• Une constellation satellite pour suivre les missiles hypersoniques
    https://www.futura-sciences.com/sciences/actualites/astronautique-constellation-satellite-suivre-missiles-hypersoniques

    Le Pentagone a donné le feu vert à la production d’une constellation de six satellites dédiée à la détection et au suivi de missiles balistiques et hypersoniques. Ces six satellites seront placés en orbite moyenne, ce qui constitue une première.

    L’armée nulle et effondrée des russes justifie de fabriquer des satellites spéciaux.

    #course_aux_armements

  • 29.10.2023 : #Briançon : un corps retrouvé dans la #Durance

    Alors que les CRS effectuaient un secours en paroi ce dimanche matin, dans le secteur du #pont_d’Asfeld, à Briançon, ils ont été contactés pour un corps retrouvé dans la Durance.

    Un corps a été repêché ce dimanche 29 octobre au matin, dans la Durance, à Briançon, selon nos confrères de BFM DICI. Une information confirmée par une source proche du dossier.

    Une première alerte a été donnée par un témoin qui entendait des cris provenant d’une barre rocheuse en rive droite, au fond du parc de la Schappe, vers 8 heures. Les sapeurs-pompiers de Briançon se sont rendus en premier sur les lieux. Un homme, une personne migrante, était embarré. L’accès était difficile. Les pompiers ont donc fait appel aux secouristes en montagne. Une équipe de CRS de Briançon a effectué le sauvetage en paroi à bord de l’hélicoptère de la section aérienne de gendarmerie. L’homme a vraisemblablement passé une partie de la nuit, bloqué ici. Il a été transporté au centre hospitalier des Escartons. Son pronostic vital n’était pas engagé.

    Les sapeurs-pompiers ont ensuite mené une reconnaissance le long de la berge afin de vérifier si d’autres personnes étaient en danger. Des passants ont alors alerté les secours après avoir découvert un corps dans la Durance, vers l’entrée du parc de la Schappe. Ce dernier a été fermé pendant plusieurs heures, le temps de l’intervention.

    Une enquête a été ouverte afin de connaître les circonstances du décès et identifier la victime. Elle est confiée au commissariat de police de Briançon. Les enquêteurs cherchent notamment à déterminer s’il existe un lien entre les deux personnes, si elles se connaissaient, si elles sont venues ensemble, ou non.

    https://www.ledauphine.com/faits-divers-justice/2023/10/29/briancon-un-corps-retrouve-dans-la-durance

    #frontière_sud-alpine #asile #migrations #réfugiés #morts_aux_frontières #Hautes-Alpes #mourir_aux_frontières #frontières #Italie #France #Briançonnais

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    ajouté au fil de discussion sur les morts à la frontière des Hautes-Alpes :
    https://seenthis.net/messages/800822

    lui-même ajouté à la métaliste sur les morts aux frontières alpines :
    https://seenthis.net/messages/758646

    • Briançon : le corps sans vie d’un homme retrouvé dans la Durance

      Les secours étaient en train de porter secours à un migrant, quand ils ont aperçu ce corps en contrebas des lieux. Une enquête est en cours pour tenter d’identifier la victime.

      Le corps sans vie d’un homme a été retrouvé dans la matinée de ce dimanche 29 octobre dans la Durance à Briançon, à proximité du parc de la Schappe, a appris BFM DICI.

      La CRS des Alpes a d’abord été appelée pour secourir un homme en difficulté au-dessus du parc sur une barre rocheuse près du pont d’Asfeld. L’individu a été héliporté sans difficulté et immédiatement transporté vers le centre hospitalier de Briançon pour des soins. Selon les premières constations, il s’agit d’un migrant.

      Une enquête ouverte

      C’est lors de cette intervention qu’un corps a été aperçu en contrebas des lieux.

      « Impossible à cette heure de savoir si les deux personnes étaient ensemble et si la victime retrouvée décédée est un migrant », avance, prudente, une source qui suit ce dossier de près.

      Une enquête judiciaire est ouverte pour tenter d’identifier la victime et de préciser les circonstances de sa mort.

      Le mercredi 4 octobre dernier, un homme avait déjà été secouru par le peloton de gendarmerie de haute montagne (PGHM) de Briançon dans ce même secteur par hélitreuillage.

      Le samedi 14 octobre, c’est le corps sans vie d’un migrant qui avait été repêché cette fois-ci dans la Cerveyrette avant le pont Baldy. L’autopsie avait confirmé la noyade de la victime.

      https://www.bfmtv.com/bfm-dici/briancon-le-corps-sans-vie-d-un-homme-retrouve-dans-la-durance_AN-20231029025

    • Une traque meurtrière raciste de la police cette nuit, #rassemblement ce soir

      Dans la nuit du 28 au 29 octobre, la police a traqué un groupe de 4 personnes parti de Clavière vers 13h. Après une course poursuite, 2 d’entre eux ont été arrêtés en possession des deux seuls téléphones du groupe, tandis que les 2 autres se sont retrouvés seuls et perdus dans la montagne, traqués par la police.
      Après s’être cachés pendant des heures, ils ont fini par rejoindre le chemin près du pont d’Asfeld aux alentours de 1h du matin, où ils sont tombés de la falaise. L’un s’est noyé dans la rivière devant les yeux de son ami qui est resté accroché à un rocher jusqu’à l’intervention des secours vers 8h du matin.

      A Briançon, rassemblement ce soir lundi 30 octobre au Champ de mars à 17h.

      16h06. 🏔️ Personne ne doit mourir à la frontière ! Rassemblement ce soir à 19h30 place Guichard pour ne pas laisser tomber dans l’oubli tous ces meurtres racistes et dénoncer les politiques assassines de l’Europe forteresse

      🏔️Personne ne doit mourir à la frontière !
      ⚠️Rassemblement spontané- non déclaré ce soir 19h30 - place Guichard
      ❌ L’Etat néocolonial et raciste, armé de sa police aux frontières a encore traqué et poussé à la mort 1 jeune exilé, qui a été retrouvé noyé dans la Durance, comme Blessing Mathew avant lui.
      🏔️Le 14 octobre dernier, un autre exilé était retrouvé sans vie, comme des dizaines depuis 2018.
      ❌ Ni oubli Ni pardon !
      🕯️Retrouvons-nous avec pancartes/bougies/lampes frontales ce soir, pour ne pas laisser tomber dans l’oubli tous ces meurtres racistes et pour dénoncer les politiques assasines de l’Europe Forteresse.
      🔥Feu aux frontières !

      20h06. Ni oubli ni pardon. Pour cet homme, pour Blessing Mathew et tous les autres.

      20h20. Et mur par mur, et pierre par pierre, nous détruirons les centres de rétention. Feu aux frontières, feu à Frontex, feu à l’Europe forteresse.

      https://rebellyon.info/Briancon-Une-traque-meurtriere-raciste-de-25317
      #traque

    • Communiqué de Presse de Tous Migrants du 31 Octobre 2023

      Dans la nuit du 28 au 29 octobre, aux portes de Briançon, un homme a chuté d’une barre rocheuse dans la Durance où son corps sera retrouvé au matin. Une seconde personne qui l’accompagnait a été secourue, après avoir crié au secours pendant des heures.

      Comme nous le dénonçons inlassablement depuis 7 années, le passage de la frontière représente un risque mortel pour les personnes exilées en raison de la militarisation de la frontière au mépris de leur dignité et de leurs droits.
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      Malgré toutes nos alertes publiques, nos rapports documentant les atteintes aux droits, nos signalements au procureur, nos actions en justice, malgré également plusieurs victoires judiciaires dont la récente décision de la Cour de Justice de l’Union Européenne du 21 septembre confirmant l’illégalité des pratiques du gouvernement français en matière de contrôle et d’enfermement des personnes en migration aux frontières intérieures, la situation ne fait qu’empirer.

      Par exemple, la semaine dernière, une personne est tombée dans la Clarée, poursuivie par des policiers, après s’être cachée dans le col de l’Echelle, avoir vu ses compagnons de route arrêtés, dont une femme enceinte de 8 mois, et s’être perdue en haute-vallée vers les chalets de Laval. Cette personne a été repêché in extremis et emmené à l’hôpital par ces mêmes policiers.

      Après l’aide apportée aux régimes autoritaires des pays périphériques, et au rôle dévolu à l’agence européenne Frontex, militariser la frontière, utiliser la montagne en énième obstacle pour empêcher les personnes exilées d’arriver en France constituent une violence d’Etat. Ce ne sont pas des « migrants » sans âme ni existence, ce ne sont pas des individus « indésirables », ce ne sont pas des êtes « nuisibles » que notre pays rejette, mais des personnes, comme vous et nous, qui ont dû fuir leur pays. Ce sont des survivants.

      Le 28 octobre c’est Yusef qui perdait la vie. Depuis le 14 octobre il y a quelque part une famille qui attend avec anxiété des nouvelles de leur fils, frère, père, retrouvé noyé dans la Cerveyrette et toujours pas identifié. Le 7 août c’est Moussa qui est retrouvé mort à 2200 m d’altitude. Auparavant sept autres personnes ont péri dans nos montagnes : Blessing, Mamadi, Mohamed, Tamimou, Mohamed Ali, Fathallah, Ullah.

      Depuis la mise en place de cette politique illégale, illégitime, discriminatoire, démagogique, dangereuse et barbare, les souffrances et les morts s’additionnent, mais le gouvernement persiste et militarise toujours plus la frontière, pour un coût astronomique bien plus élevé que celui nécessaire à un accueil digne et respectueux du droit. La loi dite « Darmanin » en examen à partir du 6 novembre prévoit de durcir encore plus les conditions d’accueil, si ce mot a encore un sens au regard des conditions indignes infligées aux personnes exilées.

      Au nom de quoi ?

      Au nom de qui ?

      Nous ne sommes qu’en milieu d’automne, la neige est déjà présente en altitude et des températures négatives la nuit à Briançon sont annoncées.

      Nous appelons les autorités à respecter les droits fondamentaux, les forces de l’ordre à respecter la loi, et l’ensemble des citoyens à ne pas se laisser berner par les discours mensongers propagés au plus haut sommet de l’Etat.

      Nous appelons toutes les personnes révoltées comme nous, qui ne se résignent pas à considérer ces accidents comme une fatalité, à rejoindre les équipes de maraudes, à contacter les organisations solidaires de leur choix pour les renforcer, à dire haut et fort à nos côtés : Stop à la déshumanisation des personnes exilées, stop au racisme. Chaque vie compte. All lives matter.

      Un accueil digne est possible, une société plus équitable est nécessaire, et nous la construirons contre la haine, le racisme et la xénophobie.

    • Cronaca di un’altra morte annunciata. La frontiera continua ad uccidere.

      È una guerra contro ragazzi che hanno la colpa di cercare una terra in cui abitare e di aspirare a una vita dignitosa.

      Nella notte tra il 27 e 28 0ttobre 2023 un gruppo di 4 persone in cammino è stato intercettato dalla polizia, dopo che erano partiti nella notte da Claviere in direzione di Briançon. Dopo un primo tentativo di fuga, 2 sono stati fermati e gli altri 2 si sono ritrovati soli e privi di orientamento nella montagna, senza i telefoni. Dopo essersi nascosti hanno vagato per la montagna ritrovando la direzione solamente verso l’una del mattino del 29 ottobre 2023, costeggiando una falaise ormai prossima a Briançon. Youssef non ce l’ha fatta ed è precipitato per decine di metri e il suo corpo è stato ritrovato vicino al ponte Asfeld all’entrata della città. Il suo amico è rimasto tutta la notte aggrappato alla roccia, fino all’intervento del soccorso che lo ha riscattato verso le 11 del mattino.

      Il 14 ottobre un’altra persona in fuga era morta di frontiera, di cui però alla data attuale non conosciamo l’identità. Si è invisibili nella vita e poi anche nella morte. Il 7 di agosto altra vittima e in maggio 9 persone in cammino, salvate dal soccorso in quota, denunciano la presenza di un cadavere di cui descrivono nei particolari l’abito. Poi nessun riscontro se non la cortina di silenzio che accompagna queste morti

      Lo ripetiamo con rabbia e dolore: non è la montagna che uccide ma il sistema di frontiera; i morti nel Mediterraneo, a Cutro, a Pylos, nel Maghreb, in Libia e Tunisia, a Ventimiglia e sulle Alpi sono il risultato di una stessa pianificata politica dell’orrore.

      La militarizzazione della frontiera, la sospensione di Schengen, la caccia all’uomo di giorno e di notte da parte della Polizia di Frontiera, della Gendarmerie e dei militari di sentinella non fermano i flussi, ma producono morte. Le persone sono sempre più costrette a scegliere vie impervie e in quota mettendo a rischio la propria vita, oggi e ancor di più nei prossimi mesi con la neve e le temperature rigide.

      Denunciamo le responsabilità di questo disumano sistema sicuritario di frontiera, che semina morte in ogni dove.

      Denunciamo il trattamento sempre più violento della polizia in frontiera.

      Chiediamo che cessino le prassi illegali che non permettono alle persone di chiedere asilo e che cessino i respingimenti collettivi.

      Chiediamo che vengano rispettati i diritti e l’incolumità di uomini, donne e bambini.

      https://onborders.altervista.org/cronaca-di-unaltra-morte-annunciata-la-frontiera-continua-ad-u

    • Le corps découvert dans la Durance a été identifié comme étant celui d’un jeune Tchadien

      Son corps avait été découvert dans la Durance à Briançon le 29 octobre dernier. Le jeune homme, mort noyé dans la rivière après une chute depuis des falaises, a été formellement identifié comme étant #Yusef, un Tchadien âgé d’une trentaine d’années.

      https://www.ledauphine.com/societe/2023/11/28/le-corps-decouvert-dans-la-durance-a-ete-identifie-comme-etant-celui-d-u

  • #rallyes à railler et à rayer
    http://carfree.fr/index.php/2023/10/16/rallyes-a-railler-et-a-rayer

    Alors que la région Auvergne-Rhône-Alpes ne peut (veut) pas soutenir le train, elle figure en pole position des partenaires de l’organisation d’une gabegie, le Rallye automobile du Montbrisonnais 2023 qui Lire la suite...

    #Destruction_de_la_planète #Fin_de_l'automobile #Réchauffement_climatique #climat #course #critique #pollution #rhône-alpes #saint-etienne #sport_automobile #Suisse

  • Des #pratiques_policières et préfectorales illégales et alarmantes en guise de réponse à la demande de places d’hébergement d’urgence.

    Briançon, le 2 octobre 2023 - La semaine dernière, la préfecture des Hautes-Alpes a annoncé l’arrivée, dès le jeudi 21 septembre, de 84 effectifs supplémentaires dédiés au renforcement des contrôles à la frontière franco-italienne. Depuis, des #interpellations se multiplient autour de la frontière, jusque dans la ville de #Briançon, et même au-delà, où la police traque les personnes exilées pour les chasser de l’espace public. Or, si la préfecture se targue de respecter la loi, il n’en est rien et ces pratiques policières et préfectorales sont illégales et dangereuses.

    Les pratiques en matière de contrôles des personnes exilées dans la ville de Briançon ont changé depuis jeudi dernier : chaque jour, plus d’une dizaine de personnes ont été retenues au poste de police, parfois une nuit entière, suite à des contrôles d’identité dans la ville même, fait plutôt rare jusqu’ici. Les exilé.e.s sont poursuivi.e.s au-delà même de Briançon, dans le train, les bus, et jusqu’à Paris, où vendredi matin (29 septembre) une armada de policiers les attendaient à la descente du train de nuit à la gare d’Austerlitz. La présence policière est également renforcée à Marseille, Gap ou Grenoble.

    Ces contrôles ciblent les personnes racisées, et sont suivies par des retenues au commissariat pouvant aller jusqu’à 24 heures, qui se soldent par des mesures d’éloignement : des OQTF (obligation de quitter le territoire français) sans délai, parfois suivies par des placements en CRA (centre de rétention) dans des villes éloignées, comme Toulouse.

    Dans la ville frontalière de Briançon, ces vagues d’interpellations dissuadent les personnes exilées de circuler, elles ne sont donc en sécurité que dans le seul lieu d’accueil actuellement ouvert, un bâtiment occupé en autogestion. La société publique locale Eau Service de la Haute Durance, dont le président n’est autre que le maire de Briançon, M. MURGIA, a coupé l’approvisionnement en eau courante de ce bâtiment le 17 août 2023. Aggravant la précarité des personnes accueillies, cette décision a de fortes répercussions pour la santé et le respect des droits fondamentaux des personnes. (Le lieu accueillant l’association Refuges solidaires a fermé fin août, ne pouvant assurer seul l’hébergement d’urgence à Briançon.)

    Des ordres ont été donné par le préfet pour augmenter la présence policière dans la ville de Briançon. L’augmentation des contrôles d’identité viserait à prévenir la recrudescence des « incivilités » liées au contexte de pression migratoire. Les forces de l’ordre répètent que les contrôles qu’ils opèrent dans la ville de Briançon sont des contrôles dits « Schengen »[1], possibles dans une bande de 20 km après la frontière, visant à rechercher et prévenir la criminalité transfrontalière.

    Or, le fait de franchir une frontière irrégulièrement, ou de se maintenir sur le territoire français irrégulièrement ne sont pas des infractions permettant de justifier un contrôle d’identité. En aucun cas, la police ne peut déduire que la personne est étrangère à cause d’un critère inhérent à la personne contrôlée (couleur de peau, d’yeux, de cheveux, vêtements, etc..). Ces contrôles sont restreints dans le temps : pas plus de douze heures consécutives. Or, ils sont permanents dans la zone frontalière briançonnaise. Dans les faits, ce sont bien des contrôles au faciès qui sont menés, car ce sont bien les personnes racisées qui sont la cible de ces contrôles, qui ne semblent justifiés par aucun motif précis. A moins que le simple fait de dormir dans la rue soit considéré cyniquement comme une infraction par l’État, ou une « incivilité » alors même que celui-ci se place dans l’illégalité en n’ouvrant pas de places d’hébergement d’urgence dans le département ? Ces contrôles au faciès font plutôt penser à une réelle volonté du préfet de supprimer la présence des personnes exilées de l’espace public.

    Par ailleurs, la CJUE (Cour de justice de l’Union européenne) a bien rappelé dans sa décision[2] du 21 septembre que la France met en place des pratiques illégales en termes de contrôles et d’enfermement aux frontières intérieures, et qu’elle est tenue de se conformer aux textes européens, ce qu’elle ne fait pas.

    Ces pratiques répondent à la même logique que celle dénoncée par nos associations depuis maintenant plusieurs années à la frontière : une volonté politique d’empêcher à tout prix les personnes exilées de circuler, en faisant fi des textes de loi qui encadrent à la fois les contrôles d’identité et les procédures de non-admissions sur le territoire. Aussi, la réponse de l’Etat est une fois de plus de faire croire qu’il est possible « d’étanchéifier » la frontière, en déployant pour cela des moyens dispendieux.

    Or, Médecins du Monde et Tous migrants ont mené une enquête sur une semaine à la fin du mois d’août, et les résultats de nos observations confirment ce que nous documentons depuis plusieurs années : ce dispositif de contrôle de la frontière met en danger les personnes. Il n’empêche absolument pas les personnes exilées d’entrer en France, mais accroît par contre leur vulnérabilité en rendant le passage plus difficile, plus dangereux.

    Les récits des personnes qui traversent la frontière sont édifiants : contrôles par surprise, courses-poursuites par les forces de l’ordre, qui provoquent des chutes, avec des fractures, des entorses ou encore des pertes de connaissance. Marchant en moyenne 10 heures depuis l’Italie pour atteindre Briançon, les personnes font état de leur extrême fatigue, de déshydratation, et du risque de se perdre en montagne. Certain.es ont passé plus de 48 heures en montagne, parfois sans boire ni manger. Cette énième traversée de frontières avec des tentatives de passage souvent multiples s’ajoute à un parcours migratoire extrêmement éprouvant et crée de plus des reviviscences traumatiques susceptibles ensuite de se traduire par des altérations de la santé mentale. Les récits recueillis ces dernières semaines et les observations de Médecins du Monde lors des permanences médicales confirment ces pratiques.

    La plupart des personnes qui traversent la frontière sont originaires des pays d’Afrique sub-saharienne, et plus récemment du Soudan, et relèvent du droit d’asile ou de la protection subsidiaire. Les refouler en Italie de manière systématique et collective ignore le droit d’asile européen. De même, prendre à leur encontre des mesures d’éloignement (OQTF) vers leurs pays d’origine, où elles risquent la mort ou la torture, est contraire au principe de non-refoulement (article 33 de la Convention de 1951 relative au statut des réfugiés).

    [1] Encadrés par le Code de procédure pénale, article 78-2 alinéa 5
    [2] Contrôle des frontières : le gouvernement contraint de sortir de l’illégalité - Alerte presse inter-associative- 21 septembre 2023. http://www.anafe.org/spip.php?article694

    communiqué de presse Tous Migrants (co-signée avec Médecins du Monde), reçu le 3 octobre 2023 via la newsletter de Tous Migrants

    #frontière_sud-alpine #frontières #asile #migrations #contrôles_frontaliers #Hautes-Alpes #traque #espace_public #contrôles_d'identité #ville #Paris #Marseille #Gap #Grenoble #gare #contrôles_au_faciès #OQTF #CRA #détention_administrative #squat #présence_policière #incivilités #zone_frontalière #SDF #hébergement #non-admission #vulnérabilisation #courses-poursuites #France #Italie #dangers #risques #montagne #refoulements #push-backs

    • Ritorno a #Oulx, sulla frontiera alpina. Aumentano i transiti, i respingimenti sono sistematici

      Sono già diecimila i passaggi monitorati quest’anno allo snodo Nord-occidentale, in forte aumento rispetto al 2022 quando furono in tutto 12mila. La stretta sorveglianza del confine da parte francese e il mancato accesso ai diritti sul territorio italiano, se non per iniziative volontarie, colpiscono duramente i migranti. Il reportage

      Per le strade di Briançon, primo Comune francese subito dopo il confine con l’Italia alla frontiera Nord-occidentale, non c’è quasi nessuno. È una notte fonda dei primi d’ottobre quando all’improvviso sbuca un gruppo di ragazzi che si dirige con passo svelto verso la stazione: cercano un luogo dove potersi riposare. Intorno è tutto chiuso e avrebbero bisogno almeno di bere un sorso d’acqua, ma la gioia di essere riusciti ad arrivare in Francia compensa la necessità di dormire e di mangiare.

      “Ce l’abbiamo fatta”, dice sorridendo uno di loro. Sono in cinque, tutti provenienti dal Niger e tra loro c’è anche un minorenne. “Abbiamo camminato per otto ore -racconta- ci siamo fermati solo per nasconderci dalla polizia in mezzo agli alberi. Oppure ci siamo sdraiati per terra quando sentivamo un rumore dal cielo”.

      A far paura in questi giorni non sono solo i gendarmi appostati con i binocoli ma anche i droni che il governo francese sta usando per bloccare quanti più transitanti possibile. Dotati di visori termici, sono in grado di stanare i ragazzi anche di notte ed è per questo che i “cacciati” tendono a salire sempre più in cima, oltre i duemila metri. In questo modo il loro tragitto, di per sé già complicato, diventa ancora più pericoloso, soprattutto con la neve e il ghiaccio. Il gruppo arrivato a Briançon saluta e si nasconde nel buio per trovare un posto dove riposare qualche ora. C’è da aspettare l’alba, quando con un treno o con un autobus si tenterà di proseguire il viaggio verso una delle principali città francesi.

      “C’è mio fratello che mi aspetta”, racconta un sedicenne mentre riempie la bottiglietta alla fontanella del centro di Claviere (TO), l’ultimo Comune italiano prima del confine. È pomeriggio e il sole è decisamente caldo per essere ottobre, ma lui indossa una giacca a vento e una sciarpa pronta a far da cappello se in nottata la temperatura dovesse scendere. Aspetta insieme a un gruppo di giovani che si faccia buio per salire in montagna. “Non ho paura della montagna. Ho paura di essere preso dalla polizia e di essere rimandato indietro -continua-. Ma tanto ci riprovo”. Un secondo ragazzo racconta di essere già stato respinto due volte: “Ma prima o poi ce la faccio. Sono stato picchiato tante volte lungo il viaggio, torturato e minacciato. Il buio e la montagna non potranno mai essere peggio”. Del freddo sì, qualcuno ha paura.

