• Cinq migrants meurent dans une tentative de traversée de la Manche, premier drame meurtrier de l’année
    https://www.lemonde.fr/international/article/2024/01/14/quatre-migrants-meurent-dans-une-tentative-de-traversee-de-la-manche_6210736

    Cinq migrants meurent dans une tentative de traversée de la Manche, premier drame meurtrier de l’année
    Le Monde avec AFP
    Plusieurs dizaines de personnes ont tenté de rejoindre le Royaume-Uni dans la nuit de samedi 13 à dimanche 14 janvier, mais elles ont rencontré des difficultés à proximité d’une plage de Wimereux, dans le Pas-de-Calais, a-t-on appris auprès de la préfecture maritime.
    « A ce stade, on déplore quatre migrants décédés et un migrant en urgence absolue transféré à l’hôpital de Boulogne-sur-Mer », a détaillé la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord (Prémar) à l’Agence France-Presse (AFP), confirmant une information de La Voix du Nord. Dans la matinée, un cinquième corps a été découvert. Vers 8 h 45, cette personne « a été retrouvée au bord de la plage de Wimereux » et « n’a malheureusement pas pu être réanimée », a expliqué la préfecture maritime dans un communiqué. La Prémar fait également état d’un blessé léger et de trente-deux rescapés.
    Ce premier drame meurtrier de 2024 au large des côtes françaises a eu lieu vers 2 heures du matin. « Au départ d’une embarcation de la plage, les personnes se sont trouvées en difficulté à la mer pour rejoindre l’embarcation », a-t-elle expliqué. Des forces de l’ordre, à terre, « ont signalé le départ de l’embarcation et les personnes en difficulté à l’eau », a ajouté la Prémar. Une « majeure partie des naufragés ont été récupérés par les forces de l’ordre sur place ». Selon La Voix du autres exilés ont été pris en charge, dont une dizaine d’enfants en bas âge, transférés à la salle des fêtes de la commune ». Le remorqueur d’intervention Abeille-Normandie « qui était en patrouille dans la zone a mis son embarcation à l’eau pour aller secourir les naufragés » et, « à ce moment-là », l’équipage a « identifié des personnes inanimées et inconscientes à l’eau », a poursuivi cette même source.
    Selon une des personnes chargées de leur accueil, qui ne souhaite pas donner son nom, les rescapés, parmi lesquels figurent « des familles entières avec des enfants, dont certains en bas âge », sont arrivés vers 3 heures. Une enquête a été ouverte et confiée à l’Office de lutte contre le trafic illicite de migrants (Oltim) de Coquelles et à la gendarmerie maritime de Calais, notamment pour « homicides involontaires aggravés », « aide au séjour d’étrangers en situation irrégulière en bande organisée » et « association de malfaiteurs », a annoncé le parquet de Boulogne-sur-Mer à l’Agence France-Presse (AFP). Des migrants sont entendus « en tant que témoins » et des autopsies doivent avoir lieu dans les prochains jours pour déterminer « précisément le motif des décès » qui peuvent être dus à des « noyades » ou à des « chocs thermiques », a-t-il ajouté.
    L’embarquement sur des longboats déjà à l’eau « est le moment le plus difficile pour [les migrants] actuellement, avec une eau à 10 degrés », a expliqué à l’AFP Jean-Claude Lenoir, président de l’association Salam. Ces embarquements sont, selon lui, « souvent synonymes de foire d’empoigne, sachant que les migrants veulent à tout prix monter à bord et que, restant à terre, ils redoutent d’être interpellés par la police ».
    Douze migrants ont perdu la vie en 2023 en tentant de traverser la Manche, selon le décompte de la Prémar. Les deux dernières morts remontent au 15 décembre 2023 quand deux migrants avaient perdu la vie le même jour dans deux tentatives de traversée distinctes. Le 22 novembre 2023, un homme et une femme étaient morts dans le naufrage de leur embarcation. Un troisième corps avait été découvert sur une plage du Pas-de-Calais quelques jours plus tard. Le 12 août 2023, six Afghans ont perdu la vie dans un naufrage, le plus meurtrier dans le détroit du Pas-de-Calais depuis celui du 24 novembre 2021, qui avait coûté la vie à vingt-sept migrants. Depuis les années 1990 et après la fermeture en 2002 d’un centre de la Croix-Rouge à Sangatte (Pas-de-Calais), des centaines d’exilés s’entassent dans des tentes et des abris de fortune à Calais ou Dunkerque pour tenter de rallier le Royaume-Uni, cachés dans des camions ou par bateau. En 2023, 29 437 migrants ont rejoint illégalement les côtes britanniques, contre 45 774 en 2022, selon des chiffres du ministère de l’intérieur britannique. Le bilan de 2023 reste cependant le deuxième plus élevé jamais enregistré, supérieur à celui de 2021 (28 526).
    Environ 20 % des migrants qui sont arrivés sur les côtes britanniques en 2023 sont originaires d’Afghanistan, selon des données allant jusqu’au 29 novembre 2023. Viennent ensuite les Iraniens (12 %), puis les Turcs (11 %), les Erythréens (9 %) et les Irakiens (9 %). En mars, Londres et Paris ont conclu un accord prévoyant une contribution du Royaume-Uni de plus de 500 millions d’euros sur trois ans pour renforcer la surveillance sur les plages françaises et lutter contre les gangs de passeurs.

    #Covid-19#migrant#migration#france#manche#traversee#grandebretagne#mortalite#sante#migrationirreguliere#prefecturemaritime#dunkerque

  • Plus de 6 600 migrants sont morts en tentant de rejoindre l’Espagne en 2023, d’après une ONG - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/54386/plus-de-6-600-migrants-sont-morts-en-tentant-de-rejoindre-lespagne-en-

    Actualités : Plus de 6 600 migrants sont morts en tentant de rejoindre l’Espagne en 2023, d’après une ONG
    Par Marlène Panara Publié le : 10/01/2024
    En 2023, au moins 6 618 personnes sont mortes ou ont disparu sur les routes migratoires qui mènent à l’Espagne. L’Organisation internationale pour les migrations (OIM), elle, évoque 1 200 morts. Mais l’institution onusienne le reconnaît : « Il y a sûrement plus de morts que ce que révèlent nos statistiques ». Des « chiffres de la honte ». En 2023, au moins 6 618 exilés sont morts ou ont disparu en tentant de rejoindre l’Espagne, d’après l’association Caminando Fronteras. Un chiffre en hausse de 177% par rapport à 2022.
    C’est aussi « le plus élevé » comptabilisé par l’ONG depuis le début de ses recensements en 2007, a dénoncé mardi 9 janvier devant la presse sa coordinatrice, Helena Maleno. À titre de comparaison, un rapport de l’association recensait l’an dernier 11 200 migrants morts ou disparus sur les routes menant à l’Espagne entre 2018 et 2022, soit six par jour en moyenne sur cette période.
    Lors de la présentation de ces chiffres, Helena Maleno a fustigé les autorités espagnoles et les pays d’origine de ces migrants, qui d’après elle privilégient le « contrôle migratoire » au « droit à la vie » de ces personnes à la recherche d’une vie meilleure. Ce relevé macabre décompte aussi 363 femmes et 384 enfants décédés.
    L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a comptabilisé l’an dernier pour sa part plus de 1 200 morts ou disparus sur les routes migratoires vers l’Espagne : 914 vers les Canaries et 333 entre le Maroc ou l’Algérie et l’Espagne.
    Cet écart entre l’ONG et l’institution onusienne s’explique par la différence entre les méthodologies employées. Caminando Fronteras s’appuie sur les appels de détresse des migrants en mer ou de leurs familles pour élaborer ses rapports. L’OIM quant à elle répertorie « tous les naufrages dont on est certains à 100%, nous sommes très strictes à ce sujet », explique à InfoMigrants Flavio di Giacomo, porte-parole du bureau de coordination méditerranéen de l’OIM. Des articles de presse, et des témoignages indirects font partie des sources exploitées."Mais il est plus facile d’avoir des certitudes sur la route de la Méditerranée que sur celle de l’Atlantique, plus longue, et dont les bateaux sont plus difficiles à repérer, admet-t-il. Ce chemin en plein océan est très dangereux, c’est donc probable qu’il y ait beaucoup de naufrages dont personne n’entend parler. Plus de 1 200 morts ou disparus, c’est une estimation, un chiffre par défaut, ajoute-t-il. Mais il y a sûrement plus de morts que ce que révèlent nos statistiques".
    Près de 57 000 migrants sont arrivés en Espagne en 2023, un bond de 82% par rapport à 2022 Cette année, la route qui mène aux îles Canaries a connu un net regain d’intérêt. Entre le 1er janvier et le 15 décembre 2023, 37 187 migrants ont débarqué dans l’archipel, sur 56 852 arrivées dans toute l’Espagne. Soit une hausse de 140,4% par rapport à la même période en 2022.
    Chaque jour ou presque ces derniers mois, des exilés sont secourus ou arrivent d’eux-mêmes près des côtes espagnoles, après une périlleuse traversée de l’océan Atlantique. Et en 2024, les arrivées ne faiblissent pas. Le 5 janvier, 381 personnes - dont 43 mineurs - réparties dans quatre embarcations ont débarqué à El Hierro et Grande Canarie, d’après les secours espagnols. La majorité de ces migrants ont pris la mer depuis le Sénégal. « L’un des pays de l’UEMOA (Union économique monétaire ouest-africaine) les plus touchés par le coût élevé de la vie », affirme la Banque mondiale. Dans ce pays où « plus d’un tiers de la population vit dans la pauvreté », il faut dépenser désormais en moyenne 15 % de plus pour s’offrir du poisson frais ou du riz, écrit l’institution dans un rapport publié en juin 2023.
    La raréfaction du poisson au large de ses côtes a également privé de ressources les pêcheurs du littoral, qui grossissent ensuite les rangs des passagers des pirogues en partance pour les Canaries.
    « Moi je n’étais pas prête à partir, a confié Astou Gueye à InfoMigrants depuis Bargny, un village près de Dakar. Ici, il n’y a pas de travail. La mer, le président Macky Sall l’a vendue. Nos maris n’ont rien quand ils vont en mer. Ils ne peuvent pas payer la scolarité des enfants, ni les dépenses quotidiennes. Donc on est obligé d’aller en Espagne ». Le 25 février 2024, les Sénégalais sont appelés aux urnes pour élire leur nouveau président, Macky Sall ayant déjà exercé ses deux mandats réglementaires. Le candidat du parti au pouvoir et actuel Premier ministre Amadou Ba devra défendre son bilan en matière d’émigration. Le 8 novembre dernier, Macky Sall a exhorté le gouvernement « de prendre des mesures sécuritaires, économiques, financières et sociales d’urgence afin de neutraliser les départs d’émigrants à partir du territoire national », indique un communiqué. Une exigence déjà affichée quelques mois plus tôt en juillet, alors que 63 Sénégalais avaient péri dans un naufrage, au large du Cap-Vert.

    #Covid-19#migrant#migration#espagne#canaries#senegal#traversee#mortalite#OIM#emigration#mortalite#CaminandoFronteras

  • Loi sur l’immigration : « Le marchandage portant sur l’aide médicale d’Etat est surréaliste, pour ne pas dire obscène »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/01/10/loi-sur-l-immigration-le-marchandage-portant-sur-l-aide-medicale-d-etat-est-

    Loi sur l’immigration : « Le marchandage portant sur l’aide médicale d’Etat est surréaliste, pour ne pas dire obscène »
    Tribune Smaïn Laacher Sociologue
    Marie Rose Moro Pédopsychiatre
    La nouvelle loi « pour contrôler l’immigration, améliorer l’intégration » n’est pas un texte « fasciste » ou « raciste » comme cela a été dit ici et là. Elle est cependant indéniablement restrictive au sens où elle complique, rend aléatoires, voire supprime des droits fondamentaux.Bien entendu, si on la compare avec l’arsenal juridique en matière d’immigration et d’asile d’un certain nombre de pays de l’Union européenne (UE), il ne sera pas difficile de trouver « pire » que la France. C’est la Hongrie qui a construit une clôture de près de 4 mètres de haut à sa frontière avec la Serbie pour s’opposer au passage des migrants dans les Balkans.
    Alors que l’Assemblée nationale votait la loi relative à l’immigration le 19 décembre 2023, les représentants des vingt-sept Etats membres de l’UE parvenaient, le lendemain, à un accord sur le futur pacte migratoire.
    Mais ce qui apparaît à la limite de la caricature de la part de nos politiques et de nos législateurs, c’est le marchandage quasi surréaliste, pour ne pas dire obscène, portant sur l’aide médicale d’Etat (AME). Pourquoi considérer l’AME comme un « cavalier législatif » [un amendement dépourvu de lien, même indirect, avec le texte de loi examiné] ? Pourquoi les enjeux de santé des migrants sont-ils détachés des enjeux de santé liés aux conditions d’existence des fractions les plus précaires des classes populaires ?
    L’Organisation mondiale de la santé affirme que les questions de santé ne se caractérisent pas nécessairement par l’absence de maladie ou d’infirmité. Pour cette institution, la santé représente « l’un des droits fondamentaux de tout être humain, quelles que soient sa race, sa religion, ses opinions politiques, sa condition économique ou sociale ». On peut parler de la « santé des migrants ». Mais si l’on veut être un tant soit peu rigoureux, nous devrions parler d’inégalités dans les domaines de la santé publique et de la santé au travail. Il suffit de prendre un seul exemple souvent cité lors de la pandémie de Covid-19 : celui des « livreurs ».
    De grandes villes comme Paris, en 2021, et Bordeaux, en février 2023, ont mis à la disposition de ces travailleurs ultra-précaires des plates-formes de livraison des lieux d’accompagnement appelés « Maisons des livreurs ». Médecins du monde et la Maison des livreurs à Bordeaux ont alerté sur « les morts brutales, la souffrance physique et psychique des livreurs ».
    Combien sont-ils à perdre la vie au « travail » ? Combien se blessent en chutant de leur moyen de locomotion ? Personne ne le sait. Et pour cause, ce ne sont pas des salariés, mais des « indépendants » non couverts par la branche accidents du travail et maladies professionnelles, qui disparaissent des statistiques. Ils ont généralement moins de 30 ans et sont le plus souvent sans titre de séjour. Des « clandestins » qui livrent députés, élus, hauts fonctionnaires, familles, etc.
    Comment cette inégalité de soins se traduit-elle concrètement ? De la manière suivante : si les livreurs ne se rendent pas chez un médecin, c’est parce qu’ils passent parfois quinze heures par jour sur leur vélo, six jours sur sept, par tous les temps. Se rendre chez le médecin parce qu’on est saisi de troubles musculo-squelettiques ou même d’une pathologie infectieuse, c’est ne plus rouler, et donc perdre une somme vitale pour survivre. Ce constat est établi par tous les professionnels de santé.Les Républicains et le Rassemblement national ont exigé d’une même voix la suppression de l’AME pour les sans-papiers. Quelle hypocrisie ! La droite estime que l’AME est trop généreuse par rapport aux dispositifs en vigueur dans l’UE et qu’elle constitue, argument central, un « appel d’air » pour tous les immigrés de la terre. Cette notion d’appel d’air est, n’ayons pas peur des mots, une escroquerie intellectuelle. Les enquêtes statistiques de l’Organisation de coopération et de développement économiques montrent que, plusieurs années après leur arrivée, de nombreux immigrés (entre 30 % et 50 %) sont partis ailleurs. Dans le Calaisis [Pas-de-Calais et Nord], les étrangers en situation irrégulière, dans leur écrasante majorité, n’ont qu’un seul désir : partir au Royaume-Uni.
    L’appel d’air n’est donc pas un fait avéré. Ce qui est démontré, c’est que l’aide médicale d’urgence, qui remplacera probablement l’AME, lorsqu’elle sera votée, provoquera inexorablement « une augmentation du recours aux soins hospitaliers urgents, plus complexes et plus coûteux ». Ce sont des professionnels, dotés d’une solide et longue expérience, qui l’affirment dans un texte commun signé notamment par de nombreuses sociétés savantes médicales et par le syndicat SAMU-Urgences de France.
    Dans le total des dépenses de l’AME, l’hôpital tend à diminuer au profit de la médecine de ville : il représentait environ 62 % des dépenses en 2020, contre environ 69 % en 2010. Dans ces dépenses hospitalières, la psychiatrie et les soins de suite représentent respectivement 14 % et 12 %, selon un rapport de l’ancien ministre Claude Evin et du haut fonctionnaire Patrick Stefanini. Il n’est pas difficile de percevoir l’enjeu fondamental : il y a un accès très inégal à la médecine non seulement d’urgence, mais dans le soin portant sur les conséquences somatiques et psychiques de ce que les migrants ont vécu dans leur pays d’origine et, particulièrement pour les femmes et les enfants, sur le chemin de l’exil.
    Nous pensons qu’il est infondé de réduire les migrants à des êtres « vulnérables » en quête de soins. Cette vision du migrant vulnérable n’a rien à voir avec l’intégration. Il ne s’agit pas, socialement et politiquement, de la question de la fragilité individuelle des migrants, mais, bien plus largement et fondamentalement, de la capacité d’une société à insérer socialement les plus fragilisés à cause de ce qu’ils ont vécu, à cause de ce qu’ils vivent. Autrement dit, il s’agit de les aider à construire, individuellement et collectivement, du lien social. Si l’on privilégie la faiblesse personnelle, alors le danger est grand de faire porter à l’individu seul la défaillance de nos systèmes d’intégration sociale.

