• #Macédoine_du_Nord : ce petit pays des #Balkans où les migrants vulnérables font une courte pause dans leur exil vers l’Europe (1/3)

    La Macédoine du Nord est un territoire de transit pour les exilés arrivés en Grèce souhaitant rejoindre l’Europe de l’Ouest. L’#asile y existe, mais il est rarement accordé dans ce petit pays hors de l’Union européenne. Dès lors, ce sont les profils les plus vulnérables - personnes blessées, familles, adolescents isolés - qui demandent l’asile. Le plus souvent, juste pour avoir quelques semaines de #répit avant de reprendre la route.

    Il se tient droit entre deux rangées de containers, vêtu d’un t-shirt blanc imprimé d’images de satellites et de cosmonautes, dans la grisaille d’octobre. Lal Mohammad, 25 ans, vient de faire enregistrer ses empreintes biométriques et celles de sa femme dans le centre de transit de Vinojug, tout au sud de la Macédoine du Nord, à la frontière avec la Grèce. Leur petite fille de 3 ans, Asra, boit un verre de jus de pomme assise sur un banc, amusée par la présence d’un chat errant à côté d’elle. La famille s’est déclarée demandeuse d’asile il y a un mois de cela, dès son entrée sur le territoire macédonien.

    Après une tentative de passage infructueuse par l’Evros, frontière terrestre entre la Turquie et la Grèce, cette famille afghane a atteint le sol hellénique après 4 jours et 4 nuits en mer. Tous trois ont passé plusieurs jours dans le camp fermé de #Thessalonique avant d’être transférés vers un second camp proche de la frontière macédonienne. "Là, on nous a dit que [pour avoir un rendez-vous pour demander l’asile], il nous faudra attendre un an et demi… Nous ne voulions pas attendre tout ce temps. Alors nous nous sommes rendus dans la forêt [marquant la frontière entre la Grèce et la Macédoine du Nord, ndlr] pour tenter le "game"" - surnom donné par les exilés aux tentatives de passages de frontières.

    Interceptée par la police macédonienne, la famille a été placée dans le centre de transit de Vinojug, l’unique centre à l’entrée du pays. Là, leur premier interlocuteur a été #Frontex, déployée depuis l’été 2023 dans le pays, surtout à la frontière avec la Grèce. Comme pour tous les exilés interceptés dans cette zone, deux choix se sont offerts à eux : soit opérer un "retour volontaire" côté grec, soit se déclarer demandeur d’asile.

    "J’ai demandé de l’aide à #ChatGPT : qu’est-ce que je dois faire ?"

    Pour Lal Mohammad, pas d’hésitation : avec sa femme et sa fille de 3 ans, pas question de faire demi-tour pour retenter une nouvelle fois le "game" dans la #forêt. Mais le passeur - qui a tout intérêt à ce que les exilés ne fassent aucune pause dans leur parcours, pour toucher plus vite la somme d’argent débloquable à chaque étape (4 000 euros pour aller de la Turquie à la Grèce, 800 euros pour aller de Macédoine en Serbie, selon le père de famille) - exerçait pourtant sur lui une forte pression.

    "Il nous harcelait, nous appelait tous les jours, en nous disant : "Revenez en Grèce". Moi je lui répondais : "Je ne vais pas fuir ne t’inquiète pas, l’argent est là, moi j’ai un enfant et une femme, je ne peux pas revenir comme ça” ; puis j’ai éteint mon portable pendant quelques jours". Le père de famille confie sa détresse : "J’ai même demandé de l’aide à ChatGPT : ’Qu’est ce que je dois faire, le passeur m’appelle tous les jours et je ne sais pas quoi faire ?’ ChatGPT m’a dit d’en parler aux responsables du centre".

    Demander l’asile ici à Vinojug signifie rester un mois dans ce centre de transit aux allures fantomatiques. On y circule entre les containers grisâtres hébergeant des bureaux d’associations, dont plusieurs ont quitté les lieux depuis des années. Les affiches sur leurs portes sont décomposées par le temps. Érigé en 2015 lors du pic d’arrivées, ce centre de transit est désormais marqué par ses infrastructures délaissées : immenses tentes d’ONG, jeux pour enfants, hangars...

    Au fond du campement s’alignent des containers abritant des chambres de 6 lits superposés. Vides pour la plupart. Ce jour-là, seule une dizaine de personnes est présente sur le campement. 320 exilés y ont défilé, au total, dans les trois premières semaines d’octobre. Dans les sanitaires au sol humide, une fuite d’eau fait entendre un bruit de gouttes en continu.

    Seulement 149 demandes d’asile enregistrées en 2025

    Au bout du mois écoulé ici, les empreintes biométriques sont relevées, comme pour Lal Mohammad et sa famille en ce jour d’octobre. Une camionnette de la police embarque dès le lendemain le groupe de demandeurs d’asile déclarés pour les transférer à #Skopje, la capitale. Là, tous seront hébergés dans l’unique centre pour demandeurs d’asile du pays, situé à #Vizbegovo, dans la banlieue.

    "J’espère que nous poursuivrons bientôt notre voyage", confie Lal Mohammad. Car le père de famille ne compte pas réellement rester en Macédoine du Nord. Il veut simplement un moment de répit pour sa famille sur une route de l’exil éprouvante.

    La Macédoine du Nord est en effet avant tout un pays de #transit, sur la route des Balkans. Un petit territoire d’à peine deux millions d’habitants mais stratégique : cerné par la Grèce, la Bulgarie, la Serbie, le Kosovo et l’Albanie, il ne se trouve pas dans l’UE ni dans Schengen et constitue la voie principale depuis la Grèce pour rejoindre la Serbie, puis de là, l’Europe de l’Ouest.

    En 2024, 4 055 personnes originaires de 35 pays ont été enregistrées au centre de Vinojug. Or, on ne comptait que 307 demandeurs d’asile cette année-là, selon les chiffres de la Macedonian Young Lawyers Association, spécialisée dans l’accompagnement des demandeurs d’asile. Dont 131 enregistrées à Vinojug.

    En 2025, le chiffre promet même d’être en deçà : depuis le début de l’année, 149 demandes ont été enregistrées. En majorité des Syriens (46 personnes), suivis des Népalais, Irakiens, Turcs, Afghans et Egyptiens. Certains vont au bout de la procédure mais combien, comme Lal Mohammad, comptent en réalité récupérer un peu - du repos, un téléphone, de l’argent ou de la santé - , avec un toit sur la tête, avant de poursuivre leur route vers la Serbie ou le Kosovo ?

    "Personne ne veut rester en Macédoine du Nord"

    Deux jours plus tard on retrouve Asra, la petite de 3 ans, assise sur un chemin caillouteux à quelques dizaines de mètres du centre pour demandeurs d’asile de Vizbegovo. Vêtue d’un t-shirt "I love my mum", elle fronce les sourcils sous ses bouclettes de cheveux châtains, concentrée à agripper des pierres une par une. Et à les jeter tour à tour, aussi loin que possible.

    "Ne jette pas sur la route, Asra !" Debout à ses côtés, Mohamad Azim, un adolescent de 16 ans, veille sur la petite. Le jeune Afghan la couve du regard puis s’agenouille auprès d’elle en ouvrant ses bras. Les traits froncés d’Asra s’évanouissent alors en un grand sourire. Contre le sweat vert à capuche de l’adolescent, elle se blottit avec force.

    Mohamad Azim a fait la rencontre d’Asra, de son père Lal Mohammad et de sa mère au centre de Vinojug. Comme eux, le jeune Afghan s’est déclaré demandeur d’asile. Mais comme eux aussi, "mon but, ce n’est pas de rester ici. Personne ne veut rester en Macédoine du Nord. Si c’était possible, je partirai tout de suite en Serbie". L’adolescent a demandé l’asile pour avoir un temps de répit. Car il reste marqué par la zone frontalière éprouvante, les nuits en forêt, le froid, la pluie. "Nous n’avions pas de quoi manger ni de quoi boire. On se nourrissait des quelques raisins que l’on trouvait".

    Lui aussi a subi les pressions du passeur pour avoir fait ce choix de la pause. "Il m’appelait sans cesse pour me dire : ’Qu’est ce que vous foutez là, revenez en Grèce, je ferai en sorte que vous traversiez de nouveau cette frontière pour aller en Serbie’". Tout en gérant cette pression, le jeune homme a pris le temps de réfléchir et de revoir ses plans : il n’envisage plus à l’Italie, mais la Suisse pour finir son parcours d’exil et y demander une protection.
    L’arrêt obligatoire des blessés

    D’autres personnes s’arrêtent simplement à Vizbegovo parce que leur corps ne leur permet plus d’avancer. Ainsi Mohamed, 25 ans, originaire du Maroc, est coincé là depuis un mois à cause d’un problème à la jambe. "J’ai quitté la Turquie en juin. J’étais seul et j’ai découpé la bâche arrière d’un camion avec un couteau pour y entrer en espérant rejoindre la Grèce. Une fois arrivé en Grèce, j’ai sauté pour descendre pendant que le camion roulait, ce qui m’a valu une fracture à la jambe droite."

    Aidé par un groupe de jeunes, il a poursuivi son chemin pour passer la frontière macédonienne avec cette jambe cassée. Intercepté et amené au centre de transit de Vinojug, il y rencontre la Croix-Rouge... Qui le transporte immédiatement à l’hôpital de Skopje. "J’ai subi une opération, on m’a posé un plâtre et depuis ma jambe s’est un peu améliorée. Je marche avec une béquille. Mais je veux continuer mon chemin. J’attends juste que ma jambe guérisse."

    Le centre pour demandeurs d’asile de Vizbegovo, de 90 places, a été rénové ces dernières années grâce à un financement de 700 000 euros de la banque de développement du Conseil de l’Europe, contracté avec l’#OIM. Si le centre paraît en bon état à l’extérieur - InfoMigrants n’a pas été autorisé à le visiter - et que les autorités assurent qu’un médecin y assure des visites régulières, les conditions à l’intérieur n’y sont pas toujours satisfaisantes, selon les exilés rencontrés.

    "La nourriture est insuffisante ici, avec un seul repas par jour, servi à midi - pour nous maintenir en vie", soupire Mohamed. Un fait corroboré par un autre jeune Afghan de 17 ans, Kayum Arubi, qui déclare : "Le centre n’est pas très propre et la nourriture, servie une fois par jour, est mauvaise".

    Pour celles et ceux qui vont au bout de la procédure d’asile, le résultat est décevant presque systématiquement. "Malheureusement, la plupart des décisions sont négatives. Le demandeur d’asile a 30 jours pour soumettre un recours auprès de la cour administrative", explique Mitko Kiprovski, avocat et chargé de plaidoyer de l’ONG Jesuit Refugee Service (JRS), qui accompagne les demandeurs d’asile dans ces démarches. Si ce premier recours n’aboutit pas, il est toujours possible de s’en référer à la Haute cour administrative de Skopje. Mais si le refus est définitif, la personne a 20 jours pour quitter le territoire.
    Mariam*, l’une des deux seules réfugiées de Macédoine du Nord : "ici, je n’ai besoin de personne"

    Ainsi, les protections internationales délivrées ces dernières années se comptent littéralement sur les doigts d’une main. En 2024, suite à une mission en Macédoine du Nord, les rapporteurs du Comité contre la Torture, organisation des Nations unies, s’inquiétaient de ne recenser que 3 personnes sous protection subsidiaire vivant dans le pays en 2023, tandis que zéro statut de réfugié n’avait été délivré entre 2016 et 2023. Le pays n’étant pas dans l’UE - bien que sa demande soit en cours -, les critères de l’asile y sont moins stricts et scrutés qu’ailleurs.

    Deux ans plus tard en 2025, on ne compte en Macédoine du Nord que 5 personnes réfugiées - à savoir deux femmes, l’une Congolaise et l’une Syrienne et leurs enfants respectifs -, ainsi que deux 2 personnes sous protection subsidiaire (un Afghan, un Marocain) vivant dans le pays. La troisième personne qui avait réussi à obtenir une protection subsidiaire, un mineur isolé syrien, a quitté le pays. Idem pour un Afghan qui avait obtenu le statut de réfugié.

    Mariam*, 30 ans, est l’une de ces exceptions vivant à Skopje. Après avoir accouché en Grèce, cette Syrienne a traversé la frontière avec la Macédoine du Nord en 2018 alors qu’elle allaitait encore sa fille. Un peu comme Mohamed des années après elle, c’est la dangerosité du passage de frontière qui a stoppé son parcours. Entre la Grèce et la Macédoine, "la police a braqué ses projecteurs sur notre groupe. Tout le monde s’est enfui autour de moi. J’ai commencé à courir moi aussi en portant ma fille, mais je suis tombée dans un trou et je me suis cassé la jambe". En arrivant au centre de transit de #Vinojug, c’est l’association JRS qui la prend sous son aile et la transfère à l’hôpital de Skopje pour la soigner.

    Toutes les années qui ont suivi, JRS l’aide dans ses démarches d’asile et de logement, jusqu’à ce que Mariam obtienne le statut de réfugiée. L’ONG assure encore aujourd’hui un suivi de sa situation. La Croix-Rouge a pu, de son côté, lui trouver du travail chez eux, puis dans un restaurant, et lui prodiguer des cours de macédonien - un vrai défi pour Mariam, qui est analphabète. Aujourd’hui, sa fille a 9 ans. Elle est scolarisée et apprend le macédonien, avec moins de difficultés grâce à son jeune âge. Quant à la jambe de Mariam, après toutes ces années, "j’ai encore des broches... Je dois les faire retirer bientôt", glisse la Syrienne.

    Même si Mariam rencontre encore des difficultés pour apprendre la langue et pour subvenir aux besoins de sa fille avec son maigre salaire, elle l’assure : "Ici, c’est mieux qu’en Grèce. Là-bas, j’avais toujours peur. Je ne me sentais jamais à l’aise. Ici, j’ai des amis macédoniens que je vais voir et qui viennent me voir, je travaille et je n’ai besoin de personne."

    https://www.infomigrants.net/fr/post/67779/macedoine-du-nord--ce-petit-pays-des-balkans-ou-les-migrants-vulnerabl
    #route_des_Balkans #migrations #réfugiés #IOM

    • En Macédoine du Nord, la zone grise entre « #retours_volontaires » et expulsions déguisées vers la #Grèce (2/3)

      Dans la zone frontalière de la Macédoine du Nord, voisine de la Grèce, les migrants interceptés en arrivant dans ce pays des Balkans se voient offrir l’option du "retour volontaire" par la police macédonienne. Les témoignages recueillis sur place indiquent que la pratique - légale et encadrée sur le papier - navigue dans une zone grise où elle se transforme parfois en expulsions déguisées.

      Un chat roux bondit sur le capot de la voiture de la police aux frontières macédoniennes garée au beau milieu de l’allée centrale. Le félin bâille, s’étire de tout son long, s’assied pour contempler ce qui l’entoure. À l’intérieur du véhicule, un agent surveille d’un air blasé les agissements d’un groupe de jeunes tout juste arrivés ici, dans le centre de transit de Vinojug. Quelques mètres plus loin, un collègue observe lui aussi distraitement le groupe, l’œil davantage attiré par l’écran de son téléphone portable.

      Agglutinés dans l’ouverture de la porte du conteneur qui abrite leurs lits superposés, ces quatre jeunes tout juste arrivés de Grèce posent mille questions à la fois à qui veut bien les entendre. "Où se trouve Skopje [la capitale macédonienne] ?", "Si nous décidons d’aller là-bas, que va-t-il se passer ? Y a-t-il un camp ouvert là-bas ? Combien de temps ça prend pour nous y transférer ?" "Et si la police décide de nous renvoyer vers la Grèce, où est-ce qu’ils nous amèneront ?", s’enquièrent-ils.

      Arrivés hier soir dans ce centre fermé situé dans la petite ville frontalière de Gevgelija au sud de la Macédoine du Nord, ces jeunes sont plein d’incertitudes. Aux exilés venus de Grèce, interceptés et placés dans le centre de Gevgelija par la police aux frontières, deux choix se présentent. Soit demander l’asile pour rester en Macédoine du Nord et être transférés au centre pour demandeurs d’asile de la capitale, Skopje. Soit opérer un "retour volontaire" vers la Grèce.

      "Si nous retournons en Grèce et que la police nous arrête, nous serons emprisonnés pendant deux ans... Et puis dans la zone frontalière il y a des mafias qui pourraient nous kidnapper, nous avons peur", craint un des jeunes du groupe, Raheem, 19 ans, originaire du Caire en Egypte. Retourner en arrière pour s’en remettre une nouvelle fois aux passeurs et tenter un passage sans encombre ne lui semble pas le meilleur calcul.

      "Nous voulons juste être tranquilles et en sécurité... Si notre tranquillité passe par le retour en Grèce, qu’il en soit ainsi. Si notre tranquillité passe par un déplacement dans la capitale à Skopje, qu’il en soit ainsi", hésite-t-il.

      Le lendemain, nous apprenons que Raheem et les autres du groupe ont tous été ramenés en Grèce par la police. Y a-t-il vraiment eu un choix éclairé et informé ? Tous ces jeunes sans exception étaient-ils vraiment "volontaires" ? Mais surtout : qu’est-ce qu’un "retour volontaire" ?
      Les retours volontaires se font "à l’oral, sans documents à signer"

      En théorie, comme le définit l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), il s’agit du "retour assisté ou autonome vers le pays d’origine, de transit ou un pays tiers, sur la base du libre arbitre du retourné". Mais en pratique, en Macédoine du Nord, il s’agit d’une zone grise. Qui se décide uniquement à l’oral, s’installe dans un contexte de manque d’informations, et s’apparente parfois à un refoulement à chaud (ou "pushback") illégal.

      Contacté par Infomigrants, le ministère de l’Intérieur macédonien fournit sa définition de la procédure : "si ils ne sont pas demandeurs d’asile, si ils ne souhaitent pas postuler au programme AVRR (retour volontaire assisté et réintégration) de l’OIM, et si ils ne souhaitent pas rester au centre de transit de Gevgelija pour bénéficier d’une aide, ils sont libres de partir et nous savons qu’ils retournent en Grèce".

      Dans les premières années qui ont suivi le pic migratoire de 2015 et la création du centre de transit de Vinojug à Gevgelija, "la police ne laissait pas le choix et refoulait des groupes", observe Jasmin Redjepi, responsable de l’ONG Legis. En 2022 encore, le réseau Border Violence Monitoring publiait des cas documentés de pushbacks avec vidéos et localisations à l’appui. Qu’en est-il en 2025 ? "Aujourd’hui, la pratique a changé, il s’agit maintenant du choix des personnes", assure Jasmin Redjepi. Mais tout se fait à l’oral : "Il n’y a pas de document écrit à signer ou quoi que ce soit. La Grèce ne les empêche pas d’entrer en Macédoine, la Macédoine renvoie en Grèce : c’est une sorte de situation informelle entre les deux pays. C’est la même chose au nord, entre la Serbie et la Macédoine".

