• Edith Maruéjouls, géographe : repenser la cour de récréation

    #Edith_Maruéjouls, géographe du genre, intervient depuis 20 ans dans les écoles, où les garçons ont tendance à s’approprier l’#espace de la cour de récréation, essentiellement en jouant au foot. Elle explique comment elle travaille dans l’ouvrage « Faire je(u) égal ».

    https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/une-semaine-en-france/une-semaine-en-france-du-vendredi-16-septembre-2022-7688356

    #cour_de_récréation #récréation #école #genre #filles #garçons #inégalités #football #foot #géographie #cour_d'école

  • La #géopolitique de la #cour d’#école

    Une inégale répartition de l’espace

    « Le problème c’est qu’ils ont beaucoup de terrain et des fois ils vont en dehors du terrain et du coup on a encore moins de place. » C’est ainsi qu’une petite fille présente le souci de la répartition de l’espace dans la cour de son école. Le problème est simple : les garçons ne veulent pas laisser les filles jouer au foot avec eux. En soi, cela ne la dérange pas tant que ça, puisque, comme elle le dit elle même, elle n’a pas toujours envie de jouer au foot. Mais les terrains de sport occupent une bonne partie de la cour ; terrains entièrement monopolisés par les garçons et leurs jeux de ballon. Reléguant ainsi les filles aux bordures, aux espaces annexes, bien moindre que le leur. Cette criante injustice et cette inégale répartition, même une enfant est capable de la voir. Néanmoins, rien ne bouge, rien ne semble être mis en place pour améliorer la situation.

    Dans ce court-métrage d’Eléonor Gilbert, une petite fille se tient, durant 15 minutes, face à la caméra. Elle développe son rapport à l’espace qui lui est laissé dans la cour de son école. Armée d’un crayon et d’une feuille blanche, elle dessine. Elle représente l’école, la cantine et, bien évidemment, la cour, occupée aux trois quarts par trois terrains de sport. À mesure de son explication, elle colorie de son crayon les zones où elles ne peuvent pas jouer. Les toilettes, puis le préau parce que les grands ne veulent pas des petits.

    « Bon, bien sûr, les filles, parce que les garçons ont le droit de jouer au foot donc… » ajoute-t-elle. Puis elle hachure les zones où elles peuvent jouer. Un petit espace entre les buissons et le terrain de foot, en bordure de la cour (mais ce n’est pas très pratique quand même à cause des buissons).

    « Bon là on peut et encore. Souvent ils dépassent », dit-elle, une pointe d’exaspération et de résignation dans la voix.

    Finalement, entre les terrains de sport et leurs abords sur lesquels les garçons sont susceptibles de déborder, il ne reste aux filles que deux petits espaces sur lesquels jouer. Tandis que presque l’entièreté de la cour est occupée par leurs collègues masculins. Elle utilisera même le terme de « coloniser » pour décrire le phénomène.

    Les garçons colonisent les terrains de sport et donc la cour.


    https://laviecacheedelageographie.com/2019/10/07/la-geopolitique-de-la-cour-decole-1

    #cour_d'école #géographie #espace #inégalités #cour_de_récréation

    • Des #stéréotypes de #genre qui imprègnent les #jeux et mènent à des rapports inégaux.

      Mais pourquoi donc ces #terrains posent-ils autant problème ? Il n’est pas écrit « réservé à la gent masculine » pourtant !

      À mesure qu’elle parle, la jeune #enfant pose le doigt sur le fond du problème, qui ne tient pas tant aux terrains en eux-mêmes mais plutôt à l’utilisation que nous en faisons, laquelle est conduite par des stéréotypes de genre bien ancrés.

      Une fille faire du #foot ? Mais quelle idée !

      C’est déjà ce qu’elle décrit au début lorsqu’elle évoque le fait que les garçons leur interdisent de jouer avec eux. Au-delà de la #non-mixité, assez courante à cet âge, c’est surtout l’association garçons-foot qu’elle met en lumière (car on aurait très bien pu imaginer l’inverse, des #filles investissant le terrain et interdisant aux garçons de se mêler à leurs parties de sport).

