• #Bien-être : « Tant qu’on utilisera le #yoga pour être en forme au #travail, on aura un problème »

    Loin de nous apporter le bonheur promis, la sphère bien-être perpétue un système nuisible qui ne peut que nous rendre malheureux. Interview de #Camille_Teste.

    Huiles essentielles, massages et salutations au soleil promettent de nous changer de l’intérieur, et le monde avec. À tort ? C’est le sujet de l’essai Politiser le bien-être (https://boutique.binge.audio/products/politiser-le-bien-etre-camille-teste) publié en avril dernier chez Binge Audio Editions. Selon l’ex-journaliste Camille Teste, non seulement nos petits gestes bien-être ne guériront pas les maux de nos sociétés occidentales, mais ils pourraient même les empirer. Rassurez-vous, Camille Teste, aujourd’hui professeur de yoga, ne propose pas de bannir les sophrologues et de brûler nos matelas. Elle nous invite en revanche à prendre conscience du rôle que jouent les pratiques de bien-être, celui de lubrifiant d’un système capitaliste. Interview.

    Le bien-être est la quête individuelle du moment. C’est aussi un #business : pouvez-vous préciser les contours de ce #marché ?

    Camille Treste : La sphère bien-être recouvre un marché très vaste qualifiant toutes les pratiques dont l’objectif est d’atteindre un équilibre dit « intégral », c’est-à-dire psychologique, physique, émotionnel, spirituel et social, au sens relationnel du terme. Cela inclut des pratiques esthétiques, psychocorporelles (yoga, muscu...), paramédicales (sophrologie, hypnose...) et spirituelles. En plein boom depuis les années 90, la sphère bien-être s’est démultipliée en ligne dans les années 2010. Cela débute sur YouTube avec des praticiens et coachs sportifs avant de s’orienter vers le développement personnel, notamment sur Instagram. Rappelons que le milieu est riche en complications, entre dérives sectaires et arnaques financières : par exemple, sous couvert d’élévation spirituelle, certains coachs autoproclamés vendent très cher leurs services pour se former... au #coaching. Un phénomène qui s’accélère depuis la pandémie et s’inscrit dans une dynamique de vente pyramidale ou système de Ponzi.

    Pourquoi la sphère bien-être se tourne-t-elle autant vers les cultures ancestrales ?

    C. T : Effectivement, les thérapies alternatives et les #néospiritualités ont volontiers tendance à picorer dans des pratiques culturelles asiatiques ou latines, comme l’Ayurveda née en Inde ou la cérémonie du cacao, originaire d’Amérique centrale. Ce phénomène relève aussi bien d’un intérêt authentique que d’une #stratégie_marketing. Le problème, c’est que pour notre usage, nous commercialisons et transformons des pratiques empruntées à des pays dominés, colonisés ou anciennement colonisés avant de le leur rendre, souvent diluées, galvaudées et abîmées, ce qu’on peut qualifier d’#appropriation_culturelle. C’est le cas par exemple des cérémonies ayahuasca pratiquées en Amazonie, durant lesquelles la concoction hallucinogène est originellement consommée par les chamanes, et non par les participants. Pourquoi cette propension à se servir chez les autres ? Notre culture occidentale qui a érigé la #rationalité en valeur suprême voit d’un mauvais œil le pas de côté spirituel. Se dissimuler derrière les pratiques de peuples extérieurs à l’Occident procure un #alibi, une sorte de laissez-passer un peu raciste qui autorise à profiter des bienfaits de coutumes que l’on ne s’explique pas et de traditions que l’on ne comprend pas vraiment. Il ne s’agit pas de dire que les #pratiques_spirituelles ne sont pas désirables, au contraire. Mais plutôt que de nous tourner vers celles d’autres peuples, peut-être pourrions-nous inventer les nôtres ou renouer avec celles auxquelles nous avons renoncé avec la modernité, comme le #néodruidisme. Le tout évidemment, sans renoncer à la #médecine_moderne, à la #science, à la rationalité, et sans tomber dans un #traditionalisme_réactionnaire.

    Vous affirmez que la sphère bien-être est « la meilleure amie du #néolibéralisme. » Où est la connivence ?

    C. T : La #culture_néolibérale précède bien sûr l’essor de la sphère bien-être. Théorisée au début du 20ème siècle, elle s’insère réellement dans nos vies dans les années 80 avec l’élection de Reagan-Thatcher. Avant cette décennie, le capitalisme laissait de côté nos relations personnelles, l’amour, le corps : cela change avec le néolibéralisme, qui appréhende tout ce qui relève de l’#intime comme un marché potentiel. Le capitalisme pénètre alors chaque pore de notre peau et tous les volets de notre existence. En parallèle, et à partir des années 90, le marché du bien-être explose, et l’économiste américain Paul Zane Pilzer prédit à raison qu’au 21ème siècle le marché brassera des milliards. Cela a été rendu possible par la mécanique du néolibéralisme qui pose les individus en tant que petites entreprises, responsables de leur croissance et de leur développement, et non plus en tant que personnes qui s’organisent ensemble pour faire société et répondre collectivement à leurs problèmes. Peu à peu, le néolibéralisme impose à grande échelle cette culture qui nous rend intégralement responsable de notre #bonheur et de notre #malheur, et à laquelle la sphère bien-être répond en nous gavant de yoga et de cristaux. Le problème, c’est que cela nous détourne de la véritable cause de nos problèmes, pourtant clairement identifiés : changement climatique, paupérisation, système productiviste, réformes tournées vers la santé du marché et non vers la nôtre. Finalement, la quête du bien-être, c’est le petit #mensonge que l’on se raconte tous les jours, mensonge qui consiste à se dire que cristaux et autres cérémonies du cacao permettent de colmater les brèches. En plus d’être complètement faux, cela démantèle toujours plus les #structures_collectives tout en continuant d’enrichir l’une des vaches à lait les plus grasses du capitalisme.

    Il semble que le #collectif attire moins que tout ce qui relève l’intime. Est-ce un problème d’esthétique ?

    C. T : La #culture_individualise née avec les Lumières promeut l’égalité et la liberté, suivie au 19ème et 20ème siècles par un effet pervers. L’#hyper-individualisme nous fait alors regarder le collectif avec de plus en plus d’ironie et rend les engagements – notamment ceux au sein des syndicats – un peu ringards. En parallèle, notre culture valorise énormément l’#esthétique, ce qui a rendu les salles de yoga au design soignées et les néospiritualités très attirantes. Récemment, avec le mouvement retraite et l’émergence de militants telle #Mathilde_Caillard, dite « #MC_danse_pour_le_climat » – qui utilise la danse en manif comme un outil de communication politique –, on a réussi à présenter l’#engagement et l’#organisation_collective comme quelque chose de cool. La poétesse et réalisatrice afro-américaine #Toni_Cade_Bambara dit qu’il faut rendre la résistance irrésistible, l’auteur #Alain_Damasio parle de battre le capitalisme sur le terrain du #désir. On peut le déplorer, mais la bataille culturelle se jouera aussi sur le terrain de l’esthétique.

