country:suisse

  • L’ONU condamne la Suisse pour l’examen lacunaire de la demande d’asile d’un ressortissant érythréen
    https://asile.ch/2019/04/09/lonu-condamne-la-suisse-pour-lexamen-lacunaire-de-la-demande-dasile-dun-ressor

    Le 7 décembre 2018, le Comité contre la torture (CAT) a déclaré que la décision de renvoi prise par la Suisse envers un requérant érythréen violait la Convention de l’ONU contre la torture (M.G. c. Suisse, Communication n° 811/2017). Dans sa plainte au CAT, le requérant invoque le risque de subir des mauvais traitements (violation […]

    • Renvois impossibles vers l’Érythrée, des solutions pragmatiques s’imposent

      Aujourd’hui une manifestation a eu lieu à l’occasion de la remise d’une Pétition adressée au Grand Conseil et au Conseil d’Etat de Genève. Cette pétition, signée par près de 4’000 personnes, soutient les requérants Érythréens déboutés de l’asile et démis de leur permis F (Admission provisoire).

      Les signataires comme moi considèrent que les conditions ne sont pas réunies pour organiser des renvois vers l’Érythrée et que cette politique ne fait que grossir le nombre de personnes à l’aide d’urgence encourageant la clandestinité de jeunes dont beaucoup ont déjà fait leurs preuves dans le monde professionnel en Suisse.

      La pétition “Droit de rester pour les Érythréen-e-s” demande aux autorités politiques genevoises de ne pas exclure de l’aide sociale cette population et d’éviter leur précarisation. Elle demande aussi d’autoriser les Érythréens déboutés à poursuivre leur formation dans le canton et de leur permettre de travailler à Genève. Elle prie les autorités cantonales d’intervenir auprès du Secrétariat d’Etat aux migrations (SEM) pour qu’il suspende les levées d’admissions provisoires et pour qu’il accorde aux Érythréens le droit de rester en Suisse en mettant en place une action de régularisation extraordinaire.

      Gardons à l’esprit que le SEM est dans l’incapacité d’organiser des renvois vers l’Érythrée. La Suisse est aussi le seul pays à rendre des décisions de renvoi à l’égard des ressortissants Érythréens.

      Revirement politique vis-à-vis des requérants Érythréens

      En s’appuyant sur plusieurs jugements du Tribunal administratif fédéral (TAF) en 2017 et en 2018 (1) et sur des informations impossibles à vérifier sérieusement sur le terrain, le Secrétariat d’État aux migrations (SEM) a modifié drastiquement sa politique vis-à-vis des requérants d’asile originaires de ce pays connu pour avoir l’un des pires bilans en matière de violations des droits humains.

      Depuis, beaucoup d’Érythréens ont reçu des décisions de renvoi et le SEM réexamine aussi depuis avril 2018 les dossiers de 3000 personnes admis à titre provisoire (Permis F) qui résident en Suisse depuis déjà quelques années.

      Un rapport de l’Observatoire romand du droit d’asile et des étrangers (ODAE) explique ce durcissement en se basant sur des cas concrets. Le rapport intitulé “Durcissement à l’encontre des Érythréen·ne·s : une communauté sous pression“ explique la dérive juridique que cette politique pose sur le droit d’asile en général.

      Trouver des solutions pragmatiques

      La protection des requérants d’asile et des réfugiés à Genève et en Suisse est trop souvent abordée de manière partisane ce qui nuit aux requérants d’asile en général mais aussi aux contribuables suisses et étrangers résidents dans notre pays. Pourquoi ? Parce que les décisions des autorités d’asile peuvent s’avérer incohérentes, inefficaces, dangereuses pour les personnes concernées et finalement coûteuses pour les PME en Suisse qui ont commencé à former des apprentis performants et appliqués. Ces décisions ont aussi un impact négatif sur les cantons qui allouent des subventions importantes dans des programmes d’intégration de personnes maintenant déboutées et pourtant utiles au développement économique de la Suisse.

      Faire disparaître ces personnes dans la clandestinité n’est pas une option intelligente. En ce qui concerne les personnes érythréennes déboutées de l’asile et en ce qui concerne les personnes érythréennes démises de leur permis F (admission provisoire) qui ne peuvent plus travailler ou continuer leurs formations, les femmes et les hommes politiques de Genève ont l’occasion de décider s’il est préférable que les Érythréens restent dans la lumière et ne soient pas forcés à la clandestinité en Suisse. Elles et ils ont l’opportunité de décider en faveur de la continuation de leur formation et de leur emploi puisque les renvois vers l’Érythrée sont impossibles.

      Pas besoin de montrer une quelconque humanité ou même une fibre sociale. Il suffit d’être pragmatique et penser aux rentrées fiscales, à la baisse des coûts, aux futurs talents qui feront la joie des Suisses.

      https://blogs.letemps.ch/jasmine-caye/2019/04/10/renvois-impossibles-vers-lerythree-des-solutions-pragmatiques-simposen

    • Près de 4’000 signatures pour le droit de rester des Erythréennes et des Erythréens

      Les milieux de défense du droit d’asile déposent aujourd’hui une pétition adressée au Grand Conseil et au Conseil d’Etat en faveur du droit de rester des Erythréennes et des Erythréens. Lancée à la mi-décembre, celle-ci a récolté près de 4’000 signatures en moins de quatre mois. Un rassemblement a lieu aujourd’hui à 16h devant l’UIT, où se réunit le Grand Conseil, suivi d’un cortège vers la Place des Nations. Il est organisé par des jeunes hommes et femmes érythréen-ne-s en demande d’asile, épaulé-e-s par des bénévoles et les associations de la Coordination asile.ge. Les manifestants iront ensuite jusqu’à la place des Nations, rappelant que le Comité onusien contre la Torture a récemment condamné la Suisse pour une décision de renvoi vers l’Erythrée.

      Ces dernières années, de nombreux-ses Érythréennes et Érythréens ont demandé l’asile à la Suisse. La plupart d’entre eux sont jeunes, beaucoup sont arrivé-e-s mineur-e-s sur le sol helvétique. Nombreux sont ceux-celles qui voient désormais leur demande d’asile rejetée. Or, cela les condamne non seulement à l’angoisse d’un renvoi (même si aucun renvoi forcé vers l’Érythrée n’est aujourd’hui possible en l’absence d’accord de réadmission), mais cela les plonge également dans la précarité, du fait de l’exclusion de l’aide sociale qui frappe les débouté-e-s de l’asile. Tous leurs efforts d’intégration sont alors anéantis.

      Quelque 3’890 signataires (dont 1’417 signatures électroniques), demandent aux autorités politiques cantonales genevoises compétentes :

      De ne pas exclure de l’aide sociale cette population jeune et pleine de perspectives. L’aide d’urgence les précarisera, quel que soit l’issue de leur procédure.
      D’autoriser les Érythréennes et Érythréens déboutés à poursuivre leur formation dans le canton.
      De permettre aux Érythréennes et Érythréens déboutés de pouvoir exercer un travail rémunéré à Genève.

      De s’engager auprès du Secrétariat d’Etat aux Migrations afin :

      qu’il suspende les levées d’admissions provisoires
      qu’il accorde aux Érythréennes et Érythréens le droit de rester en Suisse, avec un permis F ou un permis B, avec effet immédiat et rétroactif.
      qu’il sollicite le SEM pour mettre en place une action de régularisation extraordinaire.

      De son côté, le Comité contre la torture des Nations unies, dans une décision datée du 7 décembre 2018, a estimé que le renvoi d’un requérant érythréen dans son pays constitue « une violation de la Convention contre la torture ». La décision ne concerne qu’un seul cas, celui d’un réfugié érythréen à qui la Suisse a refusé l’asile, et le Comité ne demande pas à la Suisse de lui octroyer l’asile mais uniquement de « réexaminer le dossier ». Cependant, les considérants de la décision sont clairs : le CAT conteste la vision angélique de la Suisse sur le régime érythréen et s’oppose à la pratique helvétique de renvoi des réfugiés érythréens ; il cite notamment la Rapporteuse spéciale de l’ONU sur les droits de l’homme en Erythrée, pour laquelle « la situation reste sombre » dans ce pays.

      Le Comité se base aussi sur la Commission d’enquête sur les droits de l’homme en Erythrée, qui rappelle que « la durée du service militaire (…) reste indéterminée » et qui suspecte cette pratique de « constituer pas moins que l’asservissement d’une population entière, et donc un crime contre l’humanité ». Manifestement, l’ONU, par la voix de sa Commission d’enquête, juge la situation des droits de l’homme en Erythrée pour le moins problématique. Relevons qu’avec sa pratique, la Suisse est le seul pays européen qui prend des décisions de renvoi pour les Érythréennes et Érythréens. Les pays européens octroient tous une protection aux demandeurs d’asile érythréens, conformément aux recommandations du HCR.

      La Suisse n’exécutera aucun renvoi vers l’Erythrée avant d’avoir signé un improbable accord de réadmission avec cette dictature. Elle s’enfonce donc dans une situation absurde et pernicieuse : elle refuse l’asile aux requérants érythréens, ordonne leurs renvois mais ne les exécute pas. Elle alimente ainsi une nouvelle catégorie de réfugiés sans aucuns droits, qui ne peuvent ni voyager, ni travailler, ni étudier, tout juste respirer.

      https://mailchi.mp/87f6559070a8/restructuration-de-lasile-le-csp-genve-plus-que-jamais-engag-auprs-des-rfugi

    • CSDM | Requérant.e.s d’asile erythréen.ne.s : la Suisse viole le droit international

      Le Centre Suisse pour la défense des Droits des Migrants (CSDM) a saisi les procédures spéciales du #Conseil_des_droits_de_l’homme des Nations Unies à propos de la pratique des autorités suisses de nier la protection internationale aux ressortissant-e-s érythréen-ne-s. Dans leur #Appel_Urgent (https://asile.ch/wp/wp-content/uploads/2019/05/Appel-Urgent-Erythree-CSDM-14.05.2019.pdf), ils demandent aux Rapporteurs spéciaux, sur la situation des droits humains en Érythrée, sur la torture et sur les droits humains des migrants, d’intervenir en urgence auprès des autorités suisses pour prévenir les violations graves des droits fondamentaux ainsi que la précarisation sociale des demandeur-e-s d’asile érythréen-ne-s. Par le biais de cette démarche, le CSDM soutient les revendications du réseau de Familles-relais/familles de parrainages pour les requérants d’asile qui a récemment interpellé les Rapporteurs spéciaux au sujet de cette problématique.


      https://asile.ch/2019/05/23/csdm-requerant-e-s-dasile-erythreen-ne-s-la-suisse-viole-le-droit-internationa
      #justice #ONU #droits_fondamentaux #droits_humains #appel

    • Le #Mouvement_érythréen de #Genève appelle à manifester
      https://renverse.co/home/chroot_ml/ml-geneve/ml-geneve/public_html/local/cache-gd2/40/5469f7729bcf3651daa233cfb75ae1.png?1569796643

      Le Mouvement érythréen de Genève appelle à un rassemblement de solidarité avec les personnes sur les routes de l’exil, bloquées en Libye, aux portes de l’Europe. Rendez-vous le vendredi 4 octobre 2019 de 12h à 16h à la Place des Nations, Genève.

      Aujourd’hui des gens côtoient des cadavres du matin au soir

      De nos sœurs et de nos frères bloqué.e.s en Libye, nous, établi.e.s ici en Europe et en Suisse, recevons des récits d’une telle violence et des images tellement choquantes. Des personnes érythréennes, somaliennes, éthiopiennes, soudanaises et provenant d’autres régions d’Afrique survivent captives en Libye, dans des zones où l’insécurité permanente règne. Même les camps mis en place par le HCR (High Commissioner for Refugees) pour offrir une protection ne sont plus des espaces où trouver la sécurité. Le degré de misère, de détresse et de violence auquel ces personnes bloquées aux portes de l’Europe sont soumises, nul ne pourrait le souhaiter à des êtres humains. Capturées par des passeurs ou des milices, leur souffrance prend trop de formes : des viols et des tortures ont lieu jours et nuits. Dans une vidéo reçue cet été, des femmes captives en Libye nous suppliaient : « Parlez de nous ! On est torturées. On est violées. On est vos sœurs et vos filles ! » La douleur que cela engendre chez nous est difficile à décrire. Cela en devient irréel.

      Aujourd’hui des gens côtoient des cadavres du matin au soir. Les corps de certaines personnes mortes en essayant de traverser la Méditerranée reviennent sur les rives libyennes où d’autres personnes en exil sont encore captives. Lorsque ces dernières ont la permission d’aller faire leurs besoins aux bords de la mer, il n’est pas rare qu’elles côtoient des cadavres échoués. Elles n’ont pas de quoi enterrer ces morts et les passeurs ou les milices - difficile de comprendre de qui il s’agit précisément - ne laissent pas nos frères et nos sœurs enterrer ces corps. Des paroles remontent à nous par téléphone, par vidéo, par messages : « Sauvez nous ! Ne nous laissez pas vivre à côté des cadavres des nôtres ! Au moins, laissez-nous enterrer nos morts ! »

      Responsabilités

      Comment est-ce possible qu’au 21e siècle des personnes ayant pris les chemins de l’exil subissent encore maltraitances, tortures et viols ? Comment être témoin de cela et ne rien faire ? Comment assumerons-nous cela devant les générations futures ? Notre responsabilité est de ne pas fermer nos yeux et de dénoncer cette situation.

      Ces pratiques d’une violence inouïe sont en train d’être banalisées par le silence complice des pays européens et des organisations internationales impliquées dans la migration. Ces mêmes acteurs portent une responsabilité indéniable dans ce qui a mené à créer cette situation. Leur responsabilité prend plusieurs formes. Les politiques migratoires des États européens ont mené à la fermeture de leurs frontières et aux drames humains en Méditerranée. Leur financement de la gestion par le gouvernement libyen des routes d’accès à l’Europe engendre les atrocités perpétrées actuellement dans les terres et sur les côtes libyennes. On normalise ces faits. Devenons-nous aveugles ?

      Si des milliers de personnes quittent leur pays pour différentes raisons et empruntent une route dangereuse et meurtrière en connaissance du danger, c’est bien parce qu’elles n’ont plus d’espoir de mener une vie humaine dans le lieu qu’elles fuient. Et dans leur recherche de dignité humaine, elles sont soumises à la barbarie, frappées, humiliées, enfermées, sauvagement torturées et violées. Les frontières de l’Europe s’étant fermées, ces personnes en exil sont les proies des passeurs et des milices.

      L’Europe ne peut pas refuser l’entrée à des êtres humains qui ne demandent qu’à vivre une existence digne.

      Nous appelons

      la communauté internationale, à accorder un couloir humanitaire de toute urgence jusqu’à ce que ces personnes en exil trouvent refuge dans d’autres pays. La communauté internationale doit prendre sa responsabilité face à ces populations.

      la Suisse et les pays européens à ouvrir leurs portes aux personnes fuyant la persécution et cherchant une vie digne. La Suisse et l’Europe doivent cesser de fermer les yeux sur ce qui se passe en Libye.

      les gouvernements européens à cesser de soutenir le gouvernement libyen en lui sous-traitant leur politique migratoire, car ce faisant ils sont responsables des atrocités qui ont lieu là-bas.

      Rassemblons-nous à la place des Nations à Genève le vendredi 4 octobre 2019 entre 12h et 16h pour manifester notre solidarité envers les personnes en exil bloquées en Libye et pour exiger la fin de cette situation dramatique aux portes de l’Europe.

      https://renverse.co/Le-Mouvement-erythreen-de-Geneve-appelle-a-manifester-2215
      #résistance #manifestation

    • NCCR | Durcissements à l’encontre des Érythréen·ne·s : une communauté sous pression

      Dans un rapport publié en novembre 2018, et une actualisation de celui-ci à paraître cet hiver, l’Observatoire romand du droit d’asile et des étrangers (l’ODAE romand) met en lumière les durcissements du droit d’asile qui visent actuellement les Érythréen·ne·s, le groupe le plus représenté dans le domaine de l’asile en Suisse et en proie à des attaques politiques depuis plusieurs années.

      Après que les autorités suisses ont durci leur pratique à l’encontre des Érythréen·ne·s en 2017, nombreux·euses sont ceux et celles qui reçoivent des décisions négatives à leurs demandes d’asile. Dans un rapport publié en novembre 2018, et une actualisation de celui-ci à paraître cet hiver, l’Observatoire romand du droit d’asile et des étrangers (l’ODAE romand) met en lumière les durcissements du droit d’asile qui visent actuellement les Érythréen·ne·s, le groupe le plus représenté dans le domaine de l’asile en Suisse et en proie à des attaques politiques depuis plusieurs années.

      De la politisation au durcissement légal

      La situation des Érythréen·nes occupe une place importante sur la scène politique suisse, notamment depuis un arrêt de la Commission suisse de recours en matière d’asile (CRA) (JICRA 2006/3 du 20 décembre 2005) selon lequel les objecteurs·rices de conscience et les déserteurs·ses érythréen·ne·s doivent se voir en général accorder l’asile. Dans les années qui suivent, près de 70% des Érythréen·ne·s obtiennent l’asile et l’Érythrée devient le premier pays d’origine des personnes requérantes d’asile en Suisse. Dès 2007, Christoph Blocher (l’Union démocratique du centre – UDC), alors conseiller fédéral en charge du Département fédéral de justice et police (DFJP), estime qu’il faut réagir à cette situation et demande des mesures rigoureuses pour lutter contre l’« effet d’attraction » de l’arrêt précité.

      En 2007 et 2008, l’UDC dépose devant le Parlement deux interpellations (07.3178 et 08.3353) qui présentent « l’augmentation massive » de la population érythréenne comme une « tendance effrayante » et « un abus du système de l’asile » devant être stoppés. Les années suivantes, la politisation de la question érythréenne prend de l’ampleur : de nombreuses questions, interpellations et autres motions sont lancées par des parlementaires de différents horizons politiques. L’UDC en dépose une trentaine et le PLR une dizaine, remettant en cause l’octroi d’une protection aux Érythréen·ne·s, demandant de réduire l’« attractivité de la Suisse » pour cette communauté et réclamant l’exécution des renvois vers l’Érythrée (voir par exemple la motion 15.3566 ou encore l’interpellation 18.3406). Les Érythréen·ne·s y sont souvent décrit∙e∙s comme des « abuseurs » qui mettent en danger la politique d’asile et le système social suisse.

      Dans ce contexte et dans le cadre des modifications urgentes de la loi sur l’asile (LAsi) qui prennent effet en 2012, les autorités introduisent une modification de l’article 3 LAsi qui exclut la désertion et l’objection de conscience comme motifs d’asile. La disposition, surnommée « lex Eritrea » dans le débat public, vise avant tout les requérant∙e∙s érythréen∙ne∙s et a une grande portée symbolique, selon plusieurs analystes.

      Des durcissements juridiques progressifs

      La pression politique exercée sur les personnes demandeuses d’asile érythréennes, le discours de « lutte contre les abus » et de « réduction de l’attractivité de la Suisse » auront également un impact sur la pratique des autorités en charge de la mise en œuvre du droit d’asile. En 2016, suite à son rapport Focus Eritrea sur le service national érythréen et la sortie illégale du pays, le Secrétariat d’État aux migrations (SEM) durcit sa pratique, en décidant que la sortie illégale du pays n’est plus suffisante en soi pour obtenir la qualité de refugié·e. Un durcissement qui sera confirmé par le Tribunal administratif fédéral (TAF) dans trois arrêts de référence. Le premier (D-7898/2015), de janvier 2017, confirme la pratique du SEM concernant la sortie illégale. En août 2017, le TAF se penche sur la question de l’exigibilité de l’exécution du renvoi pour les per­sonnes ayant déjà répondu à leurs obligations militaires et conclut que ces personnes ne risquent pas de traitement inhumain en cas de renvoi. Dans cet arrêt (D-2311/2016), le TAF estime aussi que l’Érythrée ne se trouve pas en proie à une situation de violence généralisée qui dicterait de présumer une inexigibilité générale de l’exécution du renvoi. Dans un troisième arrêt (ATAF 2018 VI/4) de juillet 2018, le TAF conclut à la licéité et à l’exigibilité des renvois y compris pour des personnes n’ayant pas encore effectué leur service militaire national. Le TAF estime que les conditions du service national sont difficiles en raison de sa durée et des mauvais traitements qui y prévalent, mais conclut que les violations ne sont pas suffisamment systématiques pour qualifier le service national de contraire à la Convention européenne des droits de l’homme (CEDH).

      La situation a-t-elle vraiment changé en Érythrée ces dernières années ? En dépit d’un accord de paix signé avec l’Éthiopie voisine, rien ne montre que la situation des droits humains se soit améliorée. Un certain nombre de rapports, que ce soit celui de l’European Asylum Support Office (EASO) ou ceux de la rapporteuse spéciale sur la situation des droits humains en Érythrée, confirment que la situation érythréenne n’a pas évolué. Mais c’est surtout la difficulté à trouver des informations fiables et indépendantes sur ce qu’il s’y passe réellement qui persiste. Une incertitude elle-même reconnue par le TAF dans son arrêt de janvier 2017 qui qualifie l’Érythrée de « boîte noire ». Quant à l’analyse de la situation qui est présentée dans les trois arrêts du TAF, elle « aurait aussi bien pu amener à prendre des décisions diamétralement opposées à celles retenues par les juges du TAF », selon une chercheuse et un chercheur de l’Université de Neuchâtel (Mariotti et Rosset 2020).

      Des exigences accrues en matière de vraisemblance

      Dans la pratique, les durcissements se traduisent également par une appréciation toujours plus exigeante des motifs d’asile invoqués par les personnes. Le changement de pratique institutionnelle demande aux fonctionnaires et aux juges chargé·e·s d’appliquer le droit d’asile d’être plus attentifs·ves à la possibilité d’un retour en Érythrée, et donc plus suspicieux∙ses vis-à-vis des dires des requérant·e·s. Notre lecture des arrêts du TAF publiés en français en 2019 pour les ressortissant·e·s érythréen·ne·s montre ainsi que plus de deux tiers des arrêts négatifs ont été rendus sur la base de l’invraisemblance des motifs d’asile. En d’autres termes, les Érythréen·ne·s se retrouvent davantage confronté·e·s à la « politique institutionnalisée du soupçon » qui caractérise l’examen des demandes d’asile (Affolter 2017 ; Miaz 2020). Et comme toutes les personnes demandeuses d’asile, ils et elles rencontrent de grandes difficultés à remplir les exigences de vraisemblance, pour diverses raisons : départ à un âge très jeune, traumatismes liés à la route de l’exil, paranoïa et méfiance vis-à-vis de l’autorité, méconnaissance de ses droits et du déroulement d’une procédure administrative, temps écoulé entre les faits et le moment des auditions sur les motifs d’asile, etc.