      Plus loin, elle donne un autre exemple : les animateur-rices posent un sac rempli de jouets. Parfois, certaines filles font chasse gardée, autorisant les garçons à prendre les ballons ou bien les raquettes mais pas les cordes à sauter. Car, évidemment, ce jeu n’est pas pour les garçons !

      Le problème n’est donc peut-être pas tant découper l’espace en terrains de sport mais plutôt la valeur qui leur est attribuée et les stéréotypes qui les accompagnent : les #activités_sportives, c’est pour les garçons. Les filles font des activités plus calme, nécessitant moins d’espace ; il apparaît donc normal qu’elles occupent moins la cour.

      Néanmoins, les stéréotypes sont tout sauf le reflet d’une réalité diversifiée. Si certaines filles préfèrent des activités calmes, ce n’est pas le cas de toutes. De même que tous les garçons ne jouent pas au foot.

      La jeune élève le fait très justement remarquer, lorsqu’elle dit qu’elle aimerait bien jouer au foot et qu’elle n’est sans doute pas la seule à le vouloir.

      À mesure qu’on avance dans le #court-métrage, on sent sa #rage lorsqu’elle explique qu’elle a besoin de plus d’espace, qu’elle en a marre de devoir se contenter de ce si peu. Mais comment faire lorsque personne ne nous écoute ? Car ce n’est pas faute de ne pas avoir essayé. Elle raconte en effet comment elle a expliqué à un de ses amis qu’elle aimerait qu’ils ne débordent pas du terrain pour qu’elle puisse avoir son espace. Il la comprend ; mais ce sont les autres qui ne l’écoutent pas. Alors comment faire lorsque la majorité fait la sourde oreille et ferme les yeux ? Lorsque les autres ne veulent pas voir parce que ce n’est soit disant pas leur problème.

      « Mais le problème, c’est à cause d’eux » fait-elle si justement remarquer.

      La feuille de papier se couvre peu à peu de nouveaux traits rageurs. La cour est à tout le monde. « Les garçons prennent tout ça, et nous on doit prendre ça. Ce n’est pas parce qu’on est des filles qu’on n’a pas l’droit ! ». Un grand rectangle contenant un petit rectangle vient illustrer son propos et résument, en un seul dessin, la #terrible inégale répartition de l’espace.

      https://laviecacheedelageographie.com/2019/10/18/la-geopolitique-de-la-cour-decole-2

    • "Espace", d’#Eléonor_Gilbert

      Croquis à l’appui, une petite fille explique la répartition des espaces de jeu entre filles et garçons dans la cour de son école, qui lui semble problématique.

      Confinée dans un cadre fixe, la petite fille qui s’exprime ici démontre les puissances et les limites de la parole. Les mots lui permettent d’analyser l’occupation majoritairement masculine de l’espace, de décrypter les raisons pour lesquelles les filles peinent à s’en emparer. Mais les traits de crayon par lesquels elle schématise cette géographie saturent bientôt sa feuille de papier, et cèdent la place à des gribouillis rageurs. L’inégalité de fait entre les genres se présente ici comme une évidence connue dès le plus jeune âge. La seule question qui subsiste alors est : comment se faire entendre ?

      http://upopi.ciclic.fr/voir/les-courts-du-moment/espace-d-eleonor-gilbert

    • A mettre en lien avec ce billet sur @visionscarto :
      L’école, lieu(x) de vie : une exploration cartographique du quotidien scolaire

      Comment représenter l’intensité du lien que nous tissons chaque jour avec les espaces que nous traversons ? Comment exprimer le bien-être et le mal-être à l’école ? Telles sont les questions qui ont été au centre d’un projet cartographique d’exploration du quotidien scolaire, qui a réunit trois enseignantes d’arts visuels et la géographe Muriel Monnard dans les « lieux de l’école ».

      https://visionscarto.net/ecole-lieux-de-vie

  • La #mixité commence à la #récré

    La cour de l’école Clémenceau va être réaménagée avec une approche très novatrice.