    #Covid-19#migrant#migration#france#sante#AME#loiimmigration#santepublique#santementale#exil#integration

  • African Migration to the U.S. Soars as Europe Cracks Down - The New York Times
    https://www.nytimes.com/2024/01/05/us/africa-migrants-us-border.html

    African Migration to the U.S. Soars as Europe Cracks Down
    Thousands of people from African nations are flying to Central America and then traveling over land to Mexico and on to the southern border.
    By Miriam JordanMiriam Jordan, who covers immigration, reported from San Diego and Jacumba Hot Springs, Calif.
    Jan. 5, 2024
    The young men from Guinea had decided it was time to leave their impoverished homeland in West Africa. But instead of seeking a new life in Europe, where so many African migrants have settled, they set out for what has become a far safer bet of late: the United States.
    “Getting into the United States is certain compared to European countries, and so I came,” said Sekuba Keita, 30, who was at a migrant center in San Diego on a recent afternoon after an odyssey that took him by plane to Turkey, Colombia, El Salvador and Nicaragua, then by land to the Mexico-U.S. border.Mr. Keita, who spoke in French, was at a cellphone charging station at the center among dozens more Africans, from Angola, Mauritania, Senegal and elsewhere, who had made the same calculus.While migrants from African nations still represent a small share of the people crossing the southern border, their numbers have been surging, as smuggling networks in the Americas open new markets and capitalize on intensifying anti-immigrant sentiment in some corners of Europe.
    Historically, the number of migrants from Africa’s 54 countries has been so low that U.S. authorities classified them as “other,” a category that has grown exponentially, driven recently, officials say, by fast-rising numbers from the continent.According to government data obtained by The Times, the number of Africans apprehended at the southern border jumped to 58,462 in the fiscal year 2023 from 13,406 in 2022. The top African countries in 2023 were Mauritania, at 15,263; Senegal, at 13,526; and Angola and Guinea, which each had more than 4,000.Nonprofits that work on the border said that the trend has continued, with the absolute number and share of migrants from Africa climbing in recent months as potential destinations in Europe narrow. “You have countries that are less and less welcoming,” said Camille Le Coz, a senior policy analyst at Migration Policy Institute Europe. “When new routes open up, people are going to migrate because economic opportunities at home are insufficient.”
    A record number of people are on the move worldwide, according to the United Nations, fleeing climate change, authoritarian states and economic instability. A Crisis Reignited: Thousands of migrants are once again arriving every day in record numbers at the U.S. border with Mexico, driven by relentless violence, desperation and poverty.
    African Migration: While migrants from African nations still represent a small share of the people crossing the southern border, their numbers have been surging, as smuggling networks in the Americas capitalize on intensifying anti-immigrant sentiment in some corners of Europe. Republicans’ Claims: House Republicans, who are pushing for stricter border policies in exchange for new aid to Ukraine in its war against Russia, traveled to Texas to raise pressure on Democrats. We fact-checked some of the statements on immigration they made during the trip.Changing Dynamics: President Biden isn’t under pressure to curb the flow of migrants just from Republicans. Democratic mayors and governors in cities thousands of miles from the border are also issuing cries for help.
    The swelling number of migrants from Africa has exacerbated the crisis at the Mexico-U.S. border, as they join legions of migrants from Central and South America, as well as from China, India and other nations in making their way north.Nearly 2.5 million migrants crossed the U.S.-Mexico border in the 2023 fiscal year, and about 300,000 migrants were processed by the U.S. Border Patrol in December, the most of any month, stretching resources to the limit. Most people will apply for asylum, which allows them to remain in the United States until the outcome of their cases, issued years down the road.President Biden is facing pressure from Republicans in Washington and from some mayors and governors to stanch the flow of migrants into the country and into cities and towns struggling to absorb the new arrivals.
    For decades, Congress has failed to reach a consensus on comprehensive changes to the immigration system, and that has compounded the challenges of responding to the surge. Now, Republicans in Congress have demanded the Biden administration accelerate deportations and restrict asylum in exchange for support for wartime aid to Ukraine and Israel, and talks on that are expected to resume next week when lawmakers return to Washington.
    Several people, including one person carrying a small child, stand in line outside near a fence.Several people, including one person carrying a small child, stand in line outside near a fence.
    The surge of migrants from African nations can be noticeable even before they arrive in the Americas. After a flight from Senegal landed in Morocco on a recent morning, an airport employee called for anyone headed to the Nicaraguan capital Managua. A few dozen Senegalese travelers followed her.The Nicaraguan government, led by longtime president Daniel Ortega, does not restrict entry of Africans, and by starting their overland journey there, migrants are spared the perilous trek through the Darien Gap, a dense jungle between Colombia and Panama.
    The African migrants continue through Honduras, Guatemala and Mexico until they arrive at the southern U.S. border. Between January and September, nearly 28,000 Africans passed through Honduras, a sixfold increase over the corresponding period in 2022, according to the Honduran government. Guinea, Senegal and Mauritania are among the top 10 countries of those migrants; only a couple dozen people from each of those countries traveled through Honduras in 2020.
    While the United States has ramped up deportation flights, it has had to keep releasing many more people into the country because immigration detention centers are full and families cannot be locked up for extended periods. It is also extremely difficult to deport people to countries in Asia and Africa, because of the long distance and lack of consent from many nations.Across the Atlantic, immigration has stirred concern in many countries. Right-leaning candidates with anti-immigration platforms prevailed in a few national elections last year, most recently in the Netherlands. France, Germany and Spain have struck deals with Tunisia and Morocco to intercept migrants who transit through them. And on Dec. 20, the European Union signed a pact to facilitate the deportation of asylum seekers and limit migration to the bloc.
    Migrants heading to the United States share tips and success stories on social media, and smugglers masquerading as travel guides tout their services. Friends and relatives relay that they obtain U.S. work authorization after filing asylum claims. And while the migrants are unlikely to win their cases, it typically takes years for a decision because of a massive backlog in immigration court.“In the past, migrating across the U.S. border was very mysterious to people,” said John Modlin, the chief of the Border Patrol’s Tucson sector, which has been seeing large numbers of Africans crossing in remote areas.
    “The greatest danger right now is the global reach of the smuggling organizations,” aided by social media, he said in a recent interview.
    The route from West Africa and through Central America emerged a few years ago, according to Aly Tandian, a professor specializing in migration studies at the University Gaston Berger in Senegal. But departures soared in 2023 as more migrants began flying through Morocco and Turkey en route to Nicaragua.“I saw people had made it to the United States,” Ousman Camara, 27, a college student from Mauritania now in the United States, said in an interview. “Morocco controls the seas, making it harder to reach Europe.”Mr. Camara said that he no longer felt safe in Mauritania, where human rights groups have documented widespread abuses against Black minorities, and that he planned to apply for asylum in the United States.He borrowed about $8,000 from a friend to make the journey, which Mr. Camara said he would repay once he has steady work in the United States.
    Unlike many of the migrants from countries in the Americas, many migrants from Africa and Asia had families or friends who could help pay for the air travel to Nicaragua.Mr. Keita, from Guinea, said that he had sold his small laundry-detergent factory in Kankanto afford the trip. “Working here, I will be able to better myself and provide for us,” he said.Mohammed Aram, 33, of Sudan, where civil war broke out in April, said that the United States was the best place to start a new life. “Entry to Europe is difficult,” said Mr. Aram, who planned to go to Chicago
    More than a dozen migrants interviewed for this article said that they had surrendered at the border to U.S. agents, who bused them to a processing facility. There, the migrants spent two or three nights waiting their turn to provide personal information to authorities. They were released with documents that indicated they were in deportation proceedings and must go to court on a specific date in the city where they reported they will live.Finally, the migrants were released to the San Diego center, where they received meals and assistance contacting friends or relatives around the country who typically paid for airline tickets to their U.S. destination.
    Having made it to the United States, many expressed optimism about making fresh starts in cities across the country. But some who traveled to the United States said that social media posts had omitted mention of the danger they might encounter on their journeys, especially through Central America and Mexico.Paulo Kando, 20, and M’bome Joao, 22, from Angola, an oil-rich nation on the West African coast, said that bandits had robbed their cellphones and all their money at the Guatemala-Mexico border. They got jobs piling charcoal into carts to earn some pesos in Mexico. By the time they reached California, they had nothing but the clothes on their backs.Now they were stranded in San Diego. An Angolan friend in Portland, Ore., had promised to receive them but was not answering his phone, and they could not afford the bus fare to get there. They knew no one else in the United States, they said. Still, they did not regret coming.Mr. Kando, speaking in his native Portuguese, said his goal had not changed. “We’re trusting in God that a miracle will happen,” he said, “and we will reach Portland.”

    #Covid-19#migrant#migration#etatsunis#afriquemeriquecentrale#mexique#honduras#guatemala#nicaruaguca#senegal#fluxmigratoire#routemigratoire#sante

  • Loi « immigration » : quand le président du Conseil constitutionnel, Laurent Fabius, tance Emmanuel Macron sur l’Etat de droit
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/01/08/loi-immigration-quand-le-president-du-conseil-constitutionnel-laurent-fabius

    Loi « immigration » : quand le président du Conseil constitutionnel, Laurent Fabius, tance Emmanuel Macron sur l’Etat de droit
    Par Abel Mestre
    Dans l’exercice policé des vœux, il est parfois utile d’avoir de l’expérience en langage diplomatique. C’est le cas de Laurent Fabius. Le président du Conseil constitutionnel, ancien premier ministre (1984-1986) et ancien ministre des affaires étrangères (2012-2016), n’a pas son pareil pour faire passer certains messages. Et il ne s’en est pas privé lundi 8 janvier lors de ses vœux (à huis clos) au président de la République.
    Au cœur des reproches : la manière dont l’exécutif s’est comporté avec le Conseil constitutionnel, fin décembre 2023, lors de l’adoption de la loi « immigration ». Gérald Darmanin, d’abord, Elisabeth Borne, ensuite et Emmanuel Macron, enfin, ont tous reconnu que le texte comportait des dispositions contraires à la Constitution. Des sorties qui avaient fait s’étrangler de nombreux juristes. Ainsi, Patrice Spinosi, avocat aux conseils et spécialistes des droits humains, estimait-il fin décembre « qu’il y a une volonté d’aller questionner les limites de la jurisprudence constitutionnelle et de créer une tension entre la volonté politique et les gardiens de l’Etat de droit ».
    Apparemment, M. Fabius partage cet avis. « Monsieur le président, je soulignais au début de mon propos que le Conseil constitutionnel n’était ni une chambre d’écho des tendances de l’opinion, ni une chambre d’appel des choix du Parlement, mais le juge de la constitutionnalité des lois, et j’ajoutais que cette définition simple n’était probablement pas ou pas encore intégrée par tous, a ainsi lancé l’ancien chef du gouvernement. Deux mille vingt-trois nous a en effet frappés, mes collègues et moi, par une certaine confusion chez certains entre le droit et la politique. On peut avoir des opinions diverses sur la pertinence d’une loi déférée, on peut l’estimer plus ou moins opportune, plus ou moins justifiée, mais tel n’est pas le rôle du Conseil constitutionnel. La tâche du Conseil est, quel que soit le texte dont il est saisi, de se prononcer en droit. » Et de citer son « prédécesseur et ami Robert Badinter », autre socialiste qui présida le Conseil constitutionnel (1986-1995) : « Une loi inconstitutionnelle est nécessairement mauvaise, mais une loi mauvaise n’est pas nécessairement inconstitutionnelle. »
    Une fois ce rappel fait, M. Fabius ne s’est pas arrêté là. « Sauf à prendre le risque d’exposer notre démocratie à de grands périls, ayons à l’esprit que, dans un régime démocratique avancé comme le nôtre, on peut toujours modifier l’Etat du droit mais que, pour ce faire, il faut toujours veiller à respecter l’Etat de droit, qui se définit par un ensemble de principes cardinaux comme la séparation des pouvoirs, le principe de légalité et l’indépendance des juges, a encore insisté M. Fabius. Il y a bientôt cinquante ans que la jurisprudence du Conseil constitutionnel l’affirme en ces termes : c’est dans le respect de la Constitution que la loi exprime la volonté générale. » En clair, le président du Conseil constitutionnel rappelle les bases d’un « Etat de droit » au chef de l’Etat, notamment cette règle : on ne peut pas voter une loi dont on sait que certaines dispositions sont contraires à la loi fondamentale.
    Plus largement, M. Fabius a longuement développé la notion d’Etat de droit aussi bien au niveau national qu’au niveau européen, alors que la liste menée par Jordan Bardella (Rassemblement national) est donnée favorite aux élections européennes de juin. Et il lance un avertissement, cette fois à une partie de la droite et à l’extrême droite, qui dénoncent de concert « le gouvernement des juges », plaident pour le recours systématique au référendum, et pour sortir également de ce qu’ils appellent le « carcan européen ». « Un sophisme se fait entendre selon lequel il faudrait se libérer de l’Etat de droit, soit au plan national, soit au plan européen, soit les deux, pour accomplir la volonté générale », note ainsi M. Fabius, qui évoque même un « pacte faustien ». Et de dénoncer « la “martingale des refus” – refus de la légitimité des juges, refus de plusieurs de nos engagements européens, refus de l’Etat de droit » qui, selon lui, « nous ferait rompre avec l’Europe et mettrait en cause notre démocratie elle-même ». Pour conclure son allocution, Laurent Fabius a répété la détermination des neuf juges constitutionnels « à veiller à ce que ne connaisse aucune éclipse le respect de la Constitution et de l’Etat de droit ». Une promesse qui sonne comme un rappel à l’ordre. Le Conseil constitutionnel se prononcera le 25 janvier sur la loi immigration adoptée mi-décembre.

