country:maroc

  • Porter la guerre sur le sol iranien
    Abdel Bari Atwan - 23 septembre 2018 – Raï al-Yaoum – Traduction : Chronique de Palestine
    http://www.chroniquepalestine.com/porter-la-guerre-sur-le-sol-iranien

    Les États-Unis et l’Arabie Saoudite activent leurs plans de déstabilisation de l’Iran.

    Lorsque le président américain Donald Trump accuse l’Iran d’être derrière la plupart des attaques terroristes, sinon toutes, dans le monde, le prince héritier saoudien Muhammad Bin-Salman jure ouvertement de mener sa bataille contre l’Iran en territoire iranien et Israël menace de continuer à attaquer les cibles militaires iraniennes pour empêcher le pays d’établir des bases de missiles en Syrie.

    L’attaque sanglante de samedi contre un défilé militaire à Ahvaz au cours de laquelle 29 personnes ont été tuées n’est pas une surprise. En effet, un tel incident aurait pu être attendu plus tôt, et de telles attaques, même plus sanglantes, pourraient être attendues à l’avenir. La région se trouve au seuil d’une guerre terroriste sans précédent menée par les services de renseignement et qui sera destructrice pour toutes les parties concernées.

    Trump impose un blocus économique suffocant à l’Iran qui devrait atteindre son maximum en novembre, lorsque sa composante la plus importante, l’interdiction des exportations de pétrole, deviendra opérationnelle. Son principal objectif est de déstabiliser sinon détruire le régime iranien dans le but de le renverser définitivement par la force militaire. L’expérience nous a appris que les guerres américaines dans notre région ne tombent pas du ciel, mais sont l’aboutissement de stratégies qui impliquent des années de préparation.

    Trump sait bien que les sanctions économiques seules ne peuvent pas renverser les régimes. Sinon, les régimes nord-coréen et cubain seraient tombés il y a des années, sans parler du régime irakien dirigé par Saddam Hussein et l’administration du Hamas dans la bande de Gaza. Les blocus qui ne sont pas suivis d’une intervention militaire ont tendance à se retourner contre leurs auteurs. C’est la raison pour laquelle le projet en question a commencé par créer un « OTAN arabe » composé des six États du Golfe, plus l’Égypte, la Jordanie et le Maroc, en prévision d’une telle intervention, si elle devait avoir lieu. Les frappes aériennes israéliennes successives en Syrie sont l’une de ses composantes. (...)

  • Terres de confusion
    http://www.nova-cinema.org/prog/2018/168-only-the-sky-is-the-limit/only-the-sky-is-the-limit/article/terre-de-confusion

    Paola Stévenne, 2002, BE, video, VO FR ,60’

    Paola Stévenne a pris part au Collectif contre les Expulsions dans les années 90. Elle se souvient de ce 26 septembre 1998, quand 5000 personnes se sont retrouvées à la Cathédrale Saints-Michel-et-Gudule pour un hommage citoyen en réaction à la mort de Semira Adamu. Mais quelques semaines plus tard, les médias sont déjà passés à autre chose. La cinéaste, elle, ne veut pas oublier. "Je souhaitais raconter une histoire belge, l’histoire de Schengen. Schengen a refait un mur de 10 mètres de haut à Ceuta, sur la frontière entre l’Espagne et le Maroc. Je souhaitais traverser la zone Schengen en partant du Sud et en allant de plus en plus au Nord. J’avais envie de voir ce qui changeait. En quatre mois et demi, je suis passée de Ceuta, à Madrid, de (...)

  • « Non à l’artwashing apartheid » : au Maroc, un appel au boycott culturel d’Israël
    Middle East Eye | Safa Bannani et Margaux Mazellier
    Friday, 21st September 2018
    https://www.middleeasteye.net/reportages/non-l-artwashing-apartheid-au-maroc-un-appel-au-boycott-culturel-d-is

    (...) Contacté par MEE, Sion Assidon, l’un des fondateurs de l’antenne BDS Maroc, a indiqué que celle-ci avait « appelé les réalisateurs au boycott du festival de Haïfa » car « cela entre parfaitement dans le champ d’action du BDS ».

