limmigration-analyse-versus-communicat

    Si les statistiques relatives à l’asile et à l’immigration sont des instruments d’analyse et de compréhension du phénomène migratoire, elles sont parfois utilisées à des fins de communication politique. Énoncés de manière brute, sans comparaison ni relativité, ces chiffres ne livrent alors qu’une partie de la réalité. L’édito du jour #15 de Yves Pascouau, directeur au […]

    • et pourtant, tellement classique…
      relativiser, conceptualiser,…

      C’est-à-dire concrètement ?
      On peut prendre l’exemple de la relocalisation des demandeurs d’asile c’est-à-dire le mécanisme par lequel les Etats européens se sont engagés à accueillir des demandeurs d’asile arrivés en Grèce et en Italie.

      Le 12 février 2018, les statistiques montrent que les 5 Etats qui ont le plus relocalisé de demandeurs d’asile sont l’Allemagne, la France, la Suède, les Pays-Bas et la Finlande.
      On pourrait pousser un grand Cocorico pour la France qui est 2ème au classement ! Mais…

      Mais…
      Ce classement fondé sur des chiffres bruts ne dit pas grand-chose sur la part réelle de l’engagement de la France en matière de relocalisation. Si la France a accueilli 4944 demandeurs d’asile, cela ne représente en réalité que 25 % des 19 714 demandeurs d’asile qu’elle s’était engagée à relocaliser.
      Si on prend le classement des bons élèves, c’est-à-dire ceux qui ont rempli leurs obligations, et bien France n’occupe plus la 2ème mais la 15ème place loin derrière l’Irlande, Malte, le Luxembourg ou encore la Finlande qui ont rempli toutes leurs obligations.

      C’est en effet largement différent

      cf. la discussion récente sur les armes aux mains de civils https://seenthis.net/messages/669520

      et aussi,

      Mais, cet exercice est peu compatible avec l’accélération du temps médiatique qui oblige souvent de rester en surface…

      depuis au moins deux décennies, si la phrase fait plus de 15 secondes, on te coupe la parole pour te demander un définitif, bon, d’accord, mais en vrai, ça monte ou ça descend ?.

  • Un caveau pour Déon : la droite découvre l’intersectionnalité
    https://www.nouvelobs.com/rue89/notre-epoque/20180213.OBS2104/un-caveau-pour-deon-la-droite-decouvre-l-intersectionnalite.html

    Ne pas croire que la secrétaire perpétuelle de l’Académie, Hélène Carrère d’Encausse, réserve toute son énergie à la lutte contre l’écriture inclusive, et la féminisation des titres, comme nous le relations dans cette émission avec Eliane Viennot. Elle a d’autres combats. Et notamment celui-ci : trouver une place, dans un cimetière parisien, pour l’urne funéraire de Michel Déon, écrivain, académicien, mort en Irlande en décembre 2016, à l’âge de 97 ans.

    Son combat contre la mairie de Paris, qui s’y refuse, est relaté en détail dans Le Figaro, repris depuis hier par toute la réacosphère. On a bien le droit d’avoir des combats, au Figaro. Mon confrère Etienne de Montety révèle donc ce combat d’une année contre la « sécheresse administrative » de cette « bureaucratie infranchissable » à laquelle se heurte Carrère d’Encausse, « spécialiste de l’ère soviétique », rappelle pertinemment Le Figaro. La mairie bolchevique, elle, répond qu’elle n’a pas le droit de faire une dérogation funéraire, le défunt ne remplissant pas les conditions -argument qui semble un peu spécieux.

    Sans doute Hidalgo-la-Rouge ferait-elle mieux de donner franchement ses vraies raisons : la peur d’émettre un signal politique qui serait immédiatement utilisé contre elle. Car entre autres titres, Déon fut, de 1942 à 1944, secrétaire du polémiste antisémite obsessionnel Charles Maurras, à propos duquel il déclarait en 2016, quelques mois avant sa mort : « j’ai eu beaucoup de moments merveilleux avec lui. »

    Tout en concédant : « Il a pu commettre des erreurs, comme son #antisémitisme, qui m’agaçait ». Des erreurs !

    Ca fait beaucoup de potes et potesse de Maurras dans cette AF. J’ai pas entendu la Licra ni les asso juives s’exprimer sur ce club Maurrassien sponsorisé par l’état français.

    • Une pétition des auteurs de droite qui sont très fâchés que la mairesse de Paris ne recycle pas les déchets d’AF. Les auteurs, dont la plus part sont des membres d’AF, demandent un passe-droit pour le secrétaire personnel de C.Maurras.

      http://www.lefigaro.fr/vox/societe/2018/02/18/31003-20180218ARTFIG00134-cent-ecrivains-pressent-anne-hidalgo-de-trouver-u

      Je voie pas trop pourquoi la ville de Paris devrait payé l’avarice de ce mec. Il y a pas de loi qui lui interdisait d’acheter une concession dans un cimetière parisien.

      –---

      Interwiew de Déon 2011 - http://www.lepoint.fr/livres/michel-deon-en-relisant-les-poneys-sauvages-j-ai-ete-horrifie-19-12-2010-127

      ous n’avez jamais renié votre jeunesse maurrassienne et votre engagement dans l’Action française...

      Je n’y vois rien de honteux. J’étais un grand lecteur des classiques, de latin et d’historiens, c’était mon jus. Maurras détestait le fascisme. Il pensait que la monarchie, c’était le pouvoir modéré, qui ne tient pas sa force des élections, mais des traditions. Nous étions aussi fascinés par Jacques Bainville, notre grand penseur. Dans Les conséquences politiques de la paix, il avait tout prévu, y compris la date de la chute de la Yougoslavie.

