• La minoranza tedesca in Slavonia: segreti di famiglia
    https://www.balcanicaucaso.org/aree/Croazia/La-minoranza-tedesca-in-Slavonia-segreti-di-famiglia-219720

    A Katerina, ormai in età adulta, si dischiude la verità sul recente passato della sua famiglia: appartenente alla minoranza tedesca in Slavonia che venne decimata nel secondo dopoguerra. «Segreti di famiglia», di Ivana Šojat è arrivato recentemente nelle librerie italiane edito da Voland

    • #Voland

      Un romanzo sulle turbolenze e i cambiamenti storici del XX secolo, sull’ingiustizia, la morte, la paura, l’amore e la gioia, narrati attraverso le vite di quattro generazioni di donne. Fine anni ’90. Katarina torna da Zagabria per incontrare la madre che, malata da tempo, muore prima di rivedere la figlia. Sola in una casa ormai vuota, Katarina riscopre a poco a poco la storia della sua famiglia con l’aiuto di vecchie fotografie e dei racconti di un’amica della nonna. In una alternanza di piani temporali, alle vicende della bisnonna Viktorija e del marito Rudolf, abbandonatosi all’alcol dopo aver combattuto nelle trincee durante la Prima guerra mondiale, si affiancano quelle della nonna Klara e dei due fratelli schierati su versanti opposti, uno con i nazisti, l’altra con i partigiani. Un libro pieno di vitalità e colpi di scena, dedicato alla città di #Osijek e all’importanza di non dimenticare il passato.

      #livre #minorités #roman #Croatie

  • Pourquoi détruit-on la planète ? Les dangers des explications pseudo-neuroscientifiques

    Des chercheurs en neurosciences et sociologie mettent en garde contre la thèse, qu’ils jugent scientifiquement infondée, selon laquelle une de nos #structures_cérébrales nous conditionnerait à surconsommer.

    Selon Thierry Ripoll et Sébastien Bohler, les ravages écologiques liés à la surconsommation des ressources planétaires seraient dus aux #comportements_individuels déterminés par notre cerveau. Une structure, le striatum, piloterait par l’intermédiaire d’une #molécule_neurochimique, la #dopamine, le désir de toujours plus, sans autolimitation, indiquaient-ils récemment dans un entretien au Monde.

    (#paywall)
    https://www.lemonde.fr/sciences/article/2022/07/07/pourquoi-detruit-on-la-planete-les-dangers-des-explications-pseudo-scientifi

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    Tribune longue :

    Dans un entretien croisé pour Le Monde, Thierry Ripoll et Sébastien Bohler présentent leur thèse commune, développée dans deux ouvrages récents et que Bohler avait résumée dans un ouvrage précédent sous le titre évocateur de « bug humain » : les ravages écologiques liés à la surconsommation des ressources planétaires seraient dus aux comportements individuels déterminés par la structure même du cerveau. Précisément, le dogme de la croissance viendrait du striatum. Selon lui, cette structure cérébrale piloterait par l’intermédiaire d’une molécule neurochimique, la dopamine, le désir de toujours plus, sans autolimitation. Ripoll reprend cette thèse à son compte, et il affirme que la décroissance économique, qu’il appelle de ses vœux pour limiter les catastrophes en cours, bute ainsi sur des limites psychobiologiques.

    Cette thèse est très forte et a des conséquences politiques très préoccupantes : la #nature_humaine, ou plus précisément notre #programmation_biologique, conditionnerait le champ des possibles concernant l’organisation socio-économique. Le modèle de croissance économique serait le seul compatible avec le #fonctionnement_cérébral humain. Cela disqualifie les projets politiques de #décroissance ou de stabilité basés sur la #délibération_démocratique. Cela déresponsabilise également les individus[i] : leur #comportement destructeur de l’#environnement n’est « pas de leur faute » mais « celle de leur #striatum ». Une conséquence logique peut être la nécessité de changer notre nature, ce qui évoque des perspectives transhumanistes, ou bien des mesures autoritaires pour contraindre à consommer moins, solution évoquée explicitement par les deux auteurs. Les neurosciences et la #psychologie_cognitive justifient-elles vraiment de telles perspectives ?

    Nous souhaitons ici solennellement informer les lectrices et les lecteurs de la totale absence de fondement scientifique de cette thèse, et les mettre en garde contre ses implications que nous jugeons dangereuses. Ce message s’adresse également à ces deux auteurs que nous estimons fourvoyés, sans préjuger de leur bonne foi. Nous ne doutons pas qu’ils soient sincèrement et fort justement préoccupés des désastres environnementaux mettant en danger les conditions d’une vie décente de l’humanité sur Terre, et qu’ils aient souhaité mobiliser leurs connaissances pour aider à trouver des solutions. Les arguments déployés sont cependant problématiques, en particulier ceux relevant des neurosciences, notre domaine principal de compétence.

    Tout d’abord, le striatum ne produit pas de #dopamine (il la reçoit), et la dopamine n’est pas l’#hormone_du_plaisir. Le neuroscientifique #Roy_Wise, qui formula cette hypothèse dans les années 70, reconnut lui-même « je ne crois plus que la quantité de plaisir ressentie est proportionnelle à la quantité de dopamine » en… 1997. L’absence de « fonction stop » du striatum pour lequel il faudrait toujours « augmenter les doses » est une invention de #Bohler (reprise sans recul par #Ripoll) en contresens avec les études scientifiques. Plus largement, la vision localisationniste du xixe siècle consistant à rattacher une fonction psychologique (le #plaisir, le #désir, l’#ingéniosité) à une structure cérébrale est bien sûr totalement obsolète. Le fonctionnement d’une aire cérébrale est donc rarement transposable en termes psychologiques, a fortiori sociologiques.

    Rien ne justifie non plus une opposition, invoquée par ces auteurs, entre une partie de #cerveau qui serait « récente » (et rationnelle) et une autre qui serait « archaïque » (et émotionnelle donc responsable de nos désirs, ou « instinctive », concept qui n’a pas de définition scientifique). Le striatum, le #système_dopaminergique et le #cortex_frontal, régions du cerveau présentes chez tous les mammifères, ont évolué de concert. Chez les primates, dont les humains, le #cortex_préfrontal a connu un développement et une complexification sans équivalent. Mais cette évolution du cortex préfrontal correspond aussi à l’accroissement de ses liens avec le reste du cerveau, dont le système dopaminergique et le striatum, qui se sont également complexifiés, formant de nouveaux réseaux fonctionnels. Le striatum archaïque est donc un #neuromythe.

    Plus généralement, les données neuroscientifiques ne défendent pas un #déterminisme des comportements humains par « le striatum » ou « la dopamine ». Ce que montrent les études actuelles en neurosciences, ce sont certaines relations entre des éléments de comportements isolés dans des conditions expérimentales simplifiées et contrôlées, chez l’humain ou d’autres animaux, et des mesures d’activités dans des circuits neuronaux, impliquant entre autres le striatum, la dopamine ou le cortex préfrontal. Le striatum autocrate, dont nous serions l’esclave, est donc aussi un neuromythe.

    Par ailleurs, Bohler et Ripoll font appel à une lecture psycho-évolutionniste simpliste, en fantasmant la vie des êtres humains au paléolithique et en supposant que les #gènes codant pour les structures du cerveau seraient adaptés à des conditions de vie « primitive », et pas à celles du monde moderne caractérisé par une surabondance de biens et de possibles[ii]. Il y a deux problèmes majeurs avec cette proposition. Tout d’abord, les liens entre les gènes qui sont soumis à la sélection naturelle, les structures cérébrales, et les #comportements_sociaux sont extrêmement complexes. Les #facteurs_génétiques et environnementaux sont tellement intriqués et à tous les stades de développement qu’il est impossible aujourd’hui d’isoler de façon fiable des #déterminismes_génétiques de comportements sociaux (et ce n’est pourtant pas faute d’avoir essayé). Poser la surconsommation actuelle comme sélectionnée par l’évolution, sans données génétiques, est une spéculation dévoyée de la #psychologie_évolutionniste. Le second problème concerne les très faibles connaissances des modes d’#organisation_sociale des peuples qui ont vécu dans la longue période du paléolithique. Il n’existe pas à notre connaissance de preuves d’invariants ou d’un mode dominant dans leur organisation sociale. Les affirmations évolutionnistes de Bohler et Ripoll n’ont donc pas de statut scientifique.

    Il est toujours problématique de privilégier un facteur principal pour rendre compte d’évolutions historiques, quel qu’il soit d’ailleurs, mais encore plus quand ce facteur n’existe pas. Les sciences humaines et sociales montrent la diversité des modèles d’organisation sociale qui ont existé sur Terre ainsi que les multiples déterminismes socio-historiques de la « grande accélération » caractéristique des sociétés modernes dopées aux énergies fossiles. Non, toutes les sociétés n’ont pas toujours été tournées vers le désir de toujours plus, vers le progrès et la croissance économique : on peut même argumenter que la « religion du #progrès » devient dominante dans les sociétés occidentales au cours du xixe siècle[iii], tandis que le modèle de la #croissance_économique (plutôt que la recherche d’un équilibre) n’émerge qu’autour de la seconde guerre mondiale[iv]. Invoquer la « #croissance » comme principe universel du vivant, comme le fait Ripoll, abuse du flou conceptuel de ce terme, car la croissance du PIB n’a rien à voir avec la croissance des plantes.

    Il peut certes sembler légitime d’interroger si le fonctionnement du cerveau a, au côté des multiples déterminismes sociohistoriques, une part de #responsabilité dans l’état de la planète. Mais la question est mal posée, l’activité de « milliards de striatum » et les phénomènes socioéconomiques ne constituant pas le même niveau d’analyse. Bohler et Ripoll ne proposent d’ailleurs pas d’explications au niveau cérébral, mais cherchent à légitimer une explication psychologique prétendument universelle (l’absence d’#autolimitation) par la #biologie. Leurs réflexions s’inscrivent donc dans une filiation ancienne qui cherche une explication simpliste aux comportements humains dans un #déterminisme_biologique, ce qu’on appelle une « #naturalisation » des #comportements. Un discours longtemps à la mode (et encore présent dans la psychologie populaire) invoquait par exemple le « #cerveau_reptilien » à l’origine de comportements archaïques et inadaptés, alors que cette pseudo-théorie proposée dans les années 60 a été invalidée quasiment dès son origine[v]. Le « striatum », la « dopamine », le « #système_de_récompense », ou le « #cerveau_rapide et le #cerveau_lent » sont en fait de nouvelles expressions qui racontent toujours à peu près la même histoire. Loin d’être subversive, cette focalisation sur des déterminismes individuels substitue la #panique_morale [vi] à la #réflexion_politique et ne peut mener, puisque nous serions « déterminés », qu’à l’#impuissance ou à l’#autoritarisme.

    Les erreurs des arguments développés par Bohler et Ripoll ont d’ores et déjà été soulignées à propos d’ouvrages précédents de Bohler[vii]. Nous souhaitons également rappeler qu’il existe un processus d’évaluation des productions scientifiques (y compris théoriques) certes imparfait mais qui a fait ses preuves : la revue par les pairs. Aucun de ces deux auteurs ne s’y est soumis pour avancer ces propositions[viii]. Il n’est pas sûr que notre rôle de scientifiques consiste à évaluer les approximations (et c’est un euphémisme) qui sont en continu publiées dans des livres ou dans la presse. Notre réaction présente est une exception justifiée par une usurpation des neurosciences, la gravité des enjeux écologiques dont ces auteurs prétendent traiter, ainsi que par la popularité grandissante que ces thèses semblent malheureusement rencontrer[ix].

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    Ce texte n’est pas issu des travaux de l’atelier d’écologie politique mais il résonne fortement avec d’autres travaux de l’atécopol. Il a été rédigé par Etienne Coutureau, chercheur CNRS en neurosciences (Bordeaux), Jean-Michel Hupé, chercheur CNRS en neurosciences et en écologie politique et membre de l’atécopol (Toulouse), Sébastien Lemerle, enseignant-chercheur en sociologie (Paris-Nanterre), Jérémie Naudé, chercheur CNRS en neurosciences (Montpellier) et Emmanuel Procyk, chercheur CNRS en neurosciences (Lyon).

    [i] Jean-Michel Hupé, Vanessa Lea, « Nature humaine. L’être humain est-il écocidaire par nature ? », dans Greenwashing : manuel pour dépolluer le débat public, Aurélien Berlan, Guillaume Carbou et Laure Teulières (coords.), Paris, Le Seuil, 2022, p. 150-156.

    [ii] Philippe Huneman, Hugh Desmond, Agathe Du Crest, « Du darwinisme en sciences humaines et sociales (1/2) », AOC, 15 décembre 2021.

    [iii] François Jarrige, Technocritiques, Paris, La Découverte, 2014.

    [iv] Timothy Mitchell, « Economentality : how the future entered government », Critical inquiry, 2014, vol. 40, p. 479-507. Karl Polanyi a par ailleurs montré comment l’économie de marché est une construction socio-historique : La Grande Transformation, Aux origines politiques et économiques de notre temps, Paris, Gallimard, (1944) 1983.

    [v] Sébastien Lemerle, Le cerveau reptilien. Sur la popularité d’une erreur scientifique, Paris, CNRS éditions, 2021.

    [vi] Jean-Michel Hupé, Jérôme Lamy, Arnaud Saint-Martin, « Effondrement sociologique ou la panique morale d’un sociologue », Politix, n° 134, 2021. Cet article témoigne également que Bohler et Ripoll ne sont pas les seuls intellectuels mobilisant les neurosciences de façon très contestable.

    [vii] Jérémie Naudé (2019), « Les problèmes avec la théorie du "bug humain", selon laquelle nos problème d’écologie viendraient d’un bout de cerveau, le striatum » ; Thibault Gardette (2020), « La faute à notre cerveau, vraiment ? Les erreurs du Bug humain de S. Bohler » ; Alexandre Gabert (2021), « Le cortex cingulaire peut-il vraiment "changer l’avenir de notre civilisation" ? », Cortex Mag, interview d’Emmanuel Procyk à propos de Sébastien Bohler, Où est le sens ?, Paris, Robert Laffont, 2020.

    [viii] Le bug humain de Sébastien Bohler (Paris, Robert Laffont, 2019) a certes obtenu « le Grand Prix du Livre sur le Cerveau » en 2020, décerné par la Revue Neurologique, une revue scientifique à comité de lecture. Ce prix récompense « un ouvrage traitant du cerveau à destination du grand public ». Les thèses de Bohler n’ont en revanche pas fait l’objet d’une expertise contradictoire par des spécialistes du domaine avant la publication de leurs propos, comme c’est la norme pour les travaux scientifiques, même théoriques.

    [ix] La thèse du bug humain est ainsi reprise dans des discours de vulgarisation d’autorité sur le changement climatique, comme dans la bande dessinée de Christophe Blain et Jean-Marc Jancovici, Le monde sans fin, Paris, Dargaud, 2021.

    https://blogs.mediapart.fr/atelier-decologie-politique-de-toulouse/blog/070722/pourquoi-detruit-la-planete-les-dangers-des-explications-pseudo-neur
    #neuro-science #neuroscience #critique #écologie #surconsommation #politisation #dépolitisation #politique

  • New Zealand welcomes back first cruise ship since Covid-19 pandemic began | South China Morning Post
    https://www.scmp.com/news/asia/australasia/article/3188608/new-zealand-welcomes-back-first-cruise-ship-covid-19-pandemic

    New Zealand welcomes back first cruise ship since Covid-19 pandemic beganThe Pacific Explorer docked in Auckland with about 2,000 guests and crew as part of a 12-day return trip to Fiji that left from Sydney. Tourism Minister Stuart Nash said it is a ‘step closer to resuming business as usual’ after the country lifted all remaining Covid curbs two weeks ago
    Published: 8:59am, 12 Aug, 2022
    New Zealand on Friday welcomed the first cruise ship to return since the coronavirus pandemic began, signalling a long-sought return to normalcy for the nation’s tourism industry.New Zealand closed its borders in early 2020 as it sought at first to eliminate Covid-19 entirely and then later to control its spread. Although the country reopened its borders to most tourists arriving by plane in May, it wasn’t until two weeks ago that it lifted all remaining restrictions, including those on maritime arrivals. Many in the cruise industry question why it took so long. The end of restrictions allowed Carnival Australia’s Pacific Explorer cruise ship to dock in Auckland with about 2,000 passengers and crew Friday morning as part of a 12-day return trip to Fiji that left from Sydney.Nash said it would take some time for international tourist numbers and revenues to return to their pre-pandemic levels, when the industry accounted for about 20 per cent of New Zealand’s foreign income and more than 5 per cent of GDP.“I think there’s been many people in the tourism sector who have done it hard over the last two years,” Nash said. “But we’ve always taken an approach where we need to ensure that we get the health response right. Because if we don’t, we know the consequences are dire.”Not everybody is happy with the return of tourists. A sail boat carrying protesters upset about the industry’s impact on the environment followed the Pacific Explorer into the harbour on Friday, before passengers were greeted with an Indigenous Māori welcome and a visit by Prime Minister Jacinda Ardern.

    #Covid-19#migrant#migration#nouvellezelande#tourisme#croisière#sante#pandemie#frontiere#economie

  • La fonction répressive du plein emploi
    https://www.mediapart.fr/journal/economie/120822/la-fonction-repressive-du-plein-emploi

    De l’emploi, mais des revenus en berne et une activité au ralenti. La situation est complexe. Pour essayer de la comprendre, Mediapart propose une série de deux articles. Aujourd’hui : pourquoi le nouveau plein emploi n’est pas le paradis des travailleurs.

    #L'étrange_plein-emploi #croissance,_plein_emploi,_chômage,_conjoncture,_Inflation,_productivité

    • La fonction répressive du plein emploi, Romaric Godin
      De l’emploi, mais des revenus en berne et une activité au ralenti. La situation est complexe. Pour essayer de la comprendre, Mediapart propose une série de deux articles.

      Aujourd’hui : pourquoi le nouveau plein emploi n’est pas le paradis des travailleurs.

      Pourquoi la croissance de l’#emploi ne parvient-elle pas à renforcer la position des salariés et à conduire à des augmentations de #salaire ? Pour tenter de trouver une réponse, il faut comprendre en quoi l’explication la plus évidente n’est pas pertinente. Car la croissance à elle seule ne suffit pas à expliquer l’évolution de l’emploi. Autrement dit, les économies actuelles créent plus d’emplois qu’elles ne créent de « richesses », ces jobs sont donc le fruit d’une réduction globale de la productivité du travail.

      Les chiffres, de ce point de vue, sont sans équivoque. En France, par exemple, le PIB du deuxième trimestre 2022 est supérieur de 0,9 % à celui du dernier trimestre 2019, alors que l’emploi est supérieur de 3,5 %. On a donc produit un peu plus avec beaucoup plus d’employés. Aux États-Unis, la productivité du travail dans le secteur non agricole calculée par le bureau fédéral du travail a reculé de 4,6 % au deuxième trimestre et de 7,7 % au premier trimestre.

      Ces chiffres expliquent en grande partie l’incapacité de la courbe de Phillips (lire le premier volet de la série : Le Lien brisé entre emplois et inflation) à fonctionner aujourd’hui. Si les emplois créés le sont dans un contexte d’activité faible, la condition même d’existence de ces emplois est de ne pas coûter trop cher.

      Pour le dire autrement : la croissance des salaires est largement déterminée par la croissance de la productivité. Lorsqu’une unité de travail permet de produire plus, le profit est plus grand, et, en théorie, une partie de ce profit peut être rendu au travail. Dans ce cas, la progression du salaire réel est possible puisque le #capital peut se rémunérer sur les gains de productivité.

      Mais lorsque ces gains sont faibles ou n’existent pas, voire, comme actuellement, lorsque la #productivité se réduit, la profitabilité des entreprises dépend nécessairement de la compression des salaires et, lorsque cela est possible, de la hausse des prix. C’est ainsi que l’on peut se trouver dans une situation comme la nôtre : de l’emploi, mais pas de hausse des salaires réels.

      La vraie question se déplace alors. Pendant deux siècles, les gains de productivité ont été la condition sine qua non de la croissance, des créations d’emplois et de l’amélioration des salaires réels. Certes, les luttes sociales et les réglementations étaient nécessaires pour arracher des concessions dans le partage de la valeur ajoutée, mais ces concessions étaient possibles et même largement souhaitables pour le développement de la consommation et donc de nouveaux marchés.

      Ce moteur semblant très largement éteint ou réduit, le système économique se mue progressivement en un régime différent où il faut plus de main-d’œuvre, parce que la croissance du chiffre d’affaires dépend plus directement du travail (on doit travailler plus pour produire plus et non plus travailler moins pour produire plus), mais où il faut aussi de la main-d’œuvre meilleur marché.

      Ce phénomène n’est pas nouveau, le ralentissement des gains de productivité a commencé voici cinq décennies. Et c’est dans ce contexte qu’il faut comprendre l’essentiel des réformes néolibérales visant à affaiblir le travail et à « libéraliser » l’emploi. Mais ce phénomène structurel s’est encore accéléré après les crises de 2008 et 2020.

      La nature des emplois créés

      Dans un contexte où il faut vendre plus et produire moins cher, sans gains de productivité, la solution réside dans l’élargissement du domaine du marché à des activités gérées jusqu’ici par la puissance publique ou la sphère domestique (services à la personne, transports, énergie, etc.) et dans l’élargissement des sources d’approvisionnement vers des pays à faible coût de main-d’œuvre. Et cela modifie profondément la structure de l’emploi et son rapport général macroéconomique.
      Jusque dans les années 1970-80, les emplois détruits par les gains de productivité étaient remplacés par d’autres emplois industriels, fruit du réinvestissement des profits et des perspectives de demande alimentées par la hausse des salaires. Mais dans ce « nouveau monde », cette logique ne prévaut plus. Les emplois grignotés par les maigres gains de productivité industrielle se retrouvent dans les secteurs de services, ce qui abaisse la productivité globale. Dans un premier temps, cela crée du chômage massif qui, par ailleurs, aide à discipliner le monde du #travail.

      Puis, progressivement, le nouveau système économique se met en place. La marchandisation de la vie quotidienne s’accélère et avec elle les activités de services à la personne. Parallèlement, comme l’a indiqué l’économiste Jason E. Smith dans un ouvrage traduit récemment en français (et présenté ici), les besoins de l’économie se concentrent sur le développement massif de deux domaines principaux. D’une part, celui chargé de contrôler et de rendre plus efficaces les travaux de services où l’on doit gagner le peu de productivité qu’il est possible de réaliser. D’autre part, tous ceux chargés de renforcer la circulation de la production.

      Toutes ces activités se résument à deux grands secteurs d’emplois : les services à la personne (livraison, santé, assistance à l’enfance ou à la vieillesse, etc.) et les services aux entreprises (encadrement, sécurité, informatique, marketing, publicité, etc.). En fin de processus, lorsque la marchandisation et la mondialisation ont atteint un niveau très élevé, ces emplois occupent tout l’espace économique. Les chiffres récents viennent confirmer cette hypothèse.

