• Alors que le régime et ses alliés lancent une offensive contre Da’ich et progressent vers Tabaqa en direction de Raqqa : http://mobile.abc.net.au/news/2016-06-04/syria-army-enters-is-bastion-as-kurds-advance-from-north/7478228 (dans le contexte de #course_vers_Raqqa et l’avancée rapide des SDF/YPG soutenus par les USA), al-Nousra, et ses alliés de Jaych al Fatah additionnés d’une brigade de l’ASL (Central Division) relancent une offensive au sud d’Alep pour menacer la route encore existante entre Damas et la partie d’Alep tenue par le régime : http://www.syriahr.com/en/2016/06/03/46773

    Pour mémoire c’est une offensive de ce genre qui avait mis fin à la tentative par le régime de briser le siège de Deïr az-Zour après la prise de Palmyre et l’avait obligé à redéployer des troupes de Palmyre vers le sud d’Alep : http://seenthis.net/messages/485792#message485793

  • Obama annonce l’envoi de 250 membres des forces spéciales américaines en addition des 50 officiellement déjà présents, et ce en appui des SDF (YPG + brigades arabes) afin, selon ses déclarations, de prendre Raqqa :
    http://www.cbsnews.com/news/behind-president-obama-decision-to-deploy-250-additional-u-s-troops-to-syri

    The president’s decision expands the American military footprint in Syria,m from 50 commandos to 300 — something the president has been very reluctant to do. But this is an attempt to squeeze ISIS as much as he can before leaving office, reports CBS News correspondent Margaret Brennan.
    The additional U.S. troops will intensify pressure on ISIS inside their Syrian stronghold. They will provide intelligence, support and logistics to Kurdish and Arab forces who are fighting to recapture Raqqa, the de facto capital of the Islamic State.

    #course_vers_Raqqa

    • Selon Juan Cole cet envoi de forces spéciales américaines supplémentaires a pour but de renforcer les contingents arabes, minoritaires au sein des SDF, alors que les Kurdes du YPG semblent peu intéressés par la prise de Raqqa tant qu’on leur interdit de faire la jonction entre Kobané et Afrin (et donc d’unir la région qu’ils appellent Rojava) :
      http://www.juancole.com/2016/04/isil-endgame-obama-to-send-250-more-us-troops-into-syria.html

      If a largely lefist Kurdish force goes down and crushes a Sunni Arab city like al-Raqqa, that step might produce further ethnic tension and be seen as illegitimate. So the Self Defense Forces need a bigger Sunni Arab contingent fighting alongside the YPG. Likewise, frankly the YPG’s top priority is not going south to fight Daesh in al-Raqqa but going due west to capture all the territory possible for the Kurdish federal province, Rojava, that it can.
      CNN reported over the weekend that the extra 250 troops are for embedding with the Arabs in the SDF, and with getting the Arab fighters in SDF up to speed (so likely some will be trainers rather than spec ops advisers).
      By increasing the strenght of the Arab contingent within the SDF, Obama appears to be readying the locals for an al-Raqqa campaignt that is intended to rub out the so-called ‘caliphate.’

  • 2 articles récents renforcent le sentiment que l’on assiste à un rapprochement russo-américain sur le dossier syrien.

    Interview de Balanche dans l’OLJ :
    « Les Américains ne veulent pas risquer d’exclure Assad au stade actuel »
    https://www.lorientlejour.com/article/979022/-les-americains-ne-veulent-pas-risquer-dexclure-assadau-stade-actuel-

    Dans quel contexte intervient cette déclaration ? [de Bassma Kodmani critiquant les USA pour leur rapprochement avec les Russes - écho aux mêmes critiques de Ryad Hijab] :

    Je pense que l’opposition se sent abandonnée par les États-Unis. Le secrétaire d’État américain a dû expliquer à Bassma Kodmani que le maintien d’Assad au pouvoir pendant la période de transition est acceptable pour les États-Unis. Les Américains au nom de la Realpolitik ne veulent pas risquer d’exclure le président syrien avant le rétablissement de la paix et de la sécurité sur le terrain. Ils ont également conscience aujourd’hui que l’Europe est au bord de l’implosion principalement en raison de sa gestion de la crise syrienne. On assiste à la montée de partis de droite prorusses, les opinions publiques européennes adhèrent de plus en plus à l’approche des Russes, dont le succès dans la lutte contre le groupe État islamique (EI) est tangible face à l’efficacité limitée de la coalition constituée par les États-Unis.

    Les États-Unis ont-ils la maîtrise de l’évolution du calendrier diplomatique sur la question du sort de Bachar et les moyens de négocier l’option d’un départ du président syrien ?

    Les États-Unis ne souhaitent pas le départ de Bachar el-Assad à n’importe quel prix et au risque de voir s’installer le chaos en Syrie. Ils considèrent que le pouvoir est beaucoup trop personnalisé, et la dernière chose qu’ils souhaitent c’est de voir des groupes comme l’EI ou le Front al-Nosra profiter du vide pour s’imposer. Même à supposer qu’ils se rallient à cette option, qu’auraient-ils à proposer aux Russes en échange du départ d’Assad ?
    Que peuvent-ils imposer aux groupes d’opposition ?
    Ont-ils les moyens de suspendre le soutien de leurs alliés turcs et saoudiens aux groupes jihadistes ? Quelles garanties peuvent donner les Américains ? Je ne le pense pas.

    Article dans le Guardian qui laisse entendre qu’il y aura une entente dans la #course_vers_Raqqa :
    US and Russia planning military coordination against ISIS in Syria
    http://www.theguardian.com/world/2016/mar/30/russia-and-us-planning-military-coordination-against-isis-in-syria

    Signs of wider military cooperation in Syria have emerged as Russia revealed that discussions have taken place about coordinating the liberation of the Islamic State stronghold of Raqqa in conjunction with the US.

    Russia and the US have slowly been working more closely in the wake of the partial Russian withdrawal of its aircraft from Syria, including an agreement last week to press President Bashar al-Assad to hold talks with the opposition about a political transition once peace talks recommence after 9 April in Geneva.

    Russia and the US are discussing “concrete” military coordination to liberate the Isis stronghold of Raqqa, Interfax news agency cited the Russian deputy foreign minister, Oleg Syromolotov, as saying on Wednesday. The revelation follows visits to Moscow this month by the US secretary of state, John Kerry, and CIA head John Brennan.

  • Comme prévu après la prise de Palmyre, Qaryatayn vient d’être reprise par les forces du régime à Da’ich :
    http://sputniknews.com/middleeast/20160403/1037410323/syria-al-qaryataynin.html
    Qaryatayn c’est là : https://www.google.fr/maps/@34.2285857,37.1677565,9z
    La question maintenant est vers quel objectif le régime va-t-il allouer ses forces disponibles : briser le siège de Deïr az-Zor ou bien couper en 2 le territoire syrien de Da’ich en prenant Tabaqah sur la route de Raqqa ?
    La question est en fait politique. Elle dépend de deux autres questions :
    1° - D’abord la cessation des hostilités va-t-elle tenir malgré les offensives conjointes des « rebelles » et d’al-Nousra/Ahrar al-Cham au sud d’Alep et dans la province de Lattaquieh et permettre de continuer l’offensive anti-Da’ich, ou bien le régime va-t-il devoir délaisser sa poussée vers l’est et se reconcentrer sur la « Syrie utile » ?
    2° - Qu’est-ce que le régime considère comme la menace la plus crédible : l’impossibilité de s’entendre avec les SDF/YPG si leurs avancées les mettaient en position de force alors qu’ils s’approchent de Raqqah (et viennent de pénétrer dans la mouhafaza de Deïr ez-Zor), menaçant alors le régime d’une fédéralisation forcée, ou bien un plan de Sunnistan dans le désert que concocteraient les Saoudiens (et d’autres) ?
    Et quel est le degré d’entente russo-américain ?
    Et quelles sont les priorités des Iraniens : pas de fédéralisation ou bien réouvrir des voies de communication entre le Liban et l’Iran via Deïr az-Zor et l’Irak ?