      Selon le responsable associatif, le déploiement en avril 2023 dans la zone frontalière sud de Frontex, l’agence européenne de protection des frontières, a fait évoluer positivement la pratique. "Désormais, quand quelqu’un veut rester ici et demander l’asile, son premier entretien se déroule avec Frontex qui indique ensuite à la police macédonienne : "Laissez-le au centre". Avant, il n’y avait que la police macédonienne, c’était bien plus arbitraire".

      L’analyse est partagée par les avocates de la Macedonian Young Lawyers Association (MYLA), qui rappellent que "ces centres de transit demeurent dans une situation juridique peu définie : ils sont placés sous un régime de "gestion de crise" qui dure depuis 2015, donc les gens à l’intérieur ont eux aussi un statut légal peu défini" - donc peu protecteur. "Ce sont des no man’s land, sous aucune juridiction", confirme Mitko Kiprovski, avocat et chargé de plaidoyer de l’ONG Jesuit Refugee Service. "Donc personne ne peut y émettre des documents, signer ou mettre un tampon".
      Sur un simple message du passeur, "les jeunes s’enfuient d’ici la nuit"

      Le "retour volontaire" est l’option très majoritairement retenue pour les exilés débarqués dans ce centre fermé de Vinojug, à la frontière. Mais pourquoi les exilés préféreraient-ils un retour vers la Grèce plutôt qu’un transfert vers la capitale et son centre ouvert pour demandeurs d’asile, à partir duquel il est aisé de partir vers la proche Serbie ?

      D’abord, à cause de la pression mise par les passeurs. Ceux-ci ont tout intérêt à ce que les exilés ne fassent aucune pause sur leur parcours, pour toucher plus vite la somme d’argent débloquable à chaque étape réussie. Or, être transféré de Vinojug vers la capitale Skopje prend du temps : souvent 30 jours d’attente. Mieux vaut donc, pour le business, que les migrants reviennent quelques centaines de mètres en arrière, tentent à nouveau le coup, passent sans encombres et atteignent plus vite la frontière serbe. "Il y a même des passeurs qui ont des stratégies : ils envoient un premier groupe en sachant qu’il va se faire intercepter, pour faire diversion et faire passer un second groupe derrière", évoque Jasmin Redjepi, de l’ONG Legis.

      C’est aussi l’analyse du ministère de l’Intérieur, qui détaille à Infomigrants : "ceux qui sont interceptés par la police macédonienne reçoivent immédiatement l’ordre des passeurs de retourner en Grèce, pour se rendre à nouveau au lieu de rassemblement, l’hôtel Hara, situé à environ 1,5 km, où un nouveau groupe est formé et où ils tentent à nouveau d’être passés clandestinement. Le paiement de l’activité de passeur ne sera effectué par la personne que lorsqu’elle sera arrivée du point A au point B, ce qui signifie qu’elle dispose d’un nombre illimité de tentatives pour être introduite clandestinement sur le territoire de notre pays. C’est pourquoi les personnes retournent volontairement en Grèce."

      De fait : de nombreux exilés acceptent la reconduite. Certains "s’enfuient" même de Vinojug avant que la police n’organise le trajet retour en fourgonnette. Car dans ce centre de transit fermé, les allées et venues sont contrôlées. "Par contre la nuit, ce n’est pas contrôlé. Souvent les jeunes s’enfuient de Vinojug la nuit. En passant au-dessus des grillages", glisse Jasmina, une autre membre de l’ONG Legis opérant au sein du centre de transit. Cette femme énergique aux cheveux rouges et au sourire doux semble connaître tous les secrets du centre, après plusieurs années d’expérience ici. Elle détaille : "Ils partent dès qu’ils reçoivent un message du passeur. Celui-ci leur indique de se rendre à telle ou telle localisation, juste de l’autre côté".

      e l’autre côté des grillages en effet, c’est la "green line" : la zone frontalière, couverte de quelques champs et d’herbes hautes. À l’horizon, la forêt et le paysage montagneux. La Grèce et son premier village, Idoméni, est toute proche. Une équipe d’InfoMigrants y avait d’ailleurs recueilli début octobre le témoignage d’une policière grecque, qui le reconnaissait : "Parfois ce sont les mêmes personnes qui retraversent, celles qui ont déjà été refoulées par la Macédoine du Nord".

      "Ces jeunes, on les retrouve ensuite 4, 5 fois de suite ici, dans le centre de transit", abonde Jasmina. Lorsqu’on lui demande son avis sur ce fonctionnement cyclique, la salariée se contente de hausser les épaules en un grand soupir.
      "Je ne voulais pas aller en Grèce les trois premières fois ! Ce sont les policiers qui me ramenaient"

      Reste que certains exilés résistent aux pressions des passeurs et ne sont en aucun cas "volontaires" pour retourner en arrière. C’est le cas de Mohammad Azim, 16 ans, qui a évité les appels "incessants" du trafiquant qu’il a payé - "Il me disait : ’Qu’est ce que vous foutez là, revenez en Grèce, je ferai en sorte que vous traversiez de nouveau cette frontière pour aller en Serbie”. Mais Mohammad Azim est fatigué de ces agissements. "Les passeurs ne font rien, on ne les voit jamais... On les paie mais je ne sais même plus pourquoi on les paie : c’est nous qui prenons tous les risques."

      Ce jeune homme assure donc avoir déclaré aux autorités, dès sa première interception, vouloir rester en Macédoine du Nord. Pour autant, la police aux frontières ne l’a laissé vraiment s’installer à Vinojug qu’au bout de la... quatrième tentative. À chaque fois, "les policiers macédoniens m’arrêtaient au passage de la frontière, ils m’envoyaient au centre de Gevgelija... Puis ils m’embarquaient avec un autre groupe de migrants qui était là dans ce centre pour nous ramener en Grèce", assure-t-il. Une expulsion, donc.

      Interrogé sur ces pratiques, le Crisis Management Centre (l’organe public régional qui régit le centre de Vinojug) nous renvoie vers le ministère de l’Intérieur, "parce qu’ils sont responsables de la procédure des retours volontaires". Du côté de Frontex, on nous invite également à nous adresser à l’Intérieur et on nous indique que "Frontex n’a pas reçu d’informations concernant le retour de demandeurs d’asile en Grèce." Sollicité par Infomigrants, l’Intérieur abonde : "nous n’avons reçu aucun signalement de ce type, ni de la part des autorités locales, ni de Frontex, ni des ONG".

      L’adolescent de 16 ans montre une camionnette blanche qui passe juste à cet instant sur la route derrière lui. "C’était dans ce genre de véhicules. Ça sert aux policiers pour mettre quasiment 10 personnes dedans. Ça s’est répété trois fois".

      Pourquoi n’a-t-il pas été refoulé, cette quatrième fois ? Difficile de le dire. Certains exilés croient savoir que cela dépend du nombre de places dans le centre de transit, ou des capacités de transfert vers Skopje. D’autres évoquent des décisions purement arbitraires. Quoi qu’il en soit : "On peut qualifier cette situation de pushback, surtout si cela se déroule loin de nos regards et que nous n’en sommes pas avertis", reconnaît et s’inquiète Jasmin Redjepi.
      Refoulé 8 fois d’affilée

      Bien que la présence de Frontex ait fait évoluer positivement les choses, il semble donc que cette pratique du refoulement vers la Grèce se poursuive. Moins systématiquement, plus discrètement. Mais tout aussi illégalement : un refoulement à chaud est contraire au droit car il empêche tout examen de la situation individuelle de la personne.

      Mohammad Azim a 16 ans. Or cette situation de minorité n’a jamais été prise en compte. Dans son rapport sur l’année 2024, les avocates de MYLA regrettaient déjà qu’il n’existe en Macédoine "rien pour les mineurs isolés, pas de procédure formelle de protection ni d’évaluation de l’âge" et que de manière générale "les migrants n’ont pas accès à un recours efficace contre l’expulsion informelle”.

      Rafiullah, un Afghan de 21 ans rencontré au centre pour demandeurs d’asile en banlieue de Skopje, raconte lui aussi avoir été refoulé... Huit fois d’affilée. Il doute même du nombre exact : "C’est seulement la 8ème ou la 9ème fois que l’on m’a enfin dit : "OK, tu peux rester ici".

      Or, Rafiullah affirme qu’il l’avait déclaré aux autorités dès la première interception : "Je voulais rester en Macédoine du Nord. Car je savais que si je demandais l’asile ici, à Gevgelija, après un mois on m’aurait transféré à Skopje. Et qu’une fois à Skopje, je pouvais aller facilement en Serbie".

      Maintenant qu’il a pu rester sur le territoire et rejoindre la capitale, le jeune homme n’a qu’une hâte : rejoindre l’Europe de l’Ouest, lui qui a un cousin travaillant dans une entreprise en France. Souriant, les yeux pétillants, il s’enquiert : "Est-ce que les Français sont plus bienveillants ? Ici, les gens dans les Balkans sont racistes : on me regarde toujours bizarrement comme ça" - il fronce les sourcils, la mine fermée, puis éclate de rire - "J’ai du mal à comprendre pourquoi".

      https://www.infomigrants.net/fr/post/67838/en-macedoine-du-nord-la-zone-grise-entre-retours-volontaires-et-expuls
      #renvois #expulsions #refoulements #push-backs

    • Interrogés, détenus comme témoins : en Macédoine du Nord, les conséquences sur les exilés de la lutte contre les passeurs (3/3)

      La lutte contre les passeurs est un enjeu stratégique en Macédoine du Nord, tant pour ce pays de transit sur la route des Balkans que pour l’Union européenne. Mais elle n’est pas sans revers : les personnes migrantes et les ONG témoignent notamment d’interrogatoires et de détentions arbitraires, sans cadre légal.

      Des dizaines et des dizaines de voitures s’entassent à l’entrée du centre de transit de Vinojug, au sud de la Macédoine du Nord. Un camion de marchandises dévoile, sous sa bâche, des montagnes de cageots. Un chien errant passe. Tous ces véhicules ont été saisis ces derniers mois par la police aux frontières macédonienne, lors des interceptions de groupes d’exilés tentant de franchir la frontière depuis la Grèce. Non loin de là, les reliefs du territoire grec dessinent l’horizon.

      "99%" des exilés qui passent dans cette zone frontalière le font grâce à un réseau de passeur, affirme le ministère de l’Intérieur macédonien, sollicité par InfoMigrants. L’Intérieur se dit tout à fait informé des lieux-clés : "lorsqu’ils arrivent en Grèce, ils reçoivent des instructions et sont envoyés vers un lieu de rassemblement situé près de la frontière, sur le territoire grec, près d’Evzoni, appelé Hôtel Hara, à environ 1,5 kilomètre" de Gevgelija, précise le ministère. Là, au pied de ce fameux hôtel tout simple, en bord de route, bordée d’une station-essence décrépie et de tables de pique-nique sous abri, "les passeurs les attendent et les conduisent à pied de manière illégale pour traverser le territoire macédonien."

      La lutte contre les passeurs en Macédoine du Nord, pays de transit pour les exilés souhaitant rejoindre l’Europe occidentale, est un enjeu national. Mais aussi et surtout européen - bien que ce petit pays des Balkans ne fasse pas partie de l’UE. Frontex y est déployé depuis avril 2023. Tout récemment, du 13 au 17 octobre, des experts de l’OLTIM (Office français de lutte contre le trafic illicite de migrants) sont venus former des policiers macédoniens sur la lutte contre les trafiquants. La formation est délivrée dans la cadre de "la coopération renforcée entre la France et le Royaume-Uni", précise le communiqué.

      Cette lutte active n’est pas sans conséquence sur les droits des exilés. À l’intérieur du centre de Vinojug, quatre jeunes hommes viennent d’arriver dans la nuit. "Le passeur m’a dit au téléphone : "Marche dans la forêt, et tu trouveras une voiture. Et dans trois ou quatre jours tu seras en Italie"", raconte l’un d’eux, Mohamed, un Soudanais de 21 ans. "Nous sommes restés deux jours dans la forêt sans manger, sous la pluie... Et il n’y avait pas de voiture", soupire-t-il.

      Les jeunes avaient formé un groupe de huit dans cette forêt. Mais ils ne sont désormais plus que quatre. Car après l’interception dans la nuit de leur groupe, "la police nous a amenés dans ce centre, a pris nos empreintes, a confisqué nos documents grecs et nos téléphones", racontent-ils. Puis quatre d’entre eux ont été emmenés à plus de deux heures de voiture de là, à Skopje, la capitale. Pour être entendus comme témoins au tribunal. Les quatre restés ici, l’air perdu, ne savent pas pourquoi, quand ils rentreront, ce qu’il va advenir d’eux-mêmes et de leurs effets personnels.
      Détenu comme témoin : la procédure "hors de tout cadre légal" en vigueur en Macédoine du Nord

      Ce transfert à Skopje pour être entendus comme témoins est une procédure inédite en Europe qui s’applique là en Macédoine du Nord. Systématiquement, une partie d’un groupe d’exilés intercepté est transféré à Skopje dans le centre de rétention de Gazi Baba (appelé "centre d’accueil pour les étrangers", en réalité un centre de détention pour ceux qui sont en irrégularité administrative). Le temps d’être présentés devant un juge. Non pas en qualité de prévenus ; mais bien de simples témoins.

      "C’est totalement illégal", dénonce Mitko Kiprovski, avocat et chargé de plaidoyer de l’ONG Jesuit Refugee Service (JRS). "C’est une situation qui n’est pas inscrite dans la loi. Le procureur donne des instructions orales à la police de détenir les personnes pour qu’elles témoignent contre les passeurs", expliquent les avocates de la Macedonian Young Lawyers Association (MYLA).

      "La détention arbitraire de migrants en situation irrégulière au centre de détention de Gazi Baba, qui doivent être présentés devant le tribunal pénal pour faire une déposition, reste préoccupante", épinglait déjà en octobre 2024 un rapport de la Commission européenne. Sollicité également sur ce sujet, le ministère de l’Intérieur n’a, à l’heure où nous écrivons ces lignes, pas répondu à nos questions sur ce point.

      De plus, parmi les quatre jeunes transférés à Skopje ce jour-là, se trouvaient deux mineurs, selon la base de données commune aux associations à Vinojug, et à la police aux frontières. "Nous avons longtemps mené un plaidoyer pour qu’il n’y ait plus de mineurs dans ce centre de détention", expliquent les avocates de la Macedonian Young Lawyers Association (MYLA). "Je passe mon temps à dire aux autorités que si elles veulent un jour intégrer l’Union européenne, il faut mettre fin à la détention administrative des enfants", insiste aussi Mitko Kiprovski.

      Cette pratique de la détention en tant que témoins s’est néanmoins améliorée. "Les années passées, les gens étaient détenus pour une plus longue période et la situation était pire", souligne Teodora Kjoseva Kostadinovska, de la Macedonian Young Lawyers Association. La période de détention en tant que témoin pouvait alors durer plusieurs semaines voire plusieurs mois.

      "Désormais, surtout en 2025, la situation s’est améliorée. Les gens sont détenus un ou deux jours. Ce qui n’est toujours pas légal, bien sûr", affirme Teodora Kjoseva Kostadinovska. En cas de jours non-ouvrés, les exilés peuvent rester jusqu’à 3 ou 4 jours en détention, précise de son côté Mitko Kiprovski.
      "La seule façon de sortir est de demander l’asile"

      Au-delà du fait qu’elle s’effectue hors de tout cadre légal, cette détention a des conséquences sur le parcours des exilés. Il est impossible de demander l’asile avant l’audience : “le dépôt d’une demande d’asile n’est autorisé qu’après que les témoignages de ces personnes devant le procureur dans le cadre des procédures engagées contre les passeurs ont été entendus", explique le rapport 2024 de la Macedonian Young Lawyers Association (MYLA).

      Enfin, après l’audience, les ONG expliquent que les personnes n’ont d’autre choix que de déposer une demande d’asile pour sortir de Gazi Baba. "La seule façon légale de sortir de détention est de faire une demande d’asile orale et ainsi d’être transféré au centre d’accueil pour demandeurs d’asile", en périphérie de Skopje, explique Mitko Kiprovski.

      MYLA a constaté aussi cette situation en 2024 à partir d’un groupe : "certains d’entre eux ont été transférés au centre d’accueil pour étrangers et, après avoir témoigné dans le cadre des procédures pénales engagées contre les passeurs, ils ont été libérés après avoir déposé une demande d’asile."

      Mais dans la pratique, ce qu’il se passe après est parfois aléatoire. Il arrive que les gens "soient laissés et partent dans des directions inconnues", indique Mitko Kiprovski. D’autres fois, les exilés sont ramenés au centre de transit de Vinojug. C’est le cas des quatre jeunes interrogés ce jour-là, qui ont rejoint, deux jours plus tard, les quatre restés à Vinojug. Tout de suite après, la police aux frontières les a reconduits sur le territoire grec, dans le cadre du "retour volontaire" qui s’applique là-bas - en réalité une zone grise frôlant parfois avec le refoulement illégal.
      "On m’a mis la pression" : des interrogatoires à l’intérieur même du centre de transit

      Rafiullah a l’allure droite, l’aisance et le sens de la tchatche des serveurs, lui qui a travaillé à ce poste dans un restaurant à Ankara, en Turquie, pendant trois mois, avant d’arriver en Grèce puis en Macédoine du Nord. L’anglais parfait, aussi. Le turc aussi : il l’a appris pendant ses mois à Ankara. Au total, ce jeune Afghan de 21 ans manie parfaitement cinq langues - en Afghanistan, il a suivi une formation de langues. "Je crois que plus j’apprends des langues, plus mon cerveau est capable d’en assimiler de nouvelles facilement", songe-t-il en souriant. Par conséquent, dans le centre de Vinojug, "j’aidais tout le monde, je faisais l’interprète".

      Mais cette faculté lui a attiré des ennuis "à cause ça, on me prenait pour un passeur". Déjà, le jeune homme a été dans le radar des autorités pour avoir tenté de passer huit fois d’affilée la frontière. "À chaque fois on me voyait avec un groupe différent. C’est aussi pour ça qu’on me prenait pour un passeur, je crois. La première fois, on ne m’a rien dit, les fois suivantes à chaque fois : pourquoi tu es avec ce groupe, tu es passeur ?"

      Debout dans son sweat à capuche vert aux côtés de Rafiullah, un autre jeune Afghan, Mohammad Azim, âgé de 16 ans, explique la logique : "quand tu essaies une fois et que tu échoues, que tu es reconduit en Grèce, le passeur te prend comme repère. Il te met avec quelques nouvelles personnes et te dit : "maintenant que tu sais comment ça fonctionne, c’est toi qui vas pouvoir les guider, et leur acheter un ticket de bus". De nombreux exilés tentent de monter dans un bus public qui se rend de Gevgelija à Skopje, très surveillé par la police.

