• Communiqué de presse :
    Pour une consécration du principe de fraternité à la frontière

    Le 12 septembre 2024, la #CEDH rejetait la requête formulée par #Loïc_Le_Dall, à la suite de sa condamnation pour « aide à l’entrée d’un étranger en situation irrégulière en France ». Cette décision, qui mit fin à plus de 6 ans de procédure, est un camouflet pour l’ensemble des militants et militantes des droits des personnes étrangères, qui demandent aux Institutions européennes de garantir l’application systématique de l’immunité humanitaire aux frontières.

    Loïc Le Dall, président d’Emmaüs La Roya et membre du conseil d’administration de l’Anafé, militant de la défense des droits des personnes exilées, a été arrêté à la frontière franco-italienne en janvier 2018 alors qu’il conduisait sa voiture avec à son bord une personne racisée. Relaxé par le tribunal correctionnel puis condamné par la cour d’appel, la Cour de cassation a finalement confirmé en janvier 2023 sa condamnation pour « aide à l’entrée d’un étranger en situation irrégulière en France » en excluant l’immunité humanitaire pour l’aide à l’entrée. Aucune réponse n’a été apportée concernant le manque de caractérisation de l’infraction par la cour d’appel. C’est en effet sans aucun élément matériel permettant de savoir si la personne était ou non « étrangère » et « en situation irrégulière » que la cour d’appel a décidé de condamner Loïc Le Dall.

    Résolu à faire prévaloir le principe de fraternité qui motive son engagement et estimant qu’il a été victime d’une atteinte à son droit fondamental de porter assistance aux personnes vulnérabilisées par devoir de conscience, le président d’Emmaüs La Roya a déposé en mai 2023 une requête devant la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH). Cette dernière a rendu une décision d’irrecevabilité le 12 septembre 2024.

    Face à cette décision, Loïc Le Dall a déclaré : « nous sommes pris·e dans un étau juridique entre l’interdiction d’aider à l’entrée sur le territoire d’une personne y compris lorsque sa vie est en jeu lorsqu’elle se présente à une frontière terrestre et le risque d’être poursuivi·e pour non-assistance à personne en danger – et ce, sans compter la culpabilité s’il lui arrive quelque chose. » avant de conclure : « j’invite tous les juges des juridictions françaises et de la CEDH qui ont participé à mon procès à venir constater les violations des droits que nous observons au quotidien depuis 9 ans à la frontière franco-italienne. Je leur ferai découvrir la réalité de cette frontière et les accueillerai dans notre communauté ».

    Pour nos organisations, cette décision est dangereuse pour toutes les personnes qui défendent les droits des personnes exilées en France. La CEDH n’a pas pris en compte le fait que les éléments constitutifs de l’infraction n’étaient pas constitués. Elle n’a surtout pas pris la mesure du durcissement de la législation française à l’encontre des défenseurs et défenseures des droits des personnes en migration, ni des pratiques de l’administration.

    Nos organisations appellent à une modification des textes afin de garantir l’application systématique de l’immunité humanitaire aux frontières. Les personnes solidaires ne doivent plus être inquiétées, poursuivies ou condamnées pour leurs actions de fraternité à l’égard des personnes en migration. La défense des droits des personnes étrangères aux frontières que ce soit en mer, en montagne ou dans les plaines, ne doit plus être réprimée. À l’image de l’obligation de sauvetage en mer qui prohibe de poursuivre les organisations qui sauvent des vies en mer, et même si cela va à l’encontre des dispositions du Pacte sur l’immigration et l’asile et de la réforme Schengen qui ont accordé des dispositions permettant de réprimer les organisations y compris humanitaires dans certaines conditions, il serait temps que l’Union européenne se dote d’un mécanisme dédié au droit d’aider autrui à titre humanitaire, y compris à la frontière. Nos organisations continueront à militer pour ce droit et à soutenir les personnes exilées et toutes celles et ceux qui leur viennent en aide.

    https://anafe.org/pour-une-consecration-du-principe-de-fraternite-a-la-frontiere
    #fraternité #frontières #principe_de_fraternité #migrations #réfugiés #criminalisation_de_la_solidarité #solidarité

    • RIFIUTI ? UNA RISORSA

      Questo volume rappresenta un riassunto di carattere divulgativo di problematiche ambientali ben note e già studiate in maniera approfondita; vuole essere semplicemente uno strumento di diffusione della cultura ambientale e un aiuto, suggerimento per le Amministrazioni Locali ed i cittadini, affinché possano sensibilizzarsi ulteriormente di fronte alle problematiche sorte con la società consumistica. Questo libretto potrebbe essere uno strumento per i Comuni per realizzare incontri partecipativi estesi alla cittadinanza, in maniera tale da spingere il singolo a dare il proprio contributo nel corretto comportamento riguardo la questione dei rifiuti, generando, sul medio lungo periodo, un beneficio sulla collettività in termine di salute e di risparmio economico. Il problema ambientale è un problema che riguarda tutti, per cui la responsabilità è collettiva e non individuale; a tal proposito la politica in genere ha un ruolo determinante come motore che inneschi e regoli comportamenti virtuosi nei cittadini, che a loro volta devono prendere coscienza di trattare l’ambiente come la propria persona o la propria casa.

      https://libri.editorialedelfino.it/prodotto/rifiuti-una-risorsa

      #livre

  • Les militants et les migrants font face à une hausse des criminalisations, selon un rapport

    Dans un rapport (https://picum.org/wp-content/uploads/2025/04/Criminalisation-of-migration-and-solidarity-in-the-EU-2024-report.pdf) publié mardi, l’ONG belge PICUM documente l’augmentation constante de la criminalisation des migrants et des personnes venant en aide aux exilés en Europe. Dans un contexte de durcissement de la législation européenne, les migrants sont désormais poursuivis pour l’acte même de migrer illégalement mais aussi de plus en plus pour des accusations de trafic d’êtres humains.

    Selon un rapport de l’ONG belge PICUM (Plateforme pour la coopération internationale sur les sans-papiers) qui promeut le respect des droits de l’Homme des sans-papiers en Europe, les cas de criminalisation des migrants et des militants venant au secours des exilés sont en nette et constante hausse ces dernières années.

    « C’est la quatrième année consécutive que nous observons une augmentation des niveaux de criminalisation des migrants et des personnes qui les aident. Et ce que nous pouvons observer n’est que la partie émergée de l’iceberg » affirme Silvia Carta, chargée de plaidoyer à PICUM et auteure de l’étude.

    Car cette tendance inquiétante, qui n’est pas nouvelle, reste très probablement sous-estimée faute de données statistiques et officielles, mais aussi de nombreux cas non rapportés ou non répertoriés dans les médias.
    Accusés d’être des passeurs

    Avec la nouvelle législation européenne plus répressive, actuellement en discussion, c’est l’acte même de migrer qui est condamné.

    D’après les chiffres recensés par l’ONG en 2024, au moins 91 migrants en Italie, en Grèce et en Espagne ont été incriminés pour facilitation de la migration irrégulière, de contrebande et d’autres chefs d’accusation. Et 84% d’entre elles étaient poursuivies pour franchissement irrégulier des frontières. Des accusations accolées à des circonstances aggravantes, telles que l’appartenance à une organisation criminelle, peuvent encore alourdir les peines.

    De plus en plus, les exilés sont donc accusés d’être des passeurs et poursuivis pénalement pour trafic d’être humains. Certains sont suspectés d’avoir conduit un véhicule ou dirigé un bateau pour passer une frontière ou encore soupçonnées d’avoir aidé à gérer les passagers à bord. En Italie et en Grèce, plusieurs survivants de naufrages ont ainsi été poursuivis en tant que passeurs.

    En réalité, selon les ONG, le plus souvent le migrant n’est qu’un simple passager qui aide à la distribution de nourriture et d’eau, en assistant les blessés, ou encore en utilisant son téléphone par exemple. Des témoignages rapportent également une contrainte par la menace armée pour prendre les commandes d’un navire ou d’un véhicule.
    Criminalisation de la solidarité envers les migrants

    En parallèle, au moins 142 militants ont été poursuivis en 2024 pour avoir aidé des migrants en Europe, s’est aussi indignée l’ONG de protection des sans-papiers. Selon le décompte de Picum, l’année dernière, plus de 80 personnes ont été poursuivies pour avoir secouru ou aidé des migrants en mer et une vingtaine pour leur avoir fourni de l’eau, de la nourriture ou des vêtements.

    Ces situations ont surtout eu lieu en Grèce, en Italie, Pologne et en France mais d’autres cas ont été relevés en Bulgarie, Lettonie, à Chypre et Malte.

    Cinq personnes, par exemple, ayant apporté une aide humanitaire à la frontière Pologne/Biélorusse risquent jusqu’à cinq ans de prison. L’ONG mentionne aussi le cas de sept militants basques accusés d’avoir profité du passage d’une course pour faire franchir la frontière entre l’Espagne et la France à 36 migrants en mars 2024. Ils devraient être jugés début octobre de cette année.

    « La criminalisation de la solidarité avec les migrants est profondément liée à la criminalisation de la migration elle-même. Il ne s’agit pas de deux questions distinctes, mais d’un continuum de politiques migratoires restrictives qui rendent le franchissement des frontières dangereux et créent un environnement hostile à l’encontre de ceux qui sont considérés comme étant entrés de manière irrégulière », a déclaré Silvia Carta.

    Note d’espoir toutefois pour les humanitaires : les tentatives pour décourager les ONG et défenseurs des droits des migrants de leur porter secours se traduisent majoritairement par des acquittements ou un abandon des charges. En 2024, les procédures judiciaires ont pris fin pour 43 des 142 personnes incriminées.
    280 ans de prison

    Reste que le Pacte sur la migration et l’asile, une vaste réforme qui durcit le contrôle de l’immigration en Europe et devrait entrer en fonction en 2026, pourrait encore élargir les motifs de criminalisation des migrants mais aussi de l’aide humanitaire.

    Picum alerte depuis plusieurs années sur la criminalisation des sans-papiers. En 2023, 117 militants avant déjà été incriminés dans l’Union européenne : 88 l’ont été pour avoir secouru ou aidé des migrants en détresse en mer. D’autres pour avoir distribué de l’eau, de la nourriture ou des vêtements, tandis que certains ont été poursuivis pour leur participation à des protestations et des manifestations.

    En Grèce, un pêcheur égyptien et son fils de 15 ans avaient été accusés de contrebande car le père pilotait le bateau de migrants. En réalité, il avait accepté ce rôle à contrecœur pour ne pas avoir à payer leur voyage. Il a été condamné à 280 ans de prison et son fils doit désormais répondre pour les mêmes accusations devant un tribunal pour mineurs.

    Après 10 ans de procédures judiciaires, une femme, incriminée en 2014 pour avoir acheté des billets de train à des réfugiés syriens en Sicile (Italie) a finalement été acquittée.

    Cependant, la lenteur des procédures (en moyenne trois ans) n’est pas sans conséquence sur les finances, la santé psychologique et la vie personnelle des mis en cause.

    Déposé fin mars, un projet de rapport dirigé par l’eurodéputée socialiste allemande Birgit Sippel, doit être discuté au Parlement européen. Il exempterait l’aide humanitaire de la criminalisation ce qui permettrait de clarifier cet aspect.

    https://www.infomigrants.net/fr/post/64216/les-militants-et-les-migrants-font-face-a-une-hausse-des-criminalisati
    #migrations #réfugiés #criminalisation #criminalisation_de_la_migration #criminalisation_de_la_solidarité #Europe #rapport #PICUM #passeurs #chiffres #statistiques

    ping @6donie @karine4

  • Dans la Creuse, #Manssour_Sow, ouvrier agricole sans papiers, est suspendu à la décision de la #préfecture

    Cet exilé mauritanien travaille dans trois fermes et permet de nourrir de nombreux habitants, participant au « dynamisme » de tout un territoire. Mais depuis le 3 avril, il est assigné à résidence et menacé d’expulsion. Ses soutiens invitent les autorités à le régulariser.

    « Je n’aurais jamais cru en arriver là », soupire Manssour Sow. À l’autre bout du fil, le trentenaire se dit fatigué. Il explique qu’il « travaille », dans un métier en tension qui plus est, et qu’il a « tous les documents qui le prouvent ». « Je n’arrive pas à comprendre », dit-il.

    Quelques semaines plus tôt, cet exilé mauritanien a reçu un courrier de la préfecture de la Creuse, une convocation pour lui faire signer une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et une assignation à résidence (depuis contestée en justice). Manssour Sow avait déjà fait l’objet d’une OQTF en août 2022, après avoir vu sa première demande de régularisation rejetée.

    Finalement, « ils ne [lui] ont pas fait signer la nouvelle #OQTF, en disant que c’était une erreur ». Mais la première mesure d’éloignement étant toujours en cours (elles sont exécutoires durant trois ans depuis la loi Darmanin), il est assigné à résidence depuis le 3 avril, contraint de pointer chaque jour à la gendarmerie.

    « Ça me fait mal, c’est comme si j’étais un criminel. Cette situation m’empêche de dormir la nuit. » La gendarmerie étant éloignée de son lieu de vie, la préfecture a depuis accepté de réduire la fréquence des pointages à trois fois par semaine. De nombreux soutiens de Manssour Sow invitent la préfecture à réexaminer sa situation.

    Sollicités par Mediapart, ni les services de la préfète de la Creuse ni le cabinet du ministre de l’intérieur n’ont répondu à l’heure où nous publions cet article. Selon nos informations, la préfecture a accepté de prendre un nouveau dossier le 16 avril, après qu’une délégation a été reçue par le secrétaire général la semaine précédente. « On a compris que ce qui bloquait, c’était la circulaire Retailleau », raconte une source ayant participé à l’entrevue.

    Adressées aux préfets le 23 janvier, ces consignes venues du ministre de l’intérieur durcissent les conditions de régularisation des sans-papiers, en imposant un délai de présence en France de sept ans et l’absence d’OQTF pour toute demande. « La circulaire met la pression sur les préfets aujourd’hui. Peu importe la situation des gens, ils l’appliquent », poursuit cette source.
    Un secteur et un territoire qui peinent à recruter

    Le dossier de Manssour Sow n’est pas anodin : il se trouve à la croisée de plusieurs chemins, entre agriculture et monde rural, métiers en tension et régularisation des travailleurs sans papiers… Et c’est sans doute ce qui explique le soutien très large dont le jeune homme bénéficie depuis l’annonce de son assignation à résidence.

    « Tout le monde me connaît dans le coin », confie l’intéressé à Mediapart. « Quand les habitants ont appris ce qui lui arrivait, ils sont allés se rassembler devant la préfecture, et ce alors qu’ils ne sont pas forcément militants », complète Olivier Thouret, représentant de la Confédération paysanne creusoise.

    Ce dernier est témoin des difficultés de recrutement que connaît le secteur, notamment « pour les petites fermes en vente directe » – Manssour Sow travaille depuis deux ans dans trois fermes différentes dans la Creuse. Pour pouvoir tenir dans la durée, précise Olivier Thouret, « on a besoin d’emplois, parce que c’est aussi très chronophage ». Ces emplois ne sont pas toujours à temps plein, mais permettent d’assurer la « vivabilité » des fermes. Et « ni France Travail ni les services de remplacement ne permettent de trouver la polyvalence » dont elles ont besoin.

    « Le travail se passe bien, raconte Manssour Sow. Je m’occupe des vaches laitières et des vaches limousines, mais aussi de la volaille et des cochons. Je dois les nourrir, les sortir, les soigner. Je fais plein d’activités différentes. » Il participe aussi à la fabrication de yaourts et de fromages vendus aux particuliers.

    L’une des fermes qui l’embauchent a également une serre pour le maraîchage ; une autre activité qu’il maîtrise. « Manssour est d’une polyvalence quasi extrême, commente Olivier Thouret. Cela montre sa volonté de s’adapter aux besoins locaux. »

    Selon Catherine Couturier, ancienne députée de la première circonscription de la Creuse (La France insoumise) ayant suivi le dossier de Manssour Sow, les services de la préfecture seraient « embêtés » par la situation, et par la mobilisation qui l’accompagne. Lors du rendez-vous auquel elle a participé, la délégation « a insisté sur les spécificités du métier et la difficulté que les fermes rencontrent pour trouver de la main-d’œuvre formée ».

    « On parle d’une agriculture qui fait de la vente directe, avec des marchés de proximité et des livraisons en épicerie dans de petits bourgs. Cela vient donc en contradiction avec les objectifs affichés par l’État », souligne-t-elle, comme pour le programme « villages d’avenir » et les projets alimentaires territoriaux (PAT).

    « Ces fermes participent à l’animation du territoire et apportent une dynamique sociale », reprend Olivier Thouret, qui rappelle que les marchés sont aussi l’occasion de se rencontrer, d’échanger et de s’alimenter en mangeant local. « On ne peut pas faire croire qu’en enlevant ce maillon de la chaîne [Manssour Sow – ndlr], ça continuera de fonctionner comme avant. »
    Une rencontre décisive

    Pour la société creusoise, perdre Manssour Sow serait une « catastrophe », estime Fabien, lui aussi paysan et atterré par la situation. « On nous parle sans arrêt de repeupler la Creuse, on a trois fermiers qui sont unanimes sur son savoir-faire, sa connaissance de la vie des sols et des bêtes… »

    Si Manssour Sow connaît aussi bien son métier, c’est parce qu’il était éleveur dans son pays d’origine, la Mauritanie, qu’il a dû quitter en 2019 après avoir vu ses terres accaparées par autrui. Son père a été emprisonné durant huit mois et a perdu la vie deux mois après sa libération, du fait de « mauvais traitements ».

    Manssour Sow fuit et vit un temps au Maroc, sans se douter une seconde, dit-il, qu’il gagnerait l’Europe un jour. « J’étais avec des amis d’enfance, du même village que moi, et ils ont décidé de partir parce qu’ils n’arrivaient plus à gagner leur vie au Maroc. »

    Après un passage par la rue à Paris, il rejoint un hébergement d’urgence pour demandeurs d’asile (Huda) à Peyrat-le-Château (Haute-Vienne), heureux de s’éloigner des grandes villes pour retrouver le calme auquel il était habitué. Mais sa demande d’asile finit par être rejetée et il se voit contraint de quitter son lieu d’hébergement.

