• Rebecca Mott : Conséquences


    https://tradfem.wordpress.com/2016/01/11/consequences

    Je n’utilise pas ce blog pour commenter l’actualité, mais les événements survenus en Allemagne m’ont rendue tellement en colère et malade.
    Comme je l’ai écrit dans mon dernier message, cela tient à la pure hypocrisie de la majorité des réactions, et à leur utilisation pour excuser le racisme et l’ignorance.
    Il s’agit de rendre invisible l’éléphant au milieu de la pièce, ou peut-être les deux éléphants qui sont dans cette pièce.
    De cacher que dans toutes les cultures, tous les milieux et à toutes les époques, des hommes rassemblés en masse ont violenté sexuellement les femmes.
    Que l’Allemagne s’est constituée en bordel de l’Europe – le viol, la violence mentale, la torture et même le meurtre de femmes et de filles sont acceptés tant que vous payez.
    Cette violence n’est inadmissible que si elle est faite à des femmes non prostituées et que si elle ne peut pas être dépeinte comme extérieure à la culture allemande.
    J’ai essayé de rester silencieuse, mais la bile me monte à la gorge.

    Traduction : Tradfem
    Article original : http://rebeccamott.net/2016/01/08/consequences

    Vous pouvez lire et soutenir #Rebecca_Mott ici : http://rebeccamott.net

    #prostitution #Allemagne #racisme #violences_sexuelles #Cologne #tradfem

    • cqfd : trop tard pour chialer alors que le non respect ou son impossibilité de la parité dans les flux migratoires incontrollés imposait d’imaginer la situation

    • Au risque de me planter, assistons nous encore une fois (ou comme d’habitude) à une forme de #cryptomnésie_sociale ?

      http://chiennesdegarde.com/article.php3?id_article=448

      Sur la base du constat que les minorités sont très souvent connotées négativement, deux chercheurs, Pérez et Mugny en 1990, proposent une théorie de l’influence minoritaire qui nous intéresse beaucoup. Ces deux chercheurs expliquent que le changement est le résultat du processus de dissociation : pour ne pas être associés aux attributs négatifs de la minorité tout en adoptant néanmoins et publiquement le point de vue minoritaire, les gens sont amenés à dissocier le contenu du message (qu’ils acceptent) de la source du message (qu’ils rejettent). Il est donc possible d’adopter un point de vue d’origine minoritaire sans pour autant associer ce point de vue à l’action de la minorité qui défend(ait) ce point de vue. Ce phénomène se nomme la cryptomnésie sociale.

      Autre réaction et mise en perspective chez #Crêpegeorgette :
      Les agressions sexuelles du nouvel an : des crimes sexistes à l’instrumentalisation raciste.

      Le fait est que les foules masculines matinales des transports en commun français sont déjà un danger pour les femmes donc les foules avinées en sont également un, comme l’Oktoberfest (10 viols rapportés chaque années, on soupçonne que 200 ne font pas l’objet d’une plainte ; autre lien) ; les fêtes de Bayonne (2011, 2013, 2014). Un article de slate de 2004 faisait d’ailleurs le point sur le problème des violences sexuelles pendant les fêtes où l’alcool coule à flot et disait que « Les exemples de violences sexuelles abondent dans l’histoire récente des grandes fêtes ou festivals et la litanie des victimes est longue ». En 2003, bien avant l’arrivée des demandeurs d’asile donc, trois associations allemandes ont lancé "Sichere Wiesn für Mädchen und Frauen afin de lutter contre les comportements sexistes, le harcèlement sexuel, les viols et les agressions sexuelles pendant l’Oktoberfest. Un point de sécurité réservé aux femmes existe pendant toute la durée de la fête ce qui montre l’importance du nombre d’agressions.

      http://www.crepegeorgette.com/2016/01/12/violence-sexuelles-instrumentalisation-raciste

      Comment tenir en respect et faire reculer le terrifiant pouvoir de l’imbécilité, qui semble comme jamais (vu de là où je me trouve) occuper le terrain, semer et exploiter ignorance, inintelligence et confusion ?

    • La #violence_sexuelle sera la norme aussi longtemps que le commerce du sexe sera légal et intégré à la culture allemande.

      Sinon, sa dernière phrase sonne malheureusement, définitivement, on n’achète pas la violence sexuelle !

    • Oui, @aude_v, je suis parfaitement d’accord avec ce qu’elle développe comme idée que la violence prostitutionnelle l’est par essence de l’achat d’un corps et qu’elle déteint sur l’ensemble de la société. La phrase que j’ai mise en exergue est différente de la dernière phrase de son texte.
      Et peut être est-ce un souci de traduction

      Ce que doivent apprendre les hommes de la foule, c’est de payer d’abord leur violence sexuelle, et alors personne ne s’en souciera.

      Parce qu’il y a confusion entre « payer leur violence sexuelle » au sens juridique, avec « payer leur violence sexuelle » au sens prostitutionnel. Dans tous les cas le sens cynique est différent mais reste gênant. On comprend qu’elle s’insurge contre la violence sexuelle qu’est la prostitution en ce qu’elle est une violence institutionnalisée acceptable, de là à proposer comme solution aux agresseurs d’user de la prostitution (c’est ce que je crois comprendre) ça fait un peu mal.