      La maggior parte delle persone che si apprestano ad attraversare le Alpi non ha idea di quanto le temperature possano scendere in montagna. In questi giorni di caldo decisamente anomalo, poi, non credono a chi li avverte che potrebbero soffrire il freddo e battere i denti. E così al rifugio “Fraternità Massi” di Oulx i volontari devono convincerli a prendere la felpa e a indossare i calzettoni prima di infilare gli scarponi da montagna.

      Questo luogo è diventato negli anni un punto di riferimento fondamentale per i migranti che vogliono lasciare l’Italia e raggiungere la Francia. Ma negli ultimi mesi il flusso di persone che ogni giorno arrivano è cresciuto fino a raggiungere livelli insostenibili. “All’anno scorso ne arrivavano tra le cinquanta e le cento al giorno. Ma i momenti di sovraffollamento erano poco frequenti -spiega una delle volontarie-. Arrivavano soprattutto dalla rotta balcanica: erano siriani, afghani, palestinesi, bengalesi. C’era anche qualche persona nordafricana. Oggi, invece, arrivano quasi esclusivamente migranti provenienti dai Paesi dell’Africa sub-sahariana sbarcati nelle scorse settimane a Lampedusa o in altre località del Sud”.

      In questi giorni al rifugio i volontari sono sotto pressione: arrivano fino a 250 persone a notte ma i posti a disposizione sono solo 80. “È chiaro che dover aiutare così tante persone ha messo a dura prova l’organizzazione -spiega don Luigi Chiampo, parroco di Bussoleno (TO) che gestisce la struttura-. Significa farli dormire per terra, faticare per offrire a tutti un piatto di pasta o per vestirli in maniera adeguata ad affrontare la montagna”. Il rifugio è un luogo sicuro, dove le persone in transito sanno di poter trovare le cure di cui hanno bisogno dal momento che è sempre presente il presidio di due associazioni che offrono assistenza medico-sanitaria: Rainbow for Africa e Medici per i diritti umani (Medu). Ma soprattutto sanno che possono cambiare le scarpe, spesso lacere e inadeguate. “La maggior parte di chi arriva qui lo fa con le infradito ai piedi -racconta Sofia, una delle volontarie- indossando magliette e pantaloncini. Non possono andare in montagna così”.

      Al mattino gli ospiti del rifugio si mettono in fila al guardaroba, una stanza al pian terreno dell’edificio dove si può trovare tutto il necessario per questa nuova tappa del viaggio: scarpe, pantaloni, maglie, giacconi, guanti, calzettoni, cappellini e zaini per uomini, donne e bambini. Tutto viene catalogato per taglia e tipologia.

      “Shoes, chaussures, scarpe. Non vanno bene quelle”, spiegano i volontari. Le persone si lasciano consigliare ma alcune, soprattutto i più giovani, sgranano gli occhi di fronte a felpe colorate e giacche morbide.

      E così, imbacuccati e attrezzati, aspettano l’autobus per Claviere. “Ho 18 anni -dice uno di loro- ma sono partito quando ne avevo 16. Sono due anni che cerco di salvarmi la vita e ora sono nelle mani di Dio”. La maggior parte dei migranti che in questi giorni stanno tentando di attraversare le Alpi è sbarcata nelle scorse settimane a Lampedusa e in poco tempo ha raggiunto il confine: “Non vogliamo rimanere in Italia, abbiamo tutti famiglia o amici che ci aspettano in Francia o in Belgio -spiega Hassan a nome dei suoi compagni di viaggio-. Abbiamo una casa e forse anche un lavoro ad aspettarci”.

      Tra i migranti al rifugio di Oulx ci sono anche molte donne con bambini piccoli. Per loro la traversata in montagna è ancora più difficile, ma non c’è alternativa. Ismael sta imparando a camminare proprio in questi giorni, aggrappandosi alle gambe delle sedie e appoggiandosi alle mani di tanti sconosciuti che gli sorridono. “Non ha paura di niente”, ammette la madre. Insieme a un piccolo gruppo, anche lei tenterà di raggiungere Briançon.

      Intanto è ora di lasciare il rifugio per andare alla stazione e salire sull’autobus. Biglietto alla mano le persone prendono posto e salutano i volontari, sperando davvero di non rivederli più. Se dovessero ripresentarsi a sera tarda o la mattina seguente vorrà dire che la polizia francese li avrà presi e respinti.

      A riportare i migranti al rifugio è un mezzo della Croce Rossa che fa la spola, anche più volte al giorno, tra Monginevro e Oulx. Seguiamo l’autobus per ritornare a Claviere: mentre un gruppo s’inerpica su per la montagna, un furgoncino torna giù con a bordo cinque persone bloccate la sera precedente. È un meccanismo perverso a regolare questo passaggio a Nord-Ovest, l’ennesimo che i migranti subiscono durante il loro viaggio. Mentre sulle montagne va in scena la caccia all’uomo e i bambini sono rimpallati come biglie, i governi europei giocano al braccio di ferro, senza pensare a canali legali che possano garantire sicurezza e rispetto dei diritti umani.

      https://www.youtube.com/watch?v=z_MO67A_-nQ&embeds_referring_euri=https%3A%2F%2Faltreconomia.it%2F&

      https://altreconomia.it/ritorno-sulla-frontiera-alpina-a-oulx-aumentano-i-transiti-i-respingime

    • La denuncia di MEDU: «Respinti anche se minorenni»

      È quel che sta accadendo al confine italo-francese

      Siamo al confine alpino tra Italia e Francia. Più precisamente a Oulx in Alta Val di Susa, al #Rifugio_Fraternità_Massi. Un edificio di solidarietà, assistenza e cura gestito in maniera coordinata da un pool di professionisti e volontari, in cui ognuno opera con compiti specifici assegnati in base all’esperienza, alle competenze alle finalità dell’organizzazione di appartenenza. Un “luogo sicuro” dove poter riposare per una notte, trovare abiti puliti, un pasto dignitoso e ricevere assistenza medica prima di riprendere il proprio viaggio verso la Francia.

      Qui MEDU (Medici per i diritti umani) da inizio del 2022 fornisce assistenza medica alle migliaia di persone migranti diretti in Francia presso l’ambulatorio allestito dall’associazione Rainbow for Africa (R4A) al Rifugio. L’associazione garantisce la presenza di un medico, di una coordinatrice e di un mediatore linguistico – culturale. In particolare, il medico si occupa sia di fornire assistenza sanitaria ai pazienti che di coordinare le attività sanitarie svolte dalle organizzazioni e dai medici volontari presenti presso il rifugio.

      Nell’ultimo web report pubblicato nel mese di maggio del 2023 le autrici descrivono Oulx come una delle ultime tappe di un lungo viaggio, che può durare dai 2 ai 6 anni e che può costare dai 2 agli 8 mila euro. «Un viaggio che collega l’Afghanistan, la Siria, l’Iran e molti paesi africani con i paesi del nord Europa e dell’Europa centrale, attraverso valichi alpini che superano i 1.800 metri di quota».

      Sono numerosi i minori non accompagnati che ogni giorno raggiungono il Rifugio Fraternità Massi.

      «Negli ultimi mesi, in concomitanza con l’aumento degli arrivi via mare», spiega l’organizzazione umanitaria, «il numero delle presenze è aumentato in modo significativo: a fronte di una capienza di 70 posti, si registrano anche 230 presenze in una sola notte presso il rifugio, tra cui donne e minori».

      Sono tantissime le testimonianze, raccolte da MEDU, di minori non accompagnati che sono stati respinti al controllo di frontiera perché al momento dell’ingresso in Italia sono stati registrati – per loro stessa dichiarazione o per errore – come maggiorenni. Nonostante il loro tentativo di dichiarare la vera età al confine, vengono comunque respinti in Italia, invece di accedere alla procedura di asilo in Francia.

      «Non riconoscere la minore età al confine vuol dire esporre i minori ai rischi derivanti dall’attraversamento della frontiera a piedi, di notte, lungo sentieri di montagna impervi e pericolosi, soprattutto nei mesi invernali. A questi, si aggiunge il rischio di consegnarli alle reti dell’illegalità e dello sfruttamento» denuncia MEDU.

      «Stiamo continuando a garantire ascolto e cure alle persone accolte presso il rifugio e a portare all’attenzione dell’opinione pubblica le loro storie» – conclude l’organizzazione – «che raccontano nella maggior parte dei casi di violazioni e abusi subìti lungo le rotte migratorie».

      https://www.meltingpot.org/2023/10/la-denuncia-di-medu-respinti-anche-se-minorenni
      #mineurs #MNA #val_de_suse

  • Élancourt : « C’est la voiture de police qui l’a percuté »
    https://contre-attaque.net/2023/09/08/elancourt-cest-la-voiture-de-police-qui-la-percute

    Très gravement blessé, [#Sefa S.] a été hospitalisé et se trouve en état de mort cérébrale. Deux policiers conducteurs ont été placés en garde à vue, avant d’être relâchés. En attendant, la violente compagnie #CRS8 a été déployée dans la ville, une violence supplémentaire.

    L’avocat de la famille, Yassine Bouzrou, expliquait : « Nous avons la certitude que la voiture de police a percuté la moto ». https://seenthis.net/messages/1015892#message1016013 Un témoin direct confirmait à la presse : « J’ai vu que c’était la voiture de police qui l’a percuté ». Plusieurs caméras de surveillance sont sur les lieux. Les proches demandent à les consulter. Sont-elles « tombées en panne », comme cela arrive souvent en cas de violences policières ?

    Pour rappel, les policiers ne peuvent engager une #course-poursuite que pour les délits les plus graves. Et pas pour des #refus_d’obtempérer, qui sont exclus des consignes officielles. Les agents disent avoir poursuivi le jeune homme parce qu’il n’avait pas son casque. Justification encore plus absurde : on ne fonce pas sur une personne qui est particulièrement exposée car non protégée.

    Jeudi 13 avril à Paris, trois adolescents sur un scooter étaient percutés par une voiture de #police. Une jeune fille de 17 ans avait été placée dans le coma et un jeune de 14 ans était hospitalisé dans un état grave. Les policiers avaient ouvert leur portière pour déstabiliser le scooter. Grâce aux images, trois policiers avaient été mis à pied.

    Cette technique nommée « #parechoquage », percuter une personne pour l’arrêter, est réclamée par les #syndicats_policiers. Eric Z. avait aussi déclaré : « Je suis favorable à ce que les Anglais font depuis quelques mois, c’est-à-dire ce qu’ils appellent le contact tactique ».

    mensonge(s) des policiers quant aux faits, mensonge du Parquet qui annonce la mort de Seba S., repris par les #média [D’après une source citée par le Parisien, « il aurait pu heurter la voiture d’un particulier ou autre. C’est une coïncidence totale. »]

    edit

    Deux policiers ont été placés en garde à vue. Il s’agit des conducteurs des deux véhicules impliqués dans l’accident, précise le parquet au Parisien. En fin d’après-midi ce jeudi 7 septembre, le parquet a annoncé la levée de ces gardes à vue (...) Yassine Bouzrou récuse la version policière. « Le véhicule de police a percuté le jeune S. sur sa moto et le véhicule de police intervenait suite à un refus d’obtempérer donc ce véhicule n’était pas là par hasard », souligne-t-il. Le conseil évoque ainsi des « traces du choc » visibles sur le véhicule et la moto. « D’après plusieurs témoins, il y aurait des caméras de surveillance donc nous demandons à ce qu’une enquête sérieuse soit réalisée en dehors du tribunal de #Versailles », poursuit-il.

    L’avocat met notamment en doute l’impartialité d’une #enquête_de_police qui serait menée dans les Yvelines sur des agents du même département. Ainsi que la compétence du parquet qui a, en première instance, annoncé à tort la mort du jeune homme. « Il est totalement irrespectueux à l’égard de la famille d’annoncer un décès alors que l’hôpital ne l’a pas annoncé à la famille. Donc encore une fois le parquet de Versailles a manqué une bonne occasion de faire preuve de respect vis à vis de la famille », condamne-t-il. Yassine Bouzrou révèle par ailleurs avoir déposé pour plainte pour « tentative d’homicide volontaire ». _Ration, le 6/9 avec 4 maj le 7/9 de 7h à 17h24]

    #justice #tentative_d’homicide_volontaire

  • Limoges : deux jeunes sur un scooter meurent en tentant d’échapper à la police
    https://www.lefigaro.fr/faits-divers/limoges-deux-jeunes-sur-un-scooter-meurent-en-tentant-d-echapper-a-la-polic

    Deux jeunes hommes sont morts dans la nuit de samedi à dimanche à Limoges, dans la Haute-Vienne, en tentant d’échapper à un contrôle de #police, a appris Le Figaro de #source_policière, confirmant une information d’Actu17. Vers 23h00, le conducteur du scooter, un jeune de 16 ans, et son passager de 23 ans, aperçoivent au loin un équipage de la brigade anticriminalité (#BAC) et démarrent à vive allure afin d’échapper à un contrôle.

    La police les file mais [affirme qu’elle] met rapidement un terme à la course-poursuite en raison de la conduite trop dangereuse du scooter. Le deux-roues continue néanmoins son échappée, grille un feu rouge et percute une voiture.

    Vidéo pour commissariats : #Courses-poursuites : la méthode choc de la police britannique : percuter une roue du scooter de façon à faire chuter son conducteur
    https://www.youtube.com/watch?v=dP8ua_hiC0U

    edit

    Selon le site de faits divers Actu17, des « violences urbaines » ont eu lieu à Limoges après cet accident, « mais le calme est rapidement revenu ». De son côté, l’AFP a fait état d’échauffourées, avec des véhicules incendiés, qui ont été rapidement maîtrisées.

    https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/08/06/limoges-deux-jeunes-sont-morts-dans-un-accident-de-scooter-apres-un-refus-d-

  • Les nouveaux #OGM ont un autre nom et ne s’afficheront plus sur les emballages | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/ecologie/060723/les-nouveaux-ogm-ont-un-autre-nom-et-ne-s-afficheront-plus-sur-les-emballa

    La Commission européenne a dévoilé mercredi 5 juillet une proposition de révision de la directive en vigueur sur les OGM. Cette dernière date de 2001 et elle est stricte. L’idée est d’assouplir les règles pour permettre à l’Union européenne de se lancer dans la #course_technologique aux « nouveaux OGM ».

    Ces derniers répondent à un acronyme nouveau : #NGT pour « nouvelles techniques génomiques ». Et pour la #Commission_européenne, ils doivent largement échapper aux #règles d’autorisation, d’#étiquetage, de #traçabilité et de #surveillance imposées aux OGM de base. 

    Ces organismes génétiquement modifiés par les techniques les plus récentes sont « sûrs », est-il écrit dans le projet de texte consulté par Mediapart. Pas besoin de les lester de « fardeaux réglementaires inutiles ». Surtout, l’Union européenne ne veut pas être « exclue des développements technologiques et avantages économiques, sociaux et environnementaux potentiellement générés par ces nouvelles technologies ».

    Historiquement, les OGM sont fabriqués par transgenèse. Le principe est d’ajouter un ou plusieurs gènes d’une autre espèce dans le génome d’une plante afin d’en modifier les caractéristiques. C’est le cas, par exemple, du maïs MON810, la vedette de la multinationale Monsanto – rachetée depuis par Bayer. Ce maïs transgénique, cultivé en Europe, est né de l’ajout d’un gène issu d’une bactérie permettant à la plante de produire un insecticide.

    Ces OGM-là ont défrayé la chronique dans les années 1990-2000, celles des faucheurs d’OGM, avant de se propager à travers le monde jusqu’à atteindre 10 % de la surface agricole globale. Le génie génétique continue son expansion sous cet autre nom de NGT en racontant toujours la même histoire : modifier les gènes des plantes pour mieux les adapter aux besoins humains.

    • Avec les #NGT, on ne parle plus de transgenèse mais de #cisgenèse, d’agro-infiltration et surtout de #mutagenèse dirigée – la technique la plus répandue. Le principe cette fois est de « couper » certains gènes de la plante afin de modifier une séquence ADN précise. Une modification au potentiel dystopique permise par la technique CRISPR-Cas9, dite des « #ciseaux-moléculaires », découverte par les Prix Nobel de chimie 2020, la Française Emmanuelle Charpentier et l’Américaine Jennifer Doudna.

      L’arrivée de ces méthodes ultra-pointues de manipulation de la génétique des plantes introduit des nuances relativement opaques. « Contrairement à la transgenèse, ces techniques n’impliquent pas nécessairement l’ajout de gènes entiers issus d’autres espèces dans l’organisme final, explique le ministère français de la transition écologique. En revanche, les différentes étapes de génie génétique menées pour obtenir ces organismes peuvent impliquer de recourir à de la transgenèse, même si aucun gène extérieur n’est censé être présent dans l’organisme final (hors effets indésirables). »
      Au-delà de ces explications alambiquées, une réponse claire a été apportée en 2018 par la Cour de justice de l’Union européenne : oui, les NGT sont bien des OGM. Dont acte pour la Commission européenne qui a alors lancé un projet de dérégulation.

      Des OGM contre la crise climatique qui n’existent pas

      La dérégulation concerne avant tout les « NGT 1 » – des organismes qui ont subi « moins de 20 modifications génétiques » et dont les caractéristiques, selon la Commission européenne, auraient pu apparaître naturellement en raison de la sélection naturelle ou agricole. Pour les NGT 1, il suffira d’effectuer un enregistrement sur une base d’information publique pour les cultiver en Europe. Sur l’étiquette du consommateur, aucune mention ne permettra de savoir qu’un OGM finit dans son assiette.
      La même souplesse sera accordée au NGT « durable », par exemple les variétés de plantes OGM résistantes à la sécheresse, aux conditions extrêmes et à même d’affronter le dérèglement climatique et environnemental. « Des variétés qui n’existent pas aujourd’hui », rappelle l’eurodéputé écologiste français, Benoît Biteau.
      Sur son site, la Commission européenne cite deux exemples de NGT commercialisées à travers le monde, et les perspectives ne font pas trembler d’espoir : « Par exemple des feuilles de moutarde moins amères sont disponibles sur le marché des États-Unis et le seront bientôt sur celui du Canada. Des bananes qui ne noircissent pas et pourraient réduire considérablement le gaspillage alimentaire et les émissions de CO2 ont été approuvées aux Philippines. »

      Dans tous les cas de figure, précise Bruxelles, les NGT seront interdites en agriculture biologique, laquelle aura bien du mal à lutter contre leur dissémination dans ses champs.
      Les NGT sont-elles dangereuses ? Difficile de le dire en l’absence de recul nécessaire. C’est notamment la conclusion du Conseil économique social et environnemental français (CESE) dans un avis publié en mai : « La connaissance des impacts sanitaires et environnementaux de ces technologies mérite d’être approfondie. » En attendant, il recommande « une évaluation systématique des produits NGT, à la fois a priori sur les risques sanitaires et environnementaux et a posteriori par des réseaux de biovigilance et de sociovigilance ». Ce qui n’est pas le cas dans la proposition de la Commission européenne. « Tant que l’innocuité de ces produits n’est pas démontrée avant leur mise sur le marché et leur consommation, nous estimons qu’il est irresponsable de faire une entorse au principe de précaution », dénonce l’ONG Greenpeace.
      Selon les résultats d’une autre étude commandée à des scientifiques par le groupe européen Les Verts/ALE sur l’impact de la déréglementation des OGM dans d’autres pays : « L’introduction de ces technologies a toujours exacerbé et verrouillé l’agriculture dans la voie industrielle et non durable. » Elle coïncide dans ces États pro-OGM avec une concentration des exploitations agricoles, un déclin de la biodiversité, des impacts négatifs pour les entreprises et les consommateurs des secteurs bio et non OGM, et « une plus grande dépendance de l’agriculture vis-à-vis d’intrants externes contrôlés par un petit nombre de sociétés multinationales ».

      La proposition de la Commission a entamé, ce mercredi, son parcours législatif au sein des complexes institutions européennes, avant son adoption par les eurodeputé·es à une date qui n’est pas encore connue. Politiquement, elle part sur de bons rails. Alors que la droite, l’extrême droite et une partie des libéraux organisent une bronca véhémente contre le « Pacte vert » et bloquent toutes avancées écologiques, la dérégulation des OGM a des allures de concession.
      Un « en même temps » prôné par Pascal Canfin, le macroniste à la tête de la commission environnement du Parlement européen. « Je défends à la fois les solutions basées sur la nature et sur la technologie », expose-t-il.

      Concernant la nature, l’eurodéputé défend notamment un texte sur la « restauration de la nature », avec l’introduction de haies et autres aménagements en faveur de la biodiversité dans 10 % des terres agricoles européennes. Pour l’instant, toutes les commissions parlementaires qui ont examiné ce texte ont dit non, même la sienne réputée comme la plus progressiste sur les questions environnementales. « Clairement, on est dans une négociation de marchand de tapis, dénonce Benoît Biteau. Et, à la fin, on va perdre sur tous les fronts. »

  • Le nombre de personnes tuées par un tir des #forces_de_l’ordre a doublé depuis 2020

    Année après année, la liste des tués par les forces de l’ordre ne cesse d’augmenter. Trop souvent, la thèse de la légitime défense ou du refus d’obtempérer ne supporte pas l’analyse des faits. Basta ! en tient le terrible mais nécessaire décompte.

    « Je vais te tirer une balle dans la tête », lance le « gardien de la paix », braquant son arme sur la vitre de la voiture à l’arrêt, avant que son collègue ne crie « Shoote- le ». Au volant, Nahel, un mineur de 17 ans qui conduit sans permis, démarre malgré tout. Le gardien de la paix met sa menace à exécution, tuant à bout portant l’adolescent. La scène se déroule ce 27 juin à Nanterre. Les agents ont plaidé la légitime défense arguant que le véhicule fonçait sur eux, ce que dément la vidéo de la scène. L’auteur du coup de feu mortel est placé en garde à vue. La famille de la victime s’apprête à déposer deux plaintes, l’une pour « homicide volontaire et complicité d’homicide », l’autre pour « faux en écriture publique ».

    Le drame déclenche la révolte des habitants du quartier d’où est originaire la victime. Deux semaines plus tôt c’est Alhoussein Camara qui est tué d’une balle dans le thorax par un policier, dans des conditions similaires près d’Angoulême. En 2022, on dénombrait treize morts lors de « refus d’obtempérer » par l’ouverture du feu des forces de l’ordre. Au delà des nouveaux drames de Nanterre et d’Angoulême, combien de personnes ont-elles été tuées par les forces de l’ordre, et dans quelles circonstances ?

    Les décès dus à une ouverture du feu des forces de l’ordre ont considérablement augmenté, avec respectivement 18 et 26 personnes abattues en 2021 et 2022, soit plus du double que lors de la décennie précédente. Cette augmentation amplifie la tendance constatée depuis 2015, lorsque le nombre de tués par balle a franchi le seuil de la dizaine par an. À l’époque, le contexte lié aux attaques terroristes islamistes a évidemment pesé, avec cinq terroristes abattus en 2015 et 2016 par les forces de sécurité.

    Le risque terroriste n’explique cependant pas l’augmentation des décès par balle en 2021 et 2022. Un seul terroriste potentiel a été tué en 2021 – Jamel Gorchene, après avoir mortellement poignardé une fonctionnaire administrative de police devant le commissariat de Rambouillet (Yvelines), le 23 avril 2021, et dont l’adhésion à l’idéologie islamiste radicale serait « peu contestable » selon le procureur chargé de l’enquête. Aucun terroriste ne figure parmi les 26 tués de 2022. Dans quelles circonstances ces tirs ont-ils été déclenchés ?
    Tirs mortels face à des personnes munis d’armes à feu

    Sur les 44 personnes tuées par balles en deux ans, un peu plus de la moitié (26 personnes) étaient armées, dont dix d’une arme à feu. Parmi elles, sept l’ont utilisée, provoquant un tir de riposte ou de défense des forces de l’ordre. Plusieurs de ces échanges de tirs se sont déroulés avec des personnes « retranchées » à leur domicile. L’affaire la plus médiatisée implique Mathieu Darbon. Le 20 juillet 2022, dans l’Ain, ce jeune homme de 22 ans assassine à l’arme blanche son père, sa belle-mère, sa sœur, sa demi-sœur et son demi-frère. Le GIGN intervient, tente de négocier puis se résout à l’abattre. En janvier 2021, dans une petite station au-dessus de Chambéry, un homme souffrant de troubles psychiatriques s’enferme chez lui, armé d’un fusil, en compagnie de sa mère, après avoir menacé une voisine. Arrivé sur place, le GIGN essuie des tirs, et riposte. Scénario relativement similaire quelques mois plus tard dans les Hautes-Alpes, au-dessus de Gap. Après une nuit de négociation, le « forcené », Nicolas Chastan est tué par le GIGN après avoir « épaulé un fusil 22 LR [une carabine de chasse, ndlr] et pointé son arme en direction des gendarmes », selon le procureur. L’affaire est classée sans suite pour légitime défense.