      Des conséquences dramatiques

      Malgré l’absence d’accord de réadmission avec l’Érythrée et donc l’impossibilité d’effectuer des renvois forcés, les décisions de renvois continuent de tomber, avec différentes conséquences pour les personnes concernées. Pour celles et ceux qui décident de rester en Suisse, leur seule perspective réside alors dans la précarité du régime de l’aide d’urgence. Parfois depuis plusieurs années en Suisse, ces personnes sont interdites de séjour, privées d’aide sociale, de mesure d’intégration, du droit de travailler ou de se former. Au vu de cette situation, certain·e·s décident de tenter leur chance ailleurs en Europe. Un phénomène qui entraîne, d’une part, un report de l’accueil sur les autres pays européens, et d’autre part une plongée dans l’incertitude et l’errance, car le risque d’un refoulement vers la Suisse n’est jamais absent.

      Ce résumé de la situation permet non seulement de questionner le coût humain et social de ces durcissements visant une communauté particulière. Mais plus généralement, l’exemple érythréen montre la force des discours de « lutte contre les abus » et de « réduction de l’attractivité de la Suisse » sur les pouvoirs législatifs, judiciaires et exécutifs dans le domaine de l’asile (Leyvraz et al. 2020). Il est frappant de constater comment différents instruments juridiques et pratiques des autorités – réserve à la définition de réfugié·e, appréciation de la situation dans le pays d’origine, examen de la vraisemblance, régime d’aide d’urgence – se conjuguent pour répondre à une volonté de contrôle migratoire, au risque d’en mépriser les conséquences humaines et le besoin de protection des personnes concernées.

      Références :

      – Affolter, Laura (2017). Protecting the System. Decision-Making in a Swiss Asylum Administration, thèse de doctorat en anthropologie, Université de Berne.
      – Leyvraz, Anne-Cécile et al. (dir.) (2020). Asile et abus : regards pluridisciplinaires sur un discours dominant, Zurich et Genève, Seismo, 193-218.
      – Mariotti, Aurélie et Rosset, Damian (2020). « L’analyse-pays et les “précédents factuels” dans la jurisprudence du Tribunal administratif fédéral sur l’Érythrée : entre ombre et lumière », Asyl,vol. 2/2020, 3-9.
      –Miaz, Jonathan (2020). « De la “lutte contre les abus” aux dispositifs et pratiques de contrôle des demandes d’asile », in Leyvraz, Anne-Cécile et al. (dir.), Asile et abus : regards pluridisciplinaires sur un discours dominant, Zurich et Genève, Seismo, 193-218.

      https://asile.ch/2020/10/30/nccr-durcissements-a-lencontre-des-erythreen%c2%b7ne%c2%b7s-une-communaute-sou

  • Un #index sur l’#apatridie compare 18 pays européens et montre que la #Suisse est à la traîne

    Les personnes apatrides sont parmi les plus vulnérables du globe. Elles n’ont tout simplement pas le “droit d’avoir des droits” comme l’expliquait Hannah Arendt. Pour les personnes apatrides, accéder à l’éducation, aux soins, au marché du travail, à la justice ou même à l’ouverture d’un compte en banque, est impossible. En plus, les personnes apatrides sans titre de séjour sont souvent arbitrairement placées en détention administrative bien qu’aucun renvoi (vers quel pays ?) n’est possible. Le Haut-Commissariat de l’ONU aux réfugiés (HCR) estime que l’apatridie concerne plus de 10 millions de personnes dans le monde et près de 500’000 personnes en Europe.
    L’Index sur l’apatridie

    L’Index a été mis sur pied par le Réseau européen sur l’apatridie (European Network on Statelessness). Il permet de comparer et évaluer la législation, les politiques et les pratiques des pays européens en matière de protection, de prévention et de réduction de l’apatridie par rapport aux normes et aux bonnes pratiques internationales.

    Depuis février 2019, il permet de comparer simultanément 17 pays européens (Bulgarie, Italie, Lettonie, Norvège, Hongrie, France, Allemagne, Macédoine, Moldavie, Pays Bas, Pologne, Serbie, Slovénie, Royaume Uni, Ukraine, Chypre) en plus de la Suisse sur quatre thèmes principaux : la ratification des principaux traités de protection des personnes apatrides, le comptage des personnes apatrides, la détermination du statut d’apatride, la détention, la prévention et la réduction des apatrides. L’accès à l’index est gratuit et mis à disposition des ONG, des différents services gouvernementaux, des avocats et juristes, des chercheurs et des personnes apatrides elles-mêmes.
    Les manquements à l’égard des apatrides en Suisse

    En comparaison de beaucoup d’autres pays la Suisse est mauvais élève (1). Sur l’index, l’information détaillée sur la pratique des autorités est fournie par la plateforme d’information Humanrights.ch qui insiste sur les mesures légales, administratives et pratiques que la Suisse doit entreprendre pour mieux protéger les apatrides.

    “L’index permet de constater que la Suisse présente une faible protection des personnes apatrides en comparaison des autres États européens, même s’il existe certaines mesures spécifiques positives (voir notre article sur l’apatridie en Suisse). Elle gère plutôt bien l’enregistrement d’enfants nouveaux nés apatrides. Elle fait également en sorte que les pratiques liées à l’adoption ne conduisent pas à créer de nouveaux cas d’apatridie. Idem pour les enfants trouvés. La Suisse ne dispose cependant d’aucune mesure de protection pour les enfants qui naissent apatrides sur son sol, ce qui viole le droit de l’enfant à acquérir une nationalité, comme le spécifient pourtant l’art. 24 du Pacte ONU II et l’art. 7 de la Convention des droits de l’enfant (voir notre article sur les enfants apatrides).”
    Quelques recommandations du HCR

    Notre pays est donc très en retard sur la ratification des traités protégeant les personnes apatrides. En 1972 elle a ratifié la Convention relative au statut des apatrides (1954) qu’elle interprète à sa guise. Elle devrait aussi ratifier la Convention de 1961 sur la réduction des cas d’apatridie, la Convention européenne sur la nationalité de 1997 et la Convention de 2006 sur la prévention des cas d’apatridie en relation avec la succession d’États (2).

    Il est impératif que la Suisse ait une loi spécifique qui réglemente, comme dans neuf autres pays, la procédure de reconnaissance des apatrides. Actuellement, la procédure d’octroi du permis de séjour accordé aux personnes reconnues comme apatrides se base sur le droit général de la procédure administrative. Une loi spéciale permettrait de définir non seulement le statut juridique des personnes concernées en cours de procédure, mais aussi de prévoir des auditions et déterminerait mieux le fardeau de la preuve ainsi que les conditions recours.

    Une autre pratique problématique concerne la #détention_administrative des personnes apatrides. En Suisse, l’apatridie n’est pas considérée comme un fait juridiquement pertinent dans les décisions de détention et un pays de renvoi n’a pas besoin d’être identifié avant la détention. La détention peut aussi être ordonnée pendant que les autorités établissent l’identité de la personne. Si la loi prévoit quelques alternatives à la détention, elles ne sont que rarement appliquées. Actuellement, on ne sait d’ailleurs pas combien de personnes apatrides se trouvent en détention administrative en Suisse en vertu du droit des étrangers.

    https://blogs.letemps.ch/jasmine-caye/2019/04/08/un-index-sur-lapatridie-compare-18-pays-europeens-et-montre-que-la-sui
    #vulnérabilité #rétention #Europe #comparaison

    par @forumasile

  • Absurde précarisation. Conditions d’asile durcies pour les Érythréen-ne-s
    https://asile.ch/2019/04/08/absurde-precarisation-conditions-dasile-durcies-pour-les-erythreen-ne-s

    Dans son rapport publié en novembre 2018, l’Observatoire romand du droit d’asile et des étrangers (ODAE romand) pointe les durcissements du droit d’asile qui visent actuellement les Érythréen-ne-s, le groupe le plus représenté dans le domaine de l’asile en Suisse et de ce fait, en proie à des attaques politiques depuis plusieurs années. Un nombre […]

  • Le suicide d’un jeune réfugié à Genève attriste et interpelle
    https://asile.ch/2019/04/08/le-suicide-dun-jeune-refugie-a-geneve-attriste-et-interpelle

    Mercredi 27 mars 2019, un jeune homme originaire d’Afghanistan qui était venu chercher protection en Suisse a voulu mettre fin à sa vie. Il est décédé deux jours plus tard à l’hôpital malgré les soins intensifs qui lui ont été prodigués. Ce suicide, au sein d’une structure qui accueille des personnes mineures et devenues majeures, […]

    • Mineurs non accompagnés : « Personne ne nous écoute ! »

      Les amis du jeune requérant décédé au foyer de l’Etoile font part de leur #désespoir et dénoncent leurs conditions d’accueil.

      Le suicide d’un jeune Afghan, Ali, fin mars au foyer de l’Etoile, a une nouvelle fois mis en lumière le désarroi des requérants d’asile arrivés en Suisse mineurs et sans parents (RMNA). Depuis plusieurs années, des manquements dans l’encadrement et l’accompagnement de cette population doublement vulnérable est pointé du doigt. Sept amis de Ali ont convoqué des médias ce week-end, par l’intermédiaire de l’association Solidarité Tattes, pour faire entendre leur voix.

      « On est perdus. On est seuls. On ne peut pas parler de nos problèmes. On ne sait pas à qui. Aujourd’hui nous avons perdu Ali. Ce sera qui demain ? », lance d’emblée Anthony*, ami du jeune Afghan. « On ne veut pas d’autres Ali. C’est pour ça que nous sommes là. Nous voulons parler avec des journalistes, parce que personne ne nous écoute. Rien ne change au foyer de l’Etoile. »

      Le désespoir de ces jeunes est palpable. Leur douleur aussi. « Ali était notre ami, notre famille. Il était venu en Suisse pour construire une nouvelle vie, avoir un avenir », raconte Arash*. « Mais au foyer de l’Etoile, ce n’était pas possible de penser y arriver. La situation le tirait vers le bas. Il allait beaucoup mieux quand il était à l’hôpital, ou à Malatavie1. Dès qu’il rentrait au foyer, il replongeait. »

      #Agents_de_sécurité violents

      « Il y a beaucoup de #violence à l’Etoile », insistent-ils. « Les agents de sécurité devraient nous protéger, mais au contraire ils nous frappent », affirme Matin*. Les jeunes parlent de #brutalité récurrente, mais insistent sur un événement en particulier, qui a eu lieu en 2016, et qui a été filmé. « Cinq #Protectas ont frappé Ali, après avoir déjà mis K.O. un autre mineur. Tout ça, parce qu’ils ne voulaient pas qu’ils se coupent les cheveux dans le salon. »

      Les images sont fortes. On voit en effet un jeune étendu au sol, immobile. Puis des actes de violence, partiellement hors cadre. Si ce document ne donne pas d’indication sur l’origine du conflit, on voit bien des agents de sécurité donner des coups violents à destination d’un jeune que ses amis identifient comme Ali. « Celui qu’on voit au sol inconscient sur la vidéo n’a plus pu dormir au foyer pendant des mois. Il n’y arrivait plus. Il passait ses nuits au bord du lac », raconte Anthony.

      Plus globalement, les #conditions_de_vie au foyer de l’Etoile sont dénoncées par les jeunes. « Il y a toujours du bruit. L’hiver il fait hyper froid, l’été super chaud, explique Matin. On doit se faire à manger nous-même. Moi ça va, j’aime bien ça. Mais d’autres ne savent pas cuisiner. Les agents entrent sans demander dans nos chambres… Dans les autres foyers, plus petits, mieux encadrés, on peut bien vivre. Mais pas à l’Etoile. »

      « Quant on dit que ça ne va pas, on nous répond que ce sont les politiques qui doivent faire changer les choses. Mais nous, comment on parle aux politiques ? », interroge Anthony. Et Matin de suggérer : « Il faudrait que les responsables envoient un de leur proche qui a notre âge passer une semaine à l’Etoile, pour qu’ils se rendent compte des conditions. Parce que nous, on ne nous voit pas comme des êtres humains. »
      Plainte déposée

      Ariane Daniel Merkelbach, directrice de l’aide aux migrants à l’Hospice général, confirme l’existence d’un « incident grave » survenu en 2016 avec des agents de sécurité. « Quoi qu’il se soit passé avant, il est inacceptable qu’un agent frappe un jeune. Le Service de la protection des mineurs a d’ailleurs porté plainte contre l’agent, qui a lui aussi déposé une plainte. Il a reçu une petite sanction de la justice et son entreprise l’a retiré du site de l’Etoile. »

      La responsable de l’Hospice affirme cependant qu’il s’agit d’un acte isolé. « Nous avons alors engagé huit intervenants de nuit, pour faire les rondes du soir avec une attitude de médiation, portée sur l’éducatif. Ils sont là en complément de la vingtaine d’éducateurs présents de 6h à 22h. Nous avons aussi organisé des cours de gestion des conflits pour les agents de sécurité. Depuis, ça se passe beaucoup mieux. Il peut bien sûr y avoir des frictions entre les jeunes et les agents, notamment à l’entrée. Mais si c’est le cas, les éducateurs interviennent. »

      Ariane Daniel Merkelbach explique également qu’il y a tout un appareil d’écoute pour les jeunes. Que les interlocuteurs existent, et qu’ils sont entendus. « Mais c’est dur pour eux. Ils ne reçoivent pas forcément les réponses qu’ils attendent. Ils sont dans une situation très difficile. Ils font face à une montagne d’écueils, leurs rêves s’effondrent. C’est d’ailleurs pour cela que nous avons demandé une concertation entre tous les acteurs de l’accueil. Pour clarifier les rôles, mieux les accompagner après leur majorité, pour réellement intégrer ces jeunes. »

      *Prénoms d’emprunt

      https://lecourrier.ch/2019/04/14/mineurs-non-accompagnes-personne-ne-nous-ecoute

    • Des éducateurs du #Foyer_de_l'Étoile alertent les autorités

      Des collaborateurs dénoncent l’échec de la prise en charge des jeunes migrants dans une lettre aux députés.

      Cinq mois après le suicide du jeune Ali, 18 ans, les éducateurs du Foyer de l’Étoile sortent du bois. Dans une lettre de quatre pages adressée à la fin du mois d’août à Jocelyne Haller, la présidente de la Commission des affaires sociales du Grand Conseil, 21 collaborateurs – sur 36 – de ce centre d’hébergement destiné aux requérants d’asile mineurs non accompagnés (RMNA) alertent les autorités sur une série de dysfonctionnements. Ils dénoncent l’échec de la prise en charge de ces jeunes migrants et le silence de l’Hospice général malgré leurs nombreuses mises en garde.

      « Le suicide d’un jeune est l’événement redouté, mais pas incompréhensible, qui suit quatre années d’épuisement et d’instabilité », notent les éducateurs dans leur courrier. La liste des griefs à l’égard de leur hiérarchie est longue. De manière générale, les collaborateurs du foyer lui reprochent de sous-estimer « gravement » l’accompagnement socio-éducatif des RMNA, des adolescents aux parcours chaotiques et traumatismes importants. Le manque de moyens alloués au centre génère selon eux une souffrance au travail, un épuisement et une démotivation au sein de l’équipe.

      Les éducateurs dénoncent en outre la « taille inhumaine du foyer », un mandat peu clair de l’Hospice général ainsi qu’une « vision institutionnelle inadéquate » et « éloignée des principes censés inspirer notre institution ». Ils regrettent que l’empathie et le lien soient souvent considérés comme un obstacle à l’autonomie des jeunes, que le parcours personnel des RMNA ne soit pas pris en compte et qu’une « logique d’uniformisation de l’intervention » leur soit imposée.

      « Nous avons pris acte »

      Que répondent l’Hospice général et le Canton à ces critiques ? « Nous avons pris acte de la prise de position d’une partie des collaborateurs de l’Étoile », déclare Bernard Manguin, au nom de l’institution. Le porte-parole relève cependant qu’un certain nombre de mesures ont déjà été mises en place. Il cite la création d’un comité de gestion regroupant les différents métiers relatifs à la prise en charge des RMNA et ex-RMNA à la fin d’avril ainsi qu’un projet de collaboration avec des professionnels de la Fondation officielle de la jeunesse (FOJ) et la Fondation genevoise pour l’animation socioculturelle.

      De son côté, Thierry Apothéloz, magistrat de tutelle de l’Hospice général, rappelle que le centre de l’Étoile n’a pas été construit à l’origine pour accueillir des mineurs et constituait donc une mesure d’urgence. « Le Conseil d’État est conscient de certaines améliorations possibles dans la prise en charge des RMNA et a, à ce titre, accepté les recommandations du rapport de la Cour des comptes », assure-t-il.

      Trois motions en cours

      Trois motions ont été déposées ce printemps au Grand Conseil concernant l’encadrement des jeunes migrants. Les textes demandent un accompagnement socio-éducatif des ex-RMNA jusqu’à 25 ans, une prise en charge de ces jeunes par la FOJ et une autorisation exceptionnelle octroyée aux personnes déboutées de l’asile dont le renvoi n’est pas réalisable de pouvoir terminer leur formation. Acceptées par une large majorité des membres de la Commission des affaires sociales, les motions doivent être débattues en plénière lors de la prochaine session du Grand Conseil.

      Hasard du calendrier, cette même commission est actuellement en train d’étudier le rapport de gestion de l’Hospice général. À la suite à la lettre reçue des collaborateurs du Foyer de l’Étoile, elle pourrait formuler certaines remarques à l’égard du Grand Conseil. La Haute École de travail social a d’autre part rédigé un rapport sur les besoins des RMNA et ex-RMNA. Attendues cet été, ses conclusions devraient être communiquées dans les semaines à venir, annonce le Département de l’instruction publique.

      https://www.tdg.ch/geneve/actu-genevoise/Des-educateurs-du-Foyer-de-l-Etoile-alertent-les-autorites/story/28325473

    • Ali, le suicide d’un jeune réfugié qui bouscule les institutions

      Ali est un jeune réfugié afghan. Il a vécu pendant 3 ans en Suisse, à Genève, avant de se suicider dans sa chambre au #foyer_de_l’Étoile, le plus grand dispositif d’accueil pour requérants d’asile mineurs en Suisse. Un drame qui remet en question la gestion de ces enfants particulièrement vulnérables. Une histoire à découvrir dans ce troisième épisode de notre série Les enfants de l’exil.

      https://www.rts.ch/play/tv/nouvo-news/video/ali-le-suicide-dun-jeune-refugie-qui-bouscule-les-institutions?id=11351064

    • Ali, le suicide d’un jeune réfugié qui bouscule les institutions

      Ali Reza était un jeune réfugié afghan. Il a vécu pendant 3 ans en Suisse, à Genève, avant de se suicider dans sa chambre au foyer de l’Étoile, le plus grand dispositif d’accueil pour requérants d’asile mineurs en Suisse. Un drame qui remet en question la gestion de ces enfants particulièrement vulnérables. Une histoire à découvrir dans ce troisième épisode de la série “Les enfants de l’exil” sur la chaîne RTS Nouvo, avec le journaliste Marc Gagliardone.

      https://www.youtube.com/watch?v=_N2xeZoUFaQ&feature=emb_logo


      https://asile.ch/2020/06/08/nouvo-ali-le-suicide-dun-jeune-refugie-qui-bouscule-les-institutions
      #foyer

  • L’#aide_au_développement peut-elle réguler l’immigration ?

    Moins de pays, davantage de financements privés et un accent plus fort mis sur la migration : le débat politique sur la réorientation de l’aide suisse au #développement commence en mai. #Fritz_Brugger, maître de conférences et conseiller en matière d’aide au développement, évoque les risques et les opportunités.

    swissinfo.ch : Le Conseil fédéral souhaite obtenir le soutien le plus large possible à l’orientation de l’aide suisse au développement au cours des quatre prochaines années. Pour la première fois, les politiciens et les groupes d’intérêt pourront s’exprimer à l’avance. L’aide au développement va-t-elle à l’avenir moins fâcher les esprits ?

    Fritz Brugger : Je crains que non... Jusqu’à présent, la discussion s’est principalement concentrée sur la question du niveau d’engagement de la Suisse, c’est-à-dire combien d’argent devrait aller à la coopération au développement. Cette situation est en train de changer avec la consultation prévue, qui se concentrera davantage sur des questions de contenu et d’instruments, qui étaient auparavant laissées aux experts.

    swissinfo.ch : Cela semble plutôt positif…

    F.B. : Un débat public sur le mandat actuel de la coopération suisse au développement est souhaitable, oui. Mais il y a un risque que des questions techniques soient politisées. En pleine année électorale, ce risque pourrait se confirmer. La coopération au développement est un effet un thème sur lequel les politiciens aiment bien s’écharper.

    swissinfo.ch : La coopération suisse au développement se concentre désormais sur quatre régions. Les intérêts de l’économie suisse devraient également être davantage pris en compte et l’aide au développement plus étroitement liée aux migrations. Ces mesures ont-elles un dénominateur commun ?

    F.B. : On peut constater que la coopération au développement se concentre davantage sur les intérêts à #court_terme de la Suisse. Jusqu’à présent, tout le monde reconnaissait qu’il était dans l’intérêt à long terme de la Suisse de lutter contre la #pauvreté. L’intérêt à court terme de la Suisse est désormais de limiter l’immigration. L’aide au développement doit ainsi être transformée en un instrument de gestion des migrations.

    swissinfo.ch : Qu’y a-t-il de mal à cela ?

    F.B. : Les recherches montrent que la coopération au développement ne réduit pas la migration à court terme. On ne peut pas se contenter de regarder les Syriens et les Érythréens qui viennent en ce moment en Suisse et orienter toute l’aide au développement en conséquence. Les raisons qui influencent la migration sont multiples.

    Cette approche, qui est axée sur l’intérêt personnel à court terme, comporte également le risque de passer d’une approche de long terme et fiable de la réduction de la pauvreté à des interventions à court terme. Selon le nombre de réfugiés et de migrants qui arrivent dans notre pays, la Suisse pourrait ainsi décider d’abandonner ou de poursuivre sa coopération au développement dans la région d’origine.

    swissinfo.ch : Quelles en seraient les conséquences ?

    F.B. : Le risque est de créer une contradiction interne, car l’argent investi pourrait ne pas avoir d’effet à long terme. En termes d’#efficacité, l’argent ne serait donc pas dépensé de manière optimale, ce qui donnerait lieu à des critiques justifiées. Les mesures de coopération au développement devraient surtout être examinées en fonction de leur impact.