    #course_vers_Raqqa

  • Moscow informed Washington, Damascus and Tehran of its intention to reduce forces in Syria
    https://elijahjm.wordpress.com/2016/03/16/moscow-informed-washington-damascus-and-tehran-of-its-intention-

    Russian aircraft continue leaving Hammymeem military base daily for two destinations: One back home and another to continue bombing ISIS positions. Six months ago, Russia has managed, in few days, to establish a vast military operation in Syria and turn the course of the war. If the Cease-fire falls apart, the over hundred jets will return also in a matter of days for the “plan B”.

    #Syrie #Russie

    • Très intéressant !
      Selon le bien informé Elijah Magnier, les Russes veulent des élections en zone gouvernementale et rebelle sous supervision de l’ONU et où Assad puisse concourir.
      Après ce retrait partiel Moscou attend d’Obama qu’il fasse le second pas, c’est-à-dire faire pression sur ses alliés turc, qatari et saoudien pour que l’envoi d’armes vers la rébellion cesse et qu’une entente russo-américaine ait lieu pour la prise de Raqqa :

      Russia, according to high-ranking sources, informed Washington, Damascus and Tehran of its step of reducing forces in Syria. The Kremlin expect from the United States to exert its promises imposing on regional parties, i.e. Saudi Arabia, Qatar and Turkey, to stop all sorts of weapons and financial supply to all rebels without exception. The USA is confident to obtain from its regional allies in the Middle East this commitment at the cost of joining the bombing, with Russia, of all those willing to continue fighting and violate the open-date Cease-fire in Syria. Saudi Arabia and Turkey see no longer Syria as a possibility to implement their old plans and agreed, theoretically, to act accordingly. Russia would be monitoring this particular stand in the coming days.

      A la lecture de Magnier on a l’impression qu’un deal américano-russe est en train de s’établir et que ce retrait partiel en est le second palier (après le cessez-le-feu partiel), même si la défiance reste de mise de part et d’autre.

      Certaines déclarations des uns et des autres peuvent a posteriori se lire comme des signes avant-coureurs d’un deal en discussion - même si cette annonce a manifestement surpris tous les analystes - et donc crédibiliser cet article d’E.J. Magnier.
      Par exemple ces déclarations de Lavrov sur une entente discutée avec Washington pour la prise de Raqqa (fin de la #course_vers_Raqqa ? : http://seenthis.net/messages/469866), comme aussi les propos d’Obama rapportés dans #Obama_doctrine sur la volonté des alliés US du Golfe d’utiliser les muscles américains pour leurs « intérêts sectaires étroits » : http://seenthis.net/messages/469057

  • Une entente dans la course vers Raqqa ?
    Selon Interfax cité par Reuters les Russes, par la voix de Lavrov, se déclarent prêts à coopérer avec la coalition dirigée par les Etats-Unis pour la prise de Raqqa. Lavrov, l’air de rien, laisse entendre qu’une certaine division du travail aurait même été proposée à l’intiative des Américains. Et l’air de rien, nouveau petit message en direction d’Ankara et de Ryadh après l’article de Goldberg #Obama_doctrine
    http://www.reuters.com/article/us-mideast-crisis-syria-russia-raqqa-idUSKCN0WG0IC

    Russia ready to cooperate with U.S.-led coalition in fight for Syria’s Raqqa: Interfax
    Russia is ready to coordinate its actions with the U.S.-led coalition in Syria to push the Islamic State group out of Raqqa, Interfax news agency quoted Russia’s Foreign Minister Sergei Lavrov as saying.
    “We are ready to coordinate our actions with the Americans, because Raqqa is in the eastern part of Syria, and the American coalition is mainly ... acting there,” Interfax quoted Lavrov as saying in an interview with the Ren-TV television channel.
    “Perhaps, this is no secret, if I say that at some stage the
    Americans suggested performing a ’division of labor’: the Russian Air Forces should concentrate on the liberation of Palmyra, and the American coalition with Russian support will focus on the liberation of Raqqa,” the minister added.

    #course_vers_Raqqa #Syrie #Daech #Russie

  • Selon David Ignatius dans le Washington Post, à l’ouest de la Syrie, les « rebelles soutenus par la CIA, la Turquie et l’Arabie saoudite » font face aux jihadistes d’al-Nousra :
    https://www.washingtonpost.com/opinions/the-islamic-state-is-degraded-but-far-from-being-destroyed/2016/03/08/bc0590fe-e56e-11e5-b0fd-073d5930a7b7_story.html

    The methodical campaign in eastern Syria contrasts with the messy battlefield to the west, where Syrian regime troops backed by Russia confront rebels supported by the CIA, Turkey and Saudi Arabia — all facing jihadists from the Islamic State and Jabhat al-Nusra. U.S. officials describe this confusing layering of forces as “marbling,” and it’s the reason the current cease-fire is so fragile.

    Il faut un certain toupet pour oser de telles énormités.
    Encore qu’il ne soit pas impossible que les Américains envisagent cette option dans l’avenir, mais qui reste jusqu’à aujourd’hui l’exact inverse de la réalité qui a eu cours depuis au moins 2012 : celle d’une alliance de facto, puis explicite et revendiquée entre al-Nousra et les « rebelles modérés » dans les provinces d’Idlib, Alep et Lattaquié.

    Balanche dans sa dernière livraison (très instructive) vient d’ailleurs de publier une carte de la présence d’al-Nousra :
    https://www.washingtoninstitute.org/policy-analysis/view/how-to-prevent-al-qaeda-from-seizing-a-safe-zone-in-northwester


    Ainsi qu’un schéma montrant les liens d’al-Nousra avec les diverses coalitions rebelles :

    L’article d’Ignatius, lui, brosse surtout le tableau de la course vers Raqqa, qui a débuté depuis que l’intervention russe et iranienne a changé la donne en faveur du régime, mais sans mentionner une seule fois les avancées du régime face à Da’ich ! Comme si dans cette course, il n’y avait qu’un concurrent, les USA et leurs alliés étrangers et syriens (SDF) :

    U.S. Special Operations forces working with a widening array of partners are slowly tightening their squeeze on Islamic State fighters in eastern Syria — moving toward an eventual assault on the jihadists’ self-declared capital of Raqqa.

    Ainsi il reconnaît la présence de forces spéciales américaines, avec entre autres la delta Force, au nord-est en appui des SDF (YPG kurde plus groupes arabes) qui combattent Da’ich :

    The campaign in eastern Syria is directed by about 50 U.S. Special Operations forces now on the ground there, joined by about 20 French and perhaps a dozen British commandos. They’re working with about 40,000 Syrian Kurdish and Arab fighters dubbed the Syrian Democratic Forces; all but about 7,000 are from the Syrian Kurdish militia known as the YPG.
    U.S. commanders hope soon to augment the U.S. ground force in Syria to about 300 troops who can train and assist these fighters. With this broader U.S. base of operations inside Syria, it’s hoped that special forces from other countries, such as the United Arab Emirates, could play a role there.