    « Le projet aura une perspective transversale, précise Fabien Malbet, adjoint à l’école et au patrimoine scolaire. Il s’agira de favoriser la mixité par l’organisation de l’espace et de limiter les îlots de chaleur en amenant la nature et l’eau. »

    L’école Clémenceau a été choisie en raison de l’état de la cour mais aussi de la forte mobilisation de l’équipe éducative et des parents. « La démarche induit des changements de pratique : égalité filles-garçons, mise en place de règles pour préserver les espaces végétaux… D’où l’importance d’un travail en commun. »

    La concertation a débuté en décembre 2018 et se poursuivra « en privilégiant la parole des enfants, qui n’ont pas forcément la même vision, les mêmes souhaits que les adultes. Pour nourrir les échanges, on envisage de projeter le documentaire Espace d’Éléo- nore Gibert où une petite fille explique la répartition des espaces de jeu entre filles et garçons dans la cour de son école. »

    Les travaux devraient être réalisés en 2020. Cette démarche pilote sera ensuite évaluée pour être éventuellement appliquée à d’autres établissements.

    http://www.gre-mag.fr/dossiers/combat-egalite-femmes-hommes-parite-grenoble
    #femmes #hommes #genre #école #école_Clémenceau #Grenoble #géographie #organisation_de_l'espace #pratiques #éducation #cour_de_récré #espace

  • « Dès l’école, le mélange entre filles et garçons n’est pas la norme »
    http://www.liberation.fr/debats/2018/03/08/des-l-ecole-le-melange-entre-filles-et-garcons-n-est-pas-la-norme_1634668

    Dans vos travaux de recherche, vous constatez un problème de mixité dès l’école…

    Au sein d’un établissement scolaire, dans la cour de récréation, mais aussi dans la mise en rang, à la cantine, les enfants sont très séparés… Quand on s’immerge, on réalise que le mélange entre filles et garçons n’est pas la norme. Il y a presque une absence de la relation. Dans la cour de récréation, les garçons occupent l’espace central, les filles sont en périphérie. Ce sont des mécanismes qui posent à la fois la question de la relation et de l’aménagement, car la cour de récréation est un micro-espace public.
    D’où provient ce partage inégal de l’espace entre fille et garçon dans la cour de récréation ?

    Je fais dessiner des cours de récréation aux enfants en classe, ce qui permet de comprendre la façon dont ils la perçoivent. Le terrain sportif, qui est souvent un terrain de foot, occupe un espace central dans la tête des enfants. Même si le terrain est à une extrémité de la cour, les enfants représentent cet espace au centre de leur dessin. C’est vraiment le lieu de toute l’attention dans une cour de récréation. Il est l’objet de tous les désirs, de tous les regards, y compris de ceux qui voudraient jouer et qui ne peuvent pas. C’est le lieu où l’on trouve le plus de garçons, de la mise en scène de la masculinité et de la performance, donc le lieu où il faut être. Même quand on ne peut pas y entrer, on le regarde.
    Donc cette répartition est liée à des représentations intégrées très tôt par les enfants…

    C’est une construction, par la société et le milieu éducatif, de ce qu’est le monde des filles et le monde des garçons. Ce n’est pas tellement la question des stéréotypes qui pose problème, mais la hiérarchisation qui se cache derrière : le monde des hommes est valorisant et valorisé. Certaines petites filles disent « moi je n’ai pas de problème à aller sur un terrain de foot, si je veux y aller je n’ai qu’à m’imposer », cela montre bien qu’il faut adopter ce type d’attitude pour qu’il y ait un rapport de force, une négociation.
    Et du côté des garçons, y a-t-il aussi des interdits implicites ?

