• « Une partie de l’opinion palestinienne pourrait se retourner contre le Hamas », Dominique Vidal
    https://basta.media/Israel-Palestine-objectifs-des-attaques-du-Hamas-riposte-israelienne-bombar

    basta ! : Quels sont les objectifs du Hamas ? Pourquoi s’attaquer à des kibboutz ou tuer systématiquement les civils israéliens rencontrés sur le passage de leurs commandos ? Pourquoi ne pas avoir ciblé spécifiquement des objectifs militaires ?

    Dominique Vidal : En préambule, quiconque s’en prend à des civils, qu’ils soient israéliens ou palestiniens, que ce soit dans les kibboutz dont les habitants ont été massacrés ou sous les bombes israéliennes à Gaza, commet des crimes de guerre, voire des crimes contre l’humanité. Quand on dit qu’il ne faut pas deux poids deux mesures, cela s’applique dans les deux sens.

    C’est la première fois depuis 1948 que des combattants armés étrangers pénètrent sur le sol israélien. Cela ne s’était jamais produit, même en 1973 avec la guerre du Kippour – car c’est cette date, 50 ans après, que le Hamas a choisi pour déclencher son attaque. À l’époque, des soldats syriens et égyptiens ont attaqué le plateau du Golan [territoire syrien à l’époque occupé par Israël après la guerre de 1967, ndlr], et le canal de Suez, mais aucun n’a pénétré sur le territoire israélien en tant que tel. Donc ce qui s’est passé ce 7 octobre est vraiment sans précédent.

    Cette opération aussi préparée, massive, brutale et sanglante répond à trois motivations. La première est de traumatiser les Israéliens. C’est à mon avis un raisonnement absurde, qui ne tient pas compte des leçons de l’histoire, y compris de celle du Hamas. Lorsque, pendant la seconde intifada (de 2000 à 2005), le Hamas a mené des attentats kamikazes – environ 600 à 700 Israéliens sont morts dans ces attentats –, cela a contribué à faire basculer une partie de la population israélienne, y compris celle plutôt favorable au « processus de paix », vers la droite et l’#extrême_droite.

    #Palestine #Hamas #Gaza #Marwan_Barghouti #Israël #crimes_de_guerre #Iran #Arabie_Saoudite

    • Pourquoi le Hamas ne s’est-il pas contenté d’obtenir des avancées en négociant avec Israël ?

      C’est ce qu’il a fait jusqu’à ce 7 octobre. De bombardement en bombardement, d’attentat en attentat, on a quand même assisté à une forme d’alliance entre ces deux meilleurs ennemis que sont le Hamas et Israël. Les autorités israéliennes ont facilité la constitution du Hamas dès 1987 puis son développement pour qu’il puisse devenir un concurrent sérieux du Fatah, comme le raconte Charles Enderlin [correspondant de France 2 au Proche-Orient pendant plus de trente ans, ndlr] dans son livre Le grand aveuglement : Israël et l’irrésistible ascension de l’islam radical. L’objectif à l’époque était de diviser les Palestiniens pour les maîtriser plus facilement. Ce jeu s’est poursuivi avec Netanyahou pour affaiblir l’Autorité palestinienne.

    • Israël a avant toute chose créé (et j’estime que cela fut fait sciemment), les conditions d’apparition du Hamas en choisissant d’envahir le Liban pour liquider l’OLP ("paix en Gallilée", 1982), une tâche qui fut pour partie déléguée aux phalangistes libanais (massacres de palestiniens commis à Sabra et Chatila).

      37 ans après, la blague de « Bibi » 2019 (pour être peinards, encourageons le financement du Hamas) n’est que rappel obscène de ce choix, maintenu.

      et c’est ce qui vient de changer.

      #Benyamin_Netanyahou

    • Benyamin Netanyahou . Made in USA
      https://www.monde-diplomatique.fr/mav/98/VIDAL/16573

      Que M. Benyamin Netanyahou soit tombé, enfant, dans la marmite de l’extrême droite ne saurait surprendre : son père avait été le secrétaire du fondateur du mouvement sioniste révisionniste, Zeev Jabotinsky – que Benito Mussolini, un expert, qualifiait de « fasciste ». Réactionnaire, Benzion Netanyahou le fut au point d’abandonner, en 1963, un #Israël jugé « socialiste » pour s’exiler aux Etats-Unis.

      Pour « Bibi » commence une adolescence américaine. Certes, en 1967, à 18 ans, il part pour Israël prendre place, comme son frère Yonathan (qui trouvera la mort lors du sauvetage des otages d’Entebbe), dans l’unité d’élite de l’armée. 1973, retour outre-Atlantique. Sous le patronyme de Ben Nitaï, il devient américain et étudie l’économie au Massachusetts Institute of Technology.

      Après un passage en Israël, où… il vend des meubles, M. Netanyahou revient à New York. Ami de son père, l’ambassadeur israélien d’alors, Moshe Arens, l’appelle en 1982 à ses côtés. Le jeune diplomate – qui a rechangé de citoyenneté – apprend le bon usage des médias. Choyé par les vedettes de la télévision, il gravit les échelons : représentant d’Israël aux Nations unies en 1984, vice-ministre des affaires étrangères d’Israël en 1988, vice-ministre dans le cabinet du premier ministre en 1991.

      La victoire d’Itzhak Rabin met provisoirement fin à son ascension. « Bibi » prend alors la tête du Likoud, auquel il impose ses recettes. Américain, il ne le reste pas seulement par son accent bostonien. Economiquement, il ne jure que par la politique libérale de Milton Friedmann : privatisation des entreprises publiques, réduction du déficit budgétaire au détriment des services publics et des programmes sociaux, abaissement du taux d’imposition des riches comme des entreprises, etc.

      Stratégiquement, il s’inscrit pleinement dans la croisade contre le terrorisme, à laquelle il consacre trois livres. Il y regrette le soutien du président William Clinton à l’autonomie palestinienne, affirmant : « De même que les zones de libre échange stimulent le commerce, la création d’une “zone de libre-terrorisme” ne peut qu’encourager cette pratique. »

      Telle est l’inspiration du programme du gouvernement qu’il dirige à partir de 1996. M. Netanyahou inscrit son pays dans la mondialisation tout en multipliant les provocations contre les accords d’Oslo : ouverture du tunnel au bas de l’esplanade des Mosquées, construction de la colonie de Har Homa, sabotage du miniaccord de Wye River… Battu par M. Ehoud Barak en 1999, il se rabat sur la direction du Likoud, mais y trouve plus à droite que lui : le général Ariel Sharon lui souffle le leadership de l’opposition, avant d’être élu chef du gouvernement. Dès lors, il n’a plus d’autre choix que de participer à celui-ci, tout en jouant la surenchère, dans l’espoir de tirer un jour son épingle du jeu…

      Histoires d’Israël « manière de voir » 2008 un n° coordonné par Dominique Vidal.
      https://www.monde-diplomatique.fr/mav/98
      Week-end portes ouvertes : tous les articles en accès libre !

  • Guerre entre Israël et le Hamas : « La Cour pénale internationale est là pour être le dernier recours lorsque toutes les autres voies n’ont plus d’effets », analyse un juriste
    https://www.francetvinfo.fr/monde/proche-orient/israel-palestine/guerre-entre-israel-et-le-hamas-la-cour-penale-internationale-est-la-po

    [...] le 1er janvier 2015 le gouvernement palestinien avait déclaré « son acceptation de la compétence de la CPI à partir du 13 juin 2014 », peut-on lire sur le site de la Cour pénale internationale. Il est donc urgent que la CPI se préoccupe de ce qui se passe dans les territoires palestiniens, selon Johann Soufi qui s’étonne du « silence assourdissant du procureur de la CPI ».
    Pour lui ce « silence de la CPI fait écho au silence d’autres organisations multilatérales notamment de l’ONU avec tous les vétos américains au Conseil de sécurité sur une situation qui ne fait que se détériorer années après années ».
    [...]
    « La Cour pénale internationale est là pour être le dernier recours lorsque toutes les voies diplomatiques, politiques et militaires n’ont plus d’effets », explique Johann Soufi. « Le temps de la justice internationale est important quand la guerre est là. Le droit international puise ses sources dans les conventions de Genève et ce n’est pas un hasard si ça a été fait juste après la Seconde Guerre mondiale », détaille Johann Soufi, « parce que toute l’idée c’était d’humaniser la guerre, car même dans les conflits armés, il faut des règles et la justice pénale internationale est là pour le rappeler. Maintenant plus que jamais c’est le temps de la justice pénale internationale, le temps pour la Cour pénale internationale de faire entendre sa voix », insiste-t-il.
    [...]
    "On a des instruments juridiques, les crimes de guerre, les crimes contre l’humanité qui sont suffisamment précis, acceptés et universels pour à la fois qualifier les crimes commis par le Hamas en Israël et ceux commis par le gouvernement israélien en Cisjordanie et dans la bande de Gaza",

    Et si la justice internationale se saisit des actes commis par le Hamas en Israël, on parlera de crimes de guerre ou de crimes contre l’humanité, parce que concernant le terrorisme, « malheureusement c’est une notion qui relève du droit national avec toute l’utilisation politique qu’on en connaît notamment dans les régimes autoritaires ».

    • Je pense qu’il n’y a effectivement pas grand-chose à attendre de ces instances juridiques.

      La prise de position de ce juriste vaut d’abord pour ce qu’elle indique, justement, du peu de poids de ces instances dans leur capacité à prendre en compte la colonisation israélienne sur le temps long et donc de leur responsabilité passive dans la situation régionale. Ces instances internationales étant largement tributaires des jeux de puissances impérialistes qui commandent la politique à l’échelle de la planète.

      Le plus important, de mon point de vue, c’est que ce juriste permet de recadrer l’usage du mot « terrorisme ».

      Ce mot, auquel est systématiquement associé le terme « condamnation » semblent représenter une quasi obligation dès lors qu’on s’exprime en France sur l’attaque du Hamas en Israël, perpétrée le samedi 7 octobre.

      Si l’on ne se plie pas à cette obligation sémantique, on est alors automatiquement considéré comme étant complice des crimes commis ce jour-là par le Hamas. Car personne ne peut nier qu’il ait eu des crimes de la part du Hamas ce jour-là, pas plus qu’on ne peut nier que ces crimes se placent dans un contexte de guerre, où une succession d’autres crimes ne cessent d’être perpétrés par l’État d’Israël contre la population civile palestinienne, quelle que soit sa localisation.

      La réalité factuelle oblige à reconnaître, également, que la population de Gaza, à qui l’on interdit toute possibilité d’évacuation ("prison à ciel ouvert"), subit aujourd’hui, avec la réplique israélienne, des crimes de guerre de haute intensité.

      Enfin, il faudrait toujours rappeler que les fondateurs de l’État d’Israël étaient eux-mêmes considérés comme « terroristes » quand la Palestine était sous mandat britannique.

    • J’en suis désolé, mais à mon avis toutes ces discussions autour du droit international sont une pure perte de temps. Elles n’ont d’intérêt que sous l’angle moral, mais rigoureusement aucun d’un point de vue pratique.

      – Les responsables israéliens ne seront jamais poursuivis. Les États-Unis ont toujours fait de cela une ligne rouge bipartisane. Si un pays européen avait l’idée de poursuivre des responsables israéliens pour crimes contre l’humanité, les ricains lui mettraient une pression énorme jusqu’à ce qu’il renonce. L’autorité palestinienne serait privée de tout financement si elle évoquait l’idée de la Cour pénale internationale. Et les procureurs de la CPI eux-mêmes ne sont pas à l’abri de mesures de rétorsion lourdes de la part des États-Unis. Les Israéliens poursuivis pour crimes de guerre ou crime contre l’humanité, ça n’est jamais arrivé, et ça n’arrivera pas. (Fantasmer sur l’émergence d’un monde multipolaire qui le permettrait, c’est oublier que les autres « pôles » émergeants sont aussi des criminels de guerre qui n’ont pas plus intérêt que les américains à réclamer une justice internationale impartiale.)

      – Quant aux responsables du Hamas, ils vont être liquidés par les services israéliens, quel qu’en soit le coût. Ils ne seront jamais arrêtés, jamais traduits devant le moindre tribunal, ils seront purement et simplement exécutés, où qu’ils se trouvent dans le monde.

      Donc les discussions sur les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité sont utiles pour rappeler les repères moraux, mais dans la pratique, évoquer la CPI c’est une perte de temps. Sauf pour rappeler l’absolu deux-poids-deux-mesures du droit international.

      La seule chose « pratique », c’est de constater que les européens eux-mêmes ont désormais ouvertement renoncé à l’illusion de relations internationales fondées sur le droit (je pense que c’était déjà largement le cas, malgré le coup d’éclat français sur l’invasion de l’Irak, mais ces gens faisaient encore semblant).

    • Sauf pour rappeler l’absolu deux-poids-deux-mesures du droit international.

      C’est futile, mais c’est bien ce à quoi nous nous amusons.

      Comme tu l’évoques, tout le monde semble avoir oublié les rapports effectifs des US avec la CPI. Les US ne collaborent avec la CPI qu’à la condition que la CPI aille dans son sens et contre ses ennemis.

      Pour avoir une idée en images de ce qu’est le droit international et de ce qu’il n’est pas :
      https://www.bedetheque.com/BD-Une-histoire-du-droit-international-De-Salamanque-a-Guantanamo-456663

    • @arno tu as visiblement écris ta réponse avant que je publie mon message complémentaire, car je précise justement qu’il n’y a rien à attendre de ces instances internationales et qu’il précise dans quel contexte intervient, en France, l’usage du terme de crime de guerre ou de terrorisme.

    • Israël-Palestine : les mots de la guerre

      La guerre entre Israéliens et Palestiniens qui dure depuis plus d’un siècle est aussi une guerre des récits et de mots. Des universitaires reconnus expliquent les notions qui sous-tendent cet affrontement.

      https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/serie-israel-palestine-les-mots-de-la-guerre

      À propos de la série

      La guerre entre Israéliens et Palestiniens qui dure depuis plus d’un siècle est aussi une guerre des récits et de mots. Des universitaires reconnus expliquent les notions qui sous-tendent cet affrontement.

      La première victime des guerres, c’est la clarté. Chaque conflit plonge le public dans l’obscurité, abandonnant chacun à ses approximations et à ses préjugés. C’est particulièrement le cas de la guerre entre israéliens et palestiniens qui depuis plus d’un siècle est aussi une guerre des récits. Que s’est-il passé depuis 1917, autrement dit depuis la déclaration Balfour, par laquelle le colonisateur britannique évoque la création d’un foyer national juif en Palestine ? Chaque date est un jalon de plus dans cette histoire complexe où tout est symbole. Impossible désormais de « voler vers l’orient compliqué avec des idées simples », selon la formule de De Gaulle…

      Pour vous aider à vous faire votre point de vue sur cette histoire, France Culture donne un sens plus pur aux mots de ce conflit. Des universitaires reconnus vous expliquent les notions qui sous tendent cet affrontement.

    • Effectivement, dès le départ du projet de création de l’État d’Israël (totalement tributaire des tensions internes aux impérialismes de l’époque), la question du choix des mots - avec les inévitables interprétations, ambiguïtés et jeux de dupes - joue un rôle important. Ci-joint les différentes versions de la Déclaration Balfour, à partir d’un extrait du livre La Déclaration Balfour - Aux sources de l’État d’Israël - Jean-Pierre Alem - Éditions complexe :

      On remarquera comment le projet, dans sa formulation, a évolué.

      Pour avoir les infos concernant les noms, se reporter à la page de Wikipédia :
      https://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9claration_Balfour_de_1917

  • Elias Sanbar, intellectuel palestinien : « Toute attaque contre des civils est un crime de guerre »


    Elias Sanbar, historien, poète et essayiste palestinien, chez lui, à Paris, le 11 octobre 2023. RAFAEL YAGHOBZADEH POUR « LE MONDE »

    Dans un entretien au « Monde », l’écrivain installé en France réagit au conflit entre le #Hamas et #Israël, et revient sur l’histoire longue de son peuple. Propos recueillis par Benjamin Barthe

    Elias Sanbar, ancien ambassadeur de la #Palestine auprès de l’Unesco, essayiste, poète et traducteur en français de Mahmoud Darwich, réagit au nouveau conflit entre le Hamas et Israël à la suite de l’attaque du 7 octobre.

    Comment vivez-vous ces moments tragiques ?

    Ce sont des jours très difficiles, d’autres, plus durs, s’annoncent. Cela impose de s’en tenir plus que jamais aux principes. Les Palestiniens, dans leur combat pour leurs droits, se réclament du droit international. Et celui-ci est clair : toute attaque contre des civils est un crime de guerre. Se réclamer du droit impose d’appliquer aussi toutes les dispositions du droit. Mais, dans ce conflit, tout n’est pas crime de guerre. S’attaquer à une armée d’occupation est parfaitement légitime.

    L’attaque surprise menée par le Hamas dans le sud d’Israël, qui est à l’origine de cette nouvelle guerre, a causé la mort de 1 200 Israéliens, en majorité des civils. Qualifiez-vous cette attaque de crime de guerre ?