      En France, les services marchands représentent 72,6 % des créations d’emplois entre le dernier trimestre 2019 et le deuxième de 2022, soit plus de 547 000 emplois. L’industrie, sur la même période, a détruit 12 000 emplois. Et si l’on s’en tient au premier trimestre, pour lequel nous disposons du détail des créations d’emplois, on constate que la plus forte hausse en pourcentage depuis fin 2019 est le secteur « information-communication » (+ 7,2 %), tandis que la plus forte hausse en valeur absolue revient aux « services aux entreprises » (188 400 emplois, soit 29 % du total du secteur privé).

      Mais la France n’est pas isolée. Aux États-Unis, le même phénomène se constate également. Dans le dernier rapport sur l’emploi de juillet, le secteur qui produit le plus d’emplois est celui des services aux entreprises avec, entre février 2020 et juillet 2022, pas moins de 986 000 emplois créés, soit davantage que l’ensemble du secteur privé sur la même période (+ 629 000).

      Gérer les contradictions

      Le problème, c’est que ces emplois sont par nature peu productifs. Ils sont donc nécessaires au fonctionnement de l’économie, mais font peser un risque sur la rentabilité future des entreprises. En régime capitaliste, la productivité est la mesure avancée de la croissance à long terme.

      Mais à présent, la situation est délicate : pour tenter de renforcer la rentabilité de l’économie, seuls les services du type de ceux que l’on a décrits peuvent se développer et doivent ainsi augmenter leur chiffre d’affaires, donc embaucher. Mais ces embauches, en raison de leur faible productivité intrinsèque, pèsent de plus en plus sur la rentabilité. C’est une fuite en avant et une contradiction interne majeure qui ne peut se résoudre que par des moyens de contournement.

      Depuis 2008, l’argent facile assuré par les banques centrales pour les entreprises permettait d’assurer un moyen de dépasser temporairement cette contradiction. C’est ce qui a donné lieu au phénomène bien connu d’entreprises « zombies », entreprises peu productives, voire peu rentables, qui survivaient grâce aux crédits ou au soutien d’actionnaires réalisant sur les marchés de confortables plus-values par ailleurs.

      À cela s’ajoutait une pression sur les gouvernements pour baisser les impôts sur les entreprises ou renforcer les subventions. En France, on se souvient évidemment du CICE (crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi), pérennisé en 2019 sous forme de baisses de cotisations, mais on pourrait aussi évoquer la baisse des impôts de production ou de l’impôt sur les sociétés et les diverses exonérations de cotisations sociales. Tout cela permet de maintenir la rentabilité d’entreprises peu profitables mais riches en emplois.

      Avec la crise sanitaire, ce phénomène s’est généralisé et amplifié via de généreuses aides publiques qui ont formé une forme de « sécurité sociale des entreprises ». Et sans doute cette générosité publique n’est-elle pas pour rien dans la reprise de l’emploi. Les zombies sont plus vivants que jamais.

      Mais cette situation n’améliore pas pour autant celle des salariées et salariés, en lutte constante pour leur survie, dans ces entreprises qui exercent une pression sur les rémunérations et les conditions de travail. Ce n’est pas pour rien que les problèmes liés à l’intensification du travail sont de plus en plus fréquents dans les sociétés occidentales. Il faut gagner là où cela est possible de plus en plus de productivité, mais si ces gains sont minimes voire nuls, la pression sur le personnel est immense.
      Lorsque survient l’inflation importée par un choc externe, la pression sur ces entreprises et leurs salariés se fait encore plus forte. Une partie des entreprises peuvent augmenter leurs prix, mais sans gains de productivité, cette augmentation n’est pas redistribuée au personnel mais utilisée pour redistribuer aux actionnaires ou investir dans les activités de contrôle et de circulation.

      On a la preuve de ce phénomène en regardant la nature de l’investissement au premier semestre en France. Sur les six premiers mois de l’année, l’acquis de croissance de l’investissement en biens manufacturés du secteur privé non financier, autrement dit l’investissement productif, est de - 2,2 %, le même acquis pour l’investissement en services marchands est de + 5,4 %. Et les postes « services aux entreprises » et « information-communication » mènent la hausse.

      Le plein emploi répressif

      Dès lors, les créations d’emplois s’expliquent, mais aussi l’incapacité de ces créations à tirer les salaires vers le haut. Car la situation de contradiction interne sur les salariés se poursuit plus que jamais. Se met alors en place un système où le salarié est piégé : inflation ou pas, il est toujours trop cher (comme l’est la protection sociale).

      On semble donc assister à une nouvelle forme de « plein emploi ». Jusqu’ici, le #plein_emploi était la terreur des classes dirigeantes. En 1943, dans un texte célèbre, Aspects politiques du plein emploi, l’économiste Michał Kalecki estimait que les classes dominantes ne pouvaient accepter le plein emploi, qui renversait le rapport de force naturel au sein du capitalisme. La crise des années 1970 est venue confirmer cette analyse qui, au reste, était traduite sur le plan économique par la courbe de Phillips.
      Qu’en est-il aujourd’hui ? Cette crainte du plein emploi est toujours d’actualité, on l’a vu, et les banques centrales mènent une politique de lutte contre l’inflation en tentant de faire remonter le chômage. Mais le plein emploi a pris aujourd’hui une nouvelle forme et cela change tout.
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      Par la nature des emplois créés et la situation d’un capitalisme de bas régime, le plein emploi actuel prend une forme particulière. Il ne renforce pas le pouvoir des salariés, mais au contraire les maintient dans des logiques de faibles rémunérations et de conditions de travail dégradées.

      Certes, ceci conduit à des formes de rébellion qui peuvent entraîner des pénuries de main-d’œuvre dans certains secteurs. Mais ces pénuries n’amènent pas pour autant de vrai changement en termes de situation des travailleurs parce que le tissu économique, soumis à la pression de la faible productivité, ne le supporte pas.

      Aussi voit-on émerger une situation nouvelle : le plein emploi dans le capitalisme de bas régime est un plein emploi répressif qui permet de justifier des politiques antisociales et n’est pas synonyme d’améliorations salariales. Pour contraindre les travailleurs à accepter les emplois mis sur le marché sans broncher dans les conditions dictées par le capital, l’État renforce alors les contraintes sur le monde du travail.

      La politique de l’actuel gouvernement français en est l’illustration parfaite : les créations d’emplois le conduisent à proclamer la nécessité de « travailler plus » et lui permettent de justifier une réforme répressive de l’#assurance-chômage et du #RSA.

      En réalité, on peut même imaginer que les deux réalités se chevauchent : pour imposer ce plein emploi répressif, une poussée de chômage n’est pas inutile. Elle permet de discipliner à nouveau le monde du travail et de l’amener à se contenter de ce que lui donne le capital. Ceci doit sans doute inciter à modifier la réflexion de Kalecki : ce que les classes dominantes refuseront toujours politiquement, c’est un plein emploi qui remet en cause leur pouvoir. Mais l’émergence d’un plein emploi qui le renforce est désormais un fait nouveau à prendre en considération.

      #chômeurs #chômage

  • Oluja 27 anni dopo, le voci e i silenzi di chi è tornato
    https://www.balcanicaucaso.org/aree/Croazia/Oluja-27-anni-dopo-le-voci-e-i-silenzi-di-chi-e-tornato-219885

    A 27 anni dalla famigerata operazione militare Oluja (Tempesta) sono pochi i cittadini e le cittadine di nazionalità serba che hanno fatto ritorno nei luoghi dai quali sono stati cacciati in massa nel 1995. In questo reportage alcuni di loro raccontano di come si vive oggi

    • Posljednji tango u Đevrskama
      –-> Dernier tango à #Đevrskama
      https://www.youtube.com/watch?v=NVR9XVrsLqU

      –-> dans l’article :

      Stavamo seduti in quel bar proprio il giorno in cui il cantante #Arsen_Dedić avrebbe compiuto 84 anni. Speriamo che la sua celebre canzone “L’ultimo tango a Đevrske “ – in cui, con un linguaggio scarno, quasi popolare, ma al contempo ingegnosamente scherzoso, decanta i villaggi dell’entroterra di Šibenik (Sebenico), salvandoli così dall’oblio – ci possa essere di aiuto quando decidiamo di avventurarci alla scoperta della via Đevrske – che pur avendo molti numeri civici, ma sempre meno abitanti – preserva ancora qualche briciola di quel semplice fascino meditterraneo, al contempo aspro e soave, come il profumo della lavanda, qualcosa di quell’atmosfera caratteristica della musica di Arsen preannunciando un tango, anche se a Đevrske al tango di Arsen si sono succeduti altri balli.

      “È una lama a doppio taglio, ne abbiamo discusso più di una volta. Cosa intendeva dire con quella canzone? Qui per un certo tempo c’era un disco bar, piuttosto famoso, vi si sono esibiti tutti i muscisti famosi dell’ex Jugoslavia. Si chiamava ‘Disko 9’. O forse il motivo che lo spinse a comporre quella canzone fu il 5 agosto e ‘Oluja’”, si chiede Rajko Mandić, consigliere del consiglio comunale di Kistanje, ormai al suo secondo mandato.

      #Devrskama #chanson ##Arsen_Dedic #musique

  • Prédire les flux migratoires grâce à l’intelligence artificielle, le pari risqué de l’Union européenne
    https://disclose.ngo/fr/article/union-europeenne-veut-predire-les-flux-migratoires-grace-a-lintelligence-a

    Depuis plusieurs mois, l’Union européenne développe une intelligence artificielle censée prédire les flux migratoires afin d’améliorer l’accueil des migrants sur son sol. Or, selon plusieurs documents obtenus par Disclose, l’outil baptisé Itflows pourrait vite se transformer en une arme redoutable pour contrôler, discriminer et harceler les personnes cherchant refuge en Europe. Lire l’article

    • C’est un logiciel qui pourrait sa place dans une dystopie. Une intelligence artificielle capable de compiler des milliers de données afin de prédire des flux migratoires et identifier les risques de tensions liées à l’arrivée de réfugiés aux frontières de l’Europe. Son nom : Itflows, pour « outils et méthodes informatiques de gestion des flux migratoires ». Financé à hauteur de 5 millions d’euros par l’Union européenne et développé par un consortium composé d’instituts de recherche, d’une société privée (Terracom) et d’organisations caritatives, Itflows qui est en phase de test devrait rentrer en service à partir d’août 2023. Et ce, malgré des alertes répétées quant aux risques de détournement de ses capacités prédictives à des fins de contrôle et de restrictions des droits des réfugiés sur le sol européen.

      Encore méconnu, ce programme doit venir compléter un dispositif technologique destiné à la surveillance des frontières, notamment espagnoles, italiennes et grecques. Financé sur le budget d’« Horizon 2020 », le programme de recherche et d’innovation de l’Union européenne, Itflows s’ajoutera alors aux drones de surveillance autonome, aux détecteurs de mensonges dans les zones de passages ou à l’utilisation de logiciels d’extraction de données cellulaires.

      D’après notre enquête, les deux ONG contribuent à nourrir l’intelligence artificielle de Itflows en lui fournissant des informations précieuses. Des données directement issues d’entretiens réalisés dans des camps de réfugiés, auprès de Nigérians, de Maliens, d’Érythréens ou encore de Soudanais. Il pourra s’agir d’éléments liés à l’origine ethnique, l’orientation sexuelle ou encore la religion des personnes interrogées. Pour leur contribution, les branches italiennes de la Croix-Rouge et d’Oxfam ont respectivement reçu 167 000 euros et 116 000 euros de fonds publics européens.

      « Nous avons contribué à réaliser trente entretiens de migrants arrivés en Italie au cours des six dernières années », confirme la Croix rouge Italie, sollicitée par Disclose. Une fois analysées, puis rendues accessibles via une application baptisée EUMigraTool, ces informations serviront aux autorités italiennes dans leur analyse « des routes migratoires et des raisons qui poussent les gens à faire le voyage », ajoute l’association. Même son de cloche du côté de Oxfam Italie, qui salue l’intérêt pour « les responsables politiques des pays les plus exposés aux flux migratoires. » Les dirigeants pourront également s’appuyer sur l’analyse des risques politiques liés à l’arrivée de migrants sur leur sol. Le projet inclut en effet la possibilité d’étudier l’opinion publique dans certains pays européens vis-à-vis des migrants à travers une veille sur le réseau social Twitter.
      Des rapports internes alarmants

      En réalité, les risques de détournement du programme existent bel et bien. C’est ce que révèlent des rapports internes (https://www.documentcloud.org/projects/logiciel-itflows-208987) au consortium que Disclose a obtenu à la suite d’une demande d’accès à des documents administratifs. Lesdits rapports, datés de janvier et juin 2021, ont été rédigés par les membres du comité éthique du projet Itflows. Leurs conclusions sont alarmantes. Le premier document, une somme de 225 pages, révèle que « le consortium Itflows est pleinement conscient des risques et des impacts potentiels en matière de droits de l’homme, que les activités de recherche empirique sur les migrations (…) et les développements technologiques prévus dans le projet peuvent poser ». Plus loin, les auteurs enfoncent le clou. Selon eux, les informations fournies par l’algorithme pourraient servir, si elles devaient être utilisées « à mauvais escient », à « stigmatiser, discriminer, harceler ou intimider des personnes, en particulier celles qui sont vulnérables comme les migrants, les réfugiés et les demandeurs d’asile ».

      Cinq mois plus tard, le comité éthique rend un second rapport. Il détaille un peu plus le danger : « Les États membres pourraient utiliser les données fournies pour créer des ghettos de migrants » ; « risque d’identification physique des migrants » ; « discrimination sur la base de la race, du genre, de la religion, de l’orientation sexuelle, d’un handicap ou de l’âge » ; « risque que les migrants puissent être identifiés et sanctionnés pour irrégularités ». Et le régulateur d’alerter sur un autre péril : la poussée des « discours de haine » que pourrait induire une éventuelle diffusion des prédictions du logiciel dans « les zones où les habitants sont informés de déplacements » de populations.
      L’Europe fait la sourde oreille

      Des alertes qui ne semblent pas avoir été entendues. Comme en atteste un bilan dressé lors d’une réunion (https://www.documentcloud.org/documents/22120596-emt-symposium-agenda-16-sep-2021?responsive=1&title=1) en ligne le 16 septembre 2021 par la coordinatrice du comité éthique de Itflows, #Alexandra_Xanthaki, devant des responsables européens, dont #Zsuzsanna_Felkai_Janssen, rattachée à la direction générale des affaires intérieures de la Commission. « Nous avons passé six mois à travailler jour et nuit pour rédiger un rapport instaurant un cadre qui intègre les droits de l’homme », débute la responsable du comité éthique, selon un enregistrement que Disclose s’est procuré. Elle poursuit : « Il me semble pourtant que ce que disent les techniciens de l’équipe aujourd’hui c’est : nous n’en tenons pas compte ». Un manque de précaution qui inquiète jusqu’au sein du conseil d’administration d’Itflows. Joint par Disclose, Alexander Kjærum, analyste pour le conseil danois pour les réfugiés et membre du conseil de surveillance estime en effet qu’il existe « un risque important que des informations se retrouvent entre les mains d’États ou de gouvernements qui les utiliseront pour implanter davantage de barbelés le long des frontières. »

      Sollicitée, la coordinatrice du programme, #Cristina_Blasi_Casagran, assure que le logiciel « ne sera pas utilisé à mauvais escient ». Selon elle, Itflows « devrait même faciliter l’entrée des migrants [dans l’Union européenne] en permettant une meilleure affectation des ressources engagées dans l’#accueil ».

      #Frontex inquiète

      Un dernier point vient renforcer le risque d’un détournement du logiciel : l’intérêt de Frontex pour Iflows. D’après des documents internes, l’agence en charge de la surveillance des frontières de l’UE suit étroitement les avancées du programme. Jusqu’à y contribuer activement via la fourniture de données récoltées dans le cadre de ses missions. Or, depuis plusieurs années, l’agence européenne est régulièrement accusée d’expulsions illégales et de violations des droits de l’homme. Interrogée sur ce point, l’ONG Oxfam considère qu’il n’y a pas de risque de détournement du logiciel au profit de l’agence. La branche italienne de la Croix rouge déclare quant à elle que « la convention de subvention régissant la mise en œuvre du projet Itflows ne désigne pas Frontex comme utilisateur de l’outil, mais simplement comme source de données ouvertes ». En 2021, Frontex a élu l’interface Itflows parmi les projets d’Horizon 2020 au « potentiel opérationnel et innovant » le plus élevé.

      #AI #IA #intelligence_artificielle #complexe_militaro-industriel #asile #migrations #frontières #EU #UE #Union_européenne #prédiction #Itflows #contrôle #logiciel #risques #Terracom #surveillance #Espagne #Italie #Grèce #horizon_2020 #camps_de_réfugiés #Croix-Rouge #Oxfam #religion #origine_ethnique #ethnie #orientation_sexuelle #données #EUMigraTool #risques #risques_politiques #twitter #réseaux_sociaux #opinion_publique #technologie #algorithme #discrimination #identification #Croix_Rouge

      ping @reka @isskein @karine4 @_kg_

  • « Nous, démissionnaires » : enquête sur la désertion d’en bas
    https://www.frustrationmagazine.fr/enquete-desertion

    Les discours vibrants d’étudiants d’une grande école d’ingénieurs agronomes, au moment de la remise de leur prestigieux diplôme, qui déclarent ne pas vouloir suivre la voie royale que notre société de classe leur réserve, ont eu un grand retentissement. Or, si la désertion d’une petite frange de nos élites est un événement, elle masque trop souvent la désertion d’en bas, moins flamboyante mais parfois plus héroïque, des membres de la classe laborieuse. Elle survient actuellement dans tous les secteurs, de la restauration à l’informatique en passant par l’Éducation nationale ou l’associatif. Les démissionnaires d’en bas disent beaucoup du dégoût du travail et de la vie sous le capitalisme. Ils remettent en question avec force la façon dont on produit, dirige et travaille dans ce pays comme ailleurs. Ils (...)

  • Les montres intelligentes donnent des maux de tête aux médecins Violette Cantin - Le Devoir
    https://www.ledevoir.com/societe/733443/vigie-numerique-les-montres-intelligentes-donnent-des-maux-de-tete-aux-med

    Sébastien Marin, médecin de famille à l’urgence de l’hôpital Barrie Memorial, a témoigné mardi sur Twitter d’un diagnostic qu’il émet de plus en plus souvent : une Apple Watch défectueuse.

    Votre montre intelligente vous a récemment averti que vous ne dormiez pas suffisamment ou que votre fréquence cardiaque était anormalement élevée ? Prenez garde : elle n’est pas la meilleure conseillère quant à votre santé, préviennent deux spécialistes contactés par Le Devoir.

    Sébastien Marin, médecin de famille à l’urgence de l’hôpital Barrie Memorial, a fait part mardi sur Twitter d’un diagnostic qu’il pose de plus en plus souvent : une Apple Watch défectueuse.
    On a un nouveau diagnostique a l’urgence depuis quelques temps : “Apple watch défecteuse” .

 Pleins de gens viennent bien stressés car leurs Apple Watch indiquent des fréquences cardiaques a 140 bpm mais lorsque on la mesure, c’est 60 ????????‍♂️
    -- Sébastien Marin (@SebMarinMD) July 12, 2022

    « Des gens qui viennent attendre six heures aux urgences après avoir reçu une indication de leur montre, j’en ai vu souvent dans les deux ou trois derniers mois », raconte le Dr Marin. Il cite en exemple une montre qui indiquerait une saturation en oxygène du sang trop faible ou des battements de coeur trop rapides. « Les gens commencent à avoir peur s’ils ont l’impression que leur fréquence cardiaque n’est pas bonne », relève le médecin, qui dit les rassurer autant que possible.

    En cas de doute, la meilleure option demeure de guetter d’éventuels symptômes ou de mesurer sa fréquence cardiaque à la pharmacie avant de recourir au système de santé, note-t-il.

    Le sommeil n’est pas en reste
    Les montres intelligentes donnent aussi des informations sur le cycle de sommeil de leurs utilisateurs. Et ici aussi, ces indications peuvent poser problème.
     
    « Il faut mettre un grain de sel sur la fiabilité de ces montres, qui est modeste », indique le Dr Milan Nigam, neurologue et somnologue à l’hôpital du Sacré-Coeur de Montréal. Il dit lui aussi voir de plus en plus de patients inquiétés par les avertissements de leur montre intelligente. « En tant que médecin du sommeil, je ne peux qu’être content que les gens s’y intéressent davantage. Ils veulent s’outiller pour savoir comment l’améliorer, mais il peut y avoir des effets pervers à ça. »

    Il mentionne par exemple une montre qui indiquerait à une personne qu’elle n’a pas dormi suffisamment, ce qui peut la pousser à rester au lit plus longtemps, même si elle ne dort pas. « Mais quand on étire la durée du sommeil sur une plus longue période, le sommeil va être de moindre qualité », explique-t-il. À long terme, ces indications peuvent donc engendrer des comportements « délétères » chez certaines personnes.

    Cette quête obsessionnelle d’un sommeil parfait a même un nom : l’orthosomnie. « Ça arrive quand on devient trop préoccupé et anxieux par rapport à notre sommeil », précise-t-il, ajoutant que les indications des montres intelligentes peuvent devenir une source d’anxiété.

    Son conseil pour les gens qui croient souffrir d’un problème de sommeil ? Consulter leur médecin. « Les technologies [des montres intelligentes] ne sont pas si mal pour donner une approximation de la durée de notre sommeil, mais ça demeure modeste par rapport à ce qu’on peut faire dans un laboratoire.

     #santé #sante #surveillance #santé_publique #algorithme #apple #surveillance #algorithme #bigdata #gafam #technologisme #profiling #croyance #croyances #montres #objets_connectés

  • Slovenia e flussi migratori: via il filo spinato, arrivano i droni
    https://www.balcanicaucaso.org/aree/Slovenia/Slovenia-e-flussi-migratori-via-il-filo-spinato-arrivano-i-droni-219

    Il nuovo governo sloveno ha promesso, entro fine hanno, la rimozione delle famigerate barriere di filo spinato anti-migranti al confine con la Croazia. Non sarà un “liberi tutti”, ma solo la sostituzione di un rozzo meccanismo di controllo con altri più sofisticati

    • La Slovénie, la frontière et les réfugiés : des drones à la place des barbelés

      Le 15 juillet, le nouveau gouvernement slovène de gauche a entrepris la destruction du « mur » de barbelés érigé sur les frontières du pays avec la Croatie. Cela ne veut pas dire que celles-ci seront moins surveillées, bien au contraire : après les barbelés, place aux drones !