    Il est alors pris en charge par une association locale, qui lui propose une chambre. « Je faisais du bénévolat pendant ma demande d’asile, j’ai donc connu plein de gens, ça m’a aidé. » Il apprend également le français, qu’il maîtrise depuis.

    Une rencontre change le cours de sa vie alors qu’il fait du stop au bord de la route : « Une dame qui m’a parlé des fermes alentour qui avaient besoin de travailleurs déjà formés. » Il fait alors un stage découverte. « Je suis né et j’ai grandi avec les animaux, ils ont tout de suite vu que je connaissais le métier. »

    Membre de Réseau éducation sans frontières (RESF) et mère de l’une des employeuses de Manssour Sow à Maisonnisses, Pierrette Bidon vante ses qualités. « C’est quelqu’un de discret et de droit, qui aime son travail et sait faire énormément de choses. Il est décrit comme un “pilier” par l’un de ses collègues. »
    Une première tentative de régularisation qui a échoué

    La retraitée se souvient des premières tractations avec la préfecture de la Creuse, lors du refus de sa demande d’admission exceptionnelle au séjour en 2022, doublé d’une OQTF. Le dossier est alors déposé « trop tôt », et ne remplit pas les conditions de la circulaire Valls – qui permettait, jusqu’à la circulaire Retailleau, de régulariser les personnes sans papiers selon divers motifs et critères précis.

    « Mais la préfète de l’époque avait accepté notre recours gracieux, et était prête à réexaminer sa situation si de nouveaux éléments étaient apportés. » Dont un CDI et des fiches de paie qui démontreraient son insertion professionnelle.

    Manssour Sow est embauché par trois fermes dans la foulée, début 2023, mais la préfète de l’époque est entre-temps remplacée. « Il a déposé une nouvelle demande en 2024 », témoigne Pierrette Bidon.

    En dehors de la circulaire Retailleau, Manssour Sow pourrait prétendre à un titre de séjour en vertu de la loi Darmanin, qui ouvre la voie à la régularisation pour les travailleurs des métiers en tension. Mais la demande reste sans réponse durant plusieurs mois.

    En juillet 2024, après une relance auprès de la préfecture, il lui est demandé d’envoyer le timbre fiscal pour compléter son dossier. « On pensait que c’était bon signe, mais il ne s’est rien passé ensuite », regrette Pierrette Bidon. Jusqu’à ce courrier l’invitant à se rendre en préfecture pour son assignation à résidence en 2025.

    « J’ai dit à la préfecture de ne pas me renvoyer en Mauritanie, car c’est dangereux pour moi là-bas », confie Manssour Sow, dont la mère et la petite sœur ont fui pour le Sénégal. « Je ne m’imagine pas quitter la France, mais ce n’est pas moi qui décide. Ça fait bientôt cinq ans que je vis ici et j’ai toujours été actif : on ne peut pas dire que je ne me suis pas intégré », conclut-il.

    https://www.mediapart.fr/journal/france/170425/dans-la-creuse-manssour-sow-ouvrier-agricole-sans-papiers-est-suspendu-la-
    #sans-papiers #migrations #France #agriculture #élevage #dynamisme_territorial #assignation_à_résidence #expulsion #régularisation #travail #intégration_professionnelle #métiers_en_tension #Creuse #assignation_à_résidence #loi_Darmanin #criminalisation_de_la_migration #circulaire_Retailleau #travailleurs_sans-papiers #titre_de_séjour

    via @karine4

  • Italian government approved use of spyware on members of refugee NGO, MPs told

    National security committee is investigating whether secret services breached law by using surveillance tool to monitor activists and journalists

    The Italian government approved the use of a sophisticated surveillance tool to spy on members of a humanitarian NGO because they were allegedly deemed a possible threat to national security, MPs have heard.

    Alfredo Mantovano, a cabinet undersecretary, made the admission during a classified meeting with Copasir, the parliamentary committee for national security, according to a person familiar with the situation.

    Copasir is investigating whether the secret services breached the law in using Graphite, military-grade spyware made by the Israel-based Paragon Solutions, to monitor activists and journalists, and is expecting to report on its finding soon.

    Giorgia Meloni’s government has been under pressure to address the case since January, when a handful of Italian activists and a journalist received warnings from WhatsApp, the messaging app owned by Meta, that their phones had been targeted by spyware.

    The government initially denied involvement, but Mantovano, who oversees the intelligence services, told the committee that the spyware had targeted Luca Casarini and Giuseppe Caccia, the founders of Mediterranea Saving Humans, an NGO that tries to protect refugees who cross the Mediterranean.

    He said the spyware was approved by the government and the attorney general of Rome’s court of appeal, and that the intelligence agencies used the surveillance system within the parameters of the law in order to conduct a “preventive” investigation into illegal immigration. He denied the spyware was used to target Francesco Cancellato, the editor-in-chief of the Italian news outlet Fanpage.

    Mantovano’s assertions, which were first reported by La Repubblica, have so far not been denied by the government.

    Paragon suspended its relationship with Italy when the breaches emerged, a person familiar with the matter told the Guardian. The company’s spyware is intended for use on criminals.

    Mediterranea Saving Humans said it was informed about Mantovano’s claims by journalist sources, adding in a statement that the “secret operation worthy of a regime” had been “unmasked to the world”.
    skip past newsletter promotion

    In addition to the Copasir inquiry, prosecutors in five cities, including Rome, Palermo, Naples, Bologna and Venice, are investigating claims after complaints were submitted by targets of the alleged spyware breach, who include Mattia Ferrari, a priest, and David Yambio, a humanitarian activist, both of whom have worked with Mediterranea Saving Humans.

    “Five prosecutors are investigating and we trust someone will have the courage to get to the bottom of it and demonstrate, as is clear, that this is an abuse of power and nothing else,” Mediterranea Saving Humans added.

    https://www.theguardian.com/world/2025/mar/27/italian-government-approved-use-of-spyware-on-members-of-refugee-ngo-mp
    #surveillance #migrations #réfugiés #Italie #criminalisation_de_la_solidarité #sauvetage_en_mer #Graphite #Paragon_Solutions #technologie #journalistes #activistes #Mediterranea_Saving_Humans #Giuseppe_Caccia #Luca_Casarini #espionnage #Francesco_Cancellato #Mattia_Ferrari #David_Yambio

  • Gianmarco Daniele, Olivier Marie et Paolo Pinotti, économistes : « Il n’y a pas de lien de cause à effet entre l’immigration et la hausse de la criminalité »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2025/03/24/il-n-y-a-pas-de-lien-de-cause-a-effet-entre-l-immigration-et-la-hausse-de-la

    Pourquoi la perception et la réalité divergent-elles ? L’influence des médias et de la rhétorique politique, en particulier, alimente le mythe liant immigration et criminalité. Une couverture sélective et des titres sensationnalistes renforcent les stéréotypes, une stratégie souvent exploitée à des fins électorales, comme aux Etats-Unis par Trump. Le Chili illustre aussi ce décalage. Entre 2000 et 2010, la population étrangère a triplé sans hausse des taux de criminalité, malgré une inquiétude croissante. Ce fossé entre perception et réalité s’explique en grande partie par une couverture médiatique intense et biaisée.

    Il serait cependant erroné d’affirmer que les migrants ne sont pas impliqués dans la criminalité. Dans de nombreux pays, ils sont surreprésentés en prison. Mais sans pour autant provoquer une hausse des taux de criminalité – une explication est que leur effectif reste trop faible pour influer significativement sur ces taux. De plus, un effet de « substitution » peut se produire, les immigrants remplaçant les locaux dans certaines activités illégales sans en accroître le volume global.

    Rôle des politiques d’intégration

    Certaines recherches ont examiné l’impact de facteurs externes, tels que le statut juridique ou les opportunités économiques limitées, sur la surreprésentation des immigrés dans les statistiques criminelles. Elles montrent que l’accès à un permis de travail légal et à un emploi stable est associé à des taux de criminalité plus faibles. En Italie, par exemple, la régularisation de certains immigrants d’Europe de l’Est a entraîné une baisse de leur taux de criminalité de plus de 50 %. De même, une étude publiée aux Etats-Unis en décembre 2024 révèle que les immigrants d’aujourd’hui sont bien moins susceptibles d’être incarcérés qu’ils ne l’étaient dans les années 1960. Cette tendance s’explique, notamment, par de meilleures opportunités d’emploi et des structures familiales plus stables chez les hommes immigrés.

    Les recherches montrent ainsi que les politiques d’intégration peuvent réduire significativement la criminalité. L’octroi d’un statut légal aux #immigrants favorise leur insertion économique et sociale tout en diminuant les comportements déviants. A l’inverse, les mesures restrictives qui criminalisent les immigrés en situation irrégulière ou limitent leur accès à l’emploi peuvent, paradoxalement, accroître la #criminalité. Privés d’opportunités légales, ils deviennent plus vulnérables à l’exploitation ou aux activités illégales. L’élargissement de l’accès à l’emploi légal, notamment pour les demandeurs d’asile et les groupes vulnérables, contribuerait ainsi à des communautés plus sûres.

    https://archive.ph/rscYV

    #étrangers #criminalisation

  • Italie : peut-on faire #justice sur les #crimes contre les migrants ?

    Les #procès contre les #passeurs de migrants se sont récemment multipliés en Italie. Mais les suspects ne sont souvent accusés que d’être des passeurs. Les charges d’#enlèvement, d’#assassinat, d’#extorsion ou de #violence_sexuelle ne s’appliquent pratiquement jamais. Les principaux trafiquants ne sont généralement pas arrêtés, ni inculpés. Ceux qui le sont relèvent du « menu fretin ». Que révèlent ces procès sur les crimes commis contre les migrants entre l’Afrique et l’Europe ?

    En octobre 2022, #Ghebremedin_Temeschen_Ghebru, un ressortissant érythréen aujourd’hui âgé de 37 ans, a été arrêté par #Interpol à l’aéroport international d’Addis-Abeba, alors qu’il embarquait sur un vol à destination de l’Australie. Il a été extradé vers l’Italie, accusé d’être un membre d’une organisation criminelle de #trafic_de_migrants. Il a été notamment accusé d’être un « #hawaladar ». Le #hawala est un système de transfert d’argent informel et non tracé, par lequel, dans ce cas, les paiements effectués par les parents des personnes kidnappées sont envoyés aux trafiquants, puis à leurs divers intermédiaires tout au long du voyage vers l’Europe.

    Cette affaire et celle d’un autre trafiquant présumé originaire d’Érythrée, connu sous le nom de #Welid, extradé aux Pays-Bas une semaine seulement avant Ghebru, ont été résolues grâce à une équipe conjointe de coopération internationale, mise en place en 2018 et impliquant les autorités judiciaires et policières d’Italie et des Pays-Bas, ainsi que celles du Royaume-Uni, de l’Espagne, d’#Europol et, depuis 2022, de la #Cour_pénale_internationale (#CPI). L’équipe se concentre sur la lutte contre la traite des êtres humains et les crimes contre les migrants en #Libye.

    Le procès de Ghebru a débuté en 2023 et se déroule devant la Cour d’assises de Catane, où les premières victimes de son réseau organisé présumé ont été débarquées. L’accusé a été libéré de prison après le premier ré-interrogatoire, qui n’a trouvé aucun motif pour le #crime_d’association, à savoir la participation à une association, organisation ou bande criminelle, sur lesquels les mesures préventives étaient basées. Ghebru est donc retourné en Australie, où il vit et travaille, explique son avocat Michele Calantropo à Justice Info.

    Au cours des deux dernières années, le tribunal a entendu deux témoins à charge. Le prévenu devait comparaîtra ce 3 mars mais, n’ayant pu obtenir de visa, l’audience a été reportée. La défense prévoit de faire comparaître une dizaine de témoins. Calantropo estime que le procès se terminera en 2025. Le bureau du procureur a refusé de commenter ce dossier.

    « Il n’est pas coupable de tous les crimes », assure Calantropo. En 2017, au moment des écoutes téléphoniques sur lesquelles se base l’affaire, l’accusé a séjourné à Dubaï pendant quatre mois, où il « travaillait comme consultant et comptable pour une société d’import-export, discutant avec des clients et des fournisseurs sur les paiements de fournitures, il n’y a pas un seul contact avec les trafiquants », affirme l’avocat. Calantropo ajoute qu’il a déposé tous les documents de la chambre de commerce de Dubaï concernant la société pour laquelle travaillait Ghebru et que nombre de ses témoins témoigneront également à ce sujet.

    Une série d’affaires : les opérations « #Glauco »

    Le procès en cours n’est que le dernier d’une opération beaucoup plus vaste, connue sous le nom de « Glauco ». Tout a commencé avec le tragique naufrage de 2013 lors duquel 300 migrants ont trouvé la mort au large de l’île italienne de Lampedusa. L’enquête criminelle qui en a résulté a abouti à la condamnation de six passeurs et à l’émission de mandats d’arrêt européens et internationaux à l’encontre d’autres membres du réseau criminel qui opérait en Érythrée, en Éthiopie, en Libye et dans de nombreux pays européens. Dirigée par l’équipe de la direction antimafia du parquet de Palerme, cette opération a donné lieu à trois autres séries d’#arrestations au cours des années suivantes. La dernière en date a été l’opération « Glauco 4 », en 2020, au cours de laquelle une douzaine d’autres personnes ont été appréhendées dans plusieurs villes d’Italie.

    Les hommes arrêtés ont été accusés de traite et de trafic de migrants depuis des pays africains vers des centres de détention libyens, puis vers l’Italie et leur destination finale. Les migrants souhaitent rarement rester en Italie et espèrent se rendre dans des pays d’Europe du Nord, comme la Suède, les Pays-Bas et le Royaume-Uni. Les hommes sont soupçonnés d’avoir géré des #transferts_d’argent vers des comptes à Dubaï dans le cadre du système hawala, par le biais de Postepay, Moneygram ou Western Union.

    Dans les documents officiels, Ghebru est également mentionné comme faisant partie, et soupçonné de diriger, le même réseau international, mais au moment des arrestations, il était toujours en fuite. Le procureur qui travaille sur cette enquête a confirmé les faits lors d’une précédente interview avec Justice Info, mais a préféré ne pas faire de commentaires à ce stade : avec d’autres membres de l’équipe antimafia de Palerme, il a été placé sous protection policière depuis l’automne dernier, après avoir reçu des milliers de menaces pour avoir inculpé l’actuel vice-Premier ministre italien, Matteo Salvini, d’enlèvement et de manquement à son devoir pour son refus de laisser accoster en Italie un bateau de sauvetage de migrants de l’ONG Open Arms, avec 147 personnes à bord, en 2019. Salvini, qui était ministre de l’Intérieur au moment des faits, a été acquitté en décembre 2024.

    À ses débuts, le procès des personnes arrêtées lors de l’opération « Glauco » a semblé présager des grandes lignes de celui de Ghebru. Le premier ré-interrogatoire n’a trouvé aucun motif pour le crime de participation à une association criminelle, et la plupart des hommes ont pu être libérés pendant que la procédure se poursuivait devant la cour d’assises de Catane. Sur les 14 personnes arrêtées, selon les médias italiens à l’époque, deux ont fait l’objet d’une procédure distincte. Ils ont opté pour un procès abrégé, procédure où il n’y a pas de présentation de preuves mais où le juge étudie le dossier et prononce une peine plus rapide et réduite.

    Parmi les 12 personnes restantes, il y avait dix Erythréens, un Ethiopien et un Soudanais. Le 5 décembre 2023, les juges ont déclaré sept hommes coupables en première instance et ont acquitté les trois autres. Les peines ont été fortement réduites, passant de plusieurs années requises par l’accusation, à une fourchette de 10 à 18 mois. Selon le verdict, trois d’entre eux ont été condamnés uniquement pour les délits liés à l’hawala, deux pour délits financiers et trafic et deux autres pour trafic. Les avocats de la défense ont fait appel et le verdict en appel est attendu pour le 6 mars 2025. Il n’y a pas de victimes dans cette affaire.

    Giuseppina Massaiu s’occupe de la défense de trois de ces hommes. Elle explique à Justice Info que ses clients ne sont pas coupables et qu’ils ont toujours rejeté le chef d’accusation de trafic de migrants : « Ils le considèrent comme diffamatoire », ajoute-t-elle. Selon elle, l’accusation n’a pas pris en compte le fait que toute aide, pour entrer en Italie ou pour transférer de l’argent, peut être apportée par solidarité, « la solidarité envers un parent, une connaissance, quelqu’un de la même région ». « Ce devoir social est culturellement très présent dans leur communauté. Par exemple, il y a des cas de migrants qui arrivent en Italie sans papiers ni argent et qui ont besoin de recevoir des virements de leur famille. Et dans le cas des migrants enlevés et détenus par des trafiquants libyens, ce sont les membres de la famille qui paient car, sinon, leurs proches resteraient indéfiniment dans les centres de détention libyens. » L’enquête qui a conduit aux arrestations de « Glauco 4 », puis à l’#extradition de Ghebru, s’est appuyée sur des écoutes téléphoniques, ce que les deux avocats de la défense ont contesté. « De cette manière, les accusations restent assez superficielles », affirme Massaiu.

    Poursuivre du « menu fretin » ?

    Au cours de la dernière décennie, l’Italie a connu peu de procès pour des #crimes contre les migrants qualifiés de #traite_d’êtres humains, d’enlèvements, de violence et extorsion dans les prisons libyennes. Le plus célèbre est le verdict prononcé en 2017 à l’encontre d’#Osman_Matammud, un ressortissant somalien reconnu coupable d’enlèvement à des fins d’#extorsion, de #meurtres et de #violences_sexuelles commises lors de la gestion de « camps de transit » en Libye. Mais la grande majorité des personnes jugées sont accusées du seul trafic de migrants.