      Etes-vous toujours monarchiste ?

      Le spectacle qu’offre le monde n’est pas fait pour me convaincre que la démocratie est universelle. Je constate que les monarchies se reforment dans des pays - en Syrie, en Corée du Nord, au Congo-Kinshasa - où les mêmes familles ont le pouvoir sur plusieurs générations. Et aux États-Unis, si vous vous appelez Kennedy, vous êtes automatiquement élu président (rires).

  • Sur les sentiers de la guerre et du bonheur
    https://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/100218/sur-les-sentiers-de-la-guerre-et-du-bonheur

    On connait le talent de #Sebastian_Barry pour raconter des existences irlandaises allant à contre-courant des grands mouvements ou des récits historiques. Dans Des jours sans fin, il quitte l’Irlande pour s’attaquer, au travers deux jeunes gens faméliques, aux atrocités du XIXe siècle américain : le massacre des Indiens et la guerre de Sécession.

    #Culture-Idées #En_attendant_Nadeau #Irlande

  • Le Sinn Féin perd son leader historique mais rêve encore de réunifier l’Irlande
    https://www.mediapart.fr/journal/international/090218/le-sinn-fein-perd-son-leader-historique-mais-reve-encore-de-reunifier-lirl

    Gerry Adams, avec sa successeure, Mary Lou McDonald, le 24 février 2016. © Reuters / Clodagh Kilcoyne. À la tête du Sinn Féin pendant trente-quatre ans, #Gerry_Adams quitte la présidence du parti nationaliste irlandais, lors d’un congrès extraordinaire ce samedi 10 février à #Dublin. Retour sur la longue carrière d’un homme de gauche controversé, qui s’est confié à Mediapart.

    #International #Irlande #Sinn_Fein

  • « La protection de nos données personnelles pourrait être contournée par des pays étrangers »
    http://www.lemonde.fr/idees/article/2018/01/16/la-protection-de-nos-donnees-personnelles-pourrait-etre-contournee-par-des-p

    Le gouvernement américain exige d’obtenir des données stockées en Irlande sans recourir à la coopération juridique internationale. Une affaire qui devrait, pour le juriste Théodore Christakis dans une tribune au « Monde », inquiéter les pays européens. La Cour suprême des Etats-Unis est actuellement saisie d’une affaire qui pourrait avoir d’importantes conséquences pour la protection des données personnelles des Européens. Le 18 janvier est la date butoir pour le dépôt des « amici curiae » (littéralement (...)

    #Microsoft #données #procès #PrivacyShield

  • En Cornouailles, une nouvelle ville émerge sur les terres du prince Charles Le Moniteur - 17/11/17 - AFP
    https://www.lemoniteur.fr/article/en-cornouailles-une-nouvelle-ville-emerge-sur-les-terres-du-prince-charle

    Charles, l’héritier du trône britannique, se veut un prince bâtisseur. Sous son égide et sur ses terres de Cornouailles, dans l’extrême sud-ouest de l’Angleterre, une nouvelle ville dans la ville est en cours de construction à Newquay, avec l’ambition de revitaliser cette zone située dans une région pauvre, anciennement minière.


    A distance de marche des côtes rocheuses et du centre de Newquay, cette station balnéaire de Cornouailles prisée des surfeurs, 137 maisons sont déjà sorties de terre depuis le lancement, en 2014, de la construction de Nansledan (« large vallée » en cornique), nouvelle extension de la ville voulant allier tradition et modernité. « Nous voulons créer une communauté viable. Nous allons aussi construire une école, une église, des bureaux, des commerces », détaille Alastair Martin, dirigeant du Duché de Cornouailles, gestionnaire privé des avoirs du prince Charles, qui opère en coopération avec les autorités locales.
    https://www.youtube.com/watch?v=72YskHVH050

    Vidéo
    Au total, quelque 4.000 logements doivent être érigés en 40 ans sur le site de 218 hectares appartenant au Duché. « Pour une ville de seulement 20.000 personnes, c’est beaucoup », souligne le conseiller municipal Louis Gardner.

    L’ambition est de « régénérer la ville existante et diversifier son économie », explique l’architecte, Hugh Petter, du bureau Adam Architecture. Celle-ci dépend principalement du tourisme et des emplois saisonniers faiblement rémunérés.

    Les maisons neuves, d’un ou deux étages, s’alignent le long de rues proprettes aux noms corniques, avec leurs façades de pierre ou de plâtre pastel, rehaussées de toits d’ardoise typiques de ce coin du pays. « C’est quelque chose de vraiment bien pour Newquay ainsi que pour moi », s’enthousiasme Theresa Ferguson, une employée de l’aéroport tout proche qui s’est installée là en juin, en faisant fi du remue-ménage ambiant. Les bâtisses vertes, roses ou bleues rappellent à Mme Ferguson le petit village d’origine de sa mère en Irlande, Allihies.
     

    Abeilles et arbres fruitiers
    Mais Nansledan se veut aussi un exemple de ville moderne et durable, traduisant sur le terrain deux passions du prince Charles, l’architecture et l’environnement. « Il est très impliqué (…) et se rend sur place deux fois par an », affirme M. Petter, l’architecte. L’héritier du trône britannique n’en est pas à son coup d’essai. Le projet s’inspire des principes déjà éprouvés à Poundbury, nouvelle localité érigée à Dorchester (sud de l’Angleterre) et parfois critiquée pour son côté « Disneyland » en raison des styles architecturaux hétéroclites adoptés.