    #Covid-19#migrant#migration#france#loiimmigration#conseilconstitutionnel#etatdedroit#droit

  • « Faire appel à davantage de main-d’œuvre étrangère est devenu une nécessité vitale »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/01/08/faire-appel-a-davantage-de-main-d-uvre-etrangere-est-devenu-une-necessite-vi

    « Faire appel à davantage de main-d’œuvre étrangère est devenu une nécessité vitale »
    Gianmarco Monsellato
    Président de Deloitte France et Afrique francophone
    Alors que la loi française sur l’immigration adoptée le 19 décembre est très restrictive, l’avocat Gianmarco Monsellato explique, dans une tribune au « Monde », pourquoi la France a besoin des compétences étrangères pour préparer l’économie de demain.
    Les débats actuels l’illustrent : l’immigration tend à être abordée exclusivement à travers un prisme social et politique, et beaucoup trop peu à travers un prisme économique. Parasitées par les débats sécuritaires et identitaires, les discussions qui ont entouré l’examen puis le vote du projet de loi au Parlement n’ont pas fait toute sa place à une question pourtant centrale : comment former et attirer les talents qui occuperont les emplois que va créer l’économie de demain ?
    Nous nous trouvons face à un déficit de main-d’œuvre, sur fond de ralentissement démographique, avec une raréfaction de la ressource travail et une pénurie de compétences dont souffrent déjà les entreprises aujourd’hui. Une pénurie qui se constate à tous les niveaux : dans des grands groupes, mais plus largement sur l’ensemble du tissu économique.
    Une étude récente du Lab de Bpifrance sur la pénurie de talents dans les PME et les ETI (entreprises de taille intermédiaire) industrielles posait ainsi les bases d’un débat serein sur l’immigration économique, de manière globale et chiffrée, en montrant les besoins colossaux d’emplois à pourvoir (400 000 emplois supplémentaires d’ici à 2035 dans l’industrie).
    Faire appel à davantage de main-d’œuvre étrangère est devenu une nécessité vitale. On peut regretter que la discussion sur les fameux « métiers en tension » soit restée trop focalisée sur les emplois – souvent peu qualifiés – à pourvoir aujourd’hui. Mais les métiers en tension de demain, dont il faut se préoccuper vite, ce sont aussi tous ces emplois hautement qualifiés qui n’existent pas encore ! Ceux induits par les révolutions technologiques, par la mutation climatique, et ceux qui serviront à faire le lien entre toutes ces transitions, par leur capacité à synthétiser et mettre en perspective les nouvelles problématiques.
    Nous sommes d’ores et déjà entrés dans une compétition mondiale pour attirer ces talents. Or, force est de constater que notre système actuel n’y parvient pas suffisamment.Deux indicateurs éloquents pour s’en rendre compte : d’après le Conseil d’analyse économique, seulement 10 % de l’immigration en France est liée aux compétences – un chiffre bien inférieur à celui de nos voisins européens. Et sur l’index mondial de compétitivité des talents publiée par l’Insead, la France figure au 19e rang, loin derrière l’Allemagne. Il y a donc bien un sujet fondamental d’attractivité !
    La compétition est particulièrement marquée dans la tech. La transformation numérique et l’automatisation modifient la nature du travail, augmentant la demande pour des compétences en informatique, en analyse de données ou en intelligence artificielle. Il y a un écart entre les compétences enseignées et celles demandées par le marché du travail.
    L’immigration de main-d’œuvre qualifiée peut et doit aider à combler cet écart. En 2050, la moitié des jeunes diplômés seront originaires d’Afrique ; le niveau des étudiants africains en mathématiques est souvent supérieur à celui observé en France au lycée… Ignorer ce réservoir de talents serait une erreur stratégique majeure pour notre économie.
    L’enjeu devrait donc être de plus en plus de créer des régimes fiscaux et sociaux favorables, d’abaisser le coût du travail pour attirer cette main-d’œuvre étrangère. De nombreux pays l’ont fait. Les Etats-Unis, le Canada, l’Australie et l’Allemagne et même, récemment, le Japon, ont adopté des politiques ambitieuses en matière d’immigration. En France, ces politiques résolument volontaristes n’existent pas, ou peu. La question de l’immigration ne doit pas se limiter à un – légitime – débat politique. Elle est au cœur de la stratégie économique des Etats. Attirer des talents au-delà de ses frontières, c’est pour l’Europe une des conditions pour rester compétitive. L’apport des talents étrangers à l’économie française n’est pas seulement une question d’inclusion, c’est un levier de performance – et, in fine, une source de souveraineté.

    #Covid-19#migration#migrant#loiimmigration#migrationqualifiee#economie#talent#strategie#souverainete#inclusion#maindoeuvre#metierentension#france

  • Loi « immigration » : les associations déterminées avant l’examen devant le Conseil constitutionnel
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/01/05/loi-immigration-les-associations-determinees-avant-l-examen-devant-le-consei

    Loi « immigration » : les associations déterminées avant l’examen devant le Conseil constitutionnel
    Par Abel Mestre
    Maintenir coûte que coûte la pression, c’est l’état d’esprit des opposants à la loi « immigration ». Voté le 19 décembre 2023, le texte comporte, selon l’exécutif lui-même, plusieurs mesures susceptibles d’être censurées par le Conseil constitutionnel. Saisis par le président de la République, Emmanuel Macron, mais aussi par l’opposition de gauche, les neuf juges constitutionnels doivent se prononcer d’ici à la fin du mois de janvier sur la conformité du texte. D’ici là, les partis de gauche, les associations, les syndicats et de nombreux juristes essaient d’organiser la riposte.
    Cette dernière se mène sur plusieurs fronts. Juridique, d’abord. Plusieurs « contributions extérieures » (également appelées « portes étroites ») seront adressées au Conseil par des personnes physiques ou morales concernées par la loi « immigration ». Serge Slama, professeur de droit public à l’université Grenoble-Alpes et spécialiste du droit des étrangers, a été la cheville ouvrière de cette initiative. L’universitaire a été marqué par le nombre de ses collègues qui ont participé à ce travail, beaucoup plus nombreux qu’à l’ordinaire. « Cela dépasse le noyau dur habituel », estime-t-il. Selon lui, la loi « immigration » « est très mal rédigée, très mal ficelée et va être un nid à contentieux et poser beaucoup de problèmes d’interprétation ».
    Ces contributions extérieures sont organisées par thèmes (nationalité, étudiants internationaux, protection sociale et hébergement d’urgence, étrangers gravement malades, asile, mineurs non accompagnés, contentieux judiciaire et rétention…) et ont été élaborées par des universitaires et des responsables associatifs. Elles donnent donc tous les arguments juridiques pour appuyer une censure des dispositions visées, voire une censure globale du texte.
    Autre secteur qui se mobilise : celui des associations et des syndicats. Quarante-cinq organisations parmi les plus importantes – entre autres : Attac, la Fondation Abbé Pierre, Emmaüs, la Ligue des droits de l’homme, France Terre d’asile, la Cimade, Oxfam, la CFDT, la CGT – dénoncent « un point de bascule pour [les] principes républicains ». Les signataires donnent rendez-vous avant fin janvier « pour poursuivre cette dynamique de rassemblement, demander au président de la République de surseoir à la promulgation de la loi, intensifier et élargir la mobilisation contre ce texte et son idéologie ». Problème : on ne sait pas quelle forme prendra cette mobilisation. « La loi fait l’unanimité contre elle, d’où le nombre de signataires. Mais sur les modes d’action, on est un peu dans l’expectative, confesse Manuel Domergue, de la Fondation Abbé Pierre. Les cultures sont différentes et nous sommes dans l’attente de la décision du Conseil constitutionnel. »
    D’autres ne sont pas aussi patients : plusieurs organisations, parmi lesquelles le Groupe d’information et de soutien des immigrés, La France insoumise (LFI) ou Europe Ecologie-Les Verts, ainsi que plusieurs collectifs de sans-papiers, ont d’ores et déjà appelé à « manifester massivement sur tout le territoire le dimanche 14 janvier pour empêcher que cette loi soit promulguée ». Car c’est là tout le paradoxe des larges fronts d’opposition : il est parfois difficile de mettre tout le monde d’accord sur la marche à suivre. Ainsi, certains poussent pour organiser un grand meeting unitaire où chacun pourrait s’exprimer. L’avantage de cette solution est que le risque est minimal : il suffit de réserver une salle un peu petite pour donner l’illusion du nombre. En revanche, rien de pire qu’une manifestation qui ne fait pas le plein pour casser un mouvement naissant… Les partisans des manifs, eux, rappellent qu’en 1997 les cortèges contre les lois Debré sur l’immigration avaient fait le plein (jusqu’à 100 000 personnes à Paris)…
    Ce dilemme, les partis politiques en ont conscience. La France insoumise pousse pour que la démarche soit unitaire. « Il y a plusieurs cadres de discussion. On souhaite qu’il y ait tout le monde la même date, notamment les premiers concernés, comme la Marche des solidarités et les collectifs de sans-papiers, de même que les syndicats, associations, forces politiques opposés a la loi Darmanin », note Aurélie Trouvé, députée LFI de Seine-Saint-Denis. Surtout, une difficulté majeure s’ajoute : l’articulation avec les mobilisations pour la Palestine. Il est vrai que ces rassemblements concernent, en très grande partie, les mêmes organisations, le même milieu militant. Comment faire pour ne pas se marcher sur les pieds et ne pas abandonner un combat au profit de l’autre ? Une solution pourrait être une grande mobilisation mêlant les deux questions, sur le mode de la « convergence des luttes », mais le risque est de brouiller les messages. Une chose est sûre : la décision du Conseil constitutionnel ne réglera pas tout. Le scénario le plus probable est la censure (sur le fond ou comme « cavaliers législatifs », c’est-à-dire sans lien avec la loi) des dispositions les plus « aberrantes », selon l’expression de Serge Slama. Pourraient ainsi être concernées plusieurs mesures issues des amendements présentés par la droite, comme, par exemple, les mesures touchant aux prestations sociales ou celles sur le regroupement familial. Ces censures seraient une sorte de victoire à la Pyrrhus pour les opposants. En effet, le cœur du texte du gouvernement serait validé. Et il serait encore plus difficile de mobiliser contre une loi qui aura perdu ses aspects les plus clivants.

    #Covid-19#migration#migrant#france#loiimmigration#droit#conseilconstitutionnel#syndicat#association#securitesociale#regroupementfamilial

  • Les jeunes clandestins, petits soldats jetables du narcotrafic dans les grandes villes de France
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/01/06/les-jeunes-clandestins-petits-soldats-jetables-du-narcotrafic-dans-les-grand