    Le choix des acteurs et des instruments devrait également être fondé sur l’impact. Prenons l’appel en faveur d’un rôle accru pour le secteur privé : le secteur privé doit jouer un rôle dans tous les cas. L’ampleur de ce rôle devrait toutefois dépendre de comment et avec quel acteur il est possible d’obtenir l’impact le plus important.

    swissinfo.ch : Estimez-vous que la réduction de la pauvreté est l’objectif le plus menacé ?

    F.B. : Il y a un risque que certains instruments ou certaines questions dominent, sans tenir compte des tendances et des défis à long terme.

    Par exemple, on ne peut fondamentalement pas reprocher à la Suisse de vouloir réduire le nombre de pays qu’elle aide pour rassembler les forces. Cependant, il est important de garder à l’esprit que la géographie de la pauvreté – qui comprend non seulement le manque d’argent, mais qui se mesure aussi en termes de santé, de nutrition, d’accès à l’eau ou à l’éducation – a changé. Il y a de moins en moins de « pays pauvres », mais de nombreux pays dans lesquels des groupes de population de certaines régions vivent dans la pauvreté ou dans lesquelles la pauvreté est aggravée par une urbanisation rapide. De telles #inégalités présentent également un grand potentiel de tensions sociales.

    swissinfo.ch : La Suisse est-elle le seul pays à réorganiser sa coopération au développement et à se concentrer sur ses propres intérêts à court terme ?

    F.B. : Actuellement, les États servent de plus en plus leurs propres intérêts. Et la question des migrations domine le débat politique interne dans de nombreux pays. De ce point de vue, la discussion en Suisse s’inscrit dans une tendance générale.

    Au sein de l’Union Européenne (#UE), par exemple, il y a une pression considérable pour gérer la migration avec les fonds de la coopération au développement. Et en #Angleterre, le discours sur les intérêts de la politique nationale et étrangère comme celui du rôle de l’industrie dans la coopération au développement se poursuit également depuis plusieurs années.

    swissinfo.ch : L’aide suisse au développement est appréciée pour sa neutralité et sa fiabilité. Voyez-vous cette réputation menacée par la réorientation ?

    F.B. : La réputation de partenaire sincère que s’est forgé la Suisse n’est pas menacée. Le pays est trop petit pour apparaître comme un acteur politique de pouvoir. En ce qui concerne la fiabilité, je suis moins optimiste. Les pays partenaires de la Suisse apprécient notre pays parce qu’il tient ses promesses sur le long terme. Si l’allocation des fonds de coopération au développement dépend à l’avenir des mouvements migratoires actuels, nous compromettrons cette réputation. La fiabilité est indispensable dans les questions de développement si nous voulons avoir un impact. Elle ferait ainsi défaut.

    swissinfo.ch : Par rapport aux Etats-Unis ou à l’UE, par exemple, la Suisse n’est de toute façon qu’un acteur insignifiant de l’aide au développement…

    F. B. : Bien que la Suisse soit financièrement un petit acteur, elle sait se positionner. Jusqu’à présent, elle a réussi à trouver des niches dans lesquelles elle peut avoir un impact important par rapport à l’argent investi. Il ne serait pas prudent de mettre en péril ce rôle d’acteur de niche avec une orientation à plus long terme basée sur un prétendu intérêt personnel à court terme.

    https://www.swissinfo.ch/fre/politique/politique-de-d%C3%A9veloppement_l-aide-au-d%C3%A9veloppement-peut-elle-r%C3%A9guler-l-immigration--/44866002
    #migrations #asile #réfugiés #coopération_au_développement #Suisse #flux_migratoires #gestion_des_flux_migratoires #Europe #EU #UK

    Le changement de cap pour Brugger :

    Jusqu’à présent, tout le monde reconnaissait qu’il était dans l’intérêt à long terme de la Suisse de lutter contre la #pauvreté. L’intérêt à court terme de la Suisse est désormais de limiter l’immigration. L’aide au développement doit ainsi être transformée en un instrument de #gestion_des_migrations.

    voir métaliste :
    https://seenthis.net/messages/733358

    • Il nuovo aiuto allo sviluppo fa litigare Berna

      La consultazione facoltativa fa emergere tutti i punti controversi, dal ritiro dal Sudamerica al budget ’insufficiente’

      Legami tra aiuto allo sviluppo e migrazione, ammontare dei fondi investiti, ritiro dall’America latina: sono alcuni dei punti che hanno fatto maggiormente discutere nel corso della procedura di consultazione sull’orientamento da dare all’aiuto allo sviluppo elvetico nei prossimi anni.

      È la prima volta che le grandi linee della cooperazione internazionale vengono sottoposte a procedura di consultazione facoltativa. Il progetto prevede che gli aiuti tengano maggiormente conto degli interessi della Svizzera, in particolare in materia di politica migratoria.

      Per il PLR, è positivo che venga dato maggior peso alla migrazione. Il partito si aspetta ora che queste intenzioni si concretizzino. Oltre a rafforzare il dialogo e i partenariati in materia, occorre adoperarsi per concludere nuovi accordi di riammissione, ha sottolineato.

      PS e Caritas apprezzano dal canto loro il fatto che il legame tra aiuti e migrazione non sia soggetto a condizioni rigorose. I socialisti deplorano però che collegando questi due aspetti venga ridotta l’interazione complessa tra cooperazione e migrazione con il solo scopo di ridurre gli arrivi.

      Analogo il punto di vista della Croce Rossa Svizzera, per la quale la Confederazione deve utilizzare l’aiuto umanitario e i meccanismi di cooperazione allo sviluppo per ridurre la povertà, non per promuovere la politica migratoria.

      Per il periodo dal 2021 al 2024, il progetto prevede un budget di 11,37 miliardi, una somma ritenuta «insufficiente» dalle organizzazioni attive nell’aiuto allo sviluppo e dal PS. Ciò corrisponde allo 0,45% del reddito nazionale lordo (RNL) della Svizzera. Il Parlamento ha fissato quale obiettivo di dedicare lo 0,5% del RNL e il Consiglio federale si è impegnato ad aumentare questa quota allo 0,7%, come previsto dall’Agenda 2030, ricorda in particolare Swissaid.

      Il PLR indica dal canto suo che si pronuncerà ulteriormente sulla percentuale da destinare all’aiuto allo sviluppo, quando il messaggio sarà definitivo. Il partito del consigliere federale Ignazio Cassis sottolinea tuttavia che, oltre a un rigido obiettivo, è determinante l’efficacia con la quale i mezzi sono utilizzati.

      Diversi attori consultati ritengono che gli obiettivi siano formulati in modo troppo vago. La creazione della crescita economica sul posto deve essere la principale priorità, rileva il PLR.

      Per Unione sindacale svizzera, Alliance Sud, Swissaid, PS, Croce Rossa Svizzera e Accademia svizzera delle scienze naturali, gli obiettivi della cooperazione elvetica dovrebbero allinearsi a quelli dell’Agenda 2030 delle Nazioni Unite, ciò che implica in primis la riduzione della povertà.

      Per raggiungere tali scopi, non basta limitarsi alla cooperazione internazionale. La politica svizzera deve migliorare la sua coerenza in ogni dipartimento, in particolare nei settori della politica commerciale, fiscale e finanziaria. Tale esigenza deve essere esplicitamente menzionata, chiedono Alliance Sud, PS e USS.

      Il progetto prevede un riorientamento dell’aiuto internazionale elvetico su quattro regioni e 34 Paesi prioritari anziché su sei e 46 come avviene attualmente. Di conseguenza, la Svizzera si disimpegnerà progressivamente dall’America latina entro il 2024.

      Secondo il DFAE, tale concentrazione è necessaria. La politica in materia di sviluppo deve essere realistica e, affinché abbia un effetto tangibile, i fondi devono essere utilizzati in maniera mirata, scrive il PLR.

      Swissaid ritiene invece che viste le difficoltà politiche in questa regione, una partenza pura e semplice dell’aiuto svizzero «avrebbe conseguenze disastrose per le popolazioni locali».

      Caritas si mostra dal canto suo preoccupata per le sorti di Haiti. Tale Paese «dovrebbe essere considerato come un caso particolare».

      https://www.laregione.ch/svizzera/svizzera/1387562/il-nuovo-aiuto-allo-sviluppo-fa-litigare-berna

    • Une coopération au développement recentrée sur la Suisse

      En Suisse, le Conseil fédéral définit tous les quatre ans sa stratégie de coopération internationale. Pour la période 2021–2024, il souhaite fixer de nouvelles priorités. Ainsi, outre la lutte contre la pauvreté, les intérêts de l’économie et ceux liés à la politique migratoire et sécuritaire de la Suisse devront être davantage pris en considération lors du choix des pays et des programmes. « En vertu de son économie ouverte et très mondialisée, la Suisse dépend d’un ordre international stable », explique le ministre des Affaires étrangères, #Ignazio_Cassis (PLR), à la « Revue Suisse ». La Confédération a intérêt à ce que les principes de l’état de droit se renforcent dans les pays en voie de développement, d’une part pour la population locale, « d’autre part parce que ces pays constituent de futurs marchés ». Le conseiller fédéral poursuit en disant que la Suisse a intérêt « à s’attaquer aux causes de la migration irrégulière et forcée ».

      Concernant la politique migratoire, le Conseil fédéral veut cependant renoncer à faire dépendre l’aide au développement de la coopération d’un pays – par exemple pour le retour de refugiés renvoyés – comme l’exige l’UDC. L’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) ainsi que les œuvres d’entraide ont pris position contre cette conditionnalité. Au printemps 2019, le Comité d’aide au développement (CAD) de l’OCDE a insisté sur le fait que l’aide suisse au développement devait se focaliser sur les besoins des pays partenaires, et non se mettre au service de la lutte contre la migration irrégulière.

      https://www.revue.ch/fr/editions/2020/01/detail/news/detail/News/une-cooperation-au-developpement-recentree-sur-la-suisse-1

      #root_causes

  • Agenda du Libre pour la semaine 15 de l’année 2019
    https://linuxfr.org/news/agenda-du-libre-pour-la-semaine-15-de-l-annee-2019

    Calendrier web, regroupant des événements liés au Libre (logiciel, salon, atelier, install party, conférence), annoncés par leurs organisateurs. Voici un récapitulatif de la semaine à venir. Le détail de chacun de ces 49 événements (France 39, Québec 5, Suisse 4, Belgique 1) est en seconde partie de dépêche. lien n°1 : Aprillien n°2 : Agenda du Librelien n°3 : Carte des événementslien n°4 : Proposer un événementlien n°5 : Annuaire des organisationslien n°6 : Agenda de la semaine précédentelien n°7 : Agenda du Libre QuébecSommaire

    [FR Villeneuve d’Ascq] Expolibre, pour découvrir le logiciel libre - Du vendredi 1 mars 2019 à 16h00 au mardi 16 avril 2019 à 16h00.

    [FR Langres] Election Titre de l’année Ziklibrenbib 2019 - Du mardi 26 mars 2019 à 13h30 au samedi 25 mai 2019 à 18h00.

    [FR Redon] Espace Numérique (...)

  • Un regard écosocialiste sur l’#effondrement

    J’étais le 20 mars dernier à Genève, dans le lieu auto-géré L’Écurie, à l’invitation du groupe écosocialiste de Solidarités. L’occasion d’échanger sur l’effondrement, ses implications politiques et sociales, en lien avec le système capitaliste. Un moment à la fois studieux et chaleureux, dans une salle qui frémissait encore des ondes punk-rock de Ludwig von 88, entre une affichette de soutien au Rojava et une collection de bicyclettes étonnante. Bref, un très chouette moment, à retrouver ci-après en podcast grâce à la radio indépendante Libradio. De quoi changer de regard sur la Suisse, merci à toute l’équipe ! Fichiers son ci-dessous, belle écoute à vous…


    https://revoirleslucioles.org/un-regard-ecosocialiste-sur-leffondrement
    #écosocialisme #collapsologie #audio #capitalisme #Corinne_Morel_Darleux

  • Matteo #Salvini expulse des détenus roumains et promet le même traitement aux Albanais

    Le ministre italien de l’Intérieur a triomphalement annoncé sur sa page Facebook que Rome allait renvoyer 13 détenus roumains pour qu’ils purgent leur peine dans leur pays d’origine. Une mesure qu’il a promis d’étendre, notamment aux prisonniers albanais.

    https://www.courrierdesbalkans.fr/l-italie-renvoie-13-detenus-en-Roumanie
    #expulsions #renvois #criminels_étrangers (pour utilisé la même expression d’une initiative de l’#UDC en #Suisse) #migrations #migrants_roumains #migrants_albanais #Albanie #Roumanie #détention #prisonniers #prisons #emprisonnement #Italie

  • 171 Swedish artists demand boycott of Eurovision in Israel
    April 4, 2019 11:14 A.M. (Updated: April 4, 2019 12:15 P.M.)
    http://www.maannews.com/Content.aspx?ID=783095

    STOCKHOLM (Ma’an) — Some 171 Swedish artists and celebrities have signed an open letter urging to boycott the 2019 Eurovision Song Contest, in Tel Aviv, Israel, on Wednesday.

    In the open letter, the Swedish signatories said that "Just a few days after the Israeli victory in the Eurovision Song Contest in May 2018, Israel’s army killed 62 unarmed Palestinians who protested against their prison-like imprisonment in Gaza. Six of those murdered were children.”

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    UK Band Release Song Highlighting Israeli Apartheid (VIDEO)
    April 4, 2019 5:36 AM IMEMC News & Agencies
    https://imemc.org/article/uk-band-release-song-highlighting-israeli-apartheid-video

    The UK-based band Slovo has released a new song which calls for a boycott of the Eurovision Song Contest final, which will be held in Tel Aviv on the 18th of May.

    https://www.youtube.com/watch?time_continue=227&v=ouibGAgONVQ


    #BDS

    • Wolf Alice engagé pour le concert « Pas l’Eurovision » en soutien des droits palestiniens
      4 avril | Julia Hunt, Press Association Entertainment Correspondent |Traduction CG pour l’AURDIP
      https://www.aurdip.org/wolf-alice-engage-pour-le-concert.html

      Les gagnants du prix Mercury, Wolf Alice et le rapper Mic Righteous, font partie des artistes annoncés dans le futur concert Not The Eurovision (Pas l’Eurovision) en soutien des droits palestiniens.

      Le guitariste de Faithless, Dave Randall, est aussi sur l’affiche pour « Pas l’Eurovision : soirée pour la Palestine », et d’autres numéros doivent être encore annoncés.

      Organisé par la Campagne de solidarité avec la Palestine, le concert aura lieu à Londres le 18 mai – le jour du concours de chansons de l’Eurovision 2019 à Tel Aviv, Israël.

      Les organisateurs ont déclaré qu’il s’agit d’une invitation à souligner les violations des droits humains dont souffrent les Palestiniens et à protester contre elles, faisant valoir qu’Israël déploie une tactique de « blanchiment par l’art », en utilisant l’Eurovision comme un moyen de masquer ce qu’ils décrivent comme son régime d’apartheid et d’occupation, et en projetant au monde une image « progressiste »

    • Dare to dream
      Michel Bühler, Le Courrier (Suisse) - jeudi 4 avril 2019
      https://lecourrier.ch/2019/04/02/dare-to-dream

      (...) Alertés par les milieux culturels palestiniens, plus d’une centaine d’artistes de renommée internationale ont appelé à boycotter cette finale : peut-on décemment servir de caution à la propagande d’un régime qui bafoue depuis des années toutes les règles du droit international ? ; peut-on innocemment aller gazouiller à Tel Aviv tandis qu’à quelques kilomètres de là les soldats de Tsahal abattent systématiquement les jeunes Gazaouis qui manifestent près de la frontière de leur pays-prison ?

      En Suisse, le mouvement BDS a lancé une pétition [1] demandant aux artistes et à la SSR de renoncer à participer à cette finale. Ayant rassemblé plus d’un millier de signatures, elle est restée sans effet, puisque le chanteur qui doit y représenter notre pays a récemment été désigné.

      J’avais pris note avec tristesse de ce revers. (NB : j’ai oublié le nom de ce chanteur, et la charité m’interdit de dire ce que j’ai pensé de sa prestation… oui, bien qu’elle soit en anglais, je me suis imposé, par souci d’honnêteté, le pensum de l’écouter jusqu’au bout).

      Et voilà que ce sentiment de tristesse a soudain fait place à la stupéfaction, puis à une indignation sans bornes : le slogan que des communicants, semble-t-il hors sol, ont imaginé pour cette manifestation est – tenez-vous bien ! – « Dare to dream » !

  • « #Female Pleasure » : des clitoris dessinés dans les rues de #Montpellier
    http://www.lagazettedemontpellier.fr/54791/female-pleasure-des-clitoris-dessines-dans-les-rues-de-montpe
    http://www.lagazettedemontpellier.fr/media/cache/original/uploads/images/61/sujet/59645_5ca4b40a59983_female-pleasure--des-clitoris-dessines-da

    À l’occasion de cette projection, des militantes ont dessiné des clitoris dans les rues de Montpellier pour interpeller les Montpelliérains.

    L’Utopia diffusera également « #Female Pleasure » le lundi 8 avril. S’ensuivra une soirée combinant rencontres et débats, en présence de la réalisatrice Nina Faure, ou encore de Marie-Noëlle Lanuit, présidente de Women’s March Montpellier France. Attention : les billets seront vendus uniquement sur place.

  • Les réparateurs de voiture… à #Vélo
    http://carfree.fr/index.php/2019/04/04/les-reparateurs-de-voiture-a-velo

    Voici une bien belle innovation qui vient d’Allemagne bien sûr, le pays de la voiture, et qui s’est développée aussi en #Suisse, des patrouilleurs à vélo électrique viennent désormais réparer Lire la suite...

    #Alternatives_à_la_voiture #Fin_de_l'automobile #allemagne #bâle #berlin #cologne #genève #lausanne #lobby #VAE #Vélogistique #zurich

  • Outil pour une #répartition plus équitable des réfugié·e·s en Europe

    L’#accueil de personnes réfugiées peut se révéler très positif à long terme pour une société sur le plan démographique et économique, mais il est très coûteux pour l’Etat social durant les premières années de séjour et suscite de violents débats politiques. Au cours des dernières décennies, les pays d’Europe ont donc, à quelques exceptions près, tout fait pour laisser la #responsabilité de l’accueil à leurs voisins.

    Quelle serait une #répartition_équitable de cette #responsabilité ? Certains ont mis en avant la taille du pays, d’autres sa richesse ou un faible taux de chômage. Grâce à un nouvel outil cartographique développé par #Andreas_Perret, data manager du « nccr – on the move », le Pôle de recherche national (PRN) consacré aux études sur la migration et la mobilité de l’Université de Neuchâtel, sur la base de mon étude de 2014, il est désormais possible de choisir et de pondérer les critères de répartition sur la période 2008-2018. Il s’agit d’une base de réflexion fondamentale dont on espère qu’elle stimulera les Etats à coopérer.

    Une première série de cartes permet de comparer l’effectif de demandeurs·euses d’asile reçu·e·s (représenté par un demi-cercle rouge) avec l’effectif « équitable » en proportion de différents critères (autre moitié du cercle, en gris).

    Ainsi, compte tenu de sa population en 2018 (1.6% de l’UE+AELE), la Suisse a reçu « trop » de demandeurs·euses d’asile (2.3%, soit 15’160 au lieu de 10’386) tout comme l’Allemagne, le Luxembourg, la Belgique, la France, la Suède et surtout la Grèce (66’965 au lieu de 13’615 !), tandis que le Portugal, la Norvège, Le Danemark, le Royaume-Uni et tous les pays de l’Est n’en ont pas reçu « assez ». Compte tenu de son produit intérieur brut (PIB) qui pèse 3.72% de celui de l’UE+, la Suisse aurait, par contre, dû accueillir nettement plus de personnes (24’418). Les mêmes simulations peuvent être effectuées en fonction de la surface géographique et du taux de chômage (proportion inverse) ou d’une combinaison de critères. Si l’on adopte la pondération suggérée dans un rapport de la fondation Mercator (Angenendt et al.), soit 40% pour le PIB et la population et 10% pour le chômage et la surface, on observe que la Suisse reçoit une proportion assez équilibrée des demandeurs·euses d’asile en 2017 et 2018. En 2016 par contre, en pleine crise syrienne, elle aurait « dû » accueillir plus de demandes, surtout en comparaison de l’Allemagne.

    Débat politique informé à l’aide de simulations cartographiques

    La deuxième série de cartes (#Choroplèthe) permet d’identifier en un coup d’œil les pays qui devraient recevoir plus (en rouge) ou moins (en vert) de demandeurs·euses d’asile.

    Un tableau de synthèse (Heat) permet de suivre l’évolution entre 2008 et 2018. Il en ressort – toujours avec la pondération « Mercator » – que si certains pays sont chroniquement « trop peu accueillants » (pays de l’Est européen, Portugal, Espagne, Irlande, Luxembourg, Royaume-Uni), d’autres comme la Suisse, la Grèce et la France ont alterné des périodes d’ouverture et de fermeture. L’Allemagne, la Suède, l’Autriche et la Belgique sont les pays qui ont le plus souvent été aux avant-postes de l’accueil.

    Les cartes n’apportent pas de réponses directes à la question d’une répartition « équitable ». Elles ne donnent pas non plus de réponses à la question des #critères à utiliser ni du nombre total de personnes qui devraient être accueillies. En permettant d’effectuer des simulations, elles ont pour ambition de faciliter un débat politique informé visant à faire progresser l’indispensable #harmonisation des politiques d’accueil à l’échelle du continent européen.

    Note : Exemple pas à pas pour créer une carte : dans le volet « Symbolic » choisir l’année 2018 et affecter un poids de 100% à l’effet de la surface : la carte présentée donne en demi-cercle rouge le nombre effectif de demandes d’asile reçues et en gris le nombre qu’un pays aurait dû recevoir compte tenu de sa taille (surface) par rapport à la surface totale de l’UE+. Pour la France, on compte 119’190 demandes d’asile effectives en 2018, mais la France occupe 11% du territoire ce qui correspond à 73’370 demandes d’asile (11% du total). La France a donc reçu « trop » de demandes d’asile si l’on prend la surface comme unique clé de répartition. En choisissant une autre pondération on peut combiner l’effet de la population, du chômage, du PIB et de la surface.

    https://blog.nccr-onthemove.ch/outil-pour-une-repartition-plus-equitable-des-refugie%c2%b7e%c2%b7s-en-europe/?lang=fr
    #cartographie #visualisation #équité
    #asile #migrations #réfugiés #Europe #quotas #coopération #pondération #statistiques #chiffres

    #Simulation interactive :
    https://public.tableau.com/profile/nccr.on.the.move#!/vizhome/FairShare_0/Symbolic
    #carte_interactive

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    –-> Petit commentaire (mais qui, évidemment, me semble indispensable pour une réforme du droit d’asile européen) :
    Mais... aucune référence est faite sur les besoins, envies, projets et aspirations des demandeurs et demandeuses d’asile !!!!!
    Les demandeurs d’asile sont considérés comme des paquets interchangeables qu’un bureau central pourrait envoyer à droite et à gauches selon son besoin et le besoin des petits bureaux situés sur le territoire européen... la poste, quoi !
    Il n’y a pas du tout l’idée de #matching entre les besoins et nécessités du pays et ceux des personnes concernées...

    ping @karine4 @isskein

    #paquets_de_la_poste

  • Révélations sur des « patriotes » qui projetaient des attentats islamophobes

    En France, 350 militants de l’ultradroite possèdent légalement, comme le terroriste de Christchurch, des armes à feu. Tenant des propos similaires à ceux de Brenton Tarrant, certains membres du site Réseau libre ont cherché à perpétrer des attentats visant la communauté musulmane. Emportés par leur haine, ces nostalgiques de l’OAS exprimaient aussi leur mépris à l’encontre… des victimes du 13-Novembre ou du colonel Beltrame.