    Plus homogène dans son genre, Nansledan veut offrir un cadre de vie à l’opposé des cités-dortoirs de banlieue où la voiture est reine, et privilégier proximité, mixité sociale et nature. « Vous pourrez emmener votre enfant faire de la balançoire tout en surveillant vos légumes », dit Hugh Petter en évoquant les espaces de jeux intégrés aux jardins ouvriers. Les arbres du lotissement seront tous fruitiers, les plantations dans les rues, comestibles et des briques d’accueil pour abeilles intégrées aux maisons.

    Au-delà du style de vie, l’objectif est de créer un emploi par foyer, grâce aux nouvelles activités que le projet est censé attirer sur place (commerces, bureaux…), et de construire 30% de logements sociaux ou de logements moins chers que le marché, indiscernables des habitations de plus haut standing.

    Les acheteurs ou locataires ciblés sont les habitants locaux, et non des vacanciers en quête de résidence secondaire, dans cette région où la multiplication des maisons de vacances est accusée d’avoir fait monter en flèche les prix de l’immobilier. « Newquay a besoin de plus de logements abordables et je pense que Nansledan pourrait aller plus loin encore » que les 30% de logements sociaux promis, estime Louis Gardner, favorable à une proportion plus élevée. Les maisons mises en vente le sont souvent à plus de 300.000 livres (environ 340.000 euros), ce qui est « hors de portée de la famille moyenne », déplore-t-il.

    Globalement, la construction de Nansledan ne suscite toutefois que peu de critiques. Mais la cherté des maisons était déjà le grief principal émis contre le projet de Tregunnel Hill, 174 logements déjà construits par le Duché dans la ville, un modèle miniature de Nansledan. Des centaines d’habitants s’étaient alors aussi opposés au bétonnage de l’espace vert où ils ont été érigés.
     
    Quid des emplois ?
    Grâce à Nansledan, « il y aura un gros dividende économique pour la population et les entreprises locales », assure Hugh Petter, alors que 21 millions de livres (23,7 millions d’euros) ont déjà été investis. 

    La promotion de l’économie locale commence dès la construction, avec l’utilisation de matériaux extraits de carrières environnantes, comme l’ardoise ou le granit. « Nous avons passé les cinq dernières années à former une main-d’oeuvre capable d’atteindre les standards élevés qui sont exigés de nous », explique Mark Jackson, chef de chantier chez Morrish Builders, un des trois entrepreneurs qui emploient au total une centaine de personnes sur le site.

    Grâce à ce projet entre autres, Fraser Parkin, coiffeur dans le centre-ville, a déjà observé une hausse de la fréquentation de son commerce, qui n’est plus tributaire de la seule saison touristique. Il s’inquiète toutefois : les nouveaux arrivants pourraient « avoir du mal à trouver un boulot ». Créer suffisamment d’emplois qualifiés pour les habitants les plus aisés, notamment, sera « un défi », abonde Louis Gardner.

    #Ville #Urbanisme #Angleterre #Logement #durable ? #environnement ? #équilibre ? #greenwashing ? #écologie #green_washing ? #environnement

  • Bruno Dumézil : « Le calendrier était un outil de pouvoir »
    http://www.liberation.fr/debats/2017/12/29/bruno-dumezil-le-calendrier-etait-un-outil-de-pouvoir_1619542

    Le médiéviste, maître de conférences à l’université de Paris-Nanterre, analyse la lente évolution du découpage des mois et des années en Occident, savant mélange de cultures romaine et catholique.

    Au milieu de tous ces calendriers, c’est donc surtout le catholicisme qui impose ses repères temporels en s’appropriant le calendrier julien. Comment s’enclenche cette évolution ?

    Cela commence avec l’empereur Constantin (310-337). Premier à se convertir au catholicisme, il entraîne la cohabitation des temps romain et chrétien dans le calendrier. Au IVe siècle, les empereurs reconnaissent les jours de fête chrétiens et les intègrent au calendrier. L’enjeu était notamment de placer le jour de repos hebdomadaire : cela devait-il être le jeudi, jour de Jupiter, ou le dimanche, jour du Christ ? Rapidement, le dimanche l’emporte dans la loi romaine, mais il faut attendre que l’un des arrière-petits-fils de Clovis impose le changement en 595 pour qu’il s’applique vraiment. Rome essaie aussi d’imposer son mode de calcul de la date de Pâques, ce qui est difficile car il s’agit d’un événement du calendrier lunaire à intégrer au calendrier solaire. De plus, les contraintes sont nombreuses : elle doit avoir lieu un dimanche, à une période où les jours rallongent, et pas le même jour que la pâque juive. Outre la rivalité avec le calendrier judaïque, il s’agit pour Rome d’imposer son autorité dans le monde chrétien. L’Irlande, convertie au Ve siècle, parvient à conserver un mode de calcul différent jusqu’en 664. Cependant, certains particularismes perdurent. Dans la péninsule Ibérique, le royaume suève de Galice refuse les noms des jours du calendrier chrétien, puisqu’ils font référence à des dieux païens : mardi est le jour de Mars, mercredi celui de Mercure… On décide de numéroter les jours, ce qui explique leur dénomination actuelle en portugais : segunda-feira (lundi), terça-feira (mardi), etc.