    Certains actes commis au cours de ces opérations militaires le sont. Oui. Mais l’opinion publique doit comprendre que nous sommes également face à une guerre légitime contre une armée d’occupation. Pratiquer la distinction dans des moments tragiques s’avère souvent impossible. C’est pourtant nécessaire, inévitable, si l’on veut mettre fin un jour à ce conflit interminable. Ce que les Israéliens subissent aujourd’hui, les Palestiniens le subissent quotidiennement depuis soixante-dix ans. Je rappellerai un fait, concomitant à cette guerre : 220 Palestiniens, dont un grand nombre d’adolescents, des civils en majorité aussi, ont été abattus en Cisjordanie, par l’armée israélienne et les colons, entre le 1er janvier et la fin septembre 2023. Ce sont aussi des crimes de guerre. Et j’aimerais bien les entendre condamnés.

    Le mot « pogrom » a été employé pour qualifier le bain de sang de Kfar Aza, un kibboutz dont une centaine d’habitants ont été tués, à bout portant, par les assaillants du Hamas…

    Nous sommes captifs d’un conflit qui n’a pas commencé en 1967 mais en 1917. Cette longue histoire coloniale est ponctuée, hélas, d’actes intolérables, horribles souvent. Mais que diriez-vous si je vous présentais une comptabilité indécente, un décompte à deux colonnes des crimes de guerre commis par l’une et l’autre des parties ? Nous ne sommes pas dos à dos dans ce conflit, nous sommes face à face. On ne peut néanmoins être naïfs. Les crimes de guerre sont consubstantiels à toute guerre.

    La facilité avec laquelle les combattants du Hamas ont pénétré en Israël a stupéfié les observateurs. Comment l’expliquez-vous ?

    Je ne peux croire que les services de renseignement israéliens n’étaient pas au courant de l’imminence de l’attaque. Je pense qu’ils étaient informés et qu’ils n’y ont pas cru. Pourquoi ? Parce que toute occupation induit la morgue et le mépris. L’occupant voit les occupés comme des demi-hommes, incapables de lui tenir tête. La commission d’enquête israélienne mise en place après la guerre d’octobre 1973, dite aussi « guerre du Kippour », a montré que le gouvernement et l’armée savaient que les Egyptiens se préparaient à traverser le canal de Suez. Cette conclusion a mis fin à la carrière politique de la première ministre Golda Meir. On ne peut réduire l’attaque de samedi à des dysfonctionnements techniques. La psychologie coloniale est une clé de compréhension importante. Après la guerre, la société israélienne, qui n’a jamais eu autant de pertes en si peu de temps, réclamera des comptes à ses dirigeants.

    La bande de Gaza vit sous blocus depuis plus de quinze ans. La violence extrême qui s’est manifestée ces derniers jours est-elle le produit dérivé de cette situation d’enfermement ?

    L’occupation ne crée que la violence. #Gaza est depuis seize ans maintenant un Soweto palestinien [bidonville noir particulièrement opprimé sous le régime d’apartheid en Afrique du Sud], une cage à ciel ouvert où rien n’entre sans un feu vert israélien.

    Il y a un mois, dans un entretien que vous nous aviez accordé à l’occasion des trente ans des accords d’Oslo, vous aviez déclaré que le gouvernement Nétanyahou jouait la carte du désastre. Le Hamas ne fait-il pas pareil ?

    Je parlais d’un gouvernement dominé par les colons qui jouait avec le feu, convaincu qu’en exacerbant les tensions avec les Palestiniens ces derniers commettraient des violences telles que les Israéliens se sentiraient légitimes à vider le pays de leur présence. Les colons faisaient et font encore le pari d’une nouvelle Nakba [« catastrophe » en arabe, nom donné à l’exode forcé de 700 000 Palestiniens, à la création d’Israël, en 1948] qui les débarrasserait des Palestiniens. Le Hamas a saisi la balle au bond et repousse aujourd’hui le pouvoir israélien dans les cordes. Les deux sociétés vont beaucoup souffrir, notamment s’il y a une opération terrestre dans la bande de Gaza, encore plus si le front nord [à la frontière avec le Liban et la Syrie] s’embrase. Mais le Hamas a d’ores et déjà marqué un énorme point dans les opinions publiques palestinienne et arabes et il en réclame le prix politique. Il apparaît aujourd’hui comme le porte-étendard de la résistance. Que cela plaise ou non, c’est la réalité.

    La bande de Gaza a toujours joué un rôle majeur dans l’histoire du mouvement national palestinien. Ce qui se passe depuis samedi le démontre de nouveau…
    La population de Gaza est composée à 80 % de réfugiés, pétris de l’idéologie du retour [sur le territoire israélien dont ils ont été chassés en 1948]. Cette donnée a beaucoup joué dans le lancement de la résistance palestinienne dans les années 1950. Les terres où les combats se sont déroulés samedi sont, en partie, les terres dont sont originaires les habitants de l’enclave. Tout cela est très présent dans les esprits. De plus, Gaza se présente comme la défenseuse de Jérusalem et des lieux saints. Gaza est partie intrinsèque de la Palestine.

    Comment la guerre peut-elle évoluer ?

    Je vois trois scénarios. Le premier, c’est le retour au statu quo ante, après une guerre plus ou moins longue, qui se terminerait, comme d’habitude, grâce à une médiation de l’Egypte ou du Qatar. Conclusion d’un cessez-le-feu et attente de la prochaine explosion. C’est à mon sens l’hypothèse la moins probable car il faudrait que le Hamas soit disposé à rejouer ce jeu et que la population israélienne l’accepte. J’en doute fort. Le deuxième scénario serait une nouvelle Nakba. Des discussions sont en cours entre Américains, Israéliens et Egyptiens pour convaincre ces derniers d’accepter l’instauration d’un corridor par lequel les Gazaouis seraient autorisés à quitter Gaza pour se mettre à l’abri des bombardements. Proposition humanitaire qui viderait Gaza. Israël faisant alors d’une pierre deux coups aurait aussi les mains libres pour écraser « légitimement » le Hamas, seul sur le terrain.

    Ce serait un peu une réédition de la Conférence de Madrid de 1991, qui a ouvert le processus de paix. A l’époque, les Palestiniens étaient accusés d’être les agents de Saddam Hussein [parce que Yasser Arafat avait refusé de condamner l’invasion du Koweït en 1990]. Un consensus large préconisait de nous exclure des négociations de paix futures. Et puis, dans l’euphorie de leur victoire, les Américains, conscients que rien ne peut être vraiment réglé sans les Palestiniens, décident de ramener tous les acteurs régionaux à la table des négociations. Et à la surprise générale, nous sommes conviés à Madrid. Bien sûr, nous n’en sommes pas là, mais c’est une piste. Le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, a l’habitude ces derniers temps, dans ses déclarations de soutien absolu à Israël, de rajouter une périphrase intrigante, où il parle de « décisions douloureuses qui devront être prises ». De quoi s’agit-il ? D’obtenir d’Israël une réponse positive aux demandes saoudiennes portant sur le dossier palestinien ?

    L’Autorité palestinienne peut-elle survivre à cette guerre ?

    Ce qui se passe porte un coup très dur à une Autorité palestinienne déjà affaiblie par le fait que, pendant trente ans, elle est systématiquement revenue bredouille des négociations. En ce moment, les Américains exercent une énorme pression sur Mahmoud Abbas, le président palestinien, pour qu’il condamne l’attaque du Hamas. Mais il s’y refuse. On peut critiquer la gestion du président palestinien, la façon dont les négociations ont été menées, les manquements de l’Autorité, mais Abbas n’est pas un traître.
    Je voudrais ajouter quelque chose à ce sujet. Ces jours sont difficiles. Ils sont aussi propices aux confusions. Chaque fois qu’ils ouvrent la bouche, les Palestiniens sont requis de prouver qu’ils ne sont pas antisémites. C’est intolérable. Que penseriez-vous vous si, chaque fois que j’ai en face de moi un interlocuteur de l’autre bord, israélien ou pas, je lui disais : « Tu ne dis pas mot avant de me prouver que tu n’es pas un raciste anti-arabe » ?

    Que pensez-vous du positionnement des autorités françaises qui ont apporté un soutien très ferme à Israël et ont interdit les manifestations de solidarité avec les Palestiniens ?

    La France est un pays souverain et indépendant. Et elle peut s’indigner légitimement du sort des civils, israéliens ou d’autres nationalités tombés les premiers jours de la guerre en cours. Elle peut aussi garder le silence s’agissant du bilan horrible, encore en augmentation, des enfants morts sous les bombardements de Gaza. Elle peut interdire les manifestations solidaires des Palestiniens, continuer à faire des déclarations enflammées en faveur d’Israël, ne pas dire grand-chose des malheurs palestiniens. Elle peut… Mais c’est la meilleure façon de se disqualifier et de sortir du jeu futur. Si elle veut continuer à être entendue, la France devrait tenir compte d’une règle d’or. Ce conflit demeurera insoluble si les deux parties, palestinienne et israélienne, n’ont pas, l’une et l’autre, le sentiment que leurs aspirations ont été satisfaites. On me dira que c’est la quadrature du cercle… Je ne le crois pas. Une solution est possible, nous la connaissons tous.

    Cette guerre replace la question palestinienne sur le devant de la scène internationale, alors que, depuis une dizaine d’années, elle en avait quasiment disparu. En même temps, ce retour s’accompagne d’images très dures. Ne craignez-vous pas que votre cause ressorte salie et in fine encore plus affaiblie de cette séquence ?

    Je suis né en 1947 et je ne compte plus le nombre d’annonces de décès de la cause palestinienne… Je ne suis pas inquiet parce que je sais que c’est une cause juste et qu’elle est portée par un peuple têtu, un petit peuple admirable. Cela fait plus de cent ans qu’il tient bon et il va continuer à tenir bon. Je sais que cette obstination se paye, que le prix était et demeure élevé. Mais cette cause ne disparaîtra pas, c’est ma conviction.

    Néanmoins, une question me taraude : pourquoi un conflit plus que centenaire n’a toujours pas trouvé de solution ? Pourquoi Israël et l’ensemble des puissances, amies ou hostiles, adhèrent-ils à toutes les mauvaises solutions, jamais à la bonne quand cette dernière est connue de tous : admettre que les Palestiniens ont le droit absolu à l’égalité des droits ?

    https://www.lemonde.fr/international/article/2023/10/12/elias-sanbar-intellectuel-palestinien-toute-attaque-contre-des-civils-est-un

  • Comment qualifier les opérations du Hamas ? Crimes de guerre, terrorisme, crimes contre l’humanité ?
    On peut constater un certain flottement entre les éditorialistes, ici du journal Le Monde et d’autres analystes et observateurs, tels que les participants à un débat organisé par Médiapart, évoqué ici : https://seenthis.net/messages/1020625#message1020637 et et encore ici https://seenthis.net/messages/1020623 par @marielle

    Ainsi, Sylvie Kaufmann semble implicitement considérer les massacres et les kidnappings opérés par le Hamas comme des crimes de guerre : https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/10/11/rip-jus-in-bello-le-droit-de-la-guerre-est-bafoue-dans-l-ensemble-des-confli
    « Le droit de la guerre est bafoué dans l’ensemble des conflits récents »

    Le Hamas n’est pas un Etat, les territoires palestiniens non plus – c’est bien le problème. Mais le Hamas, de facto, dirige la bande de Gaza et en assure les fonctions militaires, ce qui l’assimile à un acteur étatique dans l’esprit d’Erdogan et d’autres dirigeants. Ce n’est pas la première guerre entre le Hamas et Israël, mais c’est la première fois que ce mouvement armé attaque directement des civils dans une offensive d’une telle envergure, les massacre par centaines, les kidnappe par dizaines. Israël, de son côté, par la politique d’annexion de l’extrême droite, par la transformation de Gaza en prison à ciel ouvert et par la nature de sa riposte à l’attaque du Hamas, fait également fi du droit : « couper l’eau, l’électricité et la nourriture à une population civile massive est contraire au droit international », a relevé Josep Borrell, chef de la diplomatie européenne, citant l’ONU.

    Les normes, « toutes les parties sont tenues de s’y conformer », dit le président turc. Tenues par qui ? Il n’y a plus de gendarme du monde et, d’ailleurs, quel ordre serait-il chargé d’appliquer ? Qui a accordé depuis samedi une quelconque attention aux efforts de l’envoyé spécial de l’ONU pour le processus de paix au Moyen-Orient, Tor Wennesland ? L’effondrement du système international « fondé sur des règles », selon la formule consacrée, s’est opéré sous nos yeux, laissant libre cours à l’expression désinhibée de la haine et du désir de vengeance. Et à la guerre totale, primaire, meurtrière, menée dans des tranchées ou à moto, loin de la conflictualité « propre » promise par la haute technologie et la doctrine du « zéro mort ».

    A l’inverse, Alain Frachon, autre éditorialiste des questions géopolitiques, utilise les termes de terrorisme et de crime contre l’humanité.
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/10/12/le-hamas-a-dechaine-contre-des-civils-une-barbarie-singuliere-faite-de-meurt

    Aussi fondées qu’elles puissent être, les analyses « contextuelles » de l’événement ne doivent pas empêcher de nommer les choses, précisément pour ne pas ajouter à la tragédie. Dans la gamme du terrorisme de masse, le Hamas a déchaîné contre une population civile une barbarie singulière, faite de meurtres indiscriminés et de prises d’otages qui constituent autant de crimes contre l’humanité.

    Question aux juristes : peut-il y avoir des actes terroristes dans un contexte de guerre entre des organisations militaires belligérantes ? Quand une tuerie de masse peut elle être qualifiée de crime contre l’humanité ? Loin de toute casuistique, on voit bien que l’utilisation d’une qualification ou d’une autre a des conséquences politiques. L’expression médiatique passe très vite sur ces nuances qui mériteraient une discussion plus claire.

    • Sans oublier les pressions extraordinaires visant à interdire aux Palestiniens de poursuivre Israël devant un tribunal international, et sous Trump ils menaçaient même les procureurs des nations unies.

      Il me semble que dans un des récents packages américains (sous Biden donc) pour soutenir l’Ukraine, il y avait tout une partie qui rappelait l’interdiction absolue faite aux Palestiniens de poursuivre Israël devant un tribunal international.

    • Julien Coupat : « La prolongation de ma détention est une petite vengeance »

      Entretien exclusif avec le principal suspect dans l’affaire des sabotages contre la SNCF. (25/05/2009)

      https://www.lemonde.fr/societe/article/2009/05/25/julien-coupat-la-prolongation-de-ma-detention-est-une-petite-vengeance_11974

      Que signifie pour vous le mot terrorisme ?

      Rien ne permet d’expliquer que le département du renseignement et de la sécurité algérien suspecté d’avoir orchestré, au su de la DST, la vague d’attentats de 1995 ne soit pas classé parmi les organisations terroristes internationales. Rien ne permet d’expliquer non plus la soudaine transmutation du « terroriste » en héros à la Libération, en partenaire fréquentable pour les accords d’Evian, en policier irakien ou en « taliban modéré » de nos jours, au gré des derniers revirements de la doctrine stratégique américaine.

      Rien, sinon la souveraineté. Est souverain, en ce monde, qui désigne le terroriste. Qui refuse d’avoir part à cette souveraineté se gardera bien de répondre à votre question. Qui en convoitera quelques miettes s’exécutera avec promptitude. Qui n’étouffe pas de mauvaise foi trouvera un peu instructif le cas de ces deux ex – "terroristes"devenus l’un premier ministre d’Israël, l’autre président de l’Autorité palestinienne, et ayant tous deux reçus, pour comble, le Prix Nobel de la paix.

      Le flou qui entoure la qualification de « terrorisme », l’impossibilité manifeste de le définir ne tiennent pas à quelque provisoire lacune de la législation française : ils sont au principe de cette chose que l’on peut, elle, très bien définir : l’antiterrorisme dont ils forment plutôt la condition de fonctionnement. L’antiterrorisme est une technique de gouvernement qui plonge ses racines dans le vieil art de la contre-insurrection, de la guerre dite « psychologique », pour rester poli.

      L’antiterrorisme, contrairement à ce que voudrait insinuer le terme, n’est pas un moyen de lutter contre le terrorisme, c’est la méthode par quoi l’on produit, positivement, l’ennemi politique en tant que terroriste. Il s’agit, par tout un luxe de provocations, d’infiltrations, de surveillance, d’intimidation et de propagande, par toute une science de la manipulation médiatique, de l’"action psychologique", de la fabrication de preuves et de crimes, par la fusion aussi du policier et du judiciaire, d’anéantir la « menace subversive » en associant, au sein de la population, l’ennemi intérieur, l’ennemi politique à l’affect de la terreur.

      L’essentiel, dans la guerre moderne, est cette « bataille des cœurs et des esprits » où tous les coups sont permis. Le procédé élémentaire, ici, est invariable : individuer l’ennemi afin de le couper du peuple et de la raison commune, l’exposer sous les atours du monstre, le diffamer, l’humilier publiquement, inciter les plus vils à l’accabler de leurs crachats, les encourager à la haine. « La loi doit être utilisée comme simplement une autre arme dans l’arsenal du gouvernement et dans ce cas ne représente rien de plus qu’une couverture de propagande pour se débarrasser de membres indésirables du public. Pour la meilleure efficacité, il conviendra que les activités des services judiciaires soient liées à l’effort de guerre de la façon la plus discrète possible », conseillait déjà, en 1971, le brigadier Frank Kitson [ancien général de l’armée britannique, théoricien de la guerre contre-insurrectionelle], qui en savait quelque chose.

