country:royaume-uni

  • Les archéologues ont mis au jour des preuves des premières célébrations à grande échelle en Grande-Bretagne (des personnes et des animaux parcourant des centaines de kilomètres pour assister à des rituels de fête préhistorique). (confirmation).

    L’étude est la plus complète à ce jour [il y en avait eu déjà d’autres] a examiné les os de 131 porcs, les principaux animaux de ces fêtes, issus de quatre complexes du Néolithique supérieur (environ 2800-2400 av. J.-C.). Desservant les célèbres monuments de Stonehenge et Avebury, les quatre sites - Durrington Walls, Marden, Mount Pleasant et West Kennet Palisade Enclos - ont accueilli les tout premiers événements pan-britanniques, des festins qui ont attiré des personnes et des animaux de toute la Grande-Bretagne.

    (...)

    Les résultats montrent que les os de porc extraits de ces sites provenaient d’animaux élevés aussi loin que l’Écosse, le nord-est de l’Angleterre et l’ouest du pays de Galles, ainsi que de nombreux autres endroits dans les îles britanniques. Les chercheurs estiment qu’il était peut-être important que les personnes présentes apportent des animaux élevés localement chez eux.

    Jusqu’à présent, les origines des personnes qui ont pris part à des rituels dans ces monuments mégalithiques et l’ampleur des mouvements de population de l’époque étaient des énigmes de longue date dans la préhistoire britannique.

    Le Dr Richard Madgwick, de l’École d’histoire, d’archéologie et de religion, a déclaré : « Cette étude démontre une échelle de mouvement et un niveau de complexité sociale qui n’étaient pas appréciés auparavant. »

    « Ces rassemblements pourraient être considérés comme les premiers événements culturels unis de notre île, des habitants de tous les coins de la Grande-Bretagne descendant dans les environs de Stonehenge pour se régaler de mets spécialement préparés et transportés de chez eux ».

    Représentant de grandes prouesses d’ingénierie et de mobilisation de la main-d’œuvre, les complexes néolithiques d’Henge du sud de la Grande-Bretagne ont été le point de mire de grands rassemblements du troisième millénaire avant notre ère. Les porcs étaient le principal animal utilisé pour les festins et ils fournissaient la meilleure indication de la provenance des gens qui se régalaient sur ces sites, car pratiquement aucun reste humain n’a été retrouvé.

    À l’aide d’une analyse isotopique, qui identifie les signaux chimiques provenant de la nourriture et de l’eau que les animaux ont consommées, les chercheurs ont pu déterminer les zones géographiques où les porcs ont été élevés. L’étude offre l’image la plus détaillée du degré de mobilité en Grande-Bretagne à l’époque de Stonehenge.

    Le Dr Madgwick a déclaré : "La découverte la plus surprenante est sans doute les efforts que les participants ont investis pour amener les porcs qu’ils ont eux-mêmes élevés. Il aurait été relativement facile de les acheter à proximité des lieux de fête (...) « Les porcs ne sont pas aussi aptes à se déplacer sur de grande distances que les bovins et les transporter, abattus ou sur pied, sur des centaines, voire des milliers de kilomètres, a nécessité un effort monumental. »

    Cela suggère que les contributions prescrites étaient nécessaires et que les règles dictaient que les porcs offerts devaient être élevés par les participants au festin, les accompagnant dans leur voyage, plutôt que d’être acquis localement."

    Multi-isotope analysis reveals that feasts in the Stonehenge environs and across Wessex drew people and animals from throughout Britain | Science Advances
    https://advances.sciencemag.org/content/5/3/eaau6078.full

    R. Madgwick, A. L. Lamb, H. Sloane, A. J. Nederbragt, U. Albarella, M. Parker Pearson and J. A. Evans. Multi-isotope analysis reveals that feasts in the Stonehenge environs and across Wessex drew people and animals from throughout Britain. Science Advances, 2019 DOI : 10.1126/sciadv.aau6078

    #Préhistoire #Néolithique #Stonehenge #cérémonie #migrations #4800BP #4400BP

  • #Projet européen #coLAB : les réfugiés partagent leurs savoirs à l’université

    Alors que la crise des réfugiés occupe régulièrement les premières pages des journaux et des magazines d’actualité depuis quelques années, un rapport du Conseil de l’Europe décrit des réactions d’hostilité et de méfiance vis-à-vis des réfugiés et des migrants, parfois plus prononcées dans certains pays européens (Georgiou et Zaborowski, 2017).

    Pour de nombreux citoyens, les réfugiés sont des individus dans le besoin. Et bien entendu, dans une certaine limite, ils le sont, mais leur identité est loin de se réduire à cette situation. Ils ont également des compétences et une expertise qu’ils peuvent partager avec la société d’accueil.

    C’est dans ce contexte qu’avec trois autres établissements d’enseignement supérieur – l’Institut des Hautes Études des Communications Sociales à Bruxelles (#Belgique), le London College of Communication à Londres (#Royaume-Uni) et la Libera Università Maria Ss. Assunta à Rome (#Italie) – l’Université Clermont Auvergne a réfléchi à une manière originale de contribuer à l’intégration des réfugiés dans la société.

    https://theconversation.com/projet-europeen-colab-les-refugies-partagent-leurs-savoirs-a-lunive
    #solidarité #asile #migrations #réfugiés #université

    Ajouté ici :
    https://seenthis.net/messages/746030

  • Assange et les poursuites suédoises| Jean-Luc Mélenchon
    https://melenchon.fr/2019/04/21/la-semaine-du-feu

    En 2017, le parquet suédois a finalement annulé les poursuites contre Assange. En 2018, le journal The Guardian a révélé que la justice suédoise souhaitait classer l’affaire depuis 2013 mais ne l’avait pas fait sous pression de la police britannique. Mais malgré l’absence de poursuite suédoises contre Assange, le Royaume-Uni maintient son mandat d’arrêt. Tout cela est en général passé sous silence. Et n’est jamais mentionné l’abandon de l’accusation initiale de « viol », sans preuve ni suite, ni même le moindre récit sur les faits reprochés qui permettrait aux lecteurs de se faire une idée de la personnalité d’Assange. Il s’agit de salir Assange en faisant de toute personne qui exprime de la compassion pour lui et de la solidarité politique pour sa lutte la complice d’un violeur et d’un agresseur sexuel.

  • Semaine internationale de la rébellion
    Face au militantisme, “nous sommes revenus à un système de répression des années 1960 et 1970”

    Lycéens fichés S, écolos entendus par la police, Gilets jaunes renvoyés en correctionnelle : Vanessa Codaccioni explique comment l’#antiterrorisme a contaminé l’appareil répressif. Et comment la France a fait un bond de 40 ans en arrière.

    La chercheuse en sciences politiques Vanessa Codaccioni s’inquiète de la #criminalisation croissante du #militantisme. En refusant la #politisation des mouvements de #contestation, le pouvoir va jusqu’à les assimiler à du #terrorisme. Suite et fin de notre série d’articles consacrée à la Semaine internationale de la rébellion qui se déroule du 12 au 19 avril.

    https://www.telerama.fr/idees/face-au-militantisme,-nous-sommes-revenus-a-un-systeme-de-repression-des-an


    illustration photo : Abdulmonam Eassa/AFP : Manifestation des Gilets jaunes, à Paris, le 1er décembre 2018.

    En quatre mois de mobilisation des Gilets jaunes, 8 645 personnes ont été placées en garde à vue, 2 000 ont été condamnées, et 1 800 sont en attente de jugement. A titre de comparaison, environ 11 000 individus avaient été arrêtés pendant les grèves de mineurs sous Thatcher entre 1984 et 1985. Ce qui est inédit, c’est ce niveau de contestation politique, ou la vigueur de la punition ?

    /.../

    ++ SEMAINE DE LA REBELLION, MODE D’EMPLOI
    C’est quoi : la Semaine internationale de la rébellion a été lancée par Extinction Rebellion, https://extinctionrebellion.fr, un mouvement né en Angleterre en octobre 2018 et qui depuis essaime dans de nombreux pays – parmi lesquels la France, l’Italie, l’Allemagne et les Etats-Unis. L’idée : mener des actions de #désobéissance civile non-violente afin d’intensifier la protestation contre l’inaction politique en matière de lutte contre le changement climatique et la disparition des espèces. D’autres organisations environnementales ont annoncé qu’elles participeraient à cette semaine internationale de la rébellion.
    C’est quand : la semaine internationale de la rébellion se déroule du 12 au 19 avril.
    Quelles actions : Impossible de tenir un agenda précis. Car si certains collectifs communiquent depuis plusieurs semaines sur leurs prochaines actions pour s’assurer une médiatisation maximale, d’autres cultivent au contraire le secret, afin d’amplifier l’effet de surprise.
    En France, citons une « action contre l’industrie du textile et la fast fashion » menée par #Extinction #Rebellion, qui s’est déroulée le vendredi 12 avril. Et « bloquons la République des pollueurs », une action en Ile-de-France organisée par les Amis de la Terre, ANV-COP21 et Greenpeace. Des actions de « swarming » (blocages éphémères de la circulation) sont annoncées à travers le monde…
    Marc Belpois

    #répression

  • Royaume-Uni : selon un sondage publié mercredi le parti de Farage est favori aux européennes (Le Figaro)
    https://www.crashdebug.fr/international/15929-royaume-uni-selon-un-sondage-publie-mercredi-le-parti-de-farage-est

    Il ne manque pas d’air Nigel Farage quand même, il a disparu pendant tout le process du Brexit et là il ré-apparaît comme par magie (enfin pour moi vu de l’étranger)

    Le Parti du Brexit, mené par l’eurosceptique Nigel Farage, est donné favori au Royaume-Uni pour les élections européennes en principe prévues le 23 mai, selon un sondage publié mercredi.

     » LIRE AUSSI - Royaume-Uni : une grande marche contre la « trahison » du Brexit

    Il arrive en tête avec 27% des intentions de vote, devant les partis travailliste (22%) et conservateur (15%), selon un sondage de l’institut YouGov réalisé les 15 et 16 avril auprès de 1855 Britanniques.

    Il y a une semaine, le parti de Nigel Farage, député européen, se situait pourtant à la troisième place, avec 15%. Mais c’était avant le lancement de la (...)

    #En_vedette #Actualités_internationales #Actualités_Internationales

  • La mondialisation de l’alimentation préhistorique a duré trois millénaires
    Les paysans ont commencé à transformer les régimes alimentaires à travers le vieux monde il y a 7 000 ans.

    Depuis le début de l’archéologie, les chercheurs ont balayé le monde à la recherche de preuves des premières cultures domestiquées. En extrayant minutieusement des morceaux d’orge, de blé, de mil et de riz calcinés dans les restes de foyers et de feux de camp antiques, ils ont publié des études affirmant qu’une région ou un pays en particulier avait été l’un des premiers à cultiver des céréales anciennes.
    Xinyi Liu, professeur adjoint d’anthropologie des arts et des sciences, université de Washington à Saint-Louis

    À présent, une équipe internationale de scientifiques, dirigée par Xinyi Liu de l’Université de Washington à Saint-Louis, a consolidé les résultats de centaines d’études afin de dresser une carte détaillée de la manière dont les anciennes cultures céréalières se sont répandues dans des poches isolées. civilisations à travers le vieux monde.

    "Le fait même que la" mondialisation alimentaire "dans la Préhistoire a duré plus de trois mille ans indique peut-être que l’un des principaux moteurs du processus était les besoins perpétuels des pauvres plutôt que des choix culturels plus éphémères des puissants au néolithique et à l’âge du bronze », a déclaré Liu, professeur adjoint d’anthropologie des arts et des sciences.

    Paru dans la revue Quaternary Science Reviews, l’étude illustre le consensus scientifique actuel sur le processus de mondialisation de l’alimentation préhistorique qui a transformé les régimes alimentaires en Eurasie et en Afrique du Nord il y a 7 000 à 3 500 ans.

    Les co-auteurs incluent des chercheurs de l’Université de Cambridge au Royaume-Uni ; Université Zheijiang en Chine ; l’Institut lituanien d’histoire ; la Smithsonian Institution ; et l’Académie chinoise des sciences sociales à Beijing.

    L’étude suggère que la mondialisation alimentaire à l’époque de la préhistoire n’était pas motivée par les appétits exotiques des élites dirigeantes, mais par l’ingéniosité incessante de paysans pauvres qui recherchaient de nouveaux moyens de mettre un peu plus de nourriture sur leurs tables.

    "Les récents développements de la recherche déplacent l’attention de la chronologie et des voies vers les moteurs du processus de" mondialisation de l’alimentation "et prennent en compte le contexte dans lequel les innovations agricoles et alimentaires ont vu le jour et les agents impliqués", a déclaré Liu. "Ces études soulignent le rôle joué par les principaux agents de la production agricole, les agriculteurs ordinaires du passé."
    champ de millet
    Le mil, une base de l’alimentation ancienne, est toujours cultivé dans les contreforts des montagnes à travers l’Eurasie. (Photo : Xinyi Liu)

    En essayant de nouveaux types de semences, en labourant les champs un peu plus en amont ou en aval ou en décalant les temps de plantation et de récolte, les paysans ont utilisé une méthode empirique pour surmonter les défis climatiques et élargir les limites géographiques de la plantation de certains grains. . Progressivement, cette expérimentation a considérablement amélioré les rendements, car les agriculteurs ont appris à prolonger la saison de croissance en plantant des cultures de printemps et d’automne dans les mêmes champs.

    Alors que beaucoup de gens sont au courant de la propagation mondiale des cultures vivrières à la suite de l’exploration du Nouveau Monde - un processus connu sous le nom de Columbian Exchange - - Liu affirme que le processus de mondialisation alimentaire préhistorique a eu un impact tout aussi dramatique sur la culture vivrière dans le Vieux Monde.