    Il prophétise de plus une invasion turque au nord par la frontière turco-syrienne tenue par Da’ich, côté Euphrate - ce qui aurait l’avantage, pour les Turcs, d’empêcher le YPG kurde de faire la jonction entre Afrin et le reste du territoire sous son contrôle :

    The next stage in the assault may come to the west of Raqqa. Syrian fighters backed by Turkish commandos appear poised to move south from Jarabulus, where the Euphrates River crosses from Turkey into Syria, toward the area around Manbij. Other U.S.-backed forces hold the Tishrin Dam, about 55 miles northwest of Raqqa. The Turkish-led campaign could finally close the gap in its border, through which the Islamic State has maintained its supply lines.

    Et enfin il y a ce passage mystérieux où il est question au sud, côté frontière jordanienne, du début d’une avancée vers Raqqa par des forces spéciales jordaniennes et britanniques :

    A limited southern push toward Raqqa was begun recently by a small unit of Jordanian and British special forces that captured a former regime outpost in southeastern Syria, close to the Iraqi and Jordanian borders.

    Il semble qu’en fait Ignatius nous explique, à mots couverts, que la prise à Da’ich du poste-frontière jordano-syrien d’al-Tanf par une mystérieuse « New Syrian Army » rebelle, tout récemment créée et sans aucun fait d’armes à son actif, soit principalement le fait de forces spéciales étrangères :
    Dépêche AP rapportant le 5 mars cet exploit de cette mystérieuse New Syrian Army : http://www.businessinsider.com/ap-syria-rebels-take-border-crossing-from-is-2016-3?IR=T

    #course_vers_Raqqa #propagande #Syrie #al-Nousra #Daech #SDF #New_Syrian_Army

  • Raqqa/Deïr az-Zor : avec les préparatifs pour la bataille de Mossoul la course à la prise du contrôle du territoire syrien sous contrôle de Da’ich entre des alliances concurrentes se met en place doucement, mais sûrement.

    Selon Elijah Magnier, le régime et ses alliés ne lanceront pas la bataille sur Raqqa tant que la bataille de Mossoul ne sera pas lancée par les Américains et leurs alliés. D’abord parce que ce serait s’exposer à des déplacements de troupes de Da’ich d’Irak vers la Syrie, et ensuite parce que le principal danger reste al-Nousra qui dispose de soutiens extérieurs. En attendant cette bataille de Mossoul, ils se concentrent donc sur al-Nousra dans la province d’Idlib et essaient de se positionner pour reprendre 3 villes à Da’ich : Qaryatayn, Palmyre et Tabaqa
    https://elijahjm.wordpress.com/2016/03/01/the-raqqa-offensive-needs-mosul-first-and-the-iraqi-popular-mobi
    The Raqqa offensive needs Mosul first and The Iraqi Popular Mobilisation Force to Syria

    The Syrian “axis of resistance”, formed of the Iranian Revolutionary Guard Corps (IRGC), Lebanese “Hezbollah” Special Forces, Iraqi of the PMF, Pakistani and Afghan militias, all operating in Syria and backed by Russia, are preparing new military plans to advance on two main axes in the north of Syria: The first, in the northwest in Jisr al-Shughur, Idlib and rural areas of Aleppo to counter al-Qaeda in the Levant – Jahbat al Nusra and its allies. The second, is the attack against ISIS on three fronts: Qariyateyen, Palmyra, and Tabqa, without going too close to Raqqa. Both al-Qaeda and its Jihadist allies on one hand, and ISIS on the other, are not included in any cease-fire or deal related to a possible peace process or Cease-fire in Syria. While Russia and its allies prepare for their war in Syria, the U.S.A is gathering Iraqi forces and many American advisors around Mosul for the Iraqi J-Day.

    La reprise de Qaryatayn et Palmyre (Tadmor), qui sont encore loin d’être faites, permettrait d’attaquer ensuite non seulement Raqqa par le sud mais aussi de briser le siège de Deïr az-Zor. Quant à Tabaqa, sa prise permettrait de couper Raqqa de toute la rive ouest du lac Assad et d’un accès à la Turquie au nord.

    En tout cas, côté Irak, les préparatifs pour la bataille de Mossoul semblent se mettre en place. D’autant que le YPG a récemment progressé en prenant la ville de Shedadeh sur l’axe Hasakeh-Deïr az-Zor. Et les déclarations d’officiels américains sont assez ambigües pour laisser penser que la course vers Raqqa, au moins par l’Irak pour la coalition américaine, est lancée :
    http://www.defenseone.com/threats/2016/02/battle-mosul-has-begun/126304
    The Battle for Mosul Has Begun

    “We are focused on eliminating the enemy in Raqqa every single day. We’re doing airstrikes there constantly,” McGurk said. “We know more now than we ever did before, and we’re beginning to constrict [the coalition’s] hold on Raqqa.”
    Carter called Shadadi “a critical node for ISIL training and logistics, as well as for its oil enterprise. As our partners take control of Shadadi, I believe we will learn a great deal more about ISIL’s criminal networks, its criminal enterprise, and what it does to sustain them.”
    McGurk said the Mosul push will be guided from a new joint operations center in Makhmur, southwest of the Kurdish capital of Irbil. The coalition also has forces in Sinjar, Hit, and al-Assad Air Base to the south, a key special operations launching point which has remained under U.S. and Iraqi control.
    “Because of our strategy and our determination to accelerate our campaign, momentum is now on our side and not on ISIL’s,” Carter said.

    Al-Monitor s’intéresse lui aussi au sujet :
    http://www.al-monitor.com/pulse/originals/2016/02/syria-regime-advance-raqqa.html#ixzz41f6V3BGR
    Is Syrian regime about to retake Raqqa ?

    Regarding the next steps, the same leader in Athriya said, “Our operations will continue along the Athriya-Raqqa axis, and our forces will secure the road from Athriya to Khanasir. The Russian air force will protect the two forces [on the Athriya-Khanasir and Athriya-Raqqa axes] against any attacks that might risk us losing the regions we retook.” The Syrian regime managed to regain control over the town of Khanasir on Feb. 25.
    Abdel Rahman Daoud, a political analyst close to the Syrian regime, told Al-Monitor, “The Syrian army will stand its ground in the Raqqa battle because regaining the province is an important step to eliminate the danger of division, and because the Russian leadership wants to block the way to any US attempt to control IS’ main stronghold amid the public field race between Russia and the United States.”
    The Raqqa battle is still relatively far away if we look at it from the perspective of distances that the Syrian army would have to cross. But from an ambitious perspective, it has become imminent. IS has blocked the road the Syrian regime would need to cross to reach the north of the country. This might make the regime’s ambitions harder to fulfill.

    • Autres lecture intéressantes :
      Moon of alabama : « The road to Raqqa is quickly intensifying »
      http://www.moonofalabama.org/2016/02/the-race-to-raqqa-is-intensifying.html

      Et Interview de Balanche :
      http://www.levif.be/actualite/international/pourquoi-alep-est-un-enjeu-fondamental-pour-assad/article-normal-467363.html
      Avec plusieurs passages, carrément hors les clous de la narrative dominante - pourrait-il se les permettre sur le site du WINEP ?