    • Pourquoi la BBC ne qualifie pas le Hamas de groupe « terroriste »

      https://www.lemonde.fr/international/article/2023/10/13/pourquoi-la-bbc-ne-qualifie-pas-le-hamas-de-groupe-terroriste_6194133_3210.h

      Pris à partie par le fils d’une otage, jeudi, le radiodiffuseur public britannique est l’objet de nombreuses critiques du personnel politique, en particulier à droite. L’institution met en avant son principe historique de neutralité.

      [...]

      « Le terrorisme est un mot chargé, que les gens utilisent pour désigner un groupe qu’ils désapprouvent moralement, a expliqué ce journaliste chevronné, habitué des zones de guerre. Ce n’est pas le rôle de la BBC de dire aux gens qui soutenir et qui condamner – qui sont les bons et qui sont les méchants. Nous soulignons régulièrement le fait que le gouvernement britannique et d’autres ont condamné le Hamas comme une organisation terroriste, mais c’est leur affaire. Nous organisons également des entretiens avec des invités et citons des contributeurs qui qualifient le Hamas de terroriste. »

    • Terrorisme ou crimes de guerre ?
      par Vincent Sizaire, juriste
      https://theconversation.com/terrorisme-ou-crimes-de-guerre-215541

      On pourrait certes s’en tenir au fait que le Hamas est considéré comme une organisation terroriste par un grand nombre d’États pour étendre mécaniquement cette qualification à chacun de ses actes.

      L’analyse juridique rigoureuse des actes des belligérants, qui constitue l’une des conditions de la résolution du conflit (fut-elle aujourd’hui particulièrement improbable à court ou moyen terme), nous invite toutefois à d’autres conclusions. La qualification de crimes de guerre s’avère en effet sensiblement plus adéquate que celle de terrorisme, et ce pour au moins deux raisons.
      Saisir la réalité du conflit
      En premier lieu, elle est celle qui permet de saisir de la façon la plus précise la réalité du conflit sous-jacent à la commission de ce massacre. La qualification terroriste se caractérise en effet par sa dimension inéluctablement subjective.
      [...]
      C’est la nature des actes qui doit être jugée
      Par ailleurs, on ne peut s’en tenir au terrorisme sans constater que sa définition juridique pourrait s’appliquer à d’autres acteurs. Ainsi cela peut-être le cas pour certains actes commis par les autorités israéliennes à l’encontre de civils palestiniens, en particulier depuis la constitution, en janvier 2023, d’un gouvernement d’extrême droite.
      ertains actes ne pourront jamais être justifiés
      La notion de crimes de guerre a précisément pour objet de rappeler que, quel que soit la finalité revendiquée par les autorités civiles ou militaires, il est certains actes qui ne pourront jamais être justifiés. L’article 8 du statut de la Cour pénale internationale, dit Statut de Rome, du 17 juillet 1998 prohibe en particulier :

      « le fait de diriger intentionnellement des attaques contre la population civile en tant que telle ou contre des civils qui ne participent pas directement aux hostilités », « les prises d’otages » ou encore « le pillage d’une ville ou d’une localité, même prise d’assaut ».
      Soit directement les crimes perpétrés par le Hamas du 7 au 9 octobre derniers.

      En second lieu, la qualification de crimes de guerre apparaît préférable à celle de terrorisme en ce qu’elle permet de restituer aux faits toute leur gravité. Faut-il le rappeler, les crimes de guerre, notion consacrée au procès de Nuremberg au lendemain des atrocités perpétrées par le régime nazi, comptent au nombre des infractions les plus graves qui puissent être commises et, à ce titre, justiciables de la Cour pénale internationale et déclarés imprescriptibles par l’article 29 de son statut. À l’inverse, les crimes terroristes relèvent de la compétence des seuls États et sont soumis à la prescription (certes longue) de l’action publique.

      Une banalisation du terme terroriste
      Surtout, l’extension continue de la notion de terrorisme à laquelle nous assistons depuis le début du siècle a conduit, paradoxalement, à banaliser et ainsi édulcorer les actes recevant aujourd’hui cette qualification.

      #crimes_de_guerre #terrorisme

  • En direct, guerre Israël-Hamas : dans Gaza bombardée, une « vaste attaque » en cours contre des « centres » du Hamas, selon l’armée israélienne
    https://www.lemonde.fr/international/live/2023/10/12/en-direct-guerre-israel-hamas-plus-de-338-000-personnes-ont-ete-deplacees-pa

    L’Allemagne va mettre à disposition d’Israël deux drones de combat

    L’Allemagne a donné son feu vert à Israël pour utiliser deux drones de combat Heron TP, a indiqué mercredi le ministère allemand de la défense dans un communiqué : « Israël a adressé au gouvernement fédéral une demande de soutien pour l’utilisation de deux drones Heron TP au maximum » et « le ministère de la défense a donné son accord pour une utilisation conforme à la demande. » « La Bundeswehr loue actuellement cinq drones de ce type qui sont notamment utilisés pour la formation de soldats allemands » sur place en Israël, a précisé le ministère.

    Complicité de crimes de guerre...

    • On illumine la tour Eiffel aux couleurs d’Israël. Jamais la Palestine n’a eu cet honneur, alors que je peux vous rappeler une bonne dizaine d’épisodes avec plus de 500 morts palestiniens en deux jours. Des grand-mères et des enfants palestiniens massacrés, il y en a eu ! Les grand-mères israéliennes ne sont pas les premières, et croyez que mon cœur saigne pour elles ! Mais à ce niveau-là, ce n’est même plus du deux poids deux mesures : c’est tout simplement indécent. »

    • “Terrorisme” ou “résistance” ?

      « Les mots sont importants. Les actes commis par le #Hamas sur les civils sont des crimes de guerre. On parle de tuer des civils, de massacrer des enfants devant les yeux de leurs parents. Malheureusement, toutes les résistances au colonialisme se sont rendues coupables de telles exactions. Ce qui s’est passé samedi 7 octobre est une sorte de grand attentat-suicide collectif. Les combattants du Hamas, qui sont des kamikazes, savent qu’ils vont mourir et que leurs familles vont payer très cher.

      Pour en arriver là, il faut clairement avoir été soumis à un haut niveau d’endoctrinement religieux, mais aussi être dans un désespoir inouï. Pour la plupart, ils sont très jeunes et constituent un réservoir inépuisable. Je n’ai vraiment aucune sympathie pour leurs leaders, ni pour les moyens qu’ils emploient, ni pour le projet de société terrible qu’ils offrent aux Palestiniens, mais il faut bien comprendre que le réservoir de chair à canon qui compose les rangs des combattants du Hamas ne se tarira que si la politique d’Israël à l’égard de la Palestine change. »

    • Et maintenant ?

      « On ne peut pas vraiment savoir ce qui va se passer. Israël, c’est neuf millions d’habitants, une petite société. Quand on a d’un coup presque mille morts, qu’on est face à un tel degré d’horreur dans le crime, il est logique que la sidération l’emporte dans un premier temps. Le réflexe normal est un sentiment d’union nationale. Mais je lis depuis deux jours dans la presse israélienne des choses qui seraient inimaginables dans la presse française. Beaucoup de commentateurs israéliens sont absolument furieux, exigent la démission du gouvernement et disent, ce qui est vrai, qu’une des raisons pour lesquelles il y a eu tellement de morts est qu’il y avait très peu de soldats pour garder la frontière. Pour schématiser, l’armée israélienne est devenue une police de protection des colons. Des bataillons entiers sont employés à sécuriser des petites colonies de dix, quinze, vingt familles qui ne cessent de proliférer en Cisjordanie. Même les familles des kidnappés, qui ont donné hier une conférence de presse, sont très en colère contre le gouvernement. Donc un sentiment d’union nationale, oui, mais certainement pas autour de Netanyahou, dont cette attaque marque sans doute le début de la fin politique.

      Côté palestinien, vous aurez du mal à trouver des gens qui condamnent complètement les actes du Hamas et ce même si ce sont des opposants très affirmés à l’islam politique. Une chose est sûre : si les Palestiniens n’accèdent pas à un minimum de liberté, d’indépendance et de dignité, alors le pire est encore devant nous. »

    • https://lundi.am/La-nausee

      La révolution ainsi que la libération palestinienne sont nécessaires, et non pas de manière abstraite. Oui, la guerre, c’est sale, oui il y a du sang, des injustices, des “dommages collatéraux” AKA la mort d’innocents.

      Mais le Hamas joue mal. Il dessert la cause palestinienne, montrant un visage de terreur et de haine à la communauté internationale. Il désolidarise quand la solidarité envers le peuple palestinien est plus que jamais nécessaire. C’est l’enfer tout bonnement qui attend les Gazaouis cette semaine.

      La lutte décoloniale est aussi une lutte médiatique. Les images que j’ai vues et qui désormais hantent ma mémoire comme un cauchemar ineffable sont injustifiables. Ni au nom de la libération palestinienne, ni au nom de la révolution, je ne peux adouber ce que j’ai vu et continuer à porter le nom d’Homme.
      La vision de la barrière de sécurité passée au bulldozer est une réjouissance, une véritable évasion de prison. Les postes de police brûlés, les bases militaires saisies. Bien, il y a cohérence, les oppressés de toujours s’en prennent à l’oppresseur, ses institutions, son armée et sa police.

      Le reste est insupportable, tout bonnement. Entrer dans les foyers, tirer à bout portant sur des familles entières, violer des femmes sur les cadavres de leurs amis pour ensuite les exécuter ou parader, le corps nu et humilié, comme un trophée de guerre tandis qu’une foule en délire crache dessus. J’ai envie de vomir. Voilà que les “freedom fighters” s’abaissent au niveau de l’oppresseur, et peut-être même, s’enfoncent dans des ténèbres plus épaisses encore.

      Que ceux qui scandent que : ce sont de toute façon des colons, qu’ils n’avaient qu’à pas aller à une fête à la frontière de la prison à ciel ouvert qu’est #Gaza se posent la question ; tous ceux qui vont se coucher dans leur lit le soir alors qu’il y a sans-abris et réfugiés qui dorment au pied de leurs immeubles, méritent-ils la mort ? Ceux qui passent en sifflant devant les murs de nos prisons, songeant à leur crush, méritent-ils la mort ? Où commence la culpabilité ? Et ne sommes-nous pas tous coupables ?

    • Mais le Hamas joue mal

      Bon, pour moi ça sonne un peu comme « daesh joue mal », à un moment donné faut comprendre que le Hamas est un mouvement islamiste (et sûrement pas « décolonial »), qui souhaite l’anéantissement d’Israël (et probablement des juifs en général), c’est le pendant de Netenyahu, c’est juste qu’il y en a un qui a des mitraillettes et roquettes tandis que l’autre a des tanks et des missiles. Je comprends mieux l’incompréhension de certaines personnes si elles pensaient que le Hamas était un mouvement de « freedom fighters »...

    • https://lundi.am/L-instant

      Aujourd’hui être Musulman ou Juif en France, c’est le même cauchemar. La même peur en circulant dans l’espace public, la même violence contre nos deuils. La même instrumentalisation par l’extrême-droite. Nous sommes des minorités honnies, essentialisées, réduites à deux pôles dans un conflit territorial que les médias tentent de dépeindre comme civilisationnel. Nous sommes des gens qui souhaitent vivre, on compte nos morts en se demandant combien il en faudra encore pour que ça cesse. Nous ne sommes ni le gouvernement Israélien, ni le Hamas. « Sioniste », « Islamiste », « colon », « terroriste », tous ces termes qui nous écrasent et nous musèlent sont issus d’une même logique d’effacement de nos singularités et de déshumanisation. À qui cela profite de nous monter les uns contre les autres et qu’on s’entre déchire ? À ceux qui veulent nous appeler « barbares » ou bien « fourbes marionnettistes ». C’est contre eux que nous devons nous allier au lieu d’attendre de voir à qui ils jetteront la première pierre, le premier os. « Diviser pour mieux régner » est une tactique vieille comme le monde. Elle a déjà été employée par la France coloniale, avec succès.

  • Gaza

    Bonjour de Gaza
    Il est 12h 30 ce dimanche 8 octobre 2023 dans cette région dévastée
    Enfin, j’ai trouvé un petit moment pour écrire ces mots, ce témoignage et ces sentiments

    Car depuis hier à 6h du matin et jusqu’à cette heure, je n,’pas dormi et qui arrive à dormir à Gaza avec ces bombardements intensifs et ces attaques sanglantes qui visent à horrifier une population civile enfermée dans une prison à ciel ouvert et qui subit un blocus israélien inhumain depuis plus de 16 ans.

    Même si c’est très difficile pour un palestinien de Gaza de décrire la terreur et l’horreur de cette nouvelle agression israélienne surtout dans les conditions actuelles avec la pénurie d’électricité de l’eau et de médicaments, mais surtout le bruit des avions militaires et les bateaux de la marine tout le temps.

    Le bilan provisoire de victimes palestiniennes ne cesse de s’alourdir avec presque 330 morts dont 25 enfants et 6 femmes, et 2200 blessés qui sont entassés dans des hôpitaux débordés et même visés par les bombardements israéliens. [Le bilan est bien plus lourd aujourd’hui]

    Sans oublier la destruction de plusieurs maisons, écoles, immeubles, mosquées, routes et puits d’eau.

    Ce matin à 2h, deux immeubles et une école en face de ma maison ont été bombardés avec des scènes de panique et de peur pour toute la famille.
    Dieu merci, quelques dégâts et des fenêtres cassées seulement.

    Je suis un être humain, la peur, la crainte, l’inquiétude et l’impuissance font partie de l’humain même si je suis fort et confiant, cependant je suis très inquiet pour mes enfants et tous les enfants de Gaza car la situation actuelle est plus que dramatique.

    Je tiens à remercier en premier lieu tous les amis et les solidaires partout dans le monde pour leurs appels et leurs messages de soutien.

    Vos messages sont un vrai confort pour moi, car avec le silence complice de la communauté internationale officielle et l’attitude de quelques dirigeants il nous este que vous les personnes de bonne volonté, les courageux solidaires.

    Bravo, vive la solidarité.

    On a vu et entendu hier et ce matin ces dirigeants qui cautionnent les crimes de l’agresseur et ces médias qui défendent l’oppresseur.

    Quand l’impunité est soutenue
    Terrible !

    La suite sur la page Facebook :

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    #Israël #crimes-de-guerre #épuration-ethnique #Gaza #Fin-de-toute-civilisation-occidentale

  • Mediapart (je suis abonnée) a beaucoup de mal à donner des informations sur Gaza.
    Le propos de Mediapart n’attaque pas la position actuelle de l’occident, qui viole allègrement le Droit international en soutenant Israël dont la politique d’épuration ethnique, aggravée chaque jour, a entrainé l’action du Hamas.

    Je postais des informations sur Gaza récupérées sur Tweeter auprès de comptes sérieux.
    J’avais des difficultés à poster mes commentaires qui n’apparaissaient qu’au bout de plusieurs envois.

    Je suis maintenant interdite de publication sur Mediapart (sous prétexte de quelques commentaires répétés) pour une semaine. Ce qui est une durée longue pour le site ...

    Fabrice Arfi sur Tweeter s’était alarmé que certains condamnent en premier Israël pour sa politique, avant de traiter le Hamas de terroriste ...
    Oubliant qu’Israël a aidé le développement du Hamas pour gêner l’OLP plus modéré, et ainsi n’avoir pas à négocier.

    Peu importe ma petite personne, mais les positions actuelles face à la tragédie de Gaza (et face aux victimes israéliennes conséquentes à la politique d’Israël) me semblent révéler des racismes invisibles jusqu’ici.

    #Media #Racisme #Israël #Gaza #crimes-de-guerre #Mediapart #liberté-d-expression

  • 🛑 🛑 ACTION COLLECTIVE - 62ÈME ANNIVERSAIRE DU CRIME D’ÉTAT COMMIS LE 17 OCTOBRE 1961... | Solidaires

    Plus de soixante ans après le massacre perpétré par la police française à l’encontre des milliers d’algériennes et d’algériens qui manifestaient pacifiquement à Paris le 17 octobre 1961 contre le couvre-feu raciste qui leur avait été imposé par le gouvernement de l’époque, les plaies de cette blessure sont encore largement ouvertes dans leur mémoire.
    Ce jour-là, cinq mois avant la signature des accords d’Évian, en réaction aux mesures prises par l’État français, la fédération française du FLN algérien (Front de Libération Nationale) a organisé, dans le contexte de la guerre d’indépendance, une manifestation pacifique pour réclamer la levée du couvre-feu, l’indépendance et le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.
    Cette manifestation où se mêlaient femmes, hommes et enfants, fut très violemment réprimée par les forces de police de la préfecture de police de Paris. Aujourd’hui le bilan de ce massacre n’est plus contestable : des victimes de violences par milliers, des disparitions et des morts par centaines (...)

    #crimedétat #ViolencesPolicières #racisme #17octobre1961 #mémoire

    https://solidaires.org/sinformer-et-agir/actualites-et-mobilisations/nationales/action-collective-62eme-anniversaire-du-crime-detat-commis-le-17-octobre

  • Il lungo cammino verso la giustizia dei siriani
    https://irpimedia.irpi.eu/giudiziuniversali-processo-coblenza-detenuti-siria

    Storia del processo che ha portato alla sbarra uno dei responsabili dei sistematici omicidi dei detenuti politici siriani. Celebrato in Germania, è stato reso possibile dal lavoro di vittime e difensori dei diritti umani. E dalla giurisdizione universale Clicca per leggere l’articolo Il lungo cammino verso la giustizia dei siriani pubblicato su IrpiMedia.