  • What Makes a Good Reader: International Findings from PIRLS 2016
    http://timssandpirls.bc.edu/pirls2016/international-results/pirls/summary
    PDF : http://timssandpirls.bc.edu/pirls2016/international-results/wp-content/uploads/structure/PIRLS/P16-International-Findings-from-PIRLS-2016.pdf

    En France, on connaît surtout l’enquête Pisa, menée par l’OCDE, qui évalue le niveau des élèves en compréhension de l’écrit, mathématiques et culture scientifique. Il en existe d’autres, notamment Timss et Pirls, pilotées par l’Association internationale pour l’évaluation de l’efficacité dans le domaine scolaire (IEA), une association non gouvernementale qui regroupe une cinquantaine de pays et territoires.

    Les tests Pirls, passés par 320 000 écoliers au total, évaluent leurs capacités à comprendre des textes littéraires ou purement informatifs.

    Résultat pour la session 2016 : les compétences en lecture et compréhension des CM1 français sont en baisse par rapport au début des années 2000. La France et les Pays-Bas sont les deux seuls pays à afficher un déclin de leurs scores depuis quinze ans…Avec un score de 511 points, la France se maintient tout de même au-dessus de la barre des 500 points, fixée en 2001 comme étant alors la moyenne des performances des pays participants. La Russie, Singapour, Hong Kong, l’Irlande et la Finlande sont les pays les plus performants, tandis que le Maroc, l’Egypte et l’Afrique du Sud ferment la marche.

  • Les capitalistes, leurs paradis terrestres et leur apôtre Macron | #editorial de #LO
    https://www.lutte-ouvriere.org/editoriaux/les-capitalistes-leurs-paradis-terrestres-et-leur-apotre-macron-9875
    #Paradise_Papers #Capitalisme_Normal #Paradis_Fiscaux #Evasion_Fiscale #capitalisme #Macron

    Les Paradise papers, divulgués par la presse la semaine dernière, lèvent un petit coin du voile qui recouvre d’ordinaire les pratiques des capitalistes. Toujours prompts à faire la morale aux travailleurs sur les nécessaires sacrifices, ils organisent l’évasion fiscale de façon industrielle.

    Bernard Arnault a ainsi placé des biens dans au moins six paradis fiscaux. Première fortune française, grâce au travail des petites mains du luxe, il possède au nord de Londres une propriété de 4300 mètres carrés sur un terrain de 129 hectares. S’y ajoute un yacht de 101 mètres avec héliport et piscine à fond de verre, valant 130 millions. Tout cela par l’intermédiaire de sociétés écrans basées à Jersey ou aux îles Caïmans, qui permettent au patron de LVMH de dissimuler ces signes extérieurs de richesse au fisc et aux médias.

    Avec des placements aux îles Caïmans, la reine d’Angleterre fraude carrément son propre fisc ! Une entreprise richissime comme Nike ne paye que 2 % d’impôts sur ses 7,5 milliards de recettes européennes. Dassault, qui vit notamment grâce aux commandes de l’État français, aide ses clients à ne pas payer la TVA sur les jets qu’ils lui achètent, par le biais de sociétés écran à l’île de Man, où l’impôt est à 0 %. Et on pourrait multiplier les exemples, aussi écœurants les uns que les autres.

    « Les paradis fiscaux, le secret bancaire, c’est terminé », jurait Sarkozy en 2009. Quelle sinistre blague ! Chaque année apporte son lot de nouvelles révélations. Moscovici et l’Union européenne s’indignent de ces pratiques. Quels hypocrites ! Les paradis fiscaux sont y compris au cœur de l’Europe, en Belgique, en Irlande ou aux Pays-Bas.

    Quant au gouvernement français, il supprime l’impôt sur la fortune et réduit celui sur les sociétés. Autrement dit, il vise à rendre la France aussi attirante fiscalement que les paradis fiscaux qu’il dénonce. Il organise le transfert des richesses produites par les travailleurs vers le grand capital.

    Les grandes firmes n’ont jamais autant gagné ; les grands bourgeois n’ont jamais été aussi riches. Et les uns comme les autres n’ont jamais payé aussi peu d’impôts. Non seulement ils amassent des fortunes au travers de l’exploitation de millions de salariés, mais ils rechignent à contribuer ne serait-ce qu’un minimum au fonctionnement de la société.

    350 milliards d’euros échapperaient chaque année à la fiscalité des États ; pour la France, 20 milliards. Ce sont autant que les classes populaires doivent acquitter. Les cinq euros de baisse des APL que le gouvernement a imposés représentent un demi-milliard. On voit combien de sacrifices pour les familles populaires, combien de services publics dégradés et d’emplois supprimés, représentent ces 20 milliards. Et ce n’est que la partie émergée de l’immense iceberg de l’évasion fiscale.

    Le véritable scandale, au-delà de Jersey ou de l’île de Man, est que toute la société capitaliste est un paradis pour les exploiteurs, un enfer pour les exploités. Ce sont les travailleurs qui font tout fonctionner, y compris dans les demeures de luxe, les yachts et les jets privés. Et pour augmenter leurs profits, ceux qui possèdent le capital exigent toujours plus. Les grandes entreprises dégageant déjà des milliards de bénéfices sont prêtes à rogner sur des pauses, à augmenter des cadences, à supprimer des postes. Combien de travailleurs en subissent les conséquences par des horaires allongés, par des troubles musculo-squelettiques ou autres ? Combien sont licenciés, pour inaptitude ou pour quelque autre raison ?