    Au premier trimestre 2021, le GIGN a été sollicité deux à trois fois plus souvent que les années précédentes sur ce type d’intervention, sans forcément que cela se termine par un assaut ou des tirs, relevait TF1. Le GIGN n’intervient pas qu’en cas de « forcené » armé. Le 16 avril 2021, l’unité spéciale accompagne des gendarmes venus interpeller des suspects sur un terrain habité par des voyageurs. Un cinquantenaire qui, selon les gendarmes, aurait pointé son fusil dans leur direction est tué.
    Arme à feu contre suspects munis d’arme blanche

    Parmi les 44 personnes tuées par arme à feu en 2021 et 2022, 16 étaient munis d’une arme blanche (couteau, cutter, barre de fer). Une dizaine d’entre elles auraient menacé ou attaqué les agents avant d’être tuées. Au mois de mars 2021, un policier parisien tire sur un homme qui l’attaque au couteau, pendant qu’il surveillait les vélos de ses collègues.

    La mort d’un pompier de Colombes (Hauts-de-Seine) rend également perplexes ses voisins. En état d’ébriété, il jette une bouteille vers des agents en train de réaliser un contrôle, puis se serait approché d’eux, muni d’un couteau « en criant Allah Akbar ». Il est tué de cinq balles par les agents. L’affaire est classée sans suite, la riposte étant jugée « nécessaire et proportionnée ». L’été dernier à Dreux, une policière ouvre mortellement le feu sur un homme armé d’un sabre et jugé menaçant. L’homme était par ailleurs soupçonné de violence conjugale.

    Dans ces situations, la légitime défense est la plupart du temps invoquée par les autorités. Cela pose cependant question lorsque la « dangerosité » de la personne décédée apparaît équivoque, comme l’illustre le cas de David Sabot, tué par des gendarmes le 2 avril 2022. Ses parents, inquiets de l’agressivité de leur fils, alcoolisé, alertent la gendarmerie de Vizille (Isère). Les gendarmes interviennent et tirent neuf balles sur David. Selon les gendarmes, il se serait jeté sur eux. Selon ses parents, il marchait les bras ballants au moment des tirs. « On n’a pas appelé les gendarmes pour tuer notre enfant », s’indignent-ils dans Le Dauphiné.

    Juridiquement, le fait que la personne soit armée ne légitime pas forcément l’ouverture du feu par les forces de l’ordre. Selon l’Article 122-5 du Code pénal, une personne se défendant d’un danger n’est pas pénalement responsable si sa riposte réunit trois conditions : immédiateté, nécessité, proportionnalité. « La question va se poser, s’il n’y avait pas moyen de le neutraliser autrement », indique à Var Matin « une source proche du dossier », à propos du décès d’un sans-abri, Garry Régis-Luce, tué par des policiers au sein de l’aéroport de Roissy-Charles de Gaulle, en août dernier. Sur une vidéo de la scène publiée par Mediapart, le sans-abri armé d’un couteau fait face à cinq policiers qui reculent avant de lui tirer mortellement dans l’abdomen. Sa mère a porté plainte pour homicide volontaire.

    De plus en plus de profils en détresse psychologique

    Plusieurs affaires interrogent sur la manière de réagir face à des personnes en détresse psychologique, certes potentiellement dangereuses pour elle-même ou pour autrui, et sur la formation des policiers, souvent amenés à intervenir en premier sur ce type de situation [1].

    Le 21 avril 2022, à Blois, des policiers sont alertés pour un risque suicidaire d’un étudiant en école de commerce, Zakaria Mennouni, qui déambule dans la rue, pieds nus et couteau en main. Selon le procureur de Blois, l’homme se serait avancé avec son couteau vers les policiers avant que l’un d’eux tire au taser puis au LBD. Son collègue ouvre également le feu à quatre reprises. Touché de trois balles à l’estomac, Zakaria succombe à l’hôpital. La « légitime défense » est donc invoquée. « Comment sept policiers n’ont-ils pas réussi à maîtriser un jeune sans avoir recours à leur arme à feu », s’interroge la personne qui a alerté la police. Une plainte contre X est déposée par les proches de l’étudiant, de nationalité marocaine. Sur Twitter, leur avocat dénonce une « enquête enterrée ».

    Près de Saint-Étienne, en août 2021, des policiers interviennent dans un appartement où Lassise, sorti la veille d’un hôpital psychiatrique, mais visiblement en décompression, a été confiné par ses proches, avant que sa compagne n’appelle police secours. Ce bénévole dans une association humanitaire, d’origine togolaise, aurait tenté d’agresser les policiers avec un couteau de boucher, avant que l’un d’eux n’ouvre le feu.

    Pourquoi, dans ce genre de situation, les policiers interviennent-ils seuls, sans professionnels en psychiatrie ? Plusieurs études canadiennes démontrent le lien entre le désinvestissement dans les services de soins et la fréquence des interventions des forces de l’ordre auprès de profils atteintes de troubles psychiatriques. Une logique sécuritaire qui inquiète plusieurs soignants du secteur, notamment à la suite de l’homicide en mars dernier d’un patient par la police dans un hôpital belge.
    Le nombre de personnes non armées tuées par balles a triplé

    Le nombre de personnes sans arme tombées sous les balles des forces de l’ordre a lui aussi bondi en deux ans (5 en 2021, 13 en 2022). C’est plus du triple que la moyenne de la décennie précédente. Cette hausse est principalement liée à des tirs sur des véhicules en fuite beaucoup plus fréquents, comme l’illustre le nouveau drame, ce 27 juin à Nanterre où, un adolescent de 17 ans est tué par un policier lors d’un contrôle routier par un tir à bout portant d’un agent.

    Outre le drame de Nanterre ce 27 juin, l’une des précédentes affaires les plus médiatisées se déroule le 4 juin 2022 à Paris, dans le 18e arrondissement. Les fonctionnaires tirent neuf balles avec leur arme de service sur un véhicule qui aurait refusé de s’arrêter. La passagère, 18 ans, est atteinte d’une balle dans la tête, et tuée. Le conducteur, touché au thorax, est grièvement blessé. Dans divers témoignages, les deux autres personnes à bord du véhicule réfutent que la voiture ait foncé sur les forces de l’ordre. Le soir du second tour de l’élection présidentielle, le 24 avril, deux frères, Boubacar et Fadjigui sont tués en plein centre de Paris sur le Pont-Neuf. Selon la police, ces tirs auraient suivi le refus d’un contrôle. La voiture aurait alors « foncé » vers un membre des forces de l’ordre qui se serait écarté avant que son collègue, 24 ans et encore stagiaire, ne tire dix cartouches de HK G36, un fusil d’assaut.

    Comme nous le révélions il y a un an, les policiers ont tué quatre fois plus de personnes pour refus d’obtempérer en cinq ans que lors des vingt années précédentes. En cause : la loi de 2017 venue assouplir les règles d’ouverture de feu des policiers avec la création de l’article 435-1 du Code de la sécurité intérieure . « Avec cet article, les policiers se sont sentis davantage autorisés à faire usage de leur arme », estime un commandant de police interrogé par Mediapart en septembre dernier. À cela « vous rajoutez un niveau de recrutement qui est très bas et un manque de formation, et vous avez le résultat dramatique que l’on constate depuis quelques années : des policiers qui ne savent pas se retenir et qui ne sont pas suffisamment encadrés ou contrôlés. Certains policiers veulent en découdre sans aucun discernement. »

    « Jamais une poursuite ni une verbalisation ne justifieront de briser une vie »

    Au point que les gendarmes s’inquiètent très officiellement de la réponse adéquate à apporter face aux refus d’obtempérer, quitte à bannir le recours immédiat à l’ouverture du feu (voir ici). « L’interception immédiate, pouvant s’avérer accidentogène, n’est plus la règle, d’autant plus si les conditions de l’intervention et le cadre légal permettent une action différée, préparée et renforcée. Donc, on jalonne en sécurité, on lâche prise si ça devient dangereux, et surtout on renseigne. Tout refus d’obtempérer doit être enregistré avec un minimum de renseignements pour ensuite pouvoir s’attacher à retrouver l’auteur par une double enquête administrative et judiciaire », expliquait la commandante de gendarmerie Céline Morin. « Pour reprendre une phrase du directeur général de la gendarmerie : “Jamais une poursuite ni une verbalisation ne justifieront de briser une vie.” Il importe donc à chacun de nous de se préparer intellectuellement en amont à une tactique et à des actions alternatives face aux refus dangereux d’obtempérer. » On est loin du discours de surenchère tenu par certains syndicats de policiers.

    « Pas d’échappatoire » vs « personne n’était en danger »

    Pour justifier leur geste, les agents invoquent la dangerosité pour eux-mêmes ou pour autrui, considérant souvent le véhicule comme « arme par destination ». Hormis la neutralisation du conducteur du véhicule, ils n’auraient pour certains « pas d’échappatoire » comme l’affirmait le membre de la BAC qui a tué un jeune homme de 23 ans à Neuville-en-Ferrain (Nord), le 30 août 2022, qui aurait démarré son véhicule au moment où les agents ouvraient la portière.

    Des policiers qui se seraient « vus mourir » tirent sur Amine B, le 14 octobre, à Paris. Coincé dans une contre-allée, le conducteur aurait redémarré son véhicule en direction des fonctionnaires qui ont ouvert le feu. Plusieurs témoins affirment que ce ressortissant algérien, diplômé d’ingénierie civile, roulait « doucement » sans se diriger vers eux ni mettre personne en danger. Et Amine est mort d’une balle dans le dos. La famille a lancé un appel à témoins pour connaître les circonstances exactes du drame. Rares sont ces affaires où le récit policier n’est pas contredit par les éléments de l’enquête ou des témoins.

    Au nom de la légitime défense, des gendarmes de Haute-Savoie ont tiré neuf fois le 5 juillet 2021 sur un fuyard suspecté de vol. Le conducteur de la camionnette, Aziz, n’a pas survécu à la balle logée dans son torse. « Personne n’était en danger », affirme pour sa part un proche, présent sur lieux. D’après son témoignage recueilli par Le Média, les militaires « étaient à 4 ou 5 mètres » du fourgon. Une reconstitution des faits a été effectuée sans la présence de ce témoin, au grand dam de la famille qui a porté plainte pour « homicide volontaire ».

    Pour Zied B. le 7 septembre à Nice abattu par un policier adjoint, comme pour Jean-Paul Benjamin, tué par la BAC le 26 mars à Aulnay-sous-Bois alors que, en conflit avec son employeur (Amazon), il était parti avec l’un des véhicules de l’entreprise, ce sont les vidéos filmant la scène qui mettent à mal la version policière des faits [2]. Et dans le cas de Souheil El Khalfaoui, 19 ans, tué d’une balle dans le cœur à Marseille lors d’un contrôle routier (voir notre encadré plus haut), les images de vidéosurveillance filmant la scène, et en mesure de corroborer ou de contredire la version des policiers, n’ont toujours pas pu être visionnées par la famille qui a porté plainte. Près de deux ans après le drame...

    Si 2021 et 2022 ont été particulièrement marquées par les morts par balles lors d’interventions policières, qu’en sera-t-il en 2023 ? À notre connaissance, #Nahel est au moins la huitième personne abattue par des agents assermentés depuis janvier dernier.

    https://basta.media/Refus-d-obtemperer-le-nombre-de-personnes-tuees-par-un-tir-des-forces-de-l-

    #statistiques #chiffres #décès #violences_policières #légitime_défense #refus_d'obtempérer #Nanterre #armes_à_feu #tires_mortels #GIGN

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    signalé aussi par @fredlm
    https://seenthis.net/messages/1007961

    • #Sebastian_Roché : « Le problème des tirs mortels lors de refus d’obtempérer est systémique en France »

      Le débat émerge suite au décès du jeune Nahel en banlieue parisienne. Entretien avec Sebastian Roché, politologue spécialiste des questions de police

      Pour certains, la mort du jeune Nahel, tué mardi par un policier lors d’un #contrôle_routier en banlieue parisienne, est l’occasion de dire qu’il y a trop de refus d’obtempérer en France. Pour d’autres, c’est surtout le moment de condamner la manière qu’a la #police d’y fait face. A gauche on estime qu’« un refus d’obtempérer ne peut pas être une condamnation à mort ». A droite, on pense que ces drames sont dus au fait que « les refus d’obtempérer augmentent et mettent en danger nos forces de l’ordre ».

      En 2022, le nombre record de 13 décès a été enregistré après des refus d’obtempérer lors de contrôles routiers en France. En cause, une modification de la loi en 2017 assouplissant les conditions dans lesquelles les forces de l’ordre peuvent utiliser leur arme. Elles sont désormais autorisées à tirer quand les occupants d’un véhicule « sont susceptibles de perpétrer, dans leur fuite, des atteintes à leur vie ou à leur intégrité physique ou à celles d’autrui ». Des termes jugés trop flous par de nombreux juristes.

      Sebastian Roché, politologue spécialiste des questions de police qui enseigne à Sciences-Po Grenoble, est un spécialiste de la question. Nous avons demandé à ce directeur de Recherche au CNRS, auteur de La nation inachevée, la jeunesse face à l’école et la police (Grasset), ce qu’il pensait de ce débat.

      Le Temps : Vous avez fait des recherches sur le nombre de personnes tuées en France par des tirs de policiers visant des véhicules en mouvement. Quelles sont vos conclusions ?

      Sebastian Roché : Nous avons adopté une méthode de type expérimentale, comme celles utilisées en médecine pour déterminer si un traitement est efficace. Nous avons observé 5 années avant et après la loi de 2017, et nous avons observé comment avaient évolué les pratiques policières. Les résultats montrent qu’il y a eu une multiplication par 5 des tirs mortels entre avant et après la loi dans le cadre de véhicule en mouvement.

      En 2017, la loi a donné une latitude de tir plus grande aux policiers, avec une possibilité de tirer même hors de la légitime défense. C’est un texte très particulier et, derrière, il n’y a pas eu d’effort de formation proportionné face au défi que représente un changement aussi historique de réglementation.

      L’augmentation n’est-elle pas simplement liée à l’augmentation des refus d’obtempérer ?

      Nous avons regardé le détail des tirs mortels. Le sujet, ce n’est pas les refus d’obtempérer, qui sont une situation, ce sont les tirs mortels, qui interviennent dans cette situation. Les syndicats de police font tout pour faire passer le message que le problème ce sont les refus d’obtempérer qui augmentent. Mais le problème ce sont les tirs mortels, dont les refus d’obtempérer peuvent être une cause parmi d’autres. Et les refus d’obtempérer grave ont augmenté mais pas autant que ce que dit le ministère. D’autant que l’augmentation des tirs mortels n’est notable que chez la police nationale et non dans la Gendarmerie. Dans la police nationale, en 2021, il y a eu 2675 refus d’obtempérer graves, pas 30 000. Il y a une augmentation mais ce n’est pas du tout la submersion dont parlent certains. Ce n’est pas suffisant pour expliquer l’augmentation des tirs mortels. D’autant que la police nationale est auteur de ces homicides et pas la Gendarmerie alors que les refus d’obtempérer sont également répartis entre les deux. Si le refus d’obtempérer était une cause déterminante, elle aurait les mêmes conséquences en police et en gendarmerie.

      Comment cela s’explique-t-il ?

      Les gendarmes n’ont pas la même structure de commandement, pas la même stabilité de l’ancrage local et pas la même lecture de la loi de 2017. La police a une structure qui n’est pas militaire comme celle de la gendarmerie. Et l’encadrement de proximité y est plus faible, particulièrement en région parisienne que tous les policiers veulent quitter.

      Pour vous c’est ce qui explique le drame de cette semaine ?

      La vidéo est accablante donc les responsables politiques semblent prêts à sacrifier le policier qui pour eux a fait une erreur. Mais ce qui grave, c’est la structure des tirs mortels avant et après 2017, c’est-à-dire comment la loi a modifié les pratiques. Ce n’est pas le même policier qui a tué 16 personnes dans des véhicules depuis le 1er janvier 2022. Ce sont 16 policiers différents. Le problème est systémique.

      Avez-vous des comparaisons internationales à ce sujet ?

      En Allemagne, il y a eu un tir mortel en dix ans pour refus d’obtempérer, contre 16 en France depuis un an et demi. On a un écart très marqué avec nos voisins. On a en France un modèle de police assez agressif, qui doit faire peur, davantage que dans les autres pays d’Europe mais moins qu’aux Etats-Unis. Et cette loi déroge à des règles de la Cour européenne des droits de l’homme. C’est une singularité française.

      Cette loi avait été mise en place suite à des attaques terroristes, notamment contre des policiers ?

      Oui, c’est dans ce climat-là qu’elle est née, mise en place par un gouvernement socialiste. Il y avait aussi eu d’autres attaques qui n’avaient rien à voir. Mais le climat général était celui de la lutte antiterroriste, et plus largement l’idée d’une police désarmée face à une société de plus en plus violente. L’idée était donc de réarmer la police. Cette loi arrange la relation du gouvernement actuel avec les syndicats policiers, je ne pense donc pas qu’ils reviendront dessus. Mais il y a des policiers qui vont aller en prison. On leur a dit vous pouvez tirer et, là, un juge va leur dire le contraire. Ce n’est bon pour personne cette incertitude juridique. Il faut abroger la partie de la loi qui dit que l’on peut tirer si on pense que le suspect va peut-être commettre une infraction dans le futur. La loi française fonctionnait précédemment sous le régime de la légitime défense, c’est-à-dire qu’il fallait une menace immédiate pour répondre. Comment voulez-vous que les policiers sachent ce que les gens vont faire dans le futur.

      https://www.letemps.ch/monde/le-probleme-des-tirs-mortels-lors-de-refus-d-obtemperer-est-systemique-en-fr

    • « Refus d’obtempérer »  : depuis 2017, une inflation létale

      Depuis la création en 2017 par la loi sécurité publique d’un article élargissant les conditions d’usage de leur arme, les tirs des policiers contre des automobilistes ont fortement augmenté. Ils sont aussi plus mortels.

      Depuis plus d’un an, chaque mois en moyenne, un automobiliste est tué par la police. Dans la plupart des cas, la première version des faits qui émerge du côté des forces de l’ordre responsabilise le conducteur. Il lui est reproché d’avoir commis un refus d’obtempérer, voire d’avoir attenté à la vie des fonctionnaires, justifiant ainsi leurs tirs. Il arrive que cette affirmation soit ensuite mise à mal par les enquêtes judiciaires : cela a été le cas pour le double meurtre policier du Pont-Neuf, à Paris en avril 2022, celui d’Amine Leknoun, en août à Neuville-en-Ferrain (Nord), ou celui de Zyed Bensaid, en septembre à Nice. En ira-t-il de même, concernant le conducteur de 17 ans tué mardi à Nanterre (Hauts-de-Seine) ? Les investigations pour « homicide volontaire par personne dépositaire de l’autorité publique » ont été confiées à l’Inspection générale de la police nationale (IGPN). Deux autres enquêtes ont été ouvertes depuis le début de l’année pour des tirs mortels dans le cadre de refus d’obtempérer en Charente et en Guadeloupe.

      Cette inflation mortelle s’est accélérée depuis le début de l’année 2022, mais elle commence en 2017. Ainsi, d’après les chiffres publiés annuellement par l’IGPN et compilés par Libération, entre la période 2012-2016 d’une part, et 2017-2021 d’autre part, l’usage des armes par les policiers a augmenté de 26 % ; et les usages de l’arme contre un véhicule ont augmenté de 39 %. Une croissance largement supérieure à celle observée chez les gendarmes entre ces deux périodes (+10 % d’usage de l’arme, toutes situations confondues).
      Doublement faux

      Mercredi, lors des questions au gouvernement, Gérald Darmanin a affirmé que « depuis la loi de 2017, il y a eu moins de tirs, et moins de cas mortels qu’avant 2017 ». C’est doublement faux : depuis cette année-là, les tirs des policiers contre des véhicules sont non seulement plus nombreux, mais ils sont aussi plus mortels. C’est la conclusion de travaux prépubliés l’année dernière, et en cours de soumission à une revue scientifique, de Sebastian Roché (CNRS), Paul Le Derff (université de Lille) et Simon Varaine (université Grenoble-Alpes).

      Les chercheurs établissent que le nombre de tués par des tirs policiers visant des personnes se trouvant dans des véhicules a été multiplié par cinq, entre avant et après le vote de la loi « sécurité publique » de février 2017. D’autant qu’entre les mêmes périodes, le nombre de personnes tuées par les autres tirs policiers diminue légèrement. « A partir d’une analyse statistique rigoureuse du nombre mensuel de victimes des tirs, malheureusement, il est très probable » que ce texte soit « la cause du plus grand nombre constaté d’homicides commis par des policiers », expliquent Roché, Le Derff et Varaine.

      La loi sécurité publique a créé l’article 435-1 du code de la sécurité intérieure (CSI), qui s’est depuis trouvé (et se trouve encore) au cœur de plusieurs dossiers judiciaires impliquant des policiers ayant tué des automobilistes. Cet article complète celui de la légitime défense (122-5 du code pénal) dont tout citoyen peut se prévaloir, en créant un cadre spécifique et commun aux forces de l’ordre pour utiliser leur arme.
      Un texte plusieurs fois remanié

      L’article 435-1 du CSI dispose que « dans l’exercice de leurs fonctions et revêtus de leur uniforme ou des insignes extérieurs et apparents de leur qualité », les policiers peuvent utiliser leur arme « en cas d’absolue nécessité et de manière strictement proportionnée », notamment dans la situation suivante : « Lorsqu’ils ne peuvent immobiliser, autrement que par l’usage des armes, des véhicules, embarcations ou autres moyens de transport, dont les conducteurs n’obtempèrent pas à l’ordre d’arrêt et dont les occupants sont susceptibles de perpétrer, dans leur fuite, des atteintes à leur vie ou à leur intégrité physique ou à celles d’autrui. » Avant d’arriver à cette formulation, le texte a été plusieurs fois remanié, au fil de son parcours législatif, dans le sens de l’assouplissement. Par exemple : les atteintes devaient être « imminentes », selon la version initiale ; dans la mouture finale elles n’ont plus besoin que d’être « susceptibles » de se produire, pour justifier le tir.

      La direction générale de la police nationale l’a rapidement relevé. Ainsi, dans une note de mars 2017 expliquant le texte à ses fonctionnaires, on pouvait lire : « L’article L.435-1 va au-delà de la simple légitime défense », en ce qu’il « renforce la capacité opérationnelle des policiers en leur permettant d’agir plus efficacement, tout en bénéficiant d’une plus grande sécurité juridique et physique ». Tout en rappelant qu’« il ne saurait être question de faire usage de l’arme pour contraindre un véhicule à s’arrêter en l’absence de toute dangerosité de ses occupants ».

      https://www.youtube.com/watch?v=Dz5QcVZXEN4&embeds_referring_euri=https%3A%2F%2Fwww.liberation.fr%2


      https://www.liberation.fr/societe/police-justice/refus-dobtemperer-depuis-2017-une-inflation-letale-20230627_C7BVZUJXLVFJBOWMDXJG2N7DDI/?redirected=1&redirected=1

    • Mort de Nahel : chronique d’un drame annoncé

      Au moment de l’adoption, sous pression des policiers, de la #loi de 2017 modifiant les conditions d’usage des armes à feu par les forces de l’ordre, la Commission nationale consultative des droits de l’homme, le Défenseur des droits et la société civile avaient alerté sur l’inévitable explosion du nombre de victimes à venir.