    Vous écrivez : « La logique néolibérale n’a pas seulement détourné une dynamique contestataire et antisystème, elle en a fait un argument de vente. » La quête spirituelle finit donc comme le rock : rattrapée par le capitalisme ?

    C. T : La quête de « la meilleure version de soi-même » branchée sport et smoothie en 2010 est revue aujourd’hui à la sauce New Age. La promesse est de « nous faire sortir de la caverne » pour nous transformer en sur-personne libérée de la superficialité, de l’ego et du marasme ambiant. Il s’agit aussi d’un argument marketing extrêmement bien rodé pour vendre des séminaires à 3 333 euros ou vendre des fringues censées « favoriser l’#éveil_spirituel » comme le fait #Jaden_Smith avec sa marque #MSFTSrep. Mais ne nous trompons pas, cette rhétorique antisystème est très individualiste et laisse totalement de côté la #critique_sociale : le #New_Age ne propose jamais de solutions concrètes au fait que les plus faibles sont oppressés au bénéfice de quelques dominants, il ne parle pas de #lutte_des_classes. Les cristaux ne changent pas le fait qu’il y a d’un côté des possédants, de l’autre des personnes qui vendent leur force de travail pour pas grand-chose. Au contraire, il tend à faire du contournement spirituel, à savoir expliquer des problèmes très politiques – la pauvreté, le sexisme ou le racisme par exemple – par des causes vagues. Vous êtes victime de racisme ? Vibrez à des fréquences plus hautes. Votre patron vous exploite ? Avez-vous essayé le reiki ?

    Le bien-être est-il aussi l’apanage d’une classe sociale ?

    C. T : Prendre soin de soi est un #luxe : il faut avoir le temps et l’argent, c’est aussi un moyen de se démarquer. Le monde du bien-être est d’ailleurs formaté pour convenir à un certain type de personne : blanche, mince, aisée et non handicapée. Cela est particulièrement visible dans le milieu du yoga : au-delà de la barrière financière, la majorité des professeurs sont blancs et proposent des pratiques surtout pensées pour des corps minces, valides, sans besoins particuliers.

    Pensez notre bien-être personnel sans oublier les intérêts du grand collectif, c’est possible ?

    C. T : Les espaces de bien-être sont à sortir des logiques capitalistes, pas à jeter à la poubelle car ils ont des atouts majeurs : ils font partie des rares espaces dédiés à la #douceur, au #soin, à la prise en compte de nos #émotions, de notre corps, de notre vulnérabilité. Il s’agit tout d’abord de les transformer pour ne plus en faire un bien de consommation réservé à quelques-uns, mais un #bien_commun. C’est ce que fait le masseur #Yann_Croizé qui dans son centre masse prioritairement des corps LGBTQI+, mais aussi âgés, poilus, handicapés, souvent exclus de ces espaces, ou la professeure de yoga #Anaïs_Varnier qui adapte systématiquement ses cours aux différences corporelles : s’il manque une main à quelqu’un, aucune posture ne demandera d’en avoir deux durant son cours. Je recommande également de penser à l’impact de nos discours : a-t-on vraiment besoin, par exemple, de parler de féminin et de masculin sacré, comme le font de nombreux praticiens, ce qui, en plus d’essentialiser les qualités masculines et féminines, est très excluant pour les personnes queers, notamment trans, non-binaires ou intersexes. Il faut ensuite s’interroger sur les raisons qui nous poussent à adopter ces pratiques. Tant que l’on utilisera le yoga pour être en forme au travail et enrichir des actionnaires, ou le fitness pour renflouer son capital beauté dans un système qui donne plus de privilèges aux gens « beaux », on aura un problème. On peut en revanche utiliser le #yoga ou la #méditation pour réapprendre à ralentir et nous désintoxiquer d’un système qui nous veut toujours plus rapides, efficaces et productifs. On peut utiliser des #pratiques_corporelles comme la danse ou le mouvement pour tirer #plaisir de notre corps dans un système qui nous coupe de ce plaisir en nous laissant croire que l’exercice physique n’est qu’un moyen d’être plus beau ou plus dominant (une idée particulièrement répandue à l’extrême-droite où le muscle et la santé du corps servent à affirmer sa domination sur les autres). Cultiver le plaisir dans nos corps, dans ce contexte, est hautement subversif et politique... De même, nous pourrions utiliser les pratiques de bien-être comme des façons d’accueillir et de célébrer nos vulnérabilités, nos peines, nos hontes et nos « imperfections » dans une culture qui aspire à gommer nos failles et nos défauts pour nous transformer en robots invulnérables.

    https://www.ladn.eu/nouveaux-usages/bien-etre-tant-quon-utilisera-le-yoga-pour-etre-en-forme-au-travail-on-aura-un-
    #responsabilité

    voir aussi :
    https://seenthis.net/messages/817228

  • Hardi, compagnons ! (Clara Schildknecht) // Les éditions Libertalia
    https://www.editionslibertalia.com/catalogue/poche/hardi-compagnons

    Masculinités et virilité anarchistes à la Belle Époque

    Cet ouvrage aborde d’une façon novatrice, par le prisme de la domination de genre, un sujet d’études déjà défriché par les historien·nes : la constellation anarchiste française, dans ses diverses composantes (syndicalistes, illégalistes, milieux libres), entre 1871 et 1920.
    On y croise Ravachol et la bande à Bonnot, Émile Pouget, Louise Michel, Rirette Maîtrejean, Vigo, Libertad, Madeleine Pelletier, Germaine Berton, E. Armand, Henriette Roussel...
    L’autrice analyse le rapport à la violence souvent héroïsée et s’interroge sur la glorification virile, l’homophobie et la phraséologie misogyne qui avaient trait dans le milieu. Elle aborde la réappropriation des marqueurs de virilité par certaines militantes, le paraître libertaire, les tentatives d’égalité. Ce faisant, elle propose une relecture stimulante et passionnante de ces années charnières.

    Clara Schildknecht est enseignante. Ce livre est issu d’un M2 soutenu au Centre d’histoire du XIXe siècle de l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.

    Je n’ai pas lu mais le sujet me semble très intéressant (dans ma liste).

    • Venant juste de terminer la lecture de ce livre, je propose cette #recension.

      De l’antiféminisme légendaire de Proudhon jusqu’aux remous provoqués par l’onde de choc MeToo dans les mouvements les plus radicaux, la « masculinité et virilité anarchiste », loin de ne constituer qu’un sujet d’étude abstrait, est une constante qui traverse l’histoire du mouvement libertaire.

      La critique de l’anarchisme « réellement existant ou ayant existé », si l’on peut dire, sous l’angle de son contenu intrinsèquement masculiniste, semble une approche des plus stimulantes. Cela devrait contribuer à débarrasser les fondamentaux libertaires de l’une de ses scories récurrentes, parmi les plus pénibles.

      L’étude de Clara Schildknecht, Hardi Compagnons ! ne concerne que la période dite de « la Belle époque ». Il s’agit, dans l’histoire du mouvement anarchiste français, d’une séquence historique importante.