      Les premiers rouleaux de fil de fer barbelé à la frontière avec la Croatie avaient été posés en novembre 2015 près de Rigonce, dans le sud de la Styrie, un village qui était devenu l’une des principales voies d’accès à la Slovénie le long de la route des Balkans. Ensuite, les barrières se sont étendues sur toute la frontière, au grand étonnement de la population locale, qui a vu les soldats du génie militaire arriver pour placer des « barrières techniques » parfois jusque dans les jardins ou les cours des maisons. Cela n’avait pas manqué de soulever de vives protestations en Croatie et quelques manifestations symboliques ont été organisées ces dernières années le long de la frontière. La dernière a eu lieu au début de ce mois en Carniole Blanche (Bela Krajina), où des organisations non gouvernementales, l’office local du tourisme et des institutions culturelles ont descendu un tronçon de la rivière Kolpa avec une trentaine de bateaux, pour appeler le gouvernement à ôter sans attendre les barrières et à changer de politique de contrôle aux frontières.
      Durant la campagne électorale, le centre-gauche avait promis qu’en cas de victoire, il retirerait très rapidement les barbelés. Au lendemain de la victoire, certains se disaient même prêts, non sans enthousiasme, à former des équipes de volontaires pour aller détruire les barrières. Le gouvernement de Robert Golob s’est néanmoins empressé de dire aux citoyens de ne pas se ruer à l’assaut de ces clôtures honnies…

      Les 200 km de barbelés et les panneaux anti-migrants entre la Slovénie et la Croatie seront entièrement supprimés d’ici la fin de l’année, a confirmé le gouvernement. Le 15 juillet, les premiers mètres de la barrière ont été symboliquement retirés près du poste frontière de Krmačina, dans le sud-est du pays, en présence des représentants du ministère de l’Intérieur et de la police slovène. Peu avant, la ministre de l’Intérieur, Tatjana Bobnar, avait déclaré devant le Parlement que ces barrières seraient supprimées, afin que « plus personne ne meure en essayant de traverser la frontière ». La dernière victime en date est une jeune fille kurde qui s’est noyée en décembre dernier dans la Dragonja, le petit fleuve côtier qui sépare la Slovénie de la Croatie en Istrie. En tout, 23 personnes au moins sont mortes sur le sol slovène en tentant de remonter la route des Balkans. Selon les organisations qui s’occupent de l’aide aux migrants, les obstacles ont rendu la traversée des rivières plus difficile, augmentant les risques de noyade, surtout en hiver ou quand le niveau des eaux est élevé.

      “Il n’est nullement question d’ouvrir la frontière mais seulement de remplacer un mécanisme de contrôle rudimentaire par d’autres moyens plus sophistiqués.”

      Pour les ONG, cependant, le problème ne tient pas seulement aux barrières, mais surtout à l’attitude hostile contre les réfugiés adoptée par les institutions et la police, qui agissent de manière arbitraire en faisant obstacle aux demandes d’asile et en procédant à des refoulements forcés. Une stratégie qui n’a jamais été ouvertement assumée, mais qui a été mise en place dès le début de la crise, en 2015, par le gouvernement centriste de Miro Cerar. À l’époque, la Slovénie, qui redoutait de devenir un cul-de-sac pour les réfugiés syriens fuyant la guerre, avait lancé toute une série de mesures pour protéger l’ordre public, dont l’attribution à l’armée de tâches de contrôle des frontières ou même des manifestations. L’achat de canons à eau très modernes pour la police n’avait alors même pas fait débat. Ces gadgets ont été largement utilisés par l’ancien gouvernement conservateur pour réprimer les manifestations antigouvernementales et les protestations contre les restrictions imposées pendant l’épidémie de Covid-19.

      La suppression des barrières ne va certainement pas marquer un tournant décisif dans l’attitude des Slovènes envers les réfugiés. En résumé, il n’est nullement question d’ouvrir la frontière mais seulement de remplacer un mécanisme de contrôle rudimentaire par d’autres moyens plus sophistiqués. L’accord de coalition prévoit en effet le remplacement des barbelés par le renforcement de dispositifs de contrôle alternatifs, comme des systèmes de vidéosurveillance et des drones.

      Ljubljana ne veut pas du tout donner l’impression d’avoir lâché prise, mais la Slovénie tient au contraire à montrer qu’elle veut continuer à s’engager dans la lutte contre les migrations clandestines. Cela ne semble pourtant pas trop convaincre les Autrichiens, qui ont suspendu de facto le régime Schengen avec la Slovénie et ont « provisoirement » rétabli les contrôles aux frontières, depuis 2015. Les protestations de Ljubljana demandant le retour de l’ouverture de la frontière n’ont pas eu d’effets, et se sont heurtées aux réponses plutôt méprisantes de Vienne, où l’on ne cesse de répéter que le flux de migrants en provenance de Slovénie augmente.

      Schengen pour améliorer les relations de voisinage
      La situation devrait toutefois s’améliorer, au moins entre la Slovénie et la Croatie, mais pas à cause de la suppression des barrières. La frontière, établie il y a plus de trente ans, lors de la proclamation d’indépendance des deux pays, était initialement présentée comme une ligne de démarcation provisoire, mais elle est rapidement devenue une véritable frontière d’État. Les contrôles devraient être suspendus entre les deux pays l’année prochaine, quand la Croatie rejoindra à son tour l’espace Schengen. Une véritable libération pour les frontaliers qui, surtout en été et pendant les vacances, sont obligés de passer des heures et des heures dans les files d’attente pour pouvoir aller travailler ou rentrer chez eux. En trente ans, les deux pays n’ont pratiquement rien fait pour améliorer ce transit. L’adhésion de la Croatie à l’espace Schengen sera aussi un moyen de rétablir le dense réseau de relations qui existe au sein des populations locales, des deux côtés de la frontière. Les contacts n’ont jamais été complètement interrompus, mais s’étaient beaucoup compliqués, dans une zone qui par le passé n’avait jamais été divisée par une frontière.

      https://www.courrierdesbalkans.fr/La-Slovenie-la-frontiere-et-les-refugies-des-drones-a-la-place-de

    • Droni di pattugliamento al confine italo sloveno

      Droni di pattugliamento al confine italo sloveno, questa la recente notizia. I pattugliamenti dovrebbero iniziare entro un mese.

      L’idea ancora allo studio prevede l’inizio di un pattugliamento congiunto fra Italia e Slovenia per il controllo dell’immigrazione in continua crescita sulla rotta balcanica, questo è quanto emerso da una serie di incontri fra il nostro Ministro dell’Interno Luciana Lamorgese, e l’omologo ministro sloveno Aleš Hojs.

      L’iniziativa è stata promossa dal nostro Paese, che ha chiesto una collaborazione al governo sloveno per contrastare un flusso sempre crescente di immigrati clandestini che giungono in Italia senza i regolari permessi. Il nostro governo ha dichiarato di voler utilizzare visori notturni e droni di pattugliamento per migliorare e rendere più efficace le operatività delle forze dell’ordine che spesso si svolgono in zone impervi del confine italo-sloveno.

      Il ministro Lamorgese ha dichiarato che le zone di pattugliamento via terra e con droni riguarderanno principalmente le aree di Trieste e Udine dove si hanno maggiori riscontri di immigrazione clandestina. “Ci aspettiamo che le pattuglie congiunte diano risultati concreti” ha detto il ministro solveno Hojs che conferma l’impegno della Polizia slovena a svolgere controlli più serrati e precisi di tutta l’area di loro competenza. Il territorio sloveno è infatti un’are adi particolare transito di immigrati verso l’Italia e l’Europa in generale.

      Tra i primi a commentare l’incontro di Brdo è stata Tatjana Rojc, componente della commissione Esteri al Senato italiano, la quale ha dichiarato: “La ripresa delle pattuglie miste sul confine italo-sloveno conferma la volontà di collaborazione concreta che c’è tra i due Paesi – afferma la senatrice, e aggiunge “Credo sia da condividere anche l’accelerazione dell’ingresso della Croazia nell’area Schengen, come indicato dalla Commissione europea nella nuova strategia Ue che prevede misure per proteggere la libertà di movimento e la sicurezza dei confini allo stesso tempo“.

      https://www.droneblog.news/droni-di-pattugliamento-al-confine-italo-sloveno
      #drones

  • Première étape dans la mise en œuvre graduelle du #Pacte_européen_sur_la_migration_et_l’asile : mode opératoire d’un mécanisme de #solidarité_volontaire

    Nous, les ministres chargés des questions migratoires d’Allemagne, de Belgique, de Bulgarie, de Chypre, de Croatie, d’Espagne, de Finlande, de France, de Grèce, d’Irlande, d’Italie, de Lituanie, du Luxembourg, de Malte, des Pays-Bas, du Portugal, de République tchèque, de Roumanie, de Norvège de Suisse et du Liechtenstein, en présence de la Commission européenne :

    conscients de la nécessité de mettre en place, dans le cadre de la première étape de la mise en œuvre graduelle du Pacte européen sur la migration et l’asile et parallèlement à l’adoption d’approches générales ou de mandats de négociations sur les règlements « filtrage » et « Eurodac », un mécanisme temporaire de solidarité visant à apporter une réponse concrète aux difficultés migratoires que rencontrent les États membres de première entrée du bassin méditerranéen ;

    conscients du fait que les défis migratoires auxquels fait face l’UE ont été exacerbés par l’agression de la Russie contre l’Ukraine qui a provoqué, ces derniers mois, un afflux massif de populations sur le territoire de l’Union, justifiant la mise en place d’une solidarité européenne sans précédent ;

    admettant que certains États membres signataires puissent estimer qu’ils ne sont temporairement pas en capacité de contribuer audit mécanisme en raison de la pression disproportionnée à laquelle ils sont soumis ;

    soulignant que ce mécanisme, quoique temporaire et non-législatif, peut apporter des enseignements utiles à l’établissement du mécanisme permanent prévu par le règlement sur la gestion de l’asile et de la migration proposé par la Commission européenne, et que les leçons ainsi tirées seront prises en compte dans les négociations en cours sur cet instrument ;

    pleinement conscients de la place centrale du principe de solidarité dans le projet européen et, en particulier, dans la politique commune en matière d’asile, d’immigration et de contrôle des frontières extérieures, dont l’application du règlement de Dublin fait partie ;

    nous engageons à mettre en œuvre un mécanisme de solidarité volontaire, simple et prévisible destiné à fournir aux États membres les plus touchés par les flux migratoires du bassin méditerranéen et les plus sous pression, y compris sur la route atlantique occidentale, une assistance adaptée à leurs besoins provenant d’autres États membres en complément du soutien européen, en proposant des relocalisations (méthode privilégiée de solidarité) et des contributions financières sans préjudice du droit de l’Union et en particulier du règlement n° 604/2013 ;

    soulignons, tout en reconnaissant que le caractère volontaire de ce mécanisme permet aux États membres d’émettre des préférences quant à la nature et au montant de leurs contributions, par exemple en ce qui concerne les populations admissibles aux relocalisations (nationalité, vulnérabilité, etc.) ou les États membres bénéficiant de leur solidarité, que les critères communs suivants devront être respectés afin de garantir la prévisibilité du mécanisme :

    – les relocalisations doivent s’appliquer en priorité aux États membres confrontés aux débarquements de migrants consécutifs à des opérations de recherche et de sauvetage en mer sur la route méditerranéenne et atlantique occidentale, ainsi qu’à d’autres situations pour prendre en compte la situation actuelle de Chypre ou d’éventuelles évolutions dans les îles grecques ;
    – les relocalisations doivent être proposées en priorité aux personnes en besoin de protection internationale, à commencer par les plus vulnérables ;
    - un volume de relocalisations annuel total sera défini afin de garantir la prévisibilité du mécanisme ;
    – chaque État membre contributeur devrait présenter un engagement en matière de relocalisation avec une cible indicative de relocalisations établi sur la base de sa population et de son PIB[1], tout en conservant la possibilité de dépasser cette part ;
    – en cas de pression disproportionnée sur un État membre et son système d’accueil résultant de flux secondaires, compte tenu de la coopération prévue par le système de Dublin, cet État membre devrait pouvoir invoquer cette situation pour revoir temporairement son engagement en matière de relocalisation ;

    nous engageons, lorsqu’un État membre fait volontairement le choix de participer à la solidarité collective non par une relocalisation mais par une contribution financière à un État membre bénéficiaire ou à des projets dans des pays tiers pouvant avoir une incidence directe sur les flux aux frontières extérieures de l’UE, à respecter les modalités suivantes :

    – les principes énoncés ci-dessus, concernant le calcul de la contribution indicative de chaque État membre ainsi que la possibilité de revoir temporairement celle-ci en cas de pression migratoire disproportionnée, devraient s’appliquer ;
    – une contribution indicative minimale sera prévue pour chaque État membre participant, afin que la contribution totale cible ne soit pas excessivement réduite si un petit nombre d’États membres participent à la relocalisation, et pour affirmer la priorité de la relocalisation sur les contributions financières dans le cadre de ce mécanisme de solidarité ;
    - des transferts financiers directs seront réalisés entre États membres, par souci de simplicité budgétaire ;
    - la Commission sera appelée, après consultation des États membres contributeurs et bénéficiaires, à déterminer les États membres qui devraient recevoir cette aide financière ;

    appelons la Commission européenne, en collaboration étroite avec les États membres et avec le soutien des agences, à garantir la bonne coordination du mécanisme et à veiller au respect des engagements pris par les parties signataires ; ce rôle de coordination implique également la réalisation d’un recensement complet des besoins des États membres de première entrée, y compris les besoins de financement de projets dans des pays tiers ; la Commission évaluera les transferts financiers à réaliser afin de répondre à ces besoins et contrôlera leur utilisation ;

    convenons que, sur la base des besoins exprimés par les États membres de première entrée, les États membres qui souhaitent participer peuvent leur fournir des aides en matière de services, de personnel, d’infrastructures (dans des domaines comme l’accueil, la surveillance des frontières, le contrôle, la rétention et le retour) ; cette solidarité matérielle sera comptabilisée comme une solidarité financière, conformément aux besoins évalués par la Commission ;

    précisons que l’ensemble du mécanisme de solidarité est ouvert aux États associés ;

    convenons que le mécanisme de solidarité sera applicable à compter de la signature de la présente déclaration, mais que les contributions de solidarité commenceront, sous réserve que le recensement des besoins ait été réalisé par la Commission, dès le moment où le Conseil aura convenu de mandats de négociations ou d’approches générales sur les propositions de règlements « filtrage » et « Eurodac » ; néanmoins, des personnes arrivées sur le territoire de l’UE avant cette date pourraient être relocalisées, et des personnes arrivées après cette date pourraient faire l’objet d’un engagement de relocalisation ; les relocalisations devraient bénéficier d’un financement de l’UE et de l’assistance de l’AUEA, conformément au mandat de cette dernière, sur demande des États membres concernés ;

    convenons d’évaluer la mise en œuvre de ces engagements avant l’expiration du mécanisme, un an après son entrée en vigueur, afin de décider de son éventuelle prolongation, en tenant compte des avancées réalisées dans l’adoption et la mise en œuvre des règlements « filtrage » et « Eurodac », de l’évolution des flux migratoires primaires et de l’efficacité de la prévention des flux secondaires (notamment par le règlement de Dublin) ; un examen préliminaire sera réalisé six mois après l’adoption des approches générales de ces règlements et le début des opérations de solidarité ; les répercussions possibles de ce mécanisme sur les flux migratoires seront étudiées, et l’extension de la portée du mécanisme sera envisagée ;

    nous engageons à renforcer la coopération autant que possible pour ralentir les flux migratoires secondaires en accélérant les transferts organisés en vertu du règlement de Dublin, tout en reconnaissant qu’il est primordial de veiller à ce que les personnes bénéficiant d’une protection internationale disposent d’une mobilité légale entre États membres et que les dispositions pertinentes du Pacte devraient être examinées dans ce contexte ;

    affirmons notre volonté de conclure rapidement cette première étape de la négociation du Pacte européen sur la migration et l’asile, dont la présente déclaration constitue un élément essentiel, et de poursuivre dès que possible les négociations relatives à tous les éléments du Pacte, au sein du Conseil et avec le Parlement, afin de doter l’Union du cadre législatif stable dont elle a besoin pour répondre aux défis futurs en matière d’asile et de migration.

    [1]. Cette part est calculée en multipliant le nombre total de relocalisations pour l’État membre par la moyenne de son PIB par rapport au PIB total des États membres de relocalisation et de sa population par rapport à la population totale des États membres de relocalisation.

    https://presidence-francaise.consilium.europa.eu/fr/actualites/premiere-etape-dans-la-mise-en-oeuvre-progress

    –---

    Pour rappel, la relocalisation version #2015 (un #échec) :
    Relocalisation : des annonces à la réalité, une comptabilité en trompe-l’œil

    Dans un euphémisme dont les fonctionnaires européens ont le secret, le douzième rapport de la Commission européenne sur les relocalisations publié le 16 mai souligne que la « tendance positive » se poursuit. Concrètement, cela signifie que 2078 opérations supplémentaires ont eu lieu depuis le rapport du 12 avril, portant à 18’418 le nombre total de personnes relocalisées depuis septembre 2015 (5711 pour l’Italie et 12’707 pour la Grèce).

    –-> pour rappel, l’UE avait promis 160’000 relocalisations dans le cadre de ce mécanisme...

    https://asile.ch/2017/06/10/aedh-relocalisation-annonces-a-realite-comptabilite-trompe-loeil

    #asile #migrations #réfugiés #relocalisations #relocalisation (#relocalisation_bis) #EU #Europe #UE #filtrage #eurodac #pression #mécanisme #Dublin #règlement_Dublin #mécanisme_de_solidarité_volontaire #assistance #contributions_financières #tri #catégorisation #vulnérabilité #flux_secondaires #mouvements_secondaires #pacte_européen #2022 #Europe #EU #UE #demandeurs_d'asile #voluntary_solidarity_mechanism

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    ajouté à la métaliste sur le pacte :
    https://seenthis.net/messages/1019088

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    • Croatia announced that it would receive about 60 refugees through relocations from Greece, Italy and Cyprus initiated by France
      Hrvatska pomaže u preseljenju, prihvatit će oko 60 azilanata

      Ova inicijativa o relokaciji azilanata dolazi baš iz Francuske, koja do kraja mjeseca predsjeda Vijećem EU, i potpuno je na dobrovoljnoj bazi, s ciljem da se privremeno odterete najpogođenije države.

      Tek nekoliko europskih država ponudilo je pomoć za relokaciju tražitelja azila koji stižu na obale Mediterana, prije svega u Italiju, Grčku i na Cipar. Hrvatska je jedna od tih država i prihvatit će 60-ak azilanata, doznajemo. Ostale države koje su im ponudile mjesta su Francuska, Njemačka, Portugal i Irska.

      Dobrovoljne prijave za relokaciju tražitelja azila još traju, a one su pravi znak da proklamirana solidarnost unutar EU izgleda na djelu – rubne države, i prije početka migrantske krize, trpe najveći migrantski pritisak i cilj i ove inicijative jest da se podijeli teret. Hrvatska, osim te važne komponente solidarnosti, ovim podržava i Francusku i njezinu širu inicijativu reformiranja sustava azila, o kojem se pregovara, što opet ide u korist hrvatskom cilju – ulasku u Schengen. Ta deklaracija o pomoći državama i tražiteljima azila usvojena je na zadnjem sastanku ministara unutarnjih poslova u Luxembourgu.

      Prihvat ili novčana pomoć Ova inicijativa o relokaciji azilanata dolazi baš iz Francuske, koja do kraja mjeseca predsjeda Vijećem EU, i potpuno je na dobrovoljnoj bazi, s ciljem da se privremeno odterete najpogođenije države. Ni jedna ponuda ne znači obvezu. EU države imaju opciju preuzeti migrante ili dati financijsku pomoć, o čemu je postignut dogovor na nedavnom sastanku ministara unutarnjih poslova u Luxembourgu. Ta usvojena politička deklaracija, kako se i pretpostavljalo, podijelila je europske države na dva dijela: one koje nikako ne žele migrante i platit će da ih ne uzmu, i one koje se solidariziraju s državama koje su najviše na udaru migrantske krize. Do sad je, prema zadnjim aplikacijama, iz EU država došlo između 7000 i 8000 potvrda da bi preuzeli migrante. U tomu prednjače Njemačka i Francuska s njih oko 3000, dok ostale države nude primiti gotovo simboličan broj ljudi. Privremeni plan je godišnje razmjestiti 10.000 ljudi, sve do stvaranje stalnog europskog sustava relokacije. Ovo nije prvi put da se europska proklamirana solidarnost stavlja na stol i da države dobrovoljno preuzimaju teret. Hrvatska je jedna od država koja su se do sada pokazale solidarnima. U ožujku 2020. odlučila je odgovoriti na poziv Grčke te prihvatiti djecu bez pratnje – djecu koja su sama, bez roditelja, rođaka ili skrbnika – iz izbjegličkih kampova na grčkim otocima, koji su zadnjih tih dana bili zasuti dolaskom migranata. Djeca su najranjivija skupina u svakom sukobu, posebice ona koja su iz nekog razloga sama u izbjeglištvu, bilo da su im roditelji stradali ili nestali, bilo da su žrtve krijumčara ljudi pa je pomoć njima ponajprije humanitarno i civilizacijsko pitanje. I tada je samo 14 država odlučilo učiniti isto. Hrvatska je trebala preuzeti 12 djevojčica i jedno novorođenče, obavljene su sve pripreme, djeca su prošla i sigurnosnu provjeru, pripremljeni su kapaciteti i sustav psihosocijalne pomoći da bi se naposljetku dogodio obrat te su djevojčice, pred sam polazak s grčkih otoka, odbile doći u Hrvatsku i odabrale zapadnu Europu. Tada se špekuliralo da su na to bile nagovorene.

      Istovremeno, Hrvatska i dalje štiti vanjsku granicu EU. Pritisak ilegalnih migracija na vanjske granice Europske unije ne staje, a najteža je situacija na tzv. zapadnobalkanskoj ruti, koja vodi i do Hrvatske. Uz najveći broj pokušaja ilegalnog prijelaza EU granica, posebnost na toj ruti je ta što migranti, jednom kad stignu, ostaju u području uz granicu tako da se njihov broj više nego udvostručio u odnosu na lani i sada njih 12.088 blizu Hrvatske čeka da nekako uđe u EU. Za razliku od drugih ruta, migranti na ovoj ruti neprestano pokušavaju prijeći granicu. Budu li vraćeni, jednostavno će pokušati ponovno, kažu iz Agencije za europsku graničnu i obalnu stražu (Frontex). Pomoć na terenu Napredak u reformi migracijske politike i schengenskog zakonika pomoći će Hrvatskoj, kako na terenu, tako i za ulazak u Schengen, jer je riječ o dva procesa koji idu zajedno. Posebice je važno što je impuls za konačan dogovor, o potrebi kojeg se govori godinama, došao iz Francuske te je i toj državi važno imati podršku od članica EU, što ima od Hrvatske. S druge strane, politička pomoć Francuske za ulazak u Schengen među ključnim je momentima procesa. Na zadnjem sastanku ministara unutarnjih poslova postignut je napredak kad je usvojeno zajedničko pregovaračko stajalište o prijedlozima uredbi o registriranju migranata i Eurodacu, europskom sustavu za usporedbu otisaka prstiju podnositelja zahtjeva za azil te uspostavi mehanizma solidarnosti za rasterećivanje država članica na vanjskim granicama koje su najviše pod pritiskom migranata s Mediterana.

      https://m.vecernji.hr/vijesti/hrvatska-pomaze-u-preseljenju-prihvatit-ce-oko-60-azilanata-1596400

      #Croatie

    • First asylum seekers relocated from Italy to France via new EU mechanism

      A group of 38 asylum seekers left Italy for #France last week. They are the first to be relocated under the EU’s new ’voluntary solidarity mechanism.’