      Rafiullah n’a pas choisi de passer huit fois : il assure avoir été refoulé contre son gré, lui qui voulait entrer dans le système d’asile pour être transféré à Skopje. Toujours est-il que la neuvième fois - il ne sait toujours pas pourquoi -, les autorités l’ont laissé s’installer à Vinojug... Non sans lui faire subir, cette fois, un véritable interrogatoire de police à l’intérieur même du centre de transit. "J’ai été interrogé par quelqu’un de la police, dans une salle en préfabriqué, tout seul. L’agent de police me demandait “tu es le passeur ? tu as aidé le passeur, non ?”. Il me mettait la pression, il me faisait croire que les autres m’avaient dénoncé comme tel."

      Pour rappel, "ces centres de transit demeurent dans une situation juridique peu définie", soulignent les avocates de MYLA. "Ils sont placés sous un régime de "gestion de crise" qui dure depuis 2015, donc les gens à l’intérieur ont eux aussi un statut légal peu défini". "Ce sont des no man’s land, sous aucune juridiction", confirme Mitko Kiprovski, avocat et chargé de plaidoyer de l’ONG Jesuit Refugee Service. "Donc personne ne peut y émettre des documents, signer ou mettre un tampon". Le cadre juridique de ce type d’interrogatoires, et l’accès à un droit à la défense, pose donc problème.

      Rafiullah explique à cet agent qu’il n’a fait qu’essayer de traverser comme les autres. "Je lui répondais que je n’avais rien à voir avec le passeur, que je savais qu’ils n’avaient rien contre moi, que moi je voulais rester ici en Macédoine. Après ça, ils m’ont laissé repartir dans le centre".

      Le jeune homme ne sera plus refoulé et bien enregistré comme demandeur d’asile à Vinojug. Mais "depuis cet interrogatoire, je n’ai plus jamais joué les interprètes. Je fermais ma bouche. Je ne parlais plus qu’anglais dans le centre". Un mois plus tard, il a été transféré au centre pour demandeurs d’asile de Skopje.
      À 16 ans, 10 mois de prison pour aide au passage

      C’est de ce centre situé en périphérie de la capitale, face à une lande à l’abandon et des toits en brique emmenant le regard vers les montagnes au loin, que sort ce midi-là, cigarette à la main, Kayum Aryoubi. D’emblée, il adresse un signe de la main. Son visage encore adolescent du haut de ses 17 ans, avec ses yeux ronds et ses grains de beauté autour d’une courte barbe, s’éclaire d’un sourire. Sur son k-way gris clair, au dos, il est écrit "A step forward" ("Un pas en avant").

      Le jeune homme est loin d’avoir eu un parcours insouciant. Il a quitté l’Afghanistan, avec un oncle, à l’âge de 10 ans. Toutes ces années, ils ont vécu en Turquie, puis en Grèce. Il y a onze mois de cela, tous deux ont franchi la frontière macédonienne : l’oncle a réussi à passer mais Kayum, lui, a été intercepté par la police. "On se trouvait dans un bus" - ce fameux bus public qui rejoint Skopje depuis Gevgelija - "quand la police nous a trouvés", commence l’adolescent. "Dans ce bus il y avait un Turc qui travaillait avec les passeurs. Mais ce Turc m’a dénoncé moi comme étant lié aux passeurs".

      Après une nuit au centre de transit de Vinojug, Kayum Aryoubi a été transféré à Skopje pour comparaître devant un tribunal. "Le Turc a témoigné contre moi. J’ai été condamné à 10 mois de prison". Il avait alors 16 ans.

      L’adolescent est incarcéré dans la prison de Kumanovo, au nord du pays, pour purger sa peine d’aide au passage. "C’était très violent”, souffle le jeune homme qui se dit traumatisé par son incarcération. "Les détenus étaient maltraités par les gardiens de cette prison, moi y compris. Je vivais dans une petite cellule avec 4 autres personnes". Les quatre étaient des prisonniers de droit commun macédoniens. "C’est là que j’ai appris le macédonien. Mais c’était très dur de vivre avec des gens de ce pays."

      À la fin de sa peine, on le transfère pour un mois à Gazi Baba, le centre de rétention pour étrangers. Les conditions au quotidien y sont meilleures, assure-t-il. Mais le jeune homme sombre mentalement. Il y a appris, il y a quinze jours, le décès de sa sœur et de ses deux frères dans un affrontement entre les Taliban et les Pakistanais. "Je me suis blessé avec un rasoir quand j’ai appris ça", confie-t-il en dévoilant, sur son torse, de longues cicatrices encore rouges. "Je voulais sortir de là. Et j’étais tellement triste que je ne savais pas ce que je faisais."

      Depuis trois jours, Kayum a été libéré de Gazi Baba et est hébergé en tant que demandeur d’asile déclaré dans ce centre ouvert de Skopje. Aujourd’hui, il veut partir en Serbie dès que possible. C’était son objectif depuis le début de son entrée sur le territoire macédonien. Mais pour ce faire, il a besoin d’un téléphone. Il y a onze mois, "quand j’ai été arrêté par la police macédonienne, ils m’ont pris mon téléphone. J’avais aussi 500 euros sur moi. Ils m’ont tout pris et ne me les ont jamais rendus", glisse-t-il.

      Le jeune homme espère un jour rejoindre la France pour y demander protection. "Obtenir l’asile y est moins difficile pour les Afghans", croit-il, "et j’ai des amis qui sont là-bas".

      https://www.infomigrants.net/fr/post/67859/interroges-detenus-comme-temoins--en-macedoine-du-nord-les-consequence
      #criminalisation_de_la_migration #passeurs #détention #détention_arbitraire

  • "The Ashes of Moria"
    https://www.youtube.com/watch?v=3ISMAJPcAUg

    A cinque anni dall’incendio che lo ha distrutto (8-9 settembre 2020) l’impatto del campo di Moria è ancora presente nelle vite delle persone che lo hanno vissuto, mentre l’approccio alla migrazione da parte dell’Europa continua a essere quello della deterrenza, del contenimento e della detenzione.

    Attraverso una serie di interviste con persone migranti che hanno vissuto nel campo greco, operatori sociali e attivisti che lo hanno conosciuto da vicino, questo documentario esplora l’eredità di Moria, raccontando la durissima realtà del campo, le ripercussioni che ha causato sulla vita delle persone e il suo ruolo nelle politiche di detenzione e deterrenza e nei processi di integrazione.

    #Moria #réfugiés #migrations #Grèce #camp_de_réfugiés #incendie #Lesbos #ce_qui_reste #silence #feu #camps_de_réfugiés #2020 #traces #hotspot #accord_UE-Turquie #asile #accampement #tente #froid #chaleur #tentes #sécurité #peur #nuit #viols #toilettes #survie #vols #criminalité #violence #faim #attente #santé_mentale #dépression #PTSD #queue #suicide #tentatives_de_suicide #enfer #dissuasion #politique_de_dissuasion #déshumanisation #propagande #nationalisme #racisme #instrumentalisation #instrumentalisation_politique #discriminations #bruits #sons #8_septembre_2020 #honte #contrôle_biopolitique #Kos #Samos #Kios #prisons #closed_controlled_accesse_centres (#CCACs) #éloignement #isolement #marginalisation #marges #camps_fermés #îles #Vastria

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    ajouté à la métaliste sur l’#incendie de #septembre_2020 dans le #hotspot de #Moria, #Lesbos (#Grèce) :
    https://seenthis.net/messages/876123
    #film #documentaire #film_documentaire

    • “The Ashes of Moria”: che cosa rimane del campo profughi più grande d’Europa?

      Il film di Davide Marchesi e Majid Bakhshi, prodotto da ColoreFilm e distribuito in Italia da Altreconomia, ripercorre la storia di quello che è stato il simbolo del fallimento europeo in tema di “accoglienza” e “protezione”, sull’isola greca di Lesbo. A cinque dall’incendio che lo ha distrutto, il documentario porta nel cuore del campo, tra odori, rumori, paure e violenze. Allo stesso tempo offre le coordinate per capire i meccanismi attuali delle brutali politiche europee

      Mo Zaman cammina tra le macerie di un posto di cui riconosce gli odori, “gli stessi di albero di ulivo”, ma non i suoni. “Non avevamo questo silenzio prima qui”. Ricorda le sensazioni, il freddo e la paura, il terrore ma non gli spazi vuoti. Il suo è un ritorno in un luogo di cui conosce le strade a memoria nonostante di fatto non esista più. Mo Zaman è uno dei protagonisti di “The Ashes of Moria” (52′), il documentario di Davide Marchesi e Majid Bakhshi, prodotto da ColoreFilm e distribuito in Italia da Altreconomia, che a cinque anni dalla distruzione del campo di Moria sull’isola greca di Lesbo ripercorre la storia di quello che è stato l’emblema del fallimento europeo.

      È lui a raccontare che a Moria gli incendi erano frequenti e difficili da gestire, proprio come quelli che finirono per distruggerlo completamente. Il centro di identificazione e registrazione di richiedenti asilo e migranti più grande d’Europa, pensato come risposta a quella che erroneamente viene ancora definita la “crisi dei rifugiati” del 2015, nella notte tra l’8 e il 9 settembre 2020 bruciò irrimediabilmente.

      Eppure, come afferma Mo Zaman, “anche se possono cancellare Moria da questo posto, non potranno mai cancellare il nome di Moria”. Di certo non lo potranno mai cancellare dalla memoria delle migliaia di persone, al momento dell’incendio erano intorno alle 15mila, che vi sono passate e che vi hanno trascorso giorni, mesi, ma anche anni, in attesa. Le conseguenze, i residui, le ceneri di un’immensa crisi di salute mentale capace di fare più danni che quelli della guerra stessa da cui queste persone scappavano, come si racconta nel film, rimangono nella loro mente.

      “Mancava acqua potabile, cibo, elettricità, igiene -ricorda infatti Majid Bakhshi, uno dei due autori che ha vissuto nel campo-. È importante parlare della mia esperienza a Moria e, in generale, di persona che cerca di trovare la propria strada in condizioni difficili. Ciò che intendo dire è che, quando arrivi come migrante o rifugiato in Europa, o in qualsiasi altro paese del mondo, inizi un processo che sarà piuttosto difficile e per nulla, incerto e molto stressante. Può essere molto opprimente, soprattutto se non ricevi alcun supporto puntuale, e se devi affrontare tutti i problemi da solo. E trovo molto difficile anche staccarmi in qualche modo da alcuni di quei ricordi. Sono nella mia testa, come se dovessero restare con me per non so quanto tempo”.

      “Uno degli aspetti che spero che emerga è l’impatto psicologico a lungo termine della vita nel campo, non solo sulle singole persone che è sicuramente importantissimo, ma anche sulla società in generale -spiega il regista Davide Marchesi-. Avvicinarsi a queste persone e guardare le loro vite è struggente anche perché è doloroso pensare che noi abbiamo reso così difficile la loro vita”.

      Alternando immagini di archivio e fotografie, anche satellitari, alle interviste di chi ci ha vissuto, degli operatori sociali e degli attivisti, il documentario ci porta dentro il campo fino a farcene sentire la “puzza oscena” e le grida notturne, a farci provare il senso di insicurezza di ritrovarsi in un luogo pensato per accogliere fino tremila persone e arrivato a contenerne 25mila. Un posto dove i nervi a fior di pelle erano micce accese, dove si viveva giorno per giorno e contava solo sopravvivere.

      “Da una parte a Moria non ti veniva data possibilità di fare nient’altro se non preoccuparti di cose molto elementari, della sopravvivenza quotidiana -prosegue Marchesi-. Dall’altra ognuno si portava dentro questa gigantesca preoccupazione di che cosa gli sarebbe successo nel futuro, dell’attesa di una risposta alla richiesta di asilo”.

      La fame, le lunghe code, la mancanza di qualsiasi bene necessario trasformava le persone in poco tempo, cambiandone le mentalità e portandole a perdere qualsiasi tipo di fede. In una parola sola era l’inferno, usandone qualcuna in più Mo Zaman dice che “Moria eccelleva nell’essere orribile”.

      “Non credo che per noi sia possibile veramente capire che cosa significasse stare lì, perché è peggio che stare in prigione -aggiunge Marchesi-. Se non sai quando finirà l’attesa, psicologicamente è molto peggio. Per questo se da una parte le immagini di questo documentario testimoniano molto bene com’era Moria, dall’altra non gli rendono in nessun modo giustizia, perché manca il fattore temporale”.

      Dal cuore del campo “The Ashes of Moria” ci porta anche al di fuori, dandoci le giuste coordinate per ricostruire e comprendere quello che stava accadendo nel frattempo all’esterno. Non tanto una “crisi dei rifugiati” quanto del sistema di accoglienza di un’Europa lenta, impreparata, per certi versi anche sadica, che diventa una promessa tradita di una vita migliore e di diritti umani finalmente riconosciuti e protetti.

      “Abbiamo rischiato le nostre vite attraversando l’Egeo e non siamo venuti qui per essere abbandonati”, protestano le persone migranti. “Quando sono arrivata in Grecia ho subito discriminazione perfino per la mia esistenza. Come rifugiati non vogliono neppure che esistiamo”. E la domanda: “Dov’è finita l’umanità?” ricorre spesso nelle loro parole. Tutti sapevano che cosa succedeva ma nessuno faceva nulla per cambiare la situazione tanto che, come osserva nel film Carlotta Passerini, psicologa che lavorava con i residenti del campo “penso davvero che questo sia stato fatto per disumanizzare le persone. È più facile condannare qualcuno che non si considera umano o una persona che si comporta come te”.

      Moria sembra essere dunque il punto di partenza, l’origine di tutto quello che di peggio abbiamo ancora oggi: la propaganda che racconta le persone migranti come una minaccia pronta a invaderci, i nazionalismi e i razzismi. “In un certo senso è così -riflette Marchesi-. Ma allo stesso tempo nel momento in cui ho iniziato a fare ricerca, a cercare di capirne di più, mi sono accorto che alla fine l’approccio è sempre lo stesso. A Moria non è stato inventato nulla di nuovo. L’Europa da Schengen in poi ha reso evidente in tutti i modi che va bene la libera circolazione delle persone all’interno, ma chi viene da fuori deve essere ipercontrollato e se possibile tenuto fuori. Possiamo infatti chiamare le nuove costruzioni realizzate dopo Moria campi ad accesso controllato, possiamo chiamarli strutture ricettive, possiamo chiamarli Cpr, alla fine il modo di operare è uno: quello della detenzione e della deterrenza”.

      “Moria era usato per mettere paura alle persone -afferma infatti nel film Lefteris Papagiannakis, direttore del Greek council for refugees-. Ma non ha funzionato perché la deterrenza non funziona mai”. Così come non funzionerà per i cinque nuovi closed controlled access centre, vere e proprie prigioni in posti isolati, lontano da tutto e tutti. La loro costruzione nelle isole dell’Egeo settentrionale Chios, Kos, Leros, Lesbo e Samos è iniziata subito dopo la distruzione di Moria, già a partire dalla primavera del 2021, ricevendo più 250 milioni di finanziamenti dall’Ue (si veda su questo il progetto “Chiusi dentro. Dall’alto” pubblicato da Altreconomia in collaborazione con PlaceMarks nel settembre 2024).

      Da qui l’importanza di questo documentario: quella di “creare una testimonianza” affinché si mantenga alta l’attenzione su temi che nonostante il centro di Lesbo non esista più ancora ci riguardano. “Moria e in generale i campi sono dei laboratori di come si vogliono gestire le politiche migratorie e non solo -dice l’autore-. In questi luoghi, ad esempio, si testano nuove tecnologie di sorveglianza che poi verranno applicate non solo in ambito detentivo ma anche di controllo sociale. Per questo è importante creare documenti che possano rimanere nel tempo”.

      “The Ashes of Moria” è quindi un documentario sul campo di Moria e sulle persone migranti che ne sono stati prigioniere, ma si rivolge a noi, europei, occidentali e ci chiede di fare i conti con quello che siamo e abbiamo lasciato o contribuito a far accadere. “Non dobbiamo nasconderci o dimenticarci di quello che succede sui nostri confini -conclude Marchesi-. È importante riflettere su quello che come società, siamo capaci di fare a persone che in questo caso sono parte di una popolazione in movimento ma in un altri casi potrebbero essere le persone lgbtqi+ e in altri ancora i dissidenti politici o altro. Una società che è stata capace di fare quello che ha fatto a Moria nei confronti di persone che considerava una minoranza e che reputava in qualche modo ‘scomode’ sarà capace di farlo sempre e con chiunque”.

      https://altreconomia.it/the-ashes-of-moria-che-cosa-rimane-del-campo-profughi-piu-grande-deurop

  • #Frontex, agent intouchable du #renseignement_migratoire

    L’Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes, Frontex, est devenue, en vingt ans [1], le bras armé des politiques sécuritaires de l’Union européenne (UE) et de ses États membres. Initialement créée pour coordonner le contrôle des #frontières, organiser les #expulsions et produire des « #analyses_de_risques » des mouvements de populations, Frontex a élargi son champ d’intervention bien au-delà des questions migratoires.

    Nonobstant des enquêtes institutionnelles et journalistiques ayant démontré que ses officiers s’étaient rendus coupables de graves #violations_de_droits, tout semble organisé pour que la responsabilité de l’agence Frontex ne soit ni engagée ni reconnue. En sus de ses traditionnelles activités de #surveillance et de #contrôle des frontières prévues dans le règlement (UE) 2019/1896, l’agence tentaculaire dotée de moyens exponentiels est devenue tout à la fois agent du renseignement, négociateur, influenceur et membre d’un réseau de dissuasion violente, que rien ni personne ne semble pouvoir arrêter.

    Produire de l’information, qu’importe sa véracité

    Comme pour tout bon agent du renseignement, recueillir et exploiter des informations relevant de la vie privée est un axe essentiel du travail de Frontex. Elle collecte ces #données par le biais des États membres, d’agences européennes et d’organisations partenaires, mais aussi dans le cadre de ses propres opérations (maritimes, aériennes, terrestres). Elle est présente aux #frontières_maritimes (Méditerranée centrale et Manche), ainsi qu’aux #frontières_terrestres et aériennes de plusieurs pays (#Albanie, #Géorgie, #Monténégro, #Serbie, #Macédoine_du_Nord, #Moldavie, #Ukraine). Elle a progressivement élargi ses activités vers la zone #pré-frontière de l’UE et ouvert des bureaux #satellites temporaires dans des pays tiers du voisinage méridional et en #Afrique_de_l’Ouest [2].

    Quantité d’informations sont susceptibles d’être enregistrées : certaines sont générales, telles les routes migratoires empruntées, les dates de franchissement de frontière, les listes de passagers ou le pays de provenance ; d’autres, plus spécifiques, sont relatives aux #données_biographiques, aux incidents au cours d’opérations, jusqu’au lieu où se cachent les personnes au moment du contrôle. Les données recueillies nourrissent divers fichiers, parmi lesquels celui d’#Eurosur, instrument de surveillance et d’échange d’informations entre Frontex et les États membres, ou le #Joint_Operation_Reporting_Application (#Jora). Elles donnent aussi – et surtout – lieu à la production de #rapports_analytiques, avec une photographie de la situation aux frontières, supposés permettre de déterminer le niveau de « #risques » de déplacements vers le continent européen.

