country:roumanie

  • Vers un XXI° siècle paysan ?
    http://www.radiogrenouille.com/programmes-radio/vers-un-xxi-siecle-paysan

    Si le XX°s aura été la destruction de la paysannerie par l’agriculture industrielle, le XXI°s semble hésiter entre une fuite en avant par les moyens de la technologie ou le retour des paysans y compris à la ville. Qu’en est-il de cette riposte des paysans ? Discussion avec Silvia PÉREZ-VITORIA, qui a réalisé des films documentaires sur les questions agricoles et paysannes aux Etats-Unis, en Espagne, en France, au Mexique, en Roumanie, en Erythrée, au Nicaragua… ; Jean-Christophe ROBERT, fondateur et directeur de Filière Paysanne, association indépendante marseillaise qui agit pour une agriculture et une alimentation locale ; - Augustin TEMPIER, co-fondateur du projet Terre de Mars dans le quartier de Sainte-Marthe à Marseille. Durée : 59 min. Source : Radio (...)

    http://media.radiogrenouille.com/2016_07_04_emission_speciale_marche_paysan_10ans_grandes_tabl

  • #Roumanie : terre d’opportunités pour les agriculteurs européens ? - RFI
    http://www.rfi.fr/emission/20160704-roumanie-terre-opportunites-agriculteurs-europeens-pac

    La terre noire de Roumanie est une des plus fertiles d’Europe. Pas étonnant qu’elle ait attiré de nombreux agriculteurs européens, et cela avant même l’entrée du pays au sein de l’Union européenne en 2007. De source roumaine, sur les 10 millions de terres arables, environ un tiers est exploité par des étrangers. Si les prix du foncier et de la main d’œuvre restent compétitifs, le morcellement des terres complique sérieusement les choses. La Roumanie est-elle un eldorado pour les agriculteurs européens ?

    #terres

    • Un autre point de vue ici :
      L’école de la « simplicité nécessaire » fait revivre un village roumain

      L’accaparement des terres suscite de nombreuses inquiétudes. Cela menace directement Alunisu-Magyarokereke. En effet, pour toucher les subventions de l’Union européenne, l’agriculteur doit être soit propriétaire, soit locataire des terres. Il ne peut donc pas prétendre à ces aides en faisant pâturer ses animaux sur les communaux. Pour obtenir ces subventions, il faut exploiter directement les terres, donc les communes propriétaires ne peuvent pas les toucher non plus. Résultat : de nombreuses communes louent ou vendent les communaux aux gros exploitants qui en ont les moyens, et qui, eux, pourront ainsi avoir droit aux subventions. Catastrophique pour les petits paysans en autosubsistance.

      https://reporterre.net/L-ecole-de-la-simplicite-necessaire-fait-revivre-un-village-roumain

  • La faune sauvage, victime collatérale de la crise des réfugiés – EurActiv.fr
    http://www.euractiv.fr/section/climat-environnement/news/la-faune-sauvage-victime-collaterale-de-la-crise-des-refugies

    Depuis le début des années 1980 jusqu’à celui des années 2000, le continent eurasien a vu fleurir les collaborations transfrontalières en matière de conservation des espèces. Et ce grâce à l’élargissement de l’Union européenne, à la chute des régimes communistes ou encore à la mise en place de conventions internationales telles que celles de Berne, celle sur le commerce international des espèces de faune (Cites) ou celle sur la diversité biologique (CBD). Ce qui explique en grande partie le retour des grands mammifères européens, dont le loup, l’ours et le lynx.

    Or ces progrès pourraient être menacés par l’érection de nouvelles barrières frontalières, apparues dans la foulée du 11 septembre, plus récemment avec l’afflux de réfugiés syriens. Exemple, l’Union européenne compte désormais cinq Etats membres (Hongrie, Slovénie, Croatie, Autriche et Roumanie) disposant de telles barrières entre eux. En Europe, d’autres sont déjà en place ou en projet, par exemple entre les Etats baltes d’une part, la Russie et la Biélorussie d’autre part.

    #migration_animale #biodiversité #frontière

  • La dette polonaise : ses origines politiques et ses conséquences 23 Juin 2016 - Monika Karbowska

    La question de l’endettement est intrinsèquement liée à l’acceptation de l’usure qui a permis l’essor du capitalisme. Cette évolution a pu créer au départ une dynamique de développement tant qu’il restait de nouveaux marchés à conquérir et à exploiter, ce qui a aussi contribué à la « périphérisation » de pays et de continents entiers. Situation qu’on connait dans les pays du Sud mais dont on oublie souvent aussi qu’elle a créé au XIXe siècle, voire avant, une situation de type quasi-colonial pour les pays de « l’autre Europe », celle située à l’Est de l’Elbe. Chose qui se poursuit jusqu’à aujourd’hui.


    Par-dessus les changements de régimes politiques, le défi du développement et de la dette est devenu récurrent de nos jours, ce que l’exemple polonais, analysé ici confirme. Constituant la cause principale de l’essoufflement du socialisme réel dont le projet, tout en opérant un certain rattrapage qui n’a pas permis, sans doute à cause des coûts de la course aux armements imposée par le Reich allemand puis les États-Unis, de pleinement aboutir. Ce qui explique pourquoi, après plus quatre décennies de mobilisation socialiste à marche forcée, c’est dans la fuite en avant vers des politiques ultra-libérales que des pays comme la Pologne se sont lancés. Politiques qui ont en finale phagocyté et disséqué son économie, sans pour autant diminuer son endettement. Au contraire. Chose que cet article analyse.

    Source de l’article : http://www.lapenseelibre.org/2016/06/n-114-la-dette-polonaise-ses-origines-et-ses-conqequences.html & http://www.investigaction.net/la-dette-polonaise-ses-origines-politiques-et-ses-consequences

    La dette a toujours été un instrument de domination redoutable aux mains des puissances occidentales vis-à-vis des pays colonisés ou soumis. Le cas de la Pologne illustre parfaitement l’usage politique de la dette dans les relations entre pays puissants et nations dominées. En 1918, la Pologne retrouvait son indépendance grâce à l’aide de la France et des Etats-Unis d’Amérique. Ce soutien politique fut assorti de prêts accordés par ces pays pour construire les infrastructures d’Etat et d’investissements privés dans des secteurs économiques importants pour l’époque. Très vite, « l’aide » devient un instrument de pression politique : alors que les Polonais avaient participé massivement à l’effort de guerre du côté allié, les pays occidentaux, insensible à la « dette de sang » entendaient récupérer la totalité des prêts avec leur intérêts.

    Les communistes polonais arrivés au pouvoir en 1945 ont dû consentir à payer cette dette, contrairement à la Russie soviétique en 1918, car ils souhaitaient garder des liens avec l’Occident dans l’espoir de récupérer les technologies nécessaires à leur programme d’industrialisation et de modernisation du pays. Notamment, malgré un contentieux lié aux anciennes dettes et aux nationalisations des biens des capitalistes français, la coopération économique, industrielle, culturelle et éducative avec la France se développa de façon importante de 1956 à 1970, sous l’impulsion des hommes politiques et de fonctionnaires gaullistes.

    La Pologne était alors la pièce maitresse du dispositif français de coopération avec le bloc de l’Est en vue de la création d’une Europe indépendante des Etats-Unis. Mais en rentrant de façon imprudente dans le cycle de l’endettement aux pétrodollars dans les années 1970, la Pologne fut sommée par les banques occidentales de mettre en place un premier plan d’ajustement structurel en mai 1980. Cette crise de la dette a été à l’origine du mouvement Solidarność. C’est aussi dans l’espoir que le soutien dont bénéficiait le mouvement d’opposition Solidarność auprès des dirigeants occidentaux allait pouvoir permettre de trouver une solution à l’énorme dette que les communistes se décidèrent à partager en 1989 le pouvoir avec cette opposition. La solution occidentale à la dette polonaise fut appliquée par le FMI dès 1989 sous la forme de la « thérapie de choc ». Ce fut une transformation systémique d’une ampleur et d’une brutalité inédite qui détruisit des pans entiers de l’économie polonaise et transforma le pays en plateforme de production à bas coûts pour les multinationales occidentales, et politiquement, en base avancée de l’OTAN en Europe de l’Est. Malgré des sacrifices énormes consentis par la population polonaise, 25 après, la dette publique est restée quasiment du même montant qu’elle était en 1980. Son fondement est à rechercher dans le fonctionnement même de l’Etat néolibéral : les entreprises paient peu ou pas d’impôts, notamment les multinationales étrangères, et l’Etat couvre le manque à gagner en empruntant sur les marchés financiers. Ce dogme néolibéral conduit automatiquement les États périphériques du système capitaliste à retrouver la situation de vassalité qui fut la leur au 19e siècle en Europe. L’exemple polonais démontre bien en quoi seul le refus d’entrer dans le cycle de l’endettement vassalisant peut redresser les États et leur permettre de retrouver un tant soit peu de souveraineté pour conduire enfin une politique qui soit au bénéfice de leur population.

    L’origine d’une relation inégale
    La dette extérieure d’un pays est historiquement un mécanisme de domination de pays puissants sur des pays vassaux ou colonisés. Incontestablement, la Pologne, comme d’autres pays d’Europe de l’Est, a une histoire de vassalité, de soumission politique face aux puissants pays d’Europe occidentale (France, Angleterre) et aux Etats-Unis. La dette publique est donc consubstantielle de cette vassalité.

    Arrêtons nous d’abord sur le premier créancier historique de la Pologne, la France. Les liens entre la Pologne et la France sont anciens, ils datent du 17ème siècle au moins, mais ils sont marqués par une relation inégalitaire : la France s’immisçait tout au long du 17ème et du 18ème siècles dans les affaires intérieures de la Première République nobiliaire polonaise en soutenant financièrement et militairement des prétendants au trône électif polonais contre les candidats proches des Habsbourg ou de la monarchie russe. Ce processus allait si loin qu’un des rois polonais du 18ème siècle, Stanislaw Leszczyński, chassé de son royaume, obtint de la part du roi de France Louis XV, que sa fille avait épousé, le duché de Lorraine en fief. Lorsque la Pologne perdit son indépendance entre 1772 et 1795, partagée entre ses voisins, l’Autriche des Habsbourg, la Prusse des Hohenzollern et la Russie tsariste, ce fut grâce aux idéaux de la Révolution française que les Polonais construisirent un mouvement indépendantiste moderne.

    L’objectif des indépendantistes polonais fut d’emblée la construction d’une communauté politique moderne basée sur l’égalité des citoyens devant la loi et l’abolition des ordres féodaux et du servage des paysans. C’est ainsi que tout au long du 19ème siècle les indépendantistes polonais comptaient sur le soutien de la France républicaine et/ou bonapartiste. Le jacobin Tadeusz Kościuszko dirigea l’insurrection de 1794, le général Jan Henryk Dąbrowski, dont le nom est gravé sur l’Arc de Triomphe, la légion polonaise de Napoléon Bonaparte. Les révolutions de 1830 et 1848 furent accomplies en France en soutien à la Pologne victime de souverains oppresseurs. Les intellectuels et les chefs politique polonais trouvaient massivement refuge en France après 1830 (« la Grande Emigration »). Jarosław Dąbrowski, chef indépendantiste de l’insurrection anti-tsariste de 1863, dirigea l’armée de la Commune de Paris. Parmi les Communards, plus de 400 d’entre eux étaient des exilés polonais.

    Non seulement des Polonais ont participé à la fondation de la 1ère Internationale des Travailleurs2, mais encore, c’est à Paris que fut créé le 17-21 novembre 1892 le Parti socialiste polonais PPS ! C’est donc tout naturellement que, avant la Première Guerre mondiale, les Polonais pensaient qu’une France républicaine allait les aider à combattre les régimes tsariste, prussien et habsbourgeois qui occupaient leur pays. Ils et elles furent bien déçu/es lorsque la 3ème République s’allia avec la Russie tsariste, dernier empire absolutiste et liberticide en Europe, pour mener avec lui la Grande Guerre contre l’Allemagne. Mais c’est justement la guerre de 1914-1918 qui apporta l’occasion rêvée pour l’indépendance polonaise : lorsque la Russie révolutionnaire se retira du conflit (et que Lénine proclama la paix sans annexions ni réparations, tout en répudiant la dette tsariste considérée comme illégitime envers le peuple russe) et que l’Allemagne s’effondra en novembre 1918, les socialistes polonais formèrent le premier gouvernement de la Pologne indépendante et proclamèrent la République.

    L’aide ou la dette
    C’est à ce moment là qu’intervint la question de la dette. La nouvelle Pologne était un pays pauvre, sous-développé. Il lui fallait tout construire : un appareil d’État, une armée, des institutions sociales et culturelles, des écoles, une industrie, développer les chemins de fer, les ports, les routes. Il fallait également sortir la masse des paysans des restes de la féodalité en partageant les propriétés terriennes de l’aristocratie afin de satisfaire la « soif de la terre » de la campagne surpeuplée. Pour cela, les dirigeants polonais demandèrent de l’aide aux pays puissants qui soutenaient la création de ce nouvel Etat : la France, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis d’Amérique. Ce soutien n’était pas désintéressé : particulièrement pour la France qui avait besoin des nouveaux pays de l’est de l’Europe (Pologne, Tchécoslovaquie, Yougoslavie, Roumanie) afin de faire barrage aussi bien à la revanche du nationalisme allemand qu’à l’expansion redoutée de la Russie soviétique. Ce fut cette aide qui constitua la première dette.