      C’est à cette période que se sont constituées les différentes tendances, dans la continuité du collectivisme antiautoritaire de la première internationale : communistes libertaires, auteurs d’attentats (propagande par le fait), syndicalistes révolutionnaire et individualistes.

      Quelle que soit la tendance, on glorifie le rôle strictement masculin du « compagnon » anarchiste, lequel, par son tempérament viril sera supposé être le plus à même de provoquer le salut révolutionnaire.

      La place qu’occupent les femmes, de façon générale, dans la vie des anarchistes est des plus accessoires. On s’adresse, par exemple, aux mères, nécessairement cantonnées au rôle de l’éducation des enfants, pour les convaincre des bienfaits de la propagande antimilitariste. On est loin des audaces radicales, réellement émancipatrices, de Fransisco Ferrer.

      Les théorises anarchistes de cette époque comportent parfois une critique des instituions patriarcales et religieuses telles que le mariage ou des rôles assignés aux femmes dans la procréation, notamment dans les théories néomalthusiennes. Il n’en reste pas moins que la critique est formulée de façon ultra majoritaire par des hommes. Il n’est pas question de remettre en cause la place occupée par les femmes dans la société en tant qu’opprimées ni même d’envisager que puisse exister l’expression autonome de cette dénonciation par les femmes elles-mêmes.

      Les « compagnes », dans les communautés individualistes, sont considérées le plus souvent comme faire-valoir de « l’amour libre ». Si on leur reconnaît le droit à ne pas limiter leur sexualité à un seul partenaire c’est aussi pour que les hommes puissent mieux en profiter.

      L’autrice montre que les représentations dominantes de l’époque, en matière de discrimination de genre, sont bien inscrites dans les esprits, fussent-ils anarchistes.

      Lorsque certaines femmes accèdent au statut reconnu par la société d’anarchiste à part entière, c’est pour mieux en faire des sortes de créatures extraordinaires, à la fois fascinantes et repoussantes. Ces femmes anarchistes sont probablement alors perçues comme étant encore plus mystérieuses que leur alter ego masculins, tel Ravachol qui s’efforce, notamment lors de son procès, de présenter toutes les marques de virilité – courage et absence de peur - pour affirmer sa défiance et son opposition à l’autorité de l’État.

      Quand Louise Michel ou Henriette Roussel revendiquent l’usage de la violence révolutionnaire, elles sont systématiquement renvoyées, dans la représentation de l’époque, à leur supposée laideur physique. Bien entendu, les anarchistes ne reprennent pas à leur compte ces stéréotypes dégradants mais ils n’échappent pas aux représentations de l’être extraordinaire au sens propre du terme, parce que femme et s’exprimant par la violence, en tant que révolutionnaire anarchiste.
      Remarque personnelle : on peut considérer qu’il s’agit de représentations profondes et tenaces qui se sont manifestées notamment lors de l’enterrement de notre brave Louise Miche, femme du peuple, et qui lui vaudront le statut d’icône quasi-religieux dont elle fait l’objet, encore aujourd’hui, dans les milieux libertaires.

      L’autrice nous révèle qu’il n’y a visiblement pas pire injure dans le mouvement anarchiste de l’époque (et probablement la classe ouvrière) que celle, déjà en usage de « tante » ou de « tapette ». Miguel Almeyreda, par exemple, en fera les frais. On moquera sa tendance à porter de beaux habits, histoire de lui reprocher, de façon détournée, son ralliement à Gustave Hervé.

      Enfin, il est rappelé que les revendications féministes, le plus souvent, ravalées sous le sobriquet méprisant de « suffragettes » sont alors majoritairement considérées, dans les milieux anarchistes, comme des fantaisies réformistes.

      Considérant que l’anarchisme est partie constitutive du mouvement ouvrier, il serait probablement erroné de considérer qu’à la même époque, l’idéologie masculiniste et misogyne ne s’exprimait pas de façon tout aussi caricaturale dans les autres tendances socialistes de l’époque. Une étude plus générale, si elle n’existe pas déjà, serait fort utile pour évaluer cette hypothèse.

      Voilà, en tout cas, qui devrait nous interroger sur le fait que, dans 100 ans, s’il y a encore du monde sur cette planète en mesure de formuler des critiques sociales, on mettra certainement en exergue tout un tas d’aberrations et contradictions idéologiques, alors insoupçonnées, mais portées par les mouvements radicaux de ce début du 21e siècle.

      #Clara_Schildknecht #Hardi_compagnon #anarchisme #virilisme #virilité #masculinité #sexisme #critique_sociale #féminisme #syndicalisme_révolutionnaire #individualisme

  • Devenons mauvaises !


    La bande annonce sous-titrée en français de Sedmikrásky - Les petites Marguerites_ - de Věra Chytilová, 1965 :
    http://www.art-days.com/les-petites-marguerites-vera-chytilova-1965
    Extrait d’une petite recension sur Gai Dao, p. 11-12 :
    https://fda-ifa.org/wp-content/uploads/2018/01/Gaidao85_web.pdf
    « Sedmikrasky » ou « Daisies », considérée comme l’œuvre principale de la « Nouvelle vague tchèque », a été interdite immédiatement après sa sortie et sa réalisatrice Věra Chytilová, qui s’est ouvertement opposée à toute censure, a été interdite de publication jusqu’en 1975. Au début, dans la première scène, nous voyons les deux jeunes protagonistes, toutes deux nommées Marie. Elles sont piégées dans une sorte de rigidité mécanique, tout comme le système dans lequel elles vivent est sclérosé. Le monde dans lequel elles vivent est corrompu et ruiné, constatent-elles. Puisqu’il en est ainsi, elles décident, d’être mauvaises elles aussi - ou plutôt, d’être de plus en plus mauvaises. Dès lors, une sorte de compétition se développe entre les deux pour voir qui peut les mener le plus loin vers la déchéance. Elles se retrouvent dans une prairie, sautant et se promenant autour d’un pommier. Les pommes continuent à jouer un rôle [dans le film] et il n’y a pas de doute sur la référence à l’arbre biblique de la connaissance - après en avoir mangé, les gens sont expulsés du paradis et envoyés dans le monde en perdition. […]

    Film mentionné ici il y a deux ans : https://seenthis.net/messages/812855

    # Věra_Chytilová # Les_deux_Marguerites #film #critique_sociale #nouvelle_vague_ tchécoslovaque

  • Appel à soutien
    Alerte rouge ! On a les crocs !

    https://lavoiedujaguar.net/Appel-a-soutien-Alerte-rouge-On-a-les-crocs

    La situation : le Chien Rouge a besoin de thunes. La solution : abonnez-vous, morbleu ! Une certitude : il n’existe pas de meilleur cadeau de Noël qu’un abonnement à CQFD, mensuel indépendant s’il en est.

    On va pas se mentir, ça rutile pas des masses dans la niche vermoulue du Chien Rouge. C’est pas pour la jouer alarmiste, mais en l’état actuel des choses, CQFD ne passera clairement pas l’été. Après avoir raclé les fonds de tiroir, troqué nos boutanches de château-margaux pour des cépages douteux et proposé un coin de notre local à la location sur AirBnb, on finit par faire appel à vous, doux lecteurs chéris. Encore.