    Le Contrôleur européen de la protection des données (CEPD) estime que, malgré les moyens déployés, les « analyses de risques » produites par l’agence sont fondées sur des informations peu fiables, obtenues lors d’entretiens menés sans le consentement des migrant·es ni protection de leur identité [3]. Il a également émis des réserves quant à la sécurisation des données et l’ampleur de la collecte.

    L’#opacité des activités de Frontex inquiète aussi le Médiateur européen, qui a traité plusieurs plaintes concernant l’impossibilité d’accéder à des documents et informations. Il faut préciser que l’agence est très réticente à fournir les informations demandées, y compris à ses propres contrôleurs, chargés depuis 2019 d’évaluer en permanence le respect des droits fondamentaux dans ses activités opérationnelles [4].

    Frontex reconnaît elle-même que ses chiffres comportent des #erreurs : alors qu’elle communique chaque année sur le nombre de franchissements de frontières non autorisés, elle admet qu’« il n’existe aucun dispositif permettant d’établir le nombre exact de personnes ayant franchi les frontières [5] ». Mais pour elle, il s’agit presque d’une question secondaire : selon sa directrice adjointe, Aija Kaljana, « il est essentiel de devenir une organisation axée sur le #renseignement, car les ressources humaines et techniques sont limitées [6] ». L’ambition de Frontex est donc de passer d’une agence du contrôle migratoire à un #service_de_renseignement.

    Travailler en synergie, y compris hors du champ migratoire

    L’agence, au cœur d’un vaste réseau d’échanges de données, coopère avec de nombreux services, civils ou militaires, ayant des objets aussi variés que la pêche, la lutte contre le #narcotrafic ou la #sécurité_aérienne [7]. Frontex a créé, en 2018, la #Maritime_Intelligence_Community–Risk_Analysis_Network (#MIC-RAN), soit une communauté du #renseignement_maritime et un réseau d’analyse des risques, pour collecter des données et diffuser des rapports sur les #menaces_maritimes (i.e. l’appropriation illégale des zones maritimes, les conséquences du réchauffement climatique, les « usages illégaux » de la mer). Autre illustration de la diversité de ses collaborations : l’agence négocie des accords avec des sociétés d’affrètement comme #EASP_Air, #DEA_Aviation ou #Airbus [8] qui fournissent des #aéronefs, le personnel pour les exploiter et l’infrastructure technique pour la transmission des données enregistrées, en temps réel, au siège à Varsovie [9]. Elle capte également des données depuis l’espace, car elle a conclu un contrat avec #Unseenlabs, une entreprise française spécialisée dans la surveillance maritime par radiofréquence depuis l’espace, ou se sert des satellites du programme #Copernicus d’observation de la Terre qui sont utilisés pour la sécurité, la protection civile, la gestion de l’environnement et la recherche sur le changement climatique [10].

    Engagée dans des projets de recherche et développement, l’agence finance ceux qui se focalisent sur le matériel de surveillance [11]. Elle a étroitement suivi les avancées du programme #ITFlows, un outil de prédiction des flux migratoires à partir de techniques d’analyse automatisée de données, en y contribuant activement via la fourniture d’informations récoltées dans le cadre de ses missions [12]. Dans le même registre, elle a organisé avec des garde-côtes italiens, début 2025, un atelier international intitulé Évolution des garde-côtes : l’#intelligence_artificielle et les systèmes sans pilote améliorent les opérations de recherche et de sauvetage. Vaste programme à l’heure où le recours à l’intelligence artificielle (#IA) pose de sérieuses questions éthiques [13].

    Au-delà des frontières de l’Europe, Frontex multiplie des #campagnes qui sont de véritables opérations de séduction, afin de s’assurer du concours des États tiers pour empêcher les départs depuis les pays d’origine. Ainsi est-elle à l’initiative du projet #Africa–Frontex_Intelligence_Community (#Afic) dans huit pays africains (#Côte_d’Ivoire, #Gambie, #Ghana, #Mauritanie, #Niger, #Nigeria, #Sénégal et #Togo), officiellement lancé pour « collecter et analyser des données sur la #criminalité_transfrontalière et soutenir les autorités impliquées dans la #gestion_des_frontières ». Frontex a également organisé des séances opérationnelles de #sensibilisation à la lutte contre la #fraude_documentaire et la fraude à l’identité en #Albanie, #Bosnie-Herzégovine, #Égypte, #Géorgie, #Moldavie, #Macédoine_du_Nord, #Serbie et en #Tunisie.

    Comme pour conforter sa place centrale dans le réseau d’information qui surveille tout et constamment, c’est avec les services de répression, tels l’#Office_européen_de_police (#Europol) et l’#Organisation_internationale_de_police_criminelle (#Interpol), que l’agence a intensifié ses relations. Depuis 2008, Frontex signe des accords de coopération et des plans d’action conjoints avec Europol pour partager avec cette agence les informations qu’elle recueille, singulièrement via Eurosur, à des fins de lutte contre la criminalité ou le terrorisme. Sur le terrain, cette entente s’est notamment matérialisée durant des opérations relevant de la politique de sécurité et de défense commune (opérations #Sophia et #Jot_Mare en 2015). Plus surprenant : en 2024, Frontex a codirigé une opération internationale visant à lutter contre la #contrebande_de_drogue par voie maritime en fournissant un soutien technique et opérationnel [14] ; elle est aussi intervenue pour des opérations de soutien pendant les #Jeux_olympiques en France [15], pendant la compétition de l’Euro en Allemagne, ou encore durant la guerre en Ukraine... Elle outrepasse ainsi sa mission initiale et s’érige comme un organe de « super-contrôle ».

    De son côté, Interpol travaille avec l’UE et Frontex dans le domaine de la sécurisation des frontières, sous forme de collaborations techniques, de #formations et de projets de recherche communs. Frontex a élaboré un manuel de référence contenant des alertes de falsification et des cartes de contrôle rapide servant d’aides visuelles à la décision lors de la vérification de documents. Ce dispositif est désormais au cœur du système de bibliothèque électronique de documents #Frontex-Interpol (#Fields). Les #bases_de_données d’une agence de surveillance des frontières et celles d’une organisation de lutte contre la criminalité sont dès lors interconnectées.

    Une agence opaque et délétère qui influence les législations

    Plusieurs enquêtes documentées décrivent les actes illicites commis par l’agence sur ses terrains d’intervention. Il n’est plus à démontrer qu’elle s’est rendue complice ou coupable, à de nombreuses reprises, de #refoulements (#push-backs) en Grèce, pourtant interdits par le droit international. Des refoulements qui sont recensés dans sa base de données #Jora comme de simples opérations de « #prévention_de_départs [16] ». Des pratiques similaires ont été dénoncées à la frontière bulgare, où des violences ont été commises par des garde-frontières participant aux opérations de Frontex [17]. À #Chypre, de nombreux ressortissant·es syrien·nes ont été illégalement enfermé·es et d’autres ont été expulsé·es vers la Syrie, sous les yeux d’officiers de Frontex [18]. Des pratiques épinglées par l’Office européen de lutte antifraude (Olaf), qui a émis des doutes sur « la capacité de l’agence FRONTEX à […] veiller au respect et à la protection des droits fondamentaux dans toutes ses activités aux frontières extérieures ».

    L’agence va jusqu’à fabriquer de fausses informations lorsqu’elle prétend sauver des vies en mer, alors qu’elle transmet la position des embarcations en détresse aux #garde-côtes_libyens, dont les comportements violents envers les personnes migrantes sont notoires [19]. Il lui arrive aussi d’interrompre la prise de vue aérienne au-dessus de la mer Méditerranée pour ne pas avoir à référer d’abandon de personnes en mer [20]. En 2023, un navire où s’entassaient près de 200 migrants au large des côtes italiennes (Crotone) ne présentait, selon le rapport d’incident de Frontex, « pas d’intérêt particulier ». La même année, Frontex a omis d’envoyer un signal de détresse lors du naufrage de l’Adriana (Pylos), provoqué par une manœuvre des garde-côtes grecs [21]. Faut-il le rappeler, alerter les secours relève pourtant d’une obligation internationale de droit maritime. La multiplication des cas de refoulements ou le silence gardé à la vue d’embarcations en détresse contribuent à abaisser les standards de protection. L’agence fait en outre croire qu’elle s’intéresse au sort des personnes expulsées, voire améliore leur situation, lorsqu’elle met en avant les effets bénéfiques qu’aurait eu le retour dans le pays d’origine [22]. La violation des #droits_fondamentaux se banalise et, dans un contexte d’impunité généralisée, est traitée en matière migratoire comme un dommage collatéral.

    Malgré ces multiples mises en cause, Frontex exerce une influence croissante sur les instances politiques et les législations européennes. Ses « analyses de risques » sont l’unique source d’information de la Commission européenne, et l’image construite d’une perpétuelle « #crise aux frontières » qu’elles donnent à voir sert à justifier l’augmentation des contrôles et des mesures sécuritaires. Depuis des années, l’agence véhicule une image négative de la migration en la présentant comme une menace dont il faudrait se protéger.

    Cette image trouve sa traduction dans les réformes législatives. L’insistance de Frontex à alerter, dans ses rapports d’activité, sur « les #mouvements_secondaires […] à grande échelle » ou sur la persistance de la #pression_migratoire a sans nul doute contribué à l’adoption, en 2024, du #pacte_européen_sur_la_migration_et_l’asile. Un pacte dans la mise en œuvre duquel Frontex détient un rôle clé, avec, notamment, les nouvelles attributions qui lui sont confiées aussi bien lors des procédures frontalières (« #filtrage ») que dans l’organisation des #expulsions. Onze États sont en train de s’équiper d’un système informatique numérisé de gestion des retours sur le modèle du #Return_Case_Management_System (#Recamas) mis au point par Frontex.

    La réforme du règlement #Eurodac ouvre une nouvelle brèche en permettant à l’agence de consulter le #répertoire_central_des_rapports_et_statistiques (#CRRS) et d’avoir accès aux #statistiques de l’agence de l’Union européenne pour la gestion opérationnelle des systèmes d’information à grande échelle au sein de l’espace de liberté, de sécurité et de justice (#EU-Lisa).

    Enfin, la #réforme en cours des directives « Facilitation » et « Retour » risque de renforcer les pouvoirs de l’agence, en augmentant – encore – son #budget et en l’autorisant à transférer à des pays tiers des données relatives à des ressortissants aux fins de #réadmission.

    Une agence peu fiable, mais intouchable

    Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), plus de 74 352 personnes ont trouvé la mort depuis 2014 en tentant de franchir les frontières [23]. En dehors du champ de la migration, l’acteur, personne physique ou morale, qui serait impliqué dans une telle hécatombe serait poursuivi et jugé, voire condamné. Malgré les preuves tangibles de la #responsabilité de Frontex, comme de l’UE et de ses États membres, dans ces drames, aucun d’entre eux n’a jamais été inquiété. Bien au contraire, la Commission européenne confirme son agenda politique basé sur la mise à l’écart des personnes exilées en donnant à l’agence un rôle de premier plan dans les politiques migratoires européennes et en proposant de tripler ses effectifs. Les États s’appuient toujours plus sur Frontex : en 2024, la #Belgique a adopté une loi pour permettre le déploiement d’officiers de l’agence sur son territoire afin de soutenir la police fédérale dans l’exécution des expulsions. Le #Royaume-Uni a signé un accord de coopération avec Frontex sur divers aspects de la gestion des frontières, comme la surveillance et l’évaluation des risques, l’échange d’informations, le renforcement des capacités et le partage d’expertise. Dans ces conditions, pourquoi l’agence intouchable s’arrêterait-elle là, même coupable du pire ? La meilleure défense étant l’attaque, la criminalisation des solidarités et la décrédibilisation de celles et ceux qui dénoncent ses actions – à l’image de la campagne Abolish Frontex accusée de « discours haineux » – sont érigées en stratégie de dissuasion. De même, celles et ceux qui pallient l’action défaillante des États, comme les ONG de sauvetage en mer, sont assimilées à des réseaux de passeurs. Une #rhétorique qui ressemble à s’y méprendre à celle des partis populistes.

    https://migreurop.org/article3472.html
    #migrations #réfugiés #directive_retour #directive_facilitation

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  • Settler terror devastates West Bank olive harvest

    Israeli military restrictions and over 150 settler attacks in the past two weeks have prevented many Palestinians from harvesting this year’s crop.

    Early Sunday morning, 53-year-old Afaf Abu Alia was harvesting olives with her brother and children along with other families and protective presence activists in a grove near Turmus Ayya, a Palestinian town north of Ramallah in the occupied West Bank. She managed to fill just one basket before a mob of 100 settlers descended from the nearby outpost of Or Nachman.

    Armed with clubs and stones, the settlers began attacking harvesters and activists, setting several vehicles ablaze. “We had left our equipment in my brother’s car and retreated as they got closer,” she told +972. But when they returned to the car to flee, the tires had been slashed. Soldiers arrived, detained her brother, and fired tear gas at them.

    Choking from the gas, Abu Alia sat under a tree to wait for her brother. “Suddenly, I saw settlers running towards me. I tried to flee, but one caught up and hit me on the head and arm with a club. They also threw stones at people nearby.”

    Abu Alia was taken to the Istishari Hospital in Ramallah, where she spent a night in the intensive care unit with a brain bleed and received 18 stitches in her head. “I thought that was it, that I was going to die,” she told Middle East Eye from her hospital bed, where she remains in serious condition.

    The olive harvest in Palestine began less than two weeks ago, and already it is shaping up to be one of the most violent yet. Across much of the West Bank, Israeli forces are preventing Palestinian farmers from reaching their groves — even in areas where access was unhindered during last year’s deadly harvest season — and arresting and deporting international activists assisting the farmers. At the same time, settlers are destroying olive groves, cutting down trees and lighting them on fire, while attacks on harvesters are growing in both frequency and severity.

    According to the Palestinian Authority’s Colonization and Wall Resistance Commission, 158 attacks have been recorded against olive pickers since the start of the harvest season on Oct. 9. In the first week of the harvest alone, 27 villages were affected by attacks on harvesters, theft of crop and harvest equipment, and the destruction of olive trees.

    On Oct. 10, as Palestinian and international activists from the Zaytoun2025 solidarity campaign joined farmers in the fields, a group of settlers accompanied by soldiers attacked harvesters in the village of Beita. Although no prior coordination is required to harvest olives in this area, soldiers ordered the farmers to leave. When they refused, soldiers fired tear gas, while settlers hurled stones and assaulted both harvesters and journalists. Twelve vehicles were torched during the incident, including the car of AFP photojournalist Jaafar Ashtiyeh.

    The following day, farmers discovered that at least 200 olive trees belonging to residents of Khirbet Abu Falah and Turmus Ayya had been cut down overnight. “They arrived while we were asleep and cut all the trees,” said Samir Shouman, a land owner from Khirbet Abu Falah, speaking to +972 on Friday as farmers and activists returned to the groves to assess the damage. “We waited all year for this moment, but as you see there are no olives and there will be no oil this year.”

    In a rare occurrence, Israeli soldiers accompanied the harvesters on that visit — widely seen by the farmers and activists as an attempt to contain public outrage after the highly publicized attack on Sunday in Turmus Ayya, which was captured on video by American journalist Jasper Nathaniel.

    Nathaniel told +972 that the army had facilitated the ambush. “We were trapped by settlers in one direction. We tried another way, and the army blocked us,” he said.

    When he got out of the car to ask the soldiers for help because settlers were blocking their exit, the soldiers pointed their guns at him. “They said they’d help and move the settlers, but then they sped off and left us with two settlers on an ATV, one of them with a gun,” he recalled. “Two minutes later, 100 settlers appeared out of nowhere and attacked us.”

    Even Judea and Samaria District Police Commander Moshe Pinchi — who has previously stated that protecting settlements takes precedence over maintaining law and order, and under whose command settler violence has surged — wrote in an internal police forum that “the images haunted my sleep.” Yet shocked as he may have been, no arrests have been made. What’s more, the police investigation has focused narrowly on a single settler, rather than the coordinated nature of the attack and apparent greenlight settlers received from the authorities.

    An Israeli military spokesperson told +972 that “upon receiving the report [on Sunday], IDF and Israel Police forces arrived at the scene to disperse the disturbances.” Nathaniel rejected this version of events. “That never happened,” he said. “The attack lasted between 15 and 20 minutes, the [army] knew we needed help, and they left us alone.”
    ‘I had to remind the officer I was nearly killed’

    The day after the attack in Turmus Ayya, harvesters returned to their fields near the Or Nachman outpost. Established in 2024, Or Nachman sits between Turmus Ayya and Al-Mughayyir in Area B of the West Bank, where Israel exercises security control and the Palestinian Authority nominally maintains civil order, and has been evacuated by the Israeli army several times — but each time rebuilt. Burned vehicles from the previous day’s attack still lined the road.

    Israeli military and Civil Administration forces were present, likely due to the global attention generated by the attack, and the fact that many American citizens live in Turmus Ayya. Soldiers prevented farmers from harvesting within several hundred meters of the illegal outpost, and even under army supervision, one of the settlers identified in the video of the attack drove an ATV through the groves, filming the harvesters.

    A forensics team later arrived, though any usable evidence had likely been destroyed in the 36 hours after the attack. Their very presence, however, was unusual: investigations into settler violence against Palestinians are exceedingly rare.

    Nathaniel, who returned to the scene, said he confronted the soldier who had abandoned them. “He told me he’d seen the video and was very sorry, and said it was an honest mistake,” Nathaniel recounted. “I don’t believe him for one second.”

    He described the police investigator he’d spoken to as hostile. “I had to remind the officer I was nearly killed, that he was supposed to be investigating who did it. It caught him off guard, like he forgot that was his job.”

    Investigators, Nathaniel said, seemed intent on pinning the assault on the settler who clubbed Abu Alia. “They were willing to admit one guy broke the law. But it was clear they didn’t want to implicate any soldiers or other settlers.

    “They even asked me how I knew they were settlers and not Arabs chasing me and asked if I heard Hebrew,” Nathaniel continued. “I refused to play that game. I told them that they knew as well as I did that they were settlers.”

    One of the harvesters who returned to Turmus Ayya on Monday was Ali Al-Kouk, 59, who owns 80 olive trees but is barred by the Israeli army from accessing most of them. “In the past you could reach your land,” he told +972, as he separated olives from leaves and branches. “Today, most areas are inaccessible. There’s no greater humiliation than not being able to reach your own land while settlers are protected by the army. Even after the attack, settlers patrol to intimidate people.”

    Nasser, another farmer, added that in previous harvests, they would spend weeks with their families in the groves. “Last year we came for 15 days with everyone, brought a truck and worked all day. Now we come to work quickly, for one or two days. [The settlers] come to kill us.”

    An Israel Police spokesperson told +972 that they had “initiated a comprehensive investigation” into the attack on Sunday, as part of which “intensive investigative and intelligence operations have been conducted to identify those involved, gather evidence, and bring them to justice.” The spokesperson did not answer questions regarding whether police are investigating the whole incident or just the attack on the woman, whether arrests were made, and why forensic teams arrived only a day and a half later.
    ‘Not a single olive was left on the trees’

    Besides attacking farmers, Israeli settlers have ramped up their destruction of Palestinian olive groves — even before the start of this year’s harvest.