    Cela est moins visible, mais eux disent qu’ils ne peuvent pas s’autoriser les jeux de filles : « Oui, les filles ne peuvent pas jouer sur le terrain de foot mais moi je ne peux pas danser au milieu de la cour de récréation. » Pour les garçons, aller dans le monde des filles, c’est la honte, c’est décevoir parce que dans le monde des hommes, il y a une exigence de performance.
    Le choix d’un équipement sportif tel qu’un terrain de foot a donc une incidence dans la construction des rapports hommes-femmes…

    Si les équipements n’ont aucune influence sur la possibilité de vivre ensemble, alors pourquoi ne fait-on pas un espace de danse ? Quand vous prescrivez un usage dans l’espace public, c’est à dire du foot, du skate, vous proscrivez tous les autres, sur cet espace là vous ne pouvez pas faire d’autres jeux. Parce qu’on a créé un terrain de foot, validé et accepté par tous, on ne peut pas faire un autre jeu qui serait plus collaboratif. C’est comme une privatisation de l’espace public. Oui ça exclut des personnes, des femmes, des personnes en surpoids… Or la cour de récréation doit rester un espace de liberté. Quand on discute avec les enfants, on se rend compte qu’il y a des enfants qui veulent mais qui ne peuvent pas. Donc dire que les filles ne veulent pas jouer au foot parce qu’elles n’en ont pas envie est faux.
    Vous avez notamment observé que les filles apprennent à ne pas être physiquement dans l’espace, à moins de négocier, elles ne font que le traverser. Tandis que certains garçons n’apprennent pas à renoncer et restent au centre…

    Les garçons se sentent légitimes dans l’espace public, les femmes beaucoup moins. Et quand vous ne vous sentez pas légitime, c’est beaucoup plus compliqué de négocier. Cela soulève la question de l’égalité dans la relation. Vous êtes dans un espace parce que vous avez le droit d’y être. Le partager, c’est avoir une part égale du même gâteau, il n’y a pas un couloir pour les femmes et un autre pour les hommes. C’est pourquoi la question de la négociation et du renoncement est importante. Je dis souvent que les filles mésaprennent la négociation et que les garçons n’apprennent pas le renoncement.
    Comment concevoir une meilleure mixité dans ce type d’espace ?

    Tout commence par le questionnement. Est-ce que j’ai le droit de jouer mais je ne le fais pas ? Est-ce que je joue au foot alors que je suis une fille ? Il faut discuter avec les enfants, qu’ils aient la possibilité de prendre conscience de cela, de s’exprimer dans un endroit où il y a un adulte. Cela peut se résumer à une heure de débat en classe. Il faut que ceux qui sont de l’autre côté de la ligne puissent dire à ceux qui sont à l’intérieur qu’il y a un problème. Nous devons changer les règles de la relation. Il faut penser à la façon de faire des jeux mixtes dans la cour de récréation, je leur fais aussi redessiner leur cour. Aborder ce sujet avec les enfants permet de proposer une alternative, de manière à ce qu’ils aient un argumentaire sur la question, pour pouvoir négocier entre eux.
    Vous dites aussi que le sexisme, en hiérarchisant les hommes et les femmes, participe à créer les phobies envers les homosexuels, les trans, les lesbiennes…

    La question de l’égalité femme-homme comprend la question de l’égalité entre tous les êtres humains. Or la distinction entre ces deux groupes d’êtres humains est très forte. Nous avons construit un vêtement social sur ce qu’est être une femme, une petite fille, un mère, un métier de femme… Qu’est ce qui est gênant dans le fait que deux hommes soient ensemble ? C’est l’idée qu’être perméable à la place que doivent en théorie occuper les femmes est problématique. D’ailleurs cela ressort quand on en parle avec des enfants et des ados. Les garçons disent qu’ils ne veulent pas danser dans la cour de récréation non pas parce que faire « un truc de fille », c’est neuneu ou que c’est nul, mais parce qu’ils ont peur d’être traités d’homosexuels. Lutter contre cela est très compliqué.
    Dans les loisirs non plus, la mixité n’est pas au rendez-vous…