    On vous entend renâcler d’ici : « Ouais mais vous nous avez déjà fait le coup il y a deux ans, nous aussi on n’a plus un kopeck. » On vous croit sur parole, camarades. Mais on n’a pas le choix. Si la vague d’abonnements générée par notre dernier appel à soutien avait impulsé un second souffle en 2017, on clapote de nouveau dans le rouge. Parce que, mine de rien, ça coûte du flouze de sortir un mensuel de 24 pages. Déjà, il faut rétribuer notre maquettiste de talent qui se décarcasse pour que le canard ait chaque mois une dégaine de compét’. Et puis il y a le salaire de notre pétillant secrétaire de rédaction sans qui le journal serait un champ de mine orthographique aussi mal écrit qu’un essai de Bernard Guetta. (...)

    #appel #CQFD #abonnement #soutien #critique_sociale

    • Les bonnes nouvelles du mois par cqfd

      Cagnotte en toc
      Titi et Nine ont le seum. Titi et Nine ? Jeanine et Yvon, duo de militants retraités, fondateurs de l’ASPB, l’association de soutien à Patrick Balkany, qui défend l’ancien maire de Levallois-Perret incarcéré à la Santé. Las, la cagnotte lancée pour payer la caution de la star de la fraude fiscale n’a pas atteint la somme escomptée. Sur les 500 000 € nécessaires à la libération de l’édile, « seuls » 50 000 ont été récoltés. Tristesse. Patrick : « On n’a plus un rond. Je crains que malgré la brillante plaidoirie de mon avocat [lequel a depuis été remplacé par un certain Mᵉ Dieudonné… on n’a pas fini de se marrer], je sois obligé de rester au trou, car je ne vois pas comment réunir cet argent. »
      la bonne nouvelle, c’est que l’abonnement à CQFD est gratuit pour les détenu.e.s.
      Alors Patrick, heureux ?

      http://cqfd-journal.org/Abonnement
      http://cqfd-journal.org/Au-sommaire-du-no182-en-kiosque

  • Gustav Landauer, Appel au socialisme , 1911

    Au sein de la tradition libertaire, #Gustav_Landauer (1870-1919), qui se décrivait lui-même comme « anarchiste-socialiste » est peut-être l’auteur dont la pensée se prête le plus à des tentatives d’actualisation, et cela en raison de quelques caractéristiques de son idéal social, exposé dans son Appel au socialisme (1911).
    Il s’agit d’abord d’un socialisme culturel, associé à une critique de la modernité capitaliste qui dénonce non seulement l’État et l’exploitation du travail, mais aussi la foi en le Progrès et la technique, ainsi que la disparition des formes de vie partagée. Il s’agit ensuite d’un socialisme critique à l’égard du marxisme, qui récuse sa croyance en un déterminisme historique implacable et son matérialisme étroit, qui refuse d’accorder au prolétariat en tant que tel le rôle de sujet révolutionnaire et qui réhabilite les activités de subsistance pour penser la transformation sociale. Il s’agit enfin d’un socialisme communautaire, qui revalorise les formes héritées du passé tout en prônant la constitution de nouvelles communautés, considérées comme des commencements, ici et maintenant, de la future société socialiste.
    Associée à la dénonciation des faux besoins et du déclin du monde engendré par le développement capitaliste, cette insistance sur l’expérimentation sociale, qui ne renonce pas pour autant à la révolution, est sans doute ce qui peut continuer à faire de l’ Appel au socialisme une source d’inspiration pour le présent.

    https://sniadecki.wordpress.com/2019/11/14/landauer-socialisme

    #socialisme, #anarchisme, #révolution, #critique_sociale, #marxisme, #réaproppriation, #subsistance et #communauté.

    Bonne lecture !

  • La Recomposition des mondes
    Trois questions à Alessandro Pignocchi

    Ernest London, Alessandro Pignocchi

    https://lavoiedujaguar.net/La-Recomposition-des-mondes-Trois-questions-a-Alessandro-Pignocchi

    Considérant que le concept de « nature » est une récente création occidentale qui permet d’organiser le monde en la considérant comme ressource ou sanctuaire, Alessandro Pignocchi lui oppose la plupart des autres peuples qui ne la distinguent pas de la culture. Les Indiens d’Amazonie, par exemple, développent des relations sociales avec les plantes et les animaux, identiques à celles entretenues avec les humains. « Au prisme de l’anthropologie, la protection de la nature apparaît comme le prolongement, indissociable, de l’exploitation. » « Notre concept de nature favorise cette relation de sujet à objet (qui se focalise sur l’utilisation) et occulte les riches relations de sujet à sujet (fondées sur la prise en compte empathique de l’autre) que nous pourrions nouer avec les non-humains. » Découvrant qu’existent en France des endroits où cette « révolution cosmologique est déjà en cours », il décide de se rendre sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes et raconte sa rencontre avec « des gens qui ont conscience d’habiter un territoire commun, un territoire qu’ils cherchent à partager au mieux, entre humains et non-humains ». (...)

    #bande_dessinée #anthropologie #critique_sociale #Notre-Dame-des-Landes #ZAD #territoire #nature #culture #gilets_jaunes

  • Une révolution à ne pas oublier
    2018 : centenaire de la République des conseils en Allemagne

    Par Paul Mattick Jr

    http://jefklak.org/une-revolution-a-ne-pas-oublier

    À présent que sont terminées les commémorations en grandes et funestes pompes pour le centenaire de la boucherie de 14-18, on lira ici un autre souvenir, plus engageant. Car à la toute fin de cette guerre des puissances européennes commence une autre histoire, celle de la Novemberrevolution en Allemagne. Dès octobre 1918, les mutineries s’enchaînent, notamment chez les matelots qui refusent de continuer les massacres qu’on leur ordonne. Des soldats, paysan·nes et ouvrier·es se réunissent alors autour de structures de décision autonomes de tout pouvoir extérieur et s’auto-organisent en conseils – le tout en activant la grève générale. La monarchie et la bourgeoisie sont attaquées, la République socialiste de Bavière est proclamée… Mais laissons Paul Mattick Jr nous raconter cette histoire : sans en tirer de leçons définitives, et sans comparer l’incomparable, son éclairage donne un peu plus de prise et d’outils face aux crises politiques que nous vivons aujourd’hui.

    Traduction de l’anglais (États-Unis) par Émilien Bernard

    Texte original : « A Revolution to Remember », Commune , no 1 – Automne 2018.

    Commune est un site web et un magazine papier semestriel qui vient de se créer, pour le plaisir de tout·es nos lecteurs et lectrices anglophones. Longue vie !

    Paul Mattick Jr est auteur d’essais et responsable de « Field Notes », pages politiques du journal The Brooklyn Rail à New York.

  • Appel à soutien du journal CQFD
    SOS d’un canin en détresse

    http://lavoiedujaguar.net/Appel-a-soutien-du-journal-CQFD

    On le sait : les appels à soutien, c’est triste comme un jour sans vin. Et par les temps qui courent, c’est un peu trop tous les jours. Si on en est réduit, contraint et forcé, à cette extrémité, ce n’est pas par plaisir de la jouer lacrymal. Mais parce qu’il y a danger mortel pour le Chien rouge. Car oui : CQFD ne va pas bien. Du tout.