    In the morning of Oct. 3, Ayman Ghoneimat was in his home in the town of Surif, north of Hebron, when he saw a group of masked settlers descend from a nearby outpost with handsaws. “They began cutting and breaking the branches of ancient olive trees,” he recalled. “After about 20 minutes, they set the trees on fire and returned to the settlement outpost they had established near the village about five months ago.”

    The next day, Ghoneimat was shocked to discover that the settlers had returned during the night and cut down dozens more ancient olive trees in the same area — a valley home to hundreds of olive and other fruit trees.

    “Around 200 olive trees have been destroyed this month by settlers,” Ghonemiat told +972 earlier this week. “One-hundred of these trees belonged to me, including 40 that had been growing for generations, aged between 15 and 40 years. I also had a new piece of land that I planted earlier this year with about 50 young olive trees. Those too were cut down and broken by hand, deliberately and brutally.”

    In the nearby town of Sa’ir, settlers have also been destroying olive groves before Palestinians have a chance to harvest them. Youssef Salameh Shalaldeh, a Palestinian farmer from Sa’ir, owns with his brothers about 30 dunams of land planted with olive trees.

    On the afternoon of Oct. 8, Shalaldeh and his family received alarming news: settlers were harvesting olives from their trees. When they rushed to the site, they saw four settlers, one of whom was armed, violently beating the olive branches.

    About 10 minutes later, a military vehicle arrived, accompanied by security from the settlement of Asfar. Instead of protecting the farmers, the soldiers expelled the Palestinians from their own land, allowing the settlers to remain.

    Elsewhere in Sa’ir, settlers have lit fires that have ravaged entire groves. On Thursday, Jaddi Hamdan Shalaldeh, 35, walked among his desiccated trees. “Today we came to our land to pick the olives, as we do every year. But we had already heard about what happened: the entire land has been burned, and there isn’t a single olive left on the trees that we can benefit from.

    “Every year I used to get around 10 to 12 tanks of olive oil,” he continued. “This year, not even a single drop — this is what the occupation has left us with. The goal of the settlers is to seize and colonize this land, and to drive us out of it by any means possible. But we will not leave this land except over our dead bodies.”
    Targeting solidarity activists

    Israeli authorities have also intensified their campaign against international activists arriving for the olive harvest. Last week, 32 activists were arrested in the village of Burin near Nablus after the army declared the entire village a closed military zone. Initially, only seven activists were deported — whom police claimed wore symbols associated with the Union of Agricultural Work Committees (UAWC), which Israel designated a “terror organization” in 2021 — but later the authorities decided to deport everyone.

    “We came in response to a call to participate in the harvest, to stand with families under threat,” Merlin, a solidarity activist from the U.K. who participated in the harvest in Turmus Ayya, told +972. “As for the steps against us — arrest and deportation — I think activists know the risks. It only strengthens our conviction in what we’re doing: if Israeli authorities take our presence here so seriously, just standing and picking olives and documenting assaults when they happen, it proves how important it is for internationals to keep coming.”

    Last year, Israeli National Security Minister Itamar Ben Gvir set up a special task force to target foreign activists in the West Bank and expedite their detention and deportation. During the 2024 olive harvest, activists reported threats, intimidation, and false accusations during interrogations, and 15 were arrested and deported — a number that, this month alone, has more than doubled.

    “It’s clear the decision to deport solidarity and human rights activists was predetermined, and all the ‘procedures’ were just protocol,” explained Riham Nasra, an attorney who represented several of the deported international activists. “This isn’t the result of proper legal review, but reflects political interests, leaving Palestinians in the field to face settler violence alone.”

    Avi Dabush, executive director of Rabbis for Human Rights, organizes Israeli volunteers to accompany Palestinian farmers for the olive harvest. He told +972 that since the current season began, the army has barred them from accessing groves almost every day under the pretext of “closed military zones.”

    “Before October 7, there were years with only three ‘closed military zone’ orders all season — and even then, it was possible to negotiate or to say ‘We’ll be finished in an hour or two and we’ll leave,’ or ‘We’ll move to a different area,’” he recalled. “Now it’s much tougher. It feels like the army is eager to expel.”

    According to Dabush, these restrictions are the result of settler pressure. “There’s a settler campaign claiming that the harvest is being used for terror. Last year, the message was to prevent harvests within 200 meters of settlements. This year, the message is to cancel the harvest altogether.”

    On Thursday, farmers from Sa’ir gathered with activists to go to their groves in the valley, near where settlers had established an outpost a few months ago. Shortly after the farmers started picking olives, three masked settlers wielding clubs came running down the hill.

    As the settlers approached the farmers and the large number of journalists present, soldiers and Border Police officers arrived and asked them politely to go back, while pushing and shooting both tear gas and live fire at the farmers and journalists, saying it was a “closed military zone.” They claimed that in the coming days people could arrive “with coordination.”
    Israeli soldiers confront Palestinian farmers attempting to harvest olives on their land near the village of Sa’ir, in the occupied West Bank, October 23, 2025. (Oren Ziv)

    “It’s always like this, the army and the settlers together,” Ibrahim Salame, 55, a landowner in Sa’ir, told +972. “The settlers attack the olive groves, and the army comes and prevents us [from working]. Whenever we come down to the valley, the settlers approach so we have to leave.”

    Eid Ghafari, an activist from the village of Sinjil, described a similar dynamic. “Today, we see settlers wearing army uniforms, sitting in outposts — they’ve become one system,” he told +972. “The army does the settlers’ work by closing off the land, and settlers enter from other directions and set up caravans. There are areas that have been inaccessible since the war began.

    “When we try to enter the land, the army stops us and orders us to turn back,” Ghafari continued. “They protect the settlers, and shoot at harvesters. In the past, 2,000 people came, many who rely on olives for their livelihood. Now everyone is scared, and those who come to their plots often find that settlers have already harvested their olives.”

    https://www.972mag.com/olive-harvest-west-bank-settlers
    #olives #oliveraie #récolte #criminalisation_de_la_solidarité #violence #solidarité #Cisjordanie #récolte_des_olives #Palestine #Israël #attaques

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  • Immigrés du Mali, du Sénégal et de Guinée : Polémique après une publication du Département de la Sécurité intérieure sur des immigrés africains par son ton jugé discriminatoire et raciste
    https://www.dakaractu.com/Immigres-du-Mali-du-Senegal-et-de-Guinee-Polemique-apres-une-publication-

    Immigrés du Mali, du Sénégal et de Guinée : Polémique après une publication du Département de la Sécurité intérieure sur des immigrés africains par son ton jugé discriminatoire et raciste
    Une vive polémique enfle sur les réseaux sociaux après la diffusion d’une publication du Department of Homeland Security (DHS) sur son compte officiel X (ancien Twitter). Le message, accompagné d’une image controversée montrant huit visages d’Africains piégés dans des cristaux, affirme que neuf immigrés illégaux ont été arrêtés à New York pour divers crimes graves, dont vol, violence domestique, trafic de drogue et falsification.Selon le DHS, ces individus seraient originaires de Mali, du Sénégal et de Guinée, et auraient des antécédents judiciaires violents. La publication ajoute que, sous la présidence de Donald Trump et la direction de Kristi Noem, « les criminels illégaux ne sont pas les bienvenus aux États-Unis ». Mais c’est surtout le visuel utilisé — perçu comme une stigmatisation raciale — qui a déclenché l’indignation sur les réseaux sociaux.

    #Covid-19#migrant#migration#etatsunis#senegal#mali#guinee#immigration#stigmatisation#politiquemigratoire#sante#criminalisation

  • German media bias falsely inflates crime by foreigners

    Violent crimes committed by foreigners are covered in the media far more frequently than is justified by their share in police crime statistics, a new study has found.

    “We are charting something like the fever curve of society,” journalism professor Thomas Hestermann said of his new study, “Crime and Migration: Perception in German Media,” (https://mediendienst-integration.de/artikel/auslaendische-tatverdaechtige-in-deutschen-leitmedien-ueber) which examined how the nationality and ethnicity of crime suspects has been reported since 2007.

    Hestermann’s team at the Macromedia University of Applied Sciences in Hamburg compiled their 2025 findings for the Berlin-based Mediendienst Integration, a research service for journalists that focuses on migration, integration and asylum. The results, published on Friday, are alarming: “Foreign suspects are mentioned about three times more often than their share in police statistics.”

    That figure has never been so high, Hestermann said, comparing it to 2014, when the nationality or ethnicity of suspects scarcely played a role in reporting.

    A year later, about 1 million migrants arrived in Germany, around one-third of whom had fled the civil war in Syria, while a fifth came from Albania and Kosovo. Since then, Hestermann has observed a “drastic distortion” in the German media when it comes to crime and migration.

    Influencing public opinion

    Media coverage has consequences, Hestermann said, because it affects how people form their ideas about violent crime. They ask themselves: “How much danger am I actually in? Who poses a threat?”

    Hestermann’s study sought to answer similar questions: “How is the perception of violence changing? How is the view of the suspects and their origins changing?”

    He described different reactions he observed using the example of two attacks that took place in Munich and Mannheim in 2025: “Munich: A young Afghan man allegedly drives into a crowd, killing two people. Shortly afterwards in Mannheim: A German man also drives into a crowd, killing two random victims.”
    Playing into the right-wing populist agenda

    And what happened in the media? Public broadcaster ARD aired a prime-time report on the attack in Munich, but not about the one in Mannheim. Altogether, the study counted twice as many mentions on German TV and in newspapers about the crime involving the foreign suspect.

    Hestermann is familiar with such journalistic reflexes from his own experiences as a reporter and presenter for both public and private radio and TV stations. Decisions are often made intuitively, based on gut feeling, he said. This, he added, is often unintentional, a conclusion he based on his conversations in editorial offices.

    Nevertheless, “many intuitive decisions result in a pattern of reporting that follows a right-wing populist agenda,” he said.

    ’Reporting is discriminatory overall’

    Hestermann said left-wing journalists are often accused of only reporting positively on migration. But that isn’t accurate, he said: “The overall reporting is discriminatory.”

    He cited weekly media analyses conducted between January and April 2025 as evidence on the subject of crime. During this period, 168 TV reports on violent crime in Germany involving 146 suspects were examined, as well as 330 newspaper articles involving 263 suspects.

    Hestermann found no significant differences, even though the editorial orientation varied greatly, from public and private TV stations to print and online texts.

    “We found that two newspapers as completely different as [conservative] Die Welt and [left-leaning] taz exclusively named foreign suspects during the period under review, if origin was an issue at all,” Hestermann said.

    Criminologist and sociologist Gina Wollinger calls this media distortion a “migrantization” of crime. The professor at the University of Applied Sciences for Police and Public Administration in North Rhine-Westphalia argued this was caused by what she called an overemphasis on culture. “A category that, in my perception, is only used when the perpetrators are non-German. Suddenly the question arises: ’Does it have something to do with culture?’”
    Editorial diversity as remedy

    Wollinger stressed that crime has nothing to do with origin.

    “It’s not migration history. It’s not the passport or nationality,” she said. “Rather, it’s certain risk factors that stem primarily from poverty, lack of prospects and personal experiences of violence.” When these factors are taken into account, one sees no difference between people with or without a migration background, she added.

    How might this imbalance in reporting be corrected? Hestermann said that in his experience as a journalist, language barriers can often be an obstacle when reporting on migration.

    “That’s why it’s important for editorial offices to become more diverse,” he said. “For young people who have grown up in different cultures to enrich the editorial offices.”

    https://www.dw.com/en/german-media-bias-falsely-inflates-crime-by-foreigners/a-74410565
    #criminalité #idées_reçues #Allemagne #médias #étrangers #étrangers_criminels #migrations #statistiques #perception #réalité #nationalité #distorsion #opinion_publique

    ping @karine4

  • Entry/Exit System : un pas de plus vers la #surveillance généralisée

    Présenté comme un « simple » outil facilitant le contrôle des frontières et dont la seule conséquence négative serait le temps d’attente aux postes frontières, le système d’entrée et de sortie de l’#espace_Schengen (#EES)[1], mis en œuvre à partir du 12 octobre 2025, est en réalité un outil supplémentaire au service d’une #surveillance_généralisée des personnes en migration.

    L’EES est un système européen de contrôle des frontières prévu par le Règlement (UE) 2017/2226 du 30 novembre 2017. Reportée depuis plusieurs années, sa mise en œuvre est intervenue hier, le 12 octobre 2025.

    Ce nouveau système permet l’#enregistrement des #entrées_et_sorties des ressortissants de pays tiers aux #frontières_extérieures de l’espace Schengen. Il doit permettre de remplacer le tamponnage des passeports et faciliter l’#identification des personnes qui n’ont pas le droit d’entrer ou qui ont dépassé la durée autorisée de leur séjour dans les pays européens.

    Mais l’EES vient surtout s’ajouter à un arsenal déjà important de surveillance des personnes en migration dont l’objectif est de restreindre et contrôler davantage le nombre de personnes étrangères entrant sur le territoire de l’Union européenne. L’Anafé a récemment publié un outil recensant les fichiers dans lesquels les personnes étrangères sont inscrites – la partie sur l’EES est développée à la page 90[2].

    Ce sempiternel développement de nouvelles technologies aux fins de contrôles a pour finalité de nourrir la politique européenne de #tri des personnes se présentant aux frontières, et pour conséquence la #criminalisation des personnes étrangères.

    https://anafe.org/entry-exit-system-un-pas-de-plus-vers-la-surveillance-generalisee
    #technologie #frontières #migrations #contrôles_frontaliers

  • Opinion | What the World Gets Wrong About Israel - The New York Times
    https://www.nytimes.com/2025/09/24/opinion/israel-war-security.html

    Benny Gantz

    There are deep political divisions and disagreements in Israel. I myself have been a vocal critic of Mr. Netanyahu. But the nation’s core security interests are not partisan property. Today more than ever, they are anchored by a national consensus that is rooted in the hard realities of our region. Opposition to the recognition of Palestinian statehood stands at the heart of that consensus.

    […]

    “The truth is that international recognition of Palestinian statehood under current conditions is not a rejection of Mr. Netanyahu. It is a rejection of Israel’s bipartisan security consensus.”

    #sionisme

    “ under current conditions” : pur, 100% sionisme, #menteur_depuis_1948 #criminel_depuis_1948

  • Trump’s DOJ Has Demanded Voter Files From at Least 27 States | Truthout
    https://www.brennancenter.org/our-work/analysis-opinion/justice-department-has-demanded-voter-files-least-21-states

    Months of unprecedented actions signal that the Trump administration is pursuing a concerted strategy to undermine the next election. One part of that effort is an ongoing attempt to collect voter files from many states.

    #criminel

  • Australian government criticised over ‘disgraceful’ $400m deal to deport foreign-born former detainees to Nauru

    An agreement relating to the NZYQ cohort, who previously faced indefinite immigration detention, was signed by home affairs minister Tony Burke on Friday

    Human rights lawyers, refugee advocates and the Greens have accused the Albanese government of striking a “discriminatory, disgraceful and dangerous” deal to deport hundreds of foreign-born former detainees at a cost of almost half a billion dollars.

    On Friday Australia and Nauru signed a memorandum of understanding allowing the government to deport about 280 members of the NZYQ cohort, a group of noncitizens living in the Australian community whose visas were cancelled on character grounds.

    This cohort previously faced indefinite immigration detention and cannot be deported to their home countries because they face persecution, or because those countries have refused to accept them.

    A deal struck by the home affairs minister, Tony Burke, and Nauru’s president, David Adeang, will allow these people to be deported in return for an upfront payment of about $400m to Nauru, followed by annual payments of $70m a year for related costs.

    The deal follows a November 2023 high court ruling, which found it was unlawful for the government to indefinitely detain a person if there was “no real prospect” of them being removed from the country “in the reasonably foreseeable future”. The ruling saw a cohort of individuals released from immigration detention into the community.

    In a statement, Burke said “anyone who doesn’t have a valid visa should leave the country” and that “this is a fundamental element of a functioning visa system.”

    But the deal has been condemned by the Human Rights Law Centre’s legal director, Sanmati Verma, who said some of the NZYQ cohort had “never been convicted of an offence”.

    “Others spent five times as long locked up in indefinite detention as they were sentenced to serve in prison,” Verma said. “Others are elderly and sick, and might die on Nauru without proper care.”

    The Asylum Seeker Resource Centre’s deputy chief executive, Jana Favero, said the deal was “discriminatory, disgraceful and dangerous” and showed that in Australia, “some people will be punished simply because of where they were born”.

    Similar statements have been issued by the Refugee Advice and Casework Service and by Greens senator David Shoebridge, who has accused the government of “forcing our smaller neighbours to become 21st century prison colonies”.

    In a statement uploaded to the home affairs department website on Friday afternoon, Burke said the deal “contains undertakings for the proper treatment and long-term residence of people who have no legal right to stay in Australia, to be received in Nauru”.

    The statement said Australia’s funding would “underpin this arrangement and support Nauru’s long-term economic resilience”.

    Australia and Nauru struck a financial deal to resettle three members of the NZYQ cohort in February, who were described by the federal government as violent offenders.

    At the time, Adeang said the three men had “served their time” in Australian prisons and were no longer subject to any punishment. They were granted 30-year visas and the right to settle and work in Nauru.

    “Australia is trying to send them back to their country but they are not wanted back home,” Adeang said in February. “So we accepted them from Australia. They are not Australian and Australia doesn’t want them.”

    But the three men have lodged a series of appeals against their deportation, after they were found not to be refugees and not owed protection.

    This new memorandum of understanding provides the basis for more members of the NZYQ cohort to be deported to Nauru. It is not known whether future deportations will be subject to legal challenge.

    Earlier this week, the federal government introduced an amendment that would explicitly remove procedural fairness in deportation decisions for foreign-born criminals, including those in the NZYQ cohort.

    On Thursday, Burke said the legislation would “expressly exclude procedural fairness from applying” when the government sought to deport noncitizens who have lost their visa.

    Speaking to parliament, Burke said principles of “procedural fairness” needed to be suspended in some cases because those provisions “are being used by noncitizens to delay and frustrate their removal, at cost to the commonwealth in circumstances where it is neither necessary nor appropriate for it to continue to apply”.

    Burke said the bill would mean that actions taken by government in order to resettle someone in a third country “are not conditioned on an obligation to afford procedural fairness”.

    The Senate on Thursday rejected a Greens push for an inquiry into the legislation, which Shoebridge slammed as “one of the nastiest, meanest attacks” on multicultural Australia.

    Shoebridge also accused the government of trying to “sneak through” the legislation, which was introduced just an hour before the government announced Asio’s assessment that Iran had directed antisemitic attacks in Australia.

    https://www.theguardian.com/australia-news/2025/aug/30/australia-signs-400m-deal-to-deport-foreign-born-former-detainees-to-na

    #Nauru #criminels_étrangers #Australie #modèle_australien #déportations #expulsions #externalisation #détention

  • Chasseurs de mafia

    Les coulisses de l’opération « #Eurêka », #coup_de_filet géant mené en 2023 dans huit pays européens contre la redoutable pieuvre calabraise ’Ndrangheta. Une traque haletante, de la petite ville allemande de #Siegen jusqu’à San Luca, fief de l’organisation criminelle.

