@aude_v Je n’imaginais pas tant créer une activité économique basée sur la production de brf, j’imaginais plutôt ce que donnerait (dans nos contrées mais pas spécifiquement dans le contexte économique actuel) une agriculture où on substituerait (en gros) aux pâtures des zones de production de bois. Ceci dans une optique de production multiusage et à petite échelle, sans spécialisation de régions. La diversité des paysages locaux permet aussi une diversité des essences de bois : peupliers, aulnes, saules dans les plaines alluviales ; châtaignieraies dans la moyenne montagne méridionale ; chênaie océanique ; hêtraies en climats plus frais, etc.
Je ne parlais pas non plus d’amender d’une seule manière, je citais l’exemple du brf et des purins de plantes (qui sont complémentaires), il y en a d’autres comme les fabacées (luzerne, trèfle), les céréales dont on utilise la paille etc.
Tout cela est prospectif, j’essaie d’imaginer ce que pourrait être une paysannerie vegane.
C’est possible que ce qui motive une partie du véganisme actuel relève d’une logique industrielle, mais ce n’est pas pour autant que les deux sont par essence indissociables.
Combien de végétarien-ne-s ne veulent pas qu’on tue les animaux alors que pour faire le lait dont illes se gavent on tue des bébés animaux ?
Oui, c’est d’ailleurs une posture que les vegans reprochent aux végétariens.
Porcher dit que quand tu te lèves à 3h du mat parce qu’il fait orage, pour aller ouvrir ou fermer une porte, tu as du mal à comprendre qui est au service de qui !
Oui. J’ai par exemple vu mon grand-père consacrer énormément de temps quotidien à 7 vaches, entre les traire, les emmener aux patures, les re-traire l’après-midi, changer leur litière tous les jours, faire les foins en juin et le regain en août pour leur bouffe d’hiver, cultiver des plantes fourragères (navet, betterave, citrouille), aller à la montagne faucher de la fougère ou de l’ajonc pour leur litière, tout ça pour un peu de lait et deux veaux par an, qui ne lui permettaient pas de vivre en bossant du matin au soir dimanches inclus, ma grand-mère devant de son côté bosser à l’usine pour compléter les revenus. C’était le même schéma dans toutes les fermes environnantes des années 50 à mi-80.
Donc à ce niveau de dévouement on peut dire que oui effectivement ils les aimaient leurs bêtes. Mais à quel prix en termes de santé et de vie familiale foutues en l’air. Bon nombre d’entre eux auraient eu des fermes plus productives et bien moins usantes en faisant plus de maraîchage, en ayant moins de grands animaux, et en envisageant d’autres modes de fertilisation que le fumier de vache.
Et je crois aussi que si autant de paysans ont soit laché leur activité, soit se sont jetés les yeux fermés dans la mécanisation à cette époque, sans trop penser à ce qu’il y perdaient, c’est aussi parce-que cette vie-là était usante. C’est quelque-chose qu’il ne faut pas oublier.