    « La tendance est que les trafiquants les plus importants ne sont pas ciblés, ce qui amène les autorités à s’en prendre aux plus petits, car il est difficile de mener des enquêtes dans d’autres pays », note Stefano Zirulia, professeur de droit pénal à l’université de Milan. « Pour montrer au public qu’elles font quelque chose, et parce qu’elles se concentrent principalement sur le territoire et les eaux italiens, les autorités appliquent les lois italiennes, qui sont très strictes et peuvent même être appliquées à ces individus qui n’ont rien fait ou presque. » Zirulia explique que s’il existe un crime distinct de traite d’êtres humains, qui est plus complexe et exige un objectif d’exploitation, en Italie le trafic de migrants est codifié dans l’article 12 de la loi consolidée sur l’immigration, qui « exige seulement de commettre des actes visant à faciliter l’entrée d’un étranger sans papiers ».

    À la suite de l’adoption par l’Union européenne, en 2002, du « #Pacte_sur_les_facilitateurs », à la suite des attentats du 11 septembre 2001, rappelle Zirulia, tous les pays européens ont dû « criminaliser toute forme d’aide à l’entrée irrégulière ». Depuis lors, l’Italie a vu les gouvernements se succéder pour alourdir les peines afin de donner l’impression de s’attaquer aux trafiquants, ce qui a conduit le pays à avoir certaines des peines les plus sévères pour le trafic, selon Zirulia, qui peuvent aller jusqu’à plus de 20 ans de prison. Selon Zirulia, « la #criminalisation généralisée du trafic, telle qu’elle est pratiquée, risque de mettre en péril les #droits_fondamentaux des migrants : le #droit_à_la_vie lorsqu’ils sont en danger et doivent être secourus, et le droit de demander l’asile ».

    Un large éventail d’actes peut tomber sous le coup de cette loi. « Tout ce qui se passe en Libye peut également entrer dans cette définition et, d’autre part, les personnes qui sont elles-mêmes victimes d’un trafic illicite tombent également sous le coup de cette loi. Parfois, ce sont les migrants qui dirigent le bateau dans la dernière ligne droite parce que, tout simplement, ils ont été placés là et qu’il n’y a personne d’autre qui sache le faire, ou ils utilisent un GPS », explique Maria Crippa, chercheuse postdoctorale au département de droit “Cesare Beccaria” de l’université de Milan. La procédure habituelle, explique-t-elle, consiste pour la police à recueillir les déclarations des migrants lors de leur débarquement et à leur demander qui les a amenés là. « Ce n’est pas toujours facile de comprendre si les personnes qu’ils désignent sont affiliées à une organisation ou si elles sont aussi des victimes. »

    Selon un rapport compilé par le collectif Arci Porco Rosso, en 2024, 106 migrants ont été arrêtés pour trafic, soit un pour 600 arrivées. La majorité a été arrêtée juste après le débarquement. Plusieurs ONG qui assistent les migrants en mer ont également été accusées de trafic au fil des ans.

    « En Italie, nous n’avons pas de pouvoir discrétionnaire : si le procureur dispose d’informations, il doit engager des poursuites. Mais dans la pratique, il est possible de choisir les chefs d’accusation à retenir », note Crippa, ajoutant que la grande majorité des affaires vont devant la justice pour trafic de migrants et pour crime d’association, à savoir la participation à organisation criminelle. Ces principes permettent aux autorités d’appliquer plus facilement les lois italiennes à des actes commis à l’étranger et, en cas de verdict de culpabilité, ils peuvent également montrer la dimension plus large du crime.

    Toutefois, cette stratégie d’application de l’article sur le trafic « a des conséquences sur les personnes inculpées, c’est-à-dire le menu fretin ou les victimes elles-mêmes, et sur les faits qui leur sont reprochés », souligne Crippa. « Par conséquent, les condamnations sont, dans la majorité des cas, prononcées pour complicité, et tout l’aspect lié à la traite des êtres humains et aux crimes contre la personne est perdu. » Alors que la traite des êtres humains est un crime contre la personne, le trafic est légalement considéré comme un crime contre l’intégrité des frontières du pays, rappelle Crippa.

    Pour Stella Arena, avocate de l’Association italienne pour les études juridiques sur l’immigration, avec cette #loi, « le procès pénal est devenu un moyen de contrôler les flux migratoires ».

    Pas de coopération avec la Libye

    En Italie, aucune condamnation n’a encore été prononcée à l’encontre de ressortissants libyens pour des crimes commis contre des migrants. « Il y a un problème de responsabilité pour ceux qui sont au sommet du système, qui sont typiquement libyens », explique Crippa. Elle ajoute que le problème est que les autorités italiennes ne peuvent pas se rendre physiquement à Tripoli pour arrêter ces personnes, leur seul moyen étant d’émettre un mandat d’arrêt international et de compter sur les Libyens pour faire le reste. « Tant que cette situation politique se poursuit en Libye, il est clair qu’un accord, ne serait-ce que pour rassembler des preuves, n’est pas possible, alors imaginez pour une demande d’extradition. » Une option serait d’arrêter un suspect dans un pays tiers qui l’extraderait, mais aucune information publique ne permet de savoir si l’Italie a émis des mandats d’arrêt internationaux contre des Libyens.

    Le débat national sur les crimes contre les migrants s’est intensifié après qu’Osama Najim, un criminel de guerre libyen présumé recherché par la CPI, a été arrêté par la police italienne le 19 janvier 2025, avant d’être relâché et renvoyé à Tripoli deux jours plus tard par le gouvernement, en violation de son obligation de coopérer avec la Cour basée à La Haye. Son arrestation et sa libération ont également suscité un débat sur les liens étroits entre Rome et Tripoli. « Nous l’avons vu avec l’affaire Najim, il n’y a pas de réelle volonté d’agir pour stopper les réseaux d’exploitation de la migration », estime Zirulia. Selon lui, les réseaux de trafic de migrants, contrairement à l’organisation verticale de la mafia, sont le plus souvent organisés horizontalement et peuvent être étroitement liés aux appareils d’État. « C’est donc très difficile de réfléchir à la manière de démanteler sa direction. Ce n’est peut-être pas la bonne question, mais nous devons certainement nous demander ce que nous pouvons faire pour cibler les individus qui ont un pouvoir de décision. »

    Au manque de volonté politique et à la difficile coopération avec la Libye s’ajoute un autre obstacle : une vieille lacune de la loi italienne en matière de crimes internationaux. Rome n’a toujours pas intégré l’ensemble des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité dans son code pénal et ne peut donc pas exercer de compétence universelle. En conséquence, « elle perd tout l’aspect des crimes contre l’humanité, de sorte que l’interrelation concernant l’utilisation des migrants comme ressource économique par les milices, comme marchandises à échanger, comme ressource pour maintenir le pouvoir militaire, n’est plus prise en compte », déplore Crippa.

    Omer Shatz, directeur juridique de l’ONG Front-Lex, affirme que la responsabilité des crimes commis contre les migrants ne devrait pas concerner uniquement les trafiquants et les autorités libyennes. Depuis des décennies, les gouvernements italiens ont signé des accords avec leurs homologues de Tripoli, qui incluent le contrôle libyen des flux migratoires. Shatz affirme que les autorités italiennes et européennes, y compris l’agence européenne des frontières Frontex, sont également responsables de l’interception de plus en plus fréquente des bateaux de migrants par des gardes libyens ou tunisiens, et donc de « l’alimentation du commerce du viol, de la torture, de l’extorsion et de la rançon que les familles paient » pour libérer leurs proches des centres de détention en Libye.

    L’avocat international critique le fait que la CPI ait rejoint l’équipe conjointe en 2022, laissant apparemment les poursuites de ces crimes aux mêmes autorités nationales, y compris italiennes, qui n’ont pas les moyens d’aller plus haut dans la chaîne de décision. Alors que la CPI a inclus les crimes contre les migrants dans son enquête sur la Libye, Shatz pense que les autorités italiennes et européennes devraient également faire l’objet d’une enquête en tant que coauteurs des crimes. « Ce sont les acteurs les plus responsables, et c’est pour eux que la CPI a été créée. »

    https://www.justiceinfo.net/fr/142227-italie-peut-on-faire-justice-crimes-contre-migrants.html
    #migrations #réfugiés #3_octobre_2013 #opération_Glauco

  • #Italie : fuite en avant répressive du gouvernement #Meloni

    La #loi_1660, approuvé par les députés italiens en septembre 2024, envoyait un message clair : #ordre et répression. Elle dévoile toute sa dimension anti-sociale. Prévoyant de sanctionner plus fermement les #contestations, elle durcit également les conditions imposées aux détenus dans les prisons – et ouvre la voie aux entreprises dans le système pénitentiaire. Par Carlotta Caciagli, traduction Letizia Freitas [1].
    Radicalisation de mesures pré-existantes

    De nombreuses larmes de crocodile ont été versées, de Marco Minniti [ancien ministre de l’Intérieur NDLR] et Maurizio Lupi [ancien ministre des Infrastructures et des Transports NDLR] jusqu’au dernier maire ayant mis en application le décret Daspo [qui interdit d’accès à un lieu déterminé pour des raisons d’ordre public NDLR]. Parmi les voix qui, aujourd’hui, s’indignent, de nombreuses ont soutenu des décrets répressifs ces quinze dernières années.

    De quelle manière le débat a-t-il pu se détériorer au point que la question des inégalités sociales et de la pauvreté puisse être traitée comme un simple problème d’ordre public ? Les mesures auparavant en vigueur étaient déjà inadaptées et, à bien des égards, anticonstitutionnelles. Une détérioration ultérieure était difficile à imaginer, mais le gouvernement italien y est parvenu. Comment ? Principalement par des modifications ad hoc et quelque peu artificielles du code de procédure pénale.

    Le projet de loi intervient essentiellement dans trois domaines : gestion des comportements individuels et collectifs dans l’espace public, conditions imposées aux détenus dans les prisons et prérogatives des forces de l’ordre. Si chacune des mesures se traduit par une réduction des droits sociaux et humains, elle sous-traite également à des acteurs privés des tâches autrefois assumées par les pouvoirs publics.

    En ce qui concerne l’espace public et urbain, des actions telles que « l’occupation arbitraire d’immeubles destinés à l’habitation d’autrui » sont qualifiées de criminelles. Une peine allant de deux à sept ans de réclusion est prévue pour toute personne qui occuperait des habitations ou des dépendances (garages, jardins, terrasses). Le projet ne prévoit pas de circonstances atténuantes pour l’occupant, mais uniquement des circonstances aggravantes fondées sur le profil du propriétaire dont le bien est occupé.

    Mais sur cette mesure comme sur d’autres, il faut bien reconnaître que Giorgia Meloni ne part pas de zéro. L’ancien ministre Maurizio Lupi n’avait-il pas ouvert la voie à l’actuelle réforme avec le Piano Casa, ce décret de 2014 visant à protéger le droit de propriété des immeubles contre les mouvements sociaux en faveur du droit au logement ?

    L’introduction d’une règle surnommée « anti-Gandhi » est plus digne d’attention encore. Elle vise à punir d’emprisonnement quiconque bloque une route ou une voie ferrée. Si les participants sont nombreux – c’est-à-dire si l’action prend une dimension politique – les peines sont durcies. Si, au cours de la manifestation, des dommages (de toute nature, y compris morale) sont causés à des agents publics, la peine est majorée. Tout comme elle l’est si « la violence ou la menace est commise dans le but d’empêcher la réalisation d’un ouvrage public ou d’une infrastructure stratégique ».

    Stratégique, comme le pont du détroit de Messine, comme la Tav [Treno ad alta velocità, TGV, NDLR] Turin-Lyon, et comme tous les incinérateurs, gazéificateurs et bases militaires que l’on tente régulièrement d’implanter sur le territoire. De plus, le Code pénal sera à son tour modifié afin de punir davantage les auteurs de délits commis à proximité des gares.
    Américanisation du système pénitentiaire ?

    En ce qui concerne la prison, le projet de loi intervient de deux manières. Tout d’abord, en tentant de réglementer les émeutes dans les établissements pénitentiaires – caractérisées comme des actes de violence, de menaces ou de résistance aux ordres – en introduisant le délit de « résistance passive ». Par « résistance passive », il faut entendre « les conduites qui, compte tenu du nombre de personnes impliquées et du contexte dans lequel opèrent les agents publics ou les chargés d’une mission de service public, empêchent l’accomplissement des actes nécessaires à la gestion de l’ordre et de la sécurité ». Sont ainsi visées les révoltes contre la malnutrition et les conditions dégradantes d’incarcération.

    Mais il y a plus : désormais, l’organisation du travail des détenus est révisée par décret. Les initiatives de promotion du travail entendent davantage impliquer… les entreprises privées. En somme, il s’agit de préparer une force de travail docile et peu chère à se mettre au service du privé.

    Limitations généralisée des droits ? Pas pour les forces de l’ordre. En plus de permettre aux policiers et aux gendarmes de porter leur arme en-dehors des heures de service, le projet introduit la possibilité, sans aucune contrainte, pour le personnel de police, de s’équiper de « dispositifs de vidéosurveillance portables adaptés à l’enregistrement de l’activité opérationnelle et de son déroulement ». Des appareils qui peuvent également être utilisés dans n’importe quel lieu où sont détenues des personnes soumises à une restriction de leur liberté personnelle.

    Ces mesures pourront être financées grâce à une autorisation de dépenses pour les années 2024, 2025 et 2026. Pour promouvoir le travail en milieu carcéral, on y fait entrer les entreprises, tandis que pour les « body cam » des agents de la Police ferroviaire, l’addition sera payée par les contribuables…

    Face à une attaque aussi massive contre les droits individuels et sociaux, s’indigner et dénoncer les « mesures fascistes » ne suffira pas. Il est nécessaire de reconstruire des organisations professionnelles, des syndicats et des partis d’opposition. Un exercice face auquel l’opposition italienne bute depuis des décennies.

    Note :

    [1] Article initialement publié par notre partenaire Jacobin Italia sous le titre « La repressione è servita »,

    https://lvsl.fr/italie-fuite-en-avant-repressive-du-gouvernement-meloni
    #Giorgia_Meloni #répression #détention #conditions_de_détention #forces_de_l'ordre #police #privatisation #espace_public #criminalisation #occupation #Piano_Casa #Maurizi_Lupi #droit_de_propriété #droit_au_logement #anti-Gandhi #emprisonnement #blocage #américanisation #système_pénitentiaire #émeutes #résistance_passive #vidéosurveillance #Etat_policier

  • #Antonio_Scurati : « Voir le #fascisme de l’intérieur, voir son abîme en nous »

    Le quatrième tome de M. L’ora del destino (« M. L’Heure du destin »), son roman documentaire sur Mussolini, vient de sortir en Italie. Et l’adaptation en série qui en a été tirée était au festival du cinéma de Venise début septembre. La rentrée d’Antonio Scurati est chargée ; signe peut-être d’un temps où le « désir d’histoire » et la lutte qui doit nécessairement l’accompagner s’affichent comme les seuls aptes à redonner du sens à l’agir.

    Il ne fait pas bon protester contre le gouvernement de Giorgia Meloni. Ainsi le projet de loi sur la « sécurité » accepté en septembre en première lecture au parlement italien criminalise des actions non violentes ; pour des collectifs occupant l’espace public (rues, artères, autoroutes, sit-in devant les écoles, les universités ou les industries) les sanctions peuvent aller jusqu’à deux ans de prison. Il s’attaque aussi aux détenus et aux personnes migrantes dans les centres de rétention, criminalisant les actes de résistance passive ou de désobéissance (jusqu’à 8 ans de réclusion)[1]. Et le gouvernement Meloni s’en prend aux services publics (notamment au secteur de la santé), à l’instruction (les coupes prévues pour 2025 seront catastrophiques pour la recherche, les universités et les écoles), à la liberté d’informer et à celle d’exprimer son opinion dans l’espace public.

    Pensons aux attaques en justice contre l’auteur antimafia Roberto Saviano ou l’historien Luciano Canfora (Giorgia Meloni a retiré sa plainte juste avant le procès) ; aux intimidations qui touchent l’ensemble des journalistes non alignés et aux menaces de licenciement qui pèsent sur les enseignants exprimant leur opposition à la politique du ministre de l’Instruction et du Mérite (sic !), Giuseppe Valditara, comme c’est le cas aujourd’hui de Christian Raimo[2]. Comment dans ce contexte d’attaques tous azimuts ne pas se souvenir de la censure du discours d’Antonio Scurati sur la RAI le 25 avril dernier (anniversaire, et jour férié national, de l’insurrection générale en 1945)[3] ?

    La rentrée de l’écrivain italien est chargée. Le quatrième tome de son roman documentaire consacré à Benito Mussolini, M. L’ora del destino (« M. L’Heure du destin »), vient de sortir en Italie alors que la série qui en a été tirée a été présentée au dernier festival du cinéma de Venise. Signe peut-être d’un temps où le « désir d’histoire », et la lutte qui doit nécessairement l’accompagner, s’affiche comme seul apte à redonner du sens à l’agir. SP

    Je voudrais commencer par une question qui nous unit. Nous appartenons à la même génération, la dernière de l’après-guerre, une époque où l’émancipation humaine était au centre des luttes collectives et de la participation politique. Et pourtant, cette même génération a vécu le passage à un monde qui a proclamé la fin de l’histoire. Quel rôle cela a-t-il joué dans vos choix littéraires ?
    Je crois qu’une sorte de désir d’histoire a été la caractéristique essentielle de toute ma recherche littéraire (même lorsque j’ai écrit des romans sociaux et autobiographiques avec un cadre contemporain). Non seulement j’ai commencé par un roman historique dans lequel l’auteur fictif était à la recherche d’une contre-histoire secrète de la modernité (Il rumore sordo della battaglia [« Le Bruit sourd de la bataille », non traduit en français]), mais j’ai ensuite toujours continué en alternant entre un roman historique qui s’efforçait de raconter le présent et un roman au cadre contemporain dans lequel les protagonistes survivaient dans une sorte d’orphelinat de l’Histoire. Je me présente souvent comme faisant partie de la génération des « derniers enfants du vingtième siècle passé », un siècle court, probablement le dernier vécu par tous, et pas seulement par les intellectuels, du moins en Europe occidentale, dans un horizon temporel de type historique. Je crois que l’on n’a pas encore mesuré l’énorme perte de sens provoquée par la sortie de cet horizon à la fin du XXe siècle. Pendant dix générations, depuis la Révolution française, des femmes et des hommes ont vécu tournés vers l’avenir, donc conscients du passé, avec l’espoir, et souvent la conviction, que la vie de leurs enfants serait meilleure que la leur, et celle de leurs petits-enfants encore meilleure que celle de leurs enfants. Ils étaient prêts à tuer ou à mourir, mais surtout à vivre au nom de cette promesse, de cette tension projetée. C’était une vie collective, la vie merveilleuse, triste et pleine d’espoir des destins généraux. Aujourd’hui disparue.