    Les jeunes clandestins, petits soldats jetables du narcotrafic dans les grandes villes de France
    Par Luc Bronner , Anne-Hélène Dorison (Nantes, correspondance), Luc Leroux (Marseille, correspondant), Richard Schittly (Lyon, correspondant) et Thomas Saintourens
    C’est un après-midi ordinaire au tribunal judiciaire de Bobigny. Devant la 13e chambre, surnommée la « chambre des stups », sont convoqués vendeurs et guetteurs ; ces « petites mains » à qui les trafiquants confient quelques grammes de drogue à vendre, de jour comme de nuit, sur les « fours » de Seine-Saint-Denis. Un après-midi ordinaire qui en dit long, aussi, sur les profils désormais prisés par les gestionnaires des points de deal : sur treize prévenus condamnés, six sont des jeunes hommes en situation irrégulière. Aucun n’est défendu par un avocat. Un seul est venu à la barre. Les autres ont été jugés en leur absence. A défaut de visages, de voix, de biographies complètes, se succèdent des dossiers qui semblent interchangeables – comme les positions de ces intérimaires, au plus bas de l’échelle du narcotrafic. (...)
    Les peines prononcées cet après-midi, entre six et douze mois de prison, souvent avec sursis, mettent fin aux éphémères carrières de ces petits soldats du deal, aussitôt remplacés sur les chaises en plastique et les murets qui leur servent de poste de travail.
    Quelques étages au-dessus de la salle d’audience, dans les bureaux de la division des affaires criminelles et de la délinquance organisée (Dacrido), ces profils-là ne sont pas inconnus. Avant d’engorger les audiences, sans guère pouvoir aider à démanteler les filières, ils sont repérés sur les points de deal les plus importants, aux portes de Paris : Aubervilliers-Pantin-Quatre-Chemins, La Capsulerie à Bagnolet, Saint-Denis… Alice Dubernet, cheffe de la Dacrido, dresse le portrait-robot de ces jeunes « difficilement traçables » par les services d’enquête autant que par les services sociaux : « Ces migrants isolés sont une main-d’œuvre ponctuelle, facilement exploitable, qui n’évolue pas dans la hiérarchie. Pour les réseaux de trafic, ce sont des fusibles faciles, payés moins que le personnel habituel : pas plus de 80 euros par jour pour un guetteur, 100 euros pour un vendeur. »
    Les études sociologiques les plus récentes tracent les contours de parcours migratoires où l’implication dans les réseaux de deal survient lors des moments de grande précarité. « Les profils sont souvent des jeunes garçons qui arrivent en France sans base familiale suffisante pour s’insérer. Au bout de quelques mois, ils vivent de petits boulots, logent dans des squats ou sont à la merci de marchands de sommeil, décrit le sociologue Olivier Peyroux, chercheur à Sciences Po. Dans de nombreux cas, ce sont des revendeurs de cigarettes à la sauvette, criblés de dettes pour acheter les paquets à crédit, qui se retrouvent ensuite à faire les “choufs” afin de récupérer de l’argent au plus vite. »D’autres effectuent le passage vers les trafics de cannabis ou de cocaïne après avoir été déjà « captés » par des réseaux criminels de ressortissants de leur pays d’origine, liés au vol à l’arraché, aux cambriolages ou encore au trafic de médicaments (Lyrica et Rivotril en particulier). « Il est ici question de traite des êtres humains, avec des jeunes sous la contrainte de commettre des crimes et des délits, poursuit le chercheur. Ce qui les relie, c’est une logique d’asservissement d’une main-d’œuvre sous emprise chimique, une exploitation de la misère économique. » Les situations varient selon la géographie et les « marchés ». Le recours à ces « choufs » en situation irrégulière dépend des liens migratoires, parfois établis de longue date, et de l’organisation des points de deal.
    Au-delà de l’Ile-de-France, c’est à Marseille que cette économie criminelle offre le panorama le plus large.
    A Lyon, l’exploitation de clandestins dans le trafic de stupéfiants n’est pas éloignée de la situation marseillaise, selon un ancien chef de service de la police judiciaire, qui décrit les nombreux clandestins contraints de pratiquer la revente de drogue pour rembourser leur voyage. Ils doivent assurer un chiffre d’affaires et payer leur loyer, sous peine de rétorsion. « C’est comparable aux méthodes des réseaux de prostitution », avance le policier.
    (...) Mais ces audiences express de flagrants délits pour quelques grammes ne suffisent plus à raconter la nature des missions confiées à ces petites mains. C’est sur les scènes de crime que se retrouvent aussi désormais ces travailleurs précaires. Sur les quatre victimes d’homicides liés à des règlements de comptes sur fond de trafic de stupéfiants recensés à Nantes depuis le début de l’année 2023, trois se trouvaient en situation irrégulière et venaient d’Algérie. L’un des derniers hommes admis aux urgences du CHU après avoir été blessé par balle, quartier Bellevue, le 9 décembre 2023, venait, lui aussi, de ce pays. « C’est de la chair à canon parfaite, souffle un enquêteur nantais. Ces jeunes gens ont vécu tant de choses qu’ils n’ont plus peur de rien. Certains passent leurs journées et leurs nuits dehors. Ils ont besoin d’argent. Bref, c’est tout bénef pour les trafiquants. Ces nouvelles recrues ignorent tout de la hiérarchie du trafic et ne pourront rien balancer en cas d’interpellation. Et pour cause : ces jeunes ne savent même pas pour qui ils travaillent. »
    Les questions sont nombreuses sur le parcours et le mode de vie de ces petits soldats du trafic, mais un même schéma revient pour nombre d’entre eux : avant d’être visés sur les points de deal, plusieurs avaient été contrôlés dans le centre-ville de Nantes. Ils y vendaient des cigarettes de contrebande sous le manteau. « Certains sont arrivés en France très récemment. On sait très peu de choses les concernant, explique le même policier. Et c’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles leurs profils intéressent de plus en plus les patrons [du trafic de drogue]. » Il faut parfois des jours aux enquêteurs de la direction territoriale de la police judiciaire de Nantes pour identifier formellement la victime. Il en faut plus encore avant de trouver l’adresse de son domicile, si elle en a un. « Tout est allé très vite, constate le procureur de la République de Nantes, Renaud Gaudeul. En l’espace de deux ans, on est passé de jeunes mineurs du quartier à des individus venus de la région parisienne, puis à des jeunes hommes bien souvent en situation irrégulière. Ce qui est assez remarquable, c’est la rapidité avec laquelle les choses évoluent… Ce phénomène a été identifié fin 2022. Il reste aujourd’hui assez difficile à lire. » Cette situation nouvelle ne manque pas d’inquiéter. « Depuis leur arrivée, tout semble indiquer que l’usage des armes se débride, observe aussi Renaud Gaudeul. Le constat est terrible, mais c’est comme si ces vies humaines valaient moins que les autres. Les tirs sont plus nombreux. Aujourd’hui, quand on a un message à faire passer, on tire et on vise. Ce sont des tirs pour tuer, pas des coups de semonce. Ces changements pourraient induire une multiplication de ce type de faits. »

    #Covid-19#migrant#migration#france#trafc#drogue#violence#reseau#precarité#immigrationirreguliere

  • Émigration irrégulière : les arrivées de migrants aux Canaries ont battu un record
    https://www.seneweb.com/news/Societe/emigration-irreguliere-les-arrivees-de-m_n_429838.html

    Émigration irrégulière : les arrivées de migrants aux Canaries ont battu un record
    Par : Seneneb-News - SenewebNews-RP | 06 janvier, 2024 à
    Un nombre record de 39 910 migrants ont débarqué aux îles Canaries au cours de l’année 2023, soit une hausse de 154,5 % par rapport à 2022, rapporte Les Échos dans son édition de ce samedi 6 janvier. « La plupart des migrants étaient originaires du Maroc ou du Sénégal. Cette hausse s’explique par un certain nombre de facteurs notamment la pauvreté tandis que certains jeunes ont déclaré s’ennuyer simplement », note un rapport du journal Lefigaro parcouru par la source. Moustapha Ndiaye, président de l’association des pêcheurs de ville portuaire sénégalaise de Mbour, a ajouté que les licences de pêche délivrées par l’État du Sénégal étaient parmi les facteurs qui poussent les jeunes à tenter l’aventure au péril de leur vie.
    Si vous mourez de faim, vous finissez toujours par trouver quelque chose à manger ailleurs », a déclaré un jeune migrant dans le rapport susmentionné. « Que vous viviez ici ou mouriez ici, c’est pareil…Il n’y a pas de travail ici, pas d’argent. La seule solution, c’est l’Espagne », a renchéri un autre. L’ONG espagnole Caminando Fronteras indique que du fait du blocage de la route terrestre vers l’Afrique du Nord imposé par les contrôles du gouvernement du Niger, les jeunes traversent l’Atlantique vers les îles Canaries à bord de petits bateaux ou pirogues. Cette route dangereuse a fait des milliers de morts. « Entre 2028 et 2022, 7800 personnes sont mortes ou portées disparues », estime l’ONG. Le nombre total de migrants arrivés en Espagne, en 2023, s’élève à 56 852, soit une hausse de 82,1 % par rapport à 2022. Au moins 4000 migrants ont été interceptés par le patrouilleur sénégalais Walo

    #Covid-19#migrant#migration#senegal#canaries#espagne#traversee#pauvretee#peche#jeunesse#routemigratoire#morbidite#sante

  • Au Royaume-Uni, près de 100 000 demandeurs d’asile en attente de l’examen de leur dossier - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/54327/au-royaumeuni-pres-de-100-000-demandeurs-dasile-en-attente-de-lexamen-

    Au Royaume-Uni, près de 100 000 demandeurs d’asile en attente de l’examen de leur dossier
    Par La rédaction Publié le : 05/01/2024
    Malgré les affirmations du Premier ministre britannique Rishi Sunak, qui assurait mardi que son gouvernement avait résorbé le retard dans les décisions d’asile, près de 100 000 personnes attendent toujours l’examen de leur dossier au Royaume-Uni. La polémique enfle au Royaume-Uni. Mardi 2 janvier, le Premier ministre britannique Rishi Sunak a assuré que son gouvernement avait effacé l’arriéré dans les dossiers d’asile avec « 112 000 cas résolus » fin 2023 – comme promis en décembre 2022.
    Mais avec cette déclaration, le chef du gouvernement s’est attiré les foudres d’une partie de l’opposition et de certaines associations.
    Pourquoi cette annonce pose problème ? Les autorités britanniques ont bien traité 112 000 dossiers d’asile l’an dernier. Parmi eux, quelque 51 000 personnes ont obtenu une protection dans le pays, et plus de 25 000 ont été déboutées. Les autorités britanniques ont bien traité 112 000 dossiers d’asile l’an dernier. Parmi eux, quelque 51 000 personnes ont obtenu une protection dans le pays, et plus de 25 000 ont été déboutées. Mais la polémique porte sur la manière dont le gouvernement a géré cet arriéré. Sur les 112 000 dossiers instruits, environ 35 000 ont été classés comme « non procéduraux » et retirés de l’arriéré officiel. Tout simplement effacés du décompte final. Ce retrait représente quand même 31% des décisions d’asile.
    Le ministère de l’Intérieur a retiré ou suspendu ces demandes d’asile de ces exilés pour différentes raisons. Le quotidien The Guardian explique que le gouvernement a édicté de nouvelles instructions permettant qu’une demande soit retirée, notamment si la personne n’est pas en mesure de remplir correctement le questionnaire d’asile ou si elle ne se présente pas à des entretiens. Cette disposition peut être prise sans le consentement du demandeur, même si les autorités n’ont pas pu entrer en contact avec lui.Sur X (ex-Twitter), le Conseil des réfugiés affirme que « le ministère de l’Intérieur n’a pas réussi à expliquer pourquoi des milliers de personnes ont vu leur demande retirée (parfois en raison d’erreurs administratives comme des adresses incorrectes !) ».
    Le député travailliste Stephen Kinnock évoque quant à lui, sur le même réseau social, « le mensonge éhonté du Premier ministre ». En plus de « truquer » les chiffres comme lui reproche ses opposant, Rishi Sunak omet de dire que près de 100 000 dossiers sont encore en attente d’instruction au Royaume-Uni. Fin 2023, ce qu’on appelle « l’arriéré de flux » s’élevait à un peu plus de 94 000 demandes en attente, soit 2 000 de plus qu’au moment de la promesse du Premier ministre en décembre 2022.
    Dès sa prise de pouvoir en octobre 2022, Rishi Sunak a fait de l’immigration irrégulière sa priorité. Il annonce régulièrement son intention de stopper définitivement les départs de canots depuis la France. En 2023, près de 30 000 migrants ont débarqué au Royaume-Uni en traversant la Manche, contre 45 000 en 2022.
    Mais cette diminution des arrivées est à nuancer. Certes, le renforcement du dispositif de sécurité sur les côtes françaises, avec l’appui financier du Royaume-Uni, a participé à cette baisse, mais un tout autre facteur semble avoir été déterminant : la signature d’accords, en décembre 2022, entre le Royaume-Uni et l’Albanie pour lutter contre l’immigration clandestine. En 2022, près d’un tiers des 45 000 arrivées concernaient des Albanais, souvent des hommes majeurs seuls. Mais après un pic à l’été 2022, lors duquel les Albanais ont représenté jusqu’à 50 % des passagers de « small boats », leurs arrivées « ont chuté de façon spectaculaire au dernier trimestre 2022 et au premier trimestre 2023 », constate l’Observatoire des migrations de l’université d’Oxford. Dans le cadre de cette coopération, Londres a pu envoyer des agents de sa police aux frontières à l’aéroport de Tirana, en Albanie, et a renforcé ses critères pour qu’un demandeur d’asile soit considéré comme victime d’esclavage moderne.

    #Covid-19#migrant#migration#grandebretagne#immigrationirreguliere#asile#albanie#manche#fluxmigratoire

  • La Cour des comptes étrille les politiques de lutte contre l’immigration irrégulière
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/01/05/la-cour-des-comptes-etrille-les-politiques-de-lutte-contre-l-immigration-irr

    La Cour des comptes étrille les politiques de lutte contre l’immigration irrégulière
    Par Antoine Albertini
    Un coût annuel de l’ordre de 1,8 milliard d’euros, un contrôle aux frontières « peu dissuasif », un taux d’exécution des obligations de quitter le territoire français (OQTF) anecdotique : tout, dans les 141 pages du rapport rendu public par la Cour des comptes, semble témoigner de l’impuissance de l’Etat en matière de lutte contre l’immigration irrégulière. Un constat chiffré, documenté, qui heurte de plein fouet les déclarations réitérées de l’exécutif, comme celles formulées par le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, qui maintenait, en octobre 2022, l’objectif affiché par Emmanuel Macron dès 2019 à l’occasion d’un entretien accordé à Valeurs actuelles : assurer l’exécution de 100 % des OQTF – une prétention « fantasmatique », a tranché le président de la Cour des comptes, Pierre Moscovici, au cours d’une conférence de presse, jeudi 4 janvier, au siège de la Cour des comptes.
    Certes, entre les contraintes juridiques imposées par les engagements communautaires de la France et le manque de coopération de certains Etats dans la délivrance de laissez-passer consulaires, la responsabilité ne saurait être intégralement imputable aux gouvernements successifs. Il en va autrement de l’organisation des services chargés de la lutte contre l’immigration irrégulière, de la faible entente interministérielle ou d’une inflation législative – « 133 modifications en moins de dix ans » – parfois motivée par la médiatisation de faits divers.
    A mesure que le droit « se complexifie », la pression mise sur les préfectures par des circulaires ministérielles afin d’obtenir mesures d’éloignement, placements en rétention administrative ou assignations à résidence dévoile ses effets pervers : un engorgement des juridictions aggravé par l’existence de multiples voies de recours. Le contentieux des étrangers représentait ainsi « 41 % des affaires enregistrées par les tribunaux administratifs en 2021 (…) et 61 % devant les cours administratives d’appel ». Conséquence : le caractère dissuasif de cette politique reste très discutable, puisque « le nombre de franchissements irréguliers des frontières françaises est en hausse depuis 2015 ». Pis, en 2022, le taux de réalisation des 134 280 OQTF définitives réputées exécutoires prononcées par les préfectures et juridictions françaises n’excédait pas 12 %. « Consciente de sa faible capacité à faire respecter les OQTF, tempère la Cour des comptes, l’administration concentre ses efforts sur les profils présentant une menace à l’ordre public ou ayant une condamnation pénale récente, en les plaçant davantage en rétention. Dès lors, ces profils ont des taux d’éloignement plus élevés. » L’organisation même des services spécialisés montre ses limites. Le 19 janvier 2023, jour de déplacement des magistrats de la Rue Cambon le long des 117 kilomètres de frontière italienne sous contrôle renforcé, moins de 60 personnes en assuraient la surveillance, dont une dizaine de réservistes de la police nationale. Les centres de rétention administrative, en état de sous-effectif chronique, ne sont guère mieux lotis : sur un effectif théorique de 367 postes, celui de Vincennes (Val-de-Marne) compte 307 agents seulement, dont 80 % de jeunes policiers à peine sortis de l’école.
    Quant à la création d’un Office de lutte contre le trafic illicite de migrants en remplacement de l’Office central pour la répression de l’immigration irrégulière et de l’emploi d’étrangers sans titre, elle a certes entraîné le doublement de ses effectifs, « soit 138 nouveaux emplois », mais « si la police nationale a consenti à la création de 75 postes (…), la gendarmerie nationale a fourni un seul des 42 militaires promis, tandis que les douanes, les finances publiques, Tracfin [la cellule française de renseignement financier] et le ministère du travail n’ont encore envoyé aucun des agents promis ».
    Le dispositif souffre également d’une répartition incohérente des moyens. Sur les 126 points de passage frontaliers recensés en France, 45 seulement sont tenus par la police aux frontières, service de pointe dans la lutte contre l’immigration clandestine et théoriquement affecté à ces points de passage soumis à un « trafic permanent significatif en provenance de pays sources d’immigration ». Dans la pratique, des douaniers, moins formés que leurs collègues policiers, et dont le travail est davantage tourné vers le contrôle de marchandises, se voient confier des points de passage connaissant des flux humains considérables, comme la gare de Montpellier, « point d’arrivée des trains en provenance d’Espagne », quand la police aux frontières s’occupe de certains points présentant des risques quasi inexistants, à l’image de l’aéroport de Calvi-Sainte-Catherine.
    Demeure donc, note diplomatiquement la Cour des comptes, une « cohérence à construire », en renforçant notamment les services préfectoraux compétents, en simplifiant le contentieux de l’éloignement ou en assouplissant le dispositif d’aide au retour volontaire, encore insuffisamment développé et moins dispendieux qu’une procédure d’expulsion.Autant de considérations que l’institution a préféré formuler trois semaines après la date initialement prévue pour la parution de son rapport. Dans un exercice de transparence, M. Moscovici a assumé avoir pris la « responsabilité personnelle » de différer sa communication, programmée le 13 décembre 2023, en raison de l’adoption d’une motion de rejet du projet de loi sur l’immigration porté par le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, le 11 décembre. « Je ne souhaitais pas, a-t-il précisé, que cette publication puisse interférer dans un débat législatif passionné et passionnel. »