    Le blé et l’orge se sont déplacés du sud-ouest de l’Asie vers l’Europe, l’Inde et la Chine, tandis que le mil et le mil ont pris la direction opposée : de la Chine à l’ouest. Rice a parcouru l’Asie de l’Est, du Sud et du Sud-Est ; Les mil et le sorgho africains ont traversé l’Afrique subsaharienne et l’océan Indien, a déclaré Liu.

    « Tandis que la plupart des aliments exotiques dont nous jouissons aujourd’hui sont le résultat de réseaux commerciaux modernes, le processus de mondialisation alimentaire a clairement ses racines dans la préhistoire », a déclaré Liu. « La mondialisation de l’alimentation était bien amorcée avant le Columbia Exchange et la révolution islamique agricole. Cela remonte à des millénaires, même la plus ancienne preuve matérielle d’un contact transeurasien, tel que la Route de la soie. »

    L’étude de Liu retrace les parcours de la ferme aux céréales de la ferme à la table, qui sillonnent les continents de l’Ancien Monde en trois vagues distinctes :

    Avant 5000 av. J.-C., les premières communautés agricoles se formèrent dans des poches isolées de contreforts fertiles et de bassins versants de ruisseaux où les conditions étaient optimales pour la culture de céréales sauvages originaires de la région. Les dispersions de cultures sont généralement limitées aux régions voisines largement compatibles en termes de climat et de saisonnalité.

    Entre 5000 et 2500 av. J.-C., les agriculteurs ont trouvé des moyens de faire pousser la culture de divers grains dans de vastes régions où des systèmes météorologiques compatibles avec les cultures étaient confinés à l’intérieur et séparés par des systèmes montagneux majeurs, tels que ceux associés au plateau tibétain et aux montagnes de Tianshan.

    Entre 2500 et 1500 avant JC, les paysans ont trouvé le moyen de dépasser les barrières naturelles et climatiques qui ont longtemps séparées l’est et l’ouest, le nord et le sud - maîtrisant la culture de céréales qui avaient évolué pour prospérer dans les altitudes extrêmes du plateau tibétain ou sous les pluies diluviennes des moussons asiatiques. Des systèmes agricoles précédemment isolés ont été mis en place, ouvrant la voie à un nouveau type d’agriculture dans laquelle les plantations de cultures locales et exotiques permettent des cultures multiples et des saisons de croissance prolongées.

    « L’ensemble du processus ne concerne pas seulement l’adoption, mais aussi le« rejet », qui reflète toute une gamme de choix faits par différentes communautés, parfois motivés par l’opportunité écologique dans des environnements inédits, parfois par un conservatisme culinaire », a déclaré Liu. "Comme le dit le vieil adage chinois : Ce qui a été longtemps uni, s’effondrera et ce qui a été longtemps divisé, finira par se réunir."


    https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0277379118307807?via%3Dihub

    Prehistoric food globalization spanned three millennia | The Source | Washington University in St. Louis
    https://source.wustl.edu/2019/02/prehistoric-food-globalization-spanned-three-millennia

    #Néolithique #diffusion_agriculture #Agriculture #8000BC
    #Anthropocene #Paleogeography #Global_Archaeobotany
    #Food_globalisation

    Xinyi Liu, Penelope J. Jones, Giedre Motuzaite Matuzeviciute, Harriet V. Hunt, Diane L. Lister, Ting An, Natalia Przelomska, Catherine J. Kneale, Zhijun Zhao, Martin K. Jones. From ecological opportunism to multi-cropping : Mapping food globalisation in prehistory. Quaternary Science Reviews, 2019 ; 206 : 21

    DOI : 10.1016/j.quascirev.2018.12.017

  • Les origines répressives du capitalisme - La Vie des idées
    https://laviedesidees.fr/Les-origines-repressives-du-capitalisme.html

    L’historien propose également une histoire globale des formes de criminalités à partir de l’observatoire londonien. Bien plus que l’œuvre d’E. P. Thompson qui demeurait centrée sur l’Angleterre, celle de #Linebaugh se déploie d’emblée à l’échelle globale. La vie économique de la capitale britannique dépend en effet des circulations d’hommes et de matières à grande distance, qu’il s’agisse de la soie déjà mentionnée, du coton, du tabac, du bois, ou du sucre. Une grande part des matières chapardées circule via des navires entre plusieurs continents. C’est pourquoi les matelots, marins et ouvriers des arsenaux et des ports, occupent une place décisive dans une histoire qu’on appellerait peut-être aujourd’hui globale ou transnationale, tant les incessants jeux d’échelle sont importants dans l’analyse. L’auteur montre notamment comment les expériences lointaines des rébellions d’esclaves et des insurrections coloniales, mais aussi les souffrances des marins au long cours, ont pu façonner le prolétariat londonien. Une grande partie de la population londonienne entretient en effet des liens étroits et quotidiens avec ce monde des marins, comme avec d’anciens esclaves. Linebaugh rappelle ainsi l’importance de la communauté afro-américaine de Londres, généralement négligée lorsqu’il s’agit d’étudier l’histoire du radicalisme et du mouvement ouvrier outre-Manche. Citons le cas d’Olaudah Equiano, natif du Nigéria, esclave dans une plantation de sucre à la Barbade puis dans une plantation de tabac de Virginie, avant de devenir « l’un des principaux militants de Londres » (p. 462).

    #livre

    • La thèse fondamentale du livre est que l’essor du capitalisme industriel n’est pas seulement le résultat du développement pacifique du commerce, ou le fruit direct d’une révolution technologique, mais aussi le produit d’une politique de terreur via l’utilisation de la peine capitale comme « instrument de la destruction de l’économie domestique » (p. 497) et des coutumes qui réglaient les relations de travail avant l’essor du salariat.

      #capitalisme #Histoire #justice #Londres

  • « Un revenu de base en Inde », Thomas Piketty
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/04/13/thomas-piketty-un-revenu-de-base-en-inde_5449649_3232.html

    Chronique. Le plus grand vote de l’histoire du monde vient de commencer en Inde : plus de 900 millions d’électeurs. On dit souvent que l’Inde a appris l’art de la démocratie parlementaire au contact des Britanniques. L’affirmation n’est pas entièrement fausse, à condition, toutefois, d’ajouter que l’Inde a porté cet art à une échelle inconnue avant elle, au sein d’une communauté politique de 1,3 milliard d’habitants, traversée par d’immenses clivages socioculturels et linguistiques, ce qui est autrement plus compliqué.

    Pendant ce temps, le Royaume-Uni a bien du mal à le rester. Après l’Irlande au début du XXe siècle, il n’est pas impossible que ce soit au tour de l’Ecosse de quitter le Royaume et son Parlement en ce début de XXIe siècle. Quant à l’Union européenne et ses 500 millions d’habitants, elle ne parvient toujours pas à mettre en place des règles démocratiques permettant d’adopter le moindre impôt en commun, et continue d’accorder des droits de veto à des grands-duchés rassemblant à peine 0,1 % de ses citoyens. Plutôt que d’expliquer doctement que rien dans ce beau système ne peut être changé, les responsables européens seraient bien inspirés de regarder du côté de l’Union indienne et de son modèle de République fédérale et parlementaire.

    Evidemment, tout n’est pas rose pour autant dans la plus grande démocratie du monde. Le développement du pays est miné par d’énormes inégalités et une pauvreté qui diminue trop lentement. L’une des principales innovations de la campagne qui s’achève est la proposition faite par le Parti du Congrès d’introduire un système de revenu de base : le NYAY (nyuntam aay yojana, « revenu minimum garanti »). Le montant annoncé est de 6 000 roupies par mois et par ménage, soit l’équivalent d’environ 250 euros en parité de pouvoir d’achat (3 fois moins au taux de change courant), ce qui n’est pas rien en Inde (où le revenu médian ne dépasse pas 400 euros par ménage). Ce système concernerait les 20 % des Indiens les plus pauvres. Le coût serait significatif (un peu plus de 1 % du PIB), sans être rédhibitoire.

    Mesures sociales, éducatives et fiscales

    Comme toujours avec les propositions de ce type, il est important de ne pas s’en tenir là et de ne pas prendre le revenu de base pour une solution miracle ou un solde de tout compte. Pour mettre en place une répartition juste des richesses et un modèle de développement durable et équitable, il faut s’appuyer sur tout un ensemble de mesures sociales, éducatives et fiscales, dont le revenu de base n’est qu’un élément. Comme l’ont montré Nitin Bharti et Lucas Chancel, les dépenses publiques de santé ont stagné à 1,3 % du PIB entre 2009-2013 et 2014-2018, et l’investissement éducatif a même baissé, passant de 3,1 % à 2,6 %. Un équilibre complexe reste à trouver entre la réduction de la pauvreté monétaire et ces investissements sociaux, qui conditionnent le rattrapage de l’Inde sur la Chine, qui a su mobiliser des ressources plus importantes pour élever le niveau de formation et de santé de l’ensemble de la population.

    Il reste que la proposition du Congrès a le mérite de mettre l’accent sur les questions de redistribution et d’aller au-delà des mécanismes de quotas et de « réservations », qui ont certes permis à une fraction des basses castes d’accéder à l’université, à l’emploi public et aux fonctions électives, mais qui ne suffisent pas. La plus grande limite de la proposition est que le Congrès a choisi de rester discret sur le financement. C’est dommage, car cela aurait été l’occasion de réhabiliter le rôle de l’impôt progressif, et de tourner définitivement la page de son moment néolibéral des années 1980 et 1990.

    Surtout, cela lui aurait permis de se rapprocher plus explicitement de la nouvelle alliance entre les partis socialistes et de basses castes (SP, BSP), qui proposent la création d’un impôt fédéral de 2 % sur les patrimoines supérieurs à 25 millions de roupies (1 million d’euros en parité de pouvoir d’achat), ce qui rapporterait l’équivalent des sommes requises pour le NYAY, et de renforcer la progressivité de l’impôt fédéral sur le revenu. Au fond, le véritable enjeu de cette élection est la constitution en Inde d’une coalition de gauche, à la fois égalitaire et multiculturelle, seule à même de battre le nationalisme hindou pro-business et antimusulmans du BJP.

    Big business

    Il n’est pas sûr que cela soit suffisant cette fois. Ancien parti hégémonique venu du centre, le Congrès est toujours dirigé par le très peu populaire Rahul Gandhi (issu de la lignée Nehru-Gandhi), alors que le BJP a eu l’intelligence de se donner pour la première fois, avec Modi, un dirigeant aux origines modestes. Le Congrès craint d’être débordé et de perdre la direction du gouvernement s’il se lance dans une coalition trop explicite avec les partis situés à sa gauche.

    Par ailleurs, Modi bénéficie du financement du big business indien, dans un pays qui brille par une absence criante de régulation en ce domaine. Il a en outre habilement exploité l’attentat de Pulwama, au Jammu-et-Cachemire, et les raids aériens qui ont suivi pour faire vibrer les sentiments anti-Pakistan et accuser le Congrès et les partis de gauche de connivence avec l’islam intégriste (cela n’arrive pas qu’en France), dans ce qui risque de rester comme le tournant dans la campagne. En tout état de cause, les graines semées reprendront leur cours, en lien avec les transformations politico-idéologiques en mouvement dans le reste du monde. Les décisions débattues en Inde nous concerneront tous de plus en plus. En cela, cette élection indienne est bien une élection d’importance mondiale.

    Un parti gouvernemental qui promet un revenu de base pour essayer de ne pas perdre les élections, voilà qui n’est pas français.

    #Inde #revenu_minimum_garanti #revenu_de_base

  • De quelques perturbations en mode « jaune » concernant la conférence sur l’#intelligence_artificielle lors de la venue de #Cédric_Villani, le pape du #big_data auprès de la « république-en-marche ». Quand un « boss » des maths met son « intelligence agency » au service des #gestionnaires_du_cheptel_humain.
    De l’expertise à la « vulgarisation », le raccourci était aisé à prendre pour satisfaire une ambition inavouable à exercer le pouvoir lequel n’ayant plus pour seule issue qu’une fuite en avant éperdue pour toujours garder le bénéfice d’un mauvais coup d’avance.

    Albi : une conférence de Cédric Villani sur l’intelligence artificielle perturbée par des gilets jaunes
    https://lundi.am/Albi-une-conference-de-Cedric-Villani-sur-l-intelligence-artificielle-perturbe

    Jeudi 4 avril, les milieux d’affaires tarnais avaient convié dans l’amphithéâtre d’honneur de l’Ecole des Mines d’Albi l’excellent Cédric Villani, député En Marche et mathématicien, pour disserter sur l’économie numérique et la société du big data.
    Il a été interrompu par un cloud d’opposant.es à la Start-up Nation qui se sont introduit.es sur le podium afin d’y exposer un avis quelque peu contradictoire sous la forme d’une lettre.
    La lettre en question :

    Autres articles en rapport :

    https://lundi.am/IA-5G-Linky-innover-pour-aggraver-la-crise-sociale-et-e%CC%81cologique

    L’intelligence artificielle en marche pour foncer dans le mur

    L’IA sert à automatiser et surveiller, mais ce n’est pas tout : tous les dispositifs ayant recours à l’IA aggraveront aussi le désastre écologique. Car ils supposent une augmentation infinie de la production de matériel informatique : ordinateurs, antennes 5G, data center, etc. Tout cela implique une croissance abyssale de la consommation d’énergie et de métaux, donc de la production minière, base de l’économie numérique comme de toute industrie. De ce point de vue, venir parler d’IA dans une Ecole des Mines est on ne peut plus significatif. Car l’industrie minière est la plus polluante du monde, tant par ses émissions de CO2 que par les catastrophes irréversibles qu’elle entraine régulièrement (pensons aux barrages de déchets qui cèdent). Loin d’être « immatérielle », l’économie numérique est aussi très polluante car les appareils qu’elle produit et que nous jetons de plus en plus vite sont impossibles à recycler tant ils sont miniaturisés. Bref, elle est un facteur de plus dans la fuite en avant vers le désastre écologique, qui s’accélère de jour en jour.