    À partir des années 1980, la réhabilitation du fascisme est allée de pair avec la criminalisation de l’antifascisme. Dans les années 1990-2000, le révisionnisme sur le fascisme italien atteint son « stade suprême ». Diriez-vous qu’il a gagné la bataille culturelle ?
    Les deux décennies où le révisionnisme sur le fascisme italien a atteint, comme vous le dites, son « stade suprême » sont les années 1990 et 2000 (Il sangue dei vinti de Giampaolo Pansa date de 2003[4]), du moins en termes de publications et d’édition. Et c’est au cours de cette décennie 2000 que les politiciens traditionnels ont commencé à utiliser les phrases de Mussolini en public, tandis que les franges extrêmes ouvertement néo-fascistes ont refait surface. Tout cela restait cependant au niveau du discours culturel ou même intellectuel. Je ne crois pas que ce soit sur cette voie, même si elle est importante, que nous en sommes arrivés à l’obscénité actuelle du révisionnisme post-fasciste affiché par l’actuelle classe politique dirigeante. Ce qui a beaucoup plus compté, c’est la désertification de la conscience historique que nous évoquions au début, la dépolitisation de la vie collective provoquée par trente ans d’hédonisme individualiste irresponsable et la dérive populiste souverainiste qui en a résulté. Bref, la réhabilitation des post-fascistes, du moins en Italie, a été préparée par trente ans de berlusconisme, certainement pas par la réinterprétation historique de leurs modestes intellectuels (c’est d’ailleurs lui qui les a fait entrer au gouvernement).

    Dans votre récent Fascismo e populismo[5], vous écrivez : « À partir de la Révolution française, pendant deux siècles, dix générations ont fait appel à l’avenir pour obtenir justice : devant le tribunal de l’Histoire, des millénaires de dos brisés et de souffrances sans nom allaient enfin trouver la rédemption. Rédemption et réparation. » En d’autres termes, regarder les victimes du passé, assumer leurs combats pour penser l’avenir et tracer un horizon. Face à l’offensive culturelle de la droite néo-fasciste en Italie, la nécessité de revenir à une analyse de l’histoire du fascisme, de sa mémoire et de ses héritages dans la péninsule a donné lieu à des ouvrages incontournables, qui peinent malheureusement à être traduits à l’étranger et à être davantage lus et discutés par le grand public en Italie également. Quel rôle pensez-vous que la littérature puisse jouer dans ce processus ?
    La littérature romanesque, ainsi que le cinéma et d’autres formes d’art populaire, peuvent certainement renforcer ou, dans certains cas, favoriser les contre-poussées qui, à y regarder de plus près, ne manquent pas dans notre société (je pense surtout aux nouvelles générations). Le « cas M » me semble un signe dans ce sens, si je peux me permettre de le dire. Cela suppose toutefois un choix de terrain dans le domaine littéraire de la part de l’écrivain héritier du XXe siècle, le choix précisément du roman comme genre populaire (et donc aussi une sorte de sortie de la littérature de la seconde moitié du XXe siècle, des néo-avant-gardes en polémique avec la fiction romanesque). On ne peut pas espérer que le public, en particulier ceux qui sont nés à l’ère du numérique, accède en masse aux œuvres d’autres profils intellectuels auxquels vous faites allusion (si je vous comprends bien). Tout au plus peut-on espérer que de bons romanciers ou cinéastes s’en nourrissent, les braconnent vertueusement sur leurs territoires et les restituent dans un bricolage romanesque.

    Le fascisme, dites-vous, est un fantôme qu’il faut traverser. Pasolini en a donné sa propre explication dans ses Écrits corsaires : l’Italie est un pays sans mémoire qui, s’il avait cure de son histoire, saurait que « les régimes sont porteurs de poisons anciens, de métastases invincibles ; il apprendrait que dans ce pays si spécial, qui aime vivre au-dessus de ses moyens, mais avec des pantalons reprisés de partout, les vices sont cycliques […] incarnés par des hommes différents, mais qui partagent le même cynisme, la même indifférence pour l’éthique, allergiques à la cohérence et en tension morale ». Près de cinquante ans plus tard, ce constat est-il, selon vous, toujours d’actualité ?
    Il l’est et il ne l’est pas. Pasolini a saisi et décrit, peut-être mieux que quiconque, l’arrière-plan anthropologique de la mutation qui s’opère avec le déclin de la société paysanne et traditionnelle, une mutation à certains égards monstrueuse, et il a pu la faire remonter à une sorte de « fascisme éternel » qui sous-tend notre histoire nationale. Mais il l’a fait dans une perspective de gauche réactionnaire (ce qui n’est pas rare encore aujourd’hui). Cela l’a empêché de saisir les dimensions historiques particulières du phénomène fasciste (je ne suis pas d’accord avec la thèse du « fascisme éternel »). Si nous nous attardons sur sa vision, nous perdons de vue la dynamique évolutive (ou involutive, si vous préférez) de ces phénomènes historiques, l’étape finale de leur devenir ou de leur changement. Sur cet axe, l’Italie a été et continue d’être une avant-garde (l’avant-garde de l’arrière-garde, si l’on veut), un laboratoire, un atelier du futur, et non un atavisme immuable. Pensez aux populistes-souverainistes qui, en Italie, pour la première fois dans une grande nation européenne, sont en train d’accéder au pouvoir politique. Même avec tout leur « passé qui ne passe pas » visqueux, ils représentent sans aucun doute une nouveauté. Un phénomène d’avant-garde du XXIe siècle (malheureusement, je pourrais ajouter).

    « L’histoire est toujours une lutte pour l’histoire », écrivez-vous, et sur ce point nous sommes d’accord. Mais j’ai un point de désaccord avec vous, sur le rôle « négatif » que vous attribuez à ce que vous appelez « le préjugé antifasciste », que vous qualifiez de « forme d’aveuglement qui nous a dispensés de prendre conscience de toute la terrible vérité ». Que voulez-vous dire exactement ? N’est-ce pas contradictoire avec votre volonté de « refonder » l’antifascisme ? Si non, pourquoi ?
    Je ne suis pas sûr d’avoir utilisé exactement ces mots. Quoi qu’il en soit, le préjugé antifasciste a disparu pour des raisons historiques profondes et complexes. Sa chute ne dépend pas de notre choix. Nous pouvons et devons en prendre acte. Il s’agit d’un point de départ, et non d’un argument. Je ne prétends évidemment pas être en mesure de « refonder » l’antifascisme (objectif disproportionné), mais j’espère que les contre-poussées que j’ai mentionnées plus haut l’emporteront, en faisant évoluer la culture italienne et européenne dans cette direction. Cela présuppose, à mon avis, un récit différent de celui de l’après Seconde Guerre mondiale, centré sur le « mythe de la résistance » (je l’entends au sens étymologique de récit fondateur), sacro-saint, rayonnant et nécessaire, mais aujourd’hui effacé. Le récit dont nous avons besoin conduit à la conscience d’avoir été fascistes, à voir le fascisme de l’intérieur et à voir son abîme en nous (alors que le paradigme victimaire du récit du XXe siècle plaçait toujours le fascisme dans le « eux », dans l’autre du moi du narrateur, irréductible à lui).

    Les « petits-enfants » de Mussolini se retrouvent aujourd’hui à la tête de l’État italien. Vous insistez beaucoup sur le fait que nous sommes face à une dérive illibérale, et non à une menace directe pour la démocratie (si je vous comprends bien). Pourriez-vous expliquer ce que vous entendez par cette distinction ?
    Je considère que cette distinction entre régime fasciste et dérive illibérale est précieuse non seulement parce qu’elle reflète la réalité (dans une époque fasciste, quelqu’un comme moi aurait déjà été agressé physiquement, et pas seulement verbalement, à plusieurs reprises), mais aussi et surtout parce qu’elle nous aide à ne pas sous-estimer les risques, très sérieux, que court la démocratie aujourd’hui. L’utilisation désinvolte et imprudente de l’adjectif/substantif « fasciste » laisse présager des agressions « physiques » contre la démocratie dans un avenir proche. La question canonique que l’on me pose constamment est la suivante : « Craignez-vous que le fascisme ne revienne en Italie et en Europe ? » Je réponds que cette question va dans la mauvaise direction. Le fascisme historique est, en effet, un phénomène historicisé. Mais sa composante populiste – que je considère comme un élément essentiel, primordial et original du mussolinisme – est déjà revenue. Il est déjà là, il est déjà au gouvernement. Il décide déjà de nos vies. Nous ne devons pas nous contenter de l’attendre dans un avenir proche. La menace qu’il fait peser sur la démocratie libérale aujourd’hui n’a pas les caractéristiques d’une attaque frontale comme c’était le cas il y a cent ans. Elle est plus sournoise, oblique, quotidienne. Il ne s’agit pas d’une menace existentielle immédiate. Elle n’implique pas la suppression du système démocratique mais l’appauvrissement qualitatif de la vie démocratique. Elle ne vise pas la tête, ni même le cœur. Elle frappe comme un couteau dans le ventre. La mort est lente, par exsanguination.

    Les attaques, les menaces et la censure dont vous faites l’objet – et vous n’êtes pas le seul – n’indiquent-elles pas un saut qualitatif ?
    Oui, c’est le mot-clé. Il n’est pas nécessaire d’attendre de voir les chemises noires parader à nouveau dans les rues. Aujourd’hui déjà, la qualité de la vie démocratique s’est dégradée.

    Dans le monologue censuré par la RAI [ndlr – la Radiotélévision italienne est le principal groupe audiovisuel public italien, contrôlé par le gouvernement], à l’occasion de la commémoration du 25 avril, vous avez déclaré : « Tant que ce mot – antifascisme – ne sera pas prononcé par ceux qui nous gouvernent, le spectre du fascisme continuera à hanter la maison de la démocratie italienne. » Mais la destruction du sens et de la valeur de l’engagement antifasciste, de cette lutte pour l’égalité et l’émancipation sociale n’est-elle pas le corollaire de l’« ex-post-filo-neo-para-fascisme » d’aujourd’hui et de son programme identitaire ?
    Le fait qu’un chef de gouvernement, qui a prêté serment sur la Constitution antifasciste, refuse même de mentionner ce mot le jour de la commémoration de la libération du nazisme-fascisme nous indique que cette expérience collective est en train de s’estomper, si elle n’est pas déjà historiquement éteinte, dans sa forme historique du XXe siècle. C’est ainsi. C’est triste, mais c’est ainsi. Le drapeau est tombé. Le drapeau est dans la poussière. Il doit être ramassé. Mais ce ne sera plus le même drapeau bien teinté (en rouge, surtout en rouge). Ce doit être un drapeau sous lequel tout démocrate sincère, qu’il soit de gauche, du centre ou de droite, peut se tenir.

    Une dernière question. La période que nous vivons est particulièrement sombre, et pourtant, en Italie, nous sommes confrontés à un nouvel élan culturel littéraire et cinématographique, à la fois crépuscule et aube : comment expliquez-vous cela ? quels sont vos projets ?
    J’ai passé trop de temps à étudier et à raconter les vingt années de fascisme – je raconte actuellement la Seconde Guerre mondiale et Salò – pour penser que la période que nous vivons est « particulièrement sombre ». Le problème est que nous avons perdu le sens de la lutte (et même le goût de la lutte). Et je ne suis même pas sûr d’être face à un nouvel élan culturel et littéraire (j’aimerais que vous me disiez ce que vous en pensez). Pour ce qui est de mes projets, il me reste encore deux volumes de la saga M à terminer et à publier. Ensuite, nous verrons…

    https://aoc.media/entretien/2024/10/18/antonio-scurati-voir-le-fascisme-de-linterieur-voir-son-abime-en-nous
    #interview #Meloni #Giorgia_Meloni #Italie #criminalisation #espace_public #résistance #criminalisation_de_la_résistance #résistance_passive #désobéissance #services_publics #instruction #éducation #santé #liberté_d'expression #intimidations #médias #journalisme #censure #histoire #révisionnisme #révisionnisme_post-fasciste #populisme #berlusconisme #Berlusconi #Silvio_Berlusconi #romans #fantôme #antifascisme #préjugé_antifasciste #dérive_illibérale #illibéralisme #régime_fasciste #démocratie #mussolinisme #lutte

  • Activists Under Fire: The Rising Criminalization of Civil Movements Across Europe

    On May 22, 2024, the air outside Berlin’s Humboldt University was thick with tension. Over a hundred people had peacefully gathered at Universitätsstraße in solidarity with a group of students. The students had occupied the nearby Institute for Social Sciences and renamed it Jabalia Institute after one of the largest refugee camps in Gaza—known as a historic stronghold of resistance. Their voices rose together in steady, rhythmic chants, demanding peace and justice for people facing genocide and violence in Palestine and Lebanon.

    “When I first arrived, I was shocked by the amount of police on the street,” said Mimo, a 26-year-old engineering student at TU Berlin whose name has been changed due to his concern about possible visa issues and other legal problems that could result from his political views in Germany. Like many of his fellow students, Mimo is part of the Student Collective for Palestine at TU Berlin, an initiative committed to advocating for Palestinian rights and social justice. At Universitätsstraße, their calls for peace and equity were met with unyielding violence and hostility from the authorities.

    “I can’t breathe anymore,” Mimo recalled himself gasping, as he felt a sharp, breath-stealing blow to his chest, before he even saw it coming. A police officer from the line had hit him with Quarzsandhandschuh—weighted gloves used to illegally harm protesters—forcing him to bend his knees from the pain while his fingers slipped out of the hands of those next to him.

    As the human chain broke, the officers surged past him, dealing blows indiscriminately at the young faces around him. Cries of fear and pain erupted as the students scattered to escape the onslaught.

    “It was really chaotic. People started crying and shouting like me: ‘I can’t breathe,’” Mimo recounted.

    At the end of the day, Mimo returned home still shaken, his chest sore, and thoughts racing. Though he felt the lingering pain for weeks, he did not go to the hospital due to a fear of police retaliation. For Mimo and his fellow protesters, this was not an isolated experience but a part of an escalating pattern.

    “The abuse of power from the authorities toward peaceful protesters is increasing exponentially,” Mimo explained. “We’ve started normalizing it.”

    Mimo and the students in Berlin are not alone with their experience as governments and authorities across Germany and other European countries, including the United Kingdom, Italy, Spain, Poland, Hungary, and the Netherlands, are increasingly clamping down on civil society and student movements. Through new legal measures, intensified surveillance, and public media campaigns, the authorities actively stifle voices calling for peace, environmental justice, and human rights.

    Over the last decade, Europe has witnessed an alarming rise in the repression and criminalization of activist groups and individuals; a trend that challenges the region’s formal commitment to democratic freedoms. A 2022 report from the European Civil Forum highlights this shift, recording over 450 cases of repression against civil society actors in Europe between 2019 and 2021.
    A Shift Toward Criminalization and Its Legal Consequences

    The criminalization of activist groups and NGOs across Europe carries significant legal and political ramifications. Members of organizations such as Sea Watch, Extinction Rebellion, Fridays for Future, and Last Generation have faced charges ranging from “public disturbance” to “aiding illegal immigration,” often under laws meant to protect state security or border integrity.

    This crackdown risks undermining both the right to peaceful protest and a range of humanitarian practices protected under international human rights laws, including the European Convention on Human Rights. The legal consequences of the continent-wide trend extend beyond individual cases, creating a climate of fear and suppressing vital democratic freedoms—as seen in recent high-profile cases, especially in Germany, the UK, and Italy.

    On May 19, 2023, during a high-stakes match at the Internazionali BNL d’Italia in Rome, the 33-year-old Last Generation activist Giacomo Baggio burst onto the court, throwing a vibrant cloud of confetti into the air in a courageous act of civil disobedience. The spectators watched, frozen, as the stadium security quickly moved in to forcefully remove the activist from the ground, their hands gripping his neck. As Baggio was dragged away, his message resonated beyond the arena: it did not just interrupt a tennis match, it broke public silence on the urgent climate crisis.

    In the wake of this and other peaceful civil disobedience actions carried out by Last Generation, the Rome police have sought to place Baggio under special surveillance (sorveglianza speciale), a strict surveillance regime devised for members of organized crime. For Baggio, it meant daily check-ins, an 8 p.m. curfew, and a ban on public events, sharply curtailing his political and social life.

    “In the beginning, I felt profoundly alone,” Baggio shared. “This measure targeted me as an individual, isolating me from society.”

    His words reflect the experiences of many European activists who face heightened repression as authorities use surveillance, arrests, and intimidation to silence dissent. In mid-October 2024, the Rome court overturned the surveillance request, citing insufficient evidence for a public threat. Yet, the chill on civil freedoms lingers as a warning for organizers across Italy and Europe.

    “These disproportionate repressive acts show that the government fears losing legitimacy, clinging to power by silencing those who hold up a mirror to what it doesn’t want to see,” said Baggio.