  • #Histoire du canicide
    https://laviedesidees.fr/Arnaud-Exbalin-La-grande-tuerie-des-chiens

    Du #Mexique à l’Europe, les massacres en masse de chiens indésirables au XIXe siècle apparaissent comme une répétition des holocaustes humains du XXe siècle. À propos de : Arnaud Exbalin, La grande tuerie des chiens. Mexico en Occident, XVIIIe-XXIe siècle, Champ Vallon

    #crime_organisé #civilisation #animaux
    https://laviedesidees.fr/IMG/pdf/20230914_chiens.pdf
    https://laviedesidees.fr/IMG/docx/20230914_chiens.docx

    • Le chien inuit canadien
      https://www.thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/chien-inuit-du-canada

      Des années 1950 jusqu’aux années 1970, la Gendarmerie royale du Canada et d’autres autorités gouvernementales ont abattu des milliers de chiens de traîneau et pratiquement exterminé la race, sauvée depuis grâce à un programme de revitalisation.

      [...]

      Les chiens inuits canadiens descendent de ceux qu’utilisaient les gens de Thulé, les ancêtres des Inuits, il y a environ un millier d’années. On sait grâce à l’archéologie que les gens de Thulé, en attelant leurs chiens à des traîneaux, ont pu voyager et transporter des marchandises rapidement et efficacement dans tout l’Arctique et les régions subarctiques

      [...]

      Dans les années 1920, on estime qu’il y avait entre 10 000 et 20 000 chiens inuits dans le Grand Nord canadien. En 1963, un seul « chien esquimau canadien » figure au registre du Club Canin Canadien, et la race est déclarée éteinte.

      #canicide #inuits #Nunavut #Canada

  • En #Arabie_Saoudite, les #gardes-frontières auraient abattu des « centaines » de #migrants_éthiopiens

    L’ONG Human Rights Watch dévoile ce lundi 21 août un rapport selon lequel des migrants éthiopiens ont été tués par les gardes-frontières saoudiens alors qu’ils tentaient d’entrer dans le pays en passant par le #Yémen. Ces meurtres pourraient constituer un crime contre l’humanité.

    Un massacre « à l’abri du regard du reste du monde ». Les gardes-frontières saoudiens ont tué depuis l’an dernier des « centaines » de migrants éthiopiens qui tentaient de pénétrer dans la riche monarchie du Golfe passant par sa frontière avec le Yémen, a dénoncé ce lundi 21 août l’ONG Human Rights Watch (HRW). « Les autorités saoudiennes tuent des centaines de migrants et de demandeurs d’asile dans cette zone frontalière reculée », a déclaré dans un communiqué Nadia Hardman, spécialiste des migrations à HRW.

    Des centaines de milliers d’Ethiopiens travaillent en Arabie Saoudite, empruntant parfois la « route de l’Est » reliant la Corne de l’Afrique au Golfe, en passant par le Yémen, pays pauvre et en guerre depuis plus de huit ans. Le #meurtre « généralisé et systématique » des migrants éthiopiens pourrait même constituer un #crime_contre_l’humanité, estime l’ONG. « Nous parlons d’un minimum de 655 personnes, mais il est probable qu’il s’agisse de milliers », a déclaré Nadia Hardman à la BBC. « Ce que nous avons documenté, ce sont essentiellement des massacres, a-t-elle ajouté. Les gens ont décrit des sites qui ressemblent à des champs d’extermination avec des corps éparpillés sur les flancs des collines ».

    Ryad accusé de « détourner l’attention » de « ces crimes horribles »

    Les « milliards dépensés » dans le sport et le divertissement « pour améliorer l’image de l’Arabie Saoudite » ne devraient pas détourner l’attention de « ces crimes horribles », a-t-elle fustigé. Les ONG accusent régulièrement Ryad d’investir dans les grands événements sportifs et culturels pour « détourner l’attention » des graves violations des droits humains et la crise humanitaire au Yémen où l’armée saoudienne est impliquée.

    L’année dernière, des experts de l’ONU avaient déjà fait état d’« allégations préoccupantes » selon lesquelles « des tirs d’artillerie transfrontaliers et des tirs d’armes légères par les forces de sécurité saoudiennes ont tué environ 430 migrants »dans le sud de l’Arabie Saoudite et le nord du Yémen durant les quatre premiers mois de 2022. Le nord du Yémen est largement contrôlé par les #Houthis, des rebelles que les Saoudiens combattent depuis 2015 en soutien aux forces pro-gouvernementales.

    Entretiens et images satellites

    Pour en arriver à de telles conclusions, Human Right Watch s’appuie sur des entretiens avec 38 migrants éthiopiens ayant tenté de passer en Arabie Saoudite depuis le Yémen, des images satellite et des vidéos et photos publiées sur les réseaux sociaux « ou recueillies auprès d’autres sources ». Les personnes interrogées ont parlé d’« armes explosives » et de tirs à bout portant, les gardes-frontières saoudiens demandant aux Ethiopiens « sur quelle partie de leur corps ils préféreraient que l’on tire ».

    Ces migrants racontent des scènes d’horreur : « Femmes, hommes et enfants éparpillés dans le paysage montagneux, gravement blessés, démembrés ou déjà morts », relate HRW. « Ils nous tiraient dessus, c’était comme une pluie (de balles) », témoigne une femme de 20 ans, originaire de la région éthiopienne d’Oromia, citée par l’ONG. « J’ai vu un homme appeler à l’aide, il avait perdu ses deux jambes », mais, raconte-t-elle, « on n’a pas pu l’aider parce qu’on courrait pour sauver nos propres vies ».

    Auprès de la BBC, plusieurs personnes qui ont tenté de passer la frontière en pleine nuit racontent les scènes d’horreurs. « Les tirs n’ont pas cessé, témoigne Mustafa Soufia Mohammed âgé 21 ans. Je n’ai même pas remarqué qu’on m’avait tiré dessus. Mais lorsque j’ai essayé de me lever et de marcher, une partie de ma jambe m’a échappé ». La jambe de Mustafa a ensuite dû être amputée sous le genou l’obligeant aujourd’hui à marcher avec des béquilles et une prothèse mal ajustée. Zahra [le prénom a été modifié par le média britannique] a, elle, eu tous les doigts d’une main arrachée à cause d’une pluie de balles.

    D’après l’Organisation internationale pour les migrations des Nations unies, plus de 200 000 personnes tentent chaque année ce voyage périlleux qui traverse la mer la #Corne_de_l’Afrique jusqu’au Yémen, pour atteindre l’Arabie saoudite. HRW appelle Ryad à « cesser immédiatement » le recours à la force meurtrière contre des migrants et demandeurs d’asile, exhortant l’ONU à enquêter sur ces allégations.

    AFP / Libération / https://www.liberation.fr/international/moyen-orient/en-arabie-saoudite-les-gardes-frontieres-auraient-abattu-des-centaines-de

    VIDEO. https://www.youtube.com/watch?v=f90vwqCYU1c&t=4s

    FR. https://www.hrw.org/fr/news/2023/08/21/arabie-saoudite-massacres-de-migrants-la-frontiere-du-yemen

    EN. https://www.hrw.org/news/2023/08/21/saudi-arabia-mass-killings-migrants-yemen-border

    AR. https://www.hrw.org/ar/news/2023/08/21/saudi-arabia-mass-killings-migrants-yemen-border

    #massacre #migrations #réfugiés #frontières #rapport #HRW

  • En Arabie Saoudite, les gardes-frontières auraient abattu des « centaines » de migrants éthiopiens https://www.liberation.fr/international/moyen-orient/en-arabie-saoudite-les-gardes-frontieres-auraient-abattu-des-centaines-de

    https://youtu.be/f90vwqCYU1c?feature=shared

    Un #massacre « à l’abri du regard du reste du monde ». Les gardes-frontières saoudiens ont tué depuis l’an dernier des « centaines » de migrants éthiopiens qui tentaient de pénétrer dans la riche monarchie du Golfe passant par sa frontière avec le Yémen, a dénoncé ce lundi 21 août l’ONG #Human_Rights_Watch (HRW). « Les autorités saoudiennes tuent des centaines de migrants et de demandeurs d’asile dans cette zone frontalière reculée », a déclaré dans un communiqué Nadia Hardman, spécialiste des migrations à HRW.

    Des centaines de milliers d’#Ethiopiens travaillent en #Arabie_Saoudite, empruntant parfois la « route de l’Est » reliant la Corne de l’Afrique au Golfe, en passant par le Yémen, pays pauvre et en guerre depuis plus de huit ans. Le meurtre « généralisé et systématique » des #migrants éthiopiens pourrait même constituer un #crime_contre_l’humanité, estime l’ONG. « Nous parlons d’un minimum de 655 personnes, mais il est probable qu’il s’agisse de milliers », a déclaré Nadia Hardman à la BBC. « Ce que nous avons documenté, ce sont essentiellement des massacres, a-t-elle ajouté. Les gens ont décrit des sites qui ressemblent à des champs d’extermination avec des corps éparpillés sur les flancs des collines ».

    Les « milliards dépensés » dans le sport et le divertissement « pour améliorer l’image de l’Arabie Saoudite » ne devraient pas détourner l’attention de « ces crimes horribles », a-t-elle fustigé. Les ONG accusent régulièrement Ryad d’investir dans les grands événements sportifs et culturels pour « détourner l’attention » des graves violations des droits humains et la crise humanitaire au Yémen où l’armée saoudienne est impliquée.

    L’année dernière, des experts de l’ONU avaient déjà fait état d’« allégations préoccupantes » selon lesquelles « des tirs d’artillerie transfrontaliers et des tirs d’armes légères par les forces de sécurité saoudiennes ont tué environ 430 migrants » dans le sud de l’Arabie Saoudite et le nord du Yémen durant les quatre premiers mois de 2022. Le nord du Yémen est largement contrôlé par les Houthis, des rebelles que les Saoudiens combattent depuis 2015 en soutien aux forces pro-gouvernementales.

    Pour en arriver à de telles conclusions, Human Right Watch s’appuie sur des entretiens avec 38 migrants éthiopiens ayant tenté de passer en Arabie Saoudite depuis le Yémen, des images satellite et des vidéos et photos publiées sur les réseaux sociaux « ou recueillies auprès d’autres sources ». Les personnes interrogées ont parlé d’« armes explosives » et de tirs à bout portant, les gardes-frontières saoudiens demandant aux Ethiopiens « sur quelle partie de leur corps ils préféreraient que l’on tire ».

    Ces migrants racontent des scènes d’horreur : « Femmes, hommes et enfants éparpillés dans le paysage montagneux, gravement blessés, démembrés ou déjà morts », relate HRW. « Ils nous tiraient dessus, c’était comme une pluie (de balles) », témoigne une femme de 20 ans, originaire de la région éthiopienne d’Oromia, citée par l’ONG. « J’ai vu un homme appeler à l’aide, il avait perdu ses deux jambes », mais, raconte-t-elle, « on n’a pas pu l’aider parce qu’on courrait pour sauver nos propres vies ».

    Auprès de la BBC, plusieurs personnes qui ont tenté de passer la frontière en pleine nuit racontent les scènes d’horreurs. « Les tirs n’ont pas cessé, témoigne Mustafa Soufia Mohammed âgé 21 ans. Je n’ai même pas remarqué qu’on m’avait tiré dessus. Mais lorsque j’ai essayé de me lever et de marcher, une partie de ma jambe m’a échappé ». La jambe de Mustafa a ensuite dû être amputée sous le genou l’obligeant aujourd’hui à marcher avec des béquilles et une prothèse mal ajustée. Zahra [le prénom a été modifié par le média britannique] a, elle, eu tous les doigts d’une main arrachée à cause d’une pluie de balles.

    D’après l’Organisation internationale pour les migrations des Nations unies, plus de 200 000 personnes tentent chaque année ce voyage périlleux qui traverse la mer la Corne de l’Afrique jusqu’au Yémen, pour atteindre l’Arabie saoudite. HRW appelle Ryad à « cesser immédiatement » le recours à la force meurtrière contre des migrants et demandeurs d’asile, exhortant l’ONU à enquêter sur ces allégations.

  • The American Soul Is a Murderous Soul
    https://foreignpolicy.com/2016/08/10/the-american-soul-is-a-murderous-soul-guns-violence-second-amendment-trump/#cookie_message_anchor

    By Patrick Blanchfield - In 1923, the British novelist D. H. Lawrence offered a grim assessment of America and Americans: “All the other stuff, the love, the democracy, the floundering into lust, is a sort of by-play. The essential American soul is hard, isolate, stoic, and a killer. It has never yet melted.”

    Lawrence’s observations of the American character did not draw upon deep wells of direct personal experience. When he wrote those lines, he had only been living in the United States for a bit more than a year and had spent much of that time among artists and the literati. But he was neither the first nor the last to make such an observation. Nearly 50 years ago, surveying both the wreckage of the 1960s and centuries of archives, the brilliant historian Richard Hofstadter acknowledged that “Americans certainly have reason to inquire whether, when compared with other advanced industrial nations, they are not a people of exceptional violence.”

    The allegation that the American character is essentially murderous — or at least more murderous than that of other nations — still strikes a chord today. It’s not just the periodic invitations to violence that Republican presidential nominee Donald Trump has issued over the course of his campaign, most recently against his Democratic competitor Hillary Clinton. This summer’s headlines have also enumerated trauma after trauma. Eight members of a single family murdered in Ohio. Forty-nine dead in a mass shooting in Florida. Shootings by police claiming the lives of black Americans in Louisiana, Minnesota, and Maryland. Fatal shootings of police in Texas, Louisiana, and California. Breaking reports of horror follow one another fast enough to induce a kind of whiplash.

    Or consider the strenuousness with which each political party now routinely denies that Americans are inherently violent, a refrain that can begin to feel like protesting too much. In his final speech at the Republican National Convention last month, Trump bemoaned the “violence in our streets and the chaos in our communities” but, true to form, laid the blame on hordes of “illegal immigrants … roaming free to threaten peaceful citizens”; “brutal Islamic terrorism”; and the enabling of a Democratic president whom Trump has previously and unsubtly intimated isn’t really American himself.

    Democrats likewise tend to suggest that, for Americans, acts of violence are an aberration. Announcing a gun safety program in the wake of last December’s mass shooting in San Bernardino, California, President Barack Obama declared: “We are not inherently more prone to violence. But we are the only advanced country on Earth that sees this kind of mass violence erupt with this kind of frequency.” From this perspective, violence in America does not indicate anything “inherent” in the American character: It is about the presence of guns, the availability of which is a contingent and remediable matter of policy.

    But what if there’s good reason to believe that being American has always involved a relationship of some kind to violence — whether as its victim, as its perpetrator, as a complicit party, or even as all of these at once. Rather than assuming, in Obama’s words, that Americans are “not inherently more prone to violence,” the country owes it to itself to finally try to consider the question directly.

    How is violence quantified, and what are the benchmarks used to assess whether a given society’s level of violence is high or low, normal or exceptional? The general practice among researchers across numerous disciplines is to present yearly “intentional homicide” rates per 100,000 of a given nation’s population; crucially, these figures do not include deaths directly related to full-blown wars.

    The U.N. Office on Drugs and Crime (UNODC) compiles national figures for its reports, the most recent of which reflects data from 2012 and 2013. Per the UNODC, some 437,000 people were murdered worldwide in 2012, putting the average murder rate at 6.2 victims per 100,000 persons. But beyond that average figure, as you might expect, there is wide variation in terms of both individual nations and continents. Regionally, Central America and southern Africa both clock in at over four times the global average (more than 25 per 100,000), while Western Europe and East Asia are some five times lower than it. Within continents and regions, the variations can be stark. Thus, to take Africa as an example, the rate in Senegal is 2.8; Egypt, 3.4; Sudan, 11.2; and Lesotho, the highest, at 38. In Europe, Switzerland’s rate is 0.6; the U.K., 1; Finland, 1.6; Lithuania, 6.7; and Russia, the highest, at 9.2. The Americas show the widest variation: Canada’s rate is 1.6; Argentina, 5.5; Costa Rica, 8.5; Panama, 17.2; Mexico, 21.5; and Honduras, the highest in the world — at 90.4 per 100,000.

    Against this backdrop, for the period of 2007-2012, the United States has averaged 4.9 homicides per 100,000 persons. America thus stands more or less shoulder to shoulder with Iran (4.1), Cuba (4.2), Latvia (4.7), and Albania (5). So much for the data on homicides tout court. The question then is whether or not to consider America’s standing among countries like these to be an aberration. Such states certainly aren’t in the same class as the United States in terms of development metrics like per capita GDP, and this fact tends to get cited by American politicians and political observers as prima facie evidence that something else (whether “terrorists” or guns) is skewing their country’s violence data, pushing it out of its allegedly more “natural” peer group — places like the Scandinavian states, the U.K., or Japan.