    Il nous faut, au minimum, 1 000 abonnés supplémentaires pour nous maintenir sur notre frêle esquif. Alors, hardi, abonnez-vous et abonnez largement autour de vous ! Mais vous pouvez faire encore plus ! Faites connaître CQFD, donnez vos vieux numéros, affichez vos unes ou posters préférés, twittez à qui mieux-mieux, inondez les réseaux sociaux autant que les bistros, les radios, les squats ou les locaux associatifs…

    #presse #critique_sociale #appel

  • Souvenir de Luis Bredlow

    Anselm Jappe

    http://lavoiedujaguar.net/Souvenir-de-Luis-Bredlow

    Luis Bredlow est mort le 8 septembre 2017, à l’âge de seulement cinquante-neuf ans, dans un hôpital de Terrassa, près de Barcelone, des suites d’un cancer contre lequel il luttait depuis six mois. Avec lui s’est éteint un esprit brillant et profond, qui a contribué autant à la critique sociale qu’à l’étude de la philosophie classique et antique.

    Il était né le 3 août 1958, avec le prénom de Lutz, dans la ville allemande d’Augsbourg. Il était le fils unique de parents aux origines slaves. Il fréquenta ensuite les écoles de Cologne, où je fis sa connaissance en 1976. Influencé par le climat post-68, il commença très jeune à s’intéresser au marxisme et à l’anarchisme, à la recherche autant d’une critique sociale radicale, loin des dogmes du gauchisme ambiant, que d’une pratique radicale de vie antibourgeoise. (...)

    #théorie #poésie #Allemagne #Espagne #critique_sociale #philosophie

  • Livre zine RETOUR A MIAMI Erick Lyle
    http://www.la-petroleuse.com/livres-critique-sociale/3336-retour-a-miami-une-ville-a-l-ere-d-art-basel.html?search_query=E

    Traduction en français d’extraits du #fanzine US d’Erick Lyle « Scam ».
    En 2010, le San Francisco Bay Guardian envoie #Erick_Lyle couvrir la neuvième édition d’Art Basel à #Miami. C’est l’occasion pour lui de revenir dans sa ville natale et d’observer les transformations provoquées par la plus prestigieuse #foire_d’art_contemporain au monde. Alors que les amateurs d’art se pressent par milliers et que les promoteurs immobiliers investissent massivement, Miami reste une des villes les plus pauvres des Etats-Unis ; les défilés de célébrités côtoient les ouvertures de squats ; le clinquant tente de chasser les populations les plus pauvres. Dans Retour à Miami, Lyle dresse un portrait du monde de l’art et de son hypocrisie, évoquant tour à tour les liens entre le marché de l’art et celui de l’immobilier, entre la culture et l’économie, la difficulté d’articuler des critiques de ce milieu ou la récupération du street art (avec une interview cinglante de Shepard Fairey). Une analyse au vitriol complétée par le portrait d’une ville à part et des nouvelles formes de résistance nées, sur fond de crise économique, dans le sillon d’Art Basel.

    #critique_sociale #Art #anticapitalisme
    https://www.artbasel.com

  • L’Échaudée n°6 est sortie !
    Au sommaire :

    - Paul Mattick , Le dépérissement de l’État
    – Chantal Montellier, Je suis Berglund
    – Collectif Archives autonomie, Fragments d’histoire de la gauche radicale
    – Barthélémy Schwartz, Benjamin Péret l’astre noir du surréalisme (bonnes feuilles)
    – Benjamin Péret, Pour que M. Thiers ne crève pas tout à fait / Vie de l’assassin Foch / On sonne
    – Eve Mairot, aquarelle
    – Alain Joubert, Le chant de la prairie
    – George Catlin, Les Indiens de la prairie
    – George Catlin, dessins, huiles
    – Charles Baudelaire, George Catlin, le cornac des sauvages
    – Reinaldo, sculpture
    – Alfredo Fernandes, Mes 12 prophéties
    – Ramon Gomez de la SERNAM, Fadaises – Devoir de vacances
    – Julien Bal, Enverssoi
    – Manuel Anceau, Lieuve
    – Cornelia Eichhorn, dessins
    – Jean-Luc Sahagian, Quand il eut passé le pont…
    – Vardhui Sahagian, dessins
    – Claude Guillon, Les petits métiers
    – Joël Gayraud, Visionnaires de Taïwan
    – Rachel Deville, La nature
    – Rachel Deville, Le grand Je
    – LL de Mars, Les éditeurs
    – Stéphane Goarnisson, Histoires en deux images
    – Yves Labbé, Pierre Leroux : la voix étroite d’un socialisme humanitaire et fraternel
    – Anne Van der Linden, dessins et huiles


    https://abiratoeditions.wordpress.com
    http://www.hobo-diffusion.com
    http://www.makassar-diffusion.com
    #critique_sociale #poésie #utopie #éditions #dessins

  • http://www.perceoreilles.net
    Le #perce-oreilles est une #bestiole_curieuse, qui se faufile dans les #arcanes_du_web pour aller dénicher des #sons : il prend le temps de les écouter ou de connaître les #émissions avant de les ramener au jour, c’est pourquoi il faut une certaine patience avec lui.

    C’est un #animal_collectif, son milieu naturel est celui des
    #radios_libres, c’est là-dedans qu’il a grandi et c’est là qu’il se sent bien - pour autant, il n’est pas sectaire et il pousse vaillamment ses expéditions dans les espaces plus confinés : il y trouve de temps en temps quelques #bonnes_ondes qui émoustillent ses #antennes - de temps en temps seulement, parce qu’il trouve que les grosses machines n’ont pas besoin de lui pour se faire connaître.

    Dès qu’il s’agit de #copyleft ou de #licences_libres, on ne l’arrête plus, il ne sait pas où donner de la tête et il écume le site de fond en comble. Par contre, il faut que tu saches, il a développé une violente allergie aux sites commerciaux et au bizness culturel, alors il trace ses chemins en dehors de ces coins-là.

    Le perce-oreilles a un certain goût pour la #critique_sociale, les #émissions_déjantées, les #cultures_minoritaires ou les sons qui aiguisent les oreilles - il aime aussi beaucoup la musique mais il considère qu’il y a déjà plein d’insectes qui s’activent sur ce terrain, alors il concentre ses explorations sur la parlotte, le documentaire, la #création_sonore, et tout ce qui s’en approche.

  • Sur le post-modernisme

    Jordi Vidal a abordé un sujet mal connu du grand public mais d’une importance capitale, puisqu’il s’agit de l’idéologie dominante de la société mondialisée du XXI° siècle, le postmodernisme, un courant qui ne se caractérise pas tant par ce qu’il revendique que par ce qu’il dénigre.