    Ce n’est pas faute d’avoir été prévenus. Depuis plus de cinquante ans, des millions de gens tirent la sonnette d’alarme. Ils rappellent un principe simple : une croissance illimitée est impossible sur une planète aux ressources limitées. Ce principe qu’un enfant peut saisir, Macron, Villani et les entrepreneurs d’Ecoter ne l’ont pas compris. Ou plutôt, ils s’assoient dessus, emprisonnés dans leurs raisonnements économiques à court terme et aveuglés par les colonnes de chiffres auxquelles la réalité se résume selon eux. A moins qu’ils n’espèrent avoir assez de fric pour se mettre à l’abri des pires effets de la catastrophe – ce qui est malin, à défaut d’être intelligent.

    Avec des classes dirigeantes aussi méchamment stupides et myopes, on pourrait se réjouir du développement de l’IA, en imaginant qu’elle pourrait pallier leur déficit mental. Mais ce serait se mettre le doigt dans l’œil. Car l’intelligence artificielle, ce n’est qu’une aveugle capacité de calcul. Comme le rappelle le créateur du programme de dialogue automatique ELIZA, dont on équipe actuellement des robots pour tenir compagnie aux personnes âgées esseulées (autre « progrès social » que promet l’IA), son programme ne comprend rien, il ne fait que calculer les chances que telle réponse programmée corresponde plus que telle autre à telles informations perçues (ce qu’exprime la personne). Or, l’intelligence dont nous avons besoin est celle qui permet de voir la réalité en face et les limites qui la caractérisent, et de savoir s’arrêter avant qu’il ne soit trop tard.

    http://hors-sol.herbesfolles.org/wp-content/uploads/Au-nord-de-l%C3%A9conomie.pdf

    Nous vous écrivons du nord de la France. Symbole de la désindustrialisation, celui-ci ressemble à d’autres nords, des États-Unis ou d’Angleterre, qui résument et révèlent le point de rupture où se trouve l’économie mondiale. Cette terre de désespoir, de chômage, d’alcoolisme et de votes Front national provoque deux réflexes de survie : la ré-industrialisation et/ou la « Troisième révolution industrielle ». Qu’importe le chemin, tant qu’on entrevoit un espoir. Passant des corons au co-working, nous nous sommes donnés pour objet d’attaquer dans un même élan le vieux monde industriel et le nouveau monde technologique.

    https://fr.wikipedia.org/wiki/C%C3%A9dric_Villani#cite_note-37

    Le 8 septembre 2017, il est chargé par le Premier ministre Édouard Philippe d’une mission parlementaire sur l’intelligence artificielle d’une durée de six mois. Le 29 mars 2018, il participe à la conférence « AI for Humanity », lors de laquelle il présente son rapport sur l’intelligence artificielle dévoilé la veille : Donner un sens à l’intelligence artificielleN 1,35,34. Il y préconise de centrer les efforts en intelligence artificielle sur quatre domaines : la santé, la mobilité, l’environnement et la défense

    Le rapport en question (si ça vous tente) : https://www.aiforhumanity.fr/pdfs/9782111457089_Rapport_Villani_accessible.pdf

    Comme bien d’autres adolescents férus de sciences dans les années 80, j’ai fait la connaissance de l’intelligence artificielle dans les superbes ouvrages de vulgarisation de Douglas Hofstadter, qui mettait en scène Alan Turing avec une passion contagieuse. Mais comme bien des mathématiciens débutant la carrière dans les années 90, j’ai profondément sous-estimé l’impact de l’intelligence artificielle, qui ne donnait finalement, à cette époque, que peu de résultats. Quelle surprise ce fut d’assister, dans les années 2010, à l’incroyable amélioration de ses performances... Devenu moi-même vulgarisateur, je me suis mis à développer le sujet régulièrement, dans mes conférences publiques comme dans mes échanges avec le monde de l’entreprise. Et ce fut une surprise non moins grande de voir mes ouvrages de recherche sur le transport optimal cités dans des articles récents sur l’intelligence artificielle : comme un signe qu’il m’était impossible d’échapper à ce sujet polymorphe ! Du reste, depuis quelques années plus personne ne peut y échapper, tant il est devenu omniprésent dans les discussions économiques et sociales. Aussi ai-je été à peine surpris quand le Premier ministre me confia une mission d’information sur la stratégie française et européenne en intelligence artificielle. Le défi était grand, mais mon enthousiasme considérable. (tu m’étonnes ...)

    #low_tech #luddisme (yellow-friendly)

    • La communication est une science toujours inexacte, et parfois mensongère. La majorité actuelle en fait la démonstration quotidienne. Car de la même façon que le président de la République dénonce officiellement les comptes anonymes utilisés sur les réseaux sociaux pour mieux s’en servir dans sa propagande (voir ici notre article), il ne cesse de propager des mensonges tout en prétendant combattre les « fake news ».

      C’est Emmanuel Macron lui-même qui s’est approprié cet anglicisme. Mais qu’on les nomme fake news, informations fallacieuses, « infox », fausses nouvelles, ou juste mensonges, l’intention est la même. Tromper en toute connaissance de cause.

      Il ne s’agit en effet pas ici de faire part de divergences d’analyse, de prétendre que le président ment quand il affirme que la suppression de l’impôt sur la fortune est une bonne chose pour l’économie française. Il est probable que le président croie en ce qu’il dit.

      Il ne s’agit pas non plus de s’attarder sur ses jugements à l’emporte-pièce, du type « Je traverse la rue et je vous trouve du travail ». Il est ici question de mensonges purs et durs. De faits sciemment déformés, omis ou transformés.

      Sibeth Ndiaye, la nouvelle porte-parole du gouvernement, anciennement chargée des relations presse à l’Élysée, doit se mordre les doigts d’avoir un jour dit la vérité à L’Express à propos des bobards de l’exécutif : « J’assume de mentir pour protéger le président. »

      Depuis, elle a nié avoir tenu ces propos. Mais ne dément-elle pas pour « protéger le président » ?

      Comme s’il voulait décrédibiliser par avance les informations à paraître, Emmanuel Macron assurait le 26 juillet 2018 à ses amis, aux prémices de l’affaire Benalla, que « nous avons une presse qui ne cherche plus la vérité ». En réalité, c’est l’Élysée qui cherche à l’en détourner.

      Les fausses vidéos de l’affaire Benalla (Emmanuel Macron)

      Ismaël Emelien, en promotion pour la sortie de son livre écrit avec David Amiel, a eu les plus grandes difficultés à se défendre. Le 19 juillet 2018, au lendemain des révélations du journal Le Monde sur les agissements d’Alexandre Benalla, le conseiller spécial du chef de l’État avait orchestré la riposte en faisant diffuser par un compte anonyme sur les réseaux sociaux des vidéos censées dédouaner Benalla.

      Deux problèmes se posent. Tout d’abord, Ismaël Emelien a utilisé une vidéo issue des caméras de surveillance de la police, ce qui est illégal. Il prétend qu’il ne connaissait pas l’origine de ces vidéos. Qu’il n’a pas pensé à se renseigner.

      Mais l’Élysée a aussi fait circuler, avec la bénédiction de Sibeth Ndiaye qui a conseillé aux journalistes d’aller consulter ces vidéos, le film d’un homme très agité poursuivant un groupe d’hommes vêtus de noir, chaise à la main.

      Le problème, comme l’a raconté Le Monde, est qu’il ne s’agit pas du tout du jeune homme immobilisé par Alexandre Benalla place de la Contrescarpe. La vidéo a été tournée le soir, bien après l’intervention musclée d’Alexandre Benalla. Et selon une enquête publiée jeudi 4 avril par le site la-bas.org, l’homme à la chaise poursuivait en réalité des militants « antifas ».

      Mais Emmanuel Macron lui-même a endossé ce mensonge, alors que la comparaison des deux hommes sur ces vidéos ne tromperait pas un enfant familier du jeu des sept erreurs (chaussures de couleurs différentes, blouson sans fourrure…).

      Quelques jours plus tard, le 26 juillet, à la Maison de l’Amérique latine, outre le fait qu’il se plaint de cette « presse qui ne recherche plus la vérité », Emmanuel Macron lance : « Les images tournent en boucle d’une scène inadmissible et que je condamne. Je ne vois jamais la scène d’avant, la scène d’après. Quel est le contexte, qu’est-ce qui s’est passé ? S’agissait-il d’individus qui buvaient gentiment un café en terrasse ? Que s’est-il passé juste ensuite ? »

      Le chef de l’État fait ensuite clairement référence à cette vidéo tournée postérieurement. « J’ai cru comprendre qu’il y avait des images, poursuit-il. Où sont-elles ? Sont-elles montrées avec la même volonté de rechercher la vérité et d’apporter de manière équilibrée les faits ? Non. » Avant de conclure : « Je vois un pouvoir médiatique qui veut devenir un pouvoir judiciaire. »

      La réalité est tout autre. Des investigations journalistiques ont mis en lumière des faits avérés sur lesquels la justice enquête aujourd’hui.

      La perquisition à Mediapart sur les enregistrements Crase/Benalla (Nicole Belloubet)

      Après que nous avons diffusé les extraits d’une conversation entre Alexandre Benalla et Vincent Crase, Mediapart a reçu, le vendredi 1er février, une demande de réquisition de ces extraits par les juges d’instruction de l’affaire du 1er Mai.

      Nous avons tout de suite fait savoir que nous ne nous opposions pas à cette réquisition judiciaire, de façon que des juges indépendants puissent authentifier les documents publiés et statuer, notamment, sur la violation du contrôle judiciaire.

      Cet accord a été renouvelé le lundi 4 février, à 9 heures.

      Pourtant, ce même lundi 4 février, peu après 11 heures, notre journal a fait l’objet d’une tentative de perquisition après l’ouverture d’une enquête préliminaire par le parquet de Paris des chefs d’« atteinte à l’intimité de la vie privée » et de « détention illicite d’appareils ou de dispositifs techniques de nature à permettre la réalisation d’interception et de télécommunications ou de conversations ».

      Deux procureurs du parquet de Paris se sont présentés à notre journal et nous ont annoncé qu’ils venaient pour procéder à une perquisition, et non réquisitionner les enregistrements publiés.

      Vu que nous avions déjà donné notre accord pour la réquisition judiciaire, la tentative de perquisition n’avait qu’un seul objectif : identifier nos sources, et faire peur à tous ceux susceptibles de nous parler.

      Devant l’Assemblée nationale, et pour justifier cette tentative de perquisition, la ministre de la justice Nicole Belloubet a cependant déclaré le 5 février : « Mediapart a dans un premier temps refusé cette remise, mais comme la presse s’en est fait l’écho, depuis, les bandes sonores ont été remises à la justice, ce qui est une très bonne chose, je crois, pour que toute la vérité soit faite dans cette affaire. »

      En mélangeant sciemment les deux procédures, Nicole Belloubet a menti.

      Geneviève Legay, blessée à Nice par un policier (Emmanuel Macron)

      Lors de rassemblements à Nice, le 23 mars, Geneviève Legay, porte-parole d’Attac, est blessée lors d’un rassemblement de gilets jaunes.

      Le lundi 25 mars, le procureur de la République indique, lors d’une conférence de presse, que Geneviève Legay « n’a pas été touchée par des policiers. Il n’y a aucun contact direct entre un policier et cette dame ».

      Dans un entretien avec Nice Matin, publié le lundi 25 mars, le président de la République déclare à son tour, sans la moindre prudence, que « cette dame n’a pas été en contact avec les forces de l’ordre ». Il ajoute quelques phrases qui ont profondément irrité Geneviève Legay : « Pour avoir la quiétude, il faut avoir un comportement responsable. […] Quand on est fragile, qu’on peut se faire bousculer, on ne se rend pas dans des lieux qui sont définis comme interdits et on ne se met pas dans des situations comme celle-ci. »

      Or dès le 23 mars, comme nous l’avons révélé, un policier expliquait le jour même du rassemblement sur procès-verbal qu’au vu des premiers éléments de l’enquête, la victime, âgée de 73 ans, avait été heurtée par « un homme portant un bouclier ».

      Au cours de son audition, un autre policier, ayant participé à la charge, avait précisé : « Nous avons chargé, donc effectivement nous avons poussé les personnes devant nous. […] C’est après la charge en me retournant que j’ai constaté qu’une femme était à terre. »

      Le gouvernement et les chômeurs « trop » indemnisés (Édouard Philippe)

      Le premier ministre et la ministre du travail affirment qu’un chômeur sur cinq gagnerait plus au chômage que dans son travail précédent. Ce chiffre est en réalité totalement vicié et aboutit à un mensonge qui salit 600 000 personnes.

      Comment est-ce possible ? Le gouvernement compare deux périodes qui ne sont pas les mêmes. Avec une méthode de calcul différente, l’Unédic aboutit au chiffre de moins d’un salarié sur 25 se retrouvant dans la situation décrite par l’exécutif.

      Pour le sociologue spécialisé dans les politiques de l’emploi Mathieu Grégoire, il s’agit donc d’« un artefact statistique » et d’« une manipulation assez troublante des chiffres ».

      Selon le gouvernement, ce sont les salariés en contrats courts, généralement peu qualifiés et peu rémunérés, qui sont censés « trop » profiter de l’assurance-chômage. Et en dépit du calcul erroné, c’est sur eux que le gouvernement devrait faire porter l’essentiel des économies à venir.

      Le nombre d’ultras parmi les gilets jaunes (Emmanuel Macron)

      Le jeudi 31 janvier, Emmanuel Macron reçoit cinq journalistes pour une « discussion informelle » autour d’un café. Le président de la République se montre très offensif au moment de dénoncer les violences commises lors des manifestations des « gilets jaunes ». Selon lui, elles seraient l’œuvre « de 40 à 50 000 militants ultras qui veulent la destruction des institutions ». « Face aux violences orchestrées par les extrêmes », rapporte Paris-Match, le chef de l’État « met en garde contre la ‘‘fachosphère’’ et la ‘‘gauchosphère’’ qui ont surinvesti les réseaux sociaux ».