    Toutes ces richesses accumulées ne servent pas à faire fonctionner l’économie dans l’intérêt de tous. Elles sont orientées vers la spéculation, qui mobilise des sommes cent fois supérieures au train de vie luxueux des plus riches. Cette frénésie spéculative, propre au capitalisme, conduit aux crises économiques et détruit périodiquement des milliers d’usines et des millions d’emplois.

    Les capitalistes mènent la lutte de classe. Alors, il faut saisir toutes les occasions de protester. Ce jeudi 16 novembre, la CGT, Solidaires, FO, la FSU et des organisations de jeunesse appellent à manifester contre les ordonnances Macron et la politique de ce gouvernement.

    Cette journée ne suffira pas à mettre un coup d’arrêt à l’offensive du patronat et du gouvernement. Mais elle permet de dire notre refus des nouvelles régressions que Macron, l’homme des banquiers, veut imposer au monde du travail. Faisons entendre notre colère contre cette politique qui vise à faire les poches des classes populaires, pour enrichir encore les parasites qui dirigent la société.

    • Étrange semaine qui vient de s’écouler. Car les révélations des Paradise Papers sont une chose. Le silence ouaté des dirigeants sur le sujet tandis que l’écoeurement populaire confine à la nausée en est une autre. Constater le hiatus, c’est regarder deux mondes que plus rien ne relie.

      Si Jean-Luc Mélenchon et La France insoumise ont réagi dès les premières heures en mettant sur la table des propositions concrètes et immédiatement applicables pour couper court à l’évasion fiscale, ils furent bien seuls. Il ne s’est guère trouvé dans les sphères du pouvoir que le ministre de l’économie et des finances M. Le Maire, et le commissaire européen aux affaires économiques et à la fiscalité M. Moscovici, lui-même ancien ministre de l’économie et des finances de François Hollande, pour aborder le sujet. Mais l’indignation théâtrale du premier n’est pas crédible au regard de ses engagements passés et présents pour valoriser « l’optimisation fiscale » ; le maintien du verrou de Bercy durant l’été alors qu’il était ministre en est le dernier avatar en date. Le second quant à lui ne craint pas le grotesque lorsqu’il feint sur Twitter de découvrir le phénomène et son ampleur : « Les révélations sont vertigineuses. Le monde opaque de l’évasion fiscale apparaît soudain au grand jour. »

      Sinon ? Rien ou si peu. M.Macron et son premier ministre ont été durant toute la semaine aux abonnés absents. Pendant ce temps, les révélations passaient et déjà la poussière retombe. Nike, Total, Bernard Arnault, Xavier Niel, Jean-Jacques Annaud et les autres ont mangé leur pain noir durant une semaine, ils peuvent retourner vaquer à leurs occupations.

      Les détourneurs professionnels d’attention ont bien cherché à nous vendre que « l’optimisation fiscale » serait légale et poserait donc davantage un problème de morale. Méfions-nous tout d’abord, comme nous y invite le doyen du pôle financier du tribunal de Paris le juge Van Ruymbeke, que l’épisode ne soit pas utilisé pour entériner l’idée que « l’optimisation fiscale » relève automatiquement d’un caractère légal. Mais quand bien même ? Là où la morale est individuelle, les Paradise Papers ont donné à voir un phénomène systémique qui impacte donc la sphère de l’autorité politique. L’évasion fiscale organisée ne se contente pas de spolier la société toute entière. Elle fragilise la communauté des citoyens en remettant en cause le consentement du grand nombre à l’impôt dès lors que les premiers de cordée peuvent allègrement s’y soustraire, refusant en cela le contrat social, tout en recevant le satisfecit de l’Elysée. Par l’inertie et l’inaction et désormais le silence qu’ils manifestent, les exécutifs français et européens laissent dériver ce doute du consentement vers la représentation politique et donc vers le politique lui-même en tant que rapport aux affaires publiques.

      Il y a aujourd’hui deux mondes qui marchent côte à côte, celui des premiers de cordée et le nôtre. Quant aux représentants, pour beaucoup –trop- d’entre eux, ils ont choisi d’être ceux des premiers de cordée, basculant avec eux dans le monde qui va avec.

      François Cocq

      https://lafranceinsoumise.fr/2017/11/13/leur-monde-et-le-notre

  • affordance.info : Libérée, délivrée, harcelée : de la sagesse à la folie des foules.
    http://affordance.typepad.com//mon_weblog/2017/11/sagesse-ou-folie-des-foules.html
    http://www.affordance.info/.a/6a00d8341c622e53ef01bb09d5cb54970d-600wi

    Pour le dire rapidement, dans les récentes affaires de harcèlement qui touchent des personnalités publiques ou des journalistes, la responsabilité, la seule, incombe entièrement aux plateformes. Toutes, je dis bien toutes, de Twitter à Facebook, sont parfaitement capables, quasiment en temps-réel, et sans n’utiliser rien d’autre que leurs algorithmes déjà disponibles, toutes sont parfaitement capables de repérer et de qualifier ces actions de harcèlement à grande échelle adressés à une personnalité publique. Et toutes ces plateformes sont de la même manière parfaitement capables de suspendre immédiatement les comptes harceleurs. Toutes sont par ailleurs libres de continuer d’externaliser leurs politiques de modération à des ouvriers et ouvrières sous-payées aux Phillippines parce que ce travail est trop « sale » ou trop mal payé ou trop violent psychologiquement pour l’installer aux Etats-Unis (siège social) ou en Irlande (siège fiscal), mais c’est (presque) un autre sujet.