    Après l’annonce de cette participation de films marocains au festival de Haïfa, « les trois réalisateurs ont immédiatement affirmé qu’ils n’étaient pas au courant et qu’ils n’avaient pas été invités au festival », a-t-il précisé. « En effet, ils ne sont plus propriétaires du bien culturel. C’est un bien commercial qui appartient maintenant aux diffuseurs internationaux. »

    Les cinéastes ont exprimé leur indignation suite à cette sélection au festival israélien. Dans un communiqué parvenu à MEE, Meryem Benm’ Barek, a déclaré : « J’ai appris la sélection de mon film Sofia au festival de Haïfa. J’en ai demandé le retrait. Ce sont des vendeurs internationaux qui se chargent de l’envoi des films aux festivals, sans que le réalisateur ne soit impliqué dans ce choix ».

    La réalisatrice a précisé que son film « Sofia est la voix de ceux qui n’ont plus de voix. Il dénonce l’oppression et la domination du faible par le fort dans une société qui divise jusqu’au sein d’une même famille ».

    Dans un communiqué de presse consulté par MEE, Nabil Ayouch explique qu’il n’a « aucune responsabilité » dans la projection de son film en Israël, insistant sur le fait qu’il « est et reste toujours contre toute normalisation des relations avec Israël ».

    Toutefois, le réalisateur marocain affirme qu’il « ne peut pas interdire la projection en Israël d’un film » dont il a « cédé les droits internationaux ». Il précise qu’il a en revanche « le droit de refuser de partir en Israël ». (...)

    #BDS #propriété_intellectuelle #BDS
    #Maroc #Vol #Boycott_Culturel

  • Du Maroc à Paris, les vies brisées des enfants de la Goutte-d’Or - Libération
    https://www.liberation.fr/france/2018/09/19/du-maroc-a-paris-les-vies-brisees-des-enfants-de-la-goutte-d-or_1679911

    Hors de contrôle, violents et polytoxicomanes, des dizaines de mineurs sans parents vagabondent dans le nord de la capitale. Le Conseil de Paris devrait voter une rallonge pour l’association missionnée, dépassée par la situation.

    Deux gamins d’une douzaine d’années marchent dans la rue, tout en se roulant un joint. Ils croisent une vieille dame voilée, qui les interpelle en arabe. Le plus petit, Malik (1), 1,50 mètre sous la toise, se retourne illico, prêt à en découdre. Une main se pose sur son épaule et l’invite à poursuivre son chemin. Fin de l’altercation. « Voilà, c’est emblématique de ces gosses. Normalement, tu ne touches pas aux mamans. Pas eux. Ils n’ont aucune limite. » Chansia Euphrosine est directrice du pôle La Clairière du #Casp (Centre d’action sociale protestant), une association missionnée pour intervenir auprès des enfants marocains de la Goutte-d’Or, dans le XVIIIe arrondissement de Paris. Cela fait « quinze jours » qu’elle s’efforce de convaincre Malik de venir prendre une douche dans le local voisin. « Trop défoncé », l’adolescent avait jusqu’alors refusé. Ce lundi après-midi, il s’est enfin décidé.

    Depuis l’hiver 2016-2017, ils sont plusieurs centaines, comme Malik, à être passés dans ce quartier populaire du nord de Paris. Parfois très jeunes (10 ans), sans attaches familiales en France, polytoxicomanes, sans-abri et ultra violents, ils ont bouleversé le quotidien des habitants. Les vols à l’arraché sont devenus monnaie courante, les agressions également.