      Et Daech ? Qui sera en première ligne pour s’attaquer à son fief de Raqqa ?
      Les rebelles syriens sont incapables de prendre Raqqa. Le veulent-ils seulement ? On ne les a guère entendus prendre position contre Daech. Ceux du Front al-Nosra et d’Ahrar Al-Sham partagent d’ailleurs son idéologie. « Quand Assad sera tombé, ils vont se battre contre Daech », entend-on souvent. Difficile à croire ! Les Américains avaient tenté d’armer des rebelles « modérés » pour se battre contre Daech, ce fut un fiasco total. On parle également d’une force armée intégrant des tribus arabes sous leadership kurde, mais cela ne marchera pas. Quant à la coalition internationale, elle ne veut pas envoyer de troupes au sol et craint de bombarder des civils. Or, l’état-major de Daech se trouve en pleine ville.
      La solution ?
      Je ne vois que l’armée syrienne et les Russes. Ce sont eux qui régleront l’affaire. Toutefois, leur priorité est de se débarrasser des autres groupes rebelles avant de se diriger vers Raqqa, sans doute vers la fin de l’année ou en 2017. Ce n’est pas un objectif immédiat.
      Cela revient-il à condamner la ligne « Ni Bachar ni Daech » prônée par les diplomaties française et belge ?
      Assad est aujourd’hui considéré comme le moindre mal, même si la France va rester accrochée à sa posture morale assimilant Assad à un « boucher ». Cette évolution de la guerre syrienne est une défaite pour les Occidentaux, qui ont commis une erreur d’analyse globale. Ils n’ont pas voulu voir l’aspect communautaire dans la guerre civile. Ils n’ont pas voulu voir que les rebelles n’étaient pas des gentils démocrates mais des islamistes et que des mouvements comme Daech allaient émerger.
      Contestez-vous qu’il s’agissait, au début, d’une révolte pour la démocratie ?
      Chez les quelques intellectuels qui manifestaient à Damas, c’était le cas. A Deraa, où la contestation a surgi, ce sont des problèmes socio-économiques qui ont suscité la colère : cinq années de sécheresse, une population rurale sans emploi du fait de la croissance démographique, l’arbitraire des services de renseignements, la corruption... La coupe a débordé, les gens se sont révoltés. A Homs et Hama c’était pire, car s’y est ajoutée une dimension anti-alaouite et antichrétienne. A Deraa, où la population est à 99 % sunnite, des Frères musulmans venus de Jordanie ont mis de l’huile sur le feu, eux qui sont en embuscade depuis qu’ils ont été massacrés à Hama en 1982. Si les salafistes « quiétistes » devenus entre-temps djihadistes les ont remplacés, les Frères musulmans sont restés à la manoeuvre depuis l’extérieur grâce à leurs relais en Occident et avec l’argent du Qatar.

    • @souriyâm : j’imagine que tu n’ignores pas qu’on se connaît Balanche et moi, puisqu’on était dans le même labo à Lyon. Pour ce que je sais de Balanche, sa liberté académique est, hélas, bien plus grande aux USA qu’elle ne l’était en France...

    • @gonzo : Oui je m’en rappelle. Je dois avouer que ça m’étonne. J’aurais pensé que la ligne politique d’un think tank comme le WINEP était plus contraignante que l’université française. Je dois être encore trop indulgent avec cette dernière...
      En tout cas, il faudra, si c’est possible, qu’un jour vous nous proposiez vos idées et hypothèses sur les raisons de l’aveuglement académique français - seulement français ? - sur les questions syriennes et libyennes (et sur le monde arabe contemporain, en général). Question qui avait été brièvement abordée ici. Ça m’intéresserait vivement - moi, et d’autres aussi je pense.

    • @gonzo : je ne dirais pas que sa liberté académique a été entravée. Il a toujours dit ce qu’il voulait, et sans problème particulier pour publier à ma connaissance. Mais son point de vue est resté très minoritaire et donc je pense que son avancement en pâtit. Je pense que le peu de crédit académique dont il jouit est aussi lié aux choix qu’il a fait en termes de communication, privilégiant les médias et donc un propos souvent simplificateur - typiquement sa rengaine sur le communautarisme, qui ne résiste pas à une analyse un tant soit peu nuancée, comme d’ailleurs il le fait lui même dans des papiers plus élaborés, par exemple dans la Revue Outre Terre :
      Balanche, Fabrice, ‘Géographie de La Révolte Syrienne’, Outre-Terre, 29 (2011), 437–58 https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00281809
      ------, ‘Les Alaouites  : une secte au pouvoir’, Outre Terre, 2 (2006), pp 73–96 http://www.cairn.info/revue-outre-terre-2011-3-page-437.htm
      A mon avis, ses intuitions les plus justes consistent dans la compréhension du cadre géopolitique qui permet au régime de Bachar de tenir, à savoir les soutiens russes et iraniens, et les réticences US et européennes à intervenir de manière massive sur le terrain.

  • Un accord formel a été atteint à Munich entre les pays de l’ISSG (International Syrian Support Group) comprenant tous les acteurs extérieurs du conflit syrien : Saoudiens, Turquie, UK, USA, Qatar, France, Russie, Iran… Il appelle à une cessation des hostilités (mais pas un cessez-le-feu) et à organiser l’accès humanitaire à TOUTES les villes assiégées. Cela semble un bon pas an avant dans toute la partie ouest de la Syrie, mais il y a, selon moi, encore loin de la coupe aux lèvres.
    http://www.theguardian.com/world/2016/feb/12/syria-cessation-of-hostilities-full-text-of-the-support-groups-communiq

    Major powers agreed on Friday to implement a cessation of hostilities in Syria and to expand delivery of humanitarian aid to people caught up in the conflict.

    Cette aide humanitaire commencera par des largages aériens :

    In order to accelerate the urgent delivery of humanitarian aid, sustained delivery of assistance shall begin this week by air to Deir Ez Zour and simultaneously to Fouah, Kafrayah, the besieged areas of rural Damascus, Madaya, Mouadhimiyeh, and Kafr Batna by land, and continue as long as humanitarian needs persist.

    Mais pourquoi aériens ? C’est-à-dire qu’au sol, certains de l’ « opposition » ne sont pas trop d’accord : http://seenthis.net/messages/459779

    Deuxième problème pour le camp Saoud/Turquie, cet accord de cessation d’hostilités ne vaut évidemment ni pour Da’ich, ni pour al-Nusra, qui restent donc des cibles légitimes pour les bombardiers russes. Le texte de l’accord rappelle d’ailleurs les résolutions du CS de l’ONU ( qui excluaient déjà ces deux groupes et « toutes les entités associées à al-Qaïda » du bénéfice de tout accord de cessez-le-feu) :

    The ISSG members agreed that a nationwide cessation of hostilities must be urgently implemented, and should apply to any party currently engaged in military or paramilitary hostilities against any other parties other than Daesh, Jabhat al-Nusra, or other groups designated as terrorist organisations by the United Nations Security Council. […]The ISSG decided that all members will undertake their best efforts, in good faith, to sustain the cessation of hostilities and delivery of humanitarian assistance, and take measures to stop any activities prohibited by United Nations Security Council Resolutions 2170, 2178, 2199, 2249, 2253, and 2254.