    Au lendemain du deuxième anniversaire du massacre du 13-Novembre, Merlin (un pseudo) « persiste et signe » : « Je m’engage à buter tout ce qui peut être musulman, hommes, femmes, enfants. Et ce sans pitié et sans remords. » Au cours de l’été 2018, Glock 17 bat le rappel des troupes : « Nettoyez vos canons, graissez vos culasses, et tirez dans le tas ! »
    Mais, le 30 septembre 2018, Anonyme se languit toujours : « Vivement la première salve patriotique ! J’ai la détente qui me démange, je commence à avoir une crampe à l’index… » À l’approche du troisième anniversaire du 13-Novembre, Povbête regrette : « Si j’étais calé, j’irais bien faire sauter une petite mosquée, histoire de me remonter le moral et de faire comprendre à ces saloperies de muzz [abréviation de musulmans] qu’on ne veut pas d’eux. »
    Entre deux imprécations haineuses, ils s’échangent des conseils techniques, dissertent sur la meilleure façon de commettre ce qu’ils ne nomment jamais comme un attentat, préférant parler d’« insurrection anti-islamique brutale et spontanée ». Glock 17 préconise des « tirs à l’affût et [de] reprendre le cours des choses de la vie sans JAMAIS revendiquer et se vanter ». Zardoz propose de « buter l’ambassadeur du Qatar pour l’exemple » tandis que Bjorn milite pour des actions visant à « monter les communautés muzz les unes contre les autres en alternant les cibles. Jamais au même endroit avec, si possible, des modes opératoires différents. Le but est de distiller la peur chez les muzz. Et bon safari à tous ! »
    Ces échanges ont lieu sur le site reseaulibre.org, sabordé en novembre dernier et sur lequel Mediapart enquête depuis près d’un an. Au fil des discussions entre les quelque 800 membres actifs du site s’esquisse le tableau d’une communauté de suprémacistes blancs, obsédés par la peur de l’autre, n’attendant qu’une étincelle pour passer à l’acte et perpétrer leurs propres attentats islamophobes.
    Les thèses véhiculées par ce site sont celles qui ont inspiré le terroriste australien de Christchurch, qui a tué, le 15 mars, cinquante personnes dans deux mosquées, en Nouvelle-Zélande : la théorie du « grand remplacement » élaborée par l’essayiste d’extrême droite Renaud Camus, l’échec d’un Front national jugé trop modéré, l’attentat islamophobe prôné pour défendre la race blanche.
    Dans son manifeste, intitulé lui aussi « Le grand remplacement » et posté sur les réseaux sociaux une heure avant les attentats, Brenton Tarrant, le terroriste de Christchurch, justifiait sa volonté de s’en prendre à des musulmans et évoquait la France et son « invasion par les non-Blancs ». Le manifeste donne pour point de bascule de son auteur le fait que Marine Le Pen ne soit pas parvenue à s’opposer à Emmanuel Macron, le candidat du « mondialisme » lors de la dernière élection présidentielle.
    Selon nos informations, les services de renseignement estiment à 350 le nombre de membres de l’ultradroite qui, comme l’Australien Tarrant, possèdent légalement une ou plusieurs armes à feu. Parmi eux, 147 font l’objet d’une fiche sûreté de l’État, la fameuse fiche S. La DGSI s’inquiète de l’émergence au sein de la mouvance traditionnelle d’extrême droite radicale de groupuscules qualifiés de « populo-patriotes » réunissant des « guerriers de claviers », le plus souvent jusque-là inconnus des services et n’excluant plus de recourir à l’action violente. Comme l’expriment au quotidien les membres de Réseau libre.

    D’abord sous l’intitulé d’ EuroCalifat , puis de Réseau libre, l’autoproclamé « réseau des Patriotes » a vu le jour en réaction à la vague migratoire de l’été 2015. « L’invasion musulmane en Europe a débuté il y a quelques semaines », écrivent ses administrateurs le 10 septembre de cette année-là. Des administrateurs qui, d’emblée, annoncent la couleur : « Le combat ne sera pas virtuel, il sera dans la rue de vos villes et campagnes, dans vos maisons. Préparez-vous-y ! »
    Le serveur étant hébergé en Russie, aucune donnée de connexion ne peut être communiquée aux autorités françaises. Du moins « sans un ordre judiciaire d’un tribunal russe », comme s’en gargarisent les administrateurs. Pour achever le dispositif de sécurité, les membres ne peuvent communiquer entre eux que s’ils ont installé sur leurs ordinateurs un logiciel de cryptage des messages. L’anonymat de chacun ainsi préservé, la parole se lâche.
    L’islamophobie et le racisme s’y expriment sans filtre. On y parle de « crouilles », de « singes », de « bougnoules »… On s’assume membre de « la fachosphère ». Comme le terroriste australien de Christchurch, on idolâtre le Norvégien Anders Breivik qui a tué 77 personnes le 22 juillet 2011, d’abord en faisant exploser une bombe à Oslo puis en ouvrant le feu sur la petite île d’Utoya, où se tenait un camp de la jeunesse travailliste.
    « Tant qu’à aller en taule, il vaut mieux y aller pour une action à la Anders Breivik », assume Beretta. Un administrateur de Réseau libre prophétise à propos de la France : « Attention, un Breivik qui n’a plus rien à perdre pourrait surgir… » Ce qui provoque l’assentiment de Francky la Tabasse : « Oui, il était en avance sur son temps, il y en aura d’autres ! »
    Les concerts du rappeur Médine prévus au Bataclan à l’automne 2018 leur font voir rouge, comme l’a relevé à l’époque Le Journal du dimanche. « La Saint-Barthélemy [référence au massacre des protestants en 1572 – ndlr] se fêtera en 2018 les 19 et 20 octobre », pouvait-on lire sur la page d’accueil du site. « Il y a, c’est évident, des opérations prévues par divers groupes de patriotes, pour les concerts orduriers des 19 et 20 octobre au Bataclan. […] Pour info, nous pensons qu’aucune action “légale” ne pourra empêcher ces concerts. Réseau libre travaille donc sur un autre type d’action, sans s’inquiéter des probables dommages collatéraux, partant du principe que tous les spectateurs sont des ordures… », écrit l’un des administrateurs le 8 septembre.
    Un membre se porte volontaire « pour abattre cette ordure de Médine », un autre plaide pour une série d’assassinats de musulmans dans diverses villes de l’Hexagone, des tracts de revendication épinglés sur les cadavres au moyen « de brochette à barbecue agrémentée d’une saucisse pur porc »… L’annulation par Médine de ses concerts coupe l’herbe sous le pied des plus velléitaires. Même si Réseau libre conseille « très, très fortement » au rappeur de renoncer à se produire en public et ce quelle que soit la salle de concert : « Considérant que ses spectateurs sont tous des envahisseurs de notre pays, il n’y aura pas de dommages collatéraux, seulement des ennemis éliminés. »

    Les « Bisounours » du 13-Novembre et la « supercherie » Beltrame

    C’est une constante chez les membres du site, tout le monde est mis dans un même sac : les musulmans, les terroristes et même leurs victimes. Ainsi les survivants et les familles des défunts des massacres du 13-Novembre sont catalogués « Bisounours », « victimes de leur lâcheté et de leur soumission ». Les associations qui les représentent « nagent dans la bien-pensance ». « Un bon nombre des refroidis des attentats parisiens étaient certainement des vivre-ensemblistes de première », estime Gary.
    Le 28 avril 2017, le compte Twitter EuroCalifat, vestige du site qui avait précédé Réseau libre, lance le hashtag #JeSuisNiNi : « Face aux attentats musulmans en Europe, Ni fleurs Ni bougies ! Que les ‘‘victimes’’ assument leurs choix politiques ! »
    Même le gendarme Arnaud Beltrame, qui donna sa vie en échange de celle d’une otage lors de l’attentat de Trèbes, ne trouve pas grâce à leurs yeux. Son héroïsme ne serait que « supercherie ». Une femme ne supporte pas qu’« un ex du GIGN se fasse si lamentablement doublé » par « une merde de musulman » parvenant à l’égorger.
    Le sacrifice de Beltrame ne serait, selon elle, que le suicide « d’un loser, d’un perdant ! ». Un autre s’indigne qu’un lieutenant-colonel en activité se soit proposé en otage à la place d’un civil. « Cela ne se fait pas en temps de guerre, il y a une échelle de valeur. […] Un officier est plus utile au combat qu’un civil, DONC il doit passer en priorité ! »

    Le billet de Réseau Libre visant Pierre Serne avait été posté sur Twitter le 27 janvier 2018.
    Plusieurs personnalités politiques, journalistes ou militants, sont aussi vilipendées sur le site. C’est le cas du conseiller régional d’Île-de-France (EELV) Pierre Serne, ciblé parce qu’homosexuel et défendant les droits des sans-papiers. En janvier 2018, l’élu, qui venait d’obtenir gain de cause devant le tribunal administratif de Paris après son recours contre la décision de Valérie Pécresse de supprimer l’aide au transport pour les bénéficiaires de l’Aide médicale d’État (AME), a été violemment attaqué dans un billet homophobe et xénophobe intitulé « Z’êtes clando ? 75 % de réduction ! ».

    Le texte, assorti d’une photo montrant son visage tuméfié « après une saine correction », lors d’une manifestation pour les droits LGBT à Moscou en 2006, le qualifiait de « vermine de souche » et de « petite fiotte gay ». Réseau libre se réjouissait de cette « raclée prise alors qu’il prétendait forcer les autorités russes à autoriser une ‘‘marche des tarlouzes’’ à Moscou », et spéculait sur des violences plus importantes qui pourraient « prochainement lui tomber dessus en francarabia ».
    Les représentants politiques de l’extrême droite ne sont pas beaucoup mieux considérés. Ainsi Marine Le Pen se retrouve dans le « Racailloscope » qui réunit les personnages publics supposés complaisants vis-à-vis de l’islam, mais aussi de l’étranger. La patronne du Rassemblement national, représentée en boubou, se voit reprocher son « renoncement à toutes les valeurs nationalistes et patriotiques du FN à son origine ». Le terroriste de Christchurch décrira lui aussi dans son manifeste Marine Le Pen comme une incapable.

    Deux personnages retranchés derrière des anonymats relatifs ont le droit à d’autres égards. Il faut dire qu’ils sont des contributeurs réguliers de Réseau libre.
    À chaque question qu’on lui pose, il commence ses réponses par un « Réfléchissez ! » péremptoire, des « Vous êtes naïf » et « Soyons sérieux » moqueurs ou, au mieux, un « Il ne vous a pas échappé » complice. Sur Réseau libre, les interviews de Monsieur X oscillent entre connivence et mégalomanie. « Il serait dommage de priver vos lecteurs de mes lumières », « C’est toujours intéressant avec Monsieur X », fanfaronne-t-il. L’homme est présenté par le site comme « un officier français des Services », un « contact dans les services antiterroristes ». À ce titre, il est interrogé après chaque attentat et n’hésite pas à évoquer « une guerre de civilisation ».
    Concernant le sort à réserver aux djihadistes, il résume, dans un entretien en mars 2016, les deux options à ses yeux : « La première, on fait tout pour récupérer les individus vivants en espérant qu’ils parlent et pour les traduire devant un tribunal. La seconde, on identifie la menace et on procède à son élimination au moment opportun. Je vous laisse deviner quelle est mon option préférée… »
    En juin de cette même année, il annonce « un attentat imminent », d’après « des informations crédibles, recoupées » avec des services étrangers. Il s’agirait d’une attaque d’envergure contre une petite ville entière qui serait ciblée par plusieurs dizaines de terroristes armés. Un seul moyen de se protéger, selon lui : constituer « des milices citoyennes, puissamment armées » qui patrouillent dans les villes. Et, bien sûr, un arsenal pour se défendre. « Dites-vous bien qu’avoir une arme non autorisée peut vous conduire en prison, mais ne pas en avoir peut vous conduire au cimetière », conclut ce jour-là Monsieur X.
    D’autres fois, il dénonce « des agents dormants à l’intérieur de nos systèmes de sécurité », il y aurait des « des barbus, fussent-ils sans barbe » parmi les policiers chargés d’assurer la protection du président de la République, des barbus au sein des aéroports. Il voit l’œuvre d’une « cinquième colonne musulmane » un peu partout et espère « un ordre clair pour nettoyer » les banlieues. Des propos bien peu républicains pour un supposé fonctionnaire.
    Tant et si bien qu’un membre interroge les administrateurs : « Serait-il possible que vous vous fassiez balader par un mytho ? »
    Réseau libre et certains membres prennent la défense de Monsieur X : tout ce qu’il a dit se serait vérifié par la suite. C’est plus compliqué que cela. Ses propos dénotent quelques connaissances en matière de terrorisme, mais ses bouffées paranoïaques dévoient ses analyses.
    Mediapart n’a pas pu identifier qui se cachait derrière Monsieur X. En revanche, les services de renseignement s’inquiètent depuis plus d’un an de connivences entre certains membres des forces de l’ordre et l’ultradroite. D’après nos informations, un commissaire occupant un poste central dans la lutte antiterroriste s’est vu récemment reprocher par sa hiérarchie directe les propos complotistes qu’il tenait lors de réunions stratégiques.
    De son côté, Monsieur X semble trahir, au moins à une occasion, le secret d’enquêtes en cours. Dans un entretien publié sur le site le 23 septembre 2018 et intitulé « Exclusif : les vraies raisons de l’annulation du concert au Bataclan », il affirme que le rappeur Médine aurait été contraint d’annuler ses concerts à cause d’un projet d’attentat détecté par un informateur de la DGSI (et par Mediapart, lire notre Boîte noire).
    Monsieur X assure que l’indicateur était l’administrateur d’un forum de jeu sur lequel les membres du complot échangeaient. « Si les intéressés lisent ça (et ils le liront sans doute) ils vont cesser de communiquer sur ce forum, assure Monsieur X. Franchement, ces activistes ont eu une excellente idée, ils semblent d’un excellent niveau opérationnel et méritent en quelque sorte de ne pas être identifiés ! Vous savez, je ne suis pas le seul dans les Services à être de votre côté… Ou du leur… »
    Dans la foulée de cet entretien, Réseau libre explique avoir décidé de diffuser cet entretien « pour que les gars sachent qu’ils ont été balancés et qu’ils agissent en conséquence ».Un ancien de l’OAS « avec pas mal d’années de tôle derrière lui, mais qui ne regrette rien »
    La paranoïa, déjà galopante dans les rangs des habitués du site, est à son paroxysme depuis l’été 2018 et la vague d’interpellations ayant visé des membres du groupe Action des forces opérationnelles (AFO) qui préparait des attaques contre des musulmans. L’un d’eux s’était constitué dans son domicile un laboratoire de fabrication d’explosifs. Plusieurs armes à feu avaient également été découvertes en perquisition. Les services de renseignement suspectent que plusieurs caches d’armes auraient été disséminées dans les onze régions où cette cellule clandestine est présente.
    Sur Réseau libre, le coup de filet fait réagir. Anonyme et Beretta évoquent « les copains d’AFO », « des copains résistants qui se mouillent pour nous et ce pays de merde », des copains qui n’avaient encore rien fait mais « en avaient peut-être l’intention »… Le 14 août, Vidocq, qui se revendique comme un membre du groupe ayant échappé aux interpellations, cherche à rassurer tout le monde : « Quelques groupes, comme nous l’AFO, s’organisent en prévision du grand chaos. Notre devoir est de défendre la MÈRE PATRIE de tous envahisseurs […]. Depuis cette affaire, nous engrangeons beaucoup d’adhésions. »

    AFO engrange également la caution du criminologue Xavier Raufer qui, quelques jours après le coup de filet, donne une interview au site complotiste Boulevard Voltaire. Celui qui aime à se définir comme « un expert » considère qu’on a là une affaire montée de toutes pièces par un renseignement intérieur obsédé par de « fantomatiques terroristes d’extrême droite ».
    En appui de sa démonstration, l’âge des interpellés : « On ne passe pas au terrorisme au moment de la ménopause ou au moment de la retraite. » Et leur volubilité sur les réseaux sociaux. « Quand des gens ont des projets terroristes, ils évitent de tout raconter sur un site internet ou sur un blog. On sent donc un peu la conspiration des branquignols avec des gens qui peut-être parlaient beaucoup, s’échauffaient les uns les autres », juge-t-il. Des propos étonnants car, au moment où Xavier Raufer s’exprime, personne n’a évoqué de communications des membres d’AFO sur « un site internet »…
    De son vrai nom Christian de Bongain, Xavier Raufer, après avoir milité au sein du mouvement d’extrême droite Occident, s’est fait connaître par ses nombreux ouvrages, certains coécrits avec Alain Bauer, consacrés à la criminalité et au terrorisme. Après avoir eu son rond de serviette dans les médias, il a peu à peu disparu des écrans et accorde désormais l’essentiel de ses entretiens à sa propre chaîne YouTube, à Atlantico, ou à des publications d’extrême droite (Boulevard Voltaire, Éléments, Breizh Info, TV-Libertés).
    Toutes ses productions sont en revanche reprises sur Réseau libre où il est, outre Monsieur X, l’expert le plus cité et la seule personnalité, hormis le collectif depuis interdit Les Brigandes, à voir ses prises de parole publiques reproduites. On y retrouve notamment la vidéo de son intervention aux Estivales de Marine Le Pen en septembre 2016, où il analyse « l’invisible désastre sécuritaire » de la France et affirme que « chacun sait que la plupart du temps, j’espère ne pas avoir un procès en disant cela, ce sont rarement des Berrichons qui cambriolent ».
    Si le fond choque, la forme reste toujours policée, le criminologue continue d’enseigner au CNAM (Conservatoire national des arts et métiers), à des fonctionnaires qui passent « une licence professionnelle d’analyste criminel opérationnel, mention renseignement ».

    Sur Réseau libre, un certain XR emploie un ton beaucoup moins feutré. Au lendemain des attentats du 13-Novembre, XR délivre une analyse acidulée : « La rafalade des melons, n’importe qui aurait pu la faire ! » ; s’impatiente : « Les banlieues qui ont fêté les attentats seront-elles nettoyées ? » ; stipendie « les gouvernements successifs […] qui ont acheté une paix sociale illusoire dans les cités en finançant les racailles ». Un dernier thème, exprimé publiquement en des termes moins crus, par Xavier Raufer qui aime insister sur « ces politiques de la ville, qui financent les émeutiers ». À l’occasion de la première commémoration du 13-Novembre, XR se lamente contre « les zélites de la francarabia » ; lors de l’éclatement de l’affaire Benalla, il se gausse de « toutes ces putes de la ripoublique ».

    « XR », le pseudo peut évoquer bien sûr les initiales de Xavier Raufer. Le criminologue l’utilise en tout cas officiellement comme nom de son mail personnel et de sa chaîne YouTube « XR Vidéos ». Les membres de Réseau libre ne s’y trompent pas. Ainsi, lorsque Patriote commente la vidéo de Xavier Raufer aux Estivales de Marine Le Pen, il le nomme « XR ». Alors qui se cache derrière le XR, contributeur privilégié de Réseau libre, qui s’exprime de manière grivoise et haineuse ? Le criminologue lui-même, ou un animateur du site cherchant à faire croire qu’il a le soutien du criminologue et offrant une copie bien plus vulgaire que l’original ?
    Contacté, Xavier Raufer conteste formellement connaître jusqu’à l’existence de Réseau libre : « Je n’ai jamais entendu parler de ces gens-là, je ne sais pas qui c’est. Je n’ai jamais correspondu avec eux. » De lui-même, il décrit en tout cas la sociologie des membres de Réseau libre, parlant d’une « mouvance de conspirateurs du midi de la France qui se la jouent en préparant des trucs qui n’auront jamais lieu », d’« anciens conspirateurs Algérie française » qui, « après avoir bu trois litres de Cahors », vont « mettre une tête de cochon devant une mosquée ».
    Pour lui, il s’agirait d’inoffensifs « mythomanes, cinglés, alcooliques ». Être la référence de ce site ne l’inquiète pas : « C’est un hommage que le vice rend à la vertu, balaie-t-il. Les gens me citent parce qu’ils ont envie de me citer, et je ne suis en aucun cas responsable ».
    Questionné sur son interview sur Boulevard Voltaire dans laquelle il évoque des membres d’AFO qui s’échaufferaient sur un site internet – ce qui n’a jamais été mentionné jusqu’ici dans les médias, ni dans la procédure –, Xavier Raufer s’énerve. « Je suis criminologue depuis trente ans, ça se passe toujours de la même façon, et en gros ça ne pouvait s’être passé que comme ça. Vous savez, quand un médecin a vu cent bronchites, à la 101e il est capable d’expliquer comment ça se passe ! »

    Lorsque Monsieur X et XR prennent la parole sur Réseau libre, ils s’adressent à un public âgé de « papys font la résistance », « plus proche de sucer les pissenlits par la racine que de téter le biberon », résume un de ces principaux contributeurs. Corneliu est « un vieux soldat », Vidocq « un vétéran des troupes de marine ». « J’ai 64 ans, je suis malade, célibataire et sans enfants, sans famille », se décrit Patriote. À 65 ans, Merlin, autoproclamé « soldat du Christ, comme soldat pour ma Patrie », considère que « bordel ! Puisque vous êtes plus prêt de la mort, comme je le suis, que de la naissance, qu’est-ce que ça peut foutre de crever les armes à la main ? »
    Contacté, cet ex-contributeur très actif précise avoir quitté le site à cause de certains désaccords de fond, mais ne renie rien. Pour ce sexagénaire retraité, il s’agissait « de redonner espoir à tous les vrais patriotes », « de réveiller les moutons sur ce qu’il advenait de notre nation » et de « renier tout ce qui caractérise la gauche caviar, les gauchos en général et les collabos sous toutes leurs formes ». Il affirme qu’« aucun d’entre [eux] » ne serait passé « de la parole aux actes ».
    Souvent pointe une nostalgie pour la France d’avant. Ulysse raconte « les sirènes d’usine d’autrefois » qui le réveillaient tous les matins à l’aube, regrette « l’école sous Pétain » où « on ne faisait pas tant d’histoires », la discipline était sévère et les maîtresses en blouse grise. ARNT, « un ancien de l’OAS, avec pas mal d’années de tôle derrière lui, mais qui ne regrette rien », invite les membres voulant s’inspirer du passé à aller au préalable sur Google « à la rubrique ‘‘victimes de l’OAS’’, en termes d’efficacité meurtrière, c’est autre chose que le SAC ! ». Le Touriste, ayant « un peu connu le côté obscure (sic) de la vie », rappelle ce qui lui semble l’essentiel de la clandestinité : « Si vous êtes en retard à un rendez-vous vous n’avez que trois excuses : la police, l’hôpital ou la mort ! »

    Une figure d’ultradroite ressurgit en Russie

    Réseau libre compte pas moins de 1 500 abonnés à sa newsletter et 2 600 commentateurs uniques. Parmi eux, 800 sont des membres actifs (dont 390 sont présents sur Twitter). Le premier billet du site explique que ses « rédacteurs » sont « de diverses origines » que « certains ont milité et/ou militent dans des organisations diverses, en général très discrètes », que certains « ont déjà à leur actif une importante expérience de l’information en ligne » sur des sites d’ultradroite et « participent bien souvent à d’autres blogs et sites sous divers pseudonymes ».
    Sur Réseau libre se côtoient des membres des réseaux Rémora (fondés par un ancien inspecteur des Renseignements généraux, les ex-RG, et appelant la société civile à se substituer aux soldats, aux policiers et aux gendarmes en cas d’attaque des « islamo-terroristes »), l’administrateur d’un cercle de tir belge, un président de club de karaté francilien, un chef d’atelier mécanicien poids lourds, un dirigeant d’une société de sécurité incendie du sud de la France, un sexagénaire belge conseiller en alimentation bio et témoin de Jéhovah, un abbé dont le site a fermé pour « incitation au terrorisme », ou encore des contributeurs d’un blog de réinformation russe ou de sites de la « fachosphère » français tels que Riposte laïque (un site islamophobe dont l’animatrice a écrit, au sujet du terroriste de Christchurch, que « quoi qu’il ait fait, Brenton Tarrant est des nôtres »).