    « L’écume aux lèvres »

    « La #drogue, les trafics, il y en a toujours eu ici, remarque un commerçant. Mais aujourd’hui, tu peux te prendre un coup de couteau à tout moment. » Un habitant : « Rien ne les arrête. Ils volent les petites vieilles. Un jour, ils ont essayé de piquer le téléphone de ma nana, qui était pourtant avec sa poussette et notre môme d’1 an. » Chansia Euphrosine ne peut que partager le diagnostic. Ses équipes interviennent auprès des mineurs marocains depuis décembre 2017 : « C’est le boulot le plus intense, le plus dur que j’ai pu faire. On pense à l’horizon d’une journée, d’une semaine, guère plus. » Des scènes marquent davantage que d’autres. Notamment cette fois où trois jeunes, « complètement défoncés, titubant dans la rue, l’écume aux lèvres », ont glacé d’effroi une classe de maternelle en sortie, ainsi que leurs deux institutrices. « On a dû faire une chaîne humaine pour permettre à la classe de continuer son chemin, se souvient la directrice. Soudain, un des mineurs marocains s’est mis à hurler qu’il allait se tuer. Il a foncé vers un bus, mais il était tellement en mauvais état qu’il n’a pas réussi à se coucher sous les roues. » La scène devient encore plus surréaliste quand les vendeurs à la sauvette de Barbès, excédés par ces intrus qui menacent leur business, se ruent vers lui pour le lyncher. Le gosse est exfiltré in extremis.

    « Quand on travaille dans la rue, la mort fait partie de notre univers, souffle Chansia Euphrosine. Mais là, elle est présente tout le temps dans nos têtes. » Le pire a jusqu’à présent été évité, sans que personne ne comprenne comment. Mais la prise en charge des enfants perdus de Barbès reste en chantier. Hypermobiles et refusant toute aide des autorités, ils bénéficient également de la désorganisation des multiples acteurs impliqués dans le dossier. Leur profil est pourtant mieux connu qu’il y a quelques mois. Missionnée par la mairie de Paris, l’association Trajectoires a rendu un rapport en avril sur le profil de ces ados. Majoritairement originaires de quartiers périphériques des villes de Fès, Casablanca et Tanger, ils ne sont pas des « enfants des rues ». « Mais ces mineurs ont souvent été négligés ou délaissés par leurs familles », écrivent les auteurs. Les perspectives économiques médiocres ont fini de les persuader de « tenter le riski », comme ils disent. Comprendre : rejoindre l’Europe, planqués dans un camion, voire entassés sur une patera, la barque qui sert à franchir le détroit de Gibraltar. Certains meurent en route. Les autres, arrivés en Espagne, s’y installent parfois. Mais le plus souvent, ils continuent à circuler : France, Belgique, Pays-Bas, Allemagne… Au gré des législations locales et de leurs failles, des liens qu’ils tissent ici et là, ils se déplacent, compliquant d’autant leur suivi.

    A Barbès, ils veulent « faire de l’argent », selon des témoignages recueillis par l’association Trajectoires. Vols à l’arraché, cambriolages, puis revente du butin au sein de l’économie parallèle de la Goutte-d’Or : les plus « doués » peuvent se faire plusieurs milliers d’euros par mois. Mais l’argent s’évapore vite. A la rue, les vols sont quotidiens. Faute d’hygiène suffisante, les jeunes doivent souvent se racheter une garde-robe complète. Pochettes Armani, fringues de marque, chaussures siglées, ils mettent le paquet sur les signes extérieurs de richesse, se photographient dans les rues de Paris avant de poster les images sur les réseaux sociaux. « Ils ne font que montrer à leurs potes restés au Maroc qu’ils ont eu raison de partir, relève Chansia Euphrosine. Même s’ils connaissent leur réalité, ils ne peuvent pas revenir en arrière. Ça serait la honte. »

    La réalité, derrière les coupes de cheveux dernier cri et les selfies crâneurs, c’est une vie de misère et de violence. « On est face à des tox en voie de clochardisation », dit Julien, un habitant. Les maux sont multiples. Ils ont souvent commencé par sniffer de la colle au Maroc. A Paris, ils enchaînent avec le #Rivotril, un anxiolytique « qu’ils avalent par plaquettes entières, comme des Smarties », selon Chansia Euphrosine. Insensibilisés, ils se scarifient et se lacèrent lors de bagarres à coups de tessons de bouteille. Certains basculent vers l’ecstasy, voire la cocaïne. La gale est courante, et rares sont les gamins qui n’arborent pas plusieurs cicatrices, voire balafres. Cet été, ils se sont repliés vers l’église Saint-Bernard. Entre eux, ils parlent en darija, l’arabe marocain, se débrouillent aussi en espagnol.