      The asylum seekers left Italy for France on Thursday (August 25), according to the Italian interior ministry. France and Italy are among the countries that agreed to take in migrants and refugees from European countries that experience a large number of arrivals. France agreed to take in 3,000 people per year through the EU’s new ’solidarity mechanism’, according to reports from news agency ANSA.

      Before the 38 asylum seekers could leave for France, Italian authorities carried out identification and health checks. The EU asylum agency also registered their international protection applications, while French authorities analyzed individual files, and interviewed asylum seekers. French officials had visited a center for asylum seekers in Bari, southern Italy between July 28 and August 2.

      The EU and the International Organisation for Migration (IOM) reportedly helped in organizing the transfers.
      What is the ’voluntary solidarity mechanism’?

      In June, 21 European countries agreed to take part in a ’voluntary solidarity mechanism’ at a meeting of the European Home Affairs Council in Luxembourg.

      The mechanism seeks to provide EU members states “most affected by migratory flows” with help from other states through the relocation of refugees and financial contributions. The states set to benefit from the agreement are primarily southern European countries bordering on the Mediterranean (like Italy and Greece) and on the Atlantic (namely Spain).
      Italian officials: 10,000 refugees relocated per year

      Through the mechanism, 10,000 people are supposed to be relocated every year, according to Italian officials. The people selected for relocation should primarily be “persons in need of international protection, giving priority to the most vulnerable ones,” the agreement reached by the countries’ interior ministers reads.

      The countries which agreed to participate in the mechanism are:

      - 18 of the 27 member states of the European Union (namely Belgium, Bulgaria, Cyprus, the Czech Republic, Germany, Greece, Spain, Finland, France, Croatia, Ireland, Italy, Lithuania, Luxembourg, Malta, the Netherlands, Portugal, Romania)
      - Three countries not part of the EU but part of the Schengen Area — a mostly border control free area in Europe (Norway, Switzerland, Liechtenstein).

      Germany to take in 3,500 asylum seekers per year

      Germany — the most populous EU country — has agreed to take in the largest number of refugees, followed by France. A total 3,500 people per year will be relocated to Germany, according to the German interior ministry. A delegation of German officials is expected to be visiting Italy in late August to carry out checks on a group of people slated to be relocated to Germany.

      Italy — located across the Central Mediterranean from Libya and Tunisia — is the main destination for migrants and refugees hoping to reach Europe from Africa. Last week, well over 1,000 of people arrived on Italy’s shores. In 2021, more than 67,000 people arrived in the country via sea alone.

      https://www.infomigrants.net/en/post/42929/first-asylum-seekers-relocated-from-italy-to-france-via-new-eu-mechani

      #Italie

  • Par les temps qui courent, c’est pas tous les jours qu’un Etat décide de démanteler un mur...
    Slovenia to dismantle border fence with Croatia

    Slovenia has announced that it will be taking down its border fence on the Croatian border by the end of the year. The Interior Ministry confirmed the plan to the news agency STA.

    Slovenia’s new government has vowed to remove the controversial fence that separates it from neighbouring Croatia. Construction on the fence started in late 2015 during the height of the what is often referred to as the ’European refugee crisis,’ when hundreds of thousands of people fled to EU countries from war-torn Syria.

    The fence was designed to curb irregular migration into Slovenia through the Balkans. It was extended several times since 2015, and is currently about 200 kilometers long.

    Many people have been insured trying to scale the structure, suffering considerable cuts on the barbed wire that was placed on top of the fence.
    New government wants to change direction

    Slovenia shares a 670 kilometer-long border with Croatia, meaning that roughly a third of their shared border has been fortified with a fence.

    Both countries are members of the European Union, but only Slovenia is also part of the Schengen Area — a group of European countries that have abolished border controls at their shared borders. In part because of this, Slovenia has seen a lot of people trying to cross its borders to get to other Schengen countries, like Germany, Austria or Italy.

    Both Croatia and Slovenia have repeatedly come under fire for their treatment of migrants and refugees; Croatia in particular has faced repeated accusations of conducting illegal pushbacks into neighboring Bosnia.

    The Slovanian new government, which was sworn in last week, wants to change the country’s border policies. The left-liberal government under Prime Minister Robert Golob committed itself to demolishing the border fence in its coalition agreement, and they have announced plans to instead monitor the border with drones and cameras.

    https://www.infomigrants.net/en/post/41109/slovenia-to-dismantle-border-fence-with-croatia
    #murs #barrières_frontalières #Croatie #Slovénie #frontière_sud-alpine #asile #migrations #réfugiés #Balkans #route_des_Balkans

    Mais bon... au lieu des murs... des #drones #caméras_de_vidéosurveillance... c’est pas vraiment un changement de cap... voir :
    Slovenia e flussi migratori : via il filo spinato, arrivano i droni
    https://seenthis.net/messages/966571

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    • Slovenija objavila koliko će trajati rezanje ograde na granici s Hrvatskom, mijenjaju politiku prema migrantima: Učit će ih jezik i integrirati u društvo

      Slovenska vojska ovih dana počinje s uklanjanjem 200 kilometara ograde na granici prema Hrvatskoj. Kako je najavila Tatjana Bobnar, ministrica unutrašnjih poslova u vladi Roberta Goloba, vojnici dnevno mogu ukloniti 200 metara žice, što znači da će posao biti gotov za 150 radnih dana, tj. potkraj veljače naredne godine. Ministrica Bobnar najavila je i značajne promjene u migracijskoj politici zemlje

      Bobnar uvjerava da će policija nakon uklanjanja žice temeljito obavljati nadzor granice te tako nastaviti osiguravati primjerenu razinu sigurnosti pograničnom stanovništvu.

      ’Vlada i MUP zalažu se za sigurne rute migranata i siguran prelazak granice za građane, stanovnike i migrante. Zbog toga smo osnovali novo savjetodavno tijelo koje se već sastalo s predstavnicima državnih tijela, organizacijama i predstavnicima civilnog društva koji rade na području migracija te će pripremiti cjelovitu migracijsku strategiju. Oni će se usredotočiti na osiguravanje sigurnijih putova migracija, učinkovitije procedure azila i dobivanje boravišnih dozvola kako bi se olakšali uvjeti za međunarodnu zaštitu i sustavnu integraciju u društvo. Azilante je potrebno sustavno integrirati u društvo i tržište rada te im omogućiti učenje jezika, a spriječiti iskorištavanje radnika’, smatra ministrica Bobnar.
      Slovenska ministrica vanjskih poslova Tatjana Bobnar

      Dakako, desna oporba smatra da je u pitanju zabrinjavajući zaokret. Oporbena Nova Slovenija (NSi) predviđa pogoršanje sigurnosne situacije jer se zbog nedostatka pšenice očekuju veće migracije iz sjeverne Afrike, a ojačat će i balkanska krijumčarska ruta, smatraju. Policijska kontrola, kako predviđa vlada, neće biti dovoljna.

      ’Nije realno to da dodatna tehnička sredstva, poput dronova koje ministrica često spominje, mogu pružati istu razinu sigurnosti kao tehničke barijere’, komentirao je odluku zastupnik Nove Slovenije Janez Žakelj. NSi stoga predlaže selektivno uklanjanje ograde, ne svugdje.

      Podsjetimo, Slovenija je izgradila 194 kilometra ograde tijekom migrantskog vala 2015., u razdoblju u kojem je kroz državu prolazilo pola milijuna ljudi, na vrhuncu čak 14.000 dnevno. ’Tada je ta krajnja mjera bila nužna, meni je bilo krajnje neugodno, nisu se dobro osjećali ni drugi u vladi’, prisjetio se za Televiziju Slovenije tadašnji premijer Miro Cerar.

      Po njegovu mišljenju, to je bio jedini način da se kontrolira gomila ljudi i da se o pravilno brine o njima. Inače, prijetilo je zatvaranje austrijske i talijanske granice, a ni južni susjed, kako kaže, nije se ponio baš susjedski.

      ’Hrvatska tada nije bila kooperativna, znamo da se i sama ilegalno organizirala i slala izbjeglice preko zelene granice, noću, preko rijeka’, podsjetio je Cerar.

      Ogradu je privremeno postavila tadašnja vlada i najavila da će biti uklonjena u najkraćem mogućem roku.

      https://www.tportal.hr/vijesti/clanak/slovenija-objavila-koliko-ce-trajati-rezanje-ograde-na-granici-s-hrvatskom-m

    • Slovenia’s interior minister faces no-confidence vote

      Opposition SDS Democrats tabled a motion of no-confidence on Tuesday against Interior Minister #Tatjana_Bobnar, alleging that he should be removed from office for his government’s decision to remove the long border fence erected to fight irregular migration between 2015 and 2016.

      The motion against Bobnar alleges misconduct and dereliction of duty and notes that his government’s decision to dismantle the fence built to stop the flow of irregular migrants has led to a surge in irregular migration.

      The government’s decision has had “security and political consequences,” said SDS lawmaker Branko Grims. Between January and August, Slovenia saw a 13% increase in irregular border crossings compared to the whole of last year, police data shows.

      Grims also pointed to the high increase in expressions of intent to apply for international protection. “Slovenia is becoming a destination country for illegal migrants,” he said.

      SDS has claimed for weeks that Bobnar has been knowingly opening borders to irregular migrants and putting citizens at risk.

      “If you work honestly and lawfully, you can face anyone in good conscience and defend your decisions at any time with reasonable arguments,” said Bobnar before the motion’s announcement, noting that she did not fear a motion that accused her of “solidarity and respect for human rights and fundamental freedoms”.

      In Slovenia, the opposition frequently uses no-confidence votes against ministers without actually being able to oust them. Instead, this allows the opposition to mount targeted attacks on the government and get significant airtime.

      The coalition parties said they firmly support Bobnar.

      https://www.euractiv.com/section/politics/short_news/slovenias-interior-minister-faces-no-confidence-vote

  • Le système alimentaire mondial menace de s’effondrer

    Aux mains de quelques #multinationales et très liée au secteur financier, l’#industrie_agroalimentaire fonctionne en #flux_tendu. Ce qui rend la #production mondiale très vulnérable aux #chocs politiques et climatiques, met en garde l’éditorialiste britannique George Monbiot.

    Depuis quelques années, les scientifiques s’évertuent à alerter les gouvernements, qui font la sourde oreille : le #système_alimentaire_mondial ressemble de plus en plus au système financier mondial à l’approche de 2008.

    Si l’#effondrement de la finance aurait été catastrophique pour le bien-être humain, les conséquences d’un effondrement du #système_alimentaire sont inimaginables. Or les signes inquiétants se multiplient rapidement. La flambée actuelle des #prix des #aliments a tout l’air du dernier indice en date de l’#instabilité_systémique.

    Une alimentation hors de #prix

    Nombreux sont ceux qui supposent que cette crise est la conséquence de la #pandémie, associée à l’#invasion de l’Ukraine. Ces deux facteurs sont cruciaux, mais ils aggravent un problème sous-jacent. Pendant des années, la #faim dans le monde a semblé en voie de disparition. Le nombre de personnes sous-alimentées a chuté de 811 millions en 2005 à 607 millions en 2014. Mais la tendance s’est inversée à partir de 2015, et depuis [selon l’ONU] la faim progresse : elle concernait 650 millions de personnes en 2019 et elle a de nouveau touché 811 millions de personnes en 2020. L’année 2022 s’annonce pire encore.

    Préparez-vous maintenant à une nouvelle bien plus terrible : ce phénomène s’inscrit dans une période de grande #abondance. La #production_alimentaire mondiale est en hausse régulière depuis plus de cinquante ans, à un rythme nettement plus soutenu que la #croissance_démographique. En 2021, la #récolte mondiale de #blé a battu des records. Contre toute attente, plus d’humains ont souffert de #sous-alimentation à mesure que les prix alimentaires mondiaux ont commencé à baisser. En 2014, quand le nombre de #mal_nourris était à son niveau le plus bas, l’indice des #prix_alimentaires [de la FAO] était à 115 points ; il est tombé à 93 en 2015 et il est resté en deçà de 100 jusqu’en 2021.

    Cet indice n’a connu un pic que ces deux dernières années. La flambée des prix alimentaires est maintenant l’un des principaux facteurs de l’#inflation, qui a atteint 9 % au Royaume-Uni en avril 2022 [5,4 % en France pour l’indice harmonisé]. L’alimentation devient hors de prix pour beaucoup d’habitants dans les pays riches ; l’impact dans les pays pauvres est beaucoup plus grave.

    L’#interdépendance rend le système fragile

    Alors, que se passe-t-il ? À l’échelle mondiale, l’alimentation, tout comme la finance, est un système complexe qui évolue spontanément en fonction de milliards d’interactions. Les systèmes complexes ont des fonctionnements contre-intuitifs. Ils tiennent bon dans certains contextes grâce à des caractéristiques d’auto-organisation qui les stabilisent. Mais à mesure que les pressions s’accentuent, ces mêmes caractéristiques infligent des chocs qui se propagent dans tout le réseau. Au bout d’un moment, une perturbation même modeste peut faire basculer l’ensemble au-delà du point de non-retour, provoquant un effondrement brutal et irrésistible.

    Les scientifiques représentent les #systèmes_complexes sous la forme d’un maillage de noeuds et de liens. Les noeuds ressemblent à ceux des filets de pêche ; les liens sont les fils qui les connectent les uns aux autres. Dans le système alimentaire, les noeuds sont les entreprises qui vendent et achètent des céréales, des semences, des produits chimiques agricoles, mais aussi les grands exportateurs et importateurs, et les ports par lesquels les aliments transitent. Les liens sont leurs relations commerciales et institutionnelles.

    Si certains noeuds deviennent prépondérants, fonctionnent tous pareil et sont étroitement liés, alors il est probable que le système soit fragile. À l’approche de la crise de 2008, les grandes banques concevaient les mêmes stratégies et géraient le risque de la même manière, car elles courraient après les mêmes sources de profit. Elles sont devenues extrêmement interdépendantes et les gendarmes financiers comprenaient mal ces liens. Quand [la banque d’affaires] Lehman Brothers a déposé le bilan, elle a failli entraîner tout le monde dans sa chute.

    Quatre groupes contrôlent 90 % du commerce céréalier

    Voici ce qui donne des sueurs froides aux analystes du système alimentaire mondial. Ces dernières années, tout comme dans la finance au début des années 2000, les principaux noeuds du système alimentaire ont gonflé, leurs liens se sont resserrés, les stratégies commerciales ont convergé et se sont synchronisées, et les facteurs susceptibles d’empêcher un #effondrement_systémique (la #redondance, la #modularité, les #disjoncteurs, les #systèmes_auxiliaires) ont été éliminés, ce qui expose le système à des #chocs pouvant entraîner une contagion mondiale.

    Selon une estimation, quatre grands groupes seulement contrôlent 90 % du #commerce_céréalier mondial [#Archer_Daniels_Midland (#ADM), #Bunge, #Cargill et #Louis_Dreyfus]. Ces mêmes entreprises investissent dans les secteurs des #semences, des #produits_chimiques, de la #transformation, du #conditionnement, de la #distribution et de la #vente au détail. Les pays se divisent maintenant en deux catégories : les #super-importateurs et les #super-exportateurs. L’essentiel de ce #commerce_international transite par des goulets d’étranglement vulnérables, comme les détroits turcs (aujourd’hui bloqués par l’invasion russe de l’Ukraine), les canaux de Suez et de Panama, et les détroits d’Ormuz, de Bab El-Mandeb et de Malacca.

    L’une des transitions culturelles les plus rapides dans l’histoire de l’humanité est la convergence vers un #régime_alimentaire standard mondial. Au niveau local, notre alimentation s’est diversifiée mais on peut faire un constat inverse au niveau mondial. Quatre plantes seulement - le #blé, le #riz, le #maïs et le #soja - correspondent à près de 60 % des calories cultivées sur les exploitations. La production est aujourd’hui extrêmement concentrée dans quelques pays, notamment la #Russie et l’#Ukraine. Ce #régime_alimentaire_standard_mondial est cultivé par la #ferme_mondiale_standard, avec les mêmes #semences, #engrais et #machines fournis par le même petit groupe d’entreprises, l’ensemble étant vulnérable aux mêmes chocs environnementaux.

    Des bouleversements environnementaux et politiques

    L’industrie agroalimentaire est étroitement associée au #secteur_financier, ce qui la rend d’autant plus sensible aux échecs en cascade. Partout dans le monde, les #barrières_commerciales ont été levées, les #routes et #ports modernisés, ce qui a optimisé l’ensemble du réseau mondial. On pourrait croire que ce système fluide améliore la #sécurité_alimentaire, mais il a permis aux entreprises d’éliminer des coûts liés aux #entrepôts et #stocks, et de passer à une logique de flux. Dans l’ensemble, cette stratégie du flux tendu fonctionne, mais si les livraisons sont interrompues ou s’il y a un pic soudain de la demande, les rayons peuvent se vider brusquement.

    Aujourd’hui, le système alimentaire mondial doit survive non seulement à ses fragilités inhérentes, mais aussi aux bouleversements environnementaux et politiques susceptibles de s’influencer les uns les autres. Prenons un exemple récent. À la mi-avril, le gouvernement indien a laissé entendre que son pays pourrait compenser la baisse des exportations alimentaires mondiales provoquée par l’invasion russe de l’Ukraine. Un mois plus tard, il interdisait les exportations de blé, car les récoltes avaient énormément souffert d’une #canicule dévastatrice.

    Nous devons de toute urgence diversifier la production alimentaire mondiale, sur le plan géographique mais aussi en matière de cultures et de #techniques_agricoles. Nous devons briser l’#emprise des #multinationales et des spéculateurs. Nous devons prévoir des plans B et produire notre #nourriture autrement. Nous devons donner de la marge à un système menacé par sa propre #efficacité.

    Si tant d’êtres humains ne mangent pas à leur faim dans une période d’abondance inédite, les conséquences de récoltes catastrophiques que pourrait entraîner l’effondrement environnemental dépassent l’entendement. C’est le système qu’il faut changer.

    https://www.courrierinternational.com/article/crise-le-systeme-alimentaire-mondial-menace-de-s-effondrer

    #alimentation #vulnérabilité #fragilité #diversification #globalisation #mondialisation #spéculation

    • Skriva li Mrežnica tijelo sirijskog migranta Rateba?

      Policija za taj dan i događaj kojeg Sirijci navode, nema evidenciju

      Mladi Sirijac Rateb Almohamad nestao je 30.listopada u 6 sati ujutro dok je s rođacima prelazio rijeku Mrežnicu na području iznad Generalskog Stola. Od tog dana gubi mu se svaki trag.

      Tvrde to njegovi rođaci koji ga traže preko društvenih mreža i već desetak dana pokušavaju doznati bilo kakvu informaciju. No, oni koji bi po logici trebali imati informaciju, a to je policija – trag nemaju.

      Ratebovi rođaci navode da je mladić tog jutra krenuo preko rijeke Mrežnice zajedno s dvojicom rođaka. Riječ je o klasičnoj grupi migranata koji su željeli iz Bosne do Slovenije preko Hrvatske. Prema njihovim tvrdnjama, dvojica su prešla Mrežnicu i došla na drugu stranu obale, dok je Rateba povukla voda te su vidjeli da se utapa i zove u pomoć. Nisu mu mogli više pomoći jer ih je, tako bar kažu, već pronašla hrvatska policija. Navode da su rekli da im se rođak utapa, no odgovora nije bilo.

      Rateb je, tvrde rođaci, iz Sirije s obitelji izbjegao prije 6 godina, a obitelj mu otad živi u Turskoj. Kažu da je na put prema zapadnim zemljama krenuo prije mjesec dana. U prilog svojim tvrdnjama poslali su njegove fotografije, ali i “screenshot” zadnje lokacije na kojoj su prelazili rijeku Mrežnicu. Kako bilo, krenuli su u potragu za Ratebom vjerujući da je još uvijek negdje živ i da će dobiti informacije.

      Inače, dvojica rođaka koji su bili s njim, sada su u Bosni.

      Karlovačka policija, barem prema onom što smo doznali danas, dok još uvijek čekamo službeni odgovor na upit, uopće nema evidentirane događaje s migrantima tog dana, u to vrijeme i na tom mjestu. U prijevodu, nitko ništa nije tražio za spomenuti događaj, iako su tog dana, ali na drugoj rijeci, imali pronalazak petorice migranata iz Alžira te Iraka, ali i pronalazak utopljenika u Kupi, uz slovensku granicu.

      Ukoliko Sirijci govore istinu, moguće je da tijelo nesretnog migranta još uvijek krije rijeka Mrežnica, nizvodno prema Zvečaju i Dugoj Resi. U ovom razdoblju dojava o pronalascima leševa u Mrežnici nije bilo.

      https://radio-mreznica.hr/skriva-li-mreznica-tijelo-sirijskog-migranta-rateba

      –---

      Traduction:

      Young Syrian Rateb Almohamad disappeared on October 30 at 6 am as he was crossing the Mrežnica River with his relatives in the area above the General Table. From that day on, all trace of him is lost. This is claimed by his relatives who are looking for him on social networks and have been trying to find out any information for ten days. But those who logically should have information, and that is the police - have no clue. Rateb’s relatives state that the young man set off across the Mrežnica River that morning together with two relatives. This is a classic group of migrants who wanted to travel from Bosnia to Slovenia via Croatia. According to their claims, the two crossed the Mrežnica and came to the other side of the coast, while Rateba withdrew the water and they saw him drowning and calling for help. They couldn’t help him anymore because, so they say, the Croatian police had already found them. They say they said their cousin was drowning, but there was no answer. His relatives would be grateful for any information and ask for help According to relatives, Rateb fled Syria with his family 6 years ago, and his family has been living in Turkey ever since. He is said to have set out for Western countries a month ago. In support of their claims, they sent photos of him, but also a “screenshot” of the last location where they crossed the river Mrežnica. Either way, they set out in search of Rateb believing he was still somewhere alive and would get the information. By the way, the two relatives who were with him are now in Bosnia. The Karlovac police, at least according to what we learned today, while we are still waiting for an official answer to the inquiry, have no recorded events with migrants on that day, at that time and place. In translation, no one asked for anything for the mentioned event, although on that day, but on another river, they had the discovery of five migrants from Algeria and Iraq, but also the discovery of drowned in Kupa, along the Slovenian border. If the Syrians are telling the truth, it is possible that the body of the unfortunate migrant is still hidden by the Mrežnica River, downstream towards Zvečaj and Duga Resa. There were no reports of corpses in Mrežnica during this period.

      https://radio-mreznica.hr/skriva-li-mreznica-tijelo-sirijskog-migranta-rateba

  • Margaret Atwood : « La Cour suprême veut faire appliquer des lois du XVIIe siècle » Le Temps.ch
    https://www.letemps.ch/opinions/margaret-atwood-cour-supreme-veut-faire-appliquer-lois-xviie-siecle

    Le droit à l’avortement est en phase terminale aux Etats-Unis, où la Cour suprême envisage d’abroger l’arrêt qui le décriminalise depuis 1973. La grande écrivaine canadienne avait exploré les risques d’une dictature théocratique américaine dès 1985 dans « La Servante écarlate », son chef-d’œuvre dystopique. Voici sa tribune, d’abord publiée dans « The Atlantic » (1)


    Dessin d’abord paru dans le « Washington Spectator », Etats-Unis. — © Edel Rodriguez

    Au début des années 1980, je m’étais embarquée dans l’écriture d’un roman d’anticipation portant sur un futur dans lequel les Etats-Unis s’étaient désunis. Une partie du pays était désormais une dictature théocratique fondée sur la doctrine religieuse et la jurisprudence de la Nouvelle-Angleterre puritaine au XVIIe siècle.

