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  • La Halle aux Vêtements, liquidation totale
    http://larotative.info/la-halle-aux-vetements-liquidation-1350.html

    En novembre 2015, le magasin La Halle aux Vêtements de Saint-Pierre-des-Corps a fermé ses portes, dans le cadre d’un vaste plan qui a entraîné la suppression de 1 600 postes et de 220 points de vente sur tout le territoire.

    La Halle aux Vêtements appartient au groupe Vivarte, qui comprend également André, Kookai, Naf-Naf, etc. Le groupe est l’un des leaders français de l’habillement, et affichait en 2014 un chiffre d’affaires de 2,9 milliards d’euros. En juillet 2012, c’est un ancien dirigeant de Lancel, Marc Lelandais, qui en prend la tête. Il lance une stratégie de montée en gamme des enseignes La Halle (vêtements et chaussures), s’appuyant notamment sur une énorme campagne publicitaire, avec Tony Parker et la chanteuse Jenifer en guise d’égéries. Le groupe va aussi ouvrir des magasins La Halle dans le quartier des grands magasins à Paris, boulevard Haussmann, mais aussi à Saint-Tropez. « Dès la présentation de la stratégie de montée en gamme de l’entreprise, les élu-es avaient alerté la direction. Finalement, ces alertes se sont révélées juste », note une responsable de la fédération Commerce de la CGT.

    Un élu de l’entreprise précise : « C’était voué à l’échec. Tu ne retournes pas une entreprise de 30 ans en 2 ans, ça n’existe pas ». Alors que l’enseigne est plutôt implantée sur des zones commerciales périphériques, les magasins de centre-ville vont se transformer en gouffres financiers. Depuis, ils ont tous été revendus. Sans parvenir à attirer de nouveaux clients, la nouvelle stratégie a détourné l’entreprise de sa clientèle traditionnelle, plus populaire. Comme l’explique le même élu :

    « La clientèle qu’on avait, on leur a dit : "on veut plus de vous, vous pouvez partir, on a d’autres clients qui sont plus riches que vous". »

    Au mois de juin, quelques jours de grèves au début des soldes ont permis de faire pression sur les négociations du « plan de sauvegarde de l’emploi » (PSE) et de décrocher une prime supra-légale. Mais les indemnités sur lesquelles pouvaient compter les salarié-es licenciées sont restées faibles. Avec 80 % de temps partiels dans l’entreprise, souvent sur des contrats de 25 heures par semaine, le salaire brut moyen d’un-e employé-e impacté-e par le projet s’élevait à 1 077 euros par mois. Pour une salariée avec cinq ans d’ancienneté, les projections effectuées par les syndicats annonçaient une prime totale de licenciement de 7 154 euros.

    Pour la plupart des salarié-es impacté-es par les fermetures de magasin, la suite est décrite par Christophe, le délégué syndical CGT :

    « Des reclassements, il y en a eu, mais peu. Pour une personne qui travaille 25 heures par semaine, si il n’y a pas de poste dans la zone commerciale où elle travaille, on lui dit qu’elle peut être reclassée, par exemple à Bordeaux alors qu’elle habite Tours. Donc tu sais pertinemment que la personne à 25h, même si tu lui offres un 35h à Bordeaux, elle n’ira pas. Parce qu’elle a construit sa vie à Tours, elle ne va pas la construire à Bordeaux. C’est souvent des femmes qui sont à mi-temps, et qui ont des enfants scolarisés, donc c’est le mari la plupart du temps qui ramène le plus gros salaire. Systématiquement, elles refusent donc le reclassement interne et la mobilité. Du coup, elles vont partir sur un congé de reclassement [1], et puis c’est tout. »

    Le plus formidable ? L’entreprise a touché 4 millions d’euros au titre du Crédit Impôt Compétitivité Emploi (CICE), censé encourager l’emploi, comme son nom l’indique. Au niveau du groupe Vivarte, ce sont 15 millions d’euros qui ont perçus au titre du CICE. Sans compter 30,4 millions d’euros « d’allègements Fillon ». Au final, le plan de licenciement, qui devrait coûter 40 millions d’euros au groupe, sera financé en bonne part de l’argent public. « C’est quasiment une opération blanche », relève un élu.

    #travail #précarité #habillement #la_halle