    But while such comparisons may sound rigorous at first blush, they are often naively aspirational (at best) or deliberately deceptive and chauvinistic (at worst). Nowhere is this more blatant than in the context of the debate over guns. For example, many gun control advocates and supposedly objective analysts will condemn violence in the United States as abnormal by invoking comparisons to “developed” nations as defined by the Organization for Economic Cooperation and Development (OECD). Yet these comparisons will regularly exclude Mexico, which is not only an OECD member but also America’s third-largest trading partner and its unfortunate next-door neighbor. The reason given for this exclusion, as though self-explanatory, is “the drug war.” The annual U.S. market for illegal drugs may be well over $109 billion, and an estimated quarter-million guns may be trafficked to Mexican cartels from the United States in any given year, but inviting the contemplation of such queasy moral entanglements is apparently less politically expedient, and more offensive to patriotic amour-propre, than demanding why America can’t just clean up its act and be more like the places we feel it “should” resemble.

    It’s not just our use of empirical metrics for evaluating violence in America that can be dubious. Opining on the supposedly inherent tendencies of vast groups of people toward violence — Americans, Muslims, the left-handed, anyone — should rightly raise flags. It’s the kind of thing you might expect from a 19th-century phrenologist, someone who would measure skulls for indicators of “destructiveness.” But although the vintage pseudo-scientific quackery underwriting such speculation may have fallen out of fashion, the sentiments themselves haven’t disappeared. Consider Iowa Rep. Steve King, for example, pontificating on the civilizational contributions of whites versus other “subgroups,” or research indicating widespread biases whereby black Americans are perceived to be both “prone to violence” and less susceptible to pain. Passing judgment on “a people” as an abstraction rarely leads anywhere good and frequently reveals more about the observer than the observed.

    But making claims about the inherent relationship “Americans” have with violence is especially dicey. The United States is an extremely heterogeneous country, with vast regional differences, considerable ethnic diversity, marked de facto segregation, and wide income inequality — which Americans would we be talking about?

    This is where considerations of the allegedly violent American national character run aground, though in a telling way. Because like most goods and ills in America — from job opportunities to education to healthy drinking water — violence is not equally distributed among Americans. Indeed, drilling down into the demographics of violence in America reads like an indictment of society’s broader treatment of the poor and marginalized. As analysts have pointedly observed, black Americans are some eight times more likely to be murdered than their white compatriots and, in any given year, will be killed at rates anywhere from 10 to 20 times the benchmark OECD rates. When the homicide rates for individual states rather than the national average are compared, the results are damning: The murder rates in Louisiana (11.93 per 100,000) and Washington, D.C., (13.92) are on par with figures from countries like Nicaragua (11), the Central African Republic (11.8), and Côte d’Ivoire (13.6).

    Those who cast these figures as artifacts of so-called “black-on-black crime” not only often traffic in thinly veiled racism, but don’t even attempt to understand the problem at hand. Most crimes of any sort in any place — not just murders — involve members of the same group targeting one another in close geographic proximity. And in a nation as segregated as the United States remains to this day, the concentration of violence in crowded ghettos and benighted postindustrial areas should be unsurprising. Americans have a history of citing violence as the cause of their racial prejudices. But the reality is that anti-black racism is itself the defining feature of the institutions and social pressures that generate everyday violence in the United States.

    What Americans should reflect on is how deftly their society has contained and distilled the phenomenon into marginalized communities — and how that distribution of violence is something the majority of Americans of either political persuasion tend to deem irrelevant to their periodic national debates about the country’s safety or lack thereof. The Washington-based politician or journalist who sees a headline-grabbing rampage of shootings as a sign that America is descending into barbarity, and as threatening its status as an “advanced” country, exists in a kind of cognitive bubble: Literally only blocks away, bodies regularly drop at rates otherwise only seen in violence-prone corners of the developing world. Taking an even broader view, it is arguable that, but for modern advances in antibiotics and trauma care, murder rates in such parts of the United States would surpass those historically associated with medieval Europe. American “progress,” such as it is, has apparently consisted in merely blunting some deadly outcomes and enabling others.

    Guns are undeniably a central part of this landscape. In environments in which violence is already present, and in which more violence is probable, the presence of guns appears to quicken lethal outcomes. This is true on both the level of households and the level of communities. Research indicates that, over the course of their lifetimes, one-quarter of American women will experience physical or sexual violence from a domestic partner; this rate puts the United States alongside Jordan, Serbia, Nepal, and Guatemala. But when a gun is present in an American home where there is a history of domestic violence, the likelihood that a woman living there will be killed has been credibly estimated to increase some twentyfold. On the community level, homicide rates in cities like Chicago and New York are roughly equivalent — but only for murders that don’t involve guns; gun homicides in the former are easily an order of magnitude higher than the latter.

    But these considerations do not easily translate to the national level. Although in the past year many cities have experienced a sharp and disturbing increase in homicides, with no clear explanation as to why, overall violent crime rates have been dropping for decades, even as Americans have consistently expressed a conviction that crime has been steadily getting “worse” and even as they have accordingly purchased more guns than ever before. From a certain perspective, when considering America’s unprecedented saturation with firearms, observers may be forced to admit that the surprising thing is how much more violent America could be than it currently is.

    If there is any singular feature that characterizes how many Americans understand our national relation to violence, it is our ingenuity at looking the other way, at siloing problems away from one another, and at disavowing, sublimating, or repackaging our complicity in the most easily observable patterns.

    Signs of supposed progress in expressions of American violence often disguise profound continuities. For example: The era of highly visible public lynchings, which is estimated to have claimed some 5,000 lives, has passed. Yet since then we have moved on to an institutionalized death penalty regime, wherein states that previously had the highest numbers of lynchings now have the greatest numbers of black people on death row. Both per capita and in raw numbers, America’s prisons warehouse more human beings than any other country on the planet, and its police demonstrate a clear pattern of racial bias in killing their fellow citizens at a rate stratospherically higher than that of any of its supposed peer nations. U.S. soldiers are deployed in some 135 countries, and the number of troops actually engaged in combat is almost certainly much higher than authorities are willing to admit. Meanwhile, America is far and away the world’s largest exporter of weapons, with the global arms industry’s largest and most profitable players based in the United States and reaping booming markets in conflict zones while being heavily subsidized by federal and state tax dollars.

    Everyday Americans may not be “inherently more prone to violence,” but our way of life is certainly structured around violence and around selectively empowering, quarantining, directing, and monetizing it at home and abroad. The majority of Americans apparently find no cognitive dissonance in this arrangement, if we even perceive it at all. Instead, we express bafflement and outrage that we are not something other than what we are and what we have always been. Plumbing what lurks within the “essential American soul,” a cynic might suggest, is a self-indulgent exercise, a red herring. The better question might be whether we even have one in the first place.

    #USA #violence #racisme #histoire #crime #impérialisme #armes

  • Contre-histoire des États-Unis, Roxanne Dunbar-Ortiz – Éditions Wildproject
    https://wildproject.org/livres/contre-histoire-des-etats-unis

    Le monde qui vient
    novembre 2021
    9-782-381140-278
    336 pages
    22 €
    13 × 20 cm
    Préface et traduction par Pascal Menoret
    Première édition française 2018

    Ce livre répond à une question simple : pourquoi les Indiens dʼAmérique ont-ils été décimés ? Nʼétait-il pas pensable de créer une civilisation créole prospère qui permette aux populations amérindienne, africaine, européenne, asiatique et océanienne de partager lʼespace et les ressources naturelles des États-Unis ? Le génocide des Amérindiens était-il inéluctable ?

    La thèse dominante aux États-Unis est quʼils ont souvent été tués par les virus apportés par les Européens avant même dʼentrer en contact avec les Européens eux-mêmes : la variole voyageait plus vite que les soldats espagnols et anglais. Les survivants auraient soit disparu au cours des guerres de la frontière, soit été intégrés, eux aussi, à la nouvelle société dʼimmigrés.

    Contre cette vision irénique dʼune histoire impersonnelle, où les virus et lʼacier tiennent une place prépondérante et où les intentions humaines sont secondaires, Roxanne Dunbar-Ortiz montre que les États-Unis sont une scène de crime. Il y a eu génocide parce quʼil y a eu intention dʼexterminer : les Amérindiens ont été méthodiquement éliminés, dʼabord physiquement, puis économiquement, et enfin symboliquement.

    L’autrice

    Roxanne Dunbar-Ortiz est une historienne et militante née en 1938. Docteur en histoire (UCLA, 1974), elle est également diplômée en droit international et droits de lʼHomme de lʼIDH de Strasbourg (1983). Militante de la cause amérindienne depuis 1967, cofondatrice du Mouvement de libération des femmes (MLF) aux États-Unis en 1968, elle a aussi vécu en Europe, au Mexique et à Cuba. Elle est lʼautrice dʼune quinzaine dʼouvrages.

    On en parle

    Avec ce compte-rendu de la conquête des États-Unis du point de vue de ses victimes, Roxanne Dunbar-Ortiz nous rend un service immense. Renseigné en profondeur, éloquent et lucide, ce puissant récit dʼun crime terrible prend aujourdʼhui un sens nouveau : les survivants rejoignent en effet les peuples indigènes du monde pour lutter – en idées et en actions – contre la destruction écologique du monde causée par la civilisation industrielle.
    Noam Chomsky, linguiste

    Voici sans doute la plus importante histoire des États-Unis jamais écrite. Voici, restituée de façon honnête et souvent poétique, lʼhistoire de ces traces et dʼun peuple qui a survécu, meurtri mais insoumis. Spoiler alert : la période coloniale nʼest pas close – et tous les Indiens ne sont pas morts.
    Robin Kelley, historien

    Lʼoubli de lʼhistoire est la maladie fondamentale de la plupart des Américains blancs. Dunbar-Ortiz demande à ses lecteurs de retourner à ce point de départ : de sʼenraciner dans la poussière rouge et les débris de la mémoire.
    Mike Davis, sociologue

    Issue dʼun milieu ouvrier, ayant grandi en Oklahoma, Roxanne Dunbar-Ortiz a participé à tous les grands mouvements féministes ou révolutionnaires des années 1960 et 1970. Elle éclaire ces expériences avec une implacable précision, et fait preuve dʼune fière et admirable indépendance.
    Howard Zinn, historien

    Roxanne Dunbar-Ortiz a écrit le livre fondamental, celui qui remet à l’endroit l’histoire nationale américaine, structurée par un génocide originel et une violente colonisation de peuplement.
    Raoul Peck, cinéaste

    Sommaire

    Préface du traducteur
    Note de lʼauteure

    Introduction. Cette terre

    Suivez le maïs
    La culture de la conquête
    Le culte de lʼalliance
    Des empreintes de sang
    Naissance dʼune nation
    Le Dernier des Mohicans et la république blanche dʼAndrew Jackson
    Dʼun océan à lʼautre, étincelant
    Pays indien
    Triomphalisme et colonialisme en temps de paix
    La prophétie de la danse des esprits : une nation arrive
    La Doctrine de la Découverte

    Conclusion. Lʼavenir des États-Unis

    • Roxane Dunbar-Ortiz est une historienne et une militante connue aux USA pour sa participation active aux luttes d’émancipation des années 60 (droits civiques, anticolonialiste,féministe). Elle nous propose cette contre-histoire passionnante des États-Unis, « telle que les peuples indigènes la vécurent », ce qui « requiert de mettre à neuf le récit national ».

      S’appuyant sur une description précises des faits, Roxane Dunbar-Ortiz n’hésite pas à qualifier en terme de « génocide », la politique de colonisation de peuplement conduite par les colons états-uniens. D’autres auteurs, notamment Robert Jaulin, ont employé le terme d’ethnocide pour décrire les conséquences du colonialisme (voir le lien ci-dessous).

      La première partie du livre est consacrée à l’examen historique des faits concernant l’éradication des nations autochtones. Il semblerait que ces faits historique soient méconnus ou ignorés de la grande partie de la population états-unienne. Des mises en perspectives expliquent comment ces faits structurent encore largement l’idéologie du pays.

      Les fondations de l’histoire des États-Unis sont à trouver dans le débarquement des caravelles espagnoles sur le continent d’Amérique. Le mythe fondateur états-unien, proprement dit, débute officiellement, à l’issue de la guerre d’indépendance des colonies anglaises, en 1783. Environ 4 millions d’européens vivent alors sur 13 colonies britanniques, le long de la côte atlantique. « La conquête de l’Ouest » qui s’en suit, conduit progressivement en un siècle à la dépossession de l’intégralité des territoires autochtones situés sur cette partie du continent.

      L’autrice explique par le détail comment les conquérants étasuniens ont systématiquement mis en œuvre une politique de colonisation de peuplement en chassant les nations indigènes afin de s’approprier leurs terres. Plusieurs méthodes furent employées à cette fin : les massacres des populations, la destruction de leurs ressources végétales et animales (notamment les bisons), la manipulation des nations indigènes dressées les unes contre les autres, la signature d’accords systématiquement violés, l’enferment des autochtones dans des réserves racistes, l’assimilation forcée, l’acculturation, la corruption, leur dépendance aux logiques capitalistes…

      Le mythe colonialiste du « nouveau monde » est taillé en pièces par l’autrice. Ce récit évoque un continent vide et habité par des sauvages avant l’arrivée des Européen ; ces derniers s’émerveillent, par exemple, de la présence de « bois ouverts », estimant qu’il s’agissait d’une configuration caractéristique de l’Amérique du nord, sans voir que ce paysage n’était rien d’autre que la résultante du rapport que les peuples indigènes entretiennent avec la nature.

      L’autrice remet en cause le contenu du mythe fondateur états-unien qui fait de cette nation, se constituant sur le colonialisme le plus brutal, une nation exceptionnelle. On glorifie l’appropriation du continent par une sorte de délire mystique alors que la création des États-Unis est directement liée à l’émergence du capitalisme et de ses contingences de développement économique.

      Outre son intérêt pour la restitution historique de faits qui semblent méconnus au pays de l’oncle Sam, l’ouvrage propose une réflexion assez approfondie sur les considérants idéologiques structurant l’imaginaire états-unien encore aujourd’hui. Ce qui constitue la seconde partie de l’ouvrage.

      On voit comment, à partir de fables nationales telles que celle du « destin manifeste », on construit un mythe selon lequel les États unis est une nation prédestinée à conquérir les territoires « d’un océan à l’autre ». Le pays est composé « d’exceptionnelles entités » eu égard à l’influence calviniste des premiers colons. De ce fait, la fin justifiant les moyens, rien n’est plus ordinaire que d’y entendre des voix conduite à vanter « les conséquence positives de la colonisation ».

      Enfin, Roxane Dunbar-Ortiz explique comment la guerre permanente contre les peuples autochtones a construit une logique militarise omniprésente, encore aujourd’hui, dans l’idéologie dominante de ce pays. Le militarisme états-unien sert de justificatif à la politique impérialiste conduite dans le monde entier. Il est rappelé, aussi, en quoi le deuxième amendement de la constitution (sur le port d’arme) en est tributaire.

      L’autrice explique comment le passé colonial contre les nations indigènes, a directement structuré des concepts militaires, encore mis en pratique à notre époque par les États-Unis dans leur politique impérialiste (guerres du Vietnam, d’Irak, etc.). Les termes en usage pour définir les tactiques guerrières pour exterminer les nations indigènes lors de le « conquête de l’Ouest » tels que « guerre totale », « guerre irrégulière » ou « guerre de contre-insurrection » font encore partie du vocabulaire des militaires états-uniens d’aujourd’hui. On apprend, enfin que, bien au-delà des frontières du continent américain, le terme de « pays indiens » est encore employé encore de nos jours, par l’administration militaire États-unienne pour désigner une zone située derrière les lignes ennemies.

    • Un extrait de la conclusion de Contre-histoire des États-Unis, Roxanne Dunbar-Ortiz :

      https://www.salon.com/2014/10/13/north_america_is_a_crime_scene_the_untold_history_of_america

      North America is a crime scene: The untold history of America this Columbus Day
      The founding myth of the United States is a lie. It is time to re-examine our ruthless past — and present
      By Roxanne Dunbar-Ortiz
      Published October 13, 2014 5:45PM (EDT)

      Excerpted from “An Indigenous Peoples’ History of the United States”

      That the continued colonization of American Indian nations, peoples, and lands provides the United States the economic and material resources needed to cast its imperialist gaze globally is a fact that is simultaneously obvious within—and yet continually obscured by—what is essentially a settler colony’s national construction of itself as an ever more perfect multicultural, multiracial democracy. . . . [T]he status of American Indians as sovereign nations colonized by the United States continues to haunt and inflect its raison d’etre. —Jodi Byrd

      The conventional narrative of U.S. history routinely segregates the “Indian wars” as a subspecialization within the dubious category “the West.” Then there are the westerns, those cheap novels, movies, and television shows that nearly every American imbibed with mother’s milk and that by the mid-twentieth century were popular in every corner of the world. The architecture of US world dominance was designed and tested by this period of continental U.S. militarism, which built on the previous hundred years and generated its own innovations in total war. The opening of the twenty-first century saw a new, even more brazen form of U.S. militarism and imperialism explode on the world scene when the election of George W. Bush turned over control of U.S. foreign policy to a long-gestating neoconservative and warmongering faction of the Pentagon and its civilian hawks. Their subsequent eight years of political control included two major military invasions and hundreds of small wars employing U.S. Special Forces around the globe, establishing a template that continued after their political power waned.

