• Robert Kurz - Match nul des modèles économiques
    http://palim-psao.over-blog.fr/article-match-nul-des-modeles-economiques-par-robert-kurz-11451

    Dans l’idéologie économique de l’Occident, deux camps ont paru pendant longtemps s’affronter : celui des USA, néolibéral, autrement dit radicalement orienté sur le marché, et celui de l’Europe, une politique industrielle connue aussi sous le nom de « capitalisme rhénan », à base de keynésianisme ou d’Etat-providence. Les idéologues du marché misaient sur une politique de l’offre (réduction des dépenses à tout prix, en particulier les dépenses salariales), ceux de l’Etat sur une politique de la demande (croissance de la consommation au moyen de dépenses publiques et de hausses des salaires). Il y a maintenant une bonne trentaine d’année, le modèle européen avait perdu tout crédit dans la mesure où l’accroissement des dépenses publiques ouvrait la voie à l’inflation tandis que la croissance stagnait malgré tout (stagflation). L’effondrement du socialisme d’Etat sembla corroborer cette appréciation. De sorte que le concept étasunien d’ultralibéralisme put entamer sa marche triomphale, et les européens, tout particulièrement les sociaux-démocrates emmenés par Schröder et Blair, s’empressèrent de suivre le mouvement.

    #communisme #théorie #critique_de_la_valeur #économie

  • Robert Kurz - 2009 Interview with IHU Online | libcom.org
    http://libcom.org/library/2009-interview-ihu-online-robert-kurz

    (avec eux « on a toujours déjà su, ce qui est assez stérilisant au final » via @prac_6) #critique_de_la_valeur #marxisme

    Globalization cannot be reduced to information #technology. Under capitalist conditions it can only be part of the globalization of #capital, under whose command one also finds information. It is to be expected that, in the wake of inflationary State policies, the course of the crisis will lead to a “deglobalization” as an effort is made to withdraw towards the protectionist egoism of national economies, which are still only formal; and all of this will be accompanied by neo-nationalist ideologies. But this cannot overcome the crisis, it will even make it worse. One could also ask whether the #internet is sustainable—not because of a possible technological collapse (although in this respect as well there are signs of capacity having reached its limits), but because it depends on a formidable infrastructure, whose “financing” is just as dubious as everything else. A merely virtual globalization is not sustainable if it is not linked to the transnational reproduction of material beyond capitalism. The blabbermouths of the blogosphere and the intolerant freaks of the internet may yet be in for a rude surprise .

  • #Inde : Les maris devront-ils rémunérer leurs femmes pour les tâches ménagères ? · Global Voices en Français
    http://fr.globalvoicesonline.org/2012/09/15/121869

    Le Ministère de la Femme et du Développement de l’Enfant de l’Union Indienne réfléchit à un projet de loi qui, s’il était voté par le parlement, ferait l’obligation légale aux maris de verser une part de leur revenu mensuel à leurs épouses femmes au foyer en rémunération de leur travail ménager.

    En application du projet du Ministère, un cadre est élaboré qui permettra de chiffrer le travail produit par les ménagères en termes économiques puis la reconnaissance de cette contribution à l’économie en rémunérant les femmes au foyer pour leur labeur.

    Le projet de loi désignerait les ménagères du terme “ingénieures du foyer“. Le ministre Krishna Tirath indique que la somme, qui se situerait quelque part entre 10 et 20% du salaire mensuel du mari, ne devrait pas être vue comme un salaire pour les tâches ménagères, mais plutôt comme des honoraires ou un équivalent.

    Je suis pour l’amélioration du statut des femmes, et aussi leur indépendance financière… (mais) ma plus grosse question à ces législateurs est comment prévoient-ils d’appliquer l’idée ? S’ils s’y prennent de façon à ce que le mari partage un pourcentage de son revenu avec sa femme pour le travail de celle-ci, je ne vois pas en quoi cela améliorera la situation économique de la maison ou comment cela rendra la femme indépendante et plus forte. Le revenu brut restant le même, l’économie du ménage est inchangée. Les maris les plus responsables, à mon avis, partageraient de toute façon les charges courantes du ménage avec leurs femmes… si ce n’est pas le cas, ce n’est pas ce genre de combine qui va améliorer l’équation conjugale de ces ménages.

    #travail_domestique

  • Après lecture, je réagis au marque-page http://seenthis.net/messages/68091 de @anarsonore sur le débat Jappe-Latouche.

    Super débat sur l’échange, mais dommage que ce ne soit pas assez en échange justement, enfin en aller-retour, entre les deux intervenants, car ils répondent surtout aux questions du public, du coup ils parlent une fois chacun, mais sans trop se parler entre eux.

    Je voulais surtout faire une remarque sur la fin, sur la stratégie à adopter.