    #Covid-19#migration#migrant#france#coursdescomptes#retourvolontaire#immigrationirreguliere#expulsion#OQTF#frontiere

  • Les expulsions d’étrangers délinquants en hausse de 30 % en 2023, selon le ministère de l’intérieur
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/01/04/les-expulsions-d-etrangers-delinquants-en-hausse-de-30-en-2023-selon-le-mini

    Les expulsions d’étrangers délinquants en hausse de 30 % en 2023, selon le ministère de l’intérieur
    Le Monde avec AFP
    Publié aujourd’hui à 12h16, modifié à 13h25
    Deux semaines après l’adoption dans la douleur de la loi immigration, qui prévoit de faciliter l’éloignement des étrangers, le bilan annuel des expulsions est déjà en hausse par rapport à 2022. Au total, 4 686 étrangers délinquants ont été expulsés en 2023, soit 30 % de plus qu’en 2022, a annoncé, jeudi 24 janvier, le ministère de l’intérieur à l’Agence France-Presse (AFP), confirmant une information du Figaro.
    Dans le détail, 4 686 étrangers délinquants ont été expulsés en 2023, contre 3 615 en 2022 et 1 800 en 2021, a précisé le ministère. Beauvau communique ces chiffres le jour où la Cour des comptes rend un rapport sur la politique de lutte contre l’immigration irrégulière. Les principales zones de destination des personnes expulsées sont, dans l’ordre, le Maghreb, l’Afrique subsaharienne et l’Europe centrale. Ces chiffres correspondent aux « éloignements effectifs à la sortie de centre de rétention administrative et aux mises à exécution des arrêtés ministériels d’expulsion », précise-t-on place Beauvau. Cela n’inclut pas les personnes expulsées en raison de leur inscription au fichier des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste (FSPRT). Gérald Darmanin, qui a réuni les préfets, jeudi matin, au ministère de l’intérieur, « s’est félicité de ce premier bilan » et leur a demandé d’« accélérer encore en la matière, notamment grâce aux apports de la loi immigration dès lors que celle-ci sera promulguée », a confié à l’AFP son entourage.
    Le texte, sur lequel le Conseil constitutionnel doit encore statuer avant qu’il ne soit promulgué, prévoit notamment l’expulsion d’étrangers délinquants en situation régulière, même ceux arrivés en France avant l’âge de 13 ans ou ayant un conjoint français.
    Jeudi, la Cour des comptes a appelé l’Etat à « mieux s’organiser » pour les expulsions d’étrangers. Dans un rapport qui détaille la « politique de lutte contre l’immigration irrégulière », les rapporteurs ont jugé que l’administration gagnerait à recalibrer une stratégie pour l’heure « inefficace », qui repose surtout sur la délivrance massive d’obligation de quitter le territoire français (OQTF).
    « Ce découplage entre le nombre de mesures d’éloignement prononcées et leur exécution effective démontre les difficultés de l’Etat à faire appliquer, y compris sous la contrainte, ses décisions particulièrement nombreuses », a observé la Cour des comptes, soulignant que « seule une petite minorité – autour de 10 % – des OQTF sont exécutées ».

    #Covid-19#migrant#migration#france#OQTF#immigration#loiimmigration#eloignement#expulsion#CRA#etranger#migrationirreguliere

  • Sauvetages en mer : l’Italie immobilise à nouveau l’Ocean Viking pour 20 jours - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/54234/sauvetages-en-mer--litalie-immobilise-a-nouveau-locean-viking-pour-20-

    Sauvetages en mer : l’Italie immobilise à nouveau l’Ocean Viking pour 20 jours
    Par La rédaction Publié le : 02/01/2024
    Le navire SOS Méditerranée est bloqué au port de Bari pendant vingt jours pour n’avoir pas respecté l’instruction des autorités italiennes de rentrer le plus vite possible après un sauvetage en Méditerranée.
    Bis repetita. Les autorités italiennes ont immobilisé pour la deuxième fois cet hiver l’Ocean Viking, le navire humanitaire de SOS Méditerranée, à Bari (sud-est de l’Italie), a annoncé dimanche 31 décembre l’ONG basée à Marseille, dans le sud-est de la France. Le bateau est accusé d’avoir changé de cap après des sauvetages. Il sera immobilisé 20 jours.
    La nouvelle loi italienne dont parle l’ONG - plus précisément le décret Piantedosi - régit les activités des navires de sauvetage en Méditerranée et oblige les ONG à se rendre « sans délai » au port de débarquement assigné par les autorités italiennes juste après un premier sauvetage. Les autorités italiennes accusent l’Ocean Viking « de ne pas avoir respecté l’instruction de se diriger sans délai, à la vitesse maximale et en suivant une route directe vers le lieu sûr », en l’occurrence Bari, qu’elles lui avaient assigné.
    Au cours de trois opérations, le navire avait secouru mercredi 244 migrants au large de la Libye, parmi lesquels huit femmes, dont deux enceintes, 18 mineurs non accompagnés et quatre enfants de moins de quatre ans.Alors qu’il se dirigeait vers le port italien, l’Ocean Viking a reçu une nouvelle alerte concernant au moins 70 personnes en détresse à bord d’une embarcation de fortune située à 15 miles nautiques (24 km) de distance. Une mise à jour de la position démontrera que l’embarcation se situait finalement à 60 miles nautiques (97 km), relate l’association.L’Ocean Viking n’étant plus en mesure de porter assistance, il a « immédiatement repris sa trajectoire » vers le port de Bari qu’il a « atteint sans délai supplémentaire », précise l’ONG, évoquant un changement de cap « mineur ». Ces personnes n’ont finalement pas été secourues par l’Ocean Viking, explique l’association à l’AFP, sans pouvoir préciser si elles ont pu être sauvées."En l’absence d’aucune indication qu’un autre navire viendrait au secours de ces personnes en détresse, nous n’avions tout simplement pas d’autre choix légal et moral que de répondre à cette alerte. Toute autre décision aurait constitué une violation du droit international", relève l’ONG.
    Le 15 novembre déjà, les autorités italiennes avaient ordonné une immobilisation de 20 jours du navire et lui avaient demandé de payer une amende de 3 300 euros. Leur tort : avoir porté secours à deux embarcations en détresse sans en avoir reçu l’autorisation en amont par les autorités compétentes.Dans son communiqué, SOS Méditerranée avait là encore justifié sa démarche. « Nous avons constamment communiqué de façon transparente et proactive avec toutes les autorités compétentes tout au long de nos missions de recherche et de sauvetage, tout en cherchant activement leur coordination [...] Laisser des naufragés à la dérive en mer est non seulement illégal au regard du droit maritime international mais aussi inhumain ». Au total, en 2023, l’Ocean Viking a subi trois immobilisations. En juillet 2023, les autorités italiennes avaient identifié des problèmes concernant les « radeaux de survie » du bateau humanitaire et demandait son immobilisation « pour une durée indéterminée ». SOS Méditerranée a secouru plus de 39 000 personnes en Méditerranée depuis 2016, principalement en Méditerranée centrale, la route migratoire la plus dangereuse du monde. En 2023, 2 340 migrants y sont morts noyés en tentant de rejoindre l’Europe, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).

    #Covid-19#migrant#migration#italie#routemigratoire#mediterranee#oceanvicking#OIM#humanitaire#décretpiantedosi#sante#mortalite

  • « La loi sur l’immigration est étriquée, erronée et dangereuse d’un point de vue économique »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/01/03/la-loi-sur-l-immigration-est-etriquee-erronee-et-dangereuse-d-un-point-de-vu

    « La loi sur l’immigration est étriquée, erronée et dangereuse d’un point de vue économique »
    Tribune Hillel Rapoport
    Professeur d’économie à l’université Paris-I Panthéon-Sorbonne
    Cela fait longtemps que le débat public sur l’immigration en France se focalise sur les questions sécuritaires et identitaires. Quand l’économie est abordée, c’est toujours en réaction à un agenda électoraliste et populiste : les immigrés prennent-ils le travail des Français et coûtent-ils plus qu’ils ne rapportent au budget de l’Etat ? Il est symptomatique que les deux seuls aspects véritablement économiques de la loi portent sur les métiers en tension et sur des conditions plus restrictives de versement de prestations sociales aux immigrés. Rien sur le long terme.
    Pourtant, d’un point de vue économique, l’immigration est à la fois la rançon de la réussite d’un pays et, dans un monde globalisé, une condition de sa croissance future. En eux-mêmes et par la diversité qu’ils apportent, les immigrés sont une source d’innovation, de création, d’entrepreneuriat et d’insertion dans l’économie mondiale. C’est évident pour l’immigration qualifiée.
    Aux Etats-Unis, les immigrés représentent un quart des entrepreneurs ou des innovateurs et plus du tiers des professeurs dans les universités les plus prestigieuses. La causalité est à double sens : la réussite et le rêve américain attirent les plus qualifiés, et les compétences ainsi que la diversité qu’ils apportent viennent nourrir le dynamisme, la productivité et la croissance de l’économie américaine.
    L’immigration moins qualifiée est également porteuse de bénéfices économiques. Au-delà des aspects démographiques de soutenabilité des systèmes de retraite, les immigrés sont largement complémentaires des travailleurs natifs. Le fait qu’ils « exercent les métiers dont les Français ne veulent pas », pour employer un poncif, n’en est pas moins vrai, et par ailleurs leur concentration dans les services à la personne permet de libérer du travail qualifié, notamment féminin.
    En définitive, l’immigration est un atout stratégique fondamental dans la compétition économique internationale ; s’en priver, c’est se tirer une balle dans le pied, et c’est exactement ce que fait la France depuis maintenant cinquante ans, à contre-courant de la plupart des autres pays de l’OCDE [Organisation de coopération et de développement économiques]. Plutôt que de renvoyer aux nombreuses études qui le démontrent, considérons l’échec douloureux et presque humiliant de la France dans la course à la production d’un vaccin contre le Covid-19.
    Nos champions nationaux se sont fait damer le pion par Pfizer, entreprise aussi multinationale que multiculturelle, dont la collaboration avec BioNTech, licorne allemande fondée par des chercheurs d’origine turque, a connu le succès que l’on sait ; et par Moderna, entreprise américaine créée dix ans auparavant par trois fondateurs dont un immigré libano-arménien et un Sino-Américain, établi en Suède, et dirigée par… un Français. Pourquoi la France a-t-elle échoué ? Il n’est pas exclu que ce soit la faute des immigrés… qu’on n’a pas su attirer, promouvoir, intégrer.
    Mais qui songerait à pointer l’absence de diversité de nos élites économiques, politiques et scientifiques (absence totale dans le cas du comité de direction de Sanofi France) ? L’étroitesse d’esprit qui nous empêche de voir ce que la diversité peut nous apporter nous rend myopes sur les questions d’immigration, au sens propre d’absence de vision de long terme.
    Le fait est que depuis cinquante ans la France s’est enfermée dans un cercle vicieux où l’arrêt de l’immigration de travail dès le milieu des années 1970 la condamne à ne subir (car c’est bien comme cela qu’elle le vit) qu’une immigration au nom du droit (familial et humanitaire) plutôt qu’au nom de l’économie, ce qui se traduit par une structure de l’immigration moins qualifiée et moins diversifiée que dans la plupart des autres pays de l’OCDE.Mais ce type d’immigration, peu qualifiée et peu diversifiée, est justement celui qui alimente les attitudes négatives vis-à-vis de l’immigration, mais aussi les crispations identitaires et économiques liées à la compétition réelle ou supposée pour les emplois, les logements et les aides sociales. Et pousse les opinions publiques à exiger encore moins d’immigration.
    Dans le même temps, les pays anglo-saxons mettent en œuvre des politiques volontaristes d’ouverture à l’immigration, qualifiée et non qualifiée, proposant un contre-modèle vertueux. Le principal dispositif, les « systèmes par points », attribue à chaque candidat à l’immigration un certain nombre de points en fonction de critères tels que l’âge, le niveau d’éducation, de maîtrise de la langue, la profession, etc., et définit un seuil total de points synonyme de visa d’immigration permanente.
    De tels systèmes ont été adoptés successivement par l’Australie, le Canada, la Nouvelle-Zélande et le Royaume-Uni, et aucun ne les a depuis abandonnés. Ces pays auraient-ils compris quelque chose qui nous échappe ? Ou sont-ils plus attractifs ? Il est exact que la France, qui proclame vouloir attirer les talents, souffre d’un déficit d’attractivité, ce que révèle par exemple son classement dans l’indice de compétitivité globale pour l’attraction des talents (19ᵉ sur 25) de l’Institut européen d’administration des affaires.
    La modélisation des déterminants des migrations internationales met en évidence tant le rôle des facteurs d’attraction – salaires, libertés publiques, mais aussi mieux-disant environnemental et sociétal sur des questions telles que l’ouverture à la diversité – que celui des facteurs de répulsion, dont la xénophobie et le populisme. De ce point de vue, la loi relative à l’immigration émet un signal désastreux. Elle relève sans doute avant tout d’un calcul politique, mais celui-ci est risqué et se double d’un calcul économique erroné et perdant.
    Hillel Rapoport est titulaire de la chaire Economie des migrations internationales à l’Ecole d’économie de Paris.