    Autorités impuissantes

    Après neuf mois de terrain, les éducateurs du Casp sont parvenus à tisser des liens. Ténus, mais qui ont le « mérite d’exister », dit Chansia Euphrosine. Elle poursuit : « Ces gamins sont attachants. Ils méritent d’avoir des adultes bienveillants dans leurs vies. On tente de répondre à leurs besoins primaires. » Un pansement à refaire, un médicament contre une infection dentaire, du collyre pour cet œil rouge à pleurer…

    Ils seraient actuellement entre 30 et 45 mineurs isolés marocains dans le nord de Paris, et autant de jeunes adultes. Autant dire trop pour la quinzaine d’éducateurs du Casp, qui n’ont que 10 lits à leur proposer chaque nuit. Ces quelques heures de répit sont en général réservées aux plus cassés. Qui restent des enfants. Abdel, surnommé « le Président » par Chansia Euphrosine, a récemment porté la revendication du groupe : dormir plus tard le matin et échapper au réveil à 8 heures. Refusé.

    Dans la rue, tout est sur un fil. Un regard, une parole peuvent déclencher une bagarre au sein de la bande. Quelques minutes plus tard, sous l’effet de la drogue, l’incident peut être oublié. Selon un récent article de Mediapart, les jeunes Marocains de Barbès ont déclenché 813 gardes à vue l’an passé. Cet été, quatre policiers du royaume chérifien sont même venus assister leurs collègues du XVIIIe arrondissement, aidant ainsi à identifier 52 personnes, dont 40 majeurs, lesquels peuvent entrer dans les « circuits classiques » (pénalement ou en matière d’éloignement), selon le ministère de l’Intérieur. Mais de manière générale, les autorités restent impuissantes. Les placements sous contrainte sont impossibles pour les mineurs. Quant à l’enfermement en établissement pénitentiaire ou en centre éducatif fermé, il n’est possible qu’à partir de 13 ans. La multiplication des alias complexifie encore la tâche. Enfin, quand un jeune est placé, il fugue très rapidement. Deux des gamins de la Goutte-d’Or ont même réussi à s’échapper du palais de justice de Paris, en plein milieu de leur audience. Quant à la coopération entre la mairie de Paris et l’Etat, elle est médiocre.

    « Parole raciste »

    Le 17 juillet, Anne Hidalgo a écrit au Premier ministre pour lui demander une plus grande implication. Deux mois plus tard, la réponse de Matignon est toujours « en cours de rédaction ». Le Conseil de Paris doit annoncer, ce jeudi, le vote la semaine prochaine d’une rallonge à la subvention accordée au Casp : 473 000 euros pour maintenir une présence de septembre à décembre.

    « C’est ramer tout seul au milieu de l’Atlantique », soupire un restaurateur de la Goutte-d’Or. Qui redoute l’arrivée prochaine de l’hiver. « Il va faire nuit à 17 heures et les gamins vont chercher des endroits où s’abriter. Des porches, des halls d’immeubles… » L’an passé, ils fracturaient les Autolib pour y dormir la nuit. D’autres s’installaient dans les tambours de machines à laver des laveries du secteur. « Certains vont passer leur troisième hiver ici… L’autre truc inquiétant, c’est qu’on voit de nouveaux visages : ça veut dire que le circuit fonctionne encore. » Il ajoute : « L’éponge a absorbé, absorbé, mais elle ne peut plus. Une parole raciste commence à se libérer. »

