#cpoel

  • Treize ans : attention, je découvre enfin que j"habite à Guéret. Découverte inquiétante, horrifiante, voici comment : l’Angleterre, les plages du Kent, les petits Français en liberté pour la première fois. Ils fument des cigarettes et s’entassent autour des boîtes à sous. Ils ont un vocabulaire que je ne connais pas, de sous-entendus que je ne comprends pas, ils me font peur. Ce sont les Parisiens. Finalement, je marche avec un grand dégingandé blond, et timide. Serait-il de Guéret lui aussi ? Mais voici qu’il dit, en se penchant au parapet où giclent les embruns de la Manche : Je n’aime que la mer. La mer, il n’y a que ça dans la vie. Je serai marin. Je suis du Havre, et vous ? De Guéret ? C’est où ? En Creuse. La Creuse ? Guéret ? Si au moins c’était un chantier naval, si au moins c’était un port fluvial, et même un port tout ensablé comme Brouage, ce serait mieux que rien, mais Guéret, ce n’est rien. Rien, voilà tout.

    Pierrette Fleutiaux, « Huit ans : j’habite à Guéret, mais je ne le sais pas », in Le Limousin. Terre sensible et rebelle, Paris, Autrement, 1995, p. 30 ; cité dans Yannick Beaubatie, « Bourgs, hameaux, lieux-dits et cités... » dans Comment peut-on être limousin ?, Fanlac, 1999, p. 52.

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  • Guéret,où je vins au monde avant la guerre de 1870, était dans mon enfance, une ville vétuste, somnolente et ramassée sur elle-même. Rues étranglées et tortueuses, maisons couvertes en tuiles dont le rouge passait vite au brun, pas mal de façades cuirassées de pierre de taille, de granit, s’il vous plaît...

    Pierre Bouchardon, cité par Robert Guinot, La Creuse autrefois, Lyon, Éditions Horvath, 1993, p. 31 ; cité dans Yannick Beaubatie, « Bourgs, hameaux, lieux-dits et cités... » dans Comment peut-on être limousin ?, Fanlac, 1999, p. 52.

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  • – [...] Mes parents m’envoyaient un peu d’argent, pas assez, et je n’osais pas leur avouer que j’étais sans emploi, car ils m’auraient fait rentrer à Limoges.
    – Pourquoi n’es-tu pas rentré à Limoges ?
    – Parce que ce n’est pas une vie.

    Georges Simenon, Maigret en meublé, in Œuvres complètes, Lausanne, Éditions Rencontre, 1968, p. 71 ; cité dans Yannick Beaubatie, « Bourgs, hameaux, lieux-dits et cités... » dans Comment peut-on être limousin ?, Fanlac, 1999, p. 56.

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  • ... animosités qui remontent à la nuit des temps [...] détestation mutuelle des deux cités [...]. Ces couples antinomiques cultivent une différence enfantée par la géographie, étayée par l’histoire, confirmée par le plaisir d’avoir à sa disposition un objet familier de haine. Dans le cas de Tulle et de Brive, la géologie les prédisposait à la dissemblance. Tulle est granitique et Brive, calcaire ; cela se voit à l’œil nu. Tulle est ouvrière, rustique, retranchée derrière ses sept collines et ne voit pas souvent passer les trains. Elle a même, jadis, refusé celui qui vient de Paris. Brive [...] avoue des mœurs citadines et un penchant pour les rites bourgeois, dans l’acceptation traditionnelle du terme. À Tulle, on cache ses sous, à Brive on les étale...

    Denis Tillinac, « Tulle-Brive, même clocher ? », in L’Événement du Jeudi, du 16 au 22 janvier 1997 ; cité dans Yannick Beaubatie, « Bourgs, hameaux, lieux-dits et cités... » dans Comment peut-on être limousin ?, Fanlac, 1999, p. 49.

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  • Bort est effrayant au premier aspect pour le voyageur qui, de loin, du haut de la montagne, le voit, au fond d’un précipice, menacé d’être submergé par les torrents que forment les orages ou écrasé par une chaîne de rochers volcaniques, les uns plantés comme des tours sur la hauteur qui domine la ville, et les autres déjà pendants à demi-déracinés...

    Jean-François Marmontel, cité par Guillaume-Michel Coissac in Mon Limousin, Paris, A. Lahure éditeur, 1913, p. 12 ; cité dans Yannick Beaubatie, « Bourgs, hameaux, lieux-dits et cités... » dans Comment peut-on être limousin ?, Fanlac, 1999, p. 48.

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  • À ce moment, le téléphone sonna. Hélène décrocha.
    – C’est Limoges, dit-elle.
    Je pris l’appareil :
    – Allô ! Limoges ? Ici, Nestor Burma.
    – Bonjour, Monsieur, fit quelqu’un nanti d’un solide accent de gardeuse de vaches.

    Léo Malet, Le soleil naît derrière le Louvre, Paris, Robert Laffont, 1954, p. 60, cité dans Yannick Beaubatie, « Accent » dans Comment peut-on être limousin ?, Fanlac, 1999, p. 23-24.

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