    La France avait organisé et armé la nouvelle armée polonaise avant 1918, et l’avait utilisée immédiatement contre la Russie bolchévique en 1920. Un prêt français en 1923 de 500 millions de francs or servit à créer et à soutenir la monnaie polonaise. Un prêt des Etats-Unis en 1924 de 27 millions de dollars servit à la création de la banque centrale polonaise. Les capitaux anglais, américains, mais aussi allemands et italiens, privés et publics, investissaient en Pologne qui était avant tout un pays capitaliste participant à l’économie mondiale capitaliste en tant que pays périphérique, source de matières premières, de produits agricoles et de main-d’œuvre à bon marché.

    En 1925, sept ans après la proclamation de l’indépendance, la dette publique polonaise vis-à-vis des prêteurs étrangers s’élevait à 70 millions de dollars. Elle a augmenté constamment depuis. Les banques polonaises étaient détenues à 33% par le capital étranger. Certains secteurs industriels clés étaient entièrement aux mains de capitalistes étrangers (charbon, sidérurgie, téléphonie, électricité, chimie). Mais on ne peut pas dire qu’à l’époque l’État polonais n’avait aucune marge de manoeuvre ou qu’il dilapidait l’argent des créanciers. Malgré la domination politique d’une aristocratie conservatrice, mais animée par un idéal patriotique, les leaders politiques, les fonctionnaires du nouvel État ainsi que le peuple qui croyait dans une amélioration de son niveau de vie dans un pays indépendant sont parvenus à de vraies réalisations en tout juste 20 ans : construction du port de Gdynia, de la marine marchande polonaise, de nouvelles industries modernes dans les régions défavorisées, mise sur pied d’un système scolaire généralisé, etc…

    La guerre et la dette
    C’est la guerre que l’Allemagne nazie mena contre les « races de sous-hommes » qui anéantit ces efforts. L’occupation nazie en Pologne (1939-1945) fut féroce, beaucoup plus dure que l’occupation de la France par exemple. La Pologne fut ravagée. Six millions de ses citoyens, dont la quasi-totalité des citoyens polonais de confession juive, furent tués. L’armée polonaise en exil, dirigée par le général Sikorski, fidèle à « l’accord d’amitié » pourtant si inégal, participa en 1940 à la bataille de France et les escadrons de pilotes polonais s’illustrèrent dans la bataille d’Angleterre. Les Polonais étaient présents sur tous les fronts dans toutes les armées alliés, en Afrique, lors du Débarquement. …Cette précision est d’importance lorsqu’on s’aperçoit qu’une fois la victoire sur le nazisme acquise, les « alliés » occidentaux sommèrent sans vergogne leur « ami » de payer sa dette…

    La Pologne devait en 1939, 4,5 milliards de złotys à ses créanciers occidentaux, dont respectivement 2 millions de dollars/or aux Etats-Unis, 2,5 millions de Francs/or à la France, 4,5 millions de livres à la Grande-Bretagne ainsi que d’autres dettes dues par l’ancien empire habsbourgeois pourtant aboli en 1918. Quand à l’Union soviétique, elle se servit sur place puisque la progression de son armée contre Hitler l’amena à occuper la Pologne et à imposer un gouvernement polonais qu’elle contrôlait : durant les premières années d’après-guerre, l’URSS démonta ce qui restait des usines ayant appartenu aux Allemands ou passés sous contrôle allemand pendant l’occupation.

    Tout au long de l’existence du système communiste, l’URSS, en tant que premier partenaire imposé à une Pologne vassale, acheta des matières premières polonaises non pas en devises occidentales pouvant servir à des échanges internationaux, mais en « roubles de transfert ». En ce qui concerne les alliés occidentaux (France, Grande Bretagne et Etats-Unis d’Amérique), la « dette de sang » n’a servi à rien à la Pologne : dès 1945, la Pologne fut sommée de payer sa dette financière et le gouvernement polonais communiste accepta de le faire. A peine la paix proclamée, la France réclama 4,2 milliards de francs à son allié et le somma d’engager des négociations qui se poursuivirent pendant plusieurs années. Ce chiffre incluait les très anciennes dettes datant de la création de la République en 1918, le coût de l’entretien de l’armée polonaise en France (sic !) avant 1918, ainsi qu’un facteur de discorde qui devait aller en s’amplifiant au fil des ans : le coût de la nationalisation des usines des capitalistes français installés en Pologne par la loi polonaise de 1946. Alors que la Pologne avait déjà payé un lourd tribut de sang, Anglais et Américains réclamaient des indemnités pour « leurs biens ». Il n’y avait que l’Allemagne qui ne pouvait prétendre à rien, tout le monde étant d’accord sur le fait que la saisie des biens allemands constituait pour les pays qu’elle avait occupée des réparations de guerre.

    La Pologne communiste accepta de payer, mais elle avança aussi des arguments qui équilibraient le rapport de force : la France détenait toujours l’or du Trésor polonais du gouvernement en exil, de nombreuses entreprises françaises en Pologne avaient appartenu à des dignitaires vichystes collaborateurs nazis et il est évident que ces usines dont il était question étaient en ruine du fait des ravages terribles des combats armés. C’était donc plutôt au gouvernement polonais d’être indemnisé pour les avoir remises en marche…

    Devant la perspective d’un refus de paiement, la France renonça à faire payer le gouvernement polonais en cash et accepta un accord signé le 19 mars 1948 qui liait le remboursement de la dette à la poursuite et à l’approfondissement d’une coopération économique entre les deux pays. En effet, une somme fixe devait être prélevée sur la balance des paiements entre les deux pays.

    Ainsi, l’augmentation de la somme devait dépendre de l’augmentation du volume des échanges commerciaux entre les deux pays. Ce système arrangeait parfaitement le gouvernement communiste soumis la domination soviétique – Staline forçait alors la Pologne à renoncer à l’argent du Plan Marshall alors que le pays avait cruellement besoin de fonds pour se relever des ruines, construire et équiper son industrie, réaliser les ambitieux projets éducatifs, culturels, sociaux et économiques du nouveau système. Ainsi, le gouvernement polonais liait son existence à la poursuite des échanges avec l’Occident et pouvait donc espérer desserrer un tant soit peu l’étau soviétique. En effet, le charbon polonais était toujours recherché en ces temps d’après-guerre, alors que la Pologne souhaitait accéder aux technologies dont le capital français était propriétaire : équipement pour l’industrie sidérurgique et navale, technologies de construction des routes, aéroports, tunnels, centrales électriques… Certains diplomates français voyaient dans cette ouverture également une aubaine : la Pologne pouvait devenir pays de sous-traitance pour les industries françaises selon la vieille dialectique du pays développé produisant à bas coûts dans un pays vassal.

    La « guerre froide » – la dette contre le développement ?
    L’accord ne fut cependant pas appliqué en 1948 pour cause de « guerre froide » : suite à la montée de l’hostilité entre les Etats-Unis et l’URSS, les relations de la Pologne furent gelées avec tous les pays occidentaux. Lorsque les relations reprirent en 1956, le gouvernement polonais était dirigé par Władysław Gomułka, porté au pouvoir par le peuple lors de la « révolution d’octobre 1956 » et contre l’avis de l’Union soviétique. Gomułka était avant tout un nationaliste polonais : s’il entendait payer la dette, c’était pour réaliser le programme de modernisation de la Pologne afin de la sortir du sous-développement et traiter d’égal à égal avec l’Occident. Certes, la faiblesse économique polonaise était telle que pour solder le passé, Gomułka acceptait une petite dette : en 1956, la Pologne paya les indemnités pour la nationalisation des biens des capitalistes américains contre un prêt de 233 millions de dollars accordé par les mêmes… Cependant, le montant de cette dette était bien dérisoire comparé aux chiffres dont nous serons coutumiers 20 ans plus tard : en 1970, la dette polonaise extérieure était de 1,7 milliards de dollars, mais en 1980 elle était de 25 milliards !

    En ce qui concerne la France, les relations de la Pologne avec ce pays s’améliorèrent dès 1956 et plus encore avec l’arrivée au pouvoir du Général de Gaulle. La France gaulliste pratiquait une politique de « détachement » en douceur de la sphère d’influence soviétique des pays communistes anciennement alliés et vassaux en leur accordant tout ce dont ils avaient besoin pour leur développement autonome. Certains diplomates particulièrement polonophiles (Etienne Burin des Roziers, proche de de Gaulle et ambassadeur en Pologne dans les années 1960) comparaient même l’aspiration polonaise au développement et au bien-être de sa population à l’ambition largement partagée par la droite gaulliste et la gauche d’une France moderne, urbaine, profitant de la société de consommation ! Les équipes de fonctionnaires des différents ministères, les délégations d’entreprises, d’universitaires, de scientifiques et d’artistes se succédèrent de la France vers la Pologne et de la Pologne vers la France tout au long des années 1960.

    Les possibilités de coopération industrielle, commerciale, scientifique et technique étaient examinées et dûment fixées par des accords bilatéraux avantageux pour les deux partenaires. La Pologne cherchait à acheter auprès de la France des biens d’équipement pour ses industries naissantes : infrastructures ferroviaires, aéronautiques, centrales thermiques et hydrauliques, équipements de sidérurgie… La Pologne avait besoin de tout cela pour pouvoir elle-même produire, en plus du charbon, des machines outils, des voitures, des trains, des navires, sans parler des biens de consommation modernes dont la population polonaise, qui vivait un formidable processus d’ascension sociale par l’éducation gratuite et une urbanisation sans précédent, était littéralement assoiffée. Les plans économiques du gouvernement polonais incluaient la création de secteurs qui n’existaient pas auparavant : chimie (raffinerie de pétrole, chimie fine, engrais artificiels), médicaments, cosmétiques, plastique, en plus de l’essor de la production du textile, agro-alimentaire et de la mécanisation de l’agriculture polonaise. Un tel chantier ainsi que les possibilités de débouchés qui s’ouvraient pour les entreprises de pointe françaises enthousiasmaient le diplomate français Eric de Carbonne, qui dans une note à son Ministère des Affaires étrangères du 2 mai 1957 allait jusqu’à affirmer que la France devrait absolument soutenir ce projet de « sortie d’une économie coloniale » !

    Mais la dette était là pour contrecarrer ces beaux projets. Le paiement de la dette reprit selon les modalités de l’accord de 1948 mais le résultat était mitigé, la demande en charbon s’amenuisant dans l’économie alors que la Pologne des années 1960 n’avait toujours à offrir que cette matière première ainsi que ses produits agricoles sur les marchés internationaux. Les fonctionnaires du ministère de l’économie et du budget français qui dirigeaient les nouvelles négociations pour le paiement de la dette de 1957 à 1959 étaient beaucoup moins gaullistes que le Quai d’Orsay. Pour eux, seule la dette comptait et son remboursement devait être prioritaire.

    C’est à l’obstination de ces défenseurs du capital français que l’on peut comprendre à quel point la dette d’un pays dominé à l’égard d’un pays dominant et créancier est consubstantielle du capitalisme. Pour permettre à la Pologne d’acheter des biens industriels indispensables et – naturellement – de payer sa dette, on a donc eu recours à …une nouvelle dette. En 1959, la France accordait à la Pologne un prêt de 10 milliards de nouveaux francs. La Pologne s’endetta également auprès de la Grande-Bretagne, de l’URSS, des USA, du Canada et de la Tchécoslovaquie pour réaliser son programme de développement. Pour faciliter son intégration dans la sphère d’échange capitaliste et lui permettre d’accéder aux devises indispensables pour payer sa dette, les puissances occidentales l’associèrent au GATT dès 1959.

    L’essor de la dette et la chute  
    Petit petit, l’industrie polonaise se construisait. Si les échanges franco-polonais restèrent finalement modestes dans les années 1960, un ambitieux programme culturel et scientifique a formé une nouvelle génération de cadres polonais tournés vers l’Occident qui furent au premier plan pour les transformations majeures des années 1970-90. En effet, la politique gaulliste a aussi encouragé et financé la création de structures d’enseignement du français en Pologne, les échanges universitaires dans de multiples domaines (y compris l’histoire, l’archéologie, la littérature, les sciences exactes, jusqu’à la fondation de la première faculté de traduction et d’interprétariat à l’Université de Varsovie), les nombreux voyages d’étudiants boursiers en France, les échanges artistiques qui donnaient au peuple polonais l’impression de participer à la Culture universelle.

    Les années 1970 virent une accélération de cette politique. Dans l’imaginaire politique polonais (des pro-communistes comme des dissidents), ce sont les bonnes relations du premier Secrétaire du Parti ouvrier unifié polonais (« communiste ») et chef d’Etat polonais de fait, le francophone et ancien migrant en France Edward Gierek, qui lui ont permis l’obtention de très nombreux crédits auprès des banques et les États occidentaux. Dès l’avènement de Solidarność et la crise de la dette de 1980, les Polonais ont fustigé la « naïveté » de ce dirigeant tandis que lui-même dans ses mémoires défendit sa politique comme étant la seule rationnelle possible pour continuer à moderniser l’industrie du pays et permettre à la société d’accéder à un succédané de société de consommation.