      Injun Country

      One highly regarded military analyst stepped forward to make the connections between the “Indian wars” and what he considered the country’s bright imperialist past and future. Robert D. Kaplan, in his 2005 book Imperial Grunts, presented several case studies that he considered highly successful operations: Yemen, Colombia, Mongolia, and the Philippines, in addition to ongoing complex projects in the Horn of Africa, Afghanistan, and Iraq. While US citizens and many of their elected representatives called for ending the US military interventions they knew about—including Iraq and Afghanistan—Kaplan hailed protracted counterinsurgencies in Africa, Asia, the Middle East, Latin America, and the Pacific. He presented a guide for the U.S. controlling those areas of the world based on its having achieved continental dominance in North America by means of counterinsurgency and employing total and unlimited war.

      Kaplan, a meticulous researcher and influential writer born in 1952 in New York City, wrote for major newspapers and magazines before serving as “chief geopolitical strategist” for the private security think tank Stratfor. Among other prestigious posts, he has been a senior fellow at the Center for a New American Security in Washington, D.C., and a member of the Defense Policy Board, a federal advisory committee to the US Department of Defense. In 2011, Foreign Policy magazine named Kaplan as one of the world’s “top 100 global thinkers.” Author of numerous best-selling books, including Balkan Ghosts and Surrender or Starve, Kaplan became one of the principal intellectual boosters for U.S. power in the world through the tried-and-true “American way of war.” This is the way of war dating to the British-colonial period that military historian John Grenier called a combination of “unlimited war and irregular war,” a military tradition “that accepted, legitimized, and encouraged attacks upon and the destruction of noncombatants, villages and agricultural resources . . . in shockingly violent campaigns to achieve their goals of conquest.”

      Kaplan sums up his thesis in the prologue to Imperial Grunts, which he subtitles “Injun Country”:

      By the turn of the twenty-first century the United States military had already appropriated the entire earth, and was ready to flood the most obscure areas of it with troops at a moment’s notice.

      The Pentagon divided the planet into five area commands—similar to the way that the Indian Country of the American West had been divided in the mid-nineteenth century by the U.S. Army. . . . [A]ccording to the soldiers and marines I met on the ground in far-flung corners of the earth, the comparison with the nineteenth century was . . . apt. “Welcome to Injun Country” was the refrain I heard from troops from Colombia to the Philippines, including Afghanistan and Iraq. To be sure, the problem for the American military was less [Islamic] fundamentalism than anarchy. The War on Terrorism was really about taming the frontier.

      Kaplan goes on to ridicule “elites in New York and Washington” who debate imperialism in “grand, historical terms,” while individuals from all the armed services interpret policy according to the particular circumstances they face and are indifferent to or unaware of the fact that they are part of an imperialist project. This book shows how colonialism and imperialism work.

      Kaplan challenges the concept of manifest destiny, arguing that “it was not inevitable that the United States should have an empire in the western part of the continent.” Rather, he argues, western empire was brought about by “small groups of frontiersmen, separated from each other by great distances.” Here Kaplan refers to what Grenier calls settler “rangers,” destroying Indigenous towns and fields and food supplies. Although Kaplan downplays the role of the U.S. Army compared to the settler vigilantes, which he equates to the modern Special Forces, he acknowledges that the regular army provided lethal backup for settler counterinsurgency in slaughtering the buffalo, the food supply of Plains peoples, as well as making continuous raids on settlements to kill or confine the families of the Indigenous fighters. Kaplan summarizes the genealogy of U.S. militarism today:

      Whereas the average American at the dawn of the new millennium found patriotic inspiration in the legacies of the Civil War and World War II, when the evils of slavery and fascism were confronted and vanquished, for many commissioned and noncommissioned officers the U.S. Army’s defining moment was fighting the “Indians.”

      The legacy of the Indian wars was palpable in the numerous military bases spread across the South, the Middle West, and particularly the Great Plains: that vast desert and steppe comprising the Army’s historical “heartland,” punctuated by such storied outposts as Forts Hays, Kearney, Leavenworth, Riley, and Sill. Leavenworth, where the Oregon and Santa Fe trails separated, was now the home of the Army’s Command and General Staff College; Riley, the base of George Armstrong Custer’s 7th Cavalry, now that of the 1st Infantry Division; and Sill, where Geronimo lived out the last years of his life, the headquarters of the U.S. Artillery. . . .

      While microscopic in size, it was the fast and irregular military actions against the Indians, memorialized in bronze and oil by Remington, that shaped the nature of American nationalism.

      Although Kaplan relies principally on the late-nineteenth-century source of US counterinsurgency, in a footnote he reports what he learned at the Airborne Special Operations Museum in Fayetteville, North Carolina: “It is a small but interesting fact that members of the 101st Airborne Division, in preparation for their parachute drop on D-Day, shaved themselves in Mohawk style and applied war paint on their faces.” This takes us back to the pre-independence colonial wars and then through US independence and the myth popularized by The Last of the Mohicans.

      Kaplan debunks the argument that the attacks on the World Trade Center and the Pentagon on September 11, 2001, brought the United States into a new era of warfare and prompted it to establish military bases around the world. Prior to 2001, Kaplan rightly observes, the US Army’s Special Operations Command had been carrying out maneuvers since the 1980s in “170 countries per year, with an average of nine ‘quiet professionals’ on each mission. America’s reach was long; its involvement in the obscurest states protean. Rather than the conscript army of citizen soldiers that fought World War II, there was now a professional military that, true to other imperial forces throughout history, enjoyed the soldiering life for its own sake.”

      On October 13, 2011, testifying before the Armed Services Committee of the US House of Representatives, General Martin Dempsey stated: “I didn’t become the chairman of the Joint Chiefs to oversee the decline of the Armed Forces of the United States, and an end state that would have this nation and its military not be a global power. . . . That is not who we are as a nation.”

      The Return of Legalized Torture

      Bodies—tortured bodies, sexually violated bodies, imprisoned bodies, dead bodies—arose as a primary topic in the first years of the George W. Bush administration following the September 2001 attacks with a war of revenge against Afghanistan and the overthrow of the government of Iraq. Afghans resisting U.S. forces and others who happened to be in the wrong place at the wrong time were taken into custody, and most of them were sent to a hastily constructed prison facility on the U.S. military base at Guantánamo Bay, Cuba, on land the United States appropriated in its 1898 war against Cuba. Rather than bestowing the status of prisoner of war on the detainees, which would have given them certain rights under the Geneva Conventions, they were designated as “unlawful combatants,” a status previously unknown in the annals of Western warfare. As such, the detainees were subjected to torture by U.S. interrogators and shamelessly monitored by civilian psychologists and medical personnel.

      In response to questions and condemnations from around the globe, a University of California international law professor, John C. Yoo, on leave to serve as assistant U.S. attorney general in the Justice Department’s Office of Legal Counsel, penned in March 2003 what became the infamous “Torture Memo.” Not much was made at the time of one of the precedents Yoo used to defend the designation “unlawful combatant,” the US Supreme Court’s 1873 opinion in Modoc Indian Prisoners.

      In 1872, a group of Modoc men led by Kintpuash, also known as Captain Jack, attempted to return to their own country in Northern California after the U.S. Army had rounded them up and forced them to share a reservation in Oregon. The insurgent group of fifty-three was surrounded by U.S. troops and Oregon militiamen and forced to take refuge in the barren and rugged lava beds around Mount Lassen, a dormant volcano, a part of their ancestral homeland that they knew every inch of. More than a thousand troops commanded by General Edward R. S. Canby, a former Civil War general, attempted to capture the resisters, but had no success as the Modocs engaged in effective guerrilla warfare. Before the Civil War, Canby had built his military career fighting in the Second Seminole War and later in the invasion of Mexico. Posted to Utah on the eve of the Civil War, he had led attacks against the Navajos, and then began his Civil War service in New Mexico. Therefore, Canby was a seasoned Indian killer. In a negotiating meeting between the general and Kintpuash, the Modoc leader killed the general and the other commissioners when they would allow only for surrender. In response, the United States sent another former Civil War general in with more than a thousand additional soldiers as reinforcements, and in April 1873 these troops attacked the Modoc stronghold, this time forcing the Indigenous fighters to flee. After four months of fighting that cost the United States almost $500,000—equal to nearly $10 million currently—and the lives of more than four hundred of its soldiers and a general, the nationwide backlash against the Modocs was vengeful. Kintpuash and several other captured Modocs were imprisoned and then hanged at Alcatraz, and the Modoc families were scattered and incarcerated on reservations. Kintpuash’s corpse was embalmed and exhibited at circuses around the country. The commander of the army’s Pacific Military Division at the time, Lieutenant General John M. Schofield, wrote of the Modoc War in his memoir, Forty-Six Years in the Army: “If the innocent could be separated from the guilty, plague, pestilence, and famine would not be an unjust punishment for the crimes committed in this country against the original occupants of the soil.”

      Drawing a legal analogy between the Modoc prisoners and the Guantánamo detainees, Assistant U.S. Attorney General Yoo employed the legal category of homo sacer—in Roman law, a person banned from society, excluded from its legal protections but still subject to the sovereign’s power. Anyone may kill a homo sacer without it being considered murder. As Jodi Byrd notes, “One begins to understand why John C. Yoo’s infamous March 14, 2003, torture memos cited the 1865 Military Commissions and the 1873 The Modoc Indian Prisoners legal opinions in order to articulate executive power in declaring the state of exception, particularly when The Modoc Indian Prisoners opinion explicitly marks the Indian combatant as homo sacer to the United States.” To buttress his claim, Yoo quoted from the 1873 Modoc Indian Prisoners opinion:

      It cannot be pretended that a United States soldier is guilty of murder if he kills a public enemy in battle, which would be the case if the municipal law were in force and applicable to an act committed under such circumstances. All the laws and customs of civilized warfare may not be applicable to an armed conflict with the Indian tribes upon our western frontier; but the circumstances attending the assassination of Canby [Army general] and Thomas [U.S. peace commissioner] are such as to make their murder as much a violation of the laws of savage as of civilized warfare, and the Indians concerned in it fully understood the baseness and treachery of their act.

      Byrd points out that, according to this line of thinking, anyone who could be defined as “Indian” could thus be killed legally, and they also could be held responsible for crimes they committed against any US soldier. “As a result, citizens of American Indian nations become in this moment the origin of the stateless terrorist combatant within U.S. enunciations of sovereignty.”

      Ramped Up Militarization

      The Chagos Archipelago comprises more than sixty small coral islands isolated in the Indian Ocean halfway between Africa and Indonesia, a thousand miles south of the nearest continent, India. Between 1968 and 1973, the United States and Britain, the latter the colonial administrator, forcibly removed the indigenous inhabitants of the islands, the Chagossians. Most of the two thousand deportees ended up more than a thousand miles away in Mauritius and the Seychelles, where they were thrown into lives of poverty and forgotten. The purpose of this expulsion was to create a major U.S. military base on one of the Chagossian islands, Diego Garcia. As if being rounded up and removed from their homelands in the name of global security were not cruel enough, before being deported the Chagossians had to watch as British agents and U.S. troops herded their pet dogs into sealed sheds where they were gassed and burned. As David Vine writes in his chronicle of this tragedy:

      “The base on Diego Garcia has become one of the most secretive and powerful U.S. military facilities in the world, helping to launch the invasions of Afghanistan and Iraq (twice), threatening Iran, China, Russia, and nations from southern Africa to southeast Asia, host to a secret CIA detention center for high-profile terrorist suspects, and home to thousands of U.S. military personnel and billions of dollars in deadly weaponry.”

      The Chagossians are not the only indigenous people around the world that the US military has displaced. The military established a pattern during and after the Vietnam War of forcibly removing indigenous peoples from sites deemed strategic for the placement of military bases. The peoples of the Bikini Atoll in the South Pacific and Puerto Rico’s Vieques Island are perhaps the best-known examples, but there were also the Inughuit of Thule, Greenland, and the thousands of Okinawans and Indigenous peoples of Micronesia. During the harsh deportation of the Micronesians in the 1970s, the press took some notice. In response to one reporter’s question, Secretary of State Henry Kissinger said of the Micronesians: “There are only ninety thousand people out there. Who gives a damn?” This is a statement of permissive genocide.

      By the beginning of the twenty-first century, the United States operated more than 900 military bases around the world, including 287 in Germany, 130 in Japan, 106 in South Korea, 89 in Italy, 57 in the British Isles, 21 in Portugal, and 19 in Turkey. The number also comprised additional bases or installations located in Aruba, Australia, Djibouti, Egypt, Israel, Singapore, Thailand, Kyrgyzstan, Kuwait, Qatar, Bahrain, the United Arab Emirates, Crete, Sicily, Iceland, Romania, Bulgaria, Honduras, Colombia, and Cuba (Guantánamo Bay), among many other locations in some 150 countries, along with those recently added in Iraq and Afghanistan.

      In her book The Militarization of Indian Country, Anishinaabe activist and writer Winona LaDuke analyzes the continuing negative effects of the military on Native Americans, considering the consequences wrought on Native economy, land, future, and people, especially Native combat veterans and their families. Indigenous territories in New Mexico bristle with nuclear weapons storage, and Shoshone and Paiute territories in Nevada are scarred by decades of aboveground and underground nuclear weapons testing. The Navajo Nation and some New Mexico Pueblos have experienced decades of uranium strip mining, the pollution of water, and subsequent deadly health effects. “I am awed by the impact of the military on the world and on Native America,” LaDuke writes. “It is pervasive.”

      Political scientist Cynthia Enloe, who specializes in US foreign policy and the military, observes that US culture has become even more militarized since the attacks on the World Trade Center and the Pentagon. Her analysis of this trend draws on a feminist perspective:

      Militarization . . . [is] happening at the individual level, when a woman who has a son is persuaded that the best way she can be a good mother is to allow the military recruiter to recruit her son so her son will get off the couch. When she is persuaded to let him go, even if reluctantly, she’s being militarized. She’s not as militarized as somebody who is a Special Forces soldier, but she’s being militarized all the same. Somebody who gets excited because a jet bomber flies over the football stadium to open the football season and is glad that he or she is in the stadium to see it, is being militarized. So militarization is not just about the question “do you think the military is the most important part of the state?” (although obviously that matters). It’s not just “do you think that the use of collective violence is the most effective way to solve social problems?”—which is also a part of militarization. But it’s also about ordinary, daily culture, certainly in the United States.

      As John Grenier notes, however, the cultural aspects of militarization are not new; they have deep historical roots, reaching into the nation’s British-colonial past and continuing through unrelenting wars of conquest and ethnic cleansing over three centuries.

      “Beyond its sheer military utility, Americans also found a use for the first way of war in the construction of an ‘American identity.’. . . [T]he enduring appeal of the romanticized myth of the ‘settlement’ (not the conquest) of the frontier, either by ‘actual’ men such as Robert Rogers or Daniel Boone or fictitious ones like Nathaniel Bumppo of James Fenimore Cooper’s creation, points to what D. H. Lawrence called the ‘myth of the essential white American.’”

      The astronomical number of firearms owned by U.S. civilians, with the Second Amendment as a sacred mandate, is also intricately related to militaristic culture. Everyday life and the culture in general are damaged by ramped-up militarization, and this includes academia, particularly the social sciences, with psychologists and anthropologists being recruited as advisors to the military. Anthropologist David H. Price, in his indispensable book Weaponizing Anthropology, remarks that “anthropology has always fed between the lines of war.” Anthropology was born of European and U.S. colonial wars. Price, like Enloe, sees an accelerated pace of militarization in the early twenty-first century: “Today’s weaponization of anthropology and other social sciences has been a long time coming, and post-9/11 America’s climate of fear coupled with reductions in traditional academic funding provided the conditions of a sort of perfect storm for the militarization of the discipline and the academy as a whole.”

      In their ten-part cable television documentary series and seven-hundred-page companion book The Untold History of the United States, filmmaker Oliver Stone and historian Peter Kuznick ask: “Why does our country have military bases in every region of the globe, totaling more than a thousand by some counts? Why does the United States spend as much money on its military as the rest of the world combined? Why does it still possess thousands of nuclear weapons, many on hair-trigger alert, even though no nation poses an imminent threat?” These are key questions. Stone and Kuznick condemn the situation but do not answer the questions. The authors see the post–World War II development of the United States into the world’s sole superpower as a sharp divergence from the founders’ original intent and historical development prior to the mid-twentieth century. They quote an Independence Day speech by President John Quincy Adams in which he condemned British colonialism and claimed that the United States “goes not abroad, in search of monsters to destroy.” Stone and Kuznick fail to mention that the United States at the time was invading, subjecting, colonizing, and removing the Indigenous farmers from their land, as it had since its founding and as it would through the nineteenth century. In ignoring that fundamental basis for US development as an imperialist power, they do not see that overseas empire was the logical outcome of the course the United States chose at its founding.

      North America is a Crime Scene

      Jodi Byrd writes: “The story of the new world is horror, the story of America a crime.” It is necessary, she argues, to start with the origin of the United States as a settler-state and its explicit intention to occupy the continent. These origins contain the historical seeds of genocide. Any true history of the United States must focus on what has happened to (and with) Indigenous peoples—and what still happens. It’s not just past colonialist actions but also “the continued colonization of American Indian nations, peoples, and lands” that allows the United States “to cast its imperialist gaze globally” with “what is essentially a settler colony’s national construction of itself as an ever more perfect multicultural, multiracial democracy,” while “the status of American Indians as sovereign nations colonized by the United States continues to haunt and inflect its raison d’etre.” Here Byrd quotes Lakota scholar Elizabeth Cook-Lynn, who spells out the connection between the “Indian wars” and the Iraq War:

      The current mission of the United States to become the center of political enlightenment to be taught to the rest of the world began with the Indian wars and has become the dangerous provocation of this nation’s historical intent. The historical connection between the Little Big Horn event and the “uprising” in Baghdad must become part of the political dialogue of America if the fiction of decolonization is to happen and the hoped for deconstruction of the colonial story is to come about.