    Nous sommes, désormais, de plain-pied dans l’époque de la falsification. Non pas que tout soit faux, mais tout n’étant donné que comme discours et interprétation, le vrai n’existerait pas ; c’est ce qui confirmerait qu’il n’y a pas de vérité absolue.

    Partant d’un tel sophisme, l’idéologie postmoderne a beau jeu de relativiser à outrance et de permettre l’émergence de toutes les idées farfelues, mais aussi de faciliter le retour d’idées beaucoup moins anodines et aux effets bien plus dramatiques. Le retour de l’obscurantisme religieux [1], le fatalisme de la misère économique et sociale sur fond de crise, le plébiscite de l’esprit sécuritariste avec la reprise des affaires militaro-industrielles, le retour des lois scélérates… nous en apportent des preuves tous les jours. Cette série de falsifications est portée par ce que J. Vidal nomme « un flux médiatique constant » où l’émoi provoqué par la dernière information reçue s’efface pour, aussitôt, être remplacé par l’émotion suivante ; tout cela dans le flux exalté d’une image qui chasse l’autre. Ce flux a pour vocation d’empêcher toute prise de recul et, de ce fait, il échappe à la raison logique. Cette trame de l’aliénation contribue à une démission généralisée au sein d’une société dorénavant mondialisée. Le flux médiatique remplace la connaissance ; et ce qui en tient lieu méconnaît que c’est l’ignorance de masse qui se développe et que celle-ci est l’arme véritable du pouvoir temporel

    http://cntaittoulouse.lautre.net/spip.php?article760

    #postmodernisme #genre #féminisme #laïcité #art #critique_sociale

  • Sur le post-modernisme
    http://cntaittoulouse.lautre.net/spip.php?article760

    #Jordi_Vidal a abordé un sujet mal connu du grand public mais d’une importance capitale, puisqu’il s’agit de l’idéologie dominante de la société mondialisée du XXI° siècle, le #postmodernisme, un courant qui ne se caractérise pas tant par ce qu’il revendique que par ce qu’il dénigre.

    Nous sommes, désormais, de plain-pied dans l’époque de la falsification. Non pas que tout soit faux, mais tout n’étant donné que comme discours et interprétation, le vrai n’existerait pas ; c’est ce qui confirmerait qu’il n’y a pas de vérité absolue.

    Partant d’un tel sophisme, l’idéologie postmoderne a beau jeu de relativiser à outrance et de permettre l’émergence de toutes les idées farfelues, mais aussi de faciliter le retour d’idées beaucoup moins anodines et aux effets bien plus dramatiques. Le retour de l’obscurantisme religieux [1], le fatalisme de la misère économique et sociale sur fond de crise, le plébiscite de l’esprit sécuritariste avec la reprise des affaires militaro-industrielles, le retour des lois scélérates… nous en apportent des preuves tous les jours. Cette série de falsifications est portée par ce que J. Vidal nomme « un flux médiatique constant » où l’émoi provoqué par la dernière information reçue s’efface pour, aussitôt, être remplacé par l’émotion suivante ; tout cela dans le flux exalté d’une image qui chasse l’autre. Ce flux a pour vocation d’empêcher toute prise de recul et, de ce fait, il échappe à la raison logique. Cette trame de l’aliénation contribue à une démission généralisée au sein d’une société dorénavant mondialisée. Le flux médiatique remplace la connaissance ; et ce qui en tient lieu méconnaît que c’est l’ignorance de masse qui se développe et que celle-ci est l’arme véritable du pouvoir temporel.

    Le postmodernisme, comme idéologie dominante de nos sociétés, fait la part belle aux révisionnismes et a même réussi à contaminer les milieux libertaires avec une assez grande facilité. Cette idéologie pseudo-critique s’est substituée à la critique radicale afin de mieux évincer ce qui en était le centre ; à savoir la démocratie et l’égalité.

    Pour illustrer son propos, J. Vidal prend comme exemple la question du féminisme tant elle est significative des dérives postmodernes. Il avance que quand on pose la question du «  genre  » en lieu et place du «  sujet homme  » et du «  sujet femme  », on soustrait du champ du réel ce qui en fait son objet, c’est-à-dire la domination de l’un sur l’autre. Le féminisme s’est, en effet, construit sur une critique de la domination masculine et, non pas, sur une prétendue domination hétérosexuelle. Le glissement sémantique que le postmodernisme a opéré en déplaçant la domination masculine vers la domination hétérosexuelle, fixe l’identité sexuelle comme un préalable à toute réflexion critique et évacue, du même coup, un siècle de luttes féministes.

    Cet exemple montre que le but de cette pseudo-critique est le détournement de l’histoire, qui est celle des luttes contre l’oppression et l’exploitation, en procédant à une révision sémantique et systématique pour effacer de la mémoire des hommes et des femmes toute trace des combats émancipateurs du passé. A l’inverse, elle tente toujours de développer le culte d’un passé victimiste.

    #Art, #représentation & #pensée_critique

    Pour J. Vidal, l’art est indissociable et indispensable à la pensée critique et il n’y aura pas un « réveil » de la raison sans une ré-appropriation de la représentation, qui est la raison d’être de l’art lui-même ; pas de révolution sans la représentation d’une perspective révolutionnaire et sans la pensée critique créatrice. Cette dernière n’est pas abstraite, car cela la ferait tomber dans le travers de l’idéologie dominante ; elle ne peut, donc, être que pratique, c’est-à-dire fondée sur les faits et leur réalité. Elle s’oppose aux déclarations abstracto-stériles des agents du postmodernisme qui, en déclarant qu’il n’y a pas de vérité absolue, oublient de rappeler que les faits sont là et qu’ils sont les seuls à pouvoir fournir la substance de notre réflexion. C’est, donc, à partir de la question de l’art et de la représentation, ainsi que de la pensée critique, que doit se faire l’analyse et la critique du postmodernisme.

    L’essentiel est d’envisager tout examen dans un rapport dialectique sous peine de tomber dans la complaisance ou dans une description indulgente qui révélerait la négation d’une autocritique. Si nous ne produisons pas nous-mêmes notre pensée critique et nos propres images et représentations, d’autres le font à notre place, et c’est comme cela que notre avenir, mais aussi notre présent, nous est confisqué.

    La présence de l’art dans le champ révolutionnaire n’est pas affective mais, rationnelle et pragmatique, elle nous sert de «  guide  ». C’est à ce titre qu’il convient de nous poser la question de ce qui nous représente et de comment on peut se représenter, de ce que l’on peut donner à voir de nous, de ce que nous sommes ; et surtout, de comment nous pouvons le communiquer à l’autre.

    Aucune théorie critique ne peut exister si elle ne pose pas le préalable de la représentation car, d’un point de vue politique, cette représentation fournit un certain nombre de clefs. Au-delà, il y a des représentations plastiques, de formes, qui sont la manifestation d’un inconscient d’époque et du comment une époque se pense elle-même - la représentation télévisuelle par exemple (le flux et la façon dont celui-ci interagit avec nous). universalisme.