    The repression of Last Generation has intensified far beyond Italy’s borders. In May 2023, the German authorities launched sweeping nationwide raids against the climate group, charging its members with forming or supporting a criminal organization—a grave accusation usually reserved for terrorism cases. According to the activists and local media reports, the crackdown involved shutting down the organization’s website, freezing its members’ bank accounts, and invasive home raids to temporarily confiscate their personal belongings. The wave of criminalization underscored a troubling escalation of power abuse against activists that targets and undermines not only their political and organizational capacity, but also their very sense of personal space, financial stability, security, and livelihood.

    In its 2023 report on civic repression, Amnesty International documented a sharp rise in counter-terrorism measures targeting civil society across Europe. Since 2019, at least 2,000 Extinction Rebellion (XR) activists have faced legal action, many for peaceful acts like roadblocks or sit-ins, with some even charged with terrorism-related offences. The UK’s 2022 Police, Crime, Sentencing, and Courts Act intensifies this crackdown, granting the police broad authority and imposing severe penalties on protests deemed “disruptive.“ Roadblocks and business disruptions now carry severe legal risks and consequences for groups like XR.

    “In England and Wales, prison sentences for climate activists have surged dramatically,” said Charlie Holt, the European Head of Global Climate Legal Defence (CliDef). “Just a few years ago, it was rare to see climate activists jailed…now it happens routinely, and the sentences are growing longer and longer.”

    In Spain, the Public Security Law—commonly known as the “gag law”—has been used against activists under vague claims of endangering national security. In 2022 and 2023, pacifist groups such as Desarma Madrid, which protested Spain’s arms sales, faced fines and arrests for unlicensed demonstrations.

    The European Center for Not-for-Profit Law (ECNL) highlights similar legal restrictions across Poland, Italy, and Hungary. In Hungary, the far-reaching “Stop Soros” legislation specifically targets organizations providing aid to migrants and a range of other legitimate migration-related activities; making them punishable by up to one year in prison. The law has led to a significant chilling effect on the work of humanitarian groups. Although the EU Court rejected this law, the government has yet to retract it.

    In Poland, the 2022 amendments to public assembly laws have drastically curtailed protest rights, empowering authorities to shut down peaceful gatherings without substantial evidence. This has impacted protests—particularly those since the 2022 Russian full-scale invasion in Ukraine—where demonstrators have rallied for peace and women’s rights while criticizing cuts to social welfare made in favour of military spending. On March 8, 2023, several protesters were detained on public order charges as feminist groups, including Strajk Kobiet, protested in Warsaw on the International Women’s Day.

    Similarly in Italy, in September 2024, the parliament’s lower house approved a new Security Bill that targets climate activists and migrants in particular, while bearing consequences for a range of non-governmental organizations such as labor unions. If the decree also passes the Senate, protesters who block roads or railways could face up to two years in prison, while authorities would gain sweeping powers over migrants in detention centers.

    The Security Bill mirrors a decade-long European trend of framing solidarity with migrants as a security threat rather than humanitarian aid. Civic Space Watch reports that a growing number of NGOs and individuals across Europe now face prosecution for offering food, shelter, or legal assistance to migrants accused of “aiding illegal immigration.”

    “Authorities are trying to intimidate, hinder, and criminalize us to deter our rescue efforts and humanitarian actions,” said Oliver Kulikowski, the spokesperson of Sea Watch, a Mediterranean search-and-rescue NGO. He noted that Sea-Watch has faced hefty fines, legal battles, and that activists are threatened with prison terms for their life-saving work in one of the biggest graveyards in the world—the Mediterranean Sea.
    Members of Sea-Watch-3 rescue ship approach a rubber vessel full of migrants on the Tunisian and Libyan border waters.

    “This repression leads to an increasingly repressive society,” added Kulikowski. “When we see and allow people to die without rights at our borders, we erode the humanity and rights of society as a whole.”

    In February 2024, the Council of Europe’s Commissioner for Human Rights urged an end to the repression of human rights defenders assisting migrants in Europe. The commissioner warned that criminalizing rescue operations violates the UN Convention on the Law of the Sea, which mandates aid for those in distress and raises ethical concerns about the responsibility of European nation-states to protect human life.

    The repression has intensified in tandem with a surge in populist movements that frame humanitarian aid as subversive and illegal. For activists, NGOs, and civil society, mounting restrictions underscore a stark truth: defending human rights increasingly means sacrificing personal freedom as states prioritize border control over humanitarian commitments. The crackdown raises urgent questions about the EU’s commitment to its legal principles and core values in an era of escalating populism.
    The Rise of Populism, Media Stigmatization, and Polarisation

    In 2024, Amnesty International’s report on the state of the right to protest across 21 European countries highlighted a growing trend in repressive legislation, arbitrary arrests, the use of excessive force, and the rise of invasive surveillance.

    “Rather than solving the problems they claim to want to prevent and repress, these punitive norms have the sole effect of feeding public opinion with new criminal hypotheses, further sanctions, and increases in existing penalties. Criminal populism, in short,” said Vitalba Azzollini, an Italian lawyer, about Italy’s recent Security Bill. Part of a broader right-wing wave across Europe, these measures disproportionately target migrant aid organizations, environmental activists, and peace advocates, fuelling campaigns that depict dissent as a destabilizing force.

    “These narratives, often promoted in the name of protection of national security, state sovereignty, and moral values, are in fact being used to silence and repress dissent, public activism, and political participation,” said Gina Romero, the UN Special Rapporteur on the rights to freedom of peaceful assembly and association in her report presented to the UN General Assembly in October 2024.

    A 2022 study by Frontiers in Communication revealed how populist politicians have used mainstream media to amplify fear by spreading emotional narratives that sway public perception of activists as threats to stability and national security.

    Political organizations calling for climate justice and social change often face an onslaught of populist media labels—“eco-vandals,” “extremists,” “criminals”—to weaponize public opinion towards them, noted Romain Didi, the Climate Governance and Human Rights Policy Coordinator of CAN Europe. This tactic, he explained, seeks to polarize society by focusing outrage on disrupted commutes and cultural damage, rather than the urgent reasons behind the activists’ actions.

    Polls reveal a complex public sentiment about the increased criminalization of activist groups across Europe. For example, a survey conducted by More in Common Germany found that public support for radical climate actions has halved since 2021, with 55% of respondents now believing the protests are too disruptive. At the same time, support for climate action remains high, with 70% of Germans agreeing that addressing climate change requires urgent measures.

    As restrictive laws advance under populist political forces that put the right to peaceful protest at risk, the media has taken an active role in polarizing public perceptions of social movements. This media strategy therefore increases public acceptance of restrictive measures, normalizing crackdowns, and, ultimately, contributing to the erosion of civil society and democratic values.
    The Consequences of Repression

    In 2022, Amnesty International launched the Protect the Protest campaign to address the alarming increase in government repression, criminalization of dissent, and the use of excessive force against peaceful demonstrators worldwide. The campaign aims to defend and uphold the freedoms of expression, assembly, and association while advocating for the fundamental right to protest and call for peace. The Council of Europe has also warned that the escalating criminalization of non-violent protests poses a direct threat to free speech and peaceful assembly.

    Notably, the United Nations has urged governments to protect young climate and social justice activists, emphasizing their crucial role in addressing the global climate crisis and fight for social justice and peace:

    “Activists are like a fire alarm for society: essential and life-saving, even if uncomfortable to hear,” remarked Ben Mitchel, an XR protester who participated in several peaceful actions in the UK.

    Experts affirm that the rising trend of criminalizing social justice movements and their participants—fuelled by populist rhetoric—often has opposite affects. Rather than discouraging political participation, these repressive measures tend to amplify public support and drive even more activists to the streets, underscoring the urgency of their causes.

    Nottingham Trent University lecturer Heather Alberro notes that heavy-handed responses can radicalize movements in what experts call the “radical flank effect,”where activists adopt more extreme tactics as repression intensifies.

    Alberro explains that repression often pushes activists toward more radical actions, creating a dangerous cycle that may jeopardize movement goals and political stability. The pattern of criminalization and radicalization undermines public trust in democratic institutions, at the same time intensifying solidarity among the targeted activists and communities. We see this echoed in movements like Black Lives Matter, pro-Palestine advocacy, and Extinction Rebellion, where greater unity and resistance has been sparked in the face of state repression. According to Alberro, the result is a fragile balance where governments’ restrictive measures risk deepening societal divides, highlighting the need for European states to strike a fairer balance between security and human rights.

    “The more they try to silence us, the more determined we become…we are not backing down; we’re finding new ways to make our voices heard”, affirmed Mimo, his voice steady with resolve.

    Looking Forward: A Turning Point?

    As Europe steps into a pivotal decade—one defined by the need for urgent climate action, migration challenges, and rising geopolitical tensions—the criminalization and repression of social justice and peace advocates raise profound questions about how governments maintain public order while respecting civil liberties. With 64 countries going through elections this year, questions on fundamental rights have become one of the key battlegrounds worldwide.

    In Europe, the constitutional rights that once defined liberal democracy—the freedom of assembly and speech, and the right to dissent—are threatened as governments increasingly turn to restrictive laws that target civil disobedience, dissent, and protest actions. These measures reshape Europe’s societal landscape, systematically eroding the right to peaceful protest and undermining citizens’ fundamental freedoms.

    “Peaceful protest is essential to democracy; it’s the hope for future social progress. Politicians who oppose this prioritise their immediate interests over the community’s future,” said Baggio. His statement reflects a widespread call among activists and organizations for European governments to protect the rights to protest and free speech, ensuring a public space where diverse voices can engage with critical issues like climate justice, gender equality, social inclusion, and peace.

    As authorities clamp down, grassroots groups and NGOs remain resilient and interconnected in building solidarity networks across borders to amplify their demands and unify their struggles. Solidarity, in this climate, is not only a strategy but a necessity to safeguard everyone’s fundamental rights.

    “Solidarity means recognising that our struggles are linked and that the forces that try to silence us are often the same,” said Mimo with a spark of hope flickering in his eyes.“I fear the future, yes, but I also believe in the power of our voices to change it.”

    For an EU that champions human rights, democracy, and peace, the escalating crackdown on civil society casts a sharp, unsettling shadow. This shift is more than just a legal tightening: it is a warning and a call to critically scrutinize the power dynamics that allow authorities and governments to exclude, stigmatize, and repress civil society. Criminalization of protest raises urgent questions about our freedoms to voice, organize, and defend the values of peace and justice we believe in—freedoms that are not only our rights, but our collective responsibility: to protect the future of the world in which we live.

    https://turningpointmag.org/2024/11/27/activists-under-fire-the-rising-criminalization-of-civil-movements-
    #migrations #réfugiés #criminalisation_de_la_solidarité #solidarité #Palestine #Extinction_Rebellion #répression #Fridays_for_Future #résistance #criminalisation #luttes #Last_Generation #populisme #stigmatisation

    ping @karine4

  • Au Royaume-Uni, où des militants pacifistes sont condamnés à des années de prison ferme, une criminalisation sans précédent
    https://www.lemonde.fr/international/article/2025/01/31/au-royaume-uni-une-criminalisation-sans-precedent-des-militants-pacifistes-e

    Les cinq sympathisants de Just Stop Oil emprisonnés [pour avoir participé à une réunion zoom] se sont joints à dix autres activistes précédemment condamnés (à des peines allant jusqu’à deux ans de prison) pour faire appel de leur condamnation : l’audition de cet appel groupé a eu lieu les 29 et 30 janvier à Londres. Il représente un test important pour les militants en faveur du climat au Royaume-Uni, mais aussi ailleurs en Europe, où la tendance est également à une répression plus sévère des actions non violentes contre eux.

    Criminalisation des actions non violentes

    Deux lois (le Police, Crime, Sentencing and Courts Act et le Public Order Act), proposées et défendues par les gouvernements conservateurs de Boris Johnson puis de Rishi Sunak, adoptées à Westminster ont contribué à criminaliser les manifestations pacifistes. Ces textes donnent davantage de pouvoirs à la police pour intervenir et faire cesser des manifestations « perturbatrices » (parfois avant même qu’elles aient lieu). Ils introduisent aussi des peines plus lourdes pour les personnes impliquées dans l’organisation ou la participation à ces manifestations. Keir Starmer, quand il était chef de l’opposition travailliste, ne s’est pas opposé à ces durcissements et n’a rien fait, depuis qu’il est entré au 10 Downing Street, pour les dénoncer ou les abandonner.

    https://justpaste.it/hbynt

    #écologie #militantisme #criminalisation #gauche_de_droite #répression #Royaume-Uni

    • pour avoir participé à une réunion zoom

      Si jamais tu te demandes pourquoi tu t’escrimes à utiliser et fabriquer des logiciels libres ou plutôt pourquoi il y a encore des personnes qui ne veulent pas entendre qu’utiliser les logiciels privatifs conduits au fascisme.

      #zoom_logiciel_privatif

  • #Bulgaria. Frontiera di morte
    https://radioblackout.org/2025/01/bulgaria-frontiera-di-morte

    La Bulgaria, paese recentemente entrato nell’area Schengen intende dimostrare a Bruxelles di saper controllare le proprie frontiere, specialmente quelle con i paesi dai quali transitano i migranti. Le politiche migratorie europee continuano a mietere vittime anche in questa zona dell’Unione, dove a fine anno sono morti tre ragazzini minorenni provenienti dall’Egitto. Ad attivisti ed attiviste […]

    #L'informazione_di_Blackout #arresto_no_border_in_bugaria #frontiere_uccidono #morire_assiderati #no_name_kitchen #rotte_balcaniche #Turchia
    https://cdn.radioblackout.org/wp-content/uploads/2025/01/2025-01-14-virginia-bulgaria.mp3

  • L’Etat doit cesser d’entraver la #solidarité avec les personnes exilées aux #frontières

    Alors que la protection des personnes exilées par l’Etat français ne cesse de se dégrader et que 2024 connaît déjà un nombre record de morts dans la #Manche, le rapport « Au mépris des droits. Enquête sur la répression de la solidarité avec les personnes exilées aux frontières », de l’Observatoire des libertés associatives (https://www.lacoalition.fr/Au-mepris-des-droits-Enquete-sur-la-repression-de-la-solidarite-avec-les) documente les multiples #entraves auxquelles font face les acteurs solidaires aux frontières françaises.

    L’enquête de l’Observatoire des libertés associatives dresse un état des lieux préoccupant de la situation de la solidarité aux frontières de la France avec le #Royaume-Uni, l’#Espagne et l’#Italie. Au lieu de soutenir et de protéger les actions de solidarité envers les personnes exilées, les pouvoirs publics (collectivités locales, forces de police, autorités administratives…) prennent des mesures, toujours plus répressives, pour empêcher ces initiatives ou les décourager.

    Le rapport recense de nombreux exemples d’entraves à la solidarité, qui ont un impact direct sur l’#accès_aux_droits fondamentaux des personnes migrantes et contribuent toujours plus à la dégradation de leurs conditions de vie. À #Calais, des arrêtés préfectoraux interdisant la distribution de #nourriture par les solidaires dans certains endroits se sont succédés pendant plusieurs années. Aujourd’hui, des #barrières physiques, comme d’énormes #rochers, ont été installées. Le seul endroit proposant aux personnes de laver leurs vêtements a été fermé par un arrêté municipal. Dans ce territoire frontalier du Royaume-Uni, comme à la frontière franco-italienne, l’#accès_aux_soins est régulièrement entravé, rendant difficile voire impossible d’apporter une #aide_médicale aux personnes exilés vivant dans les campements du littoral nord ou perdues dans les montagnes briançonnaises.

    À cela s’ajoutent un #harcèlement_policier et des entraves juridiques aux associations : des multiples contrôles d’identité ou des véhicules, des contraventions à outrance ou injustifiées, des procédures et #poursuites_judiciaires. Ces entraves découragent les initiatives citoyennes solidaires, ont un impact matériel sur les associations et un fort impact psychologique sur les personnes ciblées.

    Dans la #vallée_de_la_Roya et à #Menton, près de la frontière franco-italienne, des citoyens solidaires rapportent craindre d’accompagner des personnes exilées vers un lieu d’accueil ou une administration (par exemple pour déposer une demande d’asile), alors que cela est tout à fait légal, car ils savent qu’ils seront immédiatement suspectés de les avoir aidées à franchir la frontière. Au #Pays_basque, à la frontière franco-espagnole, plusieurs solidaires ont été convoqués par la police ou placés en garde-à-vue pour avoir accompagné des personnes en voiture vers un lieu de répit. Sans nécessairement être suivies de poursuites judiciaires, ces actions visent avant tout à décourager d’autres personnes de faire de même.

    Le rapport démontre également que les associations sont fréquemment mises en cause par les représentants administratifs et politiques, jetant ainsi le discrédit sur leurs actions : les accusant d’encourager l’installation de personnes exilées en France, de mettre ces personnes en danger ou pire d’être complices de passeurs et de trafiquants d’êtres humains. Pourtant, les actions des associations sont essentielles et servent souvent à pallier l’absence de réponse adaptée et efficace de l’Etat. Dans plusieurs territoires, ce sont souvent elles et les citoyens solidaires qui apportent les services minimums pour garantir la survie et la dignité des personnes exilées.

    Face aux constats préoccupants dressés par ce rapport de l’Observatoire et l’ensemble des témoignages recueillis par nos associations et leurs partenaires, nous demandons aux pouvoirs publics de mettre fin aux entraves qui empêchent l’action quotidienne de centaines de citoyens, collectifs et associations de la solidarité de venir en aide aux personnes exilées.

    https://www.youtube.com/watch?v=2kamg92ljws&t=5s

    https://www.lacimade.org/presse/letat-doit-cesser-dentraver-la-solidarite-avec-les-personnes-exilees-aux-f
    #France #criminalisation_de_la_solidarité #Hautes-Alpes #frontière_sud-alpine #Alpes_Maritimes #Briançonnais

    • Au mépris des droits. Enquête sur la répression de la solidarité avec les personnes éxilées aux frontières

      La nouvelle enquête de l’Observatoire des libertés associatives sort ce 18 novembre 2024. Ce quatrième rapport met l’accent sur les répressions subies par les associations de soutien aux personnes exilées aux trois frontières franco-britannique, franco-italienne et franco-espagnole.

