• Quand l’#Argentine découvre, en 2025, l’#e-commerce mondial : « Des articles beaucoup moins chers, plus variés, parfois de meilleure qualité »

    Les commandes en ligne sur #Shein, #Temu ou #Amazon ont explosé en quelques mois, depuis l’assouplissement de la réglementation et la baisse des #taxes par le gouvernement #Milei. Le secteur de l’#habillement, notamment, s’en trouve menacé.

    La veste en simili cuir, marron foncé, affiche l’éclat du neuf. « C’est Shein ! 33 dollars[28 euros] , ce n’est vraiment pas cher », s’enthousiasme Andrea Garcia, responsable en ressources humaines de 33 ans, à l’occasion d’une fête d’anniversaire à Buenos Aires. Son amie Sol Torres acquiesce. Vêtue d’un blouson noir aux liserés blancs commandé lui aussi sur le site de vente en ligne chinois, cette enseignante d’anglais de 32 ans fait défiler sur son smartphone les photos de ses dernières emplettes sur la plateforme asiatique : « Une robe noire, un pull blanc, une minijupe, un parapluie, un sac de rangement, un plateau, des gommes fantaisie, des gommettes. Le tout pour 170 000 pesos[106 euros au moment de l’achat] , c’est génial ! Ici, tu t’achètes quoi avec ça, deux articles ? Ça me met en colère » , souffle-t-elle en référence aux prix historiquement élevés en Argentine de la plupart des biens de consommation comme l’habillement, l’électroménager, l’informatique, l’ameublement, la décoration…

    Comme des milliers d’Argentins appartenant aux classes supérieures et à une partie des classes moyennes, les deux femmes découvrent le #commerce_en_ligne international avec un appétit vorace. « Les Argentins ont accès à des articles beaucoup moins chers, plus variés, parfois de meilleure qualité, sans attendre que les marques locales développent les tendances internationales », explique Alejandra Boland, consultante en #commerce_international. Pour elle, cette nouvelle façon d’acheter est perçue en Argentine comme « une sorte de fascination et de liberté ».

    En l’espace de quelques mois, les commandes en ligne, notamment auprès d’Amazon et des plateformes chinoises Shein et Temu, ont explosé. Selon les services statistiques argentins, les importations recensées dans la catégorie « autres » – qui inclut les achats sur des sites internationaux – « ont atteint[au mois de juillet 2025] le record historique de 98 millions de dollars, essentiellement en raison de l’augmentation des colis distribués par services postaux ». Cette somme représente une croissance de près de 300 % par rapport à juillet 2024.

    Milei veut faire baisser les prix

    Un bond confirmé par les acteurs de la #livraison. #Andreani, une société privée de #logistique, a ainsi vu le nombre de #livraisons en provenance de l’étranger passer de 6 000 au mois d’avril à 500 000 au mois d’août. Il a dû ouvrir un entrepôt supplémentaire de plus de 3 000 mètres carrés à Buenos Aires. L’entreprise publique de services postaux #Correo_Argentino fait état d’une « hausse significative » des commandes internationales sans fournir de chiffres.

    Dans un pays marqué par la baisse du #pouvoir_d'achat depuis la mise en place des #coupes_budgétaires du gouvernement de l’ultralibéral Javier Milei, au pouvoir depuis fin 2023, cet emballement s’explique par l’assouplissement, en novembre 2024, des règles régissant le commerce en ligne international.

    Désormais, tous les achats inférieurs à 400 dollars ne sont plus taxés, hormis par la TVA. « Pour un blouson qui coûte 100 dollars,[il fallait] payer 67 dollars de taxes. Avec la[nouvelle] mesure, la #taxe sera de 21 dollars[la TVA] », explique le gouvernement dans un communiqué. Le plafond maximal autorisé par commande a été relevé à 3 000 dollars, contre 1 000 auparavant, à raison de cinq par an au maximum. Les achats de plus de 400 dollars voient leurs #droits_de_douane diminuer dans plusieurs secteurs. Notamment dans l’habillement, où ils passent de 35 % à 20 % et s’accompagnent de la suppression de normes de contrôle et formulaires d’importation. Pour les téléphones portables, ils sont passés de 16 % à 8 % en mai et doivent être supprimés en janvier 2026.

    Après avoir été « l’un des pays les plus fermés au monde », explique Leonardo Park, économiste et chercheur au sein du centre de recherche Fundar, l’Argentine s’ouvre mais, nuance-t-il, « il s’agit d’une ouverture partielle, les #barrières_douanières continuent d’être importantes ».

    Pour l’exécutif argentin, l’objectif est de diminuer les prix et lutter contre l’#inflation. « Un relevé de produits sur des marques internationales montre qu’en Argentine un tee-shirt coûte 310 % plus cher qu’en Espagne », assurait le gouvernement dans un communiqué publié en mars. La baisse des #taxes_d'importation sur l’habillement s’inscrit dans la volonté « d’encourager la concurrence et la baisse du prix des textiles en Argentine et la baisse de l’inflation », poursuivait-il. Le recul de l’inflation est une réalité depuis l’arrivée de Milei au pouvoir. Il s’est confirmé en août (+ 1,9 % par rapport à juillet et 33,6 % sur un an contre près de 118 % en 2024), mais le gouvernement ne précise pas l’impact des importations.

    Rattraper le retard

    Auparavant, commander en ligne sur des sites étrangers n’était pas interdit. Mais, outre les barrières douanières, le système bureaucratique, aussi illisible que défaillant, décourageait les Argentins. Et seules les classes les plus aisées, qui pouvaient voyager, accédaient à des produits à moindre prix lors de leurs déplacements à l’étranger. Dans ce pays de la débrouille et de l’informel, certains proposent même un service d’#importation facilitant, contre rémunération, la livraison, dans une valise privée, d’un smartphone ou d’un ordinateur.

    « Avec les gouvernements de la caste, seuls ceux qui allaient aux Etats-Unis ou dans d’autres pays pouvaient obtenir des #vêtements ou des #produits_électroniques pas chers », avançait le ministre de la dérégulation sur X, le 15 novembre 2024, estimant que les nouvelles facilités pour importer relevaient de la « #démocratisation ». Aujourd’hui, en accédant au commerce international sur Internet, les Argentins rattrapent leur retard par rapport à d’autres pays d’Amérique latine comme le Chili, le Brésil ou le Mexique.

    « Globalement, depuis la crise de 2001, l’Argentine s’était démondialisée, alors que le monde allait dans le sens inverse, estime Guillermo Oliveto, fondateur du cabinet de conseil Consultora W, spécialisé dans la consommation. Or les Argentins aspirent à appartenir au monde, avec un lien historique fort avec l’Espagne et l’Italie. Il y a ici une tolérance au fait d’être isolé du monde mais la classe moyenne n’aime pas ça. D’autant qu’à l’ère numérique, elle est au contact de cette mondialisation 24 heures sur 24 », poursuit l’auteur de Clase media. Mito, realidad o nostalgia (« classe moyenne. Mythe, réalité ou nostalgie », Paidos, 2025, non traduit).

    Selon lui, la découverte de l’e-commerce mondial s’inscrit dans une série historique d’ouvertures : « Dans les années 1980,[une partie de] la classe moyenne allait au Brésil acheter des télévisions en couleur. Dans les années 1990, il y a eu les voyages aux Caraïbes. » Deux étapes historiques marquées par le film-culte en Argentine Plata dulce (« argent facile », de Fernando Ayala), sorti en 1982. Puis par le bling-bling du président Carlos Menem (1989-1999, droite), instigateur d’un taux de change fixe d’un peso pour un dollar, favorisant le pouvoir d’achat en dollars des Argentins tout en préparant la chute du pays vers la crise économique et sociale de 2001. Malgré cela, son premier mandat est cité en exemple par Javier Milei.

    Inquiétudes pour l’#emploi

    Si, selon Guillermo Oliveto, l’accès massif à une consommation mondiale « peut aider[à améliorer] l’humeur sociale », il ne suffit pas à convaincre la population du bien-fondé des politiques économiques du gouvernement. D’autant que « seule une partie de la population, environ un tiers, peut profiter de cette ouverture », poursuit l’expert, pour qui de nombreux Argentins attendent encore « des créations d’emplois et une amélioration du pouvoir d’achat ».

    Pour l’heure, ce sont les suppressions d’emploi qui inquiètent. Cette croissance des ventes de l’e-commerce international charrie déjà de nombreuses conséquences sur le #marché_du_travail, avertissent dans un rapport plusieurs chercheurs du centre de recherche Fundar. « L’arrivée de nouvelles importations représente un risque pour le maillage productif et l’#emploi_local », avance le rapport, estimant que plus de 430 000 postes de travail sont menacés, sans pondérer l’impact de l’e-commerce au sein des importations. L’inquiétude est forte chez les entreprises de l’habillement.

    « C’est une avalanche d’articles, produits dans des conditions fiscales, environnementales et sociales déloyales par rapport aux nôtres. Il est impossible de les concurrencer, car les importations sont vendues à des prix inférieurs aux produits locaux, pénalisés par des impôts toujours élevés », dénonce Luciano Galfione, président de la Fundacion Pro Tejer, représentant l’industrie textile.

    Ainsi, selon une enquête de Pro Tejer, les ventes du secteur du textile et de l’habillement ont baissé de 7 % au second trimestre 2025, par rapport à la même période l’année 2024 et la moitié des entreprises textile interrogées ont réduit leur production. « Avec des conséquences directes sur l’emploi », souligne Luciano Galfione. Au mois d’août, la chambre argentine du textile a annoncé qu’elle travaillait à une « #loi_anti-Shein » , sur le modèle du texte adopté au Sénat au mois de juin en France. La politique argentine est, en effet, à rebours de plusieurs pays occidentaux, les Etats-Unis en tête, qui, pour protéger leurs industriels, ont supprimé, le 29 août, l’exemption de droits de douane pour les colis d’une valeur inférieure à 800 dollars.

    https://www.lemonde.fr/economie/article/2025/10/10/quand-l-argentine-decouvre-en-2025-l-e-commerce-mondial-des-articles-beaucou
    via @fil

  • Une semaine pour #se_faire_du_bien

    Les 6, 8 et 9 octobre, Sciences II, le CMU et Uni Mail se transforment en espaces d’#expression_artistique et de #rencontre à l’occasion de la Semaine de la #santé_mentale de l’UNIGE. Un riche programme d’activités permettra à chacun et chacune de donner libre cours à ses #émotions_positives.

    #Joie, #gratitude, #émerveillement, #fierté, #amusement... Vivre des émotions positives permet de mieux affronter des situations stressantes, de s’ouvrir aux autres, de diminuer le sentiment d’#anxiété ou de #déprime et de rebondir plus facilement après des #difficultés. À l’occasion de la Semaine de la santé mentale organisée du 6 au 12 octobre par l’Office cantonal de la santé, l’UNIGE propose un riche programme d’activités qui permettra à chacun et chacune de confirmer le bien-fondé de ce postulat. À Sciences II le lundi 6, au CMU le mercredi 8 et à Uni Mail le jeudi 9 octobre, collaborateurs-trices et étudiant-es sont invité-es à créer pour donner corps à leurs émotions positives et témoigner ainsi de ce qui les inspire. Au cours de la semaine, une dizaine d’artistes ouvriront les portes de leurs univers variés pour inviter le public à dessiner, écrire, peindre, échanger et contribuer à des fresques collectives. Des jeux et des initiations de danse sont également au programme.

    « Nous avons choisi de recourir à la #créativité, à l’#art, parce que nous savons que cela fait beaucoup de bien, et que cela rassemble, peu importe la forme d’expression, que ce soit la danse, l’écriture ou une visite au musée », explique Tamara Ott, psychologue à la Division RH de l’UNIGE et responsable de l’événement, organisé avec la participation du Service santé des étudiant-es de Steps. « L’objectif n’est pas de faire de chacun-e d’entre nous un-e artiste, mais simplement de comprendre que, quand nous déposons nos ressentis, nos idées, nos pensées, par exemple en les écrivant ou en les dessinant, la prise de conscience et l’action qui s’ensuit sont meilleures. L’#expression_créative et les émotions positives jouent un rôle déterminant comme facteurs de protection dans le bien-être psychologique et dans le renforcement de la résilience. »

    Toutes et tous concerné-es
    Au même titre que la santé physique, la santé mentale concerne tout le monde. On estime ainsi qu’en Suisse, une personne sur deux sera atteinte d’un trouble psychique au cours de sa vie. Les enquêtes statistiques récentes montrent aussi des degrés de stress et d’épuisement au travail relativement élevés, notamment chez les jeunes. Au sein de cette population, on signale en outre des niveaux de solitude préoccupants. Pour la deuxième édition de la Semaine de la santé mentale, l’État de Genève, avec ses plus de 60 partenaires, abordera la problématique sous l’angle du lien social.

    À l’UNIGE, les artistes invité-es montreront comment ils et elles se sont servies de leurs pratiques artistiques, qu’il s’agisse de la bande dessinée, de la peinture ou du street art, pour traverser et surmonter des épreuves parfois douloureuses. Lors de démonstrations, de discussions ou d’ateliers, le public pourra contribuer à sa hauteur, de manière sincère et simple, à une fresque collective – inscrire une phrase qui donne du courage ou le refrain d’une chanson qui fait du bien, gribouiller un petit bonhomme riant, etc. – avec l’idée de partager et de s’inspirer les un-es des autres. « L’approche peut paraître légère, parce qu’elle est sur une tonalité plutôt joyeuse, mais, en réalité, parler de ce qui va bien est tout aussi sérieux, important et pertinent, commente Tamara Ott. Pour aller bien, il faut s’entraîner à regarder ce qui nous nourrit. Cela permet d’identifier et de renforcer ses ressources. Il est certes nécessaire d’agir sur les facteurs de stress, mais ce n’est pas suffisant. On oppose souvent le verre à moitié plein au verre à moitié vide, mais les deux ont leur importance. »

    L’équipe organisatrice appelle un maximum de personnes à participer, car la santé au travail est une responsabilité partagée qui n’est pas du seul ressort de l’individu, de l’organisation ou des managers. À noter que le moment consacré à ces activités peut être comptabilisé comme temps de travail et qu’il n’est pas nécessaire d’y rester longtemps pour en tirer un bénéfice. « Il est intéressant de considérer ces moments comme une façon d’investir différemment son temps de pause, pour souffler et se ressourcer, rencontrer autrement d’autres membres de la communauté universitaire et tisser des liens », précise Tamara Ott.

    https://www.unige.ch/lejournal/vie-unige/en-bref/semaine-sante-mentale
    #UNIGE #université_de_Genève

    –-

    voir aussi, à l’#université_Grenoble_Alpes (#UGA) :
    https://seenthis.net/messages/817228

    • Et ça, au même temps que...
      La communauté universitaire se mobilise contre les #coupes_budgétaires

      Quelque 400 étudiantes et étudiants ont manifesté mercredi 1er octobre devant Uni Mail, à l’appel de l’Union des Étudiant-e-s de Suisse (UNES) et de plusieurs syndicats. Rejoint-es par des membres du personnel de l’UNIGE, elles et ils ont exprimé leur opposition aux mesures d’austérité prévues par la Confédération dans le domaine de la formation.