    J’avais vu cette mini-série très intéressante sur arte, mais elle n’est plus disponible sur la chaîne franco-allemande...

    on peut néanmoins la regarder sur youtube, je vous la recommande :
    https://www.youtube.com/watch?v=LeMHJpq5kZE&t=9s


    https://www.youtube.com/watch?v=Osj6GxIcaxs

    https://www.youtube.com/watch?v=8U0RNlO_0lA

    https://www.youtube.com/watch?v=bKQ3aMedZGU

    https://www.youtube.com/watch?v=eZS6iY0ri1U

    #série #mafia #ndrangheta #film #documentaire #film_documentaire #série_documentaire #San_Luca #Allemagne #Italie #opération_eureka #Calabre #criminalité_organisée #opération_policière

    ping @fil @reka @isskein

  • La Procura contesta l’assoluzione di Maysoon Majidi
    https://www.meltingpot.org/2025/08/la-procura-contesta-lassoluzione-di-maysoon-majidi

    L’assoluzione pronunciata dal Tribunale di Crotone del 5 febbraio 2025 sembrava aver posto fine alla vicenda giudiziaria che aveva visto coinvolta l’attivista curdo-iraniana Maisoon Majidi, imputata di favoreggiamento dell’immigrazione clandestina a seguito dell’arresto dopo lo sbarco sulle coste italiane. La donna era stata fermata mentre tentava di allontanarsi attraverso la boscaglia insieme pochi altri migranti, tra cui il capitano dell’imbarcazione, ed era stata accusata di aver coadiuvato la navigazione di un natante con a bordo circa settanta persone partite dalla Turchia. Tuttavia, la giovane donna non ha fatto in tempo a riprendere la sua vita in mano, dopo la (...)

    #Notizie #Chiara_Lo_Bianco

  • Nei sushi-bar del #Giappone il tonno rosso di #Cosa_nostra. Il caso della Angelo Catania
    https://irpimedia.irpi.eu/cosanostra-tonno-giappone-angelo-catania

    Emanuele Catania nel 2023 è stato condannato per i rapporti decennali con il clan Rinzivillo. Ciò non ha impedito alla sua famiglia di ottenere dallo Stato, anno dopo anno, la quota di #Pesca al tonno più grande d’Italia e fare affari tra #Malta e Spagna L’articolo Nei sushi-bar del Giappone il tonno rosso di Cosa Nostra. Il caso della Angelo Catania proviene da IrpiMedia.

    #Mafie #Mondo #Mare

  • La bataille contre les #mafias se déploie dans les écoles

    L’Italie mise sur la sensibilisation des élèves pour lutter contre la #criminalité_organisée. Depuis l’extrême sud de la Calabre, une #association culturelle a imaginé un programme qui a été étudié par plus de 200 000 lycéens en six ans et vient de s’exporter en Allemagne.

    Au milieu des allées impeccablement entretenues de l’école des élèves carabiniers, des groupes d’adolescent·es sur leur trente et un traînent leurs valises à roulettes à côté de bataillons au garde-à-vous. Ces lycéen·nes, arrivé·es à Reggio de Calabre la veille depuis la Campanie, la Sicile ou d’autres régions du nord de l’Italie, se dirigent vers le grand auditorium, qui bruisse déjà d’impatience et d’excitation.

    « Nous voici réunis pour la cérémonie de remise des prix du projet “Libre de choisir – Justice et humanité” », les accueille Bruna Siviglia, sur le devant de la scène en contrebas. C’est le volet culturel du projet « Libre de choisir » qui, dans les tribunaux pour enfants du sud du pays, permet aux mineur·es issu·es de familles appartenant à la criminalité organisée de faire l’expérience d’une vie alternative.

    « On vit une réalité assez difficile, en particulier nous, Siciliens et Calabrais, remercie au micro Daniele, un lycéen de Messine. Ce projet contre l’omerta et la criminalité organisée, c’est très important pour nous. » La salle comble l’applaudit chaleureusement, près de mille personnes sont présentes ce matin-là.

    La première rencontre de Bruna Siviglia avec les lycéen·nes a eu lieu quelques mois plus tôt, en visioconférence. Emmitouflée dans une doudoune noire, lunettes à l’épaisse monture, la présidente de l’association à l’origine du projet explique derrière son écran : « La justice ne peut pas être seulement répressive, il faut travailler en amont et faire comprendre que le crime organisé n’amène rien de bon, il faut secouer les consciences. »

    Derrière la mosaïque d’images pixellisées, des classes entières, des chef·fes d’établissement et parfois des maires de petites communes calabraises sont connecté·es. Pendant une matinée, leurs questions sont posées à l’invité·e du jour, qui varie d’une rencontre à l’autre. Le repenti Luigi Bonaventura leur raconte son passé d’« enfant soldat » au sein d’un clan de la ’Ndrangheta ; la fille d’une femme assassinée par la mafia calabraise témoigne de sa nouvelle vie dans le nord du pays ; des magistrat·es se confient sur leur travail en première ligne contre le crime organisé.

    « On a enfin levé un tabou dans les écoles, se réjouit le juge Roberto Di Bella depuis son bureau de Catane, en Sicile, aux persiennes mi-closes, quelques jours après l’événement. Pendant des années, les enseignants n’ont pas parlé de mafia et de ’Ndrangheta pour ne pas heurter la susceptibilité des familles, aujourd’hui on parle d’histoires concrètes en citant les noms et les prénoms des mis en cause. »
    L’éducation civique pour changer de récit

    En Italie comme ailleurs, les mafias sont un fonds de commerce inépuisable pour des chansons, des clips musicaux, des films ou des séries. L’imaginaire collectif autour du crime organisé est souvent bien plus glamour que la réalité, très loin aussi du quotidien d’une vie dans l’ombre de Cosa Nostra ou de la Camorra.

    Pour prendre le contre-pied de ce récit folklorisant, des centaines d’écoles ont intégré le volet culturel « Libre de choisir - Justice et humanité » à leurs cours d’éducation civique. Depuis 2023, la Calabre l’a même inscrit au programme obligatoire des lycées.

    Les élèves commencent par étudier le livre de Roberto Di Bella, qui raconte les histoires vraies des familles de la ’Ndrangheta qu’il a vu défiler au cours de ses vingt-cinq ans de carrière en Calabre, puis le film qu’en a tiré la télévision publique italienne. Ils produisent ensuite des courts métrages, des dessins ou des poèmes sur le thème de la criminalité organisée. Les cinq meilleures productions sont récompensées par une bourse d’études de 2 000 euros, remise lors de la cérémonie à l’École des élèves carabiniers.

    L’un des gagnants est un adolescent calabrais scolarisé à Siderno. Ses enseignantes ont réussi à se glisser au deuxième rang, juste derrière les magistrat·es, les procureur·es et les huiles de la politique locale, pour ne pas perdre une miette de la remise de prix. « La ’Ndrangheta est très enracinée dans nos territoires et même les gens qui n’en font pas partie ont des comportements d’omerta, ils tournent la tête, font semblant de ne pas voir ce qui se passe : ce sont des comportements qui s’inscrivent dans un contexte mafieux », explique Maria Natalia Iiriti, la proviseure du groupe scolaire Pascoli-Alvaro de Siderno. Dans cette ville de 17 000 habitant·es de la côte ionienne, le conseil municipal a été dissous en 2018 pour infiltration mafieuse et les ramifications du clan local s’étendent jusqu’au Canada.

    À une centaine de kilomètres de là, en remontant la côte du sud de la Calabre en direction des Pouilles, la proviseure Isabella Marchio rencontre les mêmes défis. L’établissement qu’elle dirige est situé dans la province de Catanzaro, tout en bas de la botte italienne. Fin 2023, un coup de filet a permis d’arrêter 44 personnes pour association mafieuse dans la toute petite commune d’à peine 2 000 habitant·es où se trouve l’école.

    De fait, ses élèves sont toutes et tous exposé·es au climat que fait peser la criminalité organisée sur ces territoires. Selon un rapport publié en 2023 par l’ONG Save the Children, au moins 100 000 enfants italiens vivent dans des communes dont les conseils municipaux ont été dissous pour infiltration mafieuse.

    « Ce projet ne doit pas être une vitrine, mais l’occasion de comprendre ce qu’est vraiment la mafia et comment la combattre, souhaite la proviseure lors de l’une des rencontres organisées en ligne. On plante de petites graines de légalité chez nos jeunes, car on veut qu’ils soient libres de construire une société du changement, y compris dans nos territoires difficiles. » Dans son établissement, un psychologue est disponible pour soutenir les élèves, un suivi renforcé a été mis en place pour éviter le décrochage scolaire et des dizaines d’activités autour de la culture de la légalité sont organisées, notamment avec la police locale.
    Changer le regard sur l’État

    Dans les écoles les plus exposées, lever ce tabou a demandé du temps. « C’est un sujet très sensible », confirme la professeure Morello, référente en éducation civique au sein de l’établissement Pascoli-Alvaro de Siderno, qui participe au projet pour la deuxième fois : « Certains de nos élèves ont peut-être des membres de leur famille ou des voisins impliqués, ce n’est pas évident pour eux d’entendre certains noms ou prénoms. » Pourtant, tient à souligner l’enseignante, ils « se sont tous laissé embarquer avec enthousiasme et ont tous voulu participer au concours ».

    Toutes et tous les enseignants rencontrés le disent : ce projet aurait été difficilement concevable il y a dix ans. « Aujourd’hui, c’est possible car il y a une forte collaboration entre l’école et les institutions, donc les familles commencent à comprendre que l’État est un ami, qu’il peut faire beaucoup dans la formation des jeunes et qu’il n’est pas juste là pour demander des impôts ou donner des amendes », explique la référente en éducation civique calabraise.

    « Leur montrer que l’État n’est pas un ennemi », c’est précisément ce qui avait convaincu Bruna Siviglia de pousser les portes des foyers et des prisons pour mineurs, en 2017, lorsque le projet n’en était qu’à ses balbutiements, pour leur faire lire le livre du juge Roberto Di Bella. La présidente de l’association se souvient d’un adolescent, rencontré en prison grâce au projet culturel. Au milieu du petit groupe formé ce jour-là pour discuter du livre et du film, il se lève, les larmes aux yeux, et demande à parler.

    « En voyant le film, j’ai compris ce que j’avais fait, confesse-t-il. Mon père est en prison et j’ai essayé de tuer ma mère parce qu’elle voulait refaire sa vie avec un autre homme. » « Cet adolescent devait sauver l’honneur de sa famille, car selon la mentalité du père, ce que faisait son ancienne compagne était un déshonneur, raconte Bruna Siviglia. Tout le monde s’est mis à pleurer en entendant son histoire. »

    Si le livre et le film ont réussi à secouer ces jeunes déjà endurcis par leurs peines de prison, alors il faut les utiliser pour faire de la prévention dans les écoles, se promet la présidente de l’association. En six ans, près de 200 000 élèves ont participé au projet et, parmi eux, certains ont ensuite demandé de l’aide à la justice italienne. Cette année, le projet s’est exporté hors des frontières italiennes. Soixante-dix écoles allemandes de la région de Stuttgart, où la mafia calabraise a pris racine depuis des dizaines d’années, y participent désormais et ont inscrit le livre au programme du bac pour les cinq prochaines années.

    https://www.mediapart.fr/journal/international/180825/la-bataille-contre-les-mafias-se-deploie-dans-les-ecoles
    #éducation #écoles #lycées #sensibilisation #libre_de_choisir #alternative #vie_alternative #omerta #Luigi_Bonaventura #ndrangheta #tabou #éducation_civique #imaginaire #cosa_nostra #camorra #Roberto_Di_Bella #résistance #culture #prévention #Allemagne

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    • Mafia: Più di 100 mila le bambine, i bambini e gli adolescenti che attualmente vivono in uno dei Comuni sciolti per infiltrazioni della criminalità organizzata

      Sono più di 100mila le bambine, i bambini e gli adolescenti che vivono in uno dei Comuni sciolti per infiltrazioni della criminalità organizzata [1]. Dove le istituzioni locali colludono col sistema mafioso c’è una perdita enorme in termini di servizi a sostegno dei bambini. I Comuni sciolti per infiltrazioni della criminalità organizzata sono solo la punta dell’iceberg di una ampia e pervasiva cultura mafiosa che mina alle radici le opportunità di crescita dei bambini in tante parti d’Italia.

      Dove cresce la povertà minorile e, in particolare, la povertà educativa più spesso arrivano le reti di criminalità organizzata, con un sistema di ricatti, imposizioni e reclutamenti che segna per sempre il destino dei ragazzi. Per contrastare alle radici questo fenomeno è fondamentale promuovere opportunità educative, rafforzando la scuola, gli spazi di aggregazione e culturali e i servizi sul territorio.

      “In questi giorni in cui celebriamo un passo importante per la giustizia come l’arresto di Matteo Messina Denaro è necessario ricordare a tutti noi che il miglior investimento per prevenire e contrastare le mafie è quello sull’educazione”, ha commentato Raffaela Milano, Direttrice dei Programmi Italia – Europa di Save the Children, l’Organizzazione internazionale che da oltre 100 anni lotta per salvare la vita delle bambine e dei bambini e garantire loro un futuro. “La lotta alle mafie impone una grande sfida educativa: trasformare concretamente i territori ad alta densità criminale in aree ad alta densità educativa. Il paradosso che viviamo oggi in Italia è che proprio nelle aree dove si concentra la povertà minorile, anche la rete dei servizi educativi è più povera, senza scuole con mense, palestre e tempo pieno e attività educative diffuse. Questo accentua le diseguaglianze, lasciando spazio alle organizzazioni criminali che desertificano quartieri e città”, conclude Raffaela Milano.

      Per spezzare questo circolo vizioso, Save the Children è attiva nei territori del Paese più difficili, in rete con le associazioni, le scuole e le altre agenzie educative attraverso azioni concrete, come i “Punti Luce” e la rete Fuoriclasse, per assicurare ai bambini e agli adolescenti opportunità educative indispensabili per costruire il futuro in modo aperto, dando corso ai propri talenti e aspirazioni.

      [1] Si tratta di 24 Comuni

      https://www.savethechildren.it/press/mafia-piu-di-100-mila-le-bambine-i-bambini-e-gli-adolescenti-che-att
      #mafia

  • L’enfance brisée d’un « #enfant_soldat » de la ’Ndrangheta

    #Luigi_Bonaventura a eu deux vies : celle d’un puissant chef de clan de la ’Ndrangheta, la mafia calabraise, puis à partir de 2007, celle d’un collaborateur de justice qui lutte contre le crime organisé. Il dénonce haut et fort l’#endoctrinement des #enfants au sein des #familles_mafieuses.

    « Ça ne te dérange pas si je m’assois ici ? Je préfère être dos au mur et avoir une vue sur ce qui se passe autour. » Les pieds d’une vieille chaise en bois raclent le sol de la terrasse, Luigi Bonaventura s’installe. Dix-huit ans après être sorti des rangs de la ’Ndrangheta, la mafia calabraise, l’ancien chef de clan, aujourd’hui repenti, reste toujours sur ses gardes.

    La rencontre a lieu dans une localité dont le nom est tu par mesure de sécurité. En cette fin de printemps, l’air est encore frais dans cette commune du nord de l’Italie qui ressemble à tant d’autres : des maisons proprettes flanquées de chaque côté d’une petite nationale, les cloches d’une église à midi, un bar un peu vieillot où aller prendre le café.

    Dans les bureaux des magistrats, devant les micros et les caméras de la presse, sur ses propres réseaux sociaux, Luigi Bonaventura a témoigné, inlassablement, contre celle qui est considérée comme la plus puissante organisation criminelle italienne. Ses déclarations ont permis des coups de filet spectaculaires et des centaines d’arrestations. Mais son principal combat aujourd’hui n’est pas tant de faire arrêter les pères que de sauver les fils destinés à reprendre le flambeau familial.

    « La ’Ndrangheta, tu en hérites, explique le repenti. La vraie force des mafias, c’est cette continuité d’une génération à l’autre. Il ne faut pas se limiter aux arrestations ou à la confiscation des biens, il faut, sans violence, soustraire des hommes aux mafias. »

    Luigi Bonaventura se définit avant tout comme un « ancien enfant soldat ». « Naître dans une famille ’ndranghetiste, c’est être allaité de sang et de ’Ndrangheta, c’est une #promesse, celle d’être un jeune d’#honneur pour les garçons et une sœur d’#omerta pour les filles », raconte-t-il. La Calabre qui le voit naître en 1971 est une terre de misère. L’Italie mène une guerre silencieuse, celle des années de plomb, au cours desquelles se multiplient assassinats, attentats, enlèvements et demandes de rançon.

    Luigi Bonaventura hérite, lui, d’une #guerre_familiale, une #faida, qui oppose sa famille à un autre clan de #Crotone, sa ville d’origine, et ne prend fin qu’à la mort du dernier fils de la famille adverse. « J’ai reçu une #éducation et un #entraînement pour être prêt à tuer et pouvoir clore cette faida au moment le plus opportun », retrace celui qui n’avait même pas encore fêté son deuxième anniversaire lorsque son oncle a été assassiné, au début de cette guerre de clans.

    Des #armes_à_feu en guise de #jouets

    Il grandit avec son fantôme, dont le nom se mêle sans cesse aux récits de l’organisation criminelle qu’on lui narre comme d’autres chanteraient des berceuses. Rapidement, ses mains d’enfant montent et démontent des #armes, alignent les munitions de 7,75 millimètres dans le chargeur, dont le métal, lourd et dur, brûle parfois sa peau encore fine et délicate. Dans des étables sommairement aménagées, il s’entraîne à tirer sur des objets.

    Un jour, son père rapporte à la maison sa nouvelle arme, une carabine avec un viseur de précision. Le petit Luigi essaie de la tenir entre ses mains, flanche un instant sous son poids et colle son œil au viseur. « Tout à coup, le monde se rapprochait de moi, se souvient-il. C’était fascinant car à l’époque, il n’y avait pas de technologies ou de zoom quand on faisait des photos. »

    « C’était un #jeu, tout se faisait avec le sourire, poursuit Luigi Bonaventura après avoir pris une gorgée d’eau et interrompu son récit quelques secondes. Mais il y a un #chantage_moral, tu vis dans l’ombre de ceux qui ont été là avant toi et de ton #nom_de_famille, et si tu ne fais pas mieux qu’eux, tu dois au moins en faire autant pour ne pas les décevoir. »

    Un souvenir marque son enfance de manière indélébile. Une arme à la main, il tire un coup, en l’air. Ce n’est pas la première fois mais ce jour-là, en rechargeant le pistolet, il laisse son pouce sur la culasse. Après la détonation, elle revient en arrière et lui blesse le doigt. Cette scène s’est rejouée mille fois dans sa tête : « C’était une erreur impardonnable pour moi. Ce qui me faisait le plus mal, ce n’était pas la douleur au pouce mais l’humiliation de ne pas être à la hauteur, de déshonorer la famille, et ce sentiment, ça devient ta prison. » Il avait tout juste 10 ans.