    J’avais planté le décor dans les environs de l’Université Harvard, une institution réputée pour son libéralisme dans les années 1980, mais dont la raison d’être, trois siècles plus tôt, était de former le clergé du puritanisme.

    Retour vers le passé
    Dans la théocratie imaginaire de Galaad, les femmes n’avaient quasiment aucun droit, au même titre qu’en Nouvelle-Angleterre au XVIIe siècle. Les textes bibliques avaient été triés sur le volet, les passages retenus étaient soumis à une interprétation littérale. Dans la Genèse – en particulier dans la famille de Jacob –, les épouses des patriarches disposaient de femmes réduites en esclavage, appelées « servantes ». Ces épouses pouvaient intimer à leur mari d’avoir des enfants avec les servantes, puis elles déclaraient la progéniture comme étant la leur.

    J’ai fini par mettre un point final à ce roman, que j’ai intitulé La Servante écarlate, mais j’ai plusieurs fois suspendu son écriture car le propos me paraissait trop invraisemblable. Quelle idiote je fais. Les dictatures théocratiques ne sont pas cantonnées au temps jadis : il en existe un certain nombre aujourd’hui sur terre. Qu’est-ce qui épargnera ce sort aux Etats-Unis ?

    Prenons un exemple. Nous sommes en 2022, et un projet de décision de la Cour suprême des Etats-Unis a fuité dans la presse le 3 mai : on y lit que l’arrêt Roe v. Wade, jurisprudence en vigueur depuis cinquante ans, serait annulé au motif que l’avortement n’est pas cité dans la Constitution américaine et n’est pas « profondément ancré » dans « notre histoire et notre tradition ». Ce n’est pas faux. La Constitution des Etats-Unis ne mentionne pas la santé reproductive des femmes. A vrai dire, ce document ne fait aucune mention des femmes.

    Les femmes privées de personnalité juridique
    Les femmes ont été délibérément exclues du droit de vote. En 1776, la guerre d’indépendance avait notamment pour slogan « Pas de taxation sans représentation », et un gouvernement ayant l’assentiment des gouvernés était vu d’un bon œil à l’époque, mais rien de tout cela n’était valable pour les femmes. Elles ne pouvaient consentir elles-mêmes à leur représentation ou à leur gouvernement ; toute décision passait par l’intermédiaire de leur père ou époux. Les femmes ne pouvaient pas exprimer leur consentement, pas plus qu’elles ne pouvaient le refuser, car elles étaient privées du droit de vote.

    Cette situation a perduré jusqu’en 1920, année où a été ratifié le dix-neuvième amendement, lequel a suscité une virulente opposition au motif qu’il était contraire à la Constitution dans sa version première. Là encore, ce n’est pas faux.

    Les femmes ont été privées de personnalité juridique dans le droit des Etats-Unis bien plus longtemps qu’elles n’ont eu des droits. Si on commence à revenir sur la jurisprudence constante en s’appuyant sur le raisonnement du juge Samuel Alito [auteur du projet de décision de la Cour suprême divulgué dans la presse], pourquoi ne pas contester le droit de vote des femmes ?

    Notre corps, nous-mêmes
    La santé reproductive est au cœur du tumulte actuel, mais un seul côté de la pièce est visible : le droit de ne pas donner naissance. Cette pièce a un revers : l’Etat peut aussi vous interdire de procréer. L’arrêt Buck v. Bell, rendu en 1927 par la Cour suprême, a autorisé les pouvoirs publics à stériliser des personnes sans leur consentement.

    Cette décision a été invalidée par des affaires ultérieures, et les lois des Etats permettant les campagnes de stérilisation de grande ampleur ont toutes été abrogées, mais l’arrêt Buck v. Bell demeure. Cette forme d’eugénisme était autrefois jugée progressiste, et environ 70 000 stérilisations – d’hommes et de femmes, mais de femmes en majorité – ont eu lieu aux Etats-Unis. On en déduit que la tradition profondément ancrée veut que l’appareil reproductif des femmes n’appartienne pas aux femmes concernées ; il est la seule propriété de l’Etat.

    Je vous vois venir : ce n’est pas une histoire d’organes, mais de bébés ! Ce qui n’est pas sans susciter quelques questionnements. Est-ce qu’un gland est un chêne ? Est-ce qu’un œuf est une poule ? A quel moment l’ovocyte humain fécondé devient-il un être ou une personne à part entière ? Nos traditions – disons celles de la Grèce et de la Rome antiques, celles des premiers chrétiens – sont hésitantes à ce sujet.

    A la conception ? Au rythme cardiaque ? Aux premiers coups de pied ? Pour les plus intraitables des militants anti-IVG actuels, c’est à la conception, soit le moment selon eux où un amas cellulaire se voit doté d’une âme. Cette opinion repose néanmoins sur une conviction religieuse : la croyance en l’âme. Tout le monde ne partage pas cette conviction. Pourtant, tout le monde risque aujourd’hui d’être soumis à des lois rédigées par ces croyants. Ce qui est un péché dans un cadre religieux précis est sur le point d’être érigé en infraction pour tous.

    Une affaire de religion
    Reprenons le premier amendement de la Constitution. « Le Congrès ne fera aucune loi qui touche l’établissement ou interdise le libre exercice d’une religion, ni qui restreigne la liberté de la parole ou de la presse, ou le droit qu’a le peuple de s’assembler paisiblement et d’adresser des pétitions au gouvernement pour la réparation des torts dont il a à se plaindre. » Les auteurs de la Constitution américaine, conscients des guerres de religion meurtrières qui avaient déchiré l’Europe à l’apparition du protestantisme, souhaitaient éviter cet écueil. Il n’y aurait donc aucune religion d’Etat. Personne ne pourrait être empêché par l’Etat de pratiquer le culte de son choix.

    C’était pourtant simple : si vous croyez que l’âme apparaît à la conception, vous devez vous abstenir de tout avortement, car il constitue un péché dans votre religion. Si cela ne fait pas partie de vos convictions, vous ne devez pas – conformément à la Constitution – être contraint par les convictions religieuses d’autrui.

    En revanche, si l’avis du juge Samuel Alito devient en effet la nouvelle jurisprudence constante, alors les Etats-Unis seront bien partis pour instaurer une religion d’Etat. Il y avait une religion officielle dans le Massachusetts au XVIIe siècle : en conséquence, les puritains soumettaient les quakers à la pendaison.

    Les sorcières au bûcher !
    Le texte rédigé par le juge Alito prétend se fonder sur la Constitution des Etats-Unis, mais il repose sur une jurisprudence anglaise du XVIIe siècle, une époque où les croyances en la sorcellerie ont abouti à la mort de nombreuses innocentes.

    Les procès des sorcières de Salem étaient bel et bien des procès – où siégeaient juges et jurés –, mais y était admise la preuve dite « spectrale », c’est-à-dire l’idée qu’une sorcière pouvait commettre ses méfaits grâce à son double possédé – son spectre. Selon ce raisonnement, même si vous étiez profondément endormie (témoins à l’appui), mais que quelqu’un vous accusait de supposées maltraitances contre une vache à des kilomètres de là, vous étiez coupable de sorcellerie. Et il était impossible de prouver le contraire.

    De la même manière, il sera très difficile de réfuter une fausse accusation d’avortement. Une fausse couche ou les déclarations d’un ex-conjoint suffira à vous assimiler à une meurtrière. Les accusations motivées par la vengeance et la malveillance se multiplieront, tout comme les dénonciations pour sorcellerie il y a cinq cents ans.

    Si le juge Alito veut faire appliquer les lois du XVIIe siècle, vous seriez bien avisé d’étudier ce siècle avec attention. Est-ce bien l’époque à laquelle vous voulez vivre ?
    Margaret Atwood

    (1) « I invented Gilead, the Supreme Court is making it real » https://www.theatlantic.com/ideas/archive/2022/05/supreme-court-roe-handmaids-tale-abortion-margaret-atwood/629833 publiée dans The Atlantic (mai 2022) et traduite par Courrier international.

    #Femmes #usa #Théocratie #bible #Constitution_américaine #avortement #procréation #eugénisme #croyances #convictions_religieuses #puritanisme #sorcières

  • Les sujets officiellement anti-sociaux et anti-écologiques du Bac 2022, ça tourne en ce moment, ça a bien l’air vrai. Quand même ouf.

    https://www.leparisien.fr/etudiant/examens/bac/bac-2022-le-sujet-de-sciences-economiques-et-sociales-specialite-jeudi-QM

    Question 2 (3 points)

    À partir d’un exemple, vous montrerez que l’innovation peut aider à reculer les limites écologiques de la croissance.

    Question 3 (3 points)

    À l’aide d’un exemple, vous montrerez que l’action des pouvoirs publics en faveur de la justice sociale peut produire des effets pervers.

    #éducation #bac #écologie #croissance #capitalisme #social #anti-social #libéralisme #pourriture #vomi

    • Des étudiants d’AgroParisTech appellent à « déserter » des emplois « destructeurs »

      Huit diplômés de l’école d’ingénieurs agronomes se sont exprimés, lors de leur cérémonie de remise de diplômes, contre un avenir tout tracé dans des emplois qu’ils jugent néfastes.

      « Ne perdons pas notre temps, et surtout, ne laissons pas filer cette énergie qui bout quelque part en nous. » Sur la scène de la luxueuse salle parisienne Gaveau, ce 30 avril, ils sont huit ingénieurs agronomes, fraîchement diplômés de la prestigieuse école AgroParisTech, à prendre la parole collectivement. Dans l’ambiance plutôt policée de cette soirée de remise de diplômes, après une introduction de musique disco sous éclairage de néons violet et vert bouteille, ils déroulent, d’un ton calme, un discours tranchant très politique.

      https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/05/11/des-etudiants-d-agroparistech-appellent-a-deserter-des-emplois-destructeurs_

    • « Nous, démissionnaires » : enquête sur la désertion d’en bas

      Les discours vibrants d’étudiants d’une grande école d’ingénieurs agronomes, au moment de la remise de leur prestigieux diplôme, qui déclarent ne pas vouloir suivre la voie royale que notre société de classe leur réserve, ont eu un grand retentissement. Or, si la désertion d’une petite frange de nos élites est un événement, elle masque trop souvent la désertion d’en bas, moins flamboyante mais parfois plus héroïque, des membres de la classe laborieuse. Elle survient actuellement dans tous les secteurs, de la restauration à l’informatique en passant par l’Éducation nationale ou l’associatif. Les démissionnaires d’en bas disent beaucoup du dégoût du travail et de la vie sous le capitalisme. Ils remettent en question avec force la façon dont on produit, dirige et travaille dans ce pays comme ailleurs. Ils sont un groupe dont on ne parle pas mais qui augmente en nombre et dont l’existence est un caillou dans la botte du patronat. Enquête sur la désertion d’en bas.

      Il y a un an, j’ai conclu une rupture conventionnelle et quitté mon dernier CDI. Deux mois plus tard, une amie faisait de même. Six mois plus tard, un autre m’annonçait sa démission. Il y a deux semaines, mon frère a démissionné de son premier CDI, il a vécu ce moment comme une libération. Après des années de brimades et de résistances dans une association, ma belle-mère a fait de même. Autour de moi, au travail, “on se lève et on se casse”. “Félicitations pour ta démission !” est un message que j’envoie plus souvent que “bravo pour ta promotion !” . Le récit du premier rendez-vous Pôle Emploi est devenu, parmi mes proches, plus répandu que celui du prochain entretien d’embauche. Le média en ligne Reporterre nous a informé la semaine dernière que nous n’étions pas les seuls, loin de là. Le phénomène de la « grande démission », qui a concerné aux Etats-Unis autour de 47 millions de personnes, semble toucher la France. L’enquête périodique du ministère du Travail sur les mouvements de main-d’œuvre le confirme : on assiste depuis 2 ans à une augmentation importante des démissions (+20,4% entre le premier trimestre 2022 et le dernier trimestre 2019).

      Ça n’a échappé à personne tant que le matraquage médiatique est intense : des secteurs peinent à recruter, ou perdent du personnel. C’est le cas de la restauration, dont le patronat se plaint, dans Le Figaro, de ne plus oser parler mal à ses salariés de peur qu’ils fassent leur valise. Mais c’est aussi le cas de l’hôpital public ou de l’Education nationale. Les explications médiatiques laissent le plus souvent à désirer : pour le Point, nous aurions perdu le goût de l’effort, tandis que la presse managériale se lamente sur ce problème qui serait générationnel. Ces dernières semaines, le thème de la désertion est essentiellement traité du point de vue d’une petite partie de la jeunesse diplômée et bien née, qui pour des principes éthiques et politiques, refuserait, comme par exemple dans les discours devenus viraux des étudiants d’AgroParisTech dont nous parlions en introduction, de diriger une économie basée sur la destruction de notre habitat pour se reconvertir dans l’agriculture paysanne.

      Mais qu’en est-il de cette désertion du milieu et d’en bas, celle des employés, des cadres subalternes, des fonctionnaires, des techniciens et des exécutants de la société capitaliste qui décident – souvent parce qu’ils n’en peuvent plus – de quitter leur emploi ? Derrière les grands principes, la réalité du travail est exposée dans la cinquantaine de témoignages que nous avons reçue, issus de tous secteurs : la désertion de la classe laborieuse est avant tout une quête de survie individuelle dans un monde du travail absurde et capitaliste. Elle dit beaucoup de la perte de nos outils collectifs de résistance aux injustices, de la solitude des travailleurs dont tout le monde se fout, mais aussi d’un refus puissant de jouer le rôle qu’on nous assigne. La grande démission est-elle une chance à saisir pour changer la société ?

      La démission, une question de survie face à la violence au travail

      Arthur* ne parle pas de « désertion ». Il n’a pas eu l’occasion de faire un discours vibrant lors de sa remise de diplôme. C’est normal, il est devenu apprenti pâtissier dès ses 14 ans et n’a pas eu le temps de souffler depuis. Mais il y a deux mois, il a démissionné de son emploi dans la restauration. Son patron a refusé la rupture conventionnelle, ce dispositif légal qui permet de partir, avec l’accord de son employeur, en échange d’indemnités minimales mais d’un accès aux indemnités chômage. Sa justification ? « Je t’ai appris des valeurs donc tu ne vas pas pointer au chômage ». Parmi les valeurs de ce Père La Morale : l’homophobie, qui a contraint Arthur à devoir cacher sa sexualité, avant d’être poussé au coming out, devant des collègues, par son patron. Dans cette petite entreprise, il a enduré des années de brimades et d’humiliations qui lui ont fait perdre confiance en lui et le goût de son travail. Depuis sa démission, il est sans revenus et a du mal à retrouver un emploi décent. Il n’empêche qu’il vit son départ comme un soulagement, après avoir enduré tête baissée ces années de captivité professionnelle, avec ses horaires décalées, son chef tyrannique et sa paye minimale. Le confinement de 2020 a joué un rôle déterminant dans sa prise de décision : Arthur a enfin eu du temps pour voir ses proches, sa famille, pour s’intéresser à la politique et ainsi, avancer.

      Les problèmes de turnover du secteur de la restauration ne sont quasiment jamais décrits du point de vue d’Arthur et de ses collègues. La presse est entièrement mobilisée pour relayer le point de vue du patronat, qui se plaint d’une pénurie de main-d’œuvre. Arthur rit jaune devant un tel spectacle : « ça me fait autant marrer que ça me dégoûte, m’explique-t-il, et mon patron tenait aussi ce discours de ouin-ouin « il y a un grand turn over plus personne ne veut travailler… » alors qu’on faisait quasiment tous 65h payées 39h ». Le secteur de la restauration est à l’avant-poste de tout ce qui dysfonctionne – ou plutôt fonctionne selon les intérêts du patronat – dans le monde du travail : des salariés isolés, sans représentation syndicale efficace, une hiérarchie omniprésente et intrusive, un travail difficile, en horaires décalés, avec beaucoup d’heures supplémentaires (souvent non payées) et avec peu d’autonomie et où le droit est très peu respecté.

      C’est aussi à cause de la violence généralisée que Yann a quitté plusieurs emplois successifs, dans la manutention puis le bâtiment. Pour lui, le problème venait tout autant de hiérarchies « maltraitantes » que de l’ambiance générale entretenue au sein des entreprises qu’il a connu : « J’avais cette sensation qu’on m’obligeait à bosser avec des personnes que j’aurais détesté fréquenter en dehors, et d’un autre côté qu’on me mettait en compétition avec des gens avec qui j’aurais pu être pote » m’a-t-il raconté. L’ambiance « stupidement viriliste » au travail ne lui convenait pas et il n’a pas trouvé de possibilités d’améliorer les choses.

      La plupart des témoignages reçus viennent confirmer une tendance lourde du monde du travail des années 2020 : si la violence est aussi répandue, c’est parce que la pression au travail s’est accrue, et pèse sur les épaules de toute une partie des effectifs, des managers aux employés de base. L’absence d’empathie des chaînes hiérarchiques semble être devenue la norme, comme nous l’avions déjà décrit dans un précédent article. C’est ainsi que Sara*, responsable de boutique dans une chaîne d’épicerie, a fini par quitter son emploi, après avoir gravi tous les échelons. Déjà éprouvée par la misogynie continuelle qu’elle subissait au quotidien, elle s’est retrouvée seule face à une situation de violence au travail, sans réaction de sa hiérarchie. Dans cette structure jeune, très laxiste sur le droit du travail, elle n’a pas trouvé de soutien face à la pression continuelle qu’elle subissait. Résultat, nous dit-elle, « j’allais au travail la boule au ventre, je faisais énormément de crises d’angoisse chez moi le soir, beaucoup d’insomnies aussi. J’ai un terrain anxieux depuis l’adolescence mais c’était la première fois depuis des années que j’ai ressenti le besoin d’être sous traitement. Je me sentais impuissante et en danger ».

      Ce témoignage est tristement banal : il semblerait qu’en France, les hiérarchies se complaisent dans l’inaction face aux atteintes à la santé des salariés. Il faut dire que les dernières évolutions législatives ont considérablement favorisé cette nouvelle donne. Nous en avons parlé à de multiples reprises : depuis la loi El Khomri de 2016 et les ordonnances travail de 2017, la santé au travail est reléguée au second plan, et le pouvoir du patronat face aux salariés a été considérablement renforcé. Le prix à payer était, jusqu’ici, l’augmentation du mal-être au travail, du burn out ainsi que des accidents, qui fait de la France une triste championne d’Europe de la mortalité au travail.

      La démission et le turn over qui en résultent, ainsi que la difficulté à recruter dans de nombreux secteurs, est désormais le prix que doivent payer les employeurs, et ils ne sont pas contents : peut-être auraient-ils pu y songer quand ils envoyaient toutes leurs organisations représentatives (MEDEF, CPME…) plaider pour détricoter le code du travail auprès des gouvernements successifs.

      La « perte de sens » : une question matérielle et non spirituelle

      Dans les témoignages reçus, la question du sens occupe une place moins grande que celle des (mauvaises) conditions de travail. Là encore, la désertion d’en bas diffère de la désertion d’en haut décrite dans la presse, où la question du sens et des grands principes est centrale. Au point que les grands groupes s’adaptent pour retenir leurs « talents » (c’est comme ça que les cadres sup appellent les autres cadres sup) en se donnant une « raison d’être » qui ne soit pas que la satisfaction de l’appât du gain des actionnaires. Ce dispositif est permis par la loi PACTE depuis 2019, et il ne sert à rien d’autre qu’à faire croire qu’une boîte capitaliste n’est pas seulement capitaliste : elle aime les arbres, aussi. Quand il s’agit du sens au travail, personne n’évoque la politique de “Responsabilité Sociale et Écologique » que les grands groupes affichent fièrement sur des affiches dans le hall du siège social. En revanche, trois cas de figures semblent se dessiner : le sentiment d’absurdité et d’inutilité, le sentiment de ne pas réussir à faire correctement son travail et de voir ses missions dévoyées, et enfin celui de faire un travail nuisible, intrinsèquement mauvais, qu’il convient de quitter pour des raisons politiques et morales.
      1 – L’absurdité au rendez-vous : « qu’on existe ou pas, ça ne change rien »

      Mon frère a quitté une structure associative où il était constamment noyé de boulot… sans savoir à quoi il servait. « J’ai encore une histoire à la The Office à te raconter » avait-il l’habitude de m’écrire. The Office, brillante série américaine, met en scène des salariés qui font toujours autre chose que leur travail, car constamment sollicités par un patron égocentrique et extravagant les entraînant dans un tourbillon de réunions, formations sécurité, séminaires de team building, concours de meilleur employé etc. Mais à la fin, ils servent à quoi, ces gens qui travaillent ? Dans le cas de mon frère, si le sens était altéré, c’était d’abord en raison d’une mauvaise gestion, d’un objet mal défini par un compromis politique reconduit chaque année par un directoire composé d’élus locaux. Il n’empêche que pour mon frère, l’intérêt de son job pour la société n’était pas avéré : « qu’on existe ou pas, ça ne change rien » m’a-t-il dit avant de décider de partir.

      Le thème des « bullshit jobs », ces métiers inutiles et ennuyeux dont l’existence a été brillamment théorisée par l’anthropologue britannique David Graeber, peut expliquer tout un pan du désamour d’une partie des cadres moyens pour leurs professions vides de sens. Pour mon ami A., son activité de consultant s’inscrivait en partie dans ce paradigme-là. Bien sûr, son action avait une utilité pour l’entreprise cliente, car le logiciel qu’il y mettait en place et pour lequel il formait le personnel à une organisation dédiée améliorait vraiment les choses. Mais que faire si l’entreprise elle-même avait une activité absurde ?

      Le capitalisme contemporain, nous dit Graeber, génère une immense aristocratie constituée de services de ressources humaines et de cabinets de consultants, c’est-à-dire de gens dont le travail est de gérer le travail des autres. Forcément, l’utilité ne tombe pas toujours sous le sens. Cette masse de gens qui dépendent de cette économie des services pour le travail n’a cessé de grossir, et ses contradictions génèrent sa propre croissance : dans ces entreprises où les cadres s’ennuient et se demandent à quoi ils servent, il faut faire venir des consultant en bien-être au travail qui vont organiser des ateliers et des cercles de parole pour parler de ce problème.