      #Bernard_Cazeneuve se trouve, depuis la mort de Nahel, au centre de la polémique sur l’#usage_des_armes_à_feu par les policiers. La gauche, notamment, ne cesse de rappeler que l’ex-dirigeant socialiste est le concepteur de la loi dite « #sécurité_publique » qui, en février 2017, a institué le #cadre_légal actuel en la matière. C’est en effet lui qui en a assuré l’élaboration en tant que ministre de l’intérieur, puis qui l’a promulguée alors qu’il était premier ministre.

      À deux reprises, Bernard #Cazeneuve s’est justifié dans la presse. Le 29 juin tout d’abord, dans Le Monde (https://www.lemonde.fr/politique/article/2023/06/29/adolescent-tue-par-un-policier-a-nanterre-emmanuel-macron-sur-une-ligne-de-c), il affirme qu’« il n’est pas honnête d’imputer au texte ce qu’il n’a pas souhaité enclencher » et explique que cette loi avait été votée dans un « contexte de tueries de masse après les attentats ».

      Le lendemain, dans un entretien au Point (https://www.lepoint.fr/societe/bernard-cazeneuve-non-il-n-y-a-pas-en-france-de-permis-de-tuer-30-06-2023-25), l’ancien premier ministre de #François_Hollande développe la défense de son texte. « Il n’y a pas, en France, de #permis_de_tuer, simplement la reconnaissance pour les forces de l’ordre de la possibilité de protéger leurs vies ou la vie d’autrui, dans le cadre de la #légitime_défense », affirme-t-il.

      Bernard Cazeneuve évoque encore un « contexte particulier » ayant justifié ce texte, « celui des périples meurtriers terroristes et de la tragédie qu’a constituée l’attentat de Nice, le 14 juillet 2016, qui a vu un policier municipal neutraliser le conducteur d’un camion-bélier ayant tué 86 personnes et blessé plusieurs centaines d’autres, sur la promenade des Anglais ».

      Cette invocation d’une justification terroriste à l’adoption de la loi « sécurité publique » paraît étonnante à la lecture de l’exposé des motifs (https://www.legifrance.gouv.fr/dossierlegislatif/JORFDOLE000033664388/?detailType=EXPOSE_MOTIFS&detailId=) et de l’étude d’impact (https://www.senat.fr/leg/etudes-impact/pjl16-263-ei/pjl16-263-ei.pdf) du texte. À aucun moment un quelconque attentat n’est mentionné pour justifier les dispositions de l’article premier, celui modifiant le cadre légal de l’usage des armes à feu par les policiers.

      À l’ouverture de l’examen du texte en séance publique par les député·es, le mardi 7 février (https://www.assemblee-nationale.fr/14/cri/2016-2017/20170112.asp#P970364), le ministre de l’intérieur Bruno Leroux parle bien d’un attentat, celui du Carrousel du Louvre (https://fr.wikipedia.org/wiki/Attaque_contre_des_militaires_au_Carrousel_du_Louvre) durant lequel un homme a attaqué deux militaires à la machette. Mais cette attaque s’est déroulée le 3 février, soit bien après l’écriture du texte, et concerne des soldats de l’opération Sentinelle, donc non concernés par la réforme.

      La loi « sécurité publique » a pourtant bien été fortement influencée par l’actualité, mais par un autre drame. Le #8_octobre_2016, une vingtaine de personnes attaquent deux voitures de police dans un quartier de #Viry-Châtillon (Essonne) à coups de pierres et de cocktails Molotov. Deux policiers sont grièvement brûlés (https://fr.wikipedia.org/wiki/Affaire_des_policiers_br%C3%BBl%C3%A9s_%C3%A0_Viry-Ch%C3%A2tillon).

      Les images des agents entourés de flammes indignent toute la classe politique et provoquent un vaste mouvement de contestation au sein de forces de l’ordre. Cela génèrera un immense scandale judiciaire puisque des policiers feront emprisonner des innocents en toute connaissance de cause (https://www.mediapart.fr/journal/france/160521/affaire-de-viry-chatillon-comment-la-police-fabrique-de-faux-coupables). Mais à l’époque, les syndicats de policiers réclament par ailleurs une modification de la législation.

      « C’était une période de fin de règne de François #Hollande, avec des policiers à bout après avoir été sur-sollicités pour les manifestations contre la loi Travail, pour les opérations antiterroristes, se souvient Magali Lafourcade, secrétaire générale de la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH). Et, surtout, il y a eu l’attaque de policiers de Viry-Châtillon. Leur mouvement de colère avait été accompagné par des manifestations à la limite de la légalité, avec des policiers armés, masqués et sans encadrement syndical, car il s’agissait d’un mouvement spontané. Je pense que cela a fait très peur au gouvernement. »

      La loi « sécurité publique » est l’une des réponses du gouvernement à cette fronde des policiers. Ceux-ci étaient alors régis par le droit commun de la légitime défense. Désormais, ils bénéficient d’un #régime_spécifique, copié sur celui des gendarmes et inscrit dans le nouvel #article_435-1 du #Code_de_la_sécurité_intérieure (https://www.legifrance.gouv.fr/codes/article_lc/LEGIARTI000034107970).

      Celui-ci dispose notamment que les policiers sont autorisés à faire usage de leur arme pour immobiliser des véhicules dont les occupants refusent de s’arrêter et « sont susceptibles de perpétrer, dans leur fuite, des atteintes à leur vie ou à leur intégrité physique ou à celles d’autrui ».

      On ne peut donc que s’étonner lorsque Bernard Cazeneuve assure, dans Le Point, que la loi « sécurité publique » « ne modifie en rien le cadre de la légitime défense ». « Je dirais même, enchérit-il, qu’elle en précise les conditions de déclenchement, en rendant impossible l’ouverture du feu hors de ce cadre. »

      Pourtant, comme l’a montré Mediapart (https://www.mediapart.fr/journal/france/280623/refus-d-obtemperer-l-alarmante-augmentation-des-tirs-policiers-mortels), le nombre de déclarations d’emploi d’une arme contre un véhicule a bondi entre 2016 et 2017, passant de 137 à 202, avant de se stabiliser à un niveau supérieur à celui d’avant l’adoption du texte, par exemple 157 en 2021.

      De plus, lorsque l’on relit les nombreux avertissements qui avaient été faits à l’époque au gouvernement, il semble difficile de soutenir que cette augmentation du recours aux armes à feu et du nombre de victimes n’était pas prévisible.

      « De telles dispositions risquent en effet d’entraîner une augmentation des pertes humaines à l’occasion de l’engagement desdits services dans des opérations sur la voie publique », prédisait ainsi la CNCDH dans un avis rendu le 23 février 2017 (https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000034104875).

      Celui-ci s’inquiétait notamment du #flou de certaines formulations, comme l’alinéa autorisant l’usage des armes à feu contre les personnes « susceptibles de perpétrer, dans leur fuite, des atteintes à leur vie ou à leur intégrité physique ou à celle d’autrui ».

      « Il est à craindre que de telles dispositions ne conduisent à l’utilisation des armes à feu dans des situations relativement fréquentes de #courses-poursuites en zone urbaine, avertissait encore la commission, les fonctionnaires de police venant à considérer que le véhicule pourchassé crée, par la dangerosité de sa conduite, un risque pour l’intégrité des autres usagers de la route et des passants ».

      « Rien ne justifiait cet alignement du régime des #gendarmes sur celui des policiers, réaffirme aujourd’hui Magali Lafourcade. Les gendarmes sont formés au maniement des armes et, surtout, ils opèrent en zone rurale. » La secrétaire générale de la CNCDH pointe également un problème de formation des policiers qui s’est depuis aggravé.

      « Le niveau de recrutement des policiers s’est effondré, souligne-t-elle. Les jeunes sont massivement envoyés dans les zones difficiles dès leur sortie de l’école. Ils ne reçoivent aucun enseignement sur les biais cognitifs. Un jeune venant d’une zone rurale dans laquelle il n’aura quasiment jamais croisé de personne racisée peut donc très bien être envoyé dans un quartier dont il n’a pas les codes, la culture, la manière de parler et donc de s’adresser à des adolescents. Et l’#encadrement_intermédiaire est très insuffisant. Les jeunes policiers sont bien peu accompagnés dans des prises de fonction particulièrement difficiles. »

      Le Défenseur des droits avait lui aussi alerté, dans un avis publié le 23 janvier 2017 (https://juridique.defenseurdesdroits.fr/doc_num.php?explnum_id=18573), sur l’#instabilité_juridique créée par cette #réforme. « Le projet de loi complexifie le régime juridique de l’usage des armes, en donnant le sentiment d’une plus grande liberté pour les forces de l’ordre, au risque d’augmenter leur utilisation, alors que les cas prévus sont déjà couverts par le régime général de la légitime défense et de l’état de nécessité », écrivait-il.

      Ces différents dangers avaient également été pointés par la quasi-totalité de la société civile, que ce soient les syndicats ou les associations de défense des libertés. « Les services de police et de gendarmerie se considéreront légitimes à user de leurs armes – et potentiellement tuer – dans des conditions absolument disproportionnées », prédisait ainsi le Syndicat de la magistrature (SM) (https://www.syndicat-magistrature.fr/notre-action/justice-penale/1214-projet-de-loi-securite-publique--refusez-ce-debat-expedie). « Il est en effet dangereux de laisser penser que les forces de l’ordre pourront faire un usage plus large de leurs armes », abondait l’Union syndicale des magistrats (USM) (https://www.union-syndicale-magistrats.org/web2/themes/fr/userfiles/fichier/publication/2017/securite_publique.pdf).

      Du côté des avocats, le projet de loi avait rencontré l’opposition du Syndicat des avocats de France (SAF) (https://lesaf.org/wp-content/uploads/2017/04/11-penal-GT.pdf), ainsi que du barreau de Paris et de la Conférence des bâtonniers, qui affirmaient, dans un communiqué commun (https://www.avocatparis.org/actualites/projet-de-loi-relatif-la-securite-publique-le-barreau-de-paris-et-la-co) : « La réponse au mal-être policier ne peut être le seul motif d’examen de ce projet de loi et il importe que les conditions de la légitime défense ne soient pas modifiées. »

      « Ce projet de loi autorise les forces de l’ordre à ouvrir le feu dans des conditions qui vont augmenter le risque de #bavures sans pour autant assurer la sécurité juridique des forces de l’ordre », avertissait encore la Ligue des droits de l’homme (https://www.ldh-france.org/police-anonyme-autorisee-tirer).

      Désormais, les policiers eux-mêmes semblent regretter cette réforme, ou en tout cas reconnaître l’#incertitude_juridique qu’elle fait peser sur eux, en raison de sa formulation trop vague.

      Dans un article publié samedi 1er juillet, Le Monde (https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/07/01/syndicats-de-police-un-tract-incendiaire-d-alliance-et-d-unsa-police-revelat) rapporte en effet que, parmi les forces de l’ordre, circule un modèle de demande de #droit_de_retrait dans lequel l’agent annonce rendre son arme, en raison des « diverses appréciations » qui peuvent être faites de l’article 435-1 du Code de la sécurité intérieure, lesquelles sont susceptibles de « donner lieu à des poursuites pénales ».

      Dans ce document, le policer y annonce mettre son pistolet à l’armurerie et qu’il y restera « jusqu’à ce que [s]a formation continue [lui] permette de mieux appréhender les dispositions de cet article afin de ne pas être poursuivi pénalement dans l’éventualité où [il] devrai[t] faire feu ».

      Magali Lafourcade insiste de son côté sur les dégâts que cette réforme a pu causer dans une partie de la jeunesse. « L’expérience de la citoyenneté, du sentiment d’appartenir à une communauté nationale, du respect des principes républicains est une expérience avant tout sensible, affirme-t-elle. Elle passe par les interactions éprouvées avec les représentants de l’État. Plus les enfants de ces quartiers feront l’expérience de la #brutalité_policière, plus ça les enfermera dans la #défiance qu’ils ont déjà vis-à-vis de nos institutions. »

      https://www.mediapart.fr/journal/france/010723/mort-de-nahel-chronique-d-un-drame-annonce

  • Les conquistadors de l’espace - Regarder le documentaire complet | ARTE
    https://www.arte.tv/fr/videos/105563-000-A/les-conquistadors-de-l-espace

    Alors que nos sociétés sont toujours plus dépendantes de l’#Internet à haut débit et des données transmises par #satellite, une nouvelle course à l’espace bouleverse l’équilibre géopolitique mondial. À 550 kilomètres de la Terre, l’entrepreneur américain Elon Musk déploie progressivement sa #constellation #Starlink, déjà constituée de plus de trois mille satellites destinés à apporter Internet jusqu’aux endroits les plus reculés de la planète. Mais à mesure que Musk met en place son maillage, la pression monte pour les États : laisseront-ils un acteur privé rafler la mise sur ce marché encore largement dérégulé, et menacer leur souveraineté numérique et leur indépendance technologique ? Tandis que Jeff Bezos, le PDG d’Amazon, réclame lui aussi sa part du gâteau, la Chine et l’Union européenne - avec le projet Iris, annoncé fin 2022 - se sont engagées à leur tour dans cette course.

    #espace #orbite_basse #course

  • Inflation, comparatif prix au détails et prix de la matière première en France, sur un an Le web grande conso - Olivier Dauvers

    Mars 2022 à Mars 2023 Prix au détails :
    Sirops + 17 %
    Huiles + 22 %
    Biscuits + 15 %
    Arabicas + 14 %

    Avril 2022 à Avril 2023 Prix de la matière première :
    Sucre + 28 %
    Huile(Tournesol) - 55 %
    Blé -40%
    Café Arabica -16 %

    La petite musique de la renégociation se fait de plus en plus entendre. Bruno Le Maire et Olivia Grégoire ont ainsi écrit aux industriels il y a quelques jours pour les y préparer. Les distributeurs, eux, attendent juin de pied ferme puisqu’avec l’assentiment du gouvernement ils vont pouvoir repartir à la bataille.
    Problème : les premiers concernés (les industriels) ont eux-aussi le sentiment d’être soutenus par le politique, en l’occurrence les députés qui ont voté comme un seul homme la loi de leur collègue Descrozaille. Soutenus dans leur volonté de reconstituer leurs marges.

    Factuellement, il y a pourtant du grain à moudre. Quiconque suit les prix en rayons en a l’intuition : les prix des stars de la grande conso ont “inflaté” davantage que leur marché. Prenez ces 4 catégories : sirops, huiles, biscuits et café arabicas. A chaque fois, l’écart d’inflation entre les “grandes” marques et la moyenne (toutes marques) est élevée. Difficile de l’expliquer autrement que par la tentation (naturelle et légitime, il faut l’admettre) de reconstituer ses marges à l’occasion des nouveaux tarifs.

    Seconde raison qui milite pour une renégociation à la baisse : l’évolution des matières premières. Certes, le lien n’est pas toujours direct ou proportionnel entre matières premières et PVC en rayon. Il est même parfois partiel (le sucre pour des sirops qui intègrent aussi des fruits ou l’huile de tournesol pour une huile multi-variétés, etc.). Il n’empêche : les matières premières donnent une tendance de la direction du vent : inflation ou déflation 😉 Le blé, par exemple. Bien plus bas aujourd’hui qu’il y a un an, au plus fort de la spéculation, suite au déclenchement de la guerre en Ukraine. Logiquement, le prix des biscuits (utilisation de céréales directes) ou du couple volaille/porc (céréales indirectes) devrait l’intégrer. C’est précisément le rôle des “renégos” à venir. Et tant pis si… ça pique !

    Source : https://www.olivierdauvers.fr/2023/04/17/renegociations-oui-il-y-a-du-grain-a-moudre

    #inflation #prix #tarif #super_marché #magasins #courses #bénéfices #commerce #actionnaires #dividendes #marges

  • 1,1 % d’augmentation des prix, pour la semaine du 6 au 13 Mars ! Le xeb grande conso - Olivier Dauvers
    – 3,3 % sur 4 semaines

    Comme toujours, les faits sont têtus.
    Voilà donc les Français face au mur de l’inflation (ou “Mars rouge”, rayez la mention qui vous chagrine le plus mais, en réalité, c’est pareil !).
    Selon le baromètre hebdo A3 Distrib / Éditions Dauvers, la semaine dernière s’est en effet soldée par une nouvelle accélération du rythme d’inflation : + 1,1 %.

    J’voudrais pas dramatiser mais ça fait quand même un rythme annuel de plus de 50 %. _


    Si c’est pas un “mur”, j’n’y connais rien en maçonnerie !
    Et si on élargit la focale, * sur les 5 dernières semaines, l’inflation atteint 4 %.
    Jamais la conso n’avait été confrontée à un tel soubresaut.
    Que ceux qui voient l’inflation depuis leur fiche de paie (plus confortable que la moyenne) ne l’oublient pas…
    Quand la boite de raviolis Panzani ou le sirop de grenadine Teisseire sont 10 % plus chers aujourd’hui qu’au 1er janvier, le pain de mie Harrys ou le Leerdammer 9 % (et tellement d’autres d’exemples), la “France des centimes” (telle que la présente le sociologue Jean Viard) est, elle, dans le… rouge.

    Source : https://www.olivierdauvers.fr/2023/03/13/mur-dinflation-ou-mars-rouge-on-y-est

    #inflation #prix #tarif #super_marché #magasins #courses #bénéfices #commerce #actionnaires #dividendes #marges

  • Mars rouge (ou printemps noir) : on y est ! Le web grande conso

    Peu importe la sémantique… Que vous préfériez mars rouge ou printemps noir n’y changera rien. Les faits sont là et, comme toujours, têtus. Voilà les Français face au mur d’inflation annoncé depuis des mois. Voilà 4 semaines que notre panier de 150 majeurs (les produits que les Français voient le plus) s’envole littéralement. 0,7 % d’inflation hebdo ou plus encore sur la dernière semaine (+ 0,8 %). Un rythme jamais connu avant (n’en déplaise à ceux qui expliquent “lissage des hausses”, “moyennisation”, etc.). Et quand bien même (et par magie) l’inflation s’arrêterait là, voilà déjà plus de 4 % dans la besace en 2 mois. Qui s’ajoute donc à l’inflation 2022 pour atteindre le niveau incroyable de 19,8 %. Autant le dire : si les 20 % n’étaient pas dépassés d’ici à la semaine prochaine, ça serait une (très) heureuse surprise. Mais pour avoir feuilleté quelques cadenciers pendant le week-end (chacun se détend comme il peut), j’ai peur d’être déçu.

    #inflation #prix #tarif #super_marché #magasins #courses #bénéfices #commerce #actionnaires #dividendes #marges

  • #Inflation : Avant “Mars rouge”, voici déjà “Février orange”…
    https://www.olivierdauvers.fr/2023/02/13/avant-mars-rouge-voici-deja-fevrier-orange

    Nouveau point hebdomadaire du baromètre inflation A3 Distrib / Éditions Dauvers. Et nouvelle stupéfaction. La semaine dernière, les prix des 150 marques majeures de notre scope (celles sur lesquelles se posent tellement d’yeux qu’elles fondent la perception de l’inflation) ont encore augmenté de… 0,7 %. Dit comme ça, ça impressionne peu. Mais le rythme actuel est juste inouïe… Depuis le début de l’année, c’est-à-dire en 6 semaines, l’inflation alimentaire sur ces majeurs dépasse donc déjà 2 %. Et, ce, alors que le mois de mars est encore devant. Bref, avant “Mars rouge” (que j’ai pronostiqué il y a déjà plus d’un mois, c’était sur le plateau de BFM), voici en attendant… “Février orange”. Ça doit s’appeler les préliminaires. Et, pour le coup, c’est pas drôle.

    #inflation #prix #tarif #super_marché #magasins #courses #bénéfices #commerce #actionnaires #dividendes

  • Pricing : Casino ose… le tarif (majoré) du dimanche ! Olivier Dauvers - Le web grande conso
    https://www.olivierdauvers.fr/2023/02/08/pricing-casino-ose-le-tarif-majore-du-dimanche

    Il y a bientôt quatre ans, Jean-Charles Naouri évoquait pour la première fois son intérêt pour le “pricing dynamique”. En clair ne pas proposer le même prix tous les jours ou à tous les moments de la journée. C’est désormais le cas avec un pricing spécifique pour le dimanche dans les hypers de Casino. Ce qu’a révélé VIGIE GRANDE CONSO il y a quelques jours…


    En 2019, en marge de la présentation des résultats financiers de l’exercice 2018, Jean-Charles Naouri, patron et propriétaire de Casino, évoquait le “pricing dynamique” ou “yield management” des prix (revoir ici). En clair – et selon ses termes – que “les prix puissent varier en fonction des jours et des heures”. Après une expérimentation qui aurait eu lieu chez Franprix (jamais démontrée, d’où le conditionnel), c’est désormais à grande échelle dans le réseau Géant / Casino Hyper Frais. Et, cette fois-ci, c’est avéré (si mon p’tit doigt est bien informé, c’est pas d’hier…)

    Pour en avoir le cœur net (car j’avoue ne pas y avoir cru à l’origine comme quelques “patrons” que je sondais sur le principe même du pricing dynamique), pour en avoir le cœur net, donc, j’ai relevé les prix de centaines de produits le samedi après-midi et le dimanche matin. Pour l’exercice, seuls certains produits étaient de facto éligibles : avec une étiquette électronique (ce qui est le cas de la grande majorité du PGC / Frais LS) et hors promotion prospectus (le prix étant alors annoncé, donc figé).

    Sur ces produits “éligibles”, environ la moitié étaient majorés le dimanche.  Avec, dans les 5 hypers visités, un niveau moyen d’augmentation très homogène, environ 15 % . Particularité : tant les marques nationales que les MDD sont concernées par la majoration. Avec des cas réellement stupéfiants au point de s’interroger sur le réel pilotage de l’exercice…  Impossible en effet de ne pas être surpris devant les 36 % d’inflation dominicale de Danette pistache (voir infographie), sur un prix déjà en limite haute du marché (2,10 € vs PVC moyen France : 1,75 €) même en retranchant les 10 % de remise via l’abonnement Casino Max. 

    Autre surprise : l’absence de cohérence évidente dans le choix des produits majorés. Difficile d’expliquer par exemple que la bouteille de Ricard de 50 cl soit majorée, celle de 70 cl non. Autres cas : sur les pâtes MDD. Certaines références sont inflatées, d’autres non. Et pas nécessairement les mêmes d’un hyper à l’autre.

    Interrogé, Casino confirme l’adoption de ce pricing dynamique. Avec, en l’espèce, deux justifications. D’abord, le service rendu, en l’occurrence l’ouverture le dimanche, notamment après-midi où l’enseigne est, de fait, la seule à exploiter autant de magasins en mode autonome. Reste que l’argument n’est pas valable pour le dimanche matin où, désormais, trois hypers sur quatre sont ouverts ! Seconde explication : les coûts plus élevés, notamment le lundi matin pour remettre les magasins “au carré”. 

    Au-delà, il est certain que le prix d’acceptation peut évoluer en fonction des circonstances et des alternatives qui existent ou non. Exemple peut-être caricatural mais facile à comprendre : une boîte de préservatifs. Sa valeur (perçue) peut varier en fonction de la disponibilité plus au moins facile du produit. Mais ces produits sont-ils vraiment nombreux ? 

    La vraie question est probablement ailleurs : le principe même du pricing dynamique est-il socialement acceptable ? Si le yield management n’émeut plus guère dans l’aérien ou les lignes TGV, pas certain que sur le sujet – bien plus sensible – de l’accès à l’alimentation, la majoration des prix lorsque les concurrents sont fermés (puisque c’est le premier argument de Casino) soit compris autrement que par l’envie de… “profiter”. Économiquement, ça peut se défendre. Commercialement, c’est déjà délicat (dans la confiance qui se tisse avec le client puisque rien n’est évidemment dit en magasins). Socialement, il y a carrément un sacré doute. Les prochaines semaines le diront. Mais, là encore, le mérite de Casino sera de mener la R&D pour le compte de tous ! Comme avec les premiers magasins autonomes il y a trois ans. Et, de fait, sur ce sujet, Casino a ouvert la voie, désormais suivie par Carrefour. De là à ce que Casino soit aussi suivi sur ça hein…

    #inflation #prix #tarif #super_marché #magasins #courses #bénéfices #travail le dimanche #commerce

    • ENFIN !