    Ce n’est que depuis peu que la gauche polonaise a pris conscience de l’imbrication de la Pologne communiste dans le système économique capitaliste mondial et par conséquent du fait que les crédits accordés dans les années 1970 constituaient des pétrodollars recyclés en dette à destination des pays pauvres. Aujourd’hui encore, il n’est pas facile pour le peuple polonais de se percevoir comme un pays pauvre et manipulé par des pays plus puissants. Et pourtant la question de la dette nous montre le véritable statut de notre pays au sein du système politique et économique mondial. Il est du devoir de la gauche de démystifier le nationalisme polonais en présentant aux citoyens les véritables origines des catastrophes de 1980-89 dont nous payons toujours les effets.

    De même, il serait faux de dire que les crédits à l’origine de la dette de 25 milliards de dollars en 1980 auraient été tous gaspillés. Ils ont bien servi à la modernisation de l’industrie mais principalement à équiper les industries extractives (charbon, cuivre, souffre…) dont le produit servit tout d’abord à payer la dette sur le marché international au détriment du développement intérieur. La Pologne des années 1970 produisait certes de l’acier, des machines, des trains, des voitures, des bateaux etc. mais avec des technologies anciennes qui n’étaient pas à même de concurrencer l’Occident sur son propre terrain. C’est pour cela que le principal marché des produits industriels polonais sont les pays émergents, grâce à des relations que la diplomatie polonaise créait alors et entretenait non sans talent. Mais la population polonaise avait soif de société de consommation – elle voulait vivre à l’occidentale, consommer des produits liés aux nouvelles technologies (équipements ménagers, voitures individuelles, téléphones, téléviseurs, matériels hifi, etc…) et ne se satisfaisait plus des rares produits nationaux. Le gouvernement a donc également utilisé les crédits en pure perte pour acheter des biens de consommation et une partie de l’argent a aussi été détournée et gaspillée par les fonctionnaires du Parti.

    La crise de la dette polonaise en 1980 a donc les mêmes origines que dans tous les autres pays en développement soumis au même mécanisme de domination : l’augmentation du taux d’intérêt du dollar par le gouvernement des États-Unis et la chute des cours des matières premières. La Pologne devait payer 8 milliards de dollars immédiatement, dont 2,5 milliards de dollars au titre du service de la dette. Elle ne pouvait pas le faire. En avril 1980, une délégation des banques occidentales créditrices vint à Varsovie et contraint Gierek à accepter le premier plan d’ajustement structurel. S’agissant d’un système économique dirigé entièrement par l’Etat, la manoeuvre était simple : le gouvernement devait augmenter les prix de la nourriture. Et, en août 1980 ce fut la grève dans les chantiers navals de Gdansk et la création du syndicat indépendant Solidarność (Solidarité). Les grèves gagnèrent tout le pays, le chef du Parti fut destitué et accusé d’être responsable de la crise de la dette.

    Les 8 millions de Polonais membres de Solidarność, premier mouvement social de cette ampleur dans toute l’histoire du pays, avaient l’impression qu’ils luttaient pour un « autre socialisme » où les ouvriers dirigeraient réellement leurs usines et leur pays, sans se rendre compte que Solidarność n’était en définitive qu’un des premiers mouvements sociaux en réponse à la crise de la dette… Cette méconnaissance des vraies causes de la crise sera par la suite fatale au mouvement et aux travailleurs polonais.

    L’agitation sociale de Solidarność dura une année jusqu’à ce que le nouveau chef d’État, le général Jaruzelski, y mette fin le 13 décembre 1981 en instaurant l’état de siège, délégalisant le syndicat et emprisonnant de nombreux militants. La Pologne devint un pays fermé, les relations avec les pays occidentaux se tendirent, Jaruzelski cessa de payer la dette. La guerre froide reprit de plus belle : l’URSS qui occupait l’Afghanistan commença à installer ses missiles SS20 dans ses pays satellites, tandis que les Etats-Unis lançaient la guerre des étoiles et installaient des missiles Pershing en Europe occidentale. Face cette menace de guerre généralisée, cette situation ne pouvait plus durer. La Pologne reprit le paiement et les négociations pour payer la dette aboutirent à son admission au FMI en 1986. Parallèlement, face au nœud coulant de la dette, les communistes ne voulaient pas être les seuls responsables de la catastrophe économique : ils négocièrent donc avec l’opposition en février 1989 (accord de la « Table Ronde ») une sortie du système. Les citoyens polonais pensaient qu’ils avaient remporté la lutte pour la démocratie et pourraient désormais choisir leur destinée en être humains libres et responsables et ils s’investirent dans les premières élections libres du 4 juin 1989. Le système international figé depuis 45 ans s’effondrait au même moment autour d’eux : l’URSS retirait ses troupes des pays de l’Est et d’Afghanistan, l’Allemagne fut réunifiée, Gorbatchev salua « la Maison Europe » et l’avènement d’un nouvel ordre mondial, mais déjà l’URSS était démembrée et de nouveaux États nationalistes surgissaient.

    La « thérapie de choc » – Premier plan d’ajustement structurel en Europe
    Face à tout ces bouleversements, la dette demeurait pourtant le moteur majeur des relations internationales et l’instrument efficace de mise en place du nouvel ordre néolibéral. Au moment des élections de 1989, la dette polonaise avait déjà augmenté mécaniquement jusqu’à atteindre 41,4 milliards de dollars ! Les citoyens étaient sommés de payer et l’économie vacillante ne leur permettait pas d’espérer une amélioration probable. L’instabilité, la pénurie, l’inflation surtout, rongeaient le pays alors même que le dernier gouvernement communiste avait commencé un vaste programme de privatisation au profit des fonctionnaires du régime et avait créé les premiers mécanismes du marché. C’est alors qu’à l’été 1989 les « Chicago boys » – Jeffrey Sachs et George Soros – s’installèrent à l’hôtel Mariott, le plus luxueux hôtel de Varsovie. Ils dictaient au premier gouvernement non-communiste de Tadeusz Mazowiecki ce qui sera connu plus tard comme la « thérapie du choc » – ou « le grand plongeon dans une baignoire d’eau bouillante » : la transformation brutale d’un communisme d’État et d’une économie planifiée directement en une économie ultra-libérale telle qu’elle n’existait même pas dans les pays occidentaux.

    L’artisan de cette politique fut un homme inconnu des dirigeants de Solidarność que les conseillers américains installèrent comme ministre de l’économie : Leszek Balcerowicz. La promesse de réduction de l’énorme dette était assortie d’une seule condition : cet homme non élu par personne devait gouverner la Pologne et appliquer le plan de la stratégie du choc, le plan Balcerowicz. D’autres inconnus formés comme lui dans les universités américaines et par les fondations allemandes Adenauer et Ebert ou par des fondations américaines allaient devenir ministres dans les gouvernements de plus en plus ultra-libéraux de Bielecki, Olszewski et Suchocka. Ils et elles allaient truster tous les postes au sommet de l’État, des entreprises publiques, des banques et des universités, jusqu’à former la nouvelle oligarchie compradores qui tient la Pologne d’une main de fer jusqu’à ce jour. Toute opposition allait être impitoyablement éliminée : les années 1990-1993 virent une véritable chasse aux sorcières dans les universités, les médias, les syndicats, les coopératives qui furent nettoyés de leurs « éléments de gauche », tandis que ceux qui arrivaient à exprimer les mécontentements sociaux étaient ridiculisés dans les médias, attaqués par la police et la justice (c’est le cas du syndicat paysan « Audodéfense » d’Andrzej Lepper) ou ont même disparu dans de mystérieux accidents de voiture (Daniel Podrzycki, Président du syndicat « Août 80 » et leader de la gauche anticapitaliste renaissante en 2005).

    Car il fallait déraciner méthodiquement toute opposition, tout en faisant croire que la démocratie existait encore pour exécuter l’un des plus grand hold-up de l’histoire polonaise : l’ouverture absolue et brutale des frontières aux productions des multinationales occidentales, la privatisation des meilleurs morceaux des entreprises que la nation polonaise s’était appliquée à construire depuis 1945, la mise au chômage de 6 millions de personnes travaillant dans les entreprises publiques fermées sur ordre du gouvernement ou vendues à bas prix, la destruction des structures publiques et parapubliques (associations, coopératives, services publics), la dilapidation méthodique des biens publics par des détournements de fonds qui se chiffrent en milliards de dollars. Jusqu’à la prolifération de mafias nationales et internationales en Pologne après le licenciement de milliers policiers de la police criminelle en 1993-94, accusés d’avoir servi sous le régime communiste ! C’est le règne du capitalisme sauvage… en échange d’un prêt de 3 milliards de dollars pour stabiliser un złoty soumis à une impitoyable inflation jusqu’en 1995.

    Le résultat de ces politiques fut un choc et une chute de la production continue. Le niveau de PIB de 1989 fut atteint uniquement en 1999, soit 10 ans plus tard ! 50% des emplois industriels avaient disparu entretemps et avec eux des branches entières de l’industrie : chantiers navals, marine marchande, chimie, aéronautique, d’autres furent sévèrement réduits (automobile, textile)… Des villes, des régions entières furent mises au chômage : Łódź, la capitale du textile n’était plus qu’une ville fantôme, les villes du sud industriel de Petite-Pologne perdirent la moitié de leur population active. Le nord et de nord-ouest de la Pologne furent sévèrement touchés par la fermeture brutale des milliers de fermes d’État dont les ouvriers agricoles incapables de retrouver une place dans le monde de la concurrence sombrèrent dans le chômage, la misère, l’alcoolisme. L’agriculture polonaise paysanne qui assurait un revenu à 37% de la population fut soumise aux prix mondiaux : les paysans endettés pour moderniser leurs outils se trouvèrent confrontés à des taux d’intérêt multipliés par 20, des milliers arrêtèrent leur exploitation au début des années 1990, se suicidèrent.

    Les protestations des paysans donnèrent naissance aux premiers mouvements populistes et nationalistes (syndicat Autodéfense entre autre) souvent adroitement manipulés par l’Église et l’extrême-droite afin de désigner non pas le véritable responsable, le capitalisme international, mais des « communistes » toujours prétendument aux manettes du pays. Il faut dire que le peuple polonais, effrayé par la destruction ultra-libérale, vota en 1993, 1995 et 2001 pour les successeurs des communistes : la coalition du parti social-démocrate post-communiste et le Président de la République Kwaśniewski, un ancien apparatchik. Mais si ces sociaux-démocrates réintroduisirent quelques droits sociaux et reconstruisirent l’appareil d’Etat, ils se soumirent entièrement aux exigences des institutions financières internationales, poursuivirent les privatisations, accentuèrent le processus de transfert des biens publics dans les mains de l’oligarchie privée issue du milieu de la nomenklatura communiste. Ils finirent même par soumettre la politique polonaise aux objectifs de l’impérialisme guerrier des USA, reçurent George Bush en grande pompe à Varsovie et offrirent le territoire polonais aux agents de la CIA pour y torturer leurs détenus de guerre. En politique intérieure, ils n’exécutèrent pas le mandat que les électeurs leur avaient donné et visant à revenir à la séparation de l’Église et de l’État, à reconstruire l’école publique et gratuite et à revenir à la liberté de l’IVG. Violant la volonté des électeurs, ils ont préféré soumettre le pays à l’Église et au capital international.

    Pour cette « transformation » si dramatique pour les Polonais/es, l’oligarchie polonaise fut récompensée par les créanciers occidentaux : dès février 1990, le « Club de Paris » accordait à la Pologne une réduction de 2/3 de sa dette de 32 milliards de dollars. Les 10 milliards restant devaient être payés en huit ans. En mars 1994, la Pologne signait l’accord avec le « Club de Londres » qui réduisit la dette polonaise (11 milliards de dollars) de moitié, les reste à devoir jusqu’en 2012. Pour financer ce paiement, la Pologne vendit sur les marchés financiers huit milliards de dollars d’obligation Brady. Depuis, la Pologne paie toujours les intérêts de la dette : de 1995 à 2005, la Pologne a payé annuellement 2 milliards de dollars. Malgré cela et malgré les réductions, le pays restait endetté à hauteur de 34 milliards de dollars en 2003, la veille de l’entrée dans l’Union européenne. En 2008, La Pologne a payé 4,1 milliards de dollars de service de la dette. Et malgré tout, la dette publique atteint aujourd’hui à nouveau 42 milliards de dollars !