    Je trouve l’attitude d’#Anselm-Jappe très paradoxale. En effet, #Serge-Latouche pense qu’il faut quand même limiter les dégâts avec une « vraie » politique de #gauche classique (que seule propose l’extrême droite avec son protectionnisme), et ensuite une fois qu’on a un peu sortie la tête hors de l’eau, on peut penser à une société qui sortirait de l’#économie.

    Anselm Jappe répond alors qu’il n’est pas d’accord du coup, et que la critique de la spéculation, des méchants banquiers, etc, est une chose qui est de plus en plus commun et partagé dans les populismes de gauche comme de droite, et que c’est une critique vraiment tronquée du #capitalisme.

    Mais :
    1) Serge Latouche n’a jamais dit le contraire ! Il ne dit pas du tout que c’est une bonne analyse du capitalisme que de penser ça, il dit juste que ça permet d’être un peu moins dans la merde.
    2) Et surtout dans la question précédente, Anselm Jappe rappelait avec justesse la critique du #catastrophisme par les auteurs de l’#Encyclopédie-des-Nuisances !

    En effet, pour faire vite, cette critique dit qu’attendre des catastrophes, écologiques ou sociales, n’amène pas forcément les gens à changer en mieux. Et bien justement ! Là actuellement les gens sont de plus en plus dans la misère, dans la précarité, alors est-ce qu’il faut continuer dans cette voie-là, partir de cette base-là, pour réfléchir à la sortie de l’économie ?

    Je trouve donc que les deux dernières réponses d’Anselm Jappe se contredisent l’une et l’autre.

    Si on ne doit pas partir du catastrophisme pour inventer autre chose, alors il faut quand même d’abord que les gens ordinaires, non théoriciens, soient un peu moins dans la merde dans leur vie quotidienne (un toit, une activité, de la nourriture pas trop pourrie, etc).

    Le danger qu’il y a, et c’est à mon avis ce pourquoi Jappe réagit comme ça, c’est que du coup #lesgens se contentent de cette critique-là et n’aillent jamais plus loin, et que ce soit reparti pour un tour...

    Mais donc on en revient à un dilemme récurrent :
    – Est-ce qu’il vaut mieux que les gens soient vraiment dans la merde et que « ceux qui savent » fassent de la pédagogie sur l’imaginaire du capitalisme, mais alors au risque que le peuple ressente le besoin d’un homme fort pour les aider ?
    – Ou est-ce qu’il vaut mieux s’attaquer d’abord aux aspects plus « visibles » (le morceau de l’iceberg qui est au-dessus de l’eau) du capitalisme afin d’être plus « tranquilles » dans nos vies et dans nos têtes pour enfin s’attaquer au cœur du capitalisme, mais alors au risque de ne jamais aller plus loin que la critique des « méchants spéculateurs » ?

    Je n’ai pas de réponse, évidemment. :)

    #critique_de_la_valeur #radical

  • Causerie à Rennes avec Anselm Jappe autour de « Crédit à mort » (Podcasts et conférences) - Critique radicale de la valeur
    http://palim-psao.over-blog.fr/article-rencontre-avec-anselm-jappe-autour-de-credit-a-mort-pod

    A la fin août de chaque année, la librairie rennaise Planète IO invite un auteur particulièrement en pointe pour penser l’actuel. Les 12ème rencontres de l’été 2011 ont ainsi accueilli le philosophe Anselm Jappe dont le propos tombe au bon moment. Dans son livre « Crédit à mort. La décomposition du capitalisme et ses critiques » (Lignes, 2011), Jappe y développe sa réflexion à partir de la critique marxienne de la valeur.
     
    Voici donc sur Radio Univers, l’intégralité de l’enregistrement de ces rencontres http://www.radio-univers.com/?p=2979 qui se sont tenues à la maison de quartier de Villejean. L’essentiel de la rencontre est une discussion à bâtons rompus, où Anselm Jappe réagit à des questions et interventions dans la salle, des questions sont posées sur la critique de la valeur, n’est-elle pas une forme d’économisme ? Ne pousse-t-elle pas au pessimisme ? Pourquoi la valeur est considérée comme une fait social total (au sens de Mauss) ? La crise du capitalisme est-elle une opportunité pour l’émancipation sociale ? Qu’est-ce que la lutte des classes ? Faut-il vraiment arrêter de revendiquer pour une redistribution des richesses capitalistes (argent et machandises) ? Le capitalisme est-il vraiment en train de s’effondrer ? Quels sont les effets du discours de la critique marxienne de la valeur ?
     