    Du coup c’est toute la coalition de l’opposition dans la province d’Idlib et au nord d’Alep, qui comprend al-Nusra, qui est menacée d’implosion, voire de guerre interne, selon une logique qui a déjà été évoque ici : http://seenthis.net/messages/455545 ( et auparavant ici : http://seenthis.net/messages/433418)
    D’ailleurs on commence à avoir une idée du risque qui pèse sur l’autre composante principale, avec al-Nusra, de cette coalition, le groupe salafiste Ahrar al-Cham. Un des activistes de ce groupe, interrogé par le Guardian, déclare que son groupe rejettera cet accord si al-Nusra n’est pas reconnu et ne peut pas s’assoir à la table des négociations. L’idée qu’une telle revendication, asseoir al-Qaïda à la table d’un accord international soutenu à l’ONU, puisse avoir une quelconque chance d’être acceptée, donne une idée du degré de désespoir au sein d’Ahrar al-Cham :
    http://www.theguardian.com/world/live/2016/feb/12/syria-ceasefire-agreed-munich-peace-talks-live?page=with:block-56bda758

    An activist close to the Ahrar al-Sham rebel group said the agreement amounted to giving Russia time and international cover to continue bombing the opposition fighting the Assad regime, writes Kareem Shaheen.
    He warned that Ahrar al-Sham could reject the deal it allows Russia to continue bombing the al-Nusra Front, which operates throughout much of rebel-held territory in the country.
    “I don’t expect Ahrar to accept it, because the agreement is completely illogical,” he said. “It is a waste of time because as long as Nusra is excluded from the agreement it means fighting will not stop in any area.” […]
    “Not only in Aleppo but in most liberated areas there is Nusra, and consequently this agreement cannot be implemented,” the activist said.

    Voila pour la partie ouest (la plus importante) et sud. Mais cet accord, s’il est respecté et suivi d’actes, laisse pendante la question des territoires de l’est tenus par Da’ich. Très probablement le camp Saoud/Qatar va tout essayer pour se maintenir dans l’équation syrienne et donc tenter la solution B qui consiste à prendre le contrôle de tout ou partie de l’est – et cette fois-ci les USA pourraient bien se laisser tenter : http://seenthis.net/messages/457855#message458439 .
    La course vers Raqqa, comme il y a 70 ans celle vers Berlin, pourrait bien avoir d’ores et déjà commencée : http://www.moonofalabama.org/2016/02/the-race-to-raqqa-is-on-to-keep-its-unity-syria-must-win-.html

    • Avec toutefois un bémol : pour atteindre Rakka, pour les Saoudiens il faut passer par l’Irak, la Jordanie ou la Turquie avant d’arriver « sur site » comme ils disent à la radio. Aucun de ces chemins ne me paraît très facile à emprunter. Quant à la voie des airs, il faudra l’accord des Russes...

    • @gonzo : Bien vu ! Je n’y avais simplement pas réfléchi en lisant MoA ! :(

      Hypothèse : puisqu’il faut du temps, il va falloir flinguer cet accord de Munich pour empêcher que l’armée syrienne puisse mobiliser des forces à l’est - quitte à perdre un peu plus de terrain au nord-ouest, et éviter la guerre interne au sein de Jaysh al-Fatah. Campagne de relations publiques contre les frappes russes à prévoir pour masquer les responsables de l’enterrement et accuser Moscou.

      En tout cas, Ryad Hijab laisse clairement entendre que l’opposition de sa majesté Salman pourrait refuser l’accord :
      http://www.bloomberg.com/news/articles/2016-02-12/syria-cease-fire-seen-in-a-week-as-talks-lead-to-aid-agreement

      Initial reactions to the deal from within Syria were skeptical. Opposition leader Riad Hijab said on his Twitter account that implementing the cease fire depends on the agreement of the rebels on the southern and northern fronts.

  • Dans le nord de la Syrie, une victoire à partager... - Scarlett HADDAD - L’Orient-Le Jour
    http://www.lorientlejour.com/article/969614/dans-le-nord-de-la-syrie-une-victoire-a-partager.html

    Un diplomate des pays du Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) a toutefois une autre lecture de cette initiative. Ce diplomate chevronné établit une comparaison entre la volonté de la coalition internationale, et principalement de l’Arabie saoudite, d’envoyer des troupes terrestres en Syrie et la chute de Berlin à la fin de la Seconde Guerre mondiale. À cette époque, les Soviétiques avaient conquis Berlin, mais les alliés occidentaux se sont empressés d’envoyer des troupes pour récolter une partie de la victoire et empêcher les Soviétiques de se présenter en libérateurs. Selon lui, les Saoudiens et leurs alliés souhaiteraient donc avoir une part dans la victoire sur l’EI en voyant que les événements semblent se précipiter et que la reprise du contrôle d’Alep par le régime et ses alliés est devenue une possibilité concrète. Le diplomate précité affirme que si ce projet prend forme, l’intervention terrestre des Saoudiens, des Turcs et de leurs alliés devrait avoir lieu dans les provinces de Raqqa et de Hassaké pour couper court à une éventuelle percée des forces du régime et de leurs alliés dans ces provinces considérées comme le véritable bastion de Daech, sachant qu’à Hassaké, un des aéroports est déjà tenu par les Américains et est utilisé par eux comme une base militaire.

    (...) Ce serait donc dans le but de délimiter les différents territoires et d’éviter un contact direct avec les Russes que le roi de Bahreïn se serait rendu à Sotchi pour rencontrer le président russe Vladimir Poutine. Pour amadouer ce dernier, le roi de Bahreïn lui aurait même offert en cadeau une épée damascène, dite celle de « la victoire ». Un cadeau symbolique et une visite-clé qui, selon le diplomate du Brics, n’aurait pas pu avoir lieu sans l’aval des Saoudiens dont l’armée appuie directement les autorités de ce petit royaume. Après cette visite, le Kremlin a d’ailleurs annoncé que le roi Salmane devrait se rendre à Moscou en mars...

    Dans un commentaire d’ABA, le passage sur la fameuse épée qui se dit, de fait, en arabe « de Damas », allusion encore plus directe qu’en français :

    العاهل البحريني حمد بن عيسى آل خليفه العائد للتو من زيارة لموسكو، ربما كان الاسرع التقاطا للتغييرات في المشهد السوري والنوايا السعودية المستقبلية للتعاطي بايجابية اكبر مع الوقائع الجديدة على الساحتين السياسية والعسكرية والميدانية، عندما اهدى الرئيس بوتين ما سماه “سيف النصر الدمشقي”، وهو سيف عربي فاخر، وقيل انه تمنى “ضمنيا” النصر لروسيا، ونسبت بعض المصادر الى الشيخ خالد بن حمد آل خليفة وزير خارجية البحرين قوله “ان الملك حمد بن عيسى يقدر دور روسيا في مساعدة سورية على الخروج من المحنة الصعبة، لان دورها، اي روسيا، مهم وعلى جميع دول العالم التعاون معها لتثبيت الامن والاستقرار في سورية”.

    #syrie

  • Jamal Kashoggi, célèbre journaliste saoudien, réputé proche des services, nous livre sa brillante recette pour éviter la défaite saoudienne en Syrie. On peut se demander en quelle mesure tout cela correspond aux pensées en haut lieu. En tout cas, vous allez voir, c’est très simple et sans danger.
    http://www.middleeasteye.net/columns/east-syria-vs-west-syria-914556837
    C’est plutôt la solution B évoquée ici, avec un petit supplément de A mineure : http://seenthis.net/messages/457855#message458439
    D’abord petit rappel de l’objectif, combattre l’Iran :

    Saudi Arabia’s motive is to prevent Iranian hegemony in Syria – an objective which it will not back down on. It wishes to break the stalemate that has gripped Syria after five years of bloodshed.

    Pour cela commencer à convaincre les Américains d’accepter la proposition des « boots on the ground » contre Da’ich à la prochaine réunion de Bruxelles. Le but est bien sûr de les entraîner dans l’aventure. S’il y a des réticences, on s’avance un peu sur le terrain avec les Turcs - surtout les Turcs ! - de manière à ce que la « communauté internationale » se sente menacée du risque d’une plus grande « catastrophe internationale ». En clair on fait monter la tension avec la Russie et on menace d’un affrontement direct qui impliquerait l’OTAN. Oui, d’un truc genre guerre mondiale, quoi.