    D’où vient la dette nouvelle ?
    Pour répondre à cette question, il convient de reprendre l’analyse de cinq économistes de l’Académie polonaise des Sciences et auteurs d’un premier bilan critique de la restauration du capitalisme en Pologne. Selon eux, le chiffre de 6% de croissance abondamment cité par les médias est trompeur. Sur 20 ans, il faut calculer le taux de croissance en y incluant les années 1990 où le taux de croissance fut négatif, surtout entre 1990 et 1997 ! Après cette opération, le taux de croissance sur 20 ans de système néolibéral tombe à 3% de moyenne – à comparer au 9% de croissance entre 1945 et 1965, les 20 premières années du régime communiste. Ensuite, un pays où le taux de chômage des actifs reste entre 15 et 20% pendant 20 ans ne saurait s’affirmer prospère ! Surtout si ce chômage n’est pas indemnisé ni réellement combattu et conduit à une économie informelle très étendue (commerce de rue, agriculture de survie, prostitution, jeux d’argent et autres « opérations vides »). Dès 2005, c’est 3 à 5 millions de Polonais qui se mirent sur les routes de l’émigration en Grande-Bretagne, Irlande, mais aussi de façon saisonnière, en Allemagne, France, Espagne, Italie, Suède, Norvège…

    Selon l’Association européenne des Travailleurs migrants, les Polonais travaillent dans le bâtiment et les travaux publics, l’industrie agroalimentaire (abattoirs), l’agriculture intensive, le tourisme, l’hôtellerie, la restauration et les services à la personne. Ils et elles sont massivement employés avec des contrats soumis à la « Directive européenne de délégation » et fréquemment n’obtiennent aucune prestation sociale, faute de contrôle du paiement des cotisations. Nombreux sont ceux et celles qui ne ramèneront que peu d’économies à la maison et ne bénéficieront d’aucune retraite faute de paiement des cotisations. Analysant finement le développement de chaque secteur de l’économie polonaise depuis 20 ans, les cinq professeurs d’économie concluent que la Pologne ne vit que de quelques secteurs prospères : l’industrie extractive avec 100 000 mineurs employés dans les mines de charbon de Silésie, le cuivre très recherché sur les marchés internationaux, l’industrie agro-alimentaire fortement investie par les multinationales qui font de la Pologne une plaque tournante de la production pour toute l’Europe de l’Est sans que les matières premières agricoles soient forcément achetées aux producteurs polonais. Ajoutons-y ce qui reste du textile, de l’automobile, des machines outils, 100 000 personnes employées dans la grande distribution entièrement aux mains des capitalistes occidentaux et les services aux entreprises (informatiques, nouvelles technologies), et le tableau sera complet. La Pologne reste absente des industries à forte valeur ajoutée (biotechnologies, informatique, conception des produits), sa population est vieillissante, sa natalité faible ou négative. Il est tout à fait possible que ce soient les générations futures qui paieront au prix fort les effets négatifs cumulés de deux décennies de politiques ultra-libérales.

    Un des effets majeurs de ces politiques est la persistance d’un fort endettement public. Selon l’analyste politique Dariusz Zalega, comme dans tous les pays européens, ce sont les politiques d’imposition favorisant les entreprises multinationales qui sont à l’origine non pas d’une crise des dépenses, mais d’une crise des recettes. Le capital étranger investi en Pologne est en effet exonéré d’impôts, totalement ou partiellement, et ses bénéfices ne sont pas réinvestis sur place car la loi ne les y obligent pas. Ainsi, la totalité des banques polonaises est aux mains du capital étranger, ce qui de plus soumet la Pologne aux conséquences de spéculations dangereuses menées dans de lointains pays. De plus, la privatisation massive a privé l’Etat de ressources financières : la plupart des entreprises, infrastructures et services publics (la téléphonie par exemple a été privatisée dès 1991) ont été bradés en dessous de leur valeur. Et il y va sans dire que la logique des privatisations est une loi d’airain : une fois son bien vendu, l’Etat n’en tire un bénéfice qu’une seule fois, lors de la vente. Alors que si l’entreprise lui appartient, elle peut dégager des ressources sur un très long terme…

    L’État néolibéral est un instrument de l’oligarchie et malheureusement il ne se soucie plus du bien-être de ses citoyens sur le long terme. Il compense son manque à gagner par l’endettement sur les marchés financiers. De plus, l’impôt sur les sociétés est bas : il est passé de 38% à 19%. La fraude fiscale des entreprises est très importante faute d’une administration efficace et dévouée au service public (20 milliards de złotys par an environ). Le système d’imposition est injuste et favorise l’endettement public : il n’y a que trois tranches d’imposition, ce qui fait que les plus pauvres, les plus nombreux, paient plus d’impôt sur le revenu que les plus riches. Même des personnes ne touchant que le salaire minimum de 300 euros par mois paient l’impôt sur le revenu. Les 10% de Polonais les plus riches qui trustent 80% des richesses du pays investissent alors dans des obligations d’État et sont les premiers bénéficiaires de la dette polonaise.

    L’endettement des ménages moyens (environ 800 euros de revenu par mois) est très fort3 : la faiblesse des salaires conduit à un endettement croissant pour l’achat de biens de consommation (logement, voiture, vacances, électronique…). Il n’y a qu’à se promener dans les centres des villes polonaises pour voir les officines de crédit liés aux banques occidentales qui ont remplacé les boutiques, les cafés et les lieux culturels. Ces établissements proposent des prêts à la consommation avec une facilité racoleuse : on se voit proposer un crédit à l’achat d’un billet de cinéma, en retirant son épargne au guichet ou même dans un distributeur automatique d’argent ! Gare au moment où il faudra bien en arriver à payer ces dettes : la crise de la dette est plus que probable en Pologne, dans un avenir proche. La crise de la dette se profile déjà avec la faillite prochaine des fonds de pensions polonais, endettés à hauteur de 250 milliards de złotys.

    Sans parler d’un autre sujet jamais abordé par les politiques et les médias mais déjà source de grandes inquiétudes pour les associations locales de citoyens qui tentent en vain d’alerter l’État et l’Union européenne sur la situation : les fonds structurels européens, censés permettre le développement régional et servir à la construction d’infrastructures, alimentent en fait l’endettement des villes et des collectivités territoriales car celles-ci doivent apporter d’important fonds propres afin de toucher les subventions. Incapables de le faire, les collectivités polonaises émettent des obligations vendues sur les marchés financiers… L’Union européenne est touchée de plein fouet par la crise de la dette. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, la crise de la dette polonaise est devant nous.

    Sources :
    La dette polonaise de 1939 à 1970
– Monika Karbowska, La détente en Europe. Les relations franco-polonaises de 1956 à 1963, mémoire de DEA d’Histoire des Relations internationales contemporaine, Université de Paris I Panthéon Sorbonne, 1995.
– Monika Karbowska, notes pour une thèse de doctorat de 3ème cycle Les relations franco-polonaises de 1956 à 1969, Archives du MAE, des ministères de l’économie et du budget, de l’industrie et de l’équipement, de l’agriculture et de l’éducation nationale.
    L’économie polonaise de 1980 à nos jours
– Andrzej Karpiński, Tadeusz Kowalik, Paweł Kozłowski, Kazimierz Łaski, Stanisław Paradysz, Dwudziestolecie polskich przemian. Konserwatywna modernizacja (« 20 ans de transformations polonaises. La modernisation conservatrice »). Académie Polonaise des Sciences, Chaire des Sciences Economiques. Varsovie, 2011.
– Urszula Kuzinska, “Le choc sans la thérapie. 20 ans après l’imposition de la doctrine néolibérale en Pologne », < http://uep-eul.org/wp-content/uploads/2010/12/Urszula-Kuzińska-20-ans-de-choc-capitaliste-en-Pologne.doc >
– Jacek Tittenbrun, Z deszczu pod rynnę. Meandry polskiej prywatyzacji (« Fuir la pluie pour se réfugier sous la gouttière. Les méandres de la privatisation polonaises »), 4 tomes, Zysk i ska, 2008-2009.
– Naomi Klein, La stratégie du choc, Actes Sud, 2009, chapitre sur la Pologne.

    La dette polonaise de 1970 à nos jours
Dariusz Zalega, « La domination des fonds de pensions », dans La dette ou la vie, sous la rédaction de Damien Millet et Eric Toussaint, CADTM, 2011
Dariusz Zalega, « Skad sie bierze polski dlug publiczny ? » (« D’où vient la dette publique polonaise ? »), Le Monde Diplomatique Polska, juillet 2011.
--------------–


    Notes :
1 Article paru dans https://fr.sott.net/article/16859-La-dette-polonaise-ses-origines-politiques-et-ses-consequences, reproduit ici avec l’autorisation de l’auteure.
2 NDLR. Fondée d’ailleurs dans la foulée d’une initiative internationale de solidarité avec l’insurrection polonaise de 1863 qui éveilla une sympathie massive dans tous les milieux révolutionnaires européens, à commencer par Karl Marx.
3 NDLR. 80% des Polonais ne possèdent aucune épargne et vivent au jour le jour, ce qui explique qu’un coup dur, chômage, maladie, etc. entraine quasi-automatiquement un effondrement du foyer, à commencer par l’expulsion de son logement pour incapacité de payer son loyer, à partir de quoi la spirale de la misère dont on ne peut plus sortir est engagée. Ce sont uniquement les réseaux de solidarité familiale encore forts en Pologne qui amoindrissent les effets de la loi d’airain du capitalisme. Parfois les œuvres caritatives de l’Église aussi, ce qui lui permet de renforcer son pouvoir en s’appuyant sur les pauvres.

    #Pologne #Dette

  • Une guerre nucléaire ? Unthinkable ! Quoique...
    http://www.dedefensa.org/article/une-guerre-nucleaire-unthinkable-quoique

    Une guerre nucléaire ? Unthinkable ! Quoique...

    29 mai 2016 – A quoi pense(nt) l’OTAN, ou les USA si l’on veut, avec cette agitation militarisée sur les frontières de la Russie, en plus de la mise en place de bases faisant partie du réseau BMDE, l’une en Roumanie d’ores et déjà en activité, l’autre en Pologne, en construction ? A rien, en un sens, nous voulons dire : à rien qui ressemblât à l’aspect politique, avec ses conséquences militaires possibles, de ces mesures.

    Quand nous disons “à rien”, nous parlons d’un silence complet à cet égard. Le 27 mai, sur ConsortiumNews et RT, le très-connu commentateur britannique John Pilger, écrit, à partir des USA : « Retournant aux USA pour l’année électorale, je suis frappé par le silence... » Pilger a suivi déjà quatre élections présidentielles US depuis l’année (...)

  • #Roumanie : #Marine_Le_Pen salue la naissance d’un nouveau parti nationaliste
    http://lahorde.samizdat.net/2016/05/01/roumanie-marine-le-pen-salue-la-naissance-dun-nouveau-parti-nation

    Alors qu’elle assistait à une rencontre d’extrême droite en Roumanie, Marine Le Pen a fait l’éloge du programme d’une nouvelle formation anti-Union européenne et nationaliste dans le pays. Alors que depuis plusieurs années, les partis d’extrême droite se renforcent dans différents pays de l’Union, la Roumanie était l’un des derniers pays où un tel parti [&hellip

    #Autres #International #Front_National

  • Al-Nosra, pièce centrale de la guerre d’usure américaine en Syrie ?
    L’OLJ / 25.04.16
    http://www.lorientlejour.com/article/982771/al-nosra-piece-centrale-de-la-guerre-dusure-americaine-en-syrie-.html

    Plusieurs éléments troublants semblent indiquer que, derrière la litanie des manœuvres dilatoires de la trêve et du paravent diplomatique de Genève, la guerre d’usure a pour but de reconfigurer les rapports de force pour modifier les termes de l’équation politique.
    D’abord, la demande faite par Washington à Moscou d’épargner le Front al-Nosra dans les frappes menées en Syrie pour préserver des groupes comme Ahrar el-Cham ou l’Armée syrienne libre, qui restent très liés à la branche syrienne d’el-Qaëda et disposent dans certains cas d’une structure militaire qui a eu des conséquences désastreuses sur le terrain. Ce contexte a permis au groupe al-Nosra de reconstituer ses forces et de mener des offensives synchronisées sur plusieurs fronts en Syrie dans les provinces d’Alep, de Hama et de Lattaquié.
    Deuxièmement, depuis décembre 2015, les États-Unis auraient délivré 3 000 tonnes d’armes et de munitions à des groupes rebelles, qui, sur le terrain, sont infiltrés par el-Qaëda ou reconnaissent leur allégeance à l’organisation. Cette information a été révélée par l’agence d’information militaire britannique Jane’s, sur la base de deux appels d’offres lancés sur le site FedBizGov.org recherchant des sociétés de fret maritime pour le transport de matériel militaire à partir de Constanta en Roumanie pour le port de Aqaba en Jordanie.

  • IMPORTANT.
    Un article du 08 avril de Jeremy Binnie dans la célèbre revue militaire britannique IHS Jane’s Defense Weekly démontre que des livraisons américaines d’armes à la rébellion syrienne ont continué durant la cessation des hostilités.
    Une partie de l’article en anglais est lisible sur le site de la revue : http://www.janes.com/article/59374/us-arms-shipment-to-syrian-rebels-detailed
    L’article en intégralité publié sur le compte twitter de l’auteur ici :
    https://twitter.com/JeremyBinnie/status/718456819128131585

    L’article se base sur la publication du site fédéral américain Federal Business Opportunities (ou Fed Bizz Opps) qui lance des appels d’offre du gouvernement fédéral. 2 de ces appels d’offre concernent le transport d’"explosifs" (c’est-à-dire d’armes).

    le 1er appel d’offre, publié le 3 novembre 2015 (avant la cessation des hostilités) concerne le transport par bateau de 81 containers, contenant entre autres des « matériels explosifs », de Constanta (Roumanie) à Aqaba. Une mise à jour de cet appel d’offre précise le contenu des containers : fusils AK47, mitrailleuses Douchka, lance-roquettes RPG-7 et 2 types de missiles anti-tanks dont l’un capable de briser les blindages réactifs, ainsi que les munitions pour ces armes. Un tableau dans le corps de l’article estime les quantité de chacune de ces armes. La cargaison totale pesant 994 tonnes.
    La cargaison a été transportée par un bateau du nom de Geysir (contrat obtenu par la compagnie Transatlantic lines), parti le 5 décembre de Constanta. A partir des données du transpondeur, l’article détaille sa route : il s’est dirigé au nord de Chypre avant d’emprunter le canal de Suez en direction du nord du golfe d’Aqaba. Son signal se perd le 15 décembre. Il est repéré quelques jours plus tard dans le canal de Suez (sur le chemin du retour, donc).