    Ce que Luigi Bonaventura appelle son « #entraînement » au crime passe aussi par une exposition, très jeune, à la #violence, au #sang, à la #mort. Les #chiens de la famille doivent monter la garde et inspirer la #terreur. Certains sont dressés à reconnaître l’odeur de la poudre pour détecter ceux qui viennent armés aux réunions organisées par le clan. Pour les rendre aussi féroces que possible, les animaux sont enfermés dans des boxes, la tête emprisonnée dans des sacs, battus à coups de bâton avant de recevoir une ration de viande crue. Celui qui n’a alors qu’une dizaine d’années assiste au spectacle, impuissant : « J’ai eu l’impression, comme enfant, de grandir au milieu des loups. »

    À la maison, son père élève des lapins et des poules. Avec lesquels le petit garçon apprivoise la mort et le sang. Pour qu’il soit à l’aise, son père lui a aménagé un établi d’apprenti boucher, à sa hauteur d’enfant. « Il faut leur donner un grand coup sur l’arrière de la tête pour les étourdir », lui explique-t-il. Mais ses mains, une fois encore, n’ont pas la force suffisante. Alors, avec un bâton, il frappe de toutes ses forces jusqu’à ce que l’animal ne bouge plus.

    À mesure qu’il raconte comment écorcher puis dépecer les bêtes, ses mains se lèvent au-dessus de la vieille nappe fleurie en plastique qui recouvre la table et miment ces gestes appris par cœur. « Il me montrait comment utiliser le couteau, comment le tourner dans la plaie pour l’élargir et accélérer le saignement », retrace l’adulte d’une voix désabusée. Vers 11, 12 ans, il était capable de préparer dix lapins en une heure et demie.

    À cette époque, il entend sa mère et sa grand-mère dire de lui qu’il a « les yeux de la tristesse ». « J’étais un enfant très particulier, apeuré, déboussolé, confesse-t-il. À l’époque, je me cachais sous mon lit, je vivais dans la terreur et j’aurais aimé qu’un adulte me prenne par la main et m’emmène loin. » Personne n’est venu, alors, vers 11 ans, l’enfant a fini par surmonter sa peur : « Je suis devenu très violent, soit je me forgeais une #carapace, soit je devenais fou. »

    « De la mafia sans le savoir »

    Les jeux avec les gamins du quartier se transforment, littéralement, en champ de bataille. Il remplace les boulettes de ses sarbacanes par des aiguilles et les cailloux de ses frondes par des boulons de 13 millimètres qu’il a volés dans l’atelier de mécanique de son oncle. Un enfant perd son œil. « Ça m’a brisé le cœur, se remémore Luigi Bonaventura. J’étais comme un militaire, on m’avait préparé à la guerre. Donc ce jour-là, on avait organisé une embuscade avec un autre groupe d’#enfants, mais on était moins nombreux, il fallait être stratège. On les a provoqués, puis on s’est retirés et là on les a attaqués avec les frondes et les boulons. »

    Il n’y a plus de peur, plus de terreur, l’enfant est lui-même devenu un loup.

    À l’école, aucun professeur ne s’oppose à lui quand il terrorise ses camarades ou qu’il entre dans des colères noires. Son nom de famille est un bouclier, il est #intouchable. Les mois passent, le chef de bande devient un chef tout court. Il a 13 ans, environ, lorsqu’il « fait de la mafia sans le savoir ». Le jeune ado débarque dans des quartiers de Crotone où il ne connaît personne et balance : « Qui commande ici ? »

    Des ados, à peine plus grands que lui, font mine d’être les patrons dans un élan de candeur qui leur vaut d’être tabassés puis laissés par terre, en sang. Luigi l’adolescent pose le pied sur l’épaule de celui qu’il vient de rouer de coups et toise le reste de la bande : « À partir d’aujourd’hui, c’est moi qui commande. »

    Près de quarante ans après cette scène, Luigi Bonaventura y voit les prémices de son destin criminel : « Je frappais comme quelqu’un d’entraîné à le faire, je savais où mettre mes poings, mes pieds, un couteau, je pensais être casse-couilles, mais j’accaparais des territoires parce que c’est ce qu’on m’avait appris. »

    S’il n’avait pas collaboré avec la justice, Luigi Bonaventura serait probablement aujourd’hui l’un des noms les plus puissants de la ’Ndrangheta. Mais depuis 2007, il a choisi de devenir cet adulte dont il a tant rêvé, terré sous son petit lit. D’abord pour ses propres enfants, encore très jeunes lorsque sa famille a intégré le programme de protection des collaborateurs de justice. Puis, à partir de 2012 et de ses premières prises de parole publique, pour ceux qui « subissent encore un #endoctrinement dans leur famille ».

    Depuis le mois de janvier, il est un des témoins phares d’un programme de #sensibilisation au phénomène mafieux dans les écoles italiennes. Il est aussi devenu l’un des plus fervents soutiens du protocole « #Libre_de_choisir », qui permet aux #jeunes issus des familles mafieuses d’expérimenter une vie #alternative, loin de chez eux : « Pour ma mère, pour mes frères et sœurs et pour moi, ça aurait été de l’or. »

    https://www.mediapart.fr/journal/international/290725/l-enfance-brisee-d-un-enfant-soldat-de-la-ndrangheta
    #ndrangheta #mafia #collaborateur_de_justice #criminalité_organisée #Italie #famille #Calabre #mineurs #enfance

    • #Liberi_di_scegliere

      Un progetto, una rete di supporto alle donne e ai minori che si allontanano dai contesti mafiosi.

      “Assicurare una concreta alternativa di vita ai soggetti minorenni provenienti da famiglie inserite in contesti di criminalità organizzata o che siano vittime della violenza mafiosa e ai familiari che si dissociano dalle logiche criminali.”

      Da qualche anno, su impulso del Tribunale per i Minorenni di Reggio Calabria, ha preso avvio un’azione di raccordo delle componenti istituzionali e sociali che si occupano a vario titolo della tutela dei minori attraverso “Liberi di scegliere”. Il progetto nasce con l’obiettivo di aiutare i giovani che vivono in contesti di criminalità organizzata di stampo mafioso ad affrancarsi da tali logiche che vincolano i membri più piccoli di famiglie mafiose ad un progetto di vita di tipo criminale. Ma al contempo si è rivelato una grande opportunità anche per quegli adulti, in particolare donne e madri, che si ritrovano in una situazione familiare e relazionale mafiosa contro la loro volontà o, dopo aver pagato il loro debito con la società, ritengono che quello mafioso non può più essere il contesto dove continuare a vivere e far crescere i propri figli.

      Nel concreto si prende in considerazione la possibilità dell’allontanamento dei minori dalle rispettive famiglie ed eventualmente la fattibilità di assicurare una reale alternativa ai familiari che si dissociano dalle logiche criminali, prevedendo lo spostamento temporaneo in altre regioni d’Italia. In questi anni abbiamo seguito 49 situazioni – persone singole e nuclei familiari - più di 120 persone. Attualmente sono 24 le situazioni che, in modi diversificati, accompagniamo: una cinquantina di persone, delle quali una decina i nuclei familiari e alcune coppie di fratelli.

      Nasce come protocollo interministeriale e vede l’attiva partecipazione della società civile. Nell’ultima versione del 31 luglio 2020 a sottoscriverlo sono: Ministero della giustizia, Ministero dell’interno, Ministero dell’istruzione, Ministero dell’università e della ricerca, Presidenza del Consiglio dei Ministri – Ministro per le pari opportunità e la famiglia, Direzione Nazionale Antimafia e Antiterrorismo, Conferenza Episcopale Italiana, Tribunale per i Minorenni di Reggio Calabria, Procura della Repubblica presso il Tribunale per i Minorenni di Reggio Calabria, Procura della Repubblica presso il Tribunale di Reggio Calabria, Libera. Associazioni, Nomi e Numeri contro le Mafie . Il Protocollo è stato, oltre che un gran lavoro, anche la formale legittimazione ad una azione di grande responsabilità civile che già da tempo veniva portando avanti. Da anni le stesse persone che integrano realtà istituzionali chiedono una mano alla nostra Associazione, per alcune delicate situazioni di sicurezza personale, che riguardano minori o adulti. Spesso ci si è trovati, e ci si trova, nell’urgenza di aiutare una persona o un nucleo familiare, a cambiare ambiente perché la loro casa, la loro città non sono più luoghi sicuri. Importante è tenere in considerazione che attualmente le persone, minorenni o adulti pur volendosi dissociare allontanandosi dall’ambiente criminale di origine, non possono essere tutelate in modo congruo dallo Stato in quanto non appartengono alla figura giuridica, attualmente prevista, del “collaboratore di giustizia” o del “testimone di giustizia”.

      Allontanati contemporaneamente dal loro territorio e dai rispettivi contesti familiari,questi ragazzi hanno la possibilità di sperimentare orizzonti culturali, sociali, affettivi, psicologici diversi arricchendo la propria vita di esperienze caratterizzate da sana e grande vitalità. Allo stesso tempo tale progettualità permette agli operatori della giustizia minorile, assistenti sociali, psicologi, famiglie affidatarie e comunità, di lavorare liberi dalle pressioni ambientali del contesto di origine. L’obiettivo del progetto non è indottrinare, ma semplicemente dimostrare a questi ragazzi, per un periodo di tempo, che fuori dagli spazi chiusi delle proprie case esiste un altro mondo, un’alternativa allo stile di vita che hanno conosciuto sino a quel momento... Non si chiede loro di rinnegare i padri e le madri, ma di offrire la possibilità a sé stessi di porsi la domanda: “davvero io voglio il futuro - questo futuro criminale - che la mia famiglia ha già scelto per me?”. La tesi da cui partiamo infatti è che tra questi soggetti criminali, siamo certi, moltissimi, avessero sperimentato contesti differenti avrebbero esercitato con maggior decisione la loro libertà di scegliere: scegliendo azioni alternative a quelle criminali. Non è un percorso senza difficoltà, tuttavia, la cura dedicata a ogni singolo percorso, l’assenza di automatismi e di freddezze burocratiche, resi possibili in molte occasioni da una buona collaborazione tra istituzioni e società civile, porta anche a risultati inaspettati.

      Contrasto efficace alla cultura mafiosa. Liberi di Scegliere si è rivelato da subito uno strumento potente di contrasto alla cultura mafiosa: fin dai primi momenti sono state le madri dei ragazzi, mogli dei boss mafiosi, a comprendere che ciò che offriva il Progetto era una reale possibilità sia per i loro figli come pure per loro stesse. Nasce così un capitolo inaspettato e ricco di conseguenze, dove si intuisce che l’adesione delle donne di mafia a questo Progetto, oltre che a portarle a scrivere pagine di vita nuova nelle loro storie personali, porta ad incrinare quella monolitica realtà familiare che costituisce uno dei punti di forza della cultura mafiosa.

      Ruolo della Società Civile. Le Istituzioni pubbliche anche quelle giudiziarie, pur con tanti limiti dovuti a prassi difficili da scalfire, sono sollecitate a mettere in gioco, in questo progetto, necessarie e indispensabili condizioni affinché un ragazzo possa sperimentare una possibilità differente di guardare e di ripensare la propria vita. Ma abbiamo constatato che la differenza, per un esito positivo, viene fatta dal coinvolgimento della società civile, “persone comuni” che nella quotidianità fanno percepire che è possibile ricominciare, che condividono i tanti timori e le gioie dei piccoli passi verso una maggior autonomia di pensiero e di scelte. Presenze amicali che condividono la fatica della scuola o del primo inserimento lavorativo, presenza di associazioni o gruppi di persone disposti ad accompagnare con empatia ed umanità questi percorsi di nuovo inizio, presenze amicali che sono determinanti affinché i ragazzi e gli adulti, coinvolti nel Progetto, possano attingere a quelle risorse di umanità e di libertà a lungo nascoste dentro di se.

      Nuove prospettive. Offrire la possibilità, a persone che sono condizionate dalla cultura criminale mafiosa, di scegliere se cambiare vita: è questo un progetto che per noi ha un sogno implicito, quello che Istituzioni, Società Civile, e le nostre stesse comunità, si chiedano la concreta disponibilità di favorire il futuro di un nuovo paese. Costruire insieme un paese dove le Istituzioni e la Società Civile, ciascuno secondo le proprie responsabilità, offrono una alternativa concreta ed efficace perché dei ragazzi e delle ragazze possano scegliere, lontano da condizionamenti criminali, guardando con speranza al futuro della loro vita. Tutto ciò significa togliere la motivazione che spesso porta molti giovani a delinquere, perché non sono state presentate a loro delle alternative concrete.

      https://www.libera.it/it-schede-1070-liberi_di_scegliere
      #femmes

  • Fondi rubati all’agricoltura

    L’inchiesta svela come i fondi europei per l’agricoltura siano finiti nelle mani della mafia e del crimine organizzato. Contadini minacciati di morte e costretti ad abbandonare la propria terra, uomini dello Stato sotto scorta, totale assenza di controlli e un business milionario che rende più della droga.

    https://openddb.it/film/fondi-rubati-allagricoltura
    #documentaire #mafia #Sicile #film_documentaire #UE #Union_européenne #fonds_européens #criminalité_organisée #Parco_dei_Nebrodi #Italie

  • Crise des #opioïdes au Canada : des « zombies » dans les rues de Calgary et Montréal
    https://www.sudouest.fr/international/canada/crise-des-opioides-au-canada-des-zombies-dans-les-rues-de-calgary-et-montre

    Les autorités canadiennes sont dépassées. Eugène Oscapella conclut : « Notre façon de gérer la drogue pose plus de problèmes qu’il n’en résout. La principale difficulté vient de ce que nous avons traité cette crise comme une affaire criminelle plutôt que comme un problème de santé publique. Le droit criminel n’est pas le bon instrument. On l’a utilisé pendant un siècle et cela n’a pas marché. La drogue est liée à des problèmes sociaux, de santé mentale, de pauvreté et de solitude dans notre société. »

  • Berliner Senatorin : Wer ein Messer in der U-Bahn mit sich führt, riskiert seinen Führerschein
    https://www.berliner-zeitung.de/politik-gesellschaft/berliner-senatorin-wir-entfernen-schritt-fuer-schritt-messer-aus-de

    Face à son incapacité de résoudre les énormes problemes sociaux hantant la ville de Berlin le gouvernement municipal imterdit tout objet dangereux dans les transports en commun. Une liste d’exceptions pour artisans et d’autres usagers qui ont besoin de leurs outils et objets potentiellement dangereux rendra peu pertinent le nouveau règlement.

    Cette manière de procéder est typique pour les social-démocrates contemporains. On identifie un problème (trop de jeunes gens ont des coutesux sur eux) on ne peut pas changer l’origine du problème (les jeunes exclus font expérience de menaces inimaginables pour le politicien de parti bourgeois moyen), alors on « fait quelque chose » avec l’arsenal disponible (on publie un décret) et passe à autre chose. Ce procédé protège assez bien contre l’accusation d’inactivité.

    Le fait que police a désormais.le droit de contrôler et fouiller sans raison particulière les passagers agrandit le risque d’un profilage racial qui ferait monter.les tensions. Toute somme faite la sénatrice (ministre) de l’intérieur Spranger (SPD) agrandit le risque d’une situation ingérable plutôt que de désamorcer les dangers à son origine.

    24.6.2025 von Elmar Schütze - Der Berliner Senat beschließt ein generelles Messer- und Waffenverbot für den ÖPNV. Was das bringen soll – und was das mit der Fahrerlaubnis zu tun hat.

    Die Debatte um die Gefahren durch Messer und die Zunahme von Kriminalität geht weiter. Jetzt will Berlin ein generelles Messer- und Waffenverbot in U- und S-Bahnen, Straßenbahnen, Bussen, auf Bahnsteigen und in Bahnhöfen erlassen. Auf eine entsprechende neue Rechtsverordnung einigte sich der Senat in seiner Sitzung am Dienstag. Sie soll voraussichtlich am 17. Juli in Kraft treten.

    Wenn Waffen und Messer in U- und S-Bahnen, Straßenbahnen, Bussen, auf Bahnsteigen und in Bahnhöfen verboten sind, bekommt die Polizei die Möglichkeit, unabhängig von konkreten Verdachtsmomenten zu kontrollieren. Das ist bisher nicht erlaubt.
    Messerverbot in Bus und Bahn: Polizei darf anlasslos kontrollieren

    Ein generelles Waffen- und Messerverbot gilt seit 15. Februar bereits im Görlitzer Park, am Kottbusser Tor in Kreuzberg und am Leopoldplatz in Wedding. Bei dortigen Kontrollen wurden nach den Worten von Innensenatorin Iris Spranger (SPD) fast 100 Messer festgestellt.

    Erfahrungen mit einem Verbot von gefährlichen Gegenständen hat auch die Bundespolizei. Es gilt in Berlin noch bis zum 30. Juni – eine neue, einheitliche Regelung ist also notwendig. Betroffen sind die Bahnhöfe Hauptbahnhof, Südkreuz, Zoologischer Garten, Friedrichstraße, Alexanderplatz, Gesundbrunnen, Spandau, Ostbahnhof, Warschauer Straße, Ostkreuz, Lichtenberg und Neukölln. Das Verbot umfasst Messer, Äxte, Reizgas und Baseballschläger, aber auch Schusswaffen aller Art. Solche Formulierungen finden sich bereits auch in der BVG-Nutzungsordnung und den Beförderungsbedingungen des Verkehrsverbundes Berlin-Brandenburg (VBB).

    Spranger erinnerte auf der Pressekonferenz nach der Senatssitzung an eine dramatisch verlaufene Eskalation im April dieses Jahres, die in einer U-Bahn am Sophie-Charlotte-Platz in Charlottenburg ihren Anfang nahm, und bei der zwei Menschen starben. Ein Mann wurde durch Messerstiche eines anderen Mannes tödlich verletzt, der Täter wurde schließlich von Polizisten erschossen, als er auch noch diese angriff.

    Spranger sprach davon, wie wichtig präventive Maßnahmen seien. Für sie ist klar: „Mit unserer Strategie entfernen wir Messer Schritt für Schritt aus dem öffentlichen Raum. Den Menschen werde nach und nach bewusst, dass sie jederzeit kontrolliert werden können.“ Es drohen Bußgelder in Höhe bis zu 10.000 Euro. Die Aussage sei eindeutig: „Man muss das Messer zu Hause lassen!“ Und: „Diese Regelung kann Leben retten.“

    Die Berliner Regelung soll sich an diejenige anpassen, die seit Herbst bereits für den Fern- und den S-Bahnverkehr gilt. Dort ist seit Oktober vergangenen Jahres das Führen von Waffen und Messern verboten. Gemeint sind damit auch Schreckschuss- sowie Signalwaffen, außerdem alle Messer, auch kleine Taschenmesser. Ausgenommen sind zum Beispiel gesondert verpackte Messer, die nicht mit wenigen Handgriffen zugriffsbereit sind. Dasselbe gelte auch für „Fälle berechtigten Interesses“, wenn beispielsweise Gastronomen Werkzeug transportieren würden.