      Pourtant, dans les jours précédents, selon nos enquêtes, des notes des services de renseignement sont remontées à l’Élysée. Et elles disent précisément l’inverse de ce que prétend Macron.

      En effet, à ce moment-là, l’ultradroite se désengage « à Paris comme en province ». Selon la DGSI, « la scène d’ultradroite est quasi inexistante au sein des cortèges ». Même au plus fort de leur mobilisation les premières semaines du mouvement, les services ne comptaient que « quelques centaines d’individus » relevant de cette mouvance.

      À l’ultragauche, alors ? Pas plus. « L’ultragauche s’est impliquée de manière limitée dans un mouvement perçu comme populiste et réactionnaire », écrit-on à la DGSI. Des sources dans différents services de renseignement donnent un même chiffre de 300 militants « au grand maximum » d’ultras de droite et de gauche réunis au plus fort du mouvement, début décembre. En mars, ils n’étaient plus que quelques dizaines.

      Dans la même interview, le président de la République décrit le mouvement des gilets jaunes comme « une manipulation des extrêmes, avec le concours d’une puissance étrangère : la Russie de Poutine ». Or la DGSI et la DGSE n’auraient toujours pas trouvé la moindre trace d’ingérence russe. Et l’Élysée n’a jamais voulu nous faire part de ses sources sur le sujet.

      Le retour des djihadistes français (Emmanuel Macron)

      « Contrairement à ce que j’ai pu lire ou entendre, il n’y a pas un programme de retour des djihadistes qui est aujourd’hui conçu, nous restons sur la même doctrine », explique à l’occasion du « grand débat » Emmanuel Macron à des élus de la Région Grand Est. Selon lui, il n’y aurait donc jamais eu de programme de retour des djihadistes français. Pas question de donner l’impression de tergiverser.

      Selon nos informations, les services des ministères des affaires étrangères, de la défense, de l’intérieur et de la justice travaillaient pourtant bien depuis l’automne 2018 au retour des djihadistes détenus par les Kurdes de Syrie.

      Les conditions du programme de retour étaient tenues pour acquises par les principaux acteurs du dossier lorsque, dans la première quinzaine de février, le président de la République a changé d’avis.

      Qu’est-ce qui a fait changer Emmanuel Macron de position et l’a ainsi fait aller à l’encontre des préconisations de son administration ? L’Élysée n’a pas répondu à nos sollicitations.

      Le chlordécone ne serait pas cancérigène (Emmanuel Macron)

      « Il ne faut pas dire que ce pesticide est cancérigène. » En une phrase, le président de la République a soulevé l’indignation, en particulier des élus d’outre-mer qui lui faisaient face le vendredi 1er février, à l’Élysée, pour une rencontre dans le cadre du grand débat national.

      La discussion portait sur la dangerosité du chlordécone, un pesticide extrêmement toxique et perturbateur endocrinien, classé « cancérigène possible » par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) dès 1979 et utilisé jusqu’en 1993 dans les bananeraies en Guadeloupe et en Martinique. Ce jour-là, pour le président, « il ne faut pas dire que c’est cancérigène. Il est établi que ce produit n’est pas bon, il y a des prévalences qui ont été reconnues scientifiquement, mais il ne faut pas aller jusqu’à dire que c’est cancérigène parce qu’on dit quelque chose qui n’est pas vrai et qu’on alimente les peurs ».

      Presque tous les Guadeloupéens et les Martiniquais sont contaminés au chlordécone, selon une étude publiée par Santé publique France en 2018. Et les sols sont pollués pour quatre cents à sept cents ans.

      Estomaqués par les propos du président, l’urologue Pascal Blanchet et le chercheur à l’Inserm Luc Multigner ont répondu en rappelant, entre autres, que « l’exposition au chlordécone est associée à une augmentation de risque de survenue du cancer de la prostate ».

      Face à la polémique, l’Élysée a maladroitement tenté de faire machine arrière, plaidant le malentendu, sans convaincre personne.

      La mort de Jamal Khashoggi (Jean-Yves Le Drian)

      Dès le 6 octobre 2018, soit quatre jours après la disparition de Jamal Khashoggi, un notable saoudien exilé aux États-Unis et devenu chroniqueur au Washington Post, qui n’est jamais ressorti de son consulat à Istanbul où il venait chercher des papiers administratifs, les autorités turques commencent à laisser filtrer des informations auprès de la presse indiquant que le journaliste a été tué dans l’enceinte diplomatique.

      Les jours suivants, la police et le gouvernement turcs distillent de plus en plus de preuves des agissements d’une équipe de tueurs saoudiens composée de proches du prince hériter Mohammed ben Salamane, qui aurait interrogé, torturé, puis découpé en morceaux la victime.

      Le 11 octobre, Ankara laisse entendre qu’elle possède un enregistrement audio de ce qui s’est déroulé à l’intérieur du consulat, qui ne laisserait aucune doute sur la culpabilité des Saoudiens.

      Le 10 novembre, le président turc Recep Tayyip Erdogan affirme que l’enregistrement a été fourni aux États-Unis, au Royaume-Uni, à la France, à l’Allemagne et au Canada.

      Pourtant, Jean-Yves Le Drian, ministre des affaires étrangères bien timide sur le dossier, nie le 12 novembre sur France 2 avoir eu connaissance de l’enregistrement. Et il ajoute : « Si le président turc a des informations à nous donner, il faut qu’il nous les donne », soulevant l’indignation des autorités turques.

      Après une longue enquête, Mediapart a obtenu la confirmation auprès de sept diplomates et fonctionnaires du renseignement français que le Quai d’Orsay, à son plus haut niveau, avait bien eu accès à ces enregistrements à la date où le ministre s’exprimait.

      L’hommage au maréchal Pétain (Florence Parly)

      À l’occasion des cent ans de l’Armistice, l’état-major des armées souhaitait organiser, « en présence du président de la République », un hommage aux huit maréchaux de la Grande Guerre, dont Philippe Pétain. Dans un premier temps, l’Élysée laisse passer cette option, qui se retrouve inscrite dans le programme officiel des célébrations.

      Mais face à l’ampleur de la polémique, l’hommage est finalement retiré in extremis. Ce qui n’empêche pas la ministre des armées Florence Parly de jurer au micro de BFM-TV que « l’État-major n’a jamais imaginé rendre hommage au maréchal Pétain », mais qu’il souhaitait uniquement « rendre hommage aux maréchaux qui sont aux Invalides ».

      Cette cérémonie était pourtant bel et bien prévue, comme l’a d’ailleurs confirmé l’Élysée à Mediapart. Et il n’y a pas de place pour le doute. Chaque étape de cette « itinérance mémorielle » avait été minutieusement préparée : les dossiers de presse sur le site de la Mission du centenaire et sur celui du ministère de l’éducation nationale ne faisaient pas mystère de la présence du président de la République.

      Pataugeant dans ses dénégations, Emmanuel Macron aura au passage jugé « légitime » de rendre hommage au maréchal Pétain, soulignant que le dirigeant du régime de Vichy avait été « pendant la Première Guerre mondiale un grand soldat », même s’il a « conduit des choix funestes » pendant la Seconde. Des déclarations qui ont fait bondir la plupart des historiens.

      Un paparazzi placé en garde à vue pour rien (l’Élysée)

      Le Palais n’a pas attendu les derniers mois pour diffuser des craques. Dès septembre 2017, l’Élysée fait fuiter dans Challenges une information censée montrer à quel point Emmanuel Macron est un président magnanime. « EXCLUSIF. Emmanuel Macron vient de décider d’abandonner ses poursuites judiciaires qu’il avait engagé [sic] contre un paparazzi. »

      La réalité est autre. Selon des informations obtenues à l’époque par Mediapart, s’il est mis un terme à cette affaire très médiatisée, c’est en fait parce que le parquet de Marseille a classé sans suite l’enquête préliminaire ouverte en août pour « harcèlement » et « atteinte à la vie privée ». La plainte de l’Élysée ne tenait pas la route : le photographe mis en cause, Thibaut Daliphard, n’avait commis aucun des délits que l’Élysée lui reprochait.

      Ce photographe avait été contrôlé une première fois par un officier de sécurité devant la résidence privée de Marseille où les époux Macron passaient quelques jours de vacances au mois d’août, et s’était vu répondre qu’il n’y aurait pas de possibilité de prendre des clichés ce jour-là.

      Le lendemain, l’Élysée venant de confirmer que le couple présidentiel y passait ses vacances, le photographe s’était présenté à nouveau devant la résidence pour aller aux nouvelles, sans appareil photo.

      Selon Thibaut Daliphard, il s’était alors heurté à un homme qu’il avait pris pour un policier et qui lui avait déclaré : « Je n’aime pas votre métier », « Ce que vous faites, c’est du harcèlement », puis « Je vais vous placer en garde à vue, je vais vous faire coffrer pour 48 heures ».

      Selon Thibaut Daliphard, alors qu’il attend les forces de l’ordre, son téléphone sonne. « Je décroche le téléphone, il me saute dessus, essaie de me l’arracher, je me débats, puis il me dit : vous êtes en garde à vue, vous n’avez pas le droit de téléphoner. » Puis arrivé au commissariat du VIIIe arrondissement de Marseille, le commissaire présent sur place lui aurait confié : « Je suis désolé, on me demande de vous placer en garde à vue. »

      Thibaut Daliphard restera six heures en cellule. Le matériel, la carte-mémoire et l’ordinateur de ce journaliste sont fouillés.

      Ce n’est qu’un an plus tard, à l’été 2018, que Thibaut Daliphard découvrira que l’homme qui l’a violenté n’était pas un policier. Mais Alexandre Benalla.

  • En Grande-Bretagne, l’incroyable détournement d’argent public qui aurait financé Al Qaida
    http://www.lefigaro.fr/conjoncture/en-grande-bretagne-l-incroyable-detournement-d-argent-public-qui-aurait-fin


    Le leader d’Al Qaida Oussama Ben Laden, quelques mois avant les attentats du 11 septembre 2001.
    HO/AFP

    Selon une enquête du Sunday Times, des gangs étrangers auraient organisé pendant plusieurs années une gigantesque fraude sociale et fiscale dans le pays, notamment pour financer Al Qaida. Plusieurs milliards de livres auraient été détournés. Et pendant toutes ces années, le fisc britannique se serait abstenu d’informer le MI5.
    […]
    Le Sunday Times évoque un gang aux ramifications à Londres et sa périphérie, à Birmingham, et dans le nord-ouest de l’Angleterre jusqu’en Écosse. Sur au moins décennies à partir du début des années 1990, l’organisation aurait monté différents types de fraudes. Une grande partie des bénéfices viendrait de détournements d’argent public (huit milliards de livres sterling), à l’aide de faux numéros de sécurité sociale (et exploitations de travailleurs non déclarés), de fraude aux allocations mais aussi de fraudes de grande ampleur comme la fraude carrousel à la TVA. Celle-ci aurait rapporté au moins 1 milliard de livres. Concernant le secteur privé, les compétences du réseau n’étaient pas moindres : ventes de contrefaçon, arnaque à l’assurance automobile, aux prêts immobiliers, aux cartes de crédits, etc.
    […]
    Le Sunday Times avance pourtant quelques hypothèses - déconcertantes - pour expliquer ce silence. Les escrocs auraient, d’après le journal, infiltré de nombreuses agences gouvernementales, et corrompu des politiciens pour protéger et assurer les détournements. Le journal cite ainsi des « milliers de livres » donnés au Parti Travailliste, qui gouvernait alors le pays. L’enquête interne du HRMC cite « de nombreux membres du gang impliqués dans des thinks tanks, et des cercles d’affaires, qui les mettaient en contact avec d’importants politiciens britanniques ». L’enquêteur dit même avoir « vu un membre du gang aux côtés de Tony Blair à au moins deux reprises, après la guerre en Irak ».

  • Demon Fuzz - Afreaka ! 1970 (FULL ALBUM) [Jazz/Progressive rock]
    https://www.youtube.com/watch?v=ayDDa0SnUuc

    Demon Fuzz est un groupe anglais des années 70, composé notamment d’émigrés jamaïcains.

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Demon_Fuzz

    Ils jouent d’abord de la musique soul, mais changent de style à la suite d’un voyage au Maroc décrit comme un mélange de funk, rock psychédélique, de jazz et de musique africaine.

    #musique #jazz #funk #rock #fusion #Demon_Fuzz #Angleterre #1970 #années_70
    @sinehebdo :)

  • L’#aide_au_développement peut-elle réguler l’immigration ?

    Moins de pays, davantage de financements privés et un accent plus fort mis sur la migration : le débat politique sur la réorientation de l’aide suisse au #développement commence en mai. #Fritz_Brugger, maître de conférences et conseiller en matière d’aide au développement, évoque les risques et les opportunités.

    swissinfo.ch : Le Conseil fédéral souhaite obtenir le soutien le plus large possible à l’orientation de l’aide suisse au développement au cours des quatre prochaines années. Pour la première fois, les politiciens et les groupes d’intérêt pourront s’exprimer à l’avance. L’aide au développement va-t-elle à l’avenir moins fâcher les esprits ?

    Fritz Brugger : Je crains que non... Jusqu’à présent, la discussion s’est principalement concentrée sur la question du niveau d’engagement de la Suisse, c’est-à-dire combien d’argent devrait aller à la coopération au développement. Cette situation est en train de changer avec la consultation prévue, qui se concentrera davantage sur des questions de contenu et d’instruments, qui étaient auparavant laissées aux experts.

    swissinfo.ch : Cela semble plutôt positif…

    F.B. : Un débat public sur le mandat actuel de la coopération suisse au développement est souhaitable, oui. Mais il y a un risque que des questions techniques soient politisées. En pleine année électorale, ce risque pourrait se confirmer. La coopération au développement est un effet un thème sur lequel les politiciens aiment bien s’écharper.

    swissinfo.ch : La coopération suisse au développement se concentre désormais sur quatre régions. Les intérêts de l’économie suisse devraient également être davantage pris en compte et l’aide au développement plus étroitement liée aux migrations. Ces mesures ont-elles un dénominateur commun ?