    Un second appel d’offre est publié sur Fed Bizz Opps le 5 février 2016 (21 jours avant le début officiel de la cessation des hostilités). Il concerne la livraison de « matériels explosifs » (d’armes, donc) du port de Burgas (Bulgarie) à Aqaba pour un total de 117 containers et un poids de 2007 tonnes. Le SLNC Corsica a assuré ce transport. Son transpondeur le signale dans le canal de Suez le 4 avril soit plus d’un mois après le début de la cessation des hostilités.
    Chacun des deux convois a dû faire un arrêt à Agalar (?) avant de pénétrer le canal de Suez pour prendre à son bord une « équipe de sécurité armée » d’au moins 4 personnes.

    Selon l’auteur de l’article les groupes rebelles syriens sont les destinataires presque certains de ces cargaisons d’armes produites dans l’ancien bloc soviétique. D’une part parce que ni les armée jordanienne ni l’armée turque n’utilisent ce genre de matériel. D’autre part parce que les missiles anti-tank délivrés sont du même type que ceux utilisés par l’armée syrienne, permettant d’éviter que l’on ne trace l’origine américaine des livraisons ("plausible denial").
    Selon l’auteur il est très probable que nous ayons là la preuve que le programme d’armement des rebelles par la CIA continue.

  • Roumanie : cachez ces Roms... - Libération

    http://www.liberation.fr/planete/2012/11/20/roumanie-cachez-ces-roms_861851

    Attention archive : article de 2012

    L’immense cheminée blanche et rouge chatouille les nuages. En arrivant à Baia Mare, ville du nord-ouest de la Roumanie, on ne voit qu’elle. Cachée dans les collines, au pied des montagnes du Maramures, la cité fut pendant deux cents ans un centre minier important. L’or, l’argent, le cuivre ou le zinc ont fait sa richesse. Mais avec la fin du communisme et la catastrophe de l’an 2000, lors de laquelle une quantité importante de cyanure a été déversée accidentellement dans les rivières Somes et Tisza, les mines ont fermé une à une.

    #roms #frontières #roumanie

  • Science en accès libre : les pirates du savoir

    http://www.lemonde.fr/sciences/article/2016/03/31/science-en-acces-libre-les-pirates-du-savoir_4892784_1650684.html

    Officiellement, Alexandra Elbakyan, 27 ans, réside à Almaty, sa ville natale dans le Kazakhstan. En réalité, elle vit sans doute quelque part en Russie. Sa vie et ses déplacements sont désormais secrets : en octobre 2015, un tribunal fédéral de New York l’a déclarée coupable de piratage d’articles scientifiques appartenant à l’éditeur anglo-néerlandais Elsevier.

    Informaticienne spécialisée dans les projets futuristes de liaison directe cerveau-ordinateur, Alexandra Elbakyan est aussi, depuis 2011, la créatrice et l’animatrice du site Sci-Hub, qui propose le téléchargement libre et gratuit de tous les articles scientifiques disponibles sur Internet.

    Or, ils proviennent en grande partie des sites des grands éditeurs scientifiques internationaux comme Elsevier, l’allemand Springer ou l’américain Wiley, qui en détiennent les droits de distribution exclusifs et qui les vendent très cher – un particulier paie en moyenne 32 dollars (28,50 euros) par article, et les grandes bibliothèques doivent souscrire une multitude d’abonnements, coûtant des millions de dollars par an.

    La jeune Kazakhe reconnaît que depuis sa condamnation, sa situation n’est pas idéale. « Là où je suis, je ne me sens pas menacée, mais je dois faire attention », confie-t-elle au Monde. Elle ne voyage plus aux Etats-Unis, ni dans aucun pays ayant un traité d’extradition avec Washington. Un changement majeur pour cette étudiante brillante, fréquemment invitée en Europe et en Amérique pour des stages et des conférences.

    Le partage, une pratique courante

    Au cours de l’été 2015, elle a téléphoné et écrit au juge new-yorkais pour revendiquer son action :

    « Quand j’étais étudiante au Kazakhstan, je n’avais accès à aucun des articles dont j’avais besoin pour mes recherches. 32 dollars, c’est complètement fou quand on doit lire des dizaines ou des centaines d’articles pour sa recherche. »

    Elle explique que, grâce à Internet, le partage gratuit d’articles est une pratique courante dans les communautés scientifiques du monde entier. Elle a largement usé de ce système artisanal pendant ses études, puis elle en a fait profiter les autres : « Les gens ont toujours été reconnaissants. Sci- Hub ne fait qu’automatiser ce processus, et est immédiatement devenu populaire. »

    Et pour cause... Les grands éditeurs ne versent pas un centime aux auteurs ni à leurs pairs qui se chargent de la lecture et de la correction. Si un auteur souhaite que son article soit distribué gratuitement pour avoir plus de lecteurs, c’est lui qui doit payer l’éditeur, souvent plus de 2 000 dollars – un arrangement qu’Alexandra Elbakyan qualifie de « racket ».

    Le juge new-yorkais ne se laisse pas convaincre. Il fait saisir et désactiver l’adresse Sci-hub.org (le domaine « .org » est géré par Public Interest Registry, une association américaine). Il ordonne à la jeune femme de cesser toute activité sur le site. Il condamne aussi LibGen (Library Genesis), un site russe de livres piratés qui collabore avec Sci-Hub et dont les administrateurs sont restés anonymes. Selon l’avocat américain d’Elsevier, le jugement d’octobre n’est qu’une première étape. L’éditeur demande des dommages et intérêts gigantesques.

    Une offre de qualité professionnelle

    Nullement intimidée, l’informaticienne contre-attaque. Dès le mois de décembre 2015, elle rouvre son site dans le nom de domaine « .io », sous juridiction britannique, avec une adresse IP correspondant à un hébergeur de Saint-Pétersbourg (Russie). Le nouveau site est aussi accessible via le réseau sécurisé TOR, qui permet de naviguer sur Internet en restant anonyme et intraçable.En quelques semaines, Sci-Hub retrouve des millions de visiteurs par mois, venant en priorité de Chine, d’Inde, d’Iran, de Russie, mais aussi des Etats-Unis...

    Au fil du temps, Alexandra Elbakyan a réussi à construire une offre de qualité professionnelle. Dans sa version 2016, Sci-Hub propose un moteur de recherche capable de retrouver n’importe quel article scientifique grâce à sa référence standard, ou à un mot-clé.
    Si l’article est encore inconnu, le système va le chercher subrepticement sur le site de l’éditeur, en se faisant passer pour un abonné légitime. Puis il en envoie une copie au demandeur, et une autre au site LibGen, qui la stocke sur ses serveurs clandestins.
    Ainsi, explique-t-elle, « l’article sera toujours présent sur Internet, même s’il arrive quelque chose à Sci-Hub ». Lorsqu’un autre utilisateur demandera le même article, Sci-Hub ira simplement le chercher chez LibGen. En mars 2016, la « bibliothèque libre » de LibGen compte 48 millions d’articles ; quatre fois plus qu’Elsevier...

    « Plus ambitieux » que Google Books

    La pirate kazakhe affirme qu’elle a une vie en dehors de Sci-Hub – elle travaille comme programmeuse Web et a repris des études en histoire et philosophie des sciences.Cela dit, elle reconnaît que la gestion de son site est très prenante : « J’ai beaucoup de sympathisants, mais ils ne sont pas bien organisés. Ils m’envoient des dons, mais pour le reste, leur engagement n’est pas sérieux. (...) Au total, j’effectue probablement plus de travail que les éditeurs. »

    Malgré sa solitude, elle s’est fixé un objectif qu’elle décrit sans fausse modestie : « Collecter la totalité de la littérature scientifique et éducative, et la rendre accessible au monde entier. Comme Google Books, peut-être encore plus ambitieux. »

    Une mission moins utopique qu’il n’y paraît. Car l’aventure d’Alexandra Elbakyan s’inscrit dans un vaste mouvement au sein de la communauté scientifique : l’« Open Access », qui prône l’accès libre et gratuit à l’ensemble de la littérature scientifique, et commence à s’imposer dans certaines disciplines. Hors de Sci-Hub, de nombreux chercheurs de tous les pays s’échangent déjà gratuitement leurs articles sans en référer à quiconque, par e-mail, Facebook, Twitter ou Reddit...

    D’autres ont fait de Sci-Hub le sujet de leurs travaux de recherche, contribuant à sa notoriété. En France, Guillaume Cabanac, maître de conférences en informatique à l’université de Toulouse, a publié en 2015 « la première étude quantitative des catalogues des plateformes LibGen et Sci-Hub ».

    Catalyseur pour l’« Open Access »

    Au Canada, le bibliothécaire Ryan Regier a organisé, en février à Toronto, une conférence sur le « piratage savant » : « J’ai commencé à m’y intéresser quand j’ai constaté que dans mon université, des chercheurs et des étudiants travaillaient sur des articles qu’ils ne s’étaient pas procurés à la bibliothèque. »

    S’il ne souhaite pas se solidariser ouvertement avec Alexandra Elbakyan, il espère que Sci-Hub servira de catalyseur pour faire progresser le mouvement Open Access. Selon lui, « Sci-Hub a déjà changé la donne, en devenant la plus grande bibliothèque scientifique du monde ». Et le système de recherche et de livraison des articles inventé par Alexandra Elbakyan est « lus simple, plus efficace et plus exhaustif que ceux des grandes bibliothèques, engoncées dans leurs traditions bureaucratiques ».

    Techniquement, le fonctionnement du site est étroitement lié aux bibliothèques universitaires. « Les requêtes sont re-routées via des réseaux universitaires. Le site de l’éditeur voit qu’elles arrivent d’une université, et non pas d’un utilisateur de Sci-Hub », explique l’informaticienne sans donner de détails.

    On peut imaginer plusieurs scénarios pour ce contournement-détournement. Des hackers placeraient un virus sur le serveur universitaire, qui laisserait alors entrer des requêtes non autorisées. Autre possibilité : quand un chercheur se connecte au réseau de son université depuis l’extérieur, son identifiant et son mot de passe pourraient être interceptés puis réutilisés à son insu.

    Complicité de bibliothécaires sympathisants

    Selon des enquêtes commanditées par les éditeurs, Sci-Hub s’approvisionnerait en mots de passe sur des sites clandestins qui vendent au marché noir des fichiers de données personnelles obtenues frauduleusement, par exemple avec des e-mails piégés ou de faux sites Web imitant la page d’accueil d’une bibliothèque.

    Il y a enfin une troisième théorie : Sci-Hub bénéficierait de la complicité de bibliothécaires sympathisants, qui l’aideraient à rerouter secrètement les connexions illicites à travers leurs réseaux. Si elle existe, cette pratique est à haut risque, car les éditeurs surveillent étroitement leur trafic, et signalent les anomalies aux universités concernées. Ils peuvent aussi bloquer temporairement un utilisateur qui télécharge trop d’articles.

    Au-delà du monde de la recherche, Sci-Hub est soutenu par des associations de défense des libertés sur Internet et des collectifs de la gauche alternative. Après le verdict du tribunal de New York, un groupe informel baptisé Custodians a ainsi publié une lettre ouverte en seize langues appelant à la mobilisation en faveur d’Alexandra Elbakyan.
    L’un de ses initiateurs, Marcell Mars, informaticien et artiste numérique basé à Zagreb, en Croatie, explique l’importance de Sci-Hub dans son entourage : « C’est devenu un outil indispensable pour les institutions de recherche situées à la périphérie du monde capitaliste géographiquement ou socialement. Ici, les profs de fac s’en servent sans arrêt, certains donnent directement les liens Sci- Hub à leurs étudiants ».

    Des partisans dans l’establishment

    Il se dit surpris de l’impact de sa lettre ouverte : « Des gens travaillant dans des universités prestigieuses nous demandent ce qu’ils peuvent faire pour Sci-Hub. Je leur réponds qu’ils doivent l’utiliser le plus possible, même s’ils n’en ont pas vraiment besoin. Et surtout, je leur dis de le faire au grand jour, sans se cacher. »

    Sci-Hub a même des partisans au cœur de l’establishment scientifique occidental. Ulrich Dirnagl, professeur de médecine et chef du service de neurologie de l’hôpital universitaire de la Charité de Berlin, le dit sans détour : « Je ne sais pas quoi penser de cette femme en Russie, mais elle a réalisé un miracle. Pendant des années, je recevais des mails de chercheurs vivant à Cuba ou en Roumanie, qui me demandaient de leur envoyer nos articles gratuitement. C’est illégal, mais je le faisais volontiers. Or, depuis quelque temps, ils ont cessé de me solliciter. Je me demandais pourquoi, mais quand j’ai découvert Sci-Hub, j’ai compris : ils se servent directement ! »

    Début mars, le professeur Dirnagl a annoncé aux membres de son service que désormais, ils devraient publier leurs travaux en Open Access. « Je leur ai aussi parlé de Sci-Hub, révèle-t-il. La plupart ne connaissaient pas, je leur ai dit de le tester. Si les chercheurs des pays riches commencent à l’utiliser, le système actuel va s’écrouler. »
    En tant que responsable des publications de l’hôpital berlinois, le neurologue va bientôt rencontrer les dirigeants d’Elsevier, pour « leur parler de Sci-Hub, et leur demander s’ils vont changer de stratégie ». Si leurs réponses sont intéressantes, il les publiera sur Internet, en vue de faire connaître le site d’Alexandra Elbakyan à un nouveau public.

