La #population_mondiale ne croîtra pas éternellement
Nous sommes plus de huit milliards sur Terre. Mais la croissance de la population ralentit. À quoi ressemblera la planète en 2050 ou en 2100 ? Les démographes projettent un portrait tout en contrastes.
L’humanité est une jeune multimilliardaire. Il lui a fallu 300 000 ans pour accumuler son premier milliard d’humains, 123 ans pour atteindre le deuxième milliard… et seulement 11 ans pour passer de 7 à 8 milliards, un cap franchi en 2022.
Si on s’est longtemps inquiété des dangers de cette explosion démographique, les experts sont aujourd’hui raisonnablement convaincus que la population mondiale atteindra un sommet au cours de ce siècle, avant de commencer à… décroître. Cette diminution est même déjà entamée dans certains pays.
Les #projections_démographiques sur quelques décennies laissent entrevoir de profondes transformations. Différentes, même, de celles qu’on prévoyait il y a encore quelques années à peine. L’Occident sera résolument vieux ; la Chine, deux fois moins peuplée ; et l’Afrique subsaharienne, toujours jeune, mais deux fois et demie plus peuplée. Partout, on aura de moins en moins d’enfants. Faut-il s’en réjouir ? S’en inquiéter ? Ou simplement en prendre acte ?
Comment font les démographes pour établir ces projections ? Dans quelle mesure peut-on s’y fier ? Décryptage.
Partir sur de bonnes bases
C’est l’Organisation des Nations unies (ONU) qui produit les projections mondiales les plus largement utilisées. « Essayer de comprendre la situation planétaire, les grandes tendances, les défis et les changements attendus » préoccupe l’ONU depuis ses tout débuts, indique Patrick Gerland, chef de la Section des estimations et des projections démographiques à la Division de la population. Cette dernière a été créée en 1948, lorsque l’ONU avait seulement trois ans.
Sa principale mission ? Bien connaître la population mondiale, y compris la répartition par âge et par sexe. Ce qui n’est pas une mince affaire. Si le Canada dispose d’un portrait presque en temps réel grâce aux registres de l’état civil et aux recensements, ce n’est pas le cas partout. Ainsi, la République démocratique du Congo n’a pas effectué de recensement depuis 1984 et l’Afghanistan, depuis 1979 !
« Dans ce contexte, nous devons combiner diverses sources de données, de qualité variable. Si on juge qu’il y a des lacunes, on essaie de faire des estimations cohérentes pays par pays, indicateur par indicateur », détaille Patrick Gerland par visioconférence, en faisant défiler courbes et graphiques sur l’écran.
Ensuite, l’exercice est mathématique. L’ONU se base notamment sur les tendances historiques et sur la théorie de la transition démographique pour prévoir la natalité, la mortalité et les migrations internationales futures. Selon cette théorie, les taux de natalité des pays à forte fécondité finiront par rejoindre ceux des pays à faible fécondité.
Depuis 10 ans, l’ONU a révisé à la baisse ses projections pour la fin du siècle : elle estime maintenant de façon quasi certaine que la population mondiale va amorcer un déclin. D’abord parce que la fécondité est déjà ultra-basse en Chine (autour de 1 enfant par femme en 2024). Puis, parce qu’elle baisse rapidement dans certains pays populeux à fécondité élevée. Pensons au Nigeria (230 millions d’habitants ; 4,3 enfants par femme), à l’Éthiopie (130 millions ; 3,9 enfants par femme) ou à la République démocratique du Congo (108 millions ; 6 enfants par femme). Leur population croît encore, mais le nombre d’enfants par famille diminue. Ce sont la rapidité et l’ampleur de cette baisse qui détermineront ultimement la taille de la population mondiale. « Un enfant de moins par femme, ça engendre un effet multiplicatif à travers les générations », souligne Patrick Gerland.
Ainsi, la population projetée pour 2100 est de 10,2 milliards de personnes, mais elle pourrait en réalité varier entre 6 et 14 milliards, selon que chaque femme a en moyenne un « demi-enfant » de moins ou de plus que prévu.
Depuis quelques années, deux autres instituts se sont mis de la partie, avec des méthodes un peu différentes. L’Institut international d’analyse des systèmes appliqués (IIASA), à Vienne, et l’Institute for Health Metrics and Evaluation de l’Université de Washington, à Seattle, font appel à des experts pour affiner leurs projections. Ils incluent aussi dans leurs modèles des facteurs connus pour influencer la fécondité : niveau d’éducation, accès à la contraception, mortalité infantile ou taux d’urbanisation.
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▻https://www.quebecscience.qc.ca/societe/population-mondiale-ne-croitra-pas-eternellement
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