    Les cours d’EPS sont presque le seul lieu où il y a une pratique sportive mixte en France. Tout le financement public finance la séparation des filles et des garçons, et ce dès l’école élémentaire. Quand vous décidez de ne pas mélanger filles et garçons pour la pratique sportive, vous doublez la dépense, en termes d’équipements et d’animateurs. Il y a l’idée que ce ne serait pas juste de les mettre ensemble, pas compétitif. Il y a l’idée que tous les garçons entre eux sont à équivalence de performance, ce qui est totalement faux, ça ne fonctionne pas. C’est pour cela qu’il faut travailler sur toute la chaîne, de la cour de la récréation, jusqu’à l’espace public, en passant pas le loisir des jeunes.
    Les pouvoirs publics en ont-ils pris conscience ?

    ll y a un manque d’argent pour régler ces problèmes, pour financer des interventions dans les classes, des formations des enseignants. Certaines collectivités et écoles s’en préoccupent mais ça n’a pas une grande ampleur. Les urbanistes aussi doivent réfléchir à la mixité hommes-femmes. Mais attention, il faut travailler sur le projet, parce qu’on peut très bien produire des inégalités dans le mélange. Les valeurs humaines, du vivre-ensemble, doivent reprendre le pas sur la norme de genre qui nous sépare.
    Margaux Lacroux

    • Me/ souviens du lycée, le terrain de sport était au centre de la cour et délimité au sol, un espace de type foot avec les buts de chaque côté. L’espace qui restait aux jeunes femmes était donc restreint à leur rôle, celui de spectatrices des prouesses de la collectivité masculine.

    • En réfléchissant à ce terrain de jeu entouré de spectatrices, c’est la même image de passivité imposée avec laquelle même adultes les femmes composent. Je dis composer, c’est à dire, savoir qu’on y restera enfermée parce que la seule imposition de l’égalité individuel se fait par la transgression. Et la transgression ne fait jamais que ramener le groupe des femmes à la règle initiale de l’inégalité, sur ce terrain ou un autre.
      Juste de quoi prendre un peu d’air avant de repartir en apnée.

    • J’ai pas de souvenir d’avoir été spéctatrice. Le foot ca m’interessait pas. Si je regardait parfois c’etait dans l’inquiétude de me prendre un ballon. C’est vrai que c’était central quand meme le foot, mais je voyais ca comme un danger et pas un spectacle. J’avais lu un article interessant sur ce sujet qui ajoutais que l’age etais très déterminant. Le terrain de foot est reservé aux garçons d’abord les plus agés, puis les garçons plus jeunes sont admis si ils sont bons dans ce jeu et les certaines filles aussi. Ensuite les autres eleves sont répartis de manière à ce qu’au bord, dans les hais, au raz des murs ce sont les filles et garçons les moins conformes les plus jeunes.

    • @mad_meg j’avais pas besoin d’être intéressée par le foot pour me retrouver assignée au rôle de spectatrice vu qu’il n’y a pas grand chose à faire d’autre dans l’espace octroyé

    • Je cherche pas à contredire ce que tu disait sur le fait que les filles étaient spectatrices dans tes écoles ou qu’elles ont symboliquement ce statut passif. Mais je trouve que c’est un mot un peu doux par rapport à ce qu’était le foot pour moi. C’etait une menace physique au centre de la cour, un stresse à chaque récré. Une menace concrète, qui fait des bleus sur le corps à coups de ballons sois disant « perdus ». Dans mon souvenir les filles ne regardaient pas les garçons jouer au foot, c’était pas un spectacle pour elles. Ca ne les intéressaient pas, elles jouaient à l’élastique, à la marelle, à la corde à sauté, à chat-perché, aux billes, elles s’inventaient des histoires, elles discutaient entre elles et avec les garçons qui n’étaient pas autorisés ou pas intéressés par le foot... Et malgrè cette relégation à la périphérie on était pas tranquilles. Le foot débordait sans cesse de son espace

      Il fallait faire attention pour aller aux toilettes car les footeux étaient au milieu du chemin, au milieu de tous les chemins vu que c’était le centre. Ca imposait des détours, des contournements, de la vigilance. C’est bien plus relou que d’être seulement spectatrices. Quant il pleuvait c’était encore pire, les petits dominants venaient footer dans le petit préau bondé et là c’était encore plus stressant.