    Les adresses mail des membres de Réseau libre renvoient en France, Belgique, Suisse, Allemagne, Canada, Russie. Mais s’agissant de l’administration et l’animation du site, tout converge vers un Français réfugié au pays de Vladimir Poutine : Joël Michel Sambuis, 59 ans. Contacté par Mediapart, il n’a pas donné suite.

    Grillé en France à cause d’une série de condamnations (« détention d’armes » en marge d’un groupe paramilitaire effectuant des virées armées, « escroquerie », « faux et usage de faux »), ce diplômé en mathématiques de l’université de Grenoble s’était exilé en 1998 à Moscou grâce à un passeport contrefait. Avec sa femme russe, cet admirateur du régime poutinien menait grand train dans la capitale.
    Un vétéran des services de renseignement français se souvient de ce personnage perçu comme un « mythomane » : « Il se présentait comme un ancien des services de renseignement, mais aussi comme un ancien du service d’ordre du RPR, puis du Front national. En avançant, on s’est rendu compte qu’il n’était peut-être pas si mythomane... Notre hypothèse, c’était qu’il avait été récupéré par les services russes. »
    Sur Réseau libre, Joël Sambuis jongle avec divers pseudonymes, mais signe ses textes majeurs du nom SOS-R, en référence à SOS-Racaille, ancêtre de ce « réseau des patriotes ». Tout a commencé à la fin des années 1990 : Sambuis investit les forums en ligne Usenet avec des commentaires racistes sous le pseudonyme de Caméléon. L’année suivante, il lance un site du même nom, spécialisé dans la revente de faux papiers, comptes bancaires, internet ou téléphoniques anonymes, qui propose aux internautes le kit du parfait anonyme. En 2001, la plateforme Liberty-web est créée, qui hébergera une trentaine de sites islamophobes : SOS-Racaille, Libertyvox, Euro-Reconquista, Canal-Résistance, etc.
    Site phare de cette nébuleuse, SOS-Racaille voit converger islamophobes et néonazis. On y discute des moyens d’amener la France à la guerre civile, on attaque violemment des internautes jugés « trotsko-UMPistes », qui sont la cible de rumeurs et d’usurpations d’identité.
    En 2001, le site annonce le lancement d’un groupe d’action, les Comités Canal Résistance (CCR), présenté comme une « organisation clandestine » créée « au cœur du dispositif d’État », comptant des « fonctionnaires de police ou de justice », et voulant « retrouver la racaille et la châtier ». Menés par un certain « Colonel X », les CCR annoncent une dizaine d’attaques et prédisent un « 9 septembre de la vermine pro-musulmane de France ». Leur seule action revendiquée sera l’attaque à la peinture, en janvier 2003, d’une quinzaine de mosquées dans l’Hexagone.
    Face à l’inaction des policiers et à l’inaboutissement des plaintes pour cyberharcèlement du fait de l’anonymat des auteurs, une dizaine de victimes du réseau SOS-Racaille, passionnées d’informatique, décident d’enquêter elles-mêmes, regroupées dans un groupe baptisé V8.
    Ce petit cercle remonte une filière russe et identifie Joël Sambuis, puis transmet ses trouvailles aux autorités. Les policiers ne prêtent pas attention au travail de ces « cyberenquêteurs ». Jusqu’à ce que la galaxie SOS-Racaille, où fleurissaient des appels à « abattre Ben Shirak », n’inspire le militant d’extrême droite Maxime Brunerie dans sa tentative d’assassinat de Jacques Chirac, le 14 juillet 2002. Toute la nébuleuse Liberty-web disparaît subitement, puis Joël Sambuis est arrêté à Moscou par les polices française et russe, sans être extradé.
    S’appuyant sur des « messages » apparus dans les investigations menées à l’époque par la section antiterroriste de la brigade criminelle, qu’il dirigeait, Amaury de Hauteclocque avait affirmé aux auteurs du livre La Fachosphère, que Maxime Brunerie « avait pris ses instructions de la part de (...) Joël Sambuis ». Mais faute d’identification formelle, Sambuis sera libéré six mois plus tard et bénéficiera d’un non-lieu. S’estimant « à l’abri » à Moscou, il reconnaîtra être « le dirigeant de la plateforme de Liberty-web » et le « webmaster de SOS-Racaille ».

    Quinze ans plus tard, l’histoire se répète. Le 26 avril 2018, le conseiller régional Pierre Serne dépose une plainte avec constitution de partie civile des chefs d’« injure publique en raison de l’orientation sexuelle » et de « provocation à la haine, à la violence ou à la discrimination à raison de l’orientation sexuelle ». L’enquête, ouverte en août 2018, est close un mois et demi plus tard, les investigations menées n’ayant pas permis d’identifier l’auteur et le directeur de publication de Réseau libre…

    Fin 2018, l’élu, s’appuyant sur « plusieurs indices graves et concordants », dépose une requête pour demander à la juge d’ordonner une série d’actes permettant, selon lui, de confirmer l’identité de l’auteur et animateur du site. Joint, Pierre Serne souhaite que la justice agisse contre « ce genre d’injures et de menaces, qui préfigurent parfois aussi des passages à l’acte » : « Les auteurs de ce site anonyme et caché, pourtant assez aisés à identifier, sévissent depuis des années en toute impunité, s’en sortent sans souci. […] Il est temps qu’ils soient eux aussi pourchassés, condamnés, affichés, mis hors d’état de nuire. Y compris quand ils sont bien camouflés et vivent officiellement des vies bien rangées de bons pères de famille, notables locaux ou cadres respectés »
    Est-ce dû à la plainte du conseiller régional, au démantèlement d’AFO ou à la conjonction des deux ? Toujours est-il que les administrateurs de Réseau libre prennent au sérieux la pression qui pèse sur eux.
    Dans un billet stupéfiant d’audace publié le 30 septembre 2018, ils menacent à leur tour… les « collabos de la DGSI ». Ils préviennent que « si nous nous sentons un peu trop étouffés par leur surveillance », « si Réseau libre devait être mis hors ligne ou ses admins inquiétés », les identités de certains agents « actifs » de la DGSI « dont nos contacts en haut lieu nous ont communiqué photos, adresses et numéros de téléphone » seront diffusées « automatiquement sur plusieurs réseaux sociaux, sites de réinformation, médias français et étrangers ! ».
    Mais, moins d’un mois plus tard, Réseau libre, dans un article intitulé « Clap de fin : le rideau tombe », annonce « fermer définitivement ses portes ». « La raison ? Non point les procédures judiciaires avérées ou non, les menaces diverses et variées. Non, tout simplement un constat réaliste qu’il n’y a en francarabia et probablement dans la plupart des pays occidentaux plus rien à sauver », se justifie l’administrateur en remerciant au passage « l’inestimable XR et Monsieur X ».

    Avant de renvoyer vers le site de Léon (un ancien contributeur très virulent) – qui affiche pour profession de foi « Vous vous préparez à un affrontement sans pitié dans vos villages et vos villes pour libérer notre pays ? Vous êtes Léon ! » –, Réseau libre offre à ses membres « un cadeau d’adieu » : les adresses mail d’un « ami de la Grande Serbie » qui permet « de s’équiper » et fournit une prestation « honnête, discrète et fiable ».
    Douze jours plus tard, Anonyme dépose l’un des derniers commentaires laissés sur Réseau libre. Il est très heureux. Il vient de recevoir sa commande. « Une arme de poing et une d’épaule, je n’en dis pas plus. Merci encore à Réseau libre d’avoir permis ceci ! »

    Matthieu Suc & Marine Turchi

    https://www.mediapart.fr/journal/france/010419/revelations-sur-des-patriotes-qui-projetaient-des-attentats-islamophobes

  • La première société sans numéraire au monde est là - Un rêve totalitaire devient réalité
    https://www.crashdebug.fr/international/15855-la-premiere-societe-sans-numeraire-au-monde-est-la-un-reve-totalita

    On comprend le boom des implants de puce RFID en Suède...

    Les planificateurs centraux du monde entier mènent une guerre contre l’argent liquide. Ces dernières années :

    L’Italie a rendu illégales les transactions en espèces d’un montant supérieur à 1000 euros ; La Suisse a proposé d’interdire les paiements en espèces supérieurs à 100.000 francs ; La Russie a interdit les transactions en espèces de plus de 10.000 $ ; L’Espagne a interdit les transactions en espèces d’un montant supérieur à 2500 euros ; Le Mexique a rendu illégaux les paiements en espèces de plus de 200.000 pesos ; L’Uruguay a interdit les transactions en espèces de plus de 5000 dollars ; et La France a rendu illégales les transactions en espèces d’un montant supérieur à 1000 (...)

  • Un don koweïtien à l’Uni de Genève suscite des questions politiques

    L’ancien Premier ministre du Koweït a offert un million de francs à l’#Université_de_Genève en 2016. Ce don intrigue aujourd’hui plusieurs élus et la Cour des comptes aurait décidé d’enquêter, selon les informations de la RTS.

    L’ancien Premier ministre du Koweït a offert un million de francs à l’Université de Genève en 2016. Ce don intrigue aujourd’hui plusieurs élus et la Cour des comptes aurait décidé d’enquêter, selon les informations de la RTS.

    Deux députés au moins ont demandé à la Cour des comptes de se pencher sur la manière dont l’Université de Genève a peut-être un peu vite accepté ce million de francs venu du Koweït. Une enquête - plus large, sur l’apport de fonds privés - serait donc ouverte. « Nous ne faisons pas de commentaire à ce stade », a cependant fait savoir le président de la Cour François Paychère à la RTS.
    Bataille judiciaire au sein de la famille régnante

    Si ce don refait surface maintenant, c’est parce que des informations circulent depuis plusieurs mois à Genève dans le contexte d’une bataille judiciaire qui déchire les Al-Sabah, famille régnante du Koweït.

    On trouve d’un côté le Cheikh Nasser, généreux donateur qui a été Premier ministre jusqu’en 2011. Il a quitté le pouvoir sous des accusations de corruption jamais établies à ce jour et reste malgré tout bien placé pour succéder à l’émir du Koweït.

    Face à lui : son cousin, le Cheikh Ahmad, membre influent du Comité international olympique (CIO). Il est accusé d’avoir voulu salir la réputation du Cheikh Nasser.
    Un don dans un contexte particulier

    Et une partie de cette bataille se joue devant la justice genevoise. Le Cheikh Nasser a obtenu la mise en accusation pour faux dans les titres de son cousin et de quatre complices. Un procès doit bientôt avoir lieu et certains prévenus estiment que le million de francs offert par le Cheikh Nasser est intervenu dans ce contexte. « Ce geste était totalement désintéressé de sa part », rétorque l’un de ses avocats genevois Jean-Pierre Jacquemoud.
    Un don sans conditions

    Le recteur de l’Université de Genève, de son côté, assure n’avoir rien à cacher et dit avoir pris toutes les précautions nécessaires au moment d’accepter, à fin 2016, ce don spontané et sans conditions. Et du reste, l’université a reçu l’aval du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE), explique Yves Flückiger.

    Le recteur a même décerné une médaille au généreux donateur. « C’est à l’occasion du 50e anniversaire des relations entre la Suisse et le Koweït que la médaille a été remise à son Altesse », explique-t-il vendredi dans La Matinale. « Et la présence du DFAE était aussi une manière de signifier que les autorités fédérales - du point de vue de cette donation - avaient aussi donné leur blanc-seing. »
    "Pas le sentiment de m’être fait instrumentaliser"

    Tous les feux étaient donc au vert et Yves Flückiger n’estime pas, rétroactivement, avoir pu être instrumentalisé. « A l’époque, j’imagine, au moment où on est entrés en négociations, le DFAE était sans doute au courant de ce qui se passait au sein de la famille royale (...) Et le DFAE ne nous a pas dit ’attention, ici on est dans un terrain difficile, problématique, donc n’allez pas plus loin’. Donc je n’ai vraiment pas le sentiment, très honnêtement, de m’être fait instrumentaliser. »

    L’Université estime avoir fait tout juste, mais les élus qui ont saisi la Cour des comptes semblent être d’un avis contraire. Personne ne veut s’exprimer ouvertement pour l’instant, mais le risque élevé de corruption qui prévaut au Koweït est l’argument qui revient pour estimer qu’une institution publique ne devait pas accepter de dons d’un tel pays. Les mêmes critiques ont été entendues en Grande-Bretagne lorsque le même Cheikh a offert plus de trois millions de francs à l’Université de Durham.

    Le recteur genevois, lui, refuse l’idée de « blacklister » par principe des pays. Mais il se dit ouvert à augmenter encore les procédures internes de vérifications.



    https://www.rts.ch/info/regions/geneve/10325275-un-don-koweitien-a-l-uni-de-geneve-suscite-des-questions-politiques.htm
    #Kuwaït #université #Genève #Suisse #don

  • Quand des écoles servaient de camps pour trier les réfugiés

    La Ville a inauguré hier une #plaque commémorative à l’école des Cropettes. En 1943, l’armée y décidait du sort des réfugiés.


    https://www.tdg.ch/geneve/actu-genevoise/Quand-des-ecoles-servaient-de-camps-pour-trier-les-refugies/story/24277782
    #tri #catégorisation #Suisse #Genève #Cropettes #réfugiés #histoires #WWII #deuxième_guerre_mondiale #seconde_guerre_mondiale #camps #Juifs #camps_de_réfugiés #mémoire #armée

    –-> un article de 2016, mis ici pour archivage

  • Les murs du silence – Abus sexuels et maltraitances d’enfants placés à l’Institut Marini – Criminocorpus
    https://criminocorpus.hypotheses.org/40181

    Des enfants fragiles, des prêtres respectés et soutenus par leur hiérarchie, une maison fermée où règne une discipline de fer, un silence pesant sur la sexualité. Telles sont les composantes du drame des abus sexuels survenus dans de nombreux établissements de placement d’enfants au cours du XXe siècle. Les recherches historiques ont mis en évidence, de la part des responsables, les mêmes stratégies de dissimulation et d’impunité des coupables.

    Pour l’Institut Marini de Montet (Fribourg/Suisse), théâtre d’abus graves et répétés, le silence n’a été levé que récemment, grâce à la recherche historique indépendante mandatée par Mgr Morerod, évêque de Lausanne, Genève et Fribourg. Cet ouvrage, édition révisée et complétée de l’enquête initiale, revient sur la poursuite du processus de réparation et propose une conclusion situant le cas Marini dans le développement international des études sur les abus sexuels et maltraitances.

    La recherche historique participe pleinement du processus de reconnaissance et de réparation actuellement en cours en Suisse. En rédigeant cet ouvrage, les auteurs ont également eu une pensée pour tous les ex-pensionnaires de Marini qui n’ont pas souhaité confier leur témoignage, ainsi qu’à tous les ex-enfants placés, qui ont vécu des expériences similaires à celles rapportées dans ces pages. Que ce livre puisse répondre à certaines de leurs questions et, peut-être, les aider à vivre.

    Sommaire :

    Remerciements

    Préambule

    Introduction

    I. Comment devient-on un enfant placé à Marini ?

    A.- Le placement dans la mémoire des témoins

    B.- Les pensionnaires de Marini révélés par les archives

    C.- Marini au miroir des placements d’enfants à Fribourg et en Suisse

    II. La vie quotidienne à l’Institut Marini

    A.- Les souvenirs marquants de séjour à Marini

    B.- Le fonctionnement de l’Institut Marini à travers les archives

    C.- Le quotidien de Marini au regard d’autres pratiques

    III. Les abus sexuels entre récits des témoins et lacunes des sources

    A.- Les abus sexuels : une mémoire douloureuse

    B.- Dénonciations par vagues et perception des abus par les responsables

    C.- Comprendre et contextualiser la possibilité des abus sexuels
    IV. Silence des victimes, silence des responsables

    et traitement des affaires d’ abus sexuels

    A.- Le poids du silence et du déni dans la mémoire des témoins

    B.- Des stratégies de dissimulation de la part des responsables

    C.- Des structures institutionnelles qui facilitent les abus et « produisent » des abuseurs ?

    V. Survivre et se reconstruire, le parcours de vie des abusés

    A.- Se souvenir, exprimer, raconter… une décision difficile

    B.- Des troubles psychiques, un développement affectif et sexuel perturbé

    C.- Résilience et reconstruction, pour continuer à vivre

    VI. Synthèse du rapport, souhaits des victimes et epilogue

    A.- Ce que peuvent dire les historiens·nes

    B.- Ce qu’attendaient les témoins de leur participation à la recherche

    C.- Épilogue

    Conclusion : Marini et le débat international sur l’enfance abusée

    Sources et bibliographie

    Bibliographie

    Liste des annexes

    Biographies

    Pierre Avvanzino, professeur honoraire HES, a commencé sa carrière comme éducateur spécialisé auprès d’adolescents délinquants. Il a ensuite enseigné durant 30 ans à l’Ecole d’études sociales et pédagogiques de Lausanne.

    Rebecca Crettaz a obtenu en 2012 un Master of Arts en Sciences historiques (Université de Fribourg).

    Anne-Françoise Praz est professeure en histoire contemporaine à l’Unversité de Fribourg. Ses recherches touchent à la démographie historique, l’histoire du genre, de la famille, de l’enfance et de la jeunesse, ainsi que les politiques de population et de sexualité.
    Édition Première édition
    Éditions Alphil

    Pourquoi parler d’Abus sexuels alors que le livre prétend à un point de vue scientifique ? Un abus ca implique qu’on a le droit de dominer mais pas trop fort, pas dans l’abus du pouvoir. C’est pourris comme expression, à bannir et ca n’a rien à faire dans un ouvrage à prétentions scientifique. Les abuseurs sont des agresseurs, choisir ce vocabulaire en 2018 sur un tel sujet c’est une faute.

    Mal nommer le monde c’est ajouter du malheur au monde.

    Albert camus

    #catholicisme #enfance #domination #violences #abus #langage #déni #violences_sexuelles

  • Les « money mules », nouveaux passeurs de la cybercriminalité Valérie Gillioz - 26 Mars 2019 - RTS
    https://www.rts.ch/info/suisse/10319926-les-money-mules-nouveaux-passeurs-de-la-cybercriminalite-.html

    L’apparition de passeurs d’argent, des personnes qui mettent à disposition leur compte en banque pour des escrocs, préoccupe la police. Condamnables pour blanchiment d’argent, ces « money mules » n’ont pas toujours conscience des risques qu’ils encourent.
    Jacques (prénom d’emprunt) est à la fois victime et coupable. Victime d’un escroc qui s’est servi de lui, et coupable aujourd’hui de blanchiment d’argent. « J’ai répondu à une annonce en ligne, un entrepreneur qui cherchait un agent financier à temps partiel, explique-t-il. Je devais simplement réceptionner des montants sur mon compte bancaire et les envoyer à cet entrepreneur qui était en Afrique pour un voyage d’affaire. Et à chaque montant je gardais 10%. »


    Un peu naïf, en situation de précarité et appâté par la perspective de gagner de l’argent facilement, cet homme est devenu ce qu’on appelle une « money mule ». En mettant à disposition son compte en banque, il s’est rendu complice d’un escroc qui se faisait passer pour un vendeur d’électroménager sur des sites de petites annonces.

    50% de plaintes en plus
    « Les gens qui versent de l’argent sur le compte des mules sont des gens qui souhaitent acheter quelque chose sur un site de vente en ligne, explique Marie Roulin, inspectrice au sein de la brigade financière de la Police cantonale de Fribourg. Ils ont confiance, car le compte indiqué dans l’annonce est basé en Suisse. Mais en réalité, ce compte est celui de la mule, qui transfère ensuite l’argent vers le compte de l’escroc à l’étranger. Et l’acheteur ne voit jamais l’objet qu’il avait payé. »

    Le nombre de plaintes pour ce genre de cas a augmenté de 50% en un an dans le canton de Fribourg, passant de 133 à 200 pour un préjudice financier de près de 200’000 francs. Dans les autres cantons, la tendance est similaire.

    Traçabilité difficile
    On ne retrouve généralement jamais ni l’argent, ni l’escroc, qui vit presque toujours à l’étranger. La mule, en revanche, est facilement traçable grâce à son numéro de compte. Elle encourt une condamnation pour blanchiment d’argent.