      Dans son programme d’allégement 2027 des finances fédérales, le Conseil fédéral évoque notamment le doublement des taxes universitaires, et leur quadruplement pour les étudiantes et étudiants étrangers, synonyme d’atteinte à l’égalité des chances et à l’avenir des jeunes, selon l’UNES. A noter qu’à Genève, où l’UNIGE a déjà fait connaître son opposition aux coupes dans le domaine "Formation, recherche, innovation", les taxes universitaires relèvent des compétences cantonales.

      Conséquences mal évaluées

      « Les conséquences d’une telle mesure n’ont pas été suffisamment évaluées », souligne Audrey Leuba, rectrice de l’UNIGE. « La hausse des taxes risque d’entraîner une augmentation des bourses octroyées par le canton et d’engendrer des répercussions négatives pour les étudiantes et étudiants ainsi que sur la subvention fédérale de base. Elle irait par ailleurs à l’encontre du principe fondamental de l’accessibilité des études, une université ayant pour vocation d’accueillir toutes les étudiantes et étudiants qualifiés, indépendamment de leurs origines géographiques ou sociales. »

      Les étudiant-es dénoncent également les coupes budgétaires. « Ces coupes participent à un mouvement général de la dévaluation de l’enseignement supérieur, d’attaques à la qualité de la recherche et de réduction de l’accessibilité pour toutes et tous », estiment les organisateurs/trices de la manifestation.

      Menaces sur l’avenir

      « Investir dans la formation et la recherche, c’est investir dans l’avenir de notre pays », souligne Audrey Leuba pour qui « le programme d’allègement est synonyme d’un désinvestissement de la Confédération, qui risque d’occasionner des pertes économiques plusieurs fois supérieures aux économies visées à court-terme. Avec Michael Schaepman, recteur de l’Université de Zurich, nous avons écrit en ce sens aux commissions des finances du Parlement fédéral ».

      Pour l’Université de Genève, les coupes envisagées pourraient s’élever à plus de 22,5 millions de francs par an, une somme qui représenterait la suppression de plus de 20% des projets de recherche et près de 40 postes de professeur-es ordinaires. Ces coupes s’inscrivent dans une tendance à long terme qui voit déjà la population estudiantine croître beaucoup plus vite que le financement de la Confédération : 35,6% contre 23,3% au cours des vingt dernières années.

      Des manifestations similaires se sont tenues à Zurich, Bâle, Lausanne, Neuchâtel et Berne, où l’UNES a remis aux autorités fédérales sa pétition « Étudier doit rester abordable – maintenant », munie de 35’000 signatures.

      https://www.unige.ch/lejournal/vie-unige/automne-2025/manifestation-coupes-budgetaires-uni-mail

  • [Info « Splann ! »] Au Faouët, dans le Morbihan, les arbres tombent sous les permis du maire
    https://splann.org/le-faouet-arbres-maire

    Qu’il s’agisse de la création d’une salle de mariages, par un particulier ; de la construction d’un supermarché, par un groupe privé, ou de l’aménagement d’un terrain de loisirs par la municipalité… Le maire du Faouët (56) semble se jouer du code de l’urbanisme. Jusqu’à faire l’objet d’une procédure judiciaire, actuellement engagée par l’Office français de la biodiversité. L’article [Info « Splann ! »] Au Faouët, dans le Morbihan, les arbres tombent sous les permis du maire est apparu en premier sur Splann ! | ONG d’enquêtes journalistiques en Bretagne.

    #Artificialisation_des_terres #Démocratie_locale

  • Deuxième #rapport Le #sexisme dans la #publicité française
    (sorti en 2023, ici pour archivage)

    Résistance à l’Agression Publicitaire (R.A.P.) publie le deuxième rapport de son Observatoire de la Publicité Sexiste intitulé Le sexisme dans la publicité française, 2022-2023. Ce rapport fait suite à une première version publiée en 2021 et montre que les mauvaises pratiques constatées à l’époque restent de mise, voire se renforcent. L’autorégulation publicitaire est un échec : la publicité française contribue à perpétuer les stéréotypes et les injonctions de genre les plus ridicules et les plus violentes.

    De mars 2022 à mars 2023, R.A.P. a mis en ligne un formulaire permettant aux citoyen·nes de dénoncer et documenter des #publicités_sexistes subies dans leur quotidien. En un an, sur 285 contributions provenant de toute la France, 87 % ciblent le genre féminin. L’analyse précise de ces contributions montre que les techniques et les mises en scène observées entre 2019 et 2020 restent utilisées par le secteur publicitaire. Les secteurs d’activité les plus représentés sont ceux de l’#habillement et de la #parfumerie (55 %) ainsi que l’#hygiène et la #beauté (18,5 %) qui constituent à eux seuls presque trois-quart des publicités jugées sexistes dans l’échantillon. Cette prédominance annonce déjà le rôle de l’esthétisme et de l’apparence dans le « #publisexisme ».

    L’ensemble des #stéréotypes et #injonctions_sexistes véhiculés par la publicité est majoritairement propagé par les #images, quoique des #slogans sexistes continuent d’être diffusés. Des #femmes_sexualisées, y sont représentées dans des postures de #séduction et/ou de #soumission. Elles y apparaissent en général comme mises à nues, fragmentées, infantilisées, érotisées, et réduites à être traités comme des objets plutôt que comme des sujets, Les #corps représentés répondent aux mêmes #normes_discriminantes (#minceur, #blanchité, #jeunesse, #épilation) et/ou irréalistes (par l’emploi de mannequins et le recours systématique à la #retouche_photographique) que précédemment. Quand, parfois, des corps moins normés sont représentés, c’est pour être soumis à de semblables traitements sexualisants. Les #hommes restent dans le rôle du sachant, fort et protecteur. Autres éléments, le modèle du #couple est systématiquement hétéronormé et le partage des tâches toujours aussi genré.

    Face à ces #abus persistants, le rapport conclut que les mesures censées réguler l’industrie publicitaire sont insuffisantes : mentions légales, chartes de bonne conduite et instances d’ « autorégulation » échouent à filtrer ou contrebalancer ces campagnes. C’est pourquoi R.A.P. préconise la création d’une autorité indépendante, dotée de réels pouvoir de régulation ; l’inscription de l’interdiction du sexisme publicitaire dans la loi ; l’#interdiction de la #représentation_des_corps (entiers ou morcelés, humains ou humanoïdes, réalistes ou caricaturés) en publicité. « Face à un publisexisme qui se perpétue et s’accommode de toutes les chartes ou comités d’éthique, il nous faut des lois. Si la publicité prétend nous transmettre des informations sur des produits, ce sont les produits qu’elle doit montrer », déclare Jeanne Guien, porte parole de R.A.P.

    https://antipub.org/rapport-sexisme-dans-la-publicite-francaise-2
    #France

  • Chasseurs de mafia

    Les coulisses de l’opération « #Eurêka », #coup_de_filet géant mené en 2023 dans huit pays européens contre la redoutable pieuvre calabraise ’Ndrangheta. Une traque haletante, de la petite ville allemande de #Siegen jusqu’à San Luca, fief de l’organisation criminelle.

    J’avais vu cette mini-série très intéressante sur arte, mais elle n’est plus disponible sur la chaîne franco-allemande...

    on peut néanmoins la regarder sur youtube, je vous la recommande :
    https://www.youtube.com/watch?v=LeMHJpq5kZE&t=9s


    https://www.youtube.com/watch?v=Osj6GxIcaxs

    https://www.youtube.com/watch?v=8U0RNlO_0lA

    https://www.youtube.com/watch?v=bKQ3aMedZGU

    https://www.youtube.com/watch?v=eZS6iY0ri1U

    #série #mafia #ndrangheta #film #documentaire #film_documentaire #série_documentaire #San_Luca #Allemagne #Italie #opération_eureka #Calabre #criminalité_organisée #opération_policière

    ping @fil @reka @isskein

  • A6, A20, A4, A9, A69, roule ma poule

    Incendies : dans l’Hérault, l’autoroute A9 rouverte mais le feu toujours actif ; 400 hectares de végétation parcourus par les flammes dans l’Aude

    https://www.lemonde.fr/planete/article/2025/07/05/dans-les-bouches-du-rhone-le-premier-incendie-d-ampleur-de-la-saison-a-parco

    Feu de forêt dont les fumées se dirigent vers l’autoroute A9, dans l’Hérault, le 5 juillet 2025. CAPTURE D’ÉCRAN @A9TRAFIC/X

    Cette fois, l’incendie s’est déclaré à Douzens à partir d’une voiture qui a pris feu sur la bande d’arrêt d’urgence de l’A61 dans le sens Toulouse-Narbonne, selon la préfecture.

    #incendie #american_way_of_life

  • #Microsoft coupe les mails de la #Cour_Pénale_Internationale, un avertissement pour tous les Européens

    Alors que son président s’était engagé à protéger les données des Européens, Microsoft a retiré à la CPI l’#accès à ses services. La #coupure fait suite à une volonté de l’administration américaine, à laquelle Microsoft s’est soumis malgré ses promesses.

    Lors de sa visite à Bruxelles, #Brad_Smith, le président de Microsoft, l’avait juré. Son groupe s’engagerait à défendre les intérêts et les données des Européens face aux aléas géopolitiques, y compris d’éventuelles pressions de l’administration américaine.

    Mais les promesses n’engagent que ceux qui les croient. Et après ce joli discours – où Brad Smith assurait avec emphase que Microsoft « dépend de manière critique de la confiance de ses clients, des pays et des gouvernements à travers l’Europe » –, la raison dictait d’avoir des preuves qui confirmeraient cet engagement avant de le croire.

    Or peu après cette déclaration, on apprenait que Microsoft suspendait la #messagerie et d’autres services utilisés par le bureau du procureur de la Cour Pénale Internationale (CPI) de La Haye, Karim Khan.

    Cette coupure se conformait aux sanctions imposées par Washington à l’encontre du personnel du CPI après que la Cour a décidé d’ouvrir des enquêtes sur de hauts dignitaires israéliens.

    Le contexte est sulfureux, mais ce n’est pas le fond du problème. Quoi que l’on pense de ces enquêtes d’un côté, et de la légitimité des sanctions américaines de l’autre, cette affaire prouve que Microsoft a non seulement la capacité, mais aussi la volonté d’exécuter les directives de l’État américain et de couper les services à tout acteur jugé indésirable par son administration.

    Une posture qui va à l’encontre des engagements pris par Brad Smith sur le sol européen.

    Un clic de souris qui résonne dans le monde entier

    Cette coupure est, si je puis dire, un clic de souris qui résonne dans le monde entier. Un clic qui devrait en tout cas faire réfléchir les décideurs sur leurs relations « de confiance » avec Microsoft.

    De fait, plusieurs institutions publiques néerlandaises ont aussitôt accéléré leurs recherches de solutions alternatives, hébergées en Europe. Dans le même temps, le nombre de demandes de backups pour sécuriser les données dans Microsoft aurait bondi. En Allemagne, la presse s’est fait l’écho d’un regain d’intérêt pour des systèmes de sauvegarde face à une possible perte d’accès aux services Microsoft. Dans les pays nordiques comme en France, l’idée d’un avenir numérique moins dépendant d’Azure est encore plus ancienne et cette affaire ne fait que la raviver.

    Une vague d’interruptions de service volontaire par Microsoft est hautement improbable – l’éditeur fait 25 % de ses revenus en Europe, il ne peut pas se passer de ce marché sous peine de suicide commercial. Il ne s’agit donc pas d’avoir peur.

    Mais lorsqu’un prestataire clé sur lequel les organisations comptent depuis des années se montre soumis aux volontés d’un gouvernement étranger, fût-il ami, la plupart des responsables IT (en particulier dans le secteur public) savent qu’il est temps de trouver une alternative « au cas où ». Avoir un plan B est une question de bon sens.

    Le véritable problème pour Microsoft pourrait d’ailleurs être là : dans l’IT, les plans B deviennent souvent les plans A. Une fuite modeste de clients peut vite se transformer en exode. Les gouvernements sont par nature prudents, mais ils sont aussi assez moutonniers. Quand l’un d’entre eux change de chemin, les autres ont plus tendance à le suivre.

    Un changement d’ambiance vers moins de confiance

    Cette affaire ne provoquera donc pas d’exode de chez Microsoft. D’ailleurs, même en imaginant que ce soit techniquement possible (ce qui bien souvent n’est pas le cas), les organisations sont plus préoccupées que paniquées.

    Mais l’affaire marque un changement d’ambiance : jusque-là très fidèles à Microsoft, plusieurs structures discutent désormais ouvertement de la nécessité de réduire leur dépendance à l’éditeur américain.

    Les inquiétudes liées à de possibles pressions des autorités américaines sur les hyperscalers – Microsoft, Google ou AWS – existent depuis longtemps. Mais elles étaient atténuées par les promesses répétées de ces fournisseurs de protéger leurs clients.

    Cependant, nombreux sont ceux qui estiment que Microsoft, à l’épreuve du feu, n’a pas tenu parole. Et qu’au lieu d’être un défenseur d’un pilier de la communauté juridique mondiale, il a agi comme un instrument de la politique américaine.

    Une alternative suisse à la rescousse de la CPI

    Victimes de cette coupure, la CPI et Karim Khan se seraient tournés vers #Proton_Mail, un service de messagerie, chiffrée de bout en bout, plébiscité par les lanceurs d’alerte.

    Proton Mail n’est pas une panacée. Le service est soumis au droit suisse, qui oblige (lui aussi) sur demande à divulguer certaines données à un gouvernement (ici, Helvète). Mais ces informations se cantonnent à certaines métadonnées, comme l’adresse IP, et ne concernent pas les mails eux-mêmes.

    En passant à une alternative, il y a fort à parier que Karim Khan a dû renoncer à certaines fonctionnalités et à une certaine facilité d’utilisation, mais il doit aussi se dire que c’est un petit prix à payer pour protéger ses équipes et son institution de l’influence du gouvernement américain.

    Trouver une alternative est peut-être un choix que d’autres devront envisager dans les mois ou les années qui viennent. Car si cette affaire rappelle une chose, c’est qu’on ne peut pas toujours faire confiance aux fournisseurs cloud pour garantir la souveraineté des données, malgré leurs discours.

    Et dans ce cas précis, malheureusement, les actes de Microsoft résonnent bien plus fort que les mots rassurants de Brad Smith.

    https://www.lemagit.fr/actualites/366624982/Microsoft-coupe-les-mails-de-la-Cour-Penale-Internationale-un-avertissement-
    #mails #CPI

    • Et à l’inverse, l’une des multiples apparitions de Microsoft dans le rapport de Fransceca Albanese sur la complicité des entreprises dans le génocide :
      https://www.ohchr.org/sites/default/files/documents/hrbodies/hrcouncil/sessions-regular/session59/advance-version/a-hrc-59-23-aev.pdf

      41. Microsoft, Alphabet and Amazon grant Israel virtually government-wide access to their cloud and artificial intelligence technologies, enhancing data processing, decisionmaking and surveillance and analysis capacities.99 In October 2023, when the Israeli internal military cloud overloaded,100 Microsoft, with its Azure platform, and the Project Nimbus consortium stepped in with critical cloud and artificial intelligence infrastructure.101 Their Israel-located servers ensure data sovereignty and a shield from accountability,102 under favourable contracts offering minimal restrictions or oversight.103 In July 2024, an Israeli colonel described cloud tech as a weapon in every sense of the word, citing these companies.104

    • Je n’ai toujours pas la réponse de ce à quoi nous engage le fait de cocher la case des CGU de Google ou de Microsoft, par exemple. J’attends la confirmation de la crainte que nous sommes ensuite liés de fait aux lois américaines en tant que client d’une entreprise américaine.