      La répression qui touche les organisations et militant·es qui portent assistance aux personnes exilées est de plus en plus dénoncée publiquement, comme en témoignent les débats autour du « délit de solidarité » ces dernières années. Ce quatrième rapport de l’Observatoire des libertés associatives a cependant souhaité dépasser l’unique criminalisation juridique en s’intéressant à toutes les formes ordinaires d’entraves.
      En se concentrant sur les frontières franco- britannique, franco-italienne et franco-espagnole, ce travail cherche à saisir la variation des relations avec les pouvoirs publics selon les territoires. A partir d’une vingtaine d’entretiens semi-directifs et d’archives associatives il permet d’établir une typologie des différents faits d’entrave à la solidarité aux frontières :

      1 la criminalisation et les entraves juridiques à l’aide aux personnes exilées,
      2 les attaques discursives et atteintes à la légitimité des acteurs solidaires,
      3 le harcèlement et les violences policières,
      4 les atteintes matérielles et financières
      et enfin 5 les tentatives d’ostracisation et les attaques à la capacité d’action collective.

      Ce faisant, ce rapport donne à voir la diversité des entraves, souvent à la limite de la légalité, auxquelles sont confrontées les associations de solidarité avec les personnes migrantes.

      https://www.lacoalition.fr/Au-mepris-des-droits-Enquete-sur-la-repression-de-la-solidarite-avec-les

      #rapport

  • Stop the Criminalisation and Repression of Climate and Environmental Protests around the World

    Criminalisation and repression of climate and environmental activists has received increasing attention and is taking place across the world in both more and less democratic countries. It focuses state policy on punishing dissent against inaction on climate and environmental change instead of taking adequate action on these issues. In criminalising and repressing climate and environmental activists, states depoliticise them. These are authoritarian moves that are not consistent with the ideals of vibrant civil societies in liberal democracies.

    https://www.bristol.ac.uk/policybristol/policy-briefings/criminalisation-climate-protest

    #criminalisation #recherche #climat #changement_climatique #résistance #protestation #rapport #UK #Angleterre #répression #luttes #environnement #activisme #dépolitisation #autoritarisme

  • Au #Maroc, #acharnement_judiciaire et #répression, contre les migrantEs

    Le 14 novembre 2024, la Cour d’appel de Nador a rendu un verdict extrêmement sévère à l’encontre de 14 migrants, leur infligeant dix ans de #prison ferme. Ils n’avaient pour seul objectif que de demander l’asile en Europe (la ville occupée Melilla), fuyant les guerres et la pauvreté sévissant dans leur pays d’origine.

    Arrêtés au début de l’année 2022, soit avant le massacre du 24 juin 2022 à Melilla, au nord du Maroc, ces migrants avaient initialement été condamnés à deux ans de prison ferme. Mais à la suite d’un appel formé par le procureur, la peine avait été doublée pour atteindre quatre ans de prison ferme, par décision de la Cour d’appel de Nador.

    #Criminalisation

    Cette spirale judiciaire, qui s’étire depuis juillet 2022, témoigne d’un acharnement inédit contre des personnes en quête de refuge. La section de l’Association marocaine des droits humains (AMDH) à Nador avait dénoncé cette cruauté : « Cet acharnement judiciaire est la poursuite de la répression que subissent les migrants et les réfugiés depuis le terrible drame du 24 juin. Ces procès expéditifs, où une seule version des faits semble dominer, constituent une criminalisation de la migration et de l’asile. »

    Après ce jugement inique de la Cour d’appel de 2022, les migrants ont été répartis entre les prisons de Nador et de Meknès. Leurs dossiers ont ensuite été soumis à la Cour de cassation de Rabat le 30 mai 2022, qui a annulé la décision de la Cour d’appel. Le dossier a alors été renvoyé par le procureur général de Nador devant une nouvelle juridiction de la Cour d’appel, qui a, le 14 novembre 2024, aggravé la peine de ces migrants à dix ans de prison ferme.
    Choc pour les migrantEs

    Ce verdict a été un choc terrible pour ces migrants, qui avaient déjà purgé trois ans de prison.

    Ces #condamnations reflètent une politique délibérée de l’État marocain, celle d’agir comme le gendarme de l’Union européenne et de ses institutions, telles que Frontex, pour bloquer l’immigration à ses frontières extérieures.

    https://lanticapitaliste.org/actualite/international/au-maroc-acharnement-judiciaire-et-repression-contre-les-migrantes
    #migrations #racisme #criminalisation_de_la_migration #emprisonnement

    ping @_kg_

  • Accusée d’ « #islamo-gauchisme », une chercheuse en #procès contre le vice-président de LR

    Ce mercredi a eu lieu l’audience d’appel pour #injure_publique après la #plainte de #Christelle_Rabier, enseignante-chercheuse, ciblée dans un tweet de l’actuel vice-président LR #Julien_Aubert l’accusant d’ « islamo-gauchisme ». Le délibéré sera rendu le 8 janvier prochain.

    C’est dans un contexte d’institutionnalisation et d’intensification de la #traque à l’ « islamo-gauchisme » que s’inscrit ce procès opposant Christelle Rabier, maîtresse de conférences à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS), à l’ex-député LR (et actuel vice-président du parti) Julien Aubert. Quelques jours après l’assassinat de Samuel Paty du 16 octobre 2021, Jean-Michel Blanquer, alors ministre de l’éducation, dénonce le 22 octobre au micro d’Europe 1 une « #complicité_intellectuelle du #terrorisme » derrière laquelle est désigné « l’islamo-gauchisme » qui « fait des #ravages à l’université » et favorise « une #idéologie qui, de près ou de loin, mène évidemment au pire ». Revenant sur l’assassinat de #Samuel_Paty, il soutient que « ce n’est pas un assassin seul, c’est un assassin qui est conditionné par d’autres gens, en quelque sorte les auteurs intellectuels de cet assassinat ». Des accusations qu’il réitérera le même jour devant le Sénat.

    Dans la foulée de ces déclarations, les députés Les Républicains Julien Aubert et #Damien_Abad réclament l’ouverture d’une #mission_d’information_parlementaire sur « les #dérives_idéologiques dans les milieux universitaires », dénonçant l’emprise « des courants islamo-gauchistes puissants dans l’enseignement supérieur » et la « #cancel_culture ». Une offensive réactionnaire annoncée dans un communiqué de presse le 25 novembre, et de nouveau par Julien Aubert sur le plateau de Cnews le lendemain, avant de publier deux tweets qui feront l’objet du procès face à Christelle Rabier. Après avoir déclaré dans un premier tweet titré « #Dérives_idéologiques dans les universités » qu’ « il y a deux mouvements, la #CancelCulture et l’#Islamogauchisme, qui nient le débat contradictoire et plaident pour une ostracisation de ceux qui ne pensent pas comme eux », le député en publie un second quelques heures plus tard ciblant explicitement dans un photomontage sept enseignants-chercheurs, dont l’enseignante de l’#EHESS :

    C’est à la suite de ces accusations que Christelle Rabier et son avocat décident, le 13 février 2021, de porter plainte contre Julien Aubert pour injure publique. L’ancien président de l’EHESS, #Christophe_Prochasson, avait alors refusé de lui accorder la #protection_fonctionnelle, refusant de fait de soutenir la chercheuse attaquée dans le cadre de ses recherches universitaires par un député réactionnaire. Après avoir déposé un recours en annulation contre cette décision auprès du #tribunal_administratif, l’enseignante finit par obtenir une prise en charge des frais d’avocat par son administration le 9 décembre 2022. Le rôle de la présidence de l’EHESS dans la traque à l’ « islamo-gauchisme » et à la répression des voix dissidentes s’est depuis affermie avec le successeur de Prochasson, #Romain_Huret, qui a sévèrement réprimé la mobilisation étudiante en soutien à la Palestine. Le 15 novembre 2023, le #tribunal_correctionnel rejette l’accusation de Christelle Rabier et innocente le député LR. L’audience d’appel avait lieu aujourd’hui, à la #Cour_d’appel de Paris. Le délibéré sera rendu le 8 janvier prochain.

    Ce procès pour « injure publique » reflète plus largement l’intensification sur les trois dernières années de la #chasse_aux_sorcières orchestrée par les gouvernements successifs. Après la demande d’une #mission_parlementaire par les deux députés LR, #Frédérique:Vidal mandatait en février 2021 le CNRS pour mener une « étude » sur l’ « islamo-gauchisme » dans les universités. En janvier 2022 se tenait à la Sorbonne le colloque « « Après la déconstruction : reconstruire les sciences et la culture » salué par des figures telles que Blanquer, Zemmour ou Ciotti, qui visait à faire un état des lieux de la pensée « #woke » et « décoloniale » dans les universités et à y restaurer un #ordre_moral_réactionnaire. La liste de ces initiatives est longue. La récente nomination par le nouveau gouvernement de #Patrick_Hetzel à la tête du ministère de l’ESR vient couronner cette #traque aux opposants politiques en promettant de renforcer la #répression et la #criminalisation de toute contestation de l’État radicalisé. La récente tribune de Hetzel laisse présager que les procès pour « islamo-gauchisme » fleuriront dans les prochains mois.

    Face à ces #intimidations et aux tentatives de #musèlement des #voix_dissidentes qui se multiplient, dans un contexte où le gouvernement prépare des offensives austéritaires d’ampleur, nous avons besoin de construire une riposte des organisations étudiantes, syndicales et politiques. Contre la criminalisation et la répression de l’État, de sa police et de sa justice, nous affirmons notre solidarité à Christelle Rabier et réitérons notre soutien inconditionnel à toutes celles et ceux qui se mobilisent contre l’ensemble des politiques réactionnaires et austéritaires du gouvernement, pour une société libérée des oppressions et de l’exploitation.

    https://www.revolutionpermanente.fr/Accusee-d-islamo-gauchisme-une-chercheuse-en-proces-contre-le-v
    #justice #France #ESR #enseignement_supérieur #université

    –-

    ajouté à la #métaliste de la saga autour du terme l’#islamo-gauchisme... mais aussi du #woke et du #wokisme, #cancel_culture, etc.
    https://seenthis.net/messages/943271

  • Aux frontières françaises, les #bénévoles aidant les migrants sont victimes de #menaces et #intimidations

    Dans son nouveau rapport publié lundi, l’#Observatoire_des_libertés_associatives indique que les bénévoles qui viennent en aide aux exilés subissent toujours des menaces et pressions des pouvoirs publics alors que le #délit_de_solidarité a été aboli en 2018. À la frontière italienne, espagnole ou sur le littoral nord, ils dénoncent un harcèlement quotidien.

    Des #amendes à répétition, des #gardes_à_vue abusives, des dépôts de rochers pour empêcher des distributions... Tous ces faits observés aux frontières françaises constituent des entraves à la solidarité. Et ils concernent à une grande échelle les bénévoles venant en aide aux migrants à la frontière espagnole, dans la Roya, dans le Briançonnais, comme sur le littoral de la Manche.

    Dans son rapport réalisé par Mathilde Rogel et publié lundi 18 novembre, l’Observatoire des libertés associatives alerte sur l’attitude de plus en plus répressive des pouvoirs publics envers ces aidants alors que la situation des exilés, notamment sur le littoral du Pas-de-Calais, est de plus en plus dramatique. Au moins 60 personnes sont mortes en tentant de traverser la Manche depuis le début de l’année.

    "L’article L622-1 du Code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile (CESEDA) 48 est utilisé depuis les années 1990 contre les soutiens divers aux personnes exilées", rappelle l’Observatoire dans son rapport. Mais depuis, la législation française a changé. En 2018, le Conseil constitutionnel a aboli le délit dit "de solidarité" en consacrant le principe de fraternité dans l’#aide_humanitaire.

    Menaces juridiques et financières

    Pourtant, dans les zones frontalières, ce principe de droit n’est pas appliqué et les menaces d’infractions liées au CESEDA sont courantes. "Ainsi, plusieurs militant·es aux frontières ont été placés en garde-à-vue sur le motif d’aide au passage, alors même que ces dernier·es n’avaient pas traversé la frontière", souligne le rapport.

    Les menaces ou les #sanctions imposées aux bénévoles ne sont pas toujours juridiques. En imposant des amendes lourdes et aux motifs infondés aux associations, les pouvoirs publics font une entrave financière à la solidarité. L’association Utopia 56 a ainsi comptabilisé "un total de 104 #contraventions perçues par ses membres entre le 17 mars 2020 et le 13 mai 2021, soit un total d’environ 20 000 euros".

    Décourager les exilés...et les bénévoles

    Ce #harcèlement des bénévoles contribue à éloigner les exilés des distributions de nourriture, mais aussi des lieux de soins de santé. Comme lorsque des bénévoles sont empêchés par la police d’emmener à l’hôpital de Briançon des personnes en hypothermie. De même lorsque l’ouverture d’une clinique mobile près de Dunkerque est empêchée par le dépôt de blocs de béton.

    En plus de décourager les exilés de bénéficier de l’aide qui pourrait leur être apportée, l’objectif semble aussi être de décourager les bénévoles eux-mêmes. Cela passe par des intimidations, des amendes envoyées avec régularité, mais aussi par le fait de jeter le discrédit sur l’action des associatifs ou encore de les accuser de mettre les personnes en danger et d’être complices des passeurs.

    Pour un bénévole interrogé par l’autrice du rapport, cette façon d’agir "est clairement un objectif de se trouver des coupables, enfin de se déresponsabiliser, si on pointe du doigt les associations, et bien en fait, l’État ne montre pas du doigt ses propres manquements”.

    https://www.infomigrants.net/fr/post/61242/aux-frontieres-francaises-les-benevoles-aidant-les-migrants-sont-victi

    #criminalisation_de_la_solidarité #solidarité #migrations #frontières #France #dissuasion #découragement #frontière_sud-alpine

    ping @karine4

  • En Tunisie, « les prisons sont remplies de migrants subsahariens » condamnés pour « séjour irrégulier » - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/61237/en-tunisie-les-prisons-sont-remplies-de-migrants-subsahariens-condamne