      A “race to innocence” is what occurs when individuals assume that they are innocent of complicity in structures of domination and oppression. This concept captures the understandable assumption made by new immigrants or children of recent immigrants to any country. They cannot be responsible, they assume, for what occurred in their adopted country’s past. Neither are those who are already citizens guilty, even if they are descendants of slave owners, Indian killers, or Andrew Jackson himself. Yet, in a settler society that has not come to terms with its past, whatever historical trauma was entailed in settling the land affects the assumptions and behavior of living generations at any given time, including immigrants and the children of recent immigrants.

      In the United States the legacy of settler colonialism can be seen in the endless wars of aggression and occupations; the trillions spent on war machinery, military bases, and personnel instead of social services and quality public education; the gross profits of corporations, each of which has greater resources and funds than more than half the countries in the world yet pay minimal taxes and provide few jobs for US citizens; the repression of generation after generation of activists who seek to change the system; the incarceration of the poor, particularly descendants of enslaved Africans; the individualism, carefully inculcated, that on the one hand produces self-blame for personal failure and on the other exalts ruthless dog-eat-dog competition for possible success, even though it rarely results; and high rates of suicide, drug abuse, alcoholism, sexual violence against women and children, homelessness, dropping out of school, and gun violence.

      These are symptoms, and there are many more, of a deeply troubled society, and they are not new. The large and influential civil rights, student, labor, and women’s movements of the 1950s through the 1970s exposed the structural inequalities in the economy and the historical effects of more than two centuries of slavery and brutal genocidal wars waged against Indigenous peoples. For a time, US society verged on a process of truth seeking regarding past atrocities, making demands to end aggressive wars and to end poverty, witnessed by the huge peace movement of the 1970s and the War on Poverty, affirmative action, school busing, prison reform, women’s equity and reproductive rights, promotion of the arts and humanities, public media, the Indian Self-Determination Act, and many other initiatives.

      A more sophisticated version of the race to innocence that helps perpetuate settler colonialism began to develop in social movement theory in the 1990s, popularized in the work of Michael Hardt and Antonio Negri. Commonwealth, the third volume in a trilogy, is one of a number of books in an academic fad of the early twenty-first century seeking to revive the Medieval European concept of the commons as an aspiration for contemporary social movements. Most writings about the commons barely mention the fate of Indigenous peoples in relation to the call for all land to be shared. Two Canadian scholar-activists, Nandita Sharma and Cynthia Wright, for example, do not mince words in rejecting Native land claims and sovereignty, characterizing them as xenophobic elitism. They see Indigenous claims as “regressive neo-racism in light of the global diasporas arising from oppression around the world.”

      Cree scholar Lorraine Le Camp calls this kind of erasure of Indigenous peoples in North America “terranullism,” harking back to the characterization, under the Doctrine of Discovery, of purportedly vacant lands as terra nullis. This is a kind of no-fault history. From the theory of a liberated future of no borders and nations, of a vague commons for all, the theorists obliterate the present and presence of Indigenous nations struggling for their liberation from states of colonialism. Thereby, Indigenous rhetoric and programs for decolonization, nationhood, and sovereignty are, according to this project, rendered invalid and futile. From the Indigenous perspective, as Jodi Byrd writes, “any notion of the commons that speaks for and as indigenous as it advocates transforming indigenous governance or incorporating indigenous peoples into a multitude that might then reside on those lands forcibly taken from indigenous peoples does nothing to disrupt the genocidal and colonialist intent of the initial and now repeated historical process.”

      Excerpted from “An Indigenous Peoples’ History of the United States” by Roxanne Dunbar-Ortiz (Beacon Press, 2014). Copyright 2014 by Roxanne Dunbar-Ortiz. Reprinted with permission of the publisher. All rights reserved.

      By Roxanne Dunbar-Ortiz

    • Je trouve que c’est bien traduit ; en tous cas, agréable à lire. Le traducteur a aussi écrit l’introduction.

      Autre chose, qui n’a rien à voir avec la traduction... maintenant que j’y pense ; j’ai oublié de le mettre dans ma présentation : le seul reproche que je ferais c’est l’absence de cartes, à l’exception de la reproduction, à la fin de l’ouvrage, d’un document à peine lisible. Dommage cela aurait été bien utile.

    • pour ce qui est devenu le Québec, Marie-Christine Lévesque et Serge Bouchard, tombés en amour pour les Innus, décrivent dans Le peuple rieur, Hommage à mes amis innus (ethnographie qui ne propose pas une histoire d’ensemble), un bref moment de rapport plutôt égalitaire, à l’arrivée de Champlain, où l’établissement de comptoirs commerciaux isolés, rares, occasionne des échanges (traite des fourrures), et durant lequel les Innus sont admirés par les arrivants pour leurs capacités cynégétiques ainsi que leur manière de réussir à subsister sur un territoire que les arrivants voient comme principalement hostile. mais c’était avant qu’ils deviennent des ostie de sauvages.
      #peuples_premiers #nations_sans_état

    • Aussi, une #BD ...
      Une histoire populaire de l’empire américain

      Depuis le génocide des Indiens jusqu’à la guerre en Irak en passant par le développement d’un capitalisme financier globalisé, les États- Unis se sont constitués au fil des siècles comme un empire incontournable. Peu à peu, leur histoire est devenue mythologie, mais ce livre propose le récit d’une nation, un récit qui a réussi à changer le regard des Américains sur eux-mêmes.

      https://www.editions-delcourt.fr/bd/series/serie-une-histoire-populaire-de-l-empire-americian/album-une-histoire-populaire-de-l-empire-americian
      #bande-dessinée #histoire_populaire

      que j’avais signalé ici :
      https://seenthis.net/messages/784696

  • Benxihu Colliery (17.12.2002)
    https://en.m.wikipedia.org/wiki/Benxihu_Colliery?oldid=466248037

    à propos de https://seenthis.net/messages/1012154
    Version avec mention des crimes japonais

    Benxihu (Honkeiko) Colliery (simplified Chinese: 本溪湖煤矿; traditional Chinese: 本溪湖煤礦), located in Benxi, Liaoning, China, was first mined in 1905. It started as a iron and coal mining project under joint Japanese and Chinese control. As time passed, the project came more and more under Japanese control. In the early 1930s, Japan invaded the north east of China and Liaoning province became part of the Japanese controlled puppet state of Manchukuo. The Japanese forced the Chinese to work the colliery under very poor conditions. Food was scarce and workers didn’t have sufficient clothing.[1] Working conditions were harsh and diseases such as typhoid and cholera flourished.[2] Typically miners worked 12 hour shifts or longer. The Japanese controllers were known to beat workers with pick handles and the perimeter of the mine was fenced and guarded. Many describe the work as slave labour.
    Coal dust explosion

    On April 26, 1942, a gas and coal-dust explosion in the mine killed 1,549, 34% of the miners working that day, making it the worst disaster in the history of coal mining.

    The explosion sent flames bursting out of the mine shaft entrance. Miners’ relatives rushed to the site but were denied entry by a cordon of Japanese guards who erected electric fences to keep them out. In an attempt to curtail the fire underground, the Japanese shut off the ventilation and sealed the pit head. Witnesses say that the Japanese did not evacuate the pit fully before sealing it; trapping many Chinese workers underground to suffocate in the smoke.[2] Thus the actions of the Japanese are blamed for needlessly increasing the death toll. It took workers ten days to remove all the corpses and rubble from the shaft. The dead were buried in a mass grave nearby. Many victims could not be properly identified due to the extent of the burns. The Japanese at first reported the death toll to be just 34.[1] Initial newspaper reports were short, as little as 40 words, and downplayed the size of the disaster as a minor event. Later the Japanese erected a monument to the dead. This stone gave the number of dead to be 1327.[3] The true number is believed to be 1,549.[4] Of this number, 31 were Japanese, the rest Chinese.[2] The mine continued to be operated by the Japanese until the end of World War II in 1945. Following the Japanese withdrawal, the workers took control of the site. With the liberation after the war, the Soviet Union investigated the accident. They found that only some of the workers died from the gas and coal-dust explosion. The Soviet report states that most deaths were of Carbon Monoxide poisoning due to the closing of ventilation after the initial explosion.[2]
    See also

    Coal power in China

    References

    1. De (尚), Shangbao (宝德). “About 1942, the Lake mine gas explosion oral information (关于1942年本溪湖煤矿瓦斯大爆炸口述资料)” (in Chinese). Retrieved 7 August 2010.
    2. “Chinazhaoge Blog” (in Chinese). sohu.com. Retrieved 7 August 2010.
    3. “The Lake coal mine explosion (本溪湖煤矿爆炸)” (in Chinese). Baidu Baike. Retrieved 7 August 2010.
    4. Yang (杨), Wenjie (雯洁). “Hidden behind the world’s largest coal mine accident lies (Figure) - 世界最大煤矿事故背后藏谎言(图)” (in Chinese). Sina News. Retrieved 7 August 2010.

    #Chine #Japon #Mandchoukouo #occupation #crime_de_guerre #génocide #mine #charbon #exploitation_minière #mineurs

  • Paderborn : les évêques négligents face aux abus cloués au pilori Maurice Page - cath.ch

    Dans la crypte de la cathédrale de Paderborn, en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, est posé un panneau avec le texte suivant : « Les archevêques inhumés ici ont commis pendant leur mandat, du point de vue actuel, de graves erreurs dans leur gestion des abus sexuels. Trop souvent, ils ont fait passer la protection et la réputation de l’institution et des coupables avant la souffrance des personnes touchées ». Le texte a été formulé par le chapitre métropolitain et adopté par la représentation des victimes a expliqué l’archevêché, au site katholisch.de .

    Le porte-parole des associations de victimes, Reinhold Harnisch, a déclaré que les responsables de l’archevêché avaient « rapidement » approuvé cette proposition. Selon lui, il y a toujours des membres du clergé à Paderborn qui occultent la thématique des abus et ne veulent pas en parler. C’est aussi pour cette raison que les représentants des victimes avaient demandé un panneau explicatif.


    La crypte de la cathédrale de Paderborn dans laquelle sont ensevelis les évêques | DR

    Le signe d’un dialogue
    L’archevêché prévoit en outre d’apposer un code QR qui mènera à un site Internet encore en cours d’élaboration. « Ce site Internet présentera non seulement les manquements des deux anciens archevêques de Paderborn, mais aussi des informations sur leur vie et leur œuvre », a déclaré une porte-parole de l’évêché. En combinaison avec le panneau d’information, cette solution est le « signe d’un bon dialogue » et une « forme appropriée de confrontation avec les fautes commises ». 
    Depuis 2020, deux historiennes ont mené une enquête sur les abus commis de 1941 à 2002, sous les épiscopats de Mgr Lorenz Jaeger et Mgr Johannes Joachim Degenhardt. Un premier résultat intermédiaire atteste que les anciens archevêques ont commis de graves erreurs dans leur gestion des auteurs d’abus, en protégeant les accusés et en manquant de sollicitude envers les victimes.

    Faut-il punir les morts ?
    La décision de l’archidiocèse de désigner ainsi nommément des coupables à tous les visiteurs de la crypte n’a pas manqué de faire bondir d’indignation certaines personnes. « Pilate avait rédigé un écriteau qu’il fit placer sur la croix ; il était écrit : ‘Jésus le Nazaréen, roi des Juifs’. (Jn,19,20) Cette association m’est inévitablement venue à l’esprit lorsque j’ai lu avec horreur la décision de poser cette prétendue plaque d’abus », écrit ainsi Sœur Anna Mirijam Kaschner, secrétaire générale de la Conférence des évêques des pays nordiques.

    « Comme les évêques sont soustraits à la justice séculière par leur mort, il faut bien les « punir » ultérieurement d’une manière ou d’une autre »
    Sœur Anna Mirijam Kaschner

    Pour la religieuse originaire de Paderborn, une démarche de clarification est peut-être utile, « mais une clarification n’implique-t-elle pas que les personnes accusées puissent s’expliquer, prendre position et demander pardon ? Tout cela n’est malheureusement pas possible pour les deux cardinaux. Et comme ils se sont soustraits à la justice séculière par leur mort, il faut bien les ‘punir’ ultérieurement d’une manière ou d’une autre – même si c’est par une ‘plaque d’abus’. »

    Une question de foi
    « On peut toutefois se demander pourquoi, en bonne logique, on ne trouve pas de telles plaques de culpabilité sur chaque tombe d’un père de famille pédophile, de chaque violeur, de chaque enseignant qui battait ses élèves il y a 50 ans et sur chaque tombe d’une mère qui a avorté un ou plusieurs enfants ? » poursuit Sœur Anna Mirijam. Les cimetières deviendrait des forêts de panneaux d’accusation.

    Pour la religieuse, il y a fondamentalement une question de foi chrétienne : « Je crois en un Dieu juste, qui ne jugera pas seulement les vivants, mais aussi les morts. Ainsi, le panneau des abus dans la crypte de la cathédrale de Paderborn, sur la tombe des deux cardinaux, n’est finalement rien d’autre qu’un signe d’une profonde incrédulité selon laquelle Dieu n’est précisément pas juste et ne demandera pas de comptes aux deux cardinaux. » Sœur Anna Mirijam appelle dès lors l’archidiocèse, le chapitre cathédral et chaque visiteur à reprendre en mains cette question.

    Prisonnière d’une Église coupable
    Le porte-parole du conseil des victimes auprès de la Conférence des évêques allemands, Johannes Norpoth, a réagi avec « une horreur sans nom » au commentaire de Sœur Anna Mirijam Kaschner. Dans une lettre ouverte, il lui reproche « non seulement l’ignorance de la recherche en la matière, mais aussi le manque d’approche sensible aux traumatismes des personnes touchées. Dans son texte, elle exprime une attitude « qui a conduit notre Église exactement là où elle se trouve actuellement : dans une crise existentielle ».

    « Sœur Anna-Mirijam est prisonnière du système de pouvoir de cette Église constituée de manière absolutiste ».
    Johannes Norpoth

    En tant que victime, Johannes Norpoth se dit consterné par les comparaisons et les relativisations qui se trouvent dans l’argumentation. Selon lui, le lien entre avortement et abus sexuels sur des enfants est faux et ne tient pas compte de la complexité de ces questions.

    Il rappelle en outre que les reproches formulés à l’encontre des évêques décédés de Paderborn ne sont pas de vagues suppositions ou des accusations unilatérales de victimes, mais des constatations issues de l’enquête diocésaine.

    « Abstenez-vous de tenir des propos aussi dénués d’empathie et de sens »
    Johannes Norpoth reproche à la religieuse d’être prisonnière « du système de pouvoir de cette Église constituée de manière absolutiste ». Son horreur est d’autant plus grande quand il sait que la secrétaire générale des évêques nordiques participera au synode mondial cet automne avec un droit de vote, contrairement aux victimes de violences sexuelles.

    Le représentant des victimes met en garde Sœur Anna Mirijam contre la poursuite du « système du mensonge » au sein de « l’organisation coupable qu’est l’Eglise » et contre le mépris qu’elle témoigne ainsi aux milliers de victimes de violences sexuelles. « Si vous ne pouvez pas reconnaître et accepter tout cela, accordez-moi au moins une requête : à l’avenir, abstenez-vous de tenir des propos aussi dénués d’empathie et de sens », conclut-il.

    L’archevêché ne veut pas de polémique
    Contacté par katholisch.de , l’archevêché de Paderborn n’a pas souhaité s’exprimer sur la polémique. « En règle générale, l’archevêché ne répond pas aux lettres ouvertes, aux lettres de lecteurs ou aux commentaires. Chacun et chacune peut et doit exprimer son opinion. Il y a des points de vue différents », a expliqué la porte-parole.

    A l’occasion de la célébration des festivités de saint Liboire (évêque du Mans au IVe siècle) patron de la cathédrale de Paderborn, l’administrateur diocésain Mgr Michael Bredeck a reconnu, le 23 juillet 2023, que la mise en place d’un panneau d’information dans la crypte épiscopale était controversée. « Mais nous sommes convaincus qu’elle est un signe important de dialogue, et ce délibérément dans la crypte, lieu où l’histoire, le présent et l’avenir de notre archevêché se rejoignent ». (cath.ch/katholisch.de/mp)

    #Abus_sexuels #archevêque #Cathédrale #Paderborn #Allemagne #pouvoir #église_catholique #religion #QR #crimes_sexuels

    Source : https://www.cath.ch/newsf/paderborn-les-eveques-negligents-face-aux-abus-cloues-au-pilori

    • 44 millions d’euros de bénéfice pour le diocèse allemand de Paderborn

      L’archidiocèse allemand de Paderborn a clôturé ses comptes 2015 avec un bénéfice de 44,2 millions d’euros. Ce montant représente une augmentation d’environ 3 millions d’euros (9%) par rapport à l’année précédente, a indiqué le diocèse le 25 octobre 2016.