    • @aude_v Est-ce que l’expression « travail du sexe » en elle-même nie la dimension intime de la sexualité ? Je n’en suis pas certain (voir par exemple http://seenthis.net/messages/397820 )
      On est d’accord que dans le genre de société auquel on aspire, ce « travail » ne devrait pas exister. Mais dans l’actuelle, plein de femmes ont recours à la prostitution pour vivre.
      Quant au #travail_reproductif (c’est à dire faire naître et élever des enfants, gérer un foyer), c’est bien sûr bien autre-chose qu’un travail et cela comporte bien sûr nombre de prolongements non objectivables, mais c’est aussi une contribution dont le capitalisme profite gratuitement, une contribution qu’il externalise (pour le dire en termes économiques), tout comme une grande partie de ce que les sociologues appellent le care.
      Le fait de ne pas le reconnaître dans sa dimension de travail, pour le dire vite ça pose deux gros soucis : d’une part les #mères (sur qui repose aujourd’hui l’essentiel de ce travail, faute de partage des tâches convenable) sont déconsidérées (le qualificatif d’"inactif" pour une mère au foyer en dit long) (voir http://seenthis.net/messages/378617#message407092 http://seenthis.net/messages/419415 ) d’autre part ça crée un gros angle mort dans les critiques anticapitalistes (cf. l’expression « prolétaires de tous pays qui lave vos chaussettes ? ») qui gagnerait à être mieux mis en lumière.

    • @touti et @aude_v : un message d’un membre de la collective ayant travaillé sur cette traduction : « Il me semble clair que Rebecca termine son billet sur une note de sarcasme, qui est différent du cynisme que lui attribue touti et de la version moralisatrice et proche d’un chantage qu’elle propose en alternative. »

      [Edit : avec nos excuses @touti, message rectifié]

    • @aude_v

      tenter de leur rendre la vie moins merdique n’a pas à remplacer le fait qu’on doit dire non à l’exploitation des femmes par les hommes et le male entitlement.

      Bien évidemment, personne ici ne suggère l’inverse. Il reste malgré tout des problèmes matériels non résolus tant qu’on reste dans un système capitaliste et patriarcal, et ça ne me semble pas inutile de trouver des leviers intermédiaires en attendant la fin de l’économie et du patriarcat, qui malheureusement risque de prendre du temps.
      Aurais-tu un lien vers le texte de Delphy en question ?

    • @koldobika le tag #prostitution est très documenté sur seenthis. Dans le temps, cela m’a permis d’appréhender un peu mieux les confrontations et enjeux complexes qui existent. Je vois maintenant la prostitution en comprenant qu’un rapport sexuel monétisé est un viol. Je ne peux donc pas à partir de ce prorata, considérer qu’être violer soit assimilable à un travail. Mais c’est nettement plus complexe, à commencer par la responsabilité des situations sociales et politiques que la société (nous, nantis ou non prostituées) ne se donne pas les moyens de résoudre.

      merci @Tradfem

      un message d’un membre de la collective ayant travaillé sur cette traduction : « Il me semble clair que Rebecca termine son billet sur une note de sarcasme, qui est différent du cynisme que lui attribue touti et de la version moralisatrice et proche d’un chantage qu’il propose en alternative. »

      Merci au collective pour son travail, mais non, ce n’est pas clair, sinon il ne faudrait pas d’explication. Ah, et je suis une femme, ne vous en déplaise ;)

    • @aude_v

      Se battre pour la dignité et les conditions de travail et de vie des personnes concernées, c’est une chose, mais faire passer sous le vocable « travail du sexe » l’idée que c’est un travail comme un autre qui n’implique rien dans les rapports de domination, non...

      On est d’accord. La question reste comment, dans les termes actuels, on essaie d’améliorer la dignité et les conditions de travail et de vie des personnes concernées. Une posture qui consisterait à dire que ce qui a été essayé ne fonctionne pas et que seule la fin du patriarcat et du capitalisme résoudra la question laisse entre-temps un paquet de concernées sur le carreau, soit tout le contraire de ce qu’on leur souhaite.

    • @touti

      Je vois maintenant la prostitution en comprenant qu’un rapport sexuel monétisé est un viol.

      Pour ma part j’ai toujours vu les choses ainsi. Et ça se passe aussi malheureusement dans nombre de couples où la femme dépend financièrement du mari (et où la monétisation est indirecte).

      Je ne peux donc pas à partir de ce prorata, considérer qu’être violer est assimilable à un travail …

      Sauf que bon nombre de femmes pauvres ont recours à la prostitution pour survivre, et n’ont aucun droit social (à part celui de payer des impôts sur « estimation du train de vie » comme le disait Aude plus haut). C’est la situation matérielle actuelle.

    • Oui, eut égard à celleux qui se prostituent, je venais d’ajouter cette phrase, et je me tais ensuite.

      Mais c’est nettement plus complexe, à commencer par la responsabilité des situations sociales et politiques que la société (nous, nantis ou non prostituées) ne se donne pas les moyens de résoudre.