    F.B. : On peut constater que la coopération au développement se concentre davantage sur les intérêts à #court_terme de la Suisse. Jusqu’à présent, tout le monde reconnaissait qu’il était dans l’intérêt à long terme de la Suisse de lutter contre la #pauvreté. L’intérêt à court terme de la Suisse est désormais de limiter l’immigration. L’aide au développement doit ainsi être transformée en un instrument de gestion des migrations.

    swissinfo.ch : Qu’y a-t-il de mal à cela ?

    F.B. : Les recherches montrent que la coopération au développement ne réduit pas la migration à court terme. On ne peut pas se contenter de regarder les Syriens et les Érythréens qui viennent en ce moment en Suisse et orienter toute l’aide au développement en conséquence. Les raisons qui influencent la migration sont multiples.

    Cette approche, qui est axée sur l’intérêt personnel à court terme, comporte également le risque de passer d’une approche de long terme et fiable de la réduction de la pauvreté à des interventions à court terme. Selon le nombre de réfugiés et de migrants qui arrivent dans notre pays, la Suisse pourrait ainsi décider d’abandonner ou de poursuivre sa coopération au développement dans la région d’origine.

    swissinfo.ch : Quelles en seraient les conséquences ?

    F.B. : Le risque est de créer une contradiction interne, car l’argent investi pourrait ne pas avoir d’effet à long terme. En termes d’#efficacité, l’argent ne serait donc pas dépensé de manière optimale, ce qui donnerait lieu à des critiques justifiées. Les mesures de coopération au développement devraient surtout être examinées en fonction de leur impact.

    Le choix des acteurs et des instruments devrait également être fondé sur l’impact. Prenons l’appel en faveur d’un rôle accru pour le secteur privé : le secteur privé doit jouer un rôle dans tous les cas. L’ampleur de ce rôle devrait toutefois dépendre de comment et avec quel acteur il est possible d’obtenir l’impact le plus important.

    swissinfo.ch : Estimez-vous que la réduction de la pauvreté est l’objectif le plus menacé ?

    F.B. : Il y a un risque que certains instruments ou certaines questions dominent, sans tenir compte des tendances et des défis à long terme.

    Par exemple, on ne peut fondamentalement pas reprocher à la Suisse de vouloir réduire le nombre de pays qu’elle aide pour rassembler les forces. Cependant, il est important de garder à l’esprit que la géographie de la pauvreté – qui comprend non seulement le manque d’argent, mais qui se mesure aussi en termes de santé, de nutrition, d’accès à l’eau ou à l’éducation – a changé. Il y a de moins en moins de « pays pauvres », mais de nombreux pays dans lesquels des groupes de population de certaines régions vivent dans la pauvreté ou dans lesquelles la pauvreté est aggravée par une urbanisation rapide. De telles #inégalités présentent également un grand potentiel de tensions sociales.

    swissinfo.ch : La Suisse est-elle le seul pays à réorganiser sa coopération au développement et à se concentrer sur ses propres intérêts à court terme ?

    F.B. : Actuellement, les États servent de plus en plus leurs propres intérêts. Et la question des migrations domine le débat politique interne dans de nombreux pays. De ce point de vue, la discussion en Suisse s’inscrit dans une tendance générale.

    Au sein de l’Union Européenne (#UE), par exemple, il y a une pression considérable pour gérer la migration avec les fonds de la coopération au développement. Et en #Angleterre, le discours sur les intérêts de la politique nationale et étrangère comme celui du rôle de l’industrie dans la coopération au développement se poursuit également depuis plusieurs années.

    swissinfo.ch : L’aide suisse au développement est appréciée pour sa neutralité et sa fiabilité. Voyez-vous cette réputation menacée par la réorientation ?

    F.B. : La réputation de partenaire sincère que s’est forgé la Suisse n’est pas menacée. Le pays est trop petit pour apparaître comme un acteur politique de pouvoir. En ce qui concerne la fiabilité, je suis moins optimiste. Les pays partenaires de la Suisse apprécient notre pays parce qu’il tient ses promesses sur le long terme. Si l’allocation des fonds de coopération au développement dépend à l’avenir des mouvements migratoires actuels, nous compromettrons cette réputation. La fiabilité est indispensable dans les questions de développement si nous voulons avoir un impact. Elle ferait ainsi défaut.

    swissinfo.ch : Par rapport aux Etats-Unis ou à l’UE, par exemple, la Suisse n’est de toute façon qu’un acteur insignifiant de l’aide au développement…

    F. B. : Bien que la Suisse soit financièrement un petit acteur, elle sait se positionner. Jusqu’à présent, elle a réussi à trouver des niches dans lesquelles elle peut avoir un impact important par rapport à l’argent investi. Il ne serait pas prudent de mettre en péril ce rôle d’acteur de niche avec une orientation à plus long terme basée sur un prétendu intérêt personnel à court terme.

    https://www.swissinfo.ch/fre/politique/politique-de-d%C3%A9veloppement_l-aide-au-d%C3%A9veloppement-peut-elle-r%C3%A9guler-l-immigration--/44866002
    #migrations #asile #réfugiés #coopération_au_développement #Suisse #flux_migratoires #gestion_des_flux_migratoires #Europe #EU #UK

    Le changement de cap pour Brugger :

    Jusqu’à présent, tout le monde reconnaissait qu’il était dans l’intérêt à long terme de la Suisse de lutter contre la #pauvreté. L’intérêt à court terme de la Suisse est désormais de limiter l’immigration. L’aide au développement doit ainsi être transformée en un instrument de #gestion_des_migrations.

    voir métaliste :
    https://seenthis.net/messages/733358

    • Il nuovo aiuto allo sviluppo fa litigare Berna

      La consultazione facoltativa fa emergere tutti i punti controversi, dal ritiro dal Sudamerica al budget ’insufficiente’

      Legami tra aiuto allo sviluppo e migrazione, ammontare dei fondi investiti, ritiro dall’America latina: sono alcuni dei punti che hanno fatto maggiormente discutere nel corso della procedura di consultazione sull’orientamento da dare all’aiuto allo sviluppo elvetico nei prossimi anni.

      È la prima volta che le grandi linee della cooperazione internazionale vengono sottoposte a procedura di consultazione facoltativa. Il progetto prevede che gli aiuti tengano maggiormente conto degli interessi della Svizzera, in particolare in materia di politica migratoria.

      Per il PLR, è positivo che venga dato maggior peso alla migrazione. Il partito si aspetta ora che queste intenzioni si concretizzino. Oltre a rafforzare il dialogo e i partenariati in materia, occorre adoperarsi per concludere nuovi accordi di riammissione, ha sottolineato.

      PS e Caritas apprezzano dal canto loro il fatto che il legame tra aiuti e migrazione non sia soggetto a condizioni rigorose. I socialisti deplorano però che collegando questi due aspetti venga ridotta l’interazione complessa tra cooperazione e migrazione con il solo scopo di ridurre gli arrivi.

      Analogo il punto di vista della Croce Rossa Svizzera, per la quale la Confederazione deve utilizzare l’aiuto umanitario e i meccanismi di cooperazione allo sviluppo per ridurre la povertà, non per promuovere la politica migratoria.

      Per il periodo dal 2021 al 2024, il progetto prevede un budget di 11,37 miliardi, una somma ritenuta «insufficiente» dalle organizzazioni attive nell’aiuto allo sviluppo e dal PS. Ciò corrisponde allo 0,45% del reddito nazionale lordo (RNL) della Svizzera. Il Parlamento ha fissato quale obiettivo di dedicare lo 0,5% del RNL e il Consiglio federale si è impegnato ad aumentare questa quota allo 0,7%, come previsto dall’Agenda 2030, ricorda in particolare Swissaid.

      Il PLR indica dal canto suo che si pronuncerà ulteriormente sulla percentuale da destinare all’aiuto allo sviluppo, quando il messaggio sarà definitivo. Il partito del consigliere federale Ignazio Cassis sottolinea tuttavia che, oltre a un rigido obiettivo, è determinante l’efficacia con la quale i mezzi sono utilizzati.

      Diversi attori consultati ritengono che gli obiettivi siano formulati in modo troppo vago. La creazione della crescita economica sul posto deve essere la principale priorità, rileva il PLR.

      Per Unione sindacale svizzera, Alliance Sud, Swissaid, PS, Croce Rossa Svizzera e Accademia svizzera delle scienze naturali, gli obiettivi della cooperazione elvetica dovrebbero allinearsi a quelli dell’Agenda 2030 delle Nazioni Unite, ciò che implica in primis la riduzione della povertà.

      Per raggiungere tali scopi, non basta limitarsi alla cooperazione internazionale. La politica svizzera deve migliorare la sua coerenza in ogni dipartimento, in particolare nei settori della politica commerciale, fiscale e finanziaria. Tale esigenza deve essere esplicitamente menzionata, chiedono Alliance Sud, PS e USS.

      Il progetto prevede un riorientamento dell’aiuto internazionale elvetico su quattro regioni e 34 Paesi prioritari anziché su sei e 46 come avviene attualmente. Di conseguenza, la Svizzera si disimpegnerà progressivamente dall’America latina entro il 2024.

      Secondo il DFAE, tale concentrazione è necessaria. La politica in materia di sviluppo deve essere realistica e, affinché abbia un effetto tangibile, i fondi devono essere utilizzati in maniera mirata, scrive il PLR.

      Swissaid ritiene invece che viste le difficoltà politiche in questa regione, una partenza pura e semplice dell’aiuto svizzero «avrebbe conseguenze disastrose per le popolazioni locali».

      Caritas si mostra dal canto suo preoccupata per le sorti di Haiti. Tale Paese «dovrebbe essere considerato come un caso particolare».

      https://www.laregione.ch/svizzera/svizzera/1387562/il-nuovo-aiuto-allo-sviluppo-fa-litigare-berna

    • Une coopération au développement recentrée sur la Suisse

      En Suisse, le Conseil fédéral définit tous les quatre ans sa stratégie de coopération internationale. Pour la période 2021–2024, il souhaite fixer de nouvelles priorités. Ainsi, outre la lutte contre la pauvreté, les intérêts de l’économie et ceux liés à la politique migratoire et sécuritaire de la Suisse devront être davantage pris en considération lors du choix des pays et des programmes. « En vertu de son économie ouverte et très mondialisée, la Suisse dépend d’un ordre international stable », explique le ministre des Affaires étrangères, #Ignazio_Cassis (PLR), à la « Revue Suisse ». La Confédération a intérêt à ce que les principes de l’état de droit se renforcent dans les pays en voie de développement, d’une part pour la population locale, « d’autre part parce que ces pays constituent de futurs marchés ». Le conseiller fédéral poursuit en disant que la Suisse a intérêt « à s’attaquer aux causes de la migration irrégulière et forcée ».

      Concernant la politique migratoire, le Conseil fédéral veut cependant renoncer à faire dépendre l’aide au développement de la coopération d’un pays – par exemple pour le retour de refugiés renvoyés – comme l’exige l’UDC. L’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) ainsi que les œuvres d’entraide ont pris position contre cette conditionnalité. Au printemps 2019, le Comité d’aide au développement (CAD) de l’OCDE a insisté sur le fait que l’aide suisse au développement devait se focaliser sur les besoins des pays partenaires, et non se mettre au service de la lutte contre la migration irrégulière.

      https://www.revue.ch/fr/editions/2020/01/detail/news/detail/News/une-cooperation-au-developpement-recentree-sur-la-suisse-1

      #root_causes

  • BREAKING : Assange vas être arrêté dans les heures ou les jours qui viennent selon WikiLeaks
    https://www.crashdebug.fr/informatik/93-securite/15878-breaking-assange-vas-etre-arrete-dans-les-heures-ou-les-jours-qui-v

    Scène devant l’ambassade de Londres à 4h30 vendredi matin. (Ruptly/YouTube capture d’écran)

    WikiLeaks a cité une source gouvernementale équatorienne "de haut niveau" affirmant que Julian Assange pourrait être expulsé prochainement de l’ambassade de l’Equateur à Londres et que Quito a un accord avec le Royaume-Uni pour l’arrêter.

    Par Joe Lauria

    Spécial aux Nouvelles du Consortium

    WikiLeaks a averti jeudi que son fondateur "sera expulsé de l’ambassade de l’Equateur à Londres dans un délai de quelques heures à quelques jours" et que l’Equateur a un accord avec la Grande-Bretagne pour le faire arrêter.

    Le président Lénine Moreno utilisera le prétexte d’un scandale engloutissant sa présidence pour évincer Assange, a déclaré à WikiLeaks une " (...)

    #En_vedette #Sécurité #Actualités_Informatiques

  • #Deûlémont : un commerçant de bateaux incarcéré pour avoir vendu des embarcations à des migrants

    Un #concessionnaire de bateaux basé à Deûlémont dans la métropole lilloise a été placé en #détention, dans l’attente de son jugement le 2 mai prochain, pour avoir vendu des embarcations à des migrants. Dans ce même dossier, un #chauffeur_de_taxi est également incarcéré.

    Le gérant d’une société de commerce de bateaux de Deûlémont a été placé en détention vendredi 22 mars, sur décision du tribunal correctionnel de Boulogne-sur-Mer, dans l’attente de son jugement le 2 mai prochain pour « aide aux migrants en bande organisée ». Une information de La Voix du Nord confirmée par le parquet de Boulogne et par l’avocat du prévenu, Me Mathieu Masse.