    Contre la démocratie directe, meilleure forme rationnelle d’organisation des êtres humains, les médias plébiscitent l’idéologie pseudo-critique de substitution (le postmodernisme), rejetant toute solution rationnelle qui partirait du terrain de l’expérimentation. On comprend pourquoi le postmodernisme fait de la pensée des Lumières, qui s’épanouit dans le champ du concret, son principal ennemi. L’universalisme abstrait, dont se revendiquent dirigeants et intellectuels aux ordres, est une trahison car il se pose comme la nouvelle forme religieuse où le fétichisme marchand transcende et règne sans partage, mais sans jamais résoudre aucun conflit ; restant du même coup une vue de l’esprit sans aucune «  prise  » sur le réel.

    Le concept de laïcité permet d’illustrer ce propos. A l’instar du féminisme, le concept de «  laïcité  » tel qu’il est diffusé par le pouvoir est une coquille vide. Il n’est qu’un leurre de plus. Cette nouvelle laïcité, sans jamais se remettre en cause, se limite à reconduire des signifiants qui font la guerre pour leur propre compte sans jamais se rapporter à un signifié, sans jamais tenir compte de la liberté, pour l’individu, d’avoir la possibilité de faire ses propres choix en connaissance de cause. En effet, elle ne part plus du préalable qui est le sien, celui de la réalité formelle et pratique de ce qu’est une éducation, de ce qu’est la liberté éducative et des formes rationnelles qu’elle doit prendre ; elle ne fait que cautionner l’endoctrinement et l’aveuglement.

    #Critique_sociale et #critique_de_la_vie_quotidienne

    C’est avec un regard lucide que J. Vidal aborde un autre aspect de la question en faisant une critique du mouvement libertaire espagnol de 1936-39 (sans nier le bien-fondé de son legs) en soulignant son incapacité à se détacher d’une abstraction critique au profit d’une vraie critique de la vie quotidienne - le cas de « mujeres libres » (Femmes libres) illustre cette incapacité puisqu’elles restèrent très minoritaires dans les milieux libertaires espagnols de l’époque.

    Cette réflexion le conduit à nous rappeler que la critique sociale du monde, sans une critique de la vie quotidienne, enlève toute sa force à une théorie critique.

    C’est à cette conclusion que l’amena sa rencontre avec le courant artistique surréaliste et son prolongement situationniste ; celui d’un nécessaire retour de la pensée théorique et de la pensée critique. En effet, quand une pensée critique synthétise le ressenti subjectif et formule, en même temps et avec un nouvel appareillage critique, le réel dans lequel l’individu se trouve, ce dernier subit un changement complet de son rapport au réel et au monde.

    En termes de représentation, il rappelle ce qui se disait à la fin des années soixante : «  Que nous importe un monde où la certitude de ne plus mourir de faim s’échange contre celle de mourir d’ennui  ». Cette formule décisive a bercé toute une génération. J.Vidal affirme le lien entre IS (Internationale situationniste) et sensibilité surréaliste. Il n’oublie, cependant, pas de rappeler que l’IS n’était pas un mouvement libertaire, mais était, malgré certains apports intéressants, un courant politique autoritaire et sectaire d’où furent exclus, en premier lieu, des artistes. Si certaines conclusions des analyses situationnistes ne sont plus d’actualité, «  la société du spectacle n’est plus, elle s’est métamorphosée en société du chaos  » ; d’autres restent encore, en partie, valables. Guy Debord écrivait : «  Dans le monde du faux, le vrai n’est qu’un moment du faux  », posant ainsi et de façon pertinente, le préalable d’un monde du faux, mais aussi celui d’un monde du vrai. Pour les postmodernes, en revanche, la validation (ou non) d’une information, de sa véracité, n’a strictement plus aucune importance puisque ce qui importe aujourd’hui, c’est le flux médiatique dont la vitesse de rotation agit par atomisation. Cet état décalé, de «  non-conscience  », permet à la post-logique de faire accepter l’impensable, du plus farfelu au plus barbare, sans plus établir de priorité.

    Cela entraîne une fragmentation par juxtaposition de courants aux intérêts incompatibles et concurrents qui élargissent le spectre des contestations multiples, toujours minoritaires. Elles entretiennent la mise en scène, mais empêchent, pour l’heure, d’organiser efficacement une résistance critique et théorique. Cette fragmentation détermine, aussi, un processus de dé-réalisation puisque dès que l’on s’écarte du discours, on se retrouve hors-sujet et exclu. Cette dépendance très forte vis-à-vis du cadre imposé (communautaire, littéraire, méthodologique, ou autre) dissimule mal le côté autoritaire et totalitaire de la société du chaos qui, tout en semblant laisser une liberté de choix, ne laisse au final, et en désespoir de cause, aucun autre choix que de se soumettre à l’ordre établi.

    La partie la plus subtile de la classe dirigeante (et la plus attachée à une «  bonne  » transmission du pouvoir) semble s’apercevoir de l’impasse puisqu’elle commence à prendre des mesures pour éviter de ne pas pouvoir reproduire ses propres élites (ce qui dans son esprit représente l’élite !). Brièvement, nous rapporterons que dans la Silicon Valley, «  l’élite  » en revient, pour sa progéniture en tout cas, à des méthodes d’éducation excluant les écrans et réhabilitant des moyens moins sophistiqués.

    Réintroduire de la cohérence & de la logique

    L’axe central du postmodernisme nous semble se situer au niveau du langage, de la narration. En tant que support des idées, ils font l’objet d’un travail de sape permanent par les agents-relais du postmodernisme qui visent, tour à tour, à diluer, à parasiter ou à brouiller l’information et à vider tous les discours subversifs de leur substance. Dans cette époque où l’on ne peut plus rien nommer – ce qui produit une autocensure qui est, en toute certitude, l’obstacle d’envergure à la liberté d’expression – il nous faut maintenant, réintroduire de la cohérence et de la logique.

    [1] Alors que la critique de la religion semblait chose achevée en Mai-68, le retour de l’obscurantisme doit nous rappeler qu’aucune victoire n’est jamais acquise.

    #journées_iconoclastes

    @anarchosyndicalisme ! n°145
    http://seenthis.net/messages/387250

  • Pourquoi l’islamisme ne peut pas être expliqué à partir de la religion, par Norbert Trenkle
    http://www.palim-psao.fr/2015/05/pourquoi-l-islamisme-ne-peut-pas-etre-explique-a-partir-de-la-religion-pa

    Face à la terreur islamiste, il faut donc se poser la question, non pas de ce que cela à voir avec « l’islam », mais de savoir pourquoi, parmi tous les religionnismes qui ont éclos et grandi au cours des dernières décennies, l’islamisme a pris la forme particulièrement agressive face aux dites valeurs occidentales et pourquoi il a fait émerger une aile terroriste aussi puissante. On ne pourra trouver une réponse à cette question que si nous l’arrachons au ciel des spéculations théologiques fumeuses pour la ramener sur le terrain de l’analyse et de la critique sociale, et si nous étudions de plus près les conditions politiques et sociales spécifiques qui ont favorisé la naissance et le déploiement de l’islamisme.