      En plus il fallait faire ce foot en cours de sport, comme si c’etait pas assez chiant de subir ca pendant les récrés, on devait pousser ce ballon sous la contrainte des profs, des notes et subir les insultes de son équipe quant on veut pas toucher le ballon comme c’était mon cas...

      Heureusement il semble y avoir quelques petites avancées, par exemple les filles d’une amie qui sont en primaire m’ont expliqué qu’il y a quelques récrés sans ballons. Je ne sais pas comment les garçons dominants occupent ces récrées sans ballon, j’espère qu’ils n’en profitent pas pour persécuter les filles, parce que dans mon souvenir, un jeu des garçons c’était aussi de faire chier les filles et les garçons jugés pas assez oppresseurs, se moquer d’elleux...

      Faudrait que je retrouve l’article dont je parlait plus haut. Le chercheur qui a travaillé sur les récrées de primaire disait que les garçons avaient organisé une sorte de manif pour interdire aux filles de parler d’une fiction qu’elles affectionnent et qui les ennuyait car c’était un « truc de filles » (c’est à dire un truc nulle selon eux). Les filles n’ont jamais organisé de manif pour interdire le foot aux garçons (alors que le foot ca peut faire mal à des personnes qui ne pratiquent pas, contrairement à des discutions sur une fiction romantique) mais les garçons ca les dérrangaient pas de s’organiser pour réglementer et censurer les occupations des filles.
      Je vais chercher ce lien et je reviens avec.

      edit - je ne retrouve pas ce texte - j’ai trouvé celui ci mais c’est pas ce que je cherche https://seenthis.net/messages/571520
      Il me semble que j’avais trouvé ce texte sur le Cairn en cherchant j’ai trouvé ceci qu’il faut que je lise
      L’agressivité motrice en questions au sein du football
      https://www.cairn.info/revue-staps-2011-1-page-47.htm?1=1&DocId=417885&hits=7965+7956+

    • J’ai enfin trouvé ! C’etait une émission des couilles sur la table.
      L’amour c’est pas pour les garçons.
      https://www.binge.audio/lamour-cest-pas-pour-les-garcons

      Pour son deuxième épisode, Victoire Tuaillon reçoit Kevin Diter qui rédige une thèse sur “L’enfance des sentiments : la construction et l’intériorisation des normes et représentations genrées et androcentrées de l’amour chez les enfants de 6 à 12 ans.”

      Ils se penchent sur le monde impitoyable des cours de récré : comment les petits garçons apprennent-ils ce qui est (ou non) de bon goût en matière d’amour ? Pourquoi disent-ils tous, systématiquement, que “l’amour c’est nul” ou encore que “l’amour c’est pour les filles” ?

      Il est aussi question de Violetta, de “mariages” en maternelle, et plus généralement du rôle de l’amour dans la perpétuation de la domination masculine. Kevin Diter est doctorant en sociologie au Cesp-Inserm (U1018, équipe « Genre, Santé et Sexualité).