      Quand je vois des retraité.e.s faire les courses le dimanche au casino de Marcq en Baroeul (chez les grandes bourgeoises et les grands bourgeois) j’ai une sacrée envie de leur faire décharger les camions, remplir les rayons et tenir la caisse.

    • J’ai du mal à me positionner. Faire travailler le dimanche dans des secteurs où on pourrait éviter, je trouve ca vraiment capitaliste. Et pour réduire la demande le dimanche, quoi de mieux qu’une augmentation de prix. Comme ca, les personnes conscientes du mal qu’elles feraient en réclamant des services des autres le dimanche sont épargnées et celles non conscientes payent le prix fort. C’est OK.
      Mais évidemment, on peut aussi faire le rapprochement entre le prix et les charges patronales doublées le dimanche (enfin, là, je suis pas sur, proximité, donc déplacement du WE sur 2 autres jours de la semaine sans contrepartie... mais je me trompe peut etre en droit). Donc c’est un patron, qui mécontent de payer des charges, les fait payer à ses clients. En vrai, c’est OK aussi.
      Et dernier point. Qui est la victime ? Des bobo qui étaient bien trop pris le samedi par leurs loisirs, ou des pauvres contraints de bosser le samedi au point de ne pas pouvoir faire leurs courses ?

    • La cible, c’est faire de l’argent car bousiller la vie des employés, si ça coute c’est pas bien.
      Les pauvres contraints de bosser le samedi  ? ? ? ? ? Est tu actionnaire de Casino ?

      L’ouverture des supermarchés le dimanche n’apporte aucun chiffre d’affaire supplémentaire, les achats sont « lissés » sur 7 jours au lieu de 6.
      Les clients ne peuvent dépenser plus.
      C’est du délire de manager.

    • Les enseignes Casino s’engagent à ne plus majorer les prix le dimanche afp
      https://www.lefigaro.fr/conso/les-enseignes-casino-s-engagent-a-ne-plus-majorer-les-prix-le-dimanche-2023

      Avec des hausses pouvant aller jusqu’à 36%, l’enseigne pratiquait le « pricing dynamique ».

      Les enseignes Casino, notamment les hypermarchés Casino Hyper Frais (ex Géant), ont assuré vendredi avoir renoncé au « pricing dynamique le dimanche », en d’autres termes à une majoration des prix en rayons, révélée par l’expert en consommation Olivier Dauvers. « Les enseignes Casino, fortes de toutes leurs initiatives en faveur du pouvoir d’achat, ont pris la décision de ne plus appliquer fin janvier le pricing dynamique le dimanche » , a indiqué la communication de l’enseigne dans une déclaration écrite.

      En milieu de semaine, Olivier Dauvers avait publié sur son blog « Le Web Grande Conso » des relevés de prix dans cinq hypermarchés sous enseigne Casino, desquels ils ressortaient qu’environ la moitié des prix relevés étaient « majorés le dimanche » par rapport au samedi après-midi. Il prenait l’exemple de quatre crèmes Danette pistache passant de 2 euros 10 le samedi après-midi à 2 euros 85 le dimanche matin, soit une hausse de prix de 36%. Au global, il a recensé une « augmentation très homogène, environ 15% ».

      « Les enseignes Casino ont instauré depuis décembre 2018 un service, inédit alors, d’ouverture dominicale sur toute la journée » , a rappelé vendredi la communication de ces enseignes. « À l’époque, ce service qui apporte un confort supplémentaire au consommateur s’était vu accompagné d’une expérimentation visant à appliquer une variation tarifaire mineure sur les produits et ce, exclusivement les dimanches ».

      La révélation de cette tarification dynamique, qui rappelle par exemple le prix des billets d’avion ou de TGV, a fait l’objet de nombreux commentaires, dans un contexte de forte inflation où les consommateurs sont très sensibles au prix des produits qu’ils achètent.

      Sur Twitter, le rédacteur en chef du magazine spécialisé LSA Yves Puget a rappelé que la pratique était « légale », qu’il s’agissait d’une « pratique de base dans l’e-commerce », se demandant si nous allions « vers la fin du prix unique », avec une variation en fonction des jours ou des formats de magasins. De son côté, le blog spécialisé dans l’actualité des produits de grande consommation Marketing PGC a estimé que Casino, groupe propriétaire de nombreuses enseignes (Monoprix, Franprix, Naturalia ou le e-commerçant CDiscount) avait « brisé un tabou » , ce dont le ° « secteur de la distribution peut (se) féliciter » , mais tout en rendant « le sujet explosif auprès du grand public ». _

  • 7 personnes sont mortes, 3 disparues, des dizaines d’autres gravement blessées mais les chasses à l’homme et la criminalisation de la solidarité continuent dans nos montagnes

    #Communiqué commun dont la LDH est signataire

    Le 21 novembre 2016, Tous migrants lançait sa première alerte face à la dérive de l’Etat, en dénonçant les multiples atteintes aux droits des personnes exilées, en Méditerranée, à Calais, à Paris, dans la vallée de la Roya, à Menton, et dans les Hautes-Alpes. Nous alertions sur l’urgence à :

    ⁃ accueillir dignement les personnes contraintes de fuir leur pays où elles ne sont plus en sécurité ;

    ⁃ refuser de traiter ces personnes comme des criminels ou des animaux nuisibles ;

    ⁃ empêcher que nos mers et nos montagnes se transforment en cimetières.

    6 ans plus tard, nous faisons les mêmes constats. Les violences d’Etat contre les personnes exilées ne cessent de se renforcer jusque dans le #Briançonnais, tandis que les fléaux qui contraignent les populations à fuir leur pays se multiplient. L’exception envers les personnes de nationalité ukrainienne a montré qu’il est possible d’accueillir dignement, tout en dévoilant le caractère discriminatoire de la politique actuelle.

    Ces violations de droits sont documentées et dénoncées par les associations, les organismes indépendants de défense des droits humains, les chercheurs, les journalistes, les parlementaires… Des décisions préfectorales ont été annulées et deux membres de la police aux frontières ont déjà été condamnés par les tribunaux.

    Au lieu de respecter les #droits_fondamentaux, les gouvernements successifs n’ont de cesse de militariser la frontière, pour un coût direct de plusieurs dizaines de millions d’euros par an pour le seul #Briançonnais, soit un gâchis considérable par rapport aux sommes nécessaires à l’accueil digne et au respect du droit.

    Cette politique n’engendre que morts et souffrances supplémentaires, les frontières abiment durablement, physiquement et psychiquement, les personnes. Les risques liés à la traversée notamment en saison hivernale sont bien réels (hypothermie, gelure) et sont accentués par la militarisation de la frontière (fuite, cachette, chute). Pour exemple, la nuit du 19 au 20 novembre 2022, 4 personnes ont été blessées à la suite d’un #contrôle_par_surprise en pleine #montagne et de la #course_poursuite qui a suivi, avec une personne hospitalisée à Briançon. Des pratiques humiliantes ont été également rapportées récemment dans le cadre d’#enfermement à la #police_aux_frontières de #Montgenèvre.

    La #criminalisation_de_la_solidarité perdure. Le #harcèlement, les #intimidations, les #amendes abusives voire mensongères, les #poursuites_judiciaires sont toujours de mise envers les solidaires, et ceci malgré nos multiples signalements aux autorités compétentes.

    Nous ne baissons pas les bras. Nous continuons notre veille active à la frontière pour réduire les risques, témoigner, dénoncer et alerter les autorités dédiées, le tout pour obtenir des avancées sur le respect des droits à la frontière. Des décisions récentes nous confortent dans notre action. Par exemple, le 22 novembre, après la relaxe des 3+4, deux solidaires ayant subi de la prison viennent d’obtenir réparation en justice. Le 23 novembre, la Cour européenne des droits de l’Homme a accepté d’instruire la requête que nous avons déposée au côté de la famille de Blessing Matthew pour que vérité et justice soient faites.

    Nombre de personnes agissent au quotidien de manière humaine, professionnelle et sans discrimination, à l’exemple des personnels soignants de l’hôpital de Briançon, avec discernement à l’exemple de certains membres de force de l’ordre, et même avec courage pour celles et ceux qui osent désobéir à des ordres illégaux, illégitimes, dangereux et barbares.

    Avec les associations et collectifs impliqués et la population solidaire, nous montrons chaque jour qu’un autre accueil est possible, que tout le monde en profite, y compris l’économie locale. Aujourd’hui plus que jamais le Briançonnais est reconnu dans le monde entier comme une #terre_d’accueil.

    Cette renommée n’a rien à voir avec le pseudo « #appel_d’air » que les pouvoirs publics et l’extrême droite agitent comme un épouvantail dont les chercheurs ont démontré la vacuité. Par exemple, par comparaison avec Montgenèvre, le nombre de #refoulements effectués par la PAF est presque deux fois plus élevé à Modane et dix fois plus à Menton, alors qu’il n’y a pas de lieux d’accueil sur ces deux territoires.

    Depuis nos montagnes qui ont toujours été des lieux de passage, d’asile mais aussi d’exil, nous nous unissons pour sensibiliser sur les préjugés tenaces autour de la migration mais également pour changer ces politiques mortifères et à fort relent raciste et xénophobe.

    Dimanche 18 décembre, à l’occasion de la Journée internationale des migrants, des manifestations sont organisées en France, en Europe et au-delà. Opposés à cette politique du rejet, nous avons fait le choix de la dignité et de l’humanité.

    À Briançon, avec toutes les associations et collectifs impliqués dans l’accueil des personnes exilées, nous vous donnons rendez-vous :

    ⁃ à 15h30, devant la médiathèque pour une déambulation en fanfare jusque devant la MJC, avec des prises de parole ;

    ⁃ à partir de 17h, devant la MJC, avec les stands des associations et des boissons chaudes ;

    ⁃ à 18h30, à l’Eden-Studio pour la projection-débat des films documentaires 18 mois, puis à 21h Ceux de la nuit, en présence des réalisatrices et de personnes impliquées.

    Paris, le 13 décembre 2022

    https://www.ldh-france.org/alerte-a-la-population-7-personnes-sont-mortes-3-disparues-des-dizaines-
    #humiliation #frontière_sud-alpine #France #Italie #Briançon

    –—

    Ajouté à la métaliste autour de la situation des exilés dans les Hautes-Alpes :
    https://seenthis.net/messages/733721

  • Vienne, capitale de l’urbanisme « sensible au genre » | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/international/250722/vienne-capitale-de-l-urbanisme-sensible-au-genre#at_medium=custom7&at_camp

    Vienne (Autriche).– Avec ses immeubles peu élevés et ses espaces communs sagement entretenus et arborés, l’ensemble de logements sociaux Frauen Werk Stadt (« Femme, travail, ville ») ressemble à de nombreux autres quartiers d’habitations de la capitale autrichienne. Mais sa construction, achevée en 1997, a représenté une petite révolution. Élaboré par quatre femmes architectes, ce complexe résidentiel a été l’un des premiers projets pilotes intégrant les principes de l’urbanisme dit « sensible au genre ».

    Ici, tout a été conçu pour faciliter les tâches du quotidien : courses, lessive, prise en charge des enfants. Un travail non rémunéré encore effectué en grande partie par les femmes. Ainsi, ont été installés au sein de l’ensemble un supermarché, une crèche, un cabinet médical, une pharmacie. De quoi limiter les déplacements souvent chronophages qu’implique le travail domestique.

    Une dimension également intégrée à l’intérieur des bâtiments : les machines à laver communes n’ont pas été reléguées dans une salle sombre à la cave, comme cela est souvent le cas à Vienne, mais sont situées dans les étages supérieurs qui donnent accès à un toit-terrasse offrant une vue sur tout l’ensemble. Chaque étage dispose d’un local commun de rangement. Les mères peuvent ainsi prendre l’ascenseur avec leur poussette et la laisser devant leur porte, sans avoir à porter enfants et sacs de courses dans les bras. Les cages d’escalier sont larges et éclairées par la lumière naturelle pour inciter les habitant·es à s’arrêter et à discuter, permettant ainsi de créer du lien entre voisin·es et de se rendre éventuellement des services.

    Ça ne remet pas en cause la répartition genrée des tâches domestiques mais c’est déjà ça

    Les parcs publics représentent l’un des exemples les plus aboutis de cette démarche : grâce à une étude sociologique, la municipalité se rend compte que les jeunes filles désertent ces lieux, passé l’âge de dix ans, car elles n’y trouvent plus leur place. En 1999, deux parcs sont alors choisis pour être réaménagés selon des critères de sensibilité au genre : des cages de football sont déplacées pour permettre une utilisation plus diversifiée de la pelouse, des buissons sont enlevés, et l’éclairage est renforcé pour améliorer la visibilité et accroître le sentiment de sécurité, des toilettes publiques sont installées, ainsi que des hamacs qui permettent de se rassembler et de discuter au calme.

    • Vienne, capitale de l’urbanisme « sensible au genre »

      Depuis 30 ans, la capitale autrichienne cherche à assurer un partage équitable de l’espace public entre hommes et femmes. #Aménagement des #parcs, #trottoirs, #éclairage : pionnière de cet urbanisme « sensible au genre », la ville est mondialement reconnue pour sa qualité de vie.

      Avec ses immeubles peu élevés et ses espaces communs sagement entretenus et arborés, l’ensemble de logements sociaux Frauen Werk Stadt (« Femme, travail, ville ») ressemble à de nombreux autres quartiers d’habitations de la capitale autrichienne. Mais sa construction, achevée en 1997, a représenté une petite révolution. Élaboré par quatre femmes architectes, ce complexe résidentiel a été l’un des premiers projets pilotes intégrant les principes de l’urbanisme dit « sensible au genre ».

      Ici, tout a été conçu pour faciliter les tâches du quotidien : courses, lessive, prise en charge des enfants. Un travail non rémunéré encore effectué en grande partie par les femmes. Ainsi, ont été installés au sein de l’ensemble un supermarché, une crèche, un cabinet médical, une pharmacie. De quoi limiter les déplacements souvent chronophages qu’implique le travail domestique.

      Une dimension également intégrée à l’intérieur des bâtiments : les machines à laver communes n’ont pas été reléguées dans une salle sombre à la cave, comme cela est souvent le cas à Vienne, mais sont situées dans les étages supérieurs qui donnent accès à un toit-terrasse offrant une vue sur tout l’ensemble. Chaque étage dispose d’un local commun de rangement. Les mères peuvent ainsi prendre l’ascenseur avec leur poussette et la laisser devant leur porte, sans avoir à porter enfants et sacs de courses dans les bras. Les cages d’escalier sont larges et éclairées par la lumière naturelle pour inciter les habitant·es à s’arrêter et à discuter, permettant ainsi de créer du lien entre voisin·es et de se rendre éventuellement des services.

      Un aspect particulièrement important pour Martina Kostelanik, qui a emménagé dès 1997 dans son appartement, un rez-de-chaussée avec jardin qu’elle compte bien ne jamais quitter : « Quand nous sommes arrivés ici, il n’y avait que des jeunes familles et nous avons maintenu des liens d’amitié, même avec ceux qui ont déménagé. Les enfants ont grandi ensemble et sont toujours en contact. »

      Aujourd’hui retraitée, elle a élevé ses trois enfants à Frauen Werk Stadt, tout en travaillant dans la cantine d’une école : « Ici, c’est très pratique. Il y a deux aires de jeux dans des cours intérieures et on peut laisser les enfants y aller seuls car on peut les surveiller depuis notre jardin. Les voitures ne peuvent pas passer, il n’y a donc aucun danger. Et puis il y a la crèche qui est directement dans l’ensemble, beaucoup d’espaces verts, des endroits pour faire du vélo avec les enfants. Il n’y a pas besoin d’aller ailleurs pour les occuper. C’est super ! »

      Désormais, ses enfants ont grandi et quitté le domicile familial. Comme les appartements sont modulables pour s’adapter aux différentes périodes de la vie, elle a pu facilement faire tomber une cloison qui séparait sa chambre de celle des enfants, afin d’avoir plus d’espace. Son logement ne comprend aucune marche sur laquelle elle pourrait trébucher, le médecin et la pharmacie ne sont qu’à quelques mètres. Dernier aspect important pour la retraitée : le #sentiment_de_sécurité. L’#éclairage a été étudié pour éviter tout recoin sombre, parfois source d’angoisse pour les femmes, et les larges fenêtres des pièces de vie donnent sur les espaces communs pour pouvoir toujours être à portée de regard.

      Après 25 ans à vivre ici « comme dans un village », Martina Kostelanik se dit très satisfaite. Pourtant, quand on lui fait remarquer que cet ensemble a été spécifiquement conçu pour prendre en compte les besoins des femmes, elle sourit et admet qu’elle l’ignorait. C’est tout le #paradoxe de cette approche pour Eva Kail, urbaniste à la mairie de Vienne : « Quand tout fonctionne bien au quotidien, alors ça devient invisible. » Cette experte est l’une des pionnières de l’urbanisme sensible au genre et n’a cessé de convaincre autour d’elle de l’importance de la démarche.

      Une politique initiée dans les années 1990

      En 1991, elle organise une exposition photo retraçant une journée dans la vie de huit femmes à Vienne, une mère célibataire, une étudiante en fauteuil roulant, une cadre… afin de montrer comment s’organise leur quotidien dans l’#espace_urbain. Pour la première fois, des données relatives aux différents #moyens_de_transport sont ventilées par sexe et le constat est sans appel : les automobilistes sont majoritairement des hommes, et les piétons, des femmes. Une réalité sur laquelle personne ne s’était alors penché : « À l’époque, on avait coutume de dire que les responsables de la #planification des #transports étaient des automobilistes blancs de la classe moyenne et ils ont eu une grande influence sur cette politique d’urbanisme », estime Eva Kail.

      La planification des transports était alors principalement centrée sur les trajets en voiture entre le domicile et le travail mais prenait peu en compte les nombreux itinéraires empruntés par les femmes dans leur quotidien. L’exposition permet ainsi de thématiser les problématiques des piéton·nes : largeur des trottoirs, éclairage urbain, temps laissé par les feux tricolores pour traverser. Avec 4 000 visiteurs et visiteuses, l’exposition est un succès et, quelques mois plus tard, la municipalité décide d’ouvrir le Frauenbüro, le « bureau des femmes », pour apporter plus d’attention aux besoins des habitantes. Eva Kail en prend la direction. Un numéro d’urgence joignable 24 heures sur 24 est mis en place, de nombreux projets pilotes, dont Frauen Werk Stadt, sont lancés.

      Les parcs publics représentent l’un des exemples les plus aboutis de cette démarche : grâce à une étude sociologique, la municipalité se rend compte que les jeunes filles désertent ces lieux, passé l’âge de dix ans, car elles n’y trouvent plus leur place. En 1999, deux parcs sont alors choisis pour être réaménagés selon des critères de sensibilité au genre : des cages de football sont déplacées pour permettre une utilisation plus diversifiée de la pelouse, des buissons sont enlevés, et l’éclairage est renforcé pour améliorer la visibilité et accroître le sentiment de sécurité, des toilettes publiques sont installées, ainsi que des hamacs qui permettent de se rassembler et de discuter au calme.

      Résultat : les jeunes filles commencent à utiliser une plus grande partie de ces parcs, même si la municipalité a dû faire face à des critiques qu’elle n’avait pas anticipées : « Il y avait un parc où on avait beaucoup amélioré la visibilité. Des jeunes filles sont venues se plaindre car leur mère pouvait désormais voir de la fenêtre ce qu’elles faisaient en bas et ça ne leur a pas du tout plu ! […] On n’y avait pas pensé ! On aurait dû leur laisser quelques recoins », s’amuse Eva Kail. À partir de ces expériences, des listes de recommandations ont été établies et s’appliquent désormais à l’ensemble des parcs de la capitale.

      #Seestadt, un immense quartier en construction

      Si l’urbanisme sensible au genre a, dans un premier temps, fait l’objet de nombreuses réticences et nécessité un important travail de pédagogie parmi les fonctionnaires de la municipalité, la démarche est aujourd’hui pleinement intégrée à la stratégie de développement de la ville, dirigée de longue date par les sociaux-démocrates. Pour s’en convaincre, direction Seestadt, en périphérie de Vienne. Sur 240 hectares, un nouveau quartier monumental est en train de sortir de terre. Autour d’un lac artificiel, plus de 4 300 logements ont déjà été construits. À terme, aux alentours de 2035, ce quartier devrait accueillir plus de 25 000 habitant·es, ainsi que 20 000 emplois : l’un des projets de développement urbain les plus importants d’Europe.

      Gunther Laher, responsable du suivi du projet pour la municipalité, nous guide dans les allées de cette ville nouvelle avec enthousiasme. Premier signe évident de l’importance accordée à la dimension de genre : les rues, places et parcs portent ici le nom de femmes célèbres. « Avant ce quartier, 6 % des rues de Vienne étaient nommées d’après une femme. On a porté ce chiffre à 14 % », se réjouit le fonctionnaire, pour qui cette décision va au-delà du symbole. « En voyant ces noms, les habitants commencent à s’intéresser à la biographie de ces femmes. Ça contribue à changer les perceptions. »

      Ici, de nombreuses rues sont piétonnes, le dénivelé entre la chaussée et le trottoir n’excède jamais trois centimètres pour faciliter les déplacements avec une poussette ou en fauteuil roulant. Même les commerces, installés le long de la rue Maria-Tusch, ont fait l’objet d’une planification : « Quand on construit un tel quartier, il y a peu d’habitants au début. Pour être sûr qu’ils aient à disposition ce dont ils ont besoin, on ne peut laisser faire le marché privé […]. On loue les boutiques en rez-de-chaussée et on s’assure que pendant dix ans, le local ne puisse être utilisé par un autre secteur d’activité. Le boulanger sera donc toujours un boulanger, le coiffeur toujours un coiffeur », explique Gunther Laher. Ainsi, la municipalité garantit que les habitant·es n’auront pas besoin de courir d’un bout à l’autre de la ville pour faire leurs courses.

      Toutes les politiques de la ville doivent prendre en compte le genre

      Depuis 2006, Vienne a également mis en place un budget sensible au genre (gender budgeting), pendant financier de sa politique d’urbanisme. Chaque département de la mairie doit ainsi s’assurer que ses dépenses contribuent à une amélioration de l’égalité entre les sexes. Si la rénovation d’une rue doit être financée, il faudra se demander quelle place est accordée à la chaussée, donc aux automobilistes, donc majoritairement aux hommes, et quelle place est accordée aux piéton·nes, en s’intéressant par exemple à la largeur des trottoirs.

      Michaela Schatz, responsable du département gender budgeting de la municipalité, se souvient d’une mise en place compliquée : « De nombreux services nous ont dit : “Nous travaillons déjà pour l’ensemble des Viennois.” Il a donc fallu leur montrer qui avait l’usage de telle ou telle prestation. »

      Quinze ans plus tard, la prise de conscience a eu lieu et la démarche, qui s’applique à l’ensemble du budget de la ville, soit 16 milliards d’euros, a permis d’importantes réalisations, selon Michaela Schatz : « Depuis 2009, les enfants de 0 à 6 ans peuvent aller gratuitement à la crèche. […] Une étude a ensuite montré que cette mesure avait eu un impact positif sur le PIB de Vienne. » Le taux d’emploi des mères âgées de 20 à 39 ans avec des enfants en bas âge a ainsi augmenté de 1,5 point sur la période 2007-2013.

      Reste que cette approche globale n’est pas exempte de critiques : à différencier ainsi les besoins, ne risque-t-on pas de renforcer les stéréotypes et d’enfermer les femmes dans un rôle de mère ou de victime ? « On ne peut pas avoir d’influence sur le partage des tâches entre les sexes à travers l’urbanisme. C’est une question de représentations sociales, de rapports de pouvoir au sein d’une relation. Mais on peut faire en sorte que ce travail domestique se fasse dans de bonnes conditions », répond Eva Kail.