    Mais oui, Twitter et Facebook sont capables de faire immédiatement cesser ces campagnes de harcèlement. Ils en sont « capables » au sens premier c’est à dire qu’ils en ont et la capacité et la compétence et le pouvoir. Et cela tout le monde le sait. Ceux qui feignent de l’ignorer, de le dissimuler ou d’affirmer l’inverse sont soit des incompétents soit des menteurs.

    Le harcèlement est d’abord une question de contexte. Et de loi. Mais la loi, elle, ne varie pas. Le harcèlement dans un contexte scolaire doit être traité par les acteurs du système scolaire. En faisant appliquer la loi. Le harcèlement dans un contexte professionnel doit être traité devant les instances représentatives concernées. En faisant appliquer la loi. Et ainsi de suite. Le harcèlement dans l’espace public, dès lors qu’il prend la forme d’une manifestation publique, doit être traité par la puissance publique. En faisant appliquer la loi. Et le harcèlement dans le cadre de ces plateformes privées qui jouent et instrumentalisent en permanence des énoncés semi-publics (parce que plein de monde les voient) et semi-privés (parce que l’on n’est pas pour autant dans un espace public), le harcèlement dans le cadre de ces plateformes doit être, en priorité, traité par ces plateformes privées. En faisant appliquer la loi.

    Et l’autre argument qui consiste à indiquer qu’il est difficile de savoir où commence la qualification juridique du harcèlement est aussi inepte en droit qu’il est humiliant pour les victimes.

    Car enfin, pour mettre de l’intelligence artificielle dans des putains de frigos qui parlent alors là on a des algorithmes et des process hyper-méga compétitifs et des bataillons de start-ups en mode lean-management de mes burnes. Mais quand il s’agit de repérer et de bloquer des comptes appelant « à violer ou sodomiser cette nana » ou « à aller buter les enfants de ce fils de pute à la sortie de l’école », quand une personnalité publique est la cible d’insultes et de menaces répétées, quand il s’agit de repérer et de bloquer des comptes relayant ce genre de messages et s’en rendant donc complices, alors là ben l’algorithmie redevient compliquée et l’analyse du langage naturel n’a visiblement pas fait le moindre progrès depuis les années 20.

    Comment sommes-nous passés de la « sagesse des foules » à la « folie des foules » ?

    Comment ... et pourquoi ? Mon hypothèse est la suivante : les effort conjugués et systémiques d’un capitalisme de la surveillance et l’émergence là encore systémique de formes toujours plus aliénantes de Digital Labor ont facilité et peuvent permettre d’expliquer en partie cette bascule dans les représentations que nous avons de la « foule ». L’alliance du Digital Labor et du capitalisme de la surveillance ont en partie fabriqué ces foules haineuses, qui peuvent être perçues comme les stigmates inquiétants d’un totalitarisme annoncé.

    #Plateformes #Algorithmes #Olivier_Ertzscheid #Cyberharcèlement

  • Et si le pays de Galles avait été offert aux juifs pour y établir leur patrie ?
    – Kamel Hawwash - 2 novembre 2017
    http://www.middleeasteye.net/fr/opinions/et-si-le-pays-de-galles-avait-t-offert-aux-juifs-pour-y-tablir-leur-p

    (...) Et si Balfour avait offert le Pays de Galles aux sionistes ?

    Si nous partons du principe que les autorités britanniques voulaient en 1917 aider un peuple persécuté à trouver refuge, alors elles auraient sans nul doute pu offrir aux sionistes une patrie dans un territoire qu’elles contrôlaient à l’époque, n’est-ce pas ?

    « Charité bien ordonnée commence par soi-même », dit-on. Au moment de la déclaration, le Premier ministre britannique était David Lloyd George, un fier Gallois. Que ce serait-il passé si la Déclaration Balfour avait été rédigée comme suit : « Le gouvernement de Sa Majesté envisage favorablement l’établissement en Palestine au pays de Galles d’un foyer national pour le peuple juif ? ».

    Aujourd’hui, le pays de Galles couvre une superficie de 20 779 km2. Israël, la Cisjordanie et la bande de Gaza couvrent 20 770 km2.

    En 1917, la population du pays de Galles était d’environ 2,5 millions de personnes, tandis que celle de la Palestine était d’environ 1 million (les juifs représentant moins de 10 % de ce chiffre).

    Si Balfour avait offert le pays de Galles aux sionistes, on peut dire sans trop se compromettre que les Gallois auraient rejeté la déclaration. Les juifs, bien que déçus de ne pas avoir obtenu la Palestine, auraient alors bientôt commencé à émigrer pour coloniser la terre galloise.

    Des tensions entre les deux groupes auraient alors probablement éclaté. Londres aurait tenté de maintenir la paix, mais aurait probablement échoué, en raison notamment de la lutte en cours en Irlande – que les Britanniques contrôlaient également – pour l’indépendance.

    Les sionistes auraient mis en place des milices armées en vue de combattre les Gallois. De plus en plus de juifs seraient arrivés au pays de Galles au début des années 1940. Les Nations unies seraient alors intervenues, comme ce fut le cas avec la Palestine, et auraient offert un plan de partage donnant aux juifs 56 % des terres et laissant les autochtones gallois avec seulement 44 % de leur territoire.

    Peut-on vraiment penser que les Gallois auraient accepté d’abandonner ne serait-ce qu’un centimètre de leur patrie aux sionistes ? Ou auraient-ils résisté, y compris par le biais de la lutte armée ?(...)

    #Palestine #Grande-Bretagne #Déclaration_Balfour #Balfour_declaration #Histoire #Sionisme #Racisme #Colonialisme #Moyen_Orient

  • Frontex bientôt à Calais ?