      Le problème du sentiment d’absurdité au travail, c’est qu’aucune hiérarchie ne tolère qu’il s’exprime librement. Les techniques de management des années 2020 insistent sur la nécessité de l’engagement, en toute bienveillance évidemment : il s’agit d’être sûr que tout le monde adhère à fond au sens de son travail. Ecrire un hymne en l’honneur de l’entreprise, comme A. a été invité à le faire lors d’un week-end de « team building », poster des photos de son travail et de son enthousiasme sur un réseau social interne, comme doivent le faire les salariés d’un grand groupe agroalimentaire où j’ai eu l’occasion de mener une expertise en santé au travail. Le non-engagement est sanctionné : dans cette entreprise, une évaluation comportementale annuelle se penche sur le niveau d’engagement et d’implication des salariés. Le soupir n’est pas de mise. Comment, dans ces conditions, tenir le coup sans devenir un peu fou ? A., comme d’autres consultants qui m’ont écrit, a choisi la démission.
      2 – La qualité empêchée : « j’aimerais juste pouvoir faire mon travail »

      Le sentiment d’absurdité ne peut expliquer à lui seul la succession de démissions et de déception professionnelle. Au contraire, nombre de récits reçus sont ceux de gens qui croyaient en ce qu’ils faisaient mais se sont vu empêcher de mener correctement leurs missions. La question du sens est le plus souvent abordée sous l’angle de la capacité ou non à bien faire son travail. Or, autour de moi et dans les témoignages reçus pour cette enquête, tout le monde semble frappé de ce que les psychologues du travail appellent la « qualité empêchée ».

      L’histoire de Céline*, maîtresse de conférence dans l’université d’une grande ville française, s’inscrit en partie dans ce cadre. Elle aussi a été poussée au départ par une pression administrative constante et l’absence de solidarité de son équipe. Elle a quitté une situation pourtant décrite comme confortable et stable : fonctionnaire, dans l’université publique… Pour elle, son travail est détruit par « les dossiers interminables pour avoir des moyens ou justifier qu’on a bien fait son travail », mais aussi les programmes et l’organisation du travail qui changent constamment et, évidemment, le manque de moyens. Paloma, enseignante dans le secondaire, a pris conscience de son envie de partir lors des confinements, mise face à la désorganisation de l’Education nationale, au niveau du pays comme des deux établissements où elle enseignait. Plus généralement, elle m’a confié que “le plus dur, c’était de constater que les élèves détestent l’école et les profs aussi, et qu’on ne cherche pas à faire réfléchir les élèves ou à développer leur sens critique. Je ne voulais pas contribuer à ça.”

      La question du manque de moyens est omniprésente lorsque l’on discute avec les personnels des services publics. Ce manque, qui se ressent dans la rémunération mais qui transforme toute envie d’agir ou d’améliorer les choses en parcours du combattant face à des gestionnaires omniprésents et tâtillons, brisent l’envie de rester. Les soignant.e.s ne cessent de le répéter, apparemment en vain : « En formation, on apprend que chaque patient est unique et qu’il faut le traiter comme tel, résumait Thierry Amouroux, porte-parole du Syndicat National des Professionnels Infirmiers. Mais quand on arrive à l’hôpital, on est face à un processus bien plus industriel, où on n’a pas le temps d’accompagner le patient, d’être à l’écoute. Il y a alors le sentiment de mal faire son travail et une perte de sens ». C’était il y a un an. Désormais, la pénurie de personnel entraîne la fermeture de services d’urgences la nuit, un peu partout en France. Ce sont les patients, et le personnel qui continue malgré tout, qui subissent de plein fouet les départs en masse de l’hôpital public où « la grande démission » n’est pas une légende médiatique.

      Face à ces problèmes très concrets, la question du sens devient presque une opportunité rhétorique pour le gouvernement et les strates hiérarchiques : il faudrait « réenchanter la profession », donner du sens aux métiers du service public à base de communication abstraite, plutôt que de donner les moyens de travailler correctement.
      3 – Le sentiment de faire un travail nocif : ​​”j’étais surtout un maillon de la perpétuation de la violence sociale”

      Hugo* travaillait pour un important bailleur social d’Île-de-France. Désireux de sortir de la précarité continue qu’il connaissait en enchaînant les CDD dans la fonction publique, il est devenu chef de projet dans cette structure, en ayant l’espoir de pouvoir se rendre utile. « J’y suis arrivé plein d’entrain car j’avais à cœur de faire un métier « qui ait du sens » … loger les pauvres, être un maillon de la solidarité sociale, etc ». Il a vite déchanté : « Globalement, je me suis rendu compte que j’étais surtout un maillon de la perpétuation de la violence sociale. In fine, malgré tout l’enrobage du type « bienveillance », « au service des plus démunis », des photos de bambins « de cité » tout sourire, il s’agissait d’encaisser les loyers pour engraisser les actionnaires (c’était un bailleur social privé, pas public). J’ai ainsi participé à une opération de relogement d’une tour de 60 habitants, qui allait être démolie dans le cadre du « renouvellement urbain ». Autant vous dire que les locataires n’étaient pour beaucoup (hormis quelques fonctionnaires communaux ayant encore un peu d’âme) que des numéros. Des « poids » à dégager au plus vite. Toutes les semaines je devais faire un « reporting » sur combien étaient partis, combien il en restait encore, avec un objectif… Je devais faire 3 propositions de logement aux locataires et leur mettre la pression pour qu’ils acceptent, en brandissant la menace de l’expulsion à demi-mot. Je voyais l’angoisse sur le visage des gens. » Hugo a fini par craquer et obtenir – au forceps – une rupture conventionnelle.

      Selma* et Damien* travaillaient aussi dans des professions participant de la façon dont on construit et on habite les villes. La première est urbaniste, le second architecte. Ils ont quitté des métiers pourtant souvent perçus comme intéressants et utiles parce que les effets de leur action leur semblaient vains voire néfastes, sur le plan social et écologique. Pour Selma, les mauvaises conditions de travail liées aux contraintes financières de son entreprise rachetée par un grand groupe sapait la qualité de son travail. Quant à Damien, il déplore les activités de son ancienne agence d’architecture : “Les projets sur lesquels je travaillais étaient très loin de mes convictions : des logements pour des promoteurs, en béton, quasiment aucune réflexion sur l’écologie (au-delà des normes thermiques obligatoires). Je faisais partie d’une organisation qui construisait des logements dans le seul but de faire de l’argent pour les promoteurs avec qui je travaillais.” Sa conclusion est sans appel : “Globalement, j’en suis arrivé à la conclusion que nous allions tous dans le mur (écologique). Les villes seront bientôt invivables, ne sont pas résilientes au changement climatique (essayez de passer un été sans clim à Strasbourg). J’ai constaté que j’étais totalement impuissant pour changer un tant soit peu les choses.”

      Les personnes qui travaillent dans des domaines d’activité nocifs à la société et qui en souffrent évoluent dans une contradiction forte, qui se termine souvent par un départ, faute d’avoir pu faire changer les choses de l’intérieur. Le manque d’autonomie conjugué à la quête de sens peut expliquer le nombre croissant de démissions et la pénurie de main-d’œuvre dans certains secteurs (le nucléaire, par exemple, a de grosses difficultés à recruter – étonnant, non ?). Chercher du sens dans son travail pose néanmoins une question de ressources : la stabilité économique doit d’abord être garantie, et la majeure partie de la classe laborieuse n’a pas le luxe de s’offrir le sens et la sécurité tout à la fois.
      La démission : une forme (désespérée) de protestation au travail ?

      Je repense à mes départs successifs (trois, au total : un non-renouvellement de CDD, une démission, une rupture conventionnelle) avec soulagement mais aussi une pointe de culpabilité. Quitter un emploi, c’est laisser derrière soi des collègues que l’on appréciait, avec qui l’on riait mais aussi avec qui on luttait. Deux de mes départs ont été le résultat de petites ou de grosses défaites collectives, accompagné d’un dégoût ou d’un désintérêt pour des secteurs ou des entreprises que j’estimais impossibles, en l’état du rapport de force, à changer. J’ai donc demandé à toutes les personnes qui m’ont raconté leur démission si elles avaient tenté de changer les choses de l’intérieur, et comment cela s’était passé. La majeure partie des personnes qui m’ont répondu ont tenté de se battre. En questionnant la hiérarchie sur les conditions de travail, en réclamant justice, en poussant la structure à s’interroger sur le sens de son action et de ses missions… en vain.

      Les situations les plus désespérées en la matière m’ont sans doute été racontées de la part de démissionnaires du monde associatif. Les associations, des structures où l’on exerce en théorie des métiers qui ont du sens… et qui sont progressivement vidées de leur essence par des hiérarchies calamiteuses, des conditions de travail très dégradées, des logiques néolibérales et gestionnaires qui viennent s’appliquer au forceps, contre l’intérêt des salariés et des usagers… Et le pire, c’est que le discours du sens y est devenu une arme mobilisée par le patronat associatif pour mater les salariés récalcitrants en leur opposant la noblesse de leur mission et la nécessité de ne pas y déroger pour ne pas nuire aux usagers. Antoine, démissionnaire d’une association d’éducation populaire dans l’ouest de la France, résume bien la situation : “dans l’associatif, la répression syndicale est super forte, joli combo avec le côté « on est dans une association alors on est toustes des gens biens et militants donc ça se fait pas de parler de domination”, qui décourage pas mal à se mobiliser…”.

      Il y a des secteurs qui sont structurellement moins propices à la résistance salariale collective, et l’associatif en fait partie, et pas seulement à cause du discours évoqué par Antoine. Le syndicat ASSO, la branche de Solidaires dédié aux salariés de l’associatif, rappelle qu’il s’agit d’un secteur “très atomisé, où nombre de salarié.e.s se trouvent seul.e.s dans de très petites structures : plus de 80 % des associations emploient moins de 10 salarié.e.s. L’organisation d’élections n’est pas obligatoire selon le code du travail pour les structures de moins de 10 salarié.e.s (6 pour la Convention de l’animation). Très peu de salarié.e.s ont une voix officielle, via un représentant.e du personnel, pour participer aux discussions sur leurs conditions de travail et pas d’appuis en interne en cas de conflit.” Par ailleurs, “près de 30% des salarié.e.s associatifs ne sont pas couverts par une convention collective (contre 8% dans le secteur privé marchand)”. On part donc de plus loin, quand on est salarié de l’associatif, que d’autres, pour améliorer les choses. Mais c’est le cas, d’une façon générale, dans l’ensemble des secteurs du pays qui ont tous subi d’importants reculs en matière de rapport de force salarial. Partout, le patronat est sorti renforcé des différentes réformes gouvernementales.

      C’est le cas à la SNCF, dont le personnel est massivement sur le départ depuis 2018, date de la réforme ferroviaire et d’une longue grève brisée par Macron et Borne, alors ministre des Transports et depuis Première ministre. En 2019, les départs ont augmenté de 40% par rapport à 2018, et ils suivent depuis le même rythme. La direction de la SNCF a tout fait pour briser les collectifs de travail, atomiser les salariés et modifier leurs conditions de travail. Dans Libération, les cheminots racontent comment la fin de leur statut a mis fin, entre autres, à la retraite garantie à 55 ans, compensation d’un rythme de travail épuisant.

      Difficile de résister quand les syndicats sont de moins en moins présents et nombreux. Yann, notre manutentionnaire démissionnaire, s’en prend quant à lui à la perte de culture du rapport de force chez ses collègues : « J’ai 35 ans et j’ai entendu de plus de plus les discours managériaux et les exigences patronales dans la bouche des ouvriers. C’est d’une déprime… Rien à prendre aussi du côté des « anciens » avec des dos défoncés qui ressassent des discours du type « on se plaignait pas avant », « les jeunes veulent plus rien faire »… ». Le problème dépasse largement, selon Yann, la culture de son ex-entreprise. Il s’étonne : “C’est fou que le sujet du malheur au travail ne soit quasiment jamais abordé à part par le côté clinique des burn out. Le sujet est absent de toutes les dernières campagnes électorales.”

      La solitude et la désunion, ou du moins l’absence de culture du rapport de force au travail, est une réalité qu’il est facile d’éprouver : la baisse continue des effectifs syndicaux n’en est que l’illustration statistique la plus flagrante. La démission devient alors une façon de mettre le collectif face à ses contradictions, d’interpeller collègues, direction et la société plus globalement sur les injustices qui s’accumulent. C’est un peu ce que concluait mon amie Orianne, infirmière à l’AP-HP et depuis en disponibilité pour exercer dans le privé. Comme des milliers de soignant.e.s en France, elle a déserté des hôpitaux publics détraqués par les gouvernements successifs – et celui-ci en particulier. Membre du collectif InterUrgences, Orianne s’est pourtant battue pendant plusieurs années, avec ses collègues, pour obtenir une revalorisation salariale et de meilleures conditions de travail, globalement en vain. Les applaudissements aux fenêtres durant le premier confinement n’auront donc pas suffi : le départ a été pour elle une issue personnelle et, dans un sens, collective ; face au manque de soignant.e.s, le gouvernement va-t-il finir par réagir ?

      De là à dire que la démission est une forme radicale et individuelle de grève, il n’y a qu’un pas que nous franchirons pas : car les grèves renforcent le collectif, soudent les collègues autour d’un objectif commun alors que la démission vous laisse le plus souvent seul, même si des effets collectifs peuvent se créer. Antoine a bon espoir que sa démission ait un peu secoué les choses : “mon départ a pas mal remué le Conseil d’Administration de mon association qui a prévu un gros travail sur la direction collégiale entre autres. A voir si cela bouge en termes de fonctionnement interne”, me dit-il. Lorsque mon frère a quitté son association, il s’est demandé si ses supérieurs hiérarchiques allaient “se remettre en question”. Je lui ai plutôt conseillé de ne pas en attendre grand-chose : les hiérarchies sont généralement expertes pour ne pas se remettre en question. Les “départs” sont évoqués, dans les entreprises, avec une grande pudeur, voire carrément mis de côté ou rangés du côté des fameux “motifs personnels” qui sont la réponse préférée des hiérarchies aux manifestations de la souffrance au travail.
      La quête (vaine ?) d’un ailleurs

      “Si ça continue, je vais partir élever des chèvres dans le Larzac moi” : c’est une phrase que j’ai souvent entendu, cliché du changement de vie après des déceptions professionnelles. Force est de constater que ce n’est pas la route empruntée par la plupart des démissionnaires, sinon les départements de la Lozère ou de l’Ariège auraient fait un signalement statistique. La plupart des personnes qui ont témoigné au cours de cette enquête ont des aspirations plus modestes : trouver un emploi avec des horaires moins difficiles, quitter une entreprise toxique, prendre le temps de réfléchir à la suite ou devenir indépendant.

      La reconversion agricole ou la reconversion tout court restent des possibilités accessibles à une minorité de personnes, en raison du temps et de l’argent que cela requiert. Yann, à nouveau, a tout résumé : “J’entends souvent le type de discours sur la perte de sens des CSP+ qui rêvent d’ouvrir un food truck ou un salon de massage, et ça m’irrite au plus haut point. Quand on est cadre, on a le capital financier/scolaire et le réseau pour faire autre chose. C’est nettement plus difficile quand on est préparateur de commande”. Mon compagnon fait partie de celles et ceux qui ont choisi la reconversion agricole comme planche de salut après des expériences désastreuses dans d’autres secteurs de l’économie. Il est le premier à relativiser le discours qui fait de l’agriculture un “ailleurs” au capitalisme . Ce n’est d’ailleurs pas pour ça qu’il a franchi ce cap, mais bien en raison d’un désir de vivre à la campagne, loin de la ville et dans un secteur qui l’intéressait davantage. Mais pour lui ce n’est pas une “alternative” au capitalisme, et c’est loin d’être une activité qu’il conseillerait à toutes celles et ceux qui veulent déserter les bureaux ou les entrepôts de la vie capitaliste : “C’est dur et tu gagnes mal ta vie”.

      Loin de l’image d’Epinal de la reconversion agricole enchantée où l’on vit d’amour et d’eau fraîche dans des cabanes dans les bois, façon vidéo Brut, l’agriculture, même biologique, s’insère dans un marché et dans des rapports de force qui sont tout sauf anticapitalistes. Le poids politique de l’agriculture intensive, le règne de la FNSEA, le principal lobby agro-industriel qui impose ses vues à tout le monde, avec le soutien du gouvernement, ne font pas de ce secteur un endroit apaisé et éloigné des turpitudes décrites précédemment.

      J’ai voulu un temps m’y lancer moi aussi (depuis, je me contente d’être vendeur au marché, ce qui me convient très bien) et j’ai vu, lors des formations que je suivais, l’attraction que le secteur exerçait sur de nombreux salariés désireux de changer, littéralement, d’horizon. J’ai vu ceux d’en bas, qui luttaient pour obtenir un lopin de terre à peine cultivable, et ceux d’en haut, qui rachètent des domaines immenses, font creuser des étangs et plantent le jardin bio-permaculture de leur rêve – pardon, font planter par des ouvriers agricoles – et semblent y jouer une vie, comme Marie-Antoinette dans la fausse fermette construite pour elle dans les jardins de Versailles. Puis ils s’étonnent que la population locale ne les accueille pas à bras ouverts… Bref, le monde agricole n’est pas un ailleurs, il est une autre partie du capitalisme où il faut lutter – même si le paysage y est souvent plus beau. Et d’ailleurs, les agriculteurs démissionnent aussi – de leur métier ou, c’est une réalité tragique, de leur propre vie. Les exploitants agricoles ont malheureusement la mortalité par suicide la plus élevée de toutes les catégories sociales.

      S’il y a bien un désir qui réunit la majeure partie des démissionnaires à qui j’ai parlé, et qui m’a moi-même animé, c’est celui de sortir du lien de subordination et du monde étouffant de l’entreprise en devenant indépendant. Ce désir d’indépendance, souvent snobé, quand on est de gauche, car il s’apparenterait à de la soumission déguisée en autonomie entrepreneuriale, n’est pourtant pas vécu comme un “projet” disruptif et capitaliste. Bien au contraire, les gens qui choisissent la voie de “l’auto-entrepreneuriat” et du freelance savent que c’est aussi une précarité économique que l’on peut vivre si on en a les moyens : quelques économies, un niveau de qualification suffisant, un petit réseau… Mais parfois, après avoir subi la violence du lien hiérarchique, on peut s’en contenter si c’est une possibilité. Mohamed, ingénieur, résume ce qui, pour lui, mène à l’envie d’indépendance, et qui résulte directement des impasses structurelles du travail sous le capitalisme contemporain : “Je n’ai que trois possibilités : faire partie d’un grand groupe (Atos, Orange, Thales, etc.), pire solution car travaillant exclusivement pour des actionnaires avec un boulot qui n’a aucun sens. Repartir en PME, ce qui est très bien pour 5 ans maximum mais on finit toujours par se faire racheter par les gros. Ou devenir indépendant.” Mais pour beaucoup, après la démission, c’est la quête d’un boulot salarié “moins pire” qui reste le seul choix possible.

      Démissionnaires de tous les secteurs, unissons-nous !

      Poussés dehors par des entreprises et des services publics de plus en plus macronisés (c’est-à-dire où la violence des rapports humains, la fausseté du discours et la satisfaction des actionnaires ou des gestionnaires prennent toute la place), nous sommes amenés à chercher des recours possibles pour mener une vie plus tranquille, un peu à l’égard de la guerre que le capitalisme nous mène. Mais l’ailleurs n’existe pas, ou bien il implique des choix de vie radicaux et sacrificiels. “Je me demande s’il y a moyen de dire fuck à la société capitaliste sans devenir un primitiviste babos qui ne se lave plus”, me résumait cette semaine mon frère, sans pitié. Franchement, sans doute pas. On peut s’épargner des souffrances inutiles en refusant le salariat, des boulots absurdes et profondément aliénants – quand on le peut – mais partout où on l’on se trouve, il faut lutter.

      Ce constat serait plombant si j’étais le seul à avoir quitté à répétition mes derniers emplois. Mais ce n’est pas le cas. Nous, démissionnaires, sommes des dizaines de milliers. Nous, les rescapés des ruptures conventionnelles, les démissionnaires sans allocations, les abandonneurs de postes, rejoignons chaque jour le cortège ordinaire des licenciés, des en-incapacité-de-travailler, des accidentés, des malades, de tous ceux qui ont été exclus ou se sont exclus du cursus honorum que le capitalisme accorde à celles et ceux qui ne font pas partie de la classe bourgeoise : baisse la tête, obéis au chef, endette-toi, fais réparer ta voiture et peut-être qu’à 40 ans tu seras propriétaire de ton logement.

      Nous, démissionnaires, sommes si nombreux et si divers. Les écœurés du virilisme des chantiers comme Yann, les saoulées du sexisme de boutique comme Sara, les rescapés de la brutalité patronale comme Arthur, les Selma et Damien qui ne veulent pas nuire aux habitants en faisant de la merde, les Céline, Paloma et Orianne qui n’ont pas rejoint le service public pour maltraiter élèves et patients mais aussi les Mohamed, les Hugo qui ne veulent pas engraisser des actionnaires en faisant de l’abattage de dossier pour gonfler les chiffres… Démissionnaires = révolutionnaires ? En tout cas, leur démission est une preuve de non-adhésion au système capitaliste.

      Démissionnaires de tous les secteurs : vous n’êtes pas seuls, nous sommes des milliers, et notre existence fait le procès de l’entreprise capitaliste. Notre amour du travail bien fait, de la justice et de la solidarité sont incompatibles avec la façon dont le capitalisme transforme nos activités, même celles qui en sont a priori le plus éloignées. Démissionnaires de tous les secteurs : unissons-nous !

      https://www.frustrationmagazine.fr/enquete-desertion

      #désertion #désertion_d'en_bas #démissionnaires #travail

  • Dépasser le modèle métropolitain
    https://metropolitiques.eu/depasser-le-modele-metropolitain.html

    Après avoir démontré que les concentrations métropolitaines ne génèrent ni plus de #croissance ni plus d’emploi, Olivier Bouba-Olga invite à imaginer une politique d’aménagement qui s’émancipe des modèles génériques de développement pour mieux prendre en compte les spécificités territoriales. Entretien réalisé par Clément Barbier et Emmanuel Bellanger. Vos travaux ont contribué ces dernières années à mettre en doute le bien-fondé des politiques de (soutien à la) métropolisation. Pouvez-vous nous en exposer les #Entretiens

    / #métropole, intercommunalité, #région, #aménagement, croissance, #élections_présidentielles

    #intercommunalité
    https://metropolitiques.eu/IMG/pdf/met-bouba-olga.pdf

  • Una mappa per ricordare i crimini del colonialismo italiano

    Il 19 febbraio saranno passati 84 anni dal massacro di Addis Abeba, tra i tanti crimini del colonialismo italiano, uno dei più disgustosi e spietati, perché commesso lontano dai campi di battaglia, senza nemmeno l’alibi di una guerra in corso.

    Si trattò di un’immane rappresaglia, scattata in seguito all’attentato fallito contro il viceré d’Etiopia Rodolfo Graziani. Esercito e camicie nere si riversarono in strada, non tanto per stanare e arrestare i due responsabili, quanto per terrorizzare e colpire in maniera indiscriminata i nuovi sudditi dell’Italia imperiale, colpevoli di essersi ribellati agli invasori. Oltre ai militi e ai fascisti organizzati, si lanciarono entusiasti nella caccia al nero anche operai, burocrati e impiegati coloniali. Prigionieri e semplici passanti – colpevoli soltanto di essere africani – vennero uccisi a bastonate, a badilate, oppure pugnalati, fucilati, impiccati, investiti con automezzi, bruciati vivi nelle loro case.