    Nombreux sont ceux qui, comme Jacques, se font piéger. « Pour moi, je faisais un travail honnête, j’aidais cet entrepreneur pendant qu’il était en déplacement professionnel, je m’occupais de ses clients. Pour moi, c’était une bonne occasion de me faire de l’argent et d’arrondir mes fins de mois. Ce n’est que lorsque j’ai reçu la convocation du Ministère public que j’ai réalisé que cela était illégal. »

    Devant l’ampleur du phénomène, la police recommande de ne jamais mettre son compte bancaire à disposition d’un tiers. Pour ceux qui achètent en ligne, la police conseille d’essayer de contacter le vendeur par téléphone au préalable ou de procéder à un échange en mains propres.

    #money_mules #blanchiment #argent_sale #trafic #crédulité #dématérialisation

  • Journée mondiale contre la #publicité

    Action « #Para-Pub ». A l’occasion de la journée mondiale contre la publicité, le #GLIP - #Genève_Libérée_de_l’Invasion_Publicitaire, collectif luttant contre la publicité et son monde, invite à une #action de #protection des gens de passage à la #gare_Cornavin à Genève.

    Une vingtaine de résistant.e.s anti-mercantiles dissimulent à l’aide de #parapluies les publicités encombrantes et leurs méfaits redoublés. Une action similaire et salutaire se tient simultanément à #Lausanne.


    http://libradio.org/?page_id=5148
    #espace_public #résistance #Genève #Suisse #audio

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    Collectif de libération de l’invasion publicitaire

    Notre collectif a été créé en 2015 en Suisse à Lausanne. Son champ d’activité s’inscrit dans la tradition libertaire et humaniste. Le CLIP questionne la place de la publicité dans notre société. Il lutte contre certains de ses dangers, en proposant, notamment, des moyens de se défendre, défendre nos ordinateurs, nos biens par le démarquage, nos boîtes aux lettres, nos rues et nos téléphones fixes ou portables.

    A notre petite échelle, nous avons fait vœu de participer au travail d’analyse, d’information et de défense de la liberté d’opinion, en mettant à jour un des pivots obscurantistes de notre société — l’industrie publicitaire et son emprise sur notre quotidien. Car, comme nous le montrons sur ce site et comme chacun peut en faire l’expérience, en région lausannoise comme ailleurs, la publicité s’impose à nous par un matraquage de chaque instant. Elle pollue nos esprits en nous aveuglant. Elle dissimule les conditions réelles dans lesquelles les marchandises qu’elle vante sont produites et occulte les conséquences sociales et écologiques de notre hyper-consommation. Son objectif est de nous pousser à l’acte d’achat par tous les moyens et en tous lieux, quitte à mettre en danger notre intégrité physique. Par ses techniques de manipulation, intentionnelles ou accidentelles, elle court-circuite notre entendement, stimule nos instincts les moins nobles, assèche notre imaginaire et voudrait nous faire croire que le bonheur dépend nécessairement de notre pouvoir d’achat.

    Face à cette violence et cet obscurantisme, le Clip revendique un droit qui nous a été nié jusqu’à présent, la liberté de réception, un droit qui empêcherait enfin les acteurs du système publicitaire de déguiser la liberté d’intrusion en liberté d’expression et en liberté économique. Nous ne voulons plus être forcés de voir, d’entendre et de sentir la publicité. Nous voulons que le système publicitaire nous voit, nous entende, qu’il nous écoute plutôt que l’inverse. Nous avons le choix de lire un journal ou un livre. Nous avons le choix d’écouter la radio et d’allumer la télévision. Mais quel choix avons-nous dans la rue, quand les affiches s’imposent à notre regard ? quand les publicités colonisent notre boîte aux lettres ? quand un téléphoniste, un étranger, nous appelle sur notre téléphone privé, portable ou fixe, qu’il enregistre notre voix, qu’il l’échantillonne ? Quel choix avons-nous quand les dispositifs de réclame, mobilier urbain ou algorithme en ligne, enregistre l’adresse MAC de notre carte réseau, l’insère dans un fichier qui alimentera d’autres fichiers plus fournis, agrégation de données personnelles commercialisées à notre insu et qui, un jour, permettent aux annonceurs de nous démarcher sur la base d’une décision unilatérale ?

    Le Clip cherche à renverser cette situation asymétrique en imposant une réduction du nombre de dispositifs publicitaires et en conditionnant l’usage des installations dangereuses au principe de précaution. Ainsi, les dispositifs publicitaires qui resteront dans l’espace public constitueront un bien commun, un espace d’expression qui devra être accessible aux habitants et remis au service non plus seulement de « l’économie » et de la société de consommation, mais du vivre ensemble, car notre regard et notre esprit ne sont pas à vendre ! car l’économie doit être subordonnée à la vie plutôt que l’inverse.

    Pour atteindre ces objectifs, le Clip fait du journalisme d’opinion par un travail de veille, d’analyse de documentation du système publicitaire. Nous menons aussi des actions de rue, par exemple en recouvrant les affiches, en mimant un matraquage et en menant des actions politiques.

    https://antipub.ch/fr
    #anti-pub #anti-publicité

    Une #bibliographie partagée (via zotero) :
    https://www.zotero.org/groups/1126231/clip/items ?

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    #initiative #Zéro_pub :


    http://libradio.org/wp-content/uploads/2019/03/2017_initiativemunicipale-villege_genevezeropub.pdf
    #initiative_populaire

  • Le nombre de #femmes qui vivent à plus de 45 min d’une #maternité a doublé en 20 ans
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/03/21/le-nombre-de-femmes-qui-vivent-a-plus-de-45-mn-d-une-maternite-a-double-en-v

    La mobilisation des élus et d’une partie de la population n’y a rien changé. Après Die (Drôme), Creil (Oise), Saint-Claude (Jura), Le Blanc (Indre), la maternité de Bernay (Eure) a à son tour dû définitivement fermer ses portes, lundi 11 mars, obligeant les femmes enceintes qui devaient y accoucher à se rendre à Lisieux (Calvados), à trente minutes de route, ou à Evreux (Eure) à cinquante minutes.En un peu plus de vingt ans, entre le 1er janvier 1997 et le 11 mars 2019, la France a perdu 338 maternités (413 fermetures et 73 ouvertures) sur 835. A l’issue de cette colossale refonte de la carte sanitaire, le nombre de femmes en âge de procréer se trouvant à plus de quarante-cinq minutes d’une maternité a plus que doublé, passant de 290 000 à 716 000, soit 430 000 de plus. Le nombre de celles se trouvant à plus de trente minutes a, lui, augmenté de près de deux millions, passant de 1,9 million en 1997 à 3,7 millions en 2019.

    • MATERNITÉS AGNÈS BUZYN MET LES SAGES-FEMMES EN PREMIÈRE LIGNE, Sylvie Ducatteau
      https://www.humanite.fr/maternites-agnes-buzyn-met-les-sages-femmes-en-premiere-ligne-669747

      La ministre de la Santé a assuré vouloir « trouver une solution pour qu’il n’y ait plus cette angoisse d’accoucher loin d’une maternité »,
      Interrogée jeudi sur BFMTV et RTL, la ministre de la Santé a assuré vouloir « trouver une solution pour qu’il n’y ait plus cette angoisse d’accoucher loin d’une maternité », alors que 35 de ces établissements ont été fermés récemment ou sont menacés de disparaître au prétexte de pénurie de pédiatres et d’obstétriciens. Agnès Buzyn a promis qu’il y aura « en permanence une sage-femme pour accompagner les femmes enceintes » et les « sécuriser ». Des taxis et des chambres d’hôtel seront également mis à disposition des femmes dont les accouchements sont programmés. Une déclaration qui intervient alors qu’au Blanc (Indre), où se déroulent jusqu’à dimanche des états généraux « des maternités en colère », un nourrisson est né au domicile de ses parents dans la nuit de mardi à mercredi, après que la maternité de la ville a été fermée. La mère de famille n’a pas pu rejoindre le site où elle devait accoucher, distant de 70 kilomètres. S. D.

      suite de : Le nombre de #femmes qui vivent à plus de 45 min d’une #maternité a doublé en 20 ans et compléments (Le Monde)

      Ces chiffres inédits, issus d’une étude réalisée pour Le Monde par le géographe de la santé Emmanuel Vigneron, et qui diffèrent des données produites par la Drees, le service statistiques du ministère de la santé, ne manqueront pas d’alimenter le débat autour des hôpitaux de proximité, l’une des mesures-phares de la loi santé dont l’examen a débuté dans l’Hémicycle le 18 mars. Ces établissements – au nombre de 500 à 600 – ne compteront ni chirurgie ni maternité. Couplée à une réforme des activités de soins et d’équipements lourds, la loi devrait donc à terme entraîner de nouvelles fermetures ces prochaines années.

      « On continue à fermer et à concentrer, on a l’impression que ça ne finira jamais », déplore Rosine Leverrier, la vice-présidente des comités de défense des hôpitaux et maternités de proximité, à la veille des états généraux des maternités de proximité qui se tiendront les 22 et 23 mars au Blanc.

      Les autorités sanitaires, elles, mettent en avant la sécurité des femmes pour justifier ces fermetures, invoquant un manque de médecins spécialistes et des « trous » dans les listes de garde. Une position qui a récemment reçu le soutien d’une vingtaine de syndicats de médecins et de collèges professionnels. « La proximité n’est pas gage de sécurité », avaient-ils fait valoir lundi 25 février, jugeant que la fermeture de certaines maternités est une « nécessité pour préserver la qualité et la sécurité des soins ».

      Article réservé à nos abonnés Lire aussi
      Au Blanc, dans l’Indre, maternité en sursis
      « Il y a quelques endroits où l’éloignement devient trop grand pour être supportable, ce qui condamne les territoires à des morts lentes », juge Emmanuel Vigneron. Pour le géographe, « il faudrait définir une architecture d’ensemble et fixer dans la loi vingt ou trente exceptions territoriales sur la base de critères objectifs, de manière à rendre les fermetures plus acceptables ».
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      Note méthodologique

      Avec 716 000 femmes en âge de procréer habitant à plus de 45 minutes de la maternité la plus proche, le géographe Emmanuel Vigneron donne un résultat différent de celui de la direction des études statistiques du ministère de la santé (Drees), qui nous indique un effectif de 326 000. Le rapport 2016 de l’enquête nationale périnatale, cosigné de l’Inserm et de la Drees, indique pour sa part que 7,2 % des femmes ayant participé à l’enquête ont mis 45 minutes ou plus, ce qui correspondrait à un million de femmes. A l’appui de ses calculs, M. Vigneron a utilisé les données de l’Insee, en prenant compte des maternités fermées jusqu’au 11 mars 2019 et des modifications communales survenues entre 1997 et aujourd’hui.

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      Au Blanc, dans l’Indre, maternité en sursis , Frédéric Potet, 30 juin 2018
      https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/06/30/au-blanc-dans-l-indre-maternite-en-sursis_5323586_3232.html

      Dans sa chronique, notre journaliste Frédéric Potet revient sur l’obligation faite à la maternité de la ville du Blanc, dans l’Indre, de fermer l’été, obligeant les parturientes à aller accoucher à plus d’une heure de chez elles.

      Chronique. Le glas a sonné, mercredi 27 juin, à 18 heures précises, au clocher de l’église Saint-Génitour, au Blanc, dans l’Indre. Au même moment, la sirène de la mairie retentissait à l’unisson, cependant que les compagnies d’ambulance jouaient du klaxon de leur côté. Pareil tintamarre n’est pas habituel dans cette petite cité de 6 500 habitants, située loin de tout centre urbain. Mais il fallait cela pour protester devant l’obligation, pour le moins insolite, faite à la maternité de la ville : suspendre toute activité pendant juillet et août.
      Un peu plus tôt dans la journée, un enfant naissait au Blanc : Ryan, 3,570 kg. La population redoute que celui-ci soit le dernier à voir le jour en ville ; que la maternité, en clair, ne rouvre jamais. A 18 h 30, une chaîne et un cadenas étaient posés par la direction de l’hôpital sur la porte de la salle d’accouchement. La photo de ce verrouillage symboliquement mis en scène n’allait pas tarder à enflammer les réseaux sociaux.


      À 18 h 30, mercredi 27 juin 2018, une chaîne et un cadenas étaient posés sur la porte de la salle d’accouchement par la direction de l’hôpital du Blanc (Indre), en raison de la suspension de toute activité de la maternité pendant juillet et août.

      Si elle n’est pas une première en France, cette fermeture estivale est l’ultime épisode d’un feuilleton qui agite, depuis sept ans, ce coin reculé du Berry. La décision a été prise par l’hôpital de Châteauroux – qui gère celui du Blanc depuis la fusion des deux établissements en 2017 –, au regard des plannings des praticiens. Une modification du système de gardes a fait apparaître des trous dans les tableaux du personnel, composé en partie d’intérimaires. Estimant que la sécurité n’était pas suffisamment assurée, la direction a décrété une suspension temporaire, en accord avec l’Agence régionale de santé (ARS).

      Si l’inquiétude est grande, parmi les habitants, de voir l’interruption se prolonger après l’été, toute aussi vive est la colère provoquée par la méthode mise en œuvre : « Une stratégie fallacieuse de démolition, dénonce la maire de la commune, Annick Gombert (PS). Les autorités de tutelle ne cessent de laisser entendre, depuis des années, que la maternité va fermer. Comment voulez-vous que des praticiens viennent s’installer durablement chez nous face à une telle menace ? »

      Les premières « attaques » remontent à 2011. L’ARS avait alors voulu supprimer l’activité de chirurgie de l’hôpital pour des raisons budgétaires, ce qui aurait entraîné de facto la fermeture de la maternité. Un moratoire avait alors été obtenu par les élus auprès du ministère de la santé, à la suite d’une forte mobilisation de la population.

      « Tous les arguments possibles ont été avancés, au fil des années, pour justifier une fermeture : les finances au début, le nombre insuffisant d’accouchements par la suite – environ 270 par an –, aujourd’hui la sécurité. Il est difficile de ne pas y voir une forme d’acharnement », estime l’ancien maire et député Jean-Paul Chanteguet (PS), partie prenante d’un comité de défense au côté d’un ex-adversaire politique de droite, Jean-Michel Mols.

      L’ARS a beau insister sur le caractère « temporaire » de la suspension, précisant qu’un nouveau point sur les plannings sera effectué en août, le doute s’est installé : « Cette fermeture pendant l’été est un moyen de nous préparer psychologiquement à une fermeture définitive », est persuadée Annick Gombert.

      Les parturientes, en attendant, font grise mine devant les temps de trajet nécessaires pour rejoindre les maternités les plus proches, à Châtellerault (52 km) dans la Vienne, Châteauroux (59 km) et Poitiers (61 km). Toutes étaient situées, « jusque-là », à plus ou moins une heure de route… Elles seront encore un peu plus distantes avec la nouvelle limitation de vitesse à 80 km/h, effective à partir du dimanche 1er juillet.

      Une heure de transport imposée

      Si le code de la santé publique se garde bien de fixer un temps légal maximal pour accéder à une maternité, les professionnels évaluent généralement à quarante-cinq minutes la limite à ne pas dépasser. Cette heure de transport imposée aux habitantes du Blanc passe mal : « C’est une violence faite aux femmes », dénonce la maire de la ville, pour qui l’ARS aurait dû trouver des praticiens remplaçants au lieu de mettre les patientes devant le fait accompli.

      Un malheur n’arrivant jamais seul, la ville doit faire face, en parallèle, à une autre menace de fermeture : celle d’une classe de primaire. Tout comme pour la maternité, une mesure « suspensive » a été prise à l’encontre de l’école Jules-Ferry qui devra, à la rentrée prochaine, s’assurer de compter 175 élèves dans ses effectifs. En deçà, une des sept classes de l’établissement sera condamnée. La commune paierait alors le prix d’une démographie en baisse régulière, et aurait une occasion supplémentaire de fustiger la déliquescence des services publics en milieu rural.

      Une lettre a même été adressée à Brigitte Macron au motif qu’elle a été « plusieurs fois maman et mamie »
      Le Blanc en connaît long sur le sujet depuis 1953, année qui vit sa gare accueillir son dernier train de voyageurs. Ces deux dernières décennies ont été particulièrement douloureuses avec l’arrêt d’une section électrotechnique au lycée de la ville et la fermeture de l’antenne locale de Pôle Emploi. L’hôtel des impôts a, lui, diminué drastiquement ses horaires d’ouverture, alors que la sous-préfecture ne compte plus qu’une poignée de salariés.

      Une cessation de la maternité porterait un coup violent à ce bassin de population classé parmi les plus pauvres de la région Centre-Val-de-Loire. Elle entraînerait dans son sillage la disparition de l’institut de formation en soins infirmiers, la seule formation post-bac de la ville, redoutent les élus et les collectifs de défense.

      Ceux-ci font assaut d’initiatives pour mobiliser l’opinion : dépôt d’une requête en référé au tribunal administratif de Limoges, « appel citoyen » (le 18 juin) devant la sous-préfecture sur l’air de La Marseillaise, mise en scène d’un faux accouchement sur le pont qui enjambe la Creuse, envoi d’une pétition signée par 43 maires au premier ministre… Une lettre a même été adressée à Brigitte Macron au motif qu’elle a été « plusieurs fois maman et mamie ». Elle est signée d’un « groupe de femmes en colère » ayant accouché au Blanc. Ou qui espéraient le faire.

      A Saint-Claude, dans le Jura, un premier hiver sans la maternité, François Béguin, 12 février 2019

      https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/02/12/a-saint-claude-dans-le-jura-un-premier-hiver-sans-la-maternite_5422296_82344

      « Quand l’Etat s’en va » 2/5. La maternité de Saint-Claude, dans le Jura, a fermé en avril 2018, à cause de la désaffection des patients et les difficultés de recrutement.

      Sur la route entre le centre hospitalier de Saint-Claude et celui de Lons-le-Saunier (Jura), distants de 60 km, le 30 janvier.
      Sur la route entre le centre hospitalier de Saint-Claude et celui de Lons-le-Saunier (Jura), distants de 60 km, le 30 janvier. RAPHAEL HELLE / SIGNATURES POUR

      [Alors que, à l’écart des grandes métropoles, monte chez les Français un sentiment d’abandon fortement mis en avant dans le cadre du grand débat, Le Monde propose une série sur ces lieux qui souffrent de la fermeture des services publics, transports, écoles, perceptions ou hôpitaux.]

      La neige est tombée drue la nuit précédente sur le Haut-Jura. Installée dans un café à l’entrée de Saint-Claude, Doriane Gardel, 37 ans, le ventre arrondi par cinq mois de grossesse, fait défiler sur l’écran de son portable les photos de la petite route en lacets sur laquelle elle a dû rouler « au pas » quelques heures plus tôt pour se rendre au travail.

      A cause du vent qui a « soufflé » la neige sur la chaussée, les quelques kilomètres qui séparent Septmoncel – la commune de 700 habitants où elle vit – de Saint-Claude lui ont pris cinquante minutes, soit plus du double du temps habituel. Si elle avait dû ensuite rejoindre la maternité d’Oyonnax (Ain), où elle doit accoucher début juin, cela lui aurait demandé dans ces conditions une heure de plus.

      Elle a beau savoir que les routes seront dégagées le jour « J », au printemps, elle n’est pas sereine depuis la fermeture, en avril 2018, de la maternité de l’hôpital Louis-Jaillon, à Saint-Claude. C’est là qu’elle est née en 1981 et c’est là qu’elle a eu son premier enfant en 2014. « J’en ai eu des contractions de stress, je n’arrêtais pas de penser que je pouvais accoucher au bord de la route, explique-t-elle. Après l’annonce de la fermeture, je me suis même posé la question d’un deuxième enfant. Je me suis demandé jusqu’à quand je pouvais le concevoir pour être sûre qu’il n’arrive pas en hiver. »
      Ce raisonnement, Doriane Gardel n’est pas la seule à le faire dans cette région vallonnée, où les temps de transport (quarante minutes de route pour Oyonnax), peuvent très vite s’allonger l’hiver. « On avait convenu avec mon mari que si je n’étais pas tombée enceinte en novembre-décembre, on arrêtait tout », assure Estelle Villaldea Martin, 39 ans, qui vit dans un petit village à côté de Saint-Laurent-Grand-Vaux, à quarante-cinq minutes de la maternité de Lons-le-Saunier, « quand les routes sont bonnes ». Le terme de sa sixième grossesse est prévu en juillet. « Partir à la maternité sur une route enneigée, ce serait un stress énorme », dit-elle.
      A Lavans-lès-Saint-Claude (Jura), au 9ème des 60 km qui séparent le centre hospitalier Louis Jallon de saint-Claude de celui de Lons-le-Saunier, le 30 janvier.


      A Lavans-lès-Saint-Claude (Jura), au 9ème des 60 km qui séparent le centre hospitalier Louis Jallon de saint-Claude de celui de Lons-le-Saunier, le 30 janvier. RAPHAEL HELLE / SIGNATURES POUR "LE MONDE"

      « Mépris » du gouvernement

      Dans cette région enclavée du Jura, où l’on vit de l’industrie, du tourisme et de la proximité avec la Suisse, la décision prise à l’été 2018 par l’agence régionale de santé (ARS) de fermer la maternité, la pédiatrie et la chirurgie conventionnelle (nécessitant une hospitalisation) pour des raisons de sécurité ne passe toujours pas.

      « Au ministère de la santé, à Paris, ils ont une réflexion d’urbain, ils n’arrivent pas à se rendre compte de ce que c’est ici après une chute de neige, avec l’hélicoptère qui ne peut pas venir à cause de la tempête, c’est cette France qu’on oublie », lance Jean-Louis Millet, le maire (divers droite) de Saint-Claude, en conduisant sa voiture sur le plateau enneigé des Rousses, au milieu des forêts et des pistes de ski de fond, quasi désertes à cette saison.

      Depuis deux ans, l’élu ne ménage pas sa peine pour empêcher la fermeture de l’établissement où 342 enfants étaient nés en 2016. Trois recours ont été déposés devant la justice administrative. « J’en suis à quatre-vingts courriers à Buzyn, Hulot, Schiappa, Le Maire… Pas un ne m’a répondu sur le fond », déplore M. Millet.

      Pour protester contre ce « mépris » du gouvernement, il a décidé de boycotter le grand débat national. Une « mascarade », selon lui. Au second tour de l’élection présidentielle, en 2017, M. Millet, qui se présente comme un « villiériste de la première heure », avait publiquement demandé : « Faut-il voter [Marine] Le Pen pour sauver l’hôpital ? », après avoir constaté qu’en réponse à ses courriers, seule la candidate du Front national s’était prononcée en faveur du maintien de la maternité.