    Il est reproché à l’entrepreneur d’avoir depuis début octobre vendu plusieurs #bateaux_pneumatiques (semi-rigides, d’une valeur d’une dizaine de milliers d’euros) à des réseaux de migrants en vue de traverser la #Manche.

    Mesure « extrêmement coercitive »

    Me Masse a d’ores et déjà fait une demande de remise en liberté de son client, jugeant son incarcération « extrêmmement coercitive et complètement injustifiée ».

    « Le fait d’avoir vendu des bateaux ne fait pas de lui quelqu’un qui a aidé les migrants à traverser la Manche. Il fait juste du commerce et ça le met dans une situation catastrophique », plaide l’avocat. « On ne peut pas poursuivre un concessionnaire de voitures pour avoir vendu un bolide qui plus tard servirait à du trafic de drogues », poursuit-il.

    Dans ce dossier, un chauffeur de taxi a également été placé sous mandat de dépôt, accusé d’avoir transporté des migrants sur les plages d’où sont parties des embarcations pour l’Angleterre. Me Masse conteste par ailleurs la qualification de « #bande_organisée » : « En réalité ce sont deux personnes qui sont prévenues, un chauffeur de taxi et un vendeur de pneumatiques, mais il n’y a ni migrant, ni passeur. Pourquoi il n’y a que deux personnes ? » s’interroge-t-il.

    Selon lui, le parquet de Boulogne avait requis à l’encontre du patron de Fluvyalis un simple placement sous contrôle judiciaire dans l’attente de l’audience qui a été reportée à début mai.

    https://france3-regions.francetvinfo.fr/hauts-de-france/nord-0/lille-metropole/deulemont-commercant-bateaux-incarcere-avoir-vendu-emba
    #commerce #bateaux #migrations #réfugiés #frontières #criminalisation #France #justice #passeurs
    #it_has_begun

    via @isskein

  • Outil pour une #répartition plus équitable des réfugié·e·s en Europe

    L’#accueil de personnes réfugiées peut se révéler très positif à long terme pour une société sur le plan démographique et économique, mais il est très coûteux pour l’Etat social durant les premières années de séjour et suscite de violents débats politiques. Au cours des dernières décennies, les pays d’Europe ont donc, à quelques exceptions près, tout fait pour laisser la #responsabilité de l’accueil à leurs voisins.

    Quelle serait une #répartition_équitable de cette #responsabilité ? Certains ont mis en avant la taille du pays, d’autres sa richesse ou un faible taux de chômage. Grâce à un nouvel outil cartographique développé par #Andreas_Perret, data manager du « nccr – on the move », le Pôle de recherche national (PRN) consacré aux études sur la migration et la mobilité de l’Université de Neuchâtel, sur la base de mon étude de 2014, il est désormais possible de choisir et de pondérer les critères de répartition sur la période 2008-2018. Il s’agit d’une base de réflexion fondamentale dont on espère qu’elle stimulera les Etats à coopérer.

    Une première série de cartes permet de comparer l’effectif de demandeurs·euses d’asile reçu·e·s (représenté par un demi-cercle rouge) avec l’effectif « équitable » en proportion de différents critères (autre moitié du cercle, en gris).

    Ainsi, compte tenu de sa population en 2018 (1.6% de l’UE+AELE), la Suisse a reçu « trop » de demandeurs·euses d’asile (2.3%, soit 15’160 au lieu de 10’386) tout comme l’Allemagne, le Luxembourg, la Belgique, la France, la Suède et surtout la Grèce (66’965 au lieu de 13’615 !), tandis que le Portugal, la Norvège, Le Danemark, le Royaume-Uni et tous les pays de l’Est n’en ont pas reçu « assez ». Compte tenu de son produit intérieur brut (PIB) qui pèse 3.72% de celui de l’UE+, la Suisse aurait, par contre, dû accueillir nettement plus de personnes (24’418). Les mêmes simulations peuvent être effectuées en fonction de la surface géographique et du taux de chômage (proportion inverse) ou d’une combinaison de critères. Si l’on adopte la pondération suggérée dans un rapport de la fondation Mercator (Angenendt et al.), soit 40% pour le PIB et la population et 10% pour le chômage et la surface, on observe que la Suisse reçoit une proportion assez équilibrée des demandeurs·euses d’asile en 2017 et 2018. En 2016 par contre, en pleine crise syrienne, elle aurait « dû » accueillir plus de demandes, surtout en comparaison de l’Allemagne.

    Débat politique informé à l’aide de simulations cartographiques

    La deuxième série de cartes (#Choroplèthe) permet d’identifier en un coup d’œil les pays qui devraient recevoir plus (en rouge) ou moins (en vert) de demandeurs·euses d’asile.

    Un tableau de synthèse (Heat) permet de suivre l’évolution entre 2008 et 2018. Il en ressort – toujours avec la pondération « Mercator » – que si certains pays sont chroniquement « trop peu accueillants » (pays de l’Est européen, Portugal, Espagne, Irlande, Luxembourg, Royaume-Uni), d’autres comme la Suisse, la Grèce et la France ont alterné des périodes d’ouverture et de fermeture. L’Allemagne, la Suède, l’Autriche et la Belgique sont les pays qui ont le plus souvent été aux avant-postes de l’accueil.

    Les cartes n’apportent pas de réponses directes à la question d’une répartition « équitable ». Elles ne donnent pas non plus de réponses à la question des #critères à utiliser ni du nombre total de personnes qui devraient être accueillies. En permettant d’effectuer des simulations, elles ont pour ambition de faciliter un débat politique informé visant à faire progresser l’indispensable #harmonisation des politiques d’accueil à l’échelle du continent européen.

    Note : Exemple pas à pas pour créer une carte : dans le volet « Symbolic » choisir l’année 2018 et affecter un poids de 100% à l’effet de la surface : la carte présentée donne en demi-cercle rouge le nombre effectif de demandes d’asile reçues et en gris le nombre qu’un pays aurait dû recevoir compte tenu de sa taille (surface) par rapport à la surface totale de l’UE+. Pour la France, on compte 119’190 demandes d’asile effectives en 2018, mais la France occupe 11% du territoire ce qui correspond à 73’370 demandes d’asile (11% du total). La France a donc reçu « trop » de demandes d’asile si l’on prend la surface comme unique clé de répartition. En choisissant une autre pondération on peut combiner l’effet de la population, du chômage, du PIB et de la surface.

    https://blog.nccr-onthemove.ch/outil-pour-une-repartition-plus-equitable-des-refugie%c2%b7e%c2%b7s-en-europe/?lang=fr
    #cartographie #visualisation #équité
    #asile #migrations #réfugiés #Europe #quotas #coopération #pondération #statistiques #chiffres

    #Simulation interactive :
    https://public.tableau.com/profile/nccr.on.the.move#!/vizhome/FairShare_0/Symbolic
    #carte_interactive

    –--------------------

    –-> Petit commentaire (mais qui, évidemment, me semble indispensable pour une réforme du droit d’asile européen) :
    Mais... aucune référence est faite sur les besoins, envies, projets et aspirations des demandeurs et demandeuses d’asile !!!!!
    Les demandeurs d’asile sont considérés comme des paquets interchangeables qu’un bureau central pourrait envoyer à droite et à gauches selon son besoin et le besoin des petits bureaux situés sur le territoire européen... la poste, quoi !
    Il n’y a pas du tout l’idée de #matching entre les besoins et nécessités du pays et ceux des personnes concernées...

    ping @karine4 @isskein

    #paquets_de_la_poste

  • https://www.novethic.fr/actualite/environnement/agriculture/isr-rse/les-frites-sont-de-plus-en-plus-courtes-a-cause-du-rechauffement-climatique

    Marina Fabre - 2019-03-15

    Les frites sont de plus en plus courtes à cause du réchauffement climatique
    Non ce n’est pas une technique commerciale des géants des fast-food. Selon une étude publiée par 130 ONG, au Royaume-Uni, les frites auraient perdu trois centimètres en 2018 à cause du réchauffement climatique et de la période de sécheresse de cet été. La France, deuxième producteur européen, n’est pas épargnée par le phénomène.

    C’est une information insolite, mais qui n’est pourtant pas si anodine. Selon un rapport publié par The Climate Coalition qui regroupe 130 ONG travaillant sur l’environnement, les frites britanniques ont perdu en moyenne trois centimètres en 2018. En cause : le réchauffement climatique.

    Les pommes de terre sont plus petites et difformes

    Les Britanniques ont enregistré des records de températures durant l’été 2018 avec, à certains endroits, une absence de pluie pendant près de deux mois. Ce manque d’eau a provoqué la quatrième plus mauvaise récolte de pommes de terre depuis les 60 dernières années.

    « Le réchauffement climatique pourrait rendre trois quarts des terres agricoles britanniques impropres à la culture d’ici à 2050 », alertent même les ONG. « Les rendements ont baissé de 20 à 25 % », témoigne au Guardian Richard Thompson un producteur de pommes de terre dans le Staffordshire, « Nous avons également eu des problèmes de qualité avec beaucoup de pommes de terre difformes et petites. Je vais réduire ma superficie l’année prochaine parce que je ne peux pas me permettre de prendre le risque ».

    En France, les cornets de frites perdent 30 grammes

    Et les Britanniques ne sont pas les seuls concernés. En France et en Belgique, respectivement les deuxième et quatrième pays producteurs d’Europe, les chaînes de fast-food et les industriels de la pomme de terre ont prévenu les consommateurs dès cet été. « Avec des pommes de terre de plus petit calibre, les frites seront légèrement plus courtes », admet dans le Parisien Nicolas Schmitt, responsable marketing retail France de McCain. McDonald’s pourrait même alléger son cornet de frites, le faisant passer de 150 grammes à 120 grammes.

    Et les récoltes ne risquent pas de s’améliorer en 2019. Selon plusieurs scientifiques, l’année en cours pourrait devenir la plus chaude depuis que les températures sont enregistrées. En cause, un problème phénomène El Nino associé au réchauffement climatique. Un record qui pourrait multiplier et intensifier les évènements extrêmes comme les sécheresses et canicules. Dans l’Hexagone, 2018 a déjà été classée par Météo France comme année la plus chaude depuis le début des mesures en 1900.

    Marina Fabre
    2019-03-15

  • Elsevier : un écart salarial de 40% entre les femmes et les hommes
    https://www.actualitte.com/article/monde-edition/elsevier-un-ecart-salarial-de-40-entre-les-femmes-et-les-hommes/94108?origin=newsletter

    L’argumentation d’Elsevier est touchante : c’est justement ça le problème : pas de femmes aux postes de responsabilité. Mais ils ne veulent pas entendre... Brotopia !

    En vertu de The Equality Act de 2010 au Royaume-Uni, les sociétés qui emploient plus de 250 personnes sont tenues de publier les chiffres sur les écarts de rémunérations entre leurs employés femmes et hommes. Le groupe éditorial Elsevier, qui emploie environ 1300 personnes en Grande-Bretagne, a donc publié ses données. Et l’écart salarial atteint près de 40 %...

    Elsevier a récemment publié un bilan sur les écarts de rémunérations entre ses employés femmes et hommes sur l’année 2018. Et les chiffres révèlent que les femmes employées par l’entreprise britannique sont payées en moyenne 27,5 % de moins que les hommes, pour un écart de salaire médian allant jusqu’à 39,4 %.

    Pour expliquer ces différences, le groupe éditorial s’appuie sur la répartition inégale des postes au sein de l’entreprise. « L’écart salarial chez Elsevier Limited s’explique par le fait que beaucoup plus d’hommes que de femmes ont des fonctions plus haut placées et gagnent donc un salaire plus important. » En effet, 76,9 % des salariés à occuper un poste important, et donc mieux rémunéré sont des hommes.

    Ainsi, si l’on calcule les écarts salariaux selon les quartiles, ces derniers ne dépassent pas les 6,5 %.

    Autre donnée et non des moindres, celle des différences portant sur les primes bonus. Les salariés qui en reçoivent le plus sont les hommes, sans surprise, à 60,8 %. De plus, les hommes recevraient en moyenne une somme annuelle de 17,8 % plus élevée que celles des femmes, pour un écart de prime médian allant jusqu’à 29,3 %.

    Une donnée que le groupe tient à expliquer : « Les statistiques sur l’écart de rémunération des primes s’expliquent par le fait que les hommes occupent davantage de postes plus élevés que les femmes, et que ce sont ces postes-ci qui sont les plus susceptibles de recevoir des primes, liées à la performance (commissions de ventes, primes trimestrielles). »
    ​​​​​​​
    La British Library réduit l’écart
    salarial entre hommes et femmes

    Mais pas de panique, Elsevier a mentionné dans le rapport qu’il mettrait en place des actions pour réduire cet écart, comme célébrer la Journée internationale des droits des femmes le 8 mars...

    Par rapport à l’année dernière, on peut noter une petite réduction de l’écart salarial au sein du groupe éditorial. En effet, sur l’année 2017, l’écart médian s’échelonnait à 40,4 %. Celui des primes bonus connaît, lui, une plus grande baisse puisque l’année dernière, il s’élevait à 47,5 % contre 29,3 % sur l’année 2018.

    #Féminisme #Inégalité #Elsevier

  • Brexit : May soumettra de nouveau l’accord aux députés britanniques vendredi
    https://www.crashdebug.fr/international/15842-brexit-may-soumettra-de-nouveau-l-accord-aux-deputes-britanniques-v

    UNION EUROPÉENNE Si l’accord de Theresa May est adopté cette semaine, la date du Brexit sera repoussée jusqu’au 22 mai, mais s’il est rejeté, Londres aura jusqu’au 12 avril pour présenter une alternative et demander un nouveau report, sous peine de sortie de l’Union européenne sans accord

    Theresa May, chef du gouvernement britannique, à la Chambre des Communes le 27 mars 2019, à Londres. —

    CHINE NOUVELLE/SIPA

    Le gouvernement britannique a annoncé ce jeudi qu’il présenterait une troisième fois vendredi son accord de Brexit aux députés, au lendemain d’une nouvelle journée dramatique qui a vu Theresa May offrir sa démission et montré un parlement inapte à s’entendre sur une autre voie à suivre.