      Autre défi : la croissance rapide de la population dans la capitale. Dans ce contexte, la tentation est grande d’aller vers plus d’économies et de faire des compromis sur la qualité des nouveaux logements, notamment sur leur conformité aux critères de sensibilité au genre. Mais cette année encore, Vienne a été élue ville la plus agréable à vivre au monde par l’hebdomadaire anglais The Economist. Parmi les critères déterminants : la qualité des infrastructures ou la diversité des loisirs, des domaines où les critères de sensibilité au genre sont depuis longtemps appliqués.

      https://www.mediapart.fr/journal/international/250722/vienne-capitale-de-l-urbanisme-sensible-au-genre

      #villes #urban_matter #géographie_urbaine #TRUST #master_TRUST #Vienne #Autriche #espace_public #urbanisme_sensible_au_genre #Frauen_Werk_Stadt #travail_domestique #mobilité #mobilité_quotidienne #toponymie #toponymie_féministe #voitures #piétons #commerces #courses #budget_sensible_au_genre #gender_budgeting #égalité #inégalités #espace_public

  • Course poursuite entre #Sospel et #Nice : la personne blessée par le tir d’un policier est décédée (16 juin 2022)

    Une personne est décédée jeudi 16 juin après avoir été atteinte par le tir d’un policier qui a tenté de stopper la fourgonnette avec laquelle des passeurs venaient de forcer un barrage depuis l’Italie, quatre autres migrants à leur bord.

    (#paywall)
    https://www.nicematin.com/faits-divers/course-poursuite-entre-sospel-et-nice-la-personne-blessee-par-le-tir-dun-

    #Italie #France #frontière_sud-alpine #migrations #réfugiés #frontières #décès #mort #mourir_aux_frontières #Vintimille

    #Omar_El-Khoury #Omar_Elkhouli
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    ajouté au fil de discussion sur les morts à la frontière de Vintimille :
    https://seenthis.net/messages/784767

    lui-même ajouté à la métaliste sur les morts aux frontières alpines :
    https://seenthis.net/messages/758646

    • Nice : un migrant blessé par #balles lors d’une #course_poursuite de 40 kilomètres avec la police

      Le conducteur du fourgon qui transportait les deux migrants blessés cette nuit lors d’une poursuite avec la police, est en fuite ainsi que deux autres passagers.

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      Précision : dans une précédente version de cet article, nous indiquions que deux migrants avaient été blessés par balles. Mais, si les deux ont été pris en charge, seul un migrant a été touché par les tirs, l’autre a été victime d’un malaise.
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      Une personne a été blessée par balles dans la nuit du mardi 14 au mercredi 15 juin à l’issue d’une course poursuite avec la #police à Nice dans le quartier des #Moulins (Alpes-Maritimes), selon une source policière révélée par franceinfo. Touchée à la tête, elle est hospitalisée dans un état grave, précise le procureur de la République de Nice dans un communiqué.

      Il s’agit d’un migrant âgé de 35 ans et de nationalité égyptienne. Il faisait partie des passagers d’une camionette frigorifique qui a foncé sur des policiers. Avec lui, quatre autres migrants ont été interpellés. L’un d’eux a été pris en charge également, victime d’un malaise, selon des précisions apportées par France Bleu Azur. L’IGPN est saisie, a-t-on appris de source judiciaire. Trois hommes, dont le conducteur, sont en fuite.

      Selon les informations de franceinfo, tout a commencé vers deux heures du matin, lors d’une opération conjointe de police franco-italienne à la frontière sur la commune de Sospel (Alpes-Maritimes) à la frontière italienne. Le fourgon transportait cinq migrants, plus trois personnes dont le conducteur, a-t-on appris de source judiciaire. Le véhicule a d’abord refusé d’obtempérer au contrôle de la police. Une course poursuite de 40 kilomètres s’est alors engagée jusqu’à Nice, au quartier des Moulins.

      La police a tiré sur le véhicule qui les chargeait

      Le fourgon s’est arrêté avant de redémarrer et a foncé sur les policiers de la #police_aux_frontières (#PAF). Ces derniers ont fait usage de leurs #armes et ont tiré à quatre reprises. Deux personnes, des migrants, à bord du véhicule ont été blessés, l’une grièvement par balles, l’autre prise d’un malaise. Le conducteur et deux autres passagers ont réussi à s’enfuir, laissant sur place les cinq migrants.

      https://www.francetvinfo.fr/monde/europe/migrants/info-franceinfo-nice-deux-migrants-blesses-par-balles-lors-d-une-course

    • La véritable histoire d’#Omar_Elkhouli, tué par un #tir policier à la frontière italienne

      Cet Égyptien a été tué par balle mi-juin après une course-poursuite entre les policiers et la camionnette où il se trouvait, avec d’autres sans-papiers. Présenté comme un « migrant », il vivait en fait en France depuis 13 ans, et s’était rendu en Italie pour tenter d’obtenir une carte de séjour.

      L’histoire d’Omar Elkhouli est emblématique de la violence aux frontières et des risques encourus par les exilé·es qui tentent d’éviter les contrôles de police. Elle est aussi symptomatique des difficultés administratives que rencontrent les étrangères et étrangers en France, en préfecture, pour obtenir des papiers.

      « Omar vivait en France depuis 13 ans », souffle Mohamed, installé dans le salon de sa maison à Carrières-sur-Seine (Yvelines). Il le connaissait à peine, mais c’est lui qui a dû rechercher les proches d’Omar en Égypte, afin de leur apprendre la nouvelle de son décès.

      Âgé de 35 ans, Omar Elkhouli a été blessé par balle à la tête dans la nuit du 14 au 15 juin, à la frontière franco-italienne, alors qu’il se trouvait dans une camionnette conduite par des passeurs. Le véhicule a d’abord été pris en chasse par la police italienne, puis par la police aux frontières (PAF) française, qui a ouvert le feu.

      Omar Elkhouli est mort mercredi 15 juin en fin de journée. « Le migrant égyptien est décédé », titrent alors des médias français. Personne n’imagine qu’il était en réalité établi en France depuis de longues années, et n’aspirait, ce soir-là, qu’à rentrer chez lui.

      « On était juste allés en Italie pour tenter d’avoir une carte de séjour », expliquent Momein et Elmatwely, deux passagers de la fourgonnette, rencontrés par Mediapart au domicile de Mohamed le 26 juin.

      « On leur rend la vie tellement impossible ici que même quand ils ont des années de présence en France, qu’ils travaillent et qu’ils ont des promesses d’embauche sérieuses, ils se retrouvent à faire appel à des entremetteurs qui proposent de leur faire des documents par le biais de trafics », surenchérit Mohamed en extirpant un épais dossier du buffet.

      Depuis 2018, Mohamed regroupe tous les documents permettant de prouver la présence de Momein en France, en vue de déposer une demande de régularisation auprès de la préfecture de Seine-Saint-Denis. « Je suis insomniaque, je me lève presque toutes les nuits pour tenter de lui trouver un rendez-vous pour le dépôt du dossier, mais il n’y en a jamais », dit-il, conscient de ce que son pays inflige aux personnes étrangères.

      Momein et Mohamed se sont rencontrés en 2016, alors que le premier réalisait des travaux chez la sœur du second – beaucoup d’exilés égyptiens travaillent dans le BTP. « On a tout de suite sympathisé, il est devenu un ami. » Un jour, Momein lui explique vouloir aller en Italie avec son ami Omar, pour rencontrer un intermédiaire, qui fournit de faux documents aux sans-papiers, afin de leur permettre d’obtenir une carte de séjour italienne.

      Mohamed les aide à acheter leur billet de train de Paris à Milan, et suit leur trajet « en direct », pour être certain que tout se passe bien. « J’ai encore le billet d’Omar dans nos échanges WhatsApp », glisse-t-il avant de cliquer sur sa photo de profil. « Il était si jeune. » Momein et Omar prennent le train samedi 11 juin au matin et parviennent à déposer leur dossier en préfecture en Italie, grâce au dossier monté par le trafiquant.
      Un rabatteur et une plongée en enfer

      Lorsqu’ils veulent rentrer en France, mardi 14 juin, où plusieurs chantiers en cours les attendent, il n’y a plus de train pour Paris depuis Vintimille. Ils sont approchés par un rabatteur, qui propose de les aider à traverser la frontière. « Il nous a dit qu’il y avait la police à la gare et que c’était risqué de rester là. On s’est dit que c’était une solution », raconte Momein, qui enchaîne les allers-retours au jardin pour griller une cigarette. « Il ne fumait que très occasionnellement avant, commente Mohamed en le voyant se lever. Mais depuis son retour, il n’arrête pas. »

      Le rabatteur trouve Elmatwely, le troisième passager égyptien, marchant sur le bord de la route tout près de la gare. Ce dernier venait d’arriver à Vintimille, il était minuit passé. « Il m’a dit qu’il y avait deux autres Égyptiens pour me mettre en confiance. Je connais bien cette frontière pour l’avoir passée plusieurs fois. Je savais que je risquais un contrôle », raconte-t-il à Mediapart.

      Elmatwely, qui s’était rendu en Italie pour renouveler son titre de séjour expiré, avait déjà été arrêté à deux reprises à la gare, et ramené en Italie. Cette fois, il marche 500 mètres avec Momein et Omar pour rejoindre un parking, où trois passeurs et un camion frigorifique les attendaient.

      « On a donné 50 euros chacun au rabatteur, et les passeurs nous ont dit qu’on les paierait 200 euros à notre arrivée à Nice », poursuit Momein.

      Le camion démarre aux alentours de 0 h 50 et s’arrête peu de temps après, sans doute pour faire le plein d’essence, présument les deux rescapés. « La police française nous a montré une vidéo où l’on voit les trois passeurs à une station essence », précise Momein. Leur dialecte lui laisse penser qu’ils sont algériens, ce que Mediapart n’a pas pu confirmer auprès du parquet de Nice. « Ils étaient jeunes. Pas plus de 30 ans. »

      Les sirènes de la police italienne retentissent 15 minutes après leur départ. Deux Algériens sont aussi à l’arrière du véhicule, parmi les passagers clandestins.

      « On demandait aux passeurs de s’arrêter mais ils accéléraient. Ils prenaient des virages serrés, on se cognait les uns contre les autres. À un moment donné, c’était tellement agité qu’Omar s’est retrouvé à ma place [à l’arrière droite du camion] et moi à la sienne », se remémore Momein.

      La scène dure environ 45 minutes. La police italienne a-t-elle ouvert le feu ? Momein et Elmatwely ne parviennent pas à se mettre d’accord. « Non », dit l’un. « Si, rétorque l’autre, mais ils visaient le châssis de la voiture. » C’est plus tard, durant la course-poursuite avec la PAF qu’Omar reçoit une balle à l’arrière de la tête.

      « Si on n’avait pas été bousculés à l’arrière, c’est moi qui l’aurais reçue », soupire Momein, la mâchoire serrée. Pour stopper l’hémorragie, ce dernier retire sa veste et appuie sur la plaie autant qu’il le peut. Mais Omar perd trop de sang.

      « Omar était encore conscient et priait Dieu », assure Elmatwely en mimant son geste. « Mais il y avait tellement de sang… », ajoute Momein, qui s’arrête brusquement de parler pour ravaler des larmes.

      Malgré leurs supplications, les passeurs refusent de s’arrêter. « On frappait sur la paroi de séparation en hurlant que l’un de nous était blessé à la tête, mais ils continuaient à accélérer. Un des passagers algériens a même appelé le rabatteur au téléphone pour qu’il dise au conducteur de s’arrêter. On a tous cru qu’on allait mourir. »

      « Il s’agissait d’un fourgon frigorifique, il n’y avait donc pas de fenêtres ou de portes à l’arrière pour permettre aux migrants de s’échapper », complète Me Zia Oloumi, leur avocat, qui s’est battu pour obtenir leur libération, une fois le cauchemar terminé.

      À leur arrivée à Nice, vers 2 heures du matin, plusieurs véhicules de police les attendent. Les passeurs « s’évaporent dans la cité », qu’ils semblaient « bien connaître », selon Elmatwely. Une fois la portière ouverte, Momein fait une crise d’angoisse et perd connaissance.

      « Des policiers lui mettaient des coups de pied pour voir s’il réagissait. Ils ont mis 15 minutes à prendre en charge Omar, poursuit son compagnon. Une policière était en état de choc en découvrant la scène, j’ai essayé de l’interpeller en plongeant mes mains dans le sang d’Omar tant elle ne réagissait pas », poursuit-il.

      Omar, puis Momein, sont conduits à l’hôpital. Les autres sont amenés au commissariat. « Les ambulanciers avaient déchiré mes vêtements, pleins de sang, mais quand ils ont vu que je n’étais pas blessé à l’hôpital, la police est venue me chercher. Ils m’ont emmené au poste en boxer », se souvient Momein. Une humiliation.

      En état de choc, Elmatwely estime avoir été « pressé comme un citron », interrogé sans même pouvoir se concentrer, sans avoir pu se changer, ni manger ou, dans un premier temps, boire. À leur sortie du commissariat, en début de soirée le 15 juin, les passagers de la camionnette sont placés en rétention, et se voient délivrer une obligation de quitter le territoire français (OQTF). Sans suivi psychologique particulier.

      Elmatwely et Momein, qui se disent aujourd’hui « liés par la mort », n’ont plus goût à la vie. « On n’arrive plus à se projeter. On est venus ici pour se construire un avenir, pas pour vivre ce genre de choses. » L’avocat Zia Oloumi a réussi à les faire sortir lundi 20 juin, grâce à une décision de la cour d’appel d’Aix-en-Provence au vu de leur « vulnérabilité », de leur « état psychologique » et des « circonstances particulières de l’affaire ».

      « Le premier juge des libertés et de la détention, qui a pourtant tellement l’habitude de prolonger la durée de rétention qu’on le surnomme “Bonjour 28 jours”, avait déjà considéré qu’il y avait atteinte au droit à la santé et avait demandé leur sortie de rétention, détaille l’avocat. Mais le parquet a fait appel. Le préfet s’est battu pour maintenir ces personnes en rétention malgré le drame qu’ils avaient vécus. »
      La vie tranquille d’Omar Elkhouli en région parisienne

      À leur sortie de rétention, les deux Égyptiens ont porté plainte contre X et contre la police pour « mise en danger de la vie d’autrui ».

      Contacté par Mediapart, le parquet de Nice indique que deux enquêtes sont ouvertes : l’une, contre X, confiée à un juge d’instruction, pour les chefs « d’aide à l’entrée et à la circulation en France d’étrangers en situation irrégulière dans des conditions incompatibles avec la dignité humaine », « refus d’obtempérer aggravé par la mise en danger d’autrui », « tentative d’homicide sur personne dépositaire de l’autorité publique » ; l’autre, sous l’autorité du parquet, confiée à l’IGPN (Inspection générale de la police nationale), des chefs « d’homicide volontaire » concernant la victime du tir policier. Selon nos informations, le corps d’Omar Elkhouli devait être rapatrié en Égypte vendredi 1er juillet.

      Depuis Paris, Mohamed a activé son réseau pour retrouver la famille d’Omar dans la région de Gharbeya. Il est finalement parvenu à joindre un de ses cousins vivant en France, auquel il a demandé de se manifester au plus vite auprès de la justice pour permettre le rapatriement du corps.

      Ce cousin s’est aussi rendu au domicile d’Omar en région parisienne, pour récupérer son passeport égyptien et d’autres documents nécessaires aux démarches. Ses colocataires, Ibrahim, Mahmoud et Rezk, que Mediapart a retrouvés, n’arrivent toujours pas à y croire Omar vivait là depuis quatre ans, après avoir vécu avec Ibrahim dans un autre logement à Aubervilliers.

      « On a passé dix ans ensemble, jour et nuit. C’était mon frère », dit ce dernier lorsque nous les rencontrons dans leur appartement à Sarcelles (Val-d’Oise), lundi 27 juin. Les trois colocataires ont laissé sa chambre telle quelle : un lit, un canapé et une armoire occupent l’espace, des calligraphies coraniques décorent les murs ; le tapis sur lequel Omar priait repose encore sur son lit.

      « Omar était quelqu’un de pieux », appuient-ils. Il était aussi passionné d’haltérophilie, entretenant un compte TikTok où il publiait pléthore de vidéos où l’on peut le voir s’entraîner ou coacher des adhérents. Ibrahim se souvient de leur première rencontre, à son arrivée en France dix ans plus tôt.

      « Je suis arrivé sans rien. Je venais de traverser la mer et j’avais des claquettes aux pieds. Un ami en Égypte m’a donné son contact en me disant qu’il pourrait peut-être m’aider. Il m’a hébergé, m’a trouvé du boulot et m’a prêté 100 euros. » À vrai dire, il les a tous aidés. Mahmoud, qui errait dans les rues de Paris sans aucun contact en arrivant en France, a fini par être mis en relation avec lui.

      « Nos propres frères ne nous ont pas aidés comme il l’a fait », résument-ils, ajoutant qu’il organisait aussi des collectes d’argent pour les personnes endeuillées et dans le besoin en Égypte. « On veut que le monde entier sache qu’il n’était pas un “migrant”. Il vivait en France, il n’avait jamais eu d’ennuis avec la police. Il ne méritait pas de mourir ainsi. » Grâce à ses chantiers dans le BTP, Omar envoyait de l’argent à ses proches restés en Égypte chaque mois. Avant cela, il avait vécu deux ans à Dubaï, où il était cuisinier.

      « Pourquoi on nous traite comme ça ? Parce qu’on est des Arabes ? Dites-moi qui veut se lever tous les jours à 5 heures du matin pour aller travailler sur les chantiers ! », clame Mahmoud. « Omar avait des rêves d’Europe et avait choisi de rejoindre un pays de liberté », souligne Ibrahim. Mais après treize années de présence en France, Omar s’est trouvé face à un mur administratif.

      « Il savait qu’il serait impossible de prouver son existence sur treize ans. Mais surtout, il savait qu’il était impossible d’avoir un simple rendez-vous en préfecture. Un de mes amis, Égyptien également, travaille en étant déclaré et a accumulé plus de 40 fiches de paie. Cela fait trois ans qu’il n’arrive pas à prendre rendez-vous en préfecture. En entendant cette histoire, Omar a été totalement découragé », relate Ibrahim.

      Lorsqu’il apprend, en même temps que Momein, qu’un intermédiaire peut aider à obtenir une carte de séjour en Italie, Omar se raccroche à cette hypothèse. « Il voulait juste pouvoir retourner en Égypte voir ses proches. Notre hantise est de ne pas les revoir avant qu’ils ne décèdent », confie Ibrahim, qui n’a jamais revu ses parents et son épouse, aujourd’hui décédés. Et d’ajouter : « Omar voulait se fiancer. Il voulait pouvoir faire des allers-retours librement. » La phrase résonne dans la chambre du défunt, résumant à elle seule les conséquences de politiques migratoires injustes et mortifères.

      Le drame a bousculé Rezk, dont la décision est prise. Il rentrera en Égypte dès cet été. « Je ne peux plus rester ici », souffle cet ancien artisan du marbre, qui n’avait pas pour objectif l’Europe : lui et Ibrahim s’étaient d’abord exilés en Libye, où ils travaillaient et gagnaient « bien mieux », mais la guerre les a ensuite poussés au départ.

      Omar était aussi très impliqué dans la vie de son quartier, allant régulièrement rendre visite à deux personnes âgées vivant non loin de là. « Il avait même les clés de l’appartement de l’une d’elles et ses enfants l’appelaient pour prendre des nouvelles de leur mère », complète Ibrahim, qui vient tout juste de reprendre le travail tant la nouvelle l’a affecté. « J’ai voulu aller à la salle de sport où on allait ensemble tous les soirs, mais je me suis arrêté net devant la porte sans pouvoir entrer. »

      Avec qui ira-t-il au travail, au marché ou à la poste ?, énumère-t-il à l’entrée de leur immeuble, en montrant le nom d’Omar sur la boîte aux lettres. Un voisin lui présente ses condoléances. Le bail de location et les factures d’électricité, qui étaient à son nom, devront être modifiés. « Les choses ne seront plus jamais comme avant. On ne va rien faire de sa chambre pour l’instant, on verra plus tard, dit Ibrahim. On sait qu’on ne rencontrera plus jamais quelqu’un comme lui. »

      https://www.mediapart.fr/journal/france/030722/la-veritable-histoire-d-omar-elkhouli-tue-par-un-tir-policier-la-frontiere

    • Nice : un migrant blessé par balle par la police

      Un migrant a été grièvement blessé dans la nuit de mardi à mercredi à Nice. L’homme se trouvait dans un fourgon dont le conducteur avait forcé un premier barrage de police à Sospel, à la frontière franco-italienne, avant d’engager une course-poursuite jusqu’à Nice. Les forces de l’ordre ont alors ouvert le feu.

      Vers 2h du matin dans la nuit de mardi 14 à mercredi 15 juin, un fourgon transportant plusieurs migrants a forcé un barrage dans la commune de Sospel, située près de la frontière franco-italienne, dans la vallée de la Roya.

      Une course-poursuite s’est alors engagée sur 40 km jusqu’à Nice. Selon France Bleu Azur, la voiture se serait alors arrêtée avant de redémarrer et de foncer sur des agents de la police aux frontières (PAF), dans le quartier niçois sensible des Moulins.

      Le conducteur et ses deux acolytes auraient ensuite pris la fuite à pied, abandonnant les cinq exilés à bord. Les policiers ont fait usage de leurs armes et ont tiré à quatre reprises.
      L’IGPN a été saisie

      Parmi les cinq migrants découverts dans le fourgon, un a été blessé par balle et son « pronostic vital était engagé dans la nuit », a précisé la Direction départementale de la sécurité publique (DDSP) à l’AFP. Un autre a été pris en charge par les secours pour un malaise.

      L’inspection générale de la police nationale (IGPN) a été saisie de ce dossier, comme c’est systématiquement le cas lorsqu’un policier fait usage de son arme de service, a indiqué le procureur de la République de Nice.

      https://twitter.com/cestrosi/status/1537022125906722816

      Le maire de la ville, Christian Estrosi, proche du parti présidentiel, a apporté sur Twitter son soutien aux forces de l’ordre. « Je déplore bien évidemment les blessures occasionnées dans le fourgon mais elles sont le résultat d’un acte criminel auquel il était nécessaire de mettre un terme pour la sécurité de nos policiers et gendarmes afin d’éviter d’autres drames », a-t-il écrit.
      Au moins 30 morts à la frontière depuis 2015

      Des milliers de migrants tentent chaque année de franchir la frontière franco-italienne pour pénétrer sur le sol français, au péril de leur vie. Les exilés prennent tous les risques pour essayer de traverser la frontière, très surveillée. Ils montent sur le toit des trains ou empruntent des sentiers dangereux à travers la montagne pour éviter d’être repérés par les forces de l’ordre.

      En février, le corps carbonisé d’un homme avait été retrouvé sur le toit d’un train régional qui reliait la ville italienne de Vintimille à la France. En novembre, le cadavre d’un migrant africain, en état de décomposition avancée, avait été découvert dans une gorge, non loin de Vintimille. La personne avait probablement chuté en tentant de rejoindre la France.

      Selon les associations, au moins 30 exilés sont décédés à la frontière franco-italienne depuis 2015.

      https://www.infomigrants.net/en/post/41219/nice--un-migrant-blesse-par-balle-par-la-police

    • Un autre meurtre par la police, une autre violence pour la frontière.

      Le 16 juin 2022, un homme est décédé des suites d’une blessure à la tête causée par un tir policier. La raison sous-jacente est que, dans le véhicule, il y avait des personnes sans papiers et que le conducteur a refusé d’obtempérer.

      La police tue, la frontière aussi

      Le 16 juin 2022, un homme est décédé des suites d’une blessure à la tête causée par un tir policier. A part quelques articles de presse , ce qu’il s’est produit à la frontière franco-italienne le 15 juin 2022 est passé inaperçu. Pourtant, cela s’inscrit dans dans la continuité d’une série d’épisodes similaires et dans le débat qu’ils ont suscités sur l’usage de la violence par la police face à des refus d’obtempérer face à des automobilistes.