      « Ras-le-bol de cette médecine à deux [combien ?! ndc] vitesses »

      Une interrogation qui n’a pas empêché sur ce dossier l’union sacrée des élus municipaux. Dès les premières menaces, M. Millet a reçu le soutien de son opposant historique, l’ancien maire communiste Francis Lahaut qui s’était battu en 1995 pour le maintien des urgences. « Sur cette terre de résistance, il y a une unité absolue autour de la maternité », assure l’hôtelier André Jannet, le président du comité de défense de l’hôpital.

      En lieu et place du grand débat, le comité a organisé, les 26 et 27 janvier, un « référendum d’initiative populaire » dans trente et une communes du Haut-Jura. Plus de 6 000 personnes se sont déplacées pour dire leur attachement à leur hôpital, soit davantage encore que les 5 000 qui avaient manifesté dans les rues de Saint-Claude en mai 2017 à l’appel du comité. « On craignait qu’il y ait une usure mais le soutien de la population ne se dément pas », se félicite M. Millet.

      Dans des « cahiers de doléances et de propositions citoyennes » installés à côté des urnes, des dizaines d’habitants ont couché leur inquiétude et leur colère sur les inégalités d’accès aux soins. « Est-ce que notre santé vaut moins que celle des citadins ? », interroge une femme. « Ras-le-bol de cette médecine à deux vitesses, nous voulons pouvoir bénéficier de soins sans nous poser la question de savoir comment nous rendre dans un hôpital », écrit une autre.

      A Saint-Claude, on sait qu’à travers l’hôpital, c’est une part de l’attractivité de la sous-préfecture du Jura qui se joue. En 2017, les quarante principaux employeurs industriels du bassin, représentant 2 800 emplois, avaient tous signé un texte pour dire leur « inquiétude » et s’opposer aux fermetures.

      « On joue notre survie économique »

      « Quelle absurdité de dégrader ce qui existe », se désole Olivier Jeantet depuis les locaux de son usine de pièces de caoutchouc installée dans le centre-ville depuis plus d’un siècle. « On joue notre survie économique en permanence, on se bat pour ne pas délocaliser nos productions et pendant ce temps, l’Etat détricote les services publics. Si on veut sinistrer la région, continuons comme ça », lance-t-il.

      A en croire le maire, après avoir subi de plein fouet la crise de 2008, l’industrie locale (fonderie, plasturgie) tournerait aujourd’hui à plein régime. « Les carnets de commandes sont pleins et les entreprises ont de gros soucis de recrutement, assure M. Millet. Cet été, certaines ont dû refuser des commandes parce qu’elles n’avaient pas suffisamment de main-d’œuvre. » Sous couvert d’anonymat, un responsable d’usine estime pour sa part qu’« il y a plein de choses qui font que les gens ne veulent pas venir à Saint-Claude : le centre-ville pas animé, la difficulté pour trouver un logement… Alors l’hôpital qui ferme, ça en rajoute une couche… »

      A la direction de l’hôpital, un vaste bâtiment posé en fond de vallée de cette ville construite sur plusieurs étages, on rappelle les raisons qui ont poussé à la fermeture. En octobre 2017, l’ARS Bourgogne-Franche-Comté soulignait une « perte de confiance » de la population dans cet établissement et d’« importants taux de fuite » vers d’autres sites, plus de 40 % des jeunes mères du bassin de vie couvert par le centre hospitalier ayant choisi, en 2016, d’accoucher ailleurs. « Comme il y avait un fort turnover de remplaçants, les femmes se sont lassées de ne pas avoir d’interlocuteur fixe, et la rumeur de la fermeture a fait fuir beaucoup de monde », décrypte un ancien salarié de l’hôpital.

      C’est donc pour des raisons de sécurité liée à la démographie médicale que la maternité s’est vue retirer son autorisation. « Nous avions un problème sanitaire, nous n’avions plus les praticiens nécessaires, explique Guillaume Ducolomb qui dirige les hôpitaux de Saint-Claude et de Lons-le-Saunier depuis mai 2018. On a fonctionné avec un gynécologue à temps plein alors qu’il en fallait six, idem pour les anesthésistes. A la fin, on tournait à 100 % avec des intérimaires. Comment fait-on pour recruter des médecins ? Nous n’avons aucun moyen de contraintes. Quand vous n’avez pas de candidat, vous n’avez pas de candidat. »


      Le centre hospitalier Louis Jallon de Saint-Claude (Jura), dont la maternité s’est vue retirer son autorisation, le 30 janvier.
      Le centre hospitalier Louis Jallon de Saint-Claude (Jura), dont la maternité s’est vue retirer son autorisation, le 30 janvier. RAPHAEL HELLE / SIGNATURES POUR "LE MONDE"

      « On est dans la phase d’après »

      Aujourd’hui, M. Ducolomb assure avoir « tourné la page » de la maternité. « On est dans la phase d’après », dit-il, alors qu’une IRM devrait être installée d’ici à quelques mois à l’hôpital et qu’un projet de traitements de pathologies cancéreuses par chimiothérapie est en discussion pour la fin 2019-2020. « Je ne suis pas là pour fermer l’hôpital mais pour le faire évoluer », assure-t-il.

      Dans la région, tout le monde scrute avec attention comment se passe ce premier hiver sans maternité. Deux accouchements ont eu lieu en catastrophe ces derniers mois, l’un aux urgences, l’autre dans le véhicule du SAMU, sur le bord de la route, le 24 septembre. « Il y a des accouchements inopinés au cœur de Paris », fait remarquer M. Ducolomb, qui vient d’installer une chambre à la maternité de Lons-le-Saunier pour garder les parturientes dont le travail a commencé.
      Céline Champagne, 41 ans, une ex-sage-femme de la maternité de Saint-Claude, installée depuis novembre 2016 en libérale sur le plateau entre Septmoncel et Lamoura, était à la manœuvre le 24 septembre. Elle-même pompier volontaire, elle a formé depuis un an les pompiers « d’une bonne dizaine de casernes » aux accouchements inopinés. « Il faut arrêter d’entretenir cette phobie autour de la fermeture des petites structures », juge-t-elle, appelant à « une réorganisation complète de la répartition des médecins en milieu rural ».
      A la mairie, M. Millet ne désespère pas d’un revirement de l’ARS ou d’une décision favorable du tribunal administratif. Prudemment, il a tout de même mis un « deuxième fer au feu ». Après avoir démarché plusieurs cliniques privées, il espère que l’une d’elles fasse des propositions concrètes sur la chirurgie et l’obstétrique à l’ARS d’ici à la fin du mois.

      #WeDoNotCare

  • Mobilisation générale des tireurs

    La Suisse doit adapter sa législation sur les armes aux prescriptions de l’#UE si elle ne veut pas mettre en péril les accords de Schengen. Le projet essuie les tirs nourris des amateurs d’#armes. Il sera soumis au vote du peuple le 19 mai.

    Quand il est question d’armes, le débat devient rapidement houleux en Suisse, et le premier tireur du pays, Guillaume Tell, n’est jamais très loin… Il reprend du service en ce moment, par exemple sur le site web de #Pro_Tell, la société pour un droit libéral sur les armes, où il dresse sa main droite en signe d’arrêt, flanqué de ce slogan : « La Suisse libre, non au diktat de l’UE qui nous désarme ! » Guillaume Tell ne se bat pas seul. René Schneider est lui aussi prêt à dégainer. Excellent connaisseur du tir, il est président d’honneur de la société Militärschützen Unterseen, membre d’honneur de l’Oberländischer Schützenverband de Berne et membre d’honneur de l’Association sportive bernoise de tir. Voici ce qu’il a dit à la « Revue Suisse » : « Nous sommes un peuple démocratique et décidons nous-mêmes ce que nous voulons et ce que nous ne voulons pas. Nous ne devons en aucun cas tolérer que le tir sportif, cette grande tradition suisse, soit anéanti par la directive de l’UE sur les armes. » Celle-ci est sous le feu des attaques des tireurs suisses.

    L’origine des débats remonte aux attentats terroristes de 2015 à Paris, au cours desquels 130 personnes ont été abattues avec des armes semi-automatiques. Peu après, l’UE a durci sa législation sur les armes. La Suisse faisant partie de l’espace Schengen, et donc du réseau européen de sécurité policière, elle doit intégrer les nouvelles dispositions à sa législation nationale sur les armes. C’est précisément ce contre quoi s’élèvent les sociétés de tireurs, soutenues par l’UDC. Elles ont lancé un référendum.

    Les #armes_semi-automatiques en point de mire

    Seront interdites les armes semi-automatiques ayant des chargeurs de grande capacité. Il s’agit des fusils, revolvers et pistolets avec lesquels on peut tirer plusieurs coups d’affilée : s’il reste nécessaire de déclencher chaque tir, l’arme ne doit pas être rechargée. Problème : les fusils d’assaut 90 et 57, très répandus parmi les tireurs suisses, font justement partie de ces armes semi-automatiques. La Suisse a cependant négocié des #dérogations avec l’UE : l’#arme_d’ordonnance pourra toujours être conservée à la maison et utilisée après la fin du #service_militaire. L’UE a ainsi véritablement fait une fleur à la Suisse, cette dérogation ne s’appliquant qu’à la Confédération. On parle d’ailleurs même parfois, pour cette raison-là, de « Lex Helvetica ».

    Les personnes possédant déjà une telle arme pourront elles aussi la conserver. Elles doivent simplement, si elles ne l’ont pas encore effectué, la faire inscrire dans les trois ans au registre cantonal des armes. De leur côté, les tireurs sportifs pourront toujours acquérir ce type d’armes. Ils devront cependant être membres d’une société de tir ou prouver qu’ils pratiquent régulièrement le tir sportif. Par « régulièrement », les autorités entendent cinq séances de tir en cinq ans.

    Alors, qu’est-ce qui gêne concrètement les tireurs dans ces nouvelles règles ? Réponse de René Schneider : « Nous ne serions plus les propriétaires d’une arme, mais seulement les détenteurs d’armes interdites soumis à des obligations particulières et tolérés par l’État ! Nos pratiquerions notre sport avec des ‹armes interdites›. L’acquisition d’une arme ne serait possible qu’avec une autorisation exceptionnelle. Or, cette autorisation est bien plus stricte que le permis d’acquisition d’armes exigé aujourd’hui, et entraînerait une diminution massive du nombre de tireuses et de tireurs. » René Schneider trouve en outre « absolument illogique » qu’une arme fournie par l’armée ne soit pas considérée comme interdite, alors qu’une arme achetée en privé le soit, « bien qu’il s’agisse de la même arme. Cela engendrerait un système à deux vitesses parmi les tireurs. »

    Cette nouvelle réglementation ne serait-elle pas susceptible de gonfler les rangs des membres des sociétés de tir, puisqu’elle requiert notamment que les tireurs sportifs s’affilient à une telle association ? « Absolument pas », tranche René Schneider, catégorique. « Dans notre association, nous n’acceptons que les nouveaux membres introduits par un membre déjà inscrit. Ainsi, nous nous assurons de n’enrôler que des personnes dont la réputation est intègre. Nous n’accueillons pas n’importe quel quidam qui frappe à notre porte. Les obligations et responsabilités se reporteraient, j’en suis certain, sur les sociétés de tir. Celles-ci pourraient tout à coup avoir à fournir des preuves de tir pour leurs membres. »
    La sortie de Schengen coûterait des milliards

    Dans les sociétés de tir, la méfiance est donc grande. Même si le Parlement s’est donné la peine de réduire autant que possible la charge administrative. Josef Dittli, conseiller d’État libéral uranais, a résumé la situation ainsi : « Nous voulons prendre en compte les particularités suisses et la tradition dans le domaine du tir sans mettre en péril les accords de Schengen. » Toutes les requêtes de la gauche visant à durcir encore la législation sur les armes ont été rejetées, tout comme celle de l’UDC, qui s’opposait à l’application des règles européennes.

    Nicolo Paganini, conseiller national PDC, invite à ne pas sacrifier ces accords « pour en faire un exemple en matière de souveraineté sur un objet inapproprié ». L’Office fédéral de la police (fedpol) rappelle lui aussi les problèmes que cela engendrerait : sans Schengen, « notre police serait aveugle et sourde ». Il souligne qu’il est important que la Suisse continue de faire partie du réseau européen de sécurité. Mettre sur pied un système de sécurité policière national correspondant aux standards actuels de Schengen coûterait entre 400 et 500 millions de francs. De surcroît, la perte du visa Schengen aurait de graves conséquences pour le tourisme suisse et les régions frontalières. D’après la Confédération, la sortie de Schengen équivaudrait à une perte de revenus de l’ordre d’onze milliards de francs par an pour l’économie suisse.

    N’est-ce pas un prix trop cher à payer pour épargner quelques éventuelles tracasseries administratives aux tireurs ? René Schneider demeure quelque peu évasif à ce sujet. Le Conseil fédéral doit d’après lui renégocier la directive sur les armes de l’UE avec celle-ci : « Je suis convaincu qu’une solution peut être trouvée qui soit acceptable pour les deux parties et ne mette pas en péril les accords. »
    La Suisse : un véritable arsenal

    Le tir est une tradition ancestrale en Suisse, et les amateurs d’armes y sont nombreux : en 2013, date de la dernière estimation de la Confédération, les Suisses possédaient près de deux millions d’armes à feu. Des recherches de la « NZZ am Sonntag » montrent que les cantons ont depuis délivré entre 150 000 et 250 000 permis d’acquisition d’armes. Étant donné qu’il est possible d’acheter jusqu’à trois armes par permis, il est raisonnable de penser que 2,5 à 3 millions d’armes à feu se trouvent actuellement dans les foyers suisses.

    https://www.revue.ch/fr/editions/2019/02/detail/news/detail/News/mobilisation-generale-des-tireurs
    #loi #Suisse #Schengen #Euro-compatibilité #votation

    • #PROTELL

      La Commission de la politique de sécurité du Conseil des Etats est restée sourde à l’appel de PROTELL et des organisations alliées. Suivant la voie funeste tracée par le Conseil national, elle propose elle aussi d’apporter à notre loi sur les armes les durcissements exigés par l’UE. Il ne s’est trouvé qu’un unique Sénateur contre 11 et une abstention pour oser dire non et défendre jusqu’au bout les droits et les libertés des centaines de milliers de détenteurs d’armes de ce pays.

      Le Conseil des Etats débattra de cet objet en septembre. Les divergences avec le National seront éliminées au cours de cette même session. Le vote final est prévu pour le 28 septembre. PROTELL mobilisera évidemment tous ses relais pour convaincre les parlementaires fédéraux de rejeter ce texte inique dont les effets se résument ainsi : moins de droits pour pas plus de sécurité (c’est quand même cher payé !).

      PROTELL réaffirme que ses obligations découlant de l’accord de Schengen, la Suisse les a déjà honorées en 2008 et en 2015. Nous disposons ainsi, aujourd’hui, d’une loi adaptée à nos traditions et à notre culture qui, avec d’autres facteurs, fait de notre pays l’un des plus sûrs au monde. Ce que demande PROTELL, c’est qu’au lieu de punir injustement les honnêtes citoyens sans aucun effet ni sur le terrorisme ni en termes de sécurité publique, on s’en tienne au droit en vigueur, tout simplement parce qu’il a fait ses preuves.

      PROTELL invite toutes les organisations qui, avec elle, défendent les droits et les libertés des détenteurs d’armes (tireurs, chasseurs, collectionneurs, citoyens-soldats), à s’unir dans ce but et à ne pas hésiter, si le Parlement fédéral persiste à ignorer leur appel, à lancer un référendum. S’il le faut, nous nous donnerons rendez-vous devant le peuple qui, dans notre pays, a une chance unique : c’est lui qui peut avoir le dernier mot !

      PROTELL appelle en outre tous ses membres et sympathisants à contacter les parlementaires fédéraux qu’ils connaissent pour les sensibiliser à la valeur de nos traditions ancestrales et leur répéter clairement le mot d’ordre décidé par son assemblée générale : pour PROTELL, le droit sur les armes n’est pas négociable !

      https://www.protell.ch/fr
      #référendum

  • Le #9ème_art est né en #Suisse mais il est snobé par l’Etat

    La bande dessinée suisse connaît une vitalité et une diversité extraordinaires. Inventé au 19ème siècle par le Genevois #Rodolphe_Töpffer, cet art du récit ne bénéficie pas encore d’une reconnaissance officielle.

    En novembre 2018, une petite équipe de représentants de la bande dessinée (BD) suisse a été reçue par la direction de l’Office fédéral de la culture (OFC). But de cette visite : obtenir de la Confédération qu’elle intègre le 9ème art comme une discipline à part entière, avec la création d’un prix suisse de la BD et d’une bourse nationale. Le tout aurait pu figurer en 2019 dans le message culturel publié tous les quatre ans par l’OFC. Malheureusement, l’équipe déléguée par le Réseau suisse de la BD a fait chou blanc. « Le message culturel mentionnera la BD, mais sans plus. Nous sommes déçus, car nous attendions un vrai signal en vue de la reconnaissance de cet art », avoue Jana Jakoubek, directrice artistique du festival Fumetto, à Lucerne. « Le jour où la BD recevra des subventions à la création, comme c’est le cas pour le théâtre, j’espère qu’il y aura encore des livres », ironise Zep. Le créateur de Titeuf a vendu près de 20 millions d’albums dans le monde. Il ne comprend pas la frilosité des autorités suisses, « alors que les musées de la BD, de la Corée aux USA, mentionnent le fait que le créateur de la bande dessinée est le Genevois Rodolphe Töpffer ».
    La Suisse compte désormais une Ecole supérieure de bande dessinée

    Cofondateur de la première Ecole supérieure de BD en Suisse, lancée à Genève en 2017, le dessinateur Tom Tirabosco milite pour la création d’un centre suisse de la BD. Il définit la BD comme « un art majeur ayant atteint l’âge adulte ». « Les créateurs abordent désormais toutes les thématiques et se trouvent parfois très éloignés de la classique BD franco-belge, celle de Spirou ou Lucky Luke », défend-il. « C’est le seul médium artistique jamais inventé par la Suisse », complète Dominique Radrizzani, le directeur du festival lausannois BDFIL. Genève a fait honneur à cette discipline, en accueillant un hôtel Ibis, consacré à Töpffer et ses successeurs locaux (voir encadré page suivante).

    Des deux côtés de la Sarine, des auteur(e)s s’exportent à l’international. Les Romands sont les plus nombreux, avec notamment Derib, Cosey, Buche, Bertschy, Tirabosco, Peeters et Wazem. Les alémaniques, successeurs de l’artiste allemand Wilhelm Busch, auteur de « Max et Moritz », comptent dans leurs rangs des auteurs majeurs. A commencer par Thomas Ott et Anna Sommer. D’où vient alors cette timidité évoquée par Zep ? « La BD est souvent considérée comme un art de divertissement ou une industrie », résume Philippe Duvanel, qui dirige le festival Delémont’BD. Lui aussi était monté à Berne, il y a 4 ans, avec une délégation jurassienne, pour défendre un prix suisse de la BD. Il indique pourtant savoir que le conseiller fédéral Alain Berset, qui chapeaute l’OFC, est sensible à cet art. « Il y a sans doute un problème sur la légitimité de la BD à recevoir un soutien public, alors que ce n’est pas le cas pour d’autres disciplines, comme le théâtre, par exemple », regrette-t-il.
    Dessiner une BD requiert peu de matériel mais beaucoup de temps

    Si le matériel nécessaire pour dessiner est simple, « la création d’ouvrages de bandes dessinées nécessite un temps énorme », explique Zep. Le dessinateur indique que les créateurs sont en train de se précariser, dans un monde où le nombre d’ouvrages explose, mais avec des tirages de plus en plus limités. Il défend un système d’aide à la création, comme c’est le cas en France avec le Centre national du livre, où des jurys spécialisés accordent des subventions. En Suisse, seules existent quelques bourses cantonales et les appuis fédéraux à la BD ne sont pas décernés par des jurys spécialisés, cet art étant rangé dans une case dédiée au design.

    Malgré tout, la BD suisse serait en passe d’accéder à une reconnaissance des pouvoirs publics, notamment en Suisse romande, où les villes de Lausanne et Genève plancheraient sur un centre du 9ème art. « La BD suisse est en train de placer Genève sur la carte des lieux importants de cet art, à côté de Paris, Bruxelles et Angoulême », souligne Tom Tirabosco, qui préside la Swiss Comics Artists Association. Depuis 1997, Genève décerne chaque année des distinctions à travers les prix Töpffer. La Suisse compte aussi un musée de la BD : le Cartoon Museum de Bâle. Elle possède trois festivals de taille : BDFIL, Fumetto et Delémont’BD. Des évènements existent aussi à Aigle (VD), Belfaux (FR), Tramelan (BE) et Lugano.
    Des éditeurs qui travaillent avec l’Europe

    L’édition suisse n’est pas en reste, avec des maisons comme Atrabile, tournée vers la BD underground, ou encore Paquet, qui publient des ouvrages en Europe. RVB, collection dirigée par le dessinateur genevois Yannis La Macchia, publie des bandes dessinées numériques. En Suisse alémanique, la BD suisse s’exprime dans des magazines comme « Ampel », publié à Lucerne par un collectif, et « Strapazin » à Zurich. Moderne a publié le dernier ouvrage d’Anna Sommer (voir image ci-contre), auteure qui est traduite en français. Existe-t-il une BD suisse ? « Peut-être dans la façon d’envisager ce métier qui s’est développé dans un univers à la fois multiculturel et isolé », conclut Zep.
    La BD a crû sur un terreau alternatif

    Né en 1799, le satiriste genevois Rodolphe Töpffer est considéré comme l’inventeur du 9ème art. « Töpffer rédigeait des chroniques, qu’il découpera avec des dessins à l’appui du texte. Il a mis en place tout ce qui fait la BD moderne », explique Dominique Berlie, conseiller culturel au service culturel de la Ville de Genève. Montage, cases, effets de répétition, suspense : grâce à ces inventions, le créateur autodidacte de la « littérature en estampes » connaîtra un succès international avec entre autres, l’« Histoire de Monsieur Jabot » (voir page 10). « Il a aussi présenté une théorie de son art et a reçu le soutien de Goethe, qui y a vu quelque chose d’important », rappelle Dominique Berlie. « Après lui, il ne s’est plus passé grand-chose pendant longtemps en Suisse », continue Jana Jakoubek.

    « L’éclosion d’une BD qui se vendra à l’international remonte aux années 1960 et 1970, à travers une bande dessinée alternative, liée au monde des squats, qui s’est exprimée dans des affiches et journaux de gauche », raconte Dominique Berlie. Dans les années 1970, les dessinateurs genevois Ceppi et Poussin montent à Paris et réussissent à se faire publier par de grands éditeurs. Au début des années 1990, la revue genevoise « Sauve qui peut » publiera des dessinateurs issus des arts décoratifs, permettant à de jeunes pousses de s’exprimer, parmi lesquelles Zep, Wazem, Baladi, Helge Reumann, Peeters ou Tirabosco.