  • Communiqué du sabotage contre des installations électriques sur la Côte d’Azur » Indymedia Nantes
    https://nantes.indymedia.org/posts/146409/communique-du-sabotage-contre-des-installations-electriques-sur-la

    Ici deux bandes d’anarchistes. Nous revendiquons la responsabilité de l’attaque contre des installations électriques sur la Côte d’Azur. À la veille de la cérémonie de remise des prix du Festival de Cannes et de la soirée de gala, nous avons saboté le principal poste électrique alimentant l’agglomération de Cannes, et scié la ligne de 225 kV venant de Nice.

    Cette action visait non seulement à perturber le festival, mais aussi à priver de courant les centres de recherche et les usines de Thales Alenia Space, ses dizaines de sous-traitants, les start-up de la French Tech qui s’imaginent à l’abri, l’aéroport et tous les autres établissements industriels, militaires et technologiques de la zone.

    Une coupure inopinée dans un mauvais film d’épouvante qui traîne en longueur. Le même scénario est joué et rejoué en boucle jusqu’à la nausée. Les scènes changent, les effets spéciaux aussi, mais la toile de fond est toujours la même : un monde qui n’arrêtera pas de bombarder, d’exploiter, d’extraire, d’accaparer, de violer, de ravager, d’affamer, de mitrailler, de polluer, et d’exterminer, tant que tout ne sera pas sous son contrôle.

    On sait bien qu’on n’est pas sur un plateau de tournage, mais l’expression « COUPEZ ! » paraissait assez bien résumer notre envie : éteindre ce système mortifère.

    #Coupez !

  • L’essor du #Célibat : au-delà des paniques morales
    https://lvsl.fr/lessor-du-celibat-au-dela-des-paniques-morales

    Partout dans le monde, le #Couple décline depuis plusieurs décennies. Cette évolution inquiète d’un côté les pouvoirs publics car elle entraîne un déclin démographique et risque d’aggraver la stagnation d’économies occidentales déjà vieillissantes. De l’autre, les intellectuels médiatiques fustigent l’individualisme et le puritanisme supposé des nouvelles générations. Les causes de ce phénomène sont multiples, et […]

    #Société #féminisme #Féminisme_marxiste #Féminisme_matérialiste #marxisme #matérialisme #patriarcat

  • L’opération « Trident », un fiasco sans précédent des policiers marseillais pour faire tomber un narcotrafiquant
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2025/05/11/l-operation-trident-un-fiasco-sans-precedent-des-policiers-marseillais-pour-

    (...)Des faits susceptibles de relever d’« une logique de corruption » appuyée sur des « pratiques professionnelles dévoyées (…) avec une validation de la chaîne hiérarchique ».

    Pourtant, un an après ces conclusions, l’intérêt de la justice pour la « chaîne hiérarchique » policière s’est interrompu à ses premiers maillons. Outre les deux principaux indicateurs de la police, poursuivis pour « importation et trafic de stupéfiants », seuls les deux policiers du Groupe 8, le brigadier-chef G. et le major D., qui pilotaient l’enquête avec leur chef, ont été incarcérés après leur mise en examen, le 4 avril, pour « importation et trafic de stupéfiants en bande organisée, blanchiment, association de malfaiteurs, faux en écriture publique » et captation illégale d’images. Une sévérité sélective, selon Karim Bouguessa, avocat de brigadier-chef G. : « Soit le dossier est construit avec l’idée qu’il n’y a que deux brebis galeuses au sein du service et l’histoire ne sera pas difficile à écrire, soit c’est un peu plus compliqué et il y a d’autres responsables. Le levier est entre les mains des magistrats. »

    Sous le couvert de l’anonymat, certains policiers et magistrats redoutent désormais d’éventuelles conséquences des « pratiques professionnelles dévoyées » et leur « validation par la hiérarchie » sur des dossiers judiciaires en cours. Qu’en est-il des dizaines d’autres affaires traitées par l’antenne Ofast de Marseille, l’un des symboles de l’action de l’Etat dans la lutte contre le narcotrafic ? Par l’intermédiaire de son service de communication, la direction générale de la police nationale n’a pas donné suite aux questions du Monde, « une procédure judiciaire étant en cours ».

    https://archive.ph/Ulfv3

    Ils ne palpaient pas tous mais tous étaient mouillés.

    #Marseille #Police #procédure #procédure_extra_légale #OFAST #indicateurs #coup_d'achat #illégalité #illégalismes_policiers #corruption

  • "Faut-il se plier à la « Muselière » ? La Région Paca interdit l’écriture inclusive jugée « wokiste », une #école_de_cinéma privée de #budget

    Fleuron de Marseille, l’école de cinéma #Kourtrajmé vient de se voir refuser une #subvention pourtant programmée. Pour lui verser, la Région Paca, en croisade contre le « wokisme » exige qu’elle abandonne l’écriture inclusive. « Un précédent dangereux », selon l’association.

    Ce devait être une formalité. La convention de #financement était signée et votée. Comme les années précédentes, l’association Kourtrajmé (court-métrage en verlan) attendait le versement bisannuel de la subvention convenue, soit 75 000 euros pour les années 2025 et 2026. Dans le cadre de sa compétence « formation professionnelle », la Région Paca accompagne en effet cette école de cinéma au fonctionnement original, qui forme gratuitement aux métiers du cinéma et de l’audiovisuel une trentaine de jeunes en situation de précarité.

    https://vimeo.com/883978586

    L’association surprise et avertie par mail

    « La Région nous a avertis que la subvention programmée ne serait pas versée, car nous utilisions l’écriture inclusive dans nos communications écrites ». Marie Antonelle Joubert avoue être tombée des nues. « Je ne savais même pas que le versement devait passer à nouveau au vote » avoue la directrice de la structure.

    Fondatrice de la branche marseillaise de cette école initiée à Montfermeil par les Orphelins d’Auteuil, Marie Antonelle Joubert connaît la « sensibilité » de longue date du président de la Région Paca sur la question de l’écriture inclusive. « Nous avions compris qu’ils souhaitaient proscrire l’écriture inclusive des dossiers de demandes de subventions. Jamais nous n’aurions imaginé qu’ils imposent de la supprimer dans les documents qui ne les concernent pas » avoue-t-elle.

    Mouvement contre l’écriture inclusive

    En 2023 déjà, les conseillers régionaux PACA ont voté à l’unanimité une motion proposée par le groupe RN visant à « l’engagement de la Région à ne pas promouvoir directement ou indirectement l’écriture inclusive ». Dans la droite ligne de la proposition de loi adoptée par le Sénat (mais pas par l’Assemblée Nationale) contre « les dérives » de cette forme d’écriture visant à « démasculiniser la langue ». Connue surtout pour l’ajout d’un point médian, l’écriture inclusive permet selon ses promoteurs d’assurer une égale représentation du masculin et du féminin.

    #Croisade régionale contre le « wokisme »

    Affirmant lors de ses vœux au début 2024 être « opposé au wokisme », le président de Région Renaud Muselier a franchi une étape supplémentaire, le 23 avril 2025, en faisant adopter un plan baptisé « #Trajectoires_Valeurs » (V comme vision, A comme autorité, L comme liberté, E comme Europe, U comme unité, R comme respect et S comme souveraineté).

    Et en annonçant la mise en œuvre « dès le lendemain » de dix premiers points, dont le neuvième précise : « stop à l’écriture inclusive dans les demandes de subventions ».

    Dans son exposé des motifs, le président de Région explique que les libertés ne doivent pas « laisser de place aux doctrines de division et de conflit comme le wokisme ou le #négationnisme ». Renaud Muselier poursuit : « L’attachement à la #langue_française doit s’accompagner d’un renforcement de la lutte contre l’écriture dite inclusive, qui en réalité n’apporte que division et complication dans la lecture ».

    Le #Rassemblement_National pilote la fronde

    L’exécutif régional répond ainsi positivement à la demande récurrente du groupe RN Paca, qui souligne à chaque séance plénière, sa volonté de « ne plus financer les associations utilisant l’écriture inclusive ». Au lendemain de l’annonce de Renaud Muselier, le parti d’extrême droite s’est d’ailleurs félicité qu’il « abandonne sa subvention à l’école Kourtrajmé à Marseille ».

    Incompréhension de l’école Kourtrajmé

    « Ça m’énerve ». Marie Antonelle Joubert retient sa colère contre des élus régionaux qui selon elle ne comprendraient rien au monde du cinéma d’aujourd’hui. « Ces gens vivent encore au XXème siècle. Si on veut poursuivre nos collaborations avec ’Plus belle la vie’, ’Tom et Lola’ ou ’Emily in Paris’, on doit s’en donner les moyens ! ». Y compris donc à travers une communication modernisée via l’écriture inclusive.

    Et la fondatrice de l’Ecole Kourtragmé à Marseille s’interroge à haute voix : « Comment peuvent-ils à la fois vouloir promouvoir la région PACA au cinéma et dans les séries, et sanctionner notre association ? Ils nous financent sur la base de nos innovations pédagogiques, et sur ce critère nous sommes les meilleurs, ils en ont pour leur argent ! »

    Nouvelle demande possible

    L’association va-t-elle supprimer l’écriture inclusive de ses communications sur les réseaux et sur son site web ? La modification permettrait à l’école de présenter à nouveau son dossier de subventionnement lors d’une prochaine séance plénière. Marie Antonelle Joubert explique qu’elle laissera le dernier mot aux membres des assemblées générales de la double structure qu’elle dirige. En avouant ne pas être enthousiaste à la perspective de « tout réécrire », ce qui coûterait à la structure « du temps et de l’argent ».

    Pour autant, la directrice de l’école ne digère pas toujours pas le retrait d’une liberté d’expression « au nom d’un combat pour le conservatisme », qu’elle assimile à un dangereux précédent : « je vois ce qui se passe autour de nous, les retours en arrière sociétaux. Va-t-on bientôt me demander d’effacer les femmes cameramen sur les photos ? » s’inquiète-t-elle.

    Vingt stagiaires menacés

    Résister et se priver de 75 000 euros de subventions pour les deux prochaines années ? « Ce serait embêtant, mais pas insurmontable », se risque Marie Antonelle Joubert. Avec un budget annuel d’un million d’euros, l’association devrait alors solliciter davantage ses principaux financeurs, mécènes privés ainsi que le Centre National du Cinéma. Pour autant, elle avoue « ne pas avoir le temps de combattre avec des gens de mauvaise foi ». Et s’inquiète surtout des conséquences qu’une joute frontale aurait pour l’avenir d’une vingtaine de stagiaires, des futurs professionnels du cinéma dont la formation en insertion bénéficie également d’une prise en charge financière par la Région Paca.

    https://france3-regions.francetvinfo.fr/provence-alpes-cote-d-azur/bouches-du-rhone/marseille/faut-il-se-plier-a-la-museliere-la-region-paca-interdit
    #woke #écriture_inclusive #France #Paca #région_Paca #coupures_budgétaires

  • #Budget : « On a une image totalement déformée de la #dépense_publique »

    « Nous dépensons trop », a déclaré #François_Bayrou le 15 avril sur le budget 2026. Le gouvernement prévoit de nouvelles #coupes_budgétaires, de 40 milliards d’euros, pour l’année prochaine. Décryptage avec l’économiste #Christophe_Ramaux.

    Deux mois après avoir fait adopter un budget 2025 qui rognait déjà sur les dépenses publiques, le ministre de l’Économie, #Eric_Lombard, a annoncé, en fin de semaine dernière, de nouvelles coupes budgétaires de l’ordre de 40 milliards d’euros. Le 15 avril, François Bayrou a confirmé cette annonce permettant, selon lui, de maintenir l’objectif de #déficit à 4,6 % du PIB en 2026.

    Pour Christophe Ramaux, enseignant à l’université Paris 1, chercheur au Centre d’économie de la Sorbonne, la dépense publique n’est pas un #indicateur_économique pertinent. Entretien avec cet enseignant à l’université Paris 1, chercheur au centre économique de la Sorbonne et membre des Économistes atterrés, qui préconise plutôt d’aller chercher des #recettes pour combler le #déficit.

    Basta ! : Le ministre de l’Économie, Eric Lombard, ne cesse de rabâcher un chiffre : 57% de notre produit intérieur brut (PIB) serait consacré à la dépense publique. En répétant ce montant, qu’il juge colossal, il sous-entend que l’État est déjà très généreux. Couper dans la dépense publique serait donc sans grandes conséquences sociales. Mais la France est-elle réellement ce pays qui dépense de l’argent public à tout va ?

    Christophe Ramaux : On a une image totalement déformée de la dépense publique. Quand on dit que la dépense publique c’est 57% du PIB, la plupart des gens imagine que l’on prélève plus de la moitié de la richesse créée par le privé, qui serait le seul secteur productif, pour payer les fonctionnaires. Tout est faux dans cette phrase.

    La dépense publique est un indicateur très imparfait. On mélange un peu tout dedans et on fait des doubles comptes. Par exemple, elle comprend les salaires versés aux fonctionnaires, dont les cotisations sociales… Mais ces mêmes cotisations sont à nouveau comptées dans les dépenses de retraite ! Le chiffre de 57% du PIB n’est pas faux, mais il ne correspond pas à une part du PIB. Ce n’est pas parce que la dépense publique est à 57% que la dépense privée est à 43%. Au contraire, si on calculait la dépense privée de la même manière que l’on calcule la dépense publique, elle serait de l’ordre de 200% du PIB.

    Même si le gouvernement refuse d’employer le mot. Sommes-nous face à une politique austéritaire ?

    La part des #services_publics dans le PIB n’a pas augmenté depuis 40 ans. Donc il y a bien eu de l’#austérité. Pourquoi je dis ça ? Parce que, normalement, plus une société est riche, plus elle consacre de l’argent pour ce qu’on appelle les « #biens_supérieurs » : l’#éducation, la #santé, la #culture. Il ne vous a pas échappé que ce sont les terres d’excellence des services publics.

    Or, il y a beaucoup plus de bacheliers aujourd’hui que dans les années 1980, on aurait donc dû consacrer plus d’argent à l’éducation. On ne l’a pas fait. De même, la population vieillit donc on aurait dû augmenter les dépenses de santé. Cela n’a pas été le cas. Donc il y a bien eu de l’austérité.

    A quoi servent précisément les 1670 milliards d’euros de dépense publique ?

    Contrairement aux idées reçues, sur les 1670 milliards, un quart seulement sert à payer les #fonctionnaires. Environ une moitié (710 milliards) est consacrée aux « #prestations_sociales » et aux « transferts sociaux en nature de produits marchands » – la part remboursée des médicaments et des consultations médicales.

    Les prestations sociales (530 milliards, en 2023) financent essentiellement les #retraites (380 milliards), mais aussi le #chômage, le #revenu_de_solidarité_active (#RSA), l’#allocation_adulte_handicapé (#AAH), les #allocations_familiales… Les transferts sociaux en nature de produits marchands comptent pour 180 milliards. Quant au quart restant, il constitué de divers postes : aide aux ménages et aux entreprises, intérêts de la #dette (50 milliards), etc.