    En Tunisie, « les prisons sont remplies de migrants subsahariens » condamnés pour « séjour irrégulier »
    Par Leslie Carretero Publié le : 18/11/2024
    Depuis quelques semaines, les arrestations dans les rues tunisiennes visant les migrants se sont accentuées. Après leur interpellation, les exilés sont condamnés pour « séjour irrégulier » et écopent de plusieurs mois de détention. La situation est telle que, selon des exilés en contact avec InfoMigrants, « les prisons sont remplies de Subsahariens », enfermés aux côtés de prisonniers de droit commun.
    Un peu plus d’un mois après la réélection du président sortant Kaïs Saïed, avec 90 % des voix, la criminalisation des migrants en Tunisie a pris une nouvelle tournure. Les Noirs vivant dans le pays ne risquent plus seulement d’être abandonnés dans le désert, à la frontière algérienne ou libyenne, après une interpellation. Ils encourent désormais des peines de prison ferme, aux côtés de détenus tunisiens de droit commun.
    Ibrahim* en a fait l’amère expérience. Ce Guinéen de 23 ans sort tout juste du centre de détention de Mornaguia, à une vingtaine de kilomètres à l’ouest de Tunis. Il a été arrêté le 30 octobre dans une rue de la capitale tunisienne. « J’attendais un taxi pour rentrer chez moi quand des policiers m’ont interpellé », rapporte-t-il.
    Koffi*, un Ivoirien de 43 ans, raconte la même histoire. Le 20 octobre, trois policiers en civil sont venus l’arrêter dans l’entreprise de menuiserie pour laquelle il travaille au noir à Tunis, puis l’ont envoyé en prison.
    « Ce genre d’arrestations suivies d’une période d’incarcération, ce n’est pas nouveau. Mais ces derniers temps, c’est récurrent », assure Sakia Traoré, secrétaire fédéral de la Fédération des Ivoiriens en Tunisie (Faci), qui reçoit régulièrement des témoignages de migrants sortis de détention. « Les exilés sont arrêtés dans la rue, les transports en commun ou les gares... À Sousse, Sfax ou Tunis. Cela se passe dans tout le pays ».
    « En ce moment, c’est une véritable chasse à l’homme », lance Ibrahim. « Les policiers ciblent des quartiers où vivent les Subsahariens [comme le quartier Ariana, à Tunis, ndlr] et procèdent à des rafles. Plusieurs de mes amis ont vécu la même mésaventure que moi et certains ont été envoyés en prison deux ou trois fois », signale le Guinéen.Quelques-uns parviennent à éviter une interpellation en échange d’un pot-de-vin. Jean*, demandeur d’asile en Tunisie, a aidé plusieurs personnes à échapper à la prison. « L’autre jour, j’ai donné 100 dinars [près de 30 euros, ndlr] à un policier en civil pour qu’il laisse mon ami. Le lendemain, j’ai fait la même chose avec deux femmes de mon quartier, pour la même somme », raconte cet autre Ivoirien.
    Pour les moins chanceux, le processus reste toujours le même : les migrants interpellés sans titre de séjour sont envoyés quelques heures au poste de police, puis à la prison de Bouchoucha (à l’ouest de Tunis). Cette « maison d’arrêt, où sont regroupées les personnes placées en garde à vue à Tunis, est souvent présentée comme le pire lieu de détention de Tunisie », selon un rapport de l’ONG Avocats sans frontières.Les personnes ne passent que quelques jours dans cette prison, où s’entassent 60 à 70 prisonniers par cellule, avant de comparaître au tribunal.L’entrevue devant le juge se fait à marche forcée, en quelques minutes seulement. Trois questions suffisent aux magistrats pour rendre leur verdict : "Quel est votre identité ? Comment êtes-vous entré en Tunisie ? Avez-vous un titre de séjour ?"Les audiences pour « séjour irrégulier » se déroulent à la chaîne. Lors de son passage au tribunal début novembre, Ibrahim dit s’être retrouvé au côté d’une trentaine de Subsahariens, dont deux mineurs, une dizaine de femmes et une enceinte de huit mois. Tous ont été inculpés car en situation irrégulière sur le territoire tunisien.
    Mais impossible de savoir combien de personnes ont déjà été emprisonnées de cette manière, les autorités tunisiennes refusent de communiquer les chiffres des condamnations pour « séjour irrégulier ».
    Selon la loi n°68-7 du 8 mars 1968, relative à la condition des étrangers en Tunisie, un sans-papiers s’expose à une peine d’"emprisonnement d’un mois à un an et d’une amende de 6 à 120 dinars" (1,80 euros à 36 euros) pour « séjour irrégulier ». Dans les faits, ils sont le plus souvent condamnés à des peines de deux à six mois de prison. Ce texte, ancien mais jusque-là très peu appliqué, semble de plus en plus utilisé par les autorités tunisiennes pour enfermer les migrants en situation irrégulière. « Depuis février 2023 [date d’un discours virulent du président tunisien à l’encontre des Subsahariens, ndlr], on observe une hausse des condamnations pour ce motif. Et cela encore pris de l’ampleur ces dernières semaines », affirme Romadhane Ben Amor, du Forum tunisien économique et social (FTDES). « C’est une manière de criminaliser un peu plus les migrants ».
    Une fois condamnés, les exilés interpellés à Tunis sont ensuite transférés dans la prison de Mornaguia. Ce centre de détention « est rempli de Subsahariens, de toutes les nationalités », alerte Koffi. Pendant deux mois, cet Ivoirien a partagé sa cellule avec quelque 80 migrants dans une « chambre des étrangers », terme qui désigne les cellules occupées uniquement par des Noirs.Ibrahim a, lui, été enfermé 14 jours avec une centaine de personnes, des exilés mais aussi des Tunisiens condamnés pour usage de drogues, vols, ou violences. « Chaque jour, ça rentre, ça sort. Des Noirs sont libérés et d’autres arrivent, toujours pour le même motif. Les Subsahariens ne restent que quelques mois, alors que les Tunisiens passent plusieurs années derrière les barreaux », explique le jeune Guinéen.
    La proximité avec des prisonniers potentiellement dangereux est une épreuve supplémentaire pour les migrants. Dans chaque cellule partagée avec des Tunisiens, un chef – appelé par les détenus « kabran », qui signifie patron en arabe - organise la vie derrière les barreaux. « C’est lui qui fait la loi, on est obligé de faire ce qu’il dit sinon il nous frappe. S’il vous dit de vous coucher à 19h, vous devez dormir. C’est aussi lui qui vous attribue une place dans la cellule », se souvient Ibrahim.
    Comme à l’extérieur, le racisme et les mécanismes de domination ressurgissent dans les établissements pénitentiaires de Tunisie. Les Noirs sont parqués dans un coin de la pièce, le plus souvent près des toilettes. Ils doivent partager des lits à cinq ou six personnes, quand les Tunisiens dorment à deux sur la même couchette. Si la pièce est saturée, des exilés peuvent être contraints de dormir à même le sol.
    « La souffrance que j’ai vue dans les prisons tunisiennes, je ne l’ai jamais vu en Libye »
    Contrairement aux Tunisiens, les migrants n’ont pas de famille en Tunisie et ne peuvent donc pas recevoir de nourriture, de produits d’hygiène ou de vêtements de leurs proches. « Nous, on reste avec les mêmes habits. Pendant deux semaines, j’ai porté le même pantalon et le même tee-shirt », dit Ibrahim. « La nourriture est très mauvaise, on a droit à un seul repas par jour. Donc sans aide extérieur, c’est très dur. En fait, cela sert tout juste à nous maintenir en vie », renchérit Koffi. Les exilés affirment aussi que les prisons tunisiennes sont confrontées à des cas de gale et de tuberculose, et infestées de punaises de lit et de cafards.
    Autant de facteurs qui rendent le séjour des migrants dans les geôles tunisiennes particulièrement traumatisant. Même pour Ibrahim, qui a passé cinq ans dans « l’enfer libyen ». En contact avec InfoMigrants depuis de nombreuses années, le jeune Guinéen a raconté à plusieurs reprises ses différentes incarcérations en Libye, dans les prisons de Tarik el Siqqa ou encore de Zaouia. Des lieux où les violences sont légion et les droits des migrants continuellement bafoués. Et pourtant Ibrahim est catégorique : selon lui, la vie en prison demeure plus difficile en Tunisie qu’en Libye. « La souffrance que j’ai vue à Monarguia, je ne l’ai jamais vue en Libye. C’est vrai que les gardiens libyens sont violents, qu’on est victimes de travail forcé et d’agressions, mais en Tunisie les conditions de vie sont plus dures moralement », confie-t-il. « En Libye, on était tous dans la même situation. Ici, on est incarcéré aux côtés de criminels, de braqueurs… qui sont condamnés à 12 ou 15 ans de prison. Alors que toi tu es là seulement à cause d’un problème de papiers et tu es traité de la même manière qu’eux. Ce pays me fait de plus en plus peur ».

    #Covid-19#migrant#migration#tunisie#incarceration#detention#violence#migrationirreguliere#sante#violence#vulnerabilite#droit

  • #Appel à la solidarité avec #Abdallah_Said

    Le mardi 12 novembre 2024, la Cellule d’Investigation Financière a placé Abdallah El Said, un militant et président de l’Association “#Enfants_de_la_Lune_de_Médenine”, en garde à vue. Suite à un long interrogatoire, les charges retenues contre Abdallah Said n’ont pas encore été précisées, mais elles concernent principalement des activités liées à la prise en charge d’enfants réfugiés, migrants et abandonnés, qui font partie des activités de l’association dans la région de Médenine.

    Le mardi 12 novembre 2024, la Cellule d’Investigation Financière a placé Abdallah El Said, un militant et président de l’Association “Enfants de la Lune de Médenine”, en garde à vue. Suite à un long interrogatoire, les charges retenues contre Abdallah Said n’ont pas encore été précisées, mais elles concernent principalement des activités liées à la prise en charge d’enfants réfugiés, migrants et abandonnés, qui font partie des activités de l’association dans la région de Médenine.

    Le travail humanitaire d’Abdallah Said, d’origine tchadienne et actif en Tunisie depuis de nombreuses années, en faveur des enfants migrants et réfugiés a déjà été l’objet de campagnes haineuses et racistes sur les réseaux sociaux.

    Abdallah Said jouit de tous les droits civils et politiques en tant que citoyen tunisien et exerce ses activités civiques dans le respect des lois. Son seul “crime” est d’être engagé dans le territoire où il a décidé de vivre et d’être solidaire avec les enfants migrants et réfugiés dans la région de Médenine.

    Abdallah Said est incarcéré dans le cadre d’une politique de criminalisation de la solidarité avec les personnes migrantes, qui s’est traduite par de nombreuses arrestations et poursuites incessantes dans des affaires pour lesquelles aucune audience n’a encore été fixée. Depuis la réunion du Conseil national de sécurité en mai 2024, cette campagne a commencé et continue aujourd’hui, mettant en lumière chaque jour la défense de nouvelles personnes pour enquête dans le seul but d’apporter une aide humanitaire aux migrants.

    Le Comité de suivi met en évidence le caractère purement politique de l’enquête, qui va à l’encontre des accords internationaux signés par l’État tunisien, et demande la fin de la politique de criminalisation de la solidarité avec les personnes migrantes et la libération de tous les arrêtés et détenus, ainsi que l’arrêt de toutes les poursuites à leur encontre.

    La dignité pour les réfugiés et des demandeurs d’asile

    Les réfugiés, les demandeurs d’asile et les migrants bénéficieront toujours de notre soutien.

    Comité de suivi pour lutter contre la criminalisation des politiques de solidarité

    https://crldht.com/appel-a-la-solidarite-avec-abdallah-said

    #Tunisie #répression #criminalisation_de_la_solidarité #migrations #solidarité #emprisonnement

    ping @_kg_

    • En Tunisie, Abdallah Saïd, figure de l’aide aux exilés, risque d’être poursuivi pour terrorisme

      Le fondateur de l’ONG Enfants de la Lune de Médenine a été interpellé et placé en garde à vue au pôle antiterroriste. La trésorière ainsi que deux employés de banque sont également inquiétés. La criminalisation des acteurs venant en aide aux exilés franchit un nouveau cap.

      C’estC’est la première fois qu’un représentant d’ONG, solidaire des personnes exilées, est attaqué au nom de la lutte antiterroriste en Tunisie, et peut-être même au Maghreb. Abdallah Saïd, fondateur de l’ONG Enfants de la Lune de Médenine, a été interpellé puis placé en garde à vue le 12 novembre dernier, avec la particularité d’être interrogé par le pôle antiterroriste.

      Selon nos informations, c’est d’abord la trésorière et la secrétaire générale de l’association qui ont été convoquées par les services (leurs noms ne seront pas dévoilés ici pour les préserver). Abdallah Saïd aurait choisi de les accompagner en soutien, sans trop savoir ce qui l’attendait. « Il ne nous a pas prévenus, sans doute parce qu’il pensait qu’il s’agirait d’une simple affaire », rapporte à Mediapart Romdhane Ben Amor, porte-parole du Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES).

      Deux salariés de la banque hébergeant les comptes de l’association sont également inquiétés. « La garde à vue peut durer cinq jours et peut être renouvelée pour cinq jours de plus », explique une membre d’Avocats sans frontières (ASF) à Tunis. Pendant les premières quarante-huit heures, « Abdallah ne pouvait pas être assisté par un avocat durant les interrogatoires », complète le représentant du FTDES. À terme, le pôle antiterroriste pourra valider les poursuites au titre de la lutte antiterroriste, ou passer la main au pôle financier. « Dans tous les cas, il aura des problèmes. »

      Pour celui qui a suivi les différentes vagues de répression du pouvoir tunisien contre des personnes solidaires des exilé·es, « on franchit ici une nouvelle étape dans le durcissement contre le travail humanitaire et associatif ». « C’est bien la première fois qu’une association qui travaille sur les questions migratoires est inquiétée par le pôle antiterroriste. » Ce type de procédure concerne surtout des structures proches du mouvement Ennahda ou de groupes salafistes, souligne-t-il.

      Le profil parfait pour la théorie du complot

      La membre d’ASF affirme elle aussi qu’il s’agit d’une première en Tunisie. « Les autres membres de la société civile arrêtés étaient visés par la brigade financière », rappelle-t-elle. « Son arrestation vient confirmer une tendance des autorités qui vise à criminaliser à la fois les gens en mobilité et toute solidarité à leur égard. » Le cas d’Abdallah a des spécificités, estime-t-elle, car il n’est pas tunisien d’origine et reste une « personne très active, connue et engagée à Médenine ».

      Pour le pouvoir, Abdallah Saïd serait le « profil type parfait » pour propager la thèse du « complot contre l’État », du fait de ses origines tchadiennes (il aurait acquis la nationalité tunisienne en 2012), abonde Romdhane Ben Amor. « Cela fait de lui une personne encore plus vulnérable que les autres. Les autorités ont pensé qu’il ne recevrait pas beaucoup de soutien de ce fait, et c’est pour cette raison que nous avons pris son cas très au sérieux dès le début. »

      Depuis les propos du président tunisien Kaïs Saïed sur les personnes migrantes, tenus au printemps 2023 et reprenant à leur compte la théorie raciste du « grand remplacement » en évoquant un « plan criminel mis en place depuis des décennies pour changer la composition démographique de la Tunisie avec des personnes ayant reçu de larges sommes d’argent pour donner la résidence à des Subsahariens », le harcèlement des personnes migrantes et de leurs aidant·es a décuplé.

      « À chaque fois, on franchit une nouvelle étape. Mais cette fois, en faisant le lien entrel’aide aux migrants et les affaires de terrorisme, on a atteint le cap le plus grave, relève Mohamed*, un associatif anciennement basé à Tunis. Peu importe ce qui sera mis en œuvre pour le défendre, il est plus difficile pour les citoyens de soutenir une personne accusée de terrorisme, car certains ne chercheront pas à comprendre la situation. »

      Des associatifs ont déjà fui la Tunisie

      Lui, comme beaucoup d’autres membres de la société civile, craint que de telles accusations ne viennent décourager la solidarité avec les exilé·es en Tunisie. « J’ai moi-même migré en Tunisie, j’ai été dans un entre-deux pendant un moment, ni en situation régulière ni en situation irrégulière. Le climat politique a précipité mon départ. » Il précise que comme lui, d’autres acteurs impliqués dans les migrations ont quitté le pays.

      Avant d’être placé en garde à vue, Abdallah Saïd a été victime, selon Romdhane Ben Amor, d’une campagne de haine et de racisme sur les réseaux sociaux, animée par la députée Fatma Mseddi, connue pour ses propos anti-immigration. « Elle a évoqué son activité lors d’un débat télévisé et c’est à partir de là qu’il a commencé à être harcelé », rappelle-t-il.

      La députée avait déclaré, sur Facebook, que « la vraie catastrophe à Sfax n’était pas les fortes précipitations, mais la forte présence des Subsahariens » et avait invité le président tunisien à les « déporter ».

      Avant Adballah Saïd et ses collègues de l’association Enfants de la Lune, les autorités s’en sont prises aux ONG travaillant elles aussi sur la question migratoire et ayant surtout des filières ou partenariats internationaux, comme pour Terre d’asile ou le Conseil tunisien pour les réfugiés (CTR).

      Ce dernier, qui travaillait en lien avec le Haut Commissariat aux réfugiés (HCR), a depuis vu son activité gelée et ses locaux fermés. « Cela permet de nourrir le récit de l’État, explique Romdhane Ben Amor. Pour la présidence, le “grand remplacement” se fait par l’activité de telles associations. »

      Ainsi ont été arrêté·es et placé·es en détention Sherifa Riahi, ancienne présidente de Terre d’asile, Yadh Bousselmi, son successeur, Mohamed Jouou de Terre d’asile, le directeur administratif et financier… De même que Saadia Mosbah, militante antiraciste et présidente de l’association Mnemty, et Abderrazek Krimi etMustafa Jammali, du Conseil tunisien pour les réfugiés. Tous et toutes sont en prison depuis. « Le résultat, c’est qu’il n’y a plus personne pour s’occuper des demandes d’asile en Tunisie », pointe le représentant du FTDES.

      Une longue liste de personnes à abattre

      Le 19 octobre dernier, le doctorant français Victor Dupont a été arrêté en Tunisie, sur ordre de la justice militaire, alors qu’il effectuait des travaux de recherche sur place sur la trajectoire socio-professionnelle des personnes ayant participé au Printemps arabe en 2011, suscitant un tollé en France et à l’étranger. Il a finalement été libéré le 12 novembre et a pu rentrer en France trois jours plus tard. Aucun motif n’a été communiqué pour son arrestation.

      Ces dernières semaines, plusieurs créateurs de contenus ont aussi été arrêtés et condamnés à de lourdes peines de prison, comme le souligne le site tunisien Business News, dans une chronique intitulée « Qui sera emprisonné cette semaine ? ».

      Que l’on parle ou pas, on sait que l’on est ou que l’on sera sur la liste un jour.
      Romdhane Ben Amor, porte-parole du FTDES

      « Opposants politiques, journalistes, hommes d’affaires, activistes de la société civile, influenceurs, présumés corrompus […]. La logique est claire : faire taire les voix discordantes pour garantir un contrôle absolu. Chaque nouvelle “menace” est neutralisée dans l’urgence. C’est une manière de détourner l’attention des problèmes plus graves et non résolus qui continuent de ronger le pays », écrit l’autrice.

      Comment la poignée de membres de la société civile restante peut-elle encore trouver le courage de s’exprimer et de dénoncer la répression grandissante qui frappe le pays ? Romdhane Ben Amor dit savoir que la situation est « critique ».

      Mais il souligne l’importance de rappeler, encore et toujours, qu’ils ne sont « ni des terroristes ni des criminels ». « Que l’on parle ou pas, on sait que l’on est ou que l’on sera sur la liste un jour. Nous sommes simplement engagés dans des causes humanitaires, sur un sujet qui ne plaît pas au pouvoir. »

      Pour Avocats sans frontières, la pression internationale, et le rôle de l’Union européenne dans la légitimation d’un régime avec lequel elle n’hésite pas à signer des accords pour contrôler notamment les migrations sans garantir le respect des droits humains, sera cruciale pour faire cesser, ou du moins freiner la répression qui s’empare de la Tunisie. « La solidarité et l’attention médiatique internationales sont aujourd’hui plus que nécessaires », conclut sa représentante.

      https://www.mediapart.fr/journal/international/211124/en-tunisie-abdallah-said-figure-de-l-aide-aux-exiles-risque-d-etre-poursui

  • Du droit à la #résistance des Palestiniens
    https://www.yaani.fr/post/du-droit-%C3%A0-la-r%C3%A9sistance-des-palestiniens

    Alors que le droit international reconnait la légitimité du recours à la violence armée pour les peuples opprimés, les Palestiniens se confrontent à la #criminalisation et la mise sous condition de toute résistance non-violente. En imposant, par principe, la primauté à la sécurité d’Israël, le débat occidental empêche d’aborder sereinement les enjeux sémantiques et éthiques autour du droit inaliénable à résister au #colonialisme.

  • Les antinucléaires, victimes collatérales d’un nouveau fichier de renseignement
    https://reporterre.net/Les-antinucleaires-victimes-collaterales-d-un-nouveau-fichier-de-renseig

    Des « données extrêmement larges et intimes » sur les opposants au nucléaire pourront être recueillies grâce à un nouveau fichier de police. Des associations ont saisi le Conseil d’État pour faire annuler ce décret.

    Va falloir que je cesse de lire Mastodon. C’est un repaire de nouvelles dystopiques.