    Il 22 febbraio 1937, Graziani spedì a Mussolini un telegramma eloquente: “In questi tre giorni ho fatto compiere nella città perquisizioni con l’ordine di far passare per le armi chiunque fosse trovato in possesso di strumenti bellici, che le case relative fossero incendiate. Sono state di conseguenza passate per le armi un migliaio di persone e bruciati quasi altrettanti tucul”.

    In breve, la strage debordò dal cerchio di fuoco che gli aerei italiani avevano stretto intorno ad Addis Abeba. Raggiunse i villaggi, le case sparse, i luoghi di culto. Centinaia di persone furono arrestate e morirono nei campi di detenzione di Danane, in Somalia, e Nocra, in Eritrea, dove Graziani ordinò che avessero minime quantità d’acqua e di cibo. Il clero copto fu identificato come un pericoloso sobillatore di ribelli e dopo la classica indagine dove il colpevole è stabilito in anticipo, a maggio Graziani spedì il generale Maletti ad annientare il villaggio conventuale di Debre Libanos, la comunità monastica più importante del paese. Le esecuzioni ufficiali ammontarono a 449. Lo storico Ian Campbell considera invece plausibile l’uccisione di circa duemila persone, compresi centinaia di minorenni, sia laici sia religiosi. Almeno il doppio ne sarebbero morte, secondo Angelo Del Boca, per le strade di Addis Abeba, mentre per Campbell sarebbero state 19mila e per le autorità etiopi – come denunciarono nel dopoguerra – 30mila.

    Una proposta di legge dimenticata
    Da allora, il 19 febbraio è un giorno di lutto per l’Etiopia, ma in Italia scorre via come una giornata qualsiasi, e le grida di quegli spettri restano sepolte sotto decenni di oblio e di svilimento.

    Unica eccezione: il 23 ottobre 2006 un piccolo gruppo di deputati ha presentato alla camera una proposta di legge per istituire un “Giorno della memoria in ricordo delle vittime africane durante l’occupazione coloniale italiana”. La data prescelta era proprio il 19 febbraio.

    Si sa che gli anniversari rischiano di trasformarsi in cerimonie vuote, liturgie sempre uguali a sé stesse, dove la verità che si vorrebbe rammentare, a forza di ripeterla con le medesime formule, finisce per suonare noiosa, banale e in certi casi addirittura sospetta. D’altra parte, se sono colti come un’opportunità, e non come un obbligo, possono costituire un banco di prova per mantenere attiva la memoria, trovando parole e segni che la rinnovino, che permettano al futuro di interrogarla.

    Come ci ha insegnato in questi anni il movimento transfemminista Non una di meno, dedicare una giornata, l’8 marzo, a riflettere, manifestare e confrontarsi su un determinato tema, non significa mettersi l’anima in pace, fare un compitino, e poi dimenticarsene per altri dodici mesi. Le scadenze riflettono l’umore dei corpi che le riempiono. Sono stanche se chi le anima è affaticato, battagliere se è combattivo, e per questo hanno sempre anche lo scopo di tastare il polso a una comunità.

    Rilettura radicale e azioni di guerriglia
    Diversi segnali sembrano suggerire che i tempi sono finalmente maturi per sincronizzare gesti e pensieri su una rilettura radicale del colonialismo italiano.

    Al di là di convegni, progetti artistici e ricerche accademiche, è l’interesse degli abitanti per la “topografia coloniale” che li circonda a segnare un cambio di passo – influenzato dalle proteste di Black lives matter negli Stati Uniti – che porta il tema fuori dalle aule, fuori dai libri, dove la storia si fa materia, e le contraddizioni sono incise sulla pelle dei territori.

    Proprio nell’estate del 2020, non appena le restrizioni dovute alla pandemia hanno concesso una tregua, si è assistito a un proliferare di iniziative, su e giù per l’Italia.

    In giugno, a Roma, la rete Restiamo umani è intervenuta in via dell’Amba Aradam e di fronte alla futura stazione Amba Aradam/Ipponio sulla linea C della metropolitana.

    Le targhe stradali sono state modificate per diventare via George Floyd e Bilal Ben Messaud, mentre lungo le barriere che delimitano il cantiere della nuova fermata sono comparsi grandi manifesti con scritto: “Nessuna stazione abbia il nome dell’oppressione”. Da quest’azione di “guerriglia odonomastica” è nata la proposta di intitolare la stazione della metro al partigiano italo-somalo Giorgio Marincola.

    Pochi giorni dopo, a Padova, un nutrito gruppo di associazioni ha guidato una camminata per le vie del quartiere Palestro, svelando l’origine dei nomi coloniali e mettendoli in discussione con letture e cartelli. Una sceneggiatura molto simile a quella dei trekking urbani che il collettivo Resistenze in Cirenaica organizza a Bologna dal 2015, o al Grande rituale ambulante “Viva Menilicchi!”, celebrato a Palermo nell’ottobre 2018, e alla visita guidata nella Firenze imperiale che ha inaugurato, in quello stesso anno, il progetto Postcolonial Italy.

    Sempre nell’estate 2020, a Milano, il centro sociale Cantiere ha lanciato una chiamata alle arti, con il motto “Decolonize the city!”: un progetto durante il quale, tra lezioni all’aperto e street art, è stata inaugurata una statua di Thomas Sankara all’interno dei giardini Indro Montanelli, quelli del monumento al celebre giornalista, sanzionato l’anno prima con una cascata di vernice rosa per aver sempre giustificato con affettata nonchalance il suo matrimonio combinato con una ragazzina dodicenne durante la guerra d’Etiopia.

    A Bergamo, nel settembre 2020, alcuni cartelli sono stati appesi a diverse targhe stradali, per ricordare che il fascismo e il colonialismo furono anche violenza di genere, proponendo dediche alternative a donne che contribuirono, in diversi campi, al progresso dell’umanità. Alla riapertura delle scuole, gli Arbegnuoc Urbani di Reggio Emilia hanno contestato insieme agli studenti il nome del polo scolastico Makallé, che si trova nella strada omonima, per l’occasione ribattezzata via Sylvester Agyemang, alunno di quell’istituto travolto lì vicino da un autobus. Infine, a metà ottobre, si sono svolti a Torino i Romane worq days, in onore della principessa etiope, figlia dell’imperatore Hailé Selassié, deportata in Italia nel 1937 e morta tre anni dopo nel capoluogo piemontese.

    Tutte queste iniziative ci dicono che il 2021 potrebbe essere l’anno giusto per istituire dal basso quella giornata di memoria che il parlamento non è riuscito ad approvare. Se una questione ci sta a cuore, non abbiamo bisogno di una legge per ricordarla.

    Fantasmi che non vogliamo vedere
    Quale che sia il giorno prescelto, le diverse iniziative andrebbero a formare un rituale di massa, con il risultato di evocare fantasmi. Le nostre città ne sono piene, eppure non li notiamo, non capiamo cosa dicono, leggiamo i loro nomi e non li riconosciamo, calpestiamo le loro tracce e le gambe non tremano, ne vediamo gli effetti e li attribuiamo ad altre cause, ne saccheggiamo l’eredità e non sappiamo nemmeno chi ce l’abbia lasciata, seguiamo i loro passi e ci illudiamo di percorrere nuovi sentieri.

    Monumenti, lapidi, targhe stradali, edifici: migliaia e migliaia di luoghi, su e giù per l’Italia, ci parlano invano del passato coloniale, come fotografie scattate in un tempo remoto e di cui abbiamo perduto le didascalie. Oppure ci ripetono, con la fissità della pietra, che fu un’impresa eroica, coraggiosa, patriottica, piena di fulgidi esempi dell’italico valore, per i quali ci viene chiesto di provare ammirazione.

    Come il regno d’Italia, fin dai primi anni dopo l’unità, si è plasmato occupando terre e aggredendo popoli, in barba agli ideali dell’indipendenza, così si sono “fatti gl’italiani” anche a suon di razzismo e stereotipi imperiali, e si è modellato il paesaggio urbano perché rispecchiasse le loro avventure coloniali, virili e da civilizzatori di antico lignaggio. Uno specchio che è rimasto lì, anche quando si è smesso di interrogarlo, per paura di quelle stesse risposte che un tempo ci facevano gongolare. Meglio non sapere per quale motivo quel quartiere si chiama Neghelli, o cosa fosse “l’assedio economico” di cui parla quella targa sulla facciata del municipio, o perché dietro un monumento ai partigiani fa capolino il bassorilievo di un’antilope.

    Meglio silenziare, edulcorare, censurare. Togliere le didascalie, ma lasciare le foto: in fondo il nonno era venuto così bene! Ti somiglia pure! Ma chi è quella ragazza, a petto nudo, che lo abbraccia controvoglia? E quel mucchio di cadaveri, sul quale pianta fiero il tacco dello stivale? Cadaveri? Quali cadaveri? Quelle sono zolle, zolle di terra! Non lo sai che il nonno è andato laggiù per lavorare, per coltivare, per trasformare il deserto in un giardino?

    Altri colonialismi
    Il testo della proposta di legge parla di cinquecentomila vittime africane nelle colonie del regno d’Italia, ovvero Libia, Somalia, Etiopia ed Eritrea. Possiamo star certi che furono molte di più, e d’altra parte, non è nemmeno corretto limitare l’impatto del colonialismo italiano alle sole terre d’Africa. L’Albania fu un “protettorato italiano”, con un governo fantoccio, occupato e soggiogato con le armi, un anno prima che scoppiasse la seconda guerra mondiale. Le isole dell’Egeo furono un “possedimento d’Oltremare”, sottile differenza che interessa giusto ai filatelisti. Gli ebrei di Rodi e di Kos presero la cittadinanza italiana, ma nel 1938, con la proclamazione delle leggi razziali, furono cacciati dalle scuole e dagli uffici pubblici, vennero schedati nei registri civili, i loro beni furono inventariati e in parte espropriati, quindi venne chiuso il collegio rabbinico della città.

    Dopo l’armistizio dell’8 settembre 1943, l’isola fu occupata dai nazisti. Le autorità fasciste della repubblica sociale Italiana, loro alleate, consegnarono ai tedeschi gli elenchi degli ebrei rodioti, che vennero rastrellati e deportati in Germania. Sono 1.815 i nomi accertati di ebrei residenti sull’isola che morirono nei campi di sterminio, 178 quelli rimasti in vita.

    Possiamo lasciare agli storici il compito di stabilire se fu “colonialismo” l’occupazione della Dalmazia nel 1941, quella di Fiume da parte dei legionari di D’Annunzio, o la minuscola concessione italiana nel porto cinese di Tianjin, oggi trasformata in un’attrazione turistica e commerciale, la New italian style town. Di certo il nostro colonialismo non s’è limitato all’Africa e i suoi crimini vanno ben oltre la strage di Addis Abeba del 19 febbraio. Quella, tuttavia, è l’unico delitto di così vaste proporzioni che si possa collegare a un giorno preciso. La deportazione degli abitanti del Jabal al Akhdar, in Cirenaica, per togliere supporto alla resistenza libica e far spazio a coloni italiani, provocò almeno quarantamila morti, tra quelli che crollarono durante la marcia nel deserto e quelli che morirono nei campi di concentramento sulla costa: è chiaro però che tutto questo avvenne nel corso di settimane e mesi, così come settimane durarono i bombardamenti con armi chimiche, durante l’invasione fascista dell’Etiopia, mentre l’Eritrea – la cosiddetta colonia primogenita – conobbe cinquant’anni di razzismo e violenza.

    Volendo scegliere una singola data, il 19 febbraio sembra in effetti la più adatta, considerando che la comunità etiope la commemora già tutti gli anni. In Etiopia, la data sul calendario è conosciuta come Yekatit 12 e con quel nome è intitolata una piazza della capitale. Nella nostra, di capitale, ci sono invece strade dedicate a Reginaldo Giuliani, Antonio Locatelli e Alfredo De Luca, che in Etiopia portarono morte e distruzione, inquadrati nell’esercito e nell’aviazione fascista. Qualche decina di chilometri più a est, ad Affile, sempre in provincia di Roma, sopravvive alla rabbia di molti l’ignobile mausoleo dedicato a Graziani, che del massacro di Addis Abeba fu il principale responsabile.

    Un inventario
    Non si potrà fare memoria, il 19 febbraio, dei crimini del colonialismo italiano, senza porsi il problema di come trattare certi nomi, lapidi, targhe, monumenti, edifici che ancora affollano il territorio italiano.

    Un primo passo per provare a maneggiare quest’eredità ingombrante sarebbe quello di farne un inventario, censire i luoghi, sistemarli su una mappa. È quel che ho cominciato a fare da qualche mese, nei ritagli di tempo. In principio, volevo solo localizzare le lapidi ancora esistenti – ma in molti casi riutilizzate – che il regime fascista fece posare in tutti i municipi d’Italia, il 18 novembre 1936, un anno dopo l’entrata in vigore delle sanzioni economiche contro il regno d’Italia decise dalla Società delle nazioni per condannare l’invasione dell’Etiopia.

    Ben presto, mi sono ritrovato a segnare molti altri posti, e da un paio di settimane, attraverso il blog Giap e con l’aiuto del collettivo Resistenze in Cirenaica, stiamo raccogliendo segnalazioni da tutta Italia. La mappa è ancora agli inizi, ma l’affollarsi di tanti segnaposti dà già l’impressione di una mostruosa eruzione cutanea. Una specie di allergia.

    Anticolonizzare
    La questione di come trattare le tracce che la storia lascia nel paesaggio non è certo nuova, né originale, ma si ripresenta ogni volta in maniera diversa, perché diverse sono le esigenze che la portano in superficie. Oggi è chiaro che le vestigia del colonialismo italiano provocano irritazioni e piaghe nel tessuto delle città, perché la guerra contro i migranti uccide uomini e donne i cui avi furono sterminati dai nostri. Nella strage di Lampedusa del 3 ottobre 2013 ci furono 366 morti accertati e 20 dispersi, molti dei quali erano eritrei, partiti da Misurata, in Libia, e naufragati nel 78° anniversario dell’invasione dell’Etiopia da parte del regno d’Italia.

    Due anni dopo, sempre a Bergamo, la fontana dedicata ad Antonio Locatelli, fiero sterminatore di etiopi con armi chimiche, si riempiva d’acqua rosso sangue e uno striscione lo chiamava assassino. Il sindaco Giorgio Gori, manco a dirlo, dichiarò che l’illustre concittadino fascista era una figura “controversa”, ma definì “maleducati” gli autori del gesto.

    Non è raro che azioni come questa siano etichettate come vandalismi, anche quando non si verificano reali danni all’arredo urbano, ma a disturbare è l’idea stessa che questo venga modificato, salvo poi accettare che enormi cartelloni pubblicitari cambino il volto di una piazza per mesi e mesi.

    L’oppressione non finisce quando la vittima se la scuote di dosso, ma quando la ripudia anche il carnefice

    Si declina in termini di decoro quello che invece è un problema di potere: se a casa mia posso cambiare l’arredamento come mi pare, chi decide l’aspetto dello spazio comune? In teoria, le amministrazioni comunali si riempiono la bocca di processi partecipati, ma nella pratica quel che ne risulta è sempre molto simile a un piano prestabilito. Le commissioni toponomastiche delle città, per esempio, tendono a escludere che si possano cambiare i nomi delle vie: troppo complicato, troppi indirizzi da modificare, troppa gente da mettere d’accordo, ci sono questioni più importanti.

    Chi invece organizza queste azioni topografiche, usa spesso il verbo “decolonizzare”, per suggerire l’idea che le nazioni europee devono liberarsi dal colonialismo, così come se ne sono liberate le loro ex colonie, in quel processo storico chiamato appunto decolonizzazione. L’oppressione non finisce quando la vittima se la scuote di dosso, ma quando la ripudia anche il carnefice. Questo è sacrosanto, eppure quando leggo che bisogna “decolonizzare le nostre città”, mi viene sempre in mente il caffè decaffeinato: l’espresso ti piace, però ti fa male. Allora gli togli la componente tossica e continui a berlo, come se niente fosse. Derattizzi un quartiere, metti le esche per i topi, et voila, sparito il problema.

    Intendo dire che in un certo senso i nostri spazi urbani sono già fin troppo de-colonizzati: entri al bar Dogali, strappi una bustina di zucchero che ha stampata sopra una faccia africana, butti giù un deca, leggi il titolo sui migranti somali partiti da Zuwara, ti lamenti perché “un negro” vuole rifilarti un accendino e tutto l’ambaradan che si porta dietro, saluti il ras del quartiere, quindi corri al lavoro, lungo via Bottego, sotto il palazzo con quella scritta in latino, “Tu regere imperio populos…”. E in tutto questo, del colonialismo e dei suoi crimini, non hai sentito nemmeno l’odore.

    Forse allora bisognerebbe impegnarsi per “anticolonizzare” il nostro paesaggio, il senso che diamo ai luoghi nell’atto di abitarli ogni giorno: introdurre anticorpi, invece di limitarsi a rimuovere il virus. Nel 1949 a Bologna gli odonimi coloniali del rione Cirenaica furono sostituiti con nomi di partigiani: ne restò solo uno, via Libia. Ora non si tratta di togliere anche quello, ma di aggiungerci un adesivo: “Nazione africana, luogo di crimini del colonialismo italiano”, e di raccontare come mai la giunta comunista decise che una delle vecchie intitolazioni doveva restare. Il che non significa fare lo stesso con il nome di Italo Balbo, nelle ventuno vie d’Italia che si chiamano così, inserendo giusto una targa esplicativa con il suo curriculum di violenze. Significa che il problema non si risolve cambiando un’intitolazione. La sfida è politica, estetica, storica e creativa, quindi avvincente.

    A chi strilla che “il passato non si cancella”, bisogna ribattere che un nome, un monumento o una targa, se stanno in strada non sono il passato, bensì il presente. E se ci restano, sono pure il futuro.

    Decidere cosa consegnare all’avvenire, e in che modo riuscirci, è sempre una questione politica, dunque materia di conflitto. Come ogni mossa che facciamo sul territorio, un passo dopo l’altro.

    https://www.internazionale.it/opinione/wu-ming-2/2021/02/15/mappa-colonialismo-italiano

    #visualisation #cartographie #carte_interactive #crowsourcing #colonialisme_italien #Italie #Italie_coloniale #traces_coloniales #toponymie #toponymie_coloniale #toponymie_politique

    ping @postcolonial @cede

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    ajouté à la métaliste sur le colonialisme italien:
    https://seenthis.net/messages/871953

  • fin mars 2022 : Cure detalji o tragediji na Kupi : ’Ušli smo u vodu, krenuli s pretragom i na jednom dijelu našli utopljenika’

    Traduction en ligne :
    –-> Cure détails sur la tragédie sur le Kupa : « Nous sommes allés dans l’eau, avons fait une recherche et avons trouvé un homme noyé dans une partie »

    La police croate, après un rapport de collègues slovènes, a arrêté un groupe de migrants en provenance du Congo. L’un est mort, malgré la réanimation, et un autre noyé a été retrouvé à Kupa

    La nuit dernière, la police slovène a informé ses collègues croates qu’un groupe plus important de migrants se trouvait à Kupa. Des policiers de Vrbovsko, des forces spéciales de Rijeka et avec eux des pompiers se rendent sur le terrain car le terrain est inaccessible. Après trois kilomètres de marche, ils trouvent cinq hommes figés qui disent que le sixième est proche.

    « La personne était inconsciente, alors ils l’ont aidé professionnellement, mais ils ont essayé de la réanimer, mais la personne est décédée. Lorsque l’ambulance est arrivée, ils ont constaté le décès de cette personne. le poste de police de Vrbovsko », a déclaré Tomislav Horvat , chef du service des migrations illégales de la police de Primorje-Gorski Kotar.

    La nuit était froide, la température de l’air moins 1 et le Kupa sauvage 7 degrés. 22 pompiers de cinq brigades de pompiers volontaires se sont rendus sur les lieux. Ils disent n’avoir jamais vu des gens aussi épuisés et hypothermiques. Bien qu’ils aient été noyés par des couvertures, ils tremblaient constamment sur des brancards. Et le tout premier qu’ils ont trouvé leur a annoncé une autre terrible nouvelle.

    "Des collègues ont dit d’où il venait, c’est-à-dire du Congo, donc il a aussi dit que son frère s’était noyé, c’est-à-dire qu’il avait disparu dans la Kupa", a déclaré Dalibor Mareković , commandant du DVD de Vrbovsko.

    Il va à la police et le GSS a commencé hier à rechercher son frère autour de Severin na Kupi.

    "C’est là que nous sommes allés dans l’eau et avons commencé à fouiller le terrain pour trouver le corps d’un noyé dont nous avons pris soin et transporté par l’eau. Ces villages sont abandonnés depuis longtemps, ce sont déjà des ruines, donc le terrain est totalement inaccessible, la jungle .", a déclaré Goran Tomac , chef de la station HGSS Delnice.

    Dans de rares endroits, vous pouvez vous approcher de la rivière, qui a gonflé de pluie et de neige jusqu’à 4 mètres la nuit du drame.

    "Avec un dériveur et une chienne, c’est un kayak debout, nous sommes partis tous les quatre et nous avons descendu un ou deux kilomètres jusqu’à lui", a expliqué Bruno Stipancic , membre de la station HGSS de Delnice.

    Cette fois, Kupa a coûté la vie à deux migrants.

    Il y a huit jours à peu près au même endroit un autre, un Camerounais qui a déjà été enterré.

    "En tant que ville, nous avons fourni certains fonds et nous avons une tombe commune pour toutes ces personnes et nous les enterrons jusqu’à ce que les proches se manifestent", a déclaré Drazen Muftić, le maire de Vrbovsko.

    Pour eux deux, c’était la fin du chemin vers une vie meilleure. Les cinq détenus d’ici la fin de la journée devraient être transférés dans un centre d’accueil à Zagreb. Ils auraient admis qu’ils étaient au moins 11 dans le groupe et qu’ils avaient tenté de traverser la Coupe avec un radeau improvisé, mais personne ne sait où se trouve maintenant le reste du groupe.

    https://www.rtl.hr/vijesti-hr/novosti/crna-kronika/4221832/cure-detalji-o-tragediji-na-kupi-usli-smo-u-vodu-krenuli-s-pretragom-i-na-jednom

    #Croatie #Slovénie #asile #migrations #réfugiés #frontière_sud-alpine #Alpes #montagne #décès #mort
    #Kolpa #Kupa

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    Ajouté à cette métaliste des morts à la frontière Slovénie-Croatie :
    https://seenthis.net/messages/811660

    Elle-même ajouté à la métaliste des morts dans les Alpes :
    https://seenthis.net/messages/758646

  • Le #Conseil_de_l’Europe dénonce le refoulement « généralisé » des migrants aux frontières européennes

    Le Conseil de l’Europe a publié, jeudi, un #rapport dans lequel il dénonce le refoulement « généralisé » des migrants aux #frontières. Une pratique émaillée de « violence[s] grave[s] et systématique[s] », selon l’organisation qui demande aux États membres de mettre fin à ce qu’elle qualifie de « violations des droits humains ».