    C’est ce qu’a aussi constaté Chansia Euphrosine : « La Goutte-d’Or a une tradition d’accueil. Mais un jour, un monsieur d’origine marocaine m’a dit qu’il fallait les disperser à l’acide. Il était très sérieux. » Julien a récemment vu une cinquantaine de jeunes du quartier voisin de Château-Rouge « descendre » dans la Goutte-d’Or : « Ils ont massacré les ados marocains, sûrement après un vol. » Lan Anh, habitante du quartier, confirme que les réponses se musclent : « Les mineurs marocains me font un peu penser à des chiens errants. Certains habitants ont établi un rapport de force. Ils les frappent. Eux se laissent faire, ne répondent pas, comme des poupées de chiffon. Et on commence à s’habituer à ça. C’est terrible. »

    (1) Les prénoms ont été modifiés.
    Sylvain Mouillard

    Ça fait plus d’un an qu’une amie originaire du Rif qui vit en banlieue parisienne me parle de ce groupe de jeunes, en se désespérant que rien ne soit fait pour eux.

    #Maroc #goutte_d_or #immigration #Barbès #enfants

  • Les sauteurs
    http://www.nova-cinema.org/prog/2018/168-only-the-sky-is-the-limit/only-the-sky-is-the-limit/article/les-sauteurs

    Estephan Wagner, Moritz Siebert & Abou Bakar Sidibé, 2016, DK-ML-NL, DCP, VO FR ,80’

    Au Maroc, le Mont Gourougou surplombe l’enclave espagnole de Melilla. Sur cette montagne aride, traversée d’ânes et de chiens errants, se calfeutre une communauté d’hommes venus de plusieurs pays africains, en quête de ce petit bout de territoire où il faut aller poser les pieds pour commencer à vivre. C’est à l’un d’entre eux que Moritz Siebert et Estephan Wagner ont confié leur caméra. Abou Bakar Sidibé a fait tout ce chemin pour venir attendre là les nuits de brouillards propices au passage, il risque sa vie quand ils se lancent tous ensemble sur les hautes clôtures pour qu’elles s’effondrent sous leurs poids et qu’ils puissent passer, il invente avec ses camarades d’infortune et de rêves un quotidien tissé (...)

  • “التعليم” المغربية تسحب كتابًا باللغة الفرنسية “يمس الذات الإلهية” | رأي اليوم
    https://www.raialyoum.com/index.php/%d8%a7%d9%84%d8%aa%d8%b9%d9%84%d9%8a%d9%85-%d8%a7%d9%84%d9%85%d8%ba%d8%b1

    Tout un programme (scolaire) ! Le livre de grammaire (CM1) dans lequel se trouvait cet extrait (tiré du "Petit cochon futé" de Gripari) officiellement retiré au Maroc pour "offense à l’entité divine" !

    #catastrophe_arabe #maroc

  • Trois réalisateurs marocains sélectionnés au Festival du film de Haïfa prennent leurs distances
    Tel Quel, le 15 septembre 2018
    https://telquel.ma/2018/09/15/trois-realisateurs-marocains-selectionnes-au-festival-du-film-de-haifa-prenn

    Meryem Ben’mbarek, Nabil Ayouch et Najriss Nejjar, trois réalisateurs marocains dont les films ont été sélectionnés par le festival de Haïfa, ont pris leur distance après que le mouvement BDS Maroc contre la normalisation d’Israël a appelé à leur « boycott culturel ».

    #Palestine #Maroc #BDS #Boycott_culturel

    • On choisit sa révolution. Soit on essaye de maintenir les choses comme elles sont, avec leur cortège d’exploitation, de racisme et de sexisme, la sixième extinction de masse, et la transformation écologique pour prétendre que tout va bien se passer. Soit on accueille le changement à venir, et on tente de s’y connecter.

    • Personne n’est allé faire les courses de façon responsable pour mettre un terme à l’esclavage !

      Euh, c’est une faute de traduction ou quoi ?