  • Elisa Coll : « J’ai parlé à une ex-prostituée à Amsterdam et j’ai appris une leçon importante »

    https://ressourcesprostitution.wordpress.com/2016/03/22/jai-parle-a-une-ex-prostituee-a-amsterdam-et-jai-a

    « Je ne sais pas vraiment où j’en suis à propos de la légalisation de la prostitution, car je n’ai jamais parlé à une personne qui a été dedans. »

    « Eh bien, maintenant si. »

    Voilà le début d’une des conversations les plus intéressantes que j’ai jamais eue, un matin d’été venteux dans la ville d’Amsterdam. Pendant des heures, cette femme étonnante et moi avons parlé des mythes et vérités du « plus vieux métier du monde », et lorsque nous nous sommes dit au revoir ma façon de voir le monde avait réellement changé.

    Depuis quelques années, j’avais remarqué une augmentation de messages et d’articles en ligne par des féministes vantant les « travailleuses du sexe » et défendant le droit de ces femmes à vendre du sexe si elles choisissent de le faire. « C’est leur corps et elles peuvent en faire ce qu’elles veulent » – et il est bien difficile d’être en désaccord avec une telle affirmation. Cependant, après cette conversation, je suis devenu très sceptique quant à ce que « choisir » signifie vraiment quand on parle de prostitution. Après tout, il n’y a pas de choix s’il n’y a pas de liberté de choisir.

    Traduction : Tradfem
    Original : http://www.no-yolo.com/prostitution

    #Elisa_Coll, originaire de Madrid, voyage à travers le monde et a fondé le blog Revolution On The Road : http://www.revolutionontheroad.com

    #prostitution #Amsterdam #tradfem

    • La vérité est que la plupart des promoteurs des « travailleuses du sexe » sont des féministes blanches, de classe moyenne (tout comme moi) qui, malgré leurs bonnes intentions, n’ont pas interagi directement avec le milieu de la prostitution et prennent pour acquis que le choix est, dans ce contexte, un concept évident (comme je l’utilisais avant !), et qu’alors elles parlent au nom de femmes qu’elles n’ont jamais rencontrées ou avec lesquelles elles n’ont jamais discuté. Et cela arrive aux alliés dans tous les mouvements de justice sociale. Nous avons tendance à mettre des mots dans la bouche des victimes afin de valider notre opinion sans les écouter. Cela nous arrive à tous et toutes et c’est un problème dont nous pouvons nous débarrasser en en prenant conscience, non seulement dans l’activisme, mais dans l’ensemble de la société.

    • Un jour j’ai voyagé avec deux femmes roumaines qui se prostituaient, elles faisaient du stop sur la route de Narbonne, c’est un lieu où beaucoup de camionneurs s’arrêtent pour consommer des femmes. Je leur ai donné mon numéro de téléphone pour qu’elles puissent venir dans la ville où je suis. Elles m’ont dit que si j’avais une fille ce n’était pas bien pour elle qu’elle les voit, que jamais elles ne viendraient, elles ne sont effectivement jamais venues et ne m’ont jamais appelé. Elles étaient arrivées en france deux ans avant seulement toutes les deux et ne connaissaient personne, sans papiers elles ne pouvaient pas prétendre à un travail même misérable, à force elles s’étaient retrouvées au bord de la route à faire le tapin. Je les ai déposé avant Carcassonne sur la même route, une femme leur louait une chambre pour dormir d’où elles repartaient chaque matin. On a discuté longuement (parce que je faisais les casses du coin pour trouver un rétroviseur et qu’elles sont restées avec moi) l’une d’elle parlant très bien français, ses enfants étaient toujours en Roumanie et elle leur envoyait l’argent. Elle m’a dit les coups, les insultes et les viols réguliers, les clients qui exigent des rapports sexuels sans préservatif. Elle n’avait pas le choix, avec quelque chose de très digne dans sa résignation à traverser ses atrocités. J’avoue que j’en ai encore les larmes aux yeux.

    • Grisélidis Réal, prostituée genevoise, a tenu un carnet noir de 1977 à 1995, petit répertoire téléphonique ou elle consignait par ordre alphabétique les prénoms de ses clients, agrémentés de leur us, coutumes et petites manies ainsi que du prix de la passe.
      Née à Lausanne en 1929, Grisélidis Réal a passé son enfance en Egypte et en Grèce, avant d’entreprendre des études aux Arts décoratifs de Zurich. Bientôt mère de quatre enfants, elle se prostitue en Allemagne au début des années 60, puis devient la fameuse « catin révolutionnaire » des mouvements de prostituées la décennie suivante et la co-fondatrice d’une association d’aide aux prostituées (ASPASIE).
      Cette femme hors du commun est morte le 31 mai 2005.

      ADIEU AUX ARMES

      Adieu le monde adieu la Vie
      Que j’ai tant aimée tant haie
      Ou j’ai crevé sous tant de coups
      Brûlée par le regard des Fous

      Tant chevauché sur mes délires
      Tant respiré l’embrun des pleurs
      Tant mordu le fruit des désirs

      Ce soir je cède à mes douleurs
      L’espace intérieur de mes friches
      Ou rodent la Mort inconnue
      Et sa meute de rabatteurs
      Tapis dans l’ombre de leurs niches

      Ce soir je marche dans la rue
      Ou j’ai traqué pendant trente ans
      Des sexes d’hommes pour l’argent
      Pour un repas pour un sourire
      Pour un crachat pour de l’amour
      Un mot un regard de velours
      Un silence bardé de haine

      Et me faire traiter de chienne
      De putain de Garce et de Reine
      Et violer écorcher baiser
      A coups de griffes coups de dents

      Dans les cris le foutre et le sang
      La fulgurance des urines
      Le flux des baves opalines
      La morsure d’un fouet de cuir
      Un collier de clous acérés
      Et l’éclat de la cocaÏne
      ¨
      Soupirs et râles étranglés
      Les caresses des mots derniers
      Quand l’orgasme s’en vient mourir
      La volupté enfin se tord
      Et vient se coucher sur nos corps

      Adieu le monde adieu la Vie
      Maîtresse des nuits éblouies
      Que j’ai tant aimée tant haie

      Grisélidis Réal - 18 novembre 2004

      Carnet de Bal d’une Courtisane
      Editions Verticales / Le Seuil, mars 2005
      http://www.franceculture.fr/emissions/la-nuit-revee-de/clair-de-nuit-rencontre-au-clair-de-la-nuit-griselidis-real?xtmc=gris%

    • C’est bien le problème, parce qu’une-telle ou une-telle (fortement méga fortement minoritaire) a décidé de faire ça volontairement comme Grisélidis Réal, de vouloir faire une généralité juridique et/ou morale. On nous ressort d’ailleurs toujours les mêmes 2 ou 3 exemples…

      Cela a des conséquences sur toutes les autres. Et comme l’a déjà dit plusieurs fois @aude_v, cela a des conséquences sur toutes les autres prostituées, mais cela a aussi des conséquences sur toutes les autres femmes en général.

    • @rastapopoulos Et encore, s’agissant de Grisélidis Réal, elle n’a rien « choisi » du tout : elle s’est retrouvée dans une misère totale avec des enfants à nourrir. Je pense notamment à une scène dans « Le noir est une couleur » où un client l’emmène chez lui alors qu’elle n’a rien mangé depuis des jours. Il la voit jeter des coups d’œil désespérés vers la cuisine mais l’oblige à faire la passe avant. Il serait plus juste de dire qu’elle l’a assumé.

    • Oui @mona tout à fait. Mais dans le même temps, elle n’a justement pas forcément reconnu ce « non-choix » au regard de ce qu’elle a revendiqué ensuite au cours de sa vie (le fait à l’inverse que ça peut être un choix, le fait de le reconnaitre comme un métier…). Revendications qui font qu’au final elle est prise comme l’un des quelques exemples récurrents qui reviennent sur le sujet, dans le sens de la libéralisation/normalisation (ce qui n’est effectivement pas forcément pertinent quand on lit sa vie et qu’on voit pourquoi elle en est arrivé là, càd pas par choix).

      Peut-être l’a-t-elle « assumé » pour s’auto-convaincre que c’était un choix, pour mieux accepter ce sort ? (Mais bon là c’est de l’interprétation à deux balles à la va-vite, de ma part, évidemment…)

    • Grisélidis Réal @rastapopoulos à commencé à se prostituer en Allemagne pour survivre, au début des années 60.
      Un propos liminaire de cette « catin révolutionnaire » :

      "Que tous les hommes qui viennent à nous, « fatigués et chargés », comme il est dit dans la bible - ceux que nous sauvons du suicide et de la solitude, ceux qui retrouvent dans nos bras et dans nos vagins l’élan vital dont on les frustre ailleurs, ceux qui repartent, les couilles légères et le soleil au coeur - cessent de nous emmerder, de nous juger, de nous renier, de nous taxer, de nous matraquer, de nous enfermer, de nous prendre nos gosses pour les mettre à l’Assistance Publique, d’enfermer nos amants et nos hommes de coeur..."

      G.R

  • Des médecins européens associent encore l’#homosexualité à une #maladie – EurActiv.fr
    http://www.euractiv.fr/section/sante-modes-de-vie/news/les-medecins-europeens-associent-encore-lhomosexualite-a-une-maladie

    « Certains médecins continuent de penser, à tort, que l’homosexualité est une maladie », a affirmé dans un communiqué Michael O’Flaherty, directeur de l’Agence des droits fondamentaux de l’UE (FRA), qui vient de publier un rapport révélant que la Bulgarie, la Hongrie, l’Italie, la Lettonie, la Pologne, la Roumanie et la Slovaquie sont les pays où le nombre de médecins ayant cette conception erronée est le plus élevé.

  • Je me culture avec l’interwebz : Aspic (gastronomie) (oui parce que moi j’en était resté à l’œuf en gelée :
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Aspic_(gastronomie)

    Historiquement, on a commencé à cuisiner les gelées de viande avant les gelées de fruits ou de légumes. Au Moyen Âge, les cuisiniers avaient découvert qu’un bouillon de viande épaissi pouvait être transformé en gelée. La première recette connue est exposée dans le Viandier de Taillevent (probablement rédigé à la fin du xive siècle1).

    et donc, à placer savamment dans la conversation, l’aspic dans différents pays :

    Allemagne : Sülze
    Pologne : galareta
    Lituanie : šaltiena
    Biélorussie : kvashanina
    Ukraine : kholodets, dragli, studenets
    Lettonie : galerts ou aukstā gaļa
    Russie : kholodets ou studen
    Serbie : pihtije,
    Croatie : hladetina
    Macédoine : pivtija ou pača
    Hongrie : kocsonya
    Roumanie : piftie ou răcituri
    Suède : aladåb,
    Finlande : aladobi
    Estonie : sült

    #merci_arno

  • La lettre de Léosthène, le 2 mars 2016, n° 1093/2016
    Douzième année, bihebdomadaire. Abonnement 390 euros.
    http://www.leosthene.com

    #Passeurs vers l’UE : un business branché et lucratif

    « Le prix d’un forfait comprenant un voyage de la Turquie vers la Libye par air puis une suite par mer de Libye en Italie coûte 3700 dollars. Pour une traversée par bateau, le prix est de 1000 dollars par adulte. Trois enfants coûtent 500 dollars ». Tel est le genre d’annonce que les réseaux criminels spécialisés dans le transport de migrants publient sur les réseaux sociaux, selon le dernier rapport qu’Europol, l’office européen de police, a présenté à La Haye le 22 février dernier, lors d’un forum conjoint avec l’organisation internationale de police criminelle, Interpol (1).

    Au cours de ce forum (22 et 23 février à La Haye), a été lancé, conformément aux conclusions, en octobre 2015, d’un premier forum tenu à Lyon, décision confirmée en novembre par les ministres européens de la Justice et des Affaires intérieures (2), un Centre européen pour la lutte contre le trafic des migrants (#EMSC). Le centre s’appuiera en particulier sur le travail d’Europol, qui a identifié au cours de ces dernières années plus de 40 000 #trafiquants. Travail qui sera mené en étroite collaboration avec les autres organismes compétents de l’UE, #Frontex (l’agence européenne pour la gestion des frontières extérieures de l’UE) et #Eurojust (l’unité de coopération judiciaire de l’UE). On espère ce nouveau centre opérationnel parce que les trafiquant sont, eux, organisés : « A l’intérieur de l’UE, les réseaux de trafiquants utilisent aussi les réseaux sociaux pour recruter leurs chauffeurs. Ces plateformes sont également utilisées par les passeurs et les migrants irréguliers pour partager leurs informations sur les routes de migration, les changements en matière de droit et de procédures d’asile, ou les conditions défavorables dans les pays de destination » (1). Ce type d’informations permet aux passeurs de s’adapter et d’adapter leurs prix en fonction de la sûreté des routes proposées.

    Bien entendu, un florilège d’activités complémentaires et lucratives complète ce #business rentable : certains de ces trafiquants sont « aussi impliqués dans d’autres activités criminelles telles que le trafic de drogue (22% en 2015), la production de faux papiers (18% contre 3% en 2014), le vol (20%) et le trafic d’êtres humains (20%) ». Sachant que les chauffeurs en particulier se livraient de préférence, avant de donner dans le transport de migrants, au vol et au trafic de drogue à l’intérieur de l’UE. Est-on surpris par l’augmentation des activités dans le domaine des faux papiers ? Les documents contrefaits, nous dit le rapport, qui peuvent provenir d’Athènes, d’Istanbul, de Syrie ou même de Thaïlande sont en forte augmentation. Un exemple ? « Une enquête a mené à la découverte d’une imprimerie de pointe en Albanie, dotée d’un équipement valant des millions de dollars. Le principal suspect, qui gérait l’imprimerie, recevait des commandes des réseaux de passeurs pour produire sur ordre de faux documents, envoyés par petits paquets et par courrier. Ces documents, de très haute qualité, étaient livrés à des migrants irréguliers en Grèce pour faciliter leur voyage ultérieur dans l’Union européenne. Le suspect coopérait étroitement avec des réseaux criminels en Bulgarie et en Turquie. Une perquisition dans l’imprimerie a permis la saisie de milliers de visas vierges, de permis de résidence, de cartes d’identité, de passeports et de permis de conduire de différents pays de l’UE ».