      Ce que l’on sait :

      Selon le communiqué du procureur de la République de Nice, la PAF aurait reçu de la part de ses homologues italiens le signalement d’une camionnette transportant des personnes en situation irrégulière, se dirigeant de la Vallée de la Roya vers Nice, en passant par Fanghetto (Italie) et Sospel (France). C’est l’une des voies de passage bien connues de la zone. Dans le PV de l’enquête (que nous avons pu consulter), la PAF admet que le contrôle effectué cette nuit là s’est effectué dans le cadre de la réintroduction des contrôles aux frontières intérieures de l’espace Schengen (cf. infra). Repérée en amont, la camionnette aurait donc refusé d’obtempérer une première fois entre Fanghetto et Sospel, dans une route de col en lacet. S’enclanche alors une course-poursuite de 40 kilomètres sur des routes de montagne sinueuses. A Cantaron, dans les hauteurs de Nice la police aurait de nouveau tenté de bloquer la route, et c’est là que, le conducteur forçant de nouveau le passage, la police aurait tiré à 4 reprises en justifiant d’une situation de légitime défense. L’une des personnes qui était à l’arrière du camion a alors reçu une balle à la tête. La camionnette a continué sa fuite, suivie jusqu’au quartier des Moulins à Nice (une vingtaine de kilomètres plus loin par l’autoroute)où le véhicule aurait été abandonné et le conducteur ainsi que 2 personnes assises a l’avant auraient pris la fuite. Le blessé et 4 autres passagers auraient été retrouvés sur place par la police. 2 impacts de balles au niveau des feux avant et des roues ont été constatés par le procureur, l’un ayant transpercé la carrosserie. Suite à cela le blessé grave (et un autre blessé léger en état de choc) a été transporté à l’hôpital où il a succombé à ses blessures le lendemain. Alors que le blessé agonisait à l’hôpital, les autres passagers, ont été arrêtés puis conduits au Centre de Rétention Administrative (CRA) de Nice.
      Le lendemain, le 17 juin 2022, malgré la décision de libération prise par le Juge des Libertés et de la Détention (JLD), le Procureur s’acharne et s’obstine en faisant appel de la décision, prolongeant ainsi la double-peine infligée aux victimes, encore sous le choc. Celles-ci risquent désormais un mois de détention suivi d’un éloignement du territoire.

      La frontière tue

      En 2015 la France suspend unilatéralement l’application du Code Frontière Schengen d’abord pour cause formelle de COP21, puis d’antiterrorisme (suite au bataclan). Depuis 2020, le coronavirus est le dernier argument en date venu renforcer encore plus le mythe d’une frontière étanche à tous les maux du monde. Mais en réalité, les habitants du territoire savent très bien que le dispositif cible bien autre chose que le terrorisme ou le Covid. Dans la pratique, il cible les exilé.e.s arrivant d’Italie. C’est d’ailleurs ce qui force ces derniers à trouver d’autres voies de passage plus dangereuses ou coûteuses, et ce qui explique la prolifération des passeurs depuis lors à la frontière franco-italienne. Bien que le code frontières Schengen autorise les Etats-membres à réintroduire des contrôles systématiques à leurs frontières intérieures, cette mesure ne peut en aucun cas dépasser un délai de 2 ans selon ce même code. Or, la France a maintenu ces contrôles de 2015 à aujourd’hui. Le dispositif dans lequel s’inscrit l’opération ayant conduit à la mort d’un migrant est donc illégal au regard du droit européen, comme l’a encore rappelé la Cour de Justice de l’Union Européenne (CJUE) le 26 avril dernier.

      Vu qu’il perdure depuis 5 ans, rien d’étonnant à ce que ce type de contrôle, pourtant illégal au regard du droit européen, reste indiscuté dans l’opinion publique. De même, rien d’étonnant à ce que le degré de violence dont la PAF ait fait preuve ne soit pas mesuré à l’aune du délit initial dont ils ont été averti dès le début par leur homologues italiens : l’aide à l’entrée et au séjour irrégulier. Pour un délit toute somme « banal », la police a donc fait usage d’armes à feu au moins à quatre reprises.

      Faut-il s’étonner qu’une telle violence à nos frontière ne choque personne ? Ce n’est pas la première fois qu’un exilé meurt des balles de la police à cette frontière. En 1995 déjà,Todor, un enfant bosniaque, fut tué, toujours à Sospel et dans des conditions similaires. A l’époque, cela avait suscité un vif émoi. Si c’est la seconde fois qu’un.e exilé.e.s meurt directement des balles de la police, ce sont pas moins de 47 personnes qui ont péri en tentant de franchir la frontière franco-italienne depuis 2015. Alors oui, il semble ce qui choquait hier s’est banalisé.

      La police tue

      Ce drame vient, encore une fois, rappeler que la police tue, et qu’elle tue en toute impunité. Les parallèles avec la succession d’affaires récentes impliquant l’usage d’armes à feu face à des refus d’obtempérer est évidente. On pense à l’affaire du pont neuf, le meurtre de Souheil en août dernier dans le 3ème arrondissement de Marseille, celui tout récent de Raiana, ou encore ce qu’il s’est encore reproduit dans le même quartier du 18ème arrondissement de Paris le 17 juin.
      Dans tous ces cas, le refus d’obtempérer de la part d’un chauffeur semble avoir été suffisant pour justifier, aux yeux des tireurs, de la justice, de la presse et d’une part de l’opinion publique, l’usage « proportionné » de la force : une salve ininterrompue de tirs à balle réelle. Dans tous ces cas, on ne comprend donc pas bien comment les conducteurs aient pu à la fois « foncer sur le véhicule de police » et « prendre la fuite ». Soit le véhicule de police aurait du être percuté, soit en cas de fuite, la légitime défense ne se justifie pas. En d’autres termes, les témoignages des policiers se contredisent eux-mêmes. Dans tous ces cas, on ne comprend pas bien, vu que le conducteur cherchait à contourner le contrôle, son intérêt à braquer son volant sur les policiers. En revanche, on peut très bien imaginer l’intérêt des forces de l’ordre d’établir une telle version, de sorte à pouvoir plaider la légitime défense.

      Pour revenir à ce qu’il s’est passé dans les Alpes Maritimes, le communiqué de presse du Procureur nous apprend que deux enquêtes auraient été ouvertes. L’une contre les conducteurs/passeurs, pour aide à l’entrée et au séjour irréguliers, refus d’obtempérer "aggravé par la mise en danger d’autrui", et tentative d’homicide sur PDAP. L’autre, auprès de l’IGPN, contre les flics meurtriers, pour « violences volontaires avec arme par personne dépositaire de l’autorité publique suivie d’une incapacité supérieure à 8 jours ». Nous parlons ici d’un homme, simple passager, décédé d’une blessure à la tête des suites d’un tir policier. Et le Procureur parle d’une ITT de 8 jours. Tentative d’homicide volontaire pour un homme qui de toute vraisemblance a cherché à contourner (et non pas écraser) un barrage de police, violence volontaire ayant entraîné 8 jours d’ITT pour l’homme qui a porté le coup fatal et qui est sorti libre après quelques heures de garde à vue. Deux poids deux mesures.

      Les quatre personnes arrêtées ont été libérées suite à une audience le lundi 21 juin devant la Cour d’appel d’Aix.

      https://mars-infos.org/un-autre-meurtre-par-la-police-une-6421

    • "On veut que le monde entier sache qu’il n’était pas un « migrant »" : l’histoire d’Omar, tué par la police après une #course-poursuite entre Sospel et Nice

      Omar Elkhouli, un sans-papier égyptien, est décédé le 16 juin après avoir été atteint par le tir d’un policier, à la suite d’une course-poursuite entre Sospel et Nice. Ses proches, rencontrés par Mediapart, racontent son histoire.

      « On sait qu’on ne rencontrera plus jamais quelqu’un comme lui. » Les colocataires d’Omar Elkhouli pleurent la disparition de leur ami, survenue le 16 juin.

      Ce jour-là, Omar essaye de rentrer en France après s’être rendu en Italie pour obtenir une carte de séjour. Il est approché par un rabatteur, qui lui propose de lui faire passer la frontière dans un camion frigorifique avec d’autres personnes sans-papiers, dont l’un de ses amis, Momein.

      « On a donné 50 euros chacun au rabatteur et les passeurs nous ont dit qu’on les paierait 200 euros à notre arrivée à Nice », raconte l’Egyptien à Mediapart.
      « On demandait aux passeurs de s’arrêter »

      Dans le camion, se trouvent trois passeurs et cinq migrants. Une quinzaine de minutes après leur départ, la police italienne les repère.

      « On demandait aux passeurs de s’arrêter mais ils accéléraient, se souvient Momein. Ils prenaient des virages serrés, on se cognait les uns contre les autres. À un moment donné, c’était tellement agité qu’Omar s’est retrouvé à ma place [à l’arrière droite du camion] et moi à la sienne. »

      La police italienne aurait ouvert le feu, en visant le châssis de la voiture, puis la police aux frontières (PAF) française prend le relais. C’est là qu’Omar reçoit une balle à l’arrière du crâne.

      « On frappait sur la paroi de séparation en hurlant que l’un de nous était blessé à la tête mais ils [les passeurs] continuaient à accélérer. Un des passagers algériens a même appelé le rabatteur au téléphone pour qu’il dise au conducteur de s’arrêter. On a tous cru qu’on allait mourir. »

      En arrivant à Nice, dans le quartier des Moulins, les passeurs arrêtent la camionnette et s’enfuient. Les cinq passagers clandestins sont directement interpellés par la police.

      « Des policiers mettaient des coups de pied [à Omar] pour voir s’il réagissait », raconte à Mediapart un des migrants. « Ils ont mis 15 minutes à le prendre en charge », poursuit Momein.

      Omar est finalement conduit à l’hôpital, où il décède quelques heures après des suites de ses blessures, tandis que les autres migrants sont placés en rétention avant d’être relâchés le 20 juin, grâce à une décision de la cour d’appel d’Aix-en-Provence, en raison de leur « vulnérabilité », « état psychologique » et des « circonstances particulières de l’affaire ».
      Il travaillait et vivait en France depuis 13 ans

      Omar, 35 ans, vivait en France depuis 13 ans, selon ses proches, retrouvés par Mediapart. Depuis quatre ans, il logeait à Sarcelles, dans une colocation avec trois autres hommes.

      « Omar était quelqu’un de pieux. Nos propres frères ne nous ont pas aidés comme il l’a fait », assurent-ils. L’Egyptien travaillait sur des chantiers dans le BTP, il envoyait de l’argent tous les mois à ses proches restés en Égypte.

      Il était très impliqué dans la vie de son quartier, où il rendait régulièrement visite à deux personnes âgées. Le soir, Omar allait à la salle de sport, où il se filmait pour son compte TikTok.

      « Il savait qu’il serait impossible de prouver son existence sur 13 ans. Mais surtout, il savait qu’il était impossible d’avoir un simple rendez-vous en préfecture. Un de mes amis, Égyptien également, travaille en étant déclaré et a accumulé plus de 40 fiches de paie. Cela fait trois ans qu’il n’arrive pas à prendre rendez-vous en préfecture. En entendant cette histoire, Omar a été totalement découragé », relate Ibrahim, un de ses colocataires, très impacté par la mort de son ami.

      "On veut que le monde entier sache qu’il n’était pas un « migrant ». Il vivait en France, il n’avait jamais eu d’ennuis avec la police. Il ne méritait pas de mourir ainsi."

      (#paywall)
      https://www.nicematin.com/faits-de-societe/on-veut-que-le-monde-entier-sache-quil-netait-pas-un-migrant-lhistoire-do

  • Thread très intéressant de “OSS 117 : Helsinki se révolte”. Je vous mets la partie qui m’a intéressée, concernant l’immunité de groupe :
    https://twitter.com/OSS117_Helsinki/status/1434954780443615238

    […]

    Et il faut revenir sur le sketch que l’on nous fait sur l’immunité de groupe.

    NON, LES SCIENTIFIQUES NE SE SONT PAS TROMPÉS SUR L’IMMUNITÉ DE GROUPE.

    Faut arrêter avec ça aussi.

    Déjà, l’immunité de groupe, par concept, est un taux pour lequel les non-vaccinés sont protégés par les vaccinés. Si vous êtes vaccinés, l’immunité de groupe, vous vous en moquez.

    A 100% de vaccinés, l’immunité de groupe ça n’existe pas.

    Donc les antivax qui ricanent sur l’absence d’immunité de groupe, en fait, c’est dommage pour vous car ça veut dire qu’il faudra vous faire vacciner car les vaccinés ne pourront pas compenser votre bêtise.

    Vous riez encore ?

    L’immunité de groupe était atteignable (atteinte ?) avec la souche ancestrale. Là les scientifiques ont vu juste.

    Possiblement, elle l’était aussi avec les variants SudAf, britannique et brésilien. Pas avec l’indien

    Et vous savez quoi ? Les scientifiques ne lisent pas l’avenir.

    Quand le vaccin a été fabriqué, le variant indien n’existait pas. Ce n’est pas pour rien qu’on vous dit que c’est une course contre la montre et qu’il faut se faire vacciner pour empêcher l’apparition des variants. Sinon, on aura un train de retard à chaque fois.

    On demande donc au vaccin aujourd’hui d’être efficace sur un variant pour lequel il n’a pas été positionné. C’est du repositionnement en quelque sorte 😈 (Mode troll activé).

    En attendant, les vaccins multivalents arrivent qui eux seront positionnés sur les variants. Là, il sera possible que l’on reparle à nouveau d’une immunité de groupe pour les non-vaccinés.

    Conclusion : pour l’instant, les vaccinés ne peuvent pas protèger les non-vaccinés avec un vaccin ciblant la souche ancestrale, à cause du variant delta. Les politiques de santé publique visent donc le 100% de vaccinés.

    Avec les multivalents, ces politiques pourrait être révisées

  • #Suisse : Les femmes sont davantage victimes d’accidents dans les transports publics
    https://www.letemps.ch/societe/femmes-davantage-victimes-daccidents-transports-publics


    Le genre de l’usager a une incidence sur le risque d’être victime d’un accident dans les transports publics. Le « Tages-Anzeiger » a analysé les données collectées par l’Office fédéral des transports et ses conclusions sont limpides : les femmes ont deux fois plus d’accidents que les hommes

    Une enquête du Tages-Anzeiger https://www.tagesanzeiger.ch/frauen-verunfallen-doppelt-so-oft-wie-maenner-327166680901 révèle que les femmes sont plus souvent blessées que les hommes dans les transports en commun. Pour tirer cette conclusion, le quotidien a passé au crible la base de données nationale des événements de l’Office fédéral des transports, qui consigne l’ensemble des incidents qu’ils soient mineurs ou graves. Plus précisément, il a analysé les signalements effectués par les entreprises de transport depuis 2019, année depuis laquelle le sexe de la personne est mentionné. Ainsi, ces deux dernières années 1 278 passagères ont été signalées contre 602 passagers.


    Talons et sacs à main ?
    Une différence qui va au moins du simple au double. Contactés par le Tages-Anzeiger, les transports publics bernois Bernmobil, lucernois Verkehrsbetriebe Luzern et zurichois Zürcher Verkehrsbetriebe, déclarent ainsi avoir respectivement recensé sur cette même période 78 femmes blessées contre 26 hommes, 114 femmes contre 18 hommes et 350 femmes contre 130 hommes.

    Plusieurs raisons sont évoquées. Pour Beat Nater, membre de la direction de Verkehrsbetriebe Luzern, l’écart est principalement dû au « comportement de signalement. » Selon lui, les hommes sont moins susceptibles de déclarer un accident lorsqu’ils sont blessés.

    Autre cause suggérée : le déséquilibre provoqué chez les femmes par le port de talons haut et de sacs à main. Une explication soutenue par le responsable de la sécurité de Zürcher Verkehrsbetriebe, Heinz Illi.

    Les hommes sont tout simplement plus forts […] Ils peuvent mieux s’accrocher lorsqu’ils sont secoués, déclare-t-il.

    Le porte-parole de Bernmobil, Rolf Meyer, confie de son côté être « complètement perdu quant aux raisons » qui pourraient expliquer ce que le journal qualifie de « disproportion flagrante. » Son hypothèse : la population est vieillissante et les femmes sont plus nombreuses à emprunter leur réseau. Une piste balayée par le quotidien qui souligne que le nombre de femmes accidentées n’ayant pas atteint l’âge de la retraite est conséquent et qu’au niveau national, 61% des femmes et 52% des hommes disposent d’un abonnement aux transports publics.

    Des besoins spécifiques
    Egalement confrontées à cette problématique, des associations allemandes et autrichiennes avancent un autre argument. L’agencement des rames et wagons ainsi que la planification du trafic sont majoritairement décidés par des hommes. Pour Barbara Spalinger, la vice-présidente du syndicat du personnel des transports, les femmes n’occupent qu’une « infime proportion » des métiers techniques. Or les femmes utilisent davantage les transports en commun chargées de commissions, agrippées à une poussette ou accompagnées d’enfants. Et ces besoins ne seraient pas suffisamment pris en considération.

    Les statistiques montrent que la première cause d’accident résulte d’une infraction à la réglementation ou à la signalisation routière par un tiers – par exemple un automobiliste qui freine brusquement, obligeant le conducteur du bus ou du tram à freiner brutalement à son tour et provoquant des secousses parmi ses passagers. La seconde cause d’accident est une conduite inadaptée en montant ou en descendant du véhicule, enfin des accidents surviennent aussi quand on s’accroche mal aux barres d’appui dans les voitures. Et le Tagi de suggérer une question : ces défauts de conduite pourraient-ils être réduits grâce à des infrastructures mieux adaptées aux usages des passagères ?
    #transports_publics #accidents #femmes #hommes #genre #disproportion #courses #commissions #poussettes #infrastructures

  • Enquête sur l’Ultra-Trail
    https://lundi.am/Enquete-sur-l-Ultra-Trail

    « Tu vas pisser du sang. Tu vas en chier. Tu vas souiller ton froc. Tu vas toucher le fond un nombre incalculable de fois. Tu vas voir 36 chandelles en éclatant l’ampoule de ton gros orteil sur un caillou pointu. Tu vas parler aux arbres […]. Tu vas engloutir des litres de Coca. Tu vas rêver de bouillon de légumes et de pastilles de sel. […] Tu vas tomber tête la première sur une allée forestière toute plate en t’éclatant une rotule déjà mal en point. Tu vas bouffer des tonnes de chips. Tu vas les gerber. Tu vas abandonner, le cœur et le corps brisés… et une demi-heure ou trois semaines après ta dernière agonie, tu chercheras une nouvelle course. Comment peut-on être aussi con ? Peut-être qu’au-delà de toutes ces emmerdes, de toutes ces souffrances, l’ultra a quelque chose de magique… [1]

    [1] Citation tirée du livre Trail de Jean-Philippe Lefief,...
     »

    Voici comment Clare Gallagher, coureuse américaine aux dizaines de milliers d’abonnés Instagram, militante écologique, diplômée de la prestigieuse université de Princeton et nouvelle égérie de Patagonia – la multinationale spécialisée dans le sport dit outdoor –, décrit son expérience de la course très longue distance en milieu naturel : l’ultra-trail.

    #trail #ultra_trail #course_à_pied #industrie_du_sport #sport_spectacle #virilisme #survivalisme

    Notez bien qu’"engloutir des litres de coca" et « bouffer des tonnes de chips », c’est « bon pour la planète » chez les adeptes de l’ultra trail.

    #bullshit_ecology #égologie #greenwashing

    • Trigger Warnings | Centre for Teaching Excellence

      A trigger warning is a statement made prior to sharing potentially disturbing content. That content might include graphic references to topics such as #sexual_abuse, #self-harm, #violence, #eating_disorders, and so on, and can take the form of an #image, #video_clip, #audio_clip, or piece of #text. In an #academic_context, the #instructor delivers these messages in order to allow students to prepare emotionally for the content or to decide to forgo interacting with the content.

      Proponents of trigger warnings contend that certain course content can impact the #wellbeing and #academic_performance of students who have experienced corresponding #traumas in their own lives. Such students might not yet be ready to confront a personal #trauma in an academic context. They choose to #avoid it now so that they can deal with it more effectively at a later date – perhaps after they have set up necessary #resources, #supports, or #counselling. Other students might indeed be ready to #confront a personal trauma in an academic context but will benefit from a #forewarning of certain topics so that they can brace themselves prior to (for example) participating in a #classroom discussion about it. Considered from this perspective, trigger warnings give students increased #autonomy over their learning, and are an affirmation that the instructor #cares about their wellbeing.

      However, not everyone agrees that trigger warnings are #necessary or #helpful. For example, some fear that trigger warnings unnecessarily #insulate students from the often harsh #realities of the world with which academics need to engage. Others are concerned that trigger warnings establish a precedent of making instructors or universities legally #responsible for protecting students from #emotional_trauma. Still others argue that it is impossible to anticipate all the topics that might be potentially triggering for students.

      Trigger warnings do not mean that students can exempt themselves from completing parts of the coursework. Ideally, a student who is genuinely concerned about being #re-traumatized by forthcoming course content would privately inform the instructor of this concern. The instructor would then accommodate the student by proposing #alternative_content or an alternative learning activity, as with an accommodation necessitated by a learning disability or physical disability.

      The decision to preface potentially disturbing content with a trigger warning is ultimately up to the instructor. An instructor who does so might want to include in the course syllabus a preliminary statement (also known as a “#content_note”), such as the following:

      Our classroom provides an open space for the critical and civil exchange of ideas. Some readings and other content in this course will include topics that some students may find offensive and/or traumatizing. I’ll aim to #forewarn students about potentially disturbing content and I ask all students to help to create an #atmosphere of #mutual_respect and #sensitivity.

      Prior to introducing a potentially disturbing topic in class, an instructor might articulate a #verbal_trigger_warning such as the following:

      Next class our discussion will probably touch on the sexual assault that is depicted in the second last chapter of The White Hotel. This content is disturbing, so I encourage you to prepare yourself emotionally beforehand. If you believe that you will find the discussion to be traumatizing, you may choose to not participate in the discussion or to leave the classroom. You will still, however, be responsible for material that you miss, so if you leave the room for a significant time, please arrange to get notes from another student or see me individually.

      A version of the foregoing trigger warning might also preface written materials:

      The following reading includes a discussion of the harsh treatment experienced by First Nations children in residential schools in the 1950s. This content is disturbing, so I encourage everyone to prepare themselves emotionally before proceeding. If you believe that the reading will be traumatizing for you, then you may choose to forgo it. You will still, however, be responsible for material that you miss, so please arrange to get notes from another student or see me individually.

      Trigger warnings, of course, are not the only answer to disturbing content. Instructional #strategies such as the following can also help students approach challenging material:

      – Give your students as much #advance_notice as possible about potentially disturbing content. A day’s notice might not be enough for a student to prepare emotionally, but two weeks might be.

      – Try to “scaffold” a disturbing topic to students. For example, when beginning a history unit on the Holocaust, don’t start with graphic photographs from Auschwitz. Instead, begin by explaining the historical context, then verbally describe the conditions within the concentration camps, and then introduce the photographic record as needed. Whenever possible, allow students to progress through upsetting material at their own pace.

      – Allow students to interact with disturbing material outside of class. A student might feel more vulnerable watching a documentary about sexual assault while in a classroom than in the security of his or her #home.

      – Provide captions when using video materials: some content is easier to watch while reading captions than while listening to the audio.

      – When necessary, provide written descriptions of graphic images as a substitute for the actual visual content.

      – When disturbing content is under discussion, check in with your students from time to time: #ask them how they are doing, whether they need a #break, and so on. Let them know that you are aware that the material in question is emotionally challenging.

      – Advise students to be #sensitive to their classmates’ #vulnerabilities when they are preparing class presentations.

      – Help your students understand the difference between emotional trauma and #intellectual_discomfort: the former is harmful, as is triggering it in the wrong context (such as in a classroom rather than in therapy); the latter is fundamental to a university education – it means our ideas are being challenged as we struggle to resolve cognitive dissonance.

      https://uwaterloo.ca/centre-for-teaching-excellence/trigger

    • Why Trigger Warnings Don’t Work

      Because trauma #survivors’ #memories are so specific, increasingly used “trigger warnings” are largely #ineffective.

      Fair warning labels at the beginning of movie and book reviews alert the reader that continuing may reveal critical plot points that spoil the story. The acronym NSFW alerts those reading emails or social media posts that the material is not suitable for work. The Motion Picture Association of America provides film ratings to advise about content so that moviegoers can make informed entertainment choices for themselves and their children.