      C’est très interessant et très déprimant. Les filles apprennent qu’elles doivent aimer les garçons, les garçons apprennent qu’ils doivent méprisé et humilier les filles, et surtout ne pas les aimer, ceci est encore plus marqué dans les masculinitées des classes défavorisées. L’auteur parle d’un apprentissage chez les garçons d’une distinction entre amour sentimentale et amour sexuel. Sauf que je voie pas trop l’amour dans le sexe puisqu’il n’y a justement pas de sentiments.
      L’étude est en version texte ici mais sous paywall ; https://www.cairn.info/revue-terrains-et-travaux-2015-2-p-21.htm

  • Genre et Ville ? (Plateforme d’innovation urbaine)
    http://www.genre-et-ville.org

    Think Tank et Do Tank, plateforme de recherche et d’action, Genre et Ville est composées d’urbanistes, de sociologues, d’architectes, d’artistes, dont l’objet est de rendre les territoires égalitaires et inclusifs.
    En agissant par l’urbanisme, l’aménagement urbain, l’architecture et l’organisation sociale, nos actions interrogent et transforment les territoires par le prisme du genre de manière intersectionnelle, c’est à dire en incluant les questions de normes de genre, d’âge, d’origine sociale et culturelle, d’identité, d’orientation sexuelle.
    Notre travail est nourri par la géographie critique, les études de genre, l’anthropologie urbaine, l’art féministe et politique.

    L’ARObE – L’Atelier Recherche OBservatoire Egalité
    http://www.genre-et-ville.org/larobe

    L’ARObE est un bureau d’études créé par Edith Maruejouls, qui accompagne les collectivités à la définition et à la mise en œuvre d’une politique publique intégrée d’égalité. La mise en place de cette politique s’appuie sur l’application des textes et fait appel, pour chaque structure, à une stratégie pour mobiliser les salarié/es, les élu/es. L’Atelier Recherche OBservatoire Egalité se propose de construire une offre sur mesure qui répond aux besoins et s’adapte en fonction des territoires et des objectifs visés. De la sensibilisation à une démarche d’observatoire, en passant par des ateliers expérimentaux, le bureau d’études développe une démarche concertée et co-construite.

    La cour de récréation (Matilda)
    https://matilda.education/app/course/view.php?id=218

    Edith Maruejouls [de l’ARObE] nous parle ici de comment la socialisation des filles et des garçons influe sur la façon dont elles/ils occupent l’espace et de comment les femmes et les hommes qu’elles/ils deviendront occuperont l’espace à leur tour. Il y a t-il égalité dans l’espace public ?

    #genre #sexisme #ville #territoires #espaces_publics #cour_de_récréation

  • “Espace” de Eléonor Gilbert (Tënk)
    https://www.tenk.fr/essais/espace.html

    À l’aide d’un croquis, une petite fille explique comment l’espace et les jeux se répartissent lors de la récréation, en particulier entre les garçons et les filles, et en quoi cela lui pose un problème au quotidien. Malgré ses différentes tentatives pour régler ce problème, elle ne trouve pas de solutions, ceci d’autant plus qu’il passe inaperçu pour les autres, enfants comme adultes, qui ne semblent pas être concernés. On découvre alors les subtilités d’une géopolitique de l’espace public à l’échelle d’une cour d’école.

    #éducation #espace_scolaire #cour_de_récréation #genre #jeux #sexisme #égalité_filles_garçons

  • Espaces vécus de la cour de #récréation et inégalités de genre

    #Matilda est une plate-forme consacrée à l’#égalité filles-garçons, qui propose plus de 80 #vidéos, accompagnées de #ressources_pédagogiques, sur les thématiques de l’égalité entre les sexes, dans tous les domaines. Le projet est né le 1er février 2017 avec le soutien du Département du développement et de la diffusion des ressources numériques ainsi que par la Direction générale de l’enseignement scolaire du ministère de l’Éducation nationale, du ministère de la Culture, et du ministère des Familles, de l’Enfance et des Droits des femmes.

    http://geoconfluences.ens-lyon.fr/actualites/veille/espaces-vecus-de-la-cour-de-recreation-et-inegalites-de-genr
    #géographie #inégalités #genre #filles #garçons #cour_de_récréation #espace #cour_d'école

    avec mention de l’excellent article de Muriel Monnard publié sur @visionscarto :
    L’école, lieu(x) de vie : une exploration cartographique du quotidien scolaire
    https://visionscarto.net/ecole-lieux-de-vie