    On méditera sur l’efficacité du contrôle aux frontières à l’intérieur de l’UE, quand il existe…

    On voit aussi, au travers des chiffres proposés par l’agence des Nations Unies pour les réfugiés, repris par le rapport d’Europol, une modification chez les migrants entrants : 56% étaient en 2015 des hommes, 17% des femmes et 27% des enfants. Début 2016, 45% sont des hommes, 21% des femmes et 34% des enfants – dont une partie considérable arrive non accompagnée d’un adulte (85 482 en 2015, dont 50% d’Afghans et 13% de Syriens). Sachant que « dans plusieurs pays de l’UE, ces mineurs non accompagnés disparaissent des centres d’asile ou de réception ». Question : que deviennent-ils ? Parce que les trafiquants ne perdent pas le sens des affaires : les migrants les plus vulnérables sont, une fois dans l’UE, contraints au travail forcé ou à la prostitution. Ici encore, un exemple : « Une enquête dans un réseau criminel pakistanais impliqué dans le trafic de migrants vers l’UE a révélé que les activités du groupe étaient liées au travail forcé. A leur arrivée dans l’UE des migrants irréguliers aidés par le réseau étaient obligés de travailler dans des restaurants appartenant à des membres de l’organisation en Espagne ». A ce compte, on comprend peut-être pourquoi, selon le ministère de l’Intérieur allemand, 130 000 des migrants (13%) entrés en Allemagne en 2015 ont tout simplement disparu – information parue dans le Süddeutsche Zeitung et rapportés par RT (3). Ont-ils continué leur route ailleurs dans l’UE ? Préféré vivre dans l’illégalité en Allemagne hors de portée des passeurs ? Ou de la police allemande ? Ou des deux ?

    L’intense activité des réseaux de passeurs (plus d’un million de migrants sont arrivés en Europe en 2015) s’accompagne de nombreuses complicités. Le rapport nous en donne une vue synthétique (page 9 du pdf), classée selon sept grandes catégories : de celui qui coordonne l’ensemble du ou des réseaux à celui qui recrute localement le migrant, de celui qui arrange une partie du voyage à celui qui fournit les documents, des facilitateurs de bas niveau (chauffeurs, équipages des embarcations, guides, traducteurs temporaires) aux complices légaux (hôtels, loueurs de voitures, agences de voyage), des trésoriers (qui recueillent et transfèrent l’argent des migrants) aux officiels corrompus des pays d’accueil (qui fournissent des services contre rémunération). Que dit exactement le rapport ? « La corruption est un facteur clef pour faciliter le trafic de migrants. Dans des cas typiques de corruption, des représentants de l’ordre reçoivent des pots-de-vin pour permettre aux véhicules de traverser les frontières à des postes non gardés. D’autres impliquent des éléments des forces navales ou militaires qui reçoivent un paiement pour chaque migrant ou chaque bateau qu’ils laissent passer ». Et encore ? « Le personnel des consulats et ambassades est également ciblé par les passeurs, pour aider à remplir les formulaires d’immigration et fournir des visas et des passeports ».

    Mais parlons finances : le chiffre d’affaires estimé par Europol pour 2015 se situe entre trois et six milliards de dollars – sur lesquels, avoue l’agence, on ne dispose pas de renseignements suffisants (flux et blanchiment). Cependant, le rapport donne quelques pistes sur les moyens de paiement : 52% en argent liquide, 16% payés par une famille d’accueil déjà installée dans l’UE, 0,2% remboursés par du travail forcé (ce qui nous paraît très faible si on incluait la prostitution), 20% par système bancaire alternatif, 10% inconnus… Que se partagent des réseaux implantés, nous dit le rapport à travers une infographie (page 9 du pdf), en Albanie/Kosovo/Serbie, Bulgarie et Roumanie, Hongrie/République Tchèque/Pologne, puis
    Allemagne/Autriche/Danemark/Belgique/Pays-Bas, mais aussi en Turquie, en Erythrée/Ethiopie/Somalie/, en Egypte/Syrie/Liban, enfin en Libye/Tunisie/Maroc. Ces réseaux ainsi assemblés prennent-ils en compte les officiels corrompus des pays d’accueil ? Le rapport n’en dit rien. Mais précise que 30% des réseaux sont composés de ressortissants de l’Union européenne, 44% de non ressortissants, 26% étant mixtes, UE et non UE. Et que tous ces réseaux, très souples, sont en mesure de s’adapter très vite aux changements des conditions d’accueil des pays traversés. Enfin que les perspectives sont excellentes pour eux, leurs activités étant attendues à la hausse.

    Rob Wainwright, le directeur d’Europol, a en effet reconnu que ces réseaux criminels étaient responsables de 90% des migrants arrivés en Europe.

    De souplesse cependant, les réseaux de passeurs vont avoir besoin : le quart d’heure « Willkommenskultur » (culture de l’accueil) d’une Angela Merkel bousculée en réalité terminé, la route des Balkans s’est fermée, durablement : « Slovénie, Serbie, Autriche, Macédoine, Serbie et Croatie ont annoncé en fin de semaine leur intention de limiter à 580 par jour le nombre de migrants autorisés à passer par leur territoire » nous dit Le Monde daté du 28 février (4). « La Macédoine procèderait aussi, selon plusieurs témoins, à des contrôles de nationalité, n’acceptant que les ressortissants syriens et irakiens et refoulant les Afghans. Ces pays, qui se trouvent sur la route des Balkans empruntée par des dizaines de milliers de migrants pour se rendre en Europe occidentale, ont emboîté le pas à l’Autriche, qui a choisi il y a plus d’une semaine de limiter l’entrée à 80 demandeurs d’asile par jour et à 3200 personnes en déplacement. Depuis octobre, quand la Hongrie a fermé sa frontière avec la Croatie, 475 000 migrants sont arrivés en Slovénie, avant de poursuivre leur route vers l’Autriche, l’Allemagne et les pays du nord de l’Europe ». On connaît la conséquence, avec les incidents violents qui sont survenus près d’Idomeni, à la frontière, fermée, entre la Grèce et la Macédoine (5).

    Ne doutons pas que les réseaux sociaux auront déjà informé les passeurs des dernières nouvelles et que des offres de service appropriées vont apparaître, si ce n’est fait : la Bavière s’est préparée à fermer ses frontières en quelques heures (Die Welt). En Autriche, c’est le col du Brenner qui va fermer (une manière de renvoyer les migrants vers Nice ?). Il faudra donc faire preuve de souplesse et on prépare déjà, chez les passeurs, le passage en Italie depuis la côte albanaise pour évacuer les migrants bloqués en Grèce. En Italie on se prépare à l’assaut… Et chez les passeurs à augmenter les tarifs. Pour l’UE, le scénario du pire. Mais il y a bien une opération de l’OTAN contre les passeurs en Méditerranée ? Non, pas une opération, un simple déploiement : « Les navires de l’OTAN auront un ‘travail de contrôle et de surveillance, ainsi que de fournir des informations aux autorités locales’ » selon le Secrétaire général Jens Stoltenberg. « ’Nous voulons aider les garde-côtes turcs et grecs à faire leur travail. Nous n’allons pas faire leur travail’. Dans la pratique, les navires auront effectivement pour tâche de surveiller la zone, de repérer des navires suspects (migrants ou trafiquants) et de les signaler aux autorités des pays riverains concernés (Grèce ou Turquie selon la trajectoire du bateau). Mais c’est tout » (6). Autrement dit, l’OTAN respectera le droit international : la police en mer relève de la souveraineté des Etats. Pas de quoi inquiéter les réseaux de passeurs…

    Robert Crepinko, qui prendra la tête du nouveau centre européen pour la lutte contre le trafic des migrants a du pain sur la planche, avec ses équipes, ses 45 experts, l’appui d’Interpol et la coordination avec les autres agences européennes. Si 90% des flux jusqu’ici enregistrés ont été conduits par des réseaux de trafiquants, la priorité est certainement de s’attaquer à les démanteler. A comprendre et gêner, aussi, leurs flux financiers – un chapitre sur lequel le rapport d’Europol est très discret. Saura-t-il être efficace ? En aura-t-il les moyens et le temps ?

    Parce que pour l’heure l’Union européenne, de crise en crise au bord du désastre, donne l’impression de vivre, comme résignée, ses derniers moments.

    Tic tac fait l’horloge.

    Hélène Nouaille

    Cartes :

    La route des Balkans en septembre 2015

    Idomeni à la frontière gréco-macédonienne, près de la route E75

    Les facilités de circulation UE/reste du monde en 2011 (Philippe Rekacewicz)
    http://visionscarto.net/mourir-aux-portes-de-l-europe#&gid=1&pid=7

    Notes :

    (1) Europol (European Police Office), février 2016, Migrant smuggling in the EU
    https://www.europol.europa.eu/sites/default/files/publications/migrant_smuggling__europol_report_2016.pdf

    (2) Conseil européen, le 9 novembre 2015, Conclusions du Conseil sur les mesures visant à gérer la crise des réfugiés et des migrants
    http://www.consilium.europa.eu/fr/press/press-releases/2015/11/09-jha-council-conclusions-on-measures-to-handle-refugee-and-migrat

    (3) RT (en anglais), le 26 février 2016, 130 000 refugees vanished after being enregistred in Germany
    https://www.rt.com/news/333684-germany-refugees-disappear-report

    (4) Le Monde avec agences AFP, AP et Reuters, Près de 70 000 migrants pourraient bientôt être « pris au piège » en Grèce
    http://www.lemonde.fr/europe/article/2016/02/28/la-grece-s-inquiete-de-dizaines-de-milliers-de-migrants-bloques-sur-son-terr

    (5) Boursorama/Reuters, le 29 février 2016, Migrants : incidents à la frontière entre la Grèce et la Macédoine
    http://www.boursorama.com/actualites/migrants-incidents-a-la-frontiere-entre-la-grece-et-la-macedoine-862913a

    (6) Bruxelle2, le 24 février 2016, Nicolas Gros-Verheyde, Ne dites plus opération de l’OTAN en mer Egée, dites déploiement
    http://www.bruxelles2.eu/2016/02/24/ne-dites-plus-operation-de-lotan-en-mer-egee-dites-deploiement-plouf-plou

    Comme dit @reka : un peu affligeant... mais voilà, pour archivage... sur la thématique des passeurs !

  • Google distribue 27 millions d’euros pour les médias européens
    http://www.lefigaro.fr/medias/2016/02/25/20004-20160225ARTFIG00141-google-distribue-27-millions-d-euros-pour-les-med

    Fin octobre, Google avait annoncé la création de son Fonds pour l’Innovation, destiné à soutenir les médias européens dans leur transition numérique et à aider au développement de projets innovants. Ce fonds est doté de 150 millions d’euros, distribuables sur trois ans. Sur cette somme, 27 millions d’euros viennent d’être octroyés à 128 projets répartis dans 23 pays, a dévoilé mercredi Sundar Pichai, PDG de Google. Les principaux bénéficiaires de ces subventions sont l’Allemagne (4,9 millions d’euros), l’Espagne (2,5 millions d’euros), le Royaume-Uni (2,8 millions), la France et la Belgique (2,3 millions chaque). Le prochain round de financement aura lieu cet été.

    Google n’a pas dévoilé la liste des heureux élus, mais certains médias ont indiqué avoir été subventionnés. Et la diversité est de mise, aussi bien dans le profil des entreprises (du Financial Times aux toutes jeunes start-ups) que dans les projets récompensés. Ces derniers vont de la réalité virtuelle au financement participatif, en passant par la création automatisée d’infographies.

    En France, l’AFP, Euronews et le jeune média The Conversation ont été les premiers à révéler être aidés par Google. La chaîne européenne basée à Lyon travaille sur un projet de reportage en réalité virtuelle, avec des vidéos à 360°. L’AFP va, elle, lancer une plateforme d’infographies interactives adoptées aux mobiles, traduites en six langues. The Conversation mise aussi sur l’infographie et l’exploitation de la data pour enrichir son site. Selon Mind-Satellinet, Le Monde a également reçu une aide. Les montants perçus seront communiqués ultérieurement par Google.

    Au Royaume-Uni, le Financial Times a obtenu une subvention pour un project de détection d’anomalies sur les marchés financiers. Ce dernier alertera la rédaction et créera automatiquement un embryon d’article, permettant aux journalistes du journal économique d’être extrêmement réactifs. Le Telegraph mise, lui, sur des infographies automatisées, qui concerneront dans un premier temps la rubrique sportive. Un direct sur un match de football pourra ainsi être enrichi par des infographies en temps réel sur la possession de balle, les performances de tel joueur... sans que les journalistes n’aient à intervenir.