    Riyadh would also be re-directing the attention of the international community to the Syrian crisis. When officials in Brussels or Washington see that a range of international forces that are hostile to each other gathering in a small spot in earth, they will surely think of beginning to act before it blows into a wider international catastrophe.

    En passant, on en profite pour filer des missiles sol-air à nos gentils rebelles (A mineure : option afghane-Stinger). Grâce à ça les Turcs pourront faire leur « buffer zone » au nord de la Syrie (A option Benghazi). Oui, oui, comme ça.

    Riyadh and Ankara should not miss the opportunity to support their trusted rebels as they advance, providing them with surface to air missiles. Turkey would then implement the buffer zone that it had long called for.

    Du coup, nos rebelles, appuyés par la coalition, pourront attaquer Da’ich - puisque c’est ce dont ils rêvent - et libérer les territoires de l’est (solution B). Et nous revoilà, avec le compère Erdogan, redevenus les facteurs principaux de l’équation syrienne. Car à ce moment-là on tiendra tout l’est. On en profitera alors pour faire la reconquête de l’ouest, ou obtenir aux négociations la chute d’Assad. Ou pas d’ailleurs. Une Syrie divisée et détruite peut aussi bien faire l’affaire !

    The world will have on its hand an “eastern Syria” versus a “western Syria” situation, based on sectarian lines. The Assad regime is advancing in Shia villages but faces fierce resistance in Sunni-majority areas. Even if the regime and its allies advance in Aleppo, they would be ruling it with an iron fist, which explains why there is already a mass of civilians fleeing it, as well as from the Latakia countryside. [...]
    Riyadh never stopped advocating a unified Syria, free from Assad and Iran. The Saudi ground operation would put pressure on Russia, which followed a scorched earth strategy ahead of the Geneva peace talks. The Russians would be forced to negotiate with the Saudis and Turks on forming a transitional government for all of Syria without Assad, or leave the country divided and let time heal its wounds.

    Quatre remarques sur ce pensum stratégique assez délirant :
    – d’abord cette convergence étonnante, et maintes fois relevée, entre les objectifs saoudiens et israéliens : ici une Syrie fragmentée selon des lignes confessionnelles et la confrontation avec l’Iran.
    Les néocons (comme dans le WaPo) sont d’ailleurs en ce moment vent debout contre Obama qu’ils exhortent à partir au sol en Syrie pour contrer les Russes.
    – puis le manque absolu de sérieux, entièrement assumé, dans la proposition d’envoi de troupes au sol contre Da’ich, qui ne sert qu’à faire chanter les pays alliés
    – ensuite le caractère tranquillement apocalyptique de l’ensemble
    – enfin, à aucun moment ce brave Kashoggi ne se demande quelles options il resterait si les USA et l’OTAN ne se laissaient pas entraîner.

    • Le Washington Post se fait l’avocat de l’option « buffer zone » à la Benghazi : https://www.washingtonpost.com/opinions/the-era-of-us-abdication-on-syria-must-end/2016/02/09/55226716-ce96-11e5-88cd-753e80cd29ad_story.html?postshare=6671455061

      Operating under a NATO umbrella, the United States could use its naval and air assets in the region to establish a no-fly zone from Aleppo to the Turkish border and make clear that it would prevent the continued bombardment of civilians and refugees by any party, including the Russians. It could use the no-fly zone to keep open the corridor with Turkey and use its assets to resupply the city and internally displaced people in the region with humanitarian assistance.

      En parcourant la fiche wikipedia des deux auteurs, M. Ignatieff et L. Wiseltier, on découvre que tous d’eux ont été partisans de l’invasion de l’Irak en 2003.

    • @souriyam Et toujours cette question insoluble : comment se fait-il que les médias de notre presse libre se mettent à publier, en même temps et spontanément, des opinions aussi identiques mais émanant de personnalités aussi « différentes » ?

    • Sinon, tout ça revient à nouveau à l’idée présentée chez Brookings l’année dernière : « Déconstruire la Syrie »
      Deconstructing Syria : A new strategy for America’s most hopeless war
      http://www.brookings.edu/blogs/order-from-chaos/posts/2015/06/30-deconstructing-syria-ohanlon

      What to do? Counterintuitively, at this stage, the only realistic path forward may be a plan that in effect deconstructs Syria. A comprehensive, national-level solution is too hard even to specify at this stage, much less effect. Instead, the international community should work to create pockets with more viable security and governance within Syria over time. With initial footholds in place, the strategy could develop further in a type of “ink-spot” campaign that eventually sought to join the various local initiatives into a broader and more integrated effort.

      Critiqué ici :
      http://seenthis.net/messages/397495

    • @nidal : merci pour le rappel de ce texte de la Brookings que j’ai dû lire (vu l’étoile sur le signalement) mais oublier. Ca fait donc un moment que des Américains s’imaginent une partition comme lot de consolation.
      Quelques éléments qui vont dans votre sens à verser dans le dossier Landis. Je viens de visionner cette vidéo du « Geneva Security Debate » de décembre 2015 où Landis professe la partition et la création d’un #Sunnistan.
      De 29’30 à 32’ il la justifie par le fait que, selon lui, l’armée syrienne ne pourra ni reprendre l’est à Da’ich, ni récupérer l’ensemble du territoire des « rebelles ». Il suggère de laisser la « rébellion » construire un Etat sunnite sur son territoire, déjà nettoyé du point de vue religieux, et de l’y aider. Et ensuite d’espérer que la meilleur gouvernance de ce Sunnistan attire à elle les autres sunnites et mène, in fine, à la réunification. Le tout sur le modèle des deux Allemagnes de la guerre froide.
      De 38’à 42’ : utilisation d’un autre argument. Les Russes et les Iraniens n’ont pas besoin de s’épuiser à reprendre tout le territoire syrien, comme le voudrait Assad. La côte et Damas suffiraient à leurs objectifs stratégiques. Les territoires de Da’ich à l’est ne leur sont pas utiles. Les USA peuvent donc s’arranger avec eux pour tracer de nouvelles frontières. On en déduit que ces territoires reviendraient à l’autre camp international et à la rébellion.
      https://www.youtube.com/watch?v=UWlF_HxEq3U

      PS : je ne maîtrise pas l’arabe, que l’on ne parlait pas à la maison (couple mixte). Ma connaissance s’arrête à moins que les rudiments, acquis en allant en vacances dans la famille, et à l’alphabet. Je suis bien incapable de comprendre un tel débat.

    • Merci @souriyam.

      Et comme toujours, tous ces gens font comme si une sorte de « réalité de la guerre » s’imposait finalement à eux, comme si la partition était une conséquence inattendue de la guerre.

      Ils nous ont déjà joué exactement la même partition (et continuent de le faire) pour l’Irak (dont la partition a pourtant été officiellement votée par le Sénat américain en 2007) :
      http://seenthis.net/messages/410133#message410138

      Si l’on fait remarquer que, vu comment ces guerres ont été me menées, on aurait voulu la partition sectaire dès le début (comme but de guerre, donc), on ne s’y serait pas pris autrement, relève de l’hérésie… En revanche, l’idée est omniprésente dans la région et est associée simultanément au rappel de vieux projets sionistes et/ou au principe colonial de « diviser pour mieux régner » (d’où l’intérêt de traiter les arabes de complotistes à tout bout de champ).