    La dépense publique n’est pas un puits sans fond. Et il faut savoir que le secteur public est productif ! Le calcul du PIB le prend d’ailleurs en compte. Sur les 3000 milliards de PIB actuel, environ 20% est ajouté par les fonctionnaires, soit 470 milliards. L’argent n’est donc pas dilapidé, puisqu’un quart de la dépense publique (salaire des fonctionnaires) augmente le #PIB !

    De même, les trois autres quarts offrent des débouchés pour le privé. Les retraités, que font-ils de leur retraite ? Ils font les courses, ils consomment. De même pour les chômeurs. La #commande_publique ? Elle finance en grande partie le privé, notamment le secteur du BTP si on pense à la construction d’écoles, de routes… Ce ne sont pas les fonctionnaires qui manient la truelle ! Donc quand on réduit la dépense publique, cela a inévitablement un effet sur le privé.

    Si on préserve la dépense publique, comment réduire le déficit ?

    Le #déficit_public est avant tout un problème de #recettes. Depuis 2017, premier mandat d’Emmanuel Macron, la dépense publique en pourcentage du PIB n’a pas augmenté. Ce qui a baissé, ce sont les #prélèvements_obligatoires (#impôts et #cotisations_sociales). On n’a jamais eu de baisse aussi élevée des ces prélèvements en un temps aussi court. On pense bien sûr à la suppression de l’#impôt_sur_la_fortune, #ISF, du prélèvement forfaitaire unique, à la baisse de l’#impôt sur les sociétés ou encore à la suppression de la #taxe_d’habitation (20 milliards d’euros), essentiellement payée par les ménages les plus riches. En tout, on arrive sur une baisse de 60 à 70 milliards de recettes.

    Au lieu de réduire la dépense publique, on pourrait évidemment aller chercher de nouvelles recettes. Déjà en revenant sur cette contre-révolution fiscale mise en place par Emmanuel Macron. On pourrait aussi remettre en cause certaines niches fiscales et sociales. Une part du déficit de la sécu pourrait être comblée si on cessait de ne pas soumettre à cotisation sociale une partie des revenus comme les heures supplémentaires, l’intéressement la participation, la prime de partage de la valeur (ex « #prime_Macron »)…

    https://basta.media/budget-on-a-une-image-totalement-deformee-de-la-depense-publique
    #dépenses_publiques #France #économie #fiscalité

  • Le gouvernement annule 3,1 milliards d’euros de crédit pour les missions #écologie, #économie et recherche et #enseignement_supérieur

    Selon un #décret publié samedi au « Journal officiel », ces annulations sont faites dans le cadre de l’effort supplémentaire de 5 milliards d’euros pour 2025.

    Le gouvernement a acté, samedi 26 avril, au Journal officiel (JO) des annulations de crédits à hauteur de 3,1 milliards d’euros dans le cadre de l’#effort supplémentaire de 5 milliards d’euros pour 2025 déjà annoncé par Bercy début avril.

    La ministre chargée des comptes publics, Amélie de Montchalin, avait alors expliqué que ces 5 milliards d’euros devaient permettre de tenir les objectifs de déficit public pour cette année dans un contexte de croissance moindre. « Ces 5 milliards d’euros que nous allons soit annuler, soit repousser, soit réorienter, c’est notre réponse à un monde instable. C’est la manière de faire face quoi qu’il arrive à ce monde instable », avait-elle déclaré.

    Une partie de cette somme s’est concrétisée à travers le décret publié au JO. « Afin de prévenir une détérioration de l’équilibre budgétaire sur le budget de l’Etat », « le présent décret porte des annulations de crédits à hauteur de 3,1 milliards d’euros en autorisations d’engagement », peut-on lire dans le JO. « Cet effort porte essentiellement sur les crédits hors masse salariale mis en réserve en début d’année », est-il précisé, « ces annulations ne devraient ainsi pas remettre en cause de façon significative la capacité d’exécution des politiques publiques, selon les termes convenus dans la loi de finances initiale pour 2025 ».

    « Respecter la trajectoire de redressement des #comptes_publics »

    Parmi les annulations de #crédits, sont concernés la mission « écologie, développement et mobilité durable » (549,6 millions d’euros), la mission « économie » (517,7 millions d’euros), la mission « recherche et enseignement supérieur » (493,3 millions d’euros) ou encore la mission « agriculture, alimentation et affaires rurales » (140 millions d’euros).

    « La dégradation récente des perspectives macroéconomiques conduit à anticiper de moindres recettes publiques, en lien notamment avec une révision de la prévision de croissance à 0,7 %. Ces risques sont également renforcés par le contexte géopolitique incertain », souligne le décret. « Dans ce cadre, un effort supplémentaire de maîtrise de la dépense est nécessaire pour respecter la trajectoire de redressement des comptes publics sur laquelle le gouvernement s’est engagé », est-il ajouté.

    https://www.lemonde.fr/politique/article/2025/04/26/budget-2025-le-gouvernement-annule-3-1-milliards-d-euros-de-credit_6600269_8
    #ESR #université #France #coupes_budgétaires #budget #recherche

  • RSA : elles cachent leur vie de couple et doivent rembourser 20.000€ à la CAF ! - Laplasturgie.fr
    https://www.laplasturgie.fr/rsa-elles-cachent-leur-vie-de-couple-et-doivent-rembourser-20-000e-a-la
    https://www.laplasturgie.fr/wp-content/uploads/2025/03/rsa-elles-cachent-leur-vie-de-couple-et-doivent-rembourser-20-000e-a-la

    Âgées de 28 et 32 ans, les deux prévenues avaient élaboré un stratagème précis pour maximiser leurs aides sociales. Officiellement #colocataires, elles affirmaient ne pas vivre en #couple, ce qui permettait à l’une d’elles de percevoir le #RSA en tant que parent isolé avec un enfant à charge. Cependant, leur supercherie n’a pas résisté aux investigations.

    L’#enquête a rapidement révélé des éléments compromettants. Sur les réseaux sociaux, les deux femmes affichaient clairement leur relation. De plus, l’une avait même entamé des démarches officielles pour adopter l’enfant de sa compagne, confirmant ainsi leur union de fait. Cette contradiction flagrante entre leur vie réelle et leurs déclarations à la #CAF a conduit à leur mise en cause pour #fraude_sociale.

    Sanctions financières et judiciaires exemplaires

    Le tribunal judiciaire de Laval a rendu son verdict : les deux femmes devront rembourser plus de 20 000 € correspondant aux sommes indûment perçues. Ce remboursement s’effectuera par mensualités, mais [ET]pèsera durablement sur leur situation financière. À cela s’ajoute une peine de six mois de prison avec sursis pour chacune, ainsi qu’une sanction de 90 jours-amendes, soulignant la volonté des autorités de sanctionner fermement ce type de fraude.

    Au-delà de cette affaire individuelle, ces condamnations servent d’exemple pour rappeler que la dissimulation volontaire d’une vie de couple dans le cadre des aides sociales constitue un délit passible de lourdes sanctions, tant financières que pénales.

    Un avertissement clair pour tous les allocataires

    Cette affaire souligne l’importance capitale de déclarer toute évolution de situation à la CAF. Qu’il s’agisse d’un changement d’adresse, d’une mise en couple ou d’une séparation, ces éléments impactent directement le montant des allocations perçues. Les organismes sociaux disposent aujourd’hui de moyens de contrôle renforcés, notamment via le croisement de données et l’observation des réseaux sociaux, pour identifier d’éventuelles incohérences.

    [...]

    L’affaire de Mayenne illustre avec force la détermination des autorités à protéger le système d’aides sociales contre les abus. Face aux fraudes, les sanctions se durcissent et les outils de contrôle se perfectionnent. Il est désormais quasiment impossible de tromper durablement la vigilance des services compétents.

    #vie_maritale #familialisme #contrôle #indu #sanction #condamnation_judiciaire #justice

    • Un peu de propagande pour l’obéissance à la CAF en direction des femmes, c’est ce qu’il fallait pour un 8 mars.
      Sans les éléments fournis par les condamnées, dont une démarche d’adoption, la Caf n’aurait pu les sanctionner ; y a pu qu’à éviter de sécuriser le devenir des enfants ...
      Ces femmes ont cumulé deux RSA pour deux, soit environ 1680e/mois au lieu d’un RSA pour quatre à environ 1270/e, au tarif actuel.

    • CAF, Urssaf... Les redressements pour fraude sociale en forte hausse

      https://www.moneyvox.fr/votre-argent/actualites/102397/caf-urssaf-les-redressements-pour-fraude-sociale-en-forte-hausse

      La détection de la fraude aux prestations a pour sa part progressé de 20% l’an passé pour atteindre près de 450 millions d’euros. La ministre précise qu’il existe « deux types de fraudes importantes » à ces prestations : « la fraude à la résidence d’#allocataires qui ne déclarent pas avoir quitté le territoire et qui continuent à percevoir des prestations, d’une part ; la fraude des personnes qui ne déclarent pas les revenus issus de locations d’appartements alors qu’elles bénéficient du RSA ou de la prime d’activité, d’autre part ».

      Le directeur général de la Caisse nationale d’allocations familiales (#Cnaf), Nicolas Grivel, a indiqué à l’AFP que « le taux de recouvrement sur les indus frauduleux (à ne pas confondre avec les simples erreurs de déclaration) est de 78% ». [côté Urssaf : "Les sommes effectivement recouvrées représentent moins de 10% de la fraude détectée"...] « On a amélioré considérablement ces dernières années notre capacité de ciblage des situations qui génèrent le plus de fraude », avec une fraude moyenne détectée passée de 7 000 à 9 000 euros « en quelques années », a ajouté Nicolas Grivel.

      « Nous assurer que chaque euro d’argent public soit un euro utile »

      « À l’heure de l’indispensable effort que nous devons consentir pour nos armées, nous devons nous assurer que chaque euro d’argent public soit un euro utile et que chaque euro fraudé soit récupéré », a déclaré pour sa part Catherine Vautrin aux Echos.

      Elle assure que « nous allons atteindre plus rapidement que prévu l’objectif de 5,5 milliards » d’euros de redressements arrêté il y un an par le Premier ministre de l’époque, Gabriel Attal. « Donc nous allons fixer de nouveaux objectifs encore plus ambitieux », affirme la ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités.

    • Je n’avais pas vu [j’ai découvert l’article par l’entremise d’une alerte gogol]. D’autres articles évoquent une situation maritale constatée par la CAF (réseaux sociaux, demande d’adoption), pas un mariage, et ça me parait plus crédible. Des marié.es cohabitant.es naïf.ves au point d’espérer le cacher à la CAF, je doute que ça existe. C’est, je crois, des erreurs ordinaires qui mettent fin à l’optimisation sociale modérée (100 balle par personne) mise en oeuvre par ces allocataires ordinaires.
      Ce contrôle de « mère isolée » met exceptionnellement en cause un couple de personnes du même sexe (ayé, la CAF se wokise). J’aurais aimé qu’elles assistent à leur procès et y défendent la légitimité de leur arrangement, budget en main. Ça pouvait déboucher sur des peines moins lourdes (sursis, jours amendes, casier judiciaire).

      edit patatras : le procès était en septembre 2024, sans doute étaient-elles mariées, Ouest-France fournit probablement le papier d’origine de ceux qui suivent, dont certains argumentent en détails la nécessité d’être transparent avec la CAF.
      Elles ont fabriqué des preuves à leur encontre de trois manières...

    • Quand on veut frauder la CAF il faut faire gaffe, ce sont de vrais flics, dignes de l’ancienne police des mœurs. Si vous êtes en couple, premier truc à savoir : avoir 2 chambres (+ celles des éventuels enfants) dans votre logement sinon au premier contrôle vous êtes foutus.

  • Aux #Etats-Unis, Trump et Musk déciment à coups de #licenciements la #NOAA, vigie de la #météo et du #climat

    En une semaine, l’Agence d’observation océanique et atmosphérique a perdu 10 % de ses 12 000 employés, licenciés sur fond de croisade antiscience du gouvernement américain. Une manifestation mondiale de chercheurs est prévue le 7 mars.

    Moins de deux mois après le retour de Donald Trump au pouvoir, la liste des atteintes à la science ne cesse de s’allonger aux Etats-Unis. La plus récente est une vague de licenciements sans précédent dans un des temples mondiaux de la connaissance, l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique, souvent appelée la NOAA, son acronyme anglais. « Des centaines de scientifiques et d’experts de la NOAA viennent de recevoir la nouvelle que tout travailleur fédéral redoute » , a alerté, jeudi 27 février, le démocrate Jared Huffman, élu de Californie à la chambre des représentants. Les employés visés ont reçu un mail leur intimant de faire leurs cartons avant le soir même. Une annonce brutale, que beaucoup redoutaient depuis plusieurs semaines.

    Cette #purge de scientifiques de haut niveau, chargés notamment des prévisions météo, de la modélisation du climat et de la surveillance des océans , s’inscrit dans le cadre de la cure d’amaigrissement du nombre de fonctionnaires voulu par le nouveau locataire de la Maison Blanche. Début février, selon le Guardian, les équipes des « #cost_killers » autoproclamés du Département de l’efficacité gouvernementale, le #Doge, dirigé par le milliardaire Elon Musk , avaient déjà pénétré de force dans les locaux de la NOAA, en quête d’un accès aux systèmes informatiques. Déjà sous le premier mandat de Trump, l’agence fondée en 1970 par le président républicain Richard Nixon avait dû résister à de multiples pressions, refusant notamment de supprimer le mot « climat » du site Web de l’institution. Mais cette fois-ci, Donald Trump est revenu avec « un marteau-pilon pour détruire les programmes et essayer de se débarrasser des gens », comme l’a confié au site spécialisé « Inside Climate News » Craig McClean, ancien directeur scientifique par intérim de l’agence.

    Une victime idéologique

    Sous prétexte de #coupes_budgétaires, la NOAA est surtout une victime idéologique. La structure se trouvait dans le viseur du « Projet 2025 » rédigé par la fondation Heritage , un cercle de réflexion ultraconservateur très influent outre-Atlantique. Ce plan de gouvernance de 900 pages, que la nouvelle administration climatosceptique semble suivre, décrivait la vigie du climat comme l’un des principaux moteurs de « l’industrie de l’alarmisme climatique » et appelait à son démantèlement.

    L’agence sort de cette purge éclair fortement affaiblie. Lors d’une conférence de presse vendredi 28 février, un de ses anciens administrateurs, Rick Spinrad, a révélé que près de 650 employés avaient été remerciés sans préavis la veille. « Tous les bureaux ont été touchés par ces licenciements aveugles, malavisés et mal informés », a-t-il regretté. Selon le New York Times, les agents concernés étaient en période d’essai. Parmi eux, Sarah Cooley, directrice du programme sur l’acidification des océans, ou encore Zachary Labe, spécialiste de l’atmosphère. « Les personnes à côté desquelles j’étais assis et qui ont été touchées [par les licenciements] travaillent à l’élaboration de certains des modèles les plus haute résolution au monde pour mieux comprendre des phénomènes comme les conditions météorologiques extrêmes », a détaillé l’ancien administrateur à Inside Climate News.