    Dans un rapport, publié jeudi 7 avril, le Conseil de l’Europe affirme que le nombre de « réfugiés, demandeurs d’asile et migrants » refoulés aux #frontières_terrestres et maritimes de l’Union européenne (UE) a augmenté ces dernières années. L’organisation, une institution indépendante qui n’appartient pas à l’UE, parle d’un phénomène devenu un « problème paneuropéen systématique ».

    Le Conseil pointe plusieurs pays en particulier : la #Croatie, l’#Italie, l’#Autriche, la #Hongrie, la #Pologne, la #Lituanie, la #Lettonie, la #Grèce, #Chypre, la #Turquie, la #Bulgarie ou encore la #France et l’#Espagne. Ces 13 États sont vivement critiqués pour avoir renvoyé, vers les pays voisins, des migrants qui tentaient d’entrer sur leur territoire, sans leur laisser la possibilité de déposer une demande de protection.

    Le document s’appuie sur des rapports d’ONG qui ont, par exemple, dénombré entre 50 et 130 procédures de refoulement par jour pendant l’été 2020, et jusqu’à 170 en octobre de la même année, entre la France et l’Italie, dans le département français des #Alpes_maritimes.

    Les autres pays ont également été visés par plusieurs enquêtes de médias ou d’associations, faisant état de « #pushbacks » systématiques à leurs frontières. La Grèce a, par exemple, été accusée à plusieurs reprises de renvoyer des migrants en mer Égée vers la Turquie, parfois sans canot, ni gilets de sauvetage. La Pologne, la Lituanie et la Lettonie ont, de leur côté, été critiqués pour leur traitement des personnes arrivant de la Biélorussie voisine, notamment lors de l’important afflux observé à l’été 2021.

    « Des violations des droits humains cruelles et contradictoires »

    Le rapport souligne aussi que dans certains pays, « l’usage de la #violence » envers les exilés est « grave et systématique ». Il fustige également la tendance de certains États à vouloir adopter des lois légalisant les mesures de refoulement, comme c’est notamment le cas en Hongrie, ou même en France.

    « La situation actuelle montre que les graves violations des droits humains, devenues un élément essentiel des méthodes de contrôle aux frontières des États membres, sont cruelles, contradictoires et contreproductives », a souligné la Commissaire du Conseil de l’Europe pour les droits de l’Homme, Dunja Mijatovic.

    Cette dernière n’a pas manqué de pointer du doigt le double standard avec l’accueil « chaleureux » réservé aux Ukrainiens fuyant la guerre : les pays européens qui leur ont ouvert les bras sont les mêmes qui repoussent hors de leurs frontières les migrants d’autres nationalités.

    Dunja Mijatovic regrette qu’en agissant ainsi, les dirigeants créent « de faux clivages » entre les différents groupes. « Les droits humains existent pour nous protéger tous de la même manière, peu importe notre origine », a-t-elle insisté.

    Le Conseil de l’Europe, vigie des droits humains sur le continent, demande donc aux États membres de mettre fin à ces refoulements et de « respecter leurs obligations légales » vis-à-vis des personnes en demande de protection en ne les renvoyant pas de l’autre côté de la frontière « sans une procédure individualisée », ni sans « droit à un recours effectif ».

    Il exige aussi que les États mettent en place « des règles de conduite » et des « procédures standardisées claires et obligatoires » pour les autorités en charge du contrôle aux frontières afin de traiter les migrants « de manière conforme aux droits humains ».


    https://www.infomigrants.net/fr/post/39722/le-conseil-de-leurope-denonce-le-refoulement-generalise-des-migrants-a

    #migrations #asile #réfugiés #refoulement_généralisé #Europe #EU #UE #violence #violence_systématique #frontières_maritimes #problème_systématique #contrôles_frontaliers #droits_humains

    ping @isskein @karine4 @_kg_

    • Repoussés au-delà des limites. Il est urgent de mettre un terme aux refoulements aux frontières de l’Europe

      « Face à l’ampleur et à la #normalisation des refoulements aux frontières de l’Europe, il est urgent que les gouvernements et les parlementaires mènent une action concertée », a déclaré aujourd’hui Dunja Mijatović, Commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe, en rendant public une Recommandation aux gouvernements et aux parlementaires des États membres décrivant la multiplication des refoulements et des violations connexes des droits de l’homme observée aux frontières terrestres et maritimes des pays européens.

      « Cette Recommandation est publiée dans une période où la protection des droits de l’homme en Europe est mise à particulièrement rude épreuve » a déclaré la Commissaire. « La guerre qui fait rage en Ukraine cause des morts, des destructions et a contraint plus de quatre millions de personnes à quitter leur pays pour tenter de se mettre à l’abri ailleurs en Europe. La réponse immédiate des pays européens montre qu’il est possible de mettre la protection de la dignité humaine et le respect des obligations internationales au centre de l’action des États. »

      Un tel principe devrait aussi s’appliquer à la protection des réfugiés, des demandeurs d’asile et des migrants venant d’autres parties du monde. Malheureusement, dans de nombreux États membres du Conseil de l’Europe, depuis plusieurs années, ces personnes ont fait l’objet de refoulements. Ainsi que le souligne cette Recommandation, « ces pratiques vont à l’encontre des obligations incombant aux États membres en matière de droits de l’homme car elles sont contraires au principe de non-refoulement, fragilisent le droit d’asile, privent les personnes renvoyées des garanties fondamentales qui devraient s’appliquer, et entraînent souvent des violences, des actes de torture et d’autres mauvais traitements graves, voire portent atteinte au droit à la vie. » La Recommandation décrit la manière dont plusieurs pays ont fait du refoulement des réfugiés, des demandeurs d’asile et des migrants une politique officielle, qui est parfois même inscrite dans la législation nationale, et met en garde les États contre les tentatives visant à limiter encore la surveillance exercée sur les opérations qu’ils mènent à leurs frontières.

      Quatre principaux domaines d’action sont identifiés dans cette Recommandation pour enrayer le phénomène

      Premièrement, les gouvernements doivent mettre en œuvre de bonne foi les obligations leur incombant en matière de droits de l’homme, notamment au titre de la Convention européenne des droits de l’homme, et cesser de fuir leurs responsabilités. « Lorsque les États manquent à leurs obligations, ils fragilisent l’État de droit et les garanties durement acquises dans le domaine des droits de l’homme. Cela représente un danger pour nous tous, et pas uniquement pour les réfugiés, les demandeurs d’asile et les migrants. »

      Deuxièmement, il faut que les gouvernements augmentent la transparence et la responsabilité, notamment en renforçant les mécanismes qui permettent d’exercer un contrôle indépendant des opérations de surveillance des frontières. Ces mécanismes sont indispensables pour empêcher les refoulements, mettre au jour les violations et combattre l’impunité.

      Troisièmement, tous les États membres du Conseil de l’Europe doivent reconnaître que les refoulements sont un problème grave, de dimension paneuropéenne, dont le règlement requiert la participation de tous. Cela suppose aussi, pour un gouvernement, de dénoncer les violations des droits de l’homme et de demander des comptes à ses homologues. « Les refoulements étant une réalité indéniable en Europe, tous les États membres, y compris ceux qui ne mènent pas directement de telles opérations, doivent se sentir concernés et agir. Rester passif revient à tolérer silencieusement que des violations des droits de l’homme soient commises », a prévenu la Commissaire.

      Quatrièmement, les parlementaires doivent se mobiliser pour empêcher l’adoption de propositions législatives qui autoriseraient les refoulements et pour abolir toutes les dispositions en ce sens qui seraient déjà en vigueur. Il leur appartient aussi de demander des comptes à leur gouvernement et d’utiliser leur mandat pour attirer l’attention sur les violations des droits de l’homme qui se produisent.

      https://www.youtube.com/watch?v=rM6L3njNQfY&feature=emb_logo


      https://www.coe.int/fr/web/commissioner/-/pushed-beyond-the-limits-urgent-action-needed-to-stop-push-back-at-europe-s-bor

  • Dennis Meadows : « Il faut mettre fin à la croissance incontrôlée, le cancer de la société »

    Dans un entretien au « Monde », le physicien, coauteur il y a cinquante ans du rapport du Club de Rome « Les Limites à la croissance », estime que l’impératif est aujourd’hui de changer « les valeurs et les objectifs » des sociétés contemporaines, qui courent à leur perte.

    Propos recueillis par Audrey Garric
    Publié le 08 avril 2022

    C’est un texte qui a fait date. En 1972, répondant à une commande du Club de Rome, un think tank basé en Suisse, des chercheurs du Massachusetts Institute of Technology (MIT) publiaient "The Limits to Growth", un rapport montrant que la croissance économique ne pouvait se poursuivre indéfiniment dans un monde aux ressources finies. Il prévoyait que la population et la production industrielle et de nourriture finiraient par ralentir puis reculer, contraintes par les limites de la planète – disparition des ressources naturelles et capacité limitée de la Terre à absorber les émissions.

    L’un de ses coauteurs, le physicien américain Dennis Meadows, 79 ans, a répondu aux questions du Monde, à l’occasion du cinquantième anniversaire du rapport, et de la publication d’une nouvelle version de ce best-seller, le 3 mars, "Les Limites à la croissance (dans un monde fini)", aux éditions Rue de l’Echiquier (488 pages, 14,90 euros).

    Quel bilan tirez-vous, cinquante ans après la publication du rapport de 1972 ?

    Notre empreinte écologique est trop élevée : nous consommons plus de ressources que la Terre ne peut en régénérer, qu’il s’agisse de combustibles fossiles, de sols fertiles, d’eau propre, etc. En 1972, nous avions encore une chance de ralentir ce processus, et de garder la démographie et la consommation à des niveaux soutenables. L’une de nos principales conclusions était que plus nous agissions tôt, meilleurs seraient les résultats. Mais pendant cinquante ans, nous n’avons pas agi. Nous sommes donc au-delà de la capacité de la Terre à nous soutenir, de sorte que le déclin de notre civilisation à forte intensité énergétique et matérielle est inévitable. Le niveau de vie moyen va baisser, la mortalité va augmenter ou la natalité être réduite et les ressources diminueront.

    La plupart des gens pensent que l’épuisement des ressources ne nous affecte que lorsqu’il n’y a plus rien dans le sol. C’est plus complexe que cela. Les limites à la croissance sont liées au fait que, progressivement, le coût des ressources devient si élevé que nous ne pouvons plus nous permettre de les utiliser en si grandes quantités. Nous sommes actuellement dans cette situation où, par exemple, le prix du pétrole devient trop cher pour les consommateurs.

    L’un de vos scénarios prévoyait que la croissance s’arrêterait autour de 2020. Est-ce vraiment ce que l’on observe maintenant ?

    Cette possibilité est en train de se réaliser : les ressources sont de plus en plus chères, la demande est de plus en plus importante, de même que la pollution. La question est désormais de savoir non pas si mais comment la croissance va s’arrêter. Ce que nous voyons, c’est que la population diminue maintenant dans certains pays, au Japon, en Russie et bientôt en Chine. Bien sûr, le PIB continue de croître, mais ce n’est pas un bon indicateur du bien-être humain, car il augmente avec les activités néfastes telles que la réparation des dégâts de la guerre en Ukraine.

    Le PIB augmente, mais ses composantes changent. Il s’agit de plus en plus de réparer les dommages environnementaux ou de remplacer les services gratuits que nous obtenions de la Terre, comme extraire l’eau du sol et la boire sans la dépolluer. Avant, les gens s’attendaient à avoir une vie meilleure que celle de leurs parents, maintenant ils pensent que leurs enfants seront moins bien lotis parce que la société ne produit plus de véritables richesses.

    Le dépassement des limites va-t-il forcément se traduire par un effondrement ?

    Imaginez une voiture qui roule vers un mur. Elle peut s’arrêter de deux façons, soit en freinant, soit en heurtant le mur. Lors de la réédition de notre ouvrage, en 2004, il était encore possible de ralentir par une action humaine. Maintenant, je pense que c’est trop tard. Il n’y a aucune possibilité de maintenir la consommation d’énergie aux niveaux actuels ni de ramener la planète dans ses limites. Cela signifie-t-il l’effondrement ? Si vous allez aujourd’hui en Haïti, au Soudan du Sud, au Yémen ou en Afghanistan, vous pourriez conclure qu’il a en fait déjà commencé. Il y a eu tellement de civilisations, les Phéniciens, les Romains, les Mongols et, plus récemment, les Américains. Elles se développent et puis c’est leur fin. C’est notre condition humaine.

    Faut-il donc abandonner l’objectif de développement durable ou de croissance verte ?

    Le développement durable n’est plus possible. Le terme de croissance verte est utilisé par les industriels pour continuer leurs activités à l’identique. Ils ne modifient pas leurs politiques mais changent de slogan. C’est un oxymore. Nous ne pouvons pas avoir de croissance physique sans entraîner des dégâts à la planète. Les pays pauvres en ont toujours un peu besoin, mais les riches doivent passer à un développement qualitatif – améliorer l’équité, la santé, l’éducation, l’environnement.

    Pourquoi les gouvernements et les populations ne réagissent-ils pas ?

    Il y a plusieurs raisons. D’abord, parce qu’en raison de l’évolution génétique depuis des centaines de milliers d’années nous ne sommes pas faits pour penser sur le long terme, mais sur le court terme : comment survivre face aux animaux sauvages. Ensuite, en raison de notre égoïsme. Beaucoup de gens tirent de l’argent et du pouvoir à court terme grâce à la croissance, donc résistent au fait de la ralentir. Enfin, notre système politique ne récompense pas les politiciens qui auraient le courage de faire des sacrifices maintenant pour obtenir des bénéfices plus tard. Ils risquent de ne pas être réélus.

    L’autre élément majeur, c’est que la promesse de croissance infinie est devenue la base du consensus politique. Quand tout le monde comprendra que la croissance ne peut pas continuer ainsi, les changements nécessaires seront impossibles car ceux qui s’attendent à obtenir moins y feront obstacle.

    Y a-t-il un système de gouvernance qui puisse réaliser les changements nécessaires ?

    Actuellement, tous les systèmes politiques – démocraties, dictatures, anarchies – échouent à résoudre les problèmes de long terme, comme le changement climatique, la hausse de la pollution ou des inégalités. Ils ne le peuvent pas, à moins qu’il y ait un changement dans les perceptions et valeurs personnelles. Si les gens se souciaient vraiment les uns des autres, des impacts sur le long terme et dans des endroits éloignés d’eux-mêmes, alors n’importe quelle forme de gouvernement pourrait créer un avenir meilleur.

    Dans votre nouvelle préface, vous écrivez anticiper des « changements politiques d’ampleur considérable ». Lesquels ?

    Le changement climatique, l’épuisement des combustibles fossiles ou encore la pollution de l’eau vont entraîner des désordres, des chocs, des désastres et catastrophes. Or si les gens doivent choisir entre l’ordre et la liberté, ils abandonnent la seconde pour le premier. Je pense que nous allons assister à une dérive vers des formes de gouvernement autoritaires ou dictatoriales. Actuellement déjà, l’influence ou la prévalence de la démocratie diminue et dans les pays dits démocratiques comme les Etats-Unis, la vraie liberté diminue.

    Les solutions technologiques peuvent-elles nous aider ?

    Même en étant un technologue, et en ayant été un professeur d’ingénierie pendant quarante ans, je suis sceptique. Le problème ne vient pas de la technologie, mais de nos objectifs et valeurs. Si les objectifs implicites d’une société sont d’exploiter la nature, d’enrichir les élites et de faire fi du long terme, alors elle développera des technologies dans ce sens. Nous n’avons pas besoin de nouvelles technologies agricoles pour réduire la faim dans le monde. Nous devons simplement mieux redistribuer la nourriture que nous produisons. Les technologies ont par ailleurs un coût (en énergie, argent, etc.) et viendra un moment où il sera trop élevé.

    Pour sortir des énergies fossiles, vous défendez l’efficacité énergétique et le développement des renouvelables, mais pas celui du nucléaire. Pourquoi ?

    Le nucléaire est une idée terrible. A court terme, car il y a un risque d’accident catastrophique : puisqu’on ne peut pas éviter à 100 % les erreurs humaines, on ne devrait pas prendre un tel pari. A long terme, car nous allons laisser les générations futures gérer le problème des déchets pendant des milliers d’années. L’énergie renouvelable est formidable, mais il n’y a aucune chance qu’elle nous procure autant d’énergie que ce que nous obtenons actuellement des fossiles. Il n’y a pas de solution sans une réduction drastique de nos besoins en énergie.

    Aujourd’hui, à la place du développement durable, vous défendez un objectif de résilience à l’échelle locale. De quoi s’agit-il ?

    C’est la capacité à absorber les chocs et continuer à vivre, sans cesser de pourvoir aux besoins essentiels en matière de nourriture, de logement, de santé ou de travail. C’est la capacité de récupération d’une ville après un tremblement de terre, d’une forêt après un incendie. On peut le faire par soi-même, contrairement à la durabilité : on ne peut pas adopter un mode de vie durable dans un monde non durable. A l’inverse, à chaque fois que quelqu’un est plus résilient, le système le devient davantage. Il faut maintenant l’appliquer à chaque niveau, mondial, régional, communautaire, familial et personnel.

    Comment éviter les caricatures d’un retour à la bougie ou à l’âge de pierre ?

    Je pense que les problèmes entraînés par l’absence de résilience le feront pour nous. Avec la guerre en Ukraine, de nombreux pays prennent soudainement conscience qu’il serait souhaitable d’être plus résilients dans l’utilisation de l’énergie ou de la production alimentaire. Nous devrions aussi éviter le terme de décroissance, car il est principalement négatif – il met l’accent sur tous les problèmes de la croissance. Or nous savons que, pour réussir politiquement, il faut être pour quelque chose. Il faut donc trouver une image positive d’une société sans croissance : par exemple, le fait d’accéder à plus de bonheur ou à une meilleure santé.

    –En 1972, votre rapport effleurait le changement climatique. Comment la connaissance actuelle a-t-elle fait évoluer vos travaux ?

    Le changement climatique, de même que l’extinction des espèces ou l’augmentation des déchets plastiques, que l’on qualifie de problèmes, sont en fait des symptômes. La limitation du changement climatique est utile, mais revient à donner une aspirine à quelqu’un atteint d’un cancer. Cela l’aidera seulement à se sentir mieux temporairement. Il faut mettre fin à la croissance incontrôlée, le cancer de la société.

    Gardez-vous de l’espoir ?

    Pas pour cette civilisation intensive en énergie et en matériaux. Elle va disparaître et devenir quelque chose de différent. Chacun d’entre nous peut encore espérer améliorer les choses pour lui-même, mais pas pour la société globale. Les jeunes peuvent manifester autant qu’ils le veulent pour le climat, cela ne fera pas baisser le CO2 et n’empêchera pas la mer de monter. Mais peut-être que cela aidera la société à mieux s’adapter aux changements.

    https://www.lemonde.fr/idees/article/2022/04/08/dennis-meadows-il-faut-mettre-fin-a-la-croissance-incontrolee-le-cancer-de-l

    #croissance #décroissance #énergie #meadows

    Audrey Garric

  • 03.04.2022

    Plusieurs étrangers ont été trouvés le long de la rive de la Kupa près de Vrbovsko. L’un était mort dans la rivière, l’autre est mort malgré la réanimation

    This week, another man lost his life (https://www.novilist.hr/novosti/crna-kronika/vise-stranaca-pronadeno-uz-obalu-kupe-kod-vrbovskog-jedan-je-bio-mrtav-u-rijeci-drugi-preminuo-unatoc-reanimaciji/?meta_refresh=true), killed by unjust European policies. According to the report from the Slovenian police, people have been found in the area along the #Kupa River in the wider #Vrbovsko area. There, they found five people inaccessible terrain along the banks of the #Kupa_River, and after a short time, another man who was unconscious and hypothermic. He was assisted and the officers attempted to save him, but despite an attempt at resuscitation, the man died.

    #Croatie #Slovénie #asile #migrations #réfugiés #frontière_sud-alpine #Alpes #montagne #décès #mort
    #Kolpa

    –—

    Ajouté à cette métaliste des morts à la frontière Slovénie-Croatie :
    https://seenthis.net/messages/811660

    Elle-même ajouté à la métaliste des morts dans les Alpes :
    https://seenthis.net/messages/758646

    • –-> du coup, cet article mentionne deux morts (et non pas un) le 3 avril 2022

      La police croate, après un rapport de collègues slovènes, a arrêté un groupe de migrants en provenance du Congo. L’un est mort, malgré la réanimation, et un autre noyé a été retrouvé à Kupa

      La nuit dernière, la police slovène a informé ses collègues croates qu’un groupe plus important de migrants se trouvait à Kupa. Des policiers de Vrbovsko, des forces spéciales de Rijeka et avec eux des pompiers se rendent sur le terrain car le terrain est inaccessible. Après trois kilomètres de marche, ils trouvent cinq hommes figés qui disent que le sixième est proche.

      « La personne était inconsciente, alors ils l’ont aidé professionnellement, mais ils ont essayé de la réanimer, mais la personne est décédée. Lorsque l’ambulance est arrivée, ils ont constaté le décès de cette personne. le poste de police de Vrbovsko », a déclaré Tomislav Horvat , chef du service des migrations illégales de la police de Primorje-Gorski Kotar.

      La nuit était froide, la température de l’air moins 1 et le Kupa sauvage 7 degrés. 22 pompiers de cinq brigades de pompiers volontaires se sont rendus sur les lieux. Ils disent n’avoir jamais vu des gens aussi épuisés et hypothermiques. Bien qu’ils aient été noyés par des couvertures, ils tremblaient constamment sur des brancards. Et le tout premier qu’ils ont trouvé leur a annoncé une autre terrible nouvelle.

      "Des collègues ont dit d’où il venait, c’est-à-dire du Congo, donc il a aussi dit que son frère s’était noyé, c’est-à-dire qu’il avait disparu dans la Kupa", a déclaré Dalibor Mareković , commandant du DVD de Vrbovsko.

      Il va à la police et le GSS a commencé hier à rechercher son frère autour de Severin na Kupi.

      "C’est là que nous sommes allés dans l’eau et avons commencé à fouiller le terrain pour trouver le corps d’un noyé dont nous avons pris soin et transporté par l’eau. Ces villages sont abandonnés depuis longtemps, ce sont déjà des ruines, donc le terrain est totalement inaccessible, la jungle .", a déclaré Goran Tomac , chef de la station HGSS Delnice.

      Dans de rares endroits, vous pouvez vous approcher de la rivière, qui a gonflé de pluie et de neige jusqu’à 4 mètres la nuit du drame.

      "Avec un dériveur et une chienne, c’est un kayak debout, nous sommes partis tous les quatre et nous avons descendu un ou deux kilomètres jusqu’à lui", a expliqué Bruno Stipancic , membre de la station HGSS de Delnice.

      –-> puis l’article parle d’un autre mort (fin mars 2022) :
      https://seenthis.net/messages/957547

      https://www.rtl.hr/vijesti-hr/novosti/crna-kronika/4221832/cure-detalji-o-tragediji-na-kupi-usli-smo-u-vodu-krenuli-s-pretragom-i-na-jednom