    « Une motion sur le retrait du Royaume-Uni de l’Union européenne sera présentée vendredi », a annoncé la ministre (...)

    #En_vedette #Actualités_internationales #Actualités_Internationales

  • Brexit : le chantage scandaleux de l’Union Européenne – La Chronique Éco
    https://lemediapresse.fr/economie/brexit-le-chantage-scandaleux-de-lunion-europeenne-la-chronique-eco

    Au Royaume-Uni, la situation reste complexe. Le Parlement britannique se réunit pour discuter des propositions alternatives à l’accord de Theresa May, qui prévoit que le pays sorte de l’Union Européenne. Les explications de l’économiste atterré Henri Sterdyniak, dans ce nouvel épisode de la Chronique Éco. Le 23 juin 2016, les Britanniques ont choisi de quitter […]

    #Économie

  • Les Yéménites oubliés

    Parmi les quelque deux cent mille personnes qui ont fui le Yémen, quinze mille se trouvent en #Jordanie où elles bénéficient d’une aide dérisoire. La Chaîne du bonheur récolte ce jeudi des dons pour le Yémen.

    Dans la difficulté, ils se sont regroupés. A Amman, la capitale de la Jordanie, les réfugiés yéménites fréquentent les mêmes restaurants, les mêmes mosquées et les mêmes commerces. « Nous nous entraidons parce que nous sommes loin de chez nous. Ce restaurant nous nourrit gratuitement », se réjouit Tahar*, un Yéménite de 47 ans, assis sur les tapis élimés d’un établissement d’Al Baladiyah, un quartier nord d’Amman. Il a fui le Yémen en 2011. Il y est revenu à plusieurs reprises mais a finalement décidé de rester en Jordanie, loin de sa femme et de ses enfants. Ayant servi dans l’armée de son pays, Tahar craint d’être pris pour cible par les forces houthis s’il s’établissait à nouveau au Yémen.

    Environ 15’000 Yéménites ont été enregistrés par le Haut Commissariat aux réfugiés (HCR) en Jordanie, dont le tiers l’an dernier. Comme Tahar, la plupart sont des hommes venus seuls et ils vivent à Amman. Officiellement, beaucoup sont arrivés en Jordanie pour suivre un traitement médical ou faire du tourisme. Puis ils y sont restés afin d’obtenir le statut de réfugié. Chaque année, à l’approche de l’hiver, le HCR leur verse une aide financière. Douze mille cinq cents personnes en ont bénéficié l’an dernier. « Le montant se situe autour de 270 dinars [380 francs] et varie selon le nombre de personnes dans le foyer », détaille Mohammad, un autre réfugié assis à la même table que Tahar.
    Coûteux permis de travail

    Cette somme ne suffit pas à couvrir les besoins annuels d’un foyer dans un pays comme la Jordanie où les prix des produits de première nécessité et les loyers sont élevés. Les réfugiés yéménites doivent donc travailler. « Chaque fois que je trouve un emploi dans un restaurant, on me demande mon permis de travail. Et sans ce document, on m’engage rarement », regrette Mansour, 39 ans, un habitué du restaurant d’Al Baladiyah.

    En théorie, Tahar, Mohammad et Mansour peuvent obtenir un permis de travail. Mais dans les faits, le sésame leur est difficilement accessible puisqu’il coûte entre 500 et 600 dinars, soit 700 à 850 francs, selon le secteur d’activité. S’il parvenait à économiser, Mansour affirme qu’il enverrait le peu qu’il aurait réussi à épargner à sa famille restée au Yémen. Il ne verserait pas ce précieux pécule au Ministère jordanien du travail.

    Dans ces conditions, ces réfugiés n’ont d’autre choix que de vivre au crochet des autres et de travailler illégalement quand l’opportunité se présente. Mansour exerce occasionnellement dans des restaurants. « Je regarde alors souvent autour de moi pour vérifier que des contrôleurs du Ministère du travail ne sont pas dans les environs. Ils sont déjà venus sur mon lieu de travail et j’ai dû m’enfuir », se souvient-il. En cas d’interpellation, le Ministère assure qu’il n’expulse pas le travailleur yéménite – qu’il ait le statut de réfugié ou pas – et qu’il se contente d’un rappel à la loi à l’employeur, voire d’une amende si ce dernier récidive. Cela dissuade bien sûr les patrons d’engager des Yéménites. « Après une courte période d’activité, on me remercie, relate Mansour. La Jordanie donne en fait la priorité à ses ressortissants sur le marché du travail. »
    Syriens oui, Yéménites non

    Cette préférence nationale s’explique par le haut niveau de chômage. Officiellement, 19% de la population active est à la recherche d’un emploi en Jordanie. Mais cette mise à l’écart des Yéménites interroge, dans la mesure où d’autres réfugiés, bien plus nombreux, peuvent obtenir gratuitement un permis de travail. Plus d’un million de Syriens, soit 10% de la population en Jordanie, peuvent exercer librement dans différents secteurs d’activité, comme l’agriculture, l’hôtellerie et la construction. Pourquoi pas les Yéménites ? « Nous traitons les Syriens comme des réfugiés, pas les Yéménites, justifie Mohammad Alkhateeb, porte-parole du Ministère jordanien du travail. Officiellement, ils sont venus chez nous en visite, pas en tant que réfugiés. » La reconnaissance de leur statut par le HCR n’a pas infléchi la position gouvernementale à ce sujet.

    Le fonctionnaire reconnaît qu’ils ne sont pas traités à égalité avec les Syriens. « Peut-être que personne n’écoute leur voix parce qu’ils ne sont pas plus de 15’000 », se hasarde-t-il. Le gouvernement jordanien peut décider de rendre gratuit le permis de travail pour certains ressortissants. Interrogés sur leurs intentions, le bureau du premier ministre, Omar Razzaz, ainsi que le Ministère jordanien des affaires étrangères n’ont pas donné suite aux sollicitations du Courrier.
    Une politique internationale

    La précarité des Yéménites s’explique aussi par la politique discriminatoire des bailleurs de fonds qui financent l’aide humanitaire au Moyen-Orient. Beaucoup se détournent de la crise yéménite, qui a fait moins de réfugiés que le conflit syrien, et dont les victimes sont donc moins visibles. De fait, la presse internationale a longtemps ignoré la guerre au Yémen. De son côté, le HCR souhaite soutenir les réfugiés en Jordanie sans condition de nationalité.

    « Mais cette approche est de plus en plus difficile à tenir car nos financements sont souvent assignés à la crise syrienne, analyse Lilly Carlisle, porte-parole du HCR à Amman. Nous ne pouvons donc pas dépenser cet argent pour des populations qui ne sont pas syriennes. » Pour le moment, seul 1% des besoins du HCR pour les réfugiés non syriens de Jordanie est financé pour cette année, notamment grâce à des contributions des Pays-Bas.

    Sans emploi stable et sans perspective intéressante en Jordanie, beaucoup espèrent se réinstaller dans des pays tiers. Les offres d’accueil sont rarissimes. « En 2018, onze réfugiés yéménites de Jordanie sont partis vivre au Royaume-Uni, trois au Canada et un aux Pays-Bas », reprend Lilly Carlisle, qui regrette la priorité donnée sur ce dossier à certaines nationalités, et le préjudice subi par d’autres. Quatre mille cinq cents Syriens aujourd’hui établis en Jordanie devraient être relocalisés dans des pays développés en 2019.

    Reste l’éventualité du retour au pays, une option fort périlleuse, que considère Zohra. Cette grand-mère yéménite ne parvient plus à payer son loyer à Amman. Elle craint d’être expulsée. « Je vais mourir ici, se lamente-t-elle dans un sanglot. Alors autant rentrer dans mon pays. Et je mourrai là-bas. »


    https://lecourrier.ch/2019/03/27/les-yemenites-oublies
    #réfugiés_yéménites #discriminations #catégorisation #tri #réfugiés_syriens #asile #migrations #réfugiés #urban_refugees #réfugiés_urbains #Amman #travail

  • Une série de textes sur le mouvement des #Gilets_jaunes publiés par la revue Temps critiques

    Sur le mouvement des Gilets jaunes
    http://tempscritiques.free.fr/spip.php?article386

    Sur cette révolte en général et sur celle des Gilets jaunes en particulier
    http://tempscritiques.free.fr/spip.php?article387

    Une tenue jaune qui fait communauté
    http://tempscritiques.free.fr/spip.php?article392

    Ce qui dure dans la lutte des Gilets jaunes
    http://tempscritiques.free.fr/spip.php?article393

    L’envie de Révolution française des Gilets jaunes
    http://tempscritiques.free.fr/spip.php?article395

    Gilets jaunes : « une République du genre humain »
    http://tempscritiques.free.fr/spip.php?article398

    Gilets jaunes : Sur la ligne de crête
    http://tempscritiques.free.fr/spip.php?article399

    (...) Si le mou­ve­ment des Gilets jaunes ne se définit pas par ce qu’il n’est pas (antisémite, anti-migrant, sexiste, homo­phobe), ce qui serait se mettre dans la contre-dépen­dance des atta­ques de ses enne­mis ou des médias, il ne se définit pas non plus par ce qu’il est. Comme dans tout mou­ve­ment qui possède une vérita­ble dyna­mi­que propre, des cli­va­ges présentés comme une réalité incontour­na­ble par l’État, les socio­lo­gues et les médias, n’en sont plus pour lui. Pour « les gens d’en bas » qui se soulèvent contre l’ordre des domi­nants, les frac­tion­ne­ments entre « quar­tiers sen­si­bles » et com­mu­nes périur­bai­nes sont rela­ti­visés lors­que les lycéens de Mantes-la-Jolie mon­trent qu’en ban­lieue aussi la survie n’est plus sup­por­ta­ble ; frac­tion­ne­ment réduit entre assistés et chômeurs ciblés par la phrase assas­sine de Macron « il n’y a qu’à tra­ver­ser la rue pour trou­ver un emploi » puis­que de nom­breux chômeurs, présents sur les ronds-points, dévelop­pent soli­da­rité et convi­via­lité ; frac­tion­ne­ment effacé entre tra­vailleurs pau­vres (l’emploi n’est plus gage de vie décente) et petits salariés, arti­sans ou auto-entre­pre­neurs.
    3 Par sa dyna­mi­que propre, par l’action directe, le mou­ve­ment des Gilets jaunes a réfuté pra­ti­que­ment les repro­ches idéolo­gi­ques que lui adres­sent abs­trai­te­ment les milieux poli­tico-média­ti­ques domi­nants.
    4 Au sein d’une frange de la popu­la­tion, qui n’a pas tou­jours été la plus active dans les mou­ve­ments sociaux précédents, parce qu’elle a à la fois voulu et subi les pro­ces­sus d’indi­vi­dua­li­sa­tion, se fait jour la bonne vieille idée redécou­verte dans chaque lutte d’impor­tance, celle que le pou­voir divise pour mieux régner. Mais force est de reconnaître qu’après trois mois de lutte, ces avancées poli­ti­ques sont insuf­fi­san­tes. En effet, alors qu’il a aussi connu une cer­taine matu­ra­tion dans le dis­cer­ne­ment de ses objec­tifs (de la lutte anti­fis­cale à la lutte pour la jus­tice sociale, par exem­ple), le mou­ve­ment ne par­vient tou­jours pas à vérita­ble­ment se définir. Cela nuit non seu­le­ment à son exten­sion vers les marges de sym­pa­thi­sants hésitants, mais rend abs­traite l’idée sou­vent mal com­prise à l’extérieur du « Tous Gilets jaunes » puis­que sans défini­tion plus précise de ce qu’il est, toutes ces fran­ges pro­ches devraient l’intégrer et, à l’inverse, au nom de qui ou à partir de quel prin­cipe pour­rait-il dire : « non, vous, vous n’êtes pas Gilets jaunes » ? Ni l‘appel de l’assemblée des assemblées à Commercy ni les com­mu­niqués du groupe Gilets jaunes Lyon-centre n’ont réussi à lever cette équi­vo­que par rap­port, par exem­ple, à la présence de l’extrême droite à l’intérieur du mou­ve­ment.

    C’est que la #com­mu­nauté_de_lutte pose comme première valeur poli­ti­que la #soli­da­rité dans le désac­cord, c’est-à-dire l’inverse de l’appréhen­sion tra­di­tion­nelle de la poli­ti­que, y com­pris à l’extrême gauche qui, quant à elle, pose au contraire le désac­cord comme prin­cipe pre­mier et « ligne » de par­tage. Cette dis­po­si­tion première, en faveur de la com­mu­nauté de lutte et de la soli­da­rité qui en découle, amène le mou­ve­ment à ne pas abor­der ou à reléguer au second plan « les sujets qui fâchent ». Ne pas trop en dire pour pou­voir conti­nuer à se dire les choses. Ainsi, alors que les Gilets jaunes par­lent beau­coup de votes et les uti­li­sent pour pren­dre des décisions, alors que nom­breux sont ceux qui, parmi eux, met­tent en avant le vote par RIC, la ques­tion du droit de vote n’est abso­lu­ment pas abordée, car elle frac­tion­ne­rait la soli­da­rité des Gilets jaunes à partir du moment où il fau­drait pren­dre une posi­tion sur le qui est citoyen et sur­tout qui ne l’est pas, au risque du désac­cord.

    Dans les AG, il est ainsi sou­vent néces­saire d’inter­ve­nir déjà pour faire cor­ri­ger l’appel­la­tion « assemblée citoyenne » sou­vent utilisée dans les assemblées issues de ronds-points pour coor­don­ner action et réflexion entre com­mu­nes périur­bai­nes. Car le flou per­siste sou­vent sur les contours de la citoyen­neté d’autant que dans ces actions, les Gilets jaunes n’hésitent pas à faire appel à des salles de mairie et à y accep­ter des élus muni­ci­paux ou même des députés, ce qui fait qu’on a par­fois du mal à dis­tin­guer ces débats du « Grand débat ».