    Si les licenciements concernent essentiellement de jeunes scientifiques, ils n’épargnent pas la catégorie des cadres. Le quotidien américain précise que 500 démissions se sont également ajoutées à ces départs en fin de semaine dernière. Au total, l’agence aurait perdu environ 10 % de ses 12 000 employés.

    « C’est évidemment un tournant, ne serait-ce qu’en raison de l’incroyable violence exercée contre nos collègues qui, jusqu’à présent, considéraient leur travail comme un engagement pour le bien du peuple américain et même de la planète entière », se désole en écho l’écologue Wolfgang Cramer, directeur de recherche au CNRS à Aix-en-Provence et membre du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec). Celui qui s’implique aussi, en France, dans le combat du groupe Scientifiques en rébellion, ajoute : « Je ne trouve pas les mots pour exprimer l’ampleur de mes émotions et mes inquiétudes. Même si d’autres pays que les Etats-Unis redoublent d’efforts dans la recherche, l’amputation des ressources intellectuelles et techniques de la recherche américaine nous fera prendre un retard considérable. »

    Le démantèlement partiel de la NOAA aura des conséquences dangereuses et pourrait se retourner contre population américaine et son économie. Ses services chargés d’étudier les ouragans, les tornades, les tsunamis ou les vagues de chaleur ont été amputés, alors que les événements extrêmes se multiplient sous l’effet du changement climatique. Pêcheurs et agriculteurs, par exemple, dépendent de ses précieuses prévisions. L’agence est aussi indispensable à la surveillance et la protection des coraux ou encore à la prévention de la surpêche sur les côtes américaines. Sollicité par l’AFP, un des porte-parole de la NOAA, Theo Stein, a tenté de rassurer : « Nous continuons à fournir des informations météorologiques, des prévisions et des alertes conformément à notre mission de sécurité publique. »

    « La mission factice de Musk met un frein brutal à des programmes vitaux. Les gens à travers le pays dépendent de la NOAA pour des prévisions gratuites et précises, des alertes météorologiques graves et des informations d’urgence », s’est au contraire inquiété l’élu californien Jared Huffman, numéro deux de la commission des ressources naturelles à la Chambre des représentants. Et l’onde de choc menace toute la planète puisque l’institution était jusqu’ici la référence pour la production et l’analyse de données climatiques, utilisées par de nombreux chercheurs étrangers.

    Mais tout n’est peut-être pas perdu. William Alsup, juge d’un tribunal de district américain, a estimé que les ordres ayant déclenché des licenciements massifs de fonctionnaires étaient probablement illégaux et a formé un recours, a rapporté le Washington Post. De son côté, Craig McClean, le directeur scientifique par intérim de la NOAA sous la première administration Trump, a rappelé que les mandats de l’agence pour l’étude du climat provenaient du Congrès et ne pouvaient pas être simplement supprimés sans son aval.

    La résistance s’organise

    Malgré la sidération, des universitaires organisent la résistance. Mi-février, des scientifiques américains ont lancé le mouvement « Stand up for science » pour « défendre la science en tant que bien public et pilier central du progrès social ». La nouvelle administration avait alors déjà commencé son travail de sape dans le domaine de l’environnement en annonçant son retrait de l’accord de Paris sur le climat, en ordonnant aux scientifiques de la NOAA de couper tout contact avec les experts étrangers , en supprimant des pages consacrées au changement climatique et à la biodiversité sur les sites des agences fédérales, en coupant les financements de projets et de bourses mentionnant le mot « climat » ou encore en retirant la délégation américaine du Giec. La recherche dans domaines de la santé , de l’éducation et les programmes promouvant la diversité et l’inclusion ont également subi de lourdes coupes humaines et financières.

    Avec les licenciements de masse à la NOAA, la mobilisation s’est renforcée et aboutit, ce vendredi 7 mars, à une manifestation mondiale de scientifiques. Un fait rare, voire inédit. « A ma connaissance, il n’y a jamais eu d’attaque globale de ce type de la part d’une grande puissance scientifique,souligne Wolfgang Cramer. Il n’est donc pas surprenant que la communauté scientifique, toutes disciplines confondues, fasse entendre sa voix de cette manière et explique les dangers liés à cette attaque. »

    En France , près de 1 700 personnes ont déjà fait savoir leur intention de participer aux actions prévues, telles que des marches, rassemblements et débats. « Les institutions de recherche, les agences de régulation, les droits civiques et les fondements mêmes de la démocratie sont mis à mal par l’administration Trump », écrivent les organisateurs (l’astrophysicien Olivier Berné, le biologiste Patrick Lemaire et l’historienne Emmanuelle Perez-Tisserant), dans leur appel à la mobilisation. Le danger guette de ce côté-ci de l’Atlantique. « Il est évident que les forces antiscientifiques qui se rassemblent depuis des années autour des partis de droite et d’extrême droite et aussi des médias qui leur sont proches – en France et en Europe – sentent le vent tourner en leur faveur », note Wolfgang Cramer, qui invite à « nous opposer encore plus fermement aux tentatives à peine dissimulées de démanteler nos institutions publiques de recherche et d’enseignement ».

    https://www.liberation.fr/environnement/aux-etats-unis-trump-et-musk-deciment-a-coups-de-licenciements-la-noaa-vi
    #recherche #science #trumpisme #USA

    • NOAA firings hit the birthplace of weather and climate forecasting

      When news of his firing came late last week, Kai-Yuan Cheng, an atmospheric scientist at one of the crown jewels of the National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA), had one thought in mind: He had 1 hour to tie up his research on severe storm forecasting. “I worked to the last minute of my federal employment,” he says. “I tried my best to wrap up my work before I lost access.”

      Cheng was one of 10 federal workers fired from the Geophysical Fluid Dynamics Laboratory (GFDL), a small but influential research center in Princeton, New Jersey, as part of broader NOAA layoffs announced on 27 February. GFDL, which dates to 1955, produces some of the world’s most highly regarded weather and climate models, relied on for U.S. weather forecasting and projections of global warming. Because several of the fired workers led critical projects, it is now likely that several of the lab’s projects, including its next-generation atmospheric model, will be delayed, along with more accurate predictions of climate at regional scales.

      President Donald Trump’s administration last week fired somewhere between 600 and 900 NOAA staff, targeting “probationary” workers who were new in their jobs or recently promoted. Earlier this week, the American Meteorological Society warned the firings will “cause irreparable harm and have far-reaching consequences for public safety, economic well-being, and the United States’s global leadership.” The firings have been felt all across the agency’s labs, which study everything from pollution in the high upper atmosphere to the traces of global warming now detectable in the deep abyssal ocean.

      At GFDL, a particular concern is the future of its atmospheric model, which chops the atmosphere into thousands of boxes and uses the equations of fluid dynamics to move mass and energy through them, allowing its future to be forecast. The next version, dubbed AM5, has been designed to run at higher resolutions—more boxes—with more frequency, allowing same code developed for long-term climate change to be used for seasonal forecasting of weather as well. These improvements required reworking how the model simulated clouds, rainfall, stratospheric ozone, and gravity waves, among other factors.

      AM5 was scheduled to be finished this year, and was expected to provide the basis for GFDL’s future global climate modeling efforts, which are used worldwide, from insurance companies to United Nations’s reports on climate change. But two scientists core to AM5, including one lead, were both fired last week, sources told Science. Both had worked for many years as contractors before finally being hired. One also had to wait for the long application process for U.S. citizenship to go through. “I gave up my citizenship for this job,” the scientist said, asking not to be named for fear of drawing scrutiny.

      The researcher will likely still do some work for the lab as a volunteer, and they are still hopeful AM5 will be finished, though it is likely to be delayed now. The researcher left their birth country partly because of its authoritarian politics, they added, saying it’s sad and ironic to see similar dynamics taking hold in the U.S.. “I feel somewhat helpless. I want to push back. I want to do something.” For now, they are starting to look at jobs in Europe.

      Cheng also started as a contractor, joining GFDL in 2018 and becoming a mainstay of its experimental SHiELD forecast system, which simulates the globe at resolutions high enough to re-create convection, the updrafts that cause hurricanes, storms, and tornadoes. Knowing that federal employees should, in theory, have better job protections, Cheng hoped to join on a more permanent basis. Finally, 2 months ago, he got his dream job. “My U.S. government journey was quite short,” he says. Cheng is hopeful he did enough that someone can pick his work up—even as he now thinks about embarking on a new job hunt to help support his wife and child.

      Not all of GFDL’s fired scientists had long tenures. One, who declined to be named, was recently hired to help validate the lab’s models using satellite data. Another, Zachary Labe, has been using explainable artificial intelligence, methods that probe the black box of traditional AI models to divine their reasoning, to improve forecasts of heat waves and heavy rainfall. “Improving these forecasts is crucial for public safety,” he says.

      The NOAA firings have also drawn concern from the many private sector institutions that rely on data and forecasts provided by the agency. GFDL, for instance, collaborates with Ai2, the nonprofit founded by Paul Allen, which uses the high-resolution GFDL model to train an AI-powered forecast system that can be run at much lower computing power. But the work is now at risk, says Chris Bretherton, the atmospheric scientist who leads Ai2’s climate modeling. “With the unfettered intentions and actions of the current administration, this tragedy will come quickly and be hard to reverse.”

      Legal challenges could reverse some of the firings, as has now happened at the National Science Foundation, and the Trump administration could backtrack. Just today, it issued new guidelines stating that agencies, not the White House’s Office of Personnel Management, had ultimate say on whether to go through with these firings.

      But Bretherton says it’s dispiriting to see the future leaders of climate research at institutions like GFDL fired indiscriminately, while countries in Asia and Europe are matching or surpassing the U.S. in weather and climate modeling. No amount of clever technology can cover the gap that is forming. “Artificial intelligence,” he says, “cannot compensate for a lack of human intelligence.”

      https://www.science.org/content/article/noaa-firings-hit-birthplace-weather-and-climate-forecasting

  • « Donald Trump et Elon Musk plongent la science américaine dans un indescriptible chaos »

    Comment qualifier la rupture de l’ordre institutionnel en cours aux Etats-Unis ? Pour l’historien américain Timothy Snyder (université Yale), il faut bien se rendre à cette évidence : c’est un coup d’Etat, sans guillemets, qui est en cours de l’autre côté de l’Atlantique. C’est même, dit-il, le premier du genre conduit grâce à la prise de contrôle des systèmes d’information d’un Etat.

    « Deux douzaines de jeunes gens https://archive.ph/1Vs7h vont de bureau en bureau, habillés en civil et armés uniquement de clés USB, écrit M. Snyder dans une tribune du 12 février https://www.independent.com/2025/02/12/of-course-its-a-coup. En usant d’un jargon technique et de vagues références à des ordres venus d’en haut [du #DOGE, Department of Gouvernment Efficiency, “ministère de l’efficacité gouvernementale”], ils parviennent à accéder aux systèmes d’information de base du gouvernement fédéral. Ils accordent ensuite à leur chef suprême l’accès à ces informations et le pouvoir (…) d’interrompre tous les paiements et financements du gouvernement. »

    Grâce à l’intelligence artificielle, l’accès aux grandes masses de données des serveurs fédéraux permet d’identifier les fonctionnaires à licencier, d’interrompre les programmes de promotion de la diversité ou de protection de l’environnement, de cibler des pans entiers du réseau d’agences de l’Etat fédéral. Voire d’en annihiler complètement certaines, à l’image de ce qui s’est produit avec l’Usaid https://archive.ph/KxOFS, l’agence américaine pour l’aide au développement. Tout cela est en cours, et il existe des doutes sérieux sur la capacité de la justice et des Etats à faire obstacle au rouleau compresseur actuellement à l’œuvre.

    Ce coup d’Etat numérique permet aussi, et surtout, un contrôle étroit du pouvoir sur la conduite de la science et la production de la connaissance, qui n’a plus rien à voir avec ce que la première administration Trump (2017-2021) avait mis en œuvre. Une enquête conduite par Romany Webb (Sabin Center for Climate Change Law) et Lauren Kurtz (Climate Science Legal Defense Fund), publiée en 2022 https://pmc.ncbi.nlm.nih.gov/articles/PMC8793038/pdf/main.pdf, indique que la « guerre contre la science » menée entre 2017 et 2021 a consisté, pour les chercheurs des institutions et agences fédérales, en une série de censures ponctuelles, de suppressions de certaines données ou encore de pressions conduisant à l’autocensure.

    Une « décimation » dans les agences scientifiques

    « Pendant le [premier] mandat du président Trump, il y a eu 154 cas documentés de censure de scientifiques par le gouvernement fédéral, et 19 cas [?! ndc] où des scientifiques se sont livrés à l’autocensure, écrivent les deux chercheuses. Dans environ 72 % des cas, cela a concerné la suppression d’informations sur le changement climatique. » La situation actuelle est radicalement différente par son ampleur, son caractère systémique et la variété des disciplines touchées.

    Donald Trump et Elon #Musk plongent la science américaine dans un indescriptible chaos. La revue Science évoque une « décimation » en cours dans les agences scientifiques fédérales. Des dizaines de milliers d’emplois ont été supprimés ou sont en cours de suppression https://archive.ph/69gvr. Certains sont congédiés et rappelés quelques jours plus tard à leur poste après que le caractère crucial de leur activité a été identifié, comme par exemple superviser l’arsenal nucléaire américain https://www.theguardian.com/us-news/2025/feb/15/trump-administration-nuclear-arsenal-worker-firings.

    Des chercheurs reçoivent des lettres de licenciement pour cause d’insuffisance professionnelle quelques semaines après qu’on leur a annoncé une promotion, les communications avec l’étranger sont parfois interdites, des revues éditées par des instituts de recherche fédéraux suspendent leurs publications, les travaux du National Nature Assessment, le plus important rapport sur l’état du patrimoine naturel américain, sont officiellement annulés – ceux des auteurs qui ne sont pas fonctionnaires fédéraux espèrent le publier par leurs propres moyens. La surveillance de la progression du virus grippal à potentiel pandémique H5N1 est, elle aussi, mise à mal.

    « Propagande néomarxiste »

    Partout, les projets de coupes dans le financement de la recherche sont colossaux. Le DOGE vise une réduction de 15 % des subsides accordés par les National Institutes of Health aux centres hospitaliers universitaires. La National Science Foundation devrait voir son budget – principalement destiné aux financements de projets menés par les universités publiques et privées – réduit de près de 70 %. Il ne s’agit plus seulement d’atteindre les sciences de l’environnement, mais l’ensemble des activités de recherche conduites aux Etats-Unis suspectées de « wokisme » et de « propagande néomarxiste », selon le sénateur républicain du Texas, Ted Cruz.

    Ce dernier a mis en ligne le 11 février https://www.commerce.senate.gov/2025/2/cruz-led-investigation-uncovers-2-billion-in-woke-dei-grants-at-nsf une base de données de 3 400 projets de recherche « woke » financés par le contribuable américain. Pour saisir toute l’étendue et la profondeur du processus dans lequel la démocratie américaine est en train de se dissoudre, il suffit de compulser ce fichier. L’un des projets incriminés (ligne 498) est une étude de l’expression de certains gènes chez la mouche drosophile. Un autre (ligne 583) porte sur « l’accumulation du molybdène dans les sédiments marins ». Un autre encore (ligne 551) étudie « l’économie circulaire dans les phases de récupération après une catastrophe naturelle »… La liste est ouverte et il serait intéressant de savoir ce qu’il y a de « néomarxiste » là-dedans.