      Les rentrées de l’impôt ecclésiastique se sont montées à 396 millions d’euros en augmentation de 20 millions d’euros. Les revenus totaux de l’archidiocèse ont atteint 514 millions d’euros. Quant à la fortune, elle se monte à 4,16 milliards d’euros . L’archidiocèse de Paderborn est ainsi le deuxième plus riche d’Allemagne après Munich (6,26 milliards) et devant Cologne (3,52 milliards).
      . . . . .
      L’archidiocèse de Paderborn en Rhénanie du Nord-Westphalie compte 1,55 million de catholiques sur une population globale de 4,8 mios d’habitants pour un territoire de 14’745 km2. Il regroupe 703 paroisses dans lesquelles sont actifs 1’711 agents pastoraux dont 683 prêtres. Il compte 19 écoles et 498 jardins d’enfants. (cath.ch-apic/kna/mp)

      #richesse #argent #fric #impôt_ecclésiastique #argent

      Source : https://www.cath.ch/newsf/44-millions-deuros-de-benefice-diocese-allemand-de-paderborn

  • Was the Oppenheimer test site unpopulated? - Los Angeles Times
    https://www.latimes.com/delos/story/2023-07-26/oppenheimer-atomic-bomb-new-mexico-cancer-aftermath

    In the film, both the test site and the Los Alamos Laboratory in Northern New Mexico are remote, unpopulated areas — a depiction that’s largely in line with most historical accounts of the Manhattan Project. The reality is starkly different. The land acquired by the U.S. government to build and test the bomb was occupied, as was the 150-mile radius surrounding the Trinity Test — areas settled predominantly by Hispanic and Native American ranchers and homesteaders.

    #mensonges #crimes #bombe #sans_vergogne

    • c’est de la récup, je n’ai pas mieux
      #paywall

      L’octogénaire qui a tué Mahamadou Cissé remis en liberté, Ration

      Après six mois de détention provisoire, le harki qui avait tué, en décembre 2022 à Charleville-Mézières, son ancien voisin, un jeune homme noir, « par exaspération », selon les mots du procureur, a été remis en liberté.

      Le 9 décembre 2022, dans la soirée, Hocine A., 82 ans, tuait d’une balle son ancien voisin Mahamadou Cissé, 21 ans, à Charleville-Mézières (Ardennes). Le vétéran de la guerre d’Algérie reprochait au jeune homme d’avoir occupé son hall, puis de l’avoir insulté, voire menacé de ses poings. Une ultime vexation selon cet habitant de la Ronde-Couture, exaspéré par la vie de ce quartier populaire. Comme pour justifier cet acte, le #procureur de la République de Reims parlait alors d’« homicide par exaspération ». Une déclaration reçue comme un « coup de massue » par la sœur de la victime. Assétou Cissé expliquait à Libération que les propos du parquetier ainsi que d’autres éléments du dossier soulevaient la « problématique du racisme » couvée par ce drame (cette coloration n’est pas pour l’heure retenue par l’autorité judiciaire). D’autant qu’Hocine A. recevait ensuite, depuis sa prison, le soutien d’une association très droitière d’anciens combattants, et des courriers de soutien aux relents xénophobes et racistes.

      Dans le cadre de l’information judiciaire, Hocine A. a été mis en examen pour homicide volontaire, détention d’arme de catégorie A sans autorisation, violences sur personnes dépositaires de l’autorité publique avec arme (il a brièvement menacé de son 22 long rifle les policiers venus l’interpeller) et menace de mort sur un témoin et ami de Mahamadou Cissé (qui a porté plainte).

      « Atténuer le risque de représailles »

      Toutefois, et suivant les réquisitions du procureur de la République, la juge d’instruction a ordonné, le 21 juillet, la fin, au bout d’environ six mois, de la détention provisoire de Hocine A.. Son contrôle judiciaire lui interdit de paraître dans les Ardennes, de sortir du territoire national et lui impose de se présenter régulièrement au service pénitentiaire d’insertion et de probation du département d’Occitanie où il sera désormais hébergé, à des centaines de kilomètres de son ancien domicile. La juge d’instruction considère d’ailleurs « que cette proposition d’hébergement permet d’atténuer le risque de trouble à l’ordre public ainsi que le risque de représailles de la part du mis en examen [et de] garantir la sécurité de ce dernier afin que la procédure d’information judiciaire puisse être menée à son terme ». De plus, la magistrate estime que le retraité « dispose de l’ensemble de ses attaches sur le territoire français, dont plusieurs de ses enfants qui se sont mobilisés pour l’assister au cours de sa détention [et] qu’il n’a jamais fait état d’une volonté de fuir ses responsabilités, quand bien même il minimise la portée des gestes qu’il a pu avoir ».

      « Décision incompréhensible »

      Dans un communiqué de presse daté du même jour, Saïd Harir, l’avocat de la famille de Mahamadou Cissé (qui s’est constituée partie civile), déplorait une décision judiciaire « incompréhensible », entre autres car elle « ne contraint pas le mis en examen au port d’un bracelet électronique » : « Le sentiment d’abandon de désespoir et de colère de la famille de M. Cissé ne peut qu’être compris et partagé par l’ensemble des justiciables. »

    • Remise en liberté du meurtrier de Mahamadou Cissé : « C’est une manière de nous tuer une seconde fois »
      Placé en détention provisoire depuis le meurtre « par exaspération » de Mahamadou Cissé, à Charleville-Mézières, en décembre 2022, un octogénaire, ancien militaire pendant la guerre d’Algérie, a été remis en liberté par les autorités judiciaires. Une décision inadmissible pour les proches de la victime, rassemblés mardi devant le palais de justice.
      Publié le
      Mercredi 26 juillet 2023
      Thomas Lemahieu

      Les proches de Mahamadou Cissé ont organisé un rassemblement le 25 juillet à Reims devant le palais de justice. Ils dénoncent la libération de Hocine A., mis en examen pour avoir tué Mahamadou.

      Reims (Marne), envoyé spécial.
      Mahamadou Cissé ne se voyait pas forcément en haut de l’affiche. Il voulait déjà imposer sa chance. Du cinéma, le jeune homme de 21 ans en parlait avec des étoiles dans les yeux, puis – ses amis en témoignent – avec ce sourire éclatant, gourmand, ravageur presque. Il voulait voir sa tête à l’écran ou, simplement, son nom au générique.
      Après avoir participé, en 2021, comme figurant au tournage de Tirailleurs, un film avec Omar Sy , il rêvait de pousser plus loin. Devenir acteur, vraiment. C’était à la fois un bonheur et un risque, son but, et le chemin pouvait peut-être passer par l’école Kourtrajmé, lancée par le réalisateur Ladj Ly et ses copains (Kim Chapiron, Romain Gavras, Toumani Sangaré).
      D’ailleurs, à la mi-décembre 2022, Mahamadou devait quitter le quartier, la Ronde-Couture, à Charleville-Mézières (Ardennes), pour un premier rendez-vous à Montfermeil (Seine-Saint-Denis). Assétou, sa grande sœur, se préparait à l’accueillir en région parisienne…
      Mahamadou Cissé n’est plus : une ou deux balles dans le thorax tirées par un voisin octogénaire, harki et ancien militaire
      Mahamadou Cissé n’est jamais arrivé chez Kourtrajmé. Il n’a pas vu Tirailleurs, sorti en salles en janvier dernier. Ses rêves, son élan, sa vie, tout a été volé, le soir du 9 décembre 2022. Une ou deux balles dans le thorax tirées par un voisin octogénaire, harki et ancien militaire. Mahamadou Cissé n’est plus. Ni figurant, ni vedette. Rien, ou presque, quantité négligeable : son assassinat est, selon sa famille et ses amis qui le dénoncent entre amertume et colère, traité comme celui d’un personnage secondaire. Comme le meurtre d’un citoyen de seconde zone, à toutes les étapes.

      Après la remise en liberté, vendredi dernier, par ordonnance de la juge d’instruction de Reims, de Hocine A., mis en examen pour homicide volontaire, détention d’armes de catégorie A sans autorisation, menaces de mort à l’encontre d’un témoin et violences sur personnes dépositaires de l’autorité publique – retranché dans son appartement à la Ronde-Couture, il a un temps mis en joue les policiers venus l’arrêter –, les proches et une centaine des soutiens de Mahamadou Cissé sont venus, mardi 25 juillet, protester devant le palais de justice.
      L’incompréhension et l’indignation sont totales sur les marches : après six mois de détention provisoire, l’octogénaire, présumé innocent et soutenu crânement par un groupuscule d’anciens militaires d’extrême droite, bénéficie d’une libération conditionnelle. Il a juste interdiction de se rendre dans les Ardennes ou de quitter la France ; il est également obligé de se présenter régulièrement au service pénitentiaire de probation et d’insertion en Occitanie où il a reçu une proposition d’hébergement qui a manifestement convaincu l’autorité judiciaire. Selon la magistrate rémoise, Hocine A. « n’a jamais fait état d’une volonté de fuir ses responsabilités, quand bien même il minimise la portée des gestes qu’il a pu avoir ». Contacté par l’Humanité, Me Pascal Ammoura, avocat du mis en examen, n’a pas donné suite .
      Membre du cabinet de Me Saïd Harir, le défenseur de la famille de Mahamadou Cissé, Me Katia Agher, présente à Reims pour une rencontre impromptue avec la juge d’instruction et pour le rassemblement, n’en revient pas. « Nous ne comprenons vraiment pas cette ordonnance, glisse-t-elle. La détention provisoire sert à protéger l’ordre public, mais aussi l’instruction du dossier. Or, à ce stade, il n’y a eu ni reconstitution, ni confrontation avec les principaux témoins. On n’a pas le retour de l’expertise balistique, si bien qu’on ne sait pas combien de coups ont été tirés… C’est encore plus surprenant dans le contexte que nous connaissons aujourd’hui, avec des jeunes qui sont condamnés à un an de prison ferme pour avoir ramassé une canette pendant les émeutes et incarcérés du coup bien plus longtemps que le mis en examen poursuivi pour avoir donné la mort à Mahamadou Cissé. »
      L’une des gifles les plus spectaculaires a été adressée par l’institution judiciaire
      Grande sœur de Mahamadou, Assétou Cissé sort, elle aussi, en colère et déterminée, après l’entrevue avec la magistrate en charge de l’instruction, une heure avant le rassemblement public. « C’est elle qui a demandé à nous voir, confie-t-elle à l’Humanité. On sent bien qu’il y a une forme d’embarras, mais quand elle a pris sa décision de remettre l’assassin en liberté, elle l’a prise sans nous, sans nous consulter ! Le mal est fait, en l’occurrence. L’homme qui a tué mon frère est libre. Et nous, on a pris perpétuité déjà, Mahamadou est six pieds sous terre. C’est un jeune Noir qui est mort, on dira… Son corps n’était pas encore froid qu’on cherchait déjà à en faire un voyou. Mais non, c’est un enfant de la République qui est mort et c’est tout le quartier de la Ronde-Couture, tout Charleville qui ont été meurtris : tout le monde a entendu ses cris, vu son corps par terre. Même le maire LR de la ville dénonce cette décision de la juge d’instruction… Nous en appelons à Gérald Darmanin, Éric Dupond-Moretti et au gouvernement, ce mépris ne peut pas perdurer. »
      Porte-parole du collectif Justice pour Mahamadou – « Cela m’est tombé dessus car je suis un peu la grande gueule de la famille », confesse-t-elle –, la trentenaire accuse : « Remettre cet homme en liberté, c’est nous placer en insécurité, nous abandonner une fois de plus… Est-ce qu’on peut imaginer ce que c’est de le voir, lui, qui est allé charger son fusil avec 15 balles et qui est revenu vers Mahamadou et ses amis pour leur tirer dessus, qui a prémédité et planifié son acte – il en avait parlé à un proche qui a alerté la police municipale –, débarquer tranquillement, sans menottes, à la reconstitution quand elle aura lieu ? Ou de le voir arriver libre aux assises ? C’est une manière, après nous avoir pris notre frère, de nous tuer tous, une seconde fois…”
      À travers les prises de parole, toute la violence renvoyée à la famille et aux proches de Mahamadou remonte à la surface. L’une des gifles les plus spectaculaires a été adressée par l’institution judiciaire elle-même quand le procureur de la République de Reims a parlé de »meurtre par exaspération« , avec »perte de contrôle« , mais ça n’est pas tout…
      Bakary Cissé, un des petits frères, témoigne de comment, à l’hôpital, on a voulu lui faire croire que la victime était toujours au bloc opératoire, alors que la presse locale avait déjà annoncé son décès. Arrivé à Charleville, le lendemain au petit matin, Djibril raconte qu’à la police on ne lui parle pas de son jeune frère, mais du risque d’avoir des » poubelles brûlées« . » Mais, enfin, vous vous rendez compte ? s’exclame-t-il. Mon frère est mort, et vous cherchez des circonstances pour expliquer un meurtre… On est une famille noire, certes, je suis désolé, mais c’est comme ça. On n’est pas des animaux, et nos vies ne valent pas moins que celles des autres…« 

      « Mais si les prisons sont dangereuses, alors il faut faire sortir beaucoup de gens, non ? » 
      Alors que, quelques minutes plus tôt, Assétou Cissé laisse entendre que, pour la juge d’instruction, il s’agit en fait de ne pas laisser »mourir en prison« celui que tous appellent »l’assassin« – » Mais si les prisons sont dangereuses, alors il faut faire sortir beaucoup de gens, non ?« interroge-t-elle – Hatouma, la tante de la victime, fait remarquer, avec les mots et l’expérience de la génération des parents de Mahamadou.
       »Vous savez, moi, le père de mon père et le père de ma mère, ils ont combattu pour la France, on les a pris, on ne leur a pas laissé le choix, ils sont venus sans passeport, sans visa, sans hébergement pour participer à la guerre de 14-18... Des tirailleurs, oui, qui ont combattu pour ce pays. L’homme qui a abattu Mahamadou, lui, il s’est engagé par intérêt dans l’armée, il avait tout à gagner à l’Algérie française, puis à la France, et quelque part, on en voit encore les effets aujourd’hui dans le traitement d’exception qu’il reçoit.« 
      Hatouma se redresse, s’excusant de » maladresses« , qui n’en sont manifestement pas, et reprend. »Il paraît que cet homme, qui a pris la vie de Mahamadou, souffrait en prison. Il fallait lui rendre sa liberté pour ne pas qu’il meure derrière les barreaux ! Mais Mahamadou aussi avait une vie à vivre…« 

  • How Gilead Profited by Slow-Walking a Promising H.I.V. Therapy - The New York Times
    https://www.nytimes.com/2023/07/22/business/gilead-hiv-drug-tenofovir.html

    In 2004, Gilead Sciences decided to stop pursuing a new H.I.V. drug. The public explanation was that it wasn’t sufficiently different from an existing treatment to warrant further development.

    In private, though, something else was at play. Gilead had devised a plan to delay the new drug’s release to maximize profits, even though executives had reason to believe it might turn out to be safer for patients, according to a trove of internal documents made public in litigation against the company.

    Gilead, one of the world’s largest drugmakers, appeared to be embracing a well-worn industry tactic: gaming the U.S. patent system to protect lucrative monopolies on best-selling drugs.

    #crime_légal

  • Désoccupation de la Crimée : les Tatars et la voie de la décolonisation

    En 2020, lorsque j’ai mené mon enquête ethnographique en Crimée, peu de gens s’attendaient à ce que le pays soit bientôt désoccupé. En Ukraine continentale également, l’expression « L’année prochaine à Bakhtchisaray » semblait naïve et maladroite, car ceux qui l’utilisaient savaient pertinemment qu’ils se berçaient d’illusions. Pourtant, trois ans plus tard, la désoccupation de Bakhtchisaray devient une possibilité réelle. En outre, de nombreux commentateurs affirment qu’« il n’y aura pas de paix sans la Crimée », et la majorité de la population ukrainienne soutient l’idée de la désoccupation de la péninsule.

    Il est donc logique de réfléchir à notre relation avec la péninsule et avec les personnes qui y vivent, en particulier les Tatars. L’État et la société ukrainiens doivent comprendre la nature de cette relation et la base de la souveraineté de l’Ukraine sur la Crimée. Cette compréhension devrait être au cœur d’une stratégie de réintégration de la Crimée. L’absence de réflexion sur cette question au cours des premières années de l’indépendance de l’Ukraine est une des causes qui ont conduit à l’annexion de la Crimée.

    Nous ne pouvons pas nous permettre de laisser passer la deuxième chance de rectifier le cours des choses.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2023/07/22/desoccupation-de-la-crimee-les-tatars-et-la-vo

    #international #ukraine #crimée #tatar

  • ★ Rudolph Rocker : « L’Eglise et son rôle politique en Espagne » - via @PartageNoir

    Ce texte de Rudolph Rocker est paru dans L’Espagne nouvelle - nouvelle série - n°2 du 26 avril 1937.

    Il est nécessaire de connaître le rôle de l’Eglise dans l’histoire espagnole pour comprendre les événements actuels. En Espagne, l’Eglise n’a jamais été une institution religieuse pure et simple, mais bien une formidable puissance économique et politique qui, pendant des siècles, a imposé sa domination a tout la vie sociale du pays. C’est une longue et sanglante histoire au cours de laquelle l’Eglise s’est continuellement manifestée comme l’ennemi mortel de tout progrès humain et la centrale de toutes les réactions (...)

    #RudolfRocker #Anarchisme #Espagne #Eglise #cléricalisme #crimes #Inquisition #antireligion #anticléricalisme

    ⏩ Lire l’article complet…
    ▶️ https://www.partage-noir.fr/rudolph-rocker-l-eglise-et-son-role-politique-en-espagne