    Le jeune Zep avait fait des propositions à des quotidiens du cru, sans susciter d’intérêt. Mais le futur créateur du « Guide du zizi sexuel », sera soulagé de découvrir des confrères émerger dans les médias. « Le succès de gens comme Derib – auteur de Yakari – m’a permis de croire à la possibilité de faire ce métier », raconte-t-il. Zep évoque aussi sa rencontre avec Cosey, créateur de « A la recherche de Peter Pan ». « Moi qui aime la montagne, je me suis retrouvé dans ces récits contemplatifs qui se déroulent dans les Alpes valaisannes. Cela a montré qu’il était possible de parler de nos propres histoires, suisses, à une époque où la BD parisienne était très loin de ces préoccupations. »

    La relève de la BD suisse est en marche, assure Dominique Berlie. Il cite notamment des auteurs comme Peggy Adam, Isabelle Pralong, ou Guillaume Long. Outre Sarine, Tom Tirabosco cite le peintre Andreas Gefe, originaire de Schwyz. Jana Jakoubek met en avant les travaux des jeunes lucernois Noemi Laake et Andreas Kiener, actifs dans le collectif et magazine « Ampel ». (SH)

    https://www.revue.ch/fr/editions/2019/02/detail/news/detail/News/le-9eme-art-est-ne-en-suisse-mais-il-est-snobe-par-letat
    #BD #bande_dessinée

  • #Rokhaya_Diallo : « On peut être raciste en pensant faire un compliment »

    Le racisme est construit par l’Histoire et se perpétue par les stéréotypes et le fonctionnement de l’Etat, affirme la militante antiraciste française Rokhaya Diallo, en Suisse pour la Journée internationale pour l’élimination de la #discrimination_raciale.

    « De nombreuses personnes ne sont pas mal intentionnées quand elles profèrent une assertion raciste. Par exemple, on peut avoir l’impression de faire en compliment en disant à une personne noire qu’elle parle bien français », explique Rokhaya Diallo au micro de La Matinale jeudi. « Il n’y a pas forcément une #intentionnalité dans le racisme, qui n’est pas l’apanage de l’extrême droite ou de personnes malveillantes. »

    Journaliste, écrivaine, chroniqueuse et réalisatrice, Rokhaya Diallo est régulièrement au centre de polémiques dans l’Hexagone pour ses prises de positions antiracistes et féministes. « L’#espace_public français compte peu de personnes de couleur qui s’expriment dans l’espace public sur les questions de racisme. Je ne suis pas non plus représentative du milieu social ouvrier dont je suis issue. Le fait que je suis une #femme me vaut, en plus des insultes habituelles, des #menaces de #viol. En tout point, je suis la tête qui dépasse. »

    Racisme « atmosphérique »

    Née à Paris de parents immigrés sénégalais, élevée dans un milieu multiculturel, Rokhaya Diallo affirme avoir découvert le racisme assez tard dans sa vie. « Le racisme ’atmostphérique’ est le recours aux #stéréotypes les plus récurrents sur les personnes d’une certaine origine, qui cantonne ces personnes à certaines qualités », définit-elle.

    Par exemple, présupposer que les Asiatiques sont bons en sciences ou que les Noirs sont doués pour les sports n’est premièrement pas une réalité - « moi-même, je ne cours pas vite », s’amuse-t-elle -, et deuxièmement, cela permet d’autres préjugés de type « en revanche, les Blancs sont plus intelligents ou meilleurs pour ceci ou cela. »

    « Les #conditions_sociales existent, évidemment, pour expliquer diverses compétences, par exemple l’endurance des marathoniens d’Afrique de l’Est qui ont vécu entouré de montagnes. Mais une population ne doit pas être réduite à cela », souligne Rokhaya Diallo. « Laisser à l’individu sa capacité à exprimer ses talents propres est beaucoup plus pertinent. »

    Un fruit de l’Histoire toujours vivace

    Pour la militante, le racisme est avant tout le fruit de l’Histoire qui a généré les divisions dans le monde. « Au moment de justifier par exemple le recours à l’esclavage, on a utilisé les sciences ou la Bible afin de créer des préjugés permettant ces pratiques. »

    Et nombre de préjugés sont toujours vigoureux aujourd’hui, relève-t-elle, évoquant l’insulte de « singe » qui a qualifié l’ex-ministre de la Justice française Christine Taubira, les jets de bananes à l’encontre de joueurs de football comme Mario Balotelli ou Kalidou Koulibaly, ou encore les contrôles au faciès statistiquement beaucoup plus nombreux sur les jeunes hommes d’origine maghrébine.

    « La police est une institution de la République, or il n’y a pour l’heure pas de politique institutionnelle pour mettre fin au #contrôle_au_faciès. A minima, il s’agit là de complicité dans l’inaction », estime Rokhaya Diallo, qui dénonce la persistance d’un « #racisme_d'Etat ».

    Pour une politique volontariste

    Car déclarer l’#égalité dans la loi ne suffit pas à combattre le racisme, tout comme elle ne suffit pas à éradiquer les #violences faites aux femmes ou les discriminations sur le genre ou l’orientation sexuelle. « L’Etat doit mener une #politique_volontariste afin de faire reculer le racisme dans les institutions. »

    Entendue jusqu’au siège des Nations unies à New York l’an dernier pour porter sa lutte contre le racisme, Rokhaya Diallo sera l’invitée jeudi soir du Club 44 à La Chaux-de-Fonds, à l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale.

    https://www.rts.ch/info/monde/10306627-rokhaya-diallo-on-peut-etre-raciste-en-pensant-faire-un-compliment-.htm
    #racisme #racisme_anti-blanc #discriminations #intersectionnalité

  • Sciences Po censure une #conférence sur l’apartheid israélien

    Le 20 mars 2019 devait se tenir à Sciences Po un événement sur l’apartheid israélien dans le cadre de l’Israeli Apartheid Week. Deux jours avant l’événement, Sciences Po a décidé d’annuler la conférence. Voilà la réponse des organisateurs-rices à cette censure politique. Tou-te-s au 96 boulevard Raspail le 20 mars à 19h, en soutien au peuple palestinien et contre la répression !

    https://blogs.mediapart.fr/collectif-lintersection/blog/190319/sciences-po-censure-une-conference-sur-l-apartheid-israelien
    #apartheid #Israël #Sciences_po #palestine #France

    • Une université suisse doit annuler la « fête de la haine » anti-juive

      Demande d’annulation de la « fête de la haine » d’Israël à la Haute Ecole pédagogique Vaudoise

      Monsieur le recteur Guillaume Vanhulst,

      J’ai appris par un article publié par le centre Simon Wiesenthal, qu’HEP Lausanne a reprogrammé (sous un autre titre (1), mais sans changer le contenu), une formation antisioniste que les autorités vaudoises avaient fait annuler en octobre pour cause de « déséquilibre pédagogique ».

      C’est une formation politique clairement partisane, qui entre en conflit frontal avec les Valeurs et la Charte éthique "favorisant le développement d’une réflexion critique", et le souci d’une "approche critique parmi la diversité des courants de pensée dans le cadre de ses activités de formation et de recherche" énoncées par HEP (2).

      La formation, en effet, est composée de virulents activistes anti-israéliens engagés dans des campagnes antisémites, « qui nient le droit à l’autodétermination du peuple juif, et sont déterminés à détruire l’Etat juif » précise le Centre Simon Wiesenthal, et la lecture du nom des intervenants le confirme au-delà du moindre doute (3).

      Je ne pense pas qu’une "fête de la haine" qui vise à répandre l’idéologie anti-israélienne aux lycéens au travers de la formation que vous assurez aux professeurs, ait sa place dans une école dont la mission est de transmettre la tolérance et l’ouverture par la connaissance.

      La délégitimation d’Israël porte en elle un fruit unique : celui de la haine. Aucun autre.

      Et cette formation à la haine d’Israël est en contradiction profonde avec la charte éthique d’HEP.

      Je vous demande en conséquence et très respectueusement, monsieur le recteur, d’annuler définitivement cette formation des enseignants à la délégitimation d’Israël, ainsi que toute autre formation future qui ne serait pas honnêtement et fondamentalement équilibrée dans son esprit et ses objectifs, et qui ne prévoirait pas la présence d’académiciens pro-Israéliens et anti-Israéliens réputés en nombre égal.

      Veuillez accepter, monsieur le recteur, l’expression de mes sentiments les meilleurs.

      (1) Le titre initial était « 1948 : connaître et enseigner la Nakba palestinienne » et cela s’appelle maintenant : « 1948 : les origines du problème des réfugiés palestiniens »

      (2) https://www.hepl.ch/cms/accueil/mission-et-organisation/valeurs-et-vision/valeurs.html

      (3)
      Elias Khoury, écrivain libanais qui a rejoint l’organisation du Fatah en 1967,
      Ilan Pappe, activiste anti-israélien d’extrême gauche, qui a soutenu la thèse inventée d’un étudiant, Teddy Katz, du massacre par des juifs d’un village palestinien, et continue à la soutenir bien qu’elle ait été rétractée par son auteur et démentie par un comité universitaire.
      Elias Sanbar, actuel ambassadeur palestinien auprès de l’UNESCO,
      Et Shlomo Sand, auteur de plusieurs livres violemment anti-israéliens.


      https://actionnetwork.org/letters/une-universite-suisse-doit-annuler-la-fete-de-la-haine-anti-juive-swi

    • 1948 dans le respect de l’#objectivité scientifique

      Face à une série de #pressions et d’informations erronées liées à la tenue du cours "1948 : Aux origines du problème des #réfugiés_palestiniens", le Comité de direction de la HEP Vaud réaffirme son attachement au respect des principes scientifiques et éthiques fondamentaux, moteurs de sa #liberté_académique.

      Le cours de #formation_continue destiné aux enseignants secondaires d’histoire, intitulé "#1948 : Aux origines du problème des réfugiés palestiniens" fait l’objet, depuis l’automne 2018, d’une série de pressions et d’informations erronées quant à son contenu, ses intervenants pressentis ou de prétendues intentions politiques malveillantes.

      La direction de la #HEP_Vaud, en accord avec les organisateurs du cours, a pris les dispositions nécessaires pour garantir à ce cours une approche respectueuse de la #neutralité_politique et de l’#objectivité_scientifique légitimement attendues de l’institution qui entend en assumer l’entière responsabilité.

      Elle rappelle que ce cours, non public et destiné exclusivement à des spécialistes de la didactique de l’histoire, devra se dérouler dans un climat de réflexion, de respect, d’ouverture et d’échanges académiques. La HEP Vaud proscrira toute approche polémique, tendancieuse, partisane ou arbitraire du sujet.

      « Je sais à quel point le fait d’aborder dans les curriculums de la HEP Vaud des thématiques vives peut susciter des réactions », souligne le recteur Guillaume Vanhulst. « La seule réponse que la HEP Vaud puisse apporter à des interprétations subjectives, voire à des tentatives de manipulation et d’#intimidation, repose sur un strict respect des #principes_scientifiques et éthiques fondamentaux que la Loi sur la HEP lui confère. »

      La compétence à respecter ces principes est à la racine d’un droit fondamental que le Comité de direction de la HEP Vaud entend promouvoir : la liberté académique.

      https://www.hepl.ch/cms/accueil/actualites-et-agenda/actu-hep/1948-respect-objectivite.html
      #éthique

  • DU BUTIN AU REPORT DU SCRUTIN, POUR QUEL DESTIN ? – Salimsellami’s Blog
    https://salimsellami.wordpress.com/2019/03/20/du-butin-au-report-du-scrutin-pour-quel-destin

    « Les bons mûrissent, les mauvais pourrissent. » (Michel Audiard)

    A Hassen

    Premier martyr des manifestations pacifiques du Printemps algérien, neveu de Belhaffaf Ghezali, également premier martyr des manifestations pacifiques du 1er Mai 1945, assassiné par les forces coloniales à Alger, et fils du défunt Benyoucef Benkhedda, président du GPRA, victime d’un coup d’Etat du clan d’Oujda, qui continue à régenter la nation algérienne depuis 1962.

    Je suis l’Algérie toute entière. Je suis l’incarnation du peuple algérien », déclarait le chef de l’Etat, Abdelaziz Bouteflika, à la télévision suisse TSR, lors du forum de Crans Montana, en 1999, d’où il annoncera le plan de la « concorde civile » sans vérité et justice, destiné aux… Algériennes et aux Algériens à partir de la Suisse ! Le message était clair : l’Etat, censé être le pouvoir dans sa diversité à travers des institutions qui résistent au temps et aux pouvoirs successifs, c’est un « Homme-Dieu » qui l’incarne.

    Le ton de la nouvelle gouvernance qui nous attendait était donné : détruire l’ordre politique et institutionnel en lui substituant une « mythocratie ». C’est plus qu’une dictature, parce qu’une dictature, elle, peut être combattue, car elle emploie des méthodes et des procédés grossiers et faciles à détecter.

    Par contre, contester un clan ou un pouvoir non institutionnel, qui utilise la « mythocratie » pour atteindre des objectifs inavoués afin de fructifier son butin mal acquis, relève de l’utopie, car il utilise une réalité sociale qu’il scénarise en manipulant les flux de désirs et les croyances comme substance propre du pouvoir.

    Pour cette « camarilla »(1), il n’y a plus de peuple, mais des histoires et des mythes, semant le trouble entre sacré et profane, en passant par la main étrangère, confondant stabilité et immobilisme, complaisamment véhiculés par des médias aux ordres, des ministres sinistres et des oligarques nourris à la manne pétrolière, qui organisaient notre devenir collectif, non pas par la lutte des classes, mais par la lutte pour… des places ! Cet état de fait est sournoisement distillé au sein de la société : pas besoin d’intelligence ni de compétence, l’allégeance ou l’extrait de naissance suffirait pour être aux commandes d’un ministère, d’une entreprise, d’une institution, quelle que soit son importance, ou bénéficier d’un marché juteux. Ainsi, les grands projets structurants piétinent, gangrenés par la corruption, d’où l’indigence et l’indélicatesse de certains responsables à tous les niveaux de l’Etat, avec en prime l’impunité garantie. Comment sommes-nous arrivés à cette catastrophe ?

    Le butin

    Le 2 mars 1956, c’est la fin du protectorat au Maroc. Le roi Mohammed V rentre au pays après son exil forcé à Madagascar. Les autorités françaises lui imposent un certain Oufkir comme aide de camp dès son intronisation. Oufkir, capitaine sous le drapeau français, devient colonel. Il avait pour mission de réduire l’influence de l’Armée de libération nationale marocaine, d’atténuer le plébiscite autour de la légitimité des partis nationalistes, notamment l’Istiqlal et l’UNFP, et de créer les structures policières et de surveillance officielles. Cette ascension spéculaire ne laisse pas indifférents « des lycéens et étudiants d’origine algérienne qui vivaient au Maroc dans des conditions de vie parfaitement pacifiques et heureuses. Des conditions qui étaient tout à fait déséquilibrées, cependant, par rapport à celles de leur peuple et de leurs frères étudiants qui mourraient en Algérie »(2). Ces jeunes lycéens et étudiants constitueront la promotion Larbi Ben M’hidi, ossature du Malg. Leur directeur de stage, Khelifa Laroussi, adjoint de Boussouf, ami du désormais colonel Oufkir , leur avait décrété : « Vous êtes les futurs ministres de l’Algérie indépendante ! »(3) La messe est dite. Attendre l’indépendance du pays pour conquérir le pouvoir par tous les moyens.

    Dès la proclamation de l’indépendance, le 5 juillet 1962, le clan d’Oujda fomente son premier coup d’Etat en démettant violemment le GPRA basé à Tunis et impose à la tête de l’Etat Ahmed Ben Mahjoub Ben Embarek dit Ben Bella, porté par Djamel Abdel Nasser après avoir été travaillé au corps à corps par Fethi Dib, le chef des services de renseignement égyptiens. N’était la sagesse du président Benkhedda, l’indépendance aurait été arrosée d’un bain de sang. Le un million et demi de chouhada aurait été multiplié par deux, avec autant de veuves et de blessures à panser. Une nouvelle série noire commence pour la jeune nation, avec son lot de complots, d’assassinats politiques et d’exils forcés. Le 19 juin 1965, Ben Bella est à son tour déposé par un coup d’Etat militaire, fomenté par son ministre de la Défense, le colonel Boumediène, et son ministre des Affaires étrangères, Abdelaziz Bouteflika, entre autres. Comble de l’ironie, le nouveau maître de l’Algérie, dans son allocution télévisée au lendemain du coup de force, annonçait « le redressement révolutionnaire » (ettas-hih ethawri). Rien que ça ! En d’autres termes, nos vaillants révolutionnaires et chouhada du devoir, source de notre indépendance, s’étaient trompés. 1954/1962 a été une sinécure, comme celle passée aux frontières attendant le moment propice pour s’approprier l’Algérie : son sol avec les Algériens que nous sommes et son sous-sol avec ses richesses.

    Confortablement installés aux commandes du pays, les nouveaux « maîtres » de l’Algérie prennent toutes les commandes de la direction de la Sécurité militaire en la structurant à la mode Oufkir : la société toute entière est étroitement surveillée, dédain envers les vrais moudjahidine et réécriture de l’histoire à leur convenance. Toute voix discordante est vouée aux gémonies. Il fallait attendre Octobre 1988 pour respirer un semblant d’accalmie et d’ouverture. Malheureusement, la « décennie noire » et ses douloureux événements plongeront encore une fois l’Algérie dans la douleur.

    1999, nouvelle ère avec des responsables recyclés du défunt MALG en costumes- cravates, bien introduits dans les affaires. C’est le début de la gouvernance par l’offense, par la destruction du collectif et la substitution du citoyen par le croyant. La mythocratie s’installe en profondeur avec un credo : dépenser sans penser en bradant les richesses du pays, idolâtrant le conteneur, se frottant les mains pour le gré à gré et assaisonnant le tout de « tchipa »(4). Juste à titre d’exemple, pourquoi le code des marchés publics a-t-il été amendé au moins sept fois depuis 1999 ? La loi anticorruption n’a-t-elle pas interdit la dénonciation des délits de corruption par le citoyen ? Pour pouvoir le faire, il faut être membre du… conseil d’administration de l’entité dénoncée.

    Ainsi, l’impunité est garantie : « Hommes du sérail, enrichissez-vous ! », semble clamer ce pouvoir de la prédation. Au lieu d’encourager le libéralisme politique, le régime s’empressa d’aller vers le libéralisme économique sauvage, avec son lot d’oligarques qui « organisent » même la vie politique à travers la « chkara ».

    Le scrutin et son report

    « Si les élections devaient changer les choses, il y a longtemps qu’elles auraient été interdites », me disait Ali Yahia Abdennour du haut de ses 98 ans. En effet, la fraude électorale n’est pas une nécessité, mais un principe. Le chef du moment sait qu’il passera, son unique souci réside dans le taux de suffrages amassés à son avantage, toujours au-delà des 90%, sinon « il rentre chez lui ». Le nouveau vice-Premier ministre et ancien ministre des Affaires étrangères, chargé de mener leur transition, dans une récente déclaration, rassurait les Algériens en leur promettant que cette fois-ci « les élections seront transparentes » ! Une façon explicite de reconnaître l’illégitimité de toutes les institutions. Pour ce qui est du report des élections à une date non arrêtée, cela relève, au-delà de son inconstitutionnalité, de la ruse et de la manigance politicienne. Gagner du temps et se refaire une virginité.

    Le destin

    Après vingt années d’anesthésie générale, distillée par doses homéopathiques, la jeunesse, qui, quand elle se lève se soulève, sort de son fatalisme imposé et réclame sa « liberté ». C’est l’échec de la banalisation de la maladie du Président qui accéléra le processus du recouvrement de la liberté et de la dignité qu’elle procure. Le régime de la prédation et de la faillite, tapi derrière la ligne Morice et qui a remporté la mise en 1962 avec sa communauté d’obligés, a été surpris par cet élan de la jeunesse qui n’a pas connu l’Aqmi ni le FMI, entouré de tout le peuple comme un seul homme.

    Le régime, en terrain conquis, n’avait pas prévu le torrent humain qui risque de l’emporter. En ayant détruit tous les mécanismes de la société, empêché l’émergence d’un leadership, il s’est fait piéger. Car les Algériens n’ont pas eu l’occasion d’exprimer leurs angoisses et leurs espérances, ils n’ont en aucune manière pu fixer l’agenda et les priorités, trop longtemps restés en dehors du jeu politique livré aux seuls appareils des partis qui ont leur propre agenda et qui affichent une rupture inquiétante avec la population. L’Algérienne et l’Algérien, toutes catégories confondues, pensent, qu’à une ou deux exceptions près, en Algérie, il n’y a que des partis uniques ! Le pouvoir l’a ainsi voulu.

    Et pour cause, l’homme du consensus est devenu l’homme du refus général. Aucun interlocuteur avec qui discuter ou négocier son départ. Et pour notre bonheur, ce mouvement populaire, pacifique et civique n’a pas de tête. Le régime l’aurait décapité. Les hommes de « devoir et non de pouvoir » émergeront, et j’en suis convaincu. Ils mettront fin à cette dictature d’adhésion qui a hypothéqué l’avenir de tout un peuple.

    Par Hanafi Si Larbi , 

    hanafisilarbi@gmail.com

    Post-scriptum :

    1- Monsieur le président Macron, soyez rassuré, vous n’aurez pas à vous soucier des boat-people, les jeunes Algériens resteront dans leur pays. Par contre, attendez-vous à des yacht-people à qui vous demanderez, au nom de l’humanité, l’origine, sinon la traçabilité de leur fortune.
    2- BHL : chuuuutttt, c’est une affaire de famille.
    Notes :
    1- Camarilla désigne, avec une connotation péjorative, un groupe de conseillers du prince. Habituellement, ceux-ci n’ont pas de fonctions ministérielles et ne sont pas détenteurs d’une autorité officielle : ils conseillent le souverain de façon informelle.
    2- Colonel Hamlet, ancien responsable du MALG et ensuite des services techniques de la SM – interview in Le Soir d’Algérie 23 et 24 juin 2008.
    3- Idem
    4- Tchipa : terme voulu sympathique pour désigner la désastreuse corruption.
    Bibliographie :
    1- Fethi Al Db Abdel Nasser et la Révolution algérienne Edition L’Harmattan
    2- Hocine Aït Ahmed Mémoires d’un combattant, Edition Sylvie Messinger
    3- Leila Benammar Benmansour La crise de l’été 1962 Collection Etudes et documents

    http://lequotidienalgerie.org/2019/03/19/du-butin-au-report-du-scrutin-pour-quel-destin