    #religion #religionnisme #islamisme #islam #identité #capitalisme #critique_sociale #Krisis #Norbert_Trenkle

  • #black_mirror:Saison 2, épisode 9 : Early Reggae, #rude_boys et politricks
    http://coutoentrelesdents.noblogs.org/post/2015/04/23/black-mirrorsaison-2-episode-9-early-reggae-rude-boys-et

    Le mot “Reggay” apparaît pour la première fois en 1968 dans un morceau des Maytals, comme une réponse au“Rocksteady” d’Alton Ellis deux ans plus tôt. Le Rocksteady aura été la musique des Rude Boys, ces petites frappes du ghetto dont … Continue reading →

    #LIVRES #émission #critique_sociale #jamaique #n_reggae #politique #radio #rasta #roots

  • Des films en immersion sur le monde du travail
    http://www.autourdu1ermai.fr/fiches/real/fiche-real-2645.html

    #Nina_Faure utilise le pseudonyme #Juliette_Guibaud lorsqu’elle réalise des #films en #immersion sur le monde du #travail.

    C’est le cas pour les films Dans la boîte, Rien à foutre et La Dépêche du midi.

    Plusieurs de ces films sont visibles en ligne, à voir et recommander. On peut commencer par Rien à foutre, franchement joyeux.

    https://www.youtube.com/watch?feature=player_detailpage&v=RQSn3AyLnWU

    #humour #critique_sociale #salariat #précarité

    • simplicissimus cite un passage croustillant de la vidéo ; quant à moi je suis content car il y a de nouvelles vidéos sur la chaîne youtube de Nina/Juliette (je connaissais celle-ci mais pas les nouvelles)

    • Mouais... « Rien à foutre » me laisse une impression « très » mitigée. Comme toujours avec cette équipe, qui met en scène des sujets vrais et importants, mais toujours sur un mode que je trouve perso complètement affligeant et destructif (compte tenu du fait que l’exploitation au travail est déjà assez destructive comme ça, il y a d’autres moyens de se battre). J’aime bien son « journées des mortes » et quelques un de ses articles utiles, mais...

      je n’avais pas réalisé que nina/juliette participe aussi à un film tout à fait indigne réalisé pour le compte du diplo sur le DIplo,
      https://www.youtube.com/watch?v=1xPHLaAdx3o

      film aussi totalement affligeant de bassesse. Il y avait d’autres moyens de parler de ce journal, d’autre chose à dire, là c’est très très petit.

    • Ce n’est pas petit, c’est de l’humour méchant. L’humour n’est pas forcément gentil et mignon. Et on est pas obligé d’être toujours gentil (ou d’ignorer) les gens qui sont pour une bonne partie de belles raclures.

      C’est comme sur une ZAD, si on veut : c’est bien de construire des cabanes et d’argumenter et de monter des dossiers intelligents, il faut le faire. Mais il faut aussi détruire les machines de l’ennemi car il continue d’avancer (et se moquer de lui au passage, car ça fait du bien). Une seule stratégie gentille et constructive n’est pas suffisante. Il faut multiplier les angles d’attaques.

    • Moi j’aime bien le film de promo du Monde Diplo. Même si
      moi aussi je ne lis qu’épisodiquement le Monde Diplo et si je ne suis pas absolument toujours d’accord avec (d’ailleurs je lis aussi le Figaro et pareil je ne suis pas toujours d’accord avec).

      Tous ces Califes qui monopolisent les canaux dominants d’information, il faudrait vraiment les enduire de plumes et de goudron.
      Le libéralisme ce devrait être la concurrence des idées et pas toujours le même tout petit quarteron d’autoproclamés experts, tout le temps et partout, Monsieur Reynié !
      D’ailleurs ils ont l’air d’être presque tous réac à Science Po Paris ? Pourquoi ?

    • @reka, à l’inverse de ce que tu dis, je trouve salubre que le management, l’exploitation, la précarité, l’emprise des normes, la culture d’entreprise, la concurrence en prennent pour leur grade, comme c’est le cas dans Rien à foutre avant de se faire virer. C’est plus que nécessaire, vital, en l’occurrence. Parce qu’il peut être joyeux de #détruire_ce_qui_nous_détruit. Et si il y a bien d’autres moyens de se battre, cela passe le plus souvent là aussi par des formes de renversement de l’ordre des choses (la grève n’est pas pour rien un arrêt du travail, la coalition, une échappée hors de la séparation, etc.). Il s’agit d’être en mesure de porter tort.

      Quant au film Réponses diplomatiques, même quand comme moi on aime pas le MD (étatiste, tiers mondiste, mais... oui, il m’arrive d’en lire des morceaux), on peut apprécier de voir mis en lumière la veulerie des chiens de garde (l’expression n’est pas récente, c’était le titre d’un livre de Nizan en 1932).

      Est-il besoin d’avoir été interdit bancaire pour se marrer en voyant ça ?

  • SEPTEMBRE 2014 AU RÉMOULEUR (BAGNOLET)
    https://coutoentrelesdents.noblogs.org/post/2014/09/08/septembre-2014-au-remouleur-bagnolet

    LOCAL AUTO-ORGANISÉ DE LUTTE ET DE CRITIQUE SOCIALE #le_rémouleur 106, rue Victor Hugo 93170 Bagnolet (M° Robespierre ou M° Gallieni) https://infokiosques.net/le_remouleur Mail : leremouleur@@@riseup.net S’inscrire à la lettre d’info du #local Horaires des permanences (avec accès à l’infokiosque, à la bibliothèque et … Continue reading →

    #EVENEMENT #anarchiste #brochures #concert #critique_social #film #paris #pensé_critique #prix_libre #punk

  • SEPTEMBRE 2014 AU RÉMOULEUR (BAGNOLET)
    http://coutoentrelesdents.noblogs.org/post/2014/09/08/septembre-2014-au-remouleur-bagnolet

    LOCAL AUTO-ORGANISÉ DE LUTTE ET DE CRITIQUE SOCIALE #le_rémouleur 106, rue Victor Hugo 93170 Bagnolet (M° Robespierre ou M° Gallieni) https://infokiosques.net/le_remouleur Mail : leremouleur@@@riseup.net S’inscrire à la lettre d’info du #local Horaires des permanences (avec accès à l’infokiosque, à la bibliothèque et … Continue reading →

    #EVENEMENT #anarchiste #brochures #concert #critique_social #film #paris #pensé_critique #prix_libre #punk

  • #Surplus : Terrorized into Being Consumers (2003) Full

    Surplus: Terrorized Into Being Consumers is an award winning Swedish documentary film on consumerism and globalization, created by director Erik Gandini and editor Johan Söderberg.

    It looks at the arguments for capitalism and technology, such as greater efficiency, more time and less work, and argues that these are not being fulfilled, and they never will be.

    The film is about our world, the modern civilisation that eats more than needed. It’s not very much information that is physicly showed, its the pictures in symbios with music that is the real strength in this flick.

    The film leans towards anarcho-primitivist ideology and argues for a simple and fulfilling life.

    https://www.youtube.com/watch?v=bXmuWecIQos

    #consommation #documentaire #film #consommateurs #crise #environnement #capitalisme #technologie #société_de_consommation #critique_sociale