    #Covid-19#migrant#migration#france#loiimmigration#attractivite#economie#talents#competitivite#determinantmigration#metierentension#politiquesociale#xenophobie

  • Allemagne : l’immigration dope les chiffres de l’emploi - InfoMigrants
    https://www.rfi.fr/fr/europe/20240102-allemagne-l-immigration-dope-les-chiffres-de-l-emploi

    InfoMigrants : En Allemagne, le secteur de la gastronomie a connu une hausse de l’activité professionnelle.
    Par RFI Publié le : 03/01/2024
    Le marché du travail en Allemagne est en pleine forme : malgré un ralentissement de la croissance en 2023, il n’y a jamais eu autant d’actifs outre-Rhin. L’une des raisons : l’immigration.
    Avec notre correspondante à Berlin, Blandine Milcent
    C’est le scénario idéal décrit depuis des années pour tenter de contrer une démographie en berne : le marché du travail allemand a bénéficié l’an dernier d’une main-d’œuvre étrangère qui a boosté les emplois. Près de 46 millions de personnes avaient un travail l’an dernier en Allemagne, soit 330 000 de plus que l’année précédente. C’est un record depuis la réunification il y a plus de 30 ans.
    Par ailleurs, l’institut de la statistique note également « une participation plus importante de la population allemande au marché du travail », ce que confirme une hausse de l’activité professionnelle chez les femmes ou les personnes âgées.Sans surprise, le premier secteur économique à avoir généré des emplois supplémentaires est le secteur des services, dans la santé et l’éducation notamment, mais aussi dans le commerce et la gastronomie. On ne peut en conclure pour autant que l’Allemagne a gagné son pari démographique, au contraire : la pénurie de main-d’œuvre devrait se faire douloureusement sentir à partir de 2025, quand ceux que l’on appelle « les boomers » commenceront à partir à la retraite.

    #Covid-19#migrant#migration#allemagne#immigration#emploi#economie#demographie#vieillissement#sante#eductaion#service#marchedutravail

  • « La loi sur l’immigration rompt avec les principes de la Sécurité sociale »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/01/03/la-loi-sur-l-immigration-rompt-avec-les-principes-de-la-securite-sociale_620

    « La loi sur l’immigration rompt avec les principes de la Sécurité sociale »
    Tribune Elvire Guillaud Michaël Zemmour Economistes
    La loi sur l’immigration adoptée le 19 décembre constitue une rupture politique sur de nombreux plans qui justifieraient amplement son abandon rapide. L’un d’entre eux est le domaine des politiques sociales. Sur la forme, en introduisant une restriction liée à la nationalité sur l’accès à une prestation de sécurité sociale, il rompt avec les principes historiques de celle-ci, instaurant un lien direct entre cotisation et affiliation. Sur le fond, la réforme, si elle était appliquée, provoquerait un appauvrissement important de familles et d’enfants, français ou non, avec des conséquences sociales dramatiques à court et à long terme.
    Le texte voté introduit pour les étrangers, hors Union européenne, une période d’exclusion de trois mois à cinq ans dans l’accès aux aides au logement, mais également une période d’exclusion de deux ans et demi à cinq ans dans l’accès aux allocations familiales. Cette dernière mesure, que l’on retrouvait jusqu’ici dans le programme du Rassemblement national, et non dans le programme présidentiel, constitue une rupture avec le principe posé par l’ordonnance du 4 octobre 1945 qui institue « une organisation de la Sécurité sociale destinée à garantir les travailleurs et leurs familles contre les risques de toute nature susceptibles de réduire ou de supprimer leur capacité de gain, à couvrir les charges de maternité et les charges de famille qu’ils supportent ».
    Certes, Il existe en France des prestations comme le revenu de solidarité active (RSA) soumises à une période d’exclusion de cinq ans pour les étrangers résidents avec des conséquences sociales graves. Mais le RSA n’est pas une prestation de sécurité sociale : c’est un dispositif d’aide publique financé par le budget des départements, eux-mêmes subventionnés par l’Etat. Aucun mécanisme d’assurance sociale n’a jamais été concerné jusqu’ici par une telle exclusion sur critère de nationalité.
    En effet, le critère de nationalité n’est pas, depuis les origines, dans le répertoire de la Sécurité sociale. Celle-ci, inspirée du paradigme « bismarckien » des assurances sociales, s’est construite dans une logique contributive d’affiliation émanant du salariat : la communauté des assurés est la communauté des cotisants, construisant ainsi une citoyenneté sociale et les bases d’une démocratie sociale. Même les prestations de sécurité sociale devenues avec le temps « universelles », comme celles touchant à la maladie ou à la famille, ont conservé jusqu’ici des dimensions de « contributivité » propres aux assurances sociales. Elles sont financées par des prélèvements – cotisations sociales, contribution sociale généralisée (CSG) et prélèvements fiscaux se substituant aux cotisations exonérées – prélevés d’abord sur les seuls revenus du salariat puis sur l’ensemble des revenus, et servent des prestations à l’ensemble des assurés affiliés.
    C’est d’ailleurs en reconnaissance de ce principe qu’en 2015 la Cour de justice européenne avait dispensé un salarié néerlandais de CSG sur ses revenus du patrimoine, car il était déjà couvert par une assurance sociale obligatoire dans son pays d’origine. Aussi, si la loi était appliquée, des personnes affiliées à la Sécurité sociale par leur travail et à ce titre assujetties à la CSG et aux cotisations sociales ne pourraient pas bénéficier des prestations comme l’ensemble des assurés. Par exemple, une salariée dont dès le premier jour d’embauche 0,95 point de CSG et de 1,65 % à 3,45 % de cotisations employeur financent directement la branche famille serait, pour ses enfants, privée de la couverture à laquelle elle contribue, en raison de sa nationalité, au contraire des autres salariés de l’entreprise.
    Cette rupture d’égalité d’accès aux droits serait contraire aux fondements de la Sécurité sociale, à moins que le Conseil constitutionnel n’invalide cette mesure, précisément pour cette raison.
    Par-delà les ruptures politiques, la mise en œuvre de la réforme conduirait à appauvrir durablement des dizaines de milliers de familles et d’enfants, français ou non (puisque la loi retient la nationalité des parents, et non des enfants, comme critère d’exclusion). Une mère célibataire de trois enfants, en raison de sa nationalité, pourrait par exemple voir ses revenus mensuels diminuer de 319 euros au titre des allocations familiales et de 516 euros au titre des aides au logement, contrairement à sa voisine ou collègue vivant dans les mêmes conditions et soumise aux mêmes prélèvements. Un couple d’actifs avec un enfant de 6 ans et un enfant de 6 mois se trouverait privé d’allocations familiales (140 euros) et de la prestation d’accueil du jeune enfant (182 euros).
    On peut également anticiper une hausse du taux et de l’intensité de la pauvreté des familles et des enfants vivant en France, même si celle-ci n’est pas encore quantifiée : à notre connaissance, personne, à l’université ou dans les administrations, n’a songé jusqu’ici à évaluer l’impact d’un tel tournant xénophobe de la politique sociale. Ainsi, si les mesures adoptées sont d’abord le fruit d’un marchandage politique de circonstance, les conséquences immédiatement prévisibles sont loin d’être symboliques : appauvrissement des familles et des enfants, difficultés accrues à vivre, à apprendre, à se loger et à participer à la vie sociale dans de bonnes conditions. Cette loi dangereuse pour la cohésion sociale du pays ne doit pas s’appliquer.
    Elvire Guillaud est maîtresse de conférences à l’université Paris-I Panthéon-Sorbonne et économiste au Laboratoire interdisciplinaire d’évaluation des politiques publiques de Sciences Po ; Michaël Zemmour est enseignant-chercheur à l’université Lumière Lyon-II et économiste au Laboratoire interdisciplinaire d’évaluation des politiques publiques de Sciences Po.

    #Covid-19#migration#migrant#france#loiimmigration#securitesociale#xenophobie#appauvrissement#inegalite#politiquesociale#sante

  • « La loi sur l’immigration rompt avec les principes de la Sécurité sociale »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/01/03/la-loi-sur-l-immigration-rompt-avec-les-principes-de-la-securite-sociale_620

    « La loi sur l’immigration rompt avec les principes de la Sécurité sociale »
    Tribune Elvire Guillaud Michaël Zemmour Economistes
    La loi sur l’immigration adoptée le 19 décembre constitue une rupture politique sur de nombreux plans qui justifieraient amplement son abandon rapide. L’un d’entre eux est le domaine des politiques sociales. Sur la forme, en introduisant une restriction liée à la nationalité sur l’accès à une prestation de sécurité sociale, il rompt avec les principes historiques de celle-ci, instaurant un lien direct entre cotisation et affiliation. Sur le fond, la réforme, si elle était appliquée, provoquerait un appauvrissement important de familles et d’enfants, français ou non, avec des conséquences sociales dramatiques à court et à long terme.
    Le texte voté introduit pour les étrangers, hors Union européenne, une période d’exclusion de trois mois à cinq ans dans l’accès aux aides au logement, mais également une période d’exclusion de deux ans et demi à cinq ans dans l’accès aux allocations familiales. Cette dernière mesure, que l’on retrouvait jusqu’ici dans le programme du Rassemblement national, et non dans le programme présidentiel, constitue une rupture avec le principe posé par l’ordonnance du 4 octobre 1945 qui institue « une organisation de la Sécurité sociale destinée à garantir les travailleurs et leurs familles contre les risques de toute nature susceptibles de réduire ou de supprimer leur capacité de gain, à couvrir les charges de maternité et les charges de famille qu’ils supportent ».
    Certes, Il existe en France des prestations comme le revenu de solidarité active (RSA) soumises à une période d’exclusion de cinq ans pour les étrangers résidents avec des conséquences sociales graves. Mais le RSA n’est pas une prestation de sécurité sociale : c’est un dispositif d’aide publique financé par le budget des départements, eux-mêmes subventionnés par l’Etat. Aucun mécanisme d’assurance sociale n’a jamais été concerné jusqu’ici par une telle exclusion sur critère de nationalité.
    En effet, le critère de nationalité n’est pas, depuis les origines, dans le répertoire de la Sécurité sociale. Celle-ci, inspirée du paradigme « bismarckien » des assurances sociales, s’est construite dans une logique contributive d’affiliation émanant du salariat : la communauté des assurés est la communauté des cotisants, construisant ainsi une citoyenneté sociale et les bases d’une démocratie sociale. Même les prestations de sécurité sociale devenues avec le temps « universelles », comme celles touchant à la maladie ou à la famille, ont conservé jusqu’ici des dimensions de « contributivité » propres aux assurances sociales. Elles sont financées par des prélèvements – cotisations sociales, contribution sociale généralisée (CSG) et prélèvements fiscaux se substituant aux cotisations exonérées – prélevés d’abord sur les seuls revenus du salariat puis sur l’ensemble des revenus, et servent des prestations à l’ensemble des assurés affiliés.
    C’est d’ailleurs en reconnaissance de ce principe qu’en 2015 la Cour de justice européenne avait dispensé un salarié néerlandais de CSG sur ses revenus du patrimoine, car il était déjà couvert par une assurance sociale obligatoire dans son pays d’origine. Aussi, si la loi était appliquée, des personnes affiliées à la Sécurité sociale par leur travail et à ce titre assujetties à la CSG et aux cotisations sociales ne pourraient pas bénéficier des prestations comme l’ensemble des assurés. Par exemple, une salariée dont dès le premier jour d’embauche 0,95 point de CSG et de 1,65 % à 3,45 % de cotisations employeur financent directement la branche famille serait, pour ses enfants, privée de la couverture à laquelle elle contribue, en raison de sa nationalité, au contraire des autres salariés de l’entreprise.
    Cette rupture d’égalité d’accès aux droits serait contraire aux fondements de la Sécurité sociale, à moins que le Conseil constitutionnel n’invalide cette mesure, précisément pour cette raison.
    Par-delà les ruptures politiques, la mise en œuvre de la réforme conduirait à appauvrir durablement des dizaines de milliers de familles et d’enfants, français ou non (puisque la loi retient la nationalité des parents, et non des enfants, comme critère d’exclusion). Une mère célibataire de trois enfants, en raison de sa nationalité, pourrait par exemple voir ses revenus mensuels diminuer de 319 euros au titre des allocations familiales et de 516 euros au titre des aides au logement, contrairement à sa voisine ou collègue vivant dans les mêmes conditions et soumise aux mêmes prélèvements. Un couple d’actifs avec un enfant de 6 ans et un enfant de 6 mois se trouverait privé d’allocations familiales (140 euros) et de la prestation d’accueil du jeune enfant (182 euros).
    On peut également anticiper une hausse du taux et de l’intensité de la pauvreté des familles et des enfants vivant en France, même si celle-ci n’est pas encore quantifiée : à notre connaissance, personne, à l’université ou dans les administrations, n’a songé jusqu’ici à évaluer l’impact d’un tel tournant xénophobe de la politique sociale. Ainsi, si les mesures adoptées sont d’abord le fruit d’un marchandage politique de circonstance, les conséquences immédiatement prévisibles sont loin d’être symboliques : appauvrissement des familles et des enfants, difficultés accrues à vivre, à apprendre, à se loger et à participer à la vie sociale dans de bonnes conditions. Cette loi dangereuse pour la cohésion sociale du pays ne doit pas s’appliquer.
    Elvire Guillaud est maîtresse de conférences à l’université Paris-I Panthéon-Sorbonne et économiste au Laboratoire interdisciplinaire d’évaluation des politiques publiques de Sciences Po ; Michaël Zemmour est enseignant-chercheur à l’université Lumière Lyon-II et économiste au Laboratoire interdisciplinaire d’évaluation des politiques publiques de Sciences Po.