  •  Après être entrée dans Alep avec l’aide de la Russie, l’armée syrienne peut tourner ses regards vers Raqqa
    par Robert Fisk |5 février 2016 - The Independent - |Traduction : Info-Palestine.eu - Dominique Muselet
    http://www.info-palestine.net/spip.php?article15887

    La situation a changé du tout au tout, et maintenant ce sont les rebelles qui se retrouvent encerclés, avec des dizaines de milliers de civils dans leur secteur de la ville.

    #Syrie

  • Saudi Arabia offers to send ground troops to Syria to fight Isis | World news | The Guardian

    http://www.theguardian.com/world/2016/feb/04/saudi-arabia-ground-troops-syria-fight-isis

    Saudi sources told the Guardian that thousands of special forces could be deployed, probably in coordination with Turkey

    Syrian government troops fire at Isis group positions near Mahin, Syria. Photograph: AP

    Ian Black Middle East editor
    @ian_black

    Thursday 4 February 2016 20.06 GMT
    Last modified on Thursday 4 February 2016 20.07 GMT

    Saudi Arabia has offered for the first time to send ground troops to Syria to fight Islamic State, its defence ministry said on Thursday.

    “The kingdom is ready to participate in any ground operations that the coalition (against Isis) may agree to carry out in Syria,” said military spokesman Brigadier General Ahmed al-Asiri during an interview with al-Arabiya TV news.

    #arabie_saoudite #syrie #ei #is #isis

    • Très sceptique sur les capacités militaires des forces, même spéciales, des Saoudiens. J’imagine que l’apport serait surtout financier et en termes de couverture politique.
      Reste que cela relance l’idée qu’il y a dans les cartons d’Erdogan un plan d’invasion du nord de la Syrie.
      Sur le site de l’influent think tank WINEP on trouvait déjà évoqué, il y a peu, un plan américano-turc pour contenir le PYD en prenant du territoire à Da’ich :
      http://seenthis.net/messages/450143
      Patrick Cockburn, il y a quelques jours, se demandait dans The Independent si Erdogan, étant ce qu’il est, ne serait pas tenté par un tel coup de force - avec ou sans l’aval de Washington -, malgré son caractère désormais extrêmement risqué, voire apocalyptique :
      http://www.independent.co.uk/news/world/middle-east/syrian-civil-war-could-turkey-be-gambling-on-an-invasion-a6844171.htm

      Il se pourrait bien que ce soit ce genre d’espérances, parmi d’autres et fondées ou pas, qui a fait que l’opposition de Ryadh s’est fait un devoir de multiplier les conditions à Genève, malgré la dynamique négative sur le terrain militaire pour eux. Question posée ici par : @nidal : http://seenthis.net/messages/455545#message455976

    • Et le point de vue de Pepe Escobar sur la question :
      http://seenthis.net/messages/457872

      Comme si les choses n’étaient pas assez confuses, tous ces think tanks formant le royaume du baratin aux USA nous rabâchent maintenant qu’il y a une entente entre Washington et Ankara pour ce qui sera, à toutes fins utiles, une invasion turque au nord de la Syrie, sous le prétexte d’écraser Daesh au nord d’Alep.
      C’est de la foutaise. Le jeu d’Ankara comprend trois volets : soutenir ses mandataires turkmènes lourdement meurtris ; assurer le maintien des activités dans le corridor menant à Alep (où passe la cruciale autoroute djihadiste liant la Turquie à la Syrie) ; et surtout empêcher par tous les moyens les Kurdes des Unités de protection du peuple (YPG) de relier Afrin à Kobané et d’unir ainsi les trois cantons des Kurdes syriens à proximité de la frontière turque.
      Tout cela n’a rien à voir avec la lutte contre Daesh. Le plus dingue, c’est que Washington aide actuellement les Kurdes syriens en leur fournissant un appui aérien. Le Pentagone doit ou bien soutenir les Kurdes syriens, ou bien soutenir Erdogan dans son invasion du nord de la Syrie. La schizophrénie n’a pas sa place ici.
      Un Erdogan au désespoir pourrait être assez cinglé pour affronter l’Armée de l’air russe pendant sa supposée invasion. Poutine a dit officiellement que la réponse à toute provocation sera immédiate et fatale. Pour couronner le tout, les Russes et les Américains coordonnent maintenant leurs sorties aériennes au nord de la Syrie.

    •  :)

      Balanche, lui, semble se faire l’avocat d’un envoi de troupes occidentales au sol, pour éviter une escalade turco-russe :
      http://www.washingtoninstitute.org/policy-analysis/view/the-struggle-for-azaz-corridor-could-spur-a-turkish-interventio

      TURKISH INTERVENTION?

      The Azaz corridor holds major strategic importance for Turkey, but will that be enough to spur direct intervention? If the corridor falls and Ankara fails to respond, rebel groups would interpret it as a sign of weakness, while the international community would view it as capitulation to Russia. With the Azaz border link closed, Russia could then help the Syrian army and its Shiite allies lock other Turkish crossing points between Bab al-Hawa and Jisr al-Shughour, effectively putting the entire province of Idlib in a net. This would mean a near total defeat for Ankara’s Syria policy. And if the corridor’s fall were accompanied by ethnic cleansing of the area’s large Turkmen population (who are ethnic kinsmen of the Turks) or IS violence against civilians, Turkish public opinion would be further riled up.

      Does Putin underestimate Turkey’s offensive capacity? Thus far, the Turkish army has refused to send ground troops into Syria; the National Intelligence Organization (MIT) is the agency in charge of Turkish operations there. Russia’s presence will remain the main deterrent to large-scale Turkish intervention, though Ankara would likely escalate indirectly to prevent the corridor’s fall. Then again, Putin may well want Turkey to intervene directly against the PYD, since that could force the Kurdish group to join the Russian alliance and deprive the West of its only efficient actor on the ground against IS. To avoid this disaster, Western countries should send ground troops to occupy strategic locations such as Azaz and fight IS directly.
      The Azaz corridor may or may not fall, but the bigger U.S.-Turkish goal remains securing the Marea-Jarabulus corridor from IS, and any future Azaz-Jarabulus corridor if Azaz falls to the group. In other words, if the corridor is overrun, broader US-Turkish policy in this area (backed by allies from Incirlik) would essentially become two steps forward, one step back.

    • @gonzo : ça renvoie à ta remarque sur le nouveau « statut » des chercheurs devenus militants/lobbyistes, qui se mettent à dire où et quand, à leur avis, il serait bon que nous bombardions. Si ces « experts » se mettaient à expliquer qui et quoi bombarder en Israël, où quelle partie de la Galilée il faudrait occuper stratégiquement, je ne doute pas qu’on se hâterait de les rappeler à un peu plus de sérieux dans leur travail académique.

      Mais p’têt que c’est ce qui est demandé quand on rejoint le WINEP (des conseils de trucs à occuper dans le monde arabe).

    • J’espère ne pas couper cette discussion qui s’amorce - ou plutôt reprend -, et m’intéresse, sur la question du statut des chercheurs.
      En incise donc, les déclarations officielles russes sur les suspicions de préparatifs d’invasion, les dénégations turques, et les Américains qui bottent en touche :
      http://edition.cnn.com/2016/02/04/middleeast/turkey-russia-syria-invasion-denial

      Turkish forces aren’t preparing to invade northern Syria — and Russia’s allegation that they are is an attempt to hide Moscow’s crimes in the war-ravaged nation, a source within the Turkish Prime Minister’s office told CNN on Thursday.
      “Simply they are diverting attention from their attacks on civilians as a country already invading Syria,” the source told CNN. “Turkey has all the rights to take any measures to protect its own security.”
      The comments come after Maj. Gen. Igor Konashenkov was quoted by Russian state news agency Ria Novosti as saying Moscow believes some activity on the Turkish side of the border with Syria indicates preparations for an incursion.
      “The signs of hidden preparation of Turkish armed forces for activities in the territory of Syria we notice more and more,” the general said.
      When asked about the Russian claim at a media briefing, John Kirby, a spokesman for the U.S. State Department, said: “I’m not certainly not going to get up here and speak to what the Turks are doing on that border on any given day.”

