Ce post est une synthèse des dialogues entre Breivik et les deux psychiatres qui ont produit le premier rapport qui le déclare fou.
Au cours de cette huitième journée du Procès, Breivik est interrogé par les deux psychiatres
Breivik : « j’ai identifié plus de 200 erreurs dans ce rapport, et je crois pouvoir donner au moins cinq raisons pour lesquelles ils [les deux psychiatres] ont menti ».
Breivik : « l’une d’elle c’est que les psychiatres étaient payés par l’Etat, ils ne peuvent donc pas être indépendants et rendre un avis objectif et indépendant. »
[…]
Breivik : « Yvonne Larsen [l’avocate d’une vingtaine de familles de victimes] a recommandé que je sois médicamenté, qu’il était impossible de me laisser sans traitements. Bien sûr, un motif vengeance compréhensible, elle veut que je souffre et je le comprends bien ».
Procureur : « Craignez-vous de souffrir si l’on vous administre ces médicaments ? »
Breivik : « J’ai reçu des centaines de lettres. L’une d’elle provenait de quelqu’un qui est à droite (sic) et interné dans un hôpital psychiatrique en Suède. Il m’a décrit les effets des produits chimiques auxquels il a été exposé. C’est absolument horrible, il dit que c’est une véritable lobotomisation chimique. Il dit que c’est cruel. Il est drogué en permanence, il bave à table. C’est cruel, personne ne veut subir cela ».
Procureur : « Craignez-vous de vous retrouver dans cette situation ? ».
Breivik : « Oui vraiment, tout le monde pourrait le craindre ».
Procureur : « Vous avez dit qu’une des raisons pour lesquelles vous pensez que les psychiatres ont menti, c’est parce qu’ils avaient reçu des instructions du gouvernement. Vous affirmez que les psychiatres Husby et Sørheim [auteurs du premier rapport] ont été contacté par un représentant du gouvernement qui leur a demandé de protéger « l’idéologie communautaire ».
Breivik : « oui. J’ai aussi donné comme raison (la première je crois) que l’entretien avait eu lieu très peu de temps après les attaques, et que ls psychiatres étaient encore sous le choc et donc pas en mesure de faire leur travail dans de bonnes conditions émotionnelles ».
Procureur : « Revenons aux entretiens qui ont permis de produire le rapport. Comment cela se passait-il ? »
Breivik : « Ça commençait à huit heures chaque jour, j’étais dans une pièce avec quatre infirmièr(e)s psychiatriques qui prenaient l’initiative de dialogue. Elles/Ils voulaient tout savoir. J’ai décidé de leur parler autant qu’ils le souhaitaient, de vraiment travailler avec eux. C’était très intéressant, et en même temps agréable. J’ai vécu dans une cellule d’isolement pendant sept mois, et comme que je suis une personne sociale, c’était une grand changement.
Procureur : « Vous avez utilisé le mot intéressant ? »
Breivik : « Oui, j’ai beaucoup appris sur la psychiatrie et j’ai posé beaucoup de questions sur le système norvégien. Je suis très intéressé par la psychiatrie et la façon dont on la conçoit en Norvège ».
Procureur : « Que pensez-vous de la manière dont ces rapports ont été conduits ? »
Breivik : « Le deuxième est un rapport complet, et je suis en désaccord avec la conclusion du premier, mais si l’on ne considère que la méthodologie, la méthode de travail, pour le premier rapport, c’était tout à fait correct. C’est les conclusions que je conteste. En fait, je me suis douté qu’ils allaient me présenter… comment dire… deux diagnostics différents ».
Procureur : « Vous vous en êtes douté, vraiment ? »
Breivik : « Parce que dans n’importe quel pays, quelqu’un qui fait explosé un bâtiment gouvernemental est automatiquement classé comme élément antisocial. Ou « dyssocial » en Norvégien. Il est impossible d’échapper à ce diagnostique quand on est un activiste politique qui croit aux actions violentes. ».
[…]
Breivik : « Je l’ai souvent dit, je me vois comme étant narcissique. Mais pas pathologiquement narcissique ! Beaucoup en Norvège sont narcissiques, et c’est tout à fait normal, c’est plutôt une bonne qualité. Mais quand les psychiatres disent que je suis pathologiquement narcissique, là non, je ne suis pas d’accord. Je pense que je suis narcissique comme beaucoup d’autres norvégiens, dans les limites du raisonnable, c’est à dire que j’ai très confiance en moi, mais non, pas pathologiquement narcissique ».
Procureur : « Qu’est-ce qui vous fait croire ça ? »
Breivik : « Je suis prêt à me sacrifier pour les autres ! Ça prouve bien que je ne suis pas narcissique . Un narcissique s’aime lui-même tellement qu’il ne se seraient jamais sacrifié pour une cause ».
Procureur : « Si c’était aussi évident, pourquoi les psychiatres ont-ils affirmé le contraire ? »
Breivik : « C’est pas très difficile de comprendre que personne au monde n’aimerait se trouver dans la situation dans laquelle je suis aujourd’hui… Bien qu’on écrive énormément sur moi maintenant, je crois que je peux compter sur les doigts d’une main ce qui s’est dit de positif sur ma personne ».
Procureur : « [vous semblez souffrir] Est-ce que tous les jours précédent ont été aussi difficile que celui-ci ? »
Breivik : « il y Mohamed Merah à Toulouse qui a choisi de ne pas vivre ».
Procureur : « Est-ce que chacune de vos journées est un cauchemar ? »
Breivik : « Pas tous les jours, mais je ressens que c’est une grande responsabilité . Je ne m’attendais pas à obtenir une quelconque miséricorde puisque j’ai été sans pitié. Je savais que ce serait difficile, ça l’a été. Cela n’a rien à voir avec narcissisme ».