  • Immigration : l’Allemagne assume de se replier sur elle-même

    La ministre de l’intérieur sociale-démocrate a annoncé lundi 9 septembre rétablir les contrôles aux frontières. Un sommet s’est tenu mardi pour discuter d’éventuelles mesures supplémentaires en matière migratoire, en présence des conservateurs de la CDU-CSU.

    En théorie, les contrôles aux frontières intérieures ne devraient pas avoir lieu au sein de l’Union européenne (UE). Mais ils sont exceptionnellement possibles, depuis une récente réforme du #code_Schengen, lorsqu’un pays estime que l’#ordre_public ou sa #sécurité_intérieure sont susceptibles d’être menacés.

    Il n’en fallait pas plus à l’Allemagne pour décider de rétablir les contrôles à ses frontières, et à Nancy Faeser, ministre de l’intérieur, pour l’annoncer publiquement, lundi 9 septembre. Ceux-ci démarreront le 16 septembre. « Nous renforçons la sécurité intérieure et poursuivons notre #ligne_dure contre l’immigration irrégulière », a assumé la ministre, mettant en avant les « #menaces actuelles du #terrorisme_islamiste et de la #criminalité_transfrontalière ».

    Le gouvernement a, selon elle, informé la Commission européenne et ses voisins directs de cette décision, qui semble surtout vouloir satisfaire le parti d’extrême droite AfD (Alternative für Deutschland, Alternative pour l’Allemagne) – arrivé en tête des dernières élections régionales en Thuringe et en Saxe, dans l’est du pays – mais aussi les conservateurs de la CDU-CSU.

    Mardi 10 septembre après-midi, un sommet sur les migrations se tenait pour acter cette mesure et trouver des compromis avec l’opposition, insatisfaite, réclamant toujours davantage de restrictions sur les mouvements migratoires. Si les conservateurs de la CDU-CSU n’étaient pas certains d’y participer jusqu’à la dernière minute, ils ont finalement annoncé leur présence au sommet mardi matin : « Nous verrons si nous avons le même point de vue et si nous pouvons agir ensemble », a glissé Friedrich Merz, chef du groupe, au journal Der Spiegel.

    Enfermer les exilés à la frontière

    Très vite, les Verts ont dénoncé des « tentatives de chantage tout simplement ridicules ». « Friedrich Merz se comporte comme un enfant rebelle », a estimé la cheffe du groupe parlementaire des Verts, Irene Mihalic. Les représentant·es de la CDU-CSU ont d’ailleurs décidé de claquer la porte, en pleine réunion, comme le rapporte Der Spiegel, estimant que les négociations avaient échoué.

    La principale mesure évoquée lors du sommet vise à créer des #centres pour y enfermer les personnes migrantes à la frontière en attendant d’examiner leur situation, et de les expulser si elles n’expriment pas le souhait de demander l’asile, ou de les renvoyer vers le premier pays de l’UE par lequel elles sont passées, responsable de leur demande d’asile en vertu du règlement Dublin. Si les capacités de #détention ne sont pas suffisantes, les intéressées pourraient être placées en #garde_à_vue, « en raison d’un #risque_de_fuite, afin de sécuriser la procédure et les empêcher de se cacher », précise Der Spiegel.

    Pour renforcer l’idée de « #fermeté » sur la question migratoire, le gouvernement a en effet annoncé lundi que des #refoulements seraient organisés aux frontières, pour empêcher les exilé·es d’accéder au territoire allemand de manière dite illégale. Une mesure demandée par le chef du groupe d’opposition, et qui peut être contraire au droit international et à la convention de Genève relative aux réfugié·es si les personnes concernées ne parviennent pas à demander l’asile alors qu’elles le souhaitent.

    La Commission européenne a réclamé des mesures « proportionnées » et « strictement exceptionnelles », estimant que le retour des contrôles aux frontières intérieures de l’UE était une possibilité. Elle a déjà annoncé qu’elle « évaluerait la situation » une fois toutes les mesures annoncées de manière officielle.

    Les pays voisins, de leur côté, voient déjà d’un mauvais œil que des exilé·es passé·es par leur territoire pour rejoindre l’Allemagne leur soient « retourné·es ». Dès lundi et l’annonce de ces mesures, le ministre autrichien de l’intérieur, Gerhard Karner, a prévenu que son pays n’accueillerait aucune personne migrante refoulée par l’Allemagne à la frontière. « Il n’y a pas de marge de manœuvre là-bas », a-t-il déclaré, cité par le journal Bild.

    30 000 personnes refoulées depuis octobre

    Mardi, le premier ministre polonais a qualifié la décision du gouvernement d’Olaf Scholz d’« inacceptable », précisant que dans les prochaines heures, il s’adresserait « aux autres pays affectés afin de se concerter d’urgence sur une réaction au sein de l’UE, avec tous les voisins de l’État allemand ». Donald Tusk a par ailleurs plaidé pour « la surveillance et la sécurisation des frontières extérieures » de l’UE, expliquant que c’était ce dont « la Pologne avait besoin ».

    Le revirement de l’Allemagne en matière migratoire en surprend plus d’un. Avec plus de deux millions de personnes accueillies depuis 2015 (sans parler des Ukrainien·nes, plus d’un million de réfugié·es pour cette seule nationalité), le pays suit aujourd’hui un schéma de #repli, poussé par les extrêmes droites européennes, faisant le lien direct entre #sécurité et #immigration et criminalisant les personnes exilées qui, dans l’écrasante majorité des cas, souhaitent trouver refuge en Allemagne et reconstruire leur vie après avoir connu la guerre ou la misère.

    Nancy Faeser s’est déjà targuée d’avoir permis de refouler près de 30 000 personnes migrantes depuis octobre 2023, notamment grâce à un renforcement des contrôles à ses frontières avec la Pologne, la #République_tchèque, la #Suisse et l’Autriche. Pire, l’Allemagne a également repris les #expulsions de ressortissant·es afghan·es en août dernier – soit trois ans après la prise de pouvoir par les talibans.

    Une première dans un tel contexte, visant à répondre à certains #attentats et crimes impliquant des exilés, comme l’attaque au couteau perpétrée dans la nuit du 23 au 24 août à Solingen par un Syrien faisant l’objet d’une mesure d’éloignement, ou celle de Mannheim, perpétrée par un jeune Afghan, en mai dernier.

    « Il s’agit de ressortissants afghans, tous condamnés par la justice et sans droit de rester en Allemagne et qui ont fait l’objet d’ordres d’expulsion », s’est justifié le porte-parole du gouvernement Steffen Hebestreit dans un communiqué.

    Celui-ci a expliqué avoir demandé à « des partenaires régionaux clés un soutien », sans toutefois préciser lesquels, pour faciliter ces expulsions vers l’Afghanistan, où de nombreux hommes et femmes risquent leur vie. Vingt-huit réfugiés afghans ont alors été éloignés.

    https://www.mediapart.fr/journal/international/100924/immigration-l-allemagne-assume-de-se-replier-sur-elle-meme

    #contrôles_frontaliers #frontières #migrations #réfugiés #asile #fermeture_des_frontières #Autriche #refoulements #push-backs #Pologne #criminalisation_de_la_migration

  • The Criminalisation of Freedom of Movement

    The criminalisation of freedom of movement is key to the formation of racial apartheid in Europe and globally.

    This podcast is based on the online community course on Resisting the Criminalisation of Facilitation (Spring 2023). Syllabus.

    The idea to do this course and this podcast emerged at a workshop held in Palermo in fall 2023, in conversation with associations and activists involved in the struggles for freedom of movement, including the Captain Support Network. There, a consensus emerged on the need to create spaces of mutual learning and materials to counter the discourses of ‘smuggling’ and ‘trafficking’ that mobilise public support for criminalisation, incarceration, pushbacks, and other forms of border violence.

    In this podcast, we look at how the concept of ‘facilitation’ allows us to reflect on the continuum of criminalisation, without fabricating differentiations between the migrant activist, the boat driver, the sea rescuer, or the lorry driver.

    Placing the focus on the practices that are criminalised, rather than on the actors themselves, brings to light that most forms of facilitation are a necessary product of the international nation-state system, border violence, and the criminalisation of migration.

    From this perspective, we can build a decolonial, abolitionist analysis: the abolition of borders requires the decriminalisation of any form of facilitation of migration.

    Freedom of Movement! Free Them All!

    https://feministresearch.org/podcasts
    #podcast #audio
    #migrations #liberté_de_circulation #apartheid_racial #criminalisation_de_la_migration #facilitation #passeurs #abolitionnisme

    ping @karine4 @_kg_ @isskein @reka

  • L’ossessione dell’Alto Adige per la sicurezza colpisce attivisti e migranti

    Il nuovo questore della Provincia autonoma di Bolzano, #Paolo_Sartori, insediatosi a inizio marzo, ha impresso una decisa accelerazione della repressione di attivisti politici e soggetti marginali. Fogli di via, espulsioni, Daspo urbano e avvisi orali. Buona parte della cittadinanza applaude al suo operato ma c’è anche chi continua a far sentire la propria voce

    Il 17 luglio di quest’anno una “battitura” ha dato il via alla protesta dei detenuti del carcere di Bolzano contro le condizioni di vita all’interno degli istituti penitenziari in Italia. Un gruppo di solidali si è recato spontaneamente sotto le mura della struttura del capoluogo altoatesino per ascoltare e sostenere le ragioni dei reclusi, nel tentativo di spezzare il loro isolamento e fare da megafono alle loro istanze.

    Più tardi il gruppo è stato raggiunto in un bar da due volanti della polizia. Portati in questura, gli attivisti sono stati fotosegnalati e denunciati per “manifestazione non autorizzata”. A uno di loro, residente a Laives, un Comune limitrofo, è stato consegnato un foglio di via da Bolzano della durata di due anni.

    Si tratta di uno degli ultimi episodi in cui il “pugno duro” del questore Paolo Sartori si è abbattuto sul gruppo di attivisti politici e militanti antimilitaristi altoatesini.

    “Il #foglio_di_via, così come il #Divieto_di_accesso_ad_aree_urbane (Dacur, il cosiddetto #daspo_urbano, ndr), è una misura di natura amministrativa che limita la libertà di movimento e opera preventivamente rispetto alla commissione di reati”, spiega l’avvocata bolzanina Francesca De Angeli. Diffusamente utilizzato durante il fascismo nei confronti di chi si opponeva al regime, oggi questo dispositivo è previsto dall’articolo 2 del decreto legislativo 159/2011, noto come “Codice antimafia e delle misure di prevenzione”.

    La sua applicazione non prevede la convalida di un giudice, ma è sufficiente che il questore ritenga -sulla base di elementi di fatto concreti e univoci- che un soggetto manifesti con il suo comportamento atteggiamenti riconducibili al concetto di pericolosità sociale. “Sebbene questo strumento dovrebbe basarsi su fatti connessi a motivazioni che sottolineino la concreta e reale pericolosità della persona -evidenzia De Angeli-, a Bolzano le misure di prevenzione sembrano essere più che altro la ricetta per isolare e allontanare i soggetti sgraditi”.

    Nel capoluogo altoatesino, infatti, si assiste a un utilizzo disinvolto di questi dispositivi e, osserva l’avvocata, “i fogli di via rilasciati appaiono spesso ciclostilati, in alcuni casi non viene menzionato il luogo di residenza o di dimora abituale -presupposto giuridico per l’applicazione del foglio di via- in cui la persona dovrebbe fare ritorno e, spesso, sono carenti nelle motivazioni”.

    È questo, per esempio, il caso dell’attivista politico allontanato da Bolzano a luglio. Ad Altreconomia l’uomo racconta che “il foglio di via che mi è stato notificato contiene alcune inesattezze macroscopiche e falsità come per esempio alcuni precedenti per i quali non sono mai stato denunciato o che a Bolzano non svolgo alcuna attività lavorativa, né abbia legami di parentela”.

    Un’altra misura utilizzata dal questore è l’avviso orale, un invito a mutare la propria condotta, preludio alla “sorveglianza speciale”. Quest’estate nei confronti di altri due militanti bolzanini a un precedente avviso orale è seguito l’“avviso orale aggravato”, sui cui l’ordinanza 46076 del 2021 della Corte di Cassazione ha sollevato questioni di legittimità costituzionale.

    Tra le prescrizioni -alcune delle quali chiaramente tarate su soggetti di altro tipo, come per esempio “il divieto di possedere mezzi di trasporto blindati, radar e visori notturni”- rientra il divieto di usare “in tutto o in parte piattaforme o servizi informatici e telematici quali social network, nonché possedere o utilizzare telefoni cellulari, smartphone, tablet, laptop che consentano connessioni dati via wi-fi o con Sim”.

    “Contro questi provvedimenti è possibile presentare ricorso al Tribunale amministrativo regionale ma va detto che non tutti hanno le medesime possibilità di accesso alla giustizia e che il costo per un procedimento amministrativo può raggiungere anche alcune migliaia di euro”, puntualizza De Angeli. Chi non ha diritto al gratuito patrocinio -per il 2024 tutti coloro che superano la soglia di reddito annua di 12.838 euro-, deve versare infatti 650 euro solo per il contributo unificato, a cui poi si devono aggiungere le spese legali.

    Nel mirino del questore di Bolzano non ci sono solo gli attivisti politici. Le operazioni di “prevenzione generale” -così vengono nominate nei comunicati stampa della questura- colpiscono anche i soggetti marginalizzati, soprattutto persone senza dimora e migranti.

    A fine luglio la questura di Bolzano ha pubblicato i dati del proprio operato in materia di “contrasto all’immigrazione”: nei primi sette mesi dell’anno si sono registrate 162 espulsioni e ordini di allontanamento (erano state 134 in tutto il 2023) e sono stati revocati 92 permessi di soggiorno. In conferenza stampa Sartori ha rivendicato la quantità dei provvedimenti emessi in un così breve arco di tempo, ma andando alla ricerca delle storie di chi queste sanzioni le subisce appare evidente come l’azione delle forze di polizia assuma in molti casi i contorni di una “pesca a strascico”, che non prende in esame la singola posizione della persona che ha di fronte, la sua storia o i rischi che può correre in caso di rimpatrio.

    In questo senso sono emblematiche diverse vicende raccolte da attivisti e volontari della società civile. “O. stava mangiando un panino all’aperto in pausa pranzo, visto che una casa non ce l’ha, ed è stato allontanato da Bolzano con l’accusa di aver tenuto ‘un comportamento lesivo del decoro della quiete pubblica’”, racconta Federica Franchi, attivista di Bozen Solidale. “Ma dove dovrebbe andare se è costretto a vivere per strada?”.

    Il caso più eclatante -denunciato anche da una lettera della campagna LasciatCIEntrare-, ad oggi, però, è senza dubbio quello di M., giovane uomo di origine irachena. Il ragazzo ha 13 anni quando, nel 2010, in seguito all’uccisione del padre, scappa dall’Iraq con la madre e i suoi sette fratelli. M. arriva quindi a Bolzano con la sua famiglia, dove vive uno zio. In Alto Adige il giovane commette alcuni reati che lo portano a scontare delle pene detentive. Chiude definitivamente i conti con la giustizia a maggio di quest’anno e qualche giorno dopo viene fermato in strada a Bolzano per un controllo. Invitato a recarsi in questura per rinnovare il permesso di soggiorno per motivi familiari che attende da tempo, quando si presenta all’appuntamento non trova il tanto agognato documento, bensì un decreto di espulsione con trasferimento immediato al Cpr di Gradisca d’Isonzo (GO).

    M. è considerato persona socialmente pericolosa, senza legami familiari in termini di convivenza e, poiché non ha mai richiesto protezione internazionale, dev’essere rispedito in Iraq. Così il 27enne viene portato all’aeroporto di Bologna e imbarcato su un volo diretto a Baghdad. I tentativi di intervento degli avvocati e delle attiviste di LasciateCIEntrare sono inutili. M. sbarca da solo in un Paese che non conosce più e che aveva abbandonato per sfuggire alla morte.

    Secondo i dati del Sole 24 Ore, nel 2022 in provincia di Bolzano si sono registrati 16.258 delitti denunciati, con una media di 30,48 denunce ogni mille abitanti. I numeri altoatesini si mantengono sotto la media nazionale di 38,1 denunce ogni mille abitanti.

    L’azione della questura di Bolzano, accolta con favore dal mondo politico e da larga parte della società e della stampa altoatesina, è accompagnata da una pesante strategia comunicativa. Se fino allo scorso primo marzo, infatti, la sezione “I fatti del giorno” del sito della questura di Bolzano contava in media una o due notizie mensili, da marzo a luglio un deciso cambio di passo ha portato alla pubblicazione di più di 70 contenuti -una media di 14 al mese- e a sfornare comunicati stampa a ritmo incessante.

    In questo modo, il gioco di sponda con alcune testate -in particolare Dolomiten e Alto Adige, principali quotidiani del gruppo editoriale Athesia, che da solo controlla circa l’80% dei media della provincia di Bolzano- da un lato contribuisce alla criminalizzazione di attivisti politici e soggetti marginalizzati, dall’altro favorisce la diffusione di un senso di paura e insicurezza tra i cittadini.

    E proprio la percezione del pericolo sembra essere la principale preoccupazione del questore, al di là dei numeri reali dei crimini commessi sul territorio provinciale. A conferma di questo, in un’intervista rilasciata al portale di informazione locale Salto, lo stesso Sartori ha ammesso che “anche se tutti i fenomeni criminali sono in decrescita, il divario tra percezione della sicurezza e sicurezza reale è più ampio” e per questo “la gente vuol vedere i lampeggianti”. Costi quel che costi.

    https://altreconomia.it/lossessione-dellalto-adige-per-la-sicurezza-colpisce-attivisti-e-migran
    #frontière_sud-alpine #migrations #anti-migrants #criminalisation_de_la_solidarité #criminalisation_de_la_migration #Bolzano #Haut-Adige
    #sécurité #répression #dangerosité_sociale #marginalisation