    Trump I s’attaquait aux résultats incommodants de certaines disciplines ; Trump II déclare une guerre tous azimuts à la science, comme méthode de description et d’objectivation du réel. L’administration en place met désormais en œuvre une politique qui vise à détruire les instruments permettant de produire des énoncés objectifs. Faire disparaître la réalité pour ne plus laisser les faits porter préjudice à la volonté du chef : c’est exactement ce que l’on attend d’une politique fasciste.

    Stéphane Foucart
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2025/02/23/donald-trump-et-elon-musk-plongent-la-science-americaine-dans-un-indescripti

    #coup_d'État_numérique #IA #trump #recherche #science #fascisme

    • « Une véritable purge s’opère dans les administrations américaines », Pauline Grosjean
      Professeure d’économie à l’Université de Nouvelle Galles du Sud (Australie), publié le 12 février 2025
      https://www.lemonde.fr/idees/article/2025/02/12/une-veritable-purge-s-opere-dans-les-administrations-americaines_6543208_323

      Donald Trump et Elon Musk s’en prennent aux administrations jugées hostiles, supprimant des postes, des bourses, des données. Pourtant, l’exemple des épurations militaires russes des années 1930 devrait les alerter, souligne l’économiste Pauline Grosjean dans sa chronique.

      https://archive.ph/69gvr

      #purge

    • « Les mesures brutales de la nouvelle administration Trump s’apparentent à une attaque généralisée contre la science et la place de l’expertise dans la société »
      TRIBUNE, Florence Débarre, Directrice de recherche au CNRS, Marius Gilbert, Professeur en épidémiologie

      https://www.lemonde.fr/idees/article/2025/03/01/les-mesures-brutales-de-la-nouvelle-administration-trump-s-apparentent-a-une

      Interruptions de projets de recherche, licenciements de scientifiques et d’administratifs d’agences de recherche, contrôle des communications publiques, purges dans des bases de données et dans les sites Web des administrations fédérales, réduction drastique des moyens de la recherche : les dispositions de la nouvelle administration Trump sont brutales, sans précédent, et s’apparentent à une attaque généralisée contre la science et la place de l’expertise dans la société.

      Dans le domaine de la santé, les scientifiques du département de la santé et des services sociaux (HHS, pour Health and Human Services) ont été priés dès le 22 janvier de suspendre toute forme de communications publiques. Cette mesure a aussi causé l’interruption de la publication du rapport hebdomadaire sur la morbidité et la mortalité de l’agence fédérale responsable de la prévention et de la lutte contre les maladies (CDC, Centers for Disease Control and Prevention), qui fournit chaque semaine des informations essentielles sur l’évolution des urgences sanitaires. Sa publication a repris depuis, et des articles essentiels sur la grippe aviaire H5N1 ont enfin pu paraître.

      Dans le cadre de la mise en œuvre de directives qui touchent aux thèmes du genre et de la diversité, de l’équité et de l’inclusion (DEI), les chercheurs du CDC ont reçu une liste de mots désormais interdits dans leurs publications scientifiques, comme « genre, transgenre, personne enceinte, LGBT, transsexuel, non binaire, assigné homme à la naissance, biologiquement féminin », etc. Le week-end du 1er février, c’est une véritable purge qui débutait sur le site Web du CDC et au sein des bases de données qu’il héberge. Une décision de justice a forcé la remise en ligne de certains jeux de données, désormais présentés avec un bandeau discréditant leur contenu.

      Est-il nécessaire de préciser que ces termes recouvrent des réalités humaines et que les différentes formes de catégorisation de groupes sociaux répondent à des besoins fonctionnels permettant d’adapter les communications et les politiques de santé ? S’en priver, en se basant sur une position idéologique et non scientifique, aura des répercussions majeures en matière de prévention de maladies infectieuses, qui ignorent les barrières entre les groupes sociaux.

      Des théories du complot

      Quelques jours plus tard, les instituts nationaux de la santé (NIH, National Institutes of Health) annonçaient un plafonnement à 15 % des frais indirects de tous les programmes financés, en cours ou à venir. Pour les universités, cela s’apparente à une réduction brutale et non anticipée de près de 4 milliards de dollars (environ 3,85 milliards d’euros). Des universités ont contre-attaqué devant la justice, mais les attributions de nouveaux financements par les NIH sont pour le moment toujours bloquées.

      Ces interventions ne se limitent pas au domaine de la santé. La National Science Foundation (NSF), principal bailleur de fonds de la recherche fondamentale, subit aussi une large vague de révision de ses programmes. Des employés de la NSF ont fait fuiter les critères qui seraient appliqués, comme la présence, dans la description d’un projet, d’une liste de termes éliminatoires qui ratisse très large : « handicap », « activisme », « diversité », « équité », « ethnicité », « femme », « minorité », « socio-économique »… Des programmes de financement sont interrompus, tandis que de nombreux employés de l’agence ont été brutalement licenciés.

      L’Agence américaine pour le développement international (Usaid) [chargée de l’aide humanitaire à l’étranger], très active dans la fourniture d’expertise, de moyens humains et de traitements dans le domaine de la santé, a été démantelée en quelques jours par les équipes d’Elon Musk, avec des conséquences dramatiques pour les bénéficiaires des programmes, tandis que Musk diffusait sur X des théories du complot sur les activités de l’agence.

      Les mesures touchent aussi le sujet du climat. Des sites d’agences et administrations publiques devaient réduire les références au changement climatique, et, le 4 février, c’était au tour de l’Agence nationale d’observation océanique et atmosphérique (NOAA) de subir l’incursion des équipes de Musk, suivie le 27 février d’une première vague de licenciements touchant près de 800 employés de l’agence, dont des météorologistes.

      Accès à des données sensibles

      Ordres et contre-ordres se succèdent, dans une confusion générale qui empêche toute réponse concertée. Passé la stupeur initiale, des tribunaux ont été saisis, mais leurs décisions sont parfois ignorées ou contournées. Sur le réseau social X, le compte du DOGE, le nouveau département de l’efficacité gouvernementale dirigé par Elon Musk, se félicite des montants prétendument récupérés par ces coupes expéditives – quitte à les surestimer.

      Les équipes du DOGE ont par ailleurs pris le contrôle de systèmes d’information de l’administration publique et ont eu accès à des données sensibles, comme la gestion du personnel, les données du Trésor, le système de paiement fédéral, tout cela dans un cadre qui pose de nombreuses questions en termes de légalité, de sécurité et de protections des droits individuels.

      La vitesse et la coordination avec lesquelles ces différentes mesures sont appliquées rappellent la stratégie du « flood the zone » – inonder la zone : reconnaissant le rôle des médias dans l’opposition à des mesures, Steve Bannon conceptualisait dès 2019 la manière de rendre le changement irréversible – en submergeant l’opposition. Dans son ouvrage La Stratégie du choc (Actes Sud, 2008), Naomi Klein avait théorisé la manière d’exploiter la paralysie qui succède aux chocs. Donald Trump va plus loin, il provoque directement ces chocs pour en diriger les effets, suivant la ligne du « Project 2025 » dont il s’était pourtant distancié pendant la campagne.

      Ces développements simultanés, rapides et inquiétants plongent le monde politique, médiatique et académique dans un état de sidération. L’Europe, les yeux rivés sur la guerre commerciale et les nouvelles velléités d’expansion territoriale exprimées par le nouveau président, est encore trop silencieuse. Il est urgent de sortir de cette apathie, de documenter avec nos collègues américains la gravité de ce qui se déroule sous nos yeux, et de réagir de manière solidaire, forte et coordonnée.

      Florence Débarre est directrice de recherche au CNRS en biologie évolutive, à Sorbonne Université ; Marius Gilbert est professeur en épidémiologie à l’Université libre de Bruxelles et vice-recteur à la recherche et à la valorisation.

      #Blitzkrieg

  • 40% de budget en moins : la Bibliothèque interuniversitaire de la Sorbonne suspend le prêt entre bibliothèque (PEB)
    https://academia.hypotheses.org/59575

    14 février 2024 Dans notre dernière lettre d’actualités, nous vous vous faisions part de nos incertitudes liées à la potentielle baisse de 23% de notre budget. Le budget de la BIS arrêté pour 2025 est finalement en réduction de plus … Continuer la lecture →

  • Un front commun contre l’#industrialisation des #forêts françaises

    #Creuse, juin 2024. Les murs de la salle sont couverts de photos et de textes. Certains portent sur l’installation d’un parc photovoltaïque dans les forêts de la #montagne de #Lure, dans les #Alpes-de-Haute-Provence. D’autres annoncent la tenue, quelques jours plus tard durant l’été, de l’assemblée générale du #Réseau_pour_les_alternatives_forestières (#RAF). Dans un coin, une table accueille des brochures, des fanzines et quelques parutions récentes portant sur les forêts, la lutte pour les préserver, leur gestion. Une grande banderole au nom de SOS Forêt est tendue au-dessus des baies vitrées et une large toile peinte faisant figurer la tête d’un lynx entourée d’un massif diversifié, mélangeant feuillus et résineux, surplombe l’estrade. Au-dessus de celle-ci, sur un fond de couleur violette, se détache le titre donné aux retrouvailles qui se sont tenues les 28 et 29 juin dernier : « Assemblée pour des forêts vivantes ».

    Nous, c’est-à-dire deux doctorants en sciences sociales et un camarade musicien, tous trois sympathisants des initiatives décrites dans cet article et participant à l’occasion à certaines d’entre elles, assistons ce matin-là à la plénière d’ouverture, deux ans après une première édition à Nestier, dans les Hautes-Pyrénées1.

    Les prises de parole s’enchaînent et renseignent sur les actualités les plus récentes concernant les forêts françaises, évoquent des initiatives à soutenir et à rejoindre, rappellent le fonctionnement de ces deux jours de rencontres. Des tee-shirts floqués à l’insigne d’Adret Morvan, du #Groupe_national_de_surveillance_des_arbres (#GNSA) ou de la Marche pour les forêts organisée quelques années plus tôt par les syndicats de forestiers de l’#Office_national_des_forêts (#ONF), sont portés pour l’occasion.

    C’est au tour de C. de monter sur l’estrade. Elle habite sur le territoire, s’initie depuis un moment aux divers métiers de la forêt ou du bois et vient présenter la grande carte qu’un de ses camarades déplie derrière elle (dont des extraits illustrent cet article, ndlr). Elle commence : « Ici on lit souvent qu’il n’y a pas de culture forestière. Ce n’est pas si évident. Il y a une culture industrielle mais aussi un rapport habitant aux forêts et une histoire de luttes. » Pour l’attester, raconte-t-elle, un petit groupe s’est attaché à récolter des témoignages et à compiler des archives afin de « cartographier des événements et des récits à propos de l’histoire de la forêt sur la Montagne limousine ». Suivons l’invitation et observons la carte de plus près.

    Le territoire représenté est à cheval sur les départements de la Creuse, de la #Corrèze et de la #Haute-Vienne. Il est tout entier maillé de petites phrases et de vignettes qui illustrent une culture forestière contrastée mais bien présente : une commune est associée à la formation au bûcheronnage qui s’y déroule depuis plusieurs années, une autre à la « tentative désespérée d’empêcher la #coupe_rase d’une #hêtraie ». On lit des histoires de champignons et de cabanes, mais aussi les conséquences sur le milieu et l’emploi de l’industrialisation de l’exploitation forestière. Quatre bêtes fantastiques et menaçantes encadrent ainsi la carte. Elles symbolisent les « usines à bois » qui amputent les forêts de la région – la #scierie #Farges_Bois, le papetier #Sylvamo, la société #Groupe_bois_et_scieries_du_Centre ainsi que le projet d’usine de #granulés #Biosyl2.

    Cartographier les luttes

    Deux jours durant, on partage des données, des anecdotes, des témoignages, mais aussi des outils. À plusieurs reprises durant l’Assemblée, la #cartographie est apparue comme une pratique pertinente pour rendre compte des « petites et grandes histoires populaires de la forêt », donc, mais aussi pour représenter des lieux à surveiller et à défendre ou pour contester les données fournies par les acteurs dominants de la filière forêt-bois. Ces deux derniers enjeux ont fait l’objet d’un atelier durant lequel des outils récemment élaborés par un groupe forestier local rattaché au #Syndicat_de_la_Montagne limousine et par l’association #SOS_Forêt_Dordogne ont été transmis aux participant·es.

    L. et T. rappellent le contexte ayant mené à la création de #Vigie_Feuillus, un protocole de veille sur les coupes rases qui affectent quotidiennement les « forêts désenchantées3 » du #Plateau_de_Millevaches. Après plusieurs mobilisations contre des chantiers forestiers jugés inacceptables par une partie de la population, il leur a semblé important de trouver un mot d’ordre plus précis qu’une seule opposition à l’industrialisation des forêts locales. Un « guide d’intervention » fraîchement sorti de l’imprimerie est distribué à l’assistance et le sera dans toute la région durant les mois suivants. « Ce protocole, lit-on au dos de la brochure, offre quelques bases pour déterminer quelle stratégie d’intervention est la plus judicieuse et adaptée à la situation ». Il s’agit non seulement d’affûter le regard des habitant·es sur l’#exploitation_forestière dans leur territoire, mais également de s’exercer à les surveiller en identifiant les indices d’activité et à coordonner des actions afin de « créer des précédents sur les alternatives à proposer en cas de coupe rase ». Deux exemples sont convoqués pour illustrer l’éventail de situations qu’il est possible de rencontrer.

    Le premier cas a fait suite à une alerte donnée sur une probable coupe rase dans la forêt qui jouxte l’habitation de sympathisant·es du Syndicat de la Montagne limousine. Une personne a permis de gagner un temps précieux en s’opposant aux premiers travaux d’abattage, fournissant à l’organisation l’espace pour inviter les parties prenantes à une discussion conjointe, lors de laquelle les propriétaires de la parcelle boisée ont expliqué procéder à une coupe pour des raisons financières. Une issue semble alors possible par le biais du Parc naturel régional (PNR) de Millevaches dans lequel la parcelle est située : une proposition de contrat à hauteur des gains espérés par la coupe est acceptée par les propriétaires et inscrit dans la réglementation Natura 2000. L. conclue son récit en rappelant qu’il importe d’être « lucides sur là où il faut taper » : « pas sur les travailleurs », ni sur certains « petits propriétaires forestiers » dont les contraintes peuvent être tout à fait compréhensibles.