    Ce n’est peut-être qu’un pis-aller, mais en l’état actuel des choses la notion « d’assemblée popu­laire » utilisée dans les assemblées de Commercy et celles (plus urbai­nes) qui les ont rejoin­tes reste dans le vague. Malgré tout, cette dénomi­na­tion d’assemblée popu­laire prête moins à confu­sion tout en étant fort para­doxale. En effet, les « assemblées citoyen­nes » sont d’une com­po­si­tion sociale bien plus popu­laire que les « assemblées popu­lai­res » qui sont, elles plus « citoyen­nes » au sens Révolu­tion française du terme. Pourtant, à l’ori­gine, sur le ter­rain des ronds-points, la ques­tion ne s’était pas posée abs­trai­te­ment, mais de façon pra­ti­que, car il parais­sait dif­fi­cile d’être sur un bar­rage ou un rond-point avec un « étran­ger » qui se bat contre l’injus­tice fis­cale à côté de vous et de lui dire que le RIC ce n’est pas pour lui… parce qu’il n’a pas la natio­na­lité française et qu’il ne peut pas voter ! La référence à la Révolu­tion française devrait ici encore servir : est « citoyen » celui qui par­ti­cipe à la « révolu­tion », quelle que soit sa natio­na­lité.

    Si, pour beau­coup de Gilets jaunes, la référence à la Révolu­tion française est réelle et pro­fonde, alors il faut que le mou­ve­ment assume sa part de sans-culot­te­rie sans qu’elle soit sans cesse rabat­tue sur celle d’un citoyen juste conçu comme sujet du pou­voir d’État en rem­plis­sant des devoirs qui don­nent lieu à des droits. Par ailleurs, cela met­trait fin pra­ti­que­ment à cette idée sau­gre­nue, partagée par cer­tains Gilets jaunes, d’un vote considéré comme obli­ga­toire et donc comme un devoir plus qu’un droit. Mais ce serait faire preuve d’opti­misme de penser que le mou­ve­ment pour­rait en quatre mois acquérir une cons­cience de la com­mu­nauté (humaine) qui efface toute frontière. La com­mu­nauté de lutte trace, cons­ciem­ment ou non, ses frontières dans la lutte. L’exem­ple frap­pant en est de la dis­tinc­tion qui apparaît dans des dis­cus­sions entre Gilets jaunes « de base » sur la ques­tion des migrants1. Si les immigrés sont bien reconnus et acceptés par les Gilets jaunes — d’autant qu’il s’en trouve un nombre non négli­gea­ble parmi eux — ils le sont sur la base de l’ancienne figure du tra­vailleur immigré. Des des­cen­dants de tra­vailleurs immigrés et qui sont Gilets jaunes par ailleurs, considèrent que leurs parents et eux sont deve­nus ou sont français parce qu’ils ont contribué à la cons­truc­tion et à la prospérité du pays, alors qu’à leurs yeux les migrants d’aujourd’hui ne cher­chent pas à se fixer et s’établir (cf. Calais et tous ceux qui veu­lent abso­lu­ment passer en Angleterre) et relèveraient d’une ges­tion inter­na­tio­nale de crise qui échappe à la com­mu­nauté de lutte. En conséquence, cela res­treint considérable­ment le champ de sa ten­sion vers la com­mu­nauté humaine. Plus concrètement, c’est aussi une situa­tion à courte vue, car si la force de tra­vail est glo­ba­le­ment surnuméraire aujourd’hui dans le procès de valo­ri­sa­tion du capi­tal, le sur­nom­bre n’est pas tou­jours là où on le croît, comme le mon­trent les efforts actuels d’entre­pri­ses comme MacDo, Starbucks et autres gros­siums de l’hôtel­le­rie-res­tau­ra­tion ou du BTP, qui vont jusqu’à pro­po­ser à des migrants fraîche­ment arrivés3, des cours accélérés de français parce qu’elles recher­chent des « peti­tes mains » à des condi­tions tel­le­ment à la marge du droit du tra­vail que per­sonne ne les accep­tent.

    Un discours plus protestataire que révolutionnaire ou réformiste

    Si l’expres­sion d’une juste colère a fait la force du mou­ve­ment à ses débuts, il cher­che aujourd’hui un second souf­fle qui le trans­for­me­rait en une lutte sociale plus glo­bale contre un ensem­ble struc­turé par l’État et le capi­tal. Ce qu’il a ten­dance à résumer par les termes de lutte contre le « système », sans cher­cher à davan­tage le définir. Faute d’y par­ve­nir, cette colère a ten­dance à se trans­for­mer en haine contre l’oli­gar­chie (le « je vous hais com­pris » écrit par­fois sur des gilets jaunes dénote en pas­sant d’une cer­taine culture poli­ti­que et d’un humour de bon aloi), elle-même réduite à quel­ques gran­des entre­pri­ses ou ban­ques et à quel­ques indi­vi­dus (poli­ti­ques, jour­na­lis­tes influents) « que l’on va aller cher­cher » comme le disent les mani­fes­tants. C’est comme s’il fal­lait leur faire payer indi­vi­duel­le­ment leur for­fai­ture, alors pour­tant que les Gilets jaunes ont pris cons­cience pro­gres­si­ve­ment qu’ils ont affaire à un « Système ». En cela Macron est vic­time de son propre « dégagisme ». Il croyait avoir fait le plus dur en se débar­ras­sant de l’ancien monde poli­ti­que et c’est l’ancien monde popu­laire qui lui tombe sur le dos ; un monde net­te­ment plus dif­fi­cile à faire dis­paraître.
    10 Cette colère anti-Système des Gilets jaunes est confortée par une vision oli­gar­chi­que du pou­voir, vouant à la vin­dicte popu­laire seu­le­ment les 1 % les plus riches qui oppri­me­raient les 99 % autres, alors que tous les rap­ports sociaux sont tra­versés par des hiérar­chies et des inégalités qui divi­sent et frag­men­tent ; le procès de domi­na­tion par­court l’ensem­ble du rap­port social. Reconnaître cela, ou au moins en tenir compte, serait reconnaître que la notion de peuple n’existe pas en soi, qu’elle se cons­truit dans le conflit et la ten­sion entre ceux qui diri­gent, à quel­que titre que ce soit (écono­mi­que, poli­ti­que, cultu­rel) et ceux qui n’ont aucun titre pour le faire. Mais il n’y a pas non plus de raison de faire porter aux Gilets jaunes le poids d’une supposée inexpérience poli­ti­que alors que c’est une opi­nion bien partagée, aussi bien par les Occupy Wall Street américains que par un parti poli­ti­que comme La France insou­mise !

    Il s’ensuit que le mou­ve­ment est sou­vent guetté par la recher­che du bouc émis­saire ou par les thèses com­plo­tis­tes d’autant que les réseaux sociaux culti­vent faci­le­ment l’entre-soi et par­ti­culièrement Facebook qui est leur relai le plus utilisé. Cela a été le cas, plu­sieurs fois, quand, dans cer­tai­nes villes, le mou­ve­ment a projeté de lancer des actions contre la banque Rothschild, une cible privilégiée parce qu’elle serait un sym­bole du capi­ta­lisme mon­dia­lisé et aussi parce que Macron y a été associé-gérant. Que ce type d’action soit repris par un groupe spon­tané comme Article 35–Insurrection est une chose, puis­que sa révolte se situe dans l’immédia­tisme et l’action directe. Mais que l’on en arrive à devoir expli­quer en AG, où des représen­tants des divers grou­pes de Gilets jaunes sont présents, qu’il faut arrêter avec les sym­bo­les et regar­der plutôt la réalité du système ban­caire dans le fonc­tion­ne­ment global du capi­ta­lisme est le signe d’une réelle fai­blesse théorique. Sur ce point comme sur le rôle des action­nai­res dans la for­ma­tion du capi­tal, la cri­ti­que du « système » est biaisée par le fan­tasme d’une finance qui représen­te­rait le mal absolu.

    Nous l’avons déjà dit, on ne peut repro­cher aux Gilets jaunes dont la matu­rité poli­ti­que est de quatre mois de com­met­tre les mêmes sim­pli­fi­ca­tions que celles pro­dui­tes par des orga­ni­sa­tions poli­ti­ques d’extrême gauche confirmées ou par des jour­naux comme Le Monde diplo­ma­ti­que. La dif­fi­culté consiste à essayer de cor­ri­ger le tir sans jouer aux experts… et en tenant compte du fait que l’ana­lyse des Gilets jaunes est limitée d’entrée de jeu par le fait qu’elle isole le procès de cir­cu­la­tion du capi­tal du procès de pro­duc­tion alors que le capi­tal jus­te­ment tente, à tra­vers les réformes libérales, de l’uni­fier.

    Pour rester concrets les Gilets jaunes ont par­fois ten­dance à se rat­ta­cher à des chif­fres censés parler par eux-mêmes, mais qui don­nent lieu à une surin­terprétation proche du contre­sens. Par exem­ple dans un tract Gilets jaunes sur la finance, dont une partie est consacrée aux action­nai­res et aux divi­den­des. La présen­ta­tion qui en est faite pour la France tend à accréditer l’idée que c’est en France que les divi­den­des attei­gnent la meilleure rémunération en pour­cen­tage pour les action­nai­res, ce qui serait abso­lu­ment scan­da­leux et ferait de celle-ci un modèle de capi­ta­lisme spo­lia­teur. Or, c’est jus­te­ment parce que jusqu’à main­te­nant la France a mieux résisté au modèle anglo-saxon de capi­ta­lisme et à ses exi­gen­ces, que la France a plus besoin d’atti­rer de capi­taux. Ainsi, elle a refusé le pas­sage aux retrai­tes par capi­ta­li­sa­tion, ce qui la prive de ses pro­pres fonds de pen­sions et l’amène à rétri­buer davan­tage les pla­ce­ments. Le problème n’est pas tant que cette appro­che est fausse, mais qu’elle empêche de com­pren­dre le fonc­tion­ne­ment d’ensem­ble du capi­ta­lisme au niveau théorique et au niveau pra­ti­que, ce qui bloque sou­vent les dis­cus­sions. Le mou­ve­ment ayant ten­dance à porter une atta­que « morale » plus que poli­ti­que cela inclut l’idée d’une mora­li­sa­tion pos­si­ble des choses et des rap­ports sociaux. Cette ten­dance ne peut être contre­carrée que par des actions qui com­men­cent juste, mais se dévelop­pent en sou­tien à des conflits sociaux, dans des sec­teurs qui sont deman­deurs parce que les syn­di­cats y sont peu présents, comme les entre­pri­ses de sous-trai­tance de la grande dis­tri­bu­tion. Elles complètent les actions premières de blo­cage de la cir­cu­la­tion en direc­tion des pla­te­for­mes en ce qu’elles met­tent l’accent sur la dénon­cia­tion de l’exploi­ta­tion et qu’elles peu­vent jouer dans un sens favo­ra­ble sur le rap­port de force.

    Un universalisme contradictoire au risque de l’isolement

    Après avoir élargi ses reven­di­ca­tions de départ et continué à refu­ser de négocier, ce point étant essen­tiel dans le main­tien d’un rap­port de force anta­go­ni­que avec les pou­voirs en place, le mou­ve­ment ren­contre des dif­fi­cultés à s’étendre sur cette base ini­tiale. Difficultés ren­contrées dans la jonc­tion du 5 février et avec l’échec de la liai­son avec le mou­ve­ment lycéen en décembre, qui condui­sent le mou­ve­ment à faire retour sur lui-même, dans des reven­di­ca­tions qui font peut-être son ori­gi­na­lité, mais qui ne sont plus que les sien­nes pro­pres. Le mou­ve­ment des Gilets jaunes a certes raison de vou­loir affir­mer à la fois sa préséance dans la lutte et son auto­no­mie par rap­port aux autres forces. Par là, il s’est placé comme une sorte d’avant-garde de masse (« Tous Gilets jaunes ») dans la mesure où le fait d’enfi­ler le gilet jaune deve­nait tout à coup un acte de résis­tance en lui-même, un signe de reconnais­sance ensuite et enfin le pre­mier pas vers autre chose. De ce fait, il n’avait rien à atten­dre de l’appel tra­di­tion­nel et le plus sou­vent « bidon », à une « conver­gence des luttes », tarte à la crème des années 2000 ayant succédé au « Tous ensem­ble » des années 1990. Le fiasco de la mani­fes­ta­tion com­mune du 16 mars entre Climat et Gilets jaunes montre que le chemin sera long avant que tout le monde devienne « Gilets jaunes » où que les Gilets jaunes se fon­dent dans la révolu­tion ou la Républi­que du genre humain ». Mais il n’est pas dit que cer­tains de ceux-là ne se retrou­vent pas plus faci­le­ment sur des actions de blo­cage de l’écono­mie (énergie) ou dans des actions de sou­tien aux salariés en lutte ; autant d’inter­ven­tions qui peu­vent pro­fi­ter de la désta­bi­li­sa­tion générale des pou­voirs en place. Le problème est alors de savoir quel rôle y jouer. Sans vou­loir tran­cher défini­ti­ve­ment, notre expérience actuelle de la chose nous montre qu’il serait dom­mage qu’on y rejoue le sou­tien aux luttes du peuple tenu par les maos dans les années 1970. Les Gilets jaunes, sous prétexte qu’ils sont mobi­lisés et déterminés ne doi­vent pas être une sorte de bras armé (même sans arme) des salariés ou de n’importe quelle autre lutte. (...)

    #Temps_critiques
    Sur cette notion d’#avant-garde_de_masse, voir La horde d’or pages 344, 391, 416