    D’autres projets originaux ont reçu une aide. La start-up néerlandaise WizeNoze entend adapter le fil d’information de l’agence ANP au niveau de lecture des enfants et adolescents. Les dépêches d’actualité seront réécrites pour les 9-12 ans et les 13-15 ans. Au Portugal, le site Publico a reçu « plus de 300 000 euros » pour mettre au point un système proposant un « récap de l’actualité » à chaque visite d’un internaute. Ce dernier saura ce qu’il a manqué, même s’il ne s’est absenté que quelques heures. Ce « récap » sera également adapté à ses centres d’intérêt. L’espagnol El Diario entend lui identifier les lecteurs les plus susceptibles d’accepter de cofinancer un reportage, en fonction de leurs goûts.

    Le Fonds pour l’innovation n’est pas sans rappeler le Fonds pour l’innovation numérique de la presse (FINP), lancé par Google en 2013 pour les médias français.

  • Ces Roms qui nous dérangent (1/5)

    Emission Vacarme de la RTS du 22.06.2015

    http://www.rts.ch/la-1ere/programmes/vacarme/6847325-vacarme-du-22-06-2015.html#6847324

    Depuis une dizaine d’années nous croisons dans nos rues des mendiants roms, pour la plupart originaires de Roumanie.

    Stigmatisés dans leur pays, sans emploi, ils migrent vers la Suisse ou d’autres pays d’Europe de l’Ouest dans l’espoir d’améliorer leur condition.

    #roms #rts

  • Pays de l’Est, leurs fantômes et la #Démocratie
    http://www.taurillon.org/pays-de-l-est-leurs-fantomes-et-la-democratie

    Aujourd’hui, la Pologne est au centre de toutes les polémiques, de nombreux observateurs estiment que la politique mise en œuvre par le gouvernement de Beata Szydło (PiS) porte clairement atteinte à l’Etat de droit et aux fondements de la démocratie. La Commission européenne a décidé de se saisir du dossier et d’examiner le cas polonais. Bien que l’administration de l’Etat polonais soit des plus préoccupantes, des mécanismes similaires se mettent place dans d’autres pays d’Europe de l’Est comme la #Roumanie et la #Serbie.

    Actualités

    / Serbie, Roumanie, #Moldavie, Démocratie

  • Rencontre autour de Panaït Istrati
    https://iaata.info/Rencontre-autour-de-Panait-Istrati-991.html

    Éternel insoumis et voyageur d’exception, Panait Istrati, né en Roumanie en 1884 et mort en 1935, est tour à tour apprenti cabaretier, manœuvre, soutier à bord de paquebots avant de devenir un écrivain et conteur hors normes, qui s’inspire de la mémoire de ses nombreux frères d’errance pour édifier (...) — Toulouse, Rencontre

  • Dans le numéro de février 2016
    http://www.monde-diplomatique.fr/2016/02


    Les Iraniennes ne désarment pas ; Alzheimer, maladie politique ; la stratégie de l’émotion ; aux Etats-Unis, le petit peuple des mobile homes ; le fléau de l’arbitrage international ; la mue des comités de défense de la révolution cubaine ; cocktail meurtrier en Afrique centrale ; aux origines du soutien soviétique à Israël ; vers une nouvelle intervention en Libye ? Quand les djihadistes étaient nos amis ; l’offensive des extrémistes hindous ; « Brexit », David Cameron pris à son propre piège ; en Roumanie, tous propriétaires… ou presque ; le sport, nouvelle vitrine du Kosovo ; suffragettes et jujitsu ; « Merci Patron ! », un film d’action directe

  • La « #tsiganité » dans un village de Roumanie", Des logiques de #catégorisation dans l’#espace_scolaire aux effets sur l’identification et l’inscription des individus dans la société

    En s’appuyant sur un terrain de longue durée dans un village de Roumanie au sein duquel des individus sont étiquetés comme « Tsiganes » mais ne se présentent pas ainsi, ce Mémoire vise à questionner ce que j’ai appelé la « tsiganité », c’est-à-dire les modalités de cette assignation identitaire, ses significations et ses conséquences sur les individus en termes d’identification et d’inscription dans la société. Pour cela, le terrain choisi a été l’école du village, en tant qu’espace de rencontre et de construction de soi, ce qui m’a permis de comprendre et d’analyser le processus de catégorisation qui fait que des individus, dans le cadre d’interactions avec des acteurs institutionnels, sont labellisés comme « Tsiganes ». La question de l’#auto-identification de ces individus et leur « réception » de cette #assignation_identitaire est ensuite interrogée, notamment par le biais de #portraits_photographiques pris à la demande des habitants et utilisés comme outil d’analyse. Cette approche m’a permis de trouver une voie satisfaisante afin de restituer les subjectivités des personnes dans l’étude, ce qui en était l’un des objectifs principaux.

    http://www.reseau-terra.eu/article1199.html
    #Roms #identité #identification #Roumanie #école #discrimination #photographie
    cc @albertocampiphoto @daphne @marty

  • La #déchéance_de_nationalité en #Europe

    Dans une quinzaine de pays de l’Union européenne, une personne peut se voir retirer sa nationalité, notamment dans des cas de trahison, parmi lesquels s’inscrit le terrorisme. Ainsi, la Belgique, la Bulgarie, Chypre, le Danemark, l’Estonie, la France, la Grèce, l’Irlande, la Lettonie, la Lituanie, Malte, les Pays-Bas, la Roumanie, la Slovénie et le Royaume-Uni appliquent déjà la déchéance de nationalité pour les citoyens naturalisés. Parmi ces États membres, certains vont désormais plus loin. Au regard de la menace terroriste, ils ont modifié leur législation pour étendre cette mesure aux binationaux. C’est le cas de la Belgique, du Royaume-Uni et des Pays-Bas. Des voisins que le gouvernement français aimerait donc suivre, puisque le chef de l’État François Hollande a, le 31 décembre 2015, confirmé qu’il souhaitait inscrire la déchéance de nationalité pour les binationaux au programme d’une prochaine révision de la Constitution.


    http://info.arte.tv/fr/la-decheance-de-nationalite-en-europe
    #visualisation #cartographie

    • Armor Lux délocalise vers des pays partenaires « qu’il respecte énormément » :

      http://courriercadres.com/management/interviews/jean-guy-le-floch-president-d-armor-lux-expatrie-de-l-interieur-2702

      La mise en avant en tant que symbole du Made in France est-elle une force ou un cadeau empoisonné ? Une partie de la production étant délocalisée…
      Délocalisée n’est pas le bon terme. Quand nous sommes arrivés, l’entreprise réalisait 19 millions d’euros de chiffre d’affaires, avec 500 opératrices de confection. Aujourd’hui, nous faisons 100 millions d’euros, et nous comptons autour de 400 personnes ici à Quimper. Nous n’avons absolument pas délocalisé. Mais pour gagner beaucoup de marchés, surtout ceux des grandes administrations, il a fallu que nous fassions des cotations avec de la sous-traitance à l’étranger. C’était la seule solution pour les remporter. Ainsi, nous avons largement protégé nos emplois français. Nous avons pris aujourd’hui un rythme soutenu d’embauches d’opératrices de confection, grâce à la protection que nous ont apporté ces gros marchés et à des partenaires que nous respectons énormément (essentiellement situés au Maroc, en Inde, en Tunisie, en Bulgarie et en Roumanie).
      Ce n’était donc pas pour nous un cadeau empoisonné. Nous n’en avons pas peur du tout parce que cela fait 15 ans que nous avons commencé à sous-traiter à l’étranger et cela fait 15 ans que cela se fait en toute transparence. Bien sûr, lorsqu’à l’époque le premier camion est arrivé, nos délégués du personnel et les syndicats ont eu un peu peur. Nous leur avons bien expliqué que tout cela était fait pour les protéger et que cela ne se ferait jamais à leurs dépens. Depuis 15 ans également, nous avons toujours été francs et transparents avec les médias. Tout le monde sait que ces marchés publics, notamment, ne peuvent être que fabriqués à l’étranger.

  • Vivre à la campagne dans le monde d’aujourd’hui - Sciences - France Culture
    http://www.franceculture.fr/emission-planete-terre-vivre-a-la-campagne-dans-le-monde-d-aujourd-hui

    47% des terriens vivent à la #campagne. Dans un monde promis à l’urbanisation et au mode de vie urbain ,

    comment délimiter et caractériser la campagne ? La campagne ou les campagnes ?

    Quel sens cela a-t-il d’habiter en milieu rural ? Dans le monde globalisé et très connecté du 21e siècle, qu’est-ce qui différencie vraiment les urbains des ruraux ? La question se pose-t-elle de la même façon partout dans le monde ?

    Géographie agricole et rurale

    La géographie agricole et rurale éclaire un certain nombre d’enjeux majeurs du monde contemporain, comme l’accentuation des clivages Nord-Sud ou la gestion de l’environnement et des ressources, dans des perspectives de développement durable ou d’étude des conséquences de la mondialisation. Tout en familiarisant ses lecteurs avec les notions de base, les démarches et les travaux des géographes, cet ouvrage leur permettra d’analyser et de débattre de ces questions à partir de connaissances mieux assurées. Destiné aux étudiants de premier cycle universitaire, il est le fruit d’une étroite collaboration entre deux spécialistes, l’un des campagnes du monde tropical, l’autre de celles des latitudes tempérées. Il a été conçu comme un « tout en un », associant six Chapitres de cours et six Dossiers de documents commentés pour les Travaux Dirigés. Les chapitres présentent, de façon synthétique et à l’échelle de la planète, les relations complexes entre nature et agriculture, les structures d’exploitation agricole, les techniques de production et les techniques d’encadrement des agriculteurs, ainsi que les relations villes-campagnes dans les pays du Nord et du Sud. Les Dossiers portent sur l’évolution des agricultures et des campagnes dans des pays aussi divers que la France, les Etats-Unis, le Brésil, la Roumanie ou la Côte d’Ivoire.
    (date de publication : Septembre 2004)

    http://www.franceculture.fr/oeuvre-g%C3%A9ographie-agricole-et-rurale-de-jean-paul-charvet-jean-lo

    http://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/10233-16.12.2015-ITEMA_20865558-0.mp3

    #agriculture #ruralité

  • Close the camps | L’externalisation de la politique migratoire européenne dans les Balkans
    http://asile.ch/2015/12/10/close-the-camps-lexternalisation-de-la-politique-migratoire-europeenne-dans-le

    De 2006 à 2013, l’analyse de dix pays des Balkans (Albanie, Bosnie-Herzégovine, Bulgarie, Croatie, Kosovo, Macédoine, Monténégro, Roumanie, Serbie, Slovénie) révèle une multiplication par 2 du nombre de centres de détention d’étrangers, et par 4 de leur capacité d’accueil. Cet accroissement spectaculaire résulte d’une action coordonnée des institutions européennes visant à déléguer la gestion des […]

  • Bulgarie, Roumanie : David Cameron en tournée d’inspection sur les frontières de l’UE

    https://www.youtube.com/watch?v=t3T6mz3UCQk

    Le Premier ministre britannique David Cameron veille à la sécurité des frontières de l’Union européenne... Le 4 décembre, il était en visite à Lesovo, en Bulgarie, et ce mardi à Bucarest. La Grande-Bretagne, non membre de l’espace Schengen, craint toujours l’arrivée « massive » de migrants roumains et bulgares.

    « La #Roumanie est naturellement intéressée par la sécurisation du flanc oriental de l’#Otan », a déclaré le Président roumain Klaus Iohannis à la presse à l’issue de son entretien avec le Premier ministre britannique David Cameron, mercredi 9 décembre au palais de Cotroceni.

    La place de la Grande-Bretagne est clairement au sein de la famille européenne, de l’Union européenne, a-t-il rappelé, tout en souhaitant que le « oui » l’emporte au prochain référendum sur le maintien de la Grande-Bretagne dans l’UE. C’est également sur ce point que le Premier ministre roumain Dacian Cioloș a mis l’accent dans ses entretiens avec #David_Cameron.

    « La Roumanie est en train de consolider sa flotte maritime, et il y là une opportunité de développement de la coopération avec la Grande-Bretagne », a affirmé pour sa part le Premier ministre britannique, qui s’est dit favorable à la libre circulation. Il estime cependant que si les contributions des Roumains et d’autres Européens sont précieuses, une migration de « 300 000 personnes par an » vers la Grande-Bretagne n’est pas acceptable.

    Cette visite d’un dirigeant britannique à Bucarest, la première depuis seize ans, a été qualifiée d’« historique » par la presse roumaine.
    La #Bulgarie, garde-frontière de l’UE

    Le 4 décembre, David Cameron s’était rendu en Bulgarie, où les rencontres ont davantage porté sur la question des réfugiés. En compagnie du Premier ministre bulgare, Boyko Borissov, il est allé à Lesovo inspecter la frontière avec la Turquie. Posant devant la muraille de barbelés, il a félicité son hôte : « Il est important que l’Europe ait des frontières extérieures bien défendues. C’est ce que nous pouvons constater ici, en Bulgarie, grâce à l’action du Premier ministre et de son gouvernement. Nous devons soutenir leurs efforts ».

    Le 15 octobre, la police bulgare a tué un réfugié afghan qui tentait de franchir la #frontière. Les témoignages des #réfugiés font état de racket et de violences systématiques de la part des policiers de ce pays.
    http://www.courrierdesbalkans.fr/le-fil-de-l-info/bulgarie-roumanie-david-cameron-inspecte-les-frontieres-de-l-ue.h

    #mur #barrière_frontalière