    Transcription des propos de #Gérard_Collomb :

    « ... puisque vous allez devenir frontières extérieures. Et donc ça va nous permettre de mettre une force Frontex aux frontières extérieures de l’Union européenne. Ce qui va orienter la discussion de manière un peu différente avec nos amis britanniques, qui s’aperçoivent aujourd’hui que le Brexit c’est aussi confortable qu’ils ne l’avaient pensé. C’est vrai pour notre frontière à nous, mais du côté de l’Irlande les problèmes de frontière vont se poser de manière extrêmement forte et ils vont avoir beaucoup de difficultés à gérer tout cela »

    https://twitter.com/nico_lambert/status/925035893194416129
    –-> déclarations de #Collomb

    #Calais #Frontex #frontières #frontières_extérieures #UK #Angleterre #France #contrôles_frontaliers #Brexit
    cc @daphne @marty @albertocampiphoto
    @isskein @reka

  • l’UE, l’Europe et la cohérence Les Crises - Jacques Sapir - 25 Octobre 2017


    Contribution brute, subventions et contribution nette de la France au budget de l’UE

    . . . . . .

    La contribution française
    La contribution de tous les pays de l’UE au budget de l’UE est connue. Elle est égale à un peu plus de 1% du PIB. La contribution nette d’un pays se calcule comme la différence entre sa contribution brute et les subventions qu’il reçoit de l’UE. De fait, la France verse PLUS à l’Union européenne qu’elle ne reçoit de cette dernière. La France a toujours payé plus qu’elle n’a reçu ; la seule année ou versements et subventions ont été équilibrées a été 1999. La contribution française provient de plusieurs lignes budgétaires :
    1. une ressource calculée en fonction du revenu national brut (RNB) : 14,7 milliards d’euro.
    2. une ressource calculée en fonction de la TVA perçue par la France : 2,8 milliards d’euros.
    3. une ressource “traditionnelle”, correspondant aux droits de douane, aux droits agricoles et aux cotisations “sucre” et “isoglucose” : 1,6 milliard d’euros. La France a perçu 2,08 milliards d’euros en droits de douane et en prélèvements agricoles pour le compte de l’UE, dont elle peut retenir 25 % au titre des frais administratifs.
    4. le financement du rabais britannique : 1,5 milliard d’euros
    5. le financement d’autres réductions en faveur des Pays-Bas, de la Suède, du Danemark, de l’Irlande et du Royaume-Uni : 8 millions d’euros

    . . . . . . . .
    Si l’on fait le calcul depuis le début des années 2000 et donc depuis l’élargissement de l’Union européenne, on observe que les versements de la France à l’Union européenne n’ont cessé d’augmenter tandis que les retours de l’UE vers la France, ce que l’on a appelé les subventions, sont restés globalement stables. De ce fait, le solde net de la contribution française a largement augmenté pour atteindre environ 8 milliards d’euros depuis 2009. Ainsi, en tenant compte de l’inflation, autrement dit en calculant à « monnaie constante » on s’aperçoit que, au cours des 25 dernières années, les transferts nets de la France à l’Union européenne ont représenté environ 100 milliards d’euros. Cela plaçait la France en troisième position des contributeurs nets au budget européens, derrière l’Allemagne et la Grande Bretagne. Avec la sortie de cette dernière de l’UE, la France deviendra le deuxième contributeur net.

    La suite : https://www.les-crises.fr/russeurope-en-exil-melenchon-lue-leurope-et-la-coherence-par-jacques-sapi

    #union_européenne #France #contribution « I want my money back » #Allemagne #bénéfices industrie en lambeaux, chômage endémique une société fracturée

  • Des pays d’Europe se retournent contre Israël après des destructions en Cisjordanie
    LE MONDE | 17.10.2017 | Par Piotr Smolar (Jérusalem, correspondant)
    http://www.lemonde.fr/international/article/2017/10/17/des-pays-d-europe-s-appretent-a-demander-compensation-a-israel-apres-des-des

    Chaque mot a été âprement négocié. Le résultat final n’en reste pas moins important et risque de susciter la fureur du gouvernement de Benyamin Nétanyahou, qui ne dissimule pas son mépris pour l’Union européenne.

    Pour la première fois, des membres de l’UE ont décidé de formaliser leur frustration par écrit, après la destruction d’équipements scolaires et la confiscation de panneaux solaires qu’ils avaient financés, en Cisjordanie. Il ne s’agit pas d’une simple protestation, mais d’une demande de compensation pour le préjudice subi, soit 31 252 euros. « Nous espérons toujours que nos demandes de restitution pourront être satisfaites sans préconditions dès que possible, sinon Israël devra fournir une compensation sans tarder », écrivent les signataires d’une lettre qui doit être remise les jours prochains au ministère israélien des affaires étrangères, et dont Le Monde a eu connaissance.

    Ces pays – Belgique, France, Italie, Espagne, Suède, Luxembourg et Irlande – sont, avec le Danemark, les bailleurs d’un consortium humanitaire européen, qui intervient en urgence, par le biais d’un groupe d’ONG, auprès des communautés menacées de déplacement forcé par Israël, en zone C (60 % de la Cisjordanie) et à Jérusalem-Est. Au premier rang de ces communautés figurent les Bédouins.

    • #paywall alors :

      Chaque mot a été âprement négocié. Le résultat final n’en reste pas moins important et risque de susciter la fureur du gouvernement de Benyamin Nétanyahou, qui ne dissimule pas son mépris pour l’Union européenne.