    #Covid-19#migration#migrant#france#loiimmigration#securitesociale#xenophobie#appauvrissement#inegalite#politiquesociale#sante

  • « La loi sur l’immigration rompt avec les principes de la Sécurité sociale »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/01/03/la-loi-sur-l-immigration-rompt-avec-les-principes-de-la-securite-sociale_620

    « La loi sur l’immigration rompt avec les principes de la Sécurité sociale »
    Tribune Elvire Guillaud Michaël Zemmour Economistes
    La loi sur l’immigration adoptée le 19 décembre constitue une rupture politique sur de nombreux plans qui justifieraient amplement son abandon rapide. L’un d’entre eux est le domaine des politiques sociales. Sur la forme, en introduisant une restriction liée à la nationalité sur l’accès à une prestation de sécurité sociale, il rompt avec les principes historiques de celle-ci, instaurant un lien direct entre cotisation et affiliation. Sur le fond, la réforme, si elle était appliquée, provoquerait un appauvrissement important de familles et d’enfants, français ou non, avec des conséquences sociales dramatiques à court et à long terme.
    Le texte voté introduit pour les étrangers, hors Union européenne, une période d’exclusion de trois mois à cinq ans dans l’accès aux aides au logement, mais également une période d’exclusion de deux ans et demi à cinq ans dans l’accès aux allocations familiales. Cette dernière mesure, que l’on retrouvait jusqu’ici dans le programme du Rassemblement national, et non dans le programme présidentiel, constitue une rupture avec le principe posé par l’ordonnance du 4 octobre 1945 qui institue « une organisation de la Sécurité sociale destinée à garantir les travailleurs et leurs familles contre les risques de toute nature susceptibles de réduire ou de supprimer leur capacité de gain, à couvrir les charges de maternité et les charges de famille qu’ils supportent ».
    Certes, Il existe en France des prestations comme le revenu de solidarité active (RSA) soumises à une période d’exclusion de cinq ans pour les étrangers résidents avec des conséquences sociales graves. Mais le RSA n’est pas une prestation de sécurité sociale : c’est un dispositif d’aide publique financé par le budget des départements, eux-mêmes subventionnés par l’Etat. Aucun mécanisme d’assurance sociale n’a jamais été concerné jusqu’ici par une telle exclusion sur critère de nationalité.
    En effet, le critère de nationalité n’est pas, depuis les origines, dans le répertoire de la Sécurité sociale. Celle-ci, inspirée du paradigme « bismarckien » des assurances sociales, s’est construite dans une logique contributive d’affiliation émanant du salariat : la communauté des assurés est la communauté des cotisants, construisant ainsi une citoyenneté sociale et les bases d’une démocratie sociale. Même les prestations de sécurité sociale devenues avec le temps « universelles », comme celles touchant à la maladie ou à la famille, ont conservé jusqu’ici des dimensions de « contributivité » propres aux assurances sociales. Elles sont financées par des prélèvements – cotisations sociales, contribution sociale généralisée (CSG) et prélèvements fiscaux se substituant aux cotisations exonérées – prélevés d’abord sur les seuls revenus du salariat puis sur l’ensemble des revenus, et servent des prestations à l’ensemble des assurés affiliés.
    C’est d’ailleurs en reconnaissance de ce principe qu’en 2015 la Cour de justice européenne avait dispensé un salarié néerlandais de CSG sur ses revenus du patrimoine, car il était déjà couvert par une assurance sociale obligatoire dans son pays d’origine. Aussi, si la loi était appliquée, des personnes affiliées à la Sécurité sociale par leur travail et à ce titre assujetties à la CSG et aux cotisations sociales ne pourraient pas bénéficier des prestations comme l’ensemble des assurés. Par exemple, une salariée dont dès le premier jour d’embauche 0,95 point de CSG et de 1,65 % à 3,45 % de cotisations employeur financent directement la branche famille serait, pour ses enfants, privée de la couverture à laquelle elle contribue, en raison de sa nationalité, au contraire des autres salariés de l’entreprise.
    Cette rupture d’égalité d’accès aux droits serait contraire aux fondements de la Sécurité sociale, à moins que le Conseil constitutionnel n’invalide cette mesure, précisément pour cette raison.
    Par-delà les ruptures politiques, la mise en œuvre de la réforme conduirait à appauvrir durablement des dizaines de milliers de familles et d’enfants, français ou non (puisque la loi retient la nationalité des parents, et non des enfants, comme critère d’exclusion). Une mère célibataire de trois enfants, en raison de sa nationalité, pourrait par exemple voir ses revenus mensuels diminuer de 319 euros au titre des allocations familiales et de 516 euros au titre des aides au logement, contrairement à sa voisine ou collègue vivant dans les mêmes conditions et soumise aux mêmes prélèvements. Un couple d’actifs avec un enfant de 6 ans et un enfant de 6 mois se trouverait privé d’allocations familiales (140 euros) et de la prestation d’accueil du jeune enfant (182 euros).
    On peut également anticiper une hausse du taux et de l’intensité de la pauvreté des familles et des enfants vivant en France, même si celle-ci n’est pas encore quantifiée : à notre connaissance, personne, à l’université ou dans les administrations, n’a songé jusqu’ici à évaluer l’impact d’un tel tournant xénophobe de la politique sociale. Ainsi, si les mesures adoptées sont d’abord le fruit d’un marchandage politique de circonstance, les conséquences immédiatement prévisibles sont loin d’être symboliques : appauvrissement des familles et des enfants, difficultés accrues à vivre, à apprendre, à se loger et à participer à la vie sociale dans de bonnes conditions. Cette loi dangereuse pour la cohésion sociale du pays ne doit pas s’appliquer.
    Elvire Guillaud est maîtresse de conférences à l’université Paris-I Panthéon-Sorbonne et économiste au Laboratoire interdisciplinaire d’évaluation des politiques publiques de Sciences Po ; Michaël Zemmour est enseignant-chercheur à l’université Lumière Lyon-II et économiste au Laboratoire interdisciplinaire d’évaluation des politiques publiques de Sciences Po.

    #Covid-19#migration#migrant#france#loiimmigration#securitesociale#xenophobie#appauvrissement#inegalite#politiquesociale#sante

  • Au moins 14 morts après un naufrage au large des Canaries - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/54191/au-moins-14-morts-apres-un-naufrage-au-large-des-canaries

    Au moins 14 morts après un naufrage au large des Canaries
    Par La rédaction Publié le : 29/12/2023
    Selon l’ONG Caminando Fronteras, 14 migrants qui tentaient de rejoindre les îles Canaries sont décédés jeudi 28 décembre. Leur zodiac s’est dégonflé à environ 50 km au large du Cap Boujdour, au Sahara occidental. 44 personnes ont pu être secourues. Les ONG dénoncent le manque de réactions des secours espagnols et marocains. Le contact entre Helena Maleno, la fondatrice de Caminando Fronteras, et certains passagers de l’embarcation a débuté vers 14h jeudi. Depuis, selon l’ONG, au moins 14 personnes à bord de ce zodiac sont décédées. Au total, 58 passagers, dont sept femmes et deux mineurs, étaient à bord. Ils avaient quitté mercredi les côtes africaines dans l’espoir de rejoindre les iles Canaries.
    La fondatrice de l’ONG a partagé un message audio envoyé par une femme sur le bateau à l’agence espagnole EFE. Dans ce message d’une trentaine de secondes, on peut entendre une femme dire, en français : "Je suis une femme enceinte de neuf mois, je suis sur le flotteur (du zodiac). Les gens sont en train de disparaitre, jusqu’à présent, nous n’avons pas vu la Marine. Tous les gens disparaissent. S’il vous plaît, aidez-nous ! Nous sommes assis sur le flotteur. C’est très dangereux, l’eau est rentrée". Jeudi soir, l’ONG dénonçait le manque de réactivité des secours qui se renvoyait la responsabilité de l’opération de sauvetage. "Quatorze morts déjà dans le naufrage d’un canot pneumatique sur la route des îles Canaries, et peut-être qu’ils mourront tous parce que l’Espagne et le Maroc ne sont pas capables de se coordonner pour sauver des vies", écrivait alors Helena Maleno.Finalement, après quelques heures d’hésitation, les sauveteurs marocains ont coordonné les secours, selon la radio nationale espagnole citant les services de secours maritimes.
    D’après le site de suivi MarineTraffic, le navire de sauvetage marocain Al Manar est arrivé sur place aux alentours de 21h. Selon les garde-côtes espagnols informés par les marocains ce vendredi, l’opération a permis de secourir 44 personnes. Un cadavre, celui d’une femme, a été récupéré. Face à cette situation, où les migrants attendent des heures avant d’être secourus, les associations craignent de voir les drames du 21 juin et 1er juillet derniers recommencer. Il y a six mois, plusieurs personnes sont mortes lorsque des embarcations avaient coulé au sud des îles Canaries après avoir passé des heures, parfois toute une nuit, à attendre l’arrivée d’un patrouilleur marocain.
    Plus de 50 migrants avaient trouvé la mort lors de ces tragédies imputées au manque de coordination entre les services de secours espagnols et marocains.Cet événement a donné lieu à une plainte du parquet des îles Canaries pour délit présumé d’omission du devoir d’assistance contre les responsables de l’opération de secours en Espagne, plainte qui fait l’objet depuis cet été d’une enquête par la justice.
    Ce naufrage intervient alors que le nombre d’arrivées aux Canaries augmente par rapport à l’année précédente. Selon l’agence EFE, entre janvier et novembre 2023, 35 410 migrants sont arrivés aux Canaries, c’est 134% de plus que l’année dernière. C’est aussi davantage que 2006, année durant laquelle l’archipel espagnol avaient fait face à une très forte pression migratoire lors de la “crise des cayucos”, du nom des petites embarcations utilisées par les migrants pour traverser l’océan. Cette semaine, plus de 300 personnes ont rejoint les côtes espagnoles. Et les sauvetages se sont encore poursuivies jusqu’à la nuit dernière. Les sauveteurs espagnols ont notamment secouru un groupe de 129 Subsahariens au large des Canaries. Ils ont été transportés jusqu’à Tenerife.
    Pour faire face à cet afflux, les autorités espagnoles ont ouvert, depuis mi-novembre, 11 000 places d’hébergement supplémentaires dans des casernes militaires désaffectées, hôtels et foyers d’accueil. En visite sur l’île d’El Hierro le 19 octobre dernier, le ministre des Migrations, José Luis Escriva, avait promis que les transferts des exilés vers l’Espagne continentale seraient plus fréquents.

    #Covid-19#migrant#migration#espagne#canaries#atlantique#routemigratoire#mortalite#sante#pressionmigratoire#sauvetage#maroc

  • Près de 30 000 migrants ont traversé illégalement la Manche en 2023, le gouvernement britannique se félicite d’une forte baisse
    https://www.lemonde.fr/international/article/2024/01/02/pres-de-30-000-migrants-ont-traverse-illegalement-la-manche-en-2023-le-gouve

    Près de 30 000 migrants ont traversé illégalement la Manche en 2023, le gouvernement britannique se félicite d’une forte baisse
    Le Monde avec AFP
    Publié aujourd’hui à 03h10, modifié à 08h05
    Le chiffre est suivi avec attention au Royaume-Uni, où les gouvernements conservateurs successifs ont promis de « reprendre le contrôle des frontières » après le Brexit. En 2023, 29 437 migrants ont rejoint illégalement les côtes anglaises en traversant la Manche, selon le bilan du ministère de l’intérieur britannique publié lundi 1er janvier, soit une baisse de 35 % par rapport à 2022 et ses 45 774 entrants illégaux, ce qui avait constitué un sommet.
    « Alors que les entrées illégales en Europe augmentent, le nombre de personnes venant illégalement au Royaume-Uni diminue. C’est un succès important », s’est félicité dans un communiqué le ministre de l’intérieur, James Cleverly. Le bilan de 2023 reste cependant le deuxième plus élevé jamais enregistré, supérieur à celui de 2021 (28 526).
    L’immigration s’annonce comme un sujet-clé de la campagne pour les élections législatives prévues cette année au Royaume-Uni. Le premier ministre, Rishi Sunak, a d’ailleurs promis d’« arrêter les bateaux » des migrants clandestins.
    Environ 20 % des migrants qui sont arrivés sur les côtes anglaises en 2023 sont originaires d’Afghanistan, selon des données allant jusqu’au 29 novembre. Viennent ensuite les Iraniens (12 %), puis les Turcs (11 %), les Erythréens (9 %) et les Irakiens (9 %). En revanche, le nombre d’Albanais – ils avaient été parmi les plus nombreux à faire la traversée en 2022 (12 658) –, a chuté de plus de 90 %. Londres et Tirana ont passé un accord visant à empêcher les Albanais de partir illégalement vers le Royaume-Uni.
    Le gouvernement britannique s’est plusieurs fois félicité du succès de cet accord, ainsi que de celui passé avec la France. En mars, Londres et Paris ont conclu un accord prévoyant une contribution du Royaume-Uni de plus de 500 millions d’euros sur trois ans pour renforcer la surveillance sur les plages françaises et lutter contre les gangs de passeurs.
    En 2023, plus de 24 000 clandestins, parmi lesquels 5 500 Albanais, ont été expulsés, selon le ministère de l’intérieur. « L’engagement » du gouvernement « de résorber l’arriéré des demandes d’asile a été tenu », affirme-t-il, avec 112 000 dossiers traités en 2023. Environ 67 % des demandes d’asile ont reçu une réponse positive.
    Le gouvernement conservateur britannique, qui a adopté des lois extrêmement restrictives sur l’asile, compte toujours expulser au Rwanda des migrants arrivés illégalement au Royaume-Uni. Le projet a été bloqué par la Cour suprême, mais Londres a passé un nouvel accord avec Kigali. Le nouveau projet « est la législation la plus sévère jamais présentée au Parlement en matière d’immigration », a affirmé Rishi Sunak en décembre 2023 aux députés.
    Le gouvernement a par ailleurs annoncé fin 2023 un tour de vis pour réduire l’immigration légale. L’immigration a atteint un record en 2022, avec 745 000 personnes en plus au Royaume-Uni. Londres a promis de réduire ce chiffre de 300 000 personnes dans les années à venir. Parmi les annonces figure la fin, sauf exceptions, du regroupement familial pour les étudiants étrangers. Cette mesure, entrée en vigueur lundi, « permettra une baisse rapide de l’immigration avec des dizaines de milliers de personnes en moins », affirme le ministre de l’intérieur.

    #Covid-19#migrant#migration#grandebretagne#manche#traversee#politiquemigratoire#etudiant#regroupementfamilial#immigrationlegale#migrationirreguliere#asile#rwanda

  • Au Maroc, plus d’un millier de migrants ont été interpellés dans le nord du pays, près des enclaves de Ceuta et Melilla
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2024/01/01/au-maroc-plus-d-un-millier-de-migrants-ont-ete-interpelles-dans-le-nord-du-p

    Au Maroc, plus d’un millier de migrants ont été interpellés dans le nord du pays, près des enclaves de Ceuta et Melilla
    Le Monde avec AFP
    Dans le cadre de différentes opérations, des unités de l’armée marocaine ont interpellé, dans la nuit du 31 décembre au lundi 1er janvier, plus d’un millier de migrants qui, dans le nord du royaume, s’apprêtaient à rejoindre les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla.
    Au total, 1 110 personnes ont été interpellées dans les villes de Nador, M’diq et Fnideq durant plusieurs opérations de l’armée et des forces de l’ordre marocaines, selon un communiqué de l’Etat-major général des Forces armées royales (FAR) relayé par l’agence MAP. L’armée a précisé que les 175 migrants appréhendés à Nador, ville frontalière de Melilla, sont originaires du Maroc, d’Algérie, de Tunisie et du Yémen, sans donner les nationalités des 935 autres.
    Situées sur la côte nord du Maroc, les enclaves espagnoles de Melilla et Ceuta sont les seules frontières terrestres de l’Union européenne sur le continent africain, et sont régulièrement le lieu de tentatives d’entrée clandestines. La route migratoire vers les îles Canaries est l’autre porte d’entrée vers l’Europe, dans l’océan Atlantique, notamment depuis les côtes marocaines et du territoire disputé du Sahara occidental. L’archipel espagnol fait face cette année à son flux migratoire le plus important depuis 2006. Au 15 novembre, 32 436 migrants sont arrivés aux Canaries, soit un bond de 118 % par rapport à la même période une année auparavant, selon le ministère de l’intérieur.