    Differenzierungen gibt es auch beim Pfefferspray. Dies gilt nach Bundesgesetz als Waffe – und ist deshalb ebenfalls verboten. Jedoch sei Spray nicht gleich Spray, so Spranger. So führten viele Menschen aus einem Sicherheitsbedürfnis heraus ein Tierabwehrspray mit sich. Dies sei nicht verboten, weil es zum Beispiel keinen zielgerichteten Strahl absondere. Allerdings gelte ein Mindestalter von 14 beziehungsweise 16 Jahren, je nach Art des Sprays.

    Waffenverbot: Beim Pfefferspray wird differenziert

    Spranger bekräftigte bei der Gelegenheit noch einmal, dass jemand, der mehrfach mit einem auffälligen Messer angetroffen wird, seinen Führerschein respektive seine Fahrerlaubnis verlieren kann – beziehungsweise ihn/sie nicht erwerben darf. So habe das zuständige Landesamt für Bürger- und Ordnungsangelegenheiten (Labo) bereits vier Männern aus diesem Grund den Führerschein entzogen. Für welchen Zeitraum das gelte, wusste sie nicht zu berichten. Zwei weitere Personen mussten seitdem zur psychologischen Untersuchung.

    Der Zusammenhang zwischen Messern und Autofahren liegt für die Innensenatorin klar auf der Hand. „Für eine Fahrerlaubnis braucht man eine charakterliche Eignung. Und demjenigen, der ein großes, am besten auch noch sichtbares Messer mit sich führt, dem mangelt es an charakterlicher Eignung“, sagte Spranger. Ein Autofahrverbot treffe diese Täter besonders empfindlich. Außerdem: „Diese Leute fahren meistens gerne Auto und dann meistens auch zu schnell.“ Entschieden werde jedoch jeweils im Einzelfall, weil es immer auch um die Schwere der Tat gehen müsse, so Spranger.

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    Am Leopoldplatz in Wedding hat die Polizei jetzt schon mehr Durchgriffsrechte. Künftig soll dies für alle Busse und Bahnen in Berlin gelten.Maurice Weiss/Ostkreuz

    Die Rechtsverordnung trete in Kraft, sobald sie im Berliner Amtsblatt veröffentlicht werde, hieß es am Dienstag. Dies werde voraussichtlich am 17. Juli geschehen. Danach würden die Sicherheitskräfte in den ersten zwei Wochen Schwerpunkteinsätze fahren, aber stets „mit Augenmaß“, so die Politikerin. Gerade anfangs sei vor allem auch gute Kommunikation gefragt. Man dürfe nicht nur durchsetzen, sondern müsse auch erklären, so Spranger. Dazu sei man auch mit der Gewerkschaft der Polizei (GdP) und der Deutschen Polizeigewerkschaft (DPolG) „in guten Gesprächen“.

    Wie gut diese Gespräche tatsächlich gewesen sein mögen, muss offen bleiben. Der stellvertretende Berliner DPolG-Landesvorsitzende Frank Teichert bringt auf Anfrage der Berliner Zeitung jedenfalls seine Skepsis zum Messerverbot zum Ausdruck.

    Er sehe schon wieder „zehn Seiten mit Ausnahmen“ vor seinem geistigen Auge, weil auch Handwerker mit der Bahn fahren und dabei ihre Werkzeuge mitführen. „Und es sind, wie ein Déjà-vu, Parallelen zur Wackelpuddingverordnung zu erkennen.“ Damit meint Teichert die Formulierungen zu den Waffenverbotszonen.

    Für die Grünen sind Messerverbote „Einfallstor für Racial Profiling“

    Und auch bei der politischen Konkurrenz findet die Entscheidung keinen Beifall. So hält Grünen-Innenpolitiker Vasili Franco eine Ausweitung des Verbots für fatal. „Eine falsche Maßnahme wird nicht dadurch richtig, dass man sie ausweitet“, sagte Franco auf Anfrage der Berliner Zeitung. Für ihn sind Messerverbotszonen „symbolpolitischer Aktivismus“. Nicht zuletzt seien anlasslose Kontrollen ohne Verdacht „keine Kriminalitätsbekämpfungsstrategie, sondern ein Einfallstor für Racial Profiling“.

    Racial Profiling bedeutet, Polizisten würden Personen aufgrund ihres Aussehens, insbesondere ihrer Hautfarbe oder ethnischer Zugehörigkeit, gezielt kontrollieren oder verdächtigen, ohne dass ein konkreter Verdacht auf eine Straftat vorliegt. Das sei diskriminierend.

    #Berlin #violence #criminalité #armes #police #profilage_racial #transport_publique

  • Un site illégal de dons de gamètes découvert par les enquêteurs lillois, l’administrateur en garde à vue

    Un site illégal de dons de gamètes a été découvert par la section de recherche de Lille de la Gendarmerie nationale. L’homme qui gérait ce site a été interpellé jeudi à Paris. Il mettait en relation des receveuses et des donneurs de sperme, hors de tout cadre légal, revenus à la clé.

    Le site a été découvert il y a quelques semaines, au mois d’avril, par la section de recherche lilloise de la Gendarmerie nationale, et plus précisément par son antenne C3N, spécialisée dans la lutte contre la criminalité numérique.

    Concrètement, ce site internet, utilisé par environ 7000 personnes, mettait en relation des donneurs de gamètes et des femmes qui en recherchent mais sont souvent sans solution, à cause de délais très longs pour obtenir légalement un don de sperme, selon des médecins de la reproduction au fait de ces dérives, interrogés par les enquêteurs.

    Des relations sexuelles déguisées
    Cela fonctionnait comme un site de rencontre ° « mais clandestin » ° nous indique la gendarmerie. Concrètement, il suffisait de créer son profil, avant d’entrer en contact avec un donneur ou une receveuse, de se mettre d’accord sur le prix, et sur la « méthode »... notamment la pénétration, privilégiée par certains donneurs qui cherchaient là des relations sexuelles déguisées. Ce site illégal, a donc aussi permis des abus et fait des victimes, sans oublier les risques sanitaires encourus.

    En plus d’être une démarche totalement illégale, ce cite « exploitait la situation de vulnérabilité de ces receveuses » , selon le communiqué de la Gendarmerie nationale qui indique avoir notamment enquêté sous pseudonyme, et découvert que le gérant du site a lui-même donné illégalement du sperme contre de l’argent « à titre de dédommagement » . Selon la gendarmerie, sa motivation principale, en tout cas affichée, était de « rendre service » à ces femmes dans l’attente.

    La pratique non encadrée du don de gamètes « peut exposer les parties concernées à de multiples dangers (risques sanitaires, de consanguinité, génétique...) et à des comportements abusifs (infractions à caractère sexuel) » , ont encore rappelé les gendarmes.

    Source : https://www.francebleu.fr/infos/faits-divers-justice/un-site-illegal-de-dons-de-gametes-decouvert-par-les-enqueteurs-lillois-l
    #sexualité #sperme #gpa #reproduction #France #criminalité #numérique

  • US oil firms pumping secret chemicals into ground and not fully reporting it
    https://www.theguardian.com/us-news/2025/may/20/us-oil-firms-chemicals-colorado

    Colorado oil and gas companies have pumped at least 30m lbs of secret chemicals into the ground over the past 18 months without making legally required disclosures, according to a new analysis.

    That’s in spite of first-in-the-nation rules requiring operators and their suppliers to list all chemicals used in drilling and extraction, while also banning any use of Pfas “forever chemicals” at oil and gas sites. Since the transparency law took effect in July 2023, operators have fracked 1,114 sites across the state, but as of 1 May chemical disclosures have not been filed for 675 of them – more than 60% of the total, the analysis says.

    #criminels

  • 2022 :
    Pollution : les émissions #toxiques cachées par les grandes compagnies pétrolières
    https://www.bbc.com/afrique/monde-63074389

    #Irak

    La BBC a découvert des millions de tonnes d’émissions non déclarées provenant du #torchage_du_gaz sur les champs pétrolifères où travaillent BP, Eni, ExxonMobil, Chevron et Shell.

    Le torchage du gaz naturel consiste à brûler « inutilement » l’excédent de gaz libéré lors de la production de pétrole

    Les gaz brûlés émettent un puissant mélange de dioxyde de carbone, de méthane et de suie noire qui pollue l’air et accélère le réchauffement climatique.

    La BBC a également découvert des niveaux élevés de produits chimiques potentiellement cancérigènes dans les communautés irakiennes proches des champs pétroliers où les gaz sont brûlés. D’après nos conclusions, ces champs présentent les niveaux les plus élevés de torchage non déclaré au monde.

    En réponse, David Boyd, rapporteur spécial des Nations unies sur les droits humains et l’environnement, a comparé ces communautés à des "zones de sacrifice modernes, des zones où le profit et les intérêts privés sont prioritaires par rapport à la santé humaine, aux droits humains et à l’environnement.

    [...]

    Selon la Banque mondiale, le captage du gaz peut s’avérer coûteux au départ et techniquement difficile. Elle estime que l’arrêt du torchage systématique pourrait coûter jusqu’à 100 milliards de dollars (67 billions 448 milliards 283 millions FCFA).

    Mais Mark Davis, directeur général de Capterio, qui conseille les compagnies pétrolières sur la capture du gaz brûlé à la torche, a déclaré à la BBC que des pays comme la Norvège ont montré que c’était possible avec l’aide d’une réglementation stricte.

    #criminels #brulâge #énergie_fossile

  • Bitcoins : Finger weg !
    https://www.heise.de/news/Bitcoins-Finger-weg-10386693.html

    Voici un problème des familles de riches. les personnes qui se vantent publiquement de leur fortune en bitcoins sont enlevés par des crminels qui ont l’habitude de cisailler les doigts de leurs victimes. Moi, je risque plutôt de perdre des doigts par imprudence dans une machine que de me les faire couper par des criminels. D’ailleurs chez nous les choses sont claires : l’ôtage est systématiquement considéré comme mort. On négotie uniquement pour obliger le ravisseur à produire des traces.

    16.5.2025 von Mirko Dölle - Wer nicht seine Finger von Kryptowährungen lassen kann und mit seinen Bitcoin-Millionen prahlt, riskiert, sie zu verlieren – die Millionen und die Finger.

    Glaubt man Tageszeitungen und Boulevardpresse, leben Bitcoin-Millionäre besonders gefährlich: Die Gefahr besteht nicht nur darin, dass der Handel verboten werden, US-Präsident Trump mit einer Randbemerkung den Kurs abstürzen lassen könnte oder ein Festplattendefekt das Wallet zerstört. Bitcoin-Millionäre und ihre Angehörigen sind ins Fadenkreuz von Kriminellen geraten. Vor allem in Frankreich sollen in den letzten Monaten gleich mehrere Personen, die mit Kryptowährungen zu tun hatten, entführt und erpresst – und am Ende um ihr Kryptovermögen und einen Finger gebracht worden sein.

    Eines der Opfer ist der Vater eines Kryptomillionärs. Er wurde laut der französischen Tageszeitung Le Monde Anfang Mai 2025 entführt, um den Sohn um sein Kryptovermögen zu bringen. Bei seiner Befreiung fehlte ihm ein Finger.
    Krypto-Menschenraub

    Auch David Balland, der Gründer des französischen Hardware-Wallet-Herstellers Ledger wurde Anfang 2025 entführt. Für seine Freilassung verlangten die Entführer einen großen Betrag in Kryptowährungen von Ledger – und sollen Balland einen Finger abgeschnitten haben.

    Hardware-Wallets für Kryptowährungen, abgetrennte Finger – angesichts der Umstände könnte man auf die Idee kommen, dass die Kriminellen mit den Fingern die Hardware-Wallets ihrer Opfer entsperren und so an die Bitcoins gelangen wollten. Dabei hat Ledger gar keine Hardware-Wallets im Programm, die per Fingerabdruck entsperrt werden. Dafür ist stattdessen eine PIN erforderlich.

    Zwar gibt es mit dem D’Cent oder dem Keystone 3 Pro auch Hardware-Wallets, die biometrische Fingerabdrücke verwenden. Es ist aber fraglich, ob sich deren Sensoren mit einem abgetrennten Finger austricksen lassen – indes, selbst ausprobiert haben wir das mangels freiwilliger Testpersonen noch nicht.
    Bitcoin im Mainstream

    Vielmehr scheint das Abschneiden von Gliedmaßen bei Entführern zur üblichen Vorgehensweise zu gehören, um der Lösegeldforderung Nachdruck zu verleihen. Ein durchaus bekanntes Phänomen aus Hollywood und aus Entführungen abseits der Krypto-Szene. Eine regelrechte Salamitaktik, wo neben Fingern mitunter auch andere, größere Körperteile entfernt werden, falls nicht gezahlt wird, um den Druck Stück für Stück zu erhöhen.

    Diese Vorfälle zeigen, dass Kryptowährungen im Mainstream angekommen sind und nicht mehr nur von Kriminellen aus der Cyber- oder Darknet-Szene genutzt werden. So stand auch die „Nutzung digitaler Währung durch die Italienische organisierte Kriminalität (IOK)“ auf der Agenda der Messe GPEC digital 2025 (General Police Equipment Exhibition & Conference) in Leipzig. Die zuvor genannten Opfer wurden nicht entführt, weil sie eine bestimmte Kryptowährung besaßen, sondern schlicht, weil sie oder jemand aus dem Familienkreis reich ist.

    Damit haben Kryptomillionäre das gleiche Risiko wie Euro-Millionäre oder reiche Erben: Wird ihr Reichtum bekannt, können sie unerwünschte Aufmerksamkeit durch Kriminelle auf sich ziehen. So wurde ein 21-Jähriger aus dem Saarland Mitte 2024 auf dem Nachhauseweg entführt und gefoltert, bis er seine Zugangsdaten für Handy und Krypto-Wallet preisgab. Die Kriminellen transferierten dann rund 150.000 Euro in Solana auf ihr eigenes Wallet. Nachdem die Täter gefasst wurden, gaben sie an, über eine WhatsApp-Gruppe auf den Saarländer aufmerksam geworden zu sein, der dort von seinem Krypto-Reichtum berichtet haben soll.
    Schweigen ist Gold

    Indem man seinen eigenen (Krypto-)Reichtum hinausposaunt, gefährdet man sich nicht nur selbst, sondern auch seine Angehörigen – Lebenspartner, Kinder, Eltern oder gar Freunde. Rechnen die Verbrecher damit, dass die Bitcoins besonders gut verwahrt sind, etwa in Hardware-Wallets die wiederum im Bankschließfach lagern, werden sie nicht den Kryptomillionär selbst entführen – er käme dann nicht an das benötigte Wallet. Zielführender ist es dann, eine möglichst nahestehende Person zu entführen und so das Geld zu erpressen – so wie im eingangs berichteten Fall des französischen Kryptomillionärs. Gegen diese Form des Bitcoin-Raubs hilft auch keine noch so ausgefeilte und sichere Aufbewahrungstechnik.

    #criminalité #bitcoin #enlèvement

  • Communiqué de presse :
    Pour une consécration du principe de fraternité à la frontière

    Le 12 septembre 2024, la #CEDH rejetait la requête formulée par #Loïc_Le_Dall, à la suite de sa condamnation pour « aide à l’entrée d’un étranger en situation irrégulière en France ». Cette décision, qui mit fin à plus de 6 ans de procédure, est un camouflet pour l’ensemble des militants et militantes des droits des personnes étrangères, qui demandent aux Institutions européennes de garantir l’application systématique de l’immunité humanitaire aux frontières.

    Loïc Le Dall, président d’Emmaüs La Roya et membre du conseil d’administration de l’Anafé, militant de la défense des droits des personnes exilées, a été arrêté à la frontière franco-italienne en janvier 2018 alors qu’il conduisait sa voiture avec à son bord une personne racisée. Relaxé par le tribunal correctionnel puis condamné par la cour d’appel, la Cour de cassation a finalement confirmé en janvier 2023 sa condamnation pour « aide à l’entrée d’un étranger en situation irrégulière en France » en excluant l’immunité humanitaire pour l’aide à l’entrée. Aucune réponse n’a été apportée concernant le manque de caractérisation de l’infraction par la cour d’appel. C’est en effet sans aucun élément matériel permettant de savoir si la personne était ou non « étrangère » et « en situation irrégulière » que la cour d’appel a décidé de condamner Loïc Le Dall.

    Résolu à faire prévaloir le principe de fraternité qui motive son engagement et estimant qu’il a été victime d’une atteinte à son droit fondamental de porter assistance aux personnes vulnérabilisées par devoir de conscience, le président d’Emmaüs La Roya a déposé en mai 2023 une requête devant la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH). Cette dernière a rendu une décision d’irrecevabilité le 12 septembre 2024.

    Face à cette décision, Loïc Le Dall a déclaré : « nous sommes pris·e dans un étau juridique entre l’interdiction d’aider à l’entrée sur le territoire d’une personne y compris lorsque sa vie est en jeu lorsqu’elle se présente à une frontière terrestre et le risque d’être poursuivi·e pour non-assistance à personne en danger – et ce, sans compter la culpabilité s’il lui arrive quelque chose. » avant de conclure : « j’invite tous les juges des juridictions françaises et de la CEDH qui ont participé à mon procès à venir constater les violations des droits que nous observons au quotidien depuis 9 ans à la frontière franco-italienne. Je leur ferai découvrir la réalité de cette frontière et les accueillerai dans notre communauté ».

    Pour nos organisations, cette décision est dangereuse pour toutes les personnes qui défendent les droits des personnes exilées en France. La CEDH n’a pas pris en compte le fait que les éléments constitutifs de l’infraction n’étaient pas constitués. Elle n’a surtout pas pris la mesure du durcissement de la législation française à l’encontre des défenseurs et défenseures des droits des personnes en migration, ni des pratiques de l’administration.

    Nos organisations appellent à une modification des textes afin de garantir l’application systématique de l’immunité humanitaire aux frontières. Les personnes solidaires ne doivent plus être inquiétées, poursuivies ou condamnées pour leurs actions de fraternité à l’égard des personnes en migration. La défense des droits des personnes étrangères aux frontières que ce soit en mer, en montagne ou dans les plaines, ne doit plus être réprimée. À l’image de l’obligation de sauvetage en mer qui prohibe de poursuivre les organisations qui sauvent des vies en mer, et même si cela va à l’encontre des dispositions du Pacte sur l’immigration et l’asile et de la réforme Schengen qui ont accordé des dispositions permettant de réprimer les organisations y compris humanitaires dans certaines conditions, il serait temps que l’Union européenne se dote d’un mécanisme dédié au droit d’aider autrui à titre humanitaire, y compris à la frontière. Nos organisations continueront à militer pour ce droit et à soutenir les personnes exilées et toutes celles et ceux qui leur viennent en aide.

    https://anafe.org/pour-une-consecration-du-principe-de-fraternite-a-la-frontiere
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