      Enter stage right: Trigger warning.

      A trigger warning, most often found on #social_media and internet sites, alerts the reader that potentially upsetting information may follow. The words trigger warning are often followed by a subtitle such as *Trigger warning: This may be triggering to those who have struggled with _________. Fill in the blank. #Domestic_abuse. #Rape. #Body_image. #Needles. #Pregnancy.

      Trigger warnings have become prevalent online since about 2012. Victim advocate Gayle Crabtree reports that they were in use as early as 1996 in chat rooms she moderated. “We used the words ‘trigger warning,’ ‘#tw,’ ‘#TW,’ and ‘trigger’ early on. …This meant the survivor could see the warning and then decide if she or he wanted to scroll down for the message or not.” Eventually, trigger warnings spread to social media sites including #Tumblr, #Twitter, and #Facebook.

      The term seems to have originated from the use of the word “trigger” to indicate something that cues a #physiological_response, the way pollen may trigger an allergy attack. A trigger in a firearm is a lever that activates the sequence of firing a gun, so it is not surprising that the word was commandeered by those working in the field of #psychology to indicate objects and sensations that cause neurological firing in the brain, which in turn cause #feelings and #thoughts to occur.

      Spoiler alerts allow us to enjoy the movie or book as it unfolds without being influenced by knowledge about what comes next. The NSFW label helps employees comply with workplace policies that prohibit viewing sexually explicit or profane material. Motion picture ratings enable viewers to select movies they are most likely to find entertaining. Trigger warnings, on the other hand, are “designed to prevent people who have an extremely strong and damaging emotional response… to certain subjects from encountering them unaware.”

      Say what?

      Say hogwash!

      Discussions about trigger warnings have made headlines in the New Yorker, the Los Angeles Times, the Guardian, the New Republic, and various other online and print publications. Erin Dean writes that a trigger “is not something that offends one, troubles one, or angers one; it is something that causes an extreme involuntary reaction in which the individual re-experiences past trauma.”

      For those individuals, it is probably true that coming across material that reminds them of a traumatic event is going to be disturbing. Dean’s definition refers to involuntary fear and stress responses common in individuals with Post Traumatic Stress Disorder characterized by intrusive memories, thoughts, or dreams; intense distress at cues that remind the individual of the event; and reactivity to situations, people, or objects that symbolize the event. PTSD can result from personal victimization, accidents, incarceration, natural disasters, or any unexpected injury or threat of injury or death. Research suggests that it results from a combination of genetic predisposition, fear conditioning, and neural and physiological responses that incorporate the body systems and immunological responses. Current theories suggest that PTSD represents “the failure to recover from the normal effects of trauma.” In other words, anyone would be adversely affected by trauma, but natural mechanisms for healing take place in the majority of individuals. The prevalence of PTSD ranges from 1.9 percent in Europe to 3.5 percent in the United States.

      The notion that trigger warnings should be generalized to all social media sites, online journals, and discussion boards is erroneous.

      Some discussions have asserted that because between one in four and one in five women have been sexually abused, trigger warnings are necessary to protect vast numbers of victims from being re-traumatized. However, research shows that the majority of trauma-exposed persons do not develop PTSD. This does not mean they aren’t affected by trauma, but that they do not develop clinically significant symptoms, distress, or impairment in daily functioning. The notion that trigger warnings should be generalized to all social media sites, online journals, and discussion boards is erroneous. Now some students are pushing for trigger warnings on college class syllabi and reading lists.

      But what?

      Balderdash!

      But wait, before people get all riled up, I’d like to say that yes, I have experienced trauma in my life.

      I wore a skirt the first time George hit me. I know this because I remember scrunching my skirt around my waist and balancing in heels while I squatted over a hole in the concrete floor to take a piss. We were in Tijuana. The stench of excrement made my stomach queasy with too much tequila. I wanted to retch.

      We returned to our hotel room. I slid out of my blouse and skirt. He stripped to nothing and lay on the double bed. He was drinking Rompope from the bottle, a kind of Mexican eggnog: strong, sweet, and marketed for its excellent spunk. It’s a thick yellow rum concoction with eggs, sugar, and almond side notes. George wanted to have sex. We bickered and argued as drunks sometimes do. I said something — I know this because I always said something — and he hit me. He grabbed me by the hair and hit me again. “We’re going dancing,” he said.

      “I don’t feel like dancing — “

      “Fine. Stay.”

      The world was tilting at an angle I didn’t recognize. The mathematician Matt Tweed writes that atoms are made up of almost completely empty space. To grasp the vast nothingness, he asks the reader to imagine a cat twirling a bumblebee on the end of a half-mile long string. That’s how much emptiness there is between the nucleus and the electron. There was more space than that between George and me. I remember thinking: I am in a foreign country. I don’t speak Spanish. I have no money. We went dancing.

      Labeling a topic or theme is useless because of the way our brains work. The labels that we give trauma (assault, sexual abuse, rape) are not the primary source of triggers. Memories are, and not just memories, but very specific, insidious, and personally individualized details lodged in our brain at the time of the trauma encoded as memory. Details can include faces, places, sounds, smells, tastes, voices, body positions, time of day, or any other sensate qualities that were present during a traumatic incident.

      If I see a particular shade of yellow or smell a sickly sweet rum drink, I’m reminded of my head being yanked by someone who held a handful of my hair in his fist. A forest green Plymouth Duster (the car we drove) will too. The word assault does not. The words domestic violence don’t either. The specificity of details seared in my mind invokes memory.

      Last year a driver slammed into the back of my car on the freeway. The word tailgate is not a trigger. Nor is the word accident. The flash of another car suddenly encroaching in my rearview mirror is. In my mid-20s, I drove my younger sister (sobbing, wrapped in a bed sheet) to the hospital where two male officers explained they were going to pluck her pubic hair for a rape kit. When I see tweezers in a hospital, I flash back to that awful moment. For my sister, other things may be triggers: the moonlight shining on the edge of a knife. The shadow of a person back lit in a doorway. An Hispanic man’s accent. If we were going to insist on trigger warnings that work, they would need to look something like this:

      Trigger warning: Rompope.

      Trigger warning: a woman wrapped in a bed sheet.

      Trigger warning: the blade of a knife.

      The variability of human #perception and traumatic recall makes it impossible to provide the necessary specificity for trigger warnings to be effective. The nature of specificity is, in part, one reason that treatment for traumatic memories involves safely re-engaging with the images that populate the survivor’s memory of the event. According to Dr. Mark Beuger, an addiction psychiatrist at Deerfield Behavioral Health of Warren (PA), the goal of PTSD treatment is “to allow for processing of the traumatic experience without becoming so emotional that processing is impossible.” By creating a coherent narrative of the past event through telling and retelling the story to a clinician, survivors confront their fears and gain mastery over their thoughts and feelings.

      If a survivor has had adequate clinical support, they could engage online with thoughts or ideas that previously had been avoided.

      According to the National Center for Health, “#Avoidance is a maladaptive #control_strategy… resulting in maintenance of perceived current threat. In line with this, trauma-focused treatments stress the role of avoidance in the maintenance of PTSD. Prolonged exposure to safe but anxiety-provoking trauma-related stimuli is considered a treatment of choice for PTSD.” Avoidance involves distancing oneself from cues, reminders, or situations that remind one of the event that can result in increased #social_withdrawal. Trigger warnings increase social withdrawal, which contributes to feelings of #isolation. If a survivor who suffers from PTSD has had adequate clinical support, they could engage online with thoughts or ideas that previously had been avoided. The individual is in charge of each word he or she reads. At any time, one may close a book or click a screen shut on the computer. What is safer than that? Conversely, trigger warnings perpetuate avoidance. Because the intrusive memories and thoughts are internal, trigger warnings suggest, “Wait! Don’t go here. I need to protect you from yourself.”

      The argument that trigger warnings help to protect those who have suffered trauma is false. Most people who have experienced trauma do not require preemptive protection. Some may argue that it would be kind to avoid causing others distress with upsetting language and images. But is it? Doesn’t it sometimes take facing the horrific images encountered in trauma to effect change in ourselves and in the world?

      A few weeks ago, I came across a video about Boko Haram’s treatment of a kidnapped schoolgirl. The girl was blindfolded. A man was digging a hole in dry soil. It quickly became evident, as he ushered the girl into the hole, that this would not end well. I felt anxious as several men began shoveling soil in around her while she spoke to them in a language I could not understand. I considered clicking away as my unease and horror grew. But I also felt compelled to know what happened to this girl. In the 11-minute video, she is buried up to her neck.

      All the while, she speaks to her captors, who eventually move out of the frame of the scene. Rocks begin pelting the girl’s head. One after the other strikes her as I stared, horrified, until finally, her head lay motionless at an angle that could only imply death. That video (now confirmed to be a stoning in Somalia rather than by Boko Haram) forever changed my level of concern about young girls kidnapped in other countries.

      We are changed by what we #witness. Had the video contained a trigger warning about gruesome death, I would not have watched it. Weeks later, I would have been spared the rush of feelings I felt when a friend posted a photo of her daughter playfully buried by her brothers in the sand. I would have been spared knowing such horrors occur. But would the world be a better place for my not knowing? Knowledge helps us prioritize our responsibilities in the world. Don’t we want engaged, knowledgeable citizens striving for a better world?

      Recently, the idea of trigger warnings has leapt the gulch between social media and academic settings. #Universities are dabbling with #policies that encourage professors to provide trigger warnings for their classes because of #complaints filed by students. Isn’t the syllabus warning enough? Can’t individual students be responsible for researching the class content and reading #materials before they enroll? One of the benefits of broad exposure to literature and art in education is Theory of Mind, the idea that human beings have the capacity to recognize and understand that other people have thoughts and desires that are different from one’s own. Do we want #higher_education to comprise solely literature and ideas that feel safe to everyone? Could we even agree on what that would be?

      Art occurs at the intersection of experience and danger. It can be risky, subversive, and offensive. Literature encompasses ideas both repugnant and redemptive. News about very difficult subjects is worth sharing. As writers, don’t we want our readers to have the space to respond authentically to the story? As human beings, don’t we want others to understand that we can empathize without sharing the same points of view?

      Trigger warnings fail to warn us of the very things that might cause us to remember our trauma. They insulate. They cause isolation. A trigger warning says, “Be careful. This might be too much for you.” It says, “I don’t trust you can handle it.” As a reader, that’s not a message I want to encounter. As a writer, that is not the message I want to convey.

      Trigger warnings?

      Poppycock.

      http://www.stirjournal.com/2014/09/15/trigger-what-why-trigger-warnings-dont-work

    • Essay on why a professor is adding a trigger warning to his #syllabus

      Trigger warnings in the classroom have been the subject of tremendous #debate in recent weeks, but it’s striking how little the discussion has contemplated what actual trigger warnings in actual classrooms might plausibly look like.

      The debate began with demands for trigger warnings by student governments with no power to compel them and suggestions by #administrators (made and retracted) that #faculty consider them. From there the ball was picked up mostly by observers outside higher ed who presented various #arguments for and against, and by professors who repudiated the whole idea.

      What we haven’t heard much of so far are the voices of professors who are sympathetic to the idea of such warnings talking about what they might look like and how they might operate.

      As it turns out, I’m one of those professors, and I think that discussion is long overdue. I teach history at Hostos Community College of the City University of New York, and starting this summer I’m going to be including a trigger warning in my syllabus.

      I’d like to say a few things about why.

      An Alternative Point of View

      To start off, I think it’s important to be clear about what trigger warnings are, and what purpose they’re intended to serve. Such warnings are often framed — and not just by critics — as a “you may not want to read this” notice, one that’s directed specifically at survivors of trauma. But their actual #purpose is considerably broader.

      Part of the confusion arises from the word “trigger” itself. Originating in the psychological literature, the #term can be misleading in a #non-clinical context, and indeed many people who favor such warnings prefer to call them “#content_warnings” for that reason. It’s not just trauma survivors who may be distracted or derailed by shocking or troubling material, after all. It’s any of us, and a significant part of the distraction comes not from the material itself but from the context in which it’s presented.

      In the original cut of the 1933 version of the film “King Kong,” there was a scene (depicting an attack by a giant spider) that was so graphic that the director removed it before release. He took it out, it’s said, not because of concerns about excessive violence, but because the intensity of the scene ruined the movie — once you saw the sailors get eaten by the spider, the rest of the film passed by you in a haze.

      A similar concern provides a big part of the impetus for content warnings. These warnings prepare the reader for what’s coming, so their #attention isn’t hijacked when it arrives. Even a pleasant surprise can be #distracting, and if the surprise is unpleasant the distraction will be that much more severe.

      I write quite a bit online, and I hardly ever use content warnings myself. I respect the impulse to provide them, but in my experience a well-written title and lead paragraph can usually do the job more effectively and less obtrusively.

      A classroom environment is different, though, for a few reasons. First, it’s a shared space — for the 75 minutes of the class session and the 15 weeks of the semester, we’re pretty much all #stuck with one another, and that fact imposes #interpersonal_obligations on us that don’t exist between writer and reader. Second, it’s an interactive space — it’s a #conversation, not a monologue, and I have a #responsibility to encourage that conversation as best I can. Finally, it’s an unpredictable space — a lot of my students have never previously encountered some of the material we cover in my classes, or haven’t encountered it in the way it’s taught at the college level, and don’t have any clear sense of what to expect.

      For all these reasons, I’ve concluded that it would be sound #pedagogy for me to give my students notice about some of the #challenging_material we’ll be covering in class — material relating to racial and sexual oppression, for instance, and to ethnic and religious conflict — as well as some information about their rights and responsibilities in responding to it. Starting with the summer semester, as a result, I’ll be discussing these issues during the first class meeting and including a notice about them in the syllabus.

      My current draft of that notice reads as follows:

      Course Content Note

      At times this semester we will be discussing historical events that may be disturbing, even traumatizing, to some students. If you ever feel the need to step outside during one of these discussions, either for a short time or for the rest of the class session, you may always do so without academic penalty. (You will, however, be responsible for any material you miss. If you do leave the room for a significant time, please make arrangements to get notes from another student or see me individually.)

      If you ever wish to discuss your personal reactions to this material, either with the class or with me afterwards, I welcome such discussion as an appropriate part of our coursework.

      That’s it. That’s my content warning. That’s all it is.

      I should say as well that nothing in these two paragraphs represents a change in my teaching practice. I have always assumed that if a student steps out of the classroom they’ve got a good reason, and I don’t keep tabs on them when they do. If a student is made uncomfortable by something that happens in class, I’m always glad when they come talk to me about it — I’ve found we usually both learn something from such exchanges. And of course students are still responsible for mastering all the course material, just as they’ve always been.

      So why the note, if everything in it reflects the rules of my classroom as they’ve always existed? Because, again, it’s my job as a professor to facilitate class discussion.

      A few years ago one of my students came to talk to me after class, distraught. She was a student teacher in a New York City junior high school, working with a social studies teacher. The teacher was white, and almost all of his students were, like my student, black. That week, she said, one of the classes had arrived at the point in the semester given over to the discussion of slavery, and at the start of the class the teacher had gotten up, buried his nose in his notes, and started into the lecture without any introduction. The students were visibly upset by what they were hearing, but the teacher just kept going until the end of the period, at which point he finished the lecture, put down his papers, and sent them on to math class.

      My student was appalled. She liked these kids, and she could see that they were hurting. They were angry, they were confused, and they had been given nothing to do with their #emotions. She asked me for advice, and I had very little to offer, but I left our meeting thinking that it would have been better for the teacher to have skipped that material entirely than to have taught it the way he did.

      History is often ugly. History is often troubling. History is often heartbreaking. As a professor, I have an #obligation to my students to raise those difficult subjects, but I also have an obligation to raise them in a way that provokes a productive reckoning with the material.

      And that reckoning can only take place if my students know that I understand that this material is not merely academic, that they are coming to it as whole people with a wide range of experiences, and that the journey we’re going on #together may at times be #painful.

      It’s not coddling them to acknowledge that. In fact, it’s just the opposite.

      https://www.insidehighered.com/views/2014/05/29/essay-why-professor-adding-trigger-warning-his-syllabus

  • Cours « 18.S097: Programming with Categories / IAP 2020 » MIT,
    Brendan Fong, Bartosz Milewski, and David Spivak

    « In this course we explain how category theory—a branch of mathematics known for its ability to organize the key abstractions that structure much of the mathematical universe—has become useful for writing elegant and maintainable code. In particular, we’ll use examples from the Haskell programming language to motivate category-theoretic constructs, and then explain these constructs from a more abstract and inclusive viewpoint. Hands-on programming exercises will be used to demonstrate categorical ideas like “the universal property of products” in working Haskell code. A rough list of topics includes:

    · Sets, types, categories, functors, natural transformations
    · Universal constructions and associated data types
    · Adjunctions and cartesian closed categories
    · Algebras, catamorphisms, anamorphisms
    · Monads, comonads, Kleisli arrows
    · Monoids, monoidal categories, lax monoidal functors,
    applicatives
    · Profunctors, (co)ends, optics »

    #category #theory #course #functionalProgramming

  • Les #livreurs de #Saint-Etienne font plier #UberEats

    C’est une première #victoire pour les livreurs de repas de Saint-Étienne, dans la Loire : ils viennent d’obtenir du géant de la #livraison UberEats un #minimum_horaire_garanti pour les #courses dans la ville. Les livreurs n’excluent pas d’autres actions, notamment pour peser face à d’autres plateformes.

    Dans l’histoire de David contre Goliath, c’est David qui gagne avec sa fronde ... et dans la vie parfois c’est pareil ! Les #livreurs de repas de Saint-Étienne, dans la Loire, viennent de le prouver. Après des #grèves éclairs au mois de décembre, la plateforme UberEats s’engage à leur garantir un #minimum_horaire pour leurs courses. Une première victoire, mais les livreurs ne comptent pas s’arrêter là.

    Une #négociation victorieuse avec UberEats

    Dès la première grève éclair du 13 décembre, à Saint-Étienne, la plateforme UberEats avait tenu à s’entretenir avec les livreurs stéphanois sur leurs #revendications. Depuis le 21 décembre, la plateforme s’engage à leur garantir un minimum horaire pour les courses : 10 euros entre 11h30 et 13h30, 12 euros entre 19h et 21h. Une seule condition pour cela : réaliser deux courses minimum dans l’heure.

    https://twitter.com/rapportsdeforce/status/1340962547055407105

    Une vraie satisfaction pour Junior et Pierre : « Ce qu’on a réussi à faire ici, la petite ville de Saint-Étienne qui arrive à faire plier Uber, c’est beau. On appelle toutes les villes de France à faire comme nous. Si tout le monde nous suit, c’est eux qui vont s’asseoir et discuter. Et on aura tout ce qu’on veut, et ce qu’on mérite ! »

    D’autres actions sont à prévoir

    Malgré cette première victoire, les livreurs s’accordent à dire que c’est loin d’être suffisant. Ils réclament plus qu’un minimum horaire : « Un #minimum_par_course. Qu’on soit au moins à 4 euros 50 par course. Ce n’est pas demander la lune ! ». Les livreurs demandent aussi une #revalorisation de la #prime de #pluie.

    Les Stéphanois réfléchissent déjà à de nouvelles grèves après les fêtes pour se faire entendre. « Une action qui dure plus longtemps, plus forte. Si on n’est pas là, de toute façon, ils ne font rien. On est un petit maillon de la chaîne, mais un maillon essentiel. » Et pourquoi pas, disent-ils, une action spécialement contre #Deliveroo, un autre service de livraison, qui, lui, n’a jamais répondu à leurs sollicitations.

    https://www.francebleu.fr/infos/societe/les-livreurs-de-saint-etienne-font-plier-ubereats-1609039011
    #uber #travail #exploitation

    ping @karine4 @isskein

  • Communiqué du comité de soutien aux 3+4+2 +2 …

    DEUX SOLIDAIRES POURSUIVIS PAR LA JUSTICE

    Le 19 novembre, à #Montgenèvre, deux solidaires ont été interpellés lors d’une maraude de l’#unité_mobile_de_mise_à_l'abri (#UMMA), organisée par #Medecins_Du_Monde et #Tous_Migrants alors qu’ils étaient en train de porter assistance à une famille composée de deux enfants mineurs, de 10 et 14
    ans, d’une femme enceinte d’environ huit mois et de son mari.
    Placés en garde à vue pendant 24 h, pendant que la famille se faisait refouler pour la deuxième fois en ITALIE, ils sont ressortis avec une convocation devant le tribunal de Gap le 4 décembre.
    Ils sont poursuivi pour« aide à l’entrée, la circulation ou le séjour irrégulier d’étrangers en situation irrégulière en leur faisant franchir la frontière pédestrement » pour une maraude pourtant effectuée en France dans le cadre du protocole d’intervention de l’UMMA.
    Cette situation n’est malheureusement plus surprenante à la frontière Franco italienne où depuis 5 ans la chasse à l’homme de couleur (ou racisé) et les refoulements illégaux font le quotidien.
    Les violences policières sont avérées (https://www.bastamag.net/police-racket-violence-surmineur-
    detournement-de-fonds-publics-refugies-proces-PAF-Montgenevre) les #courses_poursuites meurtrières. (https://www.liberation.fr/france/2019/05/08/sur-les-traces-de-blessing-matthewmigrante-
    nigeriane-noyee-dans-la-durance_1725483 )
    Ces réalités sont bien loin d’être anecdotiques , nous comptons aujourd’hui cinq personnes exilées décédées « accidentellement » sur les chemins rejoignant le #Briançonnais. plusieurs centaines d’autres ayant nécessité un passage par le service des urgences tant leur état inspirait de l’inquiétude, une multitude présentant des blessures ou traumatismes parfois irréversibles directement liés au passage de la frontière.
    Le lundi 16 novembre, Madame la Préfete a annoncé en conférence de presse à la #Police_Aux_Frontières (#PAF) de Montgenèvre l’augmentation des effectifs de la PAF et de la gendarmerie mobile ainsi que l’arrivée de militaires des forces sentinelles afin de lutter contre le terrorisme, nous dit-on. Nous constatons depuis, le déploiement d’un arsenal technologique (drone et jumelles thermique). Le 19 Novembre 2020, ce dispositif a permis le refoulement de 2 familles dont une femme enceinte plusieurs mineurs ainsi que l’arrestation et la mise en garde à vue de 2 maraudeurs solidaires.
    Cette situation intervient dans un contexte répressif plus global.
    En France, dans la Roya et à la frontière espagnole, à Calais , à Paris la situation est similaire. , la chasse aux exilé-es constante engendre souvent la mise en danger de la vie de ces personnes qui
    n’ont d’autre choix que de fuir leur pays
    En Europe, la frontière bosnio-croate est depuis des années un véritable enfer pour quiconque n’a pas les bons papiers pour tenter la traversé. Humiliation et torture policière sont le lot quotidien des personnes empruntant ces chemins comme en attestent les témoignages qu’ils nous laissent (https://asile.ch/2020/02/24/rts-situation-en-bosnie-herzegovine )
    La méditerranée, elle, continue d’être un cimetière dont on ne compte même plus les naufrages.
    Les images récentes des violences policières sur les exilés a Paris témoignent d’un harcèlement quotidien des personnes sans papiers partout sur le territoire Francais.
    C’est dans ce contexte de violences policières avérées que le gouvernement est en train de faire passer la loi sécurité globale, ce qui renforce notre inquiétude quand au sort réservé aux exilé-es et à toutes celles et ceux qui s’opposent a ces politiques inhumaines

    Nous appelons à un rassemblement devant le tribunal de Gap le 4 decembre 2020 à 8 h30 contre ces politiques mortifères invisibilisées et en soutien aux maraudeurs inculpés.

    Nous conseillons également à notre ministre de l’intérieur Mr Gerard Darmanin d’ engager un dialogue avec les associations concernées avant que ne se produisent de nouveaux drames

    Rendez vous...le 4 décembre 2020 8 h 30 devant le tribunal de GAP

    Reçu par email, le 25.22.2020

    #Hautes-Alpes #frontières #asile #migrations #réfugiés #criminalité #Briançon #frontière_sud-alpine #criminalisation_de_la_solidarité #solidarité #sauvetage #maraudes #maraudes_solidaires

    ajouté à la métaliste sur les Hautes-Alpes :
    https://seenthis.net/messages/733721