      Pour la première fois, des membres de l’UE ont décidé de formaliser leur frustration par écrit, après la destruction d’équipements scolaires et la confiscation de panneaux solaires qu’ils avaient financés, en Cisjordanie. Il ne s’agit pas d’une simple protestation, mais d’une demande de compensation pour le préjudice subi, soit 31 252 euros. « Nous espérons toujours que nos demandes de restitution pourront être satisfaites sans préconditions dès que possible, sinon Israël devra fournir une compensation sans tarder », écrivent les signataires d’une lettre qui doit être remise les jours prochains au ministère israélien des affaires étrangères, et dont Le Monde a eu connaissance.

      Ces pays – Belgique, France, Italie, Espagne, Suède, Luxembourg et Irlande – sont, avec le Danemark, les bailleurs d’un consortium humanitaire européen, qui intervient en urgence, par le biais d’un groupe d’ONG, auprès des communautés menacées de déplacement forcé par Israël, en zone C (60 % de la Cisjordanie) et à Jérusalem-Est. Au premier rang de ces communautés figurent les Bédouins.

      « Obstruction »

      « La pratique de mesures coercitives comme les démolitions et les confiscations de biens humanitaires, dont des infrastructures scolaires, et l’obstruction à l’acheminement d’assistance humanitaire sont contraires aux engagements [d’Israël] du point de vue du droit international […] et causent des souffrances aux Palestiniens ordinaires », notent les signataires. Lundi 16 octobre, le Danemark était le seul membre du consortium à ne pas avoir encore donné son aval à la démarche. L’Union européenne attendait elle-même l’unanimité pour suivre.

      Dans la lettre, les membres du consortium font référence à deux événements ; survenus au cours de l’été. Le 9 août, l’administration civile israélienne, qui contrôle la zone C, a démantelé et confisqué dix panneaux solaires qui alimentaient la garderie et l’école à Abou Nouwar, près de Jérusalem. Au total, 90 enfants en ont été affectés.. Puis, le 22 août, six salles de classe en préfabriqué, installées dans la communauté de Jubbet Al-Dhib, près de Bethléem, ont été démontées et saisies, à la veille de la rentrée scolaire, pour 64 enfants.

      Fin juin, dans ce même village non connecté au réseau électrique, Israël avait confisqué 96 panneaux solaires installés par les Pays-Bas pour un montant de près de 500 000 euros. Ils ont été restitués début septembre, après de vives protestations politiques.

      La raison officielle est toujours la même : ces constructions ne disposent pas d’une autorisation préalable de la part d’Israël. Un -sésame quasiment impossible à obtenir en zone C pour les Palestiniens - 1 % de leurs demandes ont été satisfaites entre 2014 et mi-2016. Selon l’ONG Norwegian Refugee Council, 55 autres écoles en Cisjordanie sont menacées par un ordre de destruction.

      La demande de compensation européenne n’est pas élevée, surtout par rapport aux sommes engagées par les Etats membres et l’UE au profit des Palestiniens.. Depuis 2000, le service de la Commission européenne à l’aide humanitaire et à la protection civile a consacré à lui seul plus de 700 millions d’euros à des actions dans la bande de Gaza et en Cisjordanie.

      Mais cette initiative du consortium crée un précédent et place Israël devant ses responsabilités, l’Etat hébreu se réfugiant derrière des considérations juridiques et administratives qui diluent son statut de force occupante. Depuis 2009, le montant total des équipements financés par l’UE ou des Etats membres qu’Israël a démantelés et saisis s’élève à 1,2 million d’euros, dont 557 000 euros pour la seule année 2016. Le contentieux pourrait donc s’élargir, en cas d’escalade diplomatique.

      Depuis le début de l’année, 344 structures palestiniennes ont été démolies, dont un tiers à Jérusalem-Est, provoquant le déplacement de 500 personnes. Celles financées par l’UE ou les Etats membres représentent près de 22 % du total. En 2016, année d’un pic exceptionnel, 1 094 structures palestiniennes avaient été démolies ou saisies, entraînant le déplacement de plus de 1 600 personnes, dont la moitié sont des enfants.

      La Belgique, qui a financé pour 19 000 euros d’installations sur les 31 252 euros en cause, a joué un rôle moteur dans la mobilisation du consortium, en demandant l’application stricte des textes qui ont présidé à sa création. La France a décidé de se joindre à l’initiative après avoir au préalable effectué, à la demande de l’Elysée, une revue stratégique sur la zone C. Il s’agissait de rappeler noir sur blanc les positions de Paris sur le développement des colonies, les démolitions de constructions palestiniennes, etc. A la demande de l’Italie et de l’Espagne, attentives aux implications de la lettre, certaines formulations ont été édulcorées.

      " Cette initiative reste très douce, il n’est pas question d’actions en justice ou de sanctions, note une source très impliquée. Mais ça bloque chez certains membres de l’UE parce qu’ils refusent d’entrer dans un rapport de force avec Israël. Le consortium est l’un des rares instruments humanitaires efficaces en zone C. Le problème vient de la difficulté à mettre en pratique le cadre politique défini par l’UE, à un moment ou les Etats-Unis ont abandonné certaines lignes rouges, comme l’extension des constructions israéliennes en dehors des principaux blocs de colonies. "

      En somme, l’UE reste la seule puissance qui continue timidement de rappeler à Israël le périmètre du droit international, mais sans envisager de sanctions.

      #Palestine #Europe