      Le boycott à grande échelle du sucre a été le premier outil du mouvement abolitionniste en Angleterre, notamment pour convaincre et faire progresser la solidarité dans la population anglaise (lire Bury the chains)… dans les années 1980 l’embargo économique contre l’Afrique du Sud a permis de maintenir la pression et, là aussi, de marquer les esprits dans nos pays (je me souviens comme si c’était hier de la campagne d’affichage contre Outspan). Et aujourd’hui, BDS avance et marque des points… Au Maroc on boycotte Danone et ça crée du rapport de force…

      Entendons-nous bien : personne ne dit que « faire les courses » a suffi à abolir l’esclavage ou que les AMAP vont sauver la planète.

      Mais #yenamarre de cette manière hautaine qu’ont certains intellectuels (bon ok, la plupart…) d’invalider les actions militantes (des autres) au prétexte qu’elles ne sont pas assez ceci ou cela, ça fait du tort à tout le monde.

    • La paille comme argument de l’homme de paille, chapeau (de paille).

      Mon argument consistait à dire que, en tournant en ridicule les démarches qui ne sont pas maximalistes, en faisant l’hypothèse qu’elles servent exclusivement « à se donner bonne conscience », et en dénigrant celleux qui les portent, on adopte une posture de supériorité facile, fausse et nocive.

      Facile : « personne n’a aboli l’esclavage en publiant un bouquin chez Flammarion ». Prouve-moi le contraire.

      Fausse : ce n’est pas parce que je me rends compte que la paille de mon Breizh-Cola est en plastique que soudainement j’abandonne tout le reste et que je passe au Coca-Cola sans paille.

      Nocive : rejette les gens de bonne volonté (parce qu’ils sont dans l’erreur™), au lieu de les encourager à avancer dans leur raisonnement ou leur engagement.

      Bien sûr il faut critiquer les initiatives qui sont récupérées (ou créées dans un but de détournement ou de récupération), mais ramener toute la question du « pouvoir du consommateur » à cette histoire de paille c’est ignorer l’histoire.

      Mais je crois qu’on devrait parler plus sérieusement des mouvements consuméristes. D’autant plus que, comme c’est extrêmement facile à tourner en dérision, ça devient un trope systématique : le même que celui qui consiste à dire que (n’importe quel sujet) est bobo.

      Ralph Nader a forcé les constructeurs à mettre des ceintures de sécurité dans les bagnoles, il a donc consolidé l’industrie automobile et sauvé la vie de gens qui pouvaient se payer des bagnoles ? Avec James Love il a lancé le procès Microsoft, hihi le gros truc de geek et « ce n’est pas en empêchant l’installation d’Internet Explorer qu’on va sauver le monde » ?

      De fait si on connaît l’un ou l’autre, c’est une critique absurde. C’est bien le même James Love qui s’est ensuite intéressé au prix des médicaments contre le sida et a créé le montage « 1 dollar par jour », qui a révolutionné l’approche mondiale de santé en rendant opérationnel le traitement comme prévention. Ça a littéralement sauvé des millions de vies. James continue à travailler sur la question de l’accès aux médicaments, notamment sur le cancer. Et fait partie de celleux qui développent l’analyse la plus poussée sur le rôle des brevets. Est-ce qu’il y a un lien ou pas ?

      (PS : Désolé pour le pauvre Raj Patel. Si ça se trouve son bouquin est intéressant.)

    • Ce n’est pas forcément dans une optique de moquer, de tourner en dérision. Il y a quand même l’argument de dire que ça porte le débat sur le terrain moral, et que seule une infime partie de la population a les moyens de se payer des produits plus éthiques. Et qu’en plus ça crée des nouveaux marchés de niche, pour les riches gentils éthiques, un marché parallèle, toujours dans le même système, parfaitement intégré au reste.

      Les mouvements de consommation ne sont pas tous que ça, mais une bonne partie est cela, et n’est que cela.
      Les exemples donnés précédemment sont quand même loin de campagne uniquement portées sur les choix individuels des consommateurs, ce sont des luttes au niveau de groupes institutionnels, avec des ONG, MSF, etc.

      Un lien donné dans l’autre conversation https://seenthis.net/messages/712158
      https://www.marxiste.org/theorie/sciences-environnement/2389-pourquoi-il-n-existe-pas-de-consommation-ethique-sous-le-capitalisme