    Le second cas présente les effets qu’un outil comme #Vigie_Feuillus pourrait être susceptible de produire. En janvier 2023, sur la commune de #Tarnac, en #Corrèze, des travaux d’exploitation sont en passe de commencer sur une parcelle de plusieurs hectares que traverse la #Vienne. Plus précisément, une coupe rase est prévue dans ce qui a été identifié comme un « taillis dépérissant de châtaigniers », qui est aussi une belle forêt de feuillus appréciée des riverains. Aussitôt, un comité local se met en place pour défendre la forêt menacée. Très vite est décidée une série d’actions – « surveillance accrue, garde, blocage, occupation » – qui permettent de suspendre le chantier. À la différence de l’exemple précédent, la propriétaire n’a pas besoin d’argent : il s’agit seulement d’appliquer les mesures décidées dans le plan de gestion de sa forêt. Et de les appliquer coûte que coûte, peu importe les offres faites par le PNR ou la région pour lui acheter sa parcelle et ainsi empêcher son déboisement. Le point d’orgue de la contestation est atteint un matin de mars, lorsque les représentant·es de la filière forêt-bois du département, invité·es à un rassemblement sur place afin de soutenir la propriétaire, la coupe et un modèle forestier extractiviste, reçoivent une délégation d’opposant·es. « Le Bois du chat, symbole de la lutte entre deux visions de la forêt » titrera un journaliste présent sur place4.

    Au moment où, son récit terminé, L. s’interrompt, un hélicoptère de la gendarmerie survole le site du rassemblement pendant une longue minute, rappelant qu’ici les forêts sont un sujet sensible. Le bruit des pâles étouffe momentanément les discussions.

    M. prend ensuite la parole au nom de SOS Forêt Dordogne pour présenter une contre-expertise cartographique et collaborative menée par son association à la suite d’assises départementales sur la forêt tenues quelques années auparavant, lors desquelles le pourcentage de coupe rase réalisé chaque année leur a paru largement sous-évalué. « On s’est dit que pour parler à ces gens-là, il fallait qu’on ait des chiffres », commence-t-elle. Et d’ajouter : « Vous nous dites qu’il n’y a pas plus de coupes rases qu’auparavant : on a un outil cartographique qui montre le contraire ». Celui-ci se fonde sur l’identification in situ menée par un réseau de correspondant·es volontaires répartis sur l’ensemble du département, là où les chiffres de l’#Inventaire_forestier_national (#IFN) dépendent des #photographies_satellites. Il est simple de s’approprier la méthode proposée : une photo, un point GPS et un référencement sur une carte accessible en ligne suffisent à contribuer à l’effort de contre-cartographie.

    Tous ces exemples nous le rappellent : les forêts et les #cartes, c’est toute une histoire5. Leur mariage peut en effet aussi bien aller dans le sens d’une simplification des écosystèmes forestiers, être un outil de conquête et d’appropriation6, qu’être des plus efficaces pour mieux connaître les forêts et agir en leur sein, y travailler avec plus de précision, en préserver certaines parties ou, comme le montrent les exemples précédents, les défendre.

    De simples cartes de localisation seraient sans doute utiles, aussi, afin de mieux se retrouver parmi le foisonnement de collectifs forestiers présents lors cette deuxième Assemblée pour des forêts vivantes. La pluralité des espaces géographiques représentés est une force : de la #Meurthe-et-Moselle aux #Pyrénées, la défense des forêts suscite l’émergence de groupes locaux, mêlant habitant·es, professionnel·les et associations. Mais l’hétérogénéité des situations décrites peut aussi apparaître comme un frein à l’élaboration de mots d’ordre nationaux à même de massifier les mobilisations locales. Se pose, dès lors, la question du besoin d’une coordination nationale pour assurer l’organisation de tels événements.

    Adversaires et alliés : identifier les acteurs et les actrices de la forêt

    Après un déjeuner où des discussions enforestées ont porté sur les liens à consolider entre l’amont et l’aval de la filière bois et ont suscité l’envie d’aller rencontrer nos voisin·es Suisses pour apprendre de leur modèle sylvicole, il est temps de regagner la salle principale. Sur les bancs en bois ayant servi pour la plénière introductive, une petite vingtaine de personnes attend que commence l’atelier animé par un membre de l’association #Canopée – Forêt vivante. La séance est consacrée à l’identification des différents acteurs de la filière forêt-bois, des grandes coopératives forestières aux collectifs d’habitant·es, des sociétés de placement financier aux associations de gestionnaires forestiers.

    Par souci stratégique et didactique, ces acteurs, représentés par leur logo imprimé sur des rectangles de papier cartonné, sont placés sur un tableau déterminé par deux coordonnées. L’abscisse indique le positionnement politique de chacun par rapport aux écosystèmes forestiers et socio-professionnels. Plus ils se placent à gauche du tableau, plus ils sont considérés comme éloignés d’une sylviculture et d’une attention forestière privilégiant la vie, la diversité, la santé mentale et physique au travail, la constitution de communs inter-espèces, la subsistance. Ils sont au contraire caractérisés par leurs objectifs de profits à court terme, de maîtrise de la terre, des corps et des ressources, d’inattention écologique, de gestion des flux et d’opportunisme vert. L’ordonnée montre quant à elle le degré d’influence politique des structures et infrastructures. En haut de la ligne se retrouvent celles dont les ressorts sont les plus efficaces – en termes de taille, de capacité d’alliance, de communication, de maîtrise de l’opinion et donc de poids dans les sphères de la haute administration décisionnaire – pour faire peser la balance vers une orientation ou une autre.

    Chaque participant·e est invité·e à donner son avis sur le placement, au sein du tableau, des rectangle présentés par l’animateur de l’atelier. On apprend ainsi que Fransylva est l’unique syndicat des propriétaires forestiers privés, réduisant par conséquent à une seule liste le choix électoral, le reconduisant tous les six ans. Son président, Antoine de Ponton d’Amecourt, effectue sur ses propres parcelles forestières des coupes rases allant jusqu’à vingt hectares7.

    Par ailleurs, son syndicat contribue à légitimer, par des éléments de langage, l’industrialisation forcenée de la filière, la monoculture de résineux et le rajeunissement des peuplements – ce qui n’est pas pour déplaire à un proche de l’organisation nommé Jean-Michel Servant, ancien président de l’interprofession nationale France bois forêt et encore délégué interministériel à la forêt, au bois et à ses usages en juin dernier. À la lumière de ces informations sur le syndicat, Fransylva trouve une place évidente sur le tableau : très en haut, tout à gauche.

    L’animateur poursuit en mentionnant Pro Silva (à ne pas confondre avec la structure précédente), une association de propriétaires, gestionnaires, professionnel·les et ami·es de la forêt, reconnue d’utilité publique depuis 2013. Elle organise principalement des formations techniques prônant la sylviculture mélangée à couvert continu, pratique fondée sur le temps long, la diversification des essences et des âges. Ses principes sont applicables partout mais le faciès des forêts ainsi gérées n’est jamais le même, et s’oppose en cela au modèle monoculturel. Si Pro Silva a montré, depuis son lancement en 1989, son importance dans la balance politique, sa visibilité médiatique reste encore faible. Elle sera placée dans le quart inférieur droit.

    À la cartographie comme outil de lutte succède donc le plan. Les nombreux autres acteurs seront à leur tour présentés et disposés afin de mieux s’orienter dans le paysage institutionnel de la forêt française.
    Débrancher les forêts

    Au même moment, une discussion consacrée à la rencontre entre « forêt et production d’énergie », ou « comment résoudre l’équation impossible », débute sous un barnum nommé « bouleau » pour l’occasion. Certain·es participant·es feront remarquer qu’il n’y a pas de barnum « douglas », ni « pin maritime », les mal aimés, les pas beaux. C’est pourtant souvent de ces essences dont il est question, en ce qu’elles composent largement les forêts « sous camisole8 » impliquées dans les projets énergétiques qui seront discutés au cours de cet atelier.

    Quelques personnes préparent l’espace de discussion. Deux intervenants accrochent des photographies de parcs solaires sur la bâche blanche et jaune du barnum. L’un d’eux porte un tee-shirt du Réseau pour les alternatives forestières (RAF), dont il fut l’un des administrateurs. Un slogan y est inscrit : « Ça te branche ? ». La question prend ici une tout autre tournure.

    Deux clichés, « avant/après », amènent à constater l’impact forestier de la « centrale industrielle » de Monfort, développée par Engie Green dans les Alpes-de-Haute-Provence. Au-dessus, une cartographie « clandestine et non-exhaustive » permet d’insérer cette prise de vue dans ce qui est qualifié de « mitage en cours ». On comprend vite le sens de cette expression et de ce qu’elle recouvre : si la loi APER de 2023, relative à « l’accélération de la production d’énergies renouvelables », interdit les installations photovoltaïques supérieures à 25 hectares sur des zones forestières lorsque celles-ci nécessitent une autorisation de défrichement, n’amène-t-elle pas à la multiplication de projets certes moins grands, mais toujours aussi vastes dès lors qu’on accède à un aperçu global du phénomène ?

    Une dizaine de personnes a pris place – il y en aura une vingtaine lors de la session suivante. Quelques-unes étaient présentes aux Résistantes, les « rencontres des luttes locales et globales » qui ont eu lieu sur le plateau du Larzac l’année précédente. L’impact des parcs photovoltaïques sur les espaces agricoles ou forestiers y avait été discuté lors d’une table-ronde, à l’issue de laquelle une coordination nationale s’était créée9.

    Un nouveau « tour d’horizon des projets contestés et des luttes engagées » commence donc. Un intervenant venu des Bouche-du-Rhône aborde le cas de Gardanne, où l’avenir de la centrale à charbon reconvertie en usine à biomasse reste encore incertain. On estime sa consommation à 850 000 tonnes de bois par an. Ses propos sont ensuite complétés par un témoin des Pyrénées-Atlantiques, qui détaille pour sa part le projet BioTJET – une usine de bio-kérozène située à Lacq, censée alimenter les besoins de l’aéronautique en carburant à partir du bois. La production s’appuie sur l’électrolyse, un procédé lui-même très coûteux en énergie. Drôle de transition, pense-t-on, que celle nécessitant de nouvelles unités de production d’électricité, de nouvelles lignes de transports et, qui sait, de nouveaux panneaux solaires en forêt.

    Beaucoup attestent sur ce point d’une véritable « déferlante photovoltaïque » dans les milieux forestiers, que ce soit en Dordogne, en Franche-Comté, en Gironde ou dans les Alpes-de-Haute-Provence. La pression sur les espaces concernés est parfois double. Sur la Montagne de Lure, l’association Elzeard a dénombré plus de 1 000 hectares de zones naturelles convoitées par l’industrie photovoltaïque. Or, cette montagne fait déjà partie de la Zone d’Approvisionnement Prioritaire de la centrale de Gardanne.

    Là comme ailleurs, la pression s’intensifie par le biais d’un nouvel outil conçu par la loi APER : les Zones d’Accélération. Les communes doivent désormais identifier des sites jugés propices à l’installation d’unités de production et rapidement en fournir une cartographie. D’où l’organisation de balades « botanovoltaïque » dans le Buëch, comme nous l’a expliqué un membre du Collectif citoyen pour un autre photovoltaïque dans les Alpes du Sud. En se promenant sur ces terres convoitées et soumises à une spéculation nouvelle, il est sûrement possible de découvrir ce que la superposition de données oublie ou ne sait dire de la forêt.

    Une membre du Collectif Citoyens Résistants Champagnole est venue témoigner de ce qui aurait dû être le plus gros parc photovoltaïque de Franche-Comté dans les forêts de Loulle et de Mont-sur-Monnet. La voilure a dû être revue à la baisse. C’est également le cas en Gironde, ce dont témoignent des opposant·es au projet Horizeo, grand vainqueur de cette course au gigantisme. Les porteurs du projet envisagent l’installation de 700 hectares de panneaux photovoltaïques dans la forêt des Landes girondines, au sud de Bordeaux, au lieu des 1 000 hectares prévus initialement. Mais ce projet, qui serait alors le plus important en France, a toutefois du plomb dans l’aile. Il fut récemment désavoué par le même gouvernement qui avait adapté la loi APER à son calendrier, rendant ainsi possible le dépôt des demandes d’autorisation avant que l’interdiction des sites de plus de 25 hectares soit effective.

    Si les projets s’accumulent en entrent en concurrence, l’espace dédié à la compensation forestière également – une aubaine, malgré tout, pour des coopératives forestières attentives à l’expansion de leur domaine d’intervention, transformant des forêts de « faible valeur » en hectares compensateurs. Alors, les hectares en forêts se font plus chers, et c’est le foncier agricole qui apparaît comme une solution miracle.

    Nous l’avons vu, même si les argumentaires et les conditions matérielles sur lesquelles s’appuient ces projets varient en fonction des territoires, ils s’inscrivent néanmoins dans des dynamiques globales. Un chercheur qui enquête depuis Bruxelles sur le lobbying européen des grandes entreprises, notamment sur l’industrie de la biomasse, nous le raconte. Il rappelle l’intérêt de comprendre les directions de l’Union pour appréhender le contexte national et ses répercussions sur nos milieux de vie. Les contraintes sont fortes et les pénalités financières bien réelles. La France, seul État membre à n’avoir pas atteint ses objectifs de production d’énergie renouvelable en 2020 et dont la trajectoire a été jugée insuffisante, s’est vu infliger une amende de l’ordre de 500 millions d’euros.

    L’industrialisation de la forêt, largement évoquée lors de ces journées, est tout à fait compatible avec la « transition énergétique » telle qu’elle nous a été témoignée. En fait, cette mise au travail des forêt permet au moins deux choses. D’une part, elle garantit la pérennité et la progression d’une ressource en bois qui doit s’adapter à de nouveaux besoins : la production d’une énergie « verte » et « décarbonnée ». D’autre part, elle assure à cette production un espace dédié où pourront être implantées les infrastructures nécessaires à la transformation des ressources, qu’il s’agisse de bois ou de soleil. Pour ce faire, l’industrie emploie un argumentaire qui opère comme une épée à double tranchant. À la fois capable d’écologiser la forêt – un bien renouvelable pour une énergie propre – elle n’hésite pas à nier son existence quand cela l’arrange – au mieux elle est en dépérissement, au pire ce n’est pas une vraie forêt. Dans tous les cas, il s’agit de la couper pour satisfaire l’envolée d’une demande en énergie rarement ou jamais questionnée.

    Face à cette industrialisation de la forêt, une éclosion de luttes territorialisées est soucieuse de se mettre en lien. S’il convient de distinguer les nombreux domaines que couvrent la question de l’énergie (biomasse, photovoltaïque, biocarburants, etc.), ce travail de témoignages, de partages d’expériences et de réflexions ouvre à des prises de positions, enquêtes et actions communes aux participant·es. C’est toute une culture qui se construit, là où les développeurs, nous l’avons entendu, croient souvent tomber sur des « incultes », des habitant.es peu informé.es, et pensent bénéficier de causes parfois considérées comme indéfendables : il est compliqué de concevoir qu’un projet dit « de transition énergétique » puisse être contesté. « On l’entend dans la presse : les écolos attaquent les écolos ».

    Démanteler le complexe sylvo-industriel

    Défendre les forêts conduit donc bien souvent à en sortir pour comprendre ce qui les menace. Quitte à remonter pour cela une ligne à grande vitesse ou à suivre le parcours d’un camion chargé d’arbres fraîchement abattus. Depuis plusieurs mois, le collectif Méga-Scierie Non Merci lutte contre l’extension de la scierie Farges-Bois, en Corrèze, à Égletons – une lutte qui, pour l’heure, est sur la bonne voie : les procédures judiciaires en cours à l’encontre de l’industriel l’ont contraint à suspendre momentanément son projet d’extension. Et ce malgré l’achat récent de la propriété d’une riveraine et opposante par l’industriel, suite à l’expropriation de l’habitante par la communauté de communes Ventadour-Égletons-Monédières10.

