• Vandales et migrants – inhospitalité contemporaine / Alain Brossat, « Le silence qui parle
    http://lesilencequiparle.unblog.fr/2015/10/01/vandales-et-migrants-inhospitalite-contemporaine-alain-bros

    L’une des raisons pour lesquelles la philosophie « cale » sur le sujet de l’#inhospitalité est sans doute que celle-ci, dans les sociétés contemporaines, ne saurait être une affaire privée, qu’elle est le fait, massivement, des #Etats en premier lieu. Autant, à rigoureusement parler, on ne peut pas demander à des Etats de pratiquer l’hospitalité, celle-ci étant inconditionnelle et infinie, ce qui heurte de front toute espèce de rationalité gouvernementale, autant donc on doit établir une distinction conceptuelle claire et nette entre pratique de l’hospitalité et respect des droits humains – autant on est en droit aujourd’hui de s’étonner de ce prodige : s’il est avéré que l’hospitalité ne saurait se convertir en #politique, à proprement parler, il apparaît en contrepartie que l’inhospitalité, elle, peut être une politique, et elle le peut tellement qu’elle est devenue, jusqu’à quelques relatifs et tout provisoires retournements récents, la loi d’airain des politiques européennes face aux étrangers précaires, aux #migrants et demandeurs d’asile.
    La philosophie se sent à l’aise avec l’hospitalité dans la mesure où celle-ci est quelque chose qui se joue entre les hommes et les dieux, soit des objets familiers à sa grande tradition – ce n’est pas pour rien que René Schérer a titré son beau livre sur l’hospitalité Zeus hospitalier. La philosophie d’orientation éthique a beaucoup plus de mal avec la #critique_de_l’Etat. Or, parler de l’inhospitalité contemporaine, c’est parler de l’Etat en premier lieu, et, au sens que Foucault donne à cette expression, du #gouvernement_des_vivants.