    La discussion collective s’ouvre aussi sur la perspective de l’émancipation sociale (Que faire ? Quoi faire ?), au-delà de la forme de vie sociale capitaliste-marchande structurée par le travail socialement médiatisant, le mouvement de la valeur, l’argent et l’Etat. De nombreuses pseudo-alternatives professées par l’économie sociale et solidaire, la décroissance, ATTAC, la gauche de gauche, la gauche écologiste, etc., y sont discutées de manière critique. Faut-il redistribuer l’argent pour sortir de la société capitaliste ? Faut-il relocaliser l’économie ? Faut-il inventer de nouveaux indicateurs de la richesse (P. Viveret) ? Faut-il développer les circuits courts entre producteurs et consommateurs ? Etc... Et ne faut-il pas aller au-delà de tout cela pour s’arracher à la cage de fer de la forme de vie collective capitaliste ? Quelle autres formes (post-marchande, post-capitaliste, post-économique) de structuration de la vie sociale pourrait on imaginer et concrétiser ? Quelles luttes et quelles formes de coopération en rupture avec le marxisme traditionnel pourront ouvrir l’horizon de l’émancipation collective ?
     
    L’enregistrement est divisé en différents fichiers que l’on peut écouter séparement.
     
    Bonne écoute,
     
    Rémi Dutillon

  • « Quelques bonnes raisons pour se libérer du travail » , par Anselm Jappe - Ecologie et émancipation

    Que veut dire : « se libérer du travail » ? « Comment pourrait-on bien vivre sans travail ? » Il faut travailler pour gagner sa vie, à moins d’exploiter les autres.

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    Il est significatif que le mot « travail », au sens moderne du terme, n’existait ni en grec, ni en latin, ni en d’autres langues. L’origine du mot « travail » dérive du latin « tripalium », un instrument à trois pieds utilisé à la fin de l’Antiquité pour torturer les serfs en révolte qui ne voulaient pas travailler. À l’époque, il y avait beaucoup de personnes qui ne travaillaient que si on les y forçait par la torture. Ce mot « travail », qui n’est pas du latin classique mais qui est apparu au Moyen Âge, ne signale pas encore l’activité en tant que telle, utile aux productifs, et encore moins l’épanouissement ou la réalisation de soi, mais indique déjà comment quelque chose de pénible est obtenu par la force, et quelque chose qui n’a pas un contenu précis. Il en est de même pour le mot latin « labor », qui désigne à l’origine un poids sous lequel on trébuche et indique tout genre de peine ou de fatigue, y compris la douleur de la femme qui accouche, et non pas une activité utile. En allemand, « Arbeit » désigne l’activité de l’orphelin, celui dont personne ne prend soin, astreint qu’il est aux activités les plus pénibles pour survivre. J’ai appris hier que le mot basque qui traduit l’idée de travail évoque également la fatigue, la peine. Il ne s’agit pas là d’une excursion gratuite dans l’étymologie (déjà significative), mais cela démontre que la notion de travail, comme nous le concevons aujourd’hui, est relativement récente. Il en découle que le travail en tant que catégorie sociale, concept d’activité dans la société, n’est pas quelque chose de si naturel, de si évident, de si consubstantiel à l’être humain, mais plutôt une invention sociale.

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    On peut donc dire que le travail est une catégorie typiquement capitaliste, qui n’a pas toujours existé. Avant l’apparition du capitalisme, et jusqu’à la révolution française, un jour sur trois était un jour férié ; même les paysans, s’ils travaillaient beaucoup à certains moments de l’année, travaillaient beaucoup moins à d’autres.

    Avec le capitalisme industriel, le temps de travail a doublé ou triplé en quelques décennies. Au début de la révolution industrielle, on travaillait 16 à 18 heures par jour, comme le rapporte Charles Dickens dans ses romans.

    Une société dans laquelle le travail est le bien suprême est une société aux conséquences catastrophiques, notamment sur le plan écologique. La société du travail est fort peu agréable pour les individus, pour la société et pour la planète entière. Mais ce n’est pas tout. Puisque la société du travail, après plus de deux cents ans d’existence à peu près, déclare à ses membres mis en demeure : « Il n’y a plus de travail. » Voici une société de travail où pour vivre il faut vendre sa force de travail si on n’est pas propriétaire du capital, mais qui ne veut plus de cette force de travail, qui ne l’intéresse plus. Donc, c’est la société de travail qui abolit le travail. C’est la société de travail qui a épousé son besoin de travail en faisant du fait de travailler une condition absolument nécessaire pour accéder à la richesse sociale.

    [..]

    Par exemple, le nombre de personnes employées dans l’industrie dans les grands pays européens a presque diminué de moitié par rapport aux années soixante-dix : dans le même temps, la productivité s’est accrue, je crois, de soixante-dix pour cent, selon les chiffres divulgués. Vous savez tous que ces nouveaux procédés technologiques ont permis de réduire le nombre de travailleurs productifs parce qu’ils permettaient en même temps d’augmenter la productivité. À ce stade, on peut faire une ou deux remarques : il n’est pas vrai que le travail industriel productif diminue, qu’il se soit seulement délocalisé dans d’autres endroits, par exemple en Asie. On peut ici en discuter longuement mais il me semble assez évident que ces délocalisations en général ne regardent que certains secteurs, surtout le secteur textile, et dans certains pays pour une période de temps assez limitée.

    http://ecologie-et-emancipation.over-blog.com/article-quelques-bonnes-raisons-pour-se-liberer-