    Cette histoire nous est racontée par deux membres du collectif. Ils reviennent sur les raisons de leur implication contre l’extension de la plus grosse scierie limousine, qui a pu être visitée lors de portes-ouvertes mémorables en septembre 202311. Rien ne les destinait à enquêter sur l’industrie forestière, à calculer des volumes de bois sur pied, abattus et sciés, ni à entamer un véritable travail de recherche pour mieux comprendre la réalité de ces « méga-scieries » qui s’installent et se développent de l’Alsace aux Pyrénées. Leur rencontre les a conduits à tenter de comprendre ce que l’aval d’une filière industrielle fait à la ressource qu’elle mobilise et aux forêts qui la produisent.

    En décembre 2022, plus de 200 personnes ont manifesté dans les rues d’Égletons pour protester contre le projet d’extension et elles étaient autant à participer à la première réunion d’information organisée par les opposants au début de l’année 2024. Aujourd’hui, le public de l’atelier est beaucoup plus clairsemé : l’outil industriel, sa logique de standardisation, de capitalisation et d’investissement, son rapport de prédation à la ressource en bois ne sont peut-être pas les sujets les plus séduisants de cette Assemblée pour des forêts vivantes. Le même après-midi, il est en effet possible de composer des vers ou des haïkus pour les déclamer ensuite en forêt, ou de s’initier à la grimpe d’arbre avec des membres du GNSA. Difficile, aussi, de trouver des failles chez des groupes composés de plusieurs centaines de salarié·es et qui bénéficient d’un soutien politique fort au-delà de la seule – et nécessaire – opposition.

    C’est notamment pour cette raison que A. et A. ont commencé à enquêter sur le monde discret des plus grosses scieries françaises. Mieux connaître ses réalités donne des prises pour envisager une riposte un tant soit peu suivie d’effets. Une démarche proche de celle qui a mené l’Atelier paysan à écrire le livre Reprendre la terre aux machines, dans lequel un retour critique sur la modernisation agricole et la constitution d’un complexe agro-industriel précède une série de propositions concrètes à l’adresse du monde paysan. Une heure durant, ils relatent leur cheminement, convoquent l’histoire récente du territoire et celle de l’industrie forestière avant d’ouvrir le débat sur quelques questions simples : comment démanteler de tels sites industriels ? Par où commencer ? Et qu’est-ce que démanteler, dans ce cas, veut dire ?

    Tandis que l’atelier prend fin, la discussion se poursuit avec trois personnes mobilisées contre le rachat et l’agrandissement d’une scierie à proximité de leur lieu de vie. Dans la grande salle, un chœur entame des chants, vite repris par le public. Nous mettons quelques chaises à l’écart pour recueillir le récit de G., X et E., trois membres d’un collectif situé autour de Brassac, dans le Tarn, qui se mobilise contre le projet porté par le groupe SIAT, propriétaire de la plus grosse scierie française, située en Alsace. Celui-ci entend faire d’une scierie moyenne, déjà reprise mainte fois, l’une des plus importantes d’Occitanie. Quelques semaines plus tôt, une petite délégation issue du collectif Méga-Scierie Non Merci est allé à leur rencontre pour entamer une collaboration militante. Des connexions commencent à se faire.

    « Nous, on habite à côté ». G. et M. ont assisté à l’émergence et la croissance de la scierie installée en face de chez eux, à Brassac, depuis 1997, jusqu’à son rachat récent par le groupe SIAT. Ils n’en sont pas à leur premier combat pour la sauvegarde de terres agricoles et naturelles : voilà une dizaine d’années qu’ils posent des recours pour contester le changement d’affectation des sols autour de chez eux, quelles que soient les sociétés concernées.

    Néanmoins, un changement d’échelle est cette fois à prévoir : « L’argument de SIAT est de dire qu’ils vont faire un site miroir de celui qu’ils ont en Alsace. Donc on a voulu savoir comment c’était en Alsace ». Une visio-conférence organisée avec des riverains du site d’Urmatt dans le Bas-Rhin a fini de convaincre les trois opposant·es : s’il se réalise, ce méga-projet industriel produira un niveau de nuisances et de pollutions invraisemblables pour les riverain·es, ainsi qu’une pression accrue sur des forêts déjà soumises à une exploitation importante et des perturbations climatiques de plus en plus intenses.

    Dès lors, dans le Tarn comme ailleurs, tous les moyens sont bons pour convaincre les habitant·es concerné·es qu’il est impératif de s’opposer à ce qui les attend. Des festivités se sont ainsi tenues le 22 septembre 2024 à Brassac dans l’espoir de faire changer d’échelle la lutte locale contre l’implantation du groupe SIAT. Un événement d’une tout autre ampleur, appelé par nombreux collectifs, associations et syndicats du Limousin a rassemblé le premier week-end d’octobre plus de 3 000 personnes à Guéret, dans la Creuse, là où le groupe Biosyl entend installer une usine à granulés qui menace les forêts de feuillus des environs. Cette journée de mobilisation populaire massive, soutenue aussi bien par des syndicats agricoles et de travailleurs que des associations environnementales, a été une véritable réussite.

    https://www.terrestres.org/2024/11/26/un-front-commun-contre-lindustrialisation-des-forets-francaises
    #forêt #France

  • Violences conjugales : le nombre de victimes enregistrées en hausse de 10 % sur un an
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/11/06/violences-conjugales-le-nombre-de-victimes-enregistrees-en-hausse-de-10-sur-

    Selon le ministère de l’intérieur, les deux tiers des violences conjugales (64 %) consistent en des violences physiques. Trente-deux pour cent des victimes ont subi des violences verbales ou psychologiques, dont du harcèlement moral (17 %), des menaces (12 %), des atteintes à la vie privée (1 %) ou des injures et diffamations (1 %). Quatre pour cent ont été victimes de violences sexuelles.
    Pour 2 % des victimes de harcèlement moral, les faits ont mené au suicide ou à une tentative de suicide, précise le SSMSI.

    Violences conjugales : comment expliquer le doublement des plaintes en six ans ?
    https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2023/11/25/violences-conjugales-comment-expliquer-le-doublement-des-plaintes-en-six-ans

    Au total, l’enquête Genese estimait qu’en 2021 3,6 millions de femmes âgées de 18 à 74 ans (soit 15,9 % des femmes de cette tranche d’âge) avaient subi au moins une fois depuis l’âge de 15 ans des violences physiques ou sexuelles commises par un partenaire.

    trumpisme par en bas

    #famille #couple #violences_conjugales #femmes #hommes

  • Far-right governments seek to cut billions of euros from research in Europe

    Anti-immigration parties are pushing policies that are hostile or indifferent towards science.

    A surge in far-right parties entering governments across Europe is raising concerns for science. The parties, whose focus is typically immigration, care little about research, say policy experts. In the Netherlands — where the Party for Freedom (PVV), led by the anti-Islam firebrand Geert Wilders, entered a coalition government in July — researchers are bracing for €1 billion (US$1.1 billion) in cuts to the budget, the worst in decades.

    “We’re talking about historic cutbacks,” says Caspar van den Berg, president of the Universities of the Netherlands umbrella body. “It’s really striking how research, education, innovation is being hit the hardest of all sectors.”

    Italy, Hungary, Slovakia and Croatia have also elected governments that include far-right parties. In June, populist parties made gains in the European Parliament elections. And in September, the far-right Freedom Party of Austria topped polls in a legislative election.

    Although there are exceptions, these parties are typically not interested in research and innovation, says Léonie de Jonge, who specializes in far-right parties at the University of Groningen in the Netherlands, leaving scientists vulnerable to cuts.

    Deep cuts

    The Netherlands — which punches above its weight in global science — is among the nations seeing drastic changes to its research system. The government’s budget last month unveiled the nearly €1-billion-a-year cut to universities and research, slashing support for early-career research grants, open science and international students.

    The cuts are the equivalent of scrapping around one large university in a country that has only 14, says van den Berg. Several universities have already frozen hiring over the summer. The University of Amsterdam has described the cuts as the biggest since the 1980s.

    One of the budget’s biggest victims is starter and stimulus grants, introduced in 2022 to give new and existing academics a one-off €300,000 grant to hire PhD students and laboratory assistants, for example.

    “The aim of those grants was to create room for independent, curiosity-driven research, but also to reduce work pressure,” says Eddie Brummelman, chair of the Young Academy, a science-policy group in Amsterdam. Dutch academics have repeatedly gone on strike in the past few years over heavy workloads.

    But with these funds gone, young academics will be even more dependent on competitive grants from industry and the already oversubscribed Dutch Research Council (NWO), he says.

    The NWO also faces cutbacks: the changes remove €30 million a year from its budget for scientific infrastructure. Its funds for open science are being halved.

    In a separate set of cuts, the new government has scrapped the final tranches of the Netherland’s National Growth Fund, which supported green hydrogen projects and medical research, saving €6.8 billion.

    Immigration focus

    International students are also in the government’s crosshairs. The coalition wants their enrolment numbers to fall, and is slashing nearly €300 million from university education budgets to ensure this happens.

    A spokesperson for the Ministry of Education, Culture and Science said that the government had chosen to prioritize security, health care and ensuring “that people have more money in their wallets” (the government is cutting personal taxes). “To make that possible, unfortunately, cutbacks are needed in many areas, including education and science.”

    The Dutch Parliament is considering a ‘balanced internationalization’ law, designed to push back against the growth of English-language teaching and research, which has helped to attract international talent.

    To universities’ alarm, if the law passes, all undergraduate courses would have to seek permission to be taught in English or another foreign language.

    It’s so far unclear how many courses would be forced to switch to Dutch, says van den Berg. But the move could trigger an exodus of foreign academics who don’t want to, or can’t, teach in the language. “A drain of the most talented people is feared,” he says.

    The policies align with the goals of parties whose central issue is immigration, says de Jonge. “That’s, at the end of the day, the one thing that they care about,” she says. “Their voters do not care about innovation.”

    Although indifference towards research is one concern, such parties are often also hostile to universities, seen as a bulwark of left-wing “indoctrination”, she adds, making higher education a tempting target for cuts.
    Science neglect

    In Italy, where Prime Minister Giorgia Meloni’s right-wing Brothers of Italy party won power in 2022, university funding has effectively been cut this year by around €500 million, leaving a budget of roughly €9 billion, said a spokesperson for the Conference of Italian University Rectors. A government spokesperson countered that much of this drop is because funding was brought forward in 2023.

    Neglect of science isn’t always confined to the far right. France’s new centre-right government has disappointed scientists by scrapping long-term budget increases, as it tries to lower government debt.

    But the rise of far-right parties focused obsessively on immigration bodes particularly ill for research, says Robert-Jan Smits, president of the executive board of Eindhoven University of Technology in the Netherlands. “These are single-issue parties,” he says. On science, “they don’t really seem to care, and they don’t have a policy”.

    https://www.nature.com/articles/d41586-024-03506-y

    #science #recherche #université #extrême_droite #coupes_budgétaires #Pays-Bas #Italie #France

    • Mères solos. Le combat invisible

      Elles sont plus d’1,5 million de mères célibataires en France : un chiffre qui a quasiment doublé en 30 ans. Prises à la gorge par les difficultés économiques et le gouffre de la précarité qui les absorbe prioritairement, elles souffrent pour la plupart d’isolement et d’épuisement.
      Ce livre a pour objectif d’alerter sur celles que la société ne veut pas voir, d’identifier les blocages systémiques qui grèvent leur quotidien – casse-tête de la garde des enfants, pensions alimentaires impayées,
      injustice fiscale, etc. – et d’exhorter les politiques à se saisir du problème.
      Mais cet essai a aussi pour but de leur permettre de relever la tête, quel que soit leur niveau de vie, en
      recensant nombre de conseils et témoignages pour vivre mieux, et de se défaire du jugement péjoratif que
      la société porte sur elles, en promouvant notamment de nouveaux modèles familiaux.
      Les familles monoparentales représentent aujourd’hui un quart des foyers français, avec dans leur écrasante
      majorité des femmes à leur tête : il est temps de changer de regard sur les mères solos et d’exiger des mesures politiques dignes de ce nom pour les soutenir !

      Johanna Luyssen est journaliste spécialiste des questions féministes et sociales. Elle a travaillé pour divers médias – Le Monde, Arte, Stylist – avant de devenir cheffe adjointe du service Société de Libération.

      https://www.payot-rivages.fr/payot/livre/m%C3%A8res-solos-9782228936545
      #livre #Johanna_Luyssen

    • Gouverner la vie privée. L’encadrement inégalitaire des #séparations_conjugales en France et au Québec

      L’implication de l’État dans la vie privée pose problème : les individus ont davantage de #droits que par le passé, mais certains de leurs comportements, jugés problématiques pour la collectivité, justifient un interventionnisme renouvelé, dans lequel acteurs privés et mécanismes de marché occupent une place croissante. En tension entre libéralisme et normalisation, cette action publique participe aux recompositions des rapports sociaux, entre les classes sociales, entre les genres, ainsi qu’entre la population majoritaire et les personnes racisées. Objet de vifs débats et de réformes récurrentes, la régulation par le droit des séparations conjugales est un observatoire précieux de ces recompositions, ici analysées à partir de trois enquêtes collectives, qualitatives et quantitatives, menées des deux côtés de l’Atlan­tique. En France comme au Québec, l’accès aux procédures, les interactions avec les professionel.les et l’encadrement des modes de vie sont les trois dimensions constitutives du gouvernement de la vie privée. Cependant, chacun des contextes n’articule pas de la même manière inégalités de classe et inégalités de genre. En scrutant la production institutionnelle des inégalités privées, cet ouvrage invite à imaginer des voies alternatives, dans la sphère privée comme dans la sphère publique, pour que la politique des droits tienne ses promesses émancipatrices.

      https://catalogue-editions.ens-lyon.fr/fr/livre/?GCOI=29021100500480

    • Maternités rebelles

      Comme toutes les petites filles hétéros, Judith Duportail a grandi avec un idéal de vie de famille bien précis, et une suite d’étapes à respecter pour réussir sa vie : rencontre, cohabitation de long terme, mariage ou pacs, et enfin bébé. Sans mec officiel depuis longtemps, pas de bébé. C’est tout.
      Elle a toujours su pourtant qu’un jour, elle voudrait un enfant, une famille. Plus elle a vu sa vie et ses choix s’éloigner de cet horizon, plus une terreur grandissait au fond d’elle : « elle ne serait jamais mère ».
      Même si elle a connu l’amour, elle n’a jamais réussi à se fondre dans le moule du couple idéal. Alors, comment faire pour devenir mère ? Pendant plusieurs années, elle a tenté de se normaliser, elle a même envisagé de se "forcer un peu", le temps qu’il faudrait, pour faire un bébé.
      En vérité, rien ne clochait chez elle. Elle ne savait juste pas qu’il existait d’autres chemins.
      Maternités rebelles est un essai incarné, documenté et sourcé, qui veut montrer qu’il est possible de dissocier la maternité du couple. Il s’adresse à toustes celleux qui s’interrogent sur les façons de construire leur vie librement, pas uniquement celleux qui nourrissent un projet d’enfant.

      https://www.librairie-des-femmes.fr/livre/9782491260217-maternites-rebelles-judith-duportail