    • @Souriyâm @Nidal, c’est vrai qu’on marche encore et toujours sur des oeufs dès qu’il s’agit de Syrie mais l’intensité du barrage médiatique, quoi qu’on pense de ce p. de régime, est tout de même extraordinaire... Cela étant, je me demande vraiment comment les Turcs peuvent envisager d’entrer en Syrie, avec un soutien aussi flanchant que celui des USA et de l’Otan, et avec les Russes qui seraient assez heureux de venger l’affront subi avec leur pilote (et peut-être plus si ce qui se raconte sur l’avion dans le Sinaï est vrai). En même temps, mais je ne suis pas expert militaire, je ne sais pas si leur dispositif est adapté à ce type d’affrontement. En tout cas, si je ne vais pas pleurer pour les milliers de mercenaires, je voudrais bien espérer que le pire ne va pas arriver aux derniers « fidèles de la révolution syrienne » dont les Turcs vont faire tout ce qui est en leur pouvoir pour jouer les dernières cartes qui leur restent, à savoir fermer leur frontière pour justifier une éventuelle action internationale. Le montage médiatique a déjà commencé, il suffit de lire l’Orient-Le Jour pour le comprendre... Et l’expérience de Kobané, et de toute la guerre, aurait dû montrer aux plus lucides des « purs » qu’il ne fallait pas attendre beaucoup de soutiens désintéressés... Et comme on sait que le régime syrien va se faire un plaisir de donner la plus cruelle leçon possible aux « mutins », dans la bonne tradition familiale, l’avenir s’annonce très rose... Une diplomatie intelligente consisterait à soutenir à fond l’opposition interne, Manaa et Cie, seuls capables de minorer, au moins un tout petit peu, la répression qui s’annonce, ce que les Russes (et peut-être aussi les Iraniens) ne verraient pas forcément d’un mauvais oeil. Mais pour cela, il faudrait être intelligent, et surtout pragmatique. Je ne suis pas certain que Fabius soit l’homme de ce défi-là sur la Syrie en tout cas.

    • @gonzo : Pas grand chose à redire à ça, y compris sur le "p. de régime". Grosso modo sur la même ligne. Quelques remarques complémentaires comme hypothèses de prospective.

      Pour les Turcs et les Saoudiens il y a deux problèmes :
      1° - la tentative du régime et de ses alliés de fermer entièrement la frontière turco-syrienne au nord-ouest. Maintenant que la poche d’Azaz, avec son poste de Bab al-Salam, est isolée du reste des provinces d’Alep et de la province d’Idlib, il ne reste plus que le poste-frontière de Bab al-Hawa. Il existe certainement d’autres lieux de passage mais de moins grande ampleur et beaucoup plus incommode. Si cette tentative venait à réussir, non seulement Alep-est est menacée d‘encerclement mais aussi tous les gains obtenus en 2015 (Idlib, Jisr al-Shoughour, ...) par la coalition Jaysh al-Fatah qu’ils ont montée avec le Qatar. La conséquence serait une disparition complète de ces deux pays de l’équation syrienne.

      2° - La question de ce que deviendra le territoire syrien tenu par Da’ich à l’est. Sans que personne ne le remarque formellement, tout le monde parle et agit en ce moment comme s’ils considéraient qu’à terme il est destiné à disparaître de la région, au moins comme proto-Etat. On sait que les Turcs ne veulent pas voir le YPG kurde et leurs alliés au sein des SDF prendre la bande au nord que Da’ich tient et relier l’ensemble de leurs zones de contrôle. L’autre peur est qu’une fois la frontière nord-ouest sécurisée, l’effort du régime et de ses alliés ne se porte beaucoup plus massivement sur Da’ich en choisissant de laisser subsister des poches « rebelles » au nord-ouest - des chaudrons comme on dit à l’est de l’Ukraine - que l’armée syrienne réduirait au fil du temps, par exemple Idlib voire l’est d’Alep (Jisr al-Shoughour me paraissant, par sa position, plus stratégique qu’Idlib). Impossible alors de s’opposer à ces combats et à terme à la victoire complète du régime.
      Comment justifierait-on devant les opinions publiques occidentales les condamnations du régime et des opérations russes contre Da’ich au profit de « rebelles » qui ne le combattent pas, pour éviter cette victoire totale ? Comment éviter que le YPG ne passe entièrement dans l’orbite russe et ne devienne clairement l’allié du régime (Saleh Muslim avait déjà fait une proposition en ce sens évoquée ici) ? Comment à ce moment là la Turquie pourrait-elle envisager de s’ingérer directement pour écarter les options arrangées entre le régime et le YPG, qu’elles refusent à sa frontière, à part en se remettant directement à soutenir à Da’ich, alors que le contexte international s’y prête de moins en moins ?

      Conclusion :
      A - soit la Turquie tente un coup militaire insensé maintenant au nord-ouest - soit dans la poche d’Azaz, soit côté province d’Idlib - pour écarter le risque immédiat n°1 en profitant et organisant la mise en scène médiatique des souffrances des civils pour prétendre y créer une zone refuge (vieille idée du safe haven façon Benghazi). Il n’est pas sûr que les USA suivent et les machins militaires russes Sukhoï 35, S-400, … ont l’air d’être assez dissuasifs pour qui que ce soit de sensé…
      Un coup moins risqué serait peut-être l’envoi de missiles anti-aériens portatifs (façon afghane avec les Stinger) dans le cadre d’une nouvelle intensification de l’aide à Jaysh al-Fatah avec les Saoudiens.
      B – soit la Turquie abandonne l’idée de s’opposer autrement que par la parole au risque n°1 et s’organise avec les Saoudiens et leur « coalition islamique », en essayant d’y entraîner les USA, pour mettre des « boots on the ground » au nord-est, chez Da’ich, afin de rester dans l’équation syrienne et écarter au moins le risque n°2. C’est aussi très risqué mais les Russes auront plus de mal à s’y opposer.
      C - Soit ils reconnaissent leur défaite et soutiennent un vrai processus de négociations. Mais je n’y crois pas trop.

  • Le nord-est de la Syrie et l’Irak, ultime enjeu de la bataille contre le terrorisme - Scarlett HADDAD - L’Orient-Le Jour
    http://www.lorientlejour.com/article/965169/le-nord-est-de-la-syrie-et-lirak-ultime-enjeu-de-la-bataille-contre-l

    Face à ceux qui croient que pour l’instant la priorité du régime de Damas et de ses alliés, c’est de reprendre le contrôle de la région au nord-ouest de la Syrie, pour pouvoir ensuite mener des négociations en position de force, après avoir éliminé l’influence directe turque sur les forces de l’opposition, il y a donc ceux qui affirment que la position du régime et de ses alliés restera fragile tant qu’il n’aura pas non plus pris le contrôle du nord-est du pays. Les experts militaires estiment toutefois qu’une telle initiative reste difficile dans le rapport actuel des forces, en raison de l’emplacement de Raqqa et du fait que cette province est devenue le véritable fief de Daech, en prolongement direct avec la province de Anbar en Irak, jusqu’à Mossoul.