    #Covid-19#migrant#migration#maroc#UE#espagne#canaries#routemigratoire#migrationirreguliere#ceuta#melilla#fluxmigratoire#

  • Au Maroc, plus d’un millier de migrants ont été interpellés dans le nord du pays, près des enclaves de Ceuta et Melilla
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2024/01/01/au-maroc-plus-d-un-millier-de-migrants-ont-ete-interpelles-dans-le-nord-du-p

    Au Maroc, plus d’un millier de migrants ont été interpellés dans le nord du pays, près des enclaves de Ceuta et Melilla
    Le Monde avec AFP
    Dans le cadre de différentes opérations, des unités de l’armée marocaine ont interpellé, dans la nuit du 31 décembre au lundi 1er janvier, plus d’un millier de migrants qui, dans le nord du royaume, s’apprêtaient à rejoindre les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla.
    Au total, 1 110 personnes ont été interpellées dans les villes de Nador, M’diq et Fnideq durant plusieurs opérations de l’armée et des forces de l’ordre marocaines, selon un communiqué de l’Etat-major général des Forces armées royales (FAR) relayé par l’agence MAP. L’armée a précisé que les 175 migrants appréhendés à Nador, ville frontalière de Melilla, sont originaires du Maroc, d’Algérie, de Tunisie et du Yémen, sans donner les nationalités des 935 autres.
    Situées sur la côte nord du Maroc, les enclaves espagnoles de Melilla et Ceuta sont les seules frontières terrestres de l’Union européenne sur le continent africain, et sont régulièrement le lieu de tentatives d’entrée clandestines. La route migratoire vers les îles Canaries est l’autre porte d’entrée vers l’Europe, dans l’océan Atlantique, notamment depuis les côtes marocaines et du territoire disputé du Sahara occidental. L’archipel espagnol fait face cette année à son flux migratoire le plus important depuis 2006. Au 15 novembre, 32 436 migrants sont arrivés aux Canaries, soit un bond de 118 % par rapport à la même période une année auparavant, selon le ministère de l’intérieur.

    #Covid-19#migrant#migration#maroc#UE#espagne#canaries#routemigratoire#migrationirreguliere#ceuta#melilla#fluxmigratoire#

  • L’espace Schengen s’ouvrira partiellement à la Bulgarie et la Roumanie à partir du 31 mars
    https://www.lemonde.fr/international/article/2023/12/31/l-espace-schengen-s-ouvrira-partiellement-a-la-bulgarie-et-la-roumanie-a-par

    L’espace Schengen s’ouvrira partiellement à la Bulgarie et la Roumanie à partir du 31 mars
    Les contrôles aux frontières aériennes et maritimes, internes à l’Union européenne, seront levés pour les deux pays, ont confirmé les Vingt-Sept, après pas moins de douze années de négociations. Le sort des frontières terrestres doit être décidé plus tard.
    Le Monde avec AFP
    La Roumanie avait récemment vendu la mèche, mais il restait la confirmation officielle. Elle est arrivée dans la nuit du samedi 30 au dimanche 31 décembre 2023 lorsque les vingt-sept Etats membres de l’Union européenne (UE) ont annoncé que la Bulgarie et la Roumanie allaient partiellement intégrer l’espace Schengen de libre circulation, à partir du 31 mars. Cette date a été choisie car elle correspond au passage des horaires d’hiver à ceux prévus pour l’été par l’Association internationale du transport aérien (IATA), selon le communiqué des Vingt-Sept qui se sont mis d’accord à l’unanimité pour lever les contrôles aux frontières aériennes et maritimes, internes à l’UE, de ces deux pays. Ils devront prendre une nouvelle décision pour choisir la date de levée des contrôles aux frontières terrestres, internes à l’UE, ajoute ce communiqué du Conseil de l’UE, institution qui représente les Etats membres. La Commission européenne s’est de son côté félicitée de cette décision, qui intervient après pas moins de douze années de négociations. « Aujourd’hui marque un moment historique pour la Bulgarie et la Roumanie, et un jour de grande fierté pour les citoyens bulgares et roumains », s’est félicitée dans un communiqué la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. La Commission a rappelé qu’elle estimait depuis 2011 que ces deux pays étaient prêts à rejoindre l’espace Schengen. La Bulgarie et la Roumanie, membres de l’UE depuis 2007, avaient été recalées par l’Autriche fin 2022 de l’espace Schengen au sein duquel plus de 400 millions de personnes peuvent voyager librement sans contrôles aux frontières intérieures. Vienne avait mis son veto pour protester contre une arrivée trop importante de clandestins sur son territoire, avant d’accepter de le lever en échange de garanties.
    Sofia et Bucarest ont accepté de lutter davantage contre l’immigration clandestine dans une déclaration commune signée samedi avec l’Autriche. La Bulgarie et la Roumanie s’engagent aussi à appliquer pleinement le droit européen, qui prévoit que les demandes d’asiles soient prises en charge dans le pays d’arrivée des migrants. Créée en 1985, l’espace Schengen comprend 23 des 27 pays membres de l’UE ainsi que leurs voisins associés que sont la Suisse, la Norvège, l’Islande et le Liechtenstein.

    #covid-19#migrant#migration#UE#espaceschengen#bulgarie#roumanie#frontiere#migrantionirreguliere#librecirculation

  • Le « rêve américain » des Indiens, de plus en plus nombreux à migrer illégalement vers les Etats-Unis
    https://www.lemonde.fr/international/article/2023/12/30/le-reve-americain-des-indiens-de-plus-en-plus-nombreux-a-migrer-illegalement

    Le « rêve américain » des Indiens, de plus en plus nombreux à migrer illégalement vers les Etats-Unis
    Par Carole Dieterich (New Delhi, correspondance)
    L’affaire se poursuit désormais en Inde. Après avoir passé cinq jours bloqués à l’aéroport de Vatry, dans la Marne, en raison de soupçons d’immigration clandestine, les passagers indiens du vol Legend Airlines ont commencé à être interrogés par la police locale des différents Etats dont ils sont originaires, principalement du Gujarat et du Pendjab. L’A340 de la petite compagnie aérienne roumaine, avec quelque 300 Indiens à son bord, avait été cloué au sol le 21 décembre par les autorités françaises. L’avion ne devait initialement effectuer qu’une escale technique, le temps de faire le plein sur son trajet reliant les Emirats arabes unis au Nicaragua. Il a finalement été renvoyé vers Bombay, où il a atterri mardi 26 décembre. Vingt-cinq passagers, dont cinq mineurs, sont restés en France, où ils ont demandé l’asile.
    Selon les premiers éléments dévoilés par la police du Gujarat, les passagers restés bloqués à Paris avaient pour projet de se rendre au Mexique via le Nicaragua, afin de traverser ensuite la frontière illégalement vers les Etats-Unis. Ils auraient versé des sommes allant de 43 500 euros à 130 500 euros à des passeurs. Ces routes de l’immigration illégale sont bien connues en Inde. On les surnomme les « donkey routes » du terme pendjabi dunki, qui signifie « passer d’un endroit à un autre ». Pour les aspirants à l’expatriation, la méthode consiste à obtenir un titre de séjour dans un pays proche des Etats-Unis ou encore du Royaume-Uni, pour lequel il est plus facile d’obtenir un visa, avant de rejoindre la terre convoitée.
    L’incident met en lumière l’augmentation spectaculaire de l’immigration illégale indienne vers les Etats-Unis au cours des cinq dernières années. En 2021, ils étaient quelque 725 000 Indiens en situation irrégulière aux Etats-Unis, selon une estimation du Pew Research Center. Un chiffre qui n’a cessé d’augmenter depuis 2017. Les Indiens sont le troisième plus important groupe de migrants illégaux aux Etats-Unis, derrière les Mexicains et les Salvadoriens. Le nombre de migrants indiens tentant de traverser l’une des frontières des Etats-Unis a été multiplié par plus de 10 depuis 2019. Le service des douanes et de la protection des frontières américain aurait recensé 96 917 migrants illégaux indiens en 2022-2023, contre 8 027 en 2018-2019. La majorité tente le passage à partir de la frontière sud, depuis le Mexique.
    Plusieurs drames ont ébranlé l’opinion publique indienne ces dernières années. Au mois d’avril 2023, une famille du Gujarat a été retrouvée morte noyée dans le Saint-Laurent. Avec un visa de tourisme au Canada, les parents accompagnés de leurs deux enfants auraient tenté de se rendre aux Etats-Unis illégalement en traversant le fleuve. En janvier 2022, une autre famille du même Etat est morte de froid à quelques mètres de la frontière. Et, en 2019, une fillette de 6 ans originaire du Pendjab avait été retrouvée morte dans le désert de l’Arizona.
    Ces départs massifs de la jeunesse pour un avenir incertain à l’étranger interrogent. L’Inde, géant de 1,4 milliard d’habitants, se vante d’être l’une des économies les plus dynamiques au monde. En dépit de son taux de croissance insolent (7,2 % en 2022), le pays ne parvient pas à créer suffisamment d’emplois pour les quelque 10 millions de nouveaux travailleurs qui entrent chaque année sur le marché du travail. « Le fait que les Indiens soient prêts à prendre des risques et à subir d’énormes difficultés pour finalement devenir des immigrants illégaux aux Etats-Unis suggère qu’ils le font soit en désespoir de cause, soit car ils sont induits en erreur », estime The Hindu dans un éditorial daté du 29 décembre.
    Le Royaume-Uni a également assisté à une recrudescence de l’immigration illégale en provenance de l’Inde. Entre janvier et mars 2023, environ 670 Indiens sont arrivés sur les côtes anglaises à bord de bateaux de fortune. Jamais le pays n’en avait enregistré autant, selon les chiffres du ministère de l’intérieur britannique. En 2022, Frontex a également recensé plus de 7 000 clandestins indiens aux frontières de l’Union européenne, contre quelques centaines les années précédentes.
    Cette immigration illégale contraste avec les « success stories » indiennes, incarnées par les grands PDG de la Silicon Valley comme Sundar Pichai, à la tête d’Alphabet, la maison mère de Google, ou encore Satya Nadella, qui dirige Microsoft. Les Indiens font figure de « migrants modèles » aux Etats-Unis. Ils sont les principaux bénéficiaires des visas H-1B pour les travailleurs étrangers hautement qualifiés et représentaient 74 % des dossiers approuvés au cours de l’exercice 2021, selon le Migration Policy Institute.
    Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Sundar Pichai, l’ascension fulgurante d’un simple ingénieur propulsé à la tête d’Alphabet
    « Les migrants qualifiés empruntent les voies légales, quant aux candidats à l’immigration illégale, ce sont généralement des hommes peu éduqués mais avec un peu de capital, souvent issus du milieu agricole et qui souhaitent s’en extraire », estime Sugandha Nagpal, professeure à l’université Jindal, dans la banlieue de New Delhi. Beaucoup viennent du Pendjab, du Gujarat, ancien fief du premier ministre Narendra Modi pourtant présenté par ce dernier comme un modèle de réussite économique, ou encore de l’Haryana. « La voie illégale a été complètement normalisée car beaucoup ont des amis ou des proches l’ayant empruntée avant eux et cela n’est pas vu comme un problème », poursuit Mme Nagpal, spécialiste des migrations.
    Le phénomène est tel que la culture populaire s’en empare. Un film de Bollywood, Dunki, mettant en scène le demi-dieu du cinéma Shahrukh Khan, est actuellement à l’affiche et relate l’histoire de quatre Pendjabis d’origine modeste qui souhaitent migrer à Londres. Sur les réseaux sociaux, les donkey influencers ou dunki influencers pullulent. Dans des vidéos YouTube ou des réels Instagram, ils se mettent en scène marchant dans la forêt entre la Colombie et le Panama, par exemple, ou encore proposent des conseils d’itinéraires pour passer d’un pays à l’autre. « Il est temps que le gouvernement indien prête attention [à ce type de trafic], exhorte The Hindu, [car] des personnes crédules sont devenues la proie de grandes promesses d’un avenir meilleur aux Etats-Unis. »

    #covid-19#migrant#migration#inde#grandebretagne#etatsunis#migrationirreguliere#UE#jeunesse#FRONTEX#trafic#routemigratoire

  • #Grippe : voici les 7 régions désormais classées en « phase épidémique »
    https://www.cnews.fr/france/2023-12-29/grippe-voici-les-7-regions-desormais-classees-en-phase-epidemique-1432736

    Depuis mi-décembre, l’épidémie de grippe saisonnière s’est étendue en France. Gagnant ainsi, tout l’Est de la métropole, comme l’a annoncé l’agence de Santé Publique.

    Concernant la grippe, la semaine dernière a été marquée par le « passage en phase épidémique des régions Auvergne-Rhône-Alpes, Bourgogne-Franche-Comté, Grand Est et Occitanie », ont résumé dans un bilan hebdomadaire les autorités sanitaires. Ce sont désormais au tour des Hauts-de-France et de l’Ile-de-France d’être touchées d’après le dernier bulletin publié le mercredi 27 décembre.

    L’épidémie était arrivée en métropole via Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA). Avec ces nouvelles régions, c’est tout le pan Est du pays qui est atteint. Les régions plus à l’ouest devraient bientôt être frappées, beaucoup étant déjà en phase dite pré-épidémique. Outre-mer, la Guyane ainsi que Mayotte sont aussi impactées et la Guadeloupe vient de rejoindre la liste des zones en pré-épidémies.
    La bronchiolite en déclin

    Alors que la grippe s’étend en France, l’Agence de Santé Publique constate en revanche un déclin de l’épidémie de #bronchiolite, qui frappe essentiellement les bébés. « Le pic de l’épidémie de bronchiolite a été atteint (début décembre) dans l’Hexagone », a-t-elle détaillé, indiquant « une diminution des indicateurs syndromiques pour la troisième semaine consécutive ».

    Dernière grande épidémie hivernale à être suivie hebdomadairement, le #Covid-19 continue à enregistrer une vague importante mais celle-ci donne des signes de stabilisation. Les consultations en ville pour le Covid ont ainsi cessé d’augmenter. Toutefois, à l’hôpital, les passages en urgence liés